L’INTERVIEW
« La bobologie, ça n’existe pas » Xavier Emmanuelli
RMaCIeN DEFRANCE
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Ne l’appelez plus Alzheimer
Duel à la marque Les liniments blanche à toute épreuve
ENQUÊTE P. 26
INFLUENCES P. 38
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BANC D’ESSAI P. 46
DEFRANCE N o 1 3 0 2 J U I L L E T- A O Û T 2 0 1 8
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Les solutions se multiplient sur le terrain… ce maladie en attendant que l’Assuran cord. c ’a d e d n o m mette tout le
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DEFRANCE
L’Éditorial
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
Les soins n’ont pas de prix…
Philippe Gaertner
© MIGUEL MEDINA
Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France
No 1302 I 59e année I 20/07/18 ISSN 0031-6938 I CPPAP : 0222 T 81323 www.lepharmaciendefrance.fr LE PHARMACIEN DE FRANCE 13, rue Ballu 75311 Paris Cedex 09 Tél. : 01 42 81 15 96 Télécopie : 01 42 81 96 61 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Garnier DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : David Pérard RÉDACTEUR EN CHEF : Laurent Simon (lsimon@lepharmaciendefrance.fr) RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE : Anne-Laure Mercier (almercier@lepharmaciendefrance.fr) RÉDACTEURS : Claire Frangi (cfrangi@lepharmaciendefrance.fr) I Benoît Thelliez (bthelliez@lepharmaciendefrance.fr) SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Joséphine Volat (jvolat@lepharmaciendefrance.fr) ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : Alexandra Chopard I Anaïs Jeanne I Anne-Gaëlle Moulun CRÉATION ET RÉALISATION : Rampazzo & Associés www.rampazzo.com - blog.rampazzo.com CORRECTION : Francys Gramet IMPRESSION : Lescure Théol 27120 Douains ILLUSTRATIONS : Dessins : Martin Vidberg
M
ais ils ont un parapharmacie. C’est un fait. Mais ce n’est évicoût ! Comme demment pas suffisant pour ceux qui croient moi, vous avez que le marché peut tout résoudre. À ceux-là, je dû entendre la dis simplement : à combien estimez-vous le fait présidente de que 22 000 officines soient équitablement réparl’Autorité de la concurrence, Isabelle de Silva, ties sur le territoire français ? À combien estis’exprimer dans les médias il y a quelques mez-vous le fait que, parfois, une personne âgée semaines. Ce n’est une surprise pour personne, peut franchir la porte d’une officine et s’y asseoir l’institution prépare une grande enquête secto- un instant, pour rien, juste pour passer un rielle sur la distribution des médicaments ; nous moment avec une autre compagnie que la sienne. avons d’ailleurs été auditionnés deux fois dans Ces scènes-là, les pharmaciens les vivent tous ce cadre. Les conclusions de cette enquête, qui les jours. À trop vouloir donner un prix aux seront rendues début 2019, ne surprendront choses – et à le baisser in fine pour faire des également personne. Ouverture du monopole sur économies –, on en oublie leur valeur. l’OTC – la grande distribution piaffe –, ouverture On dit souvent que le médicament n’est pas un du capital… nul doute que l’Autorité de la concur- produit comme les autres – et c’est évidemment rence respectera l’esprit de le cas –, je voudrais rajouter sa mission, à savoir introduire la pharmacie n’est pas « Les conclusions que toujours plus de concurrence, non plus un commerce de l’Autorité partout et en tous lieux. comme les autres. À force Y compris dans la santé, vous de vouloir la faire rentrer de la concurrence l’avez compris. dans le rang concurrentiel, ne surprendront Je n’ai rien contre la concurles régulateurs, sûrement rence : elle est saine et probien intentionnés, vont tout personne. » duit une émulation souvent simplement finir par priver souhaitable entre les opérateurs… à condition ceux qui en ont le plus besoin de l’accès aux d’y mettre des bornes. Les officines sont d’ail- officines. Est-ce réellement un risque qu’une leurs toutes en concurrence les unes avec les société est prête à prendre pour ses citoyens autres, à la fois sur l’OTC et les produits de les plus fragiles ?
