Magazine Lettre Valloire de juin 2022

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5€ MAGAZINE N°59 - JUIN 2022

LE COMMERCE EN LIGNE DE MIRE Audrey Lecoq (Pharmazon)



Point de vue Transitions e conflit russo-ukrainien a mis en évidence les vulnérabilités européennes en matière d’approvisionnement énergétique. Et dans ce contexte, la France, en dépit de la puissance de sa filière de production électronucléaire, n’a pas atteint un niveau suffisant d’indépendance. Comme le souligne l’enquête que nous consacrons au sujet dans cette édition estivale, notre pays est lui aussi durement touché par la hausse des prix du gaz et de l’électricité, provisoirement contenue par un coûteux bouclier tarifaire. Pourtant, « les Français n’ont encore rien vu », prévient l’un des dirigeants de TotalÉnergies, qui s’inquiète des conséquences sociales et politiques d’une hausse continue des prix. Le spectre des Gilets jaunes plane sur la facture de gaz… Les entreprises aussi, en particulier les plus électro-intensives d’entre elles, doivent s’attendre à subir un choc qu’elles peineront à répercuter sur leurs clients. Le signal prix étant bien entendu la meilleure incitation au changement, le moment est venu d’accélérer les inévitables transitions, trop longtemps retardées ; elles permettront à la communauté nationale de dépasser les contraintes énergétiques et d’amortir les conséquences des bouleversements climatiques. Bien sûr, il serait folie de céder aux sirènes de l’écologie radicale qui réclame la tête de la filière nucléaire, notre meilleure alliée…

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Ce magazine est un hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Édité par MCM Presse - SAS au capital de 100 000 € - RCS Tours B 450 613 591 - Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours - Adresse postale : BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com - Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) - Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) - Aurélie Vouteau (édition) Ont participé à ce numéro : Johann Galy - Alexandre Ruffier - Maquette : Régis Beaune - Diffusion : Nadine Gomès. Publicité : au support et LMedia&Co - 09 52 97 45 04 - contact@lmedia.fr - Crédits photographiques : Cyril Chigot : Une, 5, 30, 34-35 - DR : 5, 6, 7, 8, 11, 12, 13, 17, 19, 20, 21, 24, 34, 43, 45, 47, 48, 49, 50 - Christel Sasso/Capa Pictures : 16 - Ville de Tours/Gaëlle BC : 28 - Jean-Christophe Savattier : 22, 36, 38, 41, 44, 45 - Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) - Informations légales : Abonnement annuel 2022 (23 numéros + magazines hors-séries) : 385 € - Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 485 € - Prix de ce numéro : 5 € - CPPAP : 0126 I 85872 - ISSN : 2822-7158 - Dépôt légal : Juin 2022 - Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon.

La Lettre Valloire - Juin 2022

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SOMMAIRE Juin 2022

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Points chauds L’actualité du trimestre en bref.

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Reportage

La forte augmentation des prix de l’énergie alimente les tensions inflationnistes. Ces perspectives peu réjouissantes doivent inciter les industriels à revisiter leur modèle économique.

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Politique

La majorité présidentielle a fait preuve de résilience en région Centre-Val de Loire, où elle gagne même un siège par rapport à 2017 : seize, contre quinze il y a cinq ans.

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Territoires Le territoire issoldunois, qui bénéficie d’une solide base industrielle, parvient à maintenir son attractivité grâce à une grande proximité avec les entreprises et la mobilisation de tous les leviers disponibles.

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Entreprises

La friche Mory, devenue au fil du temps la verrue de l’avenue de Vendôme à Blois, n’est plus. Après d’importants travaux, l’entreprise SN Lefort a repris le site et loue le reste à des tiers.

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Reportage La société Elogen, qui conçoit et fabrique des électrolyseurs destinés à la production d’hydrogène, va construire une gigafactory à Vendôme, au pied de la gare TGV.

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Zoom

En créant Pharmazon en 2015, Audrey Lecoq s’est lancé un défi : réconcilier le e-commerce et les petites officines. Aujourd’hui, 1 800 pharmaciens passent par sa centrale d’achats.

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Entreprises L’équipementier ferroviaire Faiveley a finalement remporté le contrat de fourniture de portes et de combles lacunes pour les 146 trains qui seront exploités sur le RER B.

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En vue

L’actualité des dernières nominations de responsables et acteurs de la vie économique en région Centre-Val de Loire.



LE CARRÉ

POINTS CHAUDS

VIP

Jean-Luc Brault, Président de la communauté de communes du Val de Cher-Controis

Après vingt-sept ans à la tête de sa commune – Contres d’abord, Le Controis-en-Sologne à partir du 1er janvier 2019 –, Jean-Luc Brault a pris du recul avec la vie municipale en démissionnant de son mandat de maire. Il nous avait fait part de sa lassitude en juin dernier, à l’occasion d’un reportage consacré à l’étonnante réussite économique de son territoire, en grande partie fruit de son dynamisme et de son entregent. Mais à 72 ans bientôt – il les aura cet automne – « JLB » n’entend pas abandonner totalement la vie publique. D’abord, il conserve la fonction – honorifique, dit-il – de maire délégué de Contres, où il remplace Antoine Lelarge qui, dans un jeu de chaises musica-les, lui a succédé le 4 mai dans le fauteuil de maire du Controis-en-Sologne. Jean-Luc Brault demeure également président de la communauté de communes du Val-deCher Controis, ce qui lui permet de garder la main sur sa grande spécialité, le développement économique. Et le vieux briscard, qui fut durant sa longue carrière apprenti plombier, chef d’équipe, patron d’une PME revendue à un grand groupe, puis maire et conseiller général, « réfléchit » à une candidature aux élections sénatoriales de septembre 2023.

BARDOT VERSUS FESNEAU La Pythie de Saint-Tropez est sortie de son silence pour placer dans son viseur Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture du gouvernement Borne. L’inoubliable interprète d’Initiales BB s’est indignée de cette « nomination scandaleuse » qui place « le bien-être animal sous la coupe d’un chasseur à l’arc ». Brigitte Bardot vilipende la passion du nouveau ministre pour la chasse, « ce sport abominable », et souligne que celui-ci s’est fait remarquer lors du vote sur la loi EGalim, lorsqu’il siégeait à l’Assemblée nationale comme député de Loir-et-Cher, « par son rejet de toute amélioration de la condition animale ».

LA CRÈME DE L’ÉDUCATION Grâce au Figaro, on en sait un peu plus sur les deux enseignants qui ont aspergé de crème chantilly leur ancien ministre Jean-Michel Blanquer à Montargis, quelques jours avant le premier tour des élections législatives. Accusés de « violences en réunion n’ayant pas entraîné d’incapacité totale de travail », ces deux quinquagénaires ont renvoyé l’accusation de violence à « l’institution scolaire », où « 12 % d’élè-

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ves qui arrivent en 6e (…) ne sont pas capables de lire ou de comprendre un texte ». Les deux émules du belge Noël Godin, inventeur du concept, ne manient pas seulement la bombe (de chantilly !), mais aussi la vidéo, puisqu’ils promettent de relater par ce biais « leurs conditions d’arrestation et leurs 8 h de garde à vue », après avoir publié sur leur compte Twitter un premier tournage, que le quotidien qualifie de

« potache », tout à la gloire de leur fait d’armes. Une carrière prometteuse de vidéastes qui devrait leur permettre de quitter rapidement l’Éducation nationale.

À 87 ans, l’ancienne vedette des « Pétroleuses » et de « Viva Maria », films où elle n’hésitait pas à brandir l’arme à feu, a gardé tout son punch. Marc Fesneau, dûment averti que « cette insulte et ce mépris pourraient être sanctionnés lors des prochaines élections législatives », aura finalement survécu à ce tir de barrage en étant renouvelé député de la 1ère circonscription de Loir-et-Cher.


