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Face à la SADEC, le Congo n'a pas le choix
Il faut rappeler une vérité : pour vivre (aujourd’hui), pour vivre (demain), pour vivre (après demain), il faut commencer par savoir qui l’on est en réalité.
L’homme doit connaître son histoire ; il doit savoir ce qu’il a été hier pour savoir ce qu’il est aujourd’hui et ce qu’il sera demain et après-demain. Pour exister, pour vivre, il faut se connaître…
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La connaissance de soi, la connaissance de son histoire est la fondation de la vie.
C’est la fondation de l’existence.
Ce M23, la suite du CNDP, la suite de… etc., savons-nous quand, comment, par qui et pourquoi il a été vaincu ?
Ce jour-là, le président Jacob Zuma venait de s’adresser au Congrès, députés et sénateurs réunis au Palais du peuple à Kinshasa. Jacob
Zuma effectuait sa première visite d’État dans notre pays.
Voici les mots qu’il prononça devant les élus congolais, devant le peuple congolais, devant le monde : « Enough is enough. Time for peace is now » (Trop c’est trop, le temps de la paix c’est maintenant). Puis, dans la même veine, il poursuivit : « La souffrance du peuple congolais est aussi notre souffrance.
Tout comme sa prospérité. La misère ne peut plus continuer et ne sera plus tolérée».
Ce fut le mardi 29 octobre 2013.
Le discours du président sud-africain fut un ultimatum adressé au M23 et à ses soutiens.
Le jour suivant cette prise de parole, le mercredi 30 octobre 2013, alors que l’avion de Zuma avait à peine décollé de l’aéroport de N’Djili, les événements s’accéléraient au front, dans le conflit qui opposait depuis deux ans le Congo aux rebelles du M23.
Les FARDC aidées par une Brigade d’intervention de la SADEC, venaient de faire sauter le dernier verrou du M23 - la cité de Bunangana.
C’est quoi l’Afrique du Sud ? C’est une puissance régionale. Une puissance africaine.
UN PAYS AFRICAIN QUI PÈSE.
C’est un pays membre de BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). C’est un pays membre de la SADC. Autres pays de la SADC à avoir été hier aux côtés du Congo dans ces guerres mondiales africaines : le Zimbabwe et l’Angola. Afrique du Sud, Zimbabwe, Angola, Namibie. Trois pays membres de la Southern African Development Community (Communauté de développement de l’Afrique Australe). Il faut en citer un autre et non des moindres : le Botswana qui avait accueilli dans sa capitale Gaborone l’une des réunions clés du Dialogue inter-congolais et dont le président honoraire Ketumile Masire a accompagné les Congolais au Dialogue de Sun City, en Afrique du Sud ouvert le 25 février
par Tryphon Kin-kiey Mulumba.
2002 qui mît fin à la première guerre mondiale africaine.
Est-ce un hasard ?
L’Afrique du Sud, membre de la SADC, membre de BRICS, respecté et craint dans le monde.
BRICS (3 milliards d’habitants, 45% de la population de la planète, à l’origine de plus de 50% de la croissance économique mondiale).
BRICS qui veut demain peser plus que l’OTAN (qui n’a que 992 millions d’habitants).
Que voit-on face à elle ? L’EAC, East African Community (Communauté d’Afrique de l’Est).
Des pays voisins du Congo certes, mais des pays liés entre eux et d’où nous sont venues ces guerres mondiales africaines.
L’Ouganda, le Burundi, le Kenya, le Rwanda, etc.
D’où est venu le régime actuel de Kampala ? De la Tanzanie, pays EAC certes quoiqu’également pays de la SADC.
Grâce à qui notamment ? Grâce à des militaires rwandais dont Paul Kagame se battant aux côtés de Yuweri Museveni contre Idi Amine et Milton Obote. Qui aide alors Kagame à prendre le pouvoir à
Kigali ? C’est Museveni. Même s’il peut exister quelques bisbilles entre eux, entre frères, voit-on un soldat ougandais tirer sur un soldat rwandais pour sauver un espace de terre au Congo ? Voit-on un soldat burundais ouvrir le feu sur un soldat rwandais pour sauver un espace de terre au Congo ? On peut poursuivre ce questionnement. Et le Kenya. Certes, nous avons aujourd’hui des relations spéciales avec le Kenya pour l’histoire récente. C’est à Nairobi que CACH, Cap pour le Changement, a vu le jour.
