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LES CANDIDATS N Tout le monde aura constaté combien la santé était absente du débat présidentiel. médicale, du rétablissement des comptes sociaux... sont étrangement relégués dans compris, et c’est pourquoi la FSPF a décidé de monter au front, en organisant à sont invités à venir présenter leurs projets. D’ores et déjà, nous sommes allés demander aux quatre « poids-lourds » de cette Jean-Marie Le Pen – de répondre aux questions qui vous taraudent, et de réagir

NICOLAS SARKOZY

« Le pharmacien doit être reconnu » Leader incontesté du parti majoritaire, Nicolas Sarkozy est donné comme l’un des grands favoris de cette élection. Il a fait de Xavier Bertrand, ministre de la Santé, l’un de ses porte-paroles. Le Pharmacien de France : Quels changements comptez-vous apporter au financement de l’Assurance maladie pour approcher l’équilibre des comptes tout en préservant le système de santé ? Nicolas Sarkozy : Le premier des changements à apporter, c’est de cesser de réduire la politique de santé à une politique de financement de l’Assurance maladie car cela nous a toujours amenés à rationner les soins, les médicaments ou le nombre des professionnels de santé sans jamais ou rarement maitriser les déficits. Les dépenses de santé vont croître dans les décennies qui viennent pour répondre à l’allongement de la durée de la vie et rendre accessible à tous le progrès thérapeutique. C’est une bonne chose pour les Français, pour les professions de santé, mais aussi pour l’emploi, la croissance et l’innovation. Je n’élude pas pour autant la question des déficits. Je crois qu’on y répondra, d’une 6

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objectifs individuels de substitution. Pourtant, nombreux sont ceux qui, dans la profession, ressentent aujourd’hui des difficultés. Pour trouver des marges de manœuvre supplémentaires, il faut ouvrir de nouveaux champs d’activité aux pharmaciens. Et à nouvelles activités, nouvelles rémunérations. La médication familiale, avec un avis du pharmacien, est une piste. Inclure le pharmacien dans le parcours de soins en est une autre. Prenons l’exemple Face aux nombreuses mesures qui ont frappé de certaines maladies chroniques. Ne l’économie officinale, les pharmaciens réclapeut-on pas imagiment aujourd’hui une ner que le pharmarevalorisation de leur Les pharmaciens cien puisse assurer rémunération. Compont accompli une partie du suivi tez-vous répondre à un formidable de ces maladies, en cette demande ? travail de collaboration avec le pédagogie médecin ? Ne peutLes pharmaciens ont contribué personnelon pas aussi inclure lement à l’effort de redressement des le pharmacien dans le suivi à domicile comptes en se faisant les moteurs de la des patients âgés dépendants ? Personnellement, je crois à ces possibilités d’acsubstitution en faveur du générique. Un tivités nouvelles données au pharmacien. grand nombre d’officines ont dépassé leurs

part, en luttant contre les abus, les fraudes et les gaspillages qui représentent entre 7 et 15 milliards d’euros annuels, d’autre part, en instituant une franchise raisonnable et juste, permettant de responsabiliser les patients, enfin et surtout, disons le car c’est au cœur de mon projet, en revenant au plein emploi par la revalorisation du travail.

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S NOUS RÉPONDENT tte gir

Les enjeux colossaux du vieillissement de la population, de la désertification les coulisses de la lutte élyséenne. Les pharmaciens l’ont bien Paris, le 27 mars, un grand rassemblement national où les principaux candidats élection – Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou et aux très nombreux courriers que vous nous avez adressés. J’ajoute que je veux faire du médicament et de l’innovation pharmaceutique une priorité de la recherche et de la politique de santé en France. C’est ainsi que le pharmacien se sentira moins marginalisé et que son activité pourra se développer. Sur fond de désertification médicale en milieu rural, quelles mesures comptezvous mettre en œuvre pour permettre aux officines de s’y maintenir ? Il y a trois principes avec lesquels il ne faut pas jouer : le monopole des pharmaciens, la répartition géographique et l’exercice personnel. Parce que la pharmacie d’officine est, dans une période de grande fragilité démographique médicale, un élément structurant et stabilisateur qui doit être protégé. Par exemple, les pharmaciens ont un rôle essentiel dans la permanence des soins. En revanche, lorsque des officines rencontrent des difficultés dans des zones en désertification, elles doivent pouvoir se réunir et bénéficier d’une protection sur leur zone géographique. De même, il faut réfléchir à la manière de faciliter une organisation du travail qui permette au pharmacien de quitter son officine pour se rendre à domicile. Toutes les pistes sont ouvertes pour consolider les officines dont nous avons besoin.

Si le principe d’instauration d’une franchise sur les remboursements de soins est acquis, ses modalités font débat. Le montant de 100 euros par famille et par an est régulièrement évoqué. Qu’en est-il ?