DIRECTEUR COMMERCIAL ET RESPONSABLE DE LA PUBLICITÉ : Christophe Bentz (cbentz@lepharmaciendefrance.fr) Tél. : 01 42 81 56 85 Fax : 01 42 81 96 61 ABONNEMENTS : Tél. : 01 42 81 15 96 Abonnement d’un an France-Corse (TTC) : 95 € I Guyane : 93,05 € I Guadeloupe, Martinique, Réunion : 94,03 € I Étranger : 160 € I Achat au numéro : 15 € I Étudiants et retraités : 75 € I Certificat d’inscription à la Commission paritaire de la presse : no 0222 T 81323 ORGANE D’INFORMATIONS SCIENTIFIQUES ET PROFESSIONNELLES PHARMACEUTIQUES Le Pharmacien de France est édité par la SARL « Le Pharmacien de France ». Siège : 13, rue Ballu, 75311 Paris Cedex 09. Durée 99 ans à compter de 1977 Capital : 93 000 euros I Cogérants : Éric Garnier I David Pérard I Date du contrôle OJD : 28/08/2017.
Juillet-Août 2018 I No 1302 I 1
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
Actualité
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12 16 17
Santé
Officine
26
4 LES DOSSIERS DE LA FÉDÉ 6 LA FÉDÉ EN RÉGIONS 8
juillet-août 2018 Sommaire
L’INTERVIEW avier Emmanuelli : X « La bobologie, ça n’existe pas » ACTUALITÉ EN BREF INDUSTRIE & CO LE KIOSQUE
26
46
ENQUÊTE Ne l’appelez plus Alzheimer
38 INFLUENCES Duel à la marque blanche 40 OFFICINE EN BREF 42 MARCHÉ
28 PANORAMA 31 FICHE CONSEIL Rétablir le sommeil autrement Préserver le sommeil des jeunes 34 INTERNATIONAL Chaud devant !
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• •
46 BANC D’ESSAI Les liniments à toute épreuve 48 NOUVELLES TECHNOLOGIES L’enquête est ouverte ! 51 APERÇU
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ENJEUX
Les poux à l’agonie PRODUITS
À votre santé ! par Martin Vidberg
L’e-ordonnance atomisée Annoncée depuis maintenant plus de dix ans, l’ordonnance dématérialisée ou e-prescription va-t-elle enfin dépasser le stade de l’expérimentation départementale ? En attendant que l’Assurance maladie impose une solution institutionnelle,
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des start-up développent leurs propres solutions technologiques, comme Pharma Express. Elles occupent le terrain, à grande vitesse mais en ordre dispersé. De leur côté, les autorités ne restent pas pour autant les bras croisés.
ABONNEZ-VOUS maintenant au Pharmacien de France. Rendez-vous sur www.lepharmaciendefrance.fr Ce numéro comporte un encart jeté sous film invitation au Congrès des pharmaciens. Juillet-Août 2018 I No 1302 I 3
LES DOSSIERS DE LA FÉDÉ SERVICES
UN DÉCRET EXAMINÉ À LA LOUPE
Le ministère de la Santé a fait circuler début juillet une version de travail du texte portant sur les « conseils et prestations » à l’officine. Un document que la profession réclame depuis très longtemps, soit près de dix ans.
L
Nouveaux marchés Le texte en circulation début juillet énumère quatre catégories de ces « conseils et prestations ». Un inventaire plutôt large, qui comprend : la mise en place des actions de suivi et d’accompagnement thérapeutique, celles d’actions de prévention et de promotion de la santé, la participation au dépistage des maladies infectieuses et maladies non transmissibles et, enfin, la coopération à la coordination des soins, notamment dans le cadre des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), un dispositif issu de la loi de modernisation du système de santé de janvier 2016. Rien de très précis, donc, mais ce n’est pas forcément handicapant pour les pharmaciens. Ainsi le président de la FSPF, Philippe Gaertner, se félicite que la formulation du projet de décret laisse la place à l’interprétation, ce qui donnera toute latitude à la profession en 4 I No 1302 I Juillet-Août 2018
© FOTOLIA/TISOMBOON
e décret portant sur l’alinéa 8 de l’article 38 de la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires de 2009 est enfin sur les rails : une version de travail que les représentants de la profession devaient amender pour le 17 juillet dernier a en effet circulé début juillet. Il aura fallu pour cela pas moins de neuf ans et une mise en demeure du gouvernement grâce à une saisine du Conseil d’État par l’Ordre des pharmaciens en 2016 ; le gouvernement avait jusqu’à mijuillet pour régler le problème. Ce texte consacré aux « conseils et prestations », parfois également appelé « décret services », vient combler un vide législatif préjudiciable à la profession. En l’absence de cadre, se lancer dans certaines activités rémunérées, la préparation des doses à administrer (PDA) en tête, n’était-il pas risqué ? Un sujet de discorde entre pharmaciens et infirmiers depuis de nombreuses années.
