Le Monde des Contrées de Jacques Abeille

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haque année, le Tripode invite un collectif de vingt artistes – Les 400 coups – à s’imprégner de l’œuvre d’un auteur et à en offrir vingt visions sous la forme d’estampes. Ces lectures visuelles donnent lieu à des expositions ; les estampes, tirées à 13 exemplaires, sont mises en vente auprès des lecteurs. Après avoir travaillé en 2014 sur Tokyo infra-ordinaire de Jacques Roubaud et en 2015 sur Le Conte de la dernière pensée d’Edgar Hilsenrath, le collectif s’est plongé en 2016 dans Les Jardins statuaires, roman culte de Jacques Abeille qui, au mitan des années 1970, révélait l’existence des Contrées.

Les Contrées sont un monde ample et imaginaire que Jacques Abeille explore depuis plus de quarante ans. Il réapparaît régulièrement dans ses ouvrages, et se déploie selon une topographie, une histoire et des cultures qui lui sont propres et que nous avons demandé à Éric Darsan de présenter. Ancien libraire et historien de formation, avec les utopies pour domaine de recherche, Éric Darsan est un lecteur attentif des œuvres de Jacques Abeille depuis plusieurs années.

Lorsque nous lui avons proposé de concevoir cette présentation des principaux textes du cycle des Contrées, le projet dut répondre à une surprenante question : dans quel ordre présenter les livres qui appartiennent à ce monde ? Certes, Les Jardins statuaires constitue une porte d’entrée naturelle. Mais imposer un ordre de lecture des autres livres apparaît moins évident, tant ils peuvent se lire de manière autonome et ont connu des aléas éditoriaux brouillant le lien naturel entre la chronologie de leur conception et celle de leur parution. Conscient de cette particularité, le Tripode avait par exemple renoncé à numéroter chaque volume au fur et à mesure de leur parution depuis 2010. Jacques Abeille explique lui-même que l’enchaînement de ces textes répond davantage à une logique irradiante que linéaire. Nous avons donc fait le choix de présenter l’ensemble des œuvres tel un système solaire, avec ses planètes principales (les grands romans), ses planètes plus secrètes (les autres romans et nouvelles) et ses lunes, comme le singulier ouvrage Les Mers perdues.

Le Tripode


LA CULTURE DES STATUES par Mehdi Beneitez —

« Le temps d’avant la germination et les montées de sève, le temps sans exubérance, le temps des pierres.[...] Il en résultait en moi, peut-être en chacun, une manière d’angoisse faite de jouissance étouffée. Quelque bonheur écrasé et fort. »


LA PROLIFÉRATION DES PIERRES par Antoine Ronco —

« Des commissures s’enfonçaient entre des bourrelets de pierre, des colonnes embrassées de veines durcies s’érigeaient çà et là et tendaient vers l’obscurité vide de la voûte leur sommet bulbeux. […] Partout la pierre était grasse d’une humidité qu’elle semblait exsuder dans une étreinte immobile, inéluctable, épuisante. »


