LE catalogue-programme 2016 DES ÉDITIONS DU TRIPODE 978-2-37055-081-1
33.
19,00 €
13,00 €
34.
23,85 €
13,00 €
29.
13,00 €
35.
25,00 €
C. BRIAND E. CAVAZZONI
12. 13. 14.
P. CENDORS R. DAVID D. DUBOIS
16. 17. 18.
13,00 €
24.
13,00 €
30.
11,15 €
36.
23,00 € 19.
9,00 €
25.
12,00 €
31.
11,15 €
37.
S. BENATAR
5. 6. 7. 8.
4,00 €
8,50 €
E. GOREY & F. PARRY HEIDE
E. HILSENRATH
24,00 €
20.
9,00 €
26.
13,00 €
32.
11,15 €
38.
978-2-917084-13-7
978-2-37055-036-1
J.-B. ALMÉRAS
978-2-37055-047-7
A. BOULANGER
978-2-917084-39-7
R. ALEXIS 978-2-37055-029-3
978-2-917084-66-3
978-2-37055-030-9
978-2-917084-21-2
J. ABEILLE & F. SCHUITEN
978-2-37055-022-4
15,20 €
978-2-917084-73-1
978-2-37055-021-7
24,35 €
978-2-917084-37-3
23.
19,00 €
978-2-37055-042-2
978-2-37055-070-5
978-2-37055-069-9
978-2-37055-046-0
2.
978-2-917084-35-9
28.
9,90 €
978-2-37055-072-9
19,00 €
1.
978-2-917084-22-9
10,00 €
978-2-917084-32-8
978-2-37055-067-5
LES ANTHOLOGIES
978-2-37055-048-4
22.
19,90 €
978-2-917084-72-4
11,00 €
978-2-37055-033-0
19,00 € 11.
978-2-917084-12-0
17,00 € 23,35 €
978-2-917084-52-6
10.
978-2-37055-039-2
15,20 €
978-2-917084-63-2
9.
978-2-917084-61-8
9,90 €
978-2-917084-08-3
BOLL
978-2-37055-066-8
25,35 €
978-2-917084-48-9
978-2-917084-31-1
4.
978-2-37055-004-0
K. BERNARD
978-2-37055-056-9 25,00 € a3.
978-2-37055-027-9
27. a2.
978-2-917084-17-5
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978-2-917084-51-9
15.
978-2-37055-028-6
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978-2-37055-071-2
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978-2-37055-025-5
le catalogue J. ABEILLE
24 ,00€
22,00 €
17,25 €
10,00 €
E. GOREY
13,00 €
E. GOREY & P. NEUMEYER
12,15 €
R. HORZON
15,20 €
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L'édito
J’appris à suivre tOus les chemins et j’en devins un mOi-même. Cette phrase de Charlotte Salomon, le Tripode la fait sienne. Goliarda Sapienza et tant d’autres auteurs que nous publions auraient pu l’écrire. Prendre tous les chemins, devenir d’autres mondes, ne jamais s’arrêter à l’arrogance des certitudes : tels sont les désirs qui guident la maison d’édition à chacun des livres qu’elle publie. Pour reprendre l’expression du poète Guiseppe Ungaretti, il y a dans cette expérience quotidienne qui nous sort de nous-mêmes quelque chose qui relève de « l’allégresse des naufrages », d’une ivresse du dénuement.
sommaire 2.......................... Le Catalogue (1/2) 3........................................... L'Édito 4........................................ L'Auteur 5..................Les Auteurs du Tripode 6.................................... La Lectrice 7........................ Le Programme 2016 8................................. La Graphiste 9.................................... Le Critique 10...................................... L'Artiste 11............................. La Correctrice 12...................................... L'Éditeur 13................................. L'Imprimeur 14................................. L'Internaute 15.............................. Le Traducteur 16................................... La Libraire 17................................... Le Passeur 18.......................................... L'Ours 19........................ Le Catalogue (2/2)
Pour l’édition 2016 de son catalogue-programme, le Tripode avait justement envie de faire connaître ceux avec qui il partage cette allégresse. Aujourd'hui, plus que jamais, publier des livres reste avant tout une histoire de rencontres : une maison d’édition ne serait rien sans ceux qui la soutiennent. Au fil des pages suivantes, vous pourrez découvrir quelques-uns des hommes et des femmes qui, par leur amour des livres, permettent au Tripode de poursuivre sa route. Bonne lecture, lecteur.
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« un homme ayant choisi de respecter le rêve » Jacques Abeille est un cas sans doute unique d’écrivain. Les spécialistes de son œuvre le comparent aux plus grands, les critiques littéraires évoquent souvent Julien Gracq et J.R. Tolkien pour expliquer ses romans. Mais si vous le lui dites, il maintiendra que cela n’est qu’inventions, chimères d’éditeurs et de libraires. Il s’affirme simple scribe de ses textes, revendique tout juste la condition d’un homme ayant choisi de respecter le rêve. Et sans doute a-t-il raison. Mais la vérité, c’est aussi que nous avons compris dès la première lecture des Jardins statuaires que cet homme nous ouvrait un monde et que celui‑ci était immense… Lors d’une séance automnale de travail pour préparer la publication en 2016 des quelques six livres le concernant (cf. la page 7, dédiée au programme 2016), nous avons vu la pupille de Jacques Abeille s’illuminer au gré d’une digression sur un autre ouvrage (L’Ancêtre, de Juan José Saer). Et l’homme de s’enthousiasmer : « Un vrai chef-d’œuvre, lui. »
l'ancêtre
Juan José Saer
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Les auteurs publiés par Le Tripode Jacques Abeille & Léo Barthe Certains pensent qu’il est l’un des plus importants écrivains français contemporains. Nous en sommes. 1. Les Jardins statuaires 2. Le Veilleur du jour 3. Les Barbares 4. La Barbarie 5. Les Mers perdues en 2016. Les Voyages du fils en 2016. Chroniques scandaleuses de Terrèbre en 2016. Deux lettres
Robert Alexis Son premier roman, La Robe (éd. Corti), avait créé la stupéfaction. On s’était convaincu d’avoir affaire à un maître du style. Les textes suivants ont prolongé l’étonnement, et révélé bien plus : un homme dans le vertige des abîmes, sans limites ni souci de plaire. 6. L’Homme qui s’aime en 2016. Le Majestic
Jean-Baptiste Alméras
Cécile Briand Un esprit farfelu et obstiné qui traverse Paris à sa façon. 13. Où faire pipi à Paris ?
