Le Plateau de Retord

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Roger Perrouse

Le Plateau de Retord


C’est grâce à Monique Broussais, fille de de Roger Perrouse que nous pouvons reproduire ce document sur Retord. Roger Perrouse est né à Nantua en 1913. Après des études de pharmacie, il exercera à Bellegarde-sur-Valserine. Passionné par la nature, l’histoire et le patrimoine, c’est un inconditionnel du plateau de Retord.

1913 - 1990

Auteur de deux ouvrages historiques sur Bellegarde, il a été actif dans de nombreuses associations. Administrateur d’HMS (Histoire, Monuments et Sites du Haut Bugey), président-fondateur de l’Amicale Mycologique de Bellegarde. Il a participé à la défense du site de Fort l’Écluse et à la sauvegarde du château de Musinens. Il a néanmoins trouvé du temps pour assurer des chroniques locales pour, notamment, la Voix de l’Ain ou à Sorgia FM. Ce document est extrait d’une de ses intervention sur les ondes de cette radio historique de Valserhône. Dominique Erster Juin 2020


Le Plateau de Retord est une région idéale pour le tourisme d’été comme d’hiver…

Le printemps étant peut-être la plus belle saison Le réveil de la nature est marqué par l’éclosion d’une flore exceptionnelle.


L’hiver, un charme irrésistible se dégage des combes enneigées. Partout le désert blanc appelle les skieurs pour ces longues promenades dans ces vagues immenses et douces qui recouvrent le plateau.

Retord notre ami, nous t’aimons avec la plus profonde vénération pour tes merveilles qui éclatent de toutes parts. Tout est harmonie, tout est rempli d’utilité pour les créatures des plus hauts sommets aux combes profondes, dans les vallons comme sur les collines.


Depuis Ochiaz, la route gravit allègrement la pente et après quelques virages, on découvre un panorama grandiose que l’on pourra mieux encore admirer depuis l’esplanade aménagée près de la croix JeanJacques où une table d’orientation, installée il y a quelques années par le syndicat d’Initiative de Bellegarde, au lieu dit Catray, nous fait découvrir les sites environnants.

Le regard plane sur la campagne de la Michaille, la tache rouge de ses villages, les champs multicolores en lanières étroites, le versant boisé des ravins descendant vers le Rhône, le cours du fleuve et sur l’horizon, la haute ligne dentelée des Alpes blanches et bleues.


Pourquoi Croix Jean-Jacques ? Mystère ! Cette croix est un banal calvaire de pierre, souvent détruit et réparé, érigé au bord de la route, non loin d’un alpage dominé par une grosse ferme. Elle marque le début du plateau de Retord dont nous allons maintenant parcourir la solitude et l’histoire…



Tout d’abord, le nom de Retord n’est pas très clair. Vient-il de « rivus tordus », le ruisseau tortueux ? Ou « Retor », lieu fortifié, refuge ? C’est bien peu vraisemblable ou « tor » l’envers ? Ou plus précisément un dérivé de « ret » qui, en patois bugiste signifie « montée puis plateau puis encore montée » et qui correspond au relief d’un plateau calcaire composé en fait de champs parallèles, alignés du Nord au Sud. Pas de torrents, quelques biefs où l’eau disparaît.

Au Nord, la cluse abrupte de Nantua et à l’Est la Michaille sont des limites bien tranchées, tandis qu’à l’Ouest et au Sud, la transition du plateau de Retord avec le val de Brénod et le Valromay est progressivement ou souvent insensible.


L’altitude dépasse 1 000 mètres. Elle croit d’Ouest en Est pour atteindre 1 349 mètres à la croix Monthléry et 1 249 mètres au crêt de Beauregard avant de plonger sur la Michaille. Le climat est très froid et les précipitations abondantes.

On peut discerner deux régions : A l’Est le Retord proprement dit dont les combes sont plus larges, les pâturages plus vastes, le manteau forestier plus dense, le climat plus rude.


A l’Ouest une série de combes dont celle de La Manche, plus abritée, moins élevée (1 000 à 1 100m) et dont le nom même qui, dans les Alpes désigne un chalet, serait issu de « mansus) : la demeure, comme les mas et les mangettes.

