L’INTERVIEW
« La France est en retard »
w ww. lep harmaci e ndef ra nce. f r
Stéphane Joly, Gemme
www.lepharmaciendefrance.fr
Les statines tombent de haut
La mauvaise e-réputation
La crème des masques éclat
ENQUÊTE P. 26
INFLUENCES P. 40
BANC D’ESSAI P. 52
t our nd u o s p ra t t in u g e. n c n ise de es, a ci m é ir offi s m a ’ ir té les mil ns d o et si ie t au tal bio ac s i s Le ôp r le harm ’h pe p l r s su elop de v am é d d
No 1305 DÉCEMBRE 2018
S S P E E D C N I R P
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E ? M ES M TR C AU X U E J EN
2 2 P.
L’Éditorial
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
2022, c’est demain
Philippe Gaertner
© MIGUEL MEDINA
Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France
No 1305 I 59e année I05/12/18 ISSN 0031-6938 I CPPAP : 0222 T 81323 www.lepharmaciendefrance.fr LE PHARMACIEN DE FRANCE 13, rue Ballu 75311 Paris Cedex 09 Tél. : 01 42 81 15 96 Télécopie : 01 42 81 96 61 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Garnier DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : David Pérard RÉDACTEUR EN CHEF : Laurent Simon (lsimon@lepharmaciendefrance.fr) RÉDACTEURS : Claire Frangi (cfrangi@lepharmaciendefrance.fr) Benoît Thelliez (bthelliez@lepharmaciendefrance.fr) Alexandra Chopard (achopard@lepharmaciendefrance.fr) SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Joséphine Volat (jvolat@lepharmaciendefrance.fr) ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : Claire Grevot I Anaïs Jeanne I Anne-Gaëlle Moulun CRÉATION ET RÉALISATION : Rampazzo & Associés - blog.rampazzo.com CORRECTION : Maylis Laharie IMPRESSION : Lescure Théol 27120 Douains DIRECTEUR COMMERCIAL ET RESPONSABLE DE LA PUBLICITÉ : Christophe Bentz (cbentz@lepharmaciendefrance.fr) Tél. : 01 42 81 56 85 Fax : 01 42 81 96 61
Q
uand Emmanuel les pharmaciens. Nombre d’entre vous étaient Macron a pris la déjà impliqués dans les maisons de santé ou les parole en sep- équipes de soins primaires… et ces CPTS seront tembre dernier, ce la continuité d’un engagement déjà fort. fut, à certaines Peu importe que nous n’ayons pas ou peu été égards, une surprise. Il est rare, en effet, que la cités dans les discours officiels, sur le terrain santé soit traitée au plus haut niveau de l’État, notre implication parle pour nous : rendez-vous celle de la présidence de la République. Avec compte, à l’heure où j’écris ces lignes, nous son plan « Ma santé 2022 », il a pourtant fixé un avons dépassé les 500 000 vaccinations en officap clair au système pour les cinq ans de son cine, dont près de 100 000 primovaccinés, un mandat, mêlant numériexploit dont peu de sation, coopération et p rofessions seraient « Ne brisez pas éducation. Or les pharcapables. Et pourtant, cet la dynamique de la maciens qui ont, à mon exploit, les pharmaciens profession dans grand regret, été fort l’ont réalisé. peu cités jusqu’à préC’est précisément pour les années à venir. » sent, sont concernés au cette raison que je ne premier chef par ces trois évolutions. souhaite pas que cette dynamique soit brisée Jugez plutôt : avec le dossier pharmaceutique et dans les années à venir. Avec la suppression du plus largement grâce à leur pratique quotidienne numerus clausus et la réforme des études dans du tiers payant, les pharmaciens ont pris les les mois à venir, c’est de la prochaine génération devants depuis plus de dix ans. La généralisation dont je parle, celle qui entre en deuxième année du dossier médical partagé (DMP) passera donc aujourd’hui et vaccinera en 2022, au moment où non seulement par l’officine mais je vous fais le Emmanuel Macron finira son mandat. L’officine pari qu’elle y sera le plus souvent initiée ; nous devra être prise en compte et respectée dans les en avons la compétence et la capacité. discussions qui viennent afin que toujours plus Concernant la coopération, sur le terrain, les d’étudiants choisissent notre filière par conviccommunautés professionnelles territoriales de tion. Tout simplement parce qu’ils auront la santé (CPTS) se monteront avec en leur sein tous certitude d’accompagner les patients et d’agir les praticiens de terrain dont, au premier rang, pour la santé publique. Ne les décevons pas.
