MAGAZINE SEPTEMBRE 2012 - 5 €
Reprise en deux temps chez Emka Patrick Marionneau
Management
Génération Y, mode d’emploi
Point de vue
Respect... as facile d’être patron en ce moment. Pris dans la tourmente économico-financière, les chefs d’entreprise ont subi un éreintage en règle durant l’été. Attaques ad hominem contre de grands capitaines d’industrie, accusés – c’est selon – d’être de piètres stratèges ou de mauvais patriotes, assommoir fiscal et patrimonial… La France fait payer cher le goût du risque. Dans ce pays, il est définitivement préférable de s’enrichir en tapant dans un ballon ou en achetant un ticket de l’Euro Millions. On n’a que plus d’admiration pour les repreneurs d’entreprises dont quelques spécimens ornent la traditionnelle galerie de portraits de notre numéro de septembre : difficile de se figurer Miguel da Silva qui, à 29 ans, a eu le courage de racheter une société de distribution d’imprimés, Henry frère et sœur, qui ont sauvé l’entreprise de mécanique de leurs parents en pleine tempête, ou encore Ghislain Malnou, devenu patron de la PME où il a débuté comme salarié, en profiteurs sans scrupules. En dépit de la conjoncture, ils s’accrochent à leur outil de travail et maintiennent leur entreprise à flot. Respect… comme diraient les représentants de la Génération Y dont nous tentons de trouver le mode d’emploi, à la page 34 de ce numéro. Et tant mieux si l’un d’eux devient, un jour, l’un de ces grands patrons aujourd’hui montrés du doigt.
P
Autre corporation livrée à la vindicte populaire, les banquiers. Accusés de ne plus prêter alors qu’on leur reprochait le contraire il y a quatre ans, de tout sacrifier à la spéculation et de dissimuler leurs avoirs dans des paradis off shore, ils sont promis à une grande réforme censée les remettre dans le droit chemin. Pour pallier leurs supposées déficiences, l’Etat va créer une grande Banque publique d’investissement dont il nous dévoilera les contours d’ici à la fin de l’année. Pourquoi pas ? On sera d’autant moins opposés à ce projet que la future BPI ne fait que regrouper ce qui existe déjà : Oséo, FSI et FSI Régions, CDC Entreprises… Il n’en demeure pas moins que sans entrepreneurs, tous les financements du monde seront inutiles. La meilleure nouvelle de cette rentrée, ce n’est pas l’annonce de la création d’une nouvelle banque publique, ce ne sont pas les gesticulations du ministre VRP (Voyageur du Redressement Productif), ce n’est pas non plus le nième sauvetage de l’édifice européen, c’est qu’il y ait encore des Patrick Marionneau, le repreneur d’Emka qui fait notre couverture, des Miguel da Silva (page 24), des Ghislain Malnou (page 26) une fratrie Henry (page 26) ou une fratrie Guyot (page 30) pour entreprendre, tenir fermement la barre et, au final, créer les richesses dont la collectivité profite.
zon François−Xavier Beu
6-13
www.lettrevalloire.com Ce magazine est un hors série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Edité par MCM Presse SAS au capital de 51 000 € RCS Tours B 341 914 273. Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours Adresse postale : BP 92031 37020 Tours Cedex 1 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) Elise Pierre (rédactrice) Aurélie Vouteau (assistante)
Points Chauds 6-7
8
A participé à ce numéro : Jacques Huguenin Maquette : Régis Beaune Stève Ankilbeau
8
Révision et correction : Odile Ménard
En Bref L’actualité du trimestre en bref. Jeanny Lorgeoux, un sénateur au long cours. Ça tangue pour le marin…
10-11
LÉGISLATIVES La région Centre dans une logique binaire Gauche contre droite, nord contre sud en région Centre.
Frédéric Thomas prend son quart Quatrième président en quatre ans au Conseil général d’Indre-et-Loire.
12
Issoudun pris à la hussarde Isabelle Bruneau, tombeuse de Nicolas Forissier dans l’Indre, a le triomphe modeste.
Le Centre broie du noir La région Centre a l’un des plus mauvais bilans carbone de France. La faute à son habitat dispersé.
13
Serge Grouard entre deux feux L’Arena et la rue des Carmes, deux projets du maire d’Orléans, retoqués cet été.
22
Somega ne sort pas de la famille La transmission de l’entreprise familiale de Villemandeur aura été longuement préparée par Bidaut père et fils.
24-25
Le repreneur remotive les cédants Miguel da Silva a si bien relancé l'activité qu’il a convaincu les cédants de remonter à bord.
26
Henry, la famille d’abord ! Le frère et la sœur ont repris le flambeau de l’entreprise de mécanique après leurs parents.
Publicité : Au support Diffusion : Evangéline Beauvallet Crédits photographiques : Cyril Chigot : Une et 21 - DR : 6, 7, 8, 12, 14, 15, 17, 26, 28, 29, 32, 38, 44, 45, 46, 57 - Jean-Christophe Savattier : 9, 36 Jacques Huguenin : 22, 49, 51, 53, 54, 55, 56, 58 - Elise Pierre : 30, 51, 52 - Aérowatt : 31 - AgglO d’Orléans : 13 - Distrib Services : 24, 25 - Les Alicourts Resort : 55
Economie 14-15
En Bref L’actualité du trimestre.
16-28
La transmission n’échappe pas à l’inquiétude générale En dépit de la persistance de la crise, le marché de la transmission d’entreprise n’a pas sombré.
18
Les Banques Populaires unies pour la transmission Une union pour rapprocher les entreprises.
Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) Informations légales : Abonnement annuel 2012 (23 numéros et magazines hors série) : 350 € Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 440 € Prix de ce numéro : 5 € CPPAP : 0116 I 85872 ISSN : 1246-4333 Dépôt légal : septembre 2012 Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon
MCM presse 4 La Lettre Valloire - Septembre 2012
20-21
A LA UNE Reprise en deux temps chez Emka L’ancien directeur industriel Patrick Marionneau a réalisé son rêve en reprenant Emka.
14-48
Sommaire
SEPTEMBRE 2012
29
La laiterie de Verneuil pousse les feux Le premier employeur privé du Lochois a dévoilé plusieurs projets à l’occasion de la visite du préfet d’Indre-et-Loire.
29
L’abattoir de St-Amand attendra 2013 L’abattoir de St-AmandMontrond préfère reporter à 2013 ses travaux d’aménagement.
30
Giteo.com, la start-up des frangins Trois frères entrepreneurs tourangeaux ont lancé un concept innovant de réservation de gîtes.
30
26
28
Le salarié réalise son Ideal De salarié, Ghislain Malnou est devenu le gérant de la société Ideal.
31
Doux : un épilogue mi-figue, mi-raisin Le tribunal de Quimper a confirmé la reprise des quatre sites de la région par Glon Sanders et Duc.
Un nouveau réseau social made in Tours Le réseau social BuzzleMe est l’invention d’un tourangeau.
34-37
Generation Y, mode d’emploi Aux antipodes de la culture d’entreprise traditionnelle, les 18-32 ans bousculent les pratiques managériales. Comment faire de cette génération Y un atout ?
38
A l’Aftec, on se « réseaute » pour mieux former Le réseau des anciens de l'Aftec reste un maillon indispensable pour intégrer plus rapidement les jeunes au monde de l’entreprise.
39-42
La lettre de l’innovation
44-45
Immobilier d’entreprises Les installations récentes d’entreprises.
46
Les chantiers
58
Le carnet
49-57
Aérowatt convole avec JMB Energies Le producteur d’énergie verte Aérowatt a choisi de se rapprocher de son confrère languedocien JMB Energies.
Escapades 32
Les routiers en ont assez d’être sympas Les syndicats du transport se sont unis pour tirer la sonnette d’alarme.
ine fin de magaz Retrouvez en e u s es économiq nos itinérair es régionaux. et touristiqu
La Lettre Valloire - Septembre 2012 5
Points Chauds
En Bref
JEANNY LORGEOUX UN SÉNATEUR AU LONG COURS a localisation de Romorantin, ville dont il est maire, ne prédisposait pas le sénateur socialiste Jeanny Lorgeoux à devenir expert ès questions maritimes. Il co-préside pourtant, avec le sénateur UMP de Loire-Atlantique André Trillard, un groupe de travail parlementaire dont le rapport (« Maritimisation : La France face à la nouvelle géopolitique des océans ») alimentera la loi de programmation militaire. Le projet consiste à identifier les pistes qui permettront à la France de mieux appréhender les menaces et les ressources offertes par l’espace maritime mondial dans un contexte de réduction drastique des capacités de la Marine nationale. Certains mauvais esprits prétendront que les compétences du sénateur-maire de Romorantin en matière de relations internationales viennent de loin… notamment de ses années de pratique de la très controversée Françafrique dont il fut l’un des piliers en tant que conseiller de la cellule africaine de François Mitterrand et ami de « Papamadit » Jean-Christophe. Mais, contrairement à ce dernier, condamné à une peine de prison avec sursis dans l’affaire de l’Angolagate, Jeanny Lorgeoux a su se maintenir à flot : à Romo aussi, fluctuat nec mergitur.
L
ÇA TANGUE POUR LE MARIN Ce sont des affaires maritimes d’une tout autre nature qui embarrassent l’ancien ministre de la Culture et député d’Indre-et-Loire Renaud Donnedieu de Vabres. Fin juin, Le Monde rapportait son audition chahutée par le juge Renaud Van Ruymbeke dans le cadre du volet financier de l’affaire Karachi : « Maintenez-vous, tout en ne vous souvenant de rien ou en ne voulant vous souvenir de rien, que les 5 millions que vous avez
transportés proviennent des fonds secrets (de Matignon, NDLR) ? », aurait demandé le magistrat instructeur à l’ancien chef de quart de La Paimpolaise (ci-dessous à droite). « Oui. Je le maintiens », aurait
répondu celui qu’on surnomme le marin. Sans convaincre son interlocuteur qui reste persuadé que l’argent provient de rétrocommissions sur la vente des sous-marins pakistanais.
HISTOIRE D’EAU
Le Canard Enchaîné a épinglé, dans son édition du 29 août, le vote par le conseil municipal d’Issoudun du renouvellement pour douze ans du contrat de distribution d’eau accordé à une compagnie privée, délégataire du service public depuis 1988. Ce choix a pourtant été dénoncé par une partie de la majorité (Verts et Front de gauche) du maire socialiste de la commune André Laignel. Un maire qui n’a décidément pas de
chance avec les histoires d’eau : en 1996, dans le cadre de l’affaire Urba, un juge d’instruction de Châteauroux avait soupçonné cette même compagnie d’avoir versé une coquette somme au cabinet Urba, en lien avec le contrat issoldunois. Une affaire bien heureusement tombée à l’eau qui s’était soldée par la relaxe d’André Laignel.
François Bonneau, président socialiste du Conseil régional du Centre, dressé sur ses ergots en commentant la difficile reprise des sites du volailler Doux : « Ce n’est pas possible que dans une région où l’élevage a sa place, on dise d’un trait de plume : il n’y a plus Le fatalisme de Serge Grouard, député-maire d’Orléans, à propos d’aviculture ». des décisions ministérielles de classement des immeubles de la rue des Carmes et de l’annulation de la subvention promise au projet d’Arena : « Le premier temps, c’était la rue des Carmes. Le deuxième, c’est l’Arena. Et le troisième ? J’attends… ». De
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Le recours déposé par Charles-Eric Lemaignen (UMP) contre l’élection pour 109 voix de la socialiste Valérie Corre (ci-contre) sur la 6e du Loiret sera bien examiné cet automne par le Conseil constitutionnel pour « faire juger les inégalités manifestes qui se sont produites à Chécy ». Le 17 juin, des affichettes avaient été collées sur les affiches électorales de Charles-Eric Lemaignen. Le message qu’elles contenaient (« celui par qui le tram nous est passé sous le nez ») faisait directement allusion au tracé de la ligne B du tram qui n’a pas été prolongée jusqu’à la commune de Chécy, au grand dam de la municipalité socialiste. Parmi les autres recours déposés en région Centre : Christophe Rossignol (Verts) contre Claude Greff (UMP) sur la 2e d’Indre-et-Loire et Jean-Yves Narquin (soutenu par le Front national) contre Maurice Leroy (Nouveau Centre) sur la 3e de Loir-et-Cher. En revanche, la tentative du Vert Karim Laanaya contre Philipe Vigier (Nouveau Centre) sur la 4e d’Eure-et-Loir a été rejetée le 13 juillet par le Conseil.
RECOURS
MONOPOLE Les Affaires sociales deviennent une affaire tourangelle. Après la nomination de Marisol Touraine comme ministre des Affaires sociales du gouvernement Ayrault, le député PS de Tours Jean-Patrick Gille a été élu fin juin vice-président de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale. Celle-ci exerce ses compétences sur tous les dossiers sociaux, de l’emploi, la formation, la santé et la solidarité, la famille jusqu’aux lois de financement de la sécurité sociale.
CHIFFRE
DU TRIMESTRE
130 000 m
2
C’est la surface du futur pôle commercial que le promoteur Altarea Cogedim veut créer au nord-est de l’agglomération chartraine. La date d’ouverture des premiers commerces n’a pas été arrêtée.
SUCCESSION C’est avec le sentiment du devoir accompli que le même Jean-Patrick Gille va abandonner son poste de 1er secrétaire de la Fédé 37 en novembre prochain… après dix-neuf ans de bons et loyaux services. Quatre candidats à sa succession
jouent déjà des coudes : son attaché parlementaire Vincent Tison, Jean-Marc Pichon, qui assura à la tête de la Fédé l’intérim de « JPG » pendant les législatives, Mickaël Cortot, conseiller municipal à Tours, et Alain Michel, le maire de La Riche.
COUP DE MOU
Pour faire écho à notre édition précédente où nous évoquions les difficultés du secteur des travaux publics, la direction générale des collectivités locales a publié son analyse des comptes administratifs 2010 : il apparaît que les dépenses d’équipement des Départements se sont contractées de 9,3 % et celles des Régions de 12,3 %. Un bémol, toutefois : ce repli intervient après une croissance continue des investissements depuis le milieu de la précédente décennie.
DÉMISSION
Le maire de Sancoins (18) Raymond Jourdain a annoncé le 12 juillet sa démission pour des raisons médicales. « Mais je fais aussi ce qui a été demandé par l’opposition », a expliqué Raymond Jourdain, qui souffre de problèmes cardiaques. Il avait dû subir les foudres de l’opposition en avril, suite à l’annonce d’une augmentation du taux d’imposition de près de 12 %.« J’étais habitué à gérer de gros problèmes mais mon cœur n’a pas tenu ». Ce Parisien était venu dans le Berry pour monter un centre équestre.
Michel Guérin, ex-maire PCF de Saran (45), à propos du FN : « Je ne veux pas que ceux qui sont morts pour la France et la liberté soient trahis par des baratineurs capables de nous ramener au temps de l’occupation ». De Marc-Antoine Jamet, président de la Cosmetic Valley, secrétaire général du groupe LVMH et maire (PS) du Valde-Reuil (27) : « On ne nous prend pas au sérieux. Pour certains, nous sommes une charmante spécificité. Pour d’autres, un faux nez du marketing. (…) Sur les 71 pôles, tous ne survivront pas ». Douche écossaise pour Roland Vrillon, ancien directeur du CFA de l’Indre, interrogé par La Nouvelle République sur le réchauffement climatique : « Ça fait froid dans le dos ».
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Points Chauds
En Bref
Frédéric Thomas prend son quart Quatre présidents en quatre ans ! Le Conseil général d’Indre-et-Loire vient d’élire à sa tête le socialiste Frédéric Thomas. Cet élu du canton de Tours Nord-Est va tenter de faire oublier une séquence politique marquée par la guerre des Roses !
C’
est donc le socialiste Frédéric Thomas qui s’y colle ! Après l’éviction de la tempétueuse Claude Roiron et la démission en juin dernier de Marisol Touraine pour cause d’entrée au gouvernement, le très discret adjoint aux finances du maire de Tours prend le quart de cette présidence tournante. Car, depuis le départ du centriste Marc Pommereau et l’arrivée de la gauche aux manettes en mars 2008, le choc des egos a tenu lieu de ligne poli-
tique à l’exécutif départemental. Et c’est donc avec un certain soulagement que les conseillers généraux, de droite comme de gauche, ont accueilli leur nouveau président, le quatrième en quatre ans. « Avec lui, au moins, on ne craint ni les éclats de voix, ni les coups d’éclat », estime un élu de l’opposition. La droite départementale n’a pas souhaité participer à l’élection « afin de protester contre une procédure de désignation qui fait du candidat unique socialiste l’élu des militants», a ainsi lancé Jean Savoie, le doyen de l’assemblée. Mais un certain soulagement était cependant palpable dans les jours qui ont succédé. Jugé
compétent, pondéré jusqu’à en être « passe muraille » disent les mauvaises langues, Frédéric Thomas est un bon connaisseur des finances publiques ; il devrait s’attacher lors d’une présidence, à n’en pas douter « normale », à contenir les dépenses d’une collectivité prise en tenailles entre l’explosion des dépenses sociales et la baisse du produit fiscal. Pour autant, ce fidèle du maire de Tours Jean Germain devra se méfier de ses « amis » politiques autant que de ses adversaires. Mortifiés, les supporters de Claude Roiron n’ont, en effet, que très temporairement remisé les lames dans leurs fourreaux… Jean-Christophe Savattier
Le Centre broie du noir La région Centre a l’un des plus mauvais bilans carbone de France. La faute, d’abord, à son habitat dispersé.