L’essor des médicaments génériques repose très largement sur le pharmacien. Continuerez-vous à vous appuyer sur cet acteur ? Les pharmaciens ont accompli un formidable travail de pédagogie auprès des assurés sociaux pour le développement du générique et sont pleinement mobilisés. Je crois que les médecins doivent prendre à leur tour toute leur part dans cette action en s’efforçant de rédiger leurs ordonnances en dénomination commune internationale.

La franchise que je propose n’est pas une franchise à l’acte qui présente l’inconvénient de peser davantage sur ceux qui

Quels moyens comptez-vous mettre en œuvre pour permettre aux pharmaciens de développer le marché dit d’ « automédication »? Je n’aime pas le terme d’automédication car je considère qu’il ne faut pas laisser les patients seuls face au médicament. Je préfère donc le terme de médication assistée, qui suppose de continuer à recourir au spécialiste du médicament qu’est le pharmacien. C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis favorable au monopole des pharmaciens. De la même manière, je souhaiterais que la piste de la prescription d’urgence puisse être creusée, avec le concours de la Haute autorité de santé et des médecins. En toute hypothèse, je ne crois pas qu’il faille envisager le développement de la médication assistée dans une optique d’économies pour l’Assurance maladie, mais dans l’optique d’améliorer notre dispositif de santé et d’aider nos concitoyens à prendre en main leur santé.

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ACTUALITÉ PRÉSIDENTIELLE S’agissant des modalités de cette sont les plus malades. Un tel système n’est pas juste. Elle est une franchise franchise, elles seront soumises à la annuelle décomposée en quatre catéconcertation. En aucun cas, la frangories : les consultations, l’hospitalisachise ne devra dissuader certains de tion, les médicaments et les examens nos compatriotes de se soigner. Les biologiques. La santé est l’un des biens personnes titulaires du minimum les plus précieux que nous avons. Il vieillesse et les enfants en seront ne me paraît donc certainepas anormal que ment exonérés. Je suis fermement chacun y contriQuant au monopposé à bue de manière tant, la logique toute remise modeste, mais de ce que je proréelle. Je suis en cause pose, c’est qu’il en outre persuadu monopole dépende de l’état dé que la frandu déficit de chise réduira le l’Assurance Maladie. consumérisme qui se développe actuellement dans la relation entre les Les pharmaciens prennent une part patients et les professionnels de santé. croissante dans des actions de préLa santé n’est pas un bien comme un vention, d’éducation sanitaire et de autre. Sa gratuité la banalise. santé publique. Comptez-vous encourager ces missions, et selon quelles modalités ?

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Pas de remise en question du monopole, de la loi de répartition ni de l’exercice personnel.

Donner la possibilité aux pharmaciens d’exercer de nouvelles activités rémunérées (médication familiale ou insertion du pharmacien dans le parcours de soins, par exemple) pour leur permettre de surmonter leurs difficultés économiques.

Creuser la piste de la prescription d’urgence, avec le concours de la Haute autorité de santé et des médecins.

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points - clés

En cas de difficulté en zone rurale, permettre aux pharmaciens de se réunir et de bénéficier d’une protection dans leur zone géographique.

Empêcher l’installation de SEL en cascade.

Instaurer une franchise annuelle et décomposée en quatre catégories (consultations, hospitalisation, médicaments et examens biologiques), dont les modalités restent à définir.

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Je veux tout d’abord rendre hommage aux pharmaciens qui ont su parfaitement accompagner cette évolution de notre système de santé. Les pharmaciens sont en prise directe avec les patients et font, dans leur exercice quotidien, beaucoup de prévention. Il est probable que de nouvelles actions requerront à nouveau leur participation. Dans tous les cas, des formations leur seront proposées comme cela a été fait pour la grippe aviaire. Certains États de l’Union européenne ont récemment ouvert de larges brèches dans le monopole pharmaceutique. Doit-on craindre le même type de décisions en France ? Je suis fermement opposé à toute remise en cause du monopole des pharmaciens. Au Royaume-Uni et aux États-Unis, le surdosage involontaire du paracétamol est par exemple l’une des premières causes de défaillance hépatique. Casser ce monopole conduirait en outre à fragiliser un réseau d’officines vital pour le tissu médical du pays. Je le défendrai donc sans hésitation.

