Point de vue
Recrutement
Les entreprises manquent cruellement de main d’œuvre et ce phénomène fait peser un risque sérieux sur la croissance. Pour répondre aux exigences accrues des salariés, mais aussi pour attirer des profils, les employeurs doivent faire preuve d’imagination : télétravail, parfois obligatoire dans certaines entreprises, semaine de quatre jours, prime de parrainage versée aux salariés qui faciliteraient des embauches… Chez Catoire Semi, à Martizay (Indre), la dirigeante est allée jusqu’à acheter une ancienne ferme pour loger ses salariés. Wilo Intec, à Aubigny-surNère (Cher), n’a pas hésité à s’afficher en 4x3 à Bourges, Vierzon et Gien pour trouver la cinquantaine de collaborateurs qui lui font défaut. La Laiterie de St-Denis-de-l’Hôtel a choisi aussi la voie de l’affichage, qu’elle complète avec des opérations de street marketing.
La crise Covid est passée par là. Mais s’il est clair que le rapport au travail des Français a changé, le pays se rapproche d’une situation de plein emploi inédite, avec un taux de chômage qui dépasse tout de même les 7 %. Pour répondre aux besoins de l’économie, toutes les pistes devront être explorées : la modification des règles de l’assurance-chômage, le report de l’âge légal de départ à la retraite – la France étant largement en queue du peloton européen – et, même si cela ressemble à un vœu pieu, le retour progressif sur le marché de l’emploi de certaines personnes qui en sont aujourd’hui éloignées.
Ce magazine est un hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Édité par MCM Presse - SAS au capital de 100 000 € - RCS Tours B 450 613 591 - Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours - Adresse postale : BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com - Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) - Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) - Aurélie Vouteau (édition) A participé à ce numéro : Johann Galy et Alexandre Ruffier - Maquette : Régis Beaune - Diffusion : Nadine Gomès - Publicité et opérations spéciales : Régie publicitaire LMedia&Co (publicite@lmedia.fr) - Jean-Baptiste Leprince (président), Anne-Sophie Goujon (directrice générale), Emma Bauer, Paul Gauthier, Adam Nadal et Luca Soreau Crédits photographiques : Cyril Chigot : Une, 5, 30, 32, 33 - DR : 5, 6, 7, 8, 10-11, 12, 16, 18, 20, 21, 23, 24, 45, 51, 52, 54, 55, 56, 57, 58 - Didier Goupy/Signatures : 26 - F.Jannin : 28 - Ludovic Letot : 12 - Whoisreno-2374 : 34 - photodepoorter.fr : 36 -Jean-Christophe Savattier : 38, 41, 42, 46, 48 - Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) - Informations légales : Abonnement annuel 2022 (23 numéros + magazines hors-séries) : 385 € - Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 485 € - Prix de ce numéro : 5 € - CPPAP : 0126 I 85872 - ISSN : 2822-7158 - Dépôt légal : Septembre 2022 - Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon.
SOM MAIRE
Septembre 2022
Points chauds
L’actualité du trimestre en bref.
Reportage
Entre démissions et difficultés de recrutement, les entreprises sont en panne de main d’œuvre, faisant peser un risque sur la croissance. Les exigences accrues des salariés obligent les employeurs à faire preuve d’imagination.
Politique
L’inexorable progression du taux d’abstention justifie sans nul doute une « refondation démocratique ». Le danger est qu’à trop gouverner avec le peuple, on risque d’oublier de gouverner pour le peuple.
2234Territoires
Aux côtés du président de Tri 37 et du maire de St-Paterne-Racan, Régine Charvet-Pello (cabinet tourangeau RCP) vient de poser les bases d’une filière tourangelle de rénovation et de réemploi des mobiliers délaissés.
Entreprises
Après une délocalisation de la production en Chine et en Hongrie, All Circuits connaît une croissance spectaculaire, à Meung sur-Loire (45), grâce au boom des voitures électriques.
1021Reportage
Confronté aux difficultés de recrutement de son site d’Aubigny-sur-Nère (18), Wilo Intec a choisi d’afficher ses intentions à Bourges, Vierzon et Gien sur de spectaculaires 4x3.
30
Zoom
À 68 ans, Patrick Barillot a co-fondé en début d’année LoValTech, une startup qui développe un vaccin à instillation nasale contre le virus de la Covid-19. Portrait d’un globe-trotteur de la santé.
40
Entreprises
Après de longues années de disette, il semble que les programmes industriels d’augmentation capacitaire majeurs refassent surface. La collectivité régionale devrait prochainement proposer de nouveaux dispositifs de soutien.
58
En vue
L’actualité des dernières nominations de responsables et acteurs de la vie économique de la région Centre-Val de Loire.
LE CARRÉ
Olivier Marleix
Député d’Eure-et-Loir et président du groupe LR
Il est l’un des seuls rescapés, avec Nicolas Forissier, de l’opération de « grand remplacement » qui a frappé les députés régionaux des Républicains les 12 et 19 juin derniers. Olivier Marleix, élu sans discontinuer depuis 2012 sur la 2e circonscription d’Eure-etLoir, a été porté à la présidence de son groupe parlementaire trois jours après avoir largement triomphé (62,33 % des suffrages exprimés) du RN Aleksandar Nikolic qui visait la députation après avoir manqué, l’an passé, la présidence de la Région.
Fils d’un ancien ministre, Olivier Marleix a baigné dans la politique depuis tout petit. Plutôt Boulogne que Billancourt, commune banlieusarde où il est né il y a 51 ans, le nou veau président du groupe des Républicains à l’Assemblée nationale n’est pas un homme de gauche, ni même de centre-droit. Il a promis qu’il ne se laisserait pas acheter par l’Elysée et que son groupe serait « force de proposition, sans être dans le suivisme ». Ces dernières semaines, il s’est élevé avec force contre le projet de réforme du marché européen de l’électricité. Celui-ci, selon lui, devrait tout aux propositions alle mandes et aurait été avalisé par Emmanuel Macron au mépris des inté rêts français.
CHU DE TOURS CHERCHE MÉDECINS…
Quand Orléans aura créé son CHU, il lui sera difficile d’aller puiser dans les ré serves de collaborateurs de son voisin de Tours. Selon Le Canard enchaîné, le CHU tourangeau envisage d’envoyer ses patients de neurochirurgie se faire opérer ailleurs, faute d’anesthé sistes sur place.
« Toutes les démarches en visageables sont actuellement menées pour trouver des solutions », explique la directrice générale MarieNoëlle Gerain-Breuzard. Les difficultés sont réelles pour
« les nuits, week-ends et jours fériés » des blocs opé ratoires en « neurochirurgie, ORL, urologie, ophtalmolo gie, obstétrique et chirurgie gynécologique » . Les urgences sont également engorgées, avec 150 à 180 passages par jour.
Le manque de personnel se fait criant selon l’aveu même de la directrice générale qui annonçait au début de l’été un taux d’abstentéisme de 12,5 %. Dans certains services, elle indiquait même que 35 % des effectifs étaient absents.
… ET ORLÉANS PROMET
SON CHU À NOËL
Débordant d’optimisme, le président de l’université d’Orléans Éric Blond annonce la transformation du centre hospitalier régional (CHR) d’Orléans en CHU… avant Noël. Ignorant manifestement la galère des Tourangeaux pour recruter des médecins (lire ci-dessus), il dit « travailler sur les deuxième et troisième années –la première, dite PASS, vient d’ouvrir – et sur le recrutement d’hospitalouniversitaires ».
Mais la réalité de l’hôpital d’Orléans, régulièrement décrite par les médias et
tout récemment par Le Monde, semble tout autre. Les démissions se succèdent et certains services, notamment les urgences, sont au bord de l’apoplexie. Au printemps, le quotidien indiquait que « 90 % des infirmiers et des aidessoignants des urgences étaient en arrêt maladie ». L’hôpital du quartier de la Source ne maintenait l’activité qu’avec le recours aux infirmiers et aidessoignants d’autres services et au « pool » de remplaçants.
UN TRAM EN OR
Comme nous le pressentions au printemps, les élus tourangeaux ont remis en selle l’idée de faire passer la seconde ligne de tram par le boulevard Jean Royer, hypothèse qui semblait pourtant totalement écartée il y a encore un an. Le tracé initialement retenu, qui empruntait le mail du boulevard Béranger, n’a pas résisté à la controverse sur les racines des vénérables platanes qui ornent
L’ŒIL DE MOSCOU
Maurice Leroy, l’ex-Momo du 41 devenu directeur général adjoint de MosinzhProekt, la société en charge de l’aménagement du Grand Moscou, garde toujours un œil sur « son » département. Titillé par le couple Gricourt-Degruelle au sujet de la participation du conseil départemental qu’il présidait alors au financement du Jeu de Paume, la salle qui abrite le club de basket-ball de Blois, l’ancien élu rétorque vertement : « Qu’ils arrêtent de s’essuyer les pieds à bon compte sur moi (…) La vérité, c’est que nous aurions dû donner zéro, mais nous avons pu trouver un moyen de participer au projet ». Dénonçant un « faux procès stalinien », celui qui se donne désormais du « Momoscovite », envoie aussi un missile à son successeur Philippe Gouet, accusé de tenir des déclarations « hâtives ». L’actuel président du Département avait déploré « une aide ridicule » de sa collectivité au financement du Jeu de Paume
cette artère centenaire. La hache de guerre déterrée par le président de la Métropole Frédéric Augis et le maire écologiste de Tours Emmanuel Denis a même été remisée, le temps de s’accorder sur ce changement de cap. Pas sûr que le contribuable tourangeau s’y retrouve. L’exsocialiste Christian Gatard, devenu grand argentier de la Métropole, a prévenu : initialement évaluée à 470 M€, la facture de cette ligne de 15 km devrait avoisiner les 570 M€, soit 38 M€ par kilomètre. Et ce ne sont pas les 14 intersections du boulevard Jean Royer, lui aussi bordé d’arbres, qui risquent d’alléger la note.
INGRATITUDE
Battu au 1er tour des dernières élections législatives, le député sortant de la 3e circonscription de Loir-et-Cher Pascal Brindeau a démissionné le 28 juin de ses mandats de conseiller municipal de Vendôme et de conseiller communautaire. À tout juste 48 ans,
celui qui fut suppléant de Maurice Leroy – qu’il remplaca à deux reprises à l’Assemblée nationale, en 2010, puis en 2019 – maire de Vendôme et président de la communauté d’agglomération Territoires Vendômois, se serait bien vu reprendre la présidence de cette dernière. Mais il se dit mezzo voce que la perspective de son retour n’aurait pas soulevé un enthousiasme débordant chez ses anciens amis, dont certains lui doivent leur fauteuil. Ingratitude, quand tu nous tiens….
TWEETS AGAIN
D’Olivier Marleix, député LR de la 2e circonscription d’Eure-et-Loir, après son élection à la présidence de son groupe à l’Assemblée nationale : « Je ne suis pas là pour me laisser corrompre. Je suis là pour faire avancer les choses non pour moi mais pour les Français. »
De Philippe Moisson, maire DVD de St-Loup-des-Chaumes et président de l’association des maires du Cher : « On demande aux maires d’être gestionnaires, directeurs des ressources humaines, médiateurs, officiers d’état civil, officiers de police judiciaire, etc. Nous sommes les couteaux suisses de la République. »
De Catherine Menguy, adjointe EELV au maire de Bourges en charge de la transition écologique, à qui on reprochait de ne pas avoir félicité les députés du Cher élus au nom de la majorité présidentielle : « Je revendique le fait d’être mal élevée, surtout quand c’est pour une chose que j’ai du mal à intégrer. »
De Philippe Vigier, député MoDem de la 4e circonscription d’Eure-etLoir, après le scrutin des 12 et 19 juin : « Cette situation inédite signe le retour du parlementarisme. Elle conforte l’Assemblée nationale et le Sénat. C’est une bonne nouvelle, une belle nouvelle : oui, le Parlement est de retour. »
De Serge Grouard, maire d’Orléans et candidat à la présidence des Républicains, à propos d’un projet d’alliance des droites : « Créer une Nupes de droite serait la mort assurée pour LR. Nous en avons la démonstration avec ce qu’est devenu le PS dans la Nupes de gauche. »
De Jean-Pierre Gorges, maire de Chartres, apportant son soutien au maire d’Orléans Serge Grouard, candidat à la présidence des Républicains, lors d’une visite de ce dernier à Chartres : « A l’époque, en 2001, Chirac nous appelait les chevaux légers. ».
CRÈME
Les deux enseignants montargois qui avaient aspergé de crème chantilly l’an cien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer ont été condamnés par le tribunal de leur ville à 300 € d’amende chacun, sans inscription au casier judiciaire. Le procureur de la République avait requis une amende de 1 000 € et un stage de citoyenneté. Les deux prévenus, qui feront appel de cette – lourde – décision, ont justifié leur geste par un larmoyant plai doyer pro domo : « Je suis professeur depuis dix-sept ans dans un collège en zone prioritaire. Je gère au quotidien la misère (…) sans moyens », a dit le premier. « Maltraités pendant la crise du Covid, le ministère ne nous pro tégeait pas, nous n’avions pas de masques. J’ai vu la souffrance des collègues », a dit le second. On attend en appel le dénouement de cette comédie de mœurs dont l’ancien ministre n’a pas souhaité honorer le premier acte de sa présence.
DANS LA COURSE
Lancé dans la course à la présidence des Républicains – pour laquelle il lui faudra toutefois réunir 500 signatures de militants, issus de 15 fédérations différentes, et 15 de parlementaires – le maire d’Orléans avait rassemblé samedi 27 août au matin quelque 150 sympathisants dans une salle du centre-ville. Après avoir laissé Nicolas Forissier, Gilles Carrez, Patrick Stéfanini et l’inattendu Yann Moix (celui qui s’est récemment illustré en souhaitant la mort des membres de sa famille, NDLR) chauffer la salle, Serge Grouard est longuement revenu sur son action à la tête de la ville et sur sa capacité à proposer la même chose s’il était appelé à de hautes fonctions nationales, ce qu’un président de parti peut légitimement ambitionner.
D’ici là, il lui faudra se qualifier, puis battre lors du scrutin du mois de décembre Éric Ciotti, Bruno Retailleau et Aurélien Pradié.
BURN OUT !
AMBIGUÏTÉS
Jugé pour harcèlement moral à l’encontre d’une jeune femme, le maire de Lèves (28) Rémi Martial a été condamné par le tribunal de Chartres à six mois de prison avec sursis probatoire et six mois d’inéligibilité avec sursis. À l’issue d’une information judiciaire ouverte en octobre 2020, Rémi Martial, également conseiller départemental (Chartres 3) et vice-président de Chartres Métropole, a bénéficié d’un non-lieu pour deux (agression sexuelle et appels téléphoniques malveillants) des trois chefs d’accusation pour lesquels il avait été mis en examen. L’élu, qui contestait l’ensemble des accusations, avait admis lors de l’audience « un jeu de la séduction avec beaucoup d’incompréhensions et d’ambiguïtés ». Manifestement…
LE DU TRIMESTREBUG
Mercredi 31 août, en sortant de son véhicule stationné sur le parking de sa mairie, William Pelletier, âgé de 72 ans et premier magistrat de Châteauneufsur-Cher (18) depuis vingt-quatre ans, a été frappé au visage par un jeune homme de 19 ans. Avant de lui porter des coups, l’individu a lancé à l’élu : « Tu me reconnais ? ». Résultat : trois points de suture pour refermer une plaie de 3,5 centimètres et une belle frayeur. Inconnu jusqu’alors des services de police, l’auteur des faits a été immédiatement placé en garde à vue et jugé en comparution immédiate le 2 septembre. Il a été condamné à quatre mois de prison avec sursis et 105 heures de travail d’intérêt général. C’est en raison d’une remarque que lui aurait faite cet été le maire lors d’une fête bruyante au camping que le jeune aurait commis cet acte de violence. Ce même vendredi 2 septembre au petit matin, un incendie se déclarait dans le cabinet médical du maire de St-Pierre-des-Corps (37), Emmanuel François. C’était la seconde fois en quelques mois que le lieu de travail du maire, où exerce également son épouse, était la cible d’un acte malveillant : la première, durant la nuit du 7 au 8 mars, le feu déclenché par des cartons imbibés d’essence n’avait causé aucun dommage. Cette fois-ci, les dégâts sont plus importants et des ordinateurs ont été dérobés après que les auteurs eurent forcé la porte du cabinet. En mars, le maire divers droite de la commune, qui avait conquis en 2020 une mairie détenue depuis un siècle par les communistes, avait attribué ces actes à « une minorité de personnes ultra-politisées »
MAIS OÙ SONT PASSÉS LES TRAVAILLEURS ?