Ermanno Cavazzoni Un professeur d’esthétique qui a le goût des listes, du paradoxe et des figures excentriques, forcément, ce n’est pas rien. 14. Les Idiots 15. Les Écrivains inutiles
Pierre Cendors Cet auteur, au style précis et mystérieux à la fois, nous rappelle que la littérature est un grand jeu, et que ce jeu est existentiel. 16. Archives du vent
Rémi David Il écrit comme on invente des sortilèges, avec des mots malaxés jusqu’à la déraison. 17. Lava
Denis Dubois
Ce rescapé des écoles à la française retourne la langue du système éducatif contre luimême sous un mode poétique.
Ce “ manufactureur ” d’images, comme il se désigne lui-même, reprend à son compte l’art surréaliste du collage de gravures.
7. Peut mieux faire, mon enfance vue par l’Éducation nationale
18. On the Beach 19. Zoo 20. Ecce Homo
Bernard Amy Un alpiniste conteur nous offre le livre de ses sagesses. m1. L’Alpiniste
Stephen Benatar Le représentant de l’humour british au catalogue du Tripode. 8. La Vie rêvée de Rachel Waring en 2016. Daisy, Daisy
Kenneth Bernard Kafka a rencontré Woody Allen à New York, et cela a donné Kenneth Bernard. m2. Extraits des archives du district 9. La Femme qui pensait être belle
Boll Les Français ont désormais leur Monty Python. 10. Le Vaillant Petit Tambour Major 11. L’Affaire est dans le sac en papier
Anna Boulanger (…) 12. Le Haret québécois
Cécile Gambini Avec elle, tout est dans les titres. en 2016. Au secours mémé en 2016. Manuel du parfait dépressif
Edward Gorey Le maître de Tim Burton, l'inventeur d’histoires sordides et improbables, le génial dessinateur à la plume, l’excentrique le plus doux du monde... Bref : Edward Gorey. 21. Les Enfants fichus 22. Le Couple détestable 23. Total Zoo 24. L’Invité douteux 25. L’Enfant guigne 26. L’Aile ouest 27. La Vague déchaînée 28. La Harpe hagarde 29. Le Rapetissement de Treehorn 30. Le Trésor de Treehorn 31. Le Souhait de Treehorn (avec Florence P. Heide) 32. Les Histoires de Donald (avec Peter F. Neumeyer)
Edgar Hilsenrath Certains disent qu’il devrait recevoir le prix Nobel de littérature, d’autres hurlent en découvrant son humour
outrancier et son sens du grotesque. Ce rescapé de la Shoah, qui décontenancerait même Bukowski, est un géant de la littérature. Il faut le lire à tout prix. 33. Fuck America 34. Le Nazi et le Barbier 35. & M3. Nuit 36. Orgasme à Moscou 37. Le Conte de la dernière pensée en 2016. Le Retour au pays de Jossel Wassermann
Rafael Horzon Un des auteurs les plus étranges du Tripode. Rafael Horzon existe-til vraiment ? Nous n’en sommes pas sûrs. Et pourtant nous l’avons rencontré. 38. Le Livre blanc
Andrus Kivirähk Le best-seller du catalogue. Un romancier qui nous offre un réalisme magique venu des confins de l’Europe. 39. & M4. L’Homme qui savait la langue des serpents 40. Les Groseilles de novembre
Hadrien Klent Pour ceux qui aiment les thrillers et les intrigues ! 41. & M5. Et qu’advienne le chaos en 2016. La Grande Panne
Samuel Lévêque Pour ceux qui veulent comprendre ce que c’est qu’avoir 30 ans aujourd’hui. 42. Toto, 30 ans
Raphaël Meltz Entre humanisme et révolution, plongées urbaines et regards intérieurs, limpidité de la phrase et éclats de voix : Raphaël Meltz. 43. Urbs
Jean-Pierre Minaudier Cet homme est délicieusement fou et sa déclaration d’amour aux grammaires du monde est un drolatique hymne à la diversité des cultures. 44. Poésie du gérondif
Jean-Jacques Pauvert L’un des maîtres du Tripode. Un éditeur marquant du XXe siècle et une biographie exceptionnelle de Sade pour testament philosophique. 45. Sade vivant
Angelo Pellegrino Écrivain, comédien, éditeur et traducteur, cet homme amoureux a sauvé l'œuvre de Goliarda Sapienza. 46. Goliarda Sapienza telle que je l’ai connue
Marie Redonnet Depuis son premier roman (Splendid Hôtel, Minuit, 1986), Marie Redonnet poursuit une œuvre fascinante qui chemine entre la fable et le scalpel pour dire le monde. en 2016. La Femme au colt 45
Emmanuel Régniez En reprenant à son compte l’héritage de la littérature gothique, Emmanuel Régniez a écrit un premier roman étrange et obsédant, qu’aucun lecteur ne peut oublier. en 2016. Notre Château
Yak Rivais Un écrivain qui ressuscite la langue française par un jaillissement permanent de mots et un humour sans bornes, mirde de marde, ça fait du bien. 47. Aventures du général Francoquin au pays des frères Cyclopus
Jacques Roubaud Jacques Roubaud ? L’intelligence, la fantaisie et la générosité faites littérature. 48. Ode à la ligne 29 des autobus parisiens 49. Tokyo infra-ordinaire
Antonio Rubino Le maître de l’illustration italienne des années 1910-1920. 50. Animaux bien élevés 51. Belles Lettres 52. Numérette 53. Moi, Âne premier 54. O de Giotto 55. Roi Bife
Sade Incontournable. Violent. Nécessaire. M6. Les 120 Journées de Sodome
Juan José Saer Ses compatriotes font de lui le plus grand écrivain argentin du siècle passé. Son relatif oubli en France était de fait un mystère, tant des chefs-d’œuvre comme Glose et L’Ancêtre sont des sommets de la littérature mondiale. 56. Glose 57. L’Ancêtre
Charlotte Salomon
Charles Stevenson Wright
Son œuvre a bouleversé tous ceux qui l’ont découverte. Que dire d’autre ?
