Point de vue
Un hiver glacial
L’
hiver qui s’annonce est probablement l’un des plus périlleux que la France ait connu ces dernières années. Crise énergétique, due autant à des circonstances exceptionnelles qu’aux mauvais choix des pouvoirs publics durant la précédente décennie, poursuite des tensions sur les prix et menace de récession, risque d’escalade des conflits armés aux confins de l’Europe, en Ukraine, bien sûr, mais peut-être aussi demain dans le Caucase…
Face à ces défis qui dépassent souvent les gouvernants, il reste à espérer et à corriger, autant que faire se peut, des trajectoires mal négociées. Dans cette édition, nous revenons sur le fiasco de la politique énergétique française qui a désarmé notre filière électronucléaire, pourtant l’un de nos principaux atouts dans la compétition mondiale. L’inflexion voulue par le président de la République, clairement exprimée il y a près d’un an à Belfort, est heureuse mais tardive. Et une fois de plus, on constatera que les antagonismes n’opposent pas que les civilisations. Les intérêts nationaux de ceux avec lesquels nous sommes censés être en alliance étroite priment souvent sur le nôtre. Il faudra certainement, à l’avenir, en tirer toutes les leçons pour que la souveraineté soit d’abord nationale. Charité bien ordonnée.
Ce magazine est un hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région
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au capital de 100 000 € - RCS Tours B 450 613 591 - Siège social : 14, boulevard Heurteloup à
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Cedex 1 - 02 47 70 60 00contact@lettrevalloire.com - Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) - Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) - Aurélie Vouteau (édition)Ont participé à ce numéro : Johann Galy et Mathieu Letierce - Maquette : Régis Beaune - Diffusion : Nadine Gomès - Publicité et opérations spéciales : Régie publicitaire LMedia&Co (publicite@lmedia.fr) - Jean-Baptiste Leprince (président), Anne-Sophie Goujon (directrice générale), Emma Bauer, Élise Moreira, Adam Nadal et Luca SoreauCrédits photographiques : Cyril Chigot Une, 8, 38-39, 40 – DR : 6, 7, 8, 18, 23, 25, 26, 27, 28, 34, 46, 50, 54, 56, 58, 60, 61, 63, 64, 65, 66 – MP Morel pour Sources de Cheverny : 10-11, 20 – Alexandre Moulard pour Fleur de Loire 12, 16 – Mathieu Letierce : 22 – FXB : 32, 42, 53, 62 – JCS : 36 – JG : 52. - Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) - Informations légales : Abonnement annuel 2023 (23 numéros + magazines hors-séries) 385 € - Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 485 € - Prix de ce numéro : 5 € - CPPAP : 0126 I 85872 - ISSN : 2822-7158 - Dépôt légal : Décembre 2022 - Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon.
10 Reportage
L’offre touristique régionale peinait à satisfaire la clientèle haut de gamme en mal d’hébergements très étoilés. La mobilisation des acteurs de la filière semble en passe de réduire ce handicap.
34
Politique
Les maires sont de plus en plus souvent sur des sièges éjectables. Le moindre incident peut se transformer en révolution de Palais. La légitimité issue du suffrage universel n’est plus un sauf-conduit pour la durée du mandat.
46
Territoires
L’ancien président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer a dressé l’inventaire des fautes politiques expliquant l’ébranlement de la filière électronucléaire française et l’explosion des prix de l’électricité.
58
Entreprises
De diversification audacieuse, l’éclairage des courts de tennis par rampes de LED est devenu le principal contributeur au chiffre d’affaires de NLX, une PME de La Chapelle-Vendômoise.
Décembre 2022
SOM MAIRE 06
Points chauds
L’actualité du trimestre en bref.
20
Reportage
Après avoir repris en 2020 le château du Breuil à Cheverny, le groupe des Sources de Caudalie collectionne les étoiles en Val de Loire avec le rachat récent du château d’Artigny à Montbazon et du Choiseul à Amboise.
38
Zoom
Julie Gayet a pris en 2021 la présidence de Ciclic, l’agence régionale de promotion du cinéma et du livre. Elle nourrit de fortes ambitions pour la filière régionale des métiers de l’image.
54
Entreprises
La plateforme de bioproduction de Servier à Gidy (45) sera en mesure de fabriquer des premiers lots cliniques de médicaments en 2024. Elle constituera l’un de ses principaux atouts industriels.
66
En vue
L’actualité des dernières nominations de responsables et acteurs de la vie économique de la région Centre-Val de Loire.
LE CARRÉ
VIPMarc
Fesneau,Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, conseiller régional d’opposition
Ses fonctions de ministre de l’Agriculture lui laissant manifestement quelques loisirs, Marc Fesneau a accordé un long entretien cet automne à La Nouvelle République pour stigmatiser le manque d’ambition du président socialiste de la Région qui l’a battu deux fois lors des dernières consultations (2015, puis 2021). C’est en tant que président de l’un des trois groupes d’opposition, celui des centristes, que Marc Fesneau charge un budget régional qui « devrait donner un coup de rein aux ambitions, offrir des perspectives. Là, on ne voit pas où va la capacité d’investissement », alors que, reprend-il, « contrairement à ce que voudrait faire croire le président Bonneau, la TVA se révèle être une ressource fiscale particulièrement dynamique pour la région, elle rapporte cette année 26 M€ de plus que prévu (…) Même en tenant compte de la hausse de la facture énergétique régionale, de l’ordre de 5 M€, il reste plus de 20 M€ d’excédent ». Une charge à laquelle l’exécutif régional n’a pas manqué de répondre lors de la session budgétaire délocalisée à Châteauroux le temps des travaux de l’hémicycle orléanais.
ACHARNEMENT
Depuis la fin de son mandat de maire de Dreux – en juin 2020 – Gérard Hamel passe son temps dans les prétoires. Après avoir été condamné en première instance à six mois de prison avec sursis et 10 000 € d’amende pour prise illégale d’intérêts dans l’attribution de marchés publics, jugement réduit en appel à une simple reconnaissance des faits, commis « par erreur », et donc dispensé de peine, l’ancien député-maire de Dreux était jugé pour homicide involontaire en fin d’année. L’affaire remonte à 2016 où des jeunes gens ont eu la sinistre idée d’ignorer les panneaux « Propriété privée. Danger de mort »
DÉPART
L’élection d’Éric Ciotti provoque, comme on pouvait s’y attendre, une vague de départs chez les élus LR. En tête d’affiche, le maire de Metz, François Grosdidier, qui quitte le parti « pour ne pas se rabougrir (…) mais pour rester moimême dans la fidélité de mes engagements » , explique cet élu droit dans ses bottes qui milita à l’aube de ses vingt ans dans un groupuscule néofasciste. C’est une constante de la vie publique que de toujours vouloir se
draper dans la toge immaculée de la dignité pour dire qu’on s’en va.
En région Centre-Val de Loire, Constance de Pélichy, maire de La Ferté-StAubin et conseillère régionale, part aussi de LR. Plus sobrement. Celle qui avait dû batailler contre les caciques du parti pour se faire une place quitte la maison commune « sans colère, ni amertume », simplement parce qu’elle ne se retrouve pas dans la « trajectoire idéologique » de LR. Pas de grandes
phrases, mais un constat. C’est mieux ainsi.
posés devant l’ancien sanatorium de Dreux, propriété de la Ville. L’un d’eux décède après une chute de 12 m. Le maire, accusé « d’incurie » par le procureur, se défend : « Le site fait 47 ha. C’est impossible de le sécuriser à 100 %. » Mais la justice a besoin d’un responsable, à défaut d’un coupable. Le 1er décembre, Gérard Hamel a été condamné à six mois de prison avec sursis et 2 000 € d’amende.
HARKI SOIT QUI MAL Y PENSE
L’atmosphère s’alourdit à Dreux après l’éviction de deux adjoints, Aïssa Harti et Jacques Alim, et les menaces de mort anonymes proférées à l’encontre du maire Pierre-Frédéric Billet. Les deux élus écartés ont décidé de vider leur sac. Ils s’estiment stigmatisés pour leur appartenance à la communauté harkie et brandissent une
NE PAS JETER LE BÉBÉ…
Les pratiques de sobriété énergétique sont mal engagées du côté de Bléré. Des professeurs du collège ont ainsi refusé, le 10 septembre, que leurs ouailles se baignent dans le bassin extérieur de la piscine communautaire, rafraîchi à 26°C par mesure d’économie, soit 2°C de moins que la norme imposée par la législation. Ils craignaient sans doute que les enfants succombent à une fluxion de poitrine ! Sans craindre d’être en froid avec les parents d’élèves, Vincent Louault, le président de la CdC Bléré-Val de Cher, a vivement réagi à cette fronde aquatique en constatant que si la grande majorité de ses contemporains semblaient d’accord avec les grands principes de sobriété, « il y avait tout de même moins de monde pour les appliquer » L’élu a rappelé au passage que la hausse des coûts de l’énergie va représenter en 2023 une dépense supplémentaire de 150 000 € pour sa collectivité.
« black list » de provenance douteuse, comportant des références à l’origine ethnique d’une quinzaine d’agents municipaux. Selon eux, cette liste infâmante –un faux « ridicule », selon le maire – donne « tout son sens » à leur demande adressée au maire de se séparer du directeur de cabinet qui « pratique sans vergogne le communautarisme en s’appuyant sur une poignée de personnes d’origine marocaine gravitant autour de l’Observatoire des quartiers ». C’est cette demande, « signée par une quinzaine d’élus de la majorité », qui aurait conduit Pierre-Frédéric Billet à les priver de leurs délégations.
AMBASSADEUR
La Région Centre-Val de Loire serait-elle devenue principauté indépendante ? Faut-il s’attendre à une intronisation de François Bonneau, avec dîner de gala à l’Hôtel de Région, une fois les travaux de modernisation en cours terminés ? Toujours est-il que l’on a appris que
TWEETS AGAIN #
De Serge Grouard, maire LR d’Orléans et président d’Orléans Métropole, devant un parterre d’entrepreneurs à propos du sujet de la retraite : « On s’emmerde à la retraite.
D’ailleurs, j’en suis revenu car moi aussi je m’emmerdais ! »
De Richard Ramos, député MoDem du Loiret, cité par Le Parisien pour ce jugement sans fard sur le président de la République : « Un type intelligent, mais sans viscères. »
De Nicolas Forissier, conseiller régional et député LR de l’Indre, ironique à propos de la transformation des cinq espaces Région Centre-Val de Loire en Maisons de région, effective au mois de janvier : « C’est une des propositions que nous avions faites durant la campagne. Je vais demander des droits d’auteur à François Bonneau. »
De Marc Gricourt, maire de Blois, interrogé à propos de son éventuelle succession à la mairie : « Tant que je suis en capacité d’exercer mon mandat, le meilleur candidat reste moi-même. »
Philippe Chalumeau, ex-député de la 1ère circonscription d’Indre-et-Loire, a été désigné par Stéphane Séjourné, secrétaire général du parti Renaissance (ex-La République en Marche), comme ambassadeur dudit parti pour la région Centre-Val de Loire. « J’aurai à cœur de porter et de défendre sans cesse nos valeurs et l’action de la majorité présidentielle », a commenté le nouveau diplomate qui n’a pas indiqué à quel moment il comptait remettre ses lettres de créance à François Bonneau.
De Christian Brec, maire de St-Benoît-du-Sault (36), acculé à la démission après que les candidats qu’il soutenait eurent été battus lors d’élections municipales partielles, le 6 novembre dernier : « Je laisserai la place aux personnes qui prétendent mieux faire ». Avant d’avertir qu’il sera « difficile de trouver des gens motivés (…) Être élu est très chronophage ».
CUISINE POLITIQUE
Il est à peine sorti de la tambouille politique qu’il se lance en cuisine. On apprend que Pascal Brindeau, ancien député UDI de la 3e circonscription de Loir-et-Cher, est désormais traiteur. Il propose entre autres un gravlax de saumon avec sa salade de lentilles et des pennes aux cèpes agrémentés d’une crème forestière. Habitué, durant sa vie d’élu, à être au four et au moulin, il a également concocté des bocaux à emporter, notamment un coq au pineau d’Aunis. Quoiqu’il se sente comme « un poisson dans l’eau » dans sa nouvelle activité, celui qui fut maire de Vendôme et président de la communauté d’agglomération n’ambitionne pas pour autant de reprendre les fourneaux de l’Espadon, la table doublement étoilée du prestigieux Ritz, place… Vendôme. L’ex-député recherche plutôt un emploi correspondant à sa formation de juriste. En attendant, il travaille à sa nouvelle recette : la terrine de porc au chèvre.
MOITIÉ BLANCHIE
Après que la cour d’appel d’Orléans a infirmé le jugement de première instance du tribunal de Tours et relaxé Cathy Münsch-Masset du chef d’accusation de détournements de fonds de l’association Apajh 37, le parquet général s’est pourvu en cassation. Ce qui a douché l’avocat de l’ancienne première adjointe du maire de Tours, qui claironnait après l’arrêt orléanais que sa cliente était « innocente, blanchie de toutes les accusations portées à son encontre ». En attendant l’arrêt de la juridiction la plus élevée de notre ordre judiciaire, qu’il soit toutefois permis de s’étonner que la toujours conseillère municipale, métropolitaine et régionale n’ait pas vu transiter les quelque 350 000 € détournés sur les comptes du ménage sans s’en émouvoir outremesure. De là à se poser des questions sur sa capacité à exercer une fonction élective et à gérer l’argent du contribuable…
BURN OUT !
BOBIER, BON ŒIL
Rien, Gérard Bobier, le président de la chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) de Touraine, ne regrette rien ! Dans tous les cas, pas la publication sur facebook d’une photo représentant une jeune femme vêtue d’une guêpière, d’un porte-jarretelles, d’un gilet jaune fluo et d’un casque de chantier. Le tout accompagné de la mention suivante : « Le BTP recrute, le nouveau chef de chantier vous attend » (sic). Mal récompensée de ce louable effort de promotion des métiers en tension, la CMA a été étrillée par L’Humanité. Dans son édition du 25 octobre, le quotidien communiste s’est ému de cette présentation égrillarde et ultra-sexiste. Gérard Bobier, qualifié au passage de « gros beauf » par l’auteur de l’article, en a tout de même rajouté une couche en indiquant qu’il « cautionnait à 200 % l’opération ». Avant de retirer prudemment la publication des réseaux sociaux.
LE DU TRIMESTRE BUG
La roche Tarpéienne est proche du Capitole, disaient les Romains, qui voulaient ainsi signifier aux détenteurs jaloux du potestas que l’éperon rocheux d’où l’on précipitait les condamnés à mort se trouvait à l’extrémité de la colline du Capitole, le lieu où se prenaient toutes les décisions politiques de la ville éternelle. Quelle meilleure illustration de cette proximité du pouvoir et de la déchéance que le sort réservé à Wilfried Schwartz, hier tout puissant président de la Métropole de Tours Val de Loire et aujourd’hui paria, banni de la présidence, puis de la vice-présidence de l’intercommunalité, et même de son siège de maire de La Riche. Tout ça pour une gifle. Un prétexte, susurrait-on dans les services métropolitains. Car l’exercice solitaire et autoritaire du pouvoir par le baron Schwartz irritait beaucoup en interne, jusqu’à ceux qui l’avaient fait roi. Parvenu en politique grâce à son mentor, l’ancien maire de La Riche Alain Michel, Wilfried Schwartz était devenu patron d’une métropole de 300 000 habitants à l’âge de 35 ans : sa promotion arrangeait la droite, qui pensait conserver la main prise en 2014, et aussi une partie de la gauche, qui écartait ainsi des affaires les turbulents écologistes. Trop tôt, trop vite : insuffisamment préparé à la fonction, alors que la situation politique bancale du conseil métropolitain aurait réclamé du doigté et de la subtilité, le chien fou s’est jeté tout seul du haut du rocher. Et ses amis d’hier sont devenus ses pires censeurs.
LE VAL DE LOIRE VA-T-IL DEVENIR UNE DESTINATION FIRST-IN-CLASS ?
L’offre touristique du territoire régional peinait à satisfaire la clientèle haut de gamme en mal d’hébergements très étoilés et d’expériences inoubliables. La mobilisation des investisseurs et des acteurs de la filière semble en passe de réduire ce handicap.
Au premier coup d’œil, la région Centre-Val de Loire ne semble pas figurer au rang des destinations touristiques les plus huppées. Déjà, ses atouts naturels, réels, sont somme toute assez classiques. Pour les paysages et les points de vue à couper le souffle ou les rencontres inattendues avec des populations pittoresques, il faut sans doute boucler sa valise Hermès ou sa malle Vuitton pour d’autres horizons. Loin du littoral, adossé à une identité sans relief, le Val de Loire ne dévoile ses charmes que dans la discrétion. Le lys est souvent bien caché au fond de la vallée.
Le fleuve royal s’adosse à un patrimoine historique et monumental prestigieux – la fameuse Loire Valley et ses châteaux, classés au patrimoine mondial de l’Unesco –, propice à l’accueil d’une clientèle
française et internationale aisée, éprise de culture et d’art de vivre à la française.
Mais comme l’observe ce professionnel, « encore faut-il que l’hébergement et l’accueil soient au niveau des attentes de clients exigeants, ce qui, jusqu’à ces derniers temps, n’était pas le cas ». Le nombre d’hôtels suffisamment étoilés peinait encore dernièrement à dépasser l’étiage au dessous duquel un territoire disparaît des radars des touristes fortunés.
« Et de façon générale, le niveau de services, la pratique plutôt modeste des langues étrangères dans les établissements touristiques, l’accueil un peu nonchalant de certains établissements viticoles, ne prédisposaient pas à positionner la région sur les marchés du tourisme de luxe », poursuit notre interlocuteur.
D’ailleurs, les inflexions politiques et les initiatives des opérateurs privés n’avaient pas pour objectif, jusqu’à présent, de modifier en profondeur le statut touristique du territoire. Avec la création et le succès de la véloroute La Loire à Vélo (plus de 1,2 million de passages en 2022, un record !), à laquelle on peut ajouter plus de 6 000 km
rieures, de l’autre un tourisme populaire et de masse, incarnés bien sûr par le Zooparc de Beauval, mais aussi les domaines de Chambord ou de Chenonceau. Mais cet équilibre est peut-être en train de connaître une franche évolution. Comme le montre le reportage que nous publions dans cette édition, beaucoup d’opéra-
ENCORE FAUT-IL QUE L’HÉBERGEMENT ET L’ACCUEIL SOIENT AU NIVEAU DES ATTENTES DE CLIENTS EXIGEANTS ”
de sentiers pédestres balisés, c’est bien la piste du slow tourism, un brin bobo et écolo, qu’ont plutôt souhaité emprunter les acteurs régionaux du tourisme. D’un côté, un tourisme buissonnier et écolo, à petites touches tourné vers les classes moyennes supé-
teurs et d’investisseurs s’engagent dans des projets d’installation ou de rénovation d’hébergements ou d’hôtels de grand standing. Ainsi, le groupe bordelais Les Sources de Caudalie, dirigé par Alice et Jérôme Cathiard-Tourbier, vient de faire l’acquisition de deux joyaux
FRÉQUENTATION ET OFFRE EN HAUSSE
Le cru 2022 aura bien été un « millésime exceptionnel » sur le plan de la fréquentation touristique, nous indique-t-on à la Région Centre-Val de Loire. Sur la période juillet-août, elle a enregistré une croissance exceptionnelle de 42 %, chiffre comparé à 2019 qui « avait déjà constitué une année record » . Cette amélioration doit aussi s’apprécier au regard de la forte augmentation du nombre d’hébergements touristiques qui s’élevait cet été à 18 000, soit une hausse de 25 % par rapport à la même période de référence.
du groupe des Grandes étapes françaises : le Choiseul à Amboise (37) et surtout le célèbre Château d’Artigny à Montbazon (37). Ils comptent y faire d’importants travaux afin de redorer le lustre d’éta-
tophe Hay à Montlivault. Situé en bord de Loire et aménagé dans un bâtiment du XVIIe siècle, il participe bien sûr de cette spectaculaire montée en gamme.