Entre démissions et difficultés de recrutement, les entreprises sont en panne de main d’œuvre, faisant peser un risque sur la croissance. Les exigences accrues des salariés obligent les employeurs à faire preuve d’imagination. Télétravail bien sûr, mais aussi semaine de quatre jours, renforcement de la marque employeur et même prime de parrainage pour les salariés recruteurs…
Les idées ne manquent pas, mais suffiront-elles à résoudre ce manque d’appétence post-Covid pour le travail ?
Selon un sondage publié à la mi-juillet par la Confé dération des petites et moyennes entreprises (CPME), plus d’une petite entreprise sur deux cherche à recruter, mais 94 % d’entre elles ont des diffi cultés à trouver le bon profil. La première cause évoquée est l’ab sence de candidats (74 %), large ment devant le second facteur, le manque ou l’insuffisance de compétences (47 %)
des dirigeants de TPE/PME sont confrontés à un turn-over important de leurs salariés
des employeurs estiment qu’il est nécessaire de réformer l’assurance chômage
Selon le même sondage, les rai sons de ce turn-over sont liées au souhait des salariés de se consacrer à autre chose que leur vie professionnelle (53 %), de changer de secteur (51 %) : près d’un tiers évoquent aussi leur souhait d’aller travailler chez un concurrent plus offrant. « C’est comme si la relation au travail
était différente de ce qu’elle était auparavant », commentait après sa parution François Asselin, le président de la CPME. Un senti ment que partage en tous points Constant Porcher, président de la CPME du Loiret et patron de l’agence de travail temporaire et de recrutement SIM 45 : « De crise en crise, mais surtout depuis celle de la Covid, les salariés sont beaucoup moins intéressés par le travail. La valeur travail a perdu du sens. »
Entre contrepoint, se pose le pro blème de la grande démission. On estime qu’en 2021, 23 % de la po pulation active a démissionné aux États-Unis, ce qui représente 38 millions de personnes : et au mois de mars de cette année, tous les records ont été battus avec 4,5 millions de démissionnaires.
Ce phénomène de great resigna tion gagne aussi, quoique dans des proportions moindres, le Vieux Continent. En France, où un million de salariés en CDI ont démis sionné durant le 1er semestre de l’année, une étude OpinionWay pour Indeed publiée le 24 mai,
Roger, dirigeant du cabinet Source Recrutement, le terme de « grande démission » ne s’ap plique pas à la France : « Je dirais que les salariés sont plus à l’écoute des opportunités, mais le phéno mène n’a pas du tout la même ampleur qu’aux États-Unis. »
TOUS FRAIS PAYÉS
montrait que plus d’un tiers des sondés avaient envie de claquer la porte, plus ou moins bruyam ment, de leur entreprise. Et ce taux grimpe jusqu’à 42 % chez les moins de 35 ans. Mais il semble bien que l’on reste au stade de l’intention : pour Gilles
La Dares indique toutefois que 520 000 Français ont quitté leur emploi au premier trimestre de l’année 2022, soit 20 % de plus qu’en 2019. Parmi eux, une écra sante majorité de CDI. Et selon une enquête Ipsos pour Boston Consulting Group, le tiers des
Il fallait s’y attendre. Déjà tentés par un départ volontaire de leur entreprise, les Français ont de plus en plus recours au dispositif d’indemnisation des salariés voulant démissionner pour se reconvertir professionnellement. Moins de trois ans après son entrée en vigueur, et après des débuts ti mides sur fond de crise sanitaire, la mesure a décollé en 2021 et vraiment pris son envol cette an née où on dénombrait 3 800 per sonnes indemnisées en moyenne chaque mois de janvier à avril. À ce rythme, les prévisions les plus optimistes du projet de loi (30 000 démissions indemnisées par an) devraient être largement dépassées en 2022. Le profil ? Plus masculin que féminin, 40 ans en moyenne, des cadres, mais aussi des employés et des ou vriers. Pour la reconversion, les services, le commerce ou l’artisa nat sont privilégiés avec, le plus souvent, un objectif de devenir son propre employeur.
LES SALARIÉS SONT BEAUCOUP MOINS INTÉRESSÉS PAR LE TRAVAIL. LA VALEUR TRAVAIL A PERDU DU SENS ”
« travailleurs de terrain », ceux qui doivent être présents physi quement sur leur lieu de travail et n’ont donc pas accès au télé travail, pourraient quitter leur em ploi d’ici à la fin de l’année. Même en relativisant ce nombre record, qui ne représente que 2,7 % de la population active, ce demi-million de démissionnaires est exceptionnel. En revanche, le dispositif de démission avec projet de reconversion professionnelle (PRP) issu de la loi de novembre 2019, connaît une lente montée en puissance, notamment en rai son de sa complexité. Au premier trimestre 2022, à peine plus de 10 000 démissions de ce type avaient été acceptées. Sans surprise, ce sont les secteurs de l’hôtellerie-restauration et de la santé qui sont les plus touchés. Idem pour la grande distribution et les services à la personne. Selon une étude de PwC, la hausse des salaires reste la pre mière motivation (58 %) pour changer d’emploi, suivie par l’épa
nouissement personnel (55 %).
Pour Gilles Roger, dans ces sec teurs à faible qualification, l’attrac tivité ira de pair avec une aug mentation des salaires. Mais les employeurs du secteur n’y sont pas prêts, nuance-t-il.
tion du télétravail, la modèle « hy bride » est devenu à la mode.
« Avant la crise Covid, un ou deux de nos candidats sur dix nous demandaient si l’entreprise pré voyait des journées de télétravail, souligne Gilles Roger. Aujourd’hui, huit sur dix nous demandent combien de journées peuvent être télétravaillées. »
En moyenne, pour les cols blancs, on s’oriente vers deux journées de télétravail quasi-obligatoire par semaine. « Bien entendu, poursuit Gilles Roger, cela favorise les plus grandes des entreprises. Les plus petites, pour des raisons d’orga nisation du travail, ont beaucoup plus de difficultés à répondre fa vorablement à cette exigence des salariés. »
Une économiste américaine, Julie Hotchkiss, conclut après une
Les démissions sont aussi révé latrices d’un engagement plus court des collaborateurs. Pour Frédéric Petitbon (PwC), « le mo dèle de la carrière longue n’est plus la norme ». La culture du zapping, autrefois vue comme un signe d’instabilité, témoigne aujourd’hui, selon lui, « d’une grande curiosité et d’une volonté marquée de monter en compé tences ».
Face à cette vague de démissions, les entreprises sont obligées de s’adapter pour conserver leurs collaborateurs. Avec la révolu-
étude très sérieuse auprès des responsables des ressources hu maines de très grandes entre prises que le revenu n’est plus la seule motivation des employés et qu’à l’avenir, « les employeurs devront vraisemblablement re courir à des incitations non sala riales pour persuader les travail leurs de venir prendre leurs postes disponibles ».
Constant Porcher confirme cette vision d’outre-Atlantique : « Les candidats sont devenus hyper vo latils. Beaucoup ont tendance à collecter des droits. Une pério-
AUJOURD’HUI, HUIT CANDIDATS SUR DIX NOUS DEMANDENT COMBIEN DE JOURNÉES PEUVENT ÊTRE TÉLÉTRAVAILLÉES ”Constant Porcher (à gauche en chemise blanche) aux côtés des cinq autres présidents départementaux de la CPME en région Centre-Val de Loire.
de de travail, prolongée par une période de chômage rémunérée par Pôle Emploi. Je suis bien sûr très favorable au régime assuran tiel. Mais il ne faudrait pas que la solidarité nationale se transforme en assistanat national. »
En région Centre-Val de Loire, les entreprises sont tout à fait conscientes de la nécessité d’in nover, tant sur le plan des mé thodes de recrutement que des avantages hors salaire : chez Wilo Intec, à Aubigny-sur-Nère (18), on lance des campagnes d’affichage dans les villes envi ronnantes, Bourges, Vierzon ou Gien, pour trouver des profils (lire page 21).
La Laiterie de Saint-Denis-del’Hôtel, dans le Loiret, expéri
mente le street marketing pour se faire connaître des futurs can didats à l’embauche. D’autres vont plus loin encore : le fabricant de sièges d’avion Safran (exSicma Aero Seat), à Issoudun (36) propose des primes à ceux de ses salariés qui réussiraient à convaincre leurs proches de les rejoindre : jusqu’à 600 € par collaborateur embauché par ce biais.
Quant à Catoire Semi, une PME de Martizay (36), elle achète et rénove, déjà depuis plusieurs an nées, des logements pour ses sa lariés permanents, et même les stagiaires, intérimaires ou appren tis. Sa dirigeante compte aller en core plus loin pour s’adapter à cette situation inédite de déséqui
CHAUFFEURS
L’inquiétude autour des chauf feurs de cars scolaires régionaux – 150 manquaient à l’appel au début de l’été – s’est un peu dissipée avec les grosses cha leurs. À la rentrée, le déficit n’était plus que d’une trentaine de chauf feurs, grâce à une formation ac célérée organisée par la Région, en charge des transports sco laires depuis 2017. François Bon neau tablait sur 95 % des trajets assurés pour la rentrée, taux inespéré courant juin. Mais recruter ces emplois précaires et à fortes amplitudes horaires reste une gageure.
libre du marché de l’emploi (lire page 20).
De petits malins ont flairé l’au baine : des agences de travail temporaire d’Europe centrale ont récemment approché plusieurs PME de la région pour leur pro poser les services de leurs tra vailleurs. Une formule largement utilisée déjà dans le monde agri cole. En Sologne pour les fraises et les asperges, en Touraine pour la vigne, les travailleurs détachés bulgares viennent par bus entier au printemps et au début de l’au tomne : sans eux, la récolte serait quasiment impossible. Autre piste, celle de la reconver sion des salariés. Transitions Pro, qui gère le contrat de transition professionnelle (CTP), successeur du congé individuel de formation (CIF), finance la formation du sa larié et le rémunère durant son stage qui peut s’étaler sur plu sieurs mois. Sur 2 500 dossiers présentés chaque année dans le Centre-Val de Loire, 55 à 60 % sont acceptés. Une formule qui fonctionne plutôt bien puisque 80 % des salariés admis à une reconversion professionnelle sont
en situation d’emploi un an après leur formation. L’Association pour l’emploi des cadres (Apec) a signé récemment une convention avec l’antenne régionale de Transitions Pro pour engager une collabora tion plus étroite. Objectif : per mettre de répondre à la demande d’entreprises dans les secteurs en tension.
Mais pour Constant Porcher et la CPME, la dernière réforme de la formation professionnelle, celle de septembre 2018, a certes ren
novices à certains postes », s’in digne le président de la CPME du Loiret. Pour la confédération patronale, « le 1% est devenu une taxe externalisée, un impôt. Les grandes entreprises ont intégré la formation professionnelle conti nue, mais les petites, non. » En cause, bien sûr, le CPF, qui a ouvert la voie à des politiques commerciales agressives, véhi culant des informations erronées sur les droits des salariés. Autant d’argent gaspillé pour des forma
POUR LA CPME, LE 1% FORMATION EST DEVENU UN IMPÔT, UNE TAXE EXTERNALISÉE ”
forcé – avec succès mais à grand renfort d’argent public – l’appren tissage et l’alternance, mais jeté un froid sur la formation continue, notamment pour les PME. Le recul des moyens financiers pour les entreprises de moins de 50 salariés est considérable.
« Les PME n’ont plus de budget de formation, alors qu’elles en au raient plus que jamais besoin pour former des salariés motivés, mais
tions dispensées parfois à la vavite par des organismes aux mé thodes peu recommandables. Une proposition de loi d’août der nier vise à lutter contre les abus et les fraudes au compte person nel de formation. Il est temps de remettre les entreprises à la place qui est la leur dans les dispositifs de formation des salariés : au centre.
François-Xavier BeuzonCHÂTEAUDUN, L’EMPLOI EN QR CODE
Afin d’apaiser les tensions sur le front de l’emploi, la collectivité dunoise a développé une application de mise en relation fondée sur l’activation d’un QR Code.
L a situation économique sur le territoire du Grand Châteaudun (40 800 ha bitants) est au beau fixe : les nom breuses entreprises industrielles qui y prospèrent, comme Safran, Hutchinson, Alltricks, Ebly… et bien tôt Vorwerk (lire aux pages 48 et 49), rivalisent sur le front de l’in vestissement. « En cumulé, nous atteignons les 330 M€ de Capex », se réjouit Fabien Verdier, maire de Châteaudun et président du Grand Châteaudun.
Avec un taux de chômage autour de 6 %, le bassin glisse douce ment vers une situation de plein emploi. Afin d’atténuer les inévi tables tensions, la communauté
de communes a développé une application de mise en contact avec des employeurs fondée sur l’activation d’un QR Code : « Les candidats sont mis en relation avec une bonne centaine de postes à pourvoir. Les types de postes sont très divers, d’opéra teur qualifié jusqu’à ingénieur bac + 5 ».
Les promoteurs de cette appli vi sent les ressources locales, mais aussi les gisements d’emploi exo gènes, et notamment franciliens :
« On propose un package à cette population : un bon boulot et la possibilité de trouver une maison sympa à 150 000 €… »
LOCHES VEUT FIXER LES SALARIÉS
La communauté de communes Loches Sud Touraine (51 400 habitants) incite depuis plusieurs mois les habitants de son territoire à privilégier l’emploi local. « Nous avons observé que beaucoup de salariés qui résident dans nos communes effectuent des déplacements pendulaires domicile-travail quotidiens de plus d’une heure, nous indique Yoann
Rappeneau, dga de la collectivité en charge du développement économique. Et pendant ce temps, nos entreprises ont beau coup de mal à recruter ! » Fort de ce constat, la collectivité a décidé de lancer « Travailler lo cal », une opération de commu nication avec affichage, spots ra dio et mise à disposition d’un es pace numérique.
Les candidats peuvent déposer leur CV, les équipes de Loches Sud Touraine se chargeant de la mise en relation avec les entre prises locales. « Attention, nous ne visons que les candidats déjà en poste, le dispositif ne s’a-dresse pas aux demandeurs d’emploi », prévient Yohann Rappeneau. En juillet dernier, plus d’une soixantaine de CV avaient été déposés. JCS
JCSLaurence Coulaud, directrice régionale du développement de l’Afpa
« IL Y A UN AVANT ET UN APRÈS COVID »
Pénurie de main d’œuvre, nouvelles exigences des salariés, place des seniors, etc. Laurence Coulaud, directrice régionale du développement à l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa), décrypte les changements structurels auxquels les chefs d’entreprise doivent faire face.
Selon un son dage publié cet été par la CPME, plus de 90 % des petites entre prises ont des difficultés à re cruter. La première cause évo quée est l’absence de candidats et la seconde le manque ou l’insuffisance de compétences. Comment un centre de forma tion comme le vôtre peut-il agir sur ce second volet ? Laurence Coulaud : C’est un sujet essentiel, en effet. Avec le dispositif Afest (ac tion de formation en situation de tra vail, NDLR), nous agissons juste ment sur ce se cond volet en ré pondant de ma nière très pré cise aux be soins de compétences d’une entre prise, tous secteurs confondus. Je vous donne un
exemple : un restaurateur a besoin que l’un de ses salariés ou qu’un candidat à un poste acquière une compétence de pizzaïolo. On va proposer à la personne ciblée une formation axée exclusivement sur ce besoin afin qu’elle soit opéra tionnelle en deux mois, alors qu’une formation pour un titre profession nel aurait pris beaucoup plus de temps. L’entreprise ne paie rien mais elle s’engage, à l’issue de la formation, à recruter le candidat. Nous le mettons en place à partir de ce mois-ci. Il s’agit vraiment d’un dispositif à la carte qui cible les TPE/PME de notre territoire pour répondre à cette insuffisance de compétences. .
La Lettre Valloire : À quoi attri buez-vous cette pénurie de main d’œuvre qui fragilise de nom breuses entreprises ?
Laurence Coulaud : Il me semble que cette pénurie a deux raisons majeures. D’abord, un taux de chômage qui est plus bas dans la région Centre-Val de Loire que sur le reste du territoire, avec 6,7 % de chômeurs au premier
trimestre 2022, contre 7,1 % au niveau national. Le chômage baisse plus vite dans notre région, ce qui signifie mécaniquement qu’il y a moins de compétences disponibles sur le marché. Et puis, la Covid est passée par là. Nos concitoyens ont changé leur rapport au travail. Beaucoup de personnes ne veulent plus de contraintes, comme travailler le week-end, ne pas avoir sa soirée libre, etc. Et puis, beaucoup de seniors sont au chômage alors qu’ils ont des compétences à faire valoir. Les entreprises commen cent à en prendre conscien-
lui. Le besoin de reconversion, donc de formation, sera d’autant plus important. Après la Covid, il y a eu un basculement dans notre rapport au travail. Les salariés veu lent un équilibre dans leur vie. Le télétravail a généré une nouvelle approche, plus distante.