En France, le pharmacien est un professionnel libéral indépendant, propriétaire de son officine. Comptez-vous faire en sorte que l’accès au capital de l’officine continue d’être réservé aux seuls pharmaciens ? Le caractère patrimonial de l’officine est un des piliers du système. Je veux donner le choix aux pharmaciens de pouvoir administrer leur entreprise comme ils le souhaitent. Le capital en fait partie. Mais je souhaite que le pharmacien reste maître de son métier. C’est pour cela que je suis opposé à la libéralisation totale du capital prôné par certains pays voisins. En particulier, dans le domaine des sociétés d’exercice libéral, il nous faut empêcher l’installation de SEL en cascade, qui risquent de conduire à une déresponsabilisation des acteurs. L’exercice personnel est un principe auquel je crois. Nous vous avons fait part des questions et préoccupations de nos lecteurs. Que vous inspirent-elles ? J’ai été très frappé, à la lecture des courriers que vous m’avez transmis, par le mépris dont un grand nombre de pharmaciens se sentaient victimes. J’ai beaucoup apprécié la qualité de certaines contributions qui cherchaient à dépasser les problématiques des pharmaciens ou même les questions sanitaires, pour présenter une vision globale pour notre pays. Pour ma part, je crois que le pessimisme que vous relevez est en total décalage avec les ambitions que peut légitimement avoir cette profession. Avec les génériques, elle a démontré sa capacité d’entraînement. Demain, avec le dossier pharmaceutique du patient en coordination avec le dossier médical partagé, avec le développement de la médication assistée, le pharmacien jouera un rôle toujours plus essentiel dans notre système de soins. J’entends bien le préserver et faire en sorte qu’il soit reconnu à sa juste mesure. ■ Propos recueillis par Fanny Rey


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SÉGOLÈNE ROYAL

« Je vous propose le dialogue » Triomphalement adoubée par les militants du PS, Ségolène Royal s’est fait une spécialité du débat participatif. Elle se présente pour la première fois à l’élection présidentielle. Le Pharmacien de France : Les pharmaciens ont payé un lourd tribut au redressement des comptes de l’Assurance maladie, avec près de 160 millions de pertes de marge pour la seule année 2006. Quel message leur adressez-vous ?

et sans la concertation indispensable avec tous les acteurs. La santé des français mérite mieux que ce bricolage. Je tiens à préserver la protection sociale des Français et à leur garantir un système de santé de qualité. Cela passe par une large concertation avec les partenaires sociaux, les professionnels de santé et les usagers, ainsi que les régimes complémentaires et un respect du rôle du Parlement. Nous devrons rétablir l’équilibre des comptes de la Sécurité sociale pour assurer sa pérennité.

Ségolène Royal : Je sais que les pharmaciens ont été fortement mis à contribution, comme tous les Français. Plus généralement, la gestion des finances sociales a été catastrophique depuis 2002. Le retour à l’équilibre avait été promis pour 2007. Des mesures d’économies ont dû être mises en place à la hâte

Face aux difficultés économiques que traverse la pharmacie, à la chute des prescriptions, aux déremboursements massifs, aux conditionnements trimestriels, les pharmaciens réclament une revalorisation de leur rémunération. Entendez-vous cette demande ?

750 millions d’euros d’économies en 2006. Comptez-vous permettre au pharmacien de demeurer le principal acteur de ces économies, notamment en maintenant un dispositif incitatif pour lui permettre de poursuivre la substitution générique ? La poursuite de la politique en faveur des génériques est indispensable et doit se développer, y compris sur des bases incitatives. Les enjeux de ce développement doivent mobiliser tous les acteurs, au premier rang desquels les pharmaciens qui ont un rôle fondamental à jouer. Le marché des spécialités dites d’« automédication » représente un potentiel d’économies insuffisamment exploité en France. Quels moyens comptez-vous mettre en œuvre pour permettre aux pharmaciens de développer ce marché ?

Les officines sont un maillon indispensaL’automédication est une pratique déjà ble de la chaîne de soins, auquel je suis répandue, même si les Français y sont attachée. Les mesures prises précédemmoins enclins que ment ont eu des effets d’autres. Il me semble négatifs. D’autres évoje ne suis pas nécessaire d’y mettre lutions peuvent entraîfavorable à une un peu d’ordre dans ner des effets positifs, délivrance en un souci de santé comme l’intensificaself-service dans publique : que ceux tion de la lutte contre la pharmacie de qui sont à même de le tabagisme, le déveproduits en traiter seuls un proloppement de l’hospiautomédication blème bénin, qu’ils talisation à domicile connaissent bien, et le passage en ville aient à leur disposition des médicaments de nombreux médicaments souvent sûrs et efficaces me paraît être une bonne coûteux. Les délégations de tâches mérichose, et je pense que les pharmaciens tent aussi discussion. Je propose donc d’officine ont là un rôle de conseil et aux pharmaciens d’engager rapidement le d’orientation indispensable, qui fait partie dialogue. de leur mission de professionnels de santé. Cependant, je ne peux accepter que des L’essor des médicaments génériques a médicaments déremboursés en automédipermis à l’Assurance maladie d’engranger

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actions de prévention, d’éducation sanitaire et de santé publique et je m’en félicite. Une réflexion sur de nouvelles actions de santé publique pourrait être engagée, sur la base de modalités négociées. Envisagez-vous d’intensifier le maintien à domicile des personnes âgées et/ ou malades, et quel rôle souhaitez-vous Je serai attentive à la y voir jouer les pharmaciens ? situation des