La Manche ne fut habitée en permanence qu’après Retord. Les habitants du Grand Abergement y exploitaient des granges servant de fenils et d’abris pour le bétail en estivage. Ils s’y retirèrent à la suite de l’incendie de leur village en 1 707 et 1 758. Et à partir de 1 800 la plupart y demeurèrent définitivement.


La partie la plus élevée du plateau, partagée entre 5 communes, était déjà occupée au XVIIème siècle et, en 1 674, elle comptait 21 fermes renfermant 23 feux groupés en une paroisse. Une église placée sous le vocable de Saint Roch, une cure et un cimetière furent bâtis près de la ferme de Retord qui a donné son nom au massif dans la Combe de la Plâtière. En 1 766, la paroisse comptait 166 habitants éparpillés dans des fermes à 2 ou 3 heures de marche l’une de l’autre.


Après une interruption du culte pendant la révolution de 1 789, la paroisse est rétablie et son église restaurée en 1 828 mais, vers 1 840, elle est en mauvais état, trop petite, enclavée dans les terrains d’un propriétaire, ce qui ne permet pas de construire un presbytère. On se décide donc pour un emplacement sis à 2 km au couchant et à 1220 mètres d’altitude : Vézeronce, lieu plus central où l’on bâtit la nouvelle chapelle sous le vocable de Saint François de Sales. Elle fait 15 m sur 8 et communique avec le presbytère. Un four à pain est aménagé ainsi qu’une salle commune qui sert d’abri aux paroissiens en dehors des offices, de salle de classe et de catéchisme.



Vers 1 858, une création plaisante élève la chapelle au titre de collégiale, dotée d’un chapitre de chanoines imaginaires.


Mais Retord, qui avait attiré des propriétaires de régions voisines et où s’était développé l’élevage laitier, ne réussit pas dans la production de gruyère, peu habitué à l’habitat dispersé. Alors la décadence s’amorce. Dès le milieu du siècle, la paroisse ne compte plus que 18 granges et 150 habitants. Un renouveau s’amorce avec l’immigration de montagnards comtois des Bouchoux qui introduisent la fabrication du fromage bleu, compatible avec l’isolement des fermes. Le haut prix du bois attire aussi les marchands qui exploitent la forêt et revendent le terrain nu à de nouveaux colons.


En 1 880, l’exode recommence, cette fois définitif. On essaye sans cesse d’ériger Retord en commune. L’isolement est terrible. Peu de routes, un service postal sommaire, pas d’instituteur, pas de curé. Les hommes s’en vont. Le culte est supprimé en 1 909. En 1 912, il ne reste plus sur la paroisse que 9 fermes habitées en permanence ; 9 sont redevenues des chalets d’été, 5 sont détruites. Pourtant, des routes ont été construites du Grand Abergement au Poizat (1 881-1892), de Vouvray à La Manche (1909).


Au XXème siècle, la dépopulation s’aggrave et, en 1944, un raid de l’armée allemande détruit 20 fermes permanentes ou temporaires dans l’ancienne paroisse et au voisinage. Il ne reste plus que 5 fermes habitées.

« L’histoire est celle de l’échec d’un groupe humain implanté en haute montagne » a dit un écrivain. Il faudrait donc parler au passé des fermes du Retord si l’exploitation de l’alpage et le tourisme n’en avait sauvé quelques unes qui, rénovées, servent de fermes durant l’été ou, transformées, sont devenues des chalets ou des auberges. A mentionner toutefois 5 ou 6 constructions nouvelles du genre chalet.


Les routes du Retord sont envahies le dimanche par des citadins et des genevois. En semaine la solitude règne à nouveau, seulement interrompue par les clarines des génisses qui paissent dans de vastes pâturages ou par l’écho d’une coupe de bois car Retord est en partie couvert de magnifiques feuillages mais surtout de riches forêts de sapins dont l’étendue s’accroit au dépend des pâturages.

Si Retord n’est plus habité en permanence, il doit à son originalité, son calme, sa fraicheur d’être visité et parcouru. Ses routes ont été élargies, goudronnées. Elles sont très bien entretenues et les chemins forestiers pénètrent très avant dans le massif. La société des Amis de retord, l’action des maires, celle de curés dynamiques, les crédits publics mettent en valeur le plateau.