Nous le prenons en compte en proposant beaucoup de formation en distanciel. On peut ainsi se former chez soi, quelle que soit la formation choisie. C’est indis pensable pour nous d’avancer vers l’e-learning, en lien avec ce qui attend les futurs salariés et avec leurs aspirations.
tard, dans un autre domaine. Mais les entreprises ont beaucoup de difficultés à intégrer cette nouvelle donne.
La Lettre Valloire : Comment les y aidez-vous ?
Laurence Coulaud : Nous avons l’obligation de réviser nos forma tions professionnelles tous les cinq ans, de les actualiser pour qu’elles soient adaptées aux nou velles compétences attendues par les entreprises. À cette occa sion, nos ingénieurs échangent avec elles et font passer un certain nombre de messages pour que l’adaptation au marché se fasse dans les deux sens. .
La Lettre Valloire : Certains sec teurs sont-ils épargnés par la pénurie de main-d’œuvre ?
ce, insuffisamment néanmoins. Quand on rencontre des chefs d’entreprise et qu’ils nous parlent de pénurie de main-d’œuvre, on leur dit de ne pas se priver des compétences des seniors..
La Lettre Valloire : L’obligation du télétravail durant les périodes de confinement a-t-elle généré de nouvelles exigences ?
Laurence Coulaud : Oui, c’est très net. Avant, la demande de té létravail concernait les jeunes gé nérations qui rejetaient le modèle parental. Il n’était pas question de rester toute une vie dans la même entreprise et d’y être physiquement toute la semaine. Aujourd’hui, un jeune sait qu’il changera quatre à cinq fois de métier dans sa carrière. C’est une donnée intégrée pour
La Lettre Valloire : Un demi-mil lion de Français ont démissionné de leur emploi au premier tri mestre 2022. Comment expli quez-vous ce phénomène qui fait écho, certes dans des di mensions moindres, à la great resignation observée aux ÉtatsUnis ?
Laurence Coulaud : On assiste, en effet, à ce phénomène dans beaucoup de secteurs et il s’ac centue en France. Nous sommes dans la logique de notre propos précédent : remise en cause de sa vie, de son travail, mise à dis tance de son champ profession nel… Pour contrer cela, pour attirer les candidats, on leur dit bien qu’ils ne feront pas ce travail toute leur vie, et que telles ou telles compétences leur serviront plus
Laurence Coulaud : Non, mal heureusement. Tous sont im pactés, y compris l’industrie, et c’est très problématique. Pour y faire face, nous allons cher cher dans les facultés, à la fin du mois d’octobre, les étudiants en échec scolaire. On leur pro pose des changements de voie professionnelle. On va aussi chercher les bénéficiaires du RSA pour leur proposer des formations. Celles-ci sont finan cées par plusieurs acteurs pu blics, notamment le conseil ré gional qui a la compétence for mation. Il y a toujours une so lution de financement et un modèle à trouver pour celui ou celle qui veut suivre une for mation.
Propos recueillis par Johann Galy
AUJOURD’HUI, UN JEUNE SAIT QU’IL CHANGERA QUATRE À CINQ FOIS DE MÉTIER DANS SA CARRIÈRE ”
CATOIRE SEMI MET SES SALARIÉS À L’ABRI
Afin de répondre à ses besoins de main d’œuvre, l’entreprise industrielle Catoire Semi, une PME de Martizay (36), loue des appartements à ceux de ses salariés qui peinent à se loger.
ÀMartizay
(36), à mi-chemin entre la Brenne et la Tou raine, il n’est pas toujours aisé de recruter des profils indus triels ! Laure Catoire, la présidente de Catoire Semi (65 salariés, 7 M€ de CA), entreprise spécialisée dans la fabrication d’outils de fon
question du sens au travail, ainsi que celle de la qualité de vie, sont devenues centrales. »
Par ailleurs, le rebond de l’activité de la filière aéronautique a eu pour effet d’assécher le vivier des compétences. « Les donneurs d’ordre ont préempté le marché
Pour loger ses salariés, Catoire Semi a acquis une ancienne ferme située devant son usine.
aussi se résoudre à voir des ap prentis effectuer de longs dépla cements entre l’usine et l’entre prise en vélomoteurs et cela par tous les temps.
Elle n’a donc pas hésité à acquérir une ancienne ferme, située en face de l’usine. Dès 2016, la bâti ment a été réaménagé pour pro poser quatre logements, puis plus récemment un cinquième à la location : « Nous avons aussi trans féré sur ce site notre réfectoire, qui s’adosse à une terrasse très utilisée dès que le temps le per met. »
derie et de pièces forgées des tinées notamment à la filière aé ronautique, en sait quelque chose : « C’est toujours difficile en milieu rural, nous sommes confrontés à la pénurie générale des qualifica tions… et de logements. » Mais selon cette énergique chef d’entreprise, qui incarne la troi sième génération à la tête de la société, « les choses ont empiré avec la crise sanitaire. Quelque chose a bougé. Les salariés ne souhaitent plus transiger et la
en proposant des rémunérations supérieures », soupire Laure Ca toire.
Pour autant, la PME est toujours parvenue, ces dernières années, à surmonter ces difficultés en proposant des logements à ses salariés : « J’ai pris conscience que les difficultés à se loger consti tuait l’un des principaux freins à l’embauche. Le déclic, ce fut l’ins tallation de l’un de nos salariés vendômois dans une caravane ». Cette mère de famille ne pouvait
La mise à disposition n’est natu rellement pas gratuite – « sinon, nous serions obligés de compen ser la rémunération des autres salariés » – mais elle a permis à Catoire Semi d’améliorer la situa tion : « Ces appartements qui, à l’heure actuelle ne sont pas tous occupés, nous permettent de ré pondre à des besoins permanents ou ponctuels. Mais je peux dire aujourd’hui que nous avons atteint les objectifs fixés et amélioré gran dement notre réputation et notre marque employeur ». Ce qui ne l’empêche pas de chercher cinq salariés supplémentaires (fraiseur, ajusteur, technicien maintenance)…
WILO INTEC S’AFFICHE EN VILLE
Confronté aux difficultés de recrutement de son site d’Aubigny-sur-Nère (18), le fabricant de pièces destinées aux systèmes de chauffage et de climatisation Wilo Intec a choisi d’afficher ses intentions à Bourges, Vierzon et Gien sur de spectaculaires 4x3.
Régulièrement confronté à des problèmes de re crutement pesant sur sa croissance, Wilo Intec, qui fabrique à Aubigny-sur-Nère des pièces destinées aux équipements de climatisation et de chauffage – et notamment de pompes à chaleur –, a décidé de prendre le taureau par les cornes.
La société a choisi d’adosser sa dernière session de recrutement à une campagne d’affichage à forte visibilité. Placardées au début de cette année en format 4x3 sur les panneaux d’entrée de ville et de centre-ville à Bourges, Vier zon et Gien, ces affiches ont rappelé que cette usine de plus de 500 salariés disposait de plu sieurs dizaines de postes à pour voir dans le nord du Cher.
« Depuis deux ans, nous sommes positionnés sur un cycle de crois sance », explique Richard Judes, le directeur de l’usine. Cette crois sance est naturellement portée par le renouvellement des équi pements de climatisation et de chauffage, une tendance stimulée par la transition écologique et dopée par les aides publiques qui sont accordées aux particu liers. La crise russo-ukrainienne
a aussi constitué un puissant ac célérateur, lié à la volonté de ré duire la dépendance au gaz russe. Tous les indicateurs économiques sont au vert, à l’exception des difficultés de recrutement qui ont plutôt tendance à s’aggraver. Afin d’accompagner son développe ment, Wilo Intec a, en effet, besoin d’étoffer ses effectifs avec une cinquantaine de salariés supplé mentaires. « Il est vite apparu que le bassin d’emploi d’Aubigny, qui est pourtant à forte tonalité in dustrielle, arrivait à saturation, in dique Richard Judes. Nous avons dû innover dans notre communi cation et changer d’échelle ». Pour autant, « la société n’a pas renoncé à utiliser des outils plus classiques comme celui du recours
à des cabinets de recrutement. Notre campagne d’affichage s’ins crit dans un ensemble », nous in dique une porte-parole de la di rection.
La première phase de cette cam pagne de recrutement a partielle ment rempli ses objectifs : près de 70 % des profils recherchés ont été dénichés par ce biais, qu’il s’agisse de « spécialistes de l’industrie du futur, de techniciens de maintenance, de chefs d’équipe ou de préparateurs de commande ». La direction de Wilo Intec n’exclut pas de procéder à une nouvelle campagne d’affi chage qui pourrait être organisée dans les prochains mois, « mais rien n’est encore décidé ».
JCSL’ABSTENTION EST-ELLE INÉLUCTABLE ?
De scrutin en scrutin, l’abs tention grignote le corps électoral. Aux législatives, la désaffection des urnes suit une courbe ascendante, avec un re cord battu le 12 juin dernier, où 52,5 % des inscrits ne se sont pas déplacés. En 2002, il y a vingt ans – une éternité – le taux d’abs tention n’était que de 35,6 %. Les élections municipales, qui étaient jusqu’à présent épargnées par le phénomène, ont connu une brusque poussée de fièvre abs tentionniste en mars 2020 avec une participation inférieure à la moitié des inscrits, ce qui marquait une première dans l’histoire de la Ve République. On verra, en 2026, si le virus de la Covid-19 était le seul facteur explicatif de cette brusque désaffection des urnes (55,4 %) pour un scrutin de proximité où les lois de la po litique s’effacent souvent devant le lien personnel avec l’élu.
La plupart des observateurs y voient le symptôme le plus ap parent d’une crise démocratique, nourrie par un malaise profond des citoyens. Ce malaise ne se
réduit d’ailleurs pas à une simple absence dans les bureaux de vote ou à une perte de confiance dans les institutions, mais aussi à un sentiment de dépossession et d’impuissance.
métropoles et de la mondialisation heureuse, et celle du monde pé riphérique de l’espace rural et des petites villes.
Le philosophe Marcel Gauchet défend depuis longtemps l’idée
C’est d’ailleurs ce même sentiment de « à quoi bon ? » qui est à l’ori gine des Gilets jaunes, de leur dénonciation de « l’arrogance » des élites et de la méconnaissance de leurs problèmes. Une révolte des oubliés, déclenchée en 2018 mais prophétisée quatre ans plus tôt par le géographe Christophe Guilluy qui opposait alors deux France antagonistes : celle des
que le triomphe des principes axés sur l’autonomie – qu’il en globe sous un concept très large de « libéralisme », pensé comme l’entrée de la liberté individuelle dans l’organisation des sociétés humaines – est paradoxalement porteur des ferments de dissolu tion de la démocratie. S’il fait remonter la première crise de ce libéralisme à la fin du XIXe
L’inexorable progression du taux d’abstention justifie sans nul doute une « refondation démocratique ». Mais la somme des revendications individuelles et la défiance vis-à-vis de la représentation nationale font-elles nécessairement une bonne politique ? Le danger, vieux comme l’humanité, est qu’à trop gouverner avec le peuple, on risque d’oublier de gouverner pour le peuple.
siècle, la seconde est, selon lui, celle que nous vivons depuis le milieu des années 90. Elle accom pagne la disparition successive des trois vaches sacrées qui ont structuré le monde occidental de puis sa naissance : la religion d’abord, puis le pouvoir et enfin la science, réduite à notre époque à une dimension utilitariste après avoir été érigée à la fin du XIXe siècle au rang de « religion nou velle » par le positivisme d’Auguste Comte et le scientisme d’Ernest Renan.
Cette liberté revendiquée, qui n’est plus « la liberté chérie » idéalisée de l’hymne national, mais une affirmation de la suprématie indi viduelle contre le collectif, voire contre la société, n’éloigne pas seulement des bureaux de vote. Elle proclame aussi le droit à cha cun de participer directement au gouvernement, dans une sorte de pouvoir éclaté. Un droit conçu comme arme personnelle qui tend, observe le philosophe, à faire ou blier la matrice sociale de l’indi vidu.
Récemment, l’absence de majorité à l’Assemblée nationale d’une co alition présidentielle représentante d’une pensée libérale et moder niste a relancé le débat sur le dé passement de la démocratie parle mentaire. Un « collectif » d’univer sitaires, de militants et de respon sables d’ONG publiait dans Le Monde, quelques jours après le second tour des législatives, une tribune dans laquelle il appelle à « changer en profondeur la mé thode de gouvernement et les ins titutions, pour y impliquer massi vement les citoyennes et les ci
toyens et y développer une culture de la coopération », tirant ainsi les enseignements « d’un système qui produit trop de défiances, de clivages, de violences et, finalement, de blocages ». Expériences de démocratie parti cipative – lire page 26 –, scrutin au jugement majoritaire – qui consiste à « noter » les mérites de chaque candidat, le vainqueur étant celui qui recueille le meilleur jugement – ou le controversé ré férendum d’initiative citoyenne (RIC), en passant par l’institution nalisation des conventions ci toyennes ou la reconnaissance du vote blanc, les propositions sont nombreuses pour rogner la démocratie représentative née sous la monarchie de Juillet. Suffiront-elles à faire renaître le ci visme et à faire remonter la parti cipation des citoyens à la vie pu blique ? Rien n’est moins sûr. Lassés de la représentation natio nale, les Français ne sauront pas nécessairement s’emparer d’outils favorisant une démocratie plus directe, avec le risque que ceux-ci restent aux mains d’une minorité agissante et concerné.
Les absents n’ont peut-être pas toujours tort. La démocratie vit une crise profonde qui épouse celle de la civilisation. Platon sonnait déjà le tocsin, il y a 2 400 ans, dans La République : « Lorsqu’une cité démocratique loue et honore, dans le privé comme dans le public, les gouvernants qui ont l’air de gouvernés et les gouvernés qui prennent l’air de gouvernants, c’est ce gouvernement si beau et si ju vénile qui donne naissance à la tyrannie. » FXB
COMME
À L’ÉGLISE
Pour le spécialiste des études d’opinion Jérôme Fourquet, la désaffection des urnes a quelque chose de commun avec celle des églises. « On peut comparer la Ré publique et son vote à l’église et sa messe, déclarait-il au magazine Marianne en juin dernier. C’est le dimanche, souvent en famille, c’est ritualisé. » Et comme à la messe, ce sont les retraités qu’on voit dans les bureaux de vote. D’ailleurs, au premier tour des lé gislatives de 2022, l’abstention était de 34 % chez les plus de 65 ans, mais de 75 % chez les 18-24 ans. Et le directeur de l’Ifop de conclure : « Ils se détournent de l’isoloir comme on se détournait hier de l’église. »
RETISSER LES LIENS ENTRE CITOYENS ET ÉLUS
Le député de la 1ère circonscription du Cher vient d’organiser sur son territoire ses premiers ateliers législatifs participatifs. Il entend prolonger la démarche afin de participer à la relégitimation de la représentation nationale qu’il estime menacée par les extrêmes.
La Lettre Valloire : Vous venez de créer à l’échelle de votre circonscription des ateliers lé gislatifs participatifs. À quel besoin répondent-ils ? François Cormier-Bouligeon : Je suis un homme de terrain. J’ai toujours sillonné ma circons cription pour des rencontres or ganisées ou des échanges plus informels. Je sais ce que c’est d’aller à l’écoute de mes conci toyens, mais suis convaincu qu’il faut aller plus loin. Des forces politiques travaillent aujourd’hui au cœur de la vie publique, no tamment au sein de l’Assemblée nationale, à la délégitimation de la représentation populaire. Il ne faut pas opposer de manière trop frontale la démocratie di recte à la démocratie représen tative. Il est nécessaire d’inventer de nouvelles formes de partici pation. Si on ne se livre pas à ce travail, nous courrons le risque, si les extrêmes et les populistes prennent le pouvoir, de glisser vers un régime illibéral. Je ne veux pas que la France devienne
en 2027 la Hongrie de Viktor Orban. Nous avons le devoir de retisser le lien entre les citoyens et les élus si nous voulons éviter une catastrophe politique.