O
n peut abriter les plus importantes capacités de production d’énergie nucléaire françaises et afficher un bilan désastreux sur le plan des émissions de CO2 et des gaz à effet de serre. C’est manifestement le cas de la région Centre qui vient d’éviter de justesse le bonnet d’âne d’un classement régional de l’empreinte carbone établi par l’Insee et la Dreal. Elle doit sa piteuse avant-dernière place dans ce palmarès – juste devant la Picardie qui ferme la marche – aux caractéristiques de l’habitat régional, très dispersé – donc plus difficile à chauffer – et bien mal loti sur le plan de l’isolation.
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Près de 15 % des habitations seraient encore éligibles à la classe climatique G (l’une des moins efficaces sur le plan énergétique), soit la plus mauvaise note ! De plus, les habitants du Centre sont ceux qui pâtissent des trajets pendulaires les plus longs entre leur do-
micile et leur lieu de travail (24 km quotidiens contre une moyenne nationale en province de 20 km). Les élus régionaux, toujours prompts à s’enflammer sur les thématiques environnementales, devront aller au charbon pour améliorer le classement régional.
L’Eure-et-Loir torpillée Le missile envoyé au cœur de l’été par le ministre de la Défense JeanYves Le Drian a fait des vagues en Eure-et-Loir. Et pour cause : le ministre préconise des mesures de réorganisation des trois armes (Terre, Air, Mer) qui n’épargnent pas le territoire eurélien ; la base aérienne 279 de Châteaudun (700 collaborateurs) devrait ainsi perdre 211 postes, soit 177 militaires et 34 civils. Et ce n’est pas tout : le 8e régiment de transmissions de Favières, au nord du département, serait également pris sous le feu. Cette unité, qui gère les communications et l’informatique des trois corps d’armée, emploie 150 personnes : 75 postes de militaires et 18 de civils passeraient à la trappe d’ici à la fin 2014.
Catherine de Colbert, vice-présidente cci touraine
La CCI Touraine a décidé d’accompagner le développement de la filière santé-médical qui constitue un enjeu économique fort pour la Touraine et un tremplin pour de nombreuses activités. Pourquoi la CCi a-t-elle décidé de soutenir la filière santé-médical ?
Catherine de Colbert : Le poids économique de cette filière, tant à l’échelle de la touraine que de la région centre, revêt une importance capitale. sur notre territoire, l’industrie du médicament, du dispositif médical et les services à l’industrie de santé représentent près de 3 000 emplois. il faut ajouter à ce premier contingent, les effectifs de l’hospitalisation privée, soit 2 500 emplois, et les 11 000 des établissements publics hospitaliers. Je rappelle que la touraine est le premier territoire producteur de médicaments en région centre. ces aspects justifient que tous les acteurs locaux s’impliquent conjointement pour développer cette filière d’excellence et surtout d’avenir pour notre économie. L’enjeu est d’autant plus important que l’essor de ce secteur participera au rayonnement de notre territoire. Quelles sont les actions engagées par la CCi dans ce cadre ?
Catherine de Colbert : nous avons l’intention de nous mobiliser au profit de plusieurs actions structurantes locales qui ont été annoncées. des engagements importants ont déjà été décidés. tout d’abord, nous allons participer à hauteur de 210 000 € sur trois ans au financement de l’institut Français des Biomédicaments et des cosmétiques (iFBc) qui doit s’installer à tours sous l’égide de la Fondation philippe-Maupas. cette plate-forme de formation est
« Faire de la Touraine un haut lieu de la filière santé en France et en Europe ! » la 1ère en France et constitue de fait un formidable levier pour l’attractivité de la touraine, compte tenu de l’émergence d’un secteur stratégique pour l’industrie pharmaceutique : les biotechnologies. par ailleurs, nous allons soutenir la dynamique enclenchée autour du laboratoire d’excellence Labex Mabimprove dédié aux anticorps monoclonaux, dont le succès suscitera la création ou l’arrivée de plusieurs jeunes entreprises innovantes en touraine. dans ce dernier cas, comment va se concrétiser le soutien de la CCi touraine ?
Catherine de Colbert : il s’agira d’un soutien logistique, d’un appui à la mise en réseau et à la mutualisation de services que nous avons d’ailleurs déjà amorcés. nous souhaitons également utiliser ces initiatives structurantes (iFBc, Labex), qui constituent autant de leviers d’attractivité, pour notre marketing territorial. a terme, cette logique pourrait, pourquoi pas, aboutir à la création d’un incubateur ou d’une pépinière d’entreprises dédiés. développement des métiers de la santé, création d’activités innovantes, valorisation de notre territoire… autant d’enjeux qui justifient le soutien volontariste de la cci touraine dans ce domaine, pour faire de la touraine un haut lieu de la filière santé en France et en europe.
Points Chauds
Politique
Législatives 2012
La région Centre dans une Gauche contre droite, nord contre sud : le scrutin législatif 2012 a instauré une logique binaire en région Centre. Les modérés, traditionnellement bien représentés dans le Val de Loire, n’ont pas eu droit de cité. La gauche gagne quatre circonscriptions par rapport à 2007, mais la droite reste majoritaire en sièges. Ce résultat favorable à l’opposition est toutefois en trompe-l’œil puisque la gauche l’emporte – de peu – en nombre de voix, avec 50,4 % des suffrages exprimés.
A
l’issue du scrutin législatif des 10 et 17 juin, la région Centre offre une coupure assez marquée. La poussée de la gauche est réelle, mais la droite conserve ses fiefs. Sur les 23 sièges à pourvoir, 14 sont revenus à l’actuelle opposition parlementaire et 9 à la majorité présidentielle, qui en gagne 4 par rapport à 2007. Et on peut tracer une ligne de démarcation assez nette entre une grande moitié nord à droite (hormis Blois et Orléans-Est) et un sud totalement acquis à la gauche. En nombre de voix, la gauche régionale inverse le résultat des élections présidentielles et l’emporte avec 50,43% des suffrages exprimés, une fois retranchés les résultats de la 4e d’Eure-et-Loir – où le Nouveau Centre Philippe Vigier l’a emporté dès le 1er tour – et de la 2e du Cher qui ne présentait qu’un seul candidat le 17 juin en la personne du maire communiste de Vierzon Nicolas Sansu. Rappelons que le 6 mai, les électeurs de la région Centre avaient apporté majoritairement leurs suffrages à Nicolas Sarkozy (50,56 %). Qu’a-t-il pu se passer pour que la droite et le centre-droit perdent un point en six semaines ? La démobilisation de son électorat, tendanciellement supérieure à celle du camp d’en face, a vraisemblablement joué contre les quatre sortants battus (les UMP Louis Cosyns dans le Cher, Nicolas Forissier dans l’Indre, Hervé Novelli en 10 La Lettre Valloire - Septembre 2012
Indre-et-Loire et le Nouveau Centre Nicolas Perruchot dans le Loir-et-Cher). Ajoutons-y le zeste de notoriété gouvernementale qui a boosté le résultat de Jean-Paul Chanteguet (58,8 %),
Châtre, Nicolas Forissier (UMP), qui venait d’enchaîner quatre mandats successifs depuis 1993. Sur cinq représentants, le Berry n’en a envoyé qu’un de droite au Palais Bour-
“ AJOUTONS À LA DÉMOBILISATION DE L’ÉLECTORAT DE DROITE UN ZESTE DE NOTORIÉTÉ GOUVERNEMENTALE ET ON TIENT LE COCKTAIL QUI A OPTIMISÉ LA VICTOIRE DE LA GAUCHE dont le suppléant, sur la 1ère de l’Indre, était le ministre du Travail et de l’Emploi Michel Sapin, et celui de la nouvelle ministre des Affaires sociales Marisol Touraine (60,2%) dans l’Indre-et-Loire, et on tient le cocktail qui a optimisé le score de la gauche dans une région où elle a souvent enregistré des résultats mitigés lors des scrutins nationaux. Une élection chassant l’autre, on pointera avec intérêt les personnalités émergentes ou réémergentes. Elles sont naturellement plutôt à gauche de l’échiquier. Dans le Berry, on relèvera la confirmation de Nicolas Sansu (Front de gauche), quatre ans après son élection à la mairie de Vierzon, et le retour de l’avocat Yann Galut, député PS de 1997 à 2002 avant d’être battu à deux reprises par le sortant Louis Cosyns (UMP). Sur la 2e de l’Indre, l’adjointe au maire d’Issoudun Isabelle Bruneau (PS) bat très largement le maire de La
”
bon : celui de sa circonscription la plus nordiste, Aubigny-sur-Nère, qui a élu pour la quatrième fois d’affilée l’UMP Yves Fromion. Autre nouvelle tête, l’avocat Denys Robiliard, qui a vaincu sans surprise sur la 1ère de Loir-et-Cher le sortant Nicolas Perruchot, plus coriace que prévu (48,1 % des suffrages). Blois s’appuie désormais sur un triumvirat socialiste, composé du nouveau député de la ville, du maire Marc Gricourt et du président de la communauté d’agglomération Christophe Degruelle. Un cas d’école pour les adeptes du non-cumul des mandats qui devra durer sans se lézarder. En Indre-et-Loire, Laurent Baumel (PS), arrivé dans la région il y a quatre ans pour prendre à la droite la mairie de Ballan-Miré, a battu l’ancien secrétaire d’Etat au commerce et à l’artisanat Hervé Novelli, « père » du statut de l’auto-entrepreneur, de la TVA à taux ré-
logique binaire duit pour la restauration et de la réforme hôtelière. Une victoire lourde de sens (53,4 %) pour ce cadre de la Banque de France face à l’un des bilans les plus fournis du précédent gouvernement. Enfin, il faut noter la victoire de Valérie Corre (PS) sur la toute nouvelle 6e circonscription du Loiret (Orléans Est), seul point d’ancrage de la gauche dans la partie nord de la région. Obtenue avec seulement 109 voix d’écart sur Charles-Eric Lemaignen, adjoint au maire d’Orléans et président de la communauté d’agglomération, l’élection fait l’objet d’un recours devant le conseil constitutionnel (lire, à ce sujet, à la page 7). À droite, la seule véritable arrivée dans le paysage des élus régionaux est celle d’Olivier Marleix, 41 ans. Le nouveau député de la 2e d’Eure-et-Loir est le fils de l’ancien secrétaire d’Etat aux collectivités territoriales du gouvernement Fillon II, co-auteur, à ce titre, du redécoupage de la carte électorale et de la réforme des collectivités territoriales : mais nul ne pourra accuser Alain Marleix d’avoir taillé une circonscription à la mesure de son fils puisque ses limites remontent… à 1986. La précaution aurait été de toutes façons inutile, ce territoire aux marges de la région Centre et de l’Ile-de-France ayant toujours été tenu, depuis, par la droite et même par l’extrême-droite (MarieFrance Stirbois entre 1989 et 1993). Pour mémoire, citons le passage de témoin réussi entre Jean-Louis Bernard (UMP-radical) et son ancien suppléant Claude de Ganay sur la 3e du Loiret ; mais à 59 ans, le conseiller général et maire de Dampierre-en-Burly ne peut être considéré comme un jeune loup de la politique. Les autres espoirs, à droite comme à
gauche, font partie du camp des battus et devront attendre 2017 pour tenter de nouveau leur chance. Du côté de la majorité présidentielle, nul ne sait si les accords d’appareil permettront aux écologistes Jean-Philippe Grand, Christophe Rossignol et Karim Laanaya de se représenter devant les électeurs. Les bons scores des deux premiers plaident plutôt en leur faveur, tandis que l’élimination au premier tour du troisième ne l’avantage guère. À Aubignysur-Nère, Céline Bezoui (PS) n’a échoué que de moins de 400 voix. Enfin, Harold Huwart (PRG), proche du staff élyséen, pourra peut-être succéder un jour à son père François, actuel maire de Nogent-le-Rotrou et élu deux fois député, et à son grand-père Robert, président du Conseil général d’Eure-et-Loir au début des années quatre-vingt. Dans le camp de l’opposition parlementaire, on misera surtout sur Guillaume Peltier, 36 ans, logique-
ment vaincu sur la 1ère d’Indre-etLoire mais qui s’est imposé comme le patron de la droite à
Tours. Toujours en Indre-et-Loire, il est improbable qu’on revoit les deux autres battus, Hervé Novelli (4e) et Jacques Barbier (3e). Dans l’Indre, Nicolas Forissier promet de revenir : à 51 ans, il n’est qu’à la mi-temps de sa vie publique. Nicolas Perruchot reprendra peut-être son bâton de pèlerin après un mandat à la mairie de Blois et deux de députés : à 46 ans, il a en tout cas le temps devant lui. Si, dans le Cher, la droite devra trouver de nouvelles têtes pour briser la mainmise de la gauche, dans l’autre département berrichon, François Jolivet, battu par le ticket de deux députés sortants, a déjà pris rendez-vous avec les électeurs en claironnant que « les défaites préparent les victoires ». François-Xavier Beuzon
La carte de la région Centre après les élections législatives de juin 2012.
UMP PS Nouveau Centre Front de gauche
La Lettre Valloire - Septembre 2012 11
Points Chauds
Politique
Issoudun pris à la hussarde Fille et petite-fille d’enseignants, prof de sciences éco nourrie au lait du militantisme syndical, la tombeuse de Nicolas Forissier sur la 2e circonscription de l’Indre se sent plus proche de Martine Aubry que de Manuel Valls.
L
a « tombeuse » du maire UMP de La Châtre Nicolas Forissier, qui briguait… un 5e mandat de député sur la 2e circonscription de l’Indre, a le triomphe modeste. Isabelle Bruneau, professeure de sciences économiques et sociales au lycée Balzac d’Issoudun, concède qu’elle a bénéficié des effets cumulés de la « vague rose consécutive à l’élection de François Hollande et de l’usure du député en place ». Pour autant, l’adjointe à la culture du maire d’Issoudun suggère aussi « que sa présence assidue sur le terrain et son sens de l’écoute » lui ont permis de gagner le fauteuil avec une avance confortable. Près de 55 % des voix au second tour ! « En janvier-février 2012, je n’y croyais pas beaucoup. Mais j’ai senti la dynamique s’amorcer après les présidentielles ». Si André Laignel, maire d’Issoudun, ancien député de l’Indre (1981-1993) et cinq fois secrétaire d’Etat entre 1988 et 1993, est avant tout et d’abord « un ami », qui la « conseille sans im-
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poser ses vues », elle s’agace lorsqu’on fait de lui son mentor… « Je suis venue tardivement à la « grande » politique mais je suis aussi une militante syndicale de longue date à la
CGT-Education », explique celle qui se dit « ancrée très franchement à gauche, beaucoup plus proche de Martine Aubry que de Manuel Valls». Revendiquant son héritage familial d’enseignants « hussards de la République », comme on les nommait sous la III e République, Isabelle Bruneau juge favorablement les 100 premiers jours de François Hollande tout en confessant une certaine communauté de vues avec Jean-Luc Mélenchon… Elle s’occupera sans surprise à l’Assemblée nationale des questions d’éducation : « Il faut remettre à plat les rythmes scolaires, recentrer les apprentissages sur les fondamentaux et rétablir une bonne formation des maîtres » estime cette mère de deux filles (19 et 13 ans), qui sera responsable de la mission enseignement scolaire pour la préparation de la loi de finances 2013. Jean-Christophe Savattier
Des nouvelles têtes régionales au Palais-Bourbon Les dernières législatives ont fait surgir de nouvelles personnalités régionales. Ainsi, Laurent Baumel, le maire socialiste de Ballan-Miré, aura réussi à terrasser Hervé Novelli sur la 4e circonscription d’Indre-etLoire. A 47 ans, ce cadre de la Banque de France confirme son statut de valeur montante de la gauche tourangelle. Autre confirmation, celle du communiste Nicolas Sansu, le maire de Vierzon, qui est parvenu, sur la 2e du Cher, à reprendre le flambeau de Jean-Claude Sandrier… dont il fut l’attaché parlementaire. Dans le Loiret, les électeurs ont expédié deux nouvelles têtes à l’Assemblée nationale : le radical Claude de Ganay sur la 3e et la socialiste Valérie Corre qui étrenne ainsi la nouvelle 6e circonscription. Cette dernière, chef de service au Crous d’OrléansTours, n’avait à son actif qu’un seul mandat de conseillère municipale dans l’équipe de Jean-Pierre Sueur de 1989 à 1995. En Eure-et-Loir, le très attendu Olivier Marleix (UMP), maire d’Anet et conseiller général, ancien cadre territorial – il fut aussi l’un des conseillers techniques de Nicolas Sarkozy à l’Elysée –, s’impose sur la 2e circonscription. En Loiret-Cher, l’avocat blésois Denys Robiliard (PS), adjoint au maire de Blois, fait également figure, à 52 ans, de petit nouveau, après avoir déposé le sortant et ancien maire de Blois Nicolas Perruchot sur la 1ère.