UNE VRAIE CLAQUE Sous le titre « À Tours, opération bas les masques », Le Canard enchaîné a épinglé le 27 avril le fiasco de la filière de recyclage des masques usagés de la Métropole de Tours. Wilfried Schwartz, alors président de la collectivité, avait confié le projet à une startup

CANARDAGES Le Canard enchaîné a gratifié La Lettre Valloire d’un billet dans son édition du 11 mai. L’auteur – anonyme – fait mine de s’interroger sur l’identité du journaliste qui a signé sous le pseudonyme d’Alexandre Ruffier l’article « Depuis Orléans, tous les chemins passent par Zagreb » paru dans notre magazine de mars. Étonnante curiosité de la part d’un journal qui use et abuse de pseudonymes, souvent collectifs (Jérôme Canard, le professeur Canardeau), pour signer ses papiers… quand il les signe. Faites ce que je dis, faites pas ce que je fais… L’hebdo satirique nous reproche de prononcer « l’éloge » de Serge Grouard. Outre que l’éloge est souvent funèbre, ce qui serait anachronique, la critique est cocasse quand on sait que le volatile a favorisé – certes involontairement – l’élection de l’actuel maire d’Orléans en dézinguant son prédécesseur Olivier Carré. Pour filer la métaphore animale, les mouches auraient-elles changé d’âne ?

dont la proposition masquait d’embarrassantes fragilités mais pas une facture de 3 M€ à la Métropole, heureusement restée, elle aussi, à l’état de projet. En dépit des avertissements répétés de ses services, Wilfried Schwartz attendra mars 2021 pour arrêter les frais. Mais dans l’intervalle, 13 tonnes de masques ont été collectées et devront être incinérées à Blois aux frais du contribuable tourangeau. « Un projet mal ficelé », aurait reconnu le maire de La Riche. Et l’hebdomadaire de conclure « qu’avec ou sans masque, il n’est jamais trop tard pour faire bonne figure ».

TOUT UN PLAT Le lièvre soulevé il y a un an par Mediapart n’aura pas régalé la justice. Celle-ci a classé sans suite la croquignolesque affaire des frais de bouche de Jeanny Lorgeoux. Après avoir passé au tamis les notes de restaurant du maire de Romorantin, le procureur de la République de Blois a conclu que, « sur la période étudiée, aucun dépassement des sommes engagées n’a été constaté », reconnaissant platement qu’à la mairie, comme à la communauté de communes, les

contrôles budgétaires « n’autorisent aucun dépassement sur les frais engagés ». La police judiciaire n’a relevé, quant à elle, « aucune infraction à la loi pénale ». Le corbeau, qui rêvait que ces 66 000 €, réglés entre 2017 et 2020 au meilleur restaurant de la ville, ne soient montés en mayonnaise par les juges, en est donc, lui aussi, pour ses frais. C’était bien la peine d’en faire tout un plat.

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TWEETS AGAIN

De Jean-Pierre Gorges, maire de Chartres, lors de la mise en place du conseil municipal de la jeunesse (CMJ) alors que l’opposition voulait évoquer le développement durable au sein de ce même CMJ : « On n’est pas là pour endoctriner les enfants ! On veut en faire des gauchistes, mais il y a déjà l’école pour ça. » De Harold Huwart, vice-président radical en charge de l’économie à la Région Centre-Val de Loire, au président de l’Agglo du Pays de Dreux Gérard Sourisseau, à l’occasion de la visite de l’incubateur le Dôme, à Dreux : « Finalement, vous n’augmenterez pas les taxes, alors qu’il en avait été question au mois de novembre. Votre Agglo me fait penser à la Samaritaine. J’ai l’impression qu’on y trouve de tout. » De Roger Chudeau, nouveau député Rassemblement national du Loir-et-Cher : « Les gens qui disent que je suis d’extrêmedroite font preuve de malhonnêteté intellectuelle. » De Fabienne Colboc , (Renaissance-Ensemble), à propos de sa réélection en Indreet-Loire : « La circonscription avait envie d’une députée de la majorité ». Sous-entendu, la circonscription n’avait pas envie du socialiste Laurent Baumel, qui échoue pour la seconde fois consécutive à reprendre le siège qu’il avait occupé entre 2012 et 2017. D’Olivier Marleix, (Les Républicains), élu député de la 2e circonscription d’Eure-et-Loir : « Personne ne peut se réjouir du foutoir que va être la future Assemblée nationale qui risque d’être ingouvernable. »

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POINTS CHAUDS

AFFAISSEMENTS À Orléans, le 12 janvier, plusieurs habitants de la rue de Bourgogne étaient obligés de quitter leurs logements en catastrophe car deux immeubles risquaient de s’écrouler. Protégé par des grilles posées par la mairie, un périmètre de sécurité est rendu inaccessible depuis cette date. Les murs des deux immeubles concernés, au 19 et au 21 de la rue, bougeraient d’un peu moins d’un millimètre chaque jour, ce qui menace deux immeubles voisins, 17 rue de Bourgogne et 16 rue des Quatre-Fils-Aymon. Des travaux de comblement ont été engagés, mais il semble difficile d’éviter la démolition des bâtiments fragilisés. Le 7 février, à quelques pâtés de maison de là, un trou de quatre-vingts centimètres de diamètre et d’une trentaine de centimètres de profondeur se formait rue Aignan-Thomas Desfriches. Pour le BRGM, les deux événements pourraient être liés à la profusion des cavités souterraines à Orléans.

EXCLU À la mairie de Tours, comme aux Galeries Lafayette, « à tout instant, il se passe quelque chose », pour reprendre la célèbre punch line publicitaire des années soixante. Après les déboires judiciaires de la première adjointe Cathy Münsch-Masset et sa mise à l’écart de la majorité, c’est le conseiller municipal Bertrand Rouzier qui s’est vu retirer sa délégation. Il avait souvent fait part de ses désaccords avec le maire EELV Emmanuel Denis, mais la majorité a surtout en travers de la gorge la candidature de Bertrand Rouzier aux élections législatives sous la bannière Génération Écologie, avec pour suppléante Affiwa Metreau, également exclue de la majorité pour avoir accepté de siéger au bureau de la Métropole. Avec les 577 voix récoltées le 12 juin (1,66 % des suffrages exprimés), les parias n’ont pourtant guère inquiété Charles Fournier, le candidat écologiste labellisé par la Nupes, élu député le 19 juin.

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BURN OUT ! TOMBÉ DES NUES Tout le monde est, paraît-il, tombé des nues. Richard Chatellier, maire de Nazelles-Négron, ville de 3 500 habitants qui jouxte Amboise, a été interpellé mercredi 6 avril, puis mis en examen et placé en détention provisoire deux jours plus tard. Le maire – ici entouré des ministres Gabriel Attal et Barbara Pompili, venus à Nazelles quelques jours avant les révélations – est accusé de « viol sur mineur par personne ayant autorité, agression sexuelle sur mineur de moins de quinze ans et corruption de mineurs et violence sur personne vulnérable ». Les victimes seraient des jeunes filles qui avaient entre 13 et 17 ans au moment des faits, supposément commis entre 2013 et l’an dernier. Si personne ne se risque à commenter une affaire en instruction, quelques-uns susurrent toutefois l’existence de signaux d’alerte, notamment des propos déplacés de l’élu.

LE B U GDU TRIMESTRE

LE LOIR-ET-CHER LAVE LE LINGE SALE EN PUBLIC

Il y a encore peu, on montait en épingle la pondération de sa vie politique. Terre centriste, où s’épanouissaient les profils modérés, comme l’ajusteur Kléber Loustau, passé de la CGT à une présidence sociale-démocrate du conseil général, ou ses successeurs, le brave Roger Goemaere ou le débonnaire Maurice Leroy, le Loir-et-Cher est devenu le théâtre d’affrontements sordides entre des personnalités qui ont totalement oublié les leçons de leurs aînés. Fin 2020, les révélations sur Nicolas Perruchot, distillées à la presse par quelqu’un qui lui voulait certainement du bien, ont déclenché les premiers troubles. L’inimitié profonde entre Pascal Bioulac et Guillaume Peltier a accéléré la dégradation du climat ambiant. Lundi 20 juin, au lendemain de l’élection d’un représentant du Rassemblement national comme député de la 2e circons-cription, les affaires ont pris la tournure d’un véritable règlement de comptes au conseil départemental. L’opposition a demandé l’exclusion de la majorité de Virginie Verneret, au motif que celle-ci avait soutenu la candidature à la députation de Guillaume Peltier, sans grand succès d’ailleurs puisque le député sortant était éliminé au 1er tour. Mais non contente de cela, l’opposition deman-dait aussi la tête du directeur du cabinet du président, suspect de faits de collaboration avec l’ennemi, le désignant nommément à la vindicte populaire. Allons, mesdames et messieurs, reprenez-vous, que diable ! Les citoyens vous regardent.


