5€ M AGA Z I N E N ° 5 8 - M A R S . 2 0 2 2
SOUS LES FEUX DE LA RAMPE Romain Roy (Roy Énergie)
Point de vue Potion amère es déserts médicaux avancent inexorablement, tout particulièrement sur le territoire de la région Centre-Val de Loire. Comme l’illustre l’enquête que nous consacrons à cette question, devenue une ardente priorité pour les pouvoirs publics et les élus locaux, le sujet n’est plus celui des files d’attente pour l’hypothétique consultation d’un praticien, mais bien celui du renoncement définitif aux soins. Au cœur des zones privées d’une offre médicale décente, les publics les plus vulnérables, personnes âgées, jeunes sans appui familial ou familles monoparentales, se résignent parfois à cette inacceptable relégation qui, soyons-en sûrs, alimentera les prochaines colères populaires. Que faire ? Beaucoup, notamment quelques-uns des candidats à la prochaine consultation présidentielle, brandissent la contrainte à l’installation des jeunes médecins dans les zones sous-dotées. Mais ce traitement de choc risque d’entraîner de nombreux effets indésirables ; la dégradation de l’attractivité des professions médicales détournera les vocations vers d’autres professions ou d’autres cieux. Bona diagnosis, bona curatio : mieux vaut sans doute étendre les stages obligatoires des internes vers les régions les plus démunies et se saisir de l’arme du conventionnement et des autorisations de dépassement d’honoraires. La régulation, plutôt que la coercition.
L
Ce magazine est un hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Édité par MCM Presse - SAS au capital de 100 000 € - RCS Tours B 450 613 591 - Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours - Adresse postale : BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com - Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) - Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) - Aurélie Vouteau (édition) A participé à ce numéro : Serge Daniel, Johan Galy, Alexandre Ruffier - Maquette : Régis Beaune - Diffusion : Nadine Gomès - Crédits photographiques : Cyril Chigot: Une, 14, 16, 32 - DR: 5, 6, 7, 8, 11, 12, 13, 18, 20, 22, 24, 35, 38, 40, 42, 45, 48, 49, 50, 52, 53, 56, 57, 58 - Jean-Christophe Savattier: 27, 46, 54 - Arnaud Lombard : 30 - Christian Lauté : 37 - Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) - Informations légales : Abonnement annuel 2022 (23 numéros + magazines hors-séries) : 385 € - Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 485 € - Prix de ce numéro : 5 € - CPPAP : 0126 I 85872 - ISSN : 2822-7158 - Dépôt légal : Mars 2022 - Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon.
La Lettre Valloire - Mars 2022
3
SOMMAIRE Mars 2022
06
Points chauds L’actualité du trimestre en bref.
10
Reportage
Les déserts médicaux s’étendent désormais jusqu’aux centres des métropoles. La réponse à ce mal grandissant va des palliatifs technologiques jusqu’aux propositions de loi.
26 Politique
Irène Félix, la présidente de la communauté d’agglomération Bourges Plus, souhaite engager la transformation écologique de son territoire et y développer la formation supérieure.
38
Territoires L’État et quelques grands financeurs publics vont injecter 3 Md€ en six ans pour redynamiser les centres-bourgs de 1 600 petites communes et intercommunalités sur tout le territoire national.
54
Entreprises La célèbre marque de luxe Louis Vuitton va faire de Vendôme l’une de ses places fortes industrielles. Elle y a inauguré en février ses 17e et 18e ateliers français.
16
Reportage Coup de force, coup politique, coup médiatique ? En signant le 21 janvier un partenariat avec la faculté de médecine de Zagreb, le maire d’Orléans ne se doutait pas de l’onde du pavé qu’il jetait dans la mare.
36
Zoom
Mathieu Réquillart est le nouveau directeur général de la Banque Populaire Val de France. Portrait d’un banquier pragmatique et intuitif dont l’ADN n’est pas loin de celui d’un chef d’entreprise.
46
Entreprises Le Centre-Val de Loire est plutôt un bon élève en matière d’inclusion des personnes handicapées dans le monde du travail, ce qui constitue souvent une aubaine pour des entreprises qui peinent à recruter.
58
En vue
L’actualité des dernières nominations de responsables et acteurs de la vie économique de la région Centre-Val de Loire.
La Lettre Valloire - Mars 2022 La Lettre Valloire - Septembre 2020 5 5
LE CARRÉ
POINTS CHAUDS
VIP
Jacqueline Gourault, Membre du conseil constitutionnel
Ma vie comme un roman… La prof d’histoire-géo blésoise, devenue ministre à soixante-six ans après une riche carrière d’élue locale et de sénatrice, a fait son entrée le 14 mars au conseil constitutionnel, la vénérable institution créée par le général de Gaulle pour veiller à la conformité des lois avec la constitution de la Ve République. En rejoignant ce club de neuf membres, auxquels s’ajoutent de plein droit les anciens présidents de la République, Jacqueline Gourault, seule parmi les « sages » de la rue Montpensier à n’être ni juriste, ni haut fonctionnaire, atteint une sorte de Graal de sa vie politique, commencée il y a trente-neuf ans comme conseillère municipale à La Chaussée-St-Victor, commune des environs de Blois dont elle est devenue maire en 1989. Sa nomination sur le quota du chef de l’État, trois ans après l’arrivée de Jacques Mézard, son prédécesseur au ministère de la Cohésion des territoires, traduit, selon la plupart des observateurs, une volonté de l’Élysée de « politiser » une instance qui s’est, à plusieurs reprises, opposée à des décisions gouvernementales. La région Centre-Val de Loire aura donc désormais deux représentants au conseil constitutionnel, le second étant l’avocat berruyer François Pillet.
MATCH À CHARTRES La préparation des législatives des 12 et 19 juin ravive l’animosité entre le maire divers droite de Chartres Jean-Pierre Gorges et le député de Dreux Olivier Marleix, par ailleurs président départemental des Républicains, qui défend la candidature sur la 1ère circonscription d’Eure-et-Loir (Chartres) de Ladislas Vergne. Ce dernier, ex-quatrième adjoint de Jean-Pierre Gorges, avait été démis de ses fonctions municipales cet automne juste après avoir été investi par les instances nationales LR, sans que l’on sache exactement s’il y avait lien de cause à effet entre les deux événements. C’était sans compter sur la pugnacité légendaire du maire de Chartres, qui a écrit à Christian Jacob afin que le parti – dont il a claqué la porte
FIEF FAMILIAL La politique est fréquemment une affaire de famille. Clément Sapin, 31 ans, fils de l’ancien ministre de l’Économie et président de la Région Centre-Val de Loire Michel Sapin, a décidé de porter le calicot socialiste aux élections législatives. Sans surprise, il a choisi la 1ère circonscription, dont son père fut le député PS en 1981, puis en 2007. Mais l’affaire ne se présente pas si bien pour le fiston, directeur artistique d’un festival de musique classique quand il ne fait pas de poli-
6
La Lettre Valloire - Mars 2022
tique. Il pourra peut-être compter sur le soutien du dernier carré des fans de François Hollande, ami intime de papa, mais s’efforcera certainement d’éviter celui d’Anne Hidalgo, menacée d’être prise en sandwich entre les deux candidats
trotskystes au 1er tour des élections présidentielles. François Jolivet (LaRem), l’actuel député de cette circonscription qui fut plus souvent à gauche qu’à droite ces quarante dernières années, n’a pas encore fait connaître ses intentions.
il y a plusieurs années – revienne sur sa position pour investir Karine Dorange, vice-présidente de Chartres Métropole et conseillère départementale. En attendant, Ladislas Vergne (ci-dessus) tracte pour Valérie Pécresse, candidate aux élections présidentielles également soutenue par… Jean-Pierre Gorges. Comprenne qui pourra.
TÉLÉMÉDECINE Dans le Loiret, deux initiatives de télémédecine se sont mises en place durant l’hiver. À Malesherbes, la société Toktok Doc a installé une polyclinique mobile dans les locaux de la maison France Services. Celleci permet d’organiser des visites médicales à domicile grâce à une tablette numérique : une infirmière
PRIMÉ À Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher), on utilise les déchets alimentaires déposés par les habitants et les restaurants de la commune pour produire du biogaz. C’est à partir de quatre conteneurs « intelligents » – les Gaïa Box développés par la startup Axibio – que plus de 10 tonnes de déchets ont été collectées depuis le mois de juin dernier et valorisées dans l’unité Sologne Agri Méthanisation, mise en service en novembre 2020. Ces déchets organiques fermentent et produisent du gaz vert qui est directement injecté dans le réseau de gaz exploité par GRDF. Outre la production d’énergie, la méthanisation génère du digestat, un engrais naturel riche en éléments nutritifs qui est épandu sur les champs en remplacement d’engrais chimiques et au profit d’une agriculture durable. Le procédé a été récompensé du prix Territoria de l’Observatoire national de l’innovation publique.
spécialement formée fait le lien avec le praticien et lui transmet les informations nécessaires pour poser un diagnostic. À Beaugency, la maison de service au public Agora accueille depuis décembre une borne de télémédecine Medadom. Équipée de divers matériels permettant de réaliser les premiers diagnostics (othoscopes, stéthoscopes…) et de relever les constantes (tension, pouls, température…), elle offre la possibilité au patient d’échanger par visio avec le médecin généraliste et même de régler la consultation avec sa carte vitale : seule reste à acquitter la part de la mutuelle en carte de crédit.
REVITALISATION Juste avant Noël, la Ville de Levroux, dans l’Indre, a fait l’acquisition des locaux de la brocante Alvarez, un commerce bien connu des habitants de cette commune de 3 000 habitants. Après travaux de rénovation des façades et de réparation de la toiture, le local du
15 place de la République abritera la maison France Services et une agence postale, avec une ouverture prévue dans un an : la brocante, elle, se réinstallera juste à côté, au 21 place de la République. Cette revitalisation du cœur de bourg, engagée dans le cadre du programme Petites villes de demain par le maire Alexis Rousseau-Jouhennet (ci-dessus, 2e en partant de la gauche), s’accompagnera de l’ouverture rue Hoche d’une boutique Agir, spécialisée dans la réinsertion par l’emploi, puis, dans quelques années, d’une maison de santé pluridisciplinaire dans les locaux de l’actuelle Poste.
#
TWEETS AGAIN
De Nicolas Sansu, maire PCF de Vierzon, qui a vainement tenté de rassembler la gauche au tout début de l’année par le truchement de Twitter : « Bonne année 2022 à tous ! Et si on arrêtait les conneries avec des candidats à 2 % ? Faisons gagner la gauche de la transformation sociale… » De Maurice Leroy, l’ex-député et ministre du Loir-et-Cher, salarié d’une entreprise chargée de gérer les projets du Grand Moscou, à propos de sa décision de rester sur place dans la situation actuelle : « Je n’ai pas le choix… Alors wait and see, comme on dit dans le Perche Vendômois » De Christophe Le Dorven, président LR du conseil départemental d’Eure-et-Loir : « Comment peut-on nous demander de nous charger de l’insertion sans le droit de faire du développement économique ? C’est comme si on disait à un médecin qu’il avait droit de consulter mais pas celui de prescrire » De Pascal Bioulac, maire de Lamotte-Beuvron, à propos du ralliement du député de sa circonscription à Éric Zemmour : « Je ne laisserai pas l’extrêmedroite rentrer en Sologne. Je ferai tout pour que ce ne soit pas le cas ». Pascal Bioulac sera le candidat des Républicains aux législatives ; il aura l’occasion de défier le sortant Guillaume Peltier si celui-ci confirme, ce qui est probable, sa participation au scrutin. D’Olivier Joris, maire démissionnaire de Prasville (Eureet-Loir), qui a annoncé sa décision en envoyant un courrier aux habitants pour expliquer son geste, après avoir vendu sa maison et quitté la région : « Pour ma santé morale et celle de ma famille, il faut que je m’arrête. » Olivier Joris, maire depuis 2014, avait été récemment la cible d’un tract anonyme et injurieux.
La Lettre Valloire - Mars 2022
7
POINTS CHAUDS
SUR LES RAILS Le 4 février, c’est dans le froid et la boue que François Bonneau a visité le chantier du Technicentre d’Orléans : il faut dire que la Région lâche 70 M€ – dont 20 M€ fournis par l’État – pour doter la SNCF d’un nouveau centre de maintenance régional destiné à entretenir les 32 nouveaux Régio2N Omneo Premium d’Alstom. Ces trains rouleront jusqu’à 200 km/h pour remplacer progressivement ceux circulant sur les anciennes lignes Intercités – devenues RémiExpress – Paris-Orléans-Tours, Paris-Bourges et Paris-Montargis-Nevers. Le nouveau centre, qui devrait être achevé cet été pour une mise en service à l’automne, prend la forme d’un vaste hangar de 6 700 m2 sur un terrain de 7,5 ha situé à mi-chemin des gares d’Orléans et des Aubrais. SNCF Réseau, qui conduit les travaux et l’exploitera, n’a pas encore achevé de compléter l’effectif amené à y travailler. Il y aurait encore pas mal de postes à pourvoir sur les 70 que doit compter le Technicentre.
POKER MENTOR La nomination d’Emmanuel Porcher à la direction générale des services de la Ville de Tours n’a pas été accueillie par des houras. Au sein des services, et jusque dans les rangs de l’opposition, on fait remarquer que l’ancien directeur délégué à l’éducation et à l’égalité des chances du conseil régional du Centre-Val de Loire (2013 à aujourd’hui) était le candidat déclaré de la socialiste Cathy Münsch-Masset, l’ex-première adjointe du maire de Tours, débarquée suite à son implication dans une sordide affaire de détournement de fonds au préjudice d’une association de handicapés. Celle qui fut deuxième vice-présidente de la Région déléguée… à l’éducation, n’aurait de cesse depuis des mois de pousser son poulain dans les bras du maire qui accorderait donc encore du crédit à son ancienne adjointe. Il est des soutiens dont on se passerait !
8
La Lettre Valloire - Mars 2022
BURN OUT ! EN PANNE Pourtant à l’origine en 2012 de la création d’une police intercommunale de l’agglomération montargoise (AME), Pannes (3 700 habitants), la plus importante des dix communes qui avaient adhéré au dispositif, s’en est retirée. Le maire Dominique Laurent considère qu’elle ne correspond plus à ses besoins et qu’il « sera bien plus intéressant d’avoir un policier à part », expliquant qu’avec la contribution de sa commune, il en paie « presque deux ». La police intercommunale de l’AME compte aujourd’hui six agents et voulait en embaucher un septième. Les neuf communes restantes, toutes situées en zone gendarmerie, devront trouver des financements complémentaires pour maintenir l’effectif. Cela devrait être possible : Jean-Paul Billaut, qui est le maire de l’une d’entre elles, Solterre, préside aussi l’AME.
LE B U GDU TRIMESTRE
MAFIA
À Courtenay, dans l’est du Loiret, le ballet des maires continue. On en sera bientôt à quatre en deux ans. Francis Tisserant s’était retiré au printemps 2020 après avoir occupé – relativement paisiblement – le fauteuil durant trois mandats. Son adversaire malheureux de 2014, Philippe Follet, était élu d’un souffle en mars 2020 avant d’être invalidé en juillet 2021 pour avoir frauduleusement inscrit sur les listes électorales un co-listier n’habitant pas la commune. Virginie Le Roux avait succédé en septembre dernier à ce maire express après une élection partielle qui l’avait vue largement triompher au 1er tour. On attend le nom du prochain heureux élu, puisqu’à la surprise générale, la maire élue voici six mois vient d’annoncer qu’elle allait abandonner son mandat, invoquant un motif familial impérieux Mise en cause par les agents de cette petite ville de 3 900 habitants, Virginie Le Roux, cheffe d’entreprise de 55 ans, réplique en portant de très graves accusations. Elle dénonce une véritable mafia installée à la mairie, profitant de postes « fictifs », « d’heures supplémentaires illégales » et de « congés auto-validés ». Pour couronner le tout, une part importante des achats externes ne serait pas destinée aux Curtiniens, « mais au confort de certains agents de la commune et d’habitants qui profiteraient d’un système mafieux bien huilé depuis vingt ans », affirme l’édile. La balle est dans le camp de la préfecture du Loiret.
La Lettre Valloire - Mars 2022
9
REPORTAGE
DÉSERTS MÉDICAUX : QUELS MAUX ? QUELS REMÈDES ? Le milieu universitaire et le monde médical ont réagi très négativement au projet du maire d’Orléans de former cinquante médecins chaque année avec le concours de l’école de médecine de Zagreb. Une initiative parmi d’autres pour lutter contre les déserts médicaux, qui s’étendent jusqu’aux centres des métropoles. La réponse à ce mal grandissant va des palliatifs technologiques à la raréfaction de la présence médicale, comme les bornes de téléconsultation ou les camions équipés comme des centres d’examen jusqu’aux propositions de loi. Un groupe de parlementaires veut imposer aux jeunes médecins un conventionnement sélectif ou une année d’internat obligatoire en zone sous-dotée. Placebo ou vrai remède ? Il faut aller vite, le désert médical avance.
uarante ans après la guerre scolaire, la guerre médicale est-elle déclarée ? Le maire d’Orléans et son premier adjoint en charge des questions de santé ne se sont certainement pas doutés du tollé qu’allait soulever l’accord signé entre la Ville et la faculté de médecine de Zagreb. Les universités de Tours et d’Orléans, comme Patrice Diot, le doyen de la fac de médecine de Tours, ont immédiatement réagi à cette intrusion sur leur pré carré. « La création de cette antenne de Zagreb ne règlera en rien la question majeure de la
Q
10
La Lettre Valloire - Mars 2022
désertification médicale en Centre-Val de Loire », a affirmé l’un d’entre eux. Et le corps universitaire de brandir ses arguments, au premier rang desquels celui du coût, jugé exorbitant, de la formation des médecins sauce zagrebo-orléanaise : 12 000 € par étudiant et par an. Il est vrai que c’est beaucoup. Mais c’est aussi beaucoup moins que le coût de la formation d’un médecin en France : environ 20 000 € par an, selon différentes études, somme quasiment intégralement prise en charge par l’État. Une enveloppe à laquelle s’ajoutent les sommes à la charge de
LE DÉSERT AUX PORTES DE PARIS
l’étudiant ou de sa famille. Elles comprennent les frais d’inscription, généralement très modiques, les frais pédagogiques (manuels et autres), le tutorat et le coût des
Paris. Calculette en main, la cherté de l’enseignement croate est donc à relativiser. Si elle a dû essuyer la tempête du côté des universitaires, la tête
SI ON AVAIT ÉTÉ ÉLUS IL Y A DEUX ANS, ON AURAIT FAIT LA MÊME CHOSE. ON AURAIT TRAVAILLÉ À DES PROJETS POUR AIDER LES ORLÉANAIS ” organismes privés préparant aux différents concours (PASS, L.AS, ENCi). Pour un PASS, le coût moyen est d’environ 3 000 € à Tours, mais plus du double à
de l’exécutif orléanais a plutôt gagné la bataille du public. Elle a même eu droit, une fois n’est pas coutume, à un soutien explicite de son adversaire de juin 2020,
Preuve que la désertification médicale n’est plus que le mal des zones rurales, les Yvelines et son million et demi d’habitants, ce territoire aux portes de Paris dont la densité de population est six fois supérieure à la moyenne nationale, en sont aussi victimes : entre 2007 et 2016, le nombre de médecins généralistes a baissé de 21 % dans ce département dont il faut toutefois rappeler qu’il est aussi un territoire rural, dont près de la moitié de la superficie est utilisée pour l’agriculture. Le conseil départemental a décidé de réagir. Il a lancé ces dernières années un plan de 32 M€ pour financer la création d’une vingtaine de maisons de santé pluridisciplinaires et, depuis le 1er décembre dernier, financé un bus santé prévention qui sillonne les zones rurales et les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Le bus, qui propose à la fois des téléconsultations avec des médecins généralistes, le dépistage de maladies et des actions de prévention ou d’information de santé publique, aura coûté, tout équipé, quelque 400 000 €.