Toujours en Touraine, le passage en catégorie cinq étoiles du manoir des Minimes d’Amboise, de l’Auberge du Bon Laboureur à Chenonceaux et du château de Noizay, ainsi que l’ouverture des Trésorières à Tours constituent un autre indice de ce positionnement en classe supérieure.
« Ce n’est pas difficile, en quelques mois, on a vu fleurir plus d’une douzaine de projets premium en région Centre-Val de Loire. Alors, bien sûr, cette dernière ne va pas devenir la Riviera du jour au len-
EN QUELQUES MOIS, ON A VU FLEURIR PLUS D’UNE DOUZAINE DE PROJETS PREMIUM
DANS
blissements qui s’était quelque peu terni ces dernières années. Deux ans plus tôt, ces audacieux entrepreneurs avaient fait une première incursion en terre ligérienne en rachetant le discret château de Breuil, renommé Sources de Cheverny après une importante rénovation et le gain d’une cinquième étoile.
Dans le même registre, il faut mettre en exergue le très beau projet conduit par le chef Christophe Hay avec Fleur de Loire, un hôtel cinq étoiles de 44 chambres avec deux restaurants, dont l’un gastronomique qui a immédiatement récupéré les deux étoiles Michelin de l’ancien restaurant de Chris-
LA RÉGION ”
demain, mais une tendance nette a été amorcée », explique ce voyagiste parisien qui travaille pour une agence spécialisée dans le luxe.
« Cela doit être rapproché de l’inflexion comportementale que nous observons chez nos clients. L’authenticité, les produits de terroir, la naturalité sont des valeurs en hausse et le Val de Loire s’inscrit aujourd’hui résolument dans ce paysage mental ».
Bonne nouvelle, c’est d’ailleurs l’orientation de la proposition de ces établissements comme celle des Sources de Cheverny (lire aux pages 20 et 21) qui offre notamment la possibilité à ses visiteurs de pratiquer la sylvothérapie
ou participer à des dégustations commentées par des experts :
« Ce que récusent aujourd’hui nos clients, c’est le bling bling ou des décors en carton. Ils veulent du vrai, des expériences sensorielles et culturelles de haut niveau. »
On aurait souhaité connaître l’avis du comité régional du tourisme Centre-Val de Loire sur ces évolutions, mais celui-ci n’a pas répondu à nos sollicitations. Heureusement, le cabinet de Harold Huwart, le vice-président de la Région Centre-Val de Loire en charge de l’économie et du tourisme, a été plus réactif : « On se félicite de cet appétit nouveau des investisseurs pour le tourisme haut de gamme et nous le confirmons. Nous avons rencontré un
bon nombre d’entre eux. Ils se passe, en effet, quelque chose, nous précise-t-on. Ces projets viennent compléter très utilement notre offre et légitimer notre stratégie globale de montée en gamme, accompagnée par la création d’un fonds doté de 1 M€ pour l’après-crise sanitaire. Les plus gros projets n’ont pas forcément besoin de ce soutien. Mais il peut aider, par exemple, les hôtels trois étoiles à améliorer leurs prestations. »
Il y a trois ans, les élus avaient pris conscience lors de célébration des 500 ans de la Renaissance en Val de Loire que quelque chose clochait ! « Nos contacts avec les Clefs d’Or, l’association qui rassemble les conciergeries des palaces parisiens, nous ont fait comprendre
que certains clients fortunés souhaitaient faire des escapades dans notre région mais qu’ils y renonçaient faute d’offre de standing disponible. Ces lacunes ne se limitaient pas seulement à l’hébergement. Les touristes souhaitent vivre des expériences inédites et inoubliables comme de déjeuner ou de dîner dans les vignes. Nous pensons que ces écarts sont en train de se réduire. Les opérateurs touristiques rivalisent aujourd’hui d’innovation ».
Cette notion d’expérience globale « est fondamentale, estime-t-on à la Région. Elle conditionne la fréquence du retour de ces visiteurs à fort pouvoir d’achat qui peut être de trois fois sur la même année ».
Jean-Christophe Savattier
CHRISTOPHE HAY FINE FLEUR
Ville royale, Blois a ajouté un diamant à sa couronne avec l’ouverture, en juin dernier, de Fleur de Loire. Dans cet ancien hospice de 5 000 m2 du XVIIe, voulu par Gaston d’Orléans, le frère de Louis XIII, auquel on doit aussi une aile signée Mansard du château à l’architecture composite de cette même ville, se concentre l’esprit de la région et celui du chef, Christophe Hay. Sur la rive gauche du fleuve, « en Vienne » comme disent les Blésois, dans ce bâtiment en U très classique, il a donné naissance à une étape incontournable du tourisme haut de gamme avec un hôtel Relais & Châteaux de 44 chambres (dont 11 suites), un restaurant gastronomique signature Christophe
Hay, un deuxième restaurant gastronomique Amour Blanc (du nom d’un poisson d’eau douce), un kiosque à pâtisseries, une boutique épicerie et un Spa.
Cœur du dispositif, le restaurant gastronomique deux étoiles se trouve à l’étage, avec la cuisine au centre d’une salle de trentecinq couverts. Aucune porte ne cache l’activité des cuisiniers ; les commensaux dégustent autant avec les yeux qu’avec les papilles. Une table a même été installée aux premières loges. Toute vitrée, donc très visible, la cave à vins se situe au même niveau. Mais ce n’est pas tout. Celui qui se veut plus « chef paysan », voire « paysan chef » que chef d’entreprise, a installé une serre à agru-
mes. Sur 1,5 ha, il cultive des terres maraîchères dont la qualité agricole l’impressionne toujours. Pour préserver la mémoire, il a aussi créé deux conservatoires : l’un de l’asperge, avec 50 variétés référencées, et un second pour les pommes. Son inspiration, Christophe Hay la puise dans ses racines pour travailler des poissons de Loire, du gibier de Sologne, des légumes du jardin potager. Sur la carte, ils deviennent carpe à la Chambord, avec truffe aestivum (la truffe blanche d’été, NDLR), écrevisses et sauce au vin de Cheverny, lièvre à la royale, caviar osciètre de Sologne avec esturgeon cuit au bouillon, haricots verts et sureau. Depuis 2019, Christophe Hay élève aussi un cheptel de 27 bœufs Wagyu issus de Sologne. Leur viande est servie dans ses restaurants. Un retour aux sources pour ce Vendômois de 45 ans, qui a grandi à Cloyes-sur-le-Loir, dans l’Eure-et-Loir toute proche, où ses grands-parents élevaient des vaches laitières. Aujourd’hui encore, il se souvient des gestes et des odeurs de la ferme. À l’âge de 8 ans, le petit Christophe, déterminé, savait qu’il serait chef. Aux côtés de son père, boucher, il a appris à travailler la viande,
DES CUISINIERS DE LOIRE
préparer des terrines et des charcuteries.
Après avoir fait ses classes au lycée hôtelier de Blois, il entre Au Rendez-vous des Pêcheurs, la table alors étoilée qui fait toujours face à Fleur de Loire, sur l’autre rive du fleuve. En 2001, son chef Éric Reithler lui présente Paul Bocuse : « Avec Éric Reithler, Monsieur Paul est ma grande influence culinaire. Je ne pourrai jamais décrire entièrement ce que je lui dois. C’est un héritage complexe qui dépasse la cuisine. Il m’a appris une certaine rigueur, une ouverture d’esprit et le respect des produits. »
Peu de temps plus tard, « l’empereur de la cuisine lyonnaise » embarque Christophe Hay en Floride où il fera, pendant cinq ans, la promotion des produits français. Retour en France, à Paris, puis à Montlivault, près de Chambrod, où ce chef devenu confirmé ouvre La Maison d’à côté, qui grimpe à deux étoiles du guide rouge, et Côté Bistro. En 2019, il ouvre la Table d’à côté à Ardon, au sud d’Orléans, qui prend immédiatement une étoile Michelin.
Le pari de Fleur de Loire, pour lequel Christophe Hay s’est transporté de Montlivault à Blois, aura coûté la coquette somme de 23 M€ : 15 M€ portés par le propriétaire des murs, Yvan Saumet, ancien président de la CCI de Loir-et-Cher et surtout ancien patron de la Polyclinique de Blois, vendue il y a cinq ans au groupe
tourangeau Saint-Gatien, et 8 M€ par le chef, qui possède le fonds de commerce.
Pour le fonctionnement, il a créé trois sociétés, sans associé pour garder les coudées franches et « l’esprit maison » : une pour Amour blanc et la boutique, une pour le restaurant éponyme et une pour l’hôtellerie. Pour l’instant, chacune des trois branches constitue un tiers des revenus.
« En 2018, Yvan Saumet est venu me parler de ce projet. Ma vie est parsemée de belles rencontres, toujours décisives. Le pari consiste à faire de la gastronomie le poumon de Fleur de Loire. Le couchage doit arriver après. La deuxième étoile Michelin a aussi fait que notre clientèle a évolué, avec davantage d’attentes. »
Le Spa en fait évidemment partie. Il se trouve dans l’aile droite du bâtiment, avec toujours la présence de ces vieux poteaux en bois retrouvés partout, dans le bar et ailleurs, bien intégrés à la décoration moderne dominée par le bleu, couleur préférée du chef.
Cet espace de bien-être comprend un bain à remous, une piscine intérieure de 15 m, un sauna, un hammam, un bassin de détente en extérieur, une tisanerie, cinq cabines de Spa, dont une double. Il n’est pas réservé aux seuls hôtes mais à tou-tes les personnes qui le veulent. Des Blésois, des Amboisiens, entre autres, le fréquentent.
Mathieu LetierceENVIRONNEMENT PRÉSERVÉ
Homme-orchestre, Christophe Hay se retrouve à la tête de plus de 110 personnes (contre 80 prévues à l’origine), avec autant d’hommes que de femmes. Une vraie volonté, tout comme celle de préserver l’environnement de la rive ligérienne à travers mille détails, de la récupération de l’eau de pluie à l’absence de climatisation extérieure. Un système de climatisation à eau fermé évite les déperditions électriques et le recours aux pompes à chaleur. Les machines (fours, lave-vaisselle) utilisent des énergies renouvelables issues de l’éolien et sont peu gourmandes en eau et en électricité. Les déchets sont triés et sélectionnés grâce à la collecte sélective.
Plutôt que d’utiliser du plastique, le chef recourt à des poches sousvides biodégradables. Même souci dans les chambres. La digitalisation est privilégiée pour préserver le papier. Des tablettes sont mises à disposition des clients. Et les clés sont en bois.
LE LOIR-ET-CHER GARDE SA LONGUEUR D’AVANCE
Territoire de forêts et de plans d’eau où le luxe s’est toujours trouvé à son aise, le Loir-et-Cher veut conserver sa place, la première. Sources de Cheverny, Fleur de Loire et futur Domaine des Bordes devraient l’y aider, au côté de plusieurs autres projets ou réalisations récentes.
Terre de chasseurs et de golfeurs, le Loir-et-Cher a longtemps été symbole de bien-vivre et de luxe. Ses grandes tables étaient nombreuses, des Hauts de Loire d’Onzain au Relais de Bracieux de Bernard Robin en
années. En juillet 2020, alors que le monde se réveillait à peine de la première crise Covid, le groupe d’Alice et Jérôme Tourbier ouvraient Les Sources de Cheverny, à deux pas du château des Vibraye, après deux ans de travaux
au firmament de la cuisine française, en obtenant deux étoiles dans le guide rouge : depuis quelques mois, il a transporté ses fourneaux à Blois et ouvert Fleur de Loire, un hôtel cinq étoiles avec restaurant doublement étoilé que nous présentons aux pages 16 et 17 de cette édition.
passant par le Lion d’Or de Romorantin, toutes trois, à un moment de leur existence, doublement étoilées Michelin. Sans oublier le Rendez-vous des Pêcheurs, à Blois, et son chef Éric Reithler, spécialiste inégalé des poissons de Loire. Ces beaux établissements abritaient parfois des hôtels haut de gamme, comme à Onzain ou à Romorantin.
Le virage vers le luxe du Loir-etCher s’est accentué ces dernières
destinés à transformer de fond en comble un petit manoir solognot, le château du Breuil : ce quatre étoiles laissait place à un superbe hôtel-spa cinq étoiles, doté de deux restaurants, dont l’un d’eux, baptisé Le Favori, a décroché sa première étoile Michelin en 2022 (lire aux pages 20 et 21)
Et puis il y a le dernier épisode de la saga Christophe Hay, le petit gars de Vendôme qui a propulsé sa Maison d’à côté de Montlivault
Cette ouverture en plein cœur de la ville-phare du département a tiré l’offre hôtelière et de restauration vers le haut. Au printemps, on apprenait que Guillaume Foucault, le chef étoilé du Pertica, à Vendôme, prenait la direction du Grand Chaume, le nouveau restaurant du Domaine du château de Chaumont-sur-Loire. À Onzain, les Hauts de Loire viennent d’obtenir les cinq étoiles pour l’hôtel, alors que le guide Michelin a rétrogradé en mars dernier le restaurant à une seule étoile.
Et selon nos informations, le directeur des Hauts de Loire, parti au mois de novembre, travaille activement au côté d’investisseurs à la transformation du château du Plessis-Fortia, à une dizaine de kilomètres au sud de Vendôme, en hôtel cinq étoiles.
Il faut souligner aussi l’ouverture du château de La Borde, à Vernou-en-Sologne, un édifice du XVIIe siècle devenu cet été un hôtel quatre étoiles de 35 chambres, avec restaurant, spa et piscine. Et bien sûr, le Relais de Chambord, ouvert en 2018 : 55 chambres avec une vue imprenable sur le monument et un restaurant gastronomique. On dit que les ambitions hôtelières régionales du propriétaire, Frédéric Jousset, ne s’arrêteraient pas là. Il reste à évoquer deux projets de complexe touristique, concernant tous les deux la commune de St-Laurent-Nouan, entre Mer et Beaugency.
Le premier, celui des Pommereaux, veut conjuguer sur près de 400 ha en grande partie situés
sur la commune voisine de La Ferté-St-Cyr, un centre équestre, des parcours de golf (27 trous), divers équipements sportifs, des villas et un hôtel quatre étoiles avec restaurant. Considéré com-
construire pour 180 M€ un complexe hôtelier cinq étoiles à l’enseigne Six Senses, avec huit suites aménagées dans le château Bel Air, un restaurant et une cinquantaine de maisons conçues
me surdimensionné, ce projet a essuyé les avis négatifs de plusieurs collectivités, mais un avis favorable des commissaires enquêteurs.
Le second, aux Bordes, semble beaucoup plus solide. L’investisseur britannique RoundShield Partners, conseillé par l’ancien ministre Jean-François Copé, veut
par le cabinet d’architectes londonien Michaelis Boyd, le tout au pied d’un second golf 18 trous qui complètera le premier, dessiné par Robert von Hagge pour le baron Bich en 1987. Le tout au milieu de 560 ha d’espaces naturels, un écrin pour ce nouveau bijou de l’hôtellerie ligérienne. FXB
LES SOURCES DE CAUDALIE IRRIGUENT LE VAL DE LOIRE
Après avoir repris en 2020 le château du Breuil à Cheverny, le groupe des Sources de Caudalie collectionnent les étoiles en Val de Loire avec le rachat récent du château d’Artigny à Montbazon et du Choiseul à Amboise, deux hôtels qui ont fait la réputation d’excellence de la Touraine. Les dirigeants Alice et Jérôme Tourbier croient fermement au potentiel du territoire.
C’est une très belle aventure, débutée au cœur du vignoble bordelais, sur le domaine du Château Smith Haut Lafitte – grand cru classé de Graves –, qui se poursuit aujourd’hui dans le Val de Loire.
Dirigées par le couple d’entrepreneurs Alice et Jérôme Tourbier, les Sources de Caudalie, un hôtel cinq étoiles d’une soixantaine de chambres situé à Martillac, près de Bordeaux, propose toute une gamme de prestations autour de « l’art de la vigne, notre ADN », nous indique Alice Cathiard-Tourbier, qui vient de racheter le célèbre château d’Artigny, ainsi que le tout juste moins étoilé Choiseul à Amboise.
Cette offensive régionale du groupe de luxe a commencé en 2020 à Cheverny par le rachat du château de Breuil, renommé Les Sources de Cheverny, après une importante rénovation et le gain d’une cinquième étoile. « Nous souhaitons décliner à l’échelle nationale une offre et une marque premium qui reprend les fondamentaux des Sources de Caudalie, indique Alice Cathiard-Tourbier. Notre percée en Val de Loire n’est pas guidée par un tropisme particulier. Nous nous intéressons naturellement à toutes les grandes régions viticoles françaises parce que notre cœur de métier, c’est l’œnotourisme. Mes beaux-parents sont certes origi-
naires de Langeais, mais cet enracinement, s’il n’est pas négligeable, n’a pas pesé prioritairement dans notre choix. Nous croyons fermement au potentiel de ce territoire. »
D’ailleurs, le château d’Artigny et le Choiseul ne sont tombés dans l’escarcelle des Sources de Caudalie qu’à l’occasion du rachat du bloc des cinq derniers établissements du groupe des Grandes étapes françaises, composé outre les deux premiers cités, des châteaux de l’Ile à Strasbourg et d’Isenbourg près de Colmar, ainsi que du château de Gilly, à Gilly-lès-Cîteaux, entre Dijon et Nuits-St-Georges. Le groupe dirigé par Pierre, le fils de René Traversac, avait vendu ces dernières années ses quatre autres établissements, dont le domaine de Beauvois à Luynes, au nordouest de Tours.
La nouvelle maîtresse des lieux ne cache pas le coup de cœur qu’elle a ressenti pour le magnifique domaine de Montbazon, construit par le parfumeur corse François Coty et vendu en 1959 à René Traversac, l’inventeur du concept des châteaux-hôtels et
le fondateur du groupe des Grandes étapes françaises. « Nous n’avons pas effectué encore l’inventaire du château d’Artigny, mais cet établissement recèle beaucoup de charme. De surcroît, l’équipe en place, y compris le directeur du site Pascal Brault, abat un travail formidable en dépit de conditions d’exploitation qui n’ont pas toujours été idéales, surtout ces derniers temps », souligne Alice Cathiard-Tourbier.
chel Troisgros et Alain Senderens.