Figure météorite parmi les écrivains newyorkais des années 1960, Charles S. Wright était un ange noir qui se brûla les ailes aux feux de la société américaine.
58. Vie ? ou Théâtre ?
Goliarda Sapienza L’auteur qui, à jamais, occupera une place à part dans le catalogue du Tripode. C’est avec elle que tout a commencé. Son Art de la joie fait partie de ces livres qui ont changé plus de vies – à commencer par celle de son éditeur – que la plus belle des rencontres. 59. L’Art de la joie 60. Moi, Jean Gabin 61. L’Université de Rebibbia 62. Les Certitudes du doute
Topor Nous aimons tant ce dessinateur, et notamment ses premiers recueils de dessins, que nous en avons fait une des premières publications de la maison d’édition.
68. Le Messager en 2016. Les Tifs
Fabienne Yvert Elle nous éclaire des détails du monde qui n’en sont pas, et c’est tout simplement vital. 69. L’Endiguement des renseignements 70. Papa part, maman ment, mémé meurt 71. Télescopages 72. Sampler 73. Rose & Madeleine (avec Véronique Vassiliou)
Ali Zamir Un manuscrit reçu par mail depuis les Comores. Un souffle lyrique extraordinaire. Le culot monstre d’un premier roman. Nous n’en sommes toujours pas revenus. en 2016. Anguille sous roche
63. Défouloir
Sigolène Vinson Sigolène Vinson possède une grâce que l’on rencontre rarement. Nous avons publié son roman pour les mêmes raisons. 64. Le Caillou
Fabio Viscogliosi Écrivain, dessinateur, musicien, Fabio Viscogliosi a l’élégance des silences. Nous avons tendance à croire qu’il nous a offert sa plus belle œuvre. 65. Ma vie de garçon
Jonathan Wable Jonathan Wable nous avait envoyé son premier roman par la poste. Le texte était d’une telle maturité, d’une telle précision dans la langue, que nous avons pensé que son auteur devait avoir cinquante ans. Il n’en avait que la moitié. 66. Six photos noircies
Louis Wolfson Cet écrivain américain de langue française a fait tourner la tête à Queneau, Deleuze, Le Clézio, Auster, Pontalis, Foucault. En le lisant, on comprend pourquoi. 67. Ma mère, musicienne...
Pour en savoir plus sur tous ces auteurs et leurs œuvres, vous pouvez vous plonger dans notre site internet : www.le-tripode.net
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« un drôle d'animal » La comptable du Tripode, c’est un drôle d’animal. Une fois par mois, Caroline Okrasinski passe dans nos locaux pour trier tous nos chiffres. Puis elle repart, souvent avec les derniers livres arrivés de chez l’imprimeur. Il n’est pas rare que, dès le lundi suivant, nous recevions ses impressions de lecture. Extrait du dernier mail qui nous soit parvenu : « j’ai terminé de lire Notre Château samedi, je le lisais doucement, le livre est court et on a envie de rester dans cet univers, avec ces personnages […] L’histoire est vraiment originale, on pourrait même penser à une suite, les personnages sont tellement mystérieux, pourquoi pas le journal intime de Véra, leur enfance, ou le même roman avec cette même semaine où tout se passe, mais du point de vue de Véra ou Juliette. Bref je l’ai tellement adoré (la fin est surprenante, un coup de guillotine et la vie reprend son cours) que cet univers et ses personnages me manquent déjà. » Emmanuel Régniez, notre comptabilité est entre de bonnes mains et votre premier roman a déjà son premier lecteur.
notre château
Emmanuel Régniez
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LE programme 2016 & Ses moments forts LE PROGRAMME 2016
LES MOMENTS FORTS
JANVIER
10 ans
• La Femme au colt 45, Marie Redonnet • Notre Château, Emmanuel Régniez
L’époque étant à la course, un auteur qui ne publie pas un roman tous les deux ans est menacé d’oubli. Cela faisait 10 ans que Marie Redonnet n’avait pas publié de livre. Avec La Femme au colt 45, elle nous rappelle que cela vaut parfois la peine d’attendre.
FÉVRIER • Le tyran meurt au quatrième coup, Jorge Ibargüengoitia • Daisy, Daisy, Stephen Benatar MARS • Les Voyages du fils, Jacques Abeille • Chroniques scandaleuses de Terrèbre, Léo Barthe • Deux lettres, Jacques Abeille • Le Dépossédé : Jacques Abeille et son œuvre, collectif • Le Monde des Contrées, Éric Darsan et le collectif des 400 coups • Les Tifs, Charles S. Wright AVRIL • La Grande Panne, Hadrien Klent • Le Retour au pays de Jossel Wassermann, Edgar Hilsenrath MAI • Le Voyage d’Hanumân, Andreï Ivanov • Les Troubadours, Martin de Riquer (en coédition avec Carrefour Ventadour) DE MI-MAI À MI-SEPTEMBRE Le Tripode fait sa sortie littéraire ! Pendant quatre mois, la maison d'édition s'interdit toute publication.
Farces de février Avec Daisy, Daisy et Le tyran meurt au quatrième coup, la maison d’édition s’offre deux farces exotiques. Quand l’humour pince-sans-rire d’un Anglais côtoie le sens du grotesque d’un Mexicain, c’est que nous sommes au Tripode.
2016, année Jacques Abeille Jacques Abeille écrit depuis 40 ans le cycle des Contrées. En 2016, ce cycle sera accessible pour la première fois chez un seul éditeur dans son intégralité. Pour célébrer un événement d’une telle importance, le Tripode fait paraître en même temps Le Dépossédé (actes d’une journée d’étude menée par l’université de Paris 8), Le Monde des Contrées (une introduction générale au cycle des Contrées par Éric Darsan et le collectif d’artistes des 400 coups) et Deux lettres (plaquette de l'auteur accompagnée d'illustrations de Gérard Puel). Simultanément, le Point Éphémère organise une grande exposition de peintures de l'auteur, des 400 coups et de Pauline Berneron. Un colloque sur l'œuvre érotique de Jacques Abeille se tiendra aussi en partenariat avec l'université de Paris 8 et la BnF - Bibliothèque de l'Arsenal. 2016, c'est vraiment une année Abeille.