La Lettre Valloire : Comment sont organisés ces ateliers ? Comment participent-ils à la construction de la loi ? François Cormier-Bouligeon : Le premier atelier d’une série qui, j’espère, sera longue, a été organisé à Bourges en juillet dernier. J’ai réuni une cinquan taine de citoyens en battant le rappel sur les réseaux sociaux et dans la presse locale, du moins dans celle qui a souhaité s’associer à l’opération… L’idée, c’était de débattre autour de la loi sur le pouvoir d’achat. À l’issue du débat, une inter rogation a émergé. Il s’agissait de savoir si les personnes en si tuation de handicap et qui tra vaillent dans les Esat (établisse ments et services d’aide par le travail, NDLR) pouvaient béné ficier de cette loi. Cette inter
François Cormier-Bouligeon, député Renaissance du Cherrogation a fait l’objet d’un amen dement, défendu en séance par mon collègue tourangeau Daniel Labaronne, un retard dans les transports m’ayant malheureuse ment empêché d’être présent. Cet amendement n’a finalement pas été voté car le ministre Olivier Dussopt s’est engagé à ce que les personnes en situation de han dicap soient traitées comme les valides. L’amendement a été dé claré comme satisfait, comme l’on dit dans le jargon parlementaire. Pour autant, la démarche a été saluée au banc du gouvernement par la rapporteure du texte Char lotte Parmentier-Lecocq.
La Lettre Valloire : Allez-vous poursuivre cette démarche ? François Cormier-Bouligeon :
Bien sûr. Avec mon équipe, nous allons examiner le calendrier parlementaire dès la rentrée. Nous proposerons aux citoyens du Cher des réunions similaires sous forme d’ateliers – qui pour ront être organisées à d’autres endroits de la circonscription, comme à Aubigny-sur-Nère ou à Henrichemont – où seront dé battus les textes qu’ils auront choisis. Des amendements pour ront émerger de ces débats. Mais à chaque fois, je rappellerai que je n’exerce pas un mandat im pératif et refuserai bien évidem ment de défendre des sujets in compatibles avec mes convic tions. J’aimerais pouvoir organiser une dizaine d’ateliers par an, en parvenant au mieux à rassembler une centaine de citoyens.
ORLÉANS MÉTROPOLE DEVANT LES ASSISES
I nédites sur le fond comme sur la forme, les Assises de la transition écologique et éner gétique se sont tenues entre janvier et juin 2021 sur le terri toire d’Orléans Métropole. Leur but était de tracer une feuille de route co-construite par les citoyens, les militants associatifs et les acteurs politiques et éco nomiques.
En dépit du contexte sanitaire, ces six mois d’échanges se sont déroulés sous forme d’ateliers dans les 22 communes autour de 9 thématiques : alimentation
La Lettre Valloire : Ne craignezvous pas de réunir toujours le même public averti et concerné par la vie publique ?
François Cormier-Bouligeon : Il y a surtout un risque à ne rien faire ! C’est vrai que près des deux tiers de l’assistance du pre mier atelier étaient composés de présidents d’associations et de citoyens engagés à des titres et degrés divers dans la vie pu blique. Mais il y avait un bon tiers que je ne connaissais pas. C’est encourageant. C’est ce pu blic qu’il faut viser et élargir.
Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier
et agriculture durable, énergies renouvelables, biodiversité, ville durable, gestion des déchets et économie circulaire, eau et milieux aquatiques, rénovation énergétique, mobilité et risques d’inondation. Parallèlement, des temps d’échanges « off » orga nisés par les acteurs locaux ont enrichi le panel des propo sitions. Au final, quelque 50 so lutions ont été formulées dans ce cadre, lesquelles sont venues enrichir les 800 proposées lors des Assises. Cette base a permis d’élaborer
le programme de la transition voté par les élus en avril dernier. Au final, 50 actions opération nelles ont été retenues et seront financées par une enveloppe de 251 M€. L’objectif est de ré duire de 50 % les gaz à effet de serre d’ici à 2030 et de doubler la capacité de la métropole à produire des énergies renouve lables. Et pour ne pas rompre le processus, une vigie citoyenne a été mise en place pour assurer le suivi des réalisations issues de ces Assises.
LA DÉMOCRATIE DOIT ÊTRE PARTICIPATIVE
Selon le politologue Loïc Blondiaux, la légitimité de nos représentants, minée par l’abstention et la fragmentation de l’opinion, peut se ressourcer dans la mise en œuvre de dispositifs de démocratie participative. Pourtant, la plupart des élus persistent à considérer cette dernière comme une rivale.
La démocratie participative n’est pas l’ennemie de la démocratie représentative, elle aurait même plutôt tendance « à la renforcer ». Telle est la thèse d’un expert du sujet, le politologue Loïc Blondiaux, que nous avons interrogé il y a un an pour le Journal des Communes
Pour celui qui fut l’un des piliers de la gouvernance de la conven tion citoyenne pour le climat, ces nouvelles pratiques s’inscrivent dans un contexte général « d’affai blissement et de délégitimation de la représentation et du per sonnel politique »
« À partir d’une certaine taille de collectivité, les élus, y compris lo calement, deviennent des pro fessionnels de la politique. Chacun peut le constater. Ils font carrière et s’inscrivent dans la durée Donc, pas question pour eux de laisser la place à d’autres ou de remettre en cause leurs pou voirs Ils oublient l’un des ensei gnements majeurs d’Aristote qui nous dit que l’une des formes de la liberté, c’est d’être tour à tour gouvernant et gouverné. » Pour Loïc Blondiaux, plutôt en gagé à gauche, « la faiblesse du turnover démocratique », « l’émiet tement de l’offre politique », effet collatéral de « la fragmentation de l’opinion », ainsi que « le poids de l’abstention » minent la légiti mité des élus : « Comment vou lez-vous qu’un maire élu avec 10 % des inscrits puisse tenir sur
la durée du mandat sans ressour cer sa légitimité ? » Dans un tel contexte, « les pro cessus de construction collective de la décision publique permet tent de réarmer la légitimité des élus », affirme le politologue qui regrette que la démocratie parti cipative soit cependant toujours vécue comme une empêcheuse de gouverner en rond : « Ils s’en méfient terriblement. Ils considè rent la démocratie participative comme une rivale. Ce qui les amène d’ailleurs à la neutraliser lorsqu’ils consentent à l’utiliser, le plus bel exemple étant celui fourni par le référendum d’initia tive populaire (RIP), si controversé, dont les conditions de mise en jeu sont presque impossibles à réunir.
» Pourtant, le temps presse ! Loïc Blondiaux l’affirme : « L’intelligence collective peut, par la diversité des points de vue, grandement éclairer et enrichir les choix de nos représentants. Il ne s’agit sur tout pas de substituer la démo cratie directe à notre système actuel qui doit, en revanche, se relégitimer. »
Jean-Christophe SavattierTHOMAS MÉNAGÉ, LEPÉNISTE 2.0
Le député de la 4e circonscription du Loiret, qui a fait ses classes auprès de Nicolas Dupont-Aignan, incarne la génération montante du Rassemblement national, en rupture avec les codes et la rhétorique du passé. Il veut mettre ses compétences au service de la construction « d’un parti de gouvernement » pour 2027.
gement le candidat entarté et exministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer dans un autre hémicycle, universitaire celui-là.
Thomas Ménagé confie toutefois avoir « ressenti une grosse émo tion » en montant pour la pre mière fois à la tribune du palais Bourbon, dans les pas de « Jaurès et de Blum » dit-il. Au passage, la référence appuyée à ces deux fi gures historiques de la gauche a de quoi surprendre dans la bouche d’un jeune souverainiste qui se définit comme « gaulliste social ».
Contrairement à nombre de ses collègues, il n’a pas été le moins du monde im pressionné quand il a passé la tête sous les étincelantes dorures sur bois de l’Assemblée nationale. Et pour cause, Thomas Ménagé, 30 ans, élu en juin dernier député de la 4e circonscription du Loiret sous l’étiquette Rassemblement national, savait où il mettait les pieds.
« Quand j’étais collaborateur de Dupont-Aignan, j’avais un badge pour rentrer à l’Assemblée, je le suivais dans ses actions législatives », explique le jeune député qui a raflé la mise, sans trop de surprise d’ailleurs, dans le Mon targois, terre semi-rurale qui avait placé Marine Le Pen en tête pour la présidentielle et qui, deux mois plus tard, renvoyait sans ména
La relève du RN n’a décidément plus grand-chose à voir avec l’en tourage du père fondateur qui faisait davantage appel aux sou venirs du Maréchal Pétain ou de Charles Maurras qu’à ceux du Front populaire. « Je suis petit-fils d’agriculteur et fils d’un artisan couvreur, aucun de mes parents n’a le bac. Je me suis élevé politi quement seul, en lisant, en regar dant la télé. Alors, quand j’ai pris place à la tribune, je me suis de mandé ce que je faisais là, j’ai senti le poids écrasant de l’histoire
et des responsabilités », assure le jeune diplômé en droit public. Sans bagages familiaux, Thomas Ménagé fait son initiation politique auprès de Nicolas Dupont-Aignan, fondateur de Debout la France. « Pendant mes études, j’ai commencé à faire quelques notes techniques pour lui. Plutôt UMP, je suis alors déçu par les choix de Sarkozy. Quand je rencontre Dupont-Aignan pour la première fois avant les régionales de 2015, il cherche un directeur opération nel de campagne. Il semble satis fait de mes notes et il m’engage ». Pendant trois mois, Thomas Mé nagé devient une sorte de chef de cabinet, organise l’agenda de son patron et le conseille sur sa stratégie politique. Puis vient l’élec tion présidentielle de 2017. « Je négocie avec Jean-Philippe Tan guy – une autre jeune pousse du RN passé par Debout la France, actuel député de la Somme, NDLR – l’alliance avec Marine Le Pen sur la base d’un programme commun, d’un accord législatif et de la nomination de Dupont-Ai gnan comme Premier ministre. Après le deuxième tour, DupontAignan est revenu sur cet accord. Je me suis mis en retrait de mes fonctions car je ne comprenais plus sa position. Pour moi, c’était une trahison. » D’autres parleraient plus pudiquement d’un simple baptême du feu.
À la fin de l’année, alors qu’il pense retourner dans le privé, son men tor le rattrape in extremis par la cocarde. « Il m’a dit qu’il avait changé et je deviens directeur général de Debout la France en charge de mener une coalition
avec le RN ». Thomas Ménagé veut encore y croire. « La naïveté de la jeunesse », plaide le jeune conscrit.
Mais les désaccords se multiplient. Le divorce est inévitable. « Du pont-Aignan part en vrille sur un tas de sujets, les Gilets jaunes, l’in cendie de Notre-Dame, etc. Dé goûté, j’arrête tout et je repars dans le privé en tant que cadre dans l’immobilier en Seine-etMarne. »
cette communication de récréa tion » , lâche-t-il. Il affirme que des maires l’ont sou tenu « en off, parce qu’ils savaient qu’ils pourraient travailler avec moi. C’est bon ou pas bon pour le territoire, il n’y pas d’autres ques tions à se poser quand on est dé puté. On est très loin des clivages politiques », poursuit-il, comparant son rôle à la fois à celui « d’un avocat et d’une assistante sociale pour ceux qui n’ont personne
C’EST BON OU PAS BON POUR LE TERRITOIRE, IL N’Y PAS D’AUTRES QUESTIONS À SE POSER QUAND ON EST DÉPUTÉ ”
Fin de l’épisode Debout la France. Pour des raisons de commodités, Thomas Ménagé s’était installé à Montargis. Deux années sabba tiques suivent (2018-2022), durant desquelles il refuse de rejoindre le RN qui lui fait pourtant les yeux doux. Fin 2020, il participe à la création d’un nouveau parti, L’Ave nir français, qui revendique une « coalition directe et fidèle à Ma rine Le Pen ».
Ce micro-parti compte désormais 3 élus régionaux en Cen tre-Val de Loire (dont lui) et 6 députés sur les 89 que compte le RN. Battu aux élections dé partementales, élu conseiller ré gional, Thomas Ménagé se lance alors dans la campagne des législatives. « J’ai fait une cam pagne sans équivoque et sans éclat de voix. Je pense que c’est aussi ce qui m’a permis de ga gner, les gens en ont marre de
d’autres pour les accompagner ». Convaincu qu’il s’agit là du cœur de sa mission, le jeune député sillonne sans répit sa circonscrip tion et ne laisse jamais passer un vide-grenier.
Thomas Ménagé et avec lui un petit groupe de jeunes souverai nistes qui ont fait leur classe avec Nicolas Dupont-Aignan incarnent la nouvelle génération du RN. Il en est même devenu le porteparole. « Nous sommes dans la construction d’un parti de gouver nement pour 2027 », assure-t-il.
« Le mouvement a fait une mue totale sur la montée en compé tences de ses élus et de ses cadres. On a pris place dans un camion mais celui qui conduit c’est tou jours Emmanuel Macron », conclut le jeune souverainiste qui affirme se préparer à en reprendre les clés dans cinq ans.
Alexandre RuffierÀ 68 ans, Patrick Barillot a co-fondé en début d’année LoValTech, une startup qui développe un vaccin à instillation nasale contre le virus de la Covid-19. Après une riche carrière dans le secteur pharmaceutique, égrenée de nombreux postes à l’étranger, le voici lancé dans cette nouvelle aventure dont le berceau est à Tours. Portrait d’un globe-trotteur de la santé.
Dans la chaleur écrasante de l’été, Patrick Barillot hésite à prendre ses ren dez-vous dans les locaux de l’in cubateur tourangeau Mame, où LoValTech (pour Loire Valley Tech nology) possède un petit bureau.. sans climatisation.
En quête de fraîcheur, il prend tout aussi bien ses quartiers d’été dans la faculté de pharmacie, l’autre an crage de la startup tourangelle. Mais c’est néanmoins bien à Mame que nous le retrouvons. De toute façon, chaleur ou pas, à le voir, on sent d’emblée que les aléas clima tiques ne sont pas sa principale préoccupation.
Silhouette svelte, démarche tonique, contact facile et sans chichi, à 68 ans, Patrick Barillot a l’enthousiasme raisonné de celui qui démarre une nouvelle vie professionnelle et sait qu’il a tout à gagner et pas grandchose à perdre. Et les gains pour raient être colossaux.
« Je n’avais jamais créé de société avant LoValTech ; ce défi m’a plu », résume posément le co-fondateur,
avec Isabelle Dimier-Poisson, en seignante-chercheuse à l’université de Tours, de cette société qui dé veloppe un vaccin protéique à instillation nasale contre la Covid19. L’aventure a commencé en jan vier 2022 et connaît aujourd’hui un écho retentissant tant les es poirs thérapeutiques qui y sont associés sont importants. Pour en arriver là, Patrick Barillot a eu un parcours atypique dont il égrène les étapes à l’image d’un globe-trotteur qui fait le bilan du nombre de ses voyages, et dont on pressent qu’il a encore un peu la bougeotte. « J’ai touché un peu à tout, je suis très polyvalent, un peu autodidacte, j’ai fait beaucoup de choses dans le sport d’abord, puis j’ai connu le secteur de la pharmacie et j’y suis resté », explique-t-il. Un père qui dirigeait un abattoir de volailles et de lapins, une mère au foyer, rien dans la tradition fa miliale ne le conduisait vers ce secteur d’activité. Après un master de management décroché à l’Essec, Patrick Barillot débute sa DE LA SANTÉ À REVENDRE
carrière comme directeur de l’ex port au sein du laboratoire vété rinaire niçois Virbac.
Il y fait ses classes, puis rejoint Reims et le laboratoire allemand Boehringer Ingelheim. Il y reste trois ans, en tant que directeur commercial. « J’ai commencé souvent dans des labos jeunes, il fallait les faire connaître, les relancer, les structurer. J’aime créer, modifier, je m’ennuie dans la gestion routinière », commente-t-il.
qui a pour objet de produire des vaccins protéiques par voie nasale contre les maladies infectieuses qui ne sont pas couvertes par les vaccins traditionnels », détaille Pa trick Barillot.
Son rôle, dans cette startup de qua-tre salariés dont trois cher cheurs, « est d’aller chercher de l’argent », lâche-t-il dans un sourire. Mais cette mission, essentielle pour une jeune société qui n’a au
Puis, il prend la tête de l’unité commerciale de Wyeth – racheté en 2009 par son compatriote, le géant Pfizer – navigue entre Tours, Lyon et Paris. L’épisode dure éga lement trois ans. Il revient ensuite chez Boehringer Ingelheim pour une nouvelle mission de deux ans. « On n’était pas assez compé titifs », regrette-t-il.
Il est alors embauché par la CDMO suédoise Recipharm en qualité de directeur commercial. « Je connais sais bien le marché européen. C’était un vrai atout », assure-t-il. Il y pose ses valises, mais pas pour très long temps. « Chez Recipharm, je ren contre Francis Poisson, le mari d’Isabelle, qui est directrice de re cherche à l’université de Tours, et nous créons LoValtech », une star tup aux dents longues qui travaille donc au développement d’un vac cin par voie nasale dont le brevet est aujourd’hui détenu par la Bio map université de Tours/Inrae.