Serge Grouard entre deux feux L’été de Serge Grouard aura été incendiaire. Coup sur coup, deux ministres du nouveau gouvernement viennent de retoquer le projet d’élargissement de la rue des Carmes et surtout d’enlever 20 M€ au budget de l’Arena, la future salle de sport que le maire UMP d’Orléans défend tout feu tout flamme.
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as content le maire d’Orléans. Il est même furieux contre son ex-consœur maire de Rouen, Valérie Fourneyron, désormais ministre des Sports du gouvernement Ayrault. Une dispute de nature à raviver la querelle ancestrale entre Orléanais et Rouennais, entre ceux que Jeanne a libérés et ceux qui l’ont brûlée. La controverse d’aujourd’hui concerne le projet de grande salle de spectacle sportif que Serge Grouard veut construire le long de la Loire, sur le site d’une usine pharmaceutique prochainement abandonnée. Les hostilités ont commencé dans les premiers jours de juillet, lorsque Valérie Fourneyron a déclaré à nos confrères de La République du Centre que l’Etat allait se donner le temps de réexaminer un dossier « instruit rapidement quelques jours avant l’élection présidentielle ». On a bien senti, à ce moment, que les 15 M€ fermes et les 5 M€ conditionnels promis quelques jours avant le scrutin présidentiel par le Centre national pour le développement du sport (CNDS), organisme dépendant du ministre des Sports, risquaient de s’envoler en fumée. Confirmation quelques jours plus tard, avec la décision du même CNDS, réuni sous la présidence de Raymond-Max Aubert (l’ex-maire RPR de Tulle…), en présence de sa ministre de tutelle, d’annuler la subvention au motif « d’irrégularités relevées dans la procédure». Un vice de forme qui semblait avoir échappé aux membres du CNDS, le 20 avril dernier. Sauf retournement de situation, l’Arena orléanaise fait donc les frais de la rigueur avec, au passage, un petit croche-pied
politique au maire UMP de la ville sur fond d’ambitions municipales. Pour remplacer cette manne, qui représente près de 20 % du budget de l’équipement – estimé, selon les derniers chiffres, à 103 M€ – le maire aura le choix de tout arrêter ou de renégocier les conditions du partenariat public-privé (PPP) qui doit départager les candidats retenus pour la construction, des groupements au sein desquels on trouve les quatre plus grandes entreprises françaises de BTP : Eiffage, Bouygues, Vinci et Spie Batignolles. Une piste, le naming, c’est-à-dire la vente à une société du nom de l’Arena, pourrait être étudiée. A Nice, l’assureur Allianz versera un peu plus de 16 M€ étalés sur neuf ans
après celle de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti de classer les 17 immeubles de la rue des Carmes qui devaient être démolis pour permettre au tramway de rouler de front avec les automobiles. Un pied de nez au maire d’Orléans, qui avait signé la déclaration d’utilité publique aussi quelques jours avant les élections. Les 17 immeubles, auxquels la ministre accorde « une très grande valeur d’ensemble », seront donc conservés et leurs façades seront peut-être, comme le souhaite l’association « Aux Carmes Citoyens », restaurées. Ces deux oukases ministériels n’arrangent pas un maire qui doit aussi compter sur la grogne récente de quelques-uns de ses colistiers. Il fau-
pour accoler son nom à celui du stade de foot : il l’a déjà fait à Münich pour le stade Allianz… Arena. Mais Orléans n’est pas Nice et le basket draine moins les passions que le football. La décision intervenait quelques jours
dra vite se rabibocher pour faire face à une opposition qui bénéficie de soutiens très haut placés : les élections municipales de mars 2014, c’est dans dix-huit mois.
La ministre de la Culture a classé les immeubles de la rue des Carmes (à droite ci-dessous) qui devaient être démolis.
François-Xavier Beuzon
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Economie
En bref
TAILLARDAT DANS SES MEUBLES À ST-CYR-EN-VAL e fabricant de meubles de style orléanais Taillardat (24 salariés pour 2,9 M€ de CA) a inauguré le 22 mars ses nouveaux locaux de la ZI de la Saussaye, à St-Cyren-Val : un bâtiment de 1 560 m2, comprenant atelier, entrepôt et bureaux, qui lui a coûté, hors achat du foncier, un peu plus de 1 M€. Créée par Micheline Taillardat (ci-contre) en 1987, l’entreprise dispose ainsi d’une surface deux fois et demi supérieure à ses anciens locaux des Montées pour fabriquer ses meubles haut de gamme, dont environ les deux tiers sont exportés (Etats-Unis, Russie, Moyen-Orient, Afrique du Nord et Europe). Ces copies de meubles grande époque (XVIIIe siècle) sont destinées aux hôtels de luxe ou à de riches particuliers. En début d’année, Micheline Taillardat a ouvert, en association avec l’entrepreneur local Jérôme Causin, un petit atelier à Neufchâteau, dans les Vosges, pour fabriquer des sièges et des petits meubles. Cet atelier emploie trois compagnons, dont un menuisier, un monteur de siège et un sculpteur.
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PLASTIVALOIRE SE LANCE DANS LA BEAUTÉ Le groupe Plastivaloire, qui prévoit un CA 20112012 en léger recul, entre 410 et 430 M€), crée une nouvelle société, PVL Beauté, dédiée à l’activité de flaconnage pour la cosmétique ; elle sera basée à Langeais. Par ailleurs, PVL privilégierait désormais plutôt un projet de création de JV avec des partenaires allemands plutôt qu’une
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acquisition d’entreprise outre-Rhin, comme cela avait été évoqué ces dernières années.
STAL INDUSTRIE S’AGRANDIT Le fabricant de mobilier de magasin et de présentoirs Stal Industrie (8 M€ de CA, 80 salariés) a investi 1,5 M€ afin d’augmenter de 3 000 m2 son unité de production à Romorantin (41), passant de 7 000 à 10 000 m². Cette extension, réalisée par le cabinet CAU Caillaudeau Albertini de Selles-sur-
Cher (41) et inaugurée le 13 juin, accueille la menuiserie, le montage et le magasin.
LES MANUFACTURES DU CHÂTEAU GRAND FORMAT Les Manufactures du Château (9,6 M€ de CA en 2011, 55 salariés), qui conditionnent visserie,
clouterie et chevilles afin d’approvisionner les 530 points de vente Bricomarché (groupe Les Mousquetaires), vont investir près de 3 M€ afin d’agrandir de 5 000 m² leurs locaux ZA du Val d’Huisne à Nogent-le-Rotrou. La livraison est prévue pour mars 2013. L’entreprise souhaite, d’ici à 2015, embaucher une trentaine de salariés au total et réaliser un CA d’environ 16 M€.
UN FILM POUR L’INDUSTRIE NOGENTAISE Le comité de bassin d’emploi (CBE) du Perche nogentais vient de réaliser un film afin de valoriser le dynamisme de son industrie, avec les témoignages de dirigeants et de salariés. « L’industrie souffre d’une image négative, voire d’une méconnaissance auprès du grand public, alors que les industriels rencontrent des difficultés à recruter », souligne la directrice du CBE Julie Barbot. Ce film de 20 minutes sera diffusé à Pôle Emploi, dans les CIO et lors des forums de recrutement.
À LA CHÂTRE, FENWAL CHANGE DE MAINS
Le spécialiste allemand de la perfusion et de la nutrition clinique Fresenius Kabi a acquis cet été son rival américain Fenwal qui compte 4 900 salariés, dont plus de 500 sur le site de production de poches de sang de Lacs, près de La Châtre (36). Un site qui avait déjà changé de mains en 2007 suite au rachat des activités de transfusion de Baxter et leur rachat par Fenwal, créé pour l'occasion par les fonds Texas Pacific Group (TPG) et Maverick Capital.
ORGAPHARM RENFORCE PITHIVIERS À Pithiviers (45), Orgapharm, une unité de chimie fine appartenant au groupe Axyntis, pourrait prochainement faire l’objet d’un important projet capacitaire. Ce programme est lié à la signature imminente d’accords de soustraitance avec deux sociétés qui donneront lieu à la création de filiales communes. D'ores et déjà, et sans tenir compte de cette annonce, Orgapharm, qui a augmenté ses effectifs de 20 % depuis janvier 2011, va recruter 9 CDD ; le site comptera alors 93 salariés.
FARMAN POURSUIT SON ACTIVITÉ... Le tribunal de commerce de Tours a confirmé le 24 juillet la poursuite de la période d’observation – jusqu'au 26 décembre – de Farman Systems (environ 9 M€ de CA en 2011, 68 salariés), filiale de l'allemand Automation + Robotic Systems ; la société de Joué-lès-Tours (37) avait été placée en redressement judiciaire le 26 juin dernier à la demande de son président Peter Limberger. Une nouvelle audience est prévue le 25 septembre pour faire le point sur la situation.
... SDH FERROVIAIRE AUSSI Le tribunal de commerce d’Orléans vient de repousser au 13 novembre sa décision concernant SDH Ferroviaire (119 salariés), implantée à St-Denisde-l’Hôtel (45) et spécialisée dans la fabrication et la maintenance de wagons
IPSEN CONSERVE SON USINE DE DREUX Le 11 juillet, un vrai coup de théâtre s’est produit à Dreux! Marc de Garidel, le pdg d'Ipsen, est venu en personne confirmer aux salariés drouais que le quatrième laboratoire pharmaceutique français allait finalement conserver dans le périmètre du groupe la plate-forme de production de 350 salariés qu'il possède sur place. Quelques semaines, voire quelques jours avant, l’hypothèse d’une reprise du site – mis en vente un an plus tôt – par un façonnier était la plus plausible. Delpharm, qui possède déjà une usine à Chambray-lès-Tours (37), semblait avoir une longueur d’avance sur son concurrent Synerlab, propriétaire de l’usine Sophartex de Vernouillet (28). Les perspectives inattendues de croissance, « de la médecine générale à l’international » ont donc conduit la direction à réviser ses positions. Ipsen emploie au total 580 personnes à Dreux, dont un centre de R&D en pleine expansion – une nouvelle unité va prochainement ouvrir sur le site – qui n’était pas concerné par le projet de cession.
de fret. L’entreprise a été placée en procédure de sauvegarde en juillet dernier, comme sa société sœur ABRF Industries de Châteaubriant (44).
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Dossier
Reprise d’entreprises
La transmission
n’échappe pas à
l’inquiétude générale
En dépit de la persistance de la crise, le marché de la transmission d’entreprise n’a pas sombré. Les professionnels du financement redoutent néanmoins l’impact de Bâle III et des réformes prévues de la fiscalité des entreprises et du statut des banques. Tous craignent que, la ressource devenant rare, les crédits distribués aux PME et les opérations de capital-investissement n’en pâtissent. Cela ne surprendra personne, l’automne sera placé sous le signe de l’inquiétude.
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u côté des financeurs traditionnels de la transmission d’entreprise, en crédit comme en capital-investissement, l’attentisme est de rigueur. Une rigueur qui est d’ailleurs le mot clé du moment, les établissements financiers étant désormais tenus en laisse très courte par les accords de Bâle III, autant que les argentiers européens le sont par le gendarme allemand. Pour Frédéric Moreau, de la direction régionale Centre d’Oséo, « les choses ont incontestablement changé depuis le déclenchement de la crise ». Dans la première période, de 2008-2010, au plus fort du marasme, les acteurs bancaires ont dû faire des concessions. Ainsi, pour ne pas trop peser sur les marges de manœuvre des entreprises, « ils ont souvent allongé les durées de remboursement des dettes senior, souligne Frédéric Moreau. De sept ans, on a parfois prolongé jusqu’à huit, voire neuf ans ». Durant l’année 2010, celle de « l’œil du cyclone », qui a suivi la crise des banques et précédé celle des dettes souveraines, les financeurs de l’entreprise se sont montrés plus enclins à partager le risque. Ils sont aussi revenus à des ratios d’endettement plus raisonnables. Les montages s’en
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a moins de demande ». Depuis la mi-2011 et la seconde secousse financière, prêteurs et investisseurs naviguent à vue. L’attentisme pré-
pèse sur les sociétés, même si le gouvernement tente de déminer le terrain. Certes, l’intégration des biens professionnels dans l’assiette
“ LA NON-DÉDUCTIBILITÉ DES INTÉRÊTS DE L’EMPRUNT CONTRACTÉ LORS D’UNE ACQUISITION D’ENTREPRISE SERAIT VÉCUE COMME UNE CATASTROPHE vaut et les mesures fiscales en préparation n’incitent guère à l’optimisme. La non-déductibilité des intérêts de l’emprunt contracté lors d’une acquisition d’entreprise, évoquée par François Hollande lors de la campagne présidentielle, serait vécue comme une catastrophe. « Ce serait la mort des LBO », n’hésite pas à affirmer l’un de nos interlocuteurs. « La disparition de ce dispositif ferait nécessairement chuter les valorisations », reprend Didier Tomine. Ce n’est pas la seule menace qui
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ressentent : « Quand les opérations sont plus importantes, on observe même une parité entre les apports en fonds propres – en incluant l’entrée de fonds d’investissement et les financements mezzanine – et les dettes senior », commente Didier Tomine, directeur de l’ingénierie financière à la Banque Populaire Val de France. Au-delà des seuls accompagnements de transmissions, le crédit aux entreprises vit une crise majeure. Patrick Sayer, président du directoire de la société d’investissement Eurazeo, analysait crûment la situation dans le quotidien économique en ligne La Tribune : « Avec un coût du risque qui augmente, un coût de la ressource qui croît et des ratios prudentiels qui se durcissent, les encours de crédit sont amenés tendanciellement à décroître ». Didier Tomine modère cet avis sévère et considère plutôt « qu’on finance moins parce qu’il y
de l’ISF semble définitivement écartée, Pierre Moscovici l’a assuré aux Echos fin août. En revanche, le dispositif de réduction de l’ISF pour investissement dans une PME – issu de la loi TEPA d’août 2007 – pourrait bien être raboté. Déjà écornée en août 2011 par le gouvernement Fillon, la déduction devrait être encore abaissée : on parle de 25 % pour la loi de finances 2013, avec un risque de disparition totale par la suite. La collecte ISF PME (FIP, FCPI, etc.), déjà à la baisse à l’issue de la campagne 2011, en pâtira. La Lettre Valloire - Septembre 2012 17
Dossier
Reprise d’entreprises Un autre projet gouvernemental inquiète la profession, celui de séparation entre banques d’affaires et banques de dépôt. Pierre Moscovici semble décidé à présenter un projet de loi dès cette année. Paradoxalement, la disparition de la banque universelle « à la française » et la scission entre l’activité de collecte d’épargne et de distribution de crédits d’une part, et celle d’investissement au capital des entreprises d’autre part, ne seraient pas forcément un avantage pour la seconde. Les établissements tournés vers le haut de bilan devront systématiquement acheter l’intégralité de leurs ressources sur les marchés financiers, ce qui les rendra encore plus sélectifs qu’aujourd’hui. Inquiets des conséquences que pourraient avoir ces mesures – si
elles vont au-delà de la simple déclaration d’intention – les professionnels tentent de se rassurer. Pour le moment, on n’assiste pas à un réel marasme du marché de la transmission d’entreprises. Catherine Kraft-Le Marec, présidente du directoire de Centre Capital Investissement, constate que si « les capitalinvestisseurs majoritaires ont de plus en plus de mal à prendre des risques, c’est moins vrai chez les capital-investisseurs minoritaires ». Pour preuve, le fonds d’investissement régional qu’elle gère s’achemine « vers une année 2012 record ». Didier Tomine observe que, si les entreprises cédées sont souvent plus petites et les montages financiers plus longs à boucler, il n’y a pas vraiment de chute de l’activité. Tous soulignent l’importance
du rôle d’Oséo pour débloquer certaines situations. La future Banque publique d’investissement ? A défaut d’en connaître le contour exact, banquiers et capital-investisseurs évitent de spéculer sur son rôle. On en saura plus certainement dans les premières semaines de l’automne. Résoudra-t-elle le problème de la raréfaction de la ressource ? Beaucoup lui prêtent au moins cette vertu. Mais, si certains se félicitent de la consolidation, dans un établissement unique, de l’action publique répartie aujourd’hui entre Oséo, le FSI et la Caisse des dépôts, d’autres, Cassandre dans l’âme, entrevoient le spectre d’un nouveau Crédit Lyonnais.
François-Xavier Beuzon
Les Banques Populaires
unies pour la transmission
Les Banques Populaires de l’Ouest se lancent, sans complexe, dans le rapprochement des cédants et repreneurs d’entreprises. Un métier d’intermédiaire que complète celui, plus traditionnel, de financeur de la transmission.