ABONNEMENTS : Tél. : 01 42 81 15 96 Abonnement d’un an France-Corse (TTC) : 95 € I Guyane : 93,05 € I Guadeloupe, Martinique, Réunion : 94,03 € I Étranger : 160 € I Achat au numéro : 15 € I Étudiants et retraités : 75 € I Certificat d’inscription à la Commission paritaire de la presse : no 0222 T 81323 ORGANE D’INFORMATIONS SCIENTIFIQUES ET PROFESSIONNELLES PHARMACEUTIQUES Le Pharmacien de France est édité par la SARL « Le Pharmacien de France ». Siège : 13, rue Ballu, 75311 Paris Cedex 09. Durée 99 ans à compter de 1977 Capital : 93 000 euros I Cogérants : Éric Garnier I David Pérard I Date du contrôle OJD : 18/06/2018.
Décembre 2018 I No 1305 I 1
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
Actualité
décembre 2018 Sommaire Santé
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26
4 LES DOSSIERS DE LA FÉDÉ 6 LA FÉDÉ EN RÉGIONS 8
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26
L’INTERVIEW téphane Joly : S « La France est toujours en retard »
ENJEUX
52
ENQUÊTE Les statines tombent de haut
40 INFLUENCES La mauvaise e-réputation 42 OFFICINE EN BREF 44 NOUVELLES
28 PANORAMA 31 FICHE CONSEIL La cicatrisation des plaies chroniques Des pansements bien pensés 34 INTERNATIONAL Ça sent le sapin
TECHNOLOGIES 46 MARCHÉ La compression féminine presque à plat 48 PRODUITS
• •
ACTUALITÉ EN BREF INDUSTRIE & CO LE KIOSQUE
Officine
52 BANC D’ESSAI La crème des masques éclat 55
APERÇU
56
À votre santé ! par Martin Vidberg
Des princeps comme les autres ? Les médicaments biosimilaires pourraient profiter à tout le monde. Aux patients qui bénéficient de traitements sûrs et disponibles, aux laboratoires qui se sont se positionnés sur ce marché à forte croissance, aux pouvoirs publics qui voient en eux
22
un gisement d’économies conséquent et aux médecins et établissements qui obtiennent des aides incitatives à leur prescription. À tout le monde ou presque puisque les pharmaciens n’ont toujours pas été invités à la table du banquet...
ABONNEZ-VOUS maintenant au Pharmacien de France. Rendez-vous sur www.lepharmaciendefrance.fr Ce numéro comporte un encart « DPC à la page » jeté sous film. Décembre 2018 I No 1305 I 3
Actualité En bref
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
ILS L’ONT DIT
Luc Duquesnel, président des Généralistes de la CSMF. (Source : Egora)
Jörg Ohleyer, associé expert du développement business chez Kea & Partners. (Source : Challenges)
❙❙Après les médecins de famille, les infirmiers de famille ? La Fédération nationale des infirmiers (FNI) a salué le 6 novembre l’adoption par les sénateurs d’un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) créant un statut spécifique de « référent », propre aux infirmiers. Les députés et le gouvernement suivront-ils les sénateurs ? ❙❙ Moins deux centimes sur la lettre clé B ! L’avenant n° 9 de la convention des biologistes médicaux, signé en octobre par l’Assurance maladie et les quatre syndicats représentatifs de la profession, est paru au Journal officiel fin novembre et prévoit une baisse de la rémunération des biologistes, qui va passer de 0,27 euros à 0,25 euros jusqu’à la fin de l’année, avant de revenir à 0,27 euros début 2019. ❙❙ La Direction générale de l’organisation des soins (DGOS) a choisi le 6 novembre dernier les lauréats de son deuxième appel à projets – dôté tout de même de 2,5 millions d’euros – sur la pharmacie clinique en établissements de santé. Ils sont dix et parmi eux on peut trouver les Hôpitaux universitaires de Strasbourg avec leur projet Iatro’med ou l’hôpital Cochin (Paris) avec l’initiative Chopin. ❙❙ La promesse du candidat Macron de « reste à charge zéro » sur les audioprothèses se met en place. Au Journal officiel du 16 novembre dernier est paru, après une première salve de textes en juin, un arrêté revoyant la prise en charge des aides auditives. Les tarifs de certaines d’entre elles seront plafonnés à compter du 1er janvier puis la garantie de reste à charge zéro sera effective à compter de 2021.