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cation voient leur prix doubler ou tripler. Enfin, je ne suis pas officines favorable à une délivrance en Le maintien à domiself-service dans la pharmacie cile des personnes de produits en automédication hors du âgées est clairement une priorité. Le conseil des praticiens de l’officine. pharmacien a naturellement un rôle à jouer, auprès d’une population bien Comptez-vous vous attaquer au problème souvent polymédiquée, au niveau de la de la démographie médicale, et à la disdispensation comme de l’éducation à parition des cabinets médicaux dans les la santé et même de la pharmacovigicampagnes, qui ont un impact direct sur lance. Il faut développer les modalités la rentabilité des officines ? de portage des médicaments à domicile dans le cadre de réseaux de santé Je tiens à permettre l’accès aux profespour maintenir les personnes qui le sionnels de santé sur tout le territoire, souhaitent le plus longtemps possible médecins, professions paramédicales et chez elles. pharmaciens. Créer une maison de santé s’il n’y a pas de pharmacien à proximité Les pharmaciens s’inquiètent des initian’aurait aucun sens. Les pharmaciens tives prises dans certains Etats euroont à mon sens un vrai rôle à jouer auprès péens visant à « sortir des officines » les des patients, dans l’éducation à la santé médicaments de prescription facultative. et l’éducation thérapeutique, l’accompaComptez-vous défendre le maintien du gnement des personnes âgées, le conseil médicament à l’officine ? en automédication. Je suis très inquiète devant les inégalités territoriales en La délivrance du médicament doit rester termes d’offre de soins. Face à la dispadu monopole du pharmacien d’officine. rition des cabinets médicaux dans les campagnes, je propose des solutions Contrairement à d’autres pays européens, contractuelles comportant des financele pharmacien français est un professionments de bourses d’études, d’aides à nel libéral indépendant, propriétaire de l’installation et de services aux professon officine. Comptez-vous défendre ce sionnels en partenariat avec les collectimodèle ? vités territoriales et, en contrepartie, des Il n’est pas dans mon intention de modiengagements pour exercer sur les territoifier ce dispositif. Le principe du pharmares ruraux ou urbains. cien propriétaire de sa pharmacie est utile pour la proximité de l’offre et pour Les pharmaciens prennent une part éviter les dérives capitalistiques. croissante dans des actions de santé publique. Comptez-vous encourager ces Nous vous avons communiqué les quesmissions, et selon quelles modalités ? tions et préoccupations de nos lecteurs. La plupart d’entre elles traduisent un fort Il est vrai que les pharmaciens prenpessimisme et une absence de perspecnent une part croissante dans les

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tives d’avenir pour la profession. Que souhaitez-vous leur dire ? Je comprends tout à fait que les pharmaciens soient inquiets, comme le sont d’autres professionnels maltraités par les réformes du quinquennat qui s’achève, et je pense en particulier aux personnels hospitaliers. Je veux les rassurer sur ma volonté de préserver la Sécurité sociale et de garantir à tous l’accès à la santé. Je serai attentive à la situation des officines. Mais j’attends en contrepartie une forte implication des pharmaciens dans leur rôle de professionnels de santé. La santé pour tous, qui est l’un des axes forts du Pacte présidentiel que j’ai proposé au pays, signifie aussi l’accès pour tous à la pharmacie. Les tâches ne manquent pas. Or, il revient à la profession de définir le métier du pharmacien du 21e siècle, qui doit s’adapter à un monde en mouvement : la prévention, la médecine, les médicaments, les technologies, les attentes des patients, les risques et les besoins de santé publique évoluent. L’officine de demain sera nécessairement différente de celle du siècle dernier. Je vous encourage donc toutes et tous à participer à cette évolution et à demeurer des acteurs indispensables et incontournables de la chaîne de soin. ■ Propos recueillis par Laurent Gainza

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points - clés

Pas de remise en question du monopole, de la loi de répartition ni de l’exercice personnel.

Poursuite de la politique incitative de développement du médicament générique.

Pas de mise à disposition devant le comptoir en « self service » des médicaments d’automédication.

Pour lutter contre la désertification médicale, mise en place de bourses d’études, d’aides à l’installation de partenariat avec les collectivités territoriales.

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FRANÇOIS BAYROU

« Il faut renforcer votre rôle » Déjà candidat en 2002 (il avait obtenu 6,24 % de voix), le président de l’UDF réalise cette fois-ci une étonnante percée dans les sondages, et vient faire jeu égal avec les candidats de l’UMP et du PS. Le Pharmacien de France : La consultation que nous avons lancée auprès de nos lecteurs révèle un fort sentiment de malaise dans la profession. L’avez-vous également constaté ?

abordant tous les volets de la pratique officinale. Ces derniers ont été très heureux d’être consultés car ils ont beaucoup à dire sur l’organisation, la formation, la rémunération, et ils ont l’impression de ne pas être écoutés, encore moins associés à des décisions qui les concernent. Ils se veulent acteurs de notre système de santé. Les pharmaciens ont l’impression que la profession est aujourd’hui dévalorisée et qu’ils sont insuffisamment reconnus. A 87 %, ils considèrent que leur profession s’est dégradée. Pour eux, la réforme de l’Assurance maladie n’est qu’un plan de plus. Son volet médicament et génériques est, pour 76 % d’entre eux, sans commune mesure avec les enjeux du déficit de l’Assurance maladie.