En janvier 2019, lors de la prestation de serment du président Félix Tshisekedi, Uhuru Kenyatta, l’alors président du Kenya y était. Mais quelle réputation a le Kenya dans le monde ? C’est son ouverture au monde qui fait sa puissance économique, sa puissance financière.
QUAND ON A DES INTÉRÊTS EN COMMUN. Qui verrait le Kenya s’engager dans une guerre ouverte aujourd’hui contre le Rwanda sur le sol congolais ? Certes, à la tête d’un pays qui dispose de neuf pays à ses frontières - qui estiment à raison que leur existence, leur avenir dépend de leur voisin, le Congo - il faut féliciter l’excellente vision du président Félix Tshisekedi qui, à sa prise de fonction, tente une expérience : parcourir les pays de la sous-région, tendre sa main à tous, offrir la paix à ces pays en scellant des accords. Une autre vérité est celle-ci : ceux qui ont des intérêts en commun ne se font pas la guerre. C’est l’exemple de l’Allemagne et de la France. Dès le lendemain d’une élection en France ou en Allemagne, la tradition instaurée est que le nouveau chancelier effectue sa première visite à l’étranger à Paris et le nouveau président français effectue sa première visite à l’étranger à Berlin. Jamais l’Europe n’existerait sans cet axe Paris-Berlin. Pourtant, les deux guerres mondiales ont impliqué ces deux pays. L’Allemagne a occupé la France qu’elle a voulu vassaliser ; la France a été sauvée grâce au débarquement américain. Voilà la connaissance de l’histoire qui permet l’existence. Ignorer son histoire ou ne pas connaître son histoire c’est prendre des risques avec la vie. Quelle issue a cette force annoncée de la SADC ? Je préférerais dire : la SADC, vu notre histoire récente commune, est l’excellente option pour le Congo.
FACE À L’ABSENCE DE LA VALEUR. Ceux qui t’ont détruit hier, te détruisent aujourd’hui, te détruiront demain. Ceux qui ont été hier avec toi, sont aujourd’hui avec toi, seront demain avec toi à condition certes d’être correct, d’être respectueux de tes engagements. C’est De Gaulle qui a dit : « il n’y a pas d’amitiés éternelles, il n’y a que les intérêts qui sont éternels ». Il faut donc en effet savoir quels accords nous lient avec l’EAC ou avec tel ou tel pays de l’EAC. Reste que ce qui compte aujourd’hui plus que jamais : c’est la sauvegarde de l’intégrité de notre territoire ; c’est la paix qui seule permet le développement ; c’est des relations de respect mutuel qui ne peuvent s’instaurer que par la montée en puissance de nos forces armées. Faut-il dire ceci ? Au lendemain de la défaite du M23, il y eut à Goma le premier et l’unique conseil des ministres que je sache. Y étaient associés : les états-majors de la police et des Armées. Le président y célébrait la victoire face au M23 et il me donna la parole. Devant ses chefs militaires, je lui dis toute ma joie après cette victoire et j’ajoutais que nos jeunes soldats formés aux combats (que le président venait de vanter à raison) étaient nés pour vivre même si comme soldats, ils avaient juré de servir la Patrie jusqu’au sacrifice suprême. J’ai ensuite insisté que ce Congo qui a sauvé l’Occident par son uranium qui a permis de vaincre le Japon, dispose toujours de cet uranium et d’autres minerais clés dont le monde a besoin. En clair, le Congo n’est pas n’importe quel pays et que le temps était venu de passer des accords de partenariat stratégique avec tel ou tel pays membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies. Je pense que c’était la première fois qu’à ce niveau cette expression était utilisée : « partenariat stratégique ». Mais avec quel pays ? Personne ne m’avait associé à ce débat. Sauf que les exemples étaient légion. La Syrie, que serait-elle sans la Russie ? La Côte d’Ivoire d’après Gbagbo, que seraitelle sans la France ? Le président donna la parole au premier ministre, puis au ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda N'Tungammulong. Tous me donnèrent raison. Certes, le Rwanda a pris de la valeur face à l’absence. Une absence dans la sous-région : celle du Congo, du Grand Congo. La nature, dit-on, a horreur du vide. Notre Congo doit vite s’organiser et reprendre sa place en Afrique, dans le monde.