L’établissement, qui compte 49 chambres entièrement refaites, s’adosse à un Spa au look à la fois boisé et minéral. Bain en bois barrique, jacuzzi d’où l’on entend le bruissement du vent et le chant des oiseaux, tout a été soigneusement pesé afin « d’offrir un accueil VIP, mais qui n’est jamais ostentatoire »
Les fans du bling-bling passeront leur chemin. Les Sources de Che-
NOUS NOUS INTÉRESSONS À TOUTES LES RÉGIONS VITICOLES FRANÇAISES
PARCE QUE NOTRE CŒUR DE MÉTIER, C’EST L’ŒNOTOURISME
Artigny a, en effet, beaucoup souffert des difficultés financières de son ancienne maison mère qui n’a eu de cesse de reculer les indispensables investissements qui auraient permis à ce fleuron de l’hôtellerie de maintenir son rang. « Nous allons bien sûr procéder à des investissements importants. Revoir, je pense, l’ensemble de la proposition qui est, en effet, un peu désuète, mais il faut tout de même nous laisser un peu de temps. Cette reprise est très récente », plaide Alice Cathiard-Tourbier… qui n’avait pas pris tous ses quartiers lors de l’entretien qu’elle nous a accordé : « Je n’ai pas encore les clefs à l’heure où je vous parle. »
Mais, de toute évidence, la transformation s’inspirera de ce qui a été réalisé à Cheverny où la table gastronomique Le Favori a été confiée au jeune et talentueux Frédéric Calmels, formé par Mi-
verny proposent une expérience chic et premium qui emprunte résolument ses codes à l’ordre naturel et à l’univers du vin. Ainsi, dans l’enceinte du Spa, des thérapeutes délivrent dans des cabines privées des onguents et des soins revigorants, dont beaucoup sont issus des produits de la vigne… aux flacons décorés d’une grappe de raisins stylisée, emblème de Caudalie, la marque de cosmétiques fondée par Mathilde Cathiard-Thomas, la sœur d’Alice. Une affaire de famille… « Nous proposons également à nos hôtes des dégustations, des parcours œnologiques et forestiers avec des experts, des séances de sylvothérapie – pratique qui consiste à enlacer amoureusement un arbre (NDLR) –, ainsi que toute une palette d’activités haut de gamme. Un séjour aux Sources de Cheverny n’est pas qu’une étape, c’est une véritable
expérience multi-sensorielle » , affirme la dirigeante. Manifestement, la proposition séduit, aussi bien la clientèle française aisée qu’une clientèle internationale souvent anglo-saxonne (américaine, britannique, australienne) qui n’hésite pas à séjourner deux ou trois nuits et à dépenser, en moyenne, 500 € par journée passée au domaine. « Nous sommes plutôt satisfaits du démarrage », estime la propriétaire qui nous indique que chaque établissement du groupe devrait réaliser un chiffre d’affaires de 8 M€. Une feuille de route qui coule de source.
QUAND LA PETITE HISTOIRE RENCONTRE
LA GRANDE…
Le château d’Artigny, construit entre les deux guerres mondiales par le parfumeur François Coty, fut parfois le témoin actif des grandes, et parfois des plus médiocres heures de l’Histoire de France. En 1940, le gouvernement français, replié à Tours, y installa un éphémère ministère de la Marine. Il est ensuite investi par les troupes allemandes avant de devenir une annexe de l’hôpital de Tours, réservée aux grands blessés. Artigny accueillit la Reine mère d’Angleterre et le dernier Négus d’Ethiopie. Le château fut aussi en avril 1976 le lieu d’une rencontre entre Valéry Giscard d’Estaing et son futur successeur François Mitterrand.
LA LUXUEUSE CONSTELLATION HÔTELIÈRE TOURANGELLE
En seulement quelques mois, le nombre de cinq étoiles s’est envolé en Touraine, avec les promotions des châteaux de Noizay et de la Vallière, du Bon Laboureur (Chenonceaux), des Minimes (Amboise) et l’ouverture des Trésorières, à Tours. Il faudra aussi compter avec les projets du groupe des Sources de Caudalie dans la région.
En Touraine, le ciel s’est illuminé de cinq établissements… cinq étoiles en un peu plus d’un an. Une dynamique s’est créée, comme en témoigne le rachat du château de Noizay (19 chambres) par l’exploitant d’un autre château, axé sur le zen et le bien-être, situé dans les Cévennes. Noizay avait décroché sa cinquième étoile en 2021. Belle maison aristocratique du siècle des Lumières, le manoir des Minimes (15 chambres) à Amboise, juste à côté du Choiseul ra-
cheté cet été par les Sources de Caudalie, l’est devenu en octobre 2021, après 1 M€ de travaux et « mille et un détails à régler ». Le Covid a joué un rôle de catalyseur, comme l’indiquent les deux propriétaires actuels, Patrice Longet et Eric Deforges. Cette montée en gamme s’est traduite par un agrandissement des chambres, des matériaux plus précieux, une redéfinition des salons et, surtout, l’ouverture d’un service de restauration avec une épicerie fine pour des pique-niques luxueux.
Une façon de répondre à la demande et de compenser l’absence de restaurant dans l’établissement.
Le même parti pris a été choisi dans le premier cinq étoiles urbain, Les Trésorières, ouvert à Tours en novembre 2021 après presque trois ans de travaux. Cette grande demeure dotée de communs constitue un cocon de luxe, en tuffeau, en plein centre-ville, face aux Halles, le cœur gastronomique de la ville. Propriété de l’homme d’affaires Christophe Bouhour et de ses enfants, dirigé et géré par sa fille Marine, cet hôtel de 20 chambres et une suite a d’emblée été pensé pour décrocher les cinq étoiles. « Parce qu’alors il n’y en avait pas dans la région. Depuis, la situation a changé, tant mieux. Plus les clients apprécieront la Touraine, plus ils reviendront ou en parleront autour d’eux. Pour obtenir le label, nous avons utilisé le cahier des charges d’Atout France pour correspondre à tous les critères. Parfois, nous proposons même davantage, comme plus de produits pour le petit-déjeuner », détaille cette jeune femme diplômée en hôtellerie, passée par Marra-
kech et cinq ans au Mariott et au Radison Blu, à Londres.
Le sous-sol réserve de belles surprises, avec à la place de la cave voûtée une piscine, un hammam, un sauna individuel et une petite salle de fitness. Un service snacking avec des planchettes, de bons produits des Halles voisines, est proposée. Marine Bou-
trois étoiles deviendront quatre étoiles. La Tortinière (Veigné) et le château de Pray (Chargé) proposent des niveaux cinq étoiles, même s’ils ne les ont pas. Nous sommes tirés vers le haut par le retour incroyable cet été de la clientèle internationale, notamment américaine. Notre région se trouve sur un itinéraire de passage, très
(20 chambres), ouvert en octobre à Reugny. Plus de trois ans de travaux ont été nécessaires. « Je ne l’ai pas fait pour l’argent », confie cette fine connaisseuse des grandes pages de l’histoire de France. Dès sa préouverture, la chaîne Relais & Châteaux a adoubé cette adresse pour l’intégrer à son réseau. Impressionnante, la réhabilitation vaut tant par la plongée dans l’univers du Grand Siècle que par le souci du détail poussé à l’extrême. Ni le hasard, ni l’approximation n’ont de place dans le château de Louise de La Vallière, descendante de quatre maires de Tours et nièce d’un évêque de Nantes, devenue
DES OUTSIDERS AMBITIEUX
hour rêve aussi de compléter sa carte de visite en s’associant avec un chef. La prochaine étape. Belle auberge familiale depuis un siècle, le Bon Laboureur, à Chenonceaux (18 chambres et 9 suites), est devenu cinq étoiles fin 2021. La table a aussi eu une étoile Michelin pendant près de vingt ans.
Cette tendance n’étonne pas du tout Isabelle Jeudi, propriétaire avec son mari Antoine : « Avoir une étoile de plus correspond à la suite logique. Beaucoup de quatre étoiles pourraient y prétendre. De la même façon, des
fréquenté par les Anglais toujours amoureux des châteaux et du vin.
Le succès de la Loire à Vélo dépasse tout ce que les perspectives les plus optimistes laissaient imaginer. » La demande de cette clientèle huppée ? « De l’humain.
Les clients des cinq étoiles attendent une prestation, paie pour l’avoir, mais aussi des rapports personnels. »
La fascination pour l’histoire de France explique pourquoi Mira Grebenstein, épouse de l’entrepreneur français Xavier Aubry, n’a pas hésité à investir 15 M€ dans la rénovation du château de La Vallière
La constellation des cinq étoiles n’est peut-être pas prête de s’éteindre en Touraine. Au sud de Tours, le château d’Artigny, déjà cinq étoiles, va être entièrement rénové par son acquéreur, les Sources de Caudalie. La Tortinière, qui lui fait face sur l’autre rive de l’Indre, n’est pas loin de les valoir. Comme le château de Pray, à Chargé, et Les Hautes Roches, à Rochecorbon, deux tables étoilées dont l’hébergement mérite aussi le détour. Et on parle beaucoup du sort du Choiseul, racheté avec l’intégralité des Grandes étapes françaises par les Sources de Caudalie, et de son voisin Les Minimes, à Amboise. Les deux pourraient être réunis par un acheteur qui aurait aussi l’ambition d’en faire un complexe hôtelier très haut de gamme sur les rives de la Loire, au pied du majestueux château royal de la ville.
maîtresse du roi Soleil à l’âge de dix-sept ans. Pour réaliser ce rêve baroque, Mira Grebenstein a fait appel au grand décorateur Jacques Garcia, l’homme des couleurs, des matières, des objets et surtout, de leur agencement.
La taille humaine du château permet néanmoins de ne pas se sentir écrasé. « À tous nos hôtes, nous souhaitons de vivre une ex-
périence intérieure et extérieure. Chaque chambre a le nom d’un personnage historique, avec toujours le souci de correspondre à sa personnalité, à son caractère. Tissé par la Manufacture Prelle, à Lyon, les revêtements des chambres, en soie, sont tous différents : des motifs généreux, dispendieux, avec un rouge vif, des dorures pour Mme de Montespan ; un
bleu un peu foncé pour Henriette d’Angleterre, la femme de Monsieur, le frère de Louis XIV. » Tous choisis et achetés par la propriétaire elle-même, les meubles sont d’époque, ainsi que les tableaux. L’un d’eux, dans une chambre, est attribué à François Clouet, ni plus ni moins. La Touraine façon Versailles.
Mathieu LetierceUN SOUPER COMME À VERSAILLES
À Reugny, le couvert se veut à la hauteur du gîte : éblouissant de mille feux. Un chef passé par les grandes maisons parisiennes régale comme au temps des rois. Noblesse oblige.
Appelé l’Amphitryon en référence à la comédie de Molière — critique à peine voilée des amours adultères du Roi Soleil qui eut six ans de faiblesse pour la jeune et jolie Louise de la Vallière –, le restaurant gastronomique du château de la Vallière propose, comme l’établissement hôtelier, raffinement et souci de la perfection dans un décor d’apparat. L’assiette semble digne du tableau d’un maître hollandais.
Les mets sont à déguster dans un service Monet (il l’avait choisi à Giverny) de la maison Creil et Montero.
Les verres sont inspirés de la Renaissance. Soixantecinq références de champagne sont proposées, plus une grande carte de vins de France. En cuisine, le chef Maxime Lesobre, passé par le Royal Monceau, La Grande Cascade, Michel Rostand et Boutary, a travaillé la carte avec l’historien culinaire Jean-Claude Ribaut pour des mets inspirés de ceux de la cour à Versailles, avec des langoustines croquantes, des consommés de gelée, des pommes de ris de veau mariné au lait baratté, du caviar et du pigeon rôti sur le coffre.
La formule déjeuner est servie du mardi au samedi, comme le dîner. Mira Grebenstein va proposer un service de navette à bord d’une Mercedes six places
entre Tours et le château pour ne pas craindre un retour trop arrosé qui ternirait une si belle soirée. La propriétaire aurait peut-être dû prévoir un retour en carrosse avec laquais. ML
SI LE VIN NOUS ÉTAIT CONTÉ
Christophe Galland a ouvert chez lui, à Amboise, un parcours œnotouristique avec, comme point d’orgue, une dégustation dans le pressoir.
Son épicerie fine à l’enseigne Galland Terroirs fait le bonheur des Amboisiens et des touristes. Également producteur des biscuits des châteaux, vendus jusqu’à Versailles, Christophe Galland a lancé une nouvelle offre, une véritable carte postale de Touraine, un parcours œnotouristique qui prend source chez lui, dans sa propriété du Clos de la Richardière, une maison élégante de 1643, typique du beau logis tourangeau.
Le parcours débute dans les vignes voisines du lycée viticole. Cachée par l'herbe, une borne sépare les deux propriétés. Notre hôte explique tout du travail, de la taille aux vendanges. Cinq panneaux, bientôt plus, détaillent les opérations, rappelant que la vi-gne est une liane : « J’explique ce qu’est le cep, le pampre, le cycle annuel, la taille, le pliage, l’ébourgeonnage, le relevage, le danger du gel… Les visiteurs posent de nombreuses questions. La nature passionne. » Une fois passé les ruches, direction le parc, avec une allée bordée de 35 essences d’arbres. Puis on arrive au pressoir, un lieu superbement rénové, avec une charpente ancienne et un fameux pressoir Mabille, fabriqué pendant plus d’un siècle dans le quartier du Bout-des-Ponts, sur la rive droite de la Loire.
Au sol, des plaques en métal rappellent ce glorieux passé industriel. Le nouveau propriétaire a fait enlever
les cuves et aménagé l'espace pour les dégustations. On y sert la planchette (19 €) avec fromages et charcuterie (rillons, rillettes) de la famille Galland, éleveurs depuis des générations dans le Sud Touraine. De bons vins, dont celui du lycée viticole d’Amboise, accompagnent cet agréable moment : « La dernière cuvée de la Richardière date de 1959. Nous allons la relancer. » Christophe Galland ne manque pas de parler du château de Chanteloup, la propriété du duc de Choiseul qui s'étendait juste à côté. Le
puissant ministre de Louis XV a connu la gloire, puis la disgrâce et son immense demeure a été démantelée au début du XIXe siècle ; il n'en subsiste que deux pavillons et, surtout, une étonnante pagode chinoise.
La Richardière était aussi propriété du duc, protecteur des physiocrates, ces ancêtres des libéraux qui pensaient que l’agriculture était « le fonds principal de notre richesse ». Leur esprit demeure.
clos-de-la-richardiere.fr/ 53 rue du Vau-de-Bonin à Amboise
UN LOIRET CHIC ET NATURE
En seulement quelques mois, le nombre de cinq étoiles s’est envolé en Touraine, avec les promotions des châteaux de Noizay et de la Vallière, du Bon Laboureur (Chenonceaux), des Minimes (Amboise) et l’ouverture des Trésorières, à Tours. Il faudra aussi compter avec les projets du groupe des Sources de Caudalie dans la région.
«L’ hôtel date de 2006, et en 2015, nous avions quatre étoiles. On a fait ensuite un Spa de 700 m2 , un second restaurant et une boutique. En 2017, nous avons monté le dossier pour obtenir la cinquième étoile », rappelle Lucie Leguille, la directrice du château d’Augerville, un des deux hôtels premium du Loiret.
Résultat : un établissement de 40 chambres aménagées dans une bâtisse et des dépendances chargées d’histoire. Il séduit autant les gourmets avec ses deux restaurants (le Jacques Cœur, baptisé ainsi en l’honneur du grand argentier de Charles VII, qui racheta,
puis réhabilita le château, et l’Atelier, à l’ambiance bistrot) que les amateurs de détente et de sport : l’hôtel possède, en effet, un magnifique golf 18 trous en pleine nature, un Spa réparti sur deux étages, ainsi qu’un espace sensoriel, avec hammam, sauna et cabines de soins.
Zénitude garantie ! « Il nous semblait que le fait de passer à l’échelle supérieure, d’aller vers l’excellence, serait intéressant et motivant pour notre personnel », explique Lucie Leguille qui précise que cette ultime étoile n’a pas eu d’impact direct sur sa clientèle et pas davantage sur la fréquentation de l’hôtel : « Notre clientèle parisienne
vient chez nous pour trouver un moment de plaisir et de détente. Nous avons aussi des touristes du nord de l’Europe qui veulent découvrir les châteaux de la Loire. Ce rang, c’est surtout une obligation pour nous : mettre davantage de services à leur disposition. » Une analyse partagée par Guillaume Dépée, le patron de l’Auberge des Templiers, fondée en 1946 par ses grands-parents à Boismorand, dans un ancien relais de poste du XVIIIe le long de la nationale 7, une autre mythique route des vacances (lire notre sujet sur la nationale 10 aux pages 42 à 44)
« Une cinquième étoile se joue au niveau du service, avec du personnel disponible 24 heures sur 24, un room-service de qualité, des attentions particulières, etc. ». À l’instar du Château d’Augerville, elle n’a pas eu de conséquences directes sur le rayonnement de l’établissement. « Nous sommes Relais & Châteaux depuis 1954, une association que mes grandsparents ont contribué à créer avec sept autres établissements. Nous avons donc une clientèle qui sait précisément ce qu’elle vient chercher chez nous. Ceci dit, c’est vrai que ça rassure aussi
nos clients dans leur choix, surtout au plan international », poursuit Guillaume Dépée qui a pris les rênes de l’auberge en 2016, après le décès de son père. « Pour les deux-tiers, notre clientèle est européenne, Anglais, Belges, Allemands et Suisses. Nous avons
fique piscine extérieure et des courts de tennis et de badminton complètent aujourd’hui le tableau posé dans un environnement naturel, au milieu des tortueux chênes séculaires et des allées de rhododendrons. « Il arrive que des chefs d’entreprise s’installent
TOUT EST TRES NORMÉ, AVEC UN CAHIER DES CHARGES PRÉCIS. NOUS SOMMES QUASIMENT EN PERMANENCE EN TRAVAUX ”
quelques clients qui viennent du continent américain. En revanche, très peu de Russes et de Chinois. » Quinze chambres et six suites réparties dans des cottages, gentilhommières et chaumières avec façades à colombages, briques roses et toit en chaume, les lieux dégagent une atmosphère authentique et chaleureuse, avec une petite coloration british.
« Au départ, mes grands-parents ont fondé un restaurant gastronomique avec quelques chambres. Six ans après, la table obtient une étoile au Michelin. Il a fallu alors faire des chambres plus cossues, plus confortables. L’hôtel est né comme ça. » Une magni-
pour quelques nuits chez nous et aillent travailler à Paris la journée.
Ils reviennent le soir et sont contents de se mettre au vert et de fuir la capitale », complète Guillaume Dépée.
Pour se maintenir au niveau d’exigence imposé, les deux établissements ont nécessairement toujours un chantier ouvert. « Nous sommes quasiment toujours en train de réaliser des aménagements pour rester au top », confirme Lucie Leguille. « Tout est très normé dans notre profession, avec un cahier des charges précis, ce qui fait que nous sommes quasiment en permanence en travaux », confirme Guillaume Dépée.
Pour le client, ce degré de services et d’attentions a évidemment un prix qui reste toutefois très variable en fonction des prestations souhaitées. Une nuit à l’Auberge des Templiers oscille entre 195 et 720 € (chambre classique ou suite Templiers), avec une première suite Manoir accessible à partir de 415 €. Idem pour le Château d’Augerville : une chambre classique est proposée à partir de 225 €, tandis qu’une suite double,
avec forfait Spa et gastronomie (petit déjeuner, dîner à la carte et un départ de golf 18 trous par personne) est affichée à partir de 707 €. À chacun son budget et ses envies…
Les deux établissements ne connaissent pas la crise, portés par leur prestige et la qualité du service qu’ils proposent depuis des années. Les réservations doivent se faire longtemps à l’avance pour ne pas trouver porte close. D’évidence, être né sous une bonne étoile est une chose, savoir la (les) conserver, en est une autre.
Johann GalyORLÉANS BIENTÔT AU
FIRMAMENT
Construit dans la première moitié du XIXe siècle, l’Hôtel Dieu d’Orléans, vidé de ses activités médicales en 2015, va être transformé en un hôtel haut de gamme de 80 chambres, plutôt sur une base quatre étoiles. Le projet de réhabilitation, dont l’appel à projet a été lancé par Orléans Métropole, s’inscrit dans le programme de la ZAC Carmes-Madeleine, qui consiste à aménager 11 ha en plein cœur de ville. Le bâtiment, inscrit au titre des Monuments historiques, dispose de quelque 9 500 m2 aménageables : « Cet hôtel viendra combler un manque. Les prestations de haut niveau répondent à un réel besoin, pour le tourisme classique et le tourisme d’affaires », commente Béatrice Barruel, adjointe au maire chargée du centre-ville.
Le choix du candidat retenu pour transformer l’Hôtel Dieu en hôtel de prestige sera annoncé en avril 2023.
