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Le cardinal Ambongo parle de « manipulation politique » dans la tragédie du Grand Bandundu
d'arrestation du chef coutumier et notable de Mongata, un certain Mayala que ces miliciens voulaient décapiter. Ils l'ont poursuivi jusqu'au village Kinzwanga, après le pont Kwango en réquisitionnant un véhicule. Ne l'ayant pas trouvé, ces miliciens sont retournés à Batshiongo». Et c'est là qu'ils ont perpétré ce massacre.
L'une des premières personnalités à l'échelle nationale à avoir donné l'alerte sur cette tragédie fut le Cardinal Fridolin Ambongo Besungu dont une bonne partie du territoire de Kwamouth se trouve dans son archidiocèse. Le 27 septembre 2022, l'archevêque de Kinshasa avait appelé « à l’intervention du Chef de l’État» dans la résolution du conflit survenu dans le territoire de Kwamouth. Il le fit au retour de quatre jours d'une mission pastorale dans cette partie du pays au cours de laquelle il avait palpé la réalité du terrain en effectuant une visite sur les lieux où des massacres avaient été perpétrés. Il a demandé d’offrir à Dieu, dans la prière, la souffrance des uns et des autres.
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«L’autorité du pays doit faire quelque chose pour que cette situation puisse se débloquer», avait-il déclaré redoutant que ce conflit ne s'étende dans la capitale compte tenu de sa proximité avec Kwamouth.
« N’oubliez pas que
Kwamouth, c’est la porte d’entrée de Kinshasa. Tout ce qui est comme navigation sur le fleuve, toutes les eaux du pays passent par Kwamouth, soit par le fleuve venant dedans, soit à la rivière qui ramasse toutes les eaux venant du Kasaï, du Kwilu, Kwango, etc. ou du MaïNdombe. Tout ça passe à Kwamouth. Et s’il y a insécurité à cet endroit aussi stratégique, ça peut avoir des lourdes conséquences sur Kinshasa».
Lors de sa mission pastorale, le cardinal dit avoir échangé avec des fidèles catholiques ainsi qu'avec des victimes sur des actes de barbarie perpétrées à Kwamouth.
Lors d'une émission le 21 août 2022 sur Radio Okapi, l'ancien Vice-premier ministre Daniel Asselo Okito avait notamment déclaré:
« Le gouvernement de la République a ses branches : il y a le gouvernement provincial, il y a tous les services de l’État. Il n’est pas dit que lorsqu’un problème se pose quelque part, il faut que ce soit nécessairement le Président de la République ou le Premier ministre qui agisse. Nous avons l’armée, la police, les services de renseignement et de sécurité. Mais qui vous fait croire qu’il y a silence ? Au niveau des institutions de la province et au niveau des autres services de l’État, le travail est en train de se faire pour que tout ce qui serait à la base de ces affrontements cesse ».
FAUX KIAMVUS.
L’appel de l’archevêque de Kinshasa intervint au lendemain de l’arrestation des six suspects au village Fatundu, chef-lieu du secteur de Wamba, dans le territoire de Bagata (Kwilu), avec des armes blanches. Parti du territoire de Kwamouth dans le MaiNdombe, le conflit meurtrier affecte les provinces du Kwilu et du Kwango.
Six personnes «suspectes » avaient alors été arrêtées par la police au village Fatundu, chef-lieu du secteur de Wamba, dans le territoire de Bagata (Kwilu), avec des armes blanches. Pour le chef de secteur de Wamba, Martin Gabia, qui avait livré l'information, une panique générale avait été observée ce jour-là dans ce village qui venait d'accueillir des déplacés venus du village Bukusu.
Le cardinal Ambongo venait de présider une messe dans l’église paroissiale Saint-Yves à Kwa- mouth. Il avait appelé les deux communautés à ne pas briser la paix. « Que recherchons-nous pour briser ainsi la paix?», s’était-il demandé. Pour le cardinal, « la crise entre les peuples Yaka et Teke est née non seulement de la soif des richesses, mais aussi du péché et de la soif du pouvoir. Les conflits communautaires naissent lorsqu’on est préoccupé par le souci exagéré des biens pour soi-même, pour sa famille. On ne mesure pas les conséquences des attitudes que l'on affiche par rapport aux biens matériels », avait-il fait observer. En visite pastorale cette fois dans le diocèse de Popokabaka, territoire de Kasongo-Lunda, dans le Kwango, le cardinal a dénoncé, vendredi 12 mai 2023, « une manipulation politique » dans le conflit opposant les communautés Teke et Yaka. Il insiste : «il n'y a pas de conflit entre les communautés Teke et Yaka » en territoire de Kwamouth.
Le cardinal parle de « manipulation politique pour des intérêts égoïstes». «Je suis ici à Kasongo-Lunda, siège du chef traditionnel des Yaka qui est ici là devant moi. Je ne sais pas si vous vous sentez en guerre contre les Téké, en commençant par votre chef. Est-ce que vous êtes vraiment en guerre contre les Téké ? Non ! Faisons attention avec cette affaire. Après mes deux voyages à Kwamouth, j’ai fait un rapport que j’ai remis au Premier ministre en lui disant qu’il n’y a pas de conflit entre Téké et Yaka à Kwamouth. Parmi les communautés qui habitent le territoire de Kwamouth et qui font partie de ce conflit, il y a les Bangala, les Baluba, les Batetela, les Bayanzi, les Bambala et les Bayaka. Pourquoi dire conflit Téké-Yaka alors qu’il y a plusieurs communautés dans ce conflit? C’est tout simplement parce qu’il y a des faux Kiamvus qui sont venus de Kinshasa, qui vont parler avec les chefs des terres pour leurs intérêts politiques, alors que le vrai chef traditionnel Yaka est ici à Kasongo-Lunda. Ces gens sont connus. À cause de leurs intérêts politiques, ces faux Kiamvus cherchent à mettre les Yaka sur la terre des Téké. Ce qui est inacceptable », a déclaré le cardinal dans son homélie. Le cardinal Ambongo qui doit se rendre dans le territoire de Popokaba avant de partir dans celui de Kenge, demande aux membres de la communauté Yaka de prendre les mesures nécessaires pour que « soit racontée la vraie version de ce conflit ». Lors de sa rencontre le 20 octobre 2022 avec le Premier ministre, le cardinal avait eu ces mots à la sortie de l'audience à l'hôtel du Conseil : « Je suis venu échanger avec le Premier ministre et en même temps, lui remettre la synthèse de mon rapport de visite dans le territoire de Kwamouth. Vous savez tout ce qui se passe actuellement dans ce territoire. J’avais fait une visite pastorale la première fois le long du fleuve jusqu’à Kwamouth cité. Et, j’ai continué ma visite jusqu’à Masikwa sur la rivière Kwa. De retour ici, j’avais estimé que ma visite devrait être complétée par la partie terre et j’avais pris l’avion la semaine passée jusqu’à la ville de Bandundu. J’avais fait la route RN17 BandunduMasiambio jusqu’à Mongata sur la route principale. J’ai eu à rencontrer nos frères et sœurs qui sont dans cette partie et j’ai eu des observations qui me paraissaient importantes.
Avant de faire quoi que ce soit, j’avais estimé qu’il était tout à fait légitime que j’échange avec le Premier ministre là-dessus ». « Des observations importantes » devenues depuis de la «manipulation politique» ? Est-ce cela que d’aucuns ont appelé une main noire se cachant derrière ce conflit Téké-Yaka ? Il faut plus que jamais en dire plus, aller jusqu’à éventrer le boa…
ALUNGA MBUWA n