« Nous avons signé un accord d’ex ploitation exclusif mondial. LoValtech est une plateforme technologique
jourd’hui que des charges et aucun produit, n’est pas unique. « Je suis un homme de réseau et pour des appels à projets, il faut des parte naires industriels. Je vais les cher cher dans mon réseau », complètet-il. Argent et réseau, sa mission est on ne peut plus claire.
Ce père de quatre enfants, qui jouait régulièrement au golf avant de se lancer dans cette course contre la montre et le Sars-CoV-2, sait que l’avenir est potentielle ment vertigineux.
Si le vaccin va au bout des essais cliniques et des homologations nécessaires, quelque 700 millions de personnes pourraient être vac cinées dans le monde par instil lation nasale autour de 2026. Pour les fondateurs de LoValTech, jackpot et prestige à la clé ! Une consécration professionnelle inouïe qui parachèverait une car rière atypique. « Le hasard, c’est Dieu qui se promène incognito », disait Einstein. Pour Patrick Barillot, le hasard a pour le moment la main heureuse. JG
J’AIME CRÉER, MODIFIER, JE M’ENNUIE DANS LA GESTION ROUTINIÈRE ”
UNE COURSE CONTRE LA MONTRE POUR ÊTRE PRÊT EN 2025
Le vaccin contre la Covid-19 sous forme de spray nasal de LoValTech sera « 100% made in France », de la conception à la production, s’il franchit les différentes étapes jusqu’à sa mise sur le marché… en 2025 si tout va bien. Les enjeux sont colossaux et la fierté nationale à l’épreuve.
2026, en période endémique, sont encore de 26 Md€. Difficile pour une toute petite entreprise de se tailler une part de ce gi gantesque gâteau planétaire. Et pourtant, la prometteuse Lo ValTech a des arguments plus que sérieux à faire valoir pour la mise au point d’un vaccin pro téique sous forme de spray nasal, le premier en phase de dévelop pement en France. Mais dans la recherche plus qu’ailleurs, le nerf de la guerre, c’est l’argent, tant chaque étape qui conduit à la mise sur le marché est coûteuse.
La course est lancée et la compétition acharnée.
« Aujourd’hui, plus de 150 projets de vaccins contre la Co vid-19 sont recensés dans le monde, avec des stades de re cherche plus ou moins avancés, dont 8 avec une administration par voie nasale », explique Patrick
Barillot, co-fondateur avec Isabelle Dimier-Poisson, enseignante-cher cheuse à Tours, de la startup tou rangelle LoValTech. Une note du ministère de la Recherche affirme que le marché des vaccins contre la Covid-19 était de plus de 50 Md€ en 2021, en pleine pandémie, et les prévisions de marché en
« Pour vérifier la toxicité du vaccin chez le lapin, c’est 400 000 € », illustre Patrick Barillot. Après les lapins, les souris et les hamsters seront réquisitionnés pour amener en toute sécurité le spray nasal vers les premiers essais cliniques, ceux sur l’homme, prévus à l’été 2023.
Pour l’heure, les feux sont au vert et les financements suffisants pour ce vaccin inédit qui sera donc proposé par administration nasale. L’Agence nationale de la recherche (ANR) et la Région Cen
tre-Val-de-Loire ont financé à la hauteur de 50 000 € la phase de développement du vaccin et une enveloppe de 2,4 M€ a éga lement été débloquée par le mi nistère de l’Enseignement supé rieur, de la Recherche et de l’In novation, ainsi que par l’université de Tours.
veau des fosses nasales, qui sont la porte d’entrée du virus. C’est ce qui fait qu’il aura une efficacité contre les formes graves, comme les vaccins qui existent, mais qu’il va aussi protéger de la contagiosité, ce que font peu ou mal les vaccins actuels », explique Isabelle DimierPoisson.
La startup a également figuré parmi les lauréats du concours d’innovation I-Lab de la Bpifrance avec une récompense financière à la clé. Une somme qui a permis de financer le volet toxicité régle mentaire, indispensable pour dé montrer que l’innocuité du vaccin est totale.
Reste que la startup tourangelle devra avoir levé près de 3,6 M€ d’ici à fin 2022, et « entre 20 et 25 M€ l’année suivante », selon Patrick Barillot. Le chemin vers la commercialisation du vaccin est donc encore long et la réussite conditionnée en partie par les capacités de financement. « Et pour porter le projet jusqu’au bout, 100 à 150 M€ seront encore nécessaires » , poursuit le diri geant.
Toute l’équipe de LoValTech se veut optimiste, encouragée par le succès sans appel des essais précliniques. « L’administration par voie nasale va induire une réponse immunitaire générale, comme les vaccins habituels, mais également une réponse immunitaire au ni
Autre atout, et non des moindres, ce vaccin protéique ne se concen tre pas exclusivement sur la fa meuse protéine Spike. « Tous les vaccins sont basés sur la protéine Spike, mais celle-ci mute énormé ment. L’un des intérêts majeurs de notre vaccin, qui intègre aussi la protéine Spike, est qu’il intègre d’autres protéines qui ne sont pas soumises à mutations. Ces pro téines, qui font l’objet d’un brevet, n’évoluent pas. Il y a donc une re connaissance du virus par le sys tème de défense de l’être humain, quels que soient les variants », décrypte Patrick Barillot. Et puis, le vaccin développé par LoValTech se conserve à température posi tive, ce qui lui confère un avantage important, particulièrement pour les campagnes de vaccination des pays émergents. Selon le planning idéal, ce vaccin dont LoValTech possède une li cence exclusive d’exploitation concédée conjointement par l'uni versité de Tours et l’Inrae, pourrait passer aux essais de phase I et II sur l’homme à la fin de l’année
ou au début de la suivante. Si les résultats de la phase III, celle des ultimes essais cliniques, sont positifs et aussi sous condi tion de bénéficier d’une autorisa tion d’urgence, le vaccin pourrait être commercialisé fin 2024 ou début 2025. « Si on rentre sur le marché en 2025, cela veut dire que la majorité de la population mondiale est vaccinée. On va donc faire des essais pour que notre vaccin puisse intervenir en tant que rappel des vaccins pré cédents en améliorant leurs per formances », complète Patrick Barillot.
Ce vaccin « 100 % made in France » dans sa conception comme dans sa production puisque celleci sera confiée à la société tou lousaine GTP Bioways, représente un enjeu de fierté nationale au pays de Pasteur. « Ce vaccin Co vid-19 va représenter une preuve de notre savoir-faire, de notre ex périence et de notre technologie », s’enorgueillit le ministère qui sou tient sans réserve la startup tou rangelle.
« Notre vaccin est très attendu et nous recevons beaucoup de cour rier depuis un an à ce sujet. Ce qui est mis en avant, c’est que notre vaccin est fa briqué ici et que ce sont des chercheurs académiques qui l’ont développé. Je pense que ça peut compter », conclut Isabelle DimierPoisson.
IL VA AUSSI PROTÉGER DE LA CONTAGIOSITÉ, CE QUE FONT PEU OU MAL LES VACCINS ACTUELSJG
APRÈS LE RECYCLÉ, PLACE AU SURCYCLÉ
Régine Charvet-Pello fait feu de tout bois. Aux côtés du président de Tri 37 et du maire de St-Paterne-Racan, la présidente fondatrice du cabinet tourangeau RCP, qui a conçu la robe et l’aménagement intérieur de tramway tourangeau, vient de poser les bases d’une filière tourangelle de rénovation et de réemploi des mobiliers délaissés. Avec l’ambition de créer de véritables collections de meubles design à prix très abordable.
Toujours habile dans sa ca pacité à humer l’air du temps – et à faire jaillir de ses convictions citoyennes des opportunités de business –, Régine Charvet-Pello, la dirigeante du ca binet de design tourangeau RCP, s’est lancée dans une nouvelle aventure qui entend revisiter de fond en comble les pratiques de recyclage s’adossant aux ressour ceries.
Pas question d’abandonner le sujet aux seuls bricoleurs du di manche, aussi importants soientils dans les nouvelles pratiques de réduction des gaspillages in duits par notre société d’hyper consommation. « Il ne s’agit pas de rafistoler des meubles cassés. Nous voulons introduire dans la gestion des délaissés la notion du beau. Notre projet, c’est de créer de nouveaux objets durables qui
« On ne peut plus envoyer à la benne des milliers de tonnes d’ob jets délaissés, notamment des meubles, sans tenter de leur re donner une seconde vie. Mais dans notre cas, on ne peut pas parler de seconde vie. Cela va bien au-delà ! », lance-t-elle d’em blée.
doivent remplir toutes les fonctions du mobilier, y compris esthétiques. Surtout, nous souhaitons proposer à des prix abordables des pièces uniques, comme il est de tradition dans le design », soutient Régine Charvet-Pello.
Partageant cette vision ambitieuse avec Éric Lachabrouilli, le directeur
et gérant de l’entreprise d’insertion Tri 37 spécialisée dans le recyclage, et avec le maire de St-PaterneRacan, Régine Charvet-Pello est passée à l’action en s’appuyant sur les ressources de ces deux vieilles connaissances. Ainsi que sur celles de l’association Valesens qu’elle a fondée et qui vise à pro mouvoir une filière des métiers du design : « Nous avons pas mal tâtonné, mais nous sommes parve nus à monter une première « belle équipe » autour d’Alexandre Es teves, un jeune designer que nous avons accueilli en résidence dans les locaux de la recyclerie de StAntoine-du-Rocher, exploitée par Tri 37. Il a travaillé avec quelques salariés en insertion, tout heureux de participer à un projet aussi va lorisant et propice au renforcement de l’estime de soi ». Ce travail a donné lieu à la création d’une collection de douzaine de pièces uniques (chaises et meubles) qui ont été présentées en septembre 2021 lors de la France Design Week Loire Valley, la grande messe régionale du design : « Cette première collection a été très bien accueillie, ce qui
Une collection d’une douzaine de pièces de mobilier a été présentée en septembre 2021 lors de la France Design Week Loire Valleynous a bien sûr encouragés à poursuivre l’expérience » D’autant qu’une très forte marque d’intérêt d’un futur acheteur est venue opportunément consolider cette première preuve de concept. Séduit par la démarche, le pro moteur-constructeur et bailleur Ligeris a, en effet, interrogé les trois associés sur leur capacité à produire dans de bons délais près
territoire. » Et de s’appuyer no tamment sur l’obligation faite aux acheteurs publics, par l’un des décrets de la loi Agec (anti-gaspil lage et économie circulaire), d’ac quérir au moins 20 % de produits issus du réemploi.
Partant, une seconde « belle équipe » a été constituée en dé cembre 2021 autour de deux membres de RCP Design, Benja
accepté de prêter main forte afin d’évaluer et de valider la qualité des rénovations réalisées par les salariés en insertion : « On est collectivement en train de construire une marque, peut-être même une future franchise que nous pourrons développer sur l’ensem ble du territoire national », estime la présidente de RCP.
Jean-Christophe Savattierde 200 pièces de mobilier (tables, chaises, meubles divers) destinées à équiper 21 appartements d’une future résidence étudiante. Celleci doit prendre ses quartiers dans le bâtiment des années cinquante de l’ancienne Poste de l’avenue Grammont, à Tours, qui fait l’objet d’un chantier de réhabilitation et de reconversion.
Le projet, qui correspond à une commande ferme d’environ 100 000 €, vise à proposer aux futurs résidants un mobilier vin tage de qualité correspondant à l’esprit des lieux. « L’idée que les étudiants ne doivent pas irrémé diablement être condamnés au moche m’a séduite. Nous avons immédiatement décidé de relever le gant, précise Régine CharvetPello. Ce partenariat avec Ligeris esquisse le modèle économique qui reste à inventer dans cette ac tivité de réemploi à forte valeur ajoutée d’objets délaissés. Le projet, c’est bien de créer de la valeur en s’appuyant sur les ressources d’un
min Foucher et Agatha Nesti, qui ont été rejoints par des recrues enthousiastes de Tri 37. Au total, une bonne dizaine de personnes s’activent aujourd’hui au service du programme, baptisé Habiter Surcylé et physiquement accueilli dans des locaux fournis par la commune de St-Paterne-Racan : celle-ci a mis à disposition une partie (400 m2) des 1 500 m2 du Hangar, un ancien bâtiment de stockage de pommes de terre que le maire veut transformer en tiers-lieu.
« Ce programme est d’une grande complexité mais il est fondateur, poursuit Régine Charvet-Pello. Il nous faut tout inventer, jusqu’aux process de collecte. Par exemple, des correspondants employés par les services des encombrants de Tours Métropole sont formés à détecter les bons objets qui four niront la matière première de nos collections.
»
Des artisans experts (ébénistes, serruriers, peintres) ont également
DES MEUBLES
AU TEXTILE ?
Décidément très en pointe sur le sujet du recyclage, Régine Char vet-Pello et ses complices n’enten dent pas s’en tenir au seul sujet du mobilier. Valesens a souhaité aussi mobiliser l’association tou rangelle Active qui récupère des vêtements et des textiles usagés. « Dans le cadre du projet d’équipement des intérieurs de la résidence étudiante que nous a confiée Ligéris, nous avons aussi souhaité crééer des plaids en associant des étudiants du cursus Mode et Matériaux du lycée Choi seul, ainsi que les couturières qui confectionnent les costumes des Scénoféries de Semblançay , in dique la patronne de RCP. L’indus triel Lestra (de Nazelles-Négron, NDLR) nous a aussi donné un sé rieux coup de pouce en nous cé dant des rebuts de couettes qui ont garni les futurs plaids de la ré sidence. » Cette première expé rience pourrait connaître des pro longements.
IL NE S’AGIT PAS DE RAFISTOLER DES MEUBLES CASSÉS. NOTRE PROJET, C’EST DE CRÉER DE NOUVEAUX OBJETS DURABLES ”
CHEZ MARTIN, RIEN NE SE PERD…
Chaque année en France, plus de 47 millions de tonnes de résidus industriels sont produits. L’entreprise familiale Martin Environnement, basée à Chevilly (Loiret), propose aux industriels de la région comme aux collectivités des solutions de valorisation et de recyclage.
L’histoire familiale de Martin Environnement, entre prise installée dans le ha meau de La Croix-Briquet à Che villy, démarre en 1954. « C’est une vieille histoire avec l’arrivée d’une famille parisienne ayant des ori gines espagnoles et sous le bras une activité atypique : la collecte des huiles usagées. Quelle idée de venir s’implanter ici, le long d’une route nationale en construc tion, pour développer cette acti vité ! », confie, sourire aux lèvres, Jean-François Martin, actuel pré sident de Martin Environnement et petit-fils de Jean Martin, le pa triache fondateur.
Un peu moins de soixante-dix ans plus tard, la PME a bien grossi – 60 salariés et un CA de 9,5 M€ en 2021 avec une prévision à 10 M€ en 2022 – et elle se taille la part du lion sur le marché de la gestion et de la valorisation des déchets industriels qui est dominé par de grands groupes, comme Veolia et Suez. D'abord orientée vers le ramassage des huiles usagées, l'entreprise a di versifié son activité et le panel de ses clients au fur et à mesure de sa croissance : « On travaille avec l’industrie cosmétique, phar maceutique, avec les sous-traitants automobiles, les garages et avec
les collectivités pour lesquelles on récupère les déchets dange reux des ménages », détaille JeanFrançois Martin. Au début de l’été, l’entreprise inaugurait un nouveau bâtiment fait de bois et de zinc destiné à accueillir le nouveau pôle administratif à proximité de la plateforme de tri. Gestion et valorisation des dé chets dangereux comme nondangereux, Martin Environnement propose à ses clients de nouvelles solutions de prise en charge glo bale, à l’heure où la conscience environnementale gagne du ter rain jusqu’à devenir un impératif catégorique. « L’incinération n’est plus la seule solution. On travaille à développer une filière de valo
risation pour le plastique souillé, par exemple. D’une façon géné rale, on cherche de nouveaux modes de traitement pour limiter l’impact sur l’environnement et donner une seconde vie aux dé chets », assure le patron de Martin Environnement. Toujours dans cette logique de transition écologique, l’entreprise a choisi de concentrer son activité dans un périmètre géographique réunissant le Centre-Val de Loire et le sud de l’Île-de-France. « Notre modèle, c’est la proximité. Je ne vois pas l’intérêt de traverser la France pour collecter des déchets », conclut Jean-François Martin.