«
ACTION CŒUR DE VILLE A EU DES EFFETS BÉNÉFIQUES »
Le maire de Châteauroux est devenu à la mi-septembre président de Villes de France, qui regroupe 600 villes françaises de taille intermédiaire (10 000 à 100 000 habitants). Toujours adhérent des Républicains, même s’il est circonspect sur la ligne politique adoptée par son parti depuis les élections présidentielles, il n’est pas « en opposition avec le gouvernement » et appelle de ses vœux le renforcement du programme Action cœur de ville dont a largement bénéficié Châteauroux.
techniciens, la confiance n’excluant pas le contrôle, on est bien d’accord. Les deux tiers des élus étaient déjà là durant le premier mandat, ils connaissent bien leur délégation. Pour moi, c’est plus exigeant, parce qu’il y a plus de voyages, et plus de fatigue, mais ça va.
La Lettre Valloire : Vous avez succédé à la mi-septembre à la présidence de Villes de France à Caroline Cayeux, ancienne maire de Beauvais, devenue ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales en juillet (elle a démissionné le 28 novembre, NDLR). N’est-ce pas une charge trop lourde pour le maire de Châteauroux et président de sa communauté d’agglomération ?
Gil Avérous : C’est mon deuxième mandat de maire et de président de l’intercommunalité. La maison est en ordre de marche. Quand on regarde l’époque où les maires étaient aussi députés ou sénateurs, il n’y a rien de bien différent avec la présidence d’une association. Cela nécessite des déplacements plus fréquents à Paris, mais aujourd’hui, j’ai un fonctionnement huilé avec les équipes d’élus et de
La Lettre Valloire : Vous voyezvous toujours un avenir chez les Républicains ? Et pourriez-vous, comme Caroline Cayeux, accepter un portefeuille ministériel ? Gil Avérous : Après le 1er tour des présidentielles, quand le bureau politique des Républicains a décidé de ne pas choisir entre la ligne Macron et la ligne Le Pen, j’ai décidé de démissionner de mes fonctions nationales tout en restant adhérent du parti. Dans la campagne présidentielle interne, je ne soutiens pas un candidat plus qu’un autre, mais je suis plutôt critique sur l’organisation du scrutin. Elle tourne trop autour des parlementaires et tout est fait pour que la gouvernance soit dans leurs
mains. La force des Républicains a toujours résidé dans les élus locaux… Il est anormal que la candidature de Serge Grouard, élu maire d’Orléans à quatre reprises, n’ait pu aboutir parce qu’il fallait dix parrainages de parlementaires… J’ai toujours été fidèle à mon parti depuis que j’ai adhéré au RPR en 1992, à l’âge de 19 ans. Aujourd’hui, je n’ai pas envie d’aller voir ailleurs.
Gil Avérous : La décision de prolonger Action cœur de ville (ACV) jusqu’en 2026 a été prise au printemps par le président de la République. Villes de France est la seule association d’élus associée aux discussions, parce que nous sommes à l’origine du dispositif et que nous l’avons co-construit avec le gouvernement. Nous avons eu de multiples réunions ces der-
DANS LA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE INTERNE DES RÉPUBLICAINS, JE NE SOUTIENS PAS UN CANDIDAT PLUS QU’UN AUTRE ”
Et je n’ai pas une ambition débordante qui me conduirait à adhérer au parti du président pour entrer au gouvernement. Si cela devait se faire, cela dépendrait du contexte. Si la feuille de route qui m’est présentée me convient, pourquoi pas ? Mais c’est un CDD et cela vous fragilise sur le terrain. Je ne suis pas en opposition avec le gouvernement. Je pense que les bonnes mesures sont prises, même si je ne suis pas d’accord avec tout, comme le fait d’indexer les dépenses des collectivités locales sur une inflation réduite.
La Lettre Valloire : Le précédent gouvernement a lancé en 2018 un programme pour dynamiser et rendre plus attractifs les centres de 222 villes moyennes, dont Châteauroux. Ce programme Action cœur de ville s’achève à la fin de cette année. De premiers effets positifs ont-il été enregistrés ? Faut-il aller plus loin ? Où en sont vos discussions avec le gouvernement sur le sujet ?
nières semaines avec les pouvoirs publics, les arbitrages ont été faits à la mi-novembre. D’ici peu, la Première ministre annoncera les modalités de fonctionnement d’ACV deuxième génération. Cela ira dans le sens d’un renforcement du programme avec deux axes forts : l’intégration des secteurs gares, même quand la gare n’est pas dans le cœur de ville, et celle des entrées de ville. On a demandé aussi une attention particulière sur le renforcement des moyens accordés à la rénovation du bâti ancien, car les coûts sont bien supérieurs à ceux des bâtiments plus récents. Et également le maintien du soutien à l’ingénierie. On mesure de premiers résultats concrets avec la baisse des taux de vacance commerciale. L’organisme Procos, qui prend en compte les emplacements commerciaux vides dans les villes, nous a démontré que les taux de vacance dans les villes ACV ont baissé beaucoup plus vite que dans les villes qui ne l’étaient pas :
ACV-2 AU MOINS AUTANT DOTÉ
QU’ACV-1
S’exprimant au congrès des maires le 24 novembre, Caroline Cayeux, qui devait démissionner de son poste de ministre en charge des Collectivités territoriales quatre jours plus tard, a annoncé que l’engagement financier en faveur de la saison 2 du programme Action cœur de ville (ou ACV-2), qui commencera le 1er janvier pour s’achever quatre ans plus tard, serait « a minima » de 5 Md€, dont au moins 700 M€ apportés par l’État, en faveur des 234 villes – 222 si on raisonne en terme de « territoires métropolitains » – déjà dotées en 2018. La Banque des Territoires sera le plus gros contributeur (1,8 Md€ en fonds propres et 700 M€ en prêts sur fonds d’épargne) d’un program-me 2023-2027 dont le fil rouge sera l’écologie.
à Châteauroux, on est passé de 15 % à moins de 11 % de vacance. En cinq ans, on a enregistré un solde positif de 39 enseignes en centre-ville.
Pour le logement, c’est plus aléatoire parce que les indicateurs sont moins fiables, mais on ressent une appétence accrue pour nos villes. On le voit dans les vagues de nouveaux arrivants : ce sont des gens qui ont des projets de vie ; ils ne viennent pas uniquement pour travailler chez nous, ils viennent pour y résider.
La Lettre Valloire : Dans la foulée de la crise Covid, on a observé un transfert de population des métropoles vers les villes petites et moyennes. Comment, à l’échelle de Châteauroux, est-il possible d’accompagner ce mouvement ?
L’INDRE, TERRE DE PRÉSIDENTS
Le département de l’Indre pourrait disputer à la Corrèze le titre de terre de présidents : mais les Berrichons se sont plutôt spécialisés dans les associations d’élus. Avant Gil Avérous, le regretté Vanik Berbérian, maire du village de Gargilesse-Dampierre, fut durant douze ans (2008 à 2020), le président de l’association des maires ruraux de France (AMRF), siège qu’il abandonna pour raisons de santé, un an avant son décès, en mars 2021. Sans oublier, bien sûr, l’inoxydable André Laignel, maire d’Issoudun et premier vice-président délégué de la puissante association des maires de France (AMF).
Gil Avérous : La communauté d’agglomération Châteauroux Métropole en a fait vraiment sa spécialité. À tel point que l’agence d’attractivité départementale, l’Indre en Berry, nous a confié la politique d’accueil des nouveaux arrivants pour l’ensemble du département.
On a mis en place le dispositif « RejoIndre », qui est un jeu de mots avec le nom du Département, l’Indre. Nous proposons des prestations individualisées : nous recevons toutes les personnes ayant
ment s’est vidé en ville. C’est un jeu à somme nulle et cette politique d’étalement a coûté cher. On a tout intérêt à utiliser le foncier existant. Avant le zéro artificialisation nette, des orientations fortes ont tout de même été prises ces dernières années, même si le législateur est parfois tombé dans l’excès. Dans le PLUi de l’agglomération de Châteauroux, entré en vigueur il y a deux ans, nous avons réduit nos surfaces à urbaniser de 83 %.
ON MESURE LES PREMIERS RÉSULTATS
CONCRETS D’ACTION CŒUR DE VILLE AVEC LA BAISSE DES TAUX DE VACANCE COMMERCIALE ”
un projet professionnel, et après les avoir interrogées sur leurs désirs et leur centres d’intérêt, nous leur bâtissons un programme de visite et de découverte. Y compris le samedi matin si l’un des membres de la famille réside à Paris.
La Lettre Valloire : La loi Climat et Résilience assigne les aménageurs, et notamment les collectivités locales, a plus de sobriété foncière. Comment appréhendez-vous le « zéro artificialisation nette » ? Et quid des mobilités ? Gil Avérous : Cette loi Climat et Résilience est vertueuse. J’ai tendance à la soutenir parce que les maires de villes préfectures ou même sous-préfectures ont souffert de l’étalement urbain, d’une perte de population en centreville au profit de communes périphériques… À chaque fois qu’on a construit un pavillon, un apparte-
Les mobilités sont bien sûr un sujet essentiel. Notre agglomération a une politique de transport gratuit depuis vingt ans. Nous sommes plutôt exemplaires dans la matière et notre versement transport est moins élevé que celui de collectivités ayant adopté le transport payant. Le travail à venir doit porter sur le confort des dessertes et le changement d’énergie. Mais la problématique des mobilités sera plus difficile à régler en zone rurale. Les véhicules autonomes seront une solution mais aujourd’hui, ils coûtent très chers. L’expérimentation d’une navette autonome en Brenne, qui s’arrête en janvier, coûte 40 000 € par mois. Tant qu’elle bénéficie de concours publics, c’est possible, mais aucune collectivité ne peut prendre cette somme à sa charge.
Propos recueillis par François-Xavier Beuzon
POLITIQUE CHÂTEAUDUN FÉDÈRE LES VILLES SOUS-PRÉFECTURES
Après avoir publié une tribune dans Le Monde cet été, le maire de Châteaudun Fabien Verdier a organisé début novembre un premier congrès des villes moyennes et sous-préfectures dans sa ville. Objectif : alerter les pouvoirs publics sur les besoins vitaux de ces pôles de centralité, rudement touchés par la désindustrialisation et la métropolisation du pays.
Le maire de Châteaudun Fabien Verdier a présenté le congrès au côté de Jacques Attali
Quel avenir pour les villes moyennes et sous-préfectures ? C’est à cette question que Fabien Verdier, le maire sans étiquette de Châteaudun (Eure-et-Loir), a voulu répondre en organisant dans sa ville un premier congrès « de réflexion », les 4 et 5 novembre. Une cinquantaine de personnes le vendredi après-midi, autant le lendemain matin, ont assisté aux débats.
En guest star, Jacques Attali a ouvert le congrès par une sombre prophétie : « Après le déclin des villes moyennes, on verra se détruire la démocratie ». Il a enjoint les maires présents à ne pas se « résigner au vieillissement » et à développer ce qu’il qualifie « d’économie de la vie : la santé, l’éducation, la sécurité, la mobilité, l’alimentaire » Moins pessimiste que l’ancien conseiller de François Mitterrand,
Xavier Bertrand, qui intervenait en duplex, a néanmoins souligné que « derrière ce combat pour les villes moyennes, se joue une bonne part de l’avenir politique du pays » Rappelant que la région Hautsde-France, qu’il préside, compte vingt-et-une villes sous-préfectures, l’ancien ministre a plaidé pour une vision infrarégionale de ces mesures décidées au plan national, appelant le gouvernement à
« réécrire les textes » et, au-delà de la législation, à mettre en place « un new deal ». Selon lui, « les programmes Action cœur de ville et Petites villes de demain, pour méritoires qu’ils sont, ne suffiront pas »
Prenant à son tour la parole, Fabien Verdier a souhaité que ce premier congrès serve « à mettre en réseau les villes et les porteurs d’idées, pour trouver la thérapie à la désaffection des villes moyennes ». S’il reconnaît les avancées de la présidence Macron, le maire de Châteaudun voudrait que l’État aille beaucoup plus loin, qu’il soit « un facilitateur et même un catalyseur » pour constituer un véritable couple entre sous-préfet et maire afin « d’aplanir les difficultés et adapter les normes pour que les villes sous-préfectures puissent assurer et financer les mobilités de leurs concitoyens, leurs besoins en matière d’éducation et de sécurité, qu’elles contribuent à la réindustrialisation du territoire et consolident leurs hôpitaux de proximité autour des trois disciplines indispensables : médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) ».
Les tables-rondes qui ont suivi ont permis aux maires des villes sous-préfectures d’apporter leur témoignage et de faire part de leurs inquiétudes. Bernard Guiraud, maire de Lesparre-Médoc (Gironde), déplore qu’il soit désormais si difficile de faire avancer les projets : « Je suis d’accord pour que les services de l’État nous apportent l’ingénierie qui nous fait défaut, mais à condition qu’il nous aide et ne nous bloque
pas. Nous avons aussi un vrai problème avec les associations qui multiplient les recours ».
On a également beaucoup parlé durant les débats de la loi Climat et Résilience et du décret paru cet été sur le dispositif de zéro artificialisation nette (ZAN). Celuici interdira, d’ici à 2050, d’artificialiser la moindre parcelle agricole ou forestière pour l’urbaniser.
ni écoutés, ni considérés. Il ne faut pas s’étonner ensuite de voir les résultats électoraux. Au mois de juin, le Rassemblement national a remporté tous les sièges de députés en HauteMarne et en Haute-Saône, dans l’Aude et les Pyrénées Orientales. Il faut passer plus de temps avec le peuple. Et réagir. Très très rapidement ».
METTRE EN RÉSEAU VILLES ET PORTEURS D’IDÉES, POUR TROUVER LA THÉRAPIE À LA DÉSAFFECTION DES VILLES MOYENNES ”
Xavier Bertrand, qui a réaffirmé sa foi dans « une république des territoires », a insisté sur les écueils, sans remettre en cause leur bienfondé, du ZAN et de son corollaire, les zones à faibles émissions (ZFE), qui risquent « de devenir des machines à exclure ». Bernard Guiraud a souligné l’incohérence de l’État. « Alors que le préfet de Gironde – à l’époque Didier Lallement, qui deviendra ensuite préfet de police de Paris, NDLR – avait signé les modifications de notre PLUi et de notre Scot qui prévoyaient une zone commerciale sur notre commune, la loi Climat et Résilience est venue geler toutes les implantations de ce type. Les habitants de Lesparre doivent aller à Bordeaux et affronter bouchons et pollutions pour faire leurs courses. »
Pour Fabien Verdier, les habitants des 239 villes sous-préfectures – en ajoutant les 6 qui viennent d’être créées – « ne se sentent
À l’issue des deux demi-journées, la douzaine de maires présents ou en duplex, comme la maire de Bressuire Emmanuelle Ménard, ont exprimé leur satisfaction d’avoir pu se faire entendre. Une lettre ouverte devrait prochainement être adressée au président de la République et à la Première ministre, afin de les alerter sur les difficultés de ces « villes relais (qui) répondent plus que jamais aux angoisses contemporaines par leurs nombreux atouts ». « Après la tribune que nous avons cosignée fin août dans Le Monde avec Dominique Bussereau et Jean-Pierre Jouyet pour proposer un plan d’action détaillé destiné à « remuscler » les sous-préfectures de France, ce congrès est une nouvelle étape », explique Fabien Verdier. Une seconde édition ? Rien n’est encore décidé, mais l’envie de se retrouver a été clairement exprimée.
François-Xavier Beuzon
DES MAIRES SUR SIÈGES ÉJECTABLES
Les maires sont de plus en plus souvent sur des sièges éjectables. Le moindre incident de parcours peut se transformer en révolution de Palais ourdie par des membres de la majorité. La légitimité issue du suffrage universel n’est plus un sauf-conduit pour la durée du mandat. La région Centre-Val de Loire n’échappe pas à la règle.
Les maires ne sont pas à la fête. Et la dernière édition du congrès de l’association des maires de France (AMF), fin novembre à Paris, a confirmé l’état de grande fatigue, parfois de détresse psychologique dans laquelle se trouvent les premiers magistrats. Selon un sondage publié récemment par l’Ifop, 55 % des maires ne souhaiteraient pas briguer un nouveau mandat en 2026.
À la charge écrasante de travail, à l’exposition au risque pénal et à l’agressivité de leurs concitoyens, sont venues s’ajouter des formes radicales de contestation… parfois au sein même des majorités municipales qui sapent la légitimité du maire en voulant le forcer à jeter l’éponge.
« Auparavant, une fois élu, le maire devenait intouchable. L’onction du suffrage universel faisait taire toutes les oppositions, en particulier celles émanant de son propre camp. C’est de moins en moins vrai », observe un élu tourangeau impliqué dans l’une de ces crises d’un nouveau genre. « Les maires n’ont pas perdu en légitimité. Mais certains d’entre eux ont assis leur lea-
dership sur la construction de rapports de force, par essence vulnérables », précise Yvan Lubraneski, maire d’une bourgade de l’Essonne et vice-président de l’association des maires ruraux de France (AMRF).
(12 500 habitants), Thierry Boutard, élu d’une courte tête à l’issue d’une triangulaire, se trouve depuis la fin de l’été en fort mauvaise posture. Onze conseillers de sa propre liste divers droite ont fait défection, le privant de majorité avec seule-
Ce n’est pas nouveau, mais dans un contexte général « marqué par un accroissement des tensions et un affaiblissement des notions de solidarité, les équipes municipales sont moins soudées. On paie aussi les effets de la crise sanitaire sur la psychologie des élus ».
Le territoire régional en fournit plusieurs illustrations. Ainsi, à Amboise
ment une douzaine d’élus restés à ses côtés, face à une opposition composée d’une vingtaine de membres répartis en trois groupes. En dépit des blocages provoqués par cette situation délicate – le maire d’Amboise doit désormais faire adopter une délibération au premier euro engagé, ce qui complique la vie des services et allonge
la durée des conseils municipaux jusqu’à l’absurde… –, il persiste et signe. Pas question de démissionner face « à cette coalition d’intérêts personnels médiocres (…) Le seul responsable devant la justice et les citoyens, c’est le maire ». Sûr de son bon droit, il écarte d’un revers de main les reproches qui stigmatisent « son autoritarisme » et le caractère « autocratique » de sa gestion.
Toujours en Touraine, à Monts (7 900 habitants), une querelle sur la gestion de l’école de musique a conduit à un sérieux désaccord au sein de la majorité municipale. Après le départ de l’adjoint à la culture, c’est au tour de celui à l’environnement, d’avoir claqué la porte pour former un groupe d’opposition avec comme ambition de mener la vie dure au maire en place Laurent Richard (divers gauche). Celui-ci avait été élu en mars 2020, dès le 1er tour, par moins d’un quart du corps électoral. Une succession pas si paisible que ça de sa prédécesseure Valérie Guillermic… dont il fut le 1er adjoint avant de faire sécession.
A St-Jean-le-Blanc, une commune de 9 000 habitants de la première couronne orléanaise, une coalition conduite par le 1er adjoint complique la vie de la maire Françoise Grivotet, elle aussi accusée d’autoritarisme. Marqué par de multiples appels à la démission et de menaces de procès, cet affrontement a viré à la crise généralisée le 20 octobre, lorsque douze des vingt-neuf conseillers municipaux ont collectivement présenté leur démission.
Le conseil municipal du 6 décem-
bre n’a finalement pas pu se tenir faute de combattants, d’autres démissions étant venues grossir le nombre des absents : un nouveau scrutin sera organisé le 29 janvier et, si nécessaire, le 5 février. Élue en juin 2020 avec 39,29 % des voix à l’issue d’une quadrangulaire, la maire n’avait pas, au moment où nous bouclons cette édition, fait le choix de se représenter ou non.