cas de négociation de nouveaux services. « Par exemple, le dépistage des maladies infectieuses et non transmissibles, tel qu’il est décrit dans le texte, nous ouvre les portes du dépistage de toutes les maladies », estime-t-il. Une analyse optimiste partagée notamment par l’Ordre des pharmaciens. On peut également imaginer que la PDA puisse être incluse dans les « actions de suivi et d’accompagnement thérapeutique », même si, évidemment, tout sera affaire d’interprétation. Pour Philippe Gaertner, la cause est entendue : « Nous n’avions pas besoin de ce texte pour pratiquer la PDA : elle fait déjà partie de la dispensation. » Confidentialité et information Le texte en question se montre en revanche plus explicite en ce qui concerne la confidentialité liée à ces « conseils et prestations », puisqu’il précise que « le pharmacien
doit respecter la confidentialité des échanges avec le patient […]. Il peut disposer à cette fin de locaux [affectés] à un accueil individualisé qu’il n’utilise pas simultanément pour ses activités spécialisées d’optiquelunetterie, d’audioprothèse et d’orthopédie ». Ce projet de décret insiste par ailleurs sur l’engagement des pharmaciens à « se former et à actualiser [leurs] connaissances pour chacune des prestations » citées. Et il se clôture sur la nécessité d’« intégre[r] les informations dans le dossier pharmaceutique du patient lorsqu’il existe et [d’]assure[r] un retour […] au médecin traitant avec l’accord du patient ». Reste maintenant à transposer dans la « vraie vie » les dispositions qui ne le sont pas déjà… et à attendre le retour de ce texte du Conseil d’État à qui il devait être transmis pour relecture finale avant le 17 juillet. x
LES DOSSIERS DE LA FÉDÉ MISSIONS
LES ENTRETIENS CHIMIO AVANCENT À BON TRAIN Prévue pour mars 2019, la mise en place d’entretiens pharmaceutiques sur les chimiothérapies orales doit être bouclée avant la fin de l’année.
V
oilà une nouvelle mission que la profession attend avec impatience. La convention signée en 2017 avec l’Assurance maladie prévoyait en effet que des entretiens pharmaceutiques consacrés aux chimiothérapies orales soient mis sur pied.
© FOTOLIA/GIOVANNI CANCEMI
Une fiche par molécule Ces médicaments représentent de fait une part grandissante en officine et l’accompagnement est particulièrement délicat, en raison bien sûr de l’indication de ces molécules mais aussi des conditions de délivrance parfois complexes
et de leur coût élevé. Les travaux avancent depuis au sein de la commission paritaire nationale des programmes d’accompagnement (CPNPA), qui regroupe les syndicats et l’Assurance maladie. « Les pharmaciens et les patients auront à disposition des fiches molécule par molécule produites par l’Institut national du cancer (Inca) », se félicite Sophie Sergent, présidente de la commission Nouvelles Missions au sein de la FSPF, qui espère que les travaux au sein de la CPNPA pourront se conclure comme prévu d’ici à la fin de l’année pour un lancement début 2019 ! x
FACTURATION
LE POISON DES INDUS La question des sommes réclamées par l’Assurance maladie en cas d’incidents de facturation est relancée par l’arrivée de médicaments coûteux à l’officine. est une première étape déterminante dans le traitement du problème des indus entre les pharmaciens et l’Assurance maladie : après avoir demandé à l’ensemble de ses adhérents de lui signaler tous leurs problèmes de facturation, c’est à la demande de la FSPF et en présence du président de sa commission Protection sociale Christophe Koperski que s’est tenue la première réunion du groupe de travail sur la gestion des indus mi-juin. Ce qui a permis de constater plusieurs choses : « une disparité dans la gestion [de ces] indus d’une