La Lettre Valloire - Mars 2022
11
REPORTAGE
Patrice Diot
l’écologiste Jean-Philippe Grand. Si ce dernier a regretté le manque de concertation en amont de la décision, il a toutefois assuré que « si on avait été élus il y a deux ans, on aurait fait la même chose. On aurait travaillé à des projets pour aider les Orléanais à pouvoir se soigner. » Le maire d’Orléans et son premier adjoint Florent Montillot ont d’ailleurs entraîné derrière eux la plupart des élus régionaux. Leur délégation auprès de Jean Castex, le 22 février, a obtenu ce qu’elle était venue chercher : la transformation du centre hospitalier régional (CHR) d’Orléans en centre hospitalier universitaire (CHU), ce qui rend possible l’ouverture d’une faculté de médecine dans la capitale régionale. On saura début avril, après la remise au Premier ministre d’un rapport conjoint de l’Igas et de l’Inspection de l’enseignement supérieur, quelles seront
12
La Lettre Valloire - Mars 2022
les échéances de ces deux projets de nature à accroître des deux tiers le nombre de médecins formés en région Centre-Val de Loire. il faut dire que la désertification médicale touche sévèrement le territoire régional, où la densité de médecins est la plus faible de France (138,5 pour 100 000 habitants, généralistes et spécialistes confondus, soit 20 % de moins que la moyenne nationale). Elle gagne même, depuis plusieurs années, le cœur des agglomérations. Avec des disparités : si l’Indre-et-Loire compte 97 médecins généralistes pour 100 000 habitants (chiffres 2020), l’Indre n’en compte que 68, le Cher 64 et l’Eure-et-Loir 59. Et la pyramide des âges est très élevée : plus de la moitié des libéraux berrichons, qu’ils soient généralistes ou spécialistes, sont à quelques années de la retraite. En dépit de son poids démographique (près de 700 000 habitants) et de l’attractivité qu’exerce la métropole orléanaise, le Loiret n’est pas mieux loti : 66 généralistes pour 100 000 habitants. En 2018, l’ancien maire Olivier Carré estimait qu’il manquait une quarantaine de médecins à Orléans au regard de sa population. À l’époque, la métropole avait lancé une campagne de communication qui lui avait coûté près de 70 000 € pour tenter d’installer des médecins sur son territoire. Le problème est encore plus cru en périphérie des grandes villes. À Saran (17 000 habitants), dans le nord de la métropole orléanaise,
la maire Maryvonne Hautain dénombrait au début de ce mois de févier huit médecins exerçant en ville : trois doivent partir à la retraite cette année. À St-Pierredes-Corps (15 000 habitants), qui jouxte Tours, le maire de la ville, médecin libéral de son état, a adhéré au GIP Pro Santé Centre Val de Loire (lire aux pages 20 et 21) pour créer un centre de santé dans le quartier de la Rabâterie : deux médecins salariés devaient s’y installer début mars, « puis deux ou trois autres cet automne », indique la mairie. Dans le monde rural, c’est le marasme le plus total : à Vailly-surSauldre (18), l’un des deux médecins du village est décédé brutalement l’été dernier, laissant 2 000 patients sans praticien référent. Depuis, on cherche son successeur. Une association s’est créée au mois de janvier pour promouvoir l’attractivicté de cette partie nord du Cher, limitrophe du Loiret, et tenter d’y installer de nouveaux
professionnels de santé. Idem dans le Loiret, où Dordives, commune du Gâtinais de 3 000 habitants, ne possède plus qu’un médecin, prochainement à la
retraite, contre trois il y a encore une dizaine d’années. L’Eure-etLoir a perdu 24 médecins généralistes entre 2017 et 2020, le Loir-et-Cher 12, essentiellement à la suite de départs à la retraite. Sur la même période, seule l’Indre-et-Loire, en partie protégée par la présence de son centre
sière : selon Aline Chassine-Deniau, la directrice du GIP Pro Santé, 18 praticiens auraient été embauchés depuis février 2021. Dans l’Indre, la sénatrice Frédérique Gerbaud et le conseiller départemental François Avisseau se sont rapprochés des centres universitaires de Tours, mais aussi
EN INDRE-ET-LOIRE, EN PARTIE PROTÉGÉE PAR LA PRÉSENCE DE SON CHU, LES DÉSERTS SE SITUENT PLUTÔT EN PÉRIPHÉRIE DU DÉPARTEMENT ” hospitalier universitaire, a gagné des médecins : 17 en tout, avec 91 installations et 74 départs. Dans le département, les déserts se situent plutôt en périphérie : le nord-ouest, autour de St-Laurentdu-Lin et Lublé, et le sud, tant dans le Lochois que dans le Richelais, sont, eux, sévèrement touchés. Le plan ambitieux de la Région,
qui vise à embaucher 300 médecins salariés d’ici à 2028 pour doter ses centres de santé en milieu rural et urbain, n’a pas encore atteint son rythme de croi-
de Limoges, ville où nombre de jeunes Indriens partent faire leurs études de médecine : ils ont obtenu un accord de principe pour que les internes formés à Limoges puissent effectuer leurs stages de 3e cycle dans l’Indre, département qui est sous l’égide de la faculté de Tours. Une dérogation et l’accord de l’Agence régionale de santé (ARS) sont nécessaires. Les démarches sont en bonne voie. Des maisons médicales ou maisons de santé pluridisciplinaire (MSP), qui regroupent, souvent en milieu rural, des médecins et d’autres professionnels (dentistes, kinés, infirmiers et infirmières, pédicures, orthophonistes ou psychologues) tentent d’enrayer ce déclin démographique. Celle de Mézières-en-Brenne, dans l’Indre (ci-dessus) est une réussite incontestable. Elle s’étend désormais sur 400 m2 et accueille une dizaine de professionnels de santé de toutes disciplines. Une gageure
LA LENTE HAUSSE DU NOMBRE DE MÉDECINS La transformation du numerus clausus en numerus apertus à la dernière rentrée des facultés de médecine a permis d’augmenter le nombre d’étudiants admis en 2e année : à Tours, ils sont désormais 340, contre 255 trois ans plus tôt. Mais cela ne suffira pas à rattraper le retard accumulé par rapport à d’autres régions, d’autant que les praticiens formés depuis septembre n’exerceront pas avant la fin de la décennie. De surcroît, la faculté de Tours perd des étudiants à l’entrée en internat. Le doyen dénonçait d’ailleurs cet état de fait en 2019, soulignant que « cette année encore, 72 % des étudiants ont choisi d’autres régions pour faire leur 3e cycle ». L’objectif est de relever à 300 le nombre d’internes en poste dans les hôpitaux dès la rentrée prochaine. Autre facteur, l’activité libérale attire de moins en moins les jeunes médecins : aujourd’hui, à peine plus de 40 % d’entre eux exercent en libéral, 11 points de moins qu’il y a dix ans.
La Lettre Valloire - Mars 2022
13
REPORTAGE
dans une commune d’un millier d’habitants. La téléconsultation offre aussi de réelles possibilités de pallier l’absence de médecins. Les bornes et cabines proposées par des sociétés spécialisées, comme le français Medadom, leader du marché, ses compatriotes Hopi Medical, Toktok Doc, H4D et IPM France, le taïwanais iMedtac ou l’américain CSI, permettent de combler partiellement l’absence de praticiens. Un millier d’officines, plusieurs communes, comme Issoudun (lire aux pages 18 et 19), ainsi que des maisons France Services en ont fait l’acquisition ou les louent pour un budget relativement raisonnable. Mais il faudra encore du temps pour que les patients s’approprient ces machines. La société loirétaine Toutenka-
14
La Lettre Valloire - Mars 2022
À Mézières-en-Brenne, la maison de santé est une réussite incontestable.
mion propose, quant à elle, un camion entier équipé comme un cabinet médical. Ses unités mobiles de télémédecine permettent de pratiquer un large spectre d’examens (radiologie, échographie, rétinographie, dermatoscopie, mammographie, etc.) et de transmettre les images à distance à des professionnels de santé qui peuvent ainsi les analyser, puis prescrire ou donner un rendez-vous, cette fois physique, au patient. Un premier exemplaire de camion baptisé TIMM a été acheté il y a quelques années par la Région Occitanie pour desservir les zones isolées des Hautes-Pyrénées, de l’Ariège et de la Haute-Garonne. Mais le prix, supérieur à 2 M€, n’est pas à la portée de tous. En dépit de la multiplication des
initiatives, le problème de la désertification médicale reste quasiment inextricable. La formation des médecins ne repose pas que sur le remplacement du numerus clausus par le numerus apertus et la question du nombre d’admis en 2e année. Que faire, quand le doyen Diot indique qu’il lui faudrait « 102 postes de professeurs de plus pour ses étudiants du 1er cycle ». La future fac orléanaise aura-t-elle les mêmes difficultés à recruter des enseignants ? On le saura au fil des prochaines années, ses premiers médecins diplômés n’étant pas attendus avant le début de la prochaine décennie. Faut-il imposer six mois à un an de stage obligatoire aux étudiants en médecine dans des MSP, cliniques ou centres hospitaliers de petites villes, comme le pré-
conise Jean-Pierre Door, député du Loiret et cardiologue de profession ? La proposition de loi déposée au mois de décembre par un groupe de députés socialistes et apparentés va dans ce sens ; elle suggère de créer une « obligation exceptionnelle et transitoire » de présence en zone sous-dense pour les internes de médecine au cours de leur dernière année d’internat et dans les deux années qui suivent l’obtention de leur diplôme. Valérie Pécresse promet, si elle est élue, de faire de la dernière année des études de médecine générale une année de « docteur junior », où les jeunes médecins iraient exercer en zone sousdense.
Autre proposition avancée par les députés socialistes, celle d’un conventionnement sélectif, où un médecin libéral ne pourra s’installer en zone surdotée que lorsqu’un médecin de la même zone cessera son activité. « Ce n’est en rien novateur », balaie Nicolas Forisser, député de l’Indre et président du groupe UDC (Union de la droite, du centre et des indépendants) au conseil régional, qui préconise l’application « de mesures fiscales réellement avantageuses pour les médecins s’installant en zone sous-dotée ». Mais le puissant mandarinat médical acceptera-t-il ces entorses à sa sacro-sainte liberté d’installation ? François-Xavier Beuzon
Vous recrutez, nous accompagnons.
©NCH Prod - Le Relais de Chambord
La Lettre Valloire - Mars 2022
15
REPORTAGE
DEPUIS ORLÉANS, TOUS LES CHEMINS PASSENT PAR ZAGREB En l’espace d’un mois, le paysage médical orléanais s’est engagé dans une métamorphose annoncée comme historique avec la signature d’un partenariat avec la faculté de médecine de Zagreb, la promesse de création d’une faculté de médecine à Orléans et la transformation de l’hôpital d’Orléans en CHU. Le tout au prix d’une farouche confrontation entre le maire d’Orléans et le monde universitaire. Récit d’un mois qui a tout changé. oup de force, coup politique, coup médiatique ? Sans doute les trois à la fois. En signant le 21 janvier à Orléans, dans le plus grand secret, un partenariat avec la faculté de médecine de Zagreb, le maire d’Orléans ne se doutait pas de l’onde du pavé qu’il jetait dans la mare. Prudent, il s’était entouré des plus grandes précautions pour que rien de cette signature ne filtre dans la presse, par crainte que le projet « ne soit saboté avant même sa mise en œuvre », selon ses mots. Pas même les élus de sa majorité n’avaient été avisés de cette signature, hormis Florent Montillot, adjoint en charge de la santé. Et contrairement à ce que pouvait imaginer Serge Grouard, l’opposition farouche à ce protocole n’est pas venue du monde politique, à quelques semaines de la présidentielle, mais du côté universitaire. Premier à monter au créneau, le doyen de la faculté de médecine
C
Serge Grouard a bousculé les corporatismes universitaires
16
La Lettre Valloire - Mars 2022
de Tours qui était, pour quelques jours encore, le président de la conférence des doyens en médecine. Un mandarin dont les prises de position ont trouvé un large écho et de puissants relais auprès des médias et du personnel politique national. Qu’à cela ne tienne. Arc-bouté sur son projet, persuadé que ce protocole avec Zagreb était en mesure de fidéliser de futurs médecins à Orléans, jubilant à l’idée d’ouvrir une brèche dans l’armure de ce corporatisme universitaire si étanche contre lequel il bute depuis deux décennies, Serge Grouard est allé au combat, stéthoscope autour du cou, prenant à témoin l’opinion publique dans la presse, sur les plateaux télé et à la radio. Durant près d’une semaine, il n’a pas ménagé ses efforts pour répondre à toutes les sollicitations de la presse locale et nationale. Sans compter l’ensemble des revues spécialisées. Un vrai marathon médiatique.
Lors d’une conférence de presse organisée le 27 janvier pour expliquer les ressorts de ce protocole, le maire est sorti de ses gonds quand la question d’une éventuelle entente ou collaboration avec la faculté de Tours lui a été posée. « Maintenant, ça suffit ! Je ne vois pas qui pourrait s’opposer à cette perspective qui est une urgence. C’est une question de vie et de mort. » Galvanisé par les commentaires sur les réseaux sociaux qui lui
si grave ? questionnait le maire d’Orléans. C’est simple : nous avons bousculé les corporatismes universitaires qui, depuis des décennies, monopolisent le débat dans un entre-soi savamment protégé n’apportant en définitive aucune solution. » Le 8 février, sur le plateau de France Info TV, alors qu’il était confronté au nouveau président de la confédération des doyens en médecine Didier Samuel, Serge Grouard a changé de ton pour,
dispensé par la faculté de Zagreb, Davor Jezek, le vice-doyen de l'université de la capitale croate, lui a répondu dans une lettre écrite en anglais, courtoise sur la forme, ferme sur le fond, fustigeant des « allégations incorrectes ». « Je crois fermement que vous avez été mal informé », écrit Davor Jezek, concluant sa missive par un appel à la réconciliation : « Travaillons ensemble pour renforcer la santé dans la belle région du Val de Loire ». À bon entendeur… Alexandre Ruffier
SERGE GROUARD EST ALLÉ AU COMBAT, STÉTHOSCOPE AUTOUR DU COU, PRENANT À TEMOIN L’OPINION PUBLIQUE ” étaient largement favorables, notamment ceux laissés après un reportage au JT de 20 h, le 4 février sur TF1, le maire-président de la métropole orléanaise a lancé une pétition invitant ses concitoyens « à soutenir le partenariat engagé avec la faculté de médecine de Zagreb ». Sauf que du côté universitaire, la riposte ne s’est pas fait attendre. La conférence des doyens de médecine a exprimé son « indignation et sa ferme opposition au marchandage de la formation médicale », fustigeant « une formation au rabais ». Dans une tribune publiée dans Le Monde le 11 février, Serge Grouard contre-attaquait à nouveau, dénonçant des contre-vérités et brocardant à nouveau l’inertie coupable d’un cénacle universitaire replié sur lui-même : « En réalité qu’avons-nous fait de
habilement, lui tendre la main en le suppliant « de (nous) aider ». Conscient que c’est entouré d’alliés politiques qu’il gagnerait le combat, le maire d’Orléans a sollicité les présidents des six départements et celui de la région Centre-Val de Loire afin qu’ils deviennent membres fondateurs de la structure qui administrera la formation des étudiants. Le 3 février, lors du conseil municipal, fait suffisamment rare pour être marqué d’une pierre blanche, la totalité de l’hémicycle approuvait la signature du protocole avec Zagreb. « Sur un sujet aussi fondamental, le fait de nous retrouver donne une force supplémentaire à notre action », s’est réjouit le maire. Le 24 février, piqué au vif par les critiques émises par le doyen de la faculté de médecine de Tours sur le sérieux de l’enseignement
UN CENTRE MUNICIPAL POUR LA SANTÉ C’était un engagement de campagne de Serge Grouard : créer un centre municipal de santé où exerceront, à terme, une trentaine de médecins généralistes, spécialistes, infirmiers… payés par la ville etc. Le site, un bâtiment inoccupé depuis six ans mais en bon état – 1 000 m2 sur deux niveaux – a été identifié non loin de la cité administrative Coligny. Le coût de sa réhabilitation est estimé à 2,5 M€ ; les travaux viennent de démarrer pour une ouverture des portes en début d’année prochaine. Par ailleurs, une aide à l'installation de 15 000 € pour les nouveaux médecins a été adoptée lors du conseil municipal de février, en contrepartie de laquelle le bénéficiaire s’engagera à exercer à Orléans durant cinq ans à compter de la signature du contrat.
La Lettre Valloire - Mars 2022
17
REPORTAGE
Fanny Ries, adjointe au maire d’Issoudun
« NOUS AVONS PRIS NOTRE DESTIN SANITAIRE EN MAIN » Le désert médical n’a cessé de gagner du terrain sur le territoire du Pays d’Issoudun au point de constituer un réel problème de santé publique. Les élus se sont emparés du sujet en incitant les praticiens à s’installer et en les accompagnant : cette stratégie produit de premiers résultats.