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REPORTAGE

LA CRISE ÉNERGÉTIQUE INCITE LES ACTEURS À REVISITER LEUR MODÈLE La forte augmentation des prix de l’énergie alimente les tensions inflationnistes. Pourtant, et contrairement à une idée reçue, elle n’a que modérément impacté les ménages et les entreprises, protégés jusqu’à maintenant par les mesures gouvernementales. Mais le pire reste à venir. Ces perspectives peu réjouissantes doivent inciter les industriels à revisiter leur process et leur modèle économique. La sobriété est désormais de rigueur.

a crise énergétique qui frappe la planète, et qui a été aiguisée par la reprise post-Covid puis par le conflit russo-ukrainien, a mis en évidence les vulnérabilités européennes en matière de ressources énergétiques. Surtout, les hausses de prix qui se sont diffusées à tous les types d’énergie – y compris l’électricité – ont alimenté un choc inflationniste qui a pénalisé les ménages, mais aussi l’ensemble des acteurs industriels, en particulier ceux dont

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Montant des achats de gaz, charbon et pétrole en 2019

45,5 MD€ Part des énergies renouvelables dans la conso énergétique en 2019

19,1 %

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le process est très énergivore. Les producteurs de plastique PVC, d’aluminium et de ferro-alliages n’en menaient pas large ces derniers mois ! Et ils continuent d’ailleurs à espérer que les tensions s’apaisent sur les marchés de l’énergie. « Pourtant, en France, on n’a encore rien vu !, prévient Sébastien Loux, le directeur Power & Gas Europe de TotalEnergies. Le gouvernement français a mis en place un bouclier tarifaire qui a permis d’échelonner ou de retarder les


impacts des hausses de prix du gaz et de l’électricité. C’est loin d’être le cas partout en Europe. Dans le nord de l’Espagne, des

la hausse du prix du gaz sur leurs clients, une énergie qui représente plus de 80 % de leurs coûts. » Selon les chiffres du gouverne-

LES PRIX ONT GRIMPÉ POUR ATTEINDRE 168 € EN OCTOBRE ET… BONDIR À 457 € LE MWH LE 22 DÉCEMBRE DERNIER ” producteurs de papier ont été tout simplement obligés de mettre la clé sous la porte parce qu’ils ne parvenaient pas à répercuter

ment, cette protection – qui a permis de limiter les hausses grâce à la compensation de l’État, et donc in fine du contribuable –

aurait ainsi entraîné la préservation de l’activité de quelque 150 grandes entreprises représentant près de 45 000 emplois. Bien sûr, certaines mesures de ce dispositif ont fait grincer les dents. Notamment celle qui prévoit une hausse des volumes (20 TWh) de l’Arenh, le dispositif qui permet aux concurrents d’EDF de s’approvisionner à un prix préférentiel en énergie produite par le parc électronucléaire français. « C’est un pillage en règle de nos ressources », ont tonné de concert

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REPORTAGE

Sébastien Loux (Total Energies)

direction et syndicats de l’électricien national, pour une fois unis dans la même réprobation. Car les hydrocarbures n’ont pas été les seuls à subir des hausses foudroyantes. Certes, le prix du MWh électrique, marqué par une assez grande volatilité ces dernières années – notamment en raison de la crise sanitaire qui l’avait fait chuter à 22,26 € en avril 2020 –, évoluait modérément entre 45 et 55 € jusqu’au premier semestre 2021. Mais c’était sans compter sur la forte reprise économique post-Covid. « Les prix se sont envolés en septembre 2021, dépassant 100 € le MWh. Puis ils ont grimpé pour atteindre 168 € en octobre et… bondir à 457 € le 22 décembre dernier, rappelle Véronique Debelvalet, directrice régionale d’EDF Commerce pour les régions Centre-Val de Loire, Poitou-Charentes et Limousin. L’opinion publique – y

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compris les industriels, NDLR – s’est étonnée de ces hausses du prix de l’électricité, considérant que la France appartient au club des grandes puissances électronucléaires et que ce statut devrait lui conférer l’autonomie la plus complète. Pour eux, le prix de l’électricité devrait être totalement décorrelé des hausses de prix des sources d’énergies carbonées. La réalité est beaucoup plus complexe… » En effet, il faut « bien comprendre que l’électricité est un produit qui ne peut pas être stocké, explique la directrice régionale d’EDF. Il faut chaque jour ajuster l’offre à la demande en fonction des besoins des utilisateurs, des conditions climatiques et des sources de production disponibles. Les opérateurs doivent tenir compte du prix des énergies renouvelables intermittentes qui sont injectées dans le réseau et de celui de l’électricité produite à partir des centrales thermiques qui fonctionnent au gaz ou au charbon. Or, celui-ci, qui vient assurer l’équilibre entre l’offre et la demande, est souvent acheté hors de nos frontières. » Il est donc impossible d’échapper aux envolées de prix des énergies carbonées. D’autant que les procédures de maintenance du parc électronucléaire français… et la mise en évidence de problèmes de corrosion, ont provisoirement réduit la disponibilité et les capacités des centrales nucléaires nationales. Cette incapacité partielle arrive au plus mauvais moment. Et elle donne l’opportunité à cer-

tains marchands de peur d’agiter le spectre du black-out pour l’hiver prochain. Dans ce contexte de très fortes tensions, quelles sont les perspectives qui guettent les industriels et comment doivent-ils amortir ce choc ? « Il faut regarder les choses en face. Sans trop risquer l’erreur, on peut s’attendre à ce que les prix de l’énergie s’installent durablement dans ces plus hauts, et même, surtout si les tensions géopolitiques s’aggravent, qu’ils atteignent des niveaux stratosphériques, redoute Sébastien Loux. Les conséquences peuvent être dramatiques sur le plan économique et industriel, mais aussi sur le plan social. La population française est-elle prête à accepter des hausses de 50 à 60 % de la facture énergétique qui, pour l’heure, n’ont été que différées ? ». Sur le plan de l’offre, « il faut renforcer le mix énergétique en misant sur le nucléaire et le renouvelable, tout en étant pragmatique. À court terme, et en dépit des difficultés de logistique et d’approvisionnement, on ne peut vraiment pas se payer le luxe de se passer du GNL (gaz naturel liquéfié), un marché sur lequel Total a obtenu des positions de leader. Tout en ne perdant pas de vue que le bilan carbone du GNL n’est pas bon puisqu’il est principalement issu du gaz de schiste, obtenu par des procédés de fracturation énergivores et dommageables pour l’environnement ». « Bien sûr, il faut utiliser tous les leviers et toutes les contributions énergétiques, comme par exem-


ple le biogaz, qui permet d’avancer sur le chemin de la transition énergétique », avance pour sa part Bruno Moras, le directeur régional de Dalkia Centre-Ouest. En région Centre-Val de Loire, terre agricole s’il en est, l’installation de sites de méthanisation producteurs de gaz est une pers-

gaz qu’elle consomme grâce à son réseau de méthaniseurs principalement agricoles… soit l’équivalent de la moitié de ce que le pays importe de Russie : « On peut aussi bâtir de très beaux projets de réseaux de chaleur fondés sur la collecte et la distribution de chaleur émanant d’usi-

LA FORMATION DU PRIX CONNAÎT DES VARIATIONS AU COURS D’UNE MÊME JOURNÉE ET EST DÉPENDANTE DU PRIX DU DERNIER MWH PRODUIT ” pective très prometteuse. « La part du biogaz, qui représente aujourd’hui 2,8 % des volumes de gaz consommés en région Centre-Val de Loire, pourrait se hisser à 34 % en 2030 grâce à l’exploitation de plus de 70 unités », reprend Bruno Moras. À cette échéance, la France pourrait produire entre 7 et 10 % du