JGÀ TOURS, LES DÉCHETS NE SONT PLUS EN ODEUR DE SAINTETÉ
La première pierre du futur centre de tri interdépartemental de Parçay-Meslay, près de Tours, a été posée en juin. Cette unité, dotée d’équipements de dernière génération, va traiter annuellement plus de 50 000 tonnes de déchets issus de la collecte sélective. Pour autant, le problème du traitement des déchets ménagers, qui ne pourront plus être enfouis en Touraine à partir de 2027, n’est toujours pas réglé.
Un projet majeur porté par un collectif qui a su vaincre beaucoup d’obstacles
«C’est un projet majeur porté par un collec tif qui a su vaincre beaucoup d’obstacles » : Thierry Boulay, le président de la SPL Tri Val de Loir(e), ne cachait pas sa satisfaction en juin dernier lors de la pose de la première pierre du futur centre de tri interdépar temental des déchets qui va être construit sur la ZAC du Cassantin, à Parçay-Meslay, au nord de la métropole tourangelle.
Engagé en 2015 par une dizaine d’EPCI et de syndicats mixtes d’Indre-et-Loire, du Loir-et-Cher et de la Sarthe, ce programme va permettre à près de 950 000 habitants du bassin de vie concerné de bénéficier d’une unité de tri ultra-moderne qui sera en capacité de traiter chaque année près de 53 000 tonnes de déchets issus de la collecte sélective. Il s’agit notamment de tous les
contenus en provenance des pou belles jaunes (emballages, cartons, papiers) qui bénéficient de ro bustes filières de recyclage. « Mais aujourd’hui, ces unités de tri et de valorisation sont dispersées sur l’ensemble des territoires et ne bénéficient pas toutes des technologies les plus pointues, nous confie un technicien. Du coup, les taux de valorisation ne sont pas toujours excellents » Le futur centre de tri du Cassantin
devrait permettre d’améliorer la performance et donc le modèle économique de cette activité. Selon les responsables de Co ved-Paprec, le constructeur-ex ploitant qui a remporté le marché du centre de tri, l’unité tourangelle sera dotée d’une quinzaine de trieurs optique de dernière gé nération développés par la société française Aktid, de Chambéry (73), « probablement, ce qui se fait de mieux dans le genre ».
Les sommes engagées sont à la mesure des ambitions, puisque 47 M€ (2 M€ pour l’acquisition du terrain, 20 M€ pour les bâti ments et les voiries, 25 M€ pour les équipements) vont être injec tés dans la construction du centre qui devrait entrer en exploitation au 1er janvier 2024. Le reste à charge des collectivités sera heu reusement réduit grâce à une subvention de l’Ademe de 8 M€, une aide d’environ 1 M€ provenant de Citeo – une entreprise à mis sion dédiée à l’environnement, créée par les acteurs de la grande distribution – ainsi qu’une contri bution de la Région Centre-Val de Loire dont le montant n’est pas encore arrêté.
Idéalement situé à proximité de l’échangeur de l’A10 et de l’A28 au sein d’une zone à forte tonalité logistique, le centre ne devrait « générer que 45 rotations quoti diennes de camions », se félicite Bruno Fenet, le maire de ParçayMeslay. Il va entraîner aussi la création d’une soixantaine d’em plois.
Les citoyens ne peuvent que se réjouir de la mise en service pro chaine de cette infrastructure…
qui sera toutefois loin de régler l’entièreté de la question des dé chets tourangeaux, et notamment des 150 000 tonnes de déchets ménagers produites chaque an née par les particuliers et les en treprises. Ces volumes imposants sont enfouis à Chanceaux-prèsLoches et à Sonzay, sites qui, proches de la saturation, doivent fermer leurs portes respective ment en 2024 et en 2027.
de transition délicate. Il y a urgence à ce que les élus prennent leurs responsabilités » prévient Benoist Pierre qui a obtenu la désignation d’un assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO). Celui-ci devrait préciser les besoins métropolitains et proposer des solutions techniques, comme la construction d’une ou de plusieurs unités de valorisation de déchets et de production d’énergie verte (UVOM-UVEP).
IL NE S’AGIRA PAS D’UNE ÉNIÈME ÉTUDE !
Faute d’avoir pu s’accorder en 1998 sur la construction d’une unité de valorisation (UVOM), les élus… et les contribuables risquent de devoir payer cher cette faute politique. L’augmentation de la taxe sur les activités polluantes (TGAP) qui frappe l’enfouissement devrait passer à 65 € en 2025, contre 30 € en 2021.
« Et bien sûr, l’augmentation des prix de l’énergie va impacter for tement nos coûts », nous indique Benoist Pierre, vice-président de Tours Métropole en charge des déchets et de la transition écolo gique, bien décidé à prendre à bras-le-corps ce dossier sensible. La fermeture des centres d’en fouissement devrait contraindre la collectivité à acheminer les dé chets par la route vers des unités régionales situées à Chartres et à Montargis, à plus de 2 heures de route de Tours.
« Nous allons entrer dans une phase
« Il ne s’agira pas d’une énième étude ! Le sujet, c’est de pouvoir proposer rapidement des solu tions concrètes. Toutes les cartes doivent être mises sur la table et débattues, y compris la remise aux normes et l’augmentation des capacités de l’UVOM de St-Be noît-la-Forêt, près de Chinon. Il s’agit aussi de bien dimensionner ces équipements en tenant compte de la tendance à la dimi nution des tonnages produits par les particuliers, précise l’élu. Nous sommes aussi en train de réfléchir au déploiement d’un réseau de méthaniseurs qui produirait de l’énergie et de la chaleur à partir de biodéchets. De premières réa lisations pourraient être opéra tionnelles avant la fin du mandat » La facture totale d’une meilleure optimisation des déchets ména gers tourangeaux pourrait s’élever à 150 M€.
LE SUJET, C’EST DE POUVOIR PROPOSER RAPIDEMENT DES SOLUTIONS CONCRÈTES ”
L’INVESTISSEMENT CAPACITAIRE FAIT SON GRAND RETOUR
Après de longues années de disette, il semble que les programmes industriels d’augmentation capacitaire majeurs refassent surface. Afin de fixer ces projets, portés par l’engouement pour les circuits courts et la transition écologique, la collectivité régionale devrait prochainement proposer de nouveaux dispositifs de soutien.
Est-ce
une conséquence des politiques de relocalisation devenues, depuis la crise sanitaire, l’alpha et l’omega des stratégies économiques des pou voirs publics ? Toujours est-il que l’heure du retour des investisse ments industriels massifs sur l’en semble du territoire français sem ble bien avoir sonné. L’indice le plus frappant de cette attractivité recouvrée réside sans aucun doute dans la rafale d’investisse ments annoncée en juillet lors du sommet Choose France qui s’est tenu au Château de Versailles. Environ 6,7 Md€ devraient ainsi être injectés dans les mois à venir sur différents sites industriels, avec à la clé la création de plus de 4 000 emplois. Cette édition estivale de Choose France n’a pas particulièrement gratifié le territoire régional, à l’ex ception notable du projet mijoté par le groupe familial allemand Vorwerk. Le concepteur du cé lèbre robot de cuisine Thermomix, qui exploite un site industriel his
torique à Cloyes-les-Trois Rivières (28), a, en effet, confirmé son in tention d’injecter 57 M€ dans la construction d’une nouvelle usine à Châteaudun entraînant la créa tion de 74 emplois (lire aux pages 48 et 49).
Ce fut aussi le cas lors de l’édition de Choose France en janvier 2022, où on n’avait pu relever que l’ini tiative du groupe Mars qui avait alors annoncé l’augmentation de sa production au bénéfice de son usine de St-Denis-de-l’Hôtel (45), soit un projet de 85 M€ qui devrait générer la création de 70 emplois.
« Les projets-vitrines exposés lors des grandes messes Choose France n’épuisent pas le sujet. Il y a beaucoup d’autres dossiers à l’étude et dans la plupart des sec teurs, en région Centre-Val de Loire comme ailleurs », estime ainsi ce professionnel régional du développement économique.
« Après s’être contenus pendant des années, la plupart des indus triels, et pas seulement des in dustriels étrangers, retrouvent le
chemin des projets capacitaires », reprend notre interlocuteur. Et la récente réhabilitation des circuits courts ainsi que la volonté de rendre plus sûres les chaînes
d’approvisionnement malmenées par la pandémie et la crise russoukrainienne ne sont pas les seules raisons de cette nouvelle prise de cap. « On sent que les entre prises s’engagent dans de pro fondes mutations, notamment liées à la transition écologique, estime ainsi Harold Huwart, le vice-président de la Région en charge de l’économie, du tourisme et de l’Europe. Et ces probléma tiques vont nécessiter des inves tissements très lourds dans les mois et les années à venir. »
C’est pourtant dans le registre désormais traditionnel de l’indé pendance stratégique que s’inscrit le colossal investissement indus triel mis à l’étude par le fabricant de composants électroniques STMicroelectronics à Tours. Si ce
projet était confirmé, il reviendrait à ce qu’une enveloppe de plus d’un milliard d’euros soit engagée au profit de l’accroissement des capacités de cette unité spécia lisée dans les composants de puissance, ce qui amènerait la direction à recruter 700 salariés de plus.
la pharmacie et de la cosmétique, comme en témoigne le projet du fabricant de cosmétiques Sisley qui a révélé récemment son intention de se doter d’une nouvelle usine à Vendôme (41) au prix d’un investissement de 35 M€, vingt ans après avoir repris l’usine Francos de Blois.
ON SENT QUE LES ENTREPRISES S’ENGAGENT DANS DE PROFONDES MUTATIONS, NOTAMMENT LIÉES
À LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ”
On aurait alors affaire à l’un des plus importants programmes ca pacitaires jamais réalisé sur le ter ritoire. Il doit naturellement être rapproché du projet d’investissement de 5,7 Md€ – celui-ci confirmé lors de l’édition estivale de Choose France – qui va se tra duire par la construction d’une nouvelle usine à Crolles, près de Grenoble, où STMicroelectronics exploite sa plus importante unité française.
Dans un genre différent et un gabarit plus modeste, on notera aussi que le groupe français All Circuits a investi 30 M€ dans une extension de 6 000 m2 de MSL Circuits, son usine de Meung-sur-Loire (45) qui emploie 600 salariés (lire aux pages 44 et 45). S’il parvient à juguler les importantes difficultés de recru tement auxquelles il est confronté, le groupe prévoit d’employer 200 personnes de plus à l’horizon 2024.
Par ailleurs, le territoire régional devrait continuer à voir prospérer ses bastions traditionnels de
Mais les responsables du déve loppement économique régional ne se bercent pas d’illusion. Les grands projets industriels en pré paration ne sont pas indéfectible ment promis au territoire : « Nous sommes à un point de bascule », prévient Jean-Louis Garcia, le di recteur de l’agence de dévelop pement économique régionale Dev’Up : « Beaucoup de projets s’apparentent à du tout ou rien. Les entreprises peuvent aussi in vestir sous d’autres cieux si toutes les conditions d’attractivité ne sont pas réunies. Et si elles choi sissent cette option, leurs usines régionales peuvent se retrouver en danger ou fragilisées. » Cette situation a incité l’exécutif régional à plancher sur la création de nouveaux dispositifs de soutien qui devraient être annoncés dans les prochaines semaines. Parmi ses outils devrait figurer un nou veau fonds permettant de contri buer au financement de programmes industriels de grande taille dont la collectivité attend mani festement le retour. JCS
POULAIN SE REMET EN SELLE À BLOIS
L’usine blésoise de Chocolat Poulain, marque emblématique revenue sous pavillon français 2017, vient d’investir 800 000 € dans une nouvelle machine quasi exclusivement dédiée aux marchés export. Ceux-ci ont permis de doubler la production en cinq ans.
Vénérable institution blé soise fondée en 1848, Cho colat Poulain, repris en 2017 par le groupe français Ca rambar & Co (350 M€ de CA, 1 300 salariés, six sites de pro duction tous basés en France),
met les bouchées doubles pour revenir sur le devant de la scène. Pour cela, la marque peut compter sur l’appui de sa maison-mère. Adossée au fonds d’investisse ment Eurazeo, celle-ci essaie de redonner leur éclat à d’anciennes marques tricolores de confiserie (Carambar, Krema, Mi-cho-Ko, la Pie-qui-chante, les pastilles Vichy ), des pépites sucrées qui, si elles ont perdu de leur superbe avec le temps, sont tout de même parvenues à préserver un capital sympathie dans la mémoire col lective des gourmands.
« Nous avons un double défi commercial et industriel à relever, avance François Berne, le direc teur de la vaste usine Poulain de Villebarou, au nord de l’agglomé ration de Blois. Celui de la recon quête du marché français et de la progression à l’export qui re présente déjà 39 % de notre CA, ainsi que de l’accroissement de la compétitivité de notre appareil industriel ».
En effet, si Chocolat Poulain a, vaille que vaille, réussi à maintenir des positions honorables sur le marché des poudres chocolatées (2e rang), la marque a perdu beau
coup de terrain sur le segment des tablettes, jalousement gardé par les marques suisses comme Lindt, Milka ou Nestlé qui ne lais sent plus que quelques miettes à leurs challengers.
Qu’à cela ne tienne, le site blésois, qui accueille une plateforme R&D, a revisité ses gammes et renoué avec l’innovation en proposant, par exemple, un produit co-dé veloppé avec la biscuiterie St-Mi chel, qui est installée tout près de là, à Contres.
« Mais c’est à l’export, notamment sur les marchés britannique, alle mand et aussi aux États-Unis, que va se jouer la progression de notre activité », indique François Berne. Au Royaume-Uni et en Al lemagne, Chocolat Poulain peut s’appuyer sur les marques Terry’s et Kaba, entrées dans le giron de Carambar et désormais produites à Blois : « C’est déjà la contribution à l’international qui explique pour la plus grande part le doublement des tonnages produits annuelle ment sur le site depuis cinq ans. » Ceux-ci s’élèveront cette année à plus de 35 000 tonnes, contre 17 000 tonnes en 2017, année qui avait constitué un étiage his
François Berne, le directeur de l’usine Poulain de Villebarou, a un double défi commercial et industriel à relever.torique. « L’objectif est tout d’abord de consolider ces 35 000 tonnes, puis d’envisager une nouvelle phase de croissance des volumes de 20 % d’ici à 2027 ou 2028 », explique le dirigeant qui compte bien s’appuyer sur les capacités d’une nouvelle machine récem ment installée sur le site, au prix d’un investissement de 800 000 €.
Cet équipement, mis en service en avril 2022, permet d’encaisser à très haute cadence (32 caisses par minute, soit 540 tablettes en caissées) les produits destinés aux marchés export « qui requiè rent des formats de conditionne ment différents de ceux réservés au marché français ».
Le projet a semblé suffisamment stratégique aux pouvoirs publics
pour qu’ils attribuent une sub vention de 200 000 € à ce pro gramme industriel. Pour autant, il ne faut pas s’attendre à ce que cette nouvelle machine très at tendue contribue à des créations d’emploi.
A l’apogée de Chocolat Poulain, dans les années 70, l’entreprise employait plus de mille salariés dans ses usines historiques de Beauséjour et de la Villette !
L’autre défi à relever, tout aussi redoutable, est celui de l’impact
C’EST A L’EXPORT QUE VA SE JOUER LA PROGRESSION DE NOTRE ACTIVITÉ ”
« Le sujet, c’est la préservation de l’emploi existant », estime la direction d’une usine ultra-auto matisée qui n’emploie plus guère que 150 salariés. Les effectifs ont régulièrement fondu au fil des années et au gré des différents propriétaires qui se sont succédé.
de la crise énergétique. L’usine de Villebarou consomme beau coup de gaz et redoute de faire partie des entreprises indus trielles qui devront, cet hiver, mener des opérations de déles tage.
STEP, POUR QUE LES PATRONS AIENT LES REINS SOLIDES
La plupart des étudiants en psychologie du travail que j’accompagne en Master 2, ne veulent pas être à leur compte. Ils m’expliquent qu’ils seraient mal couverts d’un point de vue santé. Ils ne sont pas enchantés par le fait de devenir des dirigeants. Lors de mes interventions, je leur dit qu’entreprendre peut être dif昀cile mais également qu’être à son compte offre un potentiel énorme d’épanouissement : en créant quelque chose de nouveau, qui a du sens, qui apporte de la valeur, qui fédère une équipe. J’ai créé STEP pour contribuer à un changement de perception.
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JCSALL CIRCUITS EST REVENU DANS LA COURSE
Après une délocalisation de la production en Chine et en Hongrie, All Circuits, entreprise spécialisée dans l’assemblage de cartes électroniques à Meung-sur-Loire (Loiret), connaît une croissance spectaculaire. Le boom des voitures électriques nourrit des commandes à rallonge avec les équipementiers et les constructeurs. Portrait d’une entreprise revenue de loin qui revendique un savoir-faire français.