Les jardins statuaires « Je vis de grands champs d’hiver couverts d’oiseaux morts. Leurs ailes raidies traçaient à l’infini d’indéchiffrables sillons. Ce fut la nuit. J’étais entré dans la province des Jardins statuaires. » Un voyageur, étranger et anonyme, séjourne dans un hôtel des Jardins statuaires lorsque survient un guide providentiel qui l’invite à visiter le pays. Au sein des domaines enclos, le voyageur découvre qu’en place des cultures maraîchères, on cultive des statues. Entièrement absorbés par leur tâche, les jardiniers mènent une vie régulière, quasi monacale, loin du monde et des préoccupations séculières, loin des femmes recluses derrière un labyrinthe de feuilles au centre de chaque domaine. Le jour durant, ils éclaircissent les rangs, déplacent ou détruisent certains plants pour permettre la croissance des autres. Là, ils guident, taillent, bouturent les excroissances des statues qui naissent champignons et finissent colosses. Laborieux, attentifs, les jardiniers entretiennent et endiguent la croissance naturelle de la pierre en fonction d’une forme qu’ils doivent pressentir, au risque de l’induire. Au fil des domaines, du Nuage frondaison qui coiffe la bouteille à La Cravate à moustache en passant par L’Ombre du parasol dans le lit de la mariée, apparaissent toutes les formes, sujettes à toutes les interprétations. Baroque, foisonnant, torturé, le monde des Jardins est rongé jusqu’à l’épure par les outrages du temps, les malformations et la lèpre qui contaminent les statues. Pour celles-ci, il n’y a qu’une destination possible : le gouffre, où un mystérieux gardien prend soin de les détruire. Au gré de ses visites, le voyageur entreprend de consigner par écrit son périple, à la lumière des textes fournis par son guide. Il analyse les mœurs et lois de cette société à la fois hospitalière et hermétique, sans savoir ni comprendre encore ce qui l’anime. Ses observations, ses émotions et interrogations transforment son carnet en ce qui deviendra peu à peu le livre que nous avons entre les mains. Bientôt, conforté par sa connaissance des domaines et sa curiosité, le voyageur veut se faire sa propre idée du pays et l’arpenter seul. Il a appris à se repérer et peut choisir sa route entre toutes, connaît les pèlerins et les jardiniers qui lui ouvrent respectueusement les portes des domaines et le contenu de leurs cahiers. Malgré les avertissements de son guide bienveillant, il s’obstine à vouloir percer les mystères qui entourent les femmes des Jardins et un prince légendaire, qui passe pour avoir uni des parias en une horde de barbares dans les steppes.

Le voyageur se lance alors dans une quête qui le confrontera aux noirs dessous des hôteliers et de leur guilde, à l’amour, et à lui-même. Face à la destruction qui menace, son obstination bouleversera le monde sclérosé des Jardins statuaires. La sérénité, l’unité marmoréenne qui s’imposaient jusqu’ici vont se fissurer pour laisser apparaître au grand jour la beauté et la cruauté, mais également la ruine et l’espérance qui couvaient. Sous son apparence harmonieuse, le pays des Jardins statuaires est un monde où règne la séparation. Au sein des domaines, les femmes, mises à l’écart, vivent dans un gynécée qui possède ses propres codes. Là, et là seulement, elles peuvent s’épanouir librement, alors qu’en présence des hommes, elles sont réduites au silence. Ce sont cependant elles qui les élèvent et demeurent quand ils quittent le domaine. Elles, à qui le domaine est livré lorsqu’un changement advient. Elles, qui perpétuent par leur art la mémoire du quotidien et la culture des Jardins. Les plus belles pages des Jardins statuaires sont d’ailleurs consacrées au mariage, au caractère initiatique de l’union, à la longue marche, à la mélopée et aux tambours qui l’accompagnent. En dehors du domaine, d’autres femmes sont des prostituées officiant dans les établissements dirigés par la guilde des hôteliers. L’écrit occupe une place centrale dans les Jardins statuaires. Parallèlement à la culture des statues, les jardiniers entretiennent la mémoire collective par la rédaction de livres d’ancêtres. Dans ces ouvrages, qui se développent à l’infini, au gré d’ajouts et d’excroissances incontrôlés, ils s’attachent à consigner ce qu’ils ont retenu de leurs pairs. Il s’agit de livres composites, constitués pour l’essentiel d’addenda, de commentaires, de remords et autres cahiers itinérants patiemment collectés et réunis au fil des ans auprès de tous ceux qui ont connu l’ancêtre disparu. Les jeunes hommes ne sont intégrés dans la communauté des jardiniers que lorsqu’ils ont apporté leur contribution à ces ouvrages. C’est dans cette veine que s’inscrit le récit du voyageur transmis par Jacques Abeille, qui se présente lui-même comme l’archiviste des Contrées. * Lorsque l’on aborde Les Jardins statuaires, on est saisi d’entrée par une sensation de dépaysement, l’étrangeté des détails, la profusion et la richesse de leurs descriptions minutieuses, la progression labyrinthique du récit, son aspect fantastique, emphatique et poétique. Nous pénétrons dans un univers accompli, qui se laisse découvrir au gré non seulement de ce roman mais de tout un cycle où Jacques Abeille développe une vaste réflexion qui s’articule autour de deux axes essentiels – l’écriture et l’éducation – au travers desquels transparaissent, par une habile mise en abyme, son travail de composition et