Véronique Debelvalet (EDF Commerce)

nes d’incinération sur lesquels les entreprises peuvent venir se connecter. » « Finalement, le signal prix est la meilleure incitation pour revisiter son modèle économique », suggère Véronique Debelvalet qui invite tous les entrepreneurs à s’emparer du sujet : « Certains d’entre eux ne se sont intéressés à cette thématique que trop récemment. Ils avaient sans doute le sentiment d’être protégés par des contrats pluriannuels qui vont arriver à échéance. Il ne faut pas oublier que le coût de l’énergie, c’est un volume multiplié par un prix. Des solutions existent. Il faut, toutes affaires cessantes, réfléchir à la mise en œuvre de process industriels plus sobres, mieux contrôlés. Il faut analyser la substitution d’une énergie à une autre, regarder la piste du renouvelable, de l’autoconsommation. Naturellement, nous nous tenons prêts à les aider. »

« QUOI QU’IL EN COÛTE » SAISON 2 Le gouvernement, dans une version remise à jour du fameux « quoi qu’il en coûte », n’a pas lésiné sur les mesures d’aide aux entreprises frappées par la hausse des coûts de l’énergie. Ainsi, la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE) a été ramenée au minimum permis par le droit européen, avec l’octroi d’une petite rallonge pour les entreprises électro-intensives. Le bouclier tarifaire qui accompagne principalement les particuliers a aussi été déployé en faveur des entreprises de moins de 2 M€ de CA n’employant pas plus de 9 salariés. Outre le relèvement des plafonds attribués au titre de l’Arenh (accès régulé à l’électricité nucléaire historique !), le gouvernement a également toute une palette d’aides aux entreprises électro-intensives, comme le soutien à l’efficacité énergétique ou les avances au titre de la compensation carbone.

Jean-Christophe Savattier

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PUBLI REPORTAGE

TOURNÉE NUMÉRIQUE EN RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE Débats, démonstrations, échanges : les Human Tech Days ont parcouru la région du 30 mai au 9 juin pour faire découvrir au grand public les richesses des pépites de la nouvelle économie en Centre-Val de Loire. Les six étapes – une pour chacune des six villes-préfectures – ont permis aux acteurs de l’écosystème numérique d’échanger et de valoriser leur savoir-faire.

e Human Tech Days « Live Tour » 2022 s’est achevé en apothéose le 9 juin sur la place du Martroi à Orléans, après deux semaines passées à sillonner la région Centre-Val de Loire. Pour cette dernière étape de la manifestation organisée par l’agence de développement économique DEV’UP, le village itinérant avait posé ses tentes blanches à quelques mètres de la statue de Jeanne d’Arc pour une aprèsmidi où il a été question d’intel-

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ligence artificielle et de data. Lors des cinq étapes précédentes, les thèmes choisis pour mettre en valeur les écosystèmes numériques locaux étaient en lien avec les spécialités économiques des territoires : la cosmétique, bien sûr, avec Chartres (30 mai), le tourisme et le patrimoine devant la Halle aux Grains de Blois (31 mai), le divertissement digital à Tours (2 juin), la mobilité à Châteauroux (7 juin) et enfin la cybersécurité à Bourges (8 juin).

Chaque après-midi de cette minitournée a été l’occasion pour le public de rencontrer et d’échanger avec les acteurs du digital présents dans les stands entourant le grand car podium de la Région Centre-Val de Loire où se déroulaient des débats sur l’apport de cette nouvelle économie aux dynamiques territoriales. « Cette tournée régionale a pour vocation de promouvoir le digital auprès des entreprises, des collectivités et des citoyens. On interpelle les habitants pour leur dire que dans les départements dans lesquels ils vivent il y a des compétences numériques fortes et très innovantes et qu’ils peuvent y avoir accès », expliquet-on du côté de DEV’UP. Un seul mot d’ordre pour les partenaires : mettre en lumière les savoir-faire locaux et les nombreux débouchés professionnels qui les accompagnent. « C’est une belle occasion pour orienter la jeunesse sur les métiers du numérique, pour proposer de la


FRACTAL ENERGY LAURÉAT DU CONCOURS DE PITCHS formation ou des possibilités de reconversion pour celles et ceux qui sont attirés par ces professions », précise-t-on à Pôle Emploi. À ce titre, le stand du Centre régional d’information jeunesse (Crij) était un modèle : les jeunes et moins jeunes pouvaient s’essayer à conduire un bus de la compagnie Keolis grâce à un simulateur numérique relié à un volant, passer une journée avec les techniciens d’Ineo Réseaux ou rentrer dans l’univers de l’éditeur de jeux vidéo Ubisoft en enfilant un casque de réalité virtuelle Oculus. Succès garanti pour ces découvertes conjuguant technologie et aspect ludique. Aucune inscription préalable, chacun pouvait avoir accès aux différents stands aussi librement que gratuitement. « Les participants étaient enthou-

Je pitche, tu pitches, nous pitchons … à chaque étape des Human Tech Days, cinq startupers étaient invités à présenter leur entreprise à travers un concours de pitchs organisé par Fundtruck et devant un jury composé d’anciens startupers et d’acteurs du monde économique. Quelques minutes à saisir pour convaincre de la viabilité de son modèle économique et inciter, pourquoi pas, à investir dans l’avenir. À l’issue de chaque étape départementale, un lauréat était désigné afin de prendre part à la finale régionale, le 9 juin à Orléans. Avec à

siastes. On a ressenti un vrai intérêt à aller ainsi en proximité sur les territoires. Les transformations du numérique concernent tout le monde et sont au service de tous dans la vie du quotidien. On a vu un certain

la clé une participation à la finale nationale pour l’heureux élu. « Chaque vainqueur départemental gagne deux places pour VivaTech, le rendez-vous mondial des startups, et le lauréat régional, en plus de concourir pour la finale nationale, aura une place sur le stand de la région à VivaTech », détaille Hassoun Mokhtar pour DEV’UP. Le vainqueur du concours national, qui se déroulera le 17 novembre à Paris, gagnera une campagne d’affichage d’une valeur de 100 000 € sur les écrans numériques de MediaTransports, en partenariat avec BFMTV. En terre orléanaise, c’est la jeune pousse tourangelle Fractal Energy qui l’a emporté : « Nous développons une box de l’énergie permettant d’ajuster la consommation des foyers à la production d’énergie renouvelable, sur le même modèle qu’une box internet », a expliqué le vainqueur, ici avec le Président Bonneau et les lauréats départementaux.

nombre de personnes qui se disaient : « Tiens, pourquoi pas moi ? ». C’était le but de ce village », explique François Bonneau, Président de la Région et de DEV’UP Centre-Val de Loire. Le contrat est donc rempli.

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REPORTAGE

LE PIONNIER INDUSTRIEL DE L’HYDROGÈNE MISE SUR VENDÔME La société Elogen, qui conçoit et fabrique des électrolyseurs destinés à la production d’hydrogène, va construire une gigafactory à Vendôme, au pied de la gare TGV. Ce programme industriel, qui représente un investissement de 50 M€, est l’un des quinze projets français retenus par le PIIEC (projet important d’intérêt européen commun) dédié à la filière hydrogène.