Le vent mauvais de la dés industrialisation a fini par souffler sur le secteur de l’électronique. Bruno Racault, 60 ans, le président du groupe All Circuits, se souvient « des affres de la délocalisation en Chine, en Hongrie ». Petit retour en arrière : début des années 2000, Valeo Electronique revend son site de Meung-sur-Loire au fabricant mondial d'électronique Jabil Cir
cuit, géant américain aux 18 000 salariés.
Dans l’usine de Meung-sur-Loire, rien ne va plus, c’est le désenchan tement. L’activité chute, les lignes de production se vident et partent à étranger où le coût de la ma nœuvre est très faible. La crise de l’automobile de 2008 et 2009 assombrit encore un tableau déjà peu reluisant.
Les 700 salariés ne savent plus
à quelle sauce ils vont être man gés. « Nous étions quelques-uns à vouloir racheter le site qui était vendu à l’euro symbolique », se souvient Bruno Racault, ingénieur électronicien de formation, qui avait commencé sa carrière en 2001 à Meung-sur-Loire en tant que responsable des achats : « Quand on l’a obtenu, avec un petit groupe de quatre salariés, on nous a dit : « Maintenant que vous avez les clés, débrouillezvous. Voilà comment tout a commencé. »
Trois ans plus tard, le site de Meung-sur-Loire reprend des cou leurs : « On a rempli le site en pariant sur deux choses : les grands volumes et l’automatisa tion. Si on arrivait à réduire la part de la manœuvre directe, on pou vait se relancer. On a automatisé la production, ce qui nous a fait gagner en même temps en qua lité. On a aujourd’hui 2 retours défectueux pour 1 million de pièces fabriquées, alors que le rapport est de 1 à 100 dans les usines chinoises », souligne Bruno Racault.
Bruno Racault, le président d’All Circuits, est en train de gagner son pari de relocalisation de l’assemblage de cartes électroniques.Actuellement, quelque 300 robots assemblent les cartes électro niques sorties du site de Meungsur-Loire. « On arrive à faire des cartes à peu près au même prix que les Chinois. Nous avons deux personnes sur chaque ligne, ils en ont une centaine. » En 2012, All Circuits rachète, à l’euro symbolique, les sites de Bayonne et de Tunis qui faisaient partie du groupe avant son im
La fin programmée des véhicules thermiques, l’essor irrésistible des voitures électriques, porté par les pouvoirs publics et la parole poli tique focalisée sur la transition écologique, ont donné un coup d’accélérateur providentiel à All Circuits. Le goût amer de la délo calisation a fait place à la douceur du ronronnement électrique. « Une voiture électrique, si vous enlevez le petit bloc moteur, ce
POUR L’ÉLECTRONIQUE, ON A CHANGÉ DE CONTINENT. NOTRE TERRAIN DE CHASSE, AUJOURD’HUI C’EST L’EUROPE ”
plosion. L’activité se structure et le rêve de « faire de l’électronique en France » ne frôle plus l’utopie. « Seulement 2% de l’électronique mondiale est fabriquée en Europe. On a une progression extraor dinaire devant nous », s’enthou siasme le patron de All Circuits qui assure que la France et son entreprise peuvent se tailler la part du lion sur le marché de l’électronique. « La France est re devenue compétitive. Dans nos usines, on assemble 150 000 composants en 1 heure, contre 15 000 il y a dix ans. Une véritable révolution industrielle nous a per mis de faire des bonds. » Coût des transports, développement des technologies conçues sur le territoire national et prix de la main-d’œuvre qui augmente dans des pays de moins en moins low cost : tous les ingrédients sont réunis pour rendre la production de cartes électroniques enfin ren table dans l’Hexagone.
ne sont plus que des cartes élec troniques, des phares aux essuieglaces, détaille Bruno Racault. Il faut prendre les parts de marché maintenant, c’est le moment », poursuit-il.
En moins de dix mois, pour 8 M€, un nouveau site d’assemblage de 6 000 m2 est sorti de terre, adossé au bâtiment central de l’entreprise à Meung-sur-Loire. Treize lignes d’assemblage, ex clusivement dédiées au secteur automobile, y seront ouvertes progressivement. « Nous sommes allés chercher des subventions, deux fois 800 000 € dans le cadre du plan de relance au titre de la relocalisation de la produc tion », précise le président de All Circuits.
Le site de Meung-sur-Loire, qui compte 550 salariés actuellement, va largement recruter dans les mois à venir (lire encadré) « Le CA du groupe, c’est 293 M€ (en 2021), on mise sur 360 M€ cette
année et 600 M€ dans deux ans.
On a déjà les commandes », no tamment avec des équipemen tiers comme Valeo et les construc teurs Renault et Stellantis.
Depuis deux ans, All Circuits contrôle ainsi toutes les batteries élec triques qui sortent des usines Re nault. « Pour l’électronique, on a changé de continent. Notre terrain de chasse, c’est aujourd’hui l’Eu rope », assure Bruno Racault. Le label « made in Meung-sur-Loire » est en train de renaître… Johann Galy
RECRUTEMENTS
EN MASSE
L’extension de 6 000 m2 de l’usine magdunoise s’accompagne d’un plan de recrutement ambitieux. Aujourd’hui, 2 000 personnes travaillent sur les cinq sites de production du groupe All Circuits, dont 550 à Meung-sur-Loire et 200 en Tunisie pour des assem blages qui ne peuvent pas être au tomatisés. D’ici à 2024, l’entreprise prévoit d’en embaucher 200 de plus dans le Loiret : « Nous avons déjà embauché 50 personnes en deux ans, dans l’ingénierie. Là, nous avons une cinquantaine de postes ouverts pour la production, même des débutants que nous formons », assure Bruno Racault. Conducteurs de ligne, techniciens de maintenance, ingénieurs… de nombreux profils sont recher chés : « L’essentiel, c’est l’humain. Nous souhaitons que nos salariés soient fiers de travailler dans une entreprise moderne qui va à la conquête des marchés. »
ARCHE, POINTURE LOCALE DU MADE IN FRANCE
À partir de son fief castelrenaudais, le fabricant de chaussures casual chic Arche perpétue une tradition familiale fondée sur l’excellence et la référence à des valeurs écologiques avant-gardistes. Secouée par la crise sanitaire, l’ETI se veut le chantre du made in France et s’apprête à lancer un programme de modernisation de son process industriel soutenu par les pouvoirs publics.
Fondé en 1968 par les parents, Pierre et Andrée, de son actuelle présidente
Près de 45 % du catalogue d’Arche est renouvelé chaque année
Catherine Hélaine, le fabricant tourangeau de chaussures pre mium Arche est sur le point
d’écrire une nouvelle page de son histoire. Durement affecté par la crise sanitaire, la société, adepte du style casual chic qu’elle a popularisé dans le monde entier, est revenue à son niveau d’activité d’avant la crise sanitaire. Et elle s’apprête d’ailleurs à réinvestir sur son site historique de ChâteauRenault (37) où elle emploie 123 des 145 salariés français. Arche dénombre à ce jour près de 243 collaborateurs en France et à l’étranger.
« Nos principaux atouts sont l’agi lité et la fidélité à nos valeurs », nous indique Frédéric Jacob, le directeur général. En poste depuis dix-huit mois, ce manager venu du monde de la joaillerie nous confirme que 600 000 € vont être engagés à Château-Renault dans l’optimisation et la digitali sation du process industriel qui emprunte autant au registre de l’artisanat d’art – le site emploie plusieurs Compagnons du Devoir – qu’à celui de l’industrie. « Nous allons notamment grandement accroître la traçabilité de nos pro duits. C’est une demande forte
de nos clients », poursuit Frédéric Jacob.
Les intuitions géniales – et avantgardistes – des fondateurs, qui donnaient beaucoup d’impor tance au développement durable et au made in France, ont forgé au fil du temps les atouts clefs de cette marque distribuée dans le monde entier avec plus de 70 % de ses paires de chaussures commercialisées hors du territoire national : « Nous certifions que 100 % de nos chaussures sont produites en France, et que 100 % des cuirs et des peaux que nous utilisons sont d’origine euro péenne. »
Certes, Arche s’adosse à un atelier implanté en Croatie, une unité de 50 salariés dédiée au pré-as semblage, mais l’intégralité des paires de chaussures est bien parachevée et conditionnée à Château-Renault. Mieux ! Les deux stylistes qui préparent les collec tions été et hiver du fabricant sous la houlette de Catherine Hé laine, également directrice artis tique du groupe, « travaillent en prise directe et en osmose avec les équipes de production. Ce qui nous procure beaucoup de plas ticité et de flexibilité ». Ainsi, si l’offre de la société comporte quelques modèles iconiques qui sont fréquemment revisités, près de 45 % du catalogue est re nouvelé chaque année, au rythme des deux collections été et hiver ponctuant le calendrier. « Ce renouvellement doit natu rellement respecter quelques in variants qui sont au cœur de l’ADN d’Arche », précise Frédéric Jacob. Comme par exemple l’uti
lisation de couleurs vives, et sur tout l’emploi de la fameuse se melle faite à partir de lait d’hévéa (lactae hevea), l’un des matériaux les plus écologiques de l’indus trie de la chaussure qui offre une grande souplesse et un confort optimum à ses utilisa teurs. Si le lait d’hévea est im porté en provenance de quelques pays producteurs, il est bien transformé en France par un sous-traitant, partenaire de longue date, qui fournit aussi les moules : « L’argument du made in France est devenu cen tral après avoir longtemps tenu un rôle plus effacé. Et c’est aussi valable pour notre clientèle fran çaise que pour notre clientèle internationale. »
par Bloomingdale’s aux États-Unis, Isetan au Japon ou KaDeWe au Berlin, des enseignes dont le for mat est équivalent à celui des Galeries Lafayette, chaîne de grands magasins où les chaus sures Arche sont également commercialisées.
L’ARGUMENT DU MADE IN FRANCE EST DEVENU CENTRAL APRÈS AVOIR LONGTEMPS TENU UN RÔLE PLUS EFFACÉ ”
Au-delà de la prise en compte des enjeux industriels et écolo giques par une partie croissante de la clientèle, c’est naturellement l’engouement pour l’excellence française qui se manifeste expli citement. « Un engouement jus tifié », soutient le directeur gé néral qui rappelle qu’en moyenne, la fabrication d’une paire de sou liers de la marque – située dans une fourchette de prix comprise entre 250 et 600 € – requiert environ 150 étapes différentes. Cette french quality a permis à Arche de s’imposer à l’international sur les étals de luxe et de mode. La marque est ainsi distribuée
« Nous nous appuyons aussi sur notre réseau de franchisés in dépendants multimarques, ainsi que sur nos 31 boutiques » , ex plique Frédéric Jacob. La majorité d’entre elles sont installées en France – dont 8 à Paris –, mais le groupe exploite aussi plusieurs points de vente à New York, Bos ton, un à Beverley Hills, ainsi qu’un à Anvers : « L’amélioration de nos canaux de distribution sélective est l’une de nos priorités, mais nous n’oublions pas le dé veloppement de notre canal di gital que nous venons de ren forcer. »
Près de 150 000 € ont ainsi été investis dans la refonte du site internet qui propose désormais de nouvelles fonctions comme le drive to store.
L’aventure d’Arche, totalement pi lotée de son fief castelrenaudais, n’est pas prête de s’éteindre. La troisième génération emmenée par Charlotte Philibert, la fille de Catherine Hélaine, se prépare déjà à reprendre le flambeau fa milial.
Jean-Christophe SavattierVORWERK REMET LE COUVERT EN EURE-ET-LOIR
Grâce à la mobilisation exemplaire des élus, de l’agence de développement économique régionale Dev’Up et de l’administration, qui ont accompagné ce projet depuis plus d’un an, le fabricant du célèbre robot culinaire Thermomix va construire sa deuxième usine eurélienne, cette fois à Châteaudun, avec à la clé la création de 74 emplois.
ros d’investissement – emploie quelque 450 salariés.
«Des Allemands qui produisent en France pour aller vendre en Chine, il faut avouer que ce n’est pas très courant ». C’est la punchline revigorante qu’a lan cée Michael Homuth, le direc teur des activités industrielles de Vorwerk, à destination des nombreux élus que le groupe avait réunis à la mi-juillet à l’oc casion d’une annonce excep tionnelle.
Ce fut, en effet, l’un des morceaux de choix du sommet Choose France qui a levé le voile sur toute une collection de futurs in vestissements qui vont être en
gagés sur le pré carré par des in vestisseurs étrangers : le groupe familial germanique, concepteur et fabricant du fameux robot de cuisine Thermomix, va bien se doter d’une seconde usine sur le parc d’activités de la Bruyère, à cheval sur Châteaudun et Don nemain-St-Mamès.
Vorwerk, qui a enregistré un CA 2021 record de 3,4 Md€, exploite depuis un demi-siècle une usine à Cloyes-les-Trois-Rivières, une douzaine de kilomètres au sud de Châteaudun. Celle-ci, qui a fait l’objet de multiples extensions ces dernières années – avec, à la clé, une centaine de millions d’eu
« Mais nous ne disposons plus assez de réserve foncière à Cloyes pour y envisager la moindre ex tension immobilière, indispensable à l’augmentation de nos ca pacités », explique Michael Ho muth. En conséquence de quoi, la société a réservé une emprise de 12,9 ha sur le parc de la Bruyère pour y construire une usine de 14 000 m2 « dont la surface pourra être doublée à terme, en fonction de notre développement commer cial et du lancement de nouveaux produits ». Le programme cor respond à un investissement de 57 M€ qui va générer, dans un premier temps, la création de 74 emplois.
« C’est une décision qui traduit toute la confiance que nous por tons à l’écosystème industriel fran çais, mais aussi local. Les soutiens des élus, de la Région Centre-Val de Loire, de l’agence de dévelop pement économique régionale Dev’Up et de l’administration dans son ensemble ne nous ont jamais fait défaut », a tenu à souligner le dirigeant dans un vibrant hom mage adressé à ses partenaires.
Il a, en revanche, fait part de sa grande préoccupation à propos de la difficulté de recruter des jeunes cadres ou des techniciens qualifiés, un phénomène auquel Vorwerk est confronté, comme de nombreuses entreprises régio nales (lire à ce sujet notre reportage au début du magazine) : « Il est impératif de désenclaver le sud du département en améliorant les dessertes routières et ferroviaires.
Il faut aussi faire reculer les déserts médicaux qui sont de puissants facteurs de non attractivité. »
Selon Michael Homuth, la décision de localiser l’usine en Eure-et-Loir « n’allait pas de soi. Il y avait de la concurrence. Il a fallu convaincre ».
Il a poursuivi en faisant observer qu’outre l’unité de Cloyes-les-TroisRivières, Vorwerk exploite deux
unités de production en Alle magne et une quatrième en Chine.
Ce second site industriel eurélien ne devrait pas constituer un site miroir de Cloyes-les-Trois Rivières qui abrite quatre lignes de pro
valeur. Notre volonté, c’est d’ac croître fortement notre empreinte industrielle », explique Michael Homuth.
Les premières réinternalisations engagées porteront notamment sur la production d’injecteurs de
duction. « Nous aurons deux nou velles lignes dans un premier temps, mais nous réinternaliserons aussi des activités de fabrication confiées aujourd’hui à des soustraitants européens. Nous souhai tons décliner tout un programme de remontée dans la chaîne de
silicone, « une technologie que nous ne maîtrisions pas jusqu’alors ». D’autres transferts et appropriations d’activité seront menées dans la foulée, « ce qui rend difficile d’estimer le périmètre industriel exact de chacun de ces deux sites ». JCS
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L’INVESTISSEMENT EN EURE-ET-LOIR N’ALLAIT PAS DE SOI. IL Y AVAIT DE LA CONCURRENCE. IL A FALLU CONVAINCRE ”
L’usine Sanofi d’Amilly (45), qui emploie 330 salariés, ne baisse pas la garde sur le terrain de l’attractivité. Le site vient d’inaugurer une exten sion capacitaire à l’occasion de la célébration du soixantième an niversaire de sa création. Les équipes de cette unité, spé cialisée dans la fabrication de deux dérivés de l’aspirine, l’Aspégic
et le Kardégic (environ 50 millions de boîtes par an), ont réussi à faire valoir une expertise galénique spécifique auprès de la direction, lui permettant de remporter la mise, suite à la compétition or ganisée avec d’autres usines du groupe. L’usine de l’agglomération mon targoise vient ainsi de se doter d’un atelier de fabrication de mi
crosphères. Ce dernier sera em ployé à la fabrication du Muco solvan, un produit indiqué dans le traitement de la toux grasse ; il est autorisé dans une trentaine de pays, dont très récemment l’Arabie Saoudite et Hong-Kong. « C’est un médicament qui a inté gré le portefeuille du groupe suite à l’échange d’actifs réalisé en 2015 avec la pharma allemande Boeh
ringer Ingelheim », nous indique Philippe Charreau, vice-président affaires industrielles de Sanofi.
