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Cette main noire qui tue au Bandundu
Les réseaux sociaux ont-ils inventé images et vidéos de fin du monde sur la route nationale n°1 ? Le week-end du 12 mai 2023, que des témoignages faisant état de corps ensanglantés le long de cette route nationale nourricière ! Que des personnes décapitées gisant à même le sol entre la cité de Kenge et la capitale Kinshasa aux environs des localités de Mbankana, Pont Kwango, Batshongo, Mongata, dans la province du Kwango! Que des groupes de jeunes marchant dans ces localités munis de fusils de chasse et d'armes blanches, le front couvert de bandeaux rouges. Et, pour finir, une cinquantaine de véhicules de marchandises et de privés bloqués de part et d'autre pendant plusieurs heures entre ces localités ou refaisant le chemin retour pour éviter tout risque d’être pris par des bandes armées avant d'être conduits sous escorte militaire. Et, plus tard, un semblant d’accalmie observée avec des images des forces de l’ordre qui venaient d'arrêter des jeunes mis en rangs et enlacés. Tout cela à moins de 100 kms de la capitale Kinshasa. Un dispositif militaire renforcé sur la Nationale 1 pour sécuriser la population quand la province du Kwango a décrété un couvre feu allant de 20:00' à 6:00' sur toute l'étendue de la province. Au début - cela remonte au deuxième semestre de
2022 - ces événements furent présentés comme un conflit de terre opposant deux communautés, les Téké et les Yaka qui avait surgi dans le territoire de Kwamouth, province de Maï-Ndombe.
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Les Téké sont établis depuis plusieurs décennies sur ces plateaux de sabledit Plateaux des Batéké - qui s’étendent sur les deux rives du fleuve Congo. Ils ont réussi à mettre en place un système de gouvernance adopté par d’autres groupes ethniques. Les Yaka venus de la province du Kwango voisin sont arrivés sur les plateaux peu après les Tékés. Ce peuple d’agriculteurs cultive du manioc, de l’arachide, des ignames, etc. Il pratique aussi l’élevage de la volaille et du petit bétail. Pour pouvoir exploiter les terres appartenant aux Téké, les Yaka doivent payer une redevance aux chefs coutumiers Tékés. Un arrangement qui a permis aux deux communautés de cohabiter pacifiquement pendant des décennies.
Mais, depuis peu, certains membres de la communauté Téké accusent les Yaka de refuser de payer la redevance coutumière depuis quelques temps.
70 MORTS ?
Des personnes armées se réclamant membres de ces tribus s’attaquent mutuellement à cause de ce conflit quand des jeunes barricadent certains axes routiers du territoire avec des checkpoints, à la recherche des membres de la tribu adverse.
« Ce n’est pas la première fois que cela arrive », à en croire un habitant de Kwamouth. «Ceci crée souvent des tensions que nous avons l’habitude de résoudre par des voies diplomatiques, la négociation, et non par les armes», explique-t-il.
Une délégation gouvernementale fut dépêchée dans la zone pour tenter de comprendre cette tragédie.
«Nous avons écouté toutes les couches de la population », déclare Rita Bola, gouverneure de Maï-Ndombe. Qui explique que la situation a dégénéré à la suite de la crainte des Téké imaginant que les Yaka, qui vivent avec eux depuis plus de quarante ans, envisageaient de s’accaparer de leurs terres pour les occuper.
En 2018 déjà, plus de 530 personnes avaient été tuées dans le Maï-Ndombe lors des violences intercommunautaires à Yumbi, un peu plus au Nord de Kwamouth. Des maisons incendiées, la peur installée dans la contrée. Pas un habitant ne pouvait aller chercher de la nourriture dans la forêt par peur d’y croiser des hommes armés.
Plus tard, la présidence de la République a envoyé une équipe de chefs coutumiers originaires de la zone pour une tournée dans la région. Elle a appelé la population au calme. Une délégation contestée par d'autres chefs cou- vendredi 12 mai par le premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, le Vice-premier ministre en charge de l'Intérieur et Sécurité, Peter Kazadi Kankonde a fait état d'une « situation (qui) reste marquée par les incursions répétitives des assaillants «Mobondo» (issus de l'ethnie Yaka, ndlr) dans la localité Menkao malgré les multiples appels à la paix lancés par la Commission de sensibilisation intercommunautaire TékéYaka». tumiers expliquant qu'elle était présidée par un chef coutumier Suku, une tribu assimilée à celle des Yaka.
Ajoutant : «la persistance de l’insécurité dans les environs de Kinshasa (Plateau des Batéké) (a conduit à) une action d’envergure en vue de rétablir l’autorité de l’État ».
Du coup, plutôt que de se calmer, les attaques se sont poursuivies sinon multipliées avec des chefs coutumiers décapités jusqu’à atteindre les provinces voisines du Kwango et du Kwilu précisément les territoires de Bagata et de Bulungu voire la ville de Kinshasa. Pourtant, de moins en moins, on parle d’un conflit foncier Téké et Yaka. Selon plusieurs sources, ces attaques ont pris des proportions très inquiétantes au point de ne plus savoir qui en sont les vrais instigateurs. Tel le cas de ces « agresseurs passés par le village de Bukusu. Ils ont cherché le chef. Ils sont allés le capturer dans la forêt et ils l’ont tué dans son propre carré. Ils ont incendié toutes les maisons. Toute la population de ce rayon d’action, de Misia, de Fayala et consorts a pris fuite
Bilan macabre rien que pour ce début de week-end du 12 mai : 11 morts dont 7 militaires, 3 policiers et 1 civil, celui-ci tué par une balle perdue, selon diverses sources. Côté assaillants, à en croire le gouverneur de la province du Kwango Jean-Marie Peti-Peti, on compte une soixantaine de morts. Soit, plus de 70 morts en un deux jours.
Selon le ministre provincial de l'Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières de la province du Kwango, Noël N'Lumbu Nteba, ces morts sont l'œuvre des miliciens « Mobondo » ayant combattu lors du conflit sanglant entre les communautés Teke et Yaka à Kwamouth. Ces hommes « se sont ensuite retranchés à Batshiongo au Kwango où ils se sont transformés en voleurs à main armée. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est la tentative a été «visité» par les assaillants Mobondo (de la tribu Yaka). DR. à Fatundu. On a vu une pirogue qui montait entre le village Kingalakiana et le port de Fatundu, la police est allée avec les éléments de bureau 2 des FARDC. Ils ont capturé six suspects. Ils avaient des machettes, des bandeaux et des banderoles qu'ils ont mis sur leurs corps, sur la tête et au bras. Ils montaient vers Fatundu », explique un témoin. Qui poursuit : «Le village est vraiment traumatisé. C'est tout le monde maintenant qui est en débandade. Ils fuient vers Kolokoso, vers Masi-Manimba. Fatundu avait reçu les gens de Bukusu, de Kimpana, les villages limitrophes qui fuyaient pour Fatundu. Maintenant Fatundu à son tour, c’est tout le monde qui vit dans la psychose. Nous avons lancé le message au gouvernement pour qu’il puisse assister la population et qu’il mette la paix et la quiétude sociale ». Lors du conseil des ministres (98ème réunion) présidé le (suite en page 3).