La Lettre Valloire : Vous avez pris à bras-le-corps le sujet de la désertification médicale. Comment qualifiez-vous la situation sur le territoire issoldunois ? Fanny Ries : Elle est critique. Nous sommes en butte à l’attrition des personnels de santé et notamment des médecins généralistes, essentiellement pour des raisons de départs à la retraite. Nous avons perdu plusieurs généralistes, deux autres devraient abandonner leur activité sans être remplacés d’ici à la fin de l’année 2022. Nous devrions chuter au cours de cette année à onze médecins pour un bassin de vie de 32 000 habitants, soit un médecin pour 2 900 habitants alors que la moyenne nationale se situe autour d’un pour 1 850 habitants… Il ne faut pas réduire ces difficultés à un simple encombrement des salles d’attente. Les problèmes de démographie médicale impactent la situation sanitaire. Nous observons de plus en plus souvent des phénomènes d’éviction et d’éloigne-
18
La Lettre Valloire - Mars 2022
ment par rapport à l’offre de soins. Certains publics déjà vulnérables, qu’il s’agisse de personnes âgées ou de foyers très modestes, se découragent et renoncent à se faire soigner. Ils passent sous les radars sanitaires. Certains ne pensent même plus à renouveler leur carte vitale. Ce phénomène constitue une bombe à retardement. Mais il y a aussi des conséquences immédiates. Je suis persuadé que cette problématique a un impact grave, parfois d’ordre vital, sur la santé de nos concitoyens. La Lettre Valloire : Comment la collectivité a-t-elle fait face à ce phénomène ? Fanny Ries : Nous avons pris acte de l’échec des politiques nationales en la matière. L’État n’a pas réussi à garantir une juste répartition des professionnels de santé comme il doit garantir celle des forces de police ou de gendarmerie. Certes, les médecins ne sont pas des fonctionnaires, mais le sujet de l’accès
aux soins est tout de même un sujet régalien. À l’instigation d’André Laignel, les collectivités du territoire ont donc décidé d’assumer des politiques de santé qui ne font pas forcément partie de leur socle de compétences. Bien sûr, nous informons les autorités sanitaires de nos actions et nous travaillons
en bonne intelligence avec l’ARS, mais nous avons décidé de prendre en charge le destin sanitaire de ce territoire. Cela correspond à une très forte volonté politique qui s’est notamment traduite par la création d’un poste de chargé de mission de santé. La Lettre Valloire : Quelles sont les principales actions engagées ? Fanny Ries : À travers différents vecteurs, nous allons à la rencontre des professionnels de santé auprès desquels nous nous
pourparlers. Ce qui est intéressant, c’est que ces installations de médecins en appellent d’autres. Le bouche-à-oreille joue à plein et les différentes communautés médicales savent que le territoire issoldunois est un spot très accueillant. Bien sûr, nous parvenons à mobiliser des subventions, mais il ne faut pas se mentir. Ces accompagnements représentent de gros sacrifices financiers qui se font au détriment d’autres postes. Ils nécessitent un fort soutien politique.
CERTAINS PUBLICS DÉJÀ VULNÉRABLES SE DÉCOURAGENT ET RENONCENT À SE FAIRE SOIGNER ” positionnons comme des facilitateurs, un point d’entrée unique pour la gestion de tous leurs problèmes d’installation. Nous avons dégagé des marges budgétaires afin de financer le volet immobilier de leur installation et de leur proposer des accompagnements sur-mesure. Nous venons ainsi d’engager 60 000 € dans l’aménagement de locaux destinés à un couple de dentistes qui sont à pied d’œuvre depuis le mois de juillet 2021. Nous avons également consacré 90 000 € au rachat et au réaménagement d’un local qui abritera l’activité d’un médecin ORL, ainsi que d’une sage-femme. Nous avons accompagné l’installation d’un médecin ophtalmologiste et devrions également accueillir un cardiologue en mars prochain. L’arrivée d’un gastroentérologue est également en
La Lettre Valloire : Que faitesvous à l’intention des publics les plus éloignés de l’offre de soins ? Fanny Ries : Nous allons vers eux ! Chaque dernier vendredi du mois, nous organisons des vacations à l’espace social que nous avons baptisé « les Ateliers Santé ». Nous faisons aussi venir des spécialistes. Il s’agit de consultations totalement gratuites ; les patients peuvent y accéder sans être porteurs de carte vitale ou de droits CMU à jour. C’est d’ailleurs l’occasion de mettre à jour leurs documents numériques. Ce sont des moments qui permettent à des familles de sortir de leur isolement sanitaire, sans faire l’objet d’aucun jugement de quelque nature que ce soit, quel que soit leur statut social ou familial. Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier
ISSOUDUN JOUE AUSSI LA CARTE DU NUMÉRIQUE Afin de pallier les lacunes de la présence médicale, les élus issoldunois font feu de tout bois en jouant crânement la carte du numérique. Ils ont installé depuis le mois d’avril 2021 un dispositif de téléconsultation au sein du Lippi (Lieu d’information et de prévention du Pays d’Issoudun). Il s’agit d’une borne développée par la société française Medadom qui permet d’entrer en contact en moins de 10 minutes avec un médecin généraliste. « C’est très simple et très intuitif dans son utilisation », estime Fanny Ries. Bardée de plusieurs dispositifs médicaux (stéthoscope, dermatoscope, otoscope, thermomètre, tensiomètre et oxymèttre), cette borne permet de réaliser plus de 90 % des diagnostics médicaux usuels. Le démarrage n’a pas été très rapide, « mais on sent que la population est en train de s’approprier cette offre », se félicite Fanny Ries. Ainsi, sur l’ensemble du mois de janvier, 57 téléconsultations ont été réalisées par la borne d’Issoudun, contre 37 en décembre.
La Lettre Valloire - Mars 2022
19
REPORTAGE
MÉDECINS, COMMENT TROUVER LA PERLE RARE ? Chacun choisit ses méthodes pour attirer des médecins sur son territoire. La Région Centre-Val de Loire, via son GIP, les emploie dans des centres de santé, misant sur l’appétence de plus en plus grande des jeunes médecins, et aussi des moins jeunes, pour le salariat. Le Loir-et-Cher, à l’instar d’autres départements, chasse plutôt le généraliste exerçant en libéral. Mais la pénurie de professionnels de santé s’étend à d’autres métiers, notamment les kinésithérapeutes, dont le besoin croît au même rythme que le vieillissementt de la population.
«A
vec un secrétariat à charge, je ne pouvais plus assurer financièrement depuis la retraite de mon associé. J’ai été obligée de chercher autre chose » : le docteur Sylvie Froment, qui a intégré au mois de janvier le centre régional de santé des Rives du Cher, à Tours, a donc opté sans regret pour le salariat. Elle a rejoint sa consœur Saloua Mahjoub, arrivée au mois de juin en provenance de l’Île-de-France. Un troisième médecin devrait les rejoindre prochainement dans ce quartier de 4 000 habitants, construit à la fin des années soixante pour accompagner la croissance démographique de la ville. Les médecins des Rives du Cher, comme ceux des centres de santé ruraux de Toury (28), Jargeau (45), Ouzouer-le-Marché (41) et urbains de Châteauroux, Blois-St-Sulpice et St-Pierre-des-Corps, sont salariés du GIP Pro Santé, une structure créée par le conseil régional pour tenter d’enrayer l’avancée du désert médical.
20
La Lettre Valloire - Mars 2022
En un peu plus d’un an, le GIP a déjà recruté une bonne quinzaine de médecins et a deux ou trois profils en vue, notamment pour compléter le dernier-né des centres, celui de St-Pierre-des-Corps, en banlieue de Tours. Un cas emblématique où le nouveau maire de la ville, lui-même médecin généraliste exerçant avec son épouse en libéral, a fait appel au GIP pour salarier des médecins. L’ambition du GIP, et partant celle de la Région, ne s’arrête pas là. L’objectif initial de salarier 150 médecins d’ici à 2025, a été revu à la hausse avec 300 praticiens à recruter d’ici à 2028, à la fin de la mandature en cours. « Nous ferons tout ce que nous pouvons pour
mailler le territoire », assure Aline Chassine-Deniau, la directrice de ce groupement d’intérêt public. Pour atteindre ce seuil élevé, cette toute jeune structure – créée en 2020, elle est entrée réellement en service en février 2021 – compte bien multiplier les opérations de recherche de médecins. « Nous travaillons avec deux cabinets de chasseurs de têtes, explique Aline Chassine-Deniau. Nous allons aussi lancer une campagne de communication dans des revues spécialisées et prévu des rencontres avec les internes de la faculté de Tours pour les convaincre des avantages du salariat. » Il est vrai qu’avec un salaire brut à l’embauche de 5 500 € mensuels,
le médecin fraîchement diplômé peut se laisser séduire, d’autant que calé sur la grille de la fonction publique hospitalière, il peut espérer gagner près de 9 000 € en fin de carrière, hors primes. Présente les 24 et 25 février derniers au congrès national des internes de médecine générale – comme d’ailleurs le GIP Pro Santé – l’agence d’attractivité de Loiret-Cher (BeLC) a aussi la mission
panoplie qu’ont déjà déployée plusieurs départements : preuve de l’attention toute particulière qu’ils portent aux futurs médecins, vingt départements français – dont cinq de la région Centre-Val de Loire – tenaient un stand au congrès des internes de Tours. Il n’y a pas que les médecins qui se font rares : les kinésithérapeutes aussi. Le 1er janvier 2020, il étaient 205 à exercer dans le Loir-et-
DANS LE LOIR-ET-CHER, IL FAUDRAIT 66 GÉNÉRALISTES DE PLUS POUR AVOIR UNE DENSITÉ ÉGALE AU RESTE DE LA FRANCE ” d’attirer des médecins sur son territoire. Mais pas question de les salarier, plutôt de les inciter à installer ou reprendre un cabinet d’exercice libéral ou encore intégrer un cabinet groupé ou une maison de santé pluridisciplinaire (MSP), toujours en libéral. « En matière de démographie médicale, la situation du département est catastrophique, explique Karine Gourault, directrice de BeLC. Nous avons 266 médecins généralistes sur le département ; il en faudrait 66 de plus pour avoir une densité égale au reste de la France. Et cela sans même prendre en compte la pyramide des âges de la profession, plus élevée ici qu’ailleurs. » Le Département a dévoilé le 7 mars les contours de son plan santé ; il comporte différentes mesures, dont le renforcement des aides à l’installation de médecins ou à la création de MSP, des bourses pour les étudiants en médecine… Une
Cher ; pour avoir une densité égale au reste du territoire national, il en faudrait 142 de plus. Juste avant le congrès des internes, Karine Gourault était au CIFEPK, le congrès des étudiants en physiothérapie et kinésithérapie, qui se tenait du 18 au 20 février dans les locaux de la fac de médecine… de Tours. Pour les sensibiliser et – pourquoi pas – susciter une envie de s’installer, il est impératif qu’ils effectuent leurs stages dans le Loiret-Cher : des maîtres de stage et des kinés installés interviennent régulièrement pour vanter les mérites du département à l’école universitaire d’Orléans, la seule de la région. Mais une fois qu’ils ont décroché leur stage, il faut assurer l’intendance et notamment leur fournir un logement : BeLC est prête à les accompagner.
... LES VÉTOS AUSSI On manque aussi de vétérinaires ! Le nombre de praticiens (18 900 en 2020) diminue depuis vingt ans, alors même que le nombre d’animaux de compagnie explose : les Français possèdent 13 millions de chats et 4 millions de chiens. On estime que sur les 600 vétérinaires formés chaque année par les quatre écoles françaises (Alfort, Toulouse, Nantes et Lyon), la moitié seulement se destine à la pratique en clientèle : heureusement, 150 praticiens formés par des universités étrangères viennent s’installer en France chaque année. Le monde rural est encore plus à la peine, les jeunes préférant exercer en ville qu’à la campagne, auprès des animaux d’élevage. Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a lancé au mois de janvier un appel à manifestation d’intérêt (Ami) pour aider les territoires à lutter contre cette autre forme de désertifiction. La Région Centre-Val de Loire va présenter la candidature de l’un de ses territoires : au plan national, six seront choisis et désignés fin mars.
François-Xavier Beuzon
La Lettre Valloire - Mars 2022
21
REPORTAGE
LES TOURANGEAUX SE REBIFFENT Depuis le lancement de l’opération Zagreb, le CHU et la faculté de médecine de Tours ont été accusés de ne pas coopérer suffisamment avec les autres hôpitaux de la région. Pas si simple, rétorquent les universitaires tourangeaux : si l’État nous donne plus de moyens, nous ferons plus et mieux. Au passage, ils rappellent qu’Orléans ne remplacera pas si facilement son CHR par un CHU, préalable à la création d’une faculté de médecine de plein exercice.
22
iqués au vif. C’est peu dire que les Tourangeaux n’ont pas apprécié la double offensive des Orléanais. La ville qui a vu naître ou exercer tant d’illustres médecins, parmi lesquels Pierre Bretonneau, Armand Trousseau ou Alfred Velpeau – l’inventeur de la bande éponyme –, pensait son imperium régional acquis. Mais les temps changent. Absents, à l’exception du député LaRem de Tours Philippe Chalumeau, de la délégation d’élus régionaux venus à la rencontre du
P
de médecine – jusqu’il y a peu président de la puissante conférence des doyens des facultés de médecine –, ainsi que de la directrice et du président de la commission médicale du CHU. Ils ont vivement plaidé leur cause « pour que le projet de faire évoluer le CHR d’Orléans en CHU ne se fasse pas au détriment de Tours, où les moyens sont déjà limités », expliquait Emmanuel Denis à la sortie du rendez-vous : il manquerait, en effet, 7 M€ dans les caisses en raison du coup de pouce salarial
Premier ministre le 22 février, les Tourangeaux ont été reçus à Matignon une semaine plus tard. Le groupe était composé du maire de Tours, du doyen de la faculté
du Ségur de la Santé. La délégation tourangelle n’est toutefois pas revenue bredouille puisqu’elle a obtenu que l’ARS inscrive le transfert de l’Ehpad de l’Ermitage vers l’hô-
La Lettre Valloire - Mars 2022
pital Bretonneau dans le projet plus global de restructuration du CHRU. L’affaire croato-orléanaise pourrait faire une victime collatérale : la sacro-sainte liberté d’installation des médecins. Le doyen Diot a lui-même demandé à Jean Castex « de réfléchir à une série de mesures pour réguler cette localisation des installations ». Il suggère ainsi que les médecins pratiquant le dépassement d’honoraires ne puissent plus s’installer en zones sur-dotées. Du côté de Tours Métropole, un long communiqué, signé par l’ensemble des membres du conseil, a rappelé toute l’importance que revêt pour la ville le CHRU, 10e ou 11e meilleur hôpital français suivant les années (palmarès du Point), employeur de « plus de 10 000 personnels médicaux et non médicaux » et qui possède des expertises uniques « en matière d’imagerie médicale, de greffes du foie, de chirurgie cardiaque, de recherche fondamentale et translationnelle couplée à l’industrie du médicament ».
Si les deux métropoles, fortes chacune de 22 communes, se tiennent d’un cheveu sur le plan démographique (299 000 habitants pour Tours, 287 000 pour Orléans), la première nommée est très loin devant sur le plan de la santé : les
de septembre, le CHRO a fermé plus de 150 lits par manque de personnel. » S’il s’en remet au rapport de l’Igas et de l’inspection générale de l’Éducation, du sport et de la recherche, attendu pour le début
ON CONNAÎT LES ATOUTS DU CHR D’ORLÉANS. ON CONNAÎT AUSSI SES FAIBLESSES ” deux centres hospitaliers coopèrent dans de nombreux domaines, mais c’est à Tours qu’on envoie par hélicoptère les urgences absolues, notamment pour les atteintes cardio-vasculaires graves. Conséquence logique de la présence d’une faculté de médecine et aussi d’une faculté de pharmacie, en attendant celle d’odontologie (lire page 24), la recherche prédomine à Tours : dix-sept unités de recherche relevant des sciences de la vie et de la santé, contre trois à Orléans. Le 3 mars, le président de l’université de Tours Arnaud Giacometti, le doyen Patrice Diot et Marie-Noëlle Gerain-Breuzard, la directrice du CHU, ont réuni la presse pour faire part de leur doute sur la création rapide d’une faculté de médecine à Orléans. « On connaît les atouts du CHR d’Orléans. On connaît aussi ses faiblesses, car on travaille avec eux dans le cadre du GCS Hugo (groupement de coopération sanitaire, qui mutualise notamment les achats des établissements de santé régionaux, NDLR) », a expliqué Marie-Noëlle Gerain-Breuzard, en rappelant que « depuis le mois
du printemps, Patrice Diot se montre également très dubitatif sur la capacité d’Orléans à hisser rapidement son CHR au rang de CHU et donc à ouvrir rapidement une faculté de médecine de plein exercice : « À Tours, nous avons 158 enseignants pour les deuxième et troisième années d’études. Il nous en faudrait une centaine supplémentaire et aussi du personnel administratif ». Et d’avertir que « les enseignants de Tours sont déjà surchargés de travail, avec la perspective de l’ouverture de la faculté d’odontologie, où certains d’entre eux vont donner des cours. Où Orléans trouvera-til des enseignants ? » Tours veut aussi corriger certaines approximations concernant l’affectation des internes dans les hôpitaux de la région. « Nous essayons d’en placer partout. Mais des questions se posent, par exemple en matière de mobilité et de logement. Nos internes ont ou approchent la trentaine, sont parfois mariés avec des enfants. Avec une rémunération de 1 700 € par mois, il leur est difficile de prendre un logement près de l’hôpital où ils sont affectés. » FXB
DES RÉSEAUX DE CHU Jusqu’à la promesse du chef du gouvernement de transformer le CHR d’Orléans en CHU et de créer une fac de médecine, la doctrine de l’État était plutôt de limiter les centres hospitaliers universitaires, aujourd’hui au nombre de 30. Patrice Diot rappelait d’ailleurs que le dernier en date, celui de La Réunion, avait été ouvert en 2012 après cinq ans de gestation. Constatant que les CHU sont aujourdhui « affaiblis dans leur capacité à exercer leur mission », un rapport récent de la Cour des Comptes (2018) suggèrait de « réinventer » les conditions d’exercice de leurs missions, en proposant une organisation en réseau, distinguant une dizaine de pôles de formation, de recherche et de soins « afin de favoriser la plus grande articulation possible ente les CHU eux-mêmes d’une part, et entre les CH et les groupements hospitaliers de territoire d’autre part ». Alors, Orléans sera-t-il le 31e CHU français ou devra-t-il continuer à travailler étroitement avec Tours ?
La Lettre Valloire - Mars 2022
23
REPORTAGE
UNE FAC POUR COMBLER UNE DENT CREUSE Une faculté dentaire, la première en région Centre-Val de Loire et la dix-septième française, ouvrira ses portes à la rentrée prochaine à Tours. L’objectif est de former 50 praticiens par an. Reste ensuite la question cruciale de leur fidélisation sur le territoire régional. Tout cela est désormais du passé ou en passe de l’être. Le 25 octobre dernier, François Bonneau a adressé un courrier au Premier ministre pour lui faire part de la situation désastreuse de la région et demander que l’État mette la main à la poche pour l’ouverture d’une faculté d’odontologie à Tours. Une ma-
nels à s’installer en dehors des deux métropoles de Tours et Orléans. Reste ensuite un enjeu majeur : celui de convaincre les futurs praticiens diplômés de s’installer dans la région. « Il faut savoir que 75 % des étudiants en médecine quittent la région à la fin de leur sixième année pour faire leur internat
FORMER DES JEUNES DENTISTES À TOURS FAVORISE LEUR INSTALLATION SUR LE TERRITOIRE RÉGIONAL ” anque de médecins, pénurie de dentistes, absence criante d’infirmières, la région Centre-Val de Loire est décidément bien malade. L’observatoire régional de la santé (ORS) pointait du doigt une densité de chirurgiens-dentistes de 45 pour 100 000 habitants, contre 67 à l’échelle du pays. Et parmi les 1 302 chirurgiens-dentistes en exercice en 2018 sur le territoire régional, plus de 40 % étaient âgés d’au moins 55 ans. Bref, décrocher un rendez-vous chez un dentiste relève d’un véritable parcours du combattant, pouvant prendre parfois plus de trois mois.