Trilogie new-yorkaise
NOVEMBRE
Les Tifs est le deuxième opus que Charles S. Wright a dédié à New York avant de sombrer. Par une coïncidence étrange, il forme aussi une fulgurante trilogie new-yorkaise avec deux autres textes du Tripode : Fuck America d’Edgar Hilsenrath et Ma mère, musicienne… de Louis Wolfson. Trois marginaux absolus (un intellectuel noir sombrant dans l'alcool, un immigré allemand survivant de la Shoah, un schizophrène américain ayant adopté le français) relatent au même moment (les années 1960) leur survie dans un New York qui broie les âmes. Vertigineux. On se prend à rêver de lectures croisées.
• Le Tout va bien 2016 • Histoire de la bergère, Jacques Abeille
Happy birthday Mr Hilsenrath
FIN SEPTEMBRE • Anguille sous roche, Ali Zamir • Le Majestic, Robert Alexis OCTOBRE • Manger ou être mangé, Michael Köhlmeier • Au secours mémé, Cécile Gambini • Manuel du parfait dépressif, Cécile Gambini
Edgar Hilsenrath aura 90 ans en 2016. On ne le sait guère, mais c'est en France que cet écrivain désormais culte a trouvé sa vocation. À Lyon plus exactement, où il a vécu quatre ans après la guerre et commencé l’écriture de son premier roman (Nuit), avant de s’exiler aux États-Unis. Soixante-dix ans plus tard, Edgar Hilsenrath revient dans cette ville pour un moment exceptionnel. Au programme : parution d’une nouvelle édition du Retour au pays de Jossel Wassermann, journée d’étude sur son œuvre, lectures, exposition… et surprises d’anniversaire.
Un président sur la plage Et si la France vivait une grande panne ? Et si le président français et ses ministres devaient s’exiler sur l’île de Sein pour gérer la crise ? Et si vous lisiez La Grande Panne, d’Hadrien Klent ?
anglophone, il décide alors de partir à l’aventure et met le cap vers le Danemark. Avec pour toute richesse une thèse sur les romans de jeunesse de Nabokov dans la tête, il atterrit dans un camp pour clandestins, où il restera de longs mois. De retour en Estonie, il devient professeur d’université et écrit plusieurs romans, qui lui apportent la renommée, notamment grâce au picaresque Voyage d’Hanumân. Cette transcription épique de son expérience d'émigré clandestin, primée plusieurs fois, est le premier texte de cet auteur traduit en France.
1 700 Pages On vous l’annonçait en 2015 avec 1 500 pages. Des ajouts devenus trop tentants, comme une étude de musicologie, ont porté à 1 700 pages le volume de la plus grande anthologie au monde des Troubadours. On croise les doigts pour que cette fois-ci soit la bonne et que l’on puisse enfin vous présenter en long et en large ceux qui furent les Beatles du Moyen Âge.
La Sortie littéraire Publier, c’est avant tout donner du temps au texte. Pour bien préparer les prochains, pour revenir sur les précédents, pour aller à la rencontre des lecteurs. Pendant quatre mois, de la mi-mai à la mi-septembre, le Tripode cesse toute publication.
Goncourt, le liras-tu ? Ce n’est pas une boutade, mais une certitude d’éditeur : Anguille sous roche, le premier roman d’Ali Zamir, sera une révélation pour tous ceux qui le liront. Nous ne comprenons toujours pas très bien comment un jeune homme a pu écrire, à 24 ans, un roman aussi ample et virtuose, qui nous plonge dans la vie d’Anguille, de sa sœur Crotale, de son amant Vorace et de son père Connaît-Tout. Ce texte, venu par mail depuis l’île d’Anjouan, est un miracle. Jurés littéraires, on vous le demande humblement : lisez-le.
Majestic Certains critiques regrettent que Robert Alexis ne soit pas resté dans le charme maîtrisé de son premier roman. Pour notre part, c’est précisément ce que nous admirons en lui. Nous sommes émus par le courage avec lequel, de livre en livre, cet auteur cherche à briser les verrous de l'ego. Le Majestic n’échappe pas à la règle. Il en décontenancera plus d’un, et c’est tant mieux.
La femme moderne C'est Cécile Gambini. Pour mieux comprendre, reportez-vous à la page 10.
CINQUANTE nuances de beau Cela a commencé par un sourire. Nous connaissions de longue date la trilogie érotique de Jacques Abeille, publiée initialement par les éditions Climats. Ces livres étaient épuisés quand la trilogie Cinquante nuances de Grey a déferlé sur la France. On a imaginé en riant un monde parallèle où, les textes se substituant, les lecteurs auraient eu droit aux mêmes frissons, mais avec un tout autre niveau de beauté littéraire. De là à se dire que ce monde pouvait être le nôtre, il n’y avait qu’un pas. Nous l’avons fait.
Nabokov dans un camp danois Le Voyage d’Hanumân, c’est tout d’abord celui de son auteur. Andreï Ivanov était un jeune intellectuel quand l’URSS s’est désagrégée. De nationalité estonienne, mais exclusivement russophone et
LE TOUT VA BIEN 2016 Parce qu'on ne s'en lasse pas.
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« elle vous rendra chèvre » Si vous pensez que concevoir la maquette d’un livre n’est qu’une question d’apparences, ne le dites surtout pas à Juliette Maroni. Elle, elle travaille avec son cœur. Elle lira un texte plutôt deux fois qu’une pour être sûre de ne pas le trahir. Elle vous rendra chèvre en redessinant dix fois les volutes d’un nuage dont elle n’est pas tout à fait satisfaite (comme pour La Femme au colt 45) ou le « e » d’un titre calligraphié avec amour (comme pour les Aventures du général Francoquin au pays des frères Cyclopus). Elle préparera au cutter les pochoirs et les présentoirs qu’elle a imaginés pour accompagner la parution du Tout va bien. Elle travaillera des semaines pour rendre limpide le catalogue que vous avez entre les mains. Et avec tout ça, elle continuera à rire chaque matin en arrivant au bureau avec des croissants. Le graphisme, avec elle, ce n’est pas du clinquant, mais de la joie et de la cohérence. Pour le dire autrement, c’est l’élégance du style.
la femme au colt
Marie Redonnet
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« Dévorez des livres »... Sur une affiche pour la promotion de l’édition, on voyait Gérard Philippe croquer à belles dents dans une feuilletée de pages avec un sourire carnivore rappelant celui qu’il arborait dans La Beauté du diable. Un bandeau soulignait son visage juvénile : « Mieux qu’un cadeau, un livre. » Telle pourrait être la devise du Tripode.