12 I No 1305 I Décembre 2018
« Que les choses soient claires : il n’existe pas de vaccins homéopathiques. » Carine Wolf-Thal, présidente de l’Ordre des pharmaciens. C’est tous les ans la même histoire ! (Source : Anepf)
négociations
La télémédecine façon officine Le texte de l’accord prévoit l’équipement dont auront besoin les pharmaciens… et la rémunération associée.
S
i vous n’aviez pas encore réfléchi à vous lancer dans l’accueil de consultations à distance, voilà qui devrait peut-être vous faire changer d’avis. Le projet d’avenant n° 15 à la convention nationale de 2012 pose en effet les premières bases de cette grande orientation du système de santé, voulue jusqu’au plus haut sommet de l’État, par le président Emmanuel Macron en personne, comme il l’avait annoncé dès juillet 2017 à la conférence nationale des territoires, puis confirmé dans la mesure n° 13 du plan « Ma santé 2022 », lancé officiellement mi-septembre (voir Le Pharmacien de France, n°1303, « La santé selon Macron »). Les médecins ont quant à eux signé presque à l’unanimité de leurs syndicats leur propre avenant télémédecine avec l’Assurance maladie en juin dernier : il est devenu actif depuis le 15 septembre pour les téléconsultations et le sera en février 2019 pour les actes de télé-expertise, une
© FOTOLIA/MAKC76
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INTERPRO
© SEBASTIAN SCHEFFEL
« Si l’ordonnance restera un générateur de trafic, l’officine de demain sera d’abord un lieu de vie pour le patient. »
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« Les éléments ne sont pas encore réunis pour que [le DMP] réponde à nos besoins et à ceux des usagers. »
sorte de second avis médical dématérialisé. 1 225 euros la première année Le texte concernant les pharmaciens, non encore signé à l’heure où nous écrivons ces lignes, décrit à la fois le rôle et l’équipement dont devront disposer les officinaux pour entrer dans le jeu. « Le pharmacien doit a minima se doter des équipements suivants : stéthoscope connecté, otoscope connecté, oxymètre, tensiomètre », précise le texte, en plus d’une installation permettant la confidentialité des échanges par vidéotransmission sécurisée, de façon à « garantir l’intimité » du patient. Logique : une téléconsultation reste une vraie consul-
tation. Côté rémunération, le pharmacien pourra compter sur 1 225 euros la première année pour l’équipement des officines qui souhaitent se lancer, un montant ramené à 350 euros les années suivantes. Un versement conditionné la première année à la déclaration en ligne de l’ouverture des téléconsultations, les suivantes à la réalisation « d’au moins une téléconsultation ». Last but not least, le pharmacien sera également rémunéré forfaitairement pour le temps passé à « l’organisation » et à « l’assistance apportée au patient ». Le forfait se monte à 200 euros entre 1 et 20 téléconsultations, 300 euros entre 21 et 30 téléconsultations et 400 euros au-delà par an. Alors, ne zappez pas ! x
En bref Actualité
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
REPÈRES
84 % des Français
font confiance aux pharmaciens en matière d’information sur les médicaments. Sur ce même sujet, ils sont également 92 % à faire confiance aux médecins traitants. (Source : Ipsos/Leem)
53 000 92 % euros
environ, c’est le prix fabricant hors taxes d’une seule boîte de Strensiq, un traitement de l’hypophosphatasie disponible depuis le début de l’année à l’officine. Un record. (Source : FSPF)
C’est la proportion des pharmaciens qui ont une bonne opinion de leur profession. Les médecins spécialistes sont, eux, 100 % à avoir une bonne opinion de leurs pairs. (Source : Baromètre Odoxa Santé 360°)
80 % des professionnels de santé (infirmiers, médecins…) pensent qu’« on leur apprend à soigner mais pas à prendre soin d’eux ». Et vous, vous prenez soin de vous ? (Source : MACSF)
L’IMAGE DUMOIS
Les DM pris la main dans le filet
© FOTOLIA/ALEXANDER OGANEZOV
Un simple filet de mandarines a pu être certifié en tant qu’implant vaginal dès 2015, dans un documentaire de la chaîne néerlandaise Avrotros.