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ui naturellement, il s’agit d’un pari industriel. Nous sommes dans une logique pionnière, mais ce sont les pionniers qui contribuent aux plus belles aventures », reconnaît Jean-Baptiste Choimet, le directeur général d’Elogen. Cette ex-filiale d’Areva, de l’Ademe et de Smart Energies, qui a rejoint en 2020 le groupe GTT (315 M€ de CA), un expert

des solutions de confinement et de transport de gaz liquéfiés, a choisi le parc technologique du Bois de l’Oratoire, au pied de la gare TGV de Vendôme-Villierssur-Loir, pour y construire sa future gigafactory d’électrolyseurs. « Nous allons produire dans cette usine de 20 000 m2 des stacks, c’est-à-dire l’unité fondamentale, le cœur de nos électrolyseurs fondés sur l’utilisation de mem-

Jean-Baptiste Choimet, « Nous sommes dans une logique pionnière, mais ce sont les pionniers qui contribuent aux plus belles aventures. »

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branes à échange de protons (PEM) », précise Jean-Baptiste Choimet. Elogen, qui réalise aujourd’hui un CA de 5,6 M€ avec une soixantaine de salariés, exploite déjà un site de production d’électrolyseurs aux Ulis (91). Cette unité de 2 300 m2 va d’ailleurs connaître une augmentation de sa capacité de production : elle sera portée à 160 MW par an grâce à une nouvelle ligne d’assemblage qui vient d’être installée. « Mais à Vendôme, nous entendons changer d’échelle industrielle. L’usine, à laquelle un investissement d’environ 50 M€ va être consacré, vise un objectif capacitaire supérieur à 1 GW », reprend son directeur général. Les formats ne sont pas totalement standardisés mais en règle générale, ces machines peuvent délivrer 200 m3 d’hydrogène à l’heure, soit environ 400 kg par jour. Les applications de ces électrolyseurs – susceptibles de produire de l’hydrogène vert lorsqu’ils sont couplés à des sources de


production décarbonées (éoliennes, photovoltaïques) – sont variées. Elles peuvent être destinées à la mobilité, notamment à l’avitaillement de flottes de véhicules routiers, la logistique, le transport maritime ou la production de carburants de synthèse comme le méthane. « Attention, il ne faut pas se leurrer, la puissance hydrogène actuellement installée en France, de l’ordre de 400 MW, est dérisoire, souligne Jean-Baptiste Choimet. Heureusement, les pouvoirs publics ont décidé de placer le développement de cette énergie au cœur de la stratégie de décarbonation. Les objectifs fixés sont ambitieux puisqu’en 2030, la capacité installée dans notre pays devrait se hisser à 6,5 MW. »

structuration de la filière hydrogène reçoive un vif soutien de la puissance publique, tant au niveau

La future usine Elogen de Vendôme.

français qu’européen où les professionnels vont pouvoir bénéficier d’un PIIEC (projet important d’intérêt européen commun) et de ses quelque 7 Md€ de subsides publics et privés.

À VENDÔME, NOUS ENTENDONS CHANGER D’ÉCHELLE INDUSTRIELLE. L’USINE VISE UN OBJECTIF CAPACITAIRE SUPÉRIEUR À 1 GW ” A priori, les différents programmes industriels recensés dans l’Hexagone, notamment ceux de McPhy à Belfort (90) ou de Genvia à Béziers (34), qui s’ajoutent à celui d’Elogen, permettront d’atteindre la cible. Mais produire de l’hydrogène est une chose, l’utiliser en est une autre ! « Le gros sujet, c’est bien sûr celui de la diffusion et de la généralisation des usages, de la disponibilité des véhicules adaptés à ce mode d’énergie, ainsi que celui de la qualité de la logistique et des infrastructures de distribution », avertit le dirigeant qui se félicite néanmoins que la

rons de toutes les notifications, elle viendra bien sûr sécuriser notre projet vendômois. »

En visite le 8 mars dernier sur le site Air Liquide de Port-Jérômesur-Seine (76), où sera installée une unité de production d’hydrogène de 200 MW, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire annonçait que quinze projets français, parmi lesquels ceux d’Elogen à Vendôme et aux Ulis, avaient été retenus dans le cadre du PIIEC. « Cette éligibilité, dont on ne connaît pas encore toutes les caractéristiques, constitue un soutien et une reconnaissance de premier plan, se félicite Jean-Baptiste Choimet. Une fois que nous dispose-

La localisation de cette gigafactory, qui se déploiera sur une emprise de 9 ha et devrait générer la création d’une cinquantaine d’emplois, ne doit pas grand chose à la présence de centres de R&D régionaux dédiés à l’hydrogène, comme le CEA du Ripault à Monts (37) qui travaille depuis des années à la conception d’un démonstrateur de pile à combustible utilisant l’hydrogène. Une présence parfois montée en épingle par l’exécutif régional. « Le CEA, c’est un peu la cerise sur le gâteau. Nous avons des contacts, il y a des passerelles possibles et souhaitables. Mais je rappelle que la raison d’être de l’électrolyseur est la fabrication d’hydrogène à partir d’une source électrique. La pile à combustible, c’est exactement l’inverse », prévient Jean-Baptiste Choimet. Plus classiquement, c’est plutôt « la qualité de l’accueil dont nous ont gratifiés les élus et les techniciens locaux, ainsi que l’exceptionnelle desserte par le TGV, qui ont fait pencher la balance en faveur de Vendôme ». Les premiers coups de la gigafactory de l’Oratoire devraient être donnés en 2023 pour une exploitation programmée pour 2025. Jean-Christophe Savattier

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REPORTAGE

HYDROGÈNE : RAIGI NE RESTE PAS SUR LA RÉSERVE À Rouvray-St-Denis, au cœur de la Beauce, la société Raigi a conçu avec le CEA un réservoir à hydrogène qui peut équiper des véhicules automobiles. Mais le marché tarde à décoller.

«C

ertes, on peut penser que nous sommes un acteur important de la filière hydrogène régionale qui reste toutefois encore émergente, mais cette activité ne représente que 10 % de notre CA », nous indique d’emblée Olivier Perrier, le président de la société Raigi. Installée à Rouvray-St-Denis, au cœur de la plaine de Beauce,

cette PMI familiale (69 salariés, 11 M€ de CA) maîtrise avec brio les technologies du développement, de la formulation et de la production de mousses, d’élastomères et de matériaux composites. Ces savoir-faire, adossés à un bureau d’études inventif, lui permettent de concevoir des produits très divers (protection de composants électroniques utili-

sés dans l’automobile, mousses pour matelas, protections isolantes de câbles électriques enterrés). « Nous avons aussi développé une forte expertise en matière de conception et de fabrication de réservoirs, poursuit Olivier Perrier. Cela nous a conduit à développer et à produire en exclusivité pour Butagaz le fameux Cube, une bouteille compacte

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au design original, qui embouteille du gaz propane équipant aujourd’hui beaucoup d’appareils outdoor (barbecue, plancha et parasols chauffants). » Il n’en fallait pas plus pour convaincre le dirigeant de Raigi de s’intéresser aux perspectives offertes par l’hydrogène. À l’issue d’une dizaine d’années de recherche réalisées en partenariat avec le CEA, la société a mis au point un réservoir à hydrogène (jusqu’à 700 bars) destiné à équiper les automobiles – encore peu répandues – utilisant cette énergie. Jusqu’à une date récente, seules quelques marques comme Hyundai (Nexo) et Toyota (Mirai) proposaient des véhicules à hydrogène alimentant des piles à

« Mais pour moi, c’est bien sur le terrain des mobilités et des transports que se situe l’avenir de l’hydrogène, bien plus que dans le domaine de la production stationnaire d’électricité où cette énergie pâtit d’un problème de rendement. L’avenir, c’est l’équipement de véhicules lourds comme les SUV, les camions, les flottes captives d’utilitaires qui peuvent s’approvisionner auprès d’une station privative. Mais ce marché ne décollera pas vraiment sans une volonté politique et de fortes incitations publiques », conclut le dirigeant. JCS Olivier Perrier reconnaît que « l’activité hydrogène ne représente encore que 10 % du CA de Raigi.»

combustible pour des ventes très confidentielle (14 véhicules commercialisés en 2021).

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REPORTAGE

LA TOURAINE VEUT DEVENIR LE POUMON DE L’HYDROGÈNE VERT Après beaucoup de tâtonnements, une filière de production et de distribution d’hydrogène renouvelable va voir le jour en Indre-et-Loire. Le programme Hy’Touraine, qui s’appuiera sur trois unités industrielles, vient d’obtenir un financement après un appel d’offres national. Il devrait être opérationnel en 2024 ou 2025.