caisse à l’autre », « des retards de délivrance pour le patient, voire des ruptures de traitement lorsque le pharmacien applique à la lettre la réglementation » et, enfin, « des réclamations d’indus portant sur la totalité du prix du produit ». Les médicaments chers Ce dernier point est tout sauf anecdotique, en particulier lors de la délivrance de produits onéreux, comme les récents anti-VHC (Sovaldi et autres) ou même les chimiothérapies (voir ci-dessus). En effet, dans ce cas, « le pharmacien perd non seulement le montant de sa rému-
© FOTOLIA/MOMIUS
C’
nération (marge et honoraires) » mais également « celui du prix d’achat alors que le produit a été délivré ». La FSPF avait déjà alerté l’Assurance maladie par voie de communiqué en décembre dernier et milite notamment pour que le paiement soit garanti dès la commande des produits. Le problème n’est malheureusement pas nouveau et deviendra de plus en plus prégnant à l’avenir. « Rappelons que l’indu […] ne doit pas être utilisé comme sanction », assène le syndicat. Rendez-vous le 9 octobre pour la prochaine réunion ! x Juillet-Août 2018 I No 1302 I 5
Actualité En bref
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
« Avant, plus on vendait de médicaments, plus on gagnait d’argent. C’était un non-sens en matière de santé publique. » Alain Delgutte, vice-président de l’Ordre des pharmaciens. (Source : Le Monde)
INTERPRO ❙❙Le Cnom siffle la fin de la récréation à Marseille. Après des mois de dissensions au sein du conseil départemental de l’Ordre des médecins des Bouchesdu-Rhône, l’agence régionale de santé a ordonné sa dissolution sur demande du Conseil national de l’Ordre (Cnom). Une délégation assurera l’intérim jusqu’aux prochaines élections prévues à la fin de l’année. ❙❙Pas de visites d’embauche des apprentis pour les généralistes. La proposition portée par certains députés a fait sursauter les organismes représentatifs des médecins du travail. Considérant que leurs services n’étaient pas plus engorgés que les cabinets des généralistes, ils ont aussi pointé le manque de formation spécifique de ces derniers. Les sénateurs ont finalement supprimé cette possibilité. ❙❙La Fédération des syndicats dentaires libéraux (FSDL) ne désarme pas. Elle conteste l’inscription au tableau ordinal d’un étudiant ayant validé un diplôme portugais après deux années d’études au Centre libre d’enseignement supérieur international (ex-université Fernando-Pessoa) de Toulon dont la formation a été jugée illégale en novembre 2017. De son côté, l’Ordre rétorque qu’il n’a pas qualité à juger de la conformité d’un diplôme obtenu dans un autre État de l’Union européenne. ❙❙Un décret crée le statut de docteur junior. Il permettra aux étudiants en phases 2 et 3 de l’internat de s’inscrire à un tableau spécial de l’Ordre et de réaliser seuls certains actes de prévention, de diagnostic et de soins définis avec le responsable de stage.
12 I No 1302 I Juillet-Août 2018
« Il n’existe aucune explication rationnelle, cohérente, logique, mais bien une efflorescence d’excuses qui confine parfois au ridicule. »
« C’est une question de doctrine. Ce sont les seuls médicaments qui ont été remboursés sans évaluation. »
Jean-Marie Gendarme, médecin généraliste à Criel-sur-Mer (Seine-Maritime), à propos des ruptures de stock. (Source : Le Quotidien du médecin)
Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, maintient qu’il faut réévaluer l’homéopathie. (Source : RTL)
© NICOLAS KOVARIK
© NICOLAS KOVARIK
ILS L’ONT DIT
remboursement
Le taux unique revient La volonté du gouvernement de mettre en place un nouvel indicateur d’évaluation des médicaments ouvre la porte au taux unique de remboursement.