Après les Panama Papers ou les LuxLeaks, le consortium international des journalistes d’investigation a axé ses efforts sur le secteur de la santé. Avec les « Implant Files », ce sont les failles de la certification des dispositifs implantables – pacemakers, stents… –, qui sont visées. À la clé, des révélations sur un système bien moins encadré que le médicament.
LAQUESTIONDUMOIS
Professionnellement, êtes-vous satisfait de 2018 ? On dirait que 2018 n’a pas été un très grand cru du côté de l’officine ! C’est en tout cas ce qui ressort de notre sondage auprès de vous. Vous êtes une très grande majorité – près de 80 % ! – à n’être pas, voire pas du tout content de l’année écoulée. En cause ? L’économie, souvent : les baisses de prix et de marges qui en sont la conséquence inquiètent évidemment les titulaires au plus haut point. Et puis, le train des réformes irait-il un peu trop vite ?
« Le changement, c’est maintenant, mais il y a trop de changements, professionnels et surtout administratifs, en même temps », commente un pharmacien. En gros, les charges augmentent, pas le chiffre d’affaires, pointent de nombreux autres, sans compter l’éventualité de perdre un ou plusieurs prescripteurs. Pour finir sur une note plus positive, les quelque 18 % qui s’estiment satisfaits mettent en avant la vaccination à l’officine. Haut les cœurs !
3,1 %
1,9 %
Je suis très satisfait
Je ne sais pas
40,4 % Je suis très insatisfait
15,5 % Je suis plutôt satisfait
39,1 %
Je suis plutôt insatisfait
Source : sondage administré en ligne entre le 20/11/18 et le 23/11/18 sur 169 répondants.
Décembre 2018 I No 1305 I 13
Santé Enquête
Le PHaRMaCIeN DEFRANCE
En France, cinq statines toutes génériquées disposent d’une autorisation de mise sur le marché (atorvastatine, fluvastatine, pravastatine, rosuvastatine et simvastatine) et ont des indications qui diffèrent selon les facteurs de risque.
Les statines tombent de haut Objet en 2013 d’une polémique retentissante, les statines ont bel et bien perdu française » fournissait les preleur statut de médicament star malgré une efficacité scientifiquement prouvée. mières preuves de ce désamour
L NOTABENE Très loin devant les fibrates qui représentent moins de 20 % des prescriptions d’hypolipémiants en France et dont l’efficacité sur la prévention des pathologies cardio-vasculaires est contestée, les statines constituent aujourd’hui les seuls traitements de cette classe thérapeutique à avoir démontré scientifiquement un bénéfice sur la mortalité totale, particulièrement en prévention secondaire (après un accident cardio-vasculaire).
26 I No 1305 I Décembre 2018
es statines seraient au mieux inefficaces et au pire dangereuses pour la santé. Emboîtant le pas du cardiologue Michel de Lorgeril qui a le premier fustigé ces médicaments qui représentent en France 80 % des prescriptions d’hypolipémiants, soit plus de 5 millions de patients, le professeur Philippe Even a repris ces affirmations choc dans un ouvrage paru en 2013, La vérité sur le cholestérol, un an à peine après avoir commencé à développer cette thèse dans son Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux co-écrit avec le professeur Bernard Debré. Il y remettait tout bonnement en cause le lien scientifiquement admis entre mauvais cholestérol (LDL-C) et maladies cardio-vasculaires qu’il qualifiait, pas moins, de « plus grande erreur médicale de tous les temps [et] de plus grande escroquerie de l’industrie pharmaceutique »,
enjoignant même tous les patients traités par statines à « arrêter immédiatement » d’en prendre. Le retentissement énorme qui s’en est suivi a poussé treize sociétés savantes et associations de malades à publier, le 18 février 2013, un communiqué commun dans lequel elles déploraient les « travers de notre société où scandale rime trop souvent avec succès » et exprimaient « leur plus vive inquiétude devant la réaction de nombreux patients qui, à la suite de deux livres récents, [avaient] décidé d’interrompre leur traitement pour excès de cholestérol ». Cinq ans plus tard, leurs craintes ne se sont pas estompées, bien au contraire. De cause à effet Déjà en février 2017, une étude française réalisée à partir de données de l’Assurance maladie et intitulée « Impact d’un événement médiatique public sur l’utilisation des statines dans la population