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uatre banques populaires représentant un bon tiers du territoire national (Pays de la Loire, Bretagne, Centre, une partie de l’Ouest parisien et de la Basse-Normandie, Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin) ont décidé d’unir leurs efforts pour rapprocher cédants et repreneurs d’entreprises. Ouest Ingénierie Financière http://www.-ouestingenieriefinanciere.fr/, créée en mai 2011, va jusqu’à publier une liste de PME à transmettre et à se mettre en chasse, pour leur compte, de repreneurs au-dessus de tout soupçon : « Nous avons actuellement en portefeuille 82 missions confiées par des cédants », nous expliquait à la mijuillet Hubert de Feydeau, qui dirige
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cette structure de dix personnes. La Banque Populaire Val de France, qui a confié son territoire à deux collaborateurs, Emmanuel Heurteau au siège de St-Quentin-en-Yvelines pour l’Ouest parisien et l’Eure-et-Loir, et Cyril Compagnat à Châteauroux pour le reste de la région Centre et le Nord Poitou, est la dernière – mais aussi la plus importante en terme de produit net bancaire – à avoir rejoint ce pôle initié par la Banque Populaire Atlantique. Elle devrait prochainement boucler son premier closing, Ouest Ingénierie en ayant déjà signé une vingtaine en un peu plus d’un an. Aucun réseau bancaire ne s’est équipé d’un tel dispositif. Si les Banques Populaires de la partie ouest du
pays ont été les pionnières, elles espèrent que leurs consœurs d’autres régions mutualiseront leurs forces comme elles ont su le faire. « Nous sommes la première banque de la création d’entreprises. Nous voulons devenir aussi la première de la transmission », assure Hubert de Feydeau. Avec la société de capital investissement Ouest Croissance, qui devrait étendre prochainement son rayon d’action à la région Centre, et le contrat d’obligations convertibles Mezzo, aussi attendu pour la fin de l’année dans la région, les Banques Populaires se sont donné les moyens de leurs ambitions. FXB
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Dossier
Reprise d’entreprises
Reprise en deux temps L’ancien directeur industriel Patrick Marionneau a réalisé son rêve en reprenant Emka Electronique à Romorantin. En optant pour un rachat en deux temps, le cédant a deux ans pour transmettre tous ses savoir-faire et lâcher progressivement les rênes de la PME. j’avais compris l’importance du réseau et j’ai rejoint le Medef, l’association des anciens des arts et métiers, etc. Et j’ai surtout été accompagné par JCG Entreprises, qui m’a apporté plus de crédibilité face aux banques et fonds d’investissement ainsi qu’un accompagnement qui permet de déjouer tous les pièges ».
Emka : une stratégie axée sur le bureau d’études Spécialisée dans la conception, le développement et la fabrication de systèmes électroniques et électrotechniques (cartes, armoires, coffrets, câblages), Emka propose à sa clientèle industrielle, à 90 % française, le développement de solutions globales, leur mise en fonctionnement et l’accompagnement sur toute leur vie. « Emka n’est plus un simple sous-traitant, et je souhaite poursuivre cette stratégie qui s’appuie sur le développement du pôle R&D et du bureau d’études pour accompagner les produits de leur création jusqu’à leur fin de vie », explique le nouveau pdg. Emka, qui a réalisé un CA consolidé de 15 M€ et compte 80 salariés au sein de sa filiale Sorec à Romorantin (41), 30 salariés dans la succursale Fapronic à Noyant-la-Gravoyère (49) et 4 salariés au siège parisien, a ouvert Emka Med à Ouardanine en Tunisie (30 salariés) pour lancer une production low cost dédiée aux produits en fin de vie. « L’objectif de cette filiale n’est pas de faire du volume mais de proposer des solutions pour les produits matures », détaille Patrick Marionneau, qui s’appuie sur l’outil industriel existant pour poursuivre le développement. « Je ne cherche pas la croissance externe mais la pérennisation des sites sur lesquels mon prédécesseur a investi. Ma stratégie est de poursuivre ces partenariats à long terme en diversifiant les marchés, vers l’aéronautique notamment, en étant toujours plus européen. »
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corresponde à ses ambitions. « Cette formation de très haut niveau, avec avocat, expert comptable et témoignages de repreneurs, a conforté mes ambitions et ma vision de la reprise ». Durant plus d’un an, il a épluché près de 70 dossiers, bilans comptables... S’il a conservé dans un premier temps son poste de directeur
“ DANS CETTE REPRISE, ON A NÉGOCIÉ DÉJÀ LES CONDITIONS DU DIVORCE ALORS QU’ON SE MARIAIT !
Soutenu également par l’association nationale pour la transmission d’entreprise CRA, dont il a suivi une formation, Patrick Marionneau a alors commencé un travail de longue haleine afin de trouver la société qui
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A
près un parcours de cadre opérationnel dans de grands groupes industriels (Airsec, Pall, Dassault Aviation, Valeo Electronique…), l’ingénieur arts et métiers Patrick Marionneau a souhaité, à 52 ans, concrétiser son grand rêve : reprendre une entreprise. « Il m’a fallu constituer un capital et un réseau solide afin d’être un bon candidat à la reprise », souligne-t-il. Car, avant de prendre les rênes de la filiale loiretcherienne d’Emka Electronique implantée à Romorantin (150 salariés, 15 M€ de CA), Patrick Marionneau avait déjà, à l’âge de 30 ans, été jusqu’à la date d’intention de reprise d’une société mais, faute de garantie suffisante côté cédant, s’était désisté. « A l’époque, je n’étais pas mûr, avoue-t-il. Alors qu’en arrivant dans le Loir-et-Cher en 2004,
d’usine à Romorantin chez Airsec, il l’a rapidement quitté pour mettre toutes les chances de son côté. « Il faut de la détermination pour aller au bout de son projet, car beaucoup disent qu’ils veulent vendre mais ne sont pas prêts ou ne réunissent pas toutes les conditions pour réussir cette transmission. Il faut que chacun comprenne la vision de l’autre, sans quoi la négociation ne peut aboutir », explique Patrick Marionneau, qui rappelle que cette phase de recherche constitue une rupture importante « pour soi, mais aussi pour son entourage, qui s’inquiète après six mois d’inactivité, alors qu’il faut compter dix-huit mois en moyenne pour reprendre ! ». Or, c’est exactement le temps qui a été nécessaire à Patrick Marionneau. « Après neuf mois de recherche, il s’est encore écoulé neuf mois entre la signature et mon arrivée dans l’entreprise ». Et finalement, ce n’est pas par le biais des offres mais grâce au bouche à oreille que la reprise d’Emka a pu se réaliser. « Je connaissais le cédant qui travaillait sur la même zone à
chez Emka Romorantin, à qui j’avais parlé de mon projet. Il avait envie de vendre mais ce n’est que neuf mois plus tard qu’il a déposé son dossier », se souvient-il. La taille du groupe (150 salariés), comme son cœur de métier, correspondait parfaitement aux compétences managériales de Patrick Marionneau. « Mon parcours antérieur dans de grands groupes (Pall, Dassault Aviation, Valeo Electronique…), dans divers milieux industriels (mécanique, chaudronnerie, électronique, connectique, plasturgie) et sur différents marchés (aviation, automobile, pharmacie…) m'apporte une bonne compréhension des besoins des clients ». Il ne restait plus qu’aux deux entrepreneurs à s’entendre sur le mode de transmission. « Lorsque Jacques Denarier a repris à 40 ans Emka, elle comptait 20 salariés. Il l’a si bien développée qu’elle en compte 150, c’est un peu son bébé ! De plus, ma première proposition ne convenait pas », détaille le repreneur qui a finalement repris un tiers de l’entreprise, se laissant encore deux ans avant d’en prendre la totalité. « Nous avons décidé d’une transmission en deux temps, ce qui facilite son passage en retraite progressif et permet un partage intelligent des commandes de l’entreprise », explique Patrick Marionneau. Depuis février 2012, les deux entrepreneurs travaillent donc à deux, l’un étant plutôt basé à Romorantin, l’autre à Angers, sur un mode collaboratif qui permet au repreneur de découvrir progressivement l’ensemble des métiers d’Emka. « Comme dans toute reprise, il y a toujours beaucoup de méfiance de part et d’autre, mais nous avons réussi à passer cette difficulté, et je me réjouis que le cédant ait pris le risque de choisir un particulier ». Jacques Denarier restera à ses
côtés jusqu’en 2014 : « Nous laissons la porte ouverte pour renégocier dans deux ans suivant la conjoncture et les souhaits de chacun », ajoute le repreneur. Après quelques mois aux commandes, Patrick Marionneau ne regrette aucun de ses choix. « Mon rêve s’est concrétisé, c’est même le grand chelem ! », sourit le nouveau pdg, heureux d’avoir quitté les grands groupes pour être libre de s’investir chez Emka, la société qui lui convient en terme de taille, de secteur, comme de localisation. « Cela peut paraître anodin mais ne pas déménager est un souci en moins qui me permet de me concentrer uniquement sur la société ! » ajoute-t-il. Son conseil pour une
reprise réussie ? « Un bon accompagnement est primordial pour avoir le soutien des banques, et il faut garder le moral car durant la phase de recherche, le temps ne passe pas à la même vitesse pour le repreneur et le cédant, mieux vaut avoir quelques économies de côté ». Le repreneur revient sur son choix de reprise particulier, qui ne fait pas de lui l’actionnaire majoritaire : « Je préférais avoir une partie d’une société qui marche plutôt que 100 % d’une TPE qui a des difficultés ! ». Il livre un dernier message aux futurs repreneurs : « Il n’y a pas de reprise standard, c’est ce qui fait qu’il n’existe aucune recette miracle ! » Elise Pierre
L’ancien directeur industriel Patrick Marionneau a réalisé son rêve en reprenant Emka Electronique.
Dossier
Reprise d’entreprises
Somega ne sort pas de la famille Transmettre l’entreprise familiale de père en fils est une opération qui aura été longuement mûrie, réfléchie et préparée chez les Bidaut. Parce qu’il est hors de question que Somega du Centre, entreprise de mécanique bien portante de Villemandeur, souffre du futur passage de relais.
Patrick Bidaut et son fils Jimmy.
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ter en octobre 2011 son poste chez un fabricant de pompes et compresseurs pour venir m’épauler, se réjouit Patrick Bidaut, président de Somega. Il met le pied à l’étrier pour reprendre un jour l’entreprise, même s’il sait que cela comporte des risques ». Trop précoce le processus de passation de pouvoir chez Somega ? « Non,
prise, ce qui écarte le risque de la voir disparaître lorsque je serai en retraite ». Et ce serait dommage, car Somega a su prospérer en dépit de la crise. La PME emploie 35 salariés et dispose de 24 machines à commande numérique (dont 6 achetées l’an passé) afin de satisfaire une clientèle exigeante de grands donneurs d’ordre
“ NE LÉSER AUCUN ENFANT IMPLIQUE D’EN PARLER OUVERTEMENT ET LIBREMENT ET DE SE FAIRE CONSEILLER PAR UN AVOCAT D’AFFAIRES POUR VEILLER AU PARTAGE. assure Patrick Bidaut, il ne faut pas attendre d’être au pied du mur, de se trouver confronté à un problème de maladie ou d’incapacité pour préparer et réussir une transmission familiale. Il faut être prêt quoi qu’il arrive ». Chez les Bidaut père et fils, le déclic s’est produit lorsqu’ils ont assisté ensemble fin mars à une réunion sur le sujet organisée par la CCI du Loiret et l’Unofi (Union notariale et financière). « Dès que mon père a racheté Somega, l’idée d’une transmission familiale s’est imposée naturellement », témoigne Jimmy. Sur ses relations avec son frère et sa sœur, le futur boss ne se fait pas de souci, car « les choses sont claires et seront juridiquement formalisées ». « Ne léser aucun enfant implique d’en parler ouvertement et librement, confie Patrick Bidaut, et de se faire bien conseiller par un avocat d’affaires pour veiller au partage équitable des actions. De plus, nos salariés sont rassurés de voir que mes enfants connaissent l’entre-
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atrick Bidaut, 54 ans, a réussi à donner la fibre entrepreneuriale à ses trois enfants. Billy, Jimmy et Lauréna sont tous actionnaires de la holding familiale GSMI, propriétaire de Somega, entreprise de mécanique de précision de Villemandeur (45) rachetée en 2008 par un self made man, à l’origine simple tourneur qui a gravi tous les échelons chez son ex-employeur avant de voler de ses propres ailes. Si Billy est devenu professeur de physique-chimie en lycée agricole, Jimmy et Lauréna, eux, ont choisi de travailler au sein de l’entreprise de leur père. Lauréna, 21 ans, prépare un master en gestion par le biais d’une formation en alternance, tandis que Jimmy, 27 ans, ingénieur en organisation et gestion de production, a pris la responsabilité du bureau d’études créé l’an passé chez Somega. « Jimmy n’a pas hésité à quit-
(aéronautique, armement, optique, imprimerie, connectique...). Somega fabrique vite et bien des pièces mécaniques de haute précision (axes de commande de vol, connecteurs de missile, supports de lentilles optiques…), du modèle unique à la série de 2000. « Nous voulons attaquer de nouveaux marchés en France et à l’étranger, éventuellement recruter, agrandir nos locaux et créer une autre entreprise », explique Patrick Bidaut. En moins d’un an de présence, Jimmy Bidaut s’est surtout consacré à la maîtrise des process techniques de l’entreprise au sein du bureau d’études. Prochaine étape de son apprentissage de futur patron : la gestion des relations humaines, « le management des hommes sur le tas » par des mises en situation dans lesquelles il jouera le rôle de chef. Un métier exigeant auquel aspirent assez peu de « fils à papa », qui préfèrent de loin, regrette Patrick Bidaut, la sécurité au risque. Jacques Huguenin
Début juillet au Conseil régional du Centre, la convention de financement de l’économie verte a été notamment signée par Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque Européenne d’Investissement (BEI), François Bonneau, président du Conseil régional, et Nicole Etchegoïnberry, présidente du directoire de la Caisse d’Epargne Loire-Centre.
E N G R A P ’E D E AL S N IO G É R IL E LA CAIS S N O C E L VERTE AVEC i toutes les initiatives qu ir en ut so FINANCE L’ÉCONOMmIE de t es tre Loire-Cen édirectoire, lors de la pr e la Caisse d’Epargne
du régionale com oïnberry, la présidente eg ch Et le co Ni « Le rôle d’une banque é illet. qu di al du Centre, début ju t économique » a in on en gi ré em l ei pp lo ns ve Co dé le ue r le t pa en favoris gion Centre et la Banq t de l’économie verte Ré la en m tre ce en an rd fin co de ac f d’ iti e os ance du protocol sentation du disp on Centre. Unique en Fr principaux signataires gi s le Ré i en rm e pa gi e er ur En fig êt e Pr al , sation, e PREVEO La Caisse région n, biomasse, méthani visant à mettre en plac lie ) EI éo , (B t re ai en ol (s em s iss le st ab ve el In es renouv Européenne d’ urager les cinq énergi co en d’ et rm pe il r, eu ne de crépar son ampl ergétique. le déblocage d’une lig r én pa ce 5, an 01 rm -2 rfo 12 pe 20 la de et ) géothermie prêts accordés par issements sur la pério de st nt ve le in va s ui de éq % nt ta 50 r on ce ée par un m La BEI s’engage à finan s régional de garantie e pourra être complét nd pp Fo lo le ve r en pa tte % Ce 25 s. à ro is ros, garant dit de 150 millions d’eu total 300 millions d’eu au nc do nt so Ce ntralisée s. re à la production déce s les partenaires bancai ré ac ns co re êt nt ro qui pour novation construction ou de ré Centre géré par Oséo, de s et oj pr x au et rt d’une pa d’énergie renouvelable ents d’autre part. énergétique des bâtim
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DES DÉCIDEURS EN RÉGION CENTRE http://www.decideursenregion.fr/loire-centre
Dossier
Reprise d’entreprises
Le repreneur remotive les À seulement 29 ans, Miguel da Silva, repreneur de la société eurélienne Distrib Services, a si bien relancé et diversifié les activités de distribution de publicité qu’il a convaincu les cédants de remonter à bord. coutume, les deux cédants ont, depuis, réintégré l’entreprise, séduits par la tournure des événements… C’est que, sous l’impulsion du jeune repreneur, Distrib Services a accéléré sa cadence et industrialisé ses pratiques pour passer de 9 à 19 millions de prospectus distribués dans 120 000 boîtes aux lettres, générant une croissance de son CA de 65 %. « Grâce à la commercialisation de
tion de la main à la main, dont les retours ont été excellents », explique le jeune repreneur, précurseur de ce mode de distribution en Eure-et-Loir. Cette croissance s’est accompagnée d’embauches, portant les effectifs à 84 CDI à temps partiel. Le turn-over a également été réduit, malgré le profil des salariés (retraités et emplois secondaires), notamment grâce au management choisi par son diri-
“ GRÂCE À L’INDUSTRIALISATION, NOUS SOMMES PASSÉS DE 9 À 19 MILLIONS DE PROSPECTUS DISTRIBUÉS DANS 120 000 BOÎTES. nos solutions, nous détenons aujourd’hui plus de 38 % de part de marché sur l’Eure-et-Loir. Nous devrions réaliser 650 000 € de CA fin 2012 », se réjouit Miguel da Silva. Pour atteindre ces volumes, le repreneur a aménagé 300 m2 supplémentaires à Gellainville et ouvert une nouvelle antenne à Dreux, portant la surface d’exploitation totale à 800 m2. « Nous avons également développé le street marketing, soit la distribu-
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nimé par une énergie et une fibre commerciale à toute épreuve, Miguel da Silva, 29 ans, a toujours voulu devenir son « propre patron ». Après un parcours scolaire sur le mode de l’alternance en commerce et assurance, Miguel da Silva s’est forgé une expérience dans le secteur bancaire qui l’a amené à conseiller des entrepreneurs de tous horizons. « J’ai appréhendé divers aspects de la gestion d’entreprise, des dossiers d’aide à la création aux problèmes de financement lors d’un rachat », souligne-t-il. Très motivé, Miguel da Silva a intégré le Cercle des repreneurs de la CCI et a été soutenu par le Codel. Après dix semaines d’accompagnement, la commission consulaire dédiée à la transmission lui a présenté Distrib Services, PME spécialisée dans la distribution d’imprimés publicitaires implantée à Gellainville, près de Chartres. « L’entreprise était à un stade où il fallait lancer une nouvelle phase de développement, mais les deux associés ayant 53 ans, ils préféraient céder », souligne le repreneur. Pourtant, une fois n’est pas
geant. « Comme un chef d’orchestre, je cherche à comprendre leur motivation afin que chacun œuvre le mieux possible et je les implique dans chaque décision. Les salariés ont plus d’autonomie dans la distribution, organisée à proximité de leur domicile », ajoute-t-il. Si la logistique a été revue et les postes de contrôle renforcés, pas question d’automatiser l’encartage : « Je souhaite conserver les salariés au cœur de nos activités, l’entreprise est avant tout une aventure humaine ». Regorgeant d’idées dans cette phase de conquête, Miguel da Silva a décidé d’adosser une activité complémentaire à la distribution des flyers et prospectus, afin de proposer une offre globale. « Nous avions constaté une forte demande pour la création et l’impression des publicités », explique le repreneur, qui a créé l’agence Global Communication, nouvelle filiale de sa holding Média Com. Autre axe stratégique choisi, la réduction du volume dans les boîtes aux lettres. « L’objectif est de limiter la taille et le poids des prospectus Les deux cédants ont décidé d’entourer Miguel da Silva.