S
i la réunion du Conseil stratégique des industries de santé (Csis) du 10 juillet dernier à Matignon n’a pas permis de mener à bien la réforme de l’évaluation des médicaments, la décision y a
tout de même été prise de créer un groupe de travail qui devra « permettre à terme d’évaluer les médicaments selon un axe unique : la VTR ». Ce nouvel indicateur, baptisé « valeur thérapeutique relative », « vise à rendre le mécanisme de remboursement plus prévisible pour les industriels, sans aucune conséquence négative pour les patients », a déclaré le Premier ministre lors de son discours devant le Csis. Considérant, en effet, qu’il était temps de faire
évoluer le processus de l’évaluation menée par la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS), le gouvernement souhaite notamment que le service médical rendu (SMR) et son amélioration (ASMR) soient remplacés par la VTR, ainsi que le préconisait Dominique Polton dans son rapport rendu en 2015. Si elle aboutissait, cette mesure entraînerait de facto la mise en place d’un taux unique de remboursement. x
dépenses
Croissance garantie aux labos Le Premier ministre a annoncé un plancher minimal de croissance sur trois ans pour les dépenses remboursées.
R
econnaissant que les industriels du médicament avaient connu « un cadre de régulation qui s’appuyait sur une croissance atone, voire négative », Édouard Philippe leur a assuré que cette période était désormais « révolue ». Tenus le 10 juillet lors de la réunion du Conseil stratégique des industries de santé (Csis), ces propos s’inscrivent dans la volonté du gouvernement d’améliorer l’attractivité de la France pour les industries de santé. Le Premier
ministre s’est ainsi engagé à ce que le plancher minimum de croissance soit de 1 % au cours des trois prochaines années « pour l’ensemble des dépenses remboursées ». Il a également annoncé viser « un plancher de 3 % de croissance par an sur les trois prochaines années pour les médicaments innovants » et entend « développer, bien plus fortement qu’aujourd’hui, la prise en compte des investissements ou de l’export dans la fixation du prix ». L’objectif est de « se donner une meilleure capacité d’aligner les prix faciaux français sur les prix faciaux européens, sans surcoût pour l’Assurance maladie ». Ces mesures seront insérées dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2019 qui sera voté à l’automne. x
En bref Actualité
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
REPÈRES
100
67 097 125
C’est le chiffre d’affaires (CA) de Citypharma, à Paris, la plus grosse pharmacie de France. La deuxième place du podium est occupée par la pharmacie Monge, dont le CA est deux fois moins élevé. (Source : Capital)
C’est le revenu moyen d’un vétérinaire libéral en 2016. Ce chiffre est en diminution de 1,53 % par rapport à 2015.
millions
euros
(Source : La Dépêche vétérinaire)
euros
la consultation de prévention de 45 minutes ! C’est le tarif qu’a négocié la Confédération des syndicats médicaux de France avec l’assureur Klesia… mais seulement pour certains salariés du transport routier. (Source : Le Quotidien du médecin)
95 % des Français
pensent que le maintien à domicile des personnes dépendantes et le développement des dispositifs d’accompagnement sont prioritaires. Raison de plus pour s’y investir à fond. (Source : sondage Harris Interactive)
L’IMAGE DUMOIS
Champion de la roulade
DR
Le service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de la Vienne a le sens de l’à-propos. Au moins, ici, les simulacres de l’attaquant brésilien servirontils peut-être à qualifier quelqu’un !
À l’heure où vous lirez ces lignes, une seconde étoile ornera peut-être le maillot bleu. Quoi qu’il en soit, cette Coupe du monde de football aura amené son lot de frissons… et de simulations. Grand spécialiste de la question, le Brésilien Neymar triche cette fois pour la bonne cause dans cette publicité pour les premiers secours imaginée par les pompiers de la Vienne.
LAQUESTIONDUMOIS
Prendrez-vous des congés cet été ? L e s v a c a n c e s d ’é t é battent leur plein ! Pas toujours évident de se ménager une plage de repos à l’officine mais, heureusement, près des deux tiers d’entre vous parviennent à s’organiser pour prendre des congés, à condition d’avoir trouvé un remplaçant ou bien de baisser le rideau pour un temps. Parmi le petit tiers restant de titulaires qui n’aura pas cette chance, les raisons sont connues… et parfois regrettables :
« Je n’ai pas les moyens ! », nous répond ainsi un sondé, une situation partagée par nombre de répondants. D’autres ont le sens du sacrifice envers leurs employés : « je laisse la priorité à mon équipe », témoigne ainsi un autre titulaire. Enfin, pour certains, et c’est alors la plus réjouissante des hypothèses, il s’agit tout simplement de la haute saison en zone touristique. Dans ce cas, les vacances, ce sera pour plus tard !