M
24
La Lettre Valloire - Mars 2022
nière de faire valoir également le fait que la région était l’une des rares de France métropolitaine, avec Normandie et BourgogneFranche-Comté, à ne pas avoir de formation dédiée. L'État a finalement accepté de compléter à hauteur de 2 M€ le budget nécessaire – estimé selon l’université de Tours à 8 M€ sur plusieurs années – pour ouvrir dès la rentrée de septembre 2022. Au total, 50 dentistes seront formés chaque année sur l'ensemble des six départements de la région afin de mailler au mieux les besoins de l’ensemble du territoire. Et d’inciter les jeunes profession-
ailleurs. Le problème c'est la fidélisation des étudiants. Et c'est là que les collectivités ont un rôle à jouer », explique Patrice Diot, doyen de la faculté de médecine de Tours. « C’est une victoire pour l’ensemble des habitants du département d’Indre-et-Loire. Former des jeunes dentistes à Tours favorise leur installation durable sur le territoire régional, et de ce fait améliore l’accès aux soins dentaires », se réjouit le député Philippe Chalumeau, médecin généraliste de formation. Espérons qu’il soit entendu… Johann Galy
La Lettre Valloire - Mars 2022
25
POLITIQUE
Irène Félix, présidente de Bourges Plus
« L’ATTRACTIVITÉ DU TERRITOIRE EST AU CŒUR DE NOTRE ACTION » Sereine, la présidente de la communauté d’agglomération Bourges Plus souhaite engager la transformation écologique de son territoire et y développer la formation supérieure. Le tout au profit de la bataille pour l’attractivité. La Lettre Valloire : Comment qualifiez-vous la gouvernance de Bourges Plus ? Vos relations avec Yann Galut, le maire de Bourges, sont-elles normalisées ? Irène Félix : Nous avons, je crois, construit une relation apaisée, dont la qualité, c’est vrai, en a surpris plus d’un dans le microcosme politique berruyer après les tensions de la campagne des municipales. Nous nous sommes placés tous les deux, avec les 16 autres maires de cette agglomération de 105 000 habitants, au service de l’intérêt général. C’est aussi simple que cela. Bien sûr, Yann Galut défend avec beaucoup de constance les intérêts de la villecentre dont je suis d’ailleurs conseillère municipale. Mais il le fait avec un grand souci des équilibres entre l’urbain et le rural. Bourges, qui représente près des deux tiers de la population communautaire, n’est pas une ville-centre écrasante. Et je pense
26
La Lettre Valloire - Mars 2022
que je suis la garante de cet équilibre, de cette modération qui n’exclut pas la mise en mouvement. De manière générale, nous ne sommes pas dans le consensus mou qui peut nuire à l’action, ni bien sûr et surtout pas dans l’op-
assemblée. Yann Galut a une place importante au sein de Bourges Plus. Il en est le premier vice-président et a la charge du développement économique. Mais il n’y a pas de domaine réservé, je suis aussi de très près cette compétence.
JE SUIS LA GARANTE DE L’ÉQUILIBRE AVEC LA VILLE-CENTRE, D’UNE MODÉRATION QUI N’EXCLUT PAS LA MISE EN MOUVEMENT ” position politicienne front contre front comme, me semble-t-il, d’autres métropoles de la région. Personne ne tire la couverture à soi et je m’en réjouis. La Lettre Valloire : Il n’y a donc aucun sujet de friction ? Irène Félix : Il peut toujours y en avoir. Mais nous les réglons très facilement, y compris les frictions qui peuvent naître avec d’autres élus. C’est la vie normale d’une
Je rappelle que j’ai été élue à la quasi-unanimité, à l’exception des membres de l’opposition municipale de Bourges qui m’ont refusé leur vote, ce que je comprends parfaitement. Par ailleurs, nous venons d’adopter une charte de gouvernance qui reprend les fondamentaux que je viens d’exprimer. Nous partageons aussi de grandes ambitions, comme celle de faire de Bourges une capitale européenne de la culture en 2028.
C’est un projet très fédérateur qui a et aura des retombées majeures pour l’attractivité du territoire. Je suis d’ailleurs très heureuse de constater que les chefs d’entreprise berruyers sont très réceptifs à cette candidature. Ils ont compris, à l’heure où les difficultés de recrutement deviennent pressantes, que la contribution de la culture à l’attractivité d’un territoire était majeure. Je leur lance d’ailleurs un appel. Nous recherchons des soutiens et des mécènes…
La Lettre Valloire : Quels sont aujourd’hui les principaux projets dans le domaine du développement durable ? Irène Félix : Déjà, je consacre beaucoup d’énergie à des actions de lobbying auprès de toutes les autorités pour améliorer la desserte ferroviaire Paris-Bourges. Ce trajet va s’effectuer prochainement en
1 h 50, puis en 1 h 40, ce qui sera compétitif par rapport à d’autres villes bénéficiant d’une liaison TGV. D’ici à la fin du mandat, nous allons déployer des bus à haut niveau de service (BHNS). Nous souhaitons aussi réaménager les sorties de l’A71, très encombrées aux heures de pointe, ce qui permettra d’irriguer d’autres parties du terri-
La Lettre Valloire : L’amélioration de l’attractivité est-elle une composante majeure de votre action ? Irène Félix : C’est un point clé. Et la plupart de nos actions s’inscrivent dans cette perspective. Il en est ainsi en matière d’environnement. Les jeunes salariés, dont on a tant besoin dans l’industrie et les services, veulent pouvoir se déplacer à vélo ou dans des transports collectifs de qualité ; ils souhaitent que leurs enfants bénéficient d’un plan alimentaire irréprochable, veulent vivre dans des logements peu énergivores et ne pas étouffer pendant les épisodes caniculaires. Bourges Plus dispose de beaucoup de leviers pour répondre à ces demandes. En début de mandat, j’ai été surprise de découvrir les lacunes de ce territoire en matière environnementale. Pourtant, nous avons eu dans le passé des élus qui revendiquaient un intérêt prononcé pour le sujet. Beaucoup de dossiers ont pris du retard et, dans le même temps, le niveau d’exigence a grimpé. Mais nous agissons.
La Lettre Valloire - Mars 2022
27
POLITIQUE
« JE SUIS ET JE RESTE UNE FEMME DE GAUCHE » Celle qui a bien failli abandonner la politique après le passage à l’Élysée de François Hollande – elle a même été jusqu’à rendre sa carte du parti socialiste – est repartie de plus belle, à 57 ans, en devenant en juillet 2020 la présidente de la communauté d’agglomération Bourges Plus. Ingénieure agronome, Irène Félix a su cultiver son jardin sur un territoire qu’elle rejoint en 1985 pour des raisons professionnelles. Bûcheuse, convaincue, celle qui vota pour Huguette Bouchardeau (PSU) aux élections présidentielles de 1981, n’a rien abdiqué de ses convictions : « Je suis et reste une femme de gauche, toujours scandalisée par les inégalités et l’injustice », lance-t-elle, même si elle s’abstient de brandir trop ouvertement cet étendard à Bourges Plus. Pour autant, elle vient d’apporter son parrainage à Anne Hidalgo pour les prochaines élections présidentielles.
28
La Lettre Valloire - Mars 2022
toire, ouvrant des perspectives dans le domaine du développement économique. Nous avons également un important programme de rénovation de l’habitat, notamment dans son volet énergétique. Nous n’attendons plus que les crédits de l’Agence nationale de l’habitat (Anah). Je suis d’ailleurs très fâchée contre l’État qui traîne les pieds sur cette thématique clé de la transition écologique. Par ailleurs, notre territoire est exposé à un risque de pénurie de la ressource en eau. Nous devons donc nous organiser et anticiper. Je vais naturellement y veiller. Je salue d’ailleurs à ce propos l’engagement exemplaire de certains industriels, notamment les sirops Monin qui ont engagé d’importants investissements pour diminuer l’utilisation de l’eau dans leur process. La Lettre Valloire : L’amélioration de l’offre de formation et universitaire fait-elle partie de vos priorités ? Irène Félix : Assurément, et bien que nous n’ayons pas la compétence en direct dans ce domaine, nous nous situons au cœur de l’action. C’est un enjeu majeur pour Bourges qui, avec près de 5 000 étudiants, constitue déjà le troisième pôle universitaire de la région, loin devant les suivants. Nous allons encore raffermir cette offre, notamment au cœur du quartier Lahitolle où je vous accueille aujourd’hui. Il y a bien sûr l’extension de notre école d’ingénieurs, l’Insa, qui consolide sa spécialisation dans le risque in-
dustriel, l’un des fils rouges du développement de Lahitolle. C’est un projet de 7,5 M€ auquel nous contribuons à hauteur de 1,5 M€. Nous allons aussi apporter entre 500 000 et 700 000 € à la création d’un pôle de formation aux métiers du sanitaire qui regroupera plusieurs formations. La santé est déjà fortement représentée à Bourges puisque nous accueillons deux licences accès santé (LAS) droit et Staps qui permettent de poursuivre des études de médecine suite à la réforme du cursus. C’est naturellement majeur dans le contexte de l’appauvrissement de l’offre médicale en région Centre-Val de Loire. Et cela vient utilement compléter la création prochaine d’une faculté de médecine à Orléans dont je suis très satisfaite. Je n’oublie pas les 700 000 € que nous allons apporter à l’installation du campus des métiers de la CCI. La Lettre Valloire : La présence d’autoroutes sur votre territoire suscite la convoitise des opérateurs de logistique. Êtes-vous favorable à ces projets ? Irène Félix : Il faut se rendre à l’évidence. La logistique pose un problème d’occupation du foncier et les entrepôts sont de plus en plus automatisés, donc faiblement créateurs d’emploi. Je n’y suis pas hostile, à condition que les projets soient modérément consommateurs de terrain et qu’ils génèrent des emplois dans une proportion raisonnable. Propos recueiillis par Jean-Christophe Savattier
Christophe Le Dorven, président du Département d’Eure-et-Loir
« QUAND CHARTRES VA BIEN L’EURE-ET-LOIR VA BIEN » Président du Département d’Eure-et-Loir depuis moins d’un an, Christophe Le Dorven veille aux grands équilibres de son territoire tout en prônant une relation apaisée avec Chartres. Il se réjouit que l’échelon départemental ait retrouvé du crédit durant la crise sanitaire. Car si le maire est le premier interlocuteur des citoyens, le Département reste le premier interlocuteur des maires. La Lettre Valloire : Vous êtes devenu président du conseil départemental en l’emportant de deux voix sur le président sortant, Claude Térouinard, pourtant de droite comme vous. Qu’estce qui vous opposait à lui ? Christophe Le Dorven : Politiquement, rien de fondamental. Durant le précédent mandat (2015-2021), nos divergences portaient surtout sur la personnalité du directeur général des services de l’époque : il y a eu des échanges vifs à ce moment-là. Mais on ne peut pas résumer la présidence de Claude Térouinard à cela. Je crois que j’ai seulement voté contre deux délibérations sous sa gouvernance. Mon objectif, c’est de rassembler et de travailler pour un équilibre entre les territoires. L’animosité entre les élus, ce n’est pas mon truc. Et d’ailleurs Claude Térouinard ne s’y est pas trompé. Depuis mon élection, il n’a cessé de travailler pour le conseil départemental en remplissant parfaitement la mission que je lui ai confiée sur le bien vieillir chez soi en Eure-et-Loir.
La Lettre Valloire : Vu de l’extérieur, Chartres et son agglomération donnent l’impression d’être en rivalité avec le reste du département. Est-ce juste une question d’egos entre élus ou le mal est-il plus profond ? Christophe Le Dorven : J’ai cette particularité de bien m’entendre avec tous les élus du département. On sait que le maire de
par Xavier Nicolas, qui était à l’époque maire et conseiller régional. Cela a tellement bien marché que Jacqueline Gourault, lorsqu’elle était ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, est ve-nue à Senonches, avec Claude Térouinard, pour voir ce qui avait été fait en la matière.
JE DEMANDE JUSTE LE RETOUR D’UNE COMPÉTENCE PARTAGÉE SUR L’ÉCONOMIE ” Chartres a du caractère, mais il faut regarder ce qu’était la ville en 2001 et ce qu’elle est aujourd’hui. On ne fait pas ça en vingt ans sans avoir du caractère. Quand Chartres va bien, l’Eureet-Loir va bien. C’est pour cela que je prône un équilibre des territoires. Je m’inscris d’ailleurs totalement dans la logique de la politique « bourg-centre » initiée par mon prédécesseur. On a un outil remarquable, inspiré de ce qui a été fait à Senonches
La Lettre Valloire : Le projet de conseiller territorial (2010) et la loi NOTRe (2015) semblaient avoir sonné le glas des départements. Les deux dernières années leur ont redonné une place dans le millefeuille territorial français. Comment l’expliquezvous ? Christophe Le Dorven : En 2015, lorsque j’ai été élu conseiller départemental, on ne donnait pas cher de la peau des Départements. À tel point que certains
La Lettre Valloire - Mars 2022
29
POLITIQUE
lectivité la plus proche de lui, il répond le Département. Depuis deux ans, la crise sanitaire prouve à quel point la proximité est essentielle. À Chartres, le centre de vaccination tient avec l’hôpital de Chartres et les pompiers du SDIS, un service géré par le Département. À Dreux, il n’existe que grâce à l’hôpital, à la médecine libérale et aux communes. Quand les citoyens veulent obtenir un rendez-vous pour se faire vacciner, ils n’appellent pas l’ARS, mais leur mairie.
collègues voulaient se recentrer sur les compétences obligatoires, social, routes et collèges, et laisser tout le reste. Mais ce n’est pas ce qu’attendent les citoyens. Quand vous leur demandez qui est l’élu le plus proche d’eux, ils répondent le maire ; et quand vous demandez à un maire quelle est la col-
30
La Lettre Valloire - Mars 2022
La Lettre Valloire : Les missions du Département se résument à quatre grands chapitres : l’action sociale, les collèges, les routes et la protection du patrimoine. Faut-il de nouveau revoir ce périmètre dans le sens d’un élargissement de vos compétences et, si oui, dans quels domaines ? Christophe Le Dorven : Je fondais beaucoup d’espoir sur la loi 3DS qui finalement accouche d’une souris. La loi NOTRe a au moins eu le mérite de clarifier les compétences entre les collectivités, mais il y a une chose primordiale que nous n’avons plus le droit de faire, c’est le développement économique. Les intercommunalités les plus modestes n’ont ni les moyens d’avoir une vraie agence de développement économique, ni de constituer les réserves foncières. Autrefois, le Département avait cette compétence de création et de gestion des zones d’activité. Je demande juste le retour d’une compétence
partagée, avec notamment le droit de constituer des réserves foncières. À défaut, nous avons pris le parti de créer une agence d’ingénierie, ELI – pour Eure-et-Loir Ingénierie, NDLR –, qui permet aux communes et aux intercommunalités de piocher dans nos différents savoir-faire, en matière financière, ou de voirie, d’urbanisme ou d’assainissement. Nous réfléchissons à l’élargissement de ses compétences, avec par exemple la sécurité informatique et numérique. La Lettre Valloire : Après la réouverture de la voie ferrée entre Chartres et Voves, plus grand monde n’évoque son prolongement vers Orléans. Cette liaison vous semble-t-elle essentielle pour l’aménagement du territoire eurélien, comme d’ailleurs la relance de l’exploitation de Chartres-Dreux, ou faut-il concentrer ses forces sur la route et la future A154, dont la mise en service est attendue pour 2030 ? Christophe Le Dorven : Effectivement, plus grand monde ne parle de Voves-Orléans. En matière de transport ferroviaire de voyageurs, ce qui nous importait, c’était de relier l’Eure-et-Loir à Tours : c’est fait depuis 2016, via Chartres et Voves. Pour relier l’Eure-et-Loir à Orléans, nous misons sur la future autoroute A 154. C’est la meilleure option. La réouverture de la ligne ferroviaire Chartres-Dreux doit offrir aux Euréliens de la partie nord
du département la possibilité de rejoindre le nœud ferroviaire qui permet d’aller jusqu’à Tours et d’assurer les déplacements pendulaires entre les agglomérations de Dreux et de Chartres. Cela permettrait d’offrir une alternative à la route. Mais on n’a pas à choisir entre la route et le rail : l’attractivité d’un territoire dépend de son aménagement. La Lettre Valloire : Vous avez récemment fait partie d’une délégation d’élus régionaux qui a rencontré le Premier ministre pour lui demander de créer une fac de médecine à Orléans. En quoi est-ce important pour l’Eure-et-Loir ? Christophe Le Dorven : Pour ma part, je suis aussi venu dire au Premier ministre et au ministre de la Santé combien la situation est critique sur notre territoire : un Eurélien sur quatre n’a pas de médecin traitant. J’ai demandé de pouvoir lancer des expérimentations, comme celle de décharger les médecins de certaines tâches, par exemple en les confiant à des infirmières en pratique avancée ; mais pour cela, il faudrait leur laisser la possibilité de s’installer dans des maisons de santé pluridisciplinaires, auprès des médecins. Nous avons aussi évoqué le projet de l’hôpital de Châteaudun de bus santé itinérant, Doctobus. Le ministre de la Santé y est favorable et il va demander à l’ARS d’en financer une partie.
UN DROUAIS PURE SOUCHE À 44 ans, Christophe Le Dorven a déjà une carrière politique bien remplie. Il a commencé à militer au RPR lorsqu’il était étudiant à Blois, quelques mois après la première élection de Jacques Chirac à la présidence de la République. Après quatre années à la fac de droit de Tours, ce Drouais de pure souche est revenu dans sa ville natale pour poursuivre son engagement politique auprès de Gérard Hamel et de Jacques Lemare, dont il a été à plusieurs reprises le directeur de campagne. En 2014, il devient adjoint au maire de Dreux en charge de la culture et du patrimoine et l’année suivante, est investi par la droite sur le canton de Dreux 1, considéré comme imprenable. Vainqueur du Front national au second tour après avoir éliminé le binôme socialiste au premier, il a été réélu sans coup férir en 2021 pour devenir, quelques jours plus tard, président de l’assemblée départementale.