François Bayrou : Le groupe Santé de l’UDF a établi un questionnaire destiné à l’ensemble des pharmaciens d’officine,

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Vous n’avez pas voté le dernier Projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Allez-vous réformer la réforme DousteBlazy ?

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Nous nous sommes opposés à la réforme de l’Assurance maladie. En effet, elle comportait un premier défaut majeur, celui de reporter les déficits considérables sur nos enfants en prolongeant la durée de vie de la CADES [Sorte de banque de la Sécu, cet organisme gère la dette accumulée au fil des années, NDLR]. Pour nous, chaque génération doit financer ses propres dépenses. Le deuxième défaut majeur est qu’elle ne résolvait aucun des problèmes majeurs de notre système de santé : l’absurde séparation entre prévention et soins, ville et hôpital, sanitaire et médicosocial. Enfin, elle conduisait, avec la mise en

place d’une convention complexe, à un parcours de soin incompréhensible et à une médecine à plusieurs vitesses. Le résultat est une étatisation quasi complète de notre système de santé déresponsabilisant. Nous préconisons une régionalisation de la santé permettant une politique de santé de proximité et une meilleure prise en compte des besoins. C’est pour nous la seule manière d’aboutir à une réelle maîtrise médicalisée des dépenses de santé en associant les acteurs en amont aux décisions et en aval à la gestion. De plus, il conviendrait de revoir le financement pour qu’il dépende moins de l’emploi et pèse moins sur le coût du travail grâce à un financement mixte mêlant CSG et TVA sociale. Plus précisément, comment comptezvous mettre fin aux déficits à répétition ? Les dépenses vont continuer à augmenter en raison du vieillissement de la population et de l’amélioration technologique. Il convient de veiller à l’efficience en responsabilisant tous les acteurs pour que chaque euro dépensé le soit à bon escient. Les recettes doivent être adaptées. 92 % de nos concitoyens disposent d’une complémentaire, or reporter la charge sur les complémentaires conduit à augmenter les cotisations. Accroître le reste à charge n’est pas non plus la solution, c’est toujours le même qui paye pour la CSG, pour la cotisation, pour le reste à charge. La solution, c’est la meilleure utilisation des dépenses, l’évaluation des bonnes pratiques, la responsabilisation de tous.


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PRÉSIDENTIELLE ACTUALITÉ La réforme a conduit à une médecine à plusieurs vitesses et a déjà institué un forfait d’un euro par acte, le forfait de 18 euros... Le principe de la franchise Sarkozy ne fait qu’aggraver cette situation. Modeste au début et ensuite ? Nous préconisons : – le contrat passé entre le médecin et son patient sur les bonnes pratiques ; – le remplacement de la CMU par une aide personnalisée à la santé inversement proportionnelle au revenu, pour financer la complémentaire de son choix ; – la caution remboursable pour la complémentaire, déjà mise en œuvre avec succès depuis plusieurs années par France Mutuelle, qui responsabilise l’adhérent, ne comporte pas de malus et a permis de baisser la cotisation de tous.

le prix du princeps lorsque la protection du brevet vient à son terme. C’est pourquoi il est indispensable d’établir des relations de confiance entre l’État et les industriels. Il est également indispensable de mettre en œuvre le bon usage du médicament et la notion d’efficience. Le bon usage du médicament doit conduire à utiliser le médicament adapté à chaque pathologie et à hiérarchiser la prescription en fonction de la gravité de la pathologie et de l’état du patient. La tendance en Europe marque la fin du monopole des officines sur la vente de médicaments à prescription médicale facultative. Êtes-vous pour la vente de ces spécialités en grandes surfaces ?