« la dent devient vite dure quand il s'agit de littérature contemporaine » Laurent Boscq est un critique littéraire dont la dent devient vite dure quand il s’agit de littérature contemporaine. Certains livres du Tripode s’en souviennent. Mais il peut aussi interroger deux heures Jacques Abeille (à une époque où personne ne s’intéressait encore à cet auteur) tout en sachant qu’il ne gardera de ses notes que quelques lignes pour le magazine Rolling Stones. Il n’hésita pas davantage à consacrer trois mois de sa vie à lire le catalogue de l’éditeur Jean-Jacques Pauvert afin de préparer un simple entretien avec lui (c’était à l’occasion de l’édition de la monumentale biographie Sade vivant). Bref, il y a chez cet homme quelque chose d’un prince russe oublié. Pour ce catalogue, nous lui avons demandé une faveur : lire un an avant sa parution un manuscrit qui nous semblait exceptionnel et nous en parler si par bonheur le texte faisait mouche. Pari gagné. Il nous explique ci-contre pourquoi il a été conquis par le roman Anguille sous roche.
Par cette maison d’édition, j’ai découvert l’univers borgésien de Jacques Abeille, la poésie enfantine de Fabienne Yvert ou encore le génie méconnu de Charlotte Salomon. Et, régulièrement, je visite la belle cour du Marais où se trouvent leurs minuscules bureaux pour entendre les histoires qui accompagnent les livres en préparation. Il y a quelques mois, ils venaient de recevoir le premier roman, Anguille sous roche, d’un auteur dont ils ne savaient rien. Immergé, fasciné et surpris d’abord, puis enthousiaste et sceptique, Frédéric se demandait, en me montrant les premières pages du roman avec gourmandise : « Qui écrit comme ça ? Où est le loup sous l’anguille ? » et de refermer le tapuscrit, avec le plaisir intense d’accueillir un nouvel auteur dans leur famille de papier. Et j’ai plongé à mon tour. On entre dans Anguille sous roche comme en eaux troubles. Je l’ai lu debout, gîtant comme un mât dans
la houle, ballotté par le flux verbal de la mélopée obsédante et hypnotique d’Anguille, l’héroïne narratrice. Je me suis laissé emporter dans les flots de sa prose organique et vivante, une seule longue phrase rythmée par la nécessité et l’urgence, proche de la tradition orale. Et j’ai glissé sur les lames de sa pensée, avec ses errements, ses certitudes et ses cris de colère. « Ne m’identifiez pas à des personnages d’encre et de papier, s’il vous plaît, je vis, j’agis, je bouge. » Anguille est une fille de dix-sept ans qui quitte son rocher dans l’archipel des Comores pour se perdre dans la mer. L’action et la narration se confondent dans « le temps qu’il reste. » Elle dérive entre deux eaux, entre deux îles, « dans un dédale vide » et se souvient, pour ne rien oublier, pour repousser l’échéance. « Il vaut mieux se souvenir, même en tâtonnant, et en fourgonnant le passé, quand on est sur le point de quitter ce monde. »
Alors, Anguille raconte. Son enfance sur l’île d’Anjouan, avec son père Connaît-Tout qui connaît tout et sa sœur jumelle, Crotale, dans les faubourgs de Mutsamudu, petite ville des Comores couronnée par une citadelle, la plage avec les pirogues des pêcheurs, la médina, le chemin du lycée, les palabres sous un immense badamier, la langue imagée de son père qui pérore, « Je ferai tout pour que mon sang ne fasse pas fausse route », les écarts de sa sœur qui délaisse les cours, les visites de sa tante Tranquille quand ConnaîtTout est parti pêcher, sa jeunesse de sage adolescente secrète qui prépare son bac, ses silences qui n’en pensent pas moins, et toutes les heures passées sur son toit-terrasse à observer le monde, Anguille dit tout en un long souffle ininterrompu, pressée par l’urgence ultérieure de la mort qui vient, et déroule en courts couplets le fil de sa vie. « Dans ce genre d’aventure, il ne peut y avoir d’arrêts que ceux qui donnent corps à l’aventure. » Mais ce qu’Anguille raconte de sa voix assurée qui appelle le naufrage, c’est aussi autre chose que sa vie, quelque chose de beaucoup plus souterrain, sous-marin plutôt, qui a trait à l’espèce et à l’immémorial, le récit du combat pour la survie où chacun devient un prédateur, cachalot, thon, dauphin, cœlacanthe ou requin. L’homme par qui le naufrage arrive, c’est Vorace, le beau pêcheur qui l’initie à la fumée des Gauloises, au parfum du vin et aux effluves du sexe. Anguille se laisse prendre avec délectation. « Méfiez-vous de la capture de votre regard.