Il reste à le sauvegarder. L’afflux des touristes helvétiques emportant des coffres de fleurs ou surtout déterrant des plantes pour leurs jardins, le sans-gêne des promeneurs qui allument des feux et laissent des déchets à l’orée des forêts, ne sont pas sans danger pour la flore et le site. Assez tard, au printemps, la neige se réfugie dans le creux des combes et leurs bords laissent apparaitre dans l’herbe encore noircie par le gel la flamme claire des crocus. Puis tout éclot de partout : jonquilles, trolles, myosotis, érythrones, gentianes bleues, anémones. Les touffes de narcisses tendent bientôt d’immenses tapis blancs dans les prairies vallonnées.

Et naissent les champignons. Le tricholome de la Saint Georges, dénoncé par les ronds de sorcières et ardemment recherché par les amateurs de cryptogames printaniers.


Le vert tendre des hêtres éclate dans la nuit des futées de sapins. Puis les troupeaux arrivent du pays de Gex, de la Michaille et du Valromay. Les fermes s’animent, les prés sont fauchés et le soir, la mince fumée des chalets s’élève dans l’air frais. L’été est fugitif, les gelées blanches sévissent bientôt et il faut se hâter de cueillir fraises, framboises et myrtilles, puis les chanterelles, les cèpes et les innombrables variétés de russules, d’hygrophores, de lactaires…


Telles des veilleuses mauves, les colchiques précèdent l’automne. Les friches et les grandes gentianes jaunissent et les bouquets de hêtres jettent des éclats de cuivre. L’arrière saison voit s’épanouir les teintes ocre et pourpre des feuillages dorés. Le soleil pâlit sous un ciel d’un bleu profond alors que les brouillards envahissent déjà les plaines.


Les premiers jours de décembre ensevelissent le plateau sous la neige. L’hiver apporte des nuits et des aubes gelées à pierre fendre, des levers de soleil magnifiques sur le Mont Blanc et les aiguilles de Chamonix et des journées où les cristaux de givre et la neige resplendissent dans la lumière aveuglante. Le skieur en quête de champs de neige vierge, loin des encombrements des pistes à la mode trouve dans les combes de Merlogne et de Vézeronce la solitude et le silence.

Mais, s’il neige, il faudra s’orienter dans ce paysage infini…


Après cette rapide esquisse de Retord, reprenons le chemin laissé à la croix Jean-Jacques.

La route franchit un rideau forestier puis traverse de grands pâturages. Voici l’ancienne auberge de Cuvéry où certains jours on peut se reposer grâce à quelques bonnes volontés.


De Cuvéry, en se dirigeant vers le Nord, on rallie en une demi heure le chalet de la Connay par la combe de Merlogne….

et, par un sentier de forêt, on arrive au crêt de Beauregard (1 249 m) avec une vue splendide sur les Alpes.


Depuis le chalet de Cuvéry, la plus belle promenade se trouve en direction du midi. On ira à la ferme du Châtelet située sous les lignes électriques venant de Génissiat. Le chemin nous conduira par les combes herbeuses et vallonnées aux fermes Pré Neyret, de la Plâtrière et de Retord car c’est ici le plateau de Retord au sens restreint.



De là, en se dirigeant au levant, on accède au Signal de Retord (1 320 m) ou à la croix de Monthléry (1322m) qui procure une vue très dégagée sur les Alpes.


On peut revenir droit à l’Ouest, en traversant le plus grand pâturage de Retord, jusqu’à la chapelle de la Vézeronce… Pour l’instant, revenons à Cuvery, suivons la route qui s’engage parmi les sapins au flan des combes. Une borne nous rappelle que le chemin a été inauguré en 1 909 par M. Ruau, ministre de l’agriculture. A droite, parmi les arbres, on devine la grande et mystérieuse dépression de Merlogne, monotone et vaste clairière. Puis on traverse une futaie de sapins magnifiques avant de déboucher dans la combe de la Vézeronce. On accédait jadis à la chapelle par une piste souvent transformée en bourbier. Maintenant, on quitte la route départementale. Un peu plus loin, une chaussée bien empierrée, longue de 1 500 m, franchit l’arête boisée, débouche dans la combe de la Vézeronce et aboutit à la chapelle. L’association des Amis de Retord a contribué à l’édification de cette voie.