ses influences. De cette approche romanesque et philosophique naît une poïétique où, notamment, s’opposent d’une part la croissance, la création littéraire et l’amour, et d’autre part la conservation, le devoir et la vie en société. En confrontant cette société aux questions que la réalité ne manque pas de lui poser, l’auteur constitue son utopie pétrie d’humanisme, de culture antique et d’ethnologie. Du rite d’initiation aux derniers sacrements, en passant par le mariage et la prostitution, le créateur de ce monde continue de s’interroger sur une humanité aveugle. Roman d’initiation, roman d’aventures qui flirte avec la fantasy, roman classique dont la beauté et la pureté relèvent de l’épure comme de l’architecture, Les Jardins statuaires est le fruit d’un impressionnant travail de pensée, de recherche, de rêverie et d’écriture. Porte d’entrée du Cycle des Contrées, le roman soutient par son pouvoir d’attraction le déploiement d’une œuvre monumentale

Le Veilleur du Jour « Il n’y a qu’un monde, mais c’est un labyrinthe. » Barthélemy Lécriveur, bûcheron amnésique, libre de toute attache et mû par des mobiles inconnus, arrive dans la ville de Terrèbre après une longue et difficile marche. Ses pas l’ont mené des forêts des Hautes Brandes à la capitale de l’empire. Loin à l’ouest des Jardins statuaires, Terrèbre est un port aux allures médiévales, une ville d’exilés et de déracinés régie par les pouvoirs conjugués de l’administration, de la police et des guildes. Les habitants de cette cité lacustre décadente, qui n’a qu’un marais pour fondations et dont les statues pourrissent, ont élevé une succession labyrinthique de murailles pour éviter que la boue ne se déverse dans les ruelles : de loin, Terrèbre ressemble à un grand corps dont Barthélemy recherche désespérément le cœur. Désœuvré, il envisage de rejoindre les îles afin d’échapper à la pesanteur ambiante, à sa lassitude. Dans l’auberge où il noie son chagrin dans l’alcool, il se laisse séduire par une servante qui l’exhorte à accomplir ce à quoi elle le croit destiné. Barthélemy accepte un emploi proposé par l’aubergiste, et devient pour le compte d’une société locale d’archéologie le veilleur de jour d’un mystérieux entrepôt, vide, attenant à un cimetière. Un peu après, au cours des pérégrinations qu’il poursuit dans Terrèbre, il finit par rencontrer un antiquaire, qui lui remet un livre relatant l’histoire secrète de l’entrepôt. Mais c’est toute la ville qui se révèle un mystère et le théâtre de nombreuses intrigues, filatures et libertinages.