Le regard admire toujours la fiction. C’est de là pourtant que viennent toutes sortes de malheurs. » En habituée du louvoiement, elle ondule et cache son jeu longtemps avant d’être découverte, puis chassée, enceinte, de chez son père et de chez son amant. Les temps de l’urgence et de la narration se superposent. Les zones d’ombre s’illuminent de façon fugitive, laissant entrevoir des secrets de famille dévastateurs. « La vie d’un individu est un ensemble de pièces éclairées et de pièces sombres tenues secrètes, chacun de nous est presque un océan. » Que devient une anguille interdite de la roche d’où, cachée, elle observait le monde ? Dans cette histoire de jeune fille pas sage, de passage, de traversée et de passeur, la voix ultramarine d’Anguille sous roche ouvre un sillon qui n’est pas près de se refermer, quelque part entre Anjouan et Mayotte. Laurent Boscq
anguille sous roche
Ali Zamir
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« l'art de marier l'image et le mot » Le Tripode est de son temps : il ne met pas de hiérarchie entre le mot et l’image, et aime quand les deux se mêlent. Depuis ses débuts, la maison d’édition associe dans ses publications des écrivains et des artistes (Jacques Abeille & François Schuiten, Edgar Hilsenrath & Henning Wagenbreth, Juan José Saer & Nicolas Arispe, Andrus Kivirähk & Denis Dubois, etc.), publiant même des auteurs qui jonglent allègrement avec les deux, comme Edward Gorey ou Fabienne Yvert. C’est par cette dernière que nous avons découvert Cécile Gambini (Fabienne Yvert s’était inspirée d’elle pour ses livres tamponnés et ceux en porcelaine). Cette artiste est un exemple extraordinaire de l’art de marier l’image et le mot. Depuis vingt ans, elle publie de drôles de livres d’artiste qui racontent de façon un peu décalée la vie qui va d'une femme moderne. Il y en a plus de 200 au total, le plus souvent conçus à moins de vingt exemplaires. Cette vaste fresque narrative, Cécile Gambini l’a appelée pavupapri. Le Tripode s’est proposé d’accueillir son monde hilarant et tragique. Cela commence en 2016 par Au secours mémé et un Manuel du parfait dépressif. Hourra.
au secours mémé
Cécile Gambini
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« une spécialiste du Grevisse à tendance gothisante » Nous avons la chance d’avoir parmi nos correcteurs une spécialiste du Grevisse à tendance gothisante. Virginie Lérot a notamment, tatouées sur son dos, des ailes d’ange qui sont plus longues que vos jambes. D’habitude, elle se plonge dans des revues sur les religions, qui ont été longtemps son domaine exclusif de travail. Mais la première fois qu’elle nous a écrit, c’était pour nous remercier d’avoir publié un roman qu’elle avait d’autant plus aimé qu’il se présentait sans aucune faute. Cela nous a fait rire, nous lui avons proposé vicieusement d’en corriger un prochain pour nous. Elle accepta et reçut quelques jours après deux ramettes de papier : on lui avait envoyé pour correction les épreuves du gigantesque Sade vivant de Jean-Jacques Pauvert. Elle survécut. Et c’est ainsi qu’elle devint l’une de nos correctrices régulières. Pour ce catalogue (qu’elle a bien sûr corrigé), on a eu la curiosité de lui demander le texte qu’elle avait le plus aimé parmi tous ceux qui étaient passés entre ses mains. Elle a choisi spontanément l’un de nos romans les plus drôles [note de la correctrice : drôles ? Je le trouve mélancolique ; douxamer], le très british La Vie rêvée de Rachel Waring. « Parce qu’il ne s’oublie pas. » Cette femme ne cessera de nous étonner. [Note de la correctrice, suivi d'un petit cœur, à propos du dessin : Diable, me voilà en vieille dame excentrique !]
la vie rêvée de rachel waring
Stephen Benatar
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« N'attendez pas de lui qu'il se plaigne » Antoine Tanguay, c’est le bonheur en mode Québec, un éditeur comme on n’en fait pas de ce côté de l’Atlantique. Il est capable de travailler 25 heures par jour et de trouver encore du temps pour rester un compagnon d’exception, un père attentif et un ami de haute altitude. Ou encore pour faire 80 km à vélo. Il lui arrive de copublier un livre avec le Tripode tout en se doutant qu’il va y perdre lui aussi des sous (mais attention, ce n’est pas n’importe quel livre : un des bijoux du grand Edward Gorey, Les Enfants fichus). De fait, il est assez malin pour toujours s’en sortir. N’attendez pas de lui qu’il se plaigne d'une soi-disant crise du livre et du monde qui va mal. Ajoutons qu’il est redoutable aux fléchettes et en période d’happy hours. Bref, Antoine Tanguay est un parfait éditeur. Sa maison d’édition, elle s’appelle Alto et c’est l’une des préférées du Tripode. Pour vous faire une idée par vous-même : www.editionsalto.com
les enfants fichus
Edward Gorey
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« Il faut être fou » L’impression d’un livre, ce n’est pas de la blague. Il faut être fou pour croire qu’il suffit d’appuyer sur un bouton pour que tout aille bien. Avec les imprimeries Corlet, le Tripode est tranquille. Les livres d’Hilsenrath, d’Abeille, de Sapienza, de Saer, de Kivirähk : c’est eux. Ils voient sur un fichier d’impression si la couverture d’un livre présente un écart d’un millimètre et trouvent le temps de vous le dire, là où d’autres s’en moqueraient. C’est qu’ils ont la fierté de ce qu’ils impriment (ce catalogue en fait partie, bien sûr). Et ils résolvent des équations de papier et de format pour que vous puissiez vous lancer dans un livre sans trop vous faire peur financièrement, qu’il soit ample comme L’Art de la joie ou petit ovni comme Le Tout va bien. En fait, ils s’occupent de la quasi-totalité des publications du Tripode. Il fallait bien le dire un jour !
l'art de la joie
Goliarda Sapienza
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« félix fénéon, avec une pointe surréaliste » C’est curieux, cette manie dans l’édition d’avoir peur. Il y a un siècle, on parlait déjà de la fin du livre. Dans cent ans, parions qu’on en parlera encore. Mais, non, l'internaute ne tue pas le livre. Les libraires curieux s’informent comme jamais, l'éditeur obsessionnel trouve en deux secondes un livre épuisé (ce fut notre cas avec le roman Le Messager), les correcteurs se libèrent en un clin d’œil d’un doute, les critiques littéraires s'en donnent à cœur joie (encore merci à Éric Darsan pour sa plongée dans l’œuvre de Jacques Abeille), les graphistes s'amusent. Parfois, on rencontre même de beaux internautes. Se promenant sur le grand réseau, la maison d’édition a croisé un jour le chemin d’un amateur de titres de presse incongrus. Or, le Tripode aime depuis longtemps les faits divers façon Félix Fénéon, avec une pointe surréaliste. On parcourt le Tumblr de ce compilateur élégant. Par l’immédiateté d’un message Facebook, on établit le lien avec Adrien Gingold. Il est au Brésil ? Peu importe. Mails et séances Skype à l’appui, le Tripode lui propose un principe de collection et crée une maquette en un week-end. Pour s'entendre sur une sélection et composer le livre entier, il ne faut que quelques jours de plus. Deux semaines après, le livre part à l’impression. Publié pour la première fois en 2014, l’anthologie Le Tout va bien ne cesse de nous faire rire. Merci Adrien Gingold, merci Internet.
