Le Feu qui rampe: LE SERPOLET

Des Plantes au Fil de l’An dans le Bugey Rencontre, Usage et Bavardage

Le Serpolet Atelier des Simples - Les Bergonnes 01260 Haut Valromey

Le Feu qui rampe : LE SERPOLET Thymus Serpyllum Famille des Lamiacées

Assis dans une prairie de calcaire, un parfum est là, qui s’infiltre dans les narines, on cherche d’où vient cette odeur qui s’installe, qui titille notre mémoire, mais à quoi cela fait-il penser ? Une sensation indescriptible qui apaise et qui dit que c’est déjà imprimé au fond de nos cellules. Nous sommes au début de l’été et le soleil invente des décors côté sud.

Prononcez le nom de la plante qui sème cette odeur, et déjà, un rêve de civet de lapin s’écrit devant nos yeux car c’est bien le serpolet qui nous sert son plat de résistance.

Sauvage, il est sauvage le serpolet, avec une idée de liberté, de présence et de force. Sa floraison débute au printemps, et nous accompagne jusqu’à l’automne. Discret et modeste, ses tiges rampantes paraissant fragiles sont presque ligneuses.

C’est un amateur de prairies sèches très présentes dans le Bugey. Peu de nutriments, du calcaire, pas beaucoup d’eau.

Serpolet vient du mot «herper» qui en vieux français veut dire ramper.

Ligneux : se dit des plantes dont les membranes des cellules sont recouvertes de lignine (assemblage de molécules polymérisées) ayant pour effet de durcir et de générer ainsi le bois.

Le serpolet appartient à la famille des Lamiacées (labiées). Les 3000 espèces connues de par le monde sont presque toutes des plantes médicinales. Toutes ces espèces sont liées à l’élément feu, beaucoup sont de grandes productrices d’huiles essentielles. L’eau n’est pas leur élément, elles en contiennent très peu. Elles sont très visitées par les abeilles, liées elles aussi au feu.

Le serpolet est le thym sauvage des régions moins méditerranéennes.

Usage pour la santé : Il est possible de confectionner un coussin d’herbes sèches cueillies au soleil en mélangeant du serpolet de la camomille et de l’achillée millefeuille. Ce coussin sera utilisé pour apaiser les maux de tête.

Le serpolet peut être préparé de diverses manières.

Ma sorcière bien aimée Ilona d’Helvétie pratique la potion magique suivante pour traiter les refroidissements, toux, rhumes, tout ce qui encombre les bronches et l’appareil respiratoire :

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C'est beaucoup de serpolet, moitié de plantain et un quart mauve, le tout bien infusé pendant 24 heures au soleil et transformé en sirop (1,6 kg/l d’infusion).

Cuire à feu très doux jusqu’à épaississement.

En tisane : Il sera utilisé aussi bien pour aider la digestion, que pour tonifier.

En sirop des prés : Dans un récipient en verre, alterner une couche de plante fraîche, une cuillère à café de miel ou de sucre complet.

Humidifier légèrement la préparation.

Fermer le bocal hermétiquement et laisser le soleil d’été extraire les principes actifs par distillation douce pendant 2 à 3 semaines.

Ensuite filtrer et conserver ce « sirop » naturel au réfrigérateur, soit faire épaissir la préparation à feu doux.

En alcoolature : Toujours dans un bocal de verre, mettre les sommités florales, les recouvrir d’alcool à 40-45 degré et laisser travailler le soleil.

C’est le meilleur alambic naturel et économique qui existe au monde.

En huile : Emplir un bocal de verre avec les fleurs, les recouvrir avec de l’huile et placer en alambic solaire pendant 21 jours.

En poudre : Passer les fleurs bien sèches au moulin à café.

Attention de ne pas trop insister pour ne pas « brûler » la poudre.

En inhalation.

Le serpolet a toutes les vertus curatives et préventives des petits maux du quotidien, c’est la plante amie parfaite qu’il faut avoir dans sa pharmacie familiale.

D’ailleurs je vous abandonne un instant, je vais préparer une tisane, mais pas n’importe comment : Placer les herbes dans l’eau froide et porter à ébullition. C’est une méthode pour ne pas trop stresser : leur température s’élèvera en même temps que celle de l’eau.

Enlever de la source de chaleur.

Laisser infuser quelques minutes en laissant le couvercle.

Récupérer la vapeur d’eau condensée au niveau du couvercle, elle est saturée en huiles essentielles.

Filtrer.

Consommée froide ou chaude, une tisane se conserve 24 heures, pas plus.

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Dans le langage des années 1300, infuser voulait dire « faire pénétrer l’âme dans un corps ».

Et si une infusion était tout simplement l’âme de la plante qui pénètre dans l’eau de la tisane afin de venir nous habiter ? Une histoire d’âme à âme ? Et si la tisane était la boisson des Dieux comme les Grecs le disent du vin.

Pour Hildegarde de Bingen, le serpolet « assainit et guérit les chairs par l’intérieur », et c’est bien connu, ce qu’il fait à l’intérieur, se voit à l’extérieur.

Usage alimentaire : Il va là où va le thym.

Voici ma recette préférée : La Poudre du Bugey : Moudre finement (moulin à café) une partie de serpolet, une partie d’ortie (Urtica dioica),et une partie de prêle (Equisetum arvense). Il est possible de rajouter une partie de Consoude (Symphytum officinalis).

Une précaution : si vous utilisez un moulin à café, attention de ne pas brûler les plantes par un temps de mouture trop important.

Mélanger et stocker dans un « herbier » (c’est comme un sucrier ou un poivrier mais pour les plantes).

Ajouter à TOUS les mets salés.

Ce mélange est un complément alimentaire facile à réaliser et très peu coûteux.

Bavardage autour de la cueillette et la conservation des plantes : Elles se cueillent en général après la rosée du matin. Ensuite elles sont mises à sécher dans un endroit aéré, à l’abri de la lumière et stockées dans un sachet en papier.

Les plantes se conservent jusqu’à la cueillette de l’année suivante. C’est le cycle du bon sens.

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