« Nous allons pouvoir développer de nouveaux usages dans le domaine des mobilités », se félicite Philippe Chalumeau, ancien député d’Indre-et-Loire.

oici un projet qui pourrait bien faire de la Touraine un territoire avancé en matière de production et d’usage de l’hydrogène renouvelable. Début mai, Hy’Touraine a été désigné lauréat d’un appel à projets national de l’Ademe ; celui-ci visait à financer une vingtaine de programmes hydrogène à hauteur de 150 M€. « Cette éligibilité va nous permettre

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de bénéficier d’une enveloppe de 3,8 M€ », nous indique Philippe Chalumeau, l’ancien député Renaissance de la 1ère circonscription d’Indre-et-Loire, convaincu qu’il faut, toutes affaires cessantes, augmenter la part de l’hydrogène renouvelable dans le mix énergétique tricolore : « C’est terriblement vertueux. On décarbone les pratiques industrielles et les mobilités dans une logique de circuit court. Et on peut résoudre les problèmes de stockage que posent les énergies renouvelables. C’est vraiment le chaînon manquant ! » Le parlementaire a beaucoup vanté ce projet auprès des pouvoirs publics et de diverses instances nationales, « notamment auprès d’Arnaud Leroy qui présidait à l’époque l’Ademe, et bien sûr de Jean Castex et de Barbara Pompili ». « Philippe Chalumeau s’est évertué à fédérer tous les pionniers locaux de cette filière émergente qui avaient tendance à rester dans leur couloir sans se préoccuper de l’éventuelle contribution du voisin », nous explique l’une des parties prenantes. Il n’a d’ailleurs pas hésité

à reprendre beaucoup de points de la copie initiale : « Il y avait un sujet de coût et de modèle économique. On le sait bien, pour être compétitif, le coût l’hydrogène vert doit tendre vers un prix de revient compris entre 1 et 3 € le kg. » Au final, le programme vient de se concrétiser par la construction d’une société d’économie mixte au capital de laquelle figurent les collectivités impliquées, Tours Métropole Val de Loire, le Syndicat intercommunal d’énergie d’Indre-etLoire (Sieil), la communauté de communes Touraine Vallée de l’Indre (CCTVI), celle de Loches Sud Touraine, mais aussi le producteur de composants électroniques de puissance STMicroelectronics qui exploite une importante unité industrielle à Tours. « La participation de STMicroelectronics est essentielle. Elle permet de sécuriser les infrastructures du point de vue de l’exploitation », indique Philippe Chalumeau. En effet, les deux unités de production d’hydrogène renouvelable – des électrolyseurs adossés à des panneaux photovoltaïques – qui seront ins-


La première benne à ordures ménagères de France a été livrée à la communauté de communes Touraine Vallée de l’Indre en juillet 2021.

tallées sur le parc d’activités Polaxis de Neuillé-Pont-Pierre et sur la ZAC Isoparc de Sorigny livreront chaque jour près de 200 kg d’hydrogène à l’industriel pour son process de production, sur une capacité quotidienne de 300 kg. « Sur cette base, nous allons pouvoir développer de nouveaux usages dans le domaine des mobilités »,

plusieurs autres acteurs exploitent depuis 2019 une flotte d’une dizaine d’utilitaires à l’hydrogène, alimentés par une borne de distribution située sur Isoparc. La première benne à ordures ménagères de France – un projet financé dans le cadre du programme Interreg North West, NDLR – a été livrée à la CCTVI en juillet 2021. »

C’EST TERRIBLEMENT VERTUEUX. ON DÉCARBONE LES PRATIQUES INDUSTRIELLES ET LES MOBILITÉS DANS UNE LOGIQUE DE CIRCUIT COURT poursuit Philippe Chalumeau. Ces deux unités vont pouvoir approvisionner quelques flottes – encore modestes – de véhicules appartenant aux collectivités territoriales qui participent à cette expérimentation (neuf bennes à ordure ménagères, seize véhicules utilitaires légers, ainsi que deux berlines). Mais les sponsors d’Hy’Touraine envisagent bien d’autres développements : « Déjà, on ne part pas d’une page blanche. La CCTVI et

Une seconde station de distribution destinée aux véhicules lourds et légers sera exploitée à Tours-Nord ; est elle dotée d’une capacité quotidienne de 100 kg d’hydrogène. « Il faut aller beaucoup plus loin dans la généralisation des usages », s’enflamme l’élu qui rêve de voir toutes les bennes à ordure de la métropole tourangelle tourner à l’hydrogène. Pour autant, cette dernière n’a pas toujours été aux avantpostes… et ne semble pas décidée

à mettre tous ses œufs dans le même panier ; elle a d’ailleurs décidé de s’équiper d’ici à 2024 de quarante-cinq autobus fonctionnant au gaz naturel vert (bioGNV). « Il y aussi le sujet de l’éventuelle exploitation d’un train à alimentation hydrogène entre Tours et Loches. L’expérimentation a été repoussée à la fin de ce printemps », déroule l’ancien député qui regrette au passage que la Région n’ait pas passé commande de trains à hydrogène, contrairement à quatre autres régions françaises : « On peut aussi imaginer une navette à hydrogène sur la desserte rail entre Tours et St-Pierre-des-Corps, et pourquoi pas, une autre sur la bande d’arrêt d’urgence de l’A 10. » Hy’Touraine intègre également les projets du Sieil, et notamment le programme Méthycentre qui vise à convertir de l’électricité en gaz vert en utilisant la technologie de l’électrolyse. Couplé à une unité de méthanisation, ce procédé permet de délivrer du méthane naturel et de l’hydrogène. Un démonstrateur est en cours de qualification à proximité du site de stockage souterrain de Céréla-Ronde, au sud-est du département. JCS

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POLITIQUE

ENSEMBLE CONSERVE L’EMPREINTE RÉGIONALE La majorité présidentielle a fait preuve de résilience en région Centre-Val de Loire, où elle gagne même un siège par rapport à 2017 : seize, contre quinze il y a cinq ans. Mais elle est attaquée à la ville par la coalition Nupes (deux sièges, à Tours et à Vierzon) et à la campagne par le Rassemblement national qui l’emporte dans trois circonscriptions, dont deux dans le Loiret où un troisième (Pithiviers et Fleury-les-Aubrais) s’est joué à… 11 voix. Finalement, tout le monde gagne, sauf les Républicains et leurs alliés UDI qui s’effondrent, ne conservant que deux des huit circonscriptions de 2017.

arquées, comme au plan national, par une forte abstention, les élections législatives se sont caractérisées en région Centre-Val de Loire par une forte résilience de la majorité présidentielle et la poussée concomitante du Rassemblement national et de la gauche, portée par la dynamique unitaire de la coalition Nupes : cette dernière fait le plein des voix, en particulier dans les villes, mais ne parvient toutefois qu’à gagner deux sièges.

M

Le Rassemblement national réussit, comme son rival de la gauche radicale, à maintenir une dynamique post-présidentielle très favorable partout où Marine Le Pen avait eu de bons scores, en particulier dans les territoires ruraux où il parvient souvent à progresser en nombre de voix. Surtout, il fait basculer trois circonscriptions de droite dans son camp. La victoire de l’écologiste Charles Fournier sur la 1ère circonscription d’Indre-et-Loire, où il défait Philippe

Marc Fesneau, ici accompagné d’Edouard Philippe lors d’un déplacement à Tours, a été facilement réélu dans le Loir-et-Cher. 22

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Chalumeau, le député Renaissance sortant (27,38 % des voix seulement au premier tour), consolide la forte présence des Verts à Tours, dont ils ont conquis la mairie il y a tout juste deux ans. Toujours en Indreet-Loire, la majorité présidentielle se consolera avec la courte victoire (433 voix) de Fabienne Colboc sur le socialiste Laurent Baumel, investi par la Nupes, qui échoue pour la deuxième fois consécutive à récupérer le siège conquis en 2012. L’échec cinglant essuyé par JeanMichel Blanquer à l’issue d’un parachutage difficile sur la 4e circonscription du Loiret (Montargis) a été largement commenté. L’ancien ministre de l’Éducation nationale a été battu dès le premier dimanche, certes d’une courte tête, par le communiste Bruno Nottin (19,43 %, versus 18,99 %). Mais les douze points d’écart du 1er tour entre ce dernier, investi par la Nupes, et le candidat du Rassemblement national Thomas Ménagé ne laissaient guère de doute sur l’issue du scrutin.