4,8 %
Je ne sais pas/ Je ne me prononce pas
31,7 %
Non, je ne prendrai pas de congés
63,4 %
Oui, je vais prendre des congés
Source : questionnaire administré en ligne sur 331 répondants entre le 05/07/18 et le 09/07/18.
Juillet-Août 2018 I No 1302 I 13
Actualité En bref
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
CE QU’ILS ILS L’ONT DIT ONT DIT
© NICOLAS KOVARIK
« Les praticiens peuvent s’installer […] où ils veulent et pratiquer les tarifs qu’ils désirent. Sans la moindre contrepartie. Cela ne peut plus durer. »
« Les politiques de santé détruisent le maillage territorial […]. Il ne fera pas bon vivre entre deux métropoles. »
Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFML), répond à Alain-Michel Ceretti. (Source : Egora.fr)
Hélène Derrien, présidente de la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité. (Source : Libération)
DR
Alain-Michel Ceretti, président de France Assos Santé. (Source : What’s up Doc)
« Toi qui veux dégommer la liberté d’installation, […] tu as tout faux. »
groupements
Giphar en solo Le groupement, composé d’un réseau de plus de 1 350 pharmacies d’officine, a annoncé le 5 juillet son départ de Federgy, la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacies. Selon Jean-Baptiste de Coutures, président de Giphar, cette décision, qui fait suite au départ de Pharmactiv, Giropharm et PHR ces derniers mois, a été motivée par « une inadéquation de la stratégie des deux entités quant à la défense des […] pharmaciens ». x
concurrence
É. Leclerc retente le MAD
© FOTOLIA/TALAJ
Deux magasins de maintien à domicile devraient voir le jour dans les mois à venir. É. Leclerc assure qu’il ne s’agit que d’initiatives locales.
C’
était en 2009. L’hypermarché É. Leclerc de Pont-l’Abbé (Finistère) inaugurait alors son premier magasin spécialisé dans le maintien à domicile, provoquant un séisme dans le secteur… mais avec un
succès somme toute limité, analysent les acteurs locaux avec le recul. Neuf ans plus tard, deux adhérents É. Leclerc seraient sur le point de remettre ça, à Tourlaville (Manche), dans la banlieue de Cherbourg, et à l’hypermarché de Landerneau (Finistère), fief historique du distributeur où des travaux durent depuis six mois. « Le magasin devrait ouvrir pour mi-juillet », commente Pierre-Yves Lacoste, titulaire à Landerneau, qui prépare la riposte au niveau local. Interrogée, la direction nationale de É. Leclerc assure qu’il s’agit « d’initiatives locales et que rien d’autre n’est prévu pour le moment ». Pour le moment ! x
législation
Le terme de « protection sociale » ne se substituera finalement pas à celui de « sécurité sociale » dans la Constitution. Cette volonté, portée par un amendement au projet de réforme constitutionnelle présenté le 29 juin dernier par le député LREM Olivier Véran, avait provoqué un tollé et fait réagir plusieurs syndicats, dont la CGT, FO et la CFDT. En définitive, le texte a été retiré le 6 juillet, tandis que le Premier ministre tentait d’éteindre l’incendie en précisant qu’il n’avait jamais été question « de remettre en cause la Sécurité sociale [mais] de prendre en compte des domaines qui, aujourd’hui, ne relèvent pas [de son] champ [de compétences] ». x 14 I No 1302 I Juillet-Août 2018
REMBOURSEMENT
FreeStyle Libre surveillé de près C’était couru d’avance : avec près de 100 millions d’euros de dépenses de remboursement, le FreeStyle Libre a attiré l’attention de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam). Imaginez un peu : de son accession au remboursement en juin 2017 jusqu’à avril 2018, l’appareil de mesure de la glycémie sans contact d’Abbott a représenté 59 % des dépenses du marché de la surveillance de la glycémie ! Un succès fulgurant que le laboratoire doit à un produit plébiscité par les patients… mais qui
© FOTOLIA/RODNIKOVAY
La Sécu reste dans la Constitution
s’est fait au prix de nombreuses ruptures de stock en officine. Le marché total a été multiplié par presque 2,5 en onze mois, passant de 67 millions d’euros entre juin 2016 et avril 2017 à 164,5 millions un an plus tard. Dans son rapport sur les charges et produits, la Cnam remarque que « la première
année de prise en charge d’un nouveau dispositif est coûteuse s’agissant d’un dispositif fortement attendu ». Vu les sommes en jeu, elle se montre tatillonne sur la prise en charge : FreeStyle ne peut être initialement prescrit que par un spécialiste, le renouvellement par tout autre médecin n’étant possible que quatre ans après. La prescription d’un second lecteur n’est pas autorisée. Pour remédier à cette méconnaissance, la Cnam a notamment annoncé une campagne d’information durant l’été.