cédants tout en augmentant la fréquence des distributions, ce qui est plus efficace sans surcoût pour nos clients ». Distrib Services détient désormais 60 % du marché alimentaire eurélien en GMS et compte parmi ses clients des prestataires de services, banques, assurances, agences immobilières, opérateurs téléphoniques, fenêtriers, cuisinistes et des collectivités locales. Si le repreneur n’exclut aucunement la croissance externe, il compte stabiliser l’activité cette année. « Je veux être un autodidacte raisonné, car cette reprise à été difficile », avoue-t-il. En effet, au vu de son manque d’expérience et de l’image négative du secteur du papier, les banquiers lui ont fait tout d’abord un accueil défavorable. C’est après six mois de négociation, en septem-
bre 2011, qu’il a repris Distrib Services, fort d’un prêt d’honneur de 15 000 € d’Oséo. Durant deux mois, les deux cédants l’ont accompagné. A l’issue de cette phase de transmission, Jean-Louis Sineau a souhaité prendre la direction du centre de Chartres, tandis que Patricia Dupont a préféré prendre du recul… avant de revenir quelques mois plus tard. « Lorsqu’il a fallu industrialiser et augmenter la volumétrie, je lui ai demandé de venir nous soutenir sur les aspects techniques qu’elle maîtrisait. Elle a accepté pour quelques semaines… et est restée ». Séduite par les changements apportés dans l’entreprise, la cédante exerce, depuis, au poste de coordinatrice technique et logistique. Miguel da Silva a ainsi réussi à emmener avec lui les deux cédants, ba-
layant les idées reçues sur la mort du papier : « Malgré les études statistiques des imprimeurs, le routage et la distribution perdurent en local ; ce procédé de marketing direct a encore de beaux jours devant lui ». S’il peut être fier de sa reprise, le jeune entrepreneur garde la tête froide. « J’ai été très bien accompagné par la CCI d’Eure-et-Loir et le Codel, avant, pendant et après la reprise. Pour réussir, il faut s’entourer d’un bon expert-comptable, d’un bon banquier et d’un bon avocat et écouter tous leurs conseils ! », conclut-il. Elise Pierre
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Dossier
Reprise d’entreprises
Henry, la famille d’abord ! Les dirigeants de l’entreprise de mécanique de précision fertésienne ont cédé la société à leurs enfants, en pleine crise. L’épreuve a été réussie grâce à une solidarité familiale exemplaire.
A
près avoir dirigé la société qu’ils ont créée pendant 34 ans, Pierre Henry et son épouse ont souhaité, à la fin de l’année 2008, passer le témoin afin de goûter un repos
bien mérité. Naturellement, c’est vers leurs deux enfants, Benoît et Géraldine, que se sont tournés les dirigeants de cette entreprise de mécanique de précision (15 salariés, 1,5 M€ de CA) installée sur la ZI de La Ferté-St-Aubin (45). Il est vrai que leur progéniture avait parfaitement préparé le terrain. Benoît Henry, titulaire d’un BTS études et réalisation d’outillages, travaillait déjà dans la société familiale depuis une bonne dizaine d’années. Idem pour sa sœur qui avait préalablement obtenu un DECS comptabilité. « On a grandi entre les murs de cette entreprise », explique Benoît Henry qui a reproduit le modèle parental. Le couple fondateur s’était également réparti les rôles ; la partie technique et industrielle pour Pierre Henry, la partie finances pour son épouse. Pour autant, c’est en pleine crise que
la transmission par donation a été engagée. Deux années terribles où se sont succédé impayés et annulations de commandes. « Notre souci a été de survivre », indique Benoît Henry qui reconnaît que sans l’apport financier de ses parents et un plan de rééchelonnement de la dette sociale négocié par Géraldine, l’entreprise «n’aurait pas survécu » en dépit des quatre licenciements effectués dans la tempête. Aujourd’hui, les affaires sont mieux orientées et la fratrie, désormais aux commandes, souhaite aussi exploiter la recette qui a permis de fidéliser de nombreux clients dans les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique, du bâtiment et de l’armement. « Nous ne sommes pas forcément les moins chers, mais Henry est très réactif, très proche de ses clients et orienté sur la partie services ». JCS
Le salarié réalise son Ideal C’
est en 1999 que Ghislain Malnou, armé d’un BTS en mécanismes et automatismes industriels et d’une spécialisation en robotique, intègre la société Ideal (Informatique Développement Extension Automatisme Logistique) à Roinville-sousAuneau (28) pour son stage de fin d’études. Depuis décembre dernier, en prenant 55 % du capital de cette société spécialisée en développement d’automatismes industriels pour la seule marque Siemens (1,3 M€ de CA), il est passé, à 35 ans, du statut de salarié à gérant. « Gérard Léon souhaitait transmettre en interne pour conserver son organisation sur un mode familial », précise le repreneur, qui a pris les rênes d’Ideal épaulé par le cédant qui restera à ses côtés durant un an. Pour se préparer à cette re-
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prise, Ghislain Malnou s’est inscrit à l’Ecole des managers de la CCI d’Eureet-Loir : «Lorsqu’il m’a proposé de reprendre, je ne me sentais pas prêt, car si j’étais chef de projet, manager 11 salariés est un autre challenge ! J’ai pu compléter mes connaissances en comptabilité, gestion et management ». Après une première partie
théorique, le jeune repreneur vient de débuter un travail de diagnostic, qui précède la phase de mise en œuvre de nouvelles actions. « Nous avons déjà commencé à mettre en place de nouveaux logiciels de gestion », ajoute Ghislain Malnou. S’il reconnaît que cette reprise était un défi de taille, le repreneur sait gré au cédant de l’avoir bien formé : « Entré comme automaticien, petit à petit j’ai réalisé les prestations en direct avec mes clients, puis le suivi commercial et la facturation. Je souhaite conserver ce fonctionnement qui permet à chaque salarié d’exercer diverses activités et favorise une grande solidarité interne ». Son conseil aux repreneurs ? « Ne pas vouloir aller trop vite et mettre par écrit tous les détails de la transmission ! » EP
Dossier
Agroalimentaire
Doux : un épilogue mi-figue, mi-raisin… Le 5 septembre dernier, le tribunal de Quimper a confirmé la reprise des quatre sites Doux de la région Centre par Glon Sanders et Duc. Cette décision, qui sauve in extremis les abattoirs de Blancafort et Boynes, se solde tout de même par la perte de 200 emplois. La décision met en jeu la pérennité de la filière avicole régionale.
A l’issue de plusieurs mois d’angoisse, marqués par de multiples rebondissements, le tribunal de commerce de Quimper a rendu son verdict lundi 5 septembre.
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sont engagés à conserver 60 CDI. C’est une demi-victoire, car l’abattoir de Pleucadeuc a aussi été repris par la filiale Galina de Doux », s’inquiète Françoise Lavisse, déléguée syndicale CFTC de l'unité ber-
incompréhension face à la décision initiale du tribunal de commerce du 10 juillet de ne pas accepter l’offre de reprise plus favorable à l’emploi, ils prennent acte de la décision de donner un avenir à l’outil de
“ LA REPRISE DE BLANCAFORT EST UNE SEMI-VICTOIRE… MAIS APRÈS ? richonne, où les salariés étaient sans activité depuis jeudi 6 septembre. Les juges bretons ont, en effet, également validé les offres de reprise des sites de Pleucadeuc (56) ainsi que de Sérent (56) et Laval (53), soit cinq sites sur les huit du pôle frais de Doux. « Dans la perspective d’une reprise de Pleucadeuc par Doux, Glon Sanders ne voulait plus reprendre Blancafort. Nous avons l’impression que le tribunal lui a forcé la main. Que vont-ils faire à Blancafort pour occuper 130 salariés ? », ajoute-t-elle. Ces derniers mois, et jusqu’à l’épilogue, ces deux sites régionaux aux activités similaires – abattage et découpe de dindes – avaient d’ailleurs régulièrement été opposés l’un à l’autre… Au total, l’offre « améliorée » de Duc et Glon Sanders va permettre de conserver 95 emplois sur 170 à Boynes, 13 postes sur 18 au couvoir d’Amilly (45) et 10 emplois sur 15 à l’usine d’aliments de Clémont (18). A l’issue de l’audience, trois autres sites ne bénéficiaient pas d'offres de reprise : Graincourt (62), La VraieCroix (56) et Le Pontet (84). Si les élus régionaux ressassent « leur
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l’issue de plusieurs mois d’angoisse, marqués par de multiples rebondissements, le tribunal de commerce de Quimper a rendu son verdict lundi 5 septembre. Les quatre sites Doux de la région Centre – Blancafort (18), Boynes (45), Amilly (45) et Clémont (18) – seront bien repris par la filiale de Sofiprotéol Glon Sanders, associée à Duc. Si cette décision permet de préserver 250 emplois régionaux, elle s’accompagne de la suppression de 200 postes et met en jeu l’avenir de la filière avicole. « À Blancafort, l’offre de Glon Sanders maintiendra 120 CDI et 10 CDD sur 245 salariés durant deux ans, à l’issue desquels ils se
production situé en région Centre, en regrettant fortement que celle-ci s’accompagne de la perte de 200 emplois ». Désormais, la Région s’est fixé deux axes prioritaires : « Soutenir les salariés privés d’emploi et travailler avec le repreneur des quatre sites, les éleveurs et l’ensemble de la filière avicole régionale pour que la solution validée par le tribunal soit durable dans un pays qui importe 45 % de sa volaille ». Une cellule d’accompagnement restera ouverte pendant 12 mois et non 45 jours. La CGT a souligné qu’au total, ce sont près de « 1 100 emplois sur le tapis. C’est une catastrophe. Le jugement aura des conséquences sur les autres activités du groupe ». Rappelons que Charles Doux, qui avait tout d’abord refusé d’être ravalé à un rang d’actionnaire minoritaire, a accepté la prise de contrôle (80%) de son groupe par la banque britannique Barclays, qui a transformé la dette en capital (140 M€). Pour les autres activités de Doux (export et produits élaborés), le tribunal a prolongé la période d’observation jusqu’au 30 novembre. Elise Pierre
La laiterie de Verneuil pousse les feux La coopérative laitière installée dans le Lochois souhaite s’étendre, mieux recruter et vise l’export.
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a laiterie de Verneuil (115 salariés, 42 M€ de CA, 350 apporteurs) a dévoilé il y a quelques semaines plusieurs projets. La direction a ainsi confirmé qu’elle allait édifier une cuisine afin de conduire in situ des démonstrations de recettes incorporant du fromage. Par ailleurs, et « à plus long terme », indique Bruno
Boileau, le directeur, la coopérative souhaite procéder à une extension. Celle-ci sera notamment destinée à accueillir une plate-forme de méthanisation de déchets. La laiterie de Verneuil, confrontée à des problèmes récurrents de recrutement, compte tenu de sa localisation géographique, innove également sur le front des res-
L’abattoir de St-Amand attendra 2013 La SAS Berry Bocage (environ 500 000 € de CA), qui a repris en 2009 l’abattoir de St-Amand-Montrond (18), préfère reporter à 2013 les travaux d’aménagement d’un coût de 270 000 €, à l’origine prévus pour le printemps 2012. « Nous voulons revoir l’ensemble du projet afin de donner un caractère définitif à ces travaux », indique la direction. L’enveloppe initiale de 108 000 € allouée par le Pôle d’excellence rurale doit permettre l’augmentation de la surface des frigos et de la contention ovine. D’autres aménagements sont prévus tels que la modification de la salle de découpe ou l’installation d’équipements photovoltaïques ainsi que des vestiaires. En 2011, la plate-forme a traité 750 tonnes de viande en dépassant les objectifs que s’était fixés le repreneur.
sources humaines. Elle vient d’ouvrir une Maison des apprentis et des stagiaires qui logera gracieusement cette population, l’entreprise ayant décidé « d’engager chaque année au moins deux apprentis de niveau Bac». Enfin la laiterie de Verneuil va poursuive sa stratégie d’adaptation à tous les modes de consommation pour continuer de progresser à l’export. Il s’agit notamment de miser sur les poudres de lait ; celles-ci représentent aujourd’hui les deux tiers des volumes exportés.
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Economie
Energies nouvelles
Giteo.com la start-up des frangins Trois jeunes frères entrepreneurs tourangeaux ont lancé un concept innovant de réservation de gîtes et de chambres d’hôtes, qui permet en quelques clics de réaliser l’opération.
De gauche à droite : Tristan et Pierre Guyot, co-créateurs de Giteo, et Lucas Girardot, développeur.
«P
ar notre proximité avec le milieu des gîtes et chambres d’hôtes – nos parents ont deux gîtes – nous voulions proposer un service plus moderne, qui réponde aux attentes des propriétaires en terme de revenus, comme de celles des locataires en
terme de simplicité », résume Baptiste Guyot, 24 ans, diplômé de Telecom Ecole de Management. Fondateur de la Sarl Giteo, Baptiste a associé à l’aventure ses deux frères Tristan (28 ans) et Pierre (22 ans, Edhec Business School), originaires de Valençay (36). Depuis la création en 2010, avec un investissement de 70 000 € et un très bon référencement, les trois frères ont convaincu 3 000 propriétaires de les rejoindre et enregistrent 100 réservations par jour. « Nous espérons gagner 3 000 nouvelles propriétés par an et atteindre 600 réservations fermes/mois en 2013 », précise Tristan. Doté d’une ergonomie intuitive et récemment d’un « Quality Score » – notation selon la qualité de l’annonce, le taux et la vitesse de réponse et les commentaires des clients – le site pro-
pose un système de réservation simplifié, qui évite de contacter un à un les propriétaires : « Le locataire fait sa demande de réservation en quelques clics et reçoit dans l’instant par mail et SMS les adresses qui répondent à sa requête ». Côté propriétaire, aucun frais d’inscription, le système repose sur un modèle innovant : « Nous retenons une commission de 8 % par réservation, sans frais cachés, alors que la majorité des sites demandent une prestation annuelle assez lourde », explique Pierre. Heureux de travailler en famille, « garantie d’une grande confiance », les trois frères, très complémentaires, planchent sur les versions anglaise et allemande afin de se tourner vers l’Angleterre, les Pays-Bas et l’Espagne… EP www.giteo.com
Un nouveau réseau social made in Tours R
écompensé par le concours « Graines de Boss » relayé sur M6 et primé par la Jeune chambre économique d’Indre-et-Loire, le réseau social BuzzleMe, apparu sur le web cet été, est l’invention d’un tourangeau de 26 ans, Julien Dargaisse. Sa start-up Buzzle SAS – qui héberge cet outil –, née en 2010 avec le soutien du réseau Entreprendre, quitte l’incubateur de l’Escem pour prendre son envol dans de nouveaux locaux à Tours. « Nous sommes cinq salariés, tous intéressés à la réussite de l’entreprise. J’ai obtenu des prêts d’honneur, mais nous cherchons à lever 500 000 € de fonds », explique le jeune pdg, qui espère compter dix salariés d’ici à fin 2012. À l’origine de cette web success story, le diplômé de l’Escem a imaginé un service de recrutement basé sur des entretiens vidéo différés. « Je cherchais à me démarquer à diplôme égal et j’ai eu l’idée de ce
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CV interactif ». À travers un jeu de questions-réponses chronométrées face à une webcam, l’employeur se forge une véritable idée du savoir-être et de la motivation du candidat. « Le web a facilité l’acte de candidature, mais la démarche n’est pas qualitative, les entreprises étant submergées de CV. Avec notre outil, l’employeur choisit ses questions, tandis que le candidat apprend à mieux communiquer, à se vendre », explique Julien Dargaisse, qui souhaite proposer
d’autres services. « À l’instar d’un i-phone, BuzzleMe pourra s’enrichir d’autres applications », souligne l’entrepreneur, qui vise une clientèle française mais aussi internationale. « Nous travaillons avec l’université de Monterrey au Mexique qui utilise notre outil comme formation à l’insertion. Les étudiants se testent en entretien virtuel ». La petite start-up made in Tours pourrait rapidement étendre sa toile… EP www.buzzle.me
Une cantine numérique à Tours Après Paris, Nantes, Rennes et Toulouse, le concept de « cantine numérique » arrive à Tours, grâce à l’association Palo Altours, composée des entreprises locales BuzzleMe, Anov Agency et Gomès Brothers. Objectif : proposer un espace de travail partagé permettant aux web entrepreneurs de se rassembler dans un même lieu pour échanger, partager, voire unir leurs compétences. En cette rentrée, cet espace de co-working doit ouvrir sur 230 m2 au premier étage de la pépinière d’entreprises de Tour(s)Plus au Sanitas.