Le 19 juin, le nouveau député, passé par le cabinet de Nicolas Dupont-Aignan, raflait la mise avec 63,36 % des suffrages sur une circonscription détenue jusqu’alors par le Républicain Jean-Pierre Door où Marine le Pen avait obtenu 52 % des voix au second tour des présidentielles. On notera que le Montargois fut l’un des foyers de la contestation des Gilets jaunes… Toujours dans le Loiret, le parti de Marine Le Pen gagne la 3e circonscription où Mathilde Paris, qui fut

sier), il l’emporte toutefois largement (56,47 %) sur Reda Belkadi, le candidat Nupes venu de La France Insoumise. Et Christophe Marion, maire depuis 2020 de St-Ouen, devient député de la 3e circonscription, celle de Vendôme, en battant nettement (55,21 %) la candidate du RN Marine Bardet. Il est à noter que le député sortant UDI Pascal Brindeau, qui avait succédé à Maurice Leroy en cours de mandat, avait été éliminé au 1er tour (21,75 %).

LE RASSEMBLEMENT NATIONAL RÉUSSIT PARTOUT OÙ MARINE LE PEN AVAIT EU DE BONS SCORES, EN PARTICULIER DANS LES TERRITOIRES RURAUX ” conseillère régionale RN du Loiret-Cher entre 2015 et 2020, l’emporte sur une nouvelle venue, la Modem Carine Barbier, mais moins largement (52,22 % de voix) que ne pouvaient lui faire espérer ses 10 points d’avance du 1er tour. À noter l’effondrement des Républicains sur cette circonscription qu’il détenait depuis des lustres, le sortant Claude de Ganay n’obtenant que 12,69 % des voix le 12 juin. Enfin, le RN manque d’un cheveu la victoire sur la 5e, Anthony Brosse (Renaissance) ne battant Valentin Manent… que de 11 voix. Ce dernier devrait exiger un nouveau décompte. Dans le Loir-et-Cher, le groupe Ensemble renforce ses positions. Si le nouveau ministre de l’Agriculture Marc Fesneau (Modem) conserve la 1ère circonscription avec un score moins impressionnant qu’en 2017 (69,15 % face au RN Michel Chas-

En revanche, la majorité perd la 2e circonscription du Cher, où la députée Modem sortante Nadia Essayan a été sèchement écartée au 1er tour en n’arrivant qu’en troisième position. Elle a été devancée le 12 juin par le maire PCF-Nupes de Vierzon Nicolas Sansu qui a battu le dimanche suivant Christine Poly, la représentante du Rassemblement national (54,37 % des voix) ; un retour à la normale sur cette circonscription détenue par le communiste Jean-Claude Sandrier entre 1997 et 2012, puis par son successeur Nicolas Sansu de 2012 à 2017. Les Républicains subissent, en revanche, une défaite historique dans ce département puisqu’aucun candidat ne parvient à se hisser au second tour du scrutin. Si la gauche rassemblée fait vaciller la majorité présidentielle, c’est bien la percée et la consolidation de l’ancrage des candidats du Ras-

BIENTÔT « GRAND REMPLACÉS » ? « Le grand remplacement n’est pas toujours celui que l’on croit », ironise cet élu centriste tourangeau, faisant allusion au recul du vote en faveur des candidats républicains et la montée en puissance concomitante des suffrages en faveur du Rassemblement national. Une circonscription en Indre-etLoire illustre parfaitement ce phénomène : il s’agit de la 5e (St-Cyrsur-Loire, Fondettes, Langeais, Bourgueil et depuis peu la partie ouest de Tours-Nord) qui fut longtemps l’un des fiefs de la droite républicaine gaulliste et de l’inamovible maire de St-Cyr-sur-Loire Philippe Briand. Aujourd’hui, l’étoile des Républicains a pâli. Leur représentant Fabrice Boigard n’a réuni que 13,45 % des suffrages exprimés au 1er tour. C’est la jeune Ambre Louisin (RN) qui s’est qualifiée avec 21 % des voix pour affronter la franco-allemande Sabine Thillaye, députée sortante largement réélue le 19 juin.

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POLITIQUE

STABILITÉ La région Centre-Val de Loire aura fait preuve d’une remarquable stabilité, en renouvelant 15 des 23 députés sortants, soit beaucoup plus qu’au plan national où moins de la moitié des députés élus en 2017 ont été reconduits lors du scrutin des 12 et 19 juin. Si la région a élu très majoritairement des notables pour cette quinzième législature de la Ve République, ou pour le moins des personalités ayant une expérience politique, l’Asssemblée nationale compte depuis le 19 juin des profils étonnants, en phase avec les évolutions de la société. Citons bien sûr la femme de ménage d’origine ivoirienne Rachel Keke (Nupes), mais aussi le chauffeurlivreur Jorys Bovet ou l’ex-champion de boxe Antoine Villedieu, tous les deux élus du RN.

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semblement national qui constituent l’enseignement majeur de ce scrutin. Les stratèges d’Ensemble se frottent toutefois les mains avec les réélections de François CormierBouligeon (Renaissance) et de Loïc Kervran (Horizons) dans le Cher, de Philippe Vigier (Modem), de Guillaume Kasbarian (Renaissance) et de Luc Lamirault (Horizons) en Eure-et-Loir, de François Jolivet (Horizons) dans l’Indre, de Daniel Labaronne (Renaissance) et de Sabine Thillaye (Modem) en Indreet-Loire, mais aussi de Stéphanie Rist (Renaissance), de Caroline Janvier (Renaissance) et de Richard Ramos (Modem) dans le Loiret. En prime, ils se féliciteront de la victoire d’Henri Alfandari (Horizons) sur la 3e circonscription d’Indre-etLoire, où il bat une candidate de la Nupes après avoir écarté la sortante Sophie Métadier (UDI) au 1er tour. « Quand je me regarde, je me désole, quand je me compare, je me rassure » : c’est sûrement ce que se disent in petto les rescapés de la majorité lorsqu’ils observent la performance des Républicains. Ces derniers ne parviennent à sauver que la 2e de l’Indre où Nicolas Forissier est largement réélu et la 2e d’Eure-et-Loir où Olivier Marleix vainc facilement Aleksandar Nikolic qui fut pourtant la tête de liste du Rassemblement national lors des dernières régionales. Pour Olivier Marleix, ce renouvellement sur une circonscription qu’il détient depuis 2012 s’est accompagné, trois jours plus tard, d’une élection à la présidence du groupe parlementaire des Républicains.

Première élection dans le Loiret pour Mathilde Paris (Rassemblement national).

Mais force est de constater qu’avec seulement 2 sièges de députés en région Centre-Val de Loire, « LR poursuit un proces-sus inexorable de relégation qui l’amène à ne jouer qu’un rôle d’éventuel supplétif », estime cet observateur de la vie politique. En 2017, les Républicains et leurs alliés de l’UDI détenaient 8 des 23 circonscriptions régionales. En 2012, ils en avaient 14 et en 2007, 18. Les chiffres se passent de commentaires. L’autre leçon de ces législatives est celle de l’échec des candidats de Reconquête ! qui ne parviennent que rarement à reproduire le score réalisé par Eric Zemmour en région Centre-Val de Loire (6,58 %) lors du premier tour des présidentielles. Le député sortant de la 2e circonscription de Loir-etCher Guillaume Peltier, qui avait rejoint le polémiste début janvier, est ainsi défait dès le 1er tour. L’exnuméro 2 des Républicains n’est parvenu à réunir sur son nom que 13,99 % des suffrages exprimés, arrivant en cinquième position le 12 juin. La circonscription revient au RN Roger Chudeau (51,07 % des voix), ancien conseiller éducation de François Fillon. Alexandre Ruffier