le tout va bien 2015
par Adrien Gingold
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« un homme dangereux » Jean-Pierre Minaudier est un homme dangereux : à peine croyez-vous en avoir fait le tour que vous découvrez un nouveau pan de sa personnalité. Le Tripode le rencontra par une première excentricité : il avait traduit de l’estonien, sans aucun contrat avec un éditeur, la totalité du roman culte L’Homme qui savait la langue des serpents. Pour le simple plaisir de relire ce livre, expliqua-t-il. On découvrit par la suite que cet homme était aussi connu pour ses cours d’histoire, érudits et délirants au point qu’ils donnèrent naissance en France à un marché noir hautement spéculatif entretenu par des étudiants de khâgne. On apprit plus tard son goût occasionnel pour les parties de tarot aux confins de la nuit. Le trouble devint complet quand on sut qu’il pratiquait la cartographie de continents imaginaires. On ne sut plus quoi dire quand on nous révéla enfin qu’il partait surtout, et régulièrement, à la pêche aux grammaires des langues les plus exotiques. Il en possède sans doute la plus grande bibliothèque personnelle au monde. On demanda à cet « Indiana Jones des langues » (l’expression est de la journaliste Zoé Varier) d’en faire un livre pour nous expliquer tout ça. Poésie du gérondif, hymne à la diversité des cultures, devint évidemment l'un des plus beaux ovnis et succès du catalogue du Tripode.
poésie du gérondif
Jean-Pierre Minaudier
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« libraire un jour, libraire toujours » Mireille Cardot est la mascotte du Tripode. Libraire un jour, libraire toujours : cet ancien pilier de La Joie de lire (la mythique librairie de François Maspero) garde une connaissance fantastique du monde des livres. Elle est d’une curiosité effrayante, qui l’amène à lire les archives de la police comme les traductions les plus confidentielles de L’Éthique de Spinoza. Le tout sans délaisser son sens de l’humour et sa cheville céleste. C’est en partie à elle que l’on doit la publication de l’Ode à la ligne 29 des autobus parisiens de Jacques Roubaud, vaste déambulation dans les rues et les mémoires de Paris. Si on ajoute que, les jours de surchauffe, elle vient spontanément donner un coup de main à la maison d’édition et n’hésite pas à chevaucher son antique scooter pour livrer quelques services de presse, vous comprendrez notre attachement à cette dame. Mireille Cardot rend le livre joyeux, et c’est à travers elle que nous remercions tous les libraires qui en font autant.
ode à la ligne 29 des autobus parisiens
Jacques Roubaud
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« une place décisive » Le passeur tient une place décisive dans la vie d’une maison d’édition. Cette catégorie est un peu à la croisée de toutes les autres. Nous aurions pu, par exemple, remercier l’éditrice allemande Waltraud Schwarze, qui nous conseilla un jour de nous intéresser à Goliarda Sapienza. Ou l'auteur Fabienne Yvert pour nous avoir mis nonchalamment sur la piste de Louis Wolfson. Ou les critiques du prix Laure Bataillon, qui nous permirent de découvrir Juan José Saer. Ou le peintre Sholby, qui devint traducteur uniquement pour faire découvrir les textes déjantés de Kenneth Bernard... Mais, en 2016, il y a une personne que nous devons plus particulièrement remercier : Jonathan Wable. Nous avions reçu en 2012 le manuscrit de son premier roman par la poste. Peu après la publication de Six photos noircies, il nous confiait qu’une œuvre méconnue avait pour lui une importance capitale. Il venait de nous faire découvrir Vie ? ou Théâtre ? de Charlotte Salomon.
six photos noircies
Jonathan Wable
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L'ours Voilà, cette édition 2016 du catalogue-programme du Tripode touche à sa fin. Pour remercier pleinement tous ceux qui nous accompagnent, il nous aurait fallu bien plus de pages. Essayons au moins de faire un dernier inventaire de ceux que nous ne pouvons oublier. Notre gratitude va en premier lieu à Boll. L'auteur des dessins qui habitent ces pages – une partie d'entre eux ont paru dans Livres Hebdo et été repris dans les délicieux recueils Coups de Boll – est par ailleurs un romancier fou (L’Affaire est dans le sac en papier) et un conteur diabolique (Le Vaillant Petit Tambour Major). Nom d'une pipe, on a de la chance. Nous ne remercierons jamais assez nos représentants qui, chaque mois, rendent visite aux libraires pour présenter les nouveaux textes du Tripode et rappeler aussi les anciens, puisqu’un livre n’a pas de date de péremption. Les médias s'en sont fait l'écho : les actionnaires du Tripode ont soutenu l’œuvre de Charlotte Salomon de la manière la plus simple. « Mieux vaut mourir avec ce livre que vivre avec le regret de ne pas l’avoir fait. » Catherine, Jean-Yves, Pierre, Sébastien… l’éditeur sait ce qu'il vous doit pour cette sentence historique et pour tout le reste. Vous n'entendez jamais parler d'eux, mais c'est en partie grâce à leur bon génie que vous entendez parler de nous : l'agence Anne & Arnaud accompagne désormais la maison d'édition. Merci aussi aux bibliothèques, avec un clin d’œil particulier à toutes celles qui ont accueilli l’une de nos expositions ou de nos rencontres dans le cadre du beau festival Hors Limites. Nous vous conseillons de fréquenter les demoiselles de l’association Les Filles du loir et les garçons de la revue la Femelle du Requin. Ce sont des passeurs littéraires hors pair. Ils œuvrent avec tant d'humilité que l'on a failli les oublier : notre reconnaissance va au Centre national du livre et à la région Île-de-France pour leur soutien constant aux livres. Nous avons enfin envie de dire un grand merci à tous nos voisins de la rue Charlemagne, qui nous accompagnent à longueur d’année. Ils s’enthousiasment avec nous quand une nouvelle palette de livres arrive dans la cour et nous rappellent avec tendresse qu’il faut aller se coucher quand la lumière reste allumée trop longtemps dans la nuit. Il paraît que les prédicateurs cathodiques ne font plus vendre de livres, qu’une ministre n’a plus le temps de lire et que les médecins ont cessé d’acheter des œuvres complètes pour impressionner leurs patients. On répondra que le désir de généraliser la lecture peut devenir aussi totalitaire et dangereux que l’enfer orwellien d’une société sans textes... Tout va bien. Les textes vivent et nous vivons avec eux. À l’année prochaine. Le Tripode
conception
Frédéric Martin, Lucie Eple et Juliette Maroni. Autrement dit : le Tripode. impression
Harry Hulley (le devis), Éric Mériel (la fabrication) et Thierry Poirier (le conseil). Autrement dit : les imprimeries Corlet. bonus
Si vous voulez voir le dos ailé de Virginie Lérot, l'œil spirituel de Boll, l'autre visage de Caroline Okrasinski, la cheville céleste de Mireille Cardot et d’autres choses encore sur les gens qui traversent ce catalogue, allez sur notre page Facebook !