Propos recueillis par François-Xavier Beuzon
La Lettre Valloire - Mars 2022
31
ZOOM
SOUS LES FEUX DE LA RAMPE Romain Roy, le jeune (35 ans) patron de Roy Énergie, aurait très bien pu devenir pompier professionnel. Il a finalement choisi de domestiquer un autre feu, celui du soleil, pour produire de l’électricité photovoltaïque. Portrait d’un homme pressé qui ne fonctionne qu’à l’énergie renouvelable. l aurait pu être pompier professionnel. Il aurait même dû l’être, puisqu’à 11 ans, l’âge où les petits garçons se rêvent un destin à la Zidane – la coupe du monde de 1998 en France était alors à portée de tous les espoirs nationaux –, il plaque le foot pour rejoindre les sapeurs-pompiers de Toury, petite commune d’Eure-et-Loir où il vivait avec ses parents et ses deux sœurs. Cette anecdote en dit long sur le caractère de Romain Roy, jeune patron de 35 ans, allure athlétique, présentation impeccable, fondateur du groupe Roy Énergie, une société experte en solutions photovoltaïques : c’est un homme qui n’obéit qu’à ses passions. « À 16 ans, je suis devenu pompier volontaire. Pendant sept ans,
I
j’ai passé tous les concours, je voulais être professionnel. Je suis devenu sergent-chef, responsable d’une équipe ». Cette vocation avait une origine familiale : « Mon père, menuisier de formation, était pompier également. Comme lui, j’étais passionné par ce côté altruiste, le fait d’être utile aux autres », assure-t-il, sans forfanterie. Un bac STI génie mécanique en poche, il passe une licence STAPS
tricité produite par le photovoltaïque, un système de récupération de l’eau de pluie, une ventilation à double flux, etc. J’ai regardé ce qui se faisait à l’étranger et je m’en suis inspiré. J’ai fait de la décarbonation un objectif », poursuit Romain Roy. Opiniâtre, le jeune homme ne se contente pas de coucher sur papier des plans, il met à exécution ses projets et construit trois mai-
J’AI REGARDÉ CE QUI SE FAISAIT À L’ÉTRANGER ET JE M’EN SUIS INSPIRÉ ”
sur le campus d’Orléans-la Source et continue à se fixer de nouveaux défis, sportifs ceux-là. Pour être pompier, la condition physique est essentielle, il le sait. Alors, il foule assidûment les pistes d’athlétisme. Et conformément à son caractère, il met les bouchées doubles : il devient spécialiste du 10 000 mètres, décroche des médailles à l’échelon régional et goûte aux joies du triathlon. Il est performant. « Je suis quelqu’un de passionné, sinon je ne me lance pas. J’ai besoin de prendre le lead. » Et puis une urgence en remplace une autre : celle de participer à la préservation de la planète. Un rôle de pompier à nouveau, en quelque sorte, mais à une autre échelle cette fois. La métaphore du colibri lui colle bien à la peau. « En 2012, dans ma chambre, j’ai dessiné des maisons à énergie positive, orientées vers le soleil, sans chauffage, l'élec-
sons en bois de 90 m2 chacune, toutes les trois à énergie positive. Le savoir-faire technique, il a commencé à l’acquérir en travaillant pour une entreprise locale qui fait aussi bien de la charpente, de la menuiserie, de l’isolation que des ossatures bois. Et puis, un père menuisier, ça pose aussi des fondations solides. La filiation paternelle, à nouveau. Sauf que ça ne va pas assez vite et que Romain Roy est un homme pressé. Les accords de Paris sur le climat en 2015 le font basculer vers l’entrepreneuriat. « Pour moi, ces accords ont eu un vrai impact. Mais je n’arrivais pas à me faire entendre, les banques ne me suivaient pas. J’ai dû continuer à travailler pendant trois ans chez mon employeur de l’époque », raconte-t-il. De 2012 jusqu’à la création de son entreprise, en juillet 2018, Romain Roy a « rongé son frein ». Dans un petit local de 9 m2, dans l’une des trois maisons qu’il avait
construites, il écrit l’histoire de sa future entreprise, dans le moindre détail, palier par palier. « Pendant six ans, j’ai vu 95 % des entreprises qui faisaient du photovoltaïque disparaître ». Loin de le décourager, cela le pousse à faire autrement, à être plus performant, plus inventif. « Le marché était incohérent, les nouvelles réglementations, les moratoires, les aides, tout changeait sans cesse. Depuis 2018, je ne fais que dérouler ce que j’ai écrit depuis 2012 : on sera national en 2027, européen en 2030 et notre CA sera de 100 M€ en 2027 », assure le jeune patron, comme s’il feuilletait un livre ouvert devant lui. En 2020, Serge Grouard, candidat à la mairie d’Orléans, fait appel à lui pour son expertise et son panache. L’aventure politique le séduit, il se lance et devient adjoint au développement durable et vice-président à la Métropole en charge des transports. Son emploi du temps se charge à nouveau. Mais, fidèle à son tempérament, il fixe des objectifs et s’y tient. Les équipes apprennent à le connaître et le suivent. Sa femme et son fils de 2 ans vivent à côté de Genève. Du coup, la semaine, il enchaîne les heures comme un coureur de fond avale les tours de piste et le week-end, les retrouvailles familiales se font, soit à Orléans, soit en Suisse. « Ce n’est pas facile, concède-t-il, mais tant que j’ai la même passion et l’énergie pour ce que je fais, je continue ». L’énergie renouvelable, le moteur de sa vie. Alexandre Ruffier
La Lettre Valloire - Mars 2022
33
ZOOM
DE L’ÉNERGIE À REVENDRE Si Roy Énergie a pris son essor il y a seulement trois ans, l’entreprise table sur un CA de 100 M€ dans cinq ans, soit… cinq fois plus qu’aujourd’hui. Selon son dirigeant, c’est la diversité de ses prestations, assurées par une équipe passionnée, qui fait toute la différence. C’est aussi ce qui lui permet de tenir à distance la concurrence.
omain Roy est formel : « Ce n’est que le début de l’histoire ». Une histoire écrite il y a quelques années alors que les banques et le monde de l’entreprise lui tournaient le dos. « Je ne sais pas comment on a fait, mais on l’a fait », résume, sans plus s’en étonner, le patron du Groupe Roy Énergie qui s’est fait une jolie place au soleil dans l’univers du photovoltaïque. Et ce, en l’espace de quelques petites années. Il lui paraît déjà loin le temps où il sillonnait la campagne eurélienne dans une modeste camionnette, faute d’argent pour s’acheter une voiture. « On a 32 M€ de contrats signés et on fait tout nous-mêmes, de A à Z », explique aujourd’hui Romain Roy. « Notre CA mensuel est de 1,5 M€, on sera bientôt à 2 M€ », annonce-t-il, sûr du destin de son entreprise. L’an passé, Roy Énergie a enregistré un CA de 21 M€. En 2027, il est prévu qu’il se situe aux alentours de 100 M€ et que son marché soit européen en 2030. À croire que Romain Roy lit dans le marc de café.
R
34
La Lettre Valloire - Mars 2022
Les planètes sont plutôt bien alignées : « Au début, c’était un challenge, j’ai toujours aimé la géopolitique, c’est l’art de l’anticipation. Avoir une vision, c’est dire aux gens où on veut aller et pourquoi il faut y aller. L’écologie, c’est justement la vision d’une autre société. Je voulais faire quelque chose de noble. J’ai construit mon idée ; maintenant, je déroule. » Des agences viennent ainsi d’être créées à Lyon, Tours, St-Pryvé-StMesmin… En attendant l’ouverture vers l’Europe... Pour faire face à son développement exponentiel, le groupe recrute à tour de bras : la masse salariale, qui correspond à un effectif actuel de 84 personnes, va être doublée d’ici à 2024 ou 2025. « On recrute deux à trois personnes par mois », ajoute Romain Roy. Il en est persuadé : la richesse de l’entreprise tient avant tout à l’engagement des salariés qui partagent les mêmes combats et les mêmes valeurs que lui. « Chaque salarié est en CDI. On verse des récompenses, on a monté une école de formation à Toury avec
20 000 m2 d’exposition pour que chacun puisse progresser. On sait tous où on va. On combat le carbone dans chaque maison, nous sommes les combattants du CO2, tous animés par la même passion quand on se lève le matin, affirme le jeune patron. J’ai aujourd’hui un bureau de recherche et de développement avec cinq ingénieurs qui y travaillent à temps complet. » L’objectif principal de l’entreprise est de démocratiser l’accès au
photovoltaïque. Pour y parvenir, elle n’hésite pas à bouleverser le marché, à concurrencer sans relâche les entreprises qui se sont lancées dans la filière opportunément, profitant de l’effet d’aubaine des aides et des primes délivrées par l’État. Et cela sans
des sous-traitants, tous les corps de métiers sont intégrés à l’entreprise, c’est notre manière de démocratiser le photovoltaïque qui doit être à la portée de tous. » Aujourd’hui, ses clients sont à 70 % des agriculteurs, puis viennent les entreprises, les particuliers
AVOIR UNE VISION, C’EST DIRE AUX GENS OÙ ON VEUT ALLER ET POURQUOI IL FAUT Y ALLER ” aucune conviction environnementale : « On lance une proposition de 1 000 centrales – des installations en toiture, NDLR – à 6 000 € en haut-de-gamme pour casser le marché et neutraliser tous les margoulins qui ont fait du profit facilement », lâche Romain Roy qui indique que la moyenne de prix pratiquée jusqu’à présent était de l’ordre du double. « Nous, on ne fait pas appel à
et les collectivités, encore en trop petit nombre. Mais attention, pas question de toucher aux terres agricoles : « Les champs sont faits pour nourrir les gens, pas pour planter des panneaux solaires à perte de vue. On aménage seulement les toits des hangars et des habitations », complète-t-il. Depuis un an, son entreprise va jusqu’à louer les toitures des particuliers, à prendre le désamiantage
à ses frais, à poser les panneaux et à en assurer la gestion pendant trente ans. Des solutions bancaires sont proposées pour en démontrer tout l’intérêt financier. Depuis quelques mois, le succès du groupe Roy Énergie fait des envieux. Neuf propositions de rachat ont été transmises depuis le début de l’année, dont certaines émanant de grands groupes. La dernière s’est montée à 10 M€. Pas mal pour une entreprise qui n’a que trois ans d’existence : « Jusqu’à l’âge de 25 ans, j’ai vécu sans argent, en HLM. Je n’ai pas de complexe à bien gagner ma vie aujourd’hui. » « Si un jour, je dois tout arrêter, cela voudra dire que je ne suis plus animé par la même passion. Alors, je repartirai dans autre chose », certifie Romain Roy. D’évidence, cette heure n’est pas encore arrivée : il a encore de l’énergie à revendre. AR
Pour Romain Roy, « les champs sont faits pour nourrir les gens. On aménage seulement les toits des hangars et des habitations. »
ZOOM
TERRE DE MISSION À 50 ans, Mathieu Réquillart est le nouveau directeur général de la Banque Populaire Val de France, établissement qui rayonne sur dix départements, de l’ouest francilien jusqu’à la Vienne, en passant par la région Centre-Val de Loire. Portrait d’un banquier pragmatique et intuitif dont l’ADN n’est pas loin de celui d’un chef d’entreprise. l l’assure en toute fin d’entretien : une fois à la retraite, il coupera son téléphone portable et les quelque 1 200 contacts qu’il contient seront remisés dans les archives d’une histoire professionnelle qui sera devenue caduque. « Je l’assume avant même d’y être », sourit Mathieu Réquillart, 50 ans, le nouveau directeur de la Banque Populaire Val de France qui succède à Luc Carpentier. « Je quitterai définitivement le monde de l’économie et me réinventerai une nouvelle vie », poursuit ce Normand d’origine, père de trois enfants, costume impeccable posé sur une silhouette robuste. Décider de rompre les amarres soi-même, c’est aussi une manière de ne pas être confronté à un téléphone qui s’arrêtera inévitablement de sonner du jour au lendemain. « Aujourd’hui, je suis un acteur de l’économie, on a de l’intérêt pour moi, mais ça s’arrêtera le jour où je quitterai mes fonctions », concède, lucide et sans amertume, Mathieu Réquillart. D’ailleurs, à l’image de cet anonymat promis par une future, et encore lointaine, retraite, il apprécie de tenir entre ses mains une crosse de hockey sur gazon durant les quelques rares moments
I
36
La Lettre Valloire - Mars 2022
que lui laisse son emploi du temps : « Chacun laisse son statut au vestiaire, tout le monde est égal. » Les coups d’épaule n’ont, en effet, pas de rang social… Pour l’heure, il n’est pas encore question de retraite dans le golfe du Morbihan où la famille bâtit petit à petit son nouveau port d’attache. Loin s’en faut. Depuis le 1er janvier, Mathieu Réquillart découvre donc un nouveau territoire, vaste et contrasté, que sa carrière
sur dix départements, de l’ouest francilien jusqu’à la Vienne, en passant par la région Centre-Val de Loire. Le tout pour veiller au destin de 572 000 clients, dont 172 000 sociétaires. On comprend que les contacts téléphoniques du nouveau directeur continuent de gonfler inexorablement. S’il ne connaît pas encore le tissu économique régional – il se promet d’ailleurs de rencontrer rapidement les « grands élus de la
J’AI UN INTÉRÊT FORT POUR LA BANQUE. MAIS J’AI AUSSI EN MOI UNE FIBRE D’ENTREPRENEUR ” pourtant bien fournie ne lui a pas encore permis de sillonner. C’est d’ailleurs dans son bureau tourangeau, hissé au dernier étage de l’imposant bâtiment du quartier des Fontaines qu’il nous reçoit. À son image, le bureau cossu et vitré avec vue sur l’autoroute dégage une autorité douce. À StQuentin-en-Yvelines, Mathieu Réquillart a un second pied-à-terre. La Banque Populaire Val de France y possède son vaisseau amiral. Il faut dire que l’armada est imposante : 2 055 collaborateurs et 185 agences réparties
région » –, il connaît en revanche sur le bout des doigts les subtilités de son métier. L’aisance de son lexique en témoigne. Et pour cause, Mathieu Réquillart est un pur produit bancaire. Après avoir assumé les fonctions de directeur d’agence dès l’âge de vingt-cinq ans, à Rouen, il a gravi les échelons à vitesse constante et régulière : initialement au sein du groupe BNP Paribas et du CIC, puis de la Banque Populaire du Nord et de la Caisse d’Épargne Bretagne Pays de Loire ensuite. « Je suis originaire d’une
famille d’entrepreneurs textiles. Mon père était négociant et mon grand-père a dirigé une grande entreprise textile dans le Nord. Mon arrière-grand père avait des propriétés dans le monde, au Chili et en Afrique du Sud, où il élevait des moutons et filait la laine. En troisième année d’école de commerce, j’ai eu un intérêt fort pour la banque, pour le pouvoir de l’économie. Mais j’ai aussi en moi une fibre d’entrepreneur », confie-t-il ouvertement. Ce passé familial industriel fait de réussites et d’échecs, « d’aventures heureuses et malheureuses », selon son expression, a de toute évidence modelé sa personnalité
et renforcé son envie « d’accompagner les chefs d’entreprise » en même temps que le « développement des territoires ». Il connaît les fragilités des uns et les brusques revirements que peuvent subir les autres. Sans retour possible parfois. L’expérience familiale a laissé des traces. « Mon rôle est de dessiner une stratégie pour le territoire en 2030, d’anticiper notre expertise », argue-t-il. Pragmatique, intuitif, il affirme se fier d’abord aux échos du terrain. « J’ai besoin d’être au contact des clients, quelle que soit la taille de l’entreprise, pour comprendre les projets ». Dans les dix-huit mois à venir, il s’est ainsi donné pour mis-
sion de rencontrer les 50 directeurs d’agence et « un client emblématique par agence ». Une priorité déjà planifiée dans son agenda. Pendant cinq ans, peut-être dix ans si le conseil d’administration de la Banque en décide ainsi, Mathieu Réquillart va donc s’efforcer d’être à l’écoute du monde économique local et de participer à son développement. « Je ne me suis jamais construit en me disant que je voulais être numéro 1, je ne peux prendre une mission que si elle a du sens pour moi », conclut-il. Manifestement, celle-ci n’en manque pas. Son téléphone portable va encore sonner quelques années. Johann Galy
La Lettre Valloire - Mars 2022
37
TERRITOIRES
POUR NE PAS OUBLIER LES PETITES VILLES L’État et quelques grands financeurs publics vont injecter 3 Md€ en six ans pour redynamiser les centres-bourgs de 1 600 petites communes et intercommunalités sur tout le territoire national. Le programme Petites villes de demain – dit, par abrévation, PVD –, vient enfin au secours de ces petites centralités, indispensables au maillage du territoire. En région Centre-Val de Loire, 99 communes sont concernées. près la revitalisation des villes moyennes, place à celle des petites communes ! Plus d’un an après le lancement du programme Petites villes de demain (PVD) à Barentin, commune normande dont il est le maire, Christophe Bouillon, président de l’Association des petites villes de France (APVF), salue avec enthousiasme un plan qu’il réclamait « avec force aux pouvoirs publics ».