Aérowatt convole avec JMB Energies Le producteur orléanais d’énergie verte Aérowatt a choisi de se rapprocher de son confrère languedocien JMB Energies. Le nouvel ensemble réalisera plus de 60 M€ de CA.
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près avoir rompu les discussions engagées cet hiver avec le suisse Kleinkraftwerk Birseck (KKB), le producteur d’énergie verte orléanais Aérowatt est entré en discussions exclusives avec le languedocien JMB Energies à la mi-juillet. Les négociations ont été rondement menées puisque la direction de l’entreprise installée à Villeneuve-lès-Béziers (34) a annoncé, le 1er août qui suivait, la signature d’un protocole de rachat : JMB Energies a été fondé en 2001 par Jean-Marc Bouchet qui disposait déjà d’une expérience d’une vingtaine d’années dans le secteur des énergies renouvelables. Les trois principaux actionnaires d’Aérowatt (Demeter Partners, Omnes Capital et Viveris Management, avec respectivement 25,76 %, 18,27 % et 21,22 % du capital) ont accepté de
céder leur participation au prix de 18 € par action. L’opération sera financée par un crédit vendeur d’une durée maximum de deux ans. Cette cession dépend de l’accord des banques qui devait être obtenu avant le 14 septembre, après le bouclage de cette édition. Une fois levée cette condition suspensive, JMB Energies rachètera le flottant d’Aérowatt dans le cadre d’une OPAS (offre publique d’achat simplifiée), également sur la base de 18 € par action émise. Le rapprochement des deux sociétés donnera naissance à une entité exploitant 300 MW (y compris les centrales en cours de construction) et réalisant un CA de plus de 60 M€ dans l’éolien, le solaire, la biomasse et l’hydraulique. Selon Jérôme Billerey, président du directoire d’Aérowatt, cette opération de « consolidation »
des deux producteurs va donner naissance « au premier acteur indépendant dans le domaine des énergies renouvelables, si l’on excepte les grosses entreprises comme EDF ».
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Commerce
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Economie
Transports
Les routiers en ont assez d’être sympas Face aux nouvelles taxes et règlementations, surcharges pondérales pour des poids lourds confrontés à d’importantes difficultés, les syndicats du transport se sont unis pour tirer la sonnette d’alarme.
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n proie à d’importantes difficultés qui menacent les 1 350 établissements et 28 000 salariés de la région Centre, le secteur du transport routier se mobilise. Le 19 juillet, l’ensemble des professionnels – tous syndicats confondus – se sont réunis à Paris afin d’exprimer auprès des pouvoirs publics « une anxiété commune ». « Face à l’ensemble des nouvelles réglementations et charges supplémentaires qui pèsent sur nos entreprises et ses emplois, nous allons droit dans le mur. Il faut trouver d’urgence des solutions avec notre ministère », s’alarme Laurent Fesneau, co-président de TLF Centre et dirigeant de Transactiv, société de transport et de logistique implantée à St-Jean-de-Braye (2 M€ de CA, 13 salariés). Secteurs sévèrement impactés par la crise, le transport et la logistique peinent à se redresser et craignent de plier complètement sous le poids des nouvelles charges et taxes. En première ligne de mire, le démantèlement de la loi TEPA risque de fragiliser les emplois dans un secteur où les heures supplémentaires sont légion. « Ce changement aura un impact de près de 1 100 à 3 000 E par an, ce qui
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fera perdre 100 E sur chaque bulletin de paye à nos salariés », souligne Laurent Fesneau, qui rappelle que la profession réalise une marge de 0,75 à 1,5 %. « Les autres transporteurs font jusqu’à 300 heures de plus. Nous serons forcément plus chers que nos homologues européens .» La course à la compétitivité semble compromise. D’autant que la libéralisation totale du cabotage, prévue en 2013 – faculté pour un transporteur européen de réaliser un transport intérieur dans un
véritable casse-tête pour les dirigeants des entreprises de transport. « Le boîtier installé à bord de chaque véhicule comptabilisera les kilomètres effectués sur le réseau routier non concédé, or nous avons parfois jusqu’à 30 commandes différentes dans le même camion. Cette taxe va requérir un investissement important en gestion et nous fait craindre des contentieux avec nos clients », s’insurge Laurent Fesneau, qui rappelle que cette taxe, qui doit générer 1,3 Md€ par an, re-
LA MISE EN PLACE DU PRÉLÈVEMENT DE LA TAXE POIDS LOURDS COÛTERA 300 M€ PAR AN ” autre Etat que celui où il a son siège social – permettra aux transporteurs européens de charger et décharger en France, dans les mêmes conditions que les entreprises françaises, à des coûts souvent moindres. Par ailleurs, les conditions de mise en circulation du 44 tonnes – contre 40 tonnes précédemment – engendrent des coûts supplémentaires (essence, temps de chargement, usure des véhicules…) qui tendent un peu plus le rapport de force entre chargeurs et transporteurs, au détriment de ces derniers. « Et la menace sur les allègements Fillon risque d’impacter le coût du conducteur », ajoute le président de TLF Centre qui rappelle que la masse salariale représente 40 % du coût d’une prestation de transport. Enfin, la mise en œuvre de la taxe poids lourds, prévue au 1er juillet 2013 sur toute la France, ressemble déjà à un
quiert un investissement de 300 M€ pour la mise en place de ce système de prélèvement. « Nous ne sommes pas contre le report modal, mais il faut des investissements dans le ferroviaire afin d’offrir plus de flexibilité à nos clients », ajoute-t-il. Mise en place dans le cadre du Grenelle de l’environnement, cette taxe vise le report du transport routier vers d’autres modes (avion, bateau, fret), alors que 80 % des marchandises circulent à moins de 150 km de leur lieu d’expédition. « L’ensemble de ces réglementations compliquent les relations avec nos clients et nos salariés. Tout le secteur souffre et, cette fois, tous les syndicats sont unis. Salariés, patrons, nous sommes tous dans le même bateau », conclut Laurent Fesneau qui nous annonce, faute d’avancée significative avec le gouvernement, un automne houleux. Elise Pierre
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Economie
Management
La Génération Y des 18-32 ans, à laquelle on reproche d’être en rupture avec ses aînés dans le monde du travail, constituerait un atout indéniable pour impulser le changement. Quelles visions les entreprises ont-elles de ces jeunes ? Mettent-elles en place des pratiques managériales spécifiques pour les retenir ?
Génération Y, mode L
es 18-32 ans sont-ils des êtres à part, doté d’un mode de fonctionnement propre, ou ces spécificités ne sont-elles qu’une invention des consultants pour vendre des formations dédiées ? On leur reproche d’être rebelles, difficiles à manager, zappeurs… Nés sous l’ère d’internet, cette génération arrive dans l’entreprise en étant plus à l’aise que ses aînés avec les nouvelles technologies et bouscule les pratiques managériales par sa pratique assidue des réseaux sociaux, des mobiles et sa dextérité à mener plusieurs tâches
de front. Le concept, en réalité, a été inventé en 1993 par le magazine Advertising Age pour désigner les jeunes nés entre 1980 et 2000. Si le Y vient pour certains du fil du baladeur sur leur torse, leur principale caractéristique reste d’avoir grandi avec un ordinateur personnel. Appelés aussi « Why », « Yers », ou encore « Digital Natives », cette génération regroupe en France environ 13 millions de personnes, soit près de 21 % de la population française. Selon l’Insee, elle devrait même, d’ici à 2015, représenter 15 % de la popu-
La Génération Y vue du terrain D’après les acteurs régionaux interrogés dans le cadre de l’étude réalisée par l’IAE de Tours, auprès d’un échantillon de 42 dirigeants et DRH issus de 28 PME de la région Centre, les jeunes issus de cette génération cherchent dans leur travail à : • évoluer rapidement : 85 % • pouvoir concilier un équilibre vie professionnelle/vie personnelle : 83 % • s’épanouir dans le travail : 66 % • être mobile pour éviter toute routine : 60 % • avoir une qualité de vie au travail : 55 % Avec des divergences selon les fonctions : • les représentants du personnel citent en premier : « qualité de vie au travail », puis « conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle » • les DRH : « recherche de mobilité » • les managers : « volonté d’évoluer rapidement » Contrairement aux idées reçues, la valeur travail est toujours présente mais le rapport à l’entreprise et à l’emploi est modifié. Aujourd’hui, cette génération cherche à relever des défis et est stimulée par un environnement où l’apprentissage et le développement des compétences sont essentiels. Résultats complets sur : www.reseaucompetences.fr/y-vu-du-terrain
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lation européenne et 40 % des actifs en France. Les entreprises doivent donc nécessairement apprendre à composer avec cette génération, porteuse de compétences clés pour leur avenir et leur performance. Selon l’étude réalisée par l’IAE de Tours sur la perception de cette génération (voir encadré), les dirigeants interrogés estiment devoir repenser leur organisation, leurs méthodes de management ainsi que leurs pratiques de gestion des compétences, tant ces jeunes collaborateurs bousculent la culture d’entreprise traditionnelle. 50 % des dirigeants sont « attentifs », conscients qu’il existe des particularités générationnelles et attendent des outils, 30 % sont « convaincus » et ont déjà adopté des outils de management adaptés à cette génération, 10 % ont même une démarche originale et enfin 10 % restent « sceptiques », ne voyant aucune particularité dans le management de ces jeunes. « Pour la communauté des enseignants chercheurs, ce concept de génération Y est une invention de consultant, mais sur le terrain, on constate un réel phénomène, qui n’est pas uniquement lié au critère d’âge », relativise Franck Brillet, directeur adjoint du laboratoire de recherche en management (Cermat) responsable de l’étude, qui préfère le terme de « cohorte » ou de « groupe ».
d’emploi Leurs principales caractéristiques ? « Cette appétence pour les nouvelles technologies et un rapport différent à l’autorité, au temps et à l’espace. La hiérarchie n’a plus le même statut, ce sont les compétences qui priment et qui génèrent pour eux le respect. Cette génération est paradoxale : elle se montre impatiente mais aussi capable de persévérance. L’immédiateté l’habite mais si on lui propose un parcours dynamique et évolutif, elle s’investira sur le long terme », résume Franck Brillet. Parmi les termes régulièrement énoncés par les acteurs interrogés, on retrouve les leitmotiv « liberté », « transparence », « mobilité » et « équilibre vie professionnelle et vie privée ». Au cabinet de conseil et d’ingénierie Néodyme à Joué-lès-Tours (37), où la moyenne d’âge est de 32 ans, le dg Philippe Lebot a appris à composer avec les particularités de ces « Yers »: « Ils sont connectés en permanence via les réseaux sociaux et on ne peut les couper de leurs outils. Nous avons dû les sensibiliser à l’importance de la confidentialité de leurs missions pour parer à toute fuite. A contrario, nous veillons à préserver l’équilibre entre vie professionnelle
et vie privée, condition inhérente à leur motivation. Car s’ils se sentent intéressés par le projet de la société, ils seront prêts à s’impliquer fortement. Tant qu’ils restent sérieux, nous avons décidé de nous adapter et d’entretenir la convivialité dans l’entreprise ! ». Organisation
portement avec un discours fort qui porte sur les valeurs afin qu’ils se sentent reconnus individuellement et qu’ils soient fiers de l’entreprise dont ils font partie », témoigne Christel Robineau, directrice des ressources humaines à la laiterie St-Denis-del’Hôtel, qui semble avoir saisi le
CETTE GÉNÉRATION EST PARADOXALE : ELLE SE MONTRE IMPATIENTE MAIS AUSSI CAPABLE DE PERSÉVÉRANCE ” de fêtes, sorties entre collègues avec les conjoints, principaux matches retransmis dans la salle de pause, participation à des compétitions sportives… « Nous avons également cinq salariés en télétravail », complète le dg. Selon la même étude, d’autres dirigeants, à l’instar de Philippe Lebot, ont recherché une organisation plus flexible, fondée sur une démarche compétence, en introduisant le travail à distance et en développant le niveau de responsabilisation des salariés sur leurs postes. « L’enjeu est de comprendre cette génération et d’adapter notre com-
caractère à la fois individualiste et communautaire de ces jeunes. « Toute la difficulté est d’identifier dans le collectif la part de l’individu », confirme Franck Brillet. D’où l’importance du rôle du manager de proximité, qui doit avoir adopté une approche individualisée des salariés tout en encadrant des équipes très mixtes, tant par l’âge que les compétences. « L’essence même du management est de s’adapter à cette génération et de faire preuve d’empathie », rappelle Fabien Boutard, directeur de Boutard SA, en accord avec l’ensemble des acteurs interroLa Lettre Valloire - Septembre 2012 35
Economie
Management
gés qui définissent le management de cette génération par les termes « confiance », « écoute » et « sens ». « Si leur attitude peut parfois nous choquer ou nous déstabiliser, il faut savoir se remettre en question et être très à l’écoute pour leur apporter un maximum d’informations et des projets précis. Parfois, il suffit de redonner des règles simples de savoirêtre comme dire bonjour, raccrocher son téléphone… », souligne Christel Robineau, néanmoins surprise de
voir certains jeunes demander dès le premier jour leur congés payés. Les membres de la direction de la laiterie ont été sensibilisés aux problématiques liées à cette génération et suivront une formation en octobre prochain. « Ce premier atelier avait été plébiscité, car s’il faut savoir encadrer ces jeunes w entraver leur liberté, inversans sement les managers plus anciens doivent apprendre à dire à ces jeunes « merci », « c’est bien », ajoute la DRH, pour qui cette diversité de profils est une chance. Car si le management des Yers requiert parfois certaines adaptations, en retour, ceux-ci recèlent de nombreux atouts pour l’entreprise. « Dans le cadre de l’apprentissage, voir un ancien travailler avec un jeune est une expérience payante pour les deux parties. Ces jeunes sont le potentiel de l’entreprise, c’est pourquoi il fait soigner nos modes de communication, dès leurs journées d’intégration. Nous n’avons qu’une occasion de faire bonne impres-
sion ! », ajoute Christel Robineau. D’autant que leur tendance au « zapping » et à l’immédiateté les rendrait impatients vis à vis des perspectives d’évolution professionnelle… « Ils souhaitent accéder très rapidement à des responsabilités et ne comprennent pas forcément qu’ils doivent d’abord faire leurs preuves. Il faut les aider à avoir cette vision à plus long terme, en utilisant des arguments différents », confirme Ingrid Prieur, consultante RH et gérante du cabinet Abaliud, qui s’étonne des pratiques de ces jeunes lors des processus de recrutement et d’intégration. « SMS à longueur de journée, connexion permanente sur les réseaux sociaux, le téléphone est un prolongement de leur main, pourtant il n’est pas toujours compatible avec le travail, surtout s’il sonne en entretien d’embauche ». Si certaines entreprises ont été jusqu’à installer des détecteurs de téléphone, pour Ingrid Prieur comme pour d’autres dirigeants, « rappeler certaines règles de bon sens suffit souvent, il ne faut
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pas diaboliser cette génération qui a compris beaucoup de choses… ». Chez Neodyme par exemple, Philippe
Lebot se réjouit de leurs grandes capacités d’évolution et de mobilité : « On sent leur volonté d’évoluer
« Besoin de donner du sens à leur travail » Fabien Boutard, 30 ans, directeur de Boutard SA, a intégré de nombreux jeunes pour compenser les départs à la retraite et fait cohabiter deux générations pour lui bien distinctes… « Nous avons dû adapter notre management et notre communication car les jeunes n’ont pas les mêmes attentes que leurs aînés et, en tant que jeune dirigeant, je ne manage pas non plus comme mon père. Il y a un réel écart dans la façon d’être et le rapport à l’entreprise. Là où les plus anciens travaillent de manière systématique sans remettre en cause la hiérarchie, en appliquant les consignes, les jeunes expriment le besoin de donner du sens à leur travail, d’avoir une mission avec des objectifs clairs, d’être davantage soutenus et encadrés. Au final, ils expriment surtout un immense besoin de reconnaissance. Il y a aussi des usages différents des outils de communication, les jeunes préfèrent les messageries instantanées, SMS et réseaux sociaux, des outils parfois mal perçus par la génération X. Avec la génération Y, il faut adopter un management moins patriarcal, plus participatif. Car un jeune qui ne se sent pas impliqué ne sera pas motivé. Or, en tirant la quintessence de leur dynamisme, le jeune aura de grandes capacités de créativité et de productivité. Cela dépasse le clivage entre générations, tout dépend du sens accordé à son travail : certains salariés de 50 ans travaillent et raisonnent comme un jeune de 25, et inversement ! »
rapidement, de partir en mission régulièrement. De plus, ils ont une grande ouverture d’esprit, ils sont à l’écoute. C’est une réelle force pour l’entreprise, afin de développer des projets à l’international ». Même si leur relation au travail reste souvent très différente, le dirigeant croit avant tout en les capacités de ces « Yers »… Même s’ils réservent encore bien des surprises : « Un de nos ingénieurs a répondu par la négative à un rendez-vous à un de nos gros clients industriels parce qu’il avait un déjeuner prévu avec des amis ! », raconte Philippe Lebot, qui a décidé de le prendre avec philosophie. Elise Pierre
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Economie
Chantiers
INDRE-ET-LOIRE L’école Richelieu d’Amboise va être réhabilitée par l’architecte larichois Franck Sémard et sera regroupée avec l’école Rabelais sur le même site pour un coût prévisionnel de 1,66 M€. Le bâtiment ancien de l’école Richelieu sera rénové et un nouveau bâtiment adjacent sur deux niveaux y sera ajouté. Durant les 15 mois de travaux, les classes sont accueillies à Rabelais où un restaurant scolaire de 80 m² sera livré pour la rentrée prochaine pour un coût de 56 000 €.