Derrière l’atmosphère colorée d’un carnaval qui s’empare des quartiers, Barthélemy découvre un vaste jeu de rôles qui mêle réseaux clandestins, associations de malfaiteurs et sociétés plus ou moins secrètes. Les bas-fonds de Terrèbre reflètent, à la manière d’une flaque d’eau, les agissements de ceux qui tiennent le haut du pavé. Peu attentif à ce monde, étranger à tout et d’abord à lui-même, Barthélemy mène une vie partagée entre l’entretien du cimetière et la lecture du livre qui le guide dans son exploration de l’entrepôt, jusqu’à ce qu’une rencontre vienne perturber cette vie de moine-jardinier. La passion qui l’unit subitement à Coralie s’empare du bâtiment qu’ils parcourent tout le jour, et s’étend à la ville entière, devenue le témoin nocturne de leurs étreintes. Pendant que les amoureux percent les mystères de l’entrepôt, l’agitation populaire provoquée par les abus du pouvoir totalitaire et la répression qui en découle se dessinent en toile de fond. La menace d’une attaque imminente des barbares plane sur la capitale. Mais Barthélemy poursuit l’écriture de ses aventures. Sa quête, dans la tourmente de Terrèbre, va ouvrir une nouvelle ère du monde des Contrées… * Le Veilleur du Jour est sans doute le roman le plus complexe du cycle des Contrées, en résumer la trame est une gageure. Il peut être lu comme un parcours initiatique, à l’image du labyrinthe qui compose la ville. Indices ou impasses, tous les chemins empruntés sont liés. La ville, l’entrepôt, Barthélemy et le livre constituent autant de dédales juxtaposés les uns aux autres. Le foisonnement de la cité égare le regard et la mémoire dans mille tableaux chatoyants qui réfléchissent et résonnent : la découverte de Terrèbre au petit matin après une nuit d’orgie, l’altercation entre deux vieux notables au sujet d’une jeune fille, le faste du carnaval, l’incongruité des spectacles de rue... Le méandre des introspections de Barthélémy, l’enchâssement des pièces de l’entrepôt, les détours du livre confrontent le lecteur à de nombreuses bifurcations. Si l’on pressent un fil d’Ariane, on ignore où il mène et il est tentant de s’attarder en chemin. À l’approche du dénouement, la langue change, se module, accélère, et le lecteur, à l’instar du héros, devient gardien du labyrinthe traversé. Empreint d’un romantisme fervent et d’un érotisme exacerbé qui fait la part belle aux dialogues dans les nombreuses envolées lyriques des amants, le roman est aussi et surtout une histoire d’amour cathartique où l’intime se veut le contraire de l’obscène. Il accorde à la femme aimée, mesure de tout, un rôle primordial, initiateur et catalytique. Métaphores, épanchements théâtraux, douceur de l’intimité s’y mêlent dans un déluge d’emportements et de sentiments aussi tragiques que sincères.


LES prostituées par Julien Lemière —

« Pourriez-vous faire en sorte que votre sœur traverse l’immeuble sans rencontrer... ce genre de situation ? »


LE prince

par Lilian Porchon — « Il claqua des doigts ; la servante silencieuse vint se coucher contre lui, dans l’ombre où je ne pouvais la voir. Il étendit la main sur elle. Je pouvais seulement apercevoir son bras qui bougeait et deviner sa main qui flattait, comme celui d’une bête, le corps offert. C’est dans ce geste sans doute qu’il puisa la force de poursuivre. »


Les hommes et les femmes, aussi solitaires les uns que les autres, déchirés entre l’amour et le devoir, trébuchent sur leurs malentendus et leurs méprises. On est submergé par l’immense palette de toutes les émotions et sentiments qui fondent l’unicité de l’âme, de l’existence et de l’expérience humaines. L’amour, ici, est redoutable, quelle que soit la forme qu’il revêt. On le trouve d’ailleurs dissimulé jusque dans la politique qui, en filigrane de l’intrigue, demeure d’une importance cruciale dans le roman. Le pragmatisme du pouvoir, qui invoque la raison d’État pour sauver Terrèbre de la ruine, est intrinsèquement lié à la déraison des passions et à l’intérêt personnel. Il participe à la décadence de la ville. Même la révolte populaire qui gronde apparaît instrumentalisée par le pouvoir. La lutte personnelle entre le chancelier de la cité – Frédéric Louvois – et un professeur d’université – Évariste Destrefonds – incarne l’opposition entre la réalité des intrigues politiciennes et la théorie de l’utopie face aux menaces simultanées d’insurrection, de répression et d’invasion. Terrèbre se révèle être l’ultime et monstrueuse excroissance d’une civilisation qui refuse de mourir. Alors que, dans les Jardins statuaires, les jardiniers s’imposent collectivement une discipline stricte et nécessaire pour sauvegarder leur mémoire et leurs traditions, à Terrèbre ce sont les désirs individuels et les plaisirs immédiats des citadins qui sont encouragés. Le Veilleur du Jour est une tragédie où les personnages, solitaires et porteurs de morts, s’obstinent à accomplir un destin qui fait d’eux les instruments de la fatalité. Le cycle des Contrées est indissociable de la géographie de ses territoires, qui lui donne une consistance concrète et saisissable. Nous pouvons en mesurer l’étendue, bien que l’action du Veilleur du Jour se situe essentiellement à Terrèbre. Bordé à l’ouest par l’Océan sans fin, à l’est par le Fleuve mort, au nord et au sud par deux déserts, ce monde ne paraît offrir que de sinistres perspectives. Mais le roman recèle une multitude de toponymes empreints de légendes rapportées à la capitale par des exilés tels que Barthélémy, et qui promettent maintes péripéties au lecteur et voyageur qui quitteront Terrèbre pour s’aventurer dans le reste des Contrées… Sombre et chatoyant, captivant et clairvoyant, Le Veilleur du Jour est un roman charnière du cycle, où l’écrit est une nouvelle fois au cœur de l’intrigue et déploie une poésie, un lyrisme propres à Jacques Abeille. Parallèle aux Jardins statuaires dans sa temporalité, Le Veilleur du Jour nous convie à un autre voyage, non moins étrange, mais plus palpitant encore, dans lequel la menace barbare semble à la fois plus lointaine et plus proche.