Fronde aussi à Nogent-sur-Eure (28) où, le 8 décembre, le conseil municipal a privé le maire de ses délégations.
Le monde rural n’échappe pas à cette crise de la représentativité.
À St-Benoît-du-Sault, village berrichon de 600 habitants, le maire a démissionné le 7 novembre suite à des élections partielles qui lui avaient été défavorables la veille.
Six de ses co-listiers lui ont emboîté le pas, ce qui entraînera de nouvelles élections partielles.
« Sans préjuger du fond de ces crises, on peut remarquer qu’elles surviennent au sein de municipalités où le maire a été petitement élu, dans un contexte d’abstention qui perturbe globalement la représentativité », estime pour sa part le politologue Martial Foucault, auteur de la quatrième enquête de l’Observatoire de la démocratie de proximité (AMF-Cevipof). « On peut aussi rapprocher ces événements du durcissement des opinions politiques. La polarisation en trois blocs débouche sur une plus grande difficulté des citoyens à discuter entre eux. Ce raidissement va de pair avec les violences physiques ou symboliques portées à l’endroit des maires ».
Il suffit que d’anciennes inimitiés soient ravivées pour que la crise survienne. « Dans un tel contexte, la moindre étincelle, la moindre frustration met le feu à la plaine, comme disait le Grand Timonier, ironise un élu tourangeau. C’est encore plus flagrant lorsque les équipes sont jeunes, inexpérimentées et qu’elles découvrent une vie publique qui ne correspond pas à l’image qu’elles s’en faisaient. »
Jean-Christophe SavattierUNE CULTURE DE LA CONTESTATION
Selon la quatrième enquête de l’Observatoire de la démocratie de proximité, la France « connaît depuis plusieurs années une accélération des débats politiques violents où l’irruption répétée de polémiques et la culture du clash, amplifiée par la puissance des réseaux sociaux, ont renforcé la polarisation des opinions politiques ». « Plus d’un maire sur quatre estime que les habitants de sa commune aux opinions opposées ont de plus en plus de difficultés à discuter entre eux ». Ils sont 51 % à observer « un durcissement des opinions de leurs administrés » Selon les observateurs cités par l’enquête, ce durcissement s’explique « par la montée des émotions et des passions dans le choix de vote », ainsi « que par la détestation des élites ou tout acteur politique ayant failli à réparer leur sentiment de déclassement social ».
GUILLAUME KASBARIAN, GROGNARD DE LA MACRONIE
Chaleureux, direct, le député de la 1ère circonscription d’Eure-et-Loir, celle de Chartres, constitue l’une des pièces majeures de la Macronie en présidant la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. Cet engagement ne l’empêche pas de parfaire son ancrage sur un territoire où il débuta comme simple militant.
Pièce maîtresse de la Macronie, Guillaume Kasbarian tient solidement la barre de la puissante commission des affaires économiques de l’As-
semblée nationale. Mais il n’est pas homme à peser prudemment ses engagements au trébuchet des circonstances. « Je suis d’abord un militant », explique
l’ancien consultant en stratégie industrielle, marcheur de la première heure, qui contribua à structurer l’implantation du parti présidentiel en terres euréliennes.
« Oui, j’ai été séduit par la démarche, le souffle, l’ambition d’Emmanuel Macron », se souvient ce diplômé de l’Essec qui n’a pas hésité à lâcher une confortable trajectoire professionnelle de consultant (Monitor Deloitte, puis PMP Strategy) pour se jeter dans la mêlée de la vie publique.
Coordinateur, dès 2016, de La République en Marche, le natif de Marseille surfe sur la vague présidentielle pour ravir, à tout juste 30 ans, la 1 ère circonscription d’Eure-et-Loir. Il siège aussi au bureau exécutif national de LaRem jusqu’en 2022, avant de vaincre facilement en juin dernier l’écologiste Quentin Guillermain avec 58,1 % des voix.
« De façon générale, et en particulier sur le plan des idées, je sais où j’habite, prévient ce spécialiste de l’économie industrielle et des entreprises. En économie, je suis un libéral et sur les questions sociétales, je me vis aussi comme un libéral, pas comme un
libertaire », assène celui qui persiste à trouver la devise de la République (« Liberté, Égalité, Fraternité ») particulièrement « inspirante ».
Une telle clarté idéologique tranche, selon lui, avec les errements pathétiques des Républicains : « Ils s’opposent essentiellement pour exister. Quand je vois Olivier Marleix – le député de la 2e circonscription d’Eure-et-Loir, qui préside aussi le groupe LR au Palais Bourbon (NDLR) – proposer au nom de son groupe une taxe additionnelle sur le transport maritime ou une exit tax, je me pince pour y croire, ironise Guillaume Kasbarian. Les Républicains seraient mieux avisés de nous rejoindre sur ce qui peut nous rassembler, comme ils l’ont fait par exemple sur l’assurance-chômage. »
Affichant sa proximité avec Aurore Bergé, la cheffe de file des députés Renaissance à l’Assemblée, Guillaume Kasbarian tente de bâtir les majorités d’idées qui permettront au camp présidentiel « de réussir l’indispensable transformation de notre pays ». La mission ne l’empêche pas de conserver sa part d’indépendance. Et de liberté de ton : « Je pense que nous aurions dû utiliser plus tôt le 49.3 sur le texte budgétaire. Les échanges avaient eu lieu en commission et nos différentes oppositions avaient clairement annoncé qu’elles ne voteraient pas le texte. Inutile d’aller au bout du bout jusqu’à la discussion du 3 500e sous-amendement ! Nous n’avons aucun intérêt à favoriser la « zadification » de l’Assemblée
nationale qui constitue le seul projet de la Nupes. »
Très accaparé au national, le député d’Eure-et-Loir entretient avec soin son ancrage local. N’oubliant jamais de figurer au générique d’une cérémonie ou d’une kermesse, Guillaume Kasbarian se souvient qu’il a dû jouer des
« traduit sans doute des lacunes en matière d’attractivité et de marketing territorial »
Très à cheval sur les questions d’ordre public, Guillaume Kasbarian enrage d’assister à l’occupation illégale de terrains par des gens du voyage en voie de sédentarisation, au mépris du droit
EN ÉCONOMIE, JE SUIS UN LIBÉRAL ET SUR LES QUESTIONS SOCIÉTALES, JE ME VIS AUSSI COMME UN LIBÉRAL ”
coudes pour s’imposer sur le terrain : « On ne m’a pas fait de cadeau. Pourtant, au contraire de certains élus euréliens, je ne me suis pas lancé en politique pour me tailler un fief. » Mais aujourd’hui, « les responsables politiques du territoire savent que je suis un bosseur et qu’ils peuvent compter sur mon soutien » . Jusqu’à Jean-Pierre Gorges, l’impétueux maire de Chartres, avec lequel les relations se sont normalisées. « Nous avons du respect l’un pour l’autre », veut se persuader le parlementaire. L’animosité entretenue par le maire de Chartres avec Olivier Marleix n’est sans doute pas totalement étrangère à ce rapprochement…
« Je m’implique beaucoup sur les questions énergétiques et de coût des mobilités. Je suis installé depuis 2015 à St-Martin-de-Nigelles. Je n’ignore pas ce qu’il en coûte de prendre sa voiture pour faire ses courses » : Guillaume Kasbarian suit aussi de très près le sujet de la désertification médicale qui
de propriété : « Le phénomène s’accentue en Eure-et-Loir. Je souhaite mobiliser la justice et les forces de l’ordre pour mettre fin à cette impunité. Il ne s’agit pas de multiplier les sanctions, il faut juste appliquer la loi. »
Et puis, naturellement, ce petitfils de rescapés du génocide arménien a la connaissance intime, presque charnelle, des drames produit par l’Histoire. Il fut, lors d’un voyage officiel « ultra émouvant », de la délégation d’une dizaine de parlementaires qui se rendit en 2020 au Haut-Karabagh, la république autoproclamée du Caucase essentiellement composée d’Arméniens.
Avant de raccompagner son visiteur, Guillaume Kasbarian n’hésite pas à ouvrir la petite boîte discrète, au coin de son bureau ; elle contient quelques-uns des restes calcinés de l’appartement de sa grand-mère, qui avait trouvé asile à Beyrouth avant que des bombardements ne le réduisent à néant…
Jean-Christophe SavattierLA RÉGION VISE LE PREMIER RÔLE
La comédienne et productrice Julie Gayet a pris en septembre 2021 la présidence de Ciclic, l’agence régionale de promotion du cinéma et du livre. Cette femme de conviction nourrit de fortes ambitions pour la filière régionale des métiers de l’image qui peut placer le territoire au premier plan.
«Désolée, je sors de tournage et je n’ai même pas eu le temps de me remettre un peu de blush ! » : Femme d’engagements multiples et de convictions chevillées au corps, la comédienne et productrice Julie Gayet n’a pas accepté la présidence de l’agence régionale Ciclic, qui aide à la promotion et à meilleure diffusion des œuvres cinématographiques sur le territoire, pour faire de la figuration.
« Ce n’est pas un coup de tête. Avant de prendre le job en septembre 2021, j’ai d’abord observé pendant plusieurs mois, en tant qu’administratrice, le fonctionnement de cette structure dirigée par Philippe Germain que je connaissais bien et pour qui j’ai beaucoup d’admiration. Il a été l’homme de la promotion du court métrage en France et je sais ce que je dois au court métrage, et d’ailleurs ce que l’ensemble du cinéma français doit à ce format. »
Et l’ex-présidente de la société de production Rouge International, très affaiblie par la crise, a aussi attendu la dissolution de cette dernière avant d’accepter un man-
dat bénévole qu’on lui proposait avec insistance : « Je n’aime pas beaucoup faire semblant, ou à moitié, et je suis plutôt opposée au mélange des genres. »
On ne verra donc pas Julie Gayet organiser dans le Centre-Val de Loire un festival comme celui dédié à la musique et au cinéma qu’elle a créé à Rochefort (« Sœurs jumelles »)
« Je ne suis pas là non plus pour imposer un regard », ni pour imposer ses vues au comité de sélection de l’agence qui attribue les aides aux œuvres et aux projets (2,2 M€ distribués annuellement).
Elle avoue avoir été bluffée par le travail d’éducation et de sensibilisation à l’image menée par les équipes (120 000 jeunes chaque année), par la contribution de la plateforme vendômoise de Ciclic au cinéma d’animation, par le travail d’inclusion et d’aide au scénario ou au premier film. « Savezvous que le film « Saint-Omer » d’Alice Diop, qui représentera la France à la cérémonie des Oscars à Los Angeles, a reçu une contribution importante de Ciclic pour l’aide au scénario ?
« Savez-vous aussi que le soutien
apporté par nos ateliers et nos workshops ont permis récemment à deux jeunes Orléanais de réussir le concours d’entrée à la Femis –la plus prestigieuse et la plus sélective école française de cinéma, NDLR – ? », lance Julie Gayet qui souhaite désormais « incarner la réussite d’une agence régionale qui effectue un travail souterrain remarquable mais n’est pas assez connue ».
Celle qui affirme être « une très bonne vendeuse. Je n’ai pas été productrice pour rien » , sera donc l’ambassadrice d’une filière régionale de l’image « qui ne demande qu’à être structurée, amplifiée. Nous sommes déjà une référence, notamment dans le domaine de l’éducation populaire à l’image, mais nous pouvons et devons faire beaucoup mieux »
« C’est une têtue, une Bretonne, une battante qui ne lâche rien », concède l’un de ses proches. Présente physiquement dans la région, « au moins deux fois par mois », Julie Gayet a déjà rencontré toutes les équipes de Ciclic : « J’avoue que parfois je les sollicite en visio à des heures impossibles. » Bien sûr, il n’est pas question de mettre un frein à sa carrière cinématographique. L’actrice, qui
NOUS SOMMES DEJÀ UNE RÉFÉRENCE, MAIS NOUS POUVONS ET DEVONS FAIRE BEAUCOUP MIEUX ”
Bien sûr, il faut développer « l’accueil d’équipes de tournage sur le territoire régional, activité qui génère déjà près de 20 M€ par an au profit de l’économie locale. Mais toutes les régions le font. Il faut aller plus loin et faire de la filière de l’image un levier d’attractivité et de développement en jouant sur toutes ses facettes » C’est bien avec la fougue d’une militante accomplie que celle qui partage la vie de François Hollande s’est lancée dans cette aventure territoriale. « Oui, j’aime agir pour l’intérêt général », reconnaît Julie Gayet. Cette passionnée d’art lyrique, fille d’une antiquaire et d’un chirurgien qui conseilla Bernard Kouchner lorsqu’il fut ministre de la Santé, œuvre ainsi beaucoup pour l’égalité hommefemme dans les métiers du cinéma au sein du Collectif 50/50. Elle est aussi impliquée de façon plus générale dans la lutte contre les violences faites aux femmes, via la Fondation des femmes.
débuta sa carrière en 1994 sous la direction d’Agnès Varda au côté de Michel Piccoli et de Marcello Mastroianni, tourne actuellement un thriller (« 12 ans, 7 mois et 11 jours ») réalisé par Alexandre Coffre.
« Je serai en mars prochain à l’affiche, que je partage avec Benjamin Biolay, du film « Comme une artiste » de Sébastien Bailly ». Les fans de la comédienne seront aussi comblés par la sortie prochaine sur France 2 d’un nouveau numéro de Disparition Inquiétante, une collection produite par Stéphane Strano.
« En 2023, nous allons réfléchir à des actions puissantes de communication afin de valoriser les actions de Ciclic et un potentiel du territoire que je juge impressionnant. Je réfléchis aussi à la création d’un fonds qui pourrait être abondé par des entrepreneurs locaux » : Le scénario de ce nouvel épisode reste encore à écrire… Jean-Christophe Savattier
CICLIC VEUT STRUCTURER LA FILIÈRE RÉGIONALE
L’agence régionale, qui se consacre à la promotion de l’image animée et du livre, effectue un travail souterrain d’incubation de projets. Aujourd’hui, elle veut être mieux reconnue par le grand public.
«Nous n’avons pas les moyens des Hautsde-France, de l’Île-deFrance ou de PACA qui peuvent investir une vingtaine de millions d’euros dans la production de séries (comme la soap opera Plus belle la vie, NDLR) », nous indique en toute lucidité Philippe Germain, le directeur général de Ciclic. Avec un budget compris entre 8 et 10 M€ – dont 2,2 M€ attribués en aides diverses à la création ou à la production –, l’agence régionale n’est certes pas en situation de produire des peplums. « Ce n’est pas le sujet », tranche son
« L’important, c’est que nous soyons salués par nos pairs comme une référence nationale en matière d’éducation et de sensibilisation des jeunes publics, ainsi que comme une seconde référence dans le domaine du cinéma d’animation » Ciclic effectue un travail souterrain « d’incubation des projets et d’inclusion de publics parfois éloignés de l’image et des grands écrans. Nous avons développé un savoirfaire unique, il nous faut maintenant le faire savoir », poursuit Philippe Germain qui compte sur la contribution de sa présidente Julie Gayet pour « changer de braquet ».
cinématographique. Nous avons la base pour la structuration d’une véritable filière », plaide le directeur général de Ciclic.
Il souhaiterait aussi voir constituer des lieux totems dédiés à l’image et au livre – l’un des axes de travail de l’agence – qui pourraient être installés dans les locaux de Mame à Tours ou du Lab’O à Orléans.
« Nous avons déjà travaillé avec un jeune entrepreneur résident du Lab’O. Il a conçu une mini table de montage (MashUp table) que nous utilisons lors de nos sessions de sensibilisation à l’image ».
patron qui dirige une équipe d’une cinquantaine de collaborateurs répartis entre Château-Renault (37), St-Jean-de-la-Ruelle (45), Issoudun (36) et Vendôme (41).
« Le territoire régional compte près de 570 techniciens et environ 600 PME qui ont un rapport plus ou moins lointain avec la production, la réalisation ou la diffusion
Philippe Germain n’oublie pas de mentionner les Cinémobiles qui sillonnent les routes régionales pour porter le septième art au plus près de la ruralité : « Nous avons réussi à attirer 52 000 spectateurs en année post-Covid, contre 56 000 avant la crise. La baisse de la fréquentation est bien moins importante que dans les salles classiques » Enfin, l’agence collecte aussi des images d’archives à partir des films régionaux amateurs et familiaux. Ils sont utilisés par les documentaristes : « Nous avons des pépites comme ce passage où l’on aperçoit Jean Moulin, alors préfet d’Eure-et-Loir, rendre visite à un comice agricole. » JCS
QUI VEUT DE LA RN 10 ?
Symbole de la route des vacances avec ses jumelles RN 6 et RN 7, la route nationale 10, qui relie Paris à la frontière espagnole, est cédée à l’encan par l’État. La centaine de kilomètres encore classés route nationale est proposée aux Départements d’Eure-et-Loir, de Loir-et-Cher et d’Indre-et-Loire. Les trois collectivités veulent bien récupérer la légende, mais pas à n’importe quel prix.
Qui n’a pas déroulé les 765 kilomètres de bitume de la RN 10 de Paris jusqu’aux plages landaises ou basques en DS 19, en Dauphine ou en Renault 6 et n’est pas resté
association s’est même créée. Nostal’10 tente de valoriser le patrimoine de l’ancienne route de Paris à l’Espagne. Chaque année, elle organise une fête, le Bouchon de Ste-Maure, pour célébrer le fameux
est surtout ressentie aujourd’hui comme un facteur de coûts et de risques.
bloqué dans les longs bouchons sous la canicule – 450 km cumulés le 2 août 1975, alors même que le thermomètre avait grimpé à 35° à Tours ! – n’a pas connu les vrais départs en vacances. Pour faire vivre la légende, une
embouteillage du sud Touraine. Mais ce monument de l’histoire routière n’attire plus que la sympathie des nostalgiques. Marginalisée par l’ouverture de l’autoroute A 10, tronçon après tronçon, durant les années soixante-dix, la RN 10
À tel point que le ministère des Transports s’interroge pour savoir s’il peut, juridiquement, obliger les poids lourds à emprunter l’A 10 entre Poitiers (86) et St-André-deCubzac (33), là où le trafic moyen journalier d’une RN 10 quasiment à 2x2 voies sur les 200 km du parcours est de plus de 12 000 camions.
Désireux de soulager ses finances et de se consacrer à ses priorités, l’État est disposé à transférer la propriété des portions encore dans son domaine aux collectivités territoriales prêtes à les reprendre. Une opération gravée dans la récente loi 3DS qui bouclerait un processus engagé il y a dix-huit ans, quand l’État s’est délesté d’un coup de 18 000 km de rubans de
Mais l’intention succède à une inaction coupable de l’État sur des sujets majeurs de sécurisation, notamment pour la traversée des villages. « Et la déviation de Marboué ? Cela fait trente ans qu’on en parle et pas grand-chose n’a été fait depuis », pointe l’élu. Concernant cette dernière, les études ont été achevées cet été et elles ont déterminé quatre variantes de
LE CONTOURNEMENT DE MARBOUÉ, AU NORD DE CHÂTEAUDUN, COÛTERAIT À LUI SEUL ENVIRON 60 M€ ”
bitume au profit des Départements : il reste aujourd’hui 11 000 km de routes nationales et d’autoroutes non concédées dans son giron, dont environ 300 pour la seule RN 10.
Un tiers de cette portion de la RN 10 encore dans le domaine de l’État traverse la région Centre-Val de Loire, entre Thivars, au sud de Chartres, et Château-Renault, au nord de Tours. Trois départements traversés, à parts inégales, l’Eureet-Loir et le Loir-et-Cher regroupant à eux deux la presque totalité de la centaine de kilomètres, l’Indreet-Loire ne comptant qu’une petite portion allant des franges du Loiret-Cher à l’entrée de Château-Renault et la voie d’accès à l’échangeur de l’A 10 à Autrèche.