CHER Le centre nautique de Bourges sera réaménagé d’ici à janvier 2013 pour un coût de 8,81 M€. Outre la rénovation des bâtiments (vestiaires, salles…), le centre sera équipé d’un bassin extérieur de 50 mètres en inox, utilisable même l’hiver.
EURE-ET-LOIR La mairie de Margon fait peau neuve pour un coût d’environ 3,6 M€. Le projet prévoit l’extension de l’actuel hôtel de ville, la réhabilitation de l’espace devant la mairie en un bâtiment de 130 m² et la construction d’une halle vitrée de 320 m², qui pourra accueillir diverses manifestations. La livraison de l’extension et de la halle est prévue pour juin 2013.
Chartres investit près de 2 M€ afin de construire à proximité de l’avenue François-Mitterrand la nouvelle Maison pour Tous (MPT) de Beaulieu. La livraison du complexe de 600 m² est prévue au premier trimestre 2014. Châteaudun a alloué 305 607 € à la démolition et 115 000 € au désamiantage du bâtiment du Lieutenant-Beau et de l’école primaire Pergaud. Le chantier confié à SN TTC d’Amilly permettra la construction de 32 logements à l’issue des trois mois de démolition.
INDRE-ET-LOIRE Bouygues Immobilier construit un ensemble résidentiel de 80 logements sur 5 000 m² répartis en deux bâtiments, avenue du Général-Niessel à Tours, en lieu et place de l’ancien hôtel Alliance. La livraison est prévue au 1er trimestre 2014. La réhabilitation du hangar ZI des Grands-Mortiers, à St-Pierredes-Corps, qui accueillera sur 2 600 m² le pôle des arts urbains (Polau) et la compagnie Off d’ici au printemps 2014, sera réalisée avec un budget de 2,8 M€ par
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l’architecte Patrick Bouchain, désigné par Tour(s) Plus.
LOIR-ET-CHER L’Ehpad de Mondoubleau va être rénové. La 1 ère étape des travaux (construction d’un nouveau bâtiment) s’achèvera en 2013. La 2e étape, d’août 2013 à octobre 2014, concernera la rénovation de plusieurs bâtiments existants et la construction d’un Upad. La dernière étape, de 2014 à 2015, sera dédiée à la destruction du bâtiment des Sœurs et la construction du pôle administratif.
LOIRET
Un immeuble de bureaux de 5200 m² (4 niveaux) va voir le jour dans le quartier Bourgogne, sur la friche de l’îlot Calvin, à Orléans. Il accueillera les bu-
reaux du Conseil régional. Les travaux débuteront en septembre, pour une livraison fin 2013. La municipalité de Malesherbes vient de dévoiler son projet de complexe sportif d’un montant de 10 M€. Il comprendra une salle multisports, plusieurs salles dédiées (gymnastique, danse, tennis de table…), un dojo, deux courts de tennis couverts et deux en extérieur ainsi qu’un stand de tir. La construction débuterait en 2013 pour une livraison prévue au printemps 2016. La municipalité de St-Jean-deBraye a voté la révision simplifiée de son PLU concernant l’ex-site IBM (25 ha répartis entre St-Jeande-Braye et Combleux, qui travaille actuellement à l’élaboration de son PLU). Le projet prévoit la réalisation de 520 logements sur le secteur de Bionne-SteMarie au sein d’un écoquartier. Un permis de construire a été déposé pour la construction d’un centre commercial Leclerc d’environ 900 m² à Malesherbes, rue Vauluizard. Pour permettre l’entrée au site, la création d’un rond-point sera nécessaire.
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La Thaïlande, le pays tout sourire La Thaïlande, au cœur de l’Asie du sud-est, est un pays avenant et étonnant, qu’on ne se lasse pas de (re)visiter. À chacun de choisir son style de voyage dans ce pays où, disent les Thaï, se « vit la variété ». 54-56
Tourisme, cap sur le luxe Suites luxueuses taillées dans le tuffeau, campings transformés en resorts équipés de spa… Si les étoiles semblaient l’apanage des Relais et Châteaux et autres lieux de prestige, de nombreux établissements rivalisent d’ingéniosité pour proposer une offre toujours plus haut de gamme… 57
La petite reine séduit la vallée des rois Les itinéraires de la Loire à Vélo connaissent un véritable succès. Et les retombées économiques sont réelles pour la région.
Escapades
Ailleurs
La Thaïlande le pays tout La Thaïlande, au cœur de l’Asie du sud-est, est un pays avenant et étonnant, qu’on ne se lasse pas de (re)visiter. Rares sont, en effet, les destinations qui offrent autant de dépaysement : temples bouddhistes grandioses, villes et marchés animés, jungles et plaines verdoyantes, fleuves et rivières majestueux, plages et îles de rêve… À chacun de choisir son style de voyage dans ce pays où, disent les Thaï, se « vit la variété ».
O
ubliez les clichés qui peuvent réfréner votre envie d’y aller. Si la Thaïlande combat toujours ses fléaux (drogue, contrefaçon, prostitution) et que certaines cités balnéaires sont envahies de touristes plus soucieux de s’éclater « en boîte » que de goûter le charme de ce pays de 70 millions d’habitants et 514 000 km², la Thaïlande demeure l’un des rares endroits de cette planète – avec la France, il est vrai – à découvrir absolument. Offrant des paysages variés tous plus somptueux, la Thaïlande est susceptible de contenter les visiteurs les plus exigeants… À condition d’y effectuer deux séjours, si possible : l’un pour faire un circuit du sud au
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nord de Bangkok à Chiang Saen, l’autre pour « farnienter » ou plonger sur les côtes et îles de la mer d’Andaman (l’Océan indien) ou du Golfe de Thaïlande (la Mer de Chine), de part et d’autre de la péninsule sud du pays, en forme de trompe d’éléphant. Si l’envie légitime vous prend d’aller vous ressourcer en cet ancien royaume du Siam, seul pays d’Asie du sudest à ne jamais avoir été colonisé, adoptez la zen attitude propre au bouddhisme (religion de 95 % des Thaï). Prenez le temps d’en savourer l’atmosphère envoûtante et d’y flâner au contact d’une population souriante. Refusez les circuits au pas de course. Contentez-vous, en conséquence, de ne voir que les « must » afin de réussir votre séjour. à Bangkok (10 millions d’habitants), il ne faut évidemment pas manquer la visite, éprouvante par forte chaleur, du Grand Palais : 218 000 m²
sourire d’édifices tous plus clinquants et brillants les uns que les autres, en particulier le Temple du Bouddha d’émeraude, le Wat Phra Keo, qui abrite une petite statuette de Bouddha, la plus vénérée du pays, en jade vert. Autre Bouddha incontournable, le Bouddha couché du Wat Pho, le plus grand de Thaïlande (46 m de long, 15 m de haut), entièrement recouvert de feuilles d’or. Le temple qui l’héberge mérite également la visite pour ses deux pavillons de médecine et ses plaques de marbre sur lesquelles figurent le corps humain et l’ensemble des points de massage ou de traitement aptes à le soulager de tous ses maux. Bangkok, « Venise de l’Orient »,
se visite aussi au fil de l’eau, sur la rivière Chao
Phraya et ses canaux, les klongs, à bord d’un « longue-queue » (long tail boat). A 100 km de la capitale, le marché flottant de Damnoen Saduak fait figure de véritable carte postale de l’Asie, avec son ballet exotique de pirogues remplies de fruits, légumes, poissons séchés et autres produits, qui se croisent en se frôlant. Pour éviter l’afflux de touristes, mieux vaut y arriver tôt le matin pour en prendre plein les yeux, ce qui permet ensuite de mettre tranquillement le cap sur Kanchanaburi. Y coule, au cœur d’un paysage de jungle et de vallons escarpés, la rivière Kwaï, célèbre pour le pont et « la voie ferrée de la mort » construits sous le joug japonais par 330 000 prisonniers occidentaux et travailleurs asiatiques durant la Seconde guerre mondiale. Le voyage classique en Thaïlande remonte ensuite vers le nord en passant par une ancienne capitale du Siam, fondée en 1350, Ayutthaya. On y visite le Wat Phanang Choeng, un temple qui abrite un vénéré Bouddha assis de 19 mètres, et le Wat Yai Chai
PRATIQUE • Décalage horaire : + 5 heures avec la France en été et + 6 heures en hiver. • Climat : tropical et humide en général. Temps chaud et plus sec de novembre à mai, puis averses fréquentes de juin à octobre. Il peut pleuvoir de juin à octobre sur Phuket (côte ouest, sur l’Océan indien) et d’octobre à janvier sur le Golfe de Thaïlande. • Formalités : passeport valable six mois après la date du retour ; pas de visa pour un séjour de moins de 30 jours. • Monnaie : le baht (0,025 €). 1 € = 40 B. • Santé : aucun vaccin obligatoire. Les répulsifs anti-moustiques sont recommandés, voire un traitement médicamenteux contre le paludisme si vous devez séjourner en camp de toile, en pleine nature, en zone forestière en particulier. • En savoir plus : Office national du tourisme de Thaïlande – Site : www.tourismethaifr.com • Shopping : Partez avec un sac léger, car tout est très bon marché. Aux objets interdits, de contrefaçon, préférez ramener les sculptures en bois, les coffrets en nacre ou en laque, les bijoux artisanaux ou en pierres semi-précieuses, la porcelaine, les vêtements, ainsi que les orchidées, spécialement emballées pour supporter le voyage du retour. Certains profitent même du voyage pour se faire confectionner un costume trois pièces ou une robe de cérémonie sur mesure, tant les vêtements sont de bonne facture (soie, coton de qualité…) à des prix défiant toute concurrence.
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Escapades
Ailleurs
S’Y RENDRE Club Med (www.clubmed.fr) Nouvelles Frontières (www.nouvelles-frontières.fr) Thomas Cook (www.thomascook.fr) Transat (www.vacancestransat.fr) Syltours (www.syltours.fr), etc. Les vols durent un peu plus de 11 heures (9 500 km de Paris à Bangkok). Certains sont directs au départ de Roissy, mais la plupart des voyagistes proposent des trajets avec escale à Colombo (Sri Lanka) ou aux Emirats Arabes Unis (Abu Dhabi).
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Mongkhon, où se situe l’un des plus grands « chedi » ou « stupa » (monuments coniques censés recéler des reliques de Bouddha) de l’ex-cité royale. Ayutthaya se parcourt, elle aussi, à bord de longue-queue, sur les rivières Chao Phraya et Pasak, histoire d’admirer les maisons sur pilotis et de croiser les grands varans qui se prélassent sur les berges. Les amateurs d’animaux, justement, sont servis en arrivant à Lopburi (à 90 km au nord d’Ayutthaya), une ville dans laquelle déambulent des centaines de macaques, près des ruines du Prang Sam Yot, un antique temple khmer, et du San Phra Kan, un sanctuaire dédié à Kala, le dieu hindou du Temps et de la Mort…
Toujours plus au nord, après une étape éventuelle à Phitsanulok, où les voyagistes vous incitent à déguster des insectes grillés arrosés à l’alcool de riz, le soir, et à aller faire des offrandes aux bonzes, dès potronminet, sur les marchés, il faut impérativement visiter un autre prestigieux haut-lieu historique : Sukhotaï. De cette première capitale du Siam, fondée en 1238, subsistent nombre de vestiges inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco : une trentaine de temples (notamment le Wat Mahathat), chedi, Bouddhas et autres monastères logés dans un magnifique et verdoyant parc de 70 km², dont on peut faire le tour en char à bœufs ou à bicyclette.
Wat Arun Temple à Bangkok.
Chiang Mai, à 700 km au nord de Bangkok, est la capitale d’une belle région de forêts et de montagnes. On y fait halte notamment pour faire ses emplettes en tuk-tuk (tricycle motorisé) ou en cyclo-pousse sur le marché de nuit, plutôt que dans les centres artisanaux, véritables attrapetouristes sans âme que les tours opérateurs s’évertuent, hélas, à inscrire dans leurs programmes... On peut s’y offrir, dans un institut réputé et pour une vingtaine d’euros, un massage digne de ce nom, thérapeutique et relaxant, de deux heures. On y visite aussi, à 16 km au nordouest de la ville, le Wat Phra Doi Suthep perché à plus de 1000 mètres d’altitude. Ce site empreint de spiri-
tualité vaut pour l’ascension de son escalier de 306 marches et la vision de son superbe chedi doré de 24 m de haut entouré de quatre grands parasols en cuivre. La BIEN CHOISIR SON TREK région de Chiang Mai est À CHIANG MAÏ aussi celle du camp d’éléphants de la vallée de Mae Chiang Maï est le point de Sa, qui propose des balades départ traditionnel des à dos de pachyderme dans «trek », qui permettent, sur une nature généreuse, ainsi une à plusieurs journées, que diverses démonstrations de vivre une aventure avec ces animaux imposants, sportive et humaine inoujadis utilisés pour manier les bliable, en s’enfonçant au cœur de la végétroncs de teck. tation luxuriante des montagnes alentour, à la Le Triangle d’or, ultime mais magique rencontre de sa faune - notamment ses éléphants étape avant le retour en train de nuit - sa flore mais aussi ses habitants. Quelques ethvers Bangkok et l’envol éventuel vers nies (comme les Karen vers la Mae Wang) vivent les plages paradisiaques du sud du encore en autarcie, sans eau ni électricité. Dans pays, offre la possibilité de faire une chacune des cabanes du village cohabitent toutes promenade en pirogue sur le les générations d’une famille, tandis que sous le Mékong, à la jonction de trois fronplancher vivent zébus, cochons et poules... tières : Thaïlande, Birmanie, Laos. Attention aux tours-opérateurs qui proposent des Si l’on ne rencontre plus « packages » permettant en un temps record de guère de trafiquants faire une balade à dos d’éléphants (parfois Chiang d’opium à Chiang drogués), une descente en rafting et la renSaen Saen, au bord du contre avec une minorité ethChiang Maï nique. Il n’est pas rare de deuxième plus long voir un de ces protagofleuve d’Asie, on peut nistes quitter rapidement en revanche aller rendre Sukhotaï sa tenue traditionnelle, Phitsanulok visite à des Akhas, une ethune fois le « show » nie montagnarde originaire THAïLANDE réalisé, pour repartir du Tibet, qui a su préseren scooter voire en ver ses coutumes et son Lopburi 4x4, le téléphone porartisanat, dans la très belle Ayutthaya Damnoen table à l’oreille ! PréféSadak Bangkok campagne de Mae Chan. rez des trek « non touristiques » ou Un circuit digne de ce nom se équitables, qui proposent, sur deux ou fait en dix jours minimum en trois jours, de véritables périples Thaïlande, tant il y a, répétons(bonne condition physique exigée), le, à admirer, à sentir et à savoupar petit groupe, pour rejoindre ces rer, dans ce pays qui vénère villages haut perchés encore préservés. Les minoénormément Bouddha et rités Lahu ou Akha (tibéto-birmans) vivent à des respecte beaucoup son roi, altitudes plus hautes (1 400-1 600 mètres) et ont Rama IX, le plus ancien été moins assimilés par les Thaïs. Evitez les zones souverain régnant du au sud de Chiang Mai (vallée de la Mae Wang et monde, dont le portrait Doi Inthanon) les plus fréquentées (80% des trekest omniprésent, en ville keurs) et privilégiez les zones situées au nord. Si le comme à la campagne. À peine prix du trek est plus élevé, l’aventure est réelrentré en France, on n’a d’ailleurs lement d’une autre envergure. souvent qu’une envie : retourner dès http://mr-whiskytrek.com Elise Pierre que possible au Pays du sourire. Jacques Huguenin
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Escapades
Les touristes visent les Suites luxueuses taillées dans le tuffeau, campings transformés en resorts équipés de spa… Si les étoiles semblaient l’apanage des Relais et Châteaux et autres lieux de prestige, de nombreux établissements rivalisent d’ingéniosité pour proposer une offre toujours plus haut de gamme…
A
l’instar des Bois du Bardelet, devenu en 2012 l’unique camping 5 étoiles du Loiret, les « hébergeurs » de touristes en région Centre, cherchant à attirer et satisfaire toutes les clientèles, adaptent leur offres de court et long séjours afin de proposer des soluNiché au cœur d’une falaise, tions toule manoir des Hautes Roches, à Rochecorbon (37).