En 1961, on entreprit de la réparer. En 1965, les vitraux et l’autel complétèrent la restauration. La nudité des murs épais et de la voûte basse, le dépouillement de l’abside, la froideur de la pierre partout apparente, s’opposent aux vives couleurs des vitraux et au blond satiné des souches énormes ou des plateaux de sapin qui forment l’autel et les bancs rustiques. Une plaque rappelle les combats et les morts de la Résistance.


La chapelle date de 1 852 seulement, mais les rigueurs du climat et l’abandon lui ont été néfaste.

Les planches étaient vermoulues et les pierres disjointes.


Le presbytère a lui aussi été sauvé de la ruine. Enfin, la ferme voisine détruite par un incendie en 1 959, a été remplacée par un chalet où on peut se restaurer. Dans les prés voisins, des chevaux et des vaches paissent sans se soucier des visiteurs. La fête des narcisses en juin et la Saint Roch du dimanche suivant le 15 août attirent la grande foule et a contribué à populariser le plateau de Retord.


Après ce détour, on peut revenir à la route principale en direction de la combe de la Manche, un carrefour, les deux fermes carrées de la Manche et se diriger vers le Nord.

Le terrain devient plus fréquenté. Voici le col de Bérentin d’où la route descend en serpentant vers les prairies du Poizat, toutes blanches de narcisses au printemps. A deux km avant le Poizat, on peut prendre à gauche la route qui passe aux Granges puis une autre qui s’enfuit vers le Sud, comme pour prolonger le plaisir d’une solitude à travers prés et bois.


A Belle Roche, on trouve une route venue du Grand Abergement. Si vous tournez à droite, vous pourrez descendre sur Colliard qui est la pointe avancée de la combe de Leschaud qui appartient à Brénod et dont les nombreuses granges sont maintenant presque toutes désertées.


Voila Retord avec le toit gris de sa modeste chapelle vieille de plus de cent ans. Le plateau est maintenant presque désert. Plus de paroissiens, plus de curé et, depuis plusieurs lustres, la cloche ne retentit plus qu’une fois l’an ou en de rares occasions et aussi pour la Saint Roch où la foule se masse pour la messe, les repas et la fête champêtre.

Revenons à la chapelle de Retord, elle en vaut la peine. L’ancienne église fut établie en 1683 sous Louis XIV ; la deuxième en 1852 sous Napoléon III.



En 1905, c’est la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Les « retordiens » protestèrent. Il fallut les gendarmes et un serrurier pour faire l’inventaire. Le culte cessa en 1909


Contrairement à une croyance populaire, les bornes en pierre que l’on trouve sur le massif de Retord et que l’on appelle aussi « pierres croisées », ne servirent jamais de limites aux territoires de Savoie. Elles furent placées pour séparer les terrains communaux de ceux des propriétaires. Ces bornes ont environ 1 m de hauteur et une croix est gravée sur le devant ou sur un des trois autres cotés. Celle de la Raymond, à 400 m environ des ruines de ce nom, est une curiosité mais d’un accès difficile.


Dans une intéressante « Histoire du Haut-Valromey », nous lisons sur un état des granges composant l’ancienne paroisse : Retord est à 2 heures de distance de Billiat, Le Tumet également. Le Grand Tumet à 2 heures d’Injoux. Les Solives à 2 heures et demie d’Hotonnes. La Vézeronce à 2 heures du Grand Abergement. Le Maret et La Cuaz en sont à 2 heures 30. Il est aisé de concevoir pourquoi la construction d’une église s’imposait à Retord. D’autre part, il est noté que le curé portera l’eau bénite dans les fermes, moyennant soit une cueillette, soit une aumône de pain qui lui sera faite par les particuliers.