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Nord est en progres 13 revanch e, laN’ Malus . . us . . . . . . . . .gn filière .... ES des PPEMENT Dev’Up Guy Ho industriel Safran sion. . . .en . . t3de .... es de . .em .. 5 s’octroie la deuxièm T PASservices cqu . . s . . EX . . . . en . . . . et . pr . .... RAprotre. .et .... ... 2 e place (10 Harmo NGÉ AUDSOG ... 5 ÈN. .E. . . . . . . . .. .. . . . oj .... s, Smith nie Mu .... réjets soutenus pour 15 % . . . . . . . . 6l’a ge nc Après quatre années gio ex RA tue . Ind HL EDF . des na lle . e ............... ... 6 DE),S SO YO emplois plutôt en dents de devantl du Displa .... .. 3 ........ 4 N .... y. . . ........ Dev’U. . . . . la . . .nt scie, les investissements distribut . 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EP 4 CI .... d quS’AFFIR les de du Centre RÉGION de co Lajoinie rie Bouygues Énergi front . . . .xté de l’Île-de-F regar . ., 3 .... DOIT i pr . . .ur régional de .... Puigre ux mé . . . . . . . es .... mpéti Fonderie parovienMER . . es, . . . . ,. .d’a . 4 s’assécher au . . gg . 2lonier . ries . . ièr parDAVAN candidats issus selon une étude .... l’end t du e tiv. ité . . . . . . . . . .tro Les 38 MBDA Caire Indust TAGE DANS .... .. 4 .... . . .og elle, naturellement Ridore territ . . les . . .),. . . 7 .... et orga . . .po .. 3 nts et qui oblig ........ ène L’abonné LE DOMAINE 0 me t ... Naos pôles .... Hotel Group. Bonne nouv des Dépôts oire, en , l’ach mb iée, 69 % des du flux des recruteme . . ni ns . . sm sous quel .... 2 . un . . . 1, . eteurCaisse publ . . . . raiso . re . . e . Ro . . 5 . les . ... 2 extra Normacadrsedu jargon et l’util .... 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François plois archivage . .d’em t d’un e 2 présiden .copi . .e uniq . re-Va . d’em . . . . . . . . . . », précise 4 . s’agi . t du . ue il Cent . conseil lle n dest et . Radiall . . . . . . . . . . à usag .... Jonathan inée nie Mutue chargé La régio 000 cadre régiona l.cette e pers . . . . . . . . priso logiq ue, HarmoLefèvre, .. 3 . . .nnem onnel . 3ent et 1 à un usage stric . . . . . . . 2 pour ée par . . d’études Dans Un an plus etôt, Sanofi Pasteur . . . . olique des 100 27 men million projets été tement et privé). Aucu ........ a à laavaient ny t . . Dev’up, . . d’eu . . . étud pers . men . la barre symb Compa ... 7 ros d’am HF l’agence régionale. . . . . . . 4 une s par onnel. n droit de soutenu Sectronics . . . . . . . ière, . de dévelopreproduct reste large Toute ende). premété des régionale de ............ 2 autre ........ utilisation ion, t & Fils .ique. Et la tend ance s du niveau nationald’originecextra-na up, l’agence capitaux pement économ SNCF. . . . . . . . . . . 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e n°724 - 13 La Lettre Valloir

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• les projets d’implantations d’entreprises ;

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• les faits et gestes politiques ; • les changements de dirigeants ; • les projets et décisions des collectivités territoriales…

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POLITIQUE

CHRISTOPHE BOUCHET : «TOURS MÉRITE MIEUX QUE SON PERSONNEL POLITIQUE » L’ancien maire de Tours a publié un livre-témoignage (*) inspiré par son expérience municipale. Dans cet ouvrage décapant, l’ancien président de l’Olympique de Marseille relate les difficultés quotidiennes d’un élu, confronté aux injonctions contradictoires de l’administration. Mais Christophe Bouchet égratigne aussi le personnel politique local, toutes tendances confondues. Il le juge parfaitement incapable de porter une ambition pour le territoire.

La Lettre Valloire : Vous n’êtes pas tendre avec le microcosme politique tourangeau qui peinerait depuis de trop nombreuses années, dites-vous, à prendre suffisamment de hauteur. Quels sont les ressorts de cette malédiction ? Christophe Bouchet : C’est un mystère ! Je pense que depuis 1995, c’est-à-dire globalement depuis l’avènement de Jean Germain, les élus tourangeaux, toutes tendances politiques confondues, ont terriblement manqué d’ambition pour leur territoire. C’est un constat implacable. À droite comme à gauche, ce qui a dominé les débats sur la scène locale, ce sont des oppositions d’égos et des rivalités d’appareils. Les politiques qui se sont succédé aux responsabilités ont eu bien du mal à s’affranchir de ces postures et de jeux de rôles délétères. L’intelligence collective n’a pas

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réussi à s’installer durablement. Personne n’a eu la hauteur de vues nécessaire pour imposer une vision, une projection dans l’avenir comme avait pu le faire Jean Royer, qui a été le dernier maire à porter son territoire avec la détermination requise. Nous

verrai probablement pas construire à Tours une salle de sports polyvalente dotée de la capacité d’accueil qui fait cruellement défaut. Les élus ont historiquement fait preuve d’une grande légèreté en contractant, par exemple, des

PERSONNE N’A EU LA HAUTEUR DE VUES NÉCESSAIRE POUR IMPOSER UNE VISION, COMME AVAIT PU LE FAIRE JEAN ROYER ” avons été confrontés, et le sommes toujours, à un problème de leadership. Ce manque d’ambition a eu des conséquences dramatiques pour notre territoire. Je dis souvent que Tours est à la fois une ville ruinée et en ruines, mais c’est une réalité. Je suis triste quand je pense que, de mon vivant, je ne

emprunts in fine, et en ne travaillant pas dans le même temps à retrouver des capacités d’investissement et à renouveler les équipements. Au moment de rembourser le capital de cette dette qu’ils ont transférée avec beaucoup de légèreté à leurs successeurs, ceux-ci doivent assumer la gestion d’infrastructures vieil-


lissantes, parfois en lambeaux. Ce n’est pas une erreur, c’est une faute… La Lettre Valloire : Mais pour quelles raisons Tours a-t-elle renoncé ? Les villes voisines ont-elles connu le même phénomène ? Christophe Bouchet : Je ne veux pas faire dans la psychologie de comptoir, ni m’ériger en donneur de leçons, mais il me semble que cette situation s’inscrit dans une période historique marquée par une certaine insouciance, voire une certaine indolence. Contrairement à d’autres territoires que je connais bien, comme Marseille par exemple, ou des grandes villes du Nord de la France, Tours n’a pas eu à se battre dans un passé récent contre les mauvais coups du sort, ni à se redresser d’un grave sinistre économique. Je ne dirai pas que cette terre est une terre de privilégiés, mais je crains que les Tourangeaux se soient laissé aller à une certaine facilité. Pourtant, c’est un lieu qui regorge d’atouts, tant sur le plan du patrimoine historique, que

technologique ou économique. Mais cette abondance nous a peut-être paradoxalement desservis. La comparaison avec les villes voisines, je pense par exemple au Mans ou à Angers qui est une cité très similaire à Tours, est édifiante. Il faut regarder la réalité en face : nous avons décroché par rapport à ces « cousines » qui sont désormais bien mieux équipées que nous le sommes. Nous avons pris quinze à vingt ans de retard et je trouve que ce retard commence à se voir à l’œil nu. Nous aurons beaucoup de mal à rattraper le

Mettons-nous à la place d’un préfet qui débarque ici. Il doit se demander qui sont ces zozos ! Les mises en examen se ramassent à la pelle ces derniers temps… La Lettre Valloire : Tours est aussi la ville-centre d’une métropole. Quel regard portez-vous sur la relation Ville-Métropole et sur la qualité du projet métropolitain ? Christophe Bouchet : Il ne faut pas raconter d’histoires. Cette affaire métropolitaine n’est pas très bien engagée. Tout d’abord, nous pâtissons d’une défiance histori-

JE DÉFIE QUICONQUE DE DÉFINIR LES PRIORITÉS RÉELLES DE CETTE MÉTROPOLE ” temps