jours plus haut de gamme voire luxueuses. A Poilly-lez-Gien (45), sur le domaine de dix-huit hectares des Bois du Bardelet, Béatrice Pigeon peut aujourd’hui héberger jusqu’à 700 vacanciers sur 245 emplacements, alors que ce domaine de vacances avait démarré il y a 40 ans avec la création d’un restaurant, puis d’un noyau de parc résidentiel doté de 45 emplacements de mobil-homes loués à l’année. S’y sont ensuite ajoutés 130 espaces dédiés au camping traditionnel, puis 80 chalets,
bungalows et mobil-homes. Depuis cette année, l’établissement est l’unique camping 5 étoiles du Loiret, grâce à un concept de vacances complet et original, commercialisé par le groupement spécialisé Kawan Villages, qui en fait la promotion à travers son site internet et divers salons. Les Bois du Bardelet disposent ainsi de piscines chauffées intérieures et extérieures, de deux étangs pour la pêche et les loisirs nautiques, se sont enrichis de quinze chalets gîtes de pêche labellisés Gîtes de France. Malgré une baisse de fréquentation (47 000 nuitées en 2011, contre 60000 en 2010), le chiffre d’affaires des Bois du Bardelet se maintient grâce au repositionnement de ses tarifs, mais surtout grâce à ses nouvelles offres de services. « Le domaine joue la carte du haut de gamme, portée par ce slogan :
étoiles « Le luxe si je veux », explique Béatrice Pigeon. Nous avons créé un espace bien-être privatif, avec spa et sauna, loué à l’heure dans un chalet spécifique, et installé des sanitaires privés sur des emplacements de camping-car ». La clientèle se compose de 60 % d’étrangers (Néerlandais, Britanniques, Belges, Danois…) et de 40 % de Français (de plus en plus en court séjour ou weekend), peu attirés par les pays du Maghreb depuis leurs révolutions populaires et séduits par la communication sur les vacances vertes tout confort. C’est une démarche identique que mènent les Alicourts, à Pierrefittesur-Sauldre (41). Ce resort, qui fut le premier camping 5 étoiles de la région, propose en pleine nature solognote une vaste gamme d’hébergements de qualité, composés d’une centaine d’emplacements de camping-caravaning et de 300 chalets, cottages, cabanes ou villas. Côté loisirs, le domaine est doté d’un espace aquatique avec quatre piscines dont une à vagues, d’un golf, une balnéothérapie avec sauna, hammam, bain bouillonnant et banquettes anatomiques, spa, ainsi que des activités de canoë ou pédalo sur le lac. Le domaine ne cesse d’innover pour séduire sa clientèle : il propose cette année deux nouvelles activités, un téléski nautique et un skatepark. « Pour nous, explique Evelyne Boudouin, directrice des Alicourts, le luxe est synonyme d’espaces de balnéothérapie-spa dignes des meilleurs établissements spécialisés, d’hé-
bergement VIP (avec lave-vaisselle, climatisation, deux salles de bain), de personnel disponible pour la clientèle et attentif à ses moindres désirs, et d’un cadre paysager particulièrement agréable ». Pour ceux qui, au camping de luxe, préfèrent l’hébergement « en dur », service compris, les chambres d’hôtes ont tout pour plaire, à l’instar de celles que Nicole et Alain Cloupeau ont rénovées aux Portes du Château, à Valençay (36), un ancien Relais et Châteaux, racheté en 2010 à l’issue de leur vie professionnelle à l’étranger. En avril 2011, ce couple s’est lancé dans un nouveau métier et a redonné tout son lustre à un établissement désormais classé 4 épis Gîtes de France et situé à 50 mètres de l’entrée de l’ancienne demeure de Talleyrand. À l’intérieur, les cinq suites de 35 m² des Portes du Château comportent chacune un salon, une chambre et une grande salle de bain. Les hôtes, une clientèle de week-end en majorité, peuvent également prendre leurs repas en cet auguste lieu qui dispose d’une grande salle à manger (à louer pour des événements ou cérémonies) et d’une belle cour-jardin intérieure. « Notre ambition est de proposer de l’hébergement de qualité à des prix raisonnables (110 € à deux avec petit
POUR EN SAVOIR PLUS… Aux Portes du Château 9, rue du Château - 36600 Valençay Tél. : 02 54 05 18 12 Email : auxportesduchateau@orange.fr Troglododo 9, chemin des Caves – 37190 Azay-le-Rideau Tél. : 02 47 45 31 25 - Site : www.troglododo.fr Les Hautes Roches **** 86, quai de la Loire – 37910 Rochecorbon Tél. : 02 47 52 88 88 Email : hautesroches@relaischateaux.com Site : www.leshautesroches.com Le Domaine des Alicourts ***** 41300 Pierrefitte-sur-Sauldre Tél. : 02 54 88 63 34 Site : www.lesalicourts.com Les Bois du Bardelet ***** Route de Bourges-Poilly-lez-Gien – 45500 Gien Tél. : 02 38 67 47 39 – Site : www.bardelet.com Locaboat Gare d’eau du Pré Gris – 45250 Briare Tél. : 02 38 29 13 14 ou 03 86 91 72 72 Site : www.locaboat.com
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Le tourisme haut de gamme se pratique aussi sur l’eau à bord des « pénichettes » stationnées à Briare (45).
déjeuner) », indique Nicole Cloupeau. L’hôtellerie régionale fait également tout pour charmer les touristes exigeants. Le manoir des Hautes Roches (XVIIIe siècle), à Rochecorbon (37), un Relais et Châteaux situé face au « paysage magique » de la Loire, est ainsi devenu dès 1989 le premier hôtel troglodytique de France. Niché au cœur d’une falaise,
Troglododo
il propose un restaurant gastronomique de belle réputation (1 macaron Michelin), deux chambres installées dans le manoir et douze taillées dans le rocher mais de grand confort. Autrefois cellules monastiques rattachées à l’abbaye de Marmoutier, « ces chambres troglodytiques ne sacrifient en rien aux exigences d’un établissement de luxe 4 étoiles, explique Didier Edon, son directeur et chef de cuisine. Car le tuffeau, roche évoquant un tissu velouté, est un matériau très apprécié pour ses qualités et sa remarquable salubrité. Ses teintes lumineuses participent au parfum d’insolite qui flotte dans les chambres. Et la température, été comme hiver, y est très agréable. Par ailleurs, nous tenons à rester un hôtel à taille humaine, qui privilégie la proximité et l’accueil ». En Val de Loire, le tourisme haut de gamme se pratique aussi sur l’eau, à
devient ***
Cathy et Alain Sarrazin parient également sur le « troglo » haut de gamme pour séduire les touristes. Ils ont créé Troglododo à Azayle-Rideau (37), il y a 17 ans, d’abord sous forme d’un gîte rural, devenu chambres d’hôtes (classées « 3 épis Gîtes de France ») et qui sera au printemps 2013 un hôtel 3 étoiles. Quatre des cinq chambres sont nichées au flanc d’un coteau dominant la vallée de l’Indre, orientées plein sud, et donnent sur une magnifique terrasse fleurie. La cinquième a été aménagée au-dessus de la grange de cette ferme du XVIe siècle. Toutes ont été décorées avec beaucoup de goût et de finesse par Cathy Sarrazin elle-même. Neuf clients de Troglododo sur dix sont français, même si l’établissement, dont le site internet va être traduit en plusieurs langues cette année, est référencé dans de nombreux guides européens. Labellisé « Accueil Loire à Vélo », Troglododo dispose d’un garage à bicyclettes et d’outils pour en faire l’entretien, Alain Sarrazin ayant été réparateur vélo, puis marchand de disques, dans une autre vie. Situé entre les circuits, « L’Indre à Vélo » et « La Loire à Vélo », l’établissement, complet huit mois sur douze, est par ailleurs en train de s’adapter aux besoins des touristes handicapés. D’ici à la saison 2013 seront installés un ascenseur, une chambre spécifique pour handicapé moteur et des équipements dédiés à ce public. « Nous sommes soutenus tant par le Comité départemental du tourisme que par le Comité régional du tourisme Centre Val de Loire », se réjouit Alain Sarrazin.
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bord de ces « pénichettes » stationnées à Briare (45). Ce port de plaisance, rendu célèbre par son PontCanal, à une journée de navigation de Rogny-les-Sept-Écluses et d’autres sites charmants, fait partie des seize bases que gère en France Locaboat. Cette entreprise, créée en 1977, y dispose de 14 pénichettes contre 8 l’an passé et beaucoup plus demain. A l’issue d’une courte et simple initiation au pilotage, il est désormais possible de se mettre à la barre de bateaux de plus en plus luxueux. « La gamme la plus récente est celle des Flying Bridge, précise Claire Perraud-Charousset, responsable commerciale et marketing de Locaboat. Ces pénichettes disposent d’un double pilotage intérieur et extérieur, d’une terrasse au pont supérieur arrière et de trois cabines grand confort avec salle de bain pour trois couples ou une famille avec quatre enfants ». Les Flying Bridge sont, en outre, équipés en wifi et dotés d’une cuisine américaine super aménagée. Leur prix peut atteindre près de 3500 € par semaine en pleine saison. Même si les Français se laissent de plus en plus séduire par cette forme de tourisme naturel, dépaysant et relaxant, 60 % des clients sont étrangers. Il n’est donc pas rare de croiser des Américains, des Argentins, des Australiens, des Néo-Zélandais ou des Sud-Africains sur les quais de Briare. Car s’offrir une semaine de croisière fluviale haut de gamme constitue pour ces visiteurs du bout du monde l’élément-phare du voyage d’une vie ! Jacques Huguenin
La petite reine séduit la vallée des rois Les itinéraires de la Loire à Vélo connaissent un véritable succès. Et les retombées économiques sont réelles pour la région.
S
ept ans après son lancement, l’aménagement de la Loire à Vélo (33 M€ investis par la Région), qui représente 800 km d’itinéraire entre St-Brévin-les-Pins (44) et Cuffy (18) dont 380 km en région Centre, s’achève cette année. En 2011, avec 23,3 millions de
kilomètres parcourus par 789 000 cyclistes (les deux tiers) et randonneurs, les retombées économiques directes ont été évaluées à 15,8 M€ par Inddigo Altermodal : 51 % étaient des touristes, dont 36 % étrangers et,
grande nouveauté, 64 % des itinérants sont français, dont 60 % de ligériens. Pour la première fois également, les touristes à vélo rapportent davantage que les excursionnistes : ils génèrent 96 % des retombées économiques, en dépensant 68 € par jour, un chiffre au-delà des espérances du président du Conseil régional François Bonneau: « Cela confirme qu’il y a un gisement de développement économique. De plus, La Loire à vélo est un vecteur d’identité pour la région Centre ». A l’échelle de la région, les 510 000 cyclistes comptabilisés ont généré près de 10,5 M€ de consommation. Et « ces retombées sont concentrées sur la section la plus ancienne de l’itinéraire, entre Tours et Saumur ». En Indre-et-Loire, les éco-compteurs ont, en effet, comp-
tabilisé 233000 usagers (sur 789 000), dont 41 000 à Montlouis, 67 000 à Tours et 72 000 à Savonnières et 53000 à Candes-St-Martin. L’aménagement de l’itinéraire a représenté un investissement de 50 M€, dont 60 % par les deux Régions. Celles-ci vont désormais assumer à parité le coût du service ferroviaire proposé aux cyclistes sur l’Interloire : 747 900 € HT dédiés à l’aménagement de quatre fourgons spéciaux et 162 274 € au fonctionnement. Si le parcours est désormais achevé, François Bonneau souhaite faire de la Région la première destination du tourisme à vélo de France, en développant notamment les itinéraires complémentaires offrant des détours vers des sites remarquables. À raison puisque, selon la même étude, les retombées pourraient alors atteindre, avec les dépenses générées dans le cadre de ces boucles, 24,4 M€ par an. Elise Pierre
Les Châteaux de la Loire s’affichent dans le métro
P
our la seconde année, du 7 mars au 4 avril 2013, les châteaux de Blois, Chambord et Cheverny s’afficheront dans 420 emplacements du métro parisien, à travers des visuels percutants utilisant le flashcode comme accroche humoristique. Reprenant la célèbre expression « Métro, boulot, dodo », transformée en « châto, vélo, resto », cette campagne a pour objectif de promouvoir les châteaux de la Loire et découvrir les itinéraires de la Loire à Vélo, des Châteaux à Vélo comme l’art de vivre local. Blois s’y inscrit comme porte d’entrée culturelle et touristique sur
la Vallée de la Loire, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Les quatre partenaires – le Château privé de Cheverny (365 000 visiteurs en 2011), le Domaine national de Chambord (780 000 visiteurs), le château Royal de Blois (280 000 visiteurs) et l’Office de tourisme Blois Chambord – ont investi dans cette campagne environ 40 000 €. Le flashcode présent sur les affiches permet d’accéder directement sur son smartphone au site www.blois-chambord.com
pour y retrouver l’agenda de chaque destination, les horaires, les tarifs… et y obtenir des Pass’Châteaux à prix réduits. EP
Carnet RÉGION Le nouveau directeur général de la CCI Centre sera Dominique Bon, qui vient d’occuper durant trois ans le même poste à la CCI de l’Oise. Âgé de 60 ans, Dominique Bon (HEC, Sciences Po, Ena) a dirigé plusieurs entreprises après un début de carrière dans l’administration. Début juillet, Benoît Cuisinier-Raynal avait pourtant donné son accord pour occuper ce poste… avant de se raviser. Il a préféré saisir l’opportunité d’occuper les mêmes fonctions à la CCI Aquitaine, à Bordeaux.
RÉGION Seul à briguer ce mandat, Olivier Renaudeau, président de l’Udel (Medef Loiret), vient d’être élu président du Medef Centre. Il succède à Serge Richard qui occupait cette fonction depuis 2006. Âgé de 62 ans, Olivier Renaudeau est le directeur de la clinique de la ReineBlanche à Orléans et de la polyclinique des Longues-Allées à StJean-de-Braye (45). Gérard Caron est le nouveau président du CIL Val de Loire (90 M€ de ressources financières, 92 salariés), gestionnaire de Valloire Habitat qui regroupe la nouvelle filiale Vallogis, Le Foyer manceau, SICL, Logis Cœur de France et Socogim. Jusqu’alors vice-président, il succède à Jean-François Escudier.
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Denis Aubé, propriétaire et créateur du Super U de St-Père-sur-Loire (45), est le nouveau président de la centrale régionale Ouest du groupe Sys-
tème U. Originaire d’Eure-et-Loir, Denis Aubé a créé le premier magasin U du Loiret en 1991, et est devenu administrateur de Système U Ouest en 1995. Il succède à Yves Petitpas. Eric Rojkoff vient d’être nommé directeur LCL Banque Privée de la région Ouest qui regroupe les Pays
commerciale qui se déploie entre l’hippodrome et le giratoire de la route de Paris.
INDRE-ET-LOIRE
de la Loire, la Bretagne, la BasseNormandie et le Centre. Il succède à Eric Duboscq, en charge du développement commercial. Eric Rojkof a débuté au Crédit Agricole avant d’intégrer en 2001 Amundi, où il était responsable de la relation commerciale. Jonathan Nussbaumer remplace Benjamin Bertrand à la tête du service compétitivité et mutations économiques de la Direction régionale des entreprises (Direccte). Il a travaillé auparavant pour L’Oréal et Somfy. Benjamin Bertrand devient, quant à lui, directeur de cabinet du DGCIS.
EURE-ET-LOIR Philippe Vallas est le nouveau directeur de l’hypermarché Carrefour de Chartres qui doit prochainement déménager sur la zone
La biotech VitamFero, spécialisée dans le développement de vaccins anti-parasitaires, qui dispose d’un établissement secondaire à Tours, vient de nommer Didier Roy au poste de directeur du développement.
LOIR-ET-CHER Maryse Moracchini est la nouvelle secrétaire générale de la préfecture de Loir-et-Cher. Elle succède à Philippe Jamet qui a rejoint le Conseil général de Moselle. Maryse Moracchini a effectué toute sa carrière dans la préfectorale et était sous-préfète de Châtellerault depuis 2010.
La Lettre Valloire, c'est, en avant-première, tout ce qui fait l'essentiel de l'actualité économique, industrielle et politique régionale. Régulièrement, la rédaction vous livre en exclusivité les informations qui vous permettent de prendre de l’avance sur vos concurrents. • les projets d’implantations d’entreprises ; • les programmes d’extension et de développement ; • les faits et gestes politiques ; • les changements de dirigeants ; • les projets et décisions des collectivités territoriales… • les extraits d’annonces légales
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