pour les statines. Elles montraient une augmentation significative du taux d’interruption des traitements en 2013 (+ 40 % par rapport à 2012), peu après la publication du brûlot du professeur Even. Dans le même temps, la mortalité des patients à haut risque cardio-vasculaire ayant cessé leur traitement augmentait de 26 % tandis que celle de ceux à risque moyen affichait une hausse de 13 %. De manière plus globale, tous les indicateurs pointaient une baisse importante du recours aux médicaments anti-cholestérol, statines en tête. Sur la période 2012-2016, les dépenses de l’Assurance maladie ont augmenté significativement, sauf pour le groupe « Traitement du risque vasculaire », pour lequel on observe une baisse de 387 millions d’euros engendrée en très grande partie par une diminution de l’ordre de 20 % en cinq ans du nombre de personnes traitées par hypolipémiants. Une bonne nouvelle pour les comptes publics qui pourrait
Enquête Santé
Le PHaRMaCIeN
© PHOTOS SEBASTIAN SCHEFFEL
DEFRANCE
n’être que de courte durée, selon l’avis des experts en prévention cardio-vasculaire, qui redoutent une augmentation prochaine de ces pathologies. Défection en masse Et en novembre de cette année, une nouvelle étude menée par Santé publique France et publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) est venue confirmer la tendance de fond : alors que la proportion d’adultes français avec un LDL-C moyen (19,3 %) et très élevé (6 %) n’a guère évolué entre 2006 et 2015, celle de ceux traités par hypolipémiants a baissé de 29,6 %. De surcroît, le dépistage de l’hypercholestérolémie est également en recul chez les hommes (– 8,70 %) ainsi que chez les femmes (– 5,5 %), pourtant statistiquement plus observantes que les hommes. Des résultats tout à fait significatifs que les experts ont du mal à interpréter mais que les auteurs de l’étude imaginent pouvoir être liés « à la polémique sur les statines, fortement médiatisée en
France en 2013, et à la défiance qu’elle a pu susciter à la fois chez les prescripteurs et chez les patients ». Si la thèse semble cohérente, elle ne doit pas non plus occulter la possibilité que les prescriptions aient baissé pour de bonnes raisons. Surprescriptions En effet, en février 2013, un communiqué de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) rappelait l’avis émis en 2010 par la Haute Autorité de santé (HAS) dans lequel elle insistait sur « l’intérêt indiscutable » des statines en prévention secondaire. Elle constatait cependant « un certain recours abusif aux statines en prévention primaire – en regard notamment des effets secondaires possibles de ces molécules chez des personnes qui ne sont pas à haut risque ». Au même titre que les attaques à leur encontre, l’engouement excessif dont les statines ont longtemps fait l’objet aura donc fini par les desservir. x
LEVURE DE RIZ ROUGE Dans un avis de 2013, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) met en garde contre les effets indésirables et les possibles surdosages de ce complément alimentaire contenant une statine naturelle, la monacoline K.
Les inhibiteurs de PCSK-9 persistent Même si l’Académie nationale de médecine a rappelé en mai 2018 que l’introduction des statines avait « révolutionné » la prise en charge des dyslipidémies et des hypercholestérolémies, certains laboratoires sont déjà passés à une autre classe d’hypolipémiant, anticipant la perte progressive de leurs brevets sur les statines dont le marché français est évalué à 2 milliards d’euros par an. La molécule du futur est un anticorps monoclonal inhibiteur de l’enzyme PCSK-9 dont l’activité augmente les taux sanguins de LDL-C. En janvier 2018, Sanofi obtenait le remboursement à 65 % en France du Praluent (alirocumab) dans les formes les plus graves d’hypercholestérolémie familiale hétérozygote (HFhe). Dans la foulée, le Repatha (évolocumab) d’Amgen l’obtenait en février pour la seule indication de l’hypercholestérolémie familiale homozygote. Les deux industriels multiplient les études pour élargir les indications restreintes de ces traitements dont le coût annuel oscille entre 10 000 et 20 000 euros.
Benoît Thelliez Décembre 2018 I No 1305 I 27
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