Les Barbares « Voilà ce qu’on appelle la barbarie – cette joie grandiose – et je sais bien que vous n’êtes pas près, vous, les victimes, d’avouer finalement que c’est vous qui avez appelé les barbares et que nous sommes venus vers vous parce que le vent portait sur nos steppes désolées et lointaines l’inlassable écho de votre lassitude. » La rumeur est devenue réalité. Les barbares occupent désormais Terrèbre, la capitale. Offerte à eux par des manigances politiques, des soldats séditieux et une population trop licencieuse, la ville déchue est le théâtre des faits et gestes des envahisseurs. Bientôt, leurs démolitions obstinées transforment la ville en labyrinthe au mépris des richesses, des citadins et tribuns survivants corrompus par la peur et le vice. Un professeur, modeste enseignant de littérature à l’université de Terrèbre, est le témoin privilégié de l’occupation. Grammairien de la langue des Jardins, il est chargé par son mentor Évariste Destrefonds de traduire le livre des Jardins statuaires qu’un mystérieux cavalier lui a remis, puis d’apprendre la langue des barbares. Dès sa publication, le livre est un succès. La légende du premier voyageur et celle du mystérieux Prince des steppes se rejoignent. Maître sans possessions et roi sans divertissement, le Prince des barbares qui ont pris la ville reste un homme inconsolable, hanté par son passé et prêt à tout. Un homme dont la majesté n’a d’égale que la folie et qui n’hésite pas à entraîner les siens dans ses caprices et ses enfantillages. Décidé à retrouver coûte que coûte l’auteur des Jardins statuaires, il va forcer le professeur à le suivre dans une longue équipée à travers les Contrées. Tournant le dos malgré lui à l’ethnocentrisme de l’empire, le professeur va se lier d’amitié avec ses nouveaux compagnons et s’ouvrir progressivement à la culture barbare grâce aux enseignements d’Uen’Ord, lieutenant du prince, du jeune Félix qui lui a été confié comme assistant, et de l’intrigante femme en bleu qui ne quitte pas le souverain. Le voyage est pour lui l’occasion de tenir un carnet dans lequel la collecte ethnographique d’abondantes données sur les us et coutumes des barbares rejoint pêle-mêle le récit enflammé de ce qui devient bientôt une enquête pleine de péripéties, de rebondissements, de mensonges et de dissimulation, de fausses pistes et de faux-semblants : la traversée du campement sabre au clair, la séquestration du prince par des villageois mécontents, les sempiternelles manigances de la guilde des hôteliers... Au rythme des saisons, des pistes suivies, des ordres et des revirements du prince, des initiatives de ceux qui


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