Je le répète, le médicament n’est pas un produit comme un autre. Il existe des interactions avec d’autres médicaments, y compris l’aspirine. Le rôle de conseil du pharmacien est essentiel. Le médicament n’est pas un produit Dès lors, comment accepter de s’en comme un autre. Il a pour vocation de priver ? Il arrive même au pharmacien soigner, si possible de guérir, et mieux de corriger des erreurs de prescription. encore de prévenir C’est pourquoi la mise des pathologies plus Ce ne sont pas à disposition en grande ou moins invalidantes. les génériqueurs surface ou le dévelopDes progrès considéqui découvriront pement de l’e-pharmarables ont été réalisés cie doit inquiéter. Nous les nouvelles dans le traitement de devons au contraire renmolécules nombreuses maladies, forcer le rôle de conseil certaines ont quasidu pharmacien et favoment disparu si bien que des économies riser la mise en place prochaine du non quantifiées en terme de mortalité dossier pharmaceutique en lien avec mais aussi de durée d’hospitalisation et le DMP. d’arrêt de travail ont pu être réalisées. Lorsque l’on parle du médicament, on Dans le même ordre d’idée, comptezoublie à tort ce volet important. vous ouvrir la possibilité à des agents Mais nous attendons encore des progrès extérieurs d’entrer dans le capital des indispensables, des découvertes de nouofficines ? velles molécules pour certaines maladies Aujourd’hui, Doc Morris propose en fréquentes et invalidantes dans nos pays Allemagne des franchises à des pharmadéveloppés pour des maladies orphelines cies d’officine « physiques ». Il vend des mais aussi et surtout, nous sommes en médicaments par correspondance en attente pour les maladies dites tropicales Allemagne à partir des Pays-Bas et qui touchent des millions de personnes propose à des officines de devenir des chaque année. relais de vente par correspondance. Le Ce ne sont pas les génériqueurs qui découproblème posé ici est celui de la vente vriront les nouvelles molécules. Le seul par correspondance de médicaments. Ce intérêt du générique, mais il n’est pas type de relation commerciale n’est pas négligeable, est d’être moins cher que le souhaitable. Seul le pharmacien, grâce princeps. Il aurait été possible de baisser Pour réaliser des économies – 750 millions d’euros en 2006 – le générique reste-t-il la bonne solution ?

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aux vérifications qu’il effectue et aux conseils qu’il prodigue au moment de la délivrance, est le garant de la bonne qualité du traitement. Croyez-vous à la prévention pour alléger les dépenses d’Assurance maladie ? Bien entendu, il est nécessaire de développer la prévention et l’éducation à la santé. Si notre système de santé est performant pour le curatif, il est très médiocre dans la prévention. La loi de santé publique n’a rien amélioré, aggravant la séparation absurde entre soin et prévention en créant les GRSP [Groupements régionaux de santé publique, ndlr] présidés par les préfets, et en méconnaissant le rôle pourtant essentiel des hommes, des femmes, des associations de terrain. C’est pourquoi, nous prévoyons la désignation d’un responsable unique de la santé au niveau régional pour la prévention, le soin en ville comme à l’hôpital, et la formation des professionnels. Le pharmacien aura un rôle à jouer dans le conseil régional de santé mais surtout dans son officine : rôle de prévention et d’éducation, notamment pour les maladies chroniques. Bien entendu, ce rôle doit être reconnu et rémunéré. Plus précisemment, quelle place auraient les pharmaciens dans ces futures agences régionales ? La région est le niveau pertinent pour les complémentarités. Beaucoup de pays ont régionalisé leur système de santé et s’en portent bien. Le but est de revenir sur les séparations absurdes soin-prévention, ville-hôpital, sanitairemédico-social, de permettre une politique de santé de proximité prenant en compte les besoins, de responsabiliser tous les acteurs en les associant en amont aux décisions et en aval à la gestion. Mais, à la différence des autres partis PS et UMP, nous ne voulons pas de préfets sanitaires. Les deux partis proposent une agence nationale présidée par le Ministre coiffant les agences régionales : bonjour la centralisation et la déresponsabilisation ! n° 1189 - 2007

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mesures contre-productives comme la un premier pas, allez-vous continuer dans baisse du numerus clausus. Pour avoir cette voie ? demain des médecins en nombre suffiNous devons évoluer vers une meilleure sant, le premier devoir est de ne pas coordination des soins en faisant évoluer le démotiver les futurs candidats et donc rôle des divers professionnels avec une d’éviter tout discours misérabiliste et de délégation des tâches. redonner confiance aux professionnels en Les pharmaciens doivent être reconnus dans commençant par les écouter. Nous ne cette coordination dans le cadre du maintien croyons pas aux mesures coercitives qui à domicile notamment, à terme aggraveraient la ainsi que dans le cadre situation. Il convient de réseaux soit géographiIls ne veulent plus trad’aller vers une ques, soit par pathologies. vailler seuls, être de perrémunération Bien entendu, ils doivent manence tous les jours... mixte “marge pouvoir avoir accès au Il convient donc de prodossier médical personnel + forfait” poser des maisons de pour ce qui les concerne. santé, une par canton par

points - clés

Pas de remise en question du monopole, de la loi de répartition ni de l’exercice personnel.

Possibilité d’une rémunération mixte « marge + forfait » pour les actes de prévention et de conseil.

Régionalisation plus poussée du système de santé par la création de Conseils régionaux.

Mécanisme incitatif à destination des médecins pour l’installation en zones déficitaires et mise en place éventuelle d’un numerus clausus régional.

Création de maisons de santé rassemblant tous les professionnels de santé dans les zones rurales ou déficitaires.

Accès limité à certaines données des pharmaciens au DMP.