A
Une volonté, peut-être, de rééquilibrer les chances des plus petites communes après la dotation faite aux 222 cités moyennes embarquées dans Action cœur de ville (ACV), le dispositif « miroir » à l’œuvre depuis 2018. « Certes, ce programme initial était une première réponse, mais il n’était pas ciblé sur nos petites centralités qui se sentent pourtant, elles aussi, abandonnées depuis bien long-
Pour Marc Angenault, maire de Loches, « le programme est sans doute plus adapté aux gros bourgs qui n’ont pas les moyens de se payer des capacités d’ingénierie. »
temps ! », renchérit Christophe Bouillon. Et pour cause. « Au regard des difficultés multiples auxquelles nous devons faire face, parmi lesquelles une offre de logements inadaptée, la dégradation du bâti ancien, une sévère érosion commerciale avec la baisse corrélative d’une population attirée par les grands centres urbains, l’urgence était de mise et le gouvernement se devait d’agir ! », martèle le maire de Barentin, une commune de 12 000 habitants à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Rouen. Le programme Petites villes de demain – qui succède à l’ancien appel à manifestation d’intérêt « centres-bourgs » – entend ainsi cibler des communes ou intercommunalités de moins de 20 000 habitants, dont la moitié de moins de 3 500 habitants. Avec une enveloppe de 3 Md€, affectée sur six ans. À en croire un sondage réalisé fin 2021 par Ipsos, 89 % des répondants ont une opinion positive de ces territoires – la crise sanitaire et l’avènement du télétravail étant passés par là… –, et mettent en
avant un cadre de vie plus convivial, plus sûr, et une proximité retrouvée avec la nature. Et cela malgré les nombreux freins à une installation sur place, plus ou moins ressentis par les candidats à un exode urbain souvent fantasmé. Les plus lucides citent,
tites villes de demain pour s’engager. « Le programme est sans doute plus adapté aux gros bourgs qui n’ont pas les moyens de se payer des capacités d’ingénierie et des ressources humaines qu’aux villes plus importantes », nous indique Marc Angenault, maire de
FAIRE ÉMERGER DE VÉRITABLES STRATÉGIES ET ÉVITER LES EFFETS D’AUBAINE AVEC LE RECYCLAGE DE VIEUX PROJETS ” pêle-mêle, les problèmes d’accessibilité, le décalage en matière d’offre de soins et culturelle, les limites du marché de l’emploi... La petite ville et la campagne continuent d’attirer les habitants des grandes villes, cela fait d’ailleurs une vingtaine d’années que la population des premières augmentent, partout, inversant le fameux exode rural de l’après-guerre qui s’est prolongé jusqu’à la première crise pétrolière. Largement « cousu-main » pour ces centres-bourgs et les territoires ruraux qui les environnent, le dispositif présente une singularité, et pas des moindres : celle de s’adresser aussi à des regroupements de communes, dans une optique de mutualisation des atouts. En région Centre-Val de Loire, plusieurs municipalités ont décidé d’unir leur force, comme St-Satur et Sancerre, dans le Cher, ou Fréteval et Morée, dans le Loir-et-Cher. Si cela permet à de très petites communes d’engager des chantiers projetés depuis longtemps, les collectivités plus importantes n’ont pas attendu l’opération Pe-
Loches (6 000 habitants), souspréfecture d’Indre-et-Loire qui forme une conurbation qui dépasse les 10 000 habitants avec ses voisines de Beaulieu-lèsLoches, Ferrière-sur-Beaulieu et Perrusson. La ville est éligible au dispositif PVD dans le cadre d’un zonage qui intègre aussi des communes de taille plus modeste, comme Descartes (3 400 habitants), Ligueil (2 200 habitants) ou Preuilly-sur-Claise (1 000 habitants), l’ensemble représentant un bassin démographique d’environ 17 000 habitants. « C’est surtout pour elles que l’effet de levier est maximal, soutient Marc Angenault. Petites villes de demain va leur donner l’occasion de structurer des projets, de mettre en cohérence des intentions en s’adossant à un chargé de mission qui est mis à disposition par la communauté de communes Loches Sud Touraine avec laquelle a été signée la convention. » Car le préalable est de recruter un chef de projet dédié pour lancer des études ad hoc en matière
de commerces, de services, d’habitat ou de mobilités, tout en créant des « clubs PVD », ralliant élus et techniciens, pour favoriser le partage de bonnes pratiques. « Comme pour Action cœur de ville, nous mettons le paquet sur l’ingénierie, mais de manière plus forte encore, tant cette expertise fait défaut dans les petites municipalités aux ressources bien plus limitées que les plus grandes », commente Gisèle Rossat-Mignod,
DE L’HABITAT INCLUSIF AU CŒUR DES PETITES VILLES Comment relever le défi du bien vieillir dans les petites communes ? Alors que les personnes du troisième âge y sont proportionnellement plus nombreuses qu’ailleurs, le gouvernement a lancé fin octobre, dans le cadre du programme PVD, un appel à manifestation d'intérêt (AMI) pour soutenir l’habitat inclusif des publics âgés. L’objectif : développer dans les centres-bourgs des offres innovantes en matière de logement des personnes âgées ou en perte d'autonomie, à mi-chemin « entre le maintien à domicile et l'Ehpad ». Cela pourrait passer par des solutions d'habitat regroupé permettant aux résidents de vivre avec d'autres seniors, mais en colocation ou en petites unités de vie. Quelque 500 opérations d'habitat inclusif en cœur de ville seront soutenues jusqu'en 2026 (45 M€ mobilisés), dont une centaine de projets pour la seule année 2022 (1,5 M€).
La Lettre Valloire - Mars 2022
39
TERRITOIRES
GRATUIT POUR LES PETITES VILLES Le dernier Salon des maires a permis à Cap Collectif de présenter sa plateforme mutualisée Purpoz, sorte de réseau social permettant aux collectivités locales, y compris les plus petites d’entre elles, de faire vivre la participation citoyenne. L’initiative permet « d’offrir un canal par lequel elles peuvent en quelques heures lancer leur consultation, leur budget participatif ou autre », décrypte le directeur de cette jeune société parisienne. Pour lancer son dispositif, qui coûtera « au moins trois fois moins cher » que la licence permettant à une collectivité d’avoir sa propre plateforme, l’abonnement des quelque 1 600 communes du programme Petites Villes de demain sera gratuit pendant un an, avec le soutien de la Banque des Territoires. D’ici à cinq ans, Purpoz ambitionne 2 500 à 3 000 collectivités utilisatrices, représentant 3 à 5 millions de Français inscrits.
40
La Lettre Valloire - Mars 2022
directrice du réseau de la Banque des Territoires, qui a mis à cet effet 200 M€ sur la table. C’est ce que confirme le maire d’Oucques-la-Nouvelle (Loir-etCher), Joël Naudin, pour qui le programme « constitue vraiment une occasion unique de bénéficier de capacités d’ingénierie territoriale auxquelles nous ne pourrions pas accéder d’ordinaire ». Parce que l’union fait la force, le village a constitué un binôme avec sa voisine Marchenoir. Bonne pioche, puisque Marc Fesneau, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, est toujours conseiller municipal de Marchenoir. « Ce qui est évidemment intéressant et gratifiant, c’est que plusieurs de ces réunions préliminaires ont eu lieu avec lui, reprend Jöel Naudin. On ne va pas décrocher la lune, mais on a ainsi l’occasion de s’adosser à une expertise unique. » PVD s’inscrit « au cœur de la relance », comme l’a souligné la ministre Jacqueline Gourault lors des premières rencontres nationales organisées le 25 octobre à Paris par l’Agence nationale de cohésion du territoire (ANCT). C’est pourquoi ce dispositif voué à accélérer la territorialisation du plan de relance suppose, là aussi, une large mobilisation des partenaires publics financeurs. Une trentaine ont été sollicités et répondu présents : la Banque des Territoires, l’Anah, le Cerema, l’Ademe… ou encore la Fondation du Patrimoine, en première ligne pour faire du levier patrimonial un moteur des petites villes.
Marc Fesneau, ministre chargé des Relations avec le Parlement, est toujours adjoint au maire de Marchenoir, commune retenue par le programme PVD avec sa voisine d’Oucques-la-Nouvelle.
L’opportunité à saisir n’a pas échappé à François Belhomme, maire d’Épernon (Eure-et-Loir), une commune de 5 700 habitants qui est également le siège des Portes euréliennes d’Île-de-France, un EPCI de près de 50 000 habitants à l’ouest de Chartres Métropole : « Ce programme constitue un outil de relance. La convention qui nous est proposée est importante pour obtenir des subventions ». Mais la gageure sera de « faire émerger de véritables stratégies de territoire et éviter les effets d’aubaine avec le recyclage de vieux projets », comme le rappelle l’un des principaux partenaires du programme. L’enjeu est de taille pour les bénéficiaires : PVD doit non seulement leur permettre d’accueillir demain de nouveaux habitants en quête de calme et de verdure, « post-métropolisation » oblige, mais surtout garantir à ceux qui y vivent déjà de pouvoir y rester… François-Xavier Beuzon
BPIFRANCE ET LA RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE LANCENT LE PRÊT CAP REBOND En janvier 2022, Bpifrance et la Région Centre-Val de Loire, en partenariat avec l’ordre des Experts Comptables, lancent le nouveau Cap Rebond pour accompagner la croissance des TPE et PME. La Région Centre-Val de Loire et Bpifrance créent le fonds FEDER REACT EU Cap Rebond mobilisant 11 M€ de fonds Européens, permettant de mobiliser plus de 38 millions de prêts en soutien au fonds de roulement des TPE / PME régionales pour préparer et relancer leur activité économique post-pandémie.
LE PRÊT CAP REBOND : QU’EST-CE QUE C’EST ? C’est avant tout un prêt innovant pour 昀nancer votre trésorerie et vos projets développement dans cette période de relance. Le dispositif est disponible 100 % en ligne pour simpli昀er la démarche d’octroi et garantir une expérience rapide et e cace aux dirigeants d’entreprises – pour qui la réactivité compte. Le Prêt Cap Rebond s’adresse aux TPE et PME de tous secteurs d’activité, ayant plus de 3 ans d’existence. Ce prêt, d’un montant compris entre 10 000 et 300 000 € est consenti à un taux 昀xe particulièrement avantageux béné昀ciant d’une aide de la Région.
Les prêts inférieurs à 75 000 euros béné昀cient d’une plateforme de souscription 100 % digitalisée. D’une durée de cinq à sept ans pour un di昀éré de remboursement d’un ou deux ans, ce prêt de soutien est accordé sans prise de garantie sur les actifs de l’entreprise ou le patrimoine du dirigeant. Un co-昀nancement du même montant que le prêt Cap Rebond est toutefois obligatoire auprès des réseaux bancaires. Pour en savoir plus, rendez-vous sur : caprebond.centre-valdeloire.fr
TERRITOIRES
À BUZANÇAIS, LE CHANTIER EST PERMANENT Depuis 2014, le chef-lieu de canton de l’Indre enchaîne les travaux pour renforcer son attractivité. L’obtention du label Petites villes de demain lui permettra de poursuivre sur cette voie, d’achever les programmes en cours et de surfer sur une dynamique reconnue au plus haut niveau.
Régis Blanchet, maire de Buzançais, veut aller au-delà de la revitalisation du seul centre-ville de sa commune
ôle d’un bassin de vie de 25 000 habitants qui s’étend bien au-delà du territoire de la communauté de communes Val de Brenne-Indre dont elle est la commune la plus peuplée, Buzançais s’est engagée depuis huit ans dans une grande opération de remodelage de son centre-ville : « Lorsque les gens venaient ici, ils avaient beaucoup de mal à trouver la mairie et les différents services et commerces de centre-ville. Pour attirer de nouveaux habitants et assumer
P
42
La Lettre Valloire - Mars 2022
notre rôle de centralité, nous devions redonner une certaine attractivité au cœur du bourg par le biais d’un réaménagement profond. C’est pourquoi, en 2014, nous avons candidaté à l’appel à manifestation d’intérêt sur la revitalisation des centres-bourgs », explique Régis Blanchet, maire depuis 1995 d’une commune qui comptait un peu plus de 4 500 habitants au dernier recensement. Lauréate comme cinquante-trois autres petites villes françaises – dont Châteaumeillant, une bour-
gade de 2 000 habitants située dans le département voisin du Cher –, Buzançais aura finalement été l’une des rares à être arrivée au terme de son programme d’actions : « Nous avons privilégié un travail global, en agissant simultanément sur trois piliers : l’aménagement urbanistique, un travail de fond plus spécifique sur l’habitat en centre-ville, avec à la fois des constructions et des réhabilitations de logements, ainsi qu’une aide apportée au commerce et à l’artisanat, ce dernier
axe ayant bénéficié des fonds Fisac », précise l’élu. Le centre-ville de Buzançais a beaucoup changé depuis 2017, année où les premier chantiers ont été engagés. La ville haute, où ont situées la mairie et la maison municipale de santé, a bénéficié d’une percée vers la rue Grande, une artère très passante. Une agence Oser Rénover, qui mutualise toutes les informations et toutes les aides qui peuvent être obtenues pour la rénovation de son logement, a été créée grâce à une subvention précieuse de la Banque des territoires ; elle a véritablement lancé une dynamique de rénovation des logements en centre-ville. « Bien que nous n’ayons que peu de logements vacants, il y a une forte demande d’installations, en raison du tissu économique important pour une commune de notre taille », précise Régis Blanchet. À côté de l’agence Osez Rénover, une toute nouvelle boucheriecharcuterie vient de s’installer, comme un symbole du renouveau du centre de la commune. Aurélie Monnier et Clément Querniard, dont la crêperie-salon de thé a ouvert en décembre 2020 au plus fort de la crise sanitaire, indiquaient récemment dans la presse locale « avoir choisi Buzançais car, depuis plusieurs années, (ils avaient) vu le centreville s’embellir, pour que les Buzancéens s’y sentent bien. » Une épicerie bio en vrac, le showroom de la marque de prêt-à-porter CBK et un traiteur se sont aussi installés dans cette partie du bourg.
En face de la mairie, une Maison France Services a été inaugurée en mars 2021 par Amélie de Montchalin, la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, et Joël Giraud, le secrétaire d’État chargé de la Ruralité qui vient tout juste de succéder à Jacqueline Gourault au ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales. Cette belle dynamique a valu à la commune d’être citée en exemple lors du congrès des maires de France et elle a plus ou moins
d’un espace de coworking au 1er étage de la Maison France Services est également envisagée pour offrir des services innovants aux habitants, actuels comme futurs. Au total, ce sont déjà près de 2,4 M€, subventionnés pour plus de la moitié par l’État, la Région Centre-Val de Loire et le Département de l’Indre, qui ont été investis dans cette transformation profonde du cœur de Buzançais ; le solde des dépenses est financé à 40 % par la commune et à 60 % par la communauté de
LE CENTRE-VILLE DE BUZANÇAIS A BEAUCOUP CHANGÉ DEPUIS 2017, DATE DES PREMIERS CHANTIERS ” servi de modèle pour le nouveau dispositif Petites villes de demain (PVD) déployé depuis 2020 par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) : le 8 septembre dernier, Buzançais a signé une convention avec le préfet de l’Indre, en compagnie de la commune voisine de Villedieu-surIndre avec laquelle elle partage son chef de projet PVD. Les deux communes et leur communauté de communes bénéficient du soutien de l’État jusqu’en 2026 pour mener à bien leur nouveau plan d’actions. Actuellement, les ouvriers s’attèlent à la création d’un parvis pour l’église paroissiale, en liaison avec celui de la mairie, au réaménagement du reste de l’avenue de la République jusqu’à la salle des fêtes, ainsi qu’à celui de la rue des Grands Jardins. La création
communes Val de l’Indre-Brenne. Début février, lors de la visite d’Éric Lombard, directeur général de la Caisse des dépôts, Régis Blanchet se montrait particulièrement satisfait que sa commune « ait tenté ce programme cousumain proposé par le ministère de la Cohésion des territoires. Les petites villes comme Buzançais ont besoin d’un accompagnement des grandes collectivités et bien sûr de l’État pour réaliser de tels projets et ainsi redonner du lustre à leur centre-ville ». Désireux de ne pas s’arrêter en si bon chemin, l’élu évoque désormais une nouvelle tranche de projets pour poursuivre la revitalisation de la commune, un vaste chantier qui ne saurait bien sûr se limiter à son seul centreville. Serge Daniel
La Lettre Valloire - Mars 2022
43
TERRITOIRES
BONPORT, UNE OASIS À MONTPARNASSE Proposer aux cadres en transit un endroit calme pour se reposer ou travailler : après un premier essai à la gare de Lille-Flandres, la société Bonport a ouvert cet hiver un espace-salon de détente et de travail à Montparnasse. Les voyageurs en provenance ou en direction du Val de Loire ont désormais leur (bon)port d’attache. rouver un peu de calme entre deux trains… et se poser pour travailler un dossier ou organiser une visioconférence : c’est ce que propose depuis quelques semaines Raphaëlle Borneuf sur les 60 m2 de son espace Bonport, dans la galerie supérieure de la gare
T
44
La Lettre Valloire - Mars 2022
Montparnasse, à quelques dizaines de mètres des voies. Son expérience de globe-trotteuse a convaincu Raphaëlle, alors consultante chez E&Y, que les cadres pressés avaient besoin d’une oasis dans des lieux d’affluence, notamment les gares et les aéroports. « J’avais beau-
coup de problème à passer des appels, souvent urgents, dans un environnement bruyant, se souvient la jeune femme. J’étais même parfois obligée de couper mon micro alors que je devais animer un call ». L’idée germe petit à petit et Raphaëlle contacte Aéroports de Paris
et Gares & Connexions, filiale de la SNCF. Cette dernière, très attentive à « l’expérience voyageur », lance un appel d’offre en 2018 pour équiper la gare de Lille-Flandres d’un salon voyageurs de 60 m2. Bonport, la société au nom explicite créée par Raphaëlle Borneuf, remporte la mise. L’inauguration a lieu en juin 2019. Les retours sont excellents. L’espace se crée rapidement une clientèle fidèle. Le prix est modique (6 € de l’heure) et les clients apprécient autant le calme des lieux que les consommations à volonté (café, thé, eau, jus de fruit, croissant ou biscuits). Séduite par ce démarrage, Gares & Connexions confie un autre espace à Bonport : cette fois gare Montparnasse, en pleine rénovation. Alors que les travaux d’amé-
nagement du salon de 60 m2 sont en cours et que celui de Lille commence à décoller, la crise sanitaire éclate. D’un coup, à partir de la mi-mars 2020, la gare de Lille est vide. Raphaëlle Borneuf ne résistera pas à ce tsunami : elle est obligée de fermer au mois de septembre 2021. Le salon de Montparnasse ouvre en décembre suivant. Le modèle lillois est dupliqué, avec deux bulles privatives d’une capaci-té
de 2 ou 3 personnes, proposées au prix de 42 € TTC de l’heure, deux alcôves solo à 14,90 € TTC de l’heure et une alcôve pour 3 personnes, au même prix. Le lounge, derrière l’espace boisson, peut accueillir 6 à 8 personnes, confortablement installées, pour passer des appels ou simplement attendre son train dans un endroit agréable. Contacts et réservations sur https://bonport.com/contact/
LES PLUS BRANCHÉS DES VÉHICULES Ë-BERLINGO 100% ÉLECTRIQUE
C5 AIRCROSS HYBRIDE RECHARGEABLE
Ë-C4 100% ÉLECTRIQUE
C5 X HYBRIDE RECHARGEABLE
Ë-BERLINGO VAN 100% ÉLECTRIQUE
Ë-JUMPER 100% ÉLECTRIQUE
Ë-JUMPY 100% ÉLECTRIQUE
VENEZ DÉCOUVRIR ET ESSAYER L’ENSEMBLE DE NOTRE GAMME ÉLECTRIFIÉE CITROËN CONSOMMATIONS MIXTES ET ÉMISSIONS DE CO2 EN DATE DU 01/01/2022 DE SUV CITROËN C5 AIRCROSS : WLTP DE 1,4 À 6,7 L/100 KM ET DE 31 À 151 G/KM ET DE NOUVELLE CITROËN C5 X (SOUS RÉSERVE D’HOMOLOGATION) : WLTP DE 1,3 À 6,6 L/100 KM ET DE 29 À 149 G/KM.
AUTOMOBILES CITROËN : RCS PARIS 642 050 199
Ë-SPACETOURER 100% ÉLECTRIQUE
Vos concessions CITROËN à Blois, Mer, Romorantin, Olivet et Saran B.B.B. AUTOMOBILES - 20 Bd Joseph Paul Boncour 41000 BLOIS | 29 Rte d’Orléans 41500 MER | 5001 Rue des Arrogantes 41200 ROMORANTIN-LANTHENAY
BD AUTOS 45
740 Rue de Bourges 45160 OLIVET
|
1754 RN 20 45770 SARAN
La Lettre Valloire - Mars 2022
45
ENTREPRISES
LE HANDICAP VIENT AU SECOURS DE L’EMPLOI La région Centre-Val de Loire se situe plutôt du côté des bons élèves en matière d’inclusion des personnes handicapées dans le monde du travail. Cette insertion, qui bénéficie du changement de regard de la société, constitue souvent une aubaine pour des entrepreneurs qui peinent à recruter.