Le transfert de la partie de la RN 10 sur son territoire n’effraie pas Christophe Le Dorven, président du conseil départemental d’Eureet-Loir : « Je ne suis pas mécontent de cette proposition : nous gérons 7 700 km de voiries : 50 km de plus, ce n’est pas un problème. »
contournement. La commission nationale du débat public doit organiser une concertation volontaire.
Le contournement de cette commune située au nord de Châteaudun coûterait à lui seul environ 60 M€, suivant le scénario retenu (5,5 km pour le contournement le plus long, 4,3 km pour le plus court, par l’est, mais comprenant le franchissement du Loir et de son affluent la Conie) : un montant nettement supérieur aux 48 M€ que le Département a consacré à ses routes en 2021.
Pour son président Christophe Le Dorven, pas question pour la collectivité de récupérer la portion eurélienne de la RN 10 sans que l’État ne s’engage à financer la déviation de Marboué. Et en ajoutant au pot les quelque 7 à 8 M€ nécessaires pour sécuriser certaines traversées de bourgs entre Thivars et Cloyes-les-Trois-Rivières.
Les discussions sont en cours.
Le ministre « ne serait pas opposé sur le principe », d’autant qu’une
LA CRAINTE DES COÛTS CACHÉS
Le spectre des coûts cachés obsède les candidats à la reprise de portions de routes nationales. Et les incitent à se dérober : « Il y a un sujet sur la compensation des personnels transférés qui sera calculée sur la base du pied de corps, c’est-à-dire sur le salaire le plus bas de chaque catégorie », nous indique-t-on à l’Association des Départements de France (ADF).
Le problème, c’est que cette base de calcul ne correspond pas à la réalité des rémunérations des salariés transférés, une catégorie de personnel souvent très expérimentée.
À cette inconnue s’ajoutent l’obligation faite par la loi de transférer les centres d’exploitation, dont certains à l’utilité discutable, et les incertitudes sur la mise en œuvre de mesures supplémentaires de sécurité sur le réseau routier « qui ne sont pas toutes connues à ce jour. »
négociation sur l’enveloppe nécessaire est envisageable. « Je suis persuadé que nous pouvons faire la même chose pour moins (que l’État, NDLR) », assure Christophe Le Dorven.
Le conseil départemental de Loiret-Cher devrait récupérer une portion sud de longueur à peu près équivalente (48 km), mais déjà en partie aménagée : la 2x2 voies est continue sur une quinzaine de kilomètres entre La Cavée, quelques kilomètres après la limite de l’Eureet-Loir, et Vendôme.
Reste la portion de Vendôme jusqu’à l’Indre-et-Loire où l’aménagement en 2x2 voies n’est que très partiel.
Pour Bernard Pillefer, vice-président du Département en charge des routes, « l’État doit prendre ses responsabilités », entendant par là qu’il doit accompagner le transfert – en faveur duquel la collectivité a pris une délibération favorable « de principe » le 17 septembre dernier, mais « sous conditions » – d’une enveloppe destinée à aménager certains carrefours « accidentogènes », notamment au sud de Vendôme,
et à assurer l’entretien des ouvrages d’art, en particulier pour le franchissement du Loir. Les coûts ont été évalués à 6 M€. Reste le transfert des personnes et de deux centres de maintenance routière, celui de Châteaudun et celui de Vendôme. Pas d’opposition des deux collectivités concernées, « car nous avons besoin des compétences de ces agents de l’État », souligne Christophe Le Dorven, tandis que Bernard Pillefer met l’accent « sur notre pyramide des âges élevée, qui nécessite un apport de nouveaux agents »
En Indre-et-Loire, la portion de RN 10 à transférer ne concerne que 12,5 km, entre la limite du Loir-etCher et l’échangeur n°18 de l’autoroute A 10. À l’entrée de ChâteauRenault, où la RN 10 bifurque vers l’échangeur d’autoroute, la continuité se fait par la RD 910, ancien barreau de la RN 10 transféré au Département il y a plusieurs années. Et au-delà de l’échangeur, la continuité vers Autrèche en direction d’Amboise se fait par la RD 31. Par délibération du 23 septembre dernier, l’assemblée départemen-
tale a approuvé le transfert, sous réserve d’un accord entre la collectivité et l’État « sur le montant de compensation des transferts de charges ».
Cela devrait pouvoir s’arranger, tant l’écart est faible. Le droit à compensation annuel a été estimé par le directeur interdépartemental des routes (DIR), un service de l’État dépendant du ministère des Transports, à 390 000 € « à titre indicatif » En fourchette basse, les services départementaux l’évaluent à 420 000 € par an « hors ouvrage d’art sur l’A 10 (le pont qui traverse l’autoroute juste avant l’échangeur, NDLR) et hors audit de sécurité périodique ».
Il reste encore quelques jours pour négocier, le ministre devant rendre ses décisions le 31 décembre. Ensuite, il faudra patienter encore deux ans pour que les transferts deviennent effectifs. Et que la route nationale 10 devienne intégralement la route départementale 910 sur les trois départements du Centre-Val de Loire qu’elle traverse…
François-Xavier Beuzon
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CRISE DE L’ÉNERGIE OU CRISE DU POLITIQUE ?
Lors d’un forum organisé début décembre à Chinon, l’ancien président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer a dressé l’inventaire accablant des fautes politiques qui expliquent l’ébranlement de la filière électronucléaire française et l’explosion des prix de l’électricité. Selon lui, les problèmes de corrosion et la guerre russo-ukrainienne ont bon dos.
Qui l’aurait cru ? Les Français vivent depuis le début de l’hiver sous la menace de coupures de courant qui fragilisent non seulement leur confort domestique, mais aussi la poursuite d’activités industrielles parfois stratégiques.
La nation qui, il y a encore quelques années, s’enorgueillissait de bénéficier d’une électricité abondante, parfaitement décarbonée et bon marché grâce à la puissance de sa filière électronucléaire, doit aujourd’hui affronter un choc d’offre de grande ampleur, couplée à une hausse vertigineuse des prix. Et elle doit se résigner à
rallumer ses centrales à charbon…
Cette situation, que d’aucuns jugent « humiliante », a constitué la toile de fond du forum sur la place du nucléaire dans la transition énergétique, organisé du 1er au 3 décembre à Chinon à l’initiative de la communauté de communes Chinon Vienne et Loire présidée par Jean-Luc Dupont.
Cette manifestation n’avait pas seulement pour objectif de faire avancer la connaissance sur le sujet, mais aussi de positionner la candidature du territoire autour de la centrale nucléaire d’Avoine
dans la course à l’accueil des nouvelles capacités, annoncées en février dernier à Belfort par Emmanuel Macron.
Mais avant de se projeter vers l’avenir, certains participants, et notamment l’ancien président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer, qui pilote aujourd’hui l’association pour la défense du patrimoine nucléaire et du climat (PNC-France), une ONG pro-nucléaire, ont tenu à dresser le réquisitoire des « fautes politiques commises depuis le milieu des années 90 », qui ont conduit au naufrage actuel.
Le moins que l’on puisse dire est
que les dirigeants politiques en ont pris pour leur grade pendant cet inventaire accablant. Pire, ils ont été invités « à rendre des comptes. Pas pour être irrémédiablement punis, mais pour que toute la lumière soit faite sur cette succession de décisions qui ont précipité le nucléaire français dans l’impasse ».
Dans sa diatribe, l’ancien occupant du perchoir du Palais-Bourbon n’a d’ailleurs pas manqué de faire référence à la commission d’enquête parlementaire constituée en octobre dernier à l’initiative d’Olivier Marleix, député d’Eureet-Loir et président du groupe LR de l’Assemblée : « Le mouvement anti-nucléaire, qui va gagner toute l’Europe occidentale via l’écologie politique, trouve son
origine chez les Verts allemands (« Die Grünen ») pendant la crise des SS-20, ces missiles à tête nucléaire déployés par les Soviétiques en 1977 », a rappelé Bernard Accoyer.
tée en puissance technologique d’EDF commençait à irriter sérieusement l’ancêtre de Rosatom, le géant russe du nucléaire.
« C’est à partir de ce moment que se déploie en France la suspicion à
ALIMENTÉS PAR LA PROPAGANDE RUSSE ET EST-ALLEMANDE, LES ÉCOLOGISTES VONT PRODUIRE UNE DOXA ANTI-NUCLÉAIRE
« Alimentés par la propagande russe et est-allemande, en particulier par la Stasi, les écologistes vont produire une doxa anti-nucléaire mélangeant et attisant les craintes à l’égard de l’atome civil et militaire. L’un des objectifs était naturellement d’affaiblir l’ensemble de la filière électronucléaire française ». La mon-
l’égard du nucléaire ; elle va progressivement virer en nuclear bashing ». Ce sentiment se manifeste concrètement pour la première fois en 1997, lorsque le gouvernement de Lionel Jospin prononce l’arrêt de l’exploitation du surgénérateur de Creys-Malville (« Superphénix »), un réacteur de
CHINON, UNE PIÈCE
ESSENTIELLE
La France compte à ce jour 56 réacteurs nucléaires, répartis au sein de 18 centrales qui produisent 67 % de l’électricité consommée en France. La centrale de Chinon-Avoine, dont la construction remonte à 1963, produit environ 6 % de l’électricité d’origine nucléaire française.
Elle s’adosse à quatre réacteurs à eau pressurisée d’une puissance de 900 Mwe, dont deux sont momentanément arrêtés. Chinon emploie 2 246 salariés directement ou via ses sous-traitants. « Elle est naturellement le premier employeur du Chinonais et contribue au premier rang à sa prospérité », n’a pas manqué de rappeler Jean-Luc Dupont, maire de la ville.
quatrième génération à neutrons rapides.
Le scalp de Superphénix est offert aux Verts de Dominique Voynet dans la perspective de leur ralliement à la future « majorité plurielle », sortie des urnes des législatives de juin 1997. « Il est vrai que cette technologie présentait beaucoup d’avantages, ironise Bernard Ac-
gétique et de fermer 17 à 20 réacteurs d’ici à 2025.
L’échéance est rapidement apparue intenable.
Mais elle a tout de même entraîné la fermeture de la centrale de Fessenheim en juin 2020, un drame économique et humain décrit avec beaucoup d’émotion par Claude Brender, le maire de
LA VENTE À SES CONCURRENTS D’ÉLECTRICITÉ À PRIX BRADÉ EST À L’ORIGINE DU QUART DE L’ENDETTEMENT D’EDF ”
coyer. Elle permettait un bien meilleur recyclage des déchets nucléaires et préparait l’avènement du nucléaire durable, un cauchemar pour la mouvance écologiste. »
La migration, en 2007, de la compétence énergie de Bercy vers le ministère de la Transition écologique de Jean-Louis Borloo, puis la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement et sa fameuse règle des trois fois vingt, inspirée par Bruxelles – réduire les émissions de GES de 20 %, augmenter le renouvelable de 20 %, accroître l’efficacité énergétique de 20 % – , vont continuer d’ébranler la filière, jusqu’au coup de grâce porté par François Hollande à partir de 2012.
Le sinistre « pacte vert » négocié entre Martine Aubry et Cécile Duflot, repris sans état d’âme par le président socialiste et par Emmanuel Macron – tout d’abord comme secrétaire général adjoint de l’Elysée, puis comme ministre de l’Économie et de l’Industrie –, prévoyait, en effet, de plafonner le nucléaire à 50 % du mix éner-
la commune alsacienne qui était l’invité du forum de Chinon.
« Ce qui est tout à fait condamnable est que, dans le même temps, on aura fermé environ 13 GW de capacités depuis 2012, notamment fuel et charbon, alors que toutes les études démontraient que les besoins allaient considérablement augmenter. On a muselé le nucléaire en misant sur le renouvelable, notamment l’éolien et le solaire. Mais ces énergies n’ont pas été au rendez-vous. Pourquoi RTE, dont la mission est d’assurer l’équilibre entre la production et la consommation, n’a-t-il rien dit ? », s’étonne Bernard Accoyer. Par ailleurs, sous la pression de l’Allemagne, alors en passe de sortir du nucléaire à l’initiative du social-démocrate Gerhard Schröder – devenu proche de Vladimir Poutine et membre du conseil d’administration de Gazprom… –, Bruxelles imposera la création d’un marché européen de l’électricité, couplé au prix du gaz. Erreur tragique !
« Il ne restait plus qu’à ouvrir, toujours sous la pression allemande, le marché français aux concurrents d’EDF et à les financer via le mécanisme de l’ARENH pour boucler la boucle de ce fiasco français », conclut le président de PNC-France.
« Les fournisseurs alternatifs d’électricité sur le marché français, hormis un ou deux (Engie, TotalEnergies), ne sont que des traders qui n’ont développé aucune capacité de production autonome. Ils ont, en revanche, contribué à clouer le cercueil d’EDF. La vente à ses concurrents d’électricité à prix bradé est à l’origine du quart de l’endettement du groupe », se désole ainsi Philippe Page, secrétaire CGT du CSE d’EDF.
Certes, on pourra se féliciter du revirement opéré par Emmanuel Macron en février dernier. Le désormais célèbre discours de Belfort a ouvert la voie au projet de construction de six nouveaux EPR et d’une kyrielle de small modular reactors (SMR)
Ce sont justement ces réacteurs miniaturisés qui sont convoités à Chinon. « On discerne bien l’effet d’annonce mais on peut légitimement se demander si ces annonces seront suivies d’effets, persiflait toutefois un participant du forum. Dans tous les cas, les capacités projetées ne seront pas disponibles avant une vingtaine d’années ».
Ce qui laisse largement le temps aux Français de grelotter… Jean-Christophe Savattier
LES ANTINUCLÉAIRES AUX ABRIS
Jean-Luc Dupont, le maire de Chinon, a tenu à préciser qu’il avait bien convié à son forum des 1er et 2 décembre des représentants d’associations hostiles au nucléaire « afin de débattre sereinement de cette problématique. Aujourd’hui, le moment me paraît propice à l’apaisement et au dialogue ». Malheureusement, aucun d’entre eux n’a répondu favorablement à cette invitation : « Le mot d’ordre aujourd’hui chez les antinucléaires, c’est tous aux abris », ont ironisé les organisateurs.
ORLÉANS FAIT PLACE AUX GRANDS CHANTIERS
Les Halles Châtelet, le centre commercial de la place d’Arc et les mails, ces grands boulevards qui ceinturent le centre-ville d’Orléans, vont être totalement transformés à l’issue de lourds travaux. L’objectif est de gagner en attractivité, voire de changer d’usage. Passage en revue de trois chantiers qui vont modifier le visage de la cité johannique et la verdir durablement.
mandat, il est au cœur d’Orléans. Je sais qu’il y a là un potentiel formidable et qu’ensemble, on peut en faire un pôle d’attractivité commerciale et touristique majeur, à l’échelle d’Orléans et de la Métropole » , a déclaré Serge Grouard, maire d’Orléans, devant les commerçants auxquels il a présenté, à la mi-octobre, les premières esquisses d’aménagement du site.
Attention, tractopelles en vue ! La Ville d’Orléans s’apprête à lancer trois chantiers d’envergure qui ont un point commun : celui de faire table rase des vestiges du XXe siècle et de certains usages devenus obsolètes ou anachroniques. En ligne de mire, trois sites qui ont souffert de l’érosion du temps et perdu, au fil des décennies, leur attractivité. Exit le « tout automobile », bienvenue aux mobilités douces ! Orléans
s’est engagée dans une transition écologique mais également urbanistique.
Le premier chantier sera celui des Halles Châtelet. Reconstruites en 1975, vieillottes et défraîchies, les Halles Châtelet, où se mêlent confusément l’alimentaire et des boutiques en tous genres, ne satisfont aujourd’hui ni les commerçants ni leur clientèle, qui reste essentiellement confinée au centre-ville. « La rénovation des Halles Châtelet est un projet phare du
Un projet qui répond à un objectif clairement revendiqué : « Conforter les Halles en tant que pôle gourmand », selon les mots de Luc Nantier, adjoint au commerce. En d’autres termes, les nouvelles Halles, dont la façade nord va être complètement refaite, seront dédiées exclusivement aux commerces de bouche et offriront la possibilité aux clients de déguster des produits (locaux) et de se restaurer sur place.
La surface actuelle de 35 000 m2 sera réorganisée pour faire la part belle à des jeux de transparence en façades, tandis que le choix de matériaux devra rendre l’ensemble chaleureux et convivial.
C’est du moins la commande de la mairie. Le cabinet Segat, spécialisé en ingénierie foncière et immobilière, accompagne la collectivité dans la réalisation de ce projet dont le coût est estimé à quelque 30 M€.
Demeure aujourd’hui l’épineuse question de la relocalisation des commerçants durant les travaux qui pourraient durer jusqu’à deux
d’Arc est, à l’instar des Halles Châtelet, défraîchi et « en perte de vitesse », selon Béatrice Barruel, adjointe en charge de l’urbanisme. D’une superficie de 30 800 m2 , il va gagner 8 500 m2 , tandis que 5 000 m2 de logements seront construits à proximité immédiate.
« Les nouvelles Halles Châtelet au sud, la Place d’Arc rénovée au nord, nous allons renforcer les
NOUS ALLONS RENFORCER LES DEUX GRANDS PÔLES
COMMERCIAUX DE LA VILLE ”
ans. Plusieurs lieux ont été envisagés, comme le Campo Santo, à proximité de la cathédrale Sainte-Croix, ou les quais de Loire, mais le boulevard Alexandre Martin semble avoir la préférence des professionnels. Autres chantiers conséquents, et qui se font écho, l’extension de la Place d’Arc, doublée de la suppression de la trémie souterraine qui permet aux voitures de passer en partie sous le bâtiment. Inauguré en 1988, au terme du mandat de Jacques Douffiagues, le centre commercial de la Place
deux grands pôles commerciaux de la ville pour un bon équilibre », promet Serge Grouard. Cette réhabilitation inclut donc la destruction de l’esplanade qui permet d’y accéder à pied depuis la rue de la République, et avec elle la trémie dédiée aux voitures qui passe en dessous et qui sera comblée.
Une trémie où viennent s’encastrer régulièrement des camions et des camping-cars de touristes étrangers sous le regard goguenard des Orléanais. Sa destruction sera un soulagement pour tous !
DES VOIES CYCLABLES « COMME AUX PAYS-BAS » ?
Le sujet agite constamment les réseaux sociaux, porté par des associations très militantes et des particuliers qui sont en guerre ouverte contre l’usage de la voiture en ville. Les mails, qui font plus de 75 m de large, accueilleront-ils, au terme de leur transformation, de vraies voies cyclables « comme aux Pays-Bas » , pour reprendre l’expression d’un Orléanais ? Aujourd’hui, il est vrai que les pistes cyclables ne sont pas séparées des voies des bus, hormis par de la peinture au sol, ce qui, en termes de sécurité, est loin d’être rassurant. Le maire a indiqué que ce sujet faisait partie intégrante de la transformation des mails et que l’objectif était bien de donner aux vélos la place qu’ils n’ont pas aujourd’hui.
Mais les travaux sont loin d’être simples puisqu’ils nécessiteront l’aménagement d’une nouvelle place, le déplacement du centrebus et la définition d’un nouveau tracé de la ligne A du tram autour de la Place d’Arc.
Pour la modification de ce tracé, neuf mois de chantier, avec interruption de la circulation sont annoncés. Un projet estimé aujourd’hui à 30 M€, financé par la Métropole avec une enveloppe de 8 M€ de Carrefour et sa société immobilière Carmila. Le premier coup de pelle est attendu en 2025. Enfin, dernier chantier et pas des moindres, celui de la transformation des 3,5 km de mails qui entourent le centre-ville pour les rétablir dans leur configuration historique, c’est-à-dire un lieu de déambulation piétonne et de loisirs. Des mails, autrefois remparts de la cité, devenus aujourd’hui des axes routiers à 2x2 voies qui coupent Orléans en deux : d’un côté les faubourgs, de l’autre le cen-
tre-ville. Et il n’est pas aisé de passer de l’un à l’autre tant la circulation y est dense.