Le site a été retenu parce que les équipes d’Amilly maîtrisent bien la technologie du spray employée dans la fabrication de la Dépakine, qui est également présentée en microsphères. Ce transfert indus triel délicat « a été si bien mené, poursuit Philippe Charreau, que nous avons été autorisés à entrer en fabrication sans présenter d’études de bioéquiva-lence ». Une performance peu commune qui témoigne de l’excellence de la maîtrise technique locale.
L’investissement, qui s’élève à 5,2 M€, a donné lieu à la construc tion d’une tour de plusieurs étages. Cet atelier sera doté d’une capa cité de production de 60 millions
de gélules qui seront remplies à Amilly et conditionnées par le fa çonnier Delpharm à Reims. Selon Wassim Kamoun, le directeur du site, « cet-te activité de condition nement pourrait être réinternalisée à terme ».
Notons que l’usine loirétaine est l’une des vitrines du made in France : elle est adossée à une unité de production chimique
d’acide acétylsalicylique (1 400 tonnes par an), le principe actif de l’Aspégic et du Kardégic, ainsi qu’à une plateforme logistique qui emploie 160 salariés à proxi mité de l’usine. « Le taux d’inté gration de nos activités dépasse les 90 %, ce qui est bien entendu un très bon score » se félicite Wassim Kamoun.
Michel Raffray, patron de SN Lefort, entre le maire de Blois Marc Gricourt et le président d’Agglopolys Christophe Degruelle. JCSSISLEY PREND SOIN DU LOIR-ET-CHER
Après Blois, Vendôme. Le fabricant de cosmétiques haut-de-gamme Sisley a choisi de créer une seconde usine française à 30 km au nord de la première. Une fidélité au Loir-et-Cher qui doit aussi beaucoup à l’image de ville des industries du luxe que développe la cité vendômoise.
Le fabricant de cosmé tiques Sisley a un véri tablement attachement pour le Loir-et-Cher. Près de vingt ans après avoir repris l’usine Francos de Blois, triplé sa surface et quadruplé son ef fectif (250 salariés aujourd’hui), l’ETI familiale dirigée par Philippe d’Ornano a annoncé le 30 juin qu’elle allait construire une nou
velle usine de même capacité que celle de Blois, cette fois à Vendôme. Après l’installation de deux ateliers du maroquinier Louis Vuitton, la ville confirme son tropisme pour les industries du luxe, Sisley étant devenu pro gressivement une référence dans ce domaine pour la cos métique, mais aussi pour la parfumerie.
Le patron de Sisley Philippe d’Ornano, à gauche ci-dessus, avec ses parents Hubert et Isabelle
La petite société rachetée en 1975 par Hubert et Isabelle d’Or nano, les parents de Philippe, est devenue une ETI qui affiche un CA de l’ordre de 850 M€ et em ploie 4 500 collaborateurs dans le monde. Pour accompagner son fort développement, elle a acheté une emprise foncière de 13 ha sur le parc technologique du Bois de l’Oratoire, au pied de la gare TGV de Vendôme-Villierssur-Loire, ainsi qu’un terrain de 2,5 ha pour les stationnements du personnel et des visiteurs. La communauté d’agglomération Territoires Vendômois travaille depuis plus d’un an sur ce dossier que nous avions évoqué dans notre édition bimensuelle du mois de mai. Sisley compte démarrer assez
rapidement les travaux de cette nouvelle usine – qui sera conçue zéro carbone – pour une livrai son d’ici deux à trois ans ; des extensions, sous forme de deux bâtiments situés de chaque côté du premier, sont d’ores et déjà envisagées. À terme, le site de Vendôme devrait employer 250 salariés, comme Blois, mais la montée en puissance sera pro gressive : le démarrage des opé rations de production s’effec tuera avec 75 collaborateurs. En complément de cet inves tissement que Philippe d’Ornano chiffre à 35 M€, Sisley va injecter 40 M€ à St-Ouen-L’Aumône, au nord de Paris, pour doubler ses capacités de recherche et de logistique existantes. Ce site est appelé à employer plus de 700 salariés d’ici à 2030, contre 400 aujourd’hui.
En dix ans, les effectifs de R&D de la marque ont été multipliés par sept. Sisley ambitionne de lancer dans les trois prochaines années deux nouvelles marques et a besoin « de davantage de matière grise dans les labora toires ».
François-Xavier BeuzonUNE USINE DE VIANDE VÉGÉTALE À CHEVILLY
ingénieurs, Guillaume Dubois et Cédric Meston, ont créé en 2019 de nou veaux produits alimentaires à base de protéines végétales mais ayant la texture et le goût de la
Deux
Spécialisée dans la production de soupapes pour moteurs thermiques à destination principalement des constructeurs automobiles, l’entre prise Tenneco, implantée avenue Buffon à Orléans-La Source, est à la recherche d’un repreneur, faute de quoi elle pourrait mettre la clé sous la porte. L’annonce a été faite aux quelque 80 salariés par la direction de l’entreprise.
L’importante perte de production
viande. Les deux inventeurs, qui ont fondé pour exploiter leurs produits la société HappyVore (anciennement « Les Nouveaux Fermiers »), justifient leur démarche par la nécessité de réduire l’empreinte écologique de l’éle vage, « responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre et de 63 % de la déforesta tion en Amazonie ».
Ils ont décidé de créer leur pre mière unité de production, qui sera « la plus grande usine fran çaise » de viande végétale à Che villy, au nord d’Orléans. Cet an cienne usine agroalimentaire, qui a abrité par le passé les activités de Bakkavör Traiteur, puis du Trai teur Grec (groupe Labeyrie),
propose 4 000 m2 développés qu’HappyVore va réhabiliter en ajoutant une extension de 500 m2. La société a identifié cette usine désaffectée grâce à l’implication des services de Dev’Up.
La production devrait démarrer d’ici à la fin de l’année ou début 2023. La startup compte embau cher 25 à 30 personnes dans un premier temps et plus de 70 re crutements d’ici à 2025. Happy Vore produit déjà 2 000 tonnes annuelles de produits simili-carnés (aiguillettes, steaks, nuggets…) chez un sous-traitant normand ; elle ambitionne de monter jusqu’à 10 000 tonnes et vient de lever 35 M€ à cette fin.
de pièces a entraîné une chute ver tigineuse du chiffre d’affaires et, de facto, des pertes considérables que l’entreprise n’est plus en mesure de compenser. Une autre usine Ten neco, qui fabrique des pots d’échap pement automobiles à St-Berthevin, près de Laval, serait également en grandes difficultés. Un mandat a
été donné à un cabinet spécialisé pour trouver un repreneur dans les meilleurs délais.
Par anticipation, et même si la di rection veut encore croire à une possible reprise, des propositions de reclassement sont actuellement faites aux salariés, en lien avec les partenaires sociaux.
TENNECO POURRAIT FERMER À ORLÉANSLA SOURCE
FM LOGISTIC FAIT SON RETOUR À DREUX
Alors qu’il semblait avoir été abandonné, le projet de construction par l’opérateur FM Logistic d’une plateforme logistique sur la ZI Porte Sud à Vernouillet, près de Dreux (28), fait l’objet d’une seconde tentative.
La nouvelle épure devrait être soumise aux différentes administrations et collec tivités avant la fin de l’année. Elle ne porte plus que sur 45 000 m2 d’entrepôts sur une emprise de 11,5 ha, contre 70 000 m2 sur 16 ha dans la version initiale. Les res ponsables de FM Logistic ont aussi renoncé à demander le classement Seveso seuil haut du site, ce qui constituait la principale revendication d’un collectif citoyen local ; ils ont décidé de réorienter la destination de la plateforme qui se consacrera au stockage de médicaments et de produits manufacturés. Un bâtiment adjacent de 3 500 m2 sera dédié à l’entreprosage de produits cosmétiques.
Le nombre d’emplois a été revu à la hausse : FM Logistic envisage de recruter 180 personnes, contre 150 dans la première version. L’exploitation du site vernolitain est programmée pour 2025.
CATELLA AVANCE À ROMORANTIN
Catella concrétise son projet de la zone d’activités des Grandes Bruyères, à Romo rantin (41). La filiale française de Catella Group, qui a trois sites en cours de commer cialisation dans la région (Mer et NeuilléPont-Pierre, en plus de Romorantin) vient de déposer les permis de construire de deux bâtiments de respectivement 44 194 m2 et 27 831 m2 sur une parcelle de 18 ha. L’emprise lui a été vendue 2,2 M€ par la CdC du Ro morantinais et du Monestois (CCRM) : son président Jeanny Lorgeoux évoque la créa tion possible de 200 emplois.
TIKEHAU ACE CAPITAL ACQUIERT VISCO
Le mécanicien de précision Visco, dont l’unité de production est installée à Châlette-sur-Loing (45), passe sous le contrôle de Tikehau Ace Capital, une société de capital-investissement spécialisée dans les secteurs industriels et technologiques qui possède 1,3 Md€ d’actifs sous gestion. Le fonds acquiert l’intégralité du capital jusqu’alors détenu par la famille Rentler.
Visco, dont le siège est à St-Maur-des-Fossés (94) mais la seule usine à Châ lette-sur-Loing, dispose d’un parc d’une centaine de machines pour la conception, le développement et la fabrication de pièces et sous-ensembles complexes pour de grands acteurs comme Thales, Dassault Aviation, Nexter et Safran. Présidée depuis 2003 par Fabrice Doizon, l’entreprise montargoise emploie une soixantaine de personnes.
SEALED AIR VA INVESTIR À ÉPERNON
Spécialisée dans la fabrication de films et d’emballage plastique, l’usine du groupe américain Sealed Air à Epernon (28) va bénéficier d’un important pro gramme d’investissement. Le site, qui emploie aujourd’hui plus de 770 salariés, injecte 17,6 M€ dans une nouvelle ligne d’extrusion qui va lui permettre d’accroître ses capacités mais aussi d’améliorer le caractère recyclable de sa gamme d’emballages sous vide. Le programme, qui bénéficie du soutien du dispositif France Relance, devrait susciter la création d’une quinzaine d’emplois. L’usine qui s’est hissée au rang de second employeur d’Eure-et-Loir (derrière l’unité industrielle chartraine du laboratoire danois Novo Nordisk s’adosse depuis 2019 à un centre de démonstration qui permet aux grands clients du groupe de tester la qualité et la fiabilité des produits d’emballage.
LEO PHARMA BOOSTE SON USINE DE VERNOUILLET
Portée
par la demande mon diale croissante d’héparine à bas poids moléculaire, la spécialité du site, l’usine de Ver nouillet (28) du laboratoire danois Leo Pharma s’apprête à augmen ter significativement ses capacités.
La plateforme vient, en effet, d’ac cueillir un équipement dernier cri « tout en un » qui doit, après la phase actuelle de qualification, se substituer aux trois remplis seuses, trois mireuses et trois lignes de packing exploitées au
jourd’hui. Ce déploiement va per mettre d’augmenter la capacité de production de 65 millions à 100 millions de seringues, nous confirme Karine Duquesne, la di rectrice générale de Leo Pharma France, la plus importante filiale du groupe, hors Danemark. L’usine vernolitaine, qui exporte plus de 70 % de sa production, est l’un des six sites du laboratoire danois, tous situés en Europe ; elle em ploie environ 450 salariés. Karine Duquesne nous indique que plus de 50 M€ ont été injectés depuis cinq ans à Vernouillet.
La Cafom, un logisticien spécialisé dans l’équipement de la maison (397,9 M€ de CA en 2021, 15 M€ de résultat), a l’intention de développer une importante plateforme logistique sur la ZAC Porte Sud à Ver nouillet. Le groupe a acquis un terrain de 8 ha sur lequel il va engager la construc tion d’un bâtiment de 40 000 m2. Ce programme devrait générer la création de 120 emplois, « ce qui est tout à fait en ligne avec le ratio emploi-surface occupée que nous recommandons pour ce type de projet », nous indique Pierre-Frédéric Billet, maire de Dreux. Les travaux de vraient être initiés au début de l’année 2023. La Cafom compte parmi ses prin cipales références clients les sociétés Ha bitat et Darty.
AMI INGRÉDIENTS REGROUPE SES ACTIVITÉS À TAUXIGNY
Le fournisseur d’actifs pour la cosmétique et l’agroalimentaire AMI Ingrédients (50 M€ de CA sur l’exercice 2021) s’apprête à regrouper l’ensemble de ses activités sur le Node Park de Tauxigny, au sud-est de Tours, où il vient d’inaugurer un nouveau bâtiment de 11 000 m2, objet d’un investissement de 13 M€. La société a aussi engagé 3 M€ dans les travaux de réaménagement de l’ancien bâtiment de 6 000 m2, également situé sur le Node Park. Ces locaux rénovés vont accueillir les activités et les 40 salariés de la société Technopack (conditionnement de produits alimentaires), une filiale d’AMI aujourd’hui implantée à Montbazon. Le président d’AMI Ingrédients nous précise que ce transfert, qui portera les effectifs employés à Tauxigny à une centaine de salariés, devrait être achevé au début de l’année 2023.
RÉGION
La Caisse d’Épargne Loire-Centre a nommé Valérie Combes-Santonja comme membre de son directoire, en charge de la banque du déve loppement régional. Forte d’une expérience de dix années au sein du groupe BPCE comme ma nager opérationnel et fonctionnel, elle était jusqu’à présent directrice de la transformation et membre du comité de direction de la Banque de Proximité et Assurance (BPA), une filiale du groupe BPCE. Auparavant, elle a été directrice de la stratégie et de l’efficience opérationnelle et a occupé plusieurs fonctions au sein de la banque du développement régional de la Caisse d’Épargne Languedoc-Roussillon.
Olivier Loriot a pris le 1er septembre le poste de directeur régional d’Enedis en Centre-Val de Loire (1 200 collaborateurs), en charge du réseau de distribution d’électricité dans les six départements du terri toire ; il succède à Eric Beaujean. Oli vier Loriot a rejoint Enedis après avoir occupé de nombreuses fonc tions au sein d’EDF aussi bien dans le domaine commercial et marketing, que de l’audit ou la direction inter nationale. Il occupait depuis depuis 2020 les fonctions de directeur de cabinet de la présidence d’Enedis. Eric Beaujean devient quant à lui directeur développement internatio nal.
Béatrice Tourette succède à Jacques Lemaire au poste de déléguée ré gionale du groupe La Poste pour la région Centre-Val de Loire. Elle a dé buté sa carrière dans le groupe en 1993 comme adjointe, puis directrice du service comptable et fiscal terri torial de Lyon et exerçait précédem ment les fonctions de directrice du
centre financier de la Banque Pos tale à Clermont-Ferrand. Sa nouvelle mission consiste à assurer la relation institutionnelle du groupe avec les territoires, les élus et les collectivi tés.
de 61 ans et originaire de Marseille, Maurice Barate était précédemment sous-préfet du Val-d’Oise ; il a effectué une longue partie de sa carrière dans l’administration pénitentiaire avant d’intégrer le corps préfectoral en 2007 où il a été sous-préfet du Finis tère, de la Haute-Garonne, du Loiret, de la Réunion et du Val-d’Oise.
EURE-ET-LOIR
Guillaume Kasbarian, facilement ré élu député (Renaissance-Ensemble !) de la 1ère circonscription d’Eure-etLoir, est devenu fin juin président de la commission des Affaires écono miques à l’Assemblée nationale. Il avait été choisi un peu plus tôt par ses collègues de la majorité prési dentielle pour être leur candidat à la tête de cette très importante commis sion. Âgé de 35 ans, diplômé de l’Es sec, Guillaume Kasbarian était consultant avant sa première élection comme député d’Eure-et-Loir, le 18 juin 2017.
INDRE-ET-LOIRE
CHER
Maurice Barate a pris le 23 août le poste de préfet du Cher, où il suc cède à Jean-Christophe Bouvier, en fonction depuis début 2020 et qui devient préfet de la Martinique. Âgé
Laurent Buono, directeur de l’usine Recipharm de Monts depuis le 4 août dernier, a quitté ses fonctions à la fin de ce même mois après avoir succédé à Françoise Finiels qui avait, pour sa part, été recrutée il y a tout juste un an. Le siège éjectable tourangeau a trouvé un nouvel occupant en la per sonne de Nicolas Douville qui, pru demment, a accepté de prendre le poste dans le cadre d’un intérim. Il était auparavant directeur de la sup ply chain chez Sartorius à Madrid, indique son profil LinkedIn.