Thomas Legrand
est aujourd’hui une évidence. Le regard sur le handicap dans le monde du travail est en train de changer. Il y a encore quelques années, il était vécu comme une contrainte qui nuisait à la compétitivité. Aujourd’hui, l’inclusion des handicapés au sein de l’entreprise se banalise. Mieux, elle est parfois vécue
C’
46
La Lettre Valloire - Mars 2022
comme un enrichissement. Et ce sont plutôt les pratiques de stigmatisation qui sont montrées du doigt ! », se félicite Arnaud Lévêque, le délégué régional de l’Agefiph, collecteur auprès des entreprises des fonds (environ 500 M€ sur le plan national, 20 M€ en région Centre Val-deLoire) qui financent l’insertion et le maintien des handicapés en entreprise. Certes, sur le plan national, on est encore loin de respecter les obligations de la loi de 1987 – la grande loi sur le handicap encore en vigueur – qui stipule que toutes les entreprises de plus de 20 salariés doivent compter au minimum 6 % de personnes reconnues comme handicapés au sein de leur effectif. Sauf à ce qu’elles versent une compensation qui financent les actions de l’Agefiph. « Sur le plan national, on se situe plutôt aux alentours de 3,5 %. Il y a donc encore du chemin à parcourir, mais nous sommes sur une bonne dynamique », se réjouit Arnaud Lévêque. En revanche, il ne cache pas sa satisfaction devant les résultats de la région Centre-Val de Loire :
« Le territoire est vertueux puisque le taux des personnes handicapées en situation d’emploi s’établit au dernier comptage à 4,2 %. » Et la part des entreprises qui doivent s’acquitter de 100 % du montant de la compensation – celle qui est composée des vrais mauvais élèves ! – diminue d’une année sur l’autre (7,5 % au dernier recensement). « On remarque en effet une évolution favorable », corrobore Thomas Legrand, le dirigeant du cabinet de conseil éponyme qui assure la coordination des différents acteurs régionaux du PRITH (plan régional d’insertion des travailleurs handicapés) : « Certes, il faut manier ces chiffres avec précaution parce que des situations de handicap peuvent être omises lors des procédures de déclaration, mais on observe qu’à la fin 2021, 7,8 % des demandeurs d’emploi en région Centre-Val de Loire (8,6 % au plan national) se trouvaient en situation de handicap, contre 8,2 % (8,8 % au plan national) à la fin 2019 ». C’est un fait, le tissu régional foisonnant qui se penche au chevet du handicap obtient des résultats
DOSSIER HANDICAP ET EMPLOI
probants : « Le niveau de mobilisation est important, y compris pour les directions des ressources humaines qui ont compris qu’elles pouvaient transformer cette contrainte en avantage », estime Arnaud Lévêque. « Le cas échéant, les projets financés après une étude très personnalisée peuvent participer à l’amélioration de la productivité et du bien-être de tous, valides comme non-valides », reprend le
métiques et agroalimentaires », nous indiquait ainsi récemment Sophie Cluzel, la secrétaire d’État auprès du Premier ministre en charge du handicap. « Les chefs d’entreprise en redemandent. Ils sont bluffés par la méticulosité avec laquelle ces salariés accomplissent leur tâche ( ...) Lorsqu’ils travaillent à la pesée des matières premières, on observe des gains de compétitivité parce qu’ils font preuve d’une pré-
LES DRH ONT COMPRIS QU’ELLES POUVAIENT TRANSFORMER CETTE CONTRAINTE EN AVANTAGE ” délégué régional de l’Agefiph. Par exemple, l’installation d’une table élévatrice au sein d’une ligne de production destinée à l’inclusion d’un opérateur handicapé permettra de réduire la pénibilité au bénéfice de tous les salariés. « Et que dire de l’apport des personnes handicapées à l’amélioration de l’assiduité et de la qualité du travail fourni par nos équipes, souligne ce responsable d’une entreprise industrielle loirétaine. Ces salariés sont souvent des exemples. Leur loyauté et leur concentration sont proverbiales. Ces personnalités ont souvent dû batailler pour s’insérer dans l’emploi, et tout simplement dans leur vie quotidienne, et ça se voit ! Leur mental est à toute épreuve. » Parfois même, le handicap peut se transformer en un véritable atout différenciant. « De très belles expériences d’inclusion d’autistes Asperger sont menées dans les industries pharmaceutiques, cos-
cision qui n’est pas fréquente chez les salariés sans handicap », témoigne ce responsable d’une unité de fabrication de cosmétiques. Enfin, et ce n’est sans doute pas la moindre des raisons qui incitent les entrepreneurs à découvrir les bienfaits de l’inclusion de salariés handicapés dans leur effectif, les tensions observés sur le marché de l’emploi « les incitent à se rapprocher d’un vivier qui est insuffisamment exploité », se réjouit le responsable de l’Agefiph Centre-Val de Loire qui souligne que la palette à disposition des entrepreneurs s’en trouve renforcée : « Nous sommes en mesure d’étudier tous les projets d’inclusion dans leur singularité, y compris et surtout ceux qui nécessitent des modifications ou des ajustements des postes de travail. Nous pouvons d’ailleurs les financer totalement ou partiellement. »
DES ENTREPRISES COMME LES AUTRES À mi-chemin de l’Ésat (établissement et service d’aide par le travail) et des entreprises classiques, se situent les entreprises dites adaptées qui « sont des entreprises à part entière, rivalisant avec leurs concurrents privés », nous indique Sabine Vigreux, directrice générale d’ADC (3 M€ de CA), un sous-traitant de l’industrie installé à St-Cyr-sur-Loire (37) qui emploie 151 salariés, dont 131 pâtissant d’un handicap reconnu : « Ces personnes souffrent d’être éloignées de l’emploi alors qu’ils ont tant d’aptitude à faire valoir ». Afin de jouer à fond leur rôle d’inclusion, les entreprises adaptées peuvent proposer à leurs salariés des CDD Tremplin d’une durée de vingt-quatre mois qui permettent de les accompagner vers d’autres employeurs privés et publics. Ces CDD – expérimentés dans la foulée de la loi du 5 septembre 2018 – sont naturellement accompagnés financièrement par l’État, comme le sont les contrats de travail.
JCS
La Lettre Valloire - Mars 2022
47
ENTREPRISES
LE BTP ŒUVRE AU MAINTIEN DANS L’EMPLOI La question du maintien dans l’emploi de salariés souffrant de handicaps « acquis » est prise très au sérieux par le bâtiment et les travaux publics. Une cellule régionale ad hoc multiplie les interventions. est une réalité méconnue. Une part très importante des handicaps n’est pas repérable à l’œil nu et appartient fréquemment à la catégorie des handicaps « acquis » au travail. « Après 40 ans passés dans le bâtiment, l’usure du temps pèse sur les organismes, parfois cruellement », indique ainsi Céline Métais, psychologue du travail et des organisations. Cette professionnelle dirige une cellule régionale spécialisée (San.T.BTP) qui œuvre à la détection des handicaps des salariés dans le bâtiment et les travaux publics et à leur maintien dans l’emploi après qu’ait été reconnue leur situation : « Dans les travaux publics, des progrès techniques ont pu être réalisés qui ont permis de réduire la pénibilité. C’est un peu moins le cas dans le bâtiment. » Bien sûr, cette situation ne doit rien à la mauvaise volonté des entrepreneurs, mais bien davantage aux caractéristiques des métiers. « Un carreleur passe une bonne partie de sa vie professionnelle à genoux. Un plâtrier ou un maçon effectuent des gestes répétitifs qui peuvent, bien sûr, aboutir à l’apparition de trou-
C’
48
La Lettre Valloire - Mars 2022
bles musculaires squelettiques (TMS) particulièrement invalidants. » Mais jusqu’alors, ces salariés taisaient leur handicap lorsqu’ils apparaissaient ou le minoraient avant d’être mis sur la touche et licenciés pour inaptitude médicale. Un gâchis humain et économique ! « Les choses ont évolué. Nous sommes passés d’une logique d’éviction à une logique d’inclusion, estime Céline Métais. Il y a eu un gros travail de sensibilisation. Les acteurs ont pris conscience que
NOUS SOMMES PASSÉS D’UNE LOGIQUE D’ÉVICTION À UNE LOGIQUE D’INCLUSION ” beaucoup de salariés pouvaient être maintenus dans l’emploi avec une adaptation de leur poste de travail, d’un reclassement ou d’une évolution de leur qualification ». Après formation, « ils peuvent très bien évoluer vers une fonction au sein d’un service achat, d’un bureau d’études ou d’une équipe commerciale ». Les dirigeants du BTP l’ignorent encore trop souvent – en particulier ceux à la tête d’entreprises de moins de 20 salariés –, toute une palette
d’aides peut être mobilisée auprès d’organismes comme l’Agefiph ou Cap Emploi. « Le point d’entrée, c’est le plus souvent le médecin du travail », observe Cécile Métais qui indique avoir conduit près de 128 interventions en 2020 en partenariat avec Cap Emploi, « des opérations qui sont toujours menées dans une logique de très grande personnalisation et ont permis de maintenir 50 personnes dans l’emploi ». JCS
DOSSIER HANDICAP ET EMPLOI
DES SALARIÉS AUTISTES CHEZ NOVANDIE, À AUNEAU En Eure-et-Loir, une association très innovante œuvre, depuis une dizaine d’années, en faveur de l’insertion dans le monde du travail de jeunes adultes souffrant de troubles du spectre de l’autisme. Elle a déjà réussi à convaincre Novandie et Guerlain de recruter une douzaine de ses protégés. Implantée à Auneau (28), l’association Vivre et Travailler Autrement œuvre sans relâche en faveur de l’inclusion par le travail des autistes dans la société. « En France, on dénombre environ 700 000 personnes autistes, dont 400 000 sont en âge de travailler », nous indique sa directrice Yenny Gorce. « Mais seulement 0,5 % des patients reconnus avec troubles du spectre de l’autisme (TSA) travaillent en milieu ordinaire, déplore-t-elle. C’est du gâchis. Ils représentent un potentiel sous-exploité. » Bien sûr, certains troubles induits par la maladie, notamment les difficultés à nouer des relations sociales et à communiquer, ne favorisent pas l’insertion dans le monde du travail. À l’inverse, les facultés d’hypervigilance, le goût pour l’ordre
I
et la régularité sont de réels atouts en milieu industriel. C’est fort de ce constat que Vivre et Travailler Autrement a conçu un dispositif qui n’a pas beaucoup d’équivalent. Il vise à « valoriser les compétences, à accompagner sans assister, et à encadrer sans temps mort, ni rupture ».
conditionne à Auneau des produits ultra-frais. « L’entreprise propose des postes d’opérateurs de conditionnement qui sont de véritables CDI à mitemps », explique Yenny Gorce. Mais pas question de proposer des missions au rabais, « ils occupent des postes qui correspondent
VALORISER LES COMPÉTENCES, ACCOMPAGNER SANS ASSISTER, ENCADRER SANS TEMPS MORT ” « Ce n’est pas un dispositif nouveau. Nous travaillons sur le sujet depuis déjà une dizaine d’années », nous précise Yenny Gorce. L’association revendique aujourd’hui l’intégration de 11 de ses membres chez Novandie, une unité du groupe Andros qui produit et
à un réel besoin de l’entreprise, rémunérés dans les mêmes conditions que les salariés ordinaires ». Cette initiative répondant aux attentes des recruteurs n’est pas isolée. L’association, qui a installé son siège à Auneau afin d’être proche du site de production de Novandie, a réussi à placer deux jeunes autistes chez Guerlain, à Chartres, dans des conditions comparables. « Ce qui est intéressant, c’est la constitution avec nos partenaires que sont le Département, les Ésat et l’Agence régionale de santé, d’un écosystème en faveur de l’autisme. Il fait aujourd’hui référence sur le plan national. » JCS
Chez Novandie, les autistes sont rémunérés comme les autres salariés
La Lettre Valloire - Mars 2022
49
ENTREPRISES
DOSSIER HANDICAP ET EMPLOI
LE HANDICAP COMME MOTIVATION Atteinte du syndrome SAPHO, un handicap invisible, Dora Blasberg s’est forgé un mental d’acier. C’est grâce à cet atout qu’elle s’est ouvert les portes d’une carrière au sein des ressources humaines d’EDF. ladie rare qui affecte le os et les articulations. Douleurs chroniques, accès de fatigue intense – « si je ne dors pas dix heures par nuit, je suis épuisée » –, le quotidien de la jeune femme est tributaire de cette maladie. D’autant qu’à cette première pathologie est venue se greffer une spondylarthrite : « C’est difficile. Mais je crois que les épreuves
sont guère concluantes, notamment ce passage dans un cabinet conseil où, un jour, le patron lui annonce froidement « que s’il avait connu son handicap, il ne l’aurait pas recrutée ». « J’ai alors décidé d’annoncer mon handicap sur mon CV ». Pari gagnant, le profil retient l’attention des recruteurs d’EDF : « Après avoir travaillé à la centrale de Chi-
JE NE ME VOYAIS PAS RESTER AUX PORTES DE L’ENTREPRISE ”
Les épreuves ont donné un moral d’acier à Dora Blasberg
ui pourrait penser qu’un handicap majeur très invalidant se cache derrière le visage souriant de Dora Blasberg, une jeune femme de trente ans à l’enthousiasme communicatif ? « Et oui, 80 % des handicaps sont invisibles, d’où la grande difficulté de les faire reconnaître dans le monde de l’entreprise », assure-t-elle. Depuis l’âge de sept ans, Dora souffre du syndrome SAPHO (pour Synovite, Acné, Pustulose, Hyperostose et Ostéite), une ma-
Q
50
La Lettre Valloire - Mars 2022
m’ont donné un mental d’acier. J’ai appris toute petite à travailler en serrant les dents. Et j’ai toujours tendance à en faire plus que les autres. » Reconnaissant bien volontiers la qualité de son suivi durant son enfance et son adolescence – « À la faculté, j’avais droit à une aide qui prenait des notes, ce qui n’était pas toujours du goût de tous mes camarades » –, Dora Blasberg réussit ses études de psychologie, sanctionnées par un master. « Je ne me voyais pas rester aux portes de l’entreprise. J’avais trop envie de m’exprimer et de faire valoir mon potentiel ». Les premières expériences ne
non, j’ai été affectée au service des ressources humaines de la direction commerciale Île-deFrance. Je m’occupe notamment des mobilités des 900 collaborateurs. Je partage mon temps entre Tours en télétravail et Paris. » Cette bosseuse bénéficie d’une chambre d’hôtel payée par l’énergéticien, d’horaires aménagés et même d’un bureau affecté sur un site où on pratique plutôt le flex-office : « J’ai expliqué à mes collègues les raisons de ce traitement de faveur. Je ralentis parfois mon rythme pour ne pas les agacer et m’épargner. Et tout se passe pour le mieux. Mon handicap n’est plus un sujet ». JCS
QUAND PÔLE EMPLOI FAIT DU COUSU MAIN La méthode de recrutement par simulation (MRS), mise en place par Pôle Emploi, a permis à Scavi d’embaucher une vingtaine de couturières à Saran. uand Scavi a fait part de son ambition de relocaliser une partie de sa production de lingerie et de vêtements de sport dans le Loiret, la partie était loin d’être gagnée. « Nous n’avions plus de compétences en confection, ni en couture ; sans formation de base et de BEP, il fallait partir sur une tout autre approche de recrutement », explique Patrick Boissy, directeur de Pôle Emploi Loiret.
Q
Et cette approche porte un nom : la méthode de recrutement par simulation (MRS). « On cherche des personnes motivées par ce travail sans se soucier du CV et du parcours professionnel. On teste les aptitudes et les compétences par rapport aux besoins de l’entreprise », poursuit Patrick Boissy. En deux fois, 114 candidates ont été évaluées – seules des femmes se sont présentées aux sessions – et 72 ont passé le cap de la MRS.
Au final, 49 ont été retenues. À l’issue d’une formation et d’une période d’essai, une vingtaine d’entre elles ont été embauchées sur le site de Saran. Une nouvelle formation a été mise en place cet automne, toujours au bénéfice de Scavi. Au total, l’entreprise pourrait recruter, d’ici à 2022, plus d’une centaine d’opératrices de production. Johann Galy
La Lettre Valloire - Mars 2022
51
ENTREPRISES
UI INVESTISSEMENT PREND PIED DANS LA RÉGION Le capital-risqueur régional Centre Capital Développement, qui a déjà plusieurs vies à son actif, est désormais géré par UI Investissement. Le passage de témoin va permettre d’adosser CCD à l’un des trois grands intervenants sur le marché de l’investissement dans les PME. affaire a été discrètement signée au printemps dernier après quelques mois de négociations exclusives. Sofimac, qui gérait depuis plusieurs années la société régionale de capital-risque Centre Capital Développement (CCD), s’est rapproché d’UI Investissement, une société de capital-investissement d’égale importance. Sébastien Boulard, ancien directeur général de Sofimac Investment Partners et de CCD, devenu désormais directeur associé d’UI Investissement en charge de la région Sud, voit dans ce rapprochement l’opportunité de réunir quatre expertises, celle du capital-développement et de la transmission, celle du capital-innovation – un domaine qui est le cœur
L’
Christophe Priou
52
La Lettre Valloire - Mars 2022
du métier de CCD –, mais aussi le développement territorial et la consolidation, cela autour de trois plateformes d’investissement : régionale, nationale et sectorielle. Autre avantage, les deux sociétés étaient très complémentaires sur le plan géographique, Sofimac étant actif « dans la moitié sud
majoritaire d’UI Investissement au capital d’ERBC, la société de recherche dédiée aux essais précliniques de médicaments – c’està-dire avant qu’ils soient sur testés sur l’humain – constituée à partir du CERB, la société fondée par Serge Richard à Baugy, dans le Cher (voir ci-contre).