En bref Actualité
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
REPÈRES
66 000 + 35 %
53
42 %
médicaments de plus de 500 euros sont vendus en direct aux officines par les laboratoires, sur 206 disponibles. Les spécialités restantes sont distribuées à 100 % par les grossistes-répartiteurs.
des consultations médicales ont pour but de faire renouveler une ordonnance, en particulier chez les 65 ans et plus (62 %), mais seulement chez 23 % des 25-34 ans. (Source : sondage OpinionWay pour Medaviz)
euros
Entre 2013 et 2017, le chiffre d’affaires du marché des médicaments hospitaliers s’est envolé, pour s’établir à 8,4 milliards d’euros en « prix réels ».
C’est le montant que l’Assurance maladie a versé en moyenne à chacune des 538 maisons de santé pluridisciplinaires installées en France et conventionnées.
(Source : étude Xerfi)
(Source : Assurance maladie)
(Source : CSRP)
dépistage
groupements
Avec la sortie début juillet de l’autotest Exacto Test HIV de la société Biosynex, la guerre commerciale est lancée entre les fabricants. En effet, Biosynex conseille un prix de 10 euros pour son dispositif médical, soit environ deux fois moins que son principal concurrent Autotest VIH, distribué lui par AAZ. Ce dernier a répliqué en mettant en avant le « made in France », des services associés (une application smartphone) et la possibilité de prise en charge par cinq complémentaires (Smerep, CNM…). x
Lafayette Conseil, l’enseigne spécialisée dans les prix bas et dont le réseau compte aujourd’hui 150 pharmacies, prend pied dans les Antilles françaises avec l’ouverture de deux officines en Martinique. Situées à Terreville et à Basse Gondeau, non loin de Fortde-France, elles bénéficieront des services propres à la marque : contrat-cadre, accompagnement merchandising, carte de fidélité, e-commerce, formation… L’ouverture prochaine d’une troisième officine dans la commune de Saint-Joseph a aussi été annoncée. x
Exacto casse les prix des autotests du VIH
Lafayette débarque en Martinique
a sMACRO / ÉCO
Le cancer du poumon est le plus coûteux En cinq ans, les dépenses de santé par patient atteint d’un cancer du poumon ont plutôt été stables, autour de 17 000 euros par an. Avec 77 000 patient concernés, les dépenses totales culminent à 1,4 milliard d’euros, en augmentation de 4,7 % par an en moyenne entre 2012 et 2016. « C’est le cancer en phase active de traitement pour lequel la dépense annuelle moyenne affectée à sa prise en charge est la plus élevée », précise l’Assurance maladie dans son rapport sur les charges et produits pour 2019. Bien plus en effet que les cancers du côlon ou du sein (12 000 euros en moyenne par an).
Soins de généralistes
Cancers du poumon en phase active de traitement Évolution des dépenses moyennes (euros/an/patient) par poste entre 2012 et 2016
Soins autres spécialistes Soins de kinésithérapie
2012
2 605
7 348
2 012
1 322
17 109 €
Soins infirmiers Médicaments Autres produits de santé
2013
7 419
2 794
2 019
1 323
Transports Autres dépenses de soins de ville
1 528
2014
2 791
7 494
1 949
Hospitalisations séjour MCO
1 354
Hospitalisations liste en sus MCO 2015
7 400
2 881
1 810
Actes et consultations externes MCO secteur public
1 311
– 9,5 % +13 % 2016
7 333
3 253
0
2 000
4 000
6 00
8 000
10 000
1 638
12 000
14 000
1 307
16 000
17 730 €
18 000
20 000
Autres hospitalisations (psychiatrie/ SSR/HAD) Total prestations en espèces
Source : Cnam – cartographie 2016
Juillet-Août 2018 I No 1302 I 15
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