« Il nous faut recoudre la ville », insiste le maire d’Orléans qui place ce chantier de plus de 30 M€, également financé par la Métropole, dans la logique de transition écologique engagée par une cité qui assoit son ambition de devenir une « ville-jardin ».
« La nature doit retrouver une place privilégiée au cœur d’Orléans », poursuit le maire. Pour des raisons budgétaires, la première phase de cette opération
Lemaignen, adjoint au maire en charge de la politique de circulation et de stationnement. Pour l’heure, le projet est présenté aux habitants lors de réunions de concertation publique. Et il reçoit un écho plutôt favorable. « Il est difficile de ne pas être d'accord avec de tels objectifs », a souligné un riverain lors de l’une d’elles. Reste une interrogation partagée par un certain nombre d’Orléanais : quid de la place accordée aux voitures, alors que cet axe est déjà passablement surchargé aux heures de pointe et que
LA NATURE DOIT RETROUVER UNE PLACE PRIVILÉGIÉE AU CŒUR D’ORLÉANS ”
urbanistique colossale se concentrera sur une partie seulement des mails, à hauteur du futur campus Madeleine : elle comprend la suppression des trémies, la mise en place de promenades et de cheminements doux pouvant accueillir des loisirs, et la création d’un parc souterrain de stationnement de 500 places (à hauteur de l’actuelle trémie Jaurès), en lien direct avec les besoins des usagers de la future université et de la station de tramway voisine.
« À terme, il ne s'agit pas d’exclure les voitures de la ville mais d’intégrer la circulation de manière apaisée, douce, sans les trémies qui sont des aspirateurs à voitures, avec un transport en commun en site propre tout le long des mails et une autoroute cyclable », précise Charles-Éric
2 000 à 3 000 voitures stationnent sur ces mails qui vont disparaître ?
Selon la mairie, la diminution drastique du nombre de places disponibles (1 000 seront proposées dans le futur, 500 du côté du futur campus et 500 dans un parking souterrain qui sera construit près du théâtre) réduira le flux tandis qu’un plan de circulation à l’échelle de la métropole et des villes voisines sera mis en place pour en affaiblir la densité. Ces travaux, qui changeront radicalement le visage d’Orléans, devraient se dérouler entre 2024 à 2026.
Le temps urbanistique coïncidera-t-il avec le temps électoral, et l’échéance municipale de 2026 ? L’histoire ne le dit pas encore…
LEVROUX SOBRE ET VERTE
Commune de 3 000 habitants au nord de Châteauroux, Levroux montre qu’une petite ville peut engager des moyens importants pour la prise en compte des transitions énergétiques et écologiques.
Maire depuis 2020 de Levroux, où sa famille possède l’une des deux dernières mégisseries d’une cité qui a employé jusqu’à 800 personnes au travail des peaux et compté jusqu’à 53 mégissiers, tanneurs et parcheminiers, Alexis RousseauJouhennet a voulu faire de son premier mandat celui « de la sobriété énergétique, sans pout autant tomber dans une caricature verte absurde et contreproductive ».
Le ton est donné. Ce proche de Gil Avérous, le maire de la toute proche Châteauroux dont il est le directeur de la communication, a lancé très vite la rénovation énergétique du groupe scolaire Pêcherat, qui accueille 120 enfants. Avec l’aide de ses partenaires publics, la Ville a investi près de 1 M€ pour remplacer l’antique chaudière au fioul par une chaudière biomasse, changer huisseries et radiateurs, isoler le plafond et éclairer les locaux en LED. Un confort accru et une économie d’énergie estimée à 35 000 € annuels.
L’éclairage public sera aussi entièrement équipé de LED d’ici à l’automne 2023. Le remplacement des vieilles ampoules au mercure et l’installation de matériel neuf, comme les lanternes de style dans le centre médiéval, entraînera une économie annuelle de
30 000 €. Pratiquement doublée grâce à l’extinction de l’éclairage public de 22 h à 6 h du matin. Deux exceptions pour la traversée du bourg : la D956 reliant Châteauroux à Blois et la D926 reliant l’A20 à Buzançais continueront à luire dans la nuit.
L’eau, dans cette région agricole à la lisière de la Champagne berrichonne, est un bien précieux. La Ville a lancé une étude sur son réseau d’eau potable, pour éviter les fuyards, et une autre sur le réseau d’assainissement.
Et le Syndicat des eaux, qui regroupe Levroux et trois autres communes, aide financièrement les habitants à acquérir un récupérateur d’eau de pluie.
Rendre la ville plus verte est un
autre objectif du mandat. Depuis cet automne, la commune propose à ses habitants de végétaliser leurs pieds de mur sur les trottoirs. Elle a souscrit à l’idée du conseil municipal des jeunes de planter 150 arbres d’ici à 2026, un par naissance attendue sur cette période. Enfin, elle a lancé une étude de réaménagement du square de Richelaine afin de le transformer en jardin conservatoire. L’objectif est autant de redonner vie à cet espace vert que de lui donner une vocation pédagogique et alimentaire. L’ambition du maire est de « rendre la ville plus responsable, plus autonome en énergie et favoriser la consommation raisonnée des ressources. »
FXBGIDY, LE BRAS ARMÉ INDUSTRIEL DE SERVIER
La plateforme de bioproduction de Servier à Gidy, près d’Orléans, sera en mesure de fabriquer des premiers lots cliniques de médicaments en 2024. Elle constituera l’un des principaux atouts industriels de la pharma tricolore dans sa conquête des marchés de l’oncologie.
Selon le président de Servier Olivier Laureau, qui nous a accordé un entretien en septembre dernier, la plateforme de bioproduction abritée au sein de l’usine historique de Gidy, près d’Orléans, « devrait produire ses premiers lots cliniques d’anticorps monoclonaux à partir de 2024 » Cette unité – baptisée Bio-S – a requis un investissement de 70 M€ ; elle devrait progressivement monter en puissance et accompagner le virage résolument entrepris vers l’oncologie, appelée
à devenir la principale franchise du laboratoire.
Le groupe n’abandonne pas la cardiologie qui a longtemps fait son succès. Mais il a engagé depuis plusieurs années la conquête – par rachat d’actifs ou développement interne – du marché des traitements du cancer sur lesquels il n’était pas présent. « Conformément à notre ligne et à nos engagements, nous nous intéressons tout particulièrement aux cancers les plus difficiles à traiter, en misant beaucoup sur les bio-
thérapies, notamment cellulaires et géniques », nous explique Olivier Laureau.
Dans ce cadre, Bio-S à Gidy est appelé à devenir le bras armé industriel de cette ambition.
Pour autant, il n’est pas acquis qu’à terme, cet atelier se destine à la production commerciale de produits biologiques. « Nous nous adosserons à ces nouvelles capacités, mais nous n’avons pas arrêté la répartition entre ce qui relèvera des capacités internes et le recours à des bioCDMOs (sous-traitants spécialisés qui travaillent pour des laboratoires tiers, NDLR) », nous indique Olivier Laureau. La production de biothérapies personnalisées, destinées fréquemment à de petites cohortes de patients, nécessite « une organisation industrielle hyper agile ». Pas question de tout miser sur un seul site, aussi performant soit-il. Servier semble réunir beaucoup de conditions indispensables à la réussite de ce pari. Le laboratoire s’appuie aujourd’hui sur l’un des plus beaux pipelines biothérapeutiques du marché avec 75 projets en développement, dont la moitié en oncologie. Pourtant, le dirigeant
du deuxième laboratoire français n’envisage pas de mise sur le marché avant 2027. Dans cette attente, il pourrait recourir à des rachats d’actifs dans les domaines de l’oncologie, de l’hématologie et du colorectal.
Dans le domaine des neurosciences et de l’immuno-inflammation, le président de Servier estime qu’un produit biologique pourrait accéder au marché en 2030 : le vorasidénib, indiqué pour le traitement du glioblastome –une tumeur du cerveau au pronostic sombre –, entré dans le portefeuille de Servier suite à l’acquisition de la division oncologie d’Agios Pharmaceuticals. Le labo-
ratoire fonde aussi beaucoup d’espoirs sur un anticorps monoclonal humanisé, co-développé avec la biopharm nantaise Ose Immunotherapeutics dans le syndrome de Sjögren ; cette maladie autoimmune se traduit par une intense sécheresse buccale et oculaire.
Les résultats de l’étude de phase IIa sont attendus pour 2024. Conforté par ces premiers succès, Olivier Laureau nous a confirmé que la pharma française devrait générer un CA de 8 Md€ à l’horizon 2030, à comparer avec le volume d’affaires actuel qui s’élève à 4,8 Md€. En 2030, l’Ebitda « devrait s’élever à 30 % ». Afin de réussir cette spectaculaire pro-
gression, Olivier Laureau mise avant tout sur les perspectives de son pipeline : « Notre plateforme de développement sera en mesure d’assurer chaque année le lancement d’un produit de rupture (breakthrough therapy) ou d’un produit à innovation incrémen-tale ».
Olivier Laureau se félicite par ailleurs de la forte progression sur les marchés américain et japonais, notamment portée par la croissance de la franchise oncologie. Aux États-Unis et au Japon, le CA s’est respectivement établi à 400 M€ et à 80 M€ à l’issue du dernier exercice, « contre zéro il y a quatre ans ». JCS
CATELLA LOGISTIC SE MET AU VERT À ROMORANTIN
Catella Logistic Europe veut bâtir à Romorantin une plateforme logistique de 72 000 m2 irréprochable sur le plan environnemental. Précaution utile lorsqu’on
sait qu’une association de protection de la nature et des riverains font bloc pour s’opposer à deux projets de même nature dans le Loir-et-Cher.
Souhaitant prendre à revers les oppositions qui ne manqueront pas de se former, Jeanny Lorgeoux, le président de la CdC du Romantinais et du Monestois et maire de Romorantin, a précisé en ce début du mois de novembre les grandes lignes du projet d’une plateforme logistique de 72 000 m2 porté par la société Catella Logistic Europe qu’il défend avec son ardeur habituelle.
Ce développeur logistique aux fortes ambitions – il vient d’achever une plateforme de 48 750 m2 aux Portes de Chambord à Mer (41) et compte en construire une autre de 140 000 m2 sur Polaxis à Neuillé-Pont Pierre (37) – veut en effet construire sur la ZA des Grandes Bruyères deux bâtiments
de respectivement 44 265 m2 et 27 195 m2 sur une emprise de 18 ha, au prix d’un investissement « d’environ 50 M€ », nous indique Catherine Savart, la directrice de Catella Logistic Europe.
Afin de passer sous les fourches caudines des différentes administrations et ne pas éveiller les oppositions de l’opinion, les promoteurs de ce programme d’ampleur se veulent irréprochables sur le plan environnemental en proposant de multiples compensations : « Nous allons bien audelà de nos obligations légales », a ainsi souligné Catherine Savart qui espère pouvoir exploiter la plateforme dès 2024 à l’issue d’une phase d’enquête et de débat publics qui s’annonce déjà épique.
La plateforme romorantinaise sera estampillée très haute qualité environnementale (THQE, certification BREEAM Very Good), tant sur le plan de la durabilité des matériaux que sur celui de leurs destinations : par exemple, la production d’énergie renouvelable va être assurée par des panneaux photovoltaïques installés en toiture dans des proportions très largement supérieures au seuil légal (30 %). Le programme prévoit aussi la restauration d’une zone humide située à proximité, correspondant à un investissement de 500 000 € sur trente ans. Sur le plan de l’emploi, Catella Logistic se veut tout aussi exemplaire : le site, qui accueillera « sans difficultés particulières plusieurs utilisateurs spécialisés dans les
produits secs », devrait générer 250 emplois d’ici à cinq ans « qui solliciteront la main d’œuvre locale ». À fin octobre 2022, 268 demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi Romorantin correspondaient aux profils recherchés.
Si on ne sait pas encore ce qu’il adviendra de ce dossier romorantinais, deux autres projets logistiques sont bloqués dans le Loir-et-Cher par des défenseurs de la nature pour le premier, des riverains relayés par un avis défavorable du commissaire-enquêteur pour le second.
À Mer, on attend la date de l’audience du tribunal administratif d’Orléans qui devra statuer sur
le recours déposé par le collectif
À bas le béton, présidé par Noé Petit, 18 ans et candidat de la Nupes aux dernières législatives, contre le projet de plateforme logistique du groupe Panhard dans la zone des Cent-Planches. Si l’inconnu subsiste sur le sort qui sera réservé aux trois bâtiments, totalisant 165 000 m2, que compte faire bâtir le groupe, Catella Logistic vient d’achever son bâtiment de 48 750 m2 , divisé en huit cellules de 6 000 m2 , sur le même parc d’activité des Portes de Chambord.
À Lamotte-Beuvron, il en va de même pour le projet d’entrepôt logistique de 67 510 m2 promu
par le groupe blésois Idec. Le commissaire-enquêteur a, en effet, retoqué ce projet de bâtiment qui doit être construit sur une parcelle boisée de 16 ha. Dans son rapport, il a souligné la nécessité de réétudier les accès routiers à la future plateforme, ceux prévus risquant de créer de graves nuisances pour les riverains, alertant aussi sur le défrichement nécessaire à l’implantation du bâtiment. Fin septembre, près de 200 personnes avaient manifesté leur opposition au projet lors d’une réunion qui s’était tenue, en présence du promoteur, à la salle des fêtes de LamotteBeuvron. JCS et FXB
NLX PREND LE FILET AU BREUIL
De diversification audacieuse, l’éclairage des courts de tennis par rampes de LED est devenu le principal contributeur au chiffre d’affaires de NLX, une PME de La Chapelle-Vendômoise. Et les perspectives sont colossales.
solutions d’éclairage à diodes électroluminescentes (LED) pour des sites prestigieux (hôtels de luxe, caves de champagne, bijouterie Chopard, jardins Louis Vuitton, etc.), s’est remis en question au milieu de la précédente décennie, alors que les ventes se contractaient.
Les courts de tennis serontils bientôt tous éclairés par une PME du Vendômois ?
En tout cas, NLX s’y emploie avec résolution. L’entreprise, majoritairement détenue par le fonds d’investissement Starquest Capital, a mis au point un procédé d’éclairage LED des courts extérieurs qui permet d’importantes économies à la fois d’énergie, mais aussi de génie civil, l’alternative au système Tweeter de NLX étant une coûteuse érection de mâts pour supporter des projecteurs.
« Notre système breveté est constitué de rampes de LED qui s’installent très facilement, en 24 h et sans outillage spécifique, sur les grilles de clôture des courts, généralement à 3 mètres de hauteur »,
décrit Florent Colliau, le directeur général de cette PME d’une vingtaine de personnes implantée sur l’aérodrome du Breuil, à mi-chemin de Blois et de Vendôme. « De plus, le confort de jeu est exceptionnel, l’éclairage uniforme sur toute la surface du court évitant l’éblouissement des joueurs », complète cet ingénieur, arrivé en 2014 dans l’entreprise comme directeur industriel et devenu l’année suivante directeur général, après un début de carrière chez le fabricant de drones et d’objets connectés Parrot, puis un passage chez Thales Avionics à Vendôme. Car l’ancien Neolux Led Lighting Solutions, qui s’était spécialisé dès sa création, en 2007, dans la conception et la fabrication de
C’est ainsi qu’a jailli, comme un flash lumineux, l’idée d’éclairer « différemment » les terrains de sport, particulièrement de tennis. Aujourd’hui, cette activité représente plus des deux tiers du CA de 4 M€ (prévision 2022). « Il y a 500 000 courts de tennis outdoor dans le monde, dont la moitié aux États-Unis et 20 000 en France. Cette année, nous aurons équipé 300 terrains, dont un peu moins de 200 en France. La marge de progression est énorme », s’enthousiasme Florent Colliau qui prévoit, calculette en main, que ce segment pourrait générer à terme 40 M€ de CA annuel.
NLX constitue progressivement son réseau de revendeurs à l’étranger. Pour sa première année, le distributeur sur le marché américain, installé en Floride, aura réussi à équiper une trentaine de courts, un début très encourageant : « Tweener arrive à être compétitif, en dépit des coûts de transport ». En Allemagne, où l’on compte
deux fois plus de courts de tennis qu’en France, plusieurs distributeurs couvrent déjà le marché. L’entreprise de La Chapelle-Vendômoise ne s’est toutefois pas jetée au filet sans assurer son jeu en fond de court : elle continue d’avoir une activité d’éclairage architectural, avec des réalisations récentes pour l’Institut du monde arabe et le Royal Monceau. Et puis il y a Vineo, une solution d’éclairage LED adaptée à la protection des vins et spiritueux, très sensibles à la luminosité au point de développer ce que les sommeliers appellent « un goût de lumière » si les précieux liquides ont été trop exposés. La plupart
des grandes maisons de champagne (Moët & Chandon, Roederer, Ruinart, Veuve Clicquot, Bollinger, Krug…) ont déjà équipé leurs chais de Vineo. Quelques grands crus bordelais (château Margaux) et bourguignons s’en sont également dotés.
premier confinement, développe des solutions de traitements lumineux pour protéger les végétaux des bio-agresseurs. Forte de cinq personnes, ingénieurs et scientifiques, elle est encore en phase de R&D. Là aussi, les perspectives sont réjouissantes ;
NOTRE SYSTÈME S’INSTALLE EN 24 H ET SANS OUTILLAGE, SUR LES GRILLES DE CLÔTURE DES COURTS DE TENNIS ”
La dernière idée lumineuse de Florent Colliau et de ses collaborateurs est Pholia. Cette startup, installée à Blois depuis sa création début 2020, un mois avant le
lorsqu’il sera au point, le traitement de Pholia pourrait éviter fongicides et pesticides. Jérôme Papineau, déjà inventeur de Tweeter, en a pris la direction.
FXB
MICHELIN REGONFLE SON SITE BERRUYER
L’usine berruyère du groupe clermontois va accueillir les activités industrielles d’AirCaptif, une startup rachetée par Michelin qui fabrique des structures gonflables légères. Avec à la clé, la création possible d’une centaine d’emplois.
La direction du site Michelin de St-Doulchard, qui fabrique principalement des pneus d’avions, a annoncé jeudi 27 octobre, à l’occasion du 70e anniversaire de l’usine, qu’elle allait accueillir de nouvelles activités dès l’an prochain. Elle s’apprête ainsi à installer l’atelier de production de la société AirCaptif, situé actuellement à Trappes (78), qui conçoit et fabrique des structures gonflables à assemblage modulaire ultralégères et résistantes. La société, qui compte une centaine de clients, a notamment développé des structures gonflables
à destination médicale pendant la crise sanitaire. Elles permettaient notamment de soulager les patients alités pendant de longs mois.
Cette startup, rachetée l’an passé par Michelin, avait besoin de plus d’espace pour se développer sur ses marchés cibles de la défense et de l’aéronautique, mais aussi de la santé ou de la construction : à ce titre, l’usine de St-Doulchard peut mettre à sa disposition une surface de 6 000 m2 modulable. Ce projet, qui comportera des créations d’emplois – une centaine d’ici à 2028 selon les projections – ,
Les cônes gonflables d’AirCaptif permettent de tester la résistance à la foudre et aux champs électromagnétiques.
résulte de six mois de négociation entre le groupe clermontois, l’agence régionale Dev’Up et les collectivités.
Autre bonne nouvelle, l’arrivée d’une production d’ensembles montés (pneus sur roues) de l’usine Michelin de Poitiers (86).