UI INVESTISSEMENT EST DÉSORMAIS DANS LE TOP 3 DES SMALL CAPS, ENTRE SIPAREX ET TURENNE CAPITAL ” du territoire et UI ayant développé une forte présence dans la moitié nord », comme l’expliquait lors de la fusion Pascal Voulton, président du groupe Sofimac. « Nous sommes désormais dans le Top 3 des small caps (*) », se félicite Sébastien Boulard. UI Investissement, avec ses quelque 1,5 Md€ sous gestion, se positionne en effet entre Siparex, qui caracole en tête avec 2,8 Md€ de participations dans des PME mais aussi des ETI, et Turenne Capital (1,4 Md€ gérés). Ce mouvement de consolidation a tout de suite trouvé une première concrétisation avec l’entrée
Cette participation « historique » de CCD est donc passée dans les mains d’UI Investissement qui a investi quelque 25 M€ – et largement « désintéressé » au passage la SCR orléanaise – dans un ensemble qui ambitionne de devenir un leader européen de la recherche préclinique. Les rênes ont été confiées pour l’occasion à Christophe Priou, un vétérinaire ayant fait ses armes dans plusieurs big pharmas (Pfizer, MSD, Sanofi..) et qui épaulait Serge Richard depuis deux ans. FXB (*) Dans le jargon boursier, les small caps sont des entreprises dont la capitalisation boursière n’excède pas 150 M€. Les mid caps vont jusqu’à 1 Md€ et les large (ou big) caps dépassent le 1 Md€ de capitalisation.
L’EX-CERB VISE LE LEAD EUROPÉEN Spécialisée dans les essais précliniques des nouvelles molécules thérapeutiques, la CRO berrichonne CERB – rebaptisée ERCB – ambitionne d’être le pivot de la consolidation du marché. Elle s’adosse à UI Investissement, devenu son actionnaire de référence.
ondé en 1973 et installé depuis à Baugy, près de Bourges, le Centre de recherches biologiques (CERB), une société spécialisée dans les essais précliniques et les études pharmacologiques sur les médicaments, nourrit de fortes ambitions. Rebaptisée ERBC – le même acronyme recomposé dans sa version anglaise –, elle vise tout simplement « à devenir un leader européen indépendant du marché », résume Christophe Priou, son directeur général. Cet objectif est compatible avec un panorama économique et politique qui beaucoup évolué ces derniers mois Le marché européen du préclinique ou « non-clinique », phase qui correspond à toutes ces étapes majeures où l’on évalue in vitro ou
F
sur des modèles animaux la sécurité des produits de santé avant qu’ils ne soient testés sur l’homme, est atomisé et trusté par des opérateurs américains et asiatiques : « Il y a donc un intérêt majeur du point de vue de la souveraineté sanitaire qu’un leader européen soit constitué dans les meilleurs délais », poursuit Christophe Priou. La pandémie a démontré aux Européens ce qu’il pouvait en coûter de laisser à d’autres le leadership dans des secteurs stratégiques…
« Aujourd’hui, nous disposons de 16 000 m2 de surfaces de laboratoires répartis entre Baugy (5 500 m2) et notre plateforme italienne de Pomezia (10 500 m2), poursuit le dirigeant qui vise beaucoup plus haut. Nous sommes à l’affût d’opportunités de croissance externe, avec la volonté de parvenir à un CA intermédiaire d’une centaine de millions d’euros. Mais ce n’est qu’une première étape. Nous souhaitons parvenir à la pole position en Europe. »
L’EX-CERB, REBAPTISÉ ERBC, VISE RAPIDEMENT UN CHIFFRE D’AFFAIRES D’UNE CENTAINE DE MILLIONS D’EUROS ” Le coup d’envoi de ce projet offensif a été donné en novembre 2019 lorsque le CERB a racheté les activités précliniques de RTC, filiale du laboratoire italien Menarini, une opération qui a permis de plus que doubler la taille de l’entreprise en portant le CA à environ 40 M€ et les effectifs à 260 salariés, dont près de la moitié dans le Cher où a été conservé le siège social.
Pour parvenir à cet objectif, ERBC devrait pouvoir compter sur le soutien d’UI Investissement, entré en décembre 2021 au capital et devenu l’actionnaire de référence aux côtés de l’équipe dirigeante et du management : « C’est un point auquel je tiens beaucoup parce qu’il est le garant d’une puissante dynamique collective », estime Christophe Priou. JCS
La Lettre Valloire - Mars 2022
53
ENTREPRISES
À VENDÔME, L’AFFAIRE EST DANS LE SAC La célèbre marque de luxe Louis Vuitton va faire de Vendôme l’une de ses places fortes industrielles. Elle y a inauguré en février ses 17e et 18e ateliers français de fabrication de sacs en présence de Bernard Arnault et de Bruno Le Maire. En projet, le troisième atelier pourrait porter à près de 1 000 le nombre de salariés Louis Vuitton sur le territoire vendômois.
e ballet incessant des vans VIP qui se frayaient un chemin, le 22 février dernier, entre la gare TGV et le centreville de Vendôme, ne laissait pas la place au doute. Un événement majeur était en train de rompre le calme de la sous-préfecture de Loir-et-Cher. « Nous célébrons l’alliance entre deux grandes marques : Louis Vuitton, qui est l’un des principaux vecteurs de l’excellence et de la culture française dans le monde,
L
54
La Lettre Valloire - Mars 2022
et Vendôme, une très grande marque territoriale également connue sur toute la planète », a affirmé avec lyrisme le ministre de l’Économie Bruno Le Maire au cours de cette journée exceptionnelle qui a vu l’inauguration des deux ateliers de maroquinerie installés dans la ville. Bernard Arnault, le patron de LVMH – pour Louis Vuitton, Moët, Hennessy – accompagné de son fils et de sa fille, avait aussi tenu à faire le déplacement afin de célébrer cet an-
crage industriel générateur de plusieurs centaines d’emplois. « Un écrin de prestige pour des produits façonnés par la main de l’homme » : toujours lyrique, Bruno Le Maire a été impressionné par l’atelier Louis Vuitton, installé au cœur du site classé de l’Abbaye, un édifice dont le plan roman initial remonte à l’an 1032. Cette unité de 4 000 m2 sur quatre niveaux, située en plein centre-ville, est exceptionnelle. L’imposant bâtiment a été réhabilité à l’issue d’un programme de travaux de 18 M€, entièrement financé par LVMH. Il devrait rapidement compter 200 salariés, à l’instar de l’autre atelier Louis Vuitton, créé de toutes pièces celuilà sur le parc technologique du Bois de l’Oratoire et inauguré le même jour. Ce site industriel de 7 000 m2, « l’une des usines françaises les plus avancées sur le plan du développement durable », glisse Michael Burke, le pdg de Louis Vuitton, pourrait dans un proche avenir s’adosser à un troisième atelier vendômois d’une taille comparable. La direction a confirmé
qu’elle a déjà acquis l’emprise foncière, tout en se refusant à révéler le calendrier. Mais le go pourrait être donné très prochainement. « C’est sur le même modèle que le programme mené à Beaulieusur-Layon, au sud d’Angers : un premier atelier a été inauguré en septembre 2019. Un second, de 6 000 m2, est en construction et pourrait être réceptionné au printemps 2022, indique un porteparole. Pour des raisons d’agilité, de préservation et de transmission des différents savoir-faire qui empruntent davantage à l’artisanat d’art qu’à l’industrie, aucun de ces ateliers n’emploie jamais plus de 350 salariés. C’est la règle ». Le député Pascal Brindeau, maire de Vendôme de 2014 à 2019, se souvient du jour où la direction de Louis Vuitton lui a demandé s’il accepterait de céder le site de l’Abbaye, à l’époque en très mauvais état : « Je n’ai pas mis dix secondes à me décider. » Aujourd’hui, il se frotte les mains : « Si le troisième atelier voit le jour et fait le plein comme les deux premiers, Louis Vuitton pourrait employer un millier de salariés à Vendôme et devenir ainsi le premier employeur du territoire. » Mais pour atteindre ces objectifs, il faut former et recruter. Aidé par Pôle Emploi et le centre technique du cuir, Louis Vuitton identifie les candidat(e)s qui deviendront les futurs maroquiniers et maroquinières appliqués et détenteurs de savoir-faire de très haut niveau. « Il faut dix-huit mois pour former l’un de nos maroquiniers. Nous ne demandons pas de qualification spécifique. Ce qui fait que
nous accueillons beaucoup de salariés en reconversion professionnelle… qui n’ont jamais utilisé une machine à coudre de leur vie. En amont de ces formations très exigeantes, nous validons par simulation les habilités manuelles, voire la dextérité, et l’acuité visuelle », indique l’une des responsables du groupe. En attendant ces perspectives heureuses, les deux ateliers vendômois de Louis Vuitton – les 17e et 18e du territoire national – vont consolider et accroître leur expertise « dans le travail des cuirs et des peaux exotiques, notamment le crocodile, l’alligator et le python », nous explique Michael Burke. Ils seront tous dédiés à la production artisanale des fameux sacs Vuitton qui ont fait la renommée mondiale du groupe, notamment le modèle Capucine dont la fabrication, entièrement réalisée à la main, exige 350 opérations différentes. « À l’Oratoire, le sac Capucine devrait représenter 80 % de l’activité », estime Michael Burke, tandis que sur le site de l’Abbaye, l’activité se partagera entre les modèles Capucine et Petite Malle. Capucine est un clin d’œil à l’histoire du groupe. C’est en effet en 1854 que Louis Vuitton, un ouvrier jurassien arrivé à pied à Paris, ouvrit son premier atelier de fabrication de malles de voyage ; il était situé au 4, rue Neuve-desCapucines, devenu quelques années plus tard la rue des Capucines, à quelques pas de la place Vendôme…
LOUIS VUITTON, L’ENRACINÉ Le groupe Louis Vuitton aime se fondre dans les paysages français et bénéficier de la réputation d’excellence de ses terroirs industriels. Ainsi, à Vendôme, le groupe renoue avec une ancienne tradition puisque la commune a été un haut lieu de la ganterie et des tanneries. Louis Vuitton, qui emploie près de 4 800 salariés industriels, s’adosse à pas moins de dix-huit ateliers – bientôt vingt ! – répartis sur l’ensemble du territoire, dont les deux unités d’Issoudun, dans l’Indre. Depuis cinq ans, le groupe de luxe a créé 1 800 emplois industriels et devrait recruter 1 000 salariés supplémentaires d’ici à 2024. Le problème est de trouver les profils adéquats.
JCS
La Lettre Valloire - Mars 2022
55
ENTREPRISES
MECACHROME EN PLEINE CROISSANCE EXTERNE
ouhaitée par le gouvernement, la consolidation des acteurs de la sous-traitance aéronautique entre dans une phase active. Le mécanicien de
S
GUYARD DÉMÉNAGE À VILLEDIEU-NIHERNE Le fabricant et négociant de vêtements de protection (gants, vestes et tabliers) Guyard (10,3 M€ de CA en 2020, 25 salariés) transférera en mai prochain son activité de Moulinssur-Céphons à la ZA de Villedieu-Niherne, dans un bâtiment en fin de construction de près de 5 000 m2 ; il comprendra des bureaux, un atelier et des
56
La Lettre Valloire - Mars 2022
précision Mecachrome (250 M€ de CA, 2 500 salariés), qui possède ses deux unités historiques à Amboise (37) et Aubigny-sur-Nère (18), annonce le rachat d’un autre acteur du marché, WeAre Group. Deux fois plus petite, cette société originaire de Montauban (82) devrait réaliser en 2021 un CA de 95 M€… contre 143 M€ avant la crise. Le nouvel ensemble s’adossera à des offres très complémentaires – les composants et les petites pièces pour WeAre Group, les plus grosses pour Mecachrome – et emploiera plus de 3 600 salariés. Le groupe, qui escompte 450 M€ de CA en 2022 – dont 80 % grâce aux commandes des
espaces de réception, de préparation et de stockage des commandes. À l’étroit dans ses locaux actuels, l’entreprise profitera de ce déménagement pour réinternaliser sa logistique, répartie actuellement entre Châteauroux, la Belgique et la Slovaquie. « On gardera notre site slovaque pour tout ce qui est export vers les pays de l’Est, mais le but est de diminuer le stockage là-bas », indique Mik Deraeve, directeur général de Guyard.
donneurs d’ordre de l’aéronautique –, sera présidé par Christian Cornille, l’actuel président de Mecachrome, tandis que son homologue Pascal Farella, aujourd’hui à la tête de WeAre Group, prendra le poste de directeur général. Initié par Tikehau Ace Capital, un fonds dédié à l’aéronautique qui détient 65 % des actions de Mecachrome, ce rachat renforcera l’un des principaux sous-traitants aéronautiques français de rang 1, avec Figeac Aéro (343 M€ de CA) et Latécoère (413 M€ de CA). En 2021, Mecachrome a déjà racheté Hitim (130 salariés et 20 M€ de CA), qui possède des unités à Annecy (74) et Roanne (42).
COLAS VA ROULER AU BIOCARBURANT Le groupe Colas (55 000 salariés, 12,3 Md€ de CA), la filiale dédiée aux travaux publics du groupe Bouygues, vient de signer un accord avec Saipol, une filiale du groupe Avril spécialisée dans la transformation des graines oléoprotéagineuses (colza et tournesol) pour la production d’huiles, de tourteaux d’oléagineux et de biodiesels. Cet accord prévoit que les 300 poids lourds de Colas en France seront alimentés avec le biocarburant Oleo100. Des cuves d’Oleo100 ont été installées dans sept établissements de Colas, dont trois en région Centre-Val de Loire : à St-Cyr-en-Val et Nogent-sur-Vernisson (45) et à Tours. D’ici à 2023, Colas a pour ambition de convertir 70% de ses poids lourds en fonction des résultats de l’expérimentation.
MARS PETCARE INVESTIT 85 M€ À ST-DENIS-DE-L’HÔTEL
À l’occasion de la visite du ministre délégué chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité Franck Riester, le groupe Mars Petcare a annoncé qu’il allait investir 85 M€ au bénéfice de son usine historique de St-Denis-de-l’Hôtel, spécialisée dans la fabrication de petfood et notamment de boîtes et de sachets fraîcheur Pedigree et Whiskas. Le programme est lié à la forte demande qui s’exprime sur le marché en faveur des sachets fraîcheur. Il va se concrétiser par le déploiement de deux nouvelles lignes qui augmenteront de 45 000 tonnes les capacités de production de pochons, soit une hausse de 70 % par rapport à la capacité installée. Ce projet va donner lieu à la création de 70 postes sur un site qui emploie environ 450 personnes.
RECRUTER UN.E JEUNE EN ALTERNANCE AVEC AFTEC FORMATION ?
C’EST GAGNANT-GAGNANT !
Formations en alternance à Tours : Marketing / Vente / Communication • BTS Management Commercial Opérationnel • BTS Négociation et Digitalisation de la Relation Clients • BTS Communication
Assistanat / Gestion de projet • BTS Support à l’Action Managériale
Comptabilité / Gestion
ES PORT TES R OUVE
MARS LES 26 EPT. S ET 03 O ’INF
SD • BTS Comptabilité et Gestion TEMP OIS / X 2 M • Titre Pro. Gestionnaire de paie • Diplôme de Comptabilité et de Gestion (DCG) • Diplôme Supérieur de Comptabilité et de Gestion (DSCG)
ALTERNANCE POSTBAC
ET FORMATION PROFESSIONNELLE ORLÉANS | TOURS | CHINON
AFTEC Formation | 244 rue Giraudeau - 37000 TOURS | 02 47 36 20 50 | www.formation-aftec.com
La Lettre Valloire - Mars 2022
57
EN VUE
Chef de bureau à la sous-direction des synthèses statistiques et revenus au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, François-Pierre Gitton a pris ses fonctions de directeur régional de l’Insee en Centre-Val de Loire le 21 février, en remplacement d’Yvonne Pérot qui était en poste depuis 2016. Cette dernière a pris ses fonctions à la tête de la direction interrégionale Antilles-Guyane de l’Insee, dont le siège est en Guadeloupe.
RÉGION Véronique Bel, diplômée de l’École des Mines de Nancy, a pris ses fonctions en début d’année de directrice clients-territoires du distributeur de gaz GRDF pour les régions Centre-Val de Loire, Bretagne et Pays de la Loire. Elle a débuté sa carrière en 1995 à la direction de la recherche de Gaz de France et a occupé différents postes d’expertise. Depuis 2019, Véronique Bel était directrice territoriale GRDF en Île-de-France ; à ce titre, elle a conduit la stratégie de développement des gaz verts dans la région francilienne avant d’étendre ses responsabilités en devenant directrice adjointe de la direction clients-territoires d’Île-de-France.
Julien Nègre a été nommé membre du directoire en charge de la banque de détail de la Caisse d’Épargne LoireCentre, qui couvre les marchés des particuliers, professionnels et les associations de proximité dans toute la
région Centre-Val de Loire. Possédant une expérience d’une quinzaine d’années au sein du groupe BPCE (Banque Populaire-Caisse d’Épargne), il était jusqu’à présent directeur du marché premium des Caisses d’Épargne. Fabrice Coriton, le directeur de l’usine Thépenier Pharma & Cosmetics
de Chavigny-Bailleul (27), vient d’être élu président du Grepic, le groupement régional des établissements pharmaceutiques en région Centre-Val de Loire. Il s’installe dans le fauteuil jusqu’alors occupé par Franck Villijn, le directeur de l’usine Chiesi de La Chaussée-St-Victor (41). Fabrice Coriton a auparavant exercé des fonctions de responsable industriel chez Leo Pharma à Dreux ainsi que chez Expanscience à Epernon. Aude Chereau a pris le 1er janvier le poste de directrice générale régionale de VYV3 Centre-Val de Loire, une structure mutualiste à but non lucratif qui gère plus de 135 établissements de soins et d’accompagnement mutualistes (SSAM) en région Centre-Val de Loire ; elle succède à Dominique Bardou, en poste depuis 2018. Aude Chereau occupait précédemment la même fonction à la Mutualité Française Lorraine (UTML).
Par arrêté ministériel, Yann Chamaillard a été nommé directeur de l’Institut national des sciences appliquées (Insa) Centre-Val de Loire pour un mandat de cinq ans ; il remplace Nicolas Gascoin qui avait été démis de ses fonctions au mois de septembre dernier.
CHER Le sénateur LR du Cher Rémy Pointereau a été nommé président d’une mission conjointe de contrôle sur la revitalisation des centres-villes et des centres-bourgs ; elle fait suite à la proposition de loi portant pacte national pour la revitalisation des centres-villes et centres-bourgs qu’il avait lui-même portée en 2018, conjointement avec le sénateur PS du Doubs Martial Bourquin.
C����� �� C���������� & S���� �� J����� ��� ������� «I������� ��� ���� ������ ����������»
RLÉANS Contactez-nous : 02 38 24 12 12 - ovle.fr
58
La Lettre Valloire - Mars 2022
VAL DE LOIRE ÉVÉNEMENTS
POUR LA 12E ANNÉE CONSÉCUTIVE BANQUE POPULAIRE EST DÉSIGNÉE 1RE BANQUE DES PME . NOUS REMERCIONS TOUS NOS CLIENTS PME POUR LEUR CONFIANCE.
Étude Kantar PME-PMI 2021 – Banques Populaires : 1re banque des PME. BPCE Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 180 478 270 euros Siège social : 50, avenue Pierre Mendès France – 75201 Paris Cedex 13 – RCS Paris N° 493 455 042 –