LE GRAND TRIP’ lectures en avant- première au tripode
Connaissez-vous, venue des pays anglo-saxons, la tradition des sneak previews ? Des cinéphiles sont invités à des séances uniques où, pour une somme modique, ils peuvent découvrir plusieurs mois avant sa sortie officielle un film dont ils ne savent rien à l’avance, pas même le titre. Cet usage permet de donner une chance particulière à des films sortant de l’ordinaire. Le Tripode se propose d’adapter ce principe au monde du livre et invente le grand trip'. Lecteur ! En janvier et septembre de chaque année, le Tripode publiera désormais une édition exclusive limitée à 200 exemplaires d'un roman coup de cœur, qui paraîtra au minimum six mois plus tard en librairie. Une simple contrepartie de 10 euros pour participer aux frais de port et de fabrication des livres est demandée à chaque lecteur qui recevra ces deux livres en avantpremière. Vous pourrez donner votre avis sur les romans avant leur parution officielle, participer à des rencontres spéciales avec les auteurs et l'équipe du Tripode. Les libraires et les journalistes qui souhaitent s'associer à ce projet sont bien sûr les bienvenus. Pour faire partie des 200 lecteurs qui recevront les deux éditions collector 2016, merci de vous connecter à www.legrandtrip.net
19
41.
42.
43.
44.
4,00 €
J. ROUBAUD
45.
46.
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48.
39,20 €
9,00 €
978-2-37055-040-8
Y. RIVAIS 978-2-37055-053-8
A. M. PELLEGRINO 978-2-37055-003-3
J-J. PAUVERT
23,00 €
16,00 €
14,70 €
A. RUBINO 49.
16,00 €
50.
978-2-37055-057-6
16,25 €
978-2-37055-012-5
21,00 €
978-2-37055-016-3
J.-P. MINAUDIER 978-2-917084-75-5
R. MELTZ 978-2-37055-007-1
S. LÉVÊQUE
978-2-917084-58-8
23,00 €
H. KLENT 978-2-917084-18-2
40.
978-2-37055-031-6
39.
978-2-37055-005-7
A. KIVIRÄHK
16,00 €
7,00 €
58.
59.
95,00 €
60.
23,00 €
978-2-37055-038-5
978-2-37055-062-0
978-2-37055-061-3 7,00 €
56.
7,00 €
61.
17,00 €
18,00 €
62.
978-2-37055-045-3
G. SAPIENZA
55.
978-2-37055-002-6
7,00 €
C. SALOMON
17,00 €
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978-2-917084-50-2
7,00 €
978-2-37055-060-6
53.
978-2-37055-044-6
57.
978-2-37055-010-1
7,00 €
978-2-37055-059-0
52.
978-2-37055-068-2
51.
978-2-37055-058-3
J.J. SAER
19,00 €
19,00 €
63.
64.
65.
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67.
68.
22,00 €
17,00 €
16,25 €
14,00 €
19,00 €
17,00 €
13,20 €
9,50 €
72.
20,30 €
978-2-37055-035-4
71.
978-2-917084-20-5
978-2-917084-33-5
978-2-917084-44-1
70.
73.
13,00 €
978-2-37055-034-7
F. YVERT & V. VASSILIOU
F. YVERT 69.
978-2-37055-006-4
C.-S. WRIGHT 978-2-917084-47-2
L. WOLFSON 978-2-37055-082-8
J. WABLE 978-2-917084-26-7
F. VISCOGLIOSI 978-2-37055-055-2
S. VINSON
978-2-917084-10-6
R. TOPOR & B. PLYMPTON
13,00 €
m1.
m2.
m3.
m4.
m5.
m6.
11,00 €
10,00 €
13,90 €
Lorsque, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, on demanda à Francis Ponge pourquoi il avait préféré écrire pendant la guerre sur une forêt (Le Carnet du bois de pins, éd. Mermod, 1947) au lieu de rédiger comme les autres poètes des manifestes sur la Liberté, il répondit, tranquillement, que son ambition était de concevoir des bombes à retardement, et non des mitraillettes. Le Tripode reprend pour lui cet état d’esprit. Depuis ses débuts, la maison d'édition est au service d'auteurs dont elle admire la seule liberté possible : privilégier la sensibilité aux doctrines, le cheminement dissident de l’imaginaire à l'immédiateté du discours.
13,90 €
10,90 €
978-2-37055-017-0
D.A.F. DE SADE 978-2-37055-019-4
H. KLENT 978-2-37055-063-7
A. KIVIRÄHK 978-2-37055-018-7
E. HILSENRATH 978-2-37055-008-8
K. BERNARD 978-2-37055-024-8
B.AMY
12,00 €
coordonnées Le Tripode 16 rue Charlemagne 75004 Paris tél. : 01 48 87 67 07 mail : info@le-tripode.net web : www.le-tripode.net
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