Seule une dizaine de salariés –sur la quarantaine qu’emploie l’atelier poitevin – rejoindront l’agglomération berruyère ; des recrutements seront lancés pour compléter l’effectif d’une usine qui devrait compter 630 salariés à la fin de l’année, sans compter l’apport des nouvelles activités et notamment d’AirCaptif. Enfin, une petite activité de montage de pneus sur roues pour des engins de génie civil et agricoles, qui employait quatre personnes en Belgique, sera transférée dans la Cher.
Le groupe clermontois possède trois usines spécialisées dans le pneu d’avions dans le monde : à Bourges, aux États-Unis et en Thaïlande. L’usine berruyère fournit plusieurs gammes, de l’Alphajet, l’avion école équipant la patrouille de France, jusqu’à l’A 380. La capacité du site s’établit à quelque 130 000 pneus par an.
POCHET REPART FORT À BEAUGENCY
À Beaugency, le spécialiste du parachèvement de flacons de parfums et de pots de soins cosmétiques Pochet du Courval doit répondre à la très forte demande de ses donneurs d’ordre. L’entreprise va engager trois projets consécutifs d’investissements.
«Nous sommes confrontés à une croissance explosive du marché. C’est très simple, nous nous trouvons dans l’obligation de fonctionner par allocations auprès des donneurs d’ordre qui sont les principales maisons de parfums et de cosmétiques », se réjouit Benoît Marszalek, le directeur des opérations de Pochet du Courval. Il ajoute au passage que l’entreprise, ébranlée par la crise sanitaire, doit son salut à l’acceptation par les salariés d’une baisse temporaire de leur rémunération. Basée sur le parc d’activités Actiloire de Beaugency (45), où elle emploie 126 salariés (dont une centaine de CDI), l’usine appartient au groupe Pochet (220 M€ de CA, 1 600 salariés), un verrier normand qui entretient une tradition industrielle française d’excellence depuis 1623. Spécialisé dans le parachèvement des flacons de parfums et de pots de soins, le site, qui traite par différentes techniques (sérigraphie, marquage à chaud, laquage) une cinquantaine de millions de flacons et de pots chaque année pour de grands noms de la cosmétique comme L’Oréal, LVMH, Coty ou Estée Lau-
der, se doit donc de bénéficier sans délais de nouveaux investissements afin « de hisser nos capacités à une demande qui ne va pas se tarir de sitôt » Cette volonté est déjà actée puisque l’usine balgentienne va prochainement s’adosser à une nouvelle ligne décors qui devrait générer une augmentation de la capacité de production d’environ 10 %. Par ailleurs, la direction de Pochet du Courval projette d’engager une extension de 600 m2 – l’activité de production se déploie aujourd’hui sur 4 000 m2 , auxquels s’ajoutent 4 000 m2 d’entrepôts –qui abritera une nouvelle ligne de pistolettage. Il s’agit d’une cabine de peinture munie d’un carrousel de pistolets projetant des éléments de décors.
Ce programme, qui correspond à un investissement de 3,5 M€, pourrait être engagé en 2023 pour une réception l’année suivante avec, à la clé, la création d’une quinzaine d’emplois. « Encore fautil, bien sûr, que nous puissions trouver des candidats. C’est aujourd’hui un souci majeur bien que nous proposions des formations internes qui facilitent l’intégration », soupire le dirigeant qui envisage de procéder à un second agrandissement de 600 m2 pour abriter une autre ligne de pistolettage.
« Mais ce projet nécessite une révision préalable du PLU », concède Benoît Marsalek. L’emprise sur laquelle doit être conduite l’extension mord en effet sur une parcelle classée zone naturelle.
JTEKT S’ADAPTE À LA MOTORISATION ÉLECTRIQUE
L’usine blésoise de l’équipementier automobile JTEKT doit faire évoluer son modèle économique pour s’adapter au moteur électrique. La transition ne se fera pas sans douleur.
La transition énergétique entraîne aussi une transition de l’automobile. On connaît la décision de l’Union européenne qui a enjoint ses États membres d’interdire la vente des véhicules à moteur thermique en 2035. Un objectif qui rend dubitatifs de nombreux professionnels mais les oblige, pour le moins, à se préparer à cette échéance. L’usine blésoise du japonais JTEKT (l’ex-HPI Enerflux), historiquement spécialisée dans les groupes électropompes (GEP) pour les directions assistées automobiles, va s’adapter progressivement à la
motorisation électrique pour accompagner la décroissance de la technologie électro-hydraulique de ses GEP. Elle a ainsi lancé la fabrication de pièces de lubrification et de refroidissement pour moteurs électriques, et investi
pact de l’inflation sur nos coûts à 3 M€, indique Jean-Christophe Abgrall. La hausse du prix des matériaux explique la moitié du total. Le reste se répartit en deux tiers pour les fournisseurs et un tiers pour la facture d’énergie. »
J’ESTIME L’IMPACT DE L’INFLATION
SUR NOS COÛTS
pour cela dans une nouvelle ligne de fabrication, la MA11 : « Pour produire l’e-pump, une pièce compacte de 650 grammes seulement, nous avons investi 11 M€, explique Jean-Christophe Abgrall, le directeur des opérations de l’usine blésoise. Nous fabriquerons 181 000 e-pumps en 2022 et la montée en cadence devrait être rapide pour atteindre plus de 500 000 pièces en 2026. » Mais en 2027, le client changera de technologie et il faudra de nouveau s’adapter.
À 3 M€ ”
En dehors de ces éléments conjoncturels, l’usine de Blois s’attend à une baisse sensible de son activité, entre fin de vie des produits électro-hydrauliques et montée en puissance des moteurs électriques. « Nous devrons supprimer des lignes », reconnaît le directeur du site.
L’usine blésoise dirigée par Christophe Abgrall a investi 11 M€ pour produire son e-pump destinée aux moteurs électriques.
La nécessité de s’adapter au changement de motorisation automobile n’est pas la seule contrainte qui pèse sur JTEKT. Sur les dix premiers mois de l’année 2022, le chiffre d’affaires de l’usine a baissé de 10 %. Et le résultat a fondu de 140 % ! : « J’estime l’im-
Il n’en demeure pas moins que, sur le plan des résultats, Blois est la première usine européenne du groupe japonais, et cela en dépit de sa petite taille : 238 salariés, dont 25 encore présents au centre de Chennevières-sur-Marne. Depuis le printemps dernier, Blois appartient à la division JTEKT Europe, dont le siège et la principale unité (686 salariés) sont à Irigny, dans la périphérie de Lyon, et qui s’appuie aussi sur Chevigny-St-Sauveur (565 salariés), à côté de Dijon. FXB
ENEDIS PRÉPARE LA
SAISON FROIDE
Olivier Loriot, directeur régional d’Enedis, la filiale d’EDF en charge de la distribution d’électricité, n’écarte pas des coupures au plus fort de l’hiver, mais seulement en dernier ressort.
Faut-il craindre cet hiver des coupures de courant ou, pour parler le langage euphémique d’EDF et de ses filiales, « des délestages » ? Olivier Loriot, le directeur régional d’Enedis, ne l’écarte pas tout à fait, mais précise bien que cela ne sera qu’en ultime recours.
« Tout va dépendre des conditions climatiques de l’hiver, explique le patron régional de cette filiale d’EDF en charge du réseau de distribution. En cas de déséquilibre entre production et consommation d’électricité, nous disposons de plusieurs leviers. D’abord, favoriser les écogestes et la sobriété énergétique : nous avons déjà constaté une baisse de 5 % de la consommation des particuliers et de 7 % chez les in-
dustriels. Ensuite, activer le contrat d’interruptibilité des consommateurs les plus énergivores.
Enfin, abaisser le niveau de tension, de l’ordre de 5 % : c’est imperceptible pour les particuliers et absorbé par les onduleurs des industriels. »
Et si ses trois leviers sont insuffisants, que se passera-t-il ? Olivier Loriot refuse de céder au catastrophisme, mais n’écarte rien : « La dernière mesure de sauvegarde, celle qui évitera la panne généralisée, c’est le délestage. » Pas de panique, EDF, Enedis et RTE, la filiale en charge du transport d’électricité haute tension, ont prévu que « les coupures soient programmées et qu’aucun client prioritaire ne soit concerné »
UN CADRE MAISON
Un profil littéraire et commercial (classes prépatoires à Normale Sup’ lettres et sciences sociales, DESS marketing) détonne toujours un peu dans la galaxie EDF peuplée d’ingénieurs. Mais Olivier Loriot a pourtant passé l’essentiel de sa carrière chez l’électricien national, où il est entré en 1999 à la direction de la communication. Nommé en 2018 directeur du cabinet de Marianne Laigneau, alors directrice exécutive en charge de l’international chez EDF, il la suivra quand elle prendra la présidence du directoire d’Enedis, en février 2020. Il est devenu directeur régional d’Enedis à la rentrée 2022.
Olivier Loriot précise que les coupures « ne dureront en moyenne que 2 h par client, entre 8 h et 13 h ou entre 18 h et 20 h. À J-3, les Français seront avertis d’un risque de déséquilibre par Ecowatt. Et à J-1, RTE et Enedis prépareront le délestage après avoir communiqué auprès de leurs clients. » Comment, à l’avenir, éviter cette crise mutifactorielle, due à la guerre en Ukraine, aux problèmes de corrosion sur les centrales nucléaires et à la sécheresse qui a perturbé les installations hydroélectriques ? La loi de programmation sur l’énergie et le climat, attendue pour 2023, devra répondre à cette question aussi brûlante que l’hiver s’annonce froid.
FXBTOUT FAIRE VEUT S’AGRANDIR DANS LE LOIRET
Le groupement de négociants en matériaux de construction Tout Faire (1,4 Md€ de CA en 2021), dont l’unique plateforme logistique (40 000 m2, une centaine de salariés) est à Meung-sur-Loire, dans le Loiret, réfléchit à son agrandissement à l’horizon 2025 ; le site génère actuellement 84 M€ de CA. Deux options sont à l’étude : la
première serait de rénover le bâtiment existant, dont Tout Faire est locataire, notamment en réduisant les allées et en combinant robotisation autonome et transstockeurs… La seconde serait la construction d’une nouvelle plateforme répondant aux exigences environnementales, toujours dans le Loiret.
Le groupement Tout Faire, dont le siège est à Verdun (Meuse),
compte 280 adhérents, 450 points de vente et regroupe près de 4 000 collaborateurs sur le territoire national et en Belgique. Son implantation logistique dans le Loiret est un choix stratégique, car « le Loiret est un nœud ferroviaire et autoroutier. Nous sommes à 6 heures de nos points de livraison partout en France », indique Olivier Popelin, le directeur de la supply chain du groupement qui gère les approvisionnements de ses adhérents en bois, charpente, matériaux d’isolation, huisseries, revêtements de sol et mur, plomberie, sanitaire, chauffage, quincaillerie, électricité et aussi outillage et équipements professionnels.
EIFFAGE RAIL INSTALLE SON SIÈGE EN TOURAINE
Eiffage Rail, société qui regroupe les activités d’entretien et de maintenance ferroviaire du géant du BTP Eiffage (18,6 Md€ de CA en 2021), va installer son siège social sur le site de l’entreprise Angelo Meccoli à Azay-sur-Cher (37), une société (environ 120 M€ de CA) qu’il avait rachetée en octobre 2018.
Ce programme devrait entraîner le transfert d’une cinquantaine de salariés sédentaires au bénéfice de la plateforme tourangelle qui emploie près de 500 salariés, dont une très
large part sont des salariés et des techniciens itinérants dépêchés sur les chantiers.
Selon nos informations, ce programme pourrait se traduire par la construction d’un nouveau bâtiment – probablement de l’ordre de 1 500 m2 –, mais le gabarit et les ca-
ractéristiques de ce projet n’étaient pas encore arrêtés à l’heure où nous écrivons ces lignes. Cette extension sera menée sur la zone d’activités Le May, à Azay-sur-Cher, qui va faire l’objet d’une extension pilotée par la communauté de communes Touraine-Est Vallées.
BAUMER VA DÉMÉNAGER
DANS VENDÔME
L’usine Baumer de Vendôme, située au nord de la ville dans un périmètre urbain contraint par la voie ferrée et la rue de la Marre, va faire construire une nouvelle usine plus adaptée à ses activités sur le parc technologique du Bois de l’Oratoire, au pied de la gare TGV de Vendôme-Villiers-sur-Loir. Dans ce but, elle va acquérir une emprise foncière de 4 ha ; la construction devrait débuter l’an prochain pour une livraison fin 2024.
Fondée au XIXe siècle par un Français, Eugène Bourdon, inventeur d’un appareil de mesure de la pression des liquides, l’entreprise est arrivée à Vendôme en 1964 : en 2005, elle était rachetée par le groupe suisse Baumer.
Baumer Bourdon-Haenni, de son nom complet, emploie quelque 120 personnes sur le site de la rue de la Marre à la fabrication de manomètres, de séparateurs, de capteurs et de transmetteurs de pression.
PATYKA BIENTÔT DANS L’ORLÉANAIS ?
Selon nos sources, le cosméticien bio Patyka pourrait prochainement créer une unité de production sur le territoire de la Métropole d’Orléans. La localisation exacte est encore tenue secrète, mais les pourparlers seraient bien avancés.
Cette marque de produits de soins anti-âge haut de gamme tout juste centenaire – elle a été créée en 1922 –, qui a été rachetée il y a quelques années par le petit groupe Finoli, aurait opté pour l’Orléanais en raison de son riche tissu d’entreprises du secteur cosmétique (Dior, L’Oréal, Shiseido, Caudalie, Sephora…) et de sous-traitants qui forment une communauté de 80 entreprises et 7 000 salariés, auxquels s’ajoutent plusieurs laboratoires de recherche, regroupant 2 000 chercheurs et techniciens dédiés.
COMEXO SE DÉVELOPPE DANS LE LOIRET
Le spécialiste des sauces pour l’industrie agroalimentaire Comexo conduit une extension de son site de production de Château-Renard (voir ci-dessus) et projette de créer une plateforme logistique à Courtenay, deux communes membres de la CC de la Cléry, du Betz et de l’Ouanne (3CBO), à l’est du Loiret. Comexo va ainsi se doter d’une nouvelle ligne de production dans une extension de 1 500 m2 qui s’ajoutera aux 6 700 m2 de la ZA de Pense-Folie, à Château-Renard : 25 emplois devraient être créés pour l’occasion, sachant que le site recherche déjà actuellement une quinzaine d’opérateurs pour compléter son effectif de 86 salariés. Comexo vient également d’acquérir auprès de la 3CBO une emprise foncière de 3 ha sur la ZA Luteau 2 de Courtenay ; son projet est d’y construire un site logistique qui devrait atteindre à terme 30 000 m2 de surface développée. Mais Comexo doit également convaincre un propriétaire privé de céder son terrain pour mener à bien ce projet qui devrait voir le jour à l’horizon 2024 ou 2025. La plateforme est susceptible de créer une trentaine d’emplois.
SAFRAN ET MBDA PRENNENT LE CONTRÔLE DE CILAS
Safran Electronics & Defense et MBDA ont racheté les 63 % que possédait ArianeGroup dans la compagnie industrielle des lasers (Cilas), un spécialiste des lasers militaires. Celle-ci, qui possède son siège social et sa principale unité à Orléans-La Source, emploie quelque 260 personnes, dont l’essentiel à Orléans, pour un CA publié (2021) de 27,25 M€.
Cilas, qui développe le laser Helma pour la lutte anti-drone, a besoin d’investissements significatifs pour faire aboutir ce projet d’ici aux JO 2024 ; la Direction générale de l’armement a obtenu que les deux grands groupes industriels les financent. Le spécialiste breton des lasers Lumibird (126 M€ de CA), qui avait acquis 37 % de Cilas auprès d’ArianeGroup durant l’été 2021, pourrait céder sa participation.
RÉGION
La Banque Populaire Val de France (BPVF) a nommé Éléonore Mouton au poste de directrice exploitation retail ; elle aura pour mission le pilotage et l’animation du réseau d’agences implantées dans les dix départements composant le territoire de la BPVF. Éléonore Mouton est diplômée de l’ISC Paris et de l’ESCP Business School et a rejoint la BPVF en 2010 en tant que cheffe de projet Efficacité opérationnelle ; elle a intégré le comité de direction en tant que directrice du développement en 2019.
Le 1er novembre, la Banque Populaire Val de France (BPVF) s’est dotée d’une directrice générale adjointe, Élisabeth Moreau. Elle épaulera le directeur général Mathieu Réquillart et aura
de surveillance a également nommé Vincent Mansuy comme membre du directoire en charge des finances.
Annick Julia a pris la direction générale du pôle de compétitivité S2E2, dédié aux énergies électriques et thermiques. Elle a débuté sa carrière en 1997 dans le conseil en formation et en recrutement au sein de CAP Emploi. En 2002, elle rejoint la confédération des petites et moyennes entreprises en tant que chargée des relations entreprises. Depuis 2009, Annick Julia était directrice du Club régional d’entreprises partenaires de l’insertion de Touraine.
Miquelon de 2011 à 2014 et de l’Yonne de 2017 à 2020.
LOIR-ET-CHER
Suite au départ de Sylvain Heurtebise, qui a rejoint le conseil régional à Orléans, Boris Solodki est nommé directeur général des services de la Ville de Blois ; il aura sous sa charge 1 200 agents. Originaire de ClermontFerrand et diplômé de Sciences Po Grenoble, il occupait précédemment les fonctions de directeur général
en charge d’animer le pôle développement commercial et excellence des parcours clients ; elle assurera également le suivi du nouveau plan stratégique. Après avoir débuté sa carrière au sein d’un cabinet de mandataire judiciaire, Élisabeth Moreau est entrée au CCI Nord-Ouest, puis à la Banque Populaire du Nord avant de rejoindre la BPVF.
Le conseil d’orientation et de surveillance de la Caisse d’Épargne LoireCentre a reconduit Fouad Chehady en tant que président du directoire, ainsi qu’Elise Paquet comme membre du directoire en charge des ressources, Julien Nègre, membre du directoire en charge de la banque de détail et Valérie Combes-Santonja , membre du directoire en charge de la banque des décideurs en région. Le conseil d’orientation et
INDRE-ET-LOIRE
À l’issue du conseil des ministres du 7 décembre, Patrice Latron a été nommé préfet d’Indre-et-Loire ; il succède à Marie Lajus, en poste depuis 2020. Militaire de formation de 61 ans, Patrice Latron était précédemment directeur de cabinet de la ministre déléguée à la Mémoire et aux anciens combattants. Il a, au cours de sa carrière, occupé les fonctions de préfet de St-Pierre-et-
adjoint de Grenoble-Alpes Métropole et au cours de sa carrière, il a notamment été directeur de cabinet adjoint du maire de Clermont-Ferrand entre 2012 et 2014.
Pierre-Axel Parodat, qui deviendra en janvier directeur général associé du fabricant d’outillage de précision Elizabeth Europe, à La Chaussée-StVictor, a pris la présidence du Medef 41. Au cours de sa carrière, il a passé dix-neuf ans à l’étranger au sein du groupe Hutchinson avant de rejoindre AD Industrie à Brive-la-Gaillarde (19) et de prendre ensuite les commandes de l’usine Daher Aerospace & Défense de Montrichard qu’il va quitter en fin d’année.
LOIRET
Hélène Letelu-Garcia a succédé à Laurent Nahon à la direction régionale de l’Afpa, basée à Olivet (45). Elle a rejoint l’Afpa il y a quinze ans et a dirigé le centre de Bourges durant six années. Précédemment, Hélène Letelu-Garcia était directrice de l’ingénierie et de l’innovation et directrice régionale adjointe, toujours de l’Afpa.