Le curé Julliard, qui a officié dans l’ancienne église de 1840 à 1853, n’avait pour tout logement qu’un local attenant à une écurie où souvent il confessait .En se rendant à l’église située à 1 km de son pauvre logement, il s’était enfoncé dans la neige sans pouvoir en sortir. Impatients d’attendre la messe, quelques hommes allèrent à sa rencontre. Ils l’aperçurent les deux jambes en l’air se débattant dans la neige. Ils le dégagèrent et lui conseillèrent de rentrer chez lui pour se réchauffer.

« Non » répondit-il. « Je suis à jeun et je n’ai même pas avalé de neige ! »


C’est aussi le bon curé Berne qui, se sentant bien vieux, songea à quitter le service de sa paroisse. Il fit ses adieux à ses fidèles et, lorsqu’il eut franchi l’immense combe, il se retourna pour voir une dernière fois sa chapelle puis brusquement fit retourner bride à sa carriole pour revenir à sa cure et pour y prier une dernière fois pour tous… Il fut inhumé dans le petit cimetière que l’on peut voir au Nord de la chapelle, au milieu de ses ouailles qu’il avait bien aimées. Il avait composé cette touchante et émouvante épitaphe que l’on peut encore lire en écartant les folles herbes : Pendant quarante ans entiers Jusqu’à mon soupir dernier J’ai vécu et je suis mort Pour mon peuple de Retord



Et puis il y a des légendes : Merlogne, la combe enchantée qui, boursouflée, serait un ancien lac et que les quelques sapins qui ont poussé sur ce sol infertile, s’étiolent, blanchissent et meurent ; les lutins qui venaient tresser dans l’écurie la queue des chevaux ou faire tourner le lait des vaches. On peut trouver dans les vieilles archives du plateau des dons pour les messes contre les loups-garous.


L’histoire de la jeune fille qui remonte de la foire de Bellegarde et rencontre des apparitions fantastiques désireuses de l’entrainer dans de sombres aventures. Celle du soldat perdu dans le brouillard qui tombe d’épuisement et meurt et que l’on porte déserteur à son régiment. L’histoire de ces morts que l’on place sur le toit, sous la neige ou dans la table placard de la cuisine jusqu’à ce que les rigueurs de l’hiver s’apaisant, on puisse leur donner une sépulture décente.


On parle de l’achat d’une cloche par le bon curé Berne. Elle pesait 550 kg. La liste de souscription existe encore. La somme recueillie se montait à 2 209 F. 70 cts. A l’approche d’un orage, elle sonnait parait-il toute seule.(sans doute poussée par le vent) . On la disait enchantée. Sous la Révolution, en 1 793, afin d’étendre le service des assignats, c’est dans les églises que l’on va puiser pour créer une monnaie de cuivre et c’est dans les airs qu’explosera désormais la mine qui doit fournir bronze et fer pour les canons et les boulets. Le « Lolographe » écrit que « les cloches, plus qu’inutiles, et le cuivre ne résonneront plus qu’en gros sous et canons.» Un arrêté du 7 pluviôse (janvier) est appliqué. On pille les clochers. Les cloches sont cassées et envoyées à la fonderie de Pont-de-Vaux. Dans la chapelle de Retord il y a deux cloches. Ce sont les citoyens Genolin et Lyonnais qui sont désignés pour en casser une et conserver l’autre.


Et puis il y a aussi les colères du plateau : Les orages, les cyclones, le vent. Le 4 juin 1780, le curé Jacquinod d’Ochiaz, consigne dans son registre paroissial :

« Sur les 4 heures du soir, deux nuages se réunirent en haut de la montagne et produisirent un tel déluge que, dans le temps d’environ une heure et quart, les torrents formés tout à coup, amenèrent dans le village plus de vingt mille voitures de graviers. Tout le monde se crut perdu mais heureusement personne ne périt. On n’avait jamais rien vu de semblable et on en fut quitte pour la peur. »


Roger Perrouse

Le Plateau de Retord Nous avons illustré les textes de Roger Perrouse, au moyen d’anciens documents comme de plus récents réalisées par des photographes (citons Martine Varenne, Christophe Deperraz, Alain Simon…) qui contribuent régulièrement au site des fermes de Retord


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