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exemple, rassemblant médecins, dentistes, infirmières, kinésithérapeutes, avec un secrétariat commun. Les rémunérations doivent tenir compte de la démographie prévoyant de mieux rémunérer ceux qui s’installent dans des zones difficiles. La régionalisation proposée par l’UDF permettra d’évaluer dans chaque région les besoins, de mettre en place un numerus clausus régional par spécialité pour répondre à ces besoins. D’autres mesures sont également intéressantes, notamment les bourses pour les études avec un engagement à s’installer dans une zone déficitaire.

Dans notre proposition, au contraire, le Conseil régional de la santé est l’organe essentiel : tous ceux qui s’intéressent à la santé, professionnels et associations de patients notamment, y seraient représentés. Elus, pour la légitimité, par collèges pour qu’aucune profession ne puisse être en position d’imposer ses vues. C’est ce conseil qui définira les besoins, contrôlera l’exécutif et gèrera l’Ondam régionalisé. Les pharmaciens y auront toute leur place.

Les pharmaciens réclament d’être plus impliqués dans la coordination du système de soins. Le renouvellement des ordonnances des malades chroniques est

La démographie médicale est un des problèmes majeurs auquel nous sommes confrontés – nombre de médecins, répartition selon les spécialités, installation sur le territoire. Ce problème est lié à la non prise en compte des réalités et à des 14

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Au moment où les médecins désertent certaines zones, allez-vous « obliger » les praticiens à s’installer dans les zones sous-médicalisées, quitte à s’inspirer de l’exemple des pharmacies ?

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Etes-vous favorable à une évolution de la rémunération des pharmaciens ? Oui, nous y sommes favorables. Il n’est pas logique que cette rémunération soit basée sur une marge dégressive. Il convient de prendre en compte le rôle de conseil du pharmacien, et donc d’aller vers une rémunération mixte « marge + forfait », soit par acte soit plutôt par patient, à discuter avec l’ensemble de la profession, mais prenant en compte l’acte intellectuel et la responsabilité. Mais le plus important est de renouer des relations de confiance basées sur l’écoute, le dialogue, la concertation. Les pharmaciens jouent un rôle important dans le système de santé au service des patients. Sachons en tenir compte. ■ Propos recueillis par Laurent Simon


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JEAN-MARIE LE PEN

« Toute profession doit évoluer » Cinquième candidature pour le leader du Front national qui, à 79 ans, compte bien franchir une nouvelle fois le barrage du premier tour.

Jean-Marie Le Pen : La dégradation de ces dernières années était prévisible et correspond à la mise en place d’un nouveau système de santé que le Front national dénonce depuis de nombreuses années : il s’agit, au nom d’un libéralisme sympathique, de museler les professionnels de santé dans la grande « marchandisation » mondialiste. Sans changement de cap, le pronostic n’est pas réjouissant. Vous vous êtes opposé sur de nombreux points au gouvernement sortant. En matière de protection sociale, quel bilan dressez-vous? La réforme Douste-Blazy est dans le droit fil des ordonnances Juppé. Comme ses aînées, cette réforme n’est pas faite pour faire des économies ni rétablir les comptes de la Sécurité sociale, elle est un outil majeur dans le plan de la mondialisation de la santé. Le Front national en propose une réforme complète. Faut-il refondre le financement de la Sécurité sociale et de l’Assurance maladie, pour mettre fin aux déficits à répétition ? La grande réforme de la Sécurité sociale, prévue par le Front national, de son financement à sa gestion – impossible à faire actuellement sans centralisation des comptes – devra équilibrer les comptes mécaniquement. La « franchise Sarkozy » est une gestion de plus de la pénurie et

marchande. A nos yeux, la santé et ses différents acteurs ne peuvent exister et se développer selon des critères de seule rentabilité. Cela est déjà sensible dans la disparition de nombreux médicaments Pour réaliser des économies – 750 milretirés du marché sans raison valable. lions d’euros en 2006 – le générique Le service à rendre ne doit en aucun cas reste-t-il la bonne solution ? être assimilé à un pur service marchand qui pourrait se faire sans professionnels Le générique est une fausse bonne idée : de santé qui personnalisent le service, alors qu’il maintient pour cinq ans à peine comme cela se passe dans les (biotechnologies chaînes ou dans les grandes surnon généricables) Il ne faut pas faces. Le monopole des officines la tête hors de demander aux l’eau aux pharpharmaciens de reste toujours une bonne barrière à la dérèglementation. maciens dont les promouvoir la charges augmencorde pour tent par ailleurs, les pendre ils sont un outil de guerre entre les laboratoires. Hier les petits laboratoires en ont été victimes et aujourd’hui les gros laboratoires en pâtissent, avec un risque de perte d’emploi sidérant. Il ne faut pas demander aux pharmaciens de promouvoir la corde pour les pendre. à ce titre, elle est insupportable. Les patients eux aussi devront être responsabilisés.

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Les pharmaciens sont inquiets : la tendance en Europe marque la fin du monopole des officines sur la vente de médicaments, en particulier ceux à prescription médicale facultative. Êtes-vous pour la vente de ces médicaments en grandes surfaces ? Non, tout au contraire. La perte d’indépendances des pharmaciens d’officine dans la dispensation ne pourra que diluer un petit peu plus non seulement les responsabilités de chacun mais surtout la qualité du soin donné in fine à l’usager. Tout cela s’inscrit dans les différents dispositifs dont s’est doté le mouvement global de la globalisation

© D.R.

Le Pharmacien de France : A travers les nombreux témoignages que Le Pharmacien de France vous a transmis, les pharmaciens font preuve d’une grande inquiétude. À quoi l’attribuez-vous?

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ACTUALITÉ PRÉSIDENTIELLE n’est pas favorable à des structures dont le capital puisse être ouvert à des non-professionnels. Le pharmacien doit pouvoir rester propriétaire de son officine.

L’allègement des dépenses d’Assurance Les regroupements professionnels maladie passera-t-il par un effort de mutualisant les moyens existent prévention plus important ? Quelle déjà très largement et fonctionnent part de cet effort de prévention doit bien. Pour autant, dans le cadre être spécifiquement assurée par les libéral cher au Front national, toute pharmaciens ? forme commerciale peut exister, Le pharmacien Le pharmacien a de mais les chaînes nouvelles missions dans doit pouvoir avec leur gestion la prévention et l’édurester et surtout leurs cation thérapeutique propriétaire actionnaires unides patients : dans son de son quement motivés domaine, son rôle est officine par les dividenprépondérant et doit des, sont inadaps’intégrer dans une juste tées à l’échelle et à l’objectif du répartition des tâches ordinaires du service pharmaceutique d’officine. système de distribution des soins. C’est pourquoi le Front national La démographie des professionnels de santé fait débat. Comptez-vous inciter les médecins à s’installer dans les zones sous-médicalisées ?

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points - clés

Pas de remise en question du monopole, de la loi de répartition ni de l’exercice personnel.

Abandon de la politique de soutien au médicament générique.

Refonte complète de la réforme Douste-Blazy de l’Assurance maladie.

Suppression de tous les numerus clausus durant les études de médecine ou de pharmacie.

Liberté totale d’installation pour les médecins, pas de mise en place de quorum.

Evolution de la rémunération des pharmaciens pour la prise en charge de nouvelles missions, comme les actes de prévention.

Empêcher l’installation de SEL en cascade.

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Naturellement, le Front national est pour la liberté d’installation de tout libéral et opposé à la notion de planification. Le cas de l’installation des pharmaciens est un petit peu particulier dans la mesure où la santé doit être traitée également en campagne comme en ville, au titre de la solidarité nationale. Mais comme pour les grands plateaux techniques, il est nécessaire d’avoir l’assurance de maintenir, où que ce soit, une activité à un taux satisfaisant. Ce fut et cela est toujours la justification du quorum. Pour autant s’il doit persister pour l’équilibre de la profession, le quorum doit être impérativement fluctuant et révisé très régulièrement, si on en juge la difficulté pour les usagers de trouver une pharmacie de garde. Pourtant, à ce jour, l’expérience montre que la seule densité médicale ne suffit plus à maintenir le chiffre d’affaires si les marges sont trop faibles.

© Miguel Medina

Autre motif d’inquiétude dans la profession : la propriété des officines. Doit-elle rester au nom des pharmaciens qui l’exploitent ou comptez-vous ouvrir la possibilité à des agents extérieurs d’entrer dans leur capital ?

Quant aux médecins, il suffirait, comme il y a quelques années, qu’ils aient des honoraires décents et le maintien des services publics ruraux pour comprendre qu’il est meilleur de vivre à la campagne que dans les villes : le quorum ne doit pas leur être imposé. Dans ce contexte, la suppression de tous les numerus clausus (médecine, pharmacie) que vous proposez vous semble-t-elle une mesure viable ? Le numerus clausus est un frein à la bonne répartition de la démographie des professionnels de santé et un outil de planification implacable qui est imposée. Le résultat en est la pénurie dangereuse de médecins et d’infirmières, sans aucun bénéfice pour les comptes de la Sécurité sociale. A plus de 90 %, les pharmaciens réclament d’être plus impliqués dans la coordination du système de soins. Le renouvellement des ordonnances des malades chroniques est un premier pas, allez-vous continuer dans cette voie ? Tout métier doit évoluer, celui de pharmacien aussi, et de nouvelles missions dans la prévention et l’éducation thérapeutique semblent tout à fait indiquées. Une rémunération conséquente doit être prévue. Par contre, il ne faudrait qu’en aucun cas ces nouvelles missions puissent amputer les professions médicales et paramédicales d’une partie de leurs prérogatives, aboutissant ainsi à une balkanisation de la profession médicale. ■ Propos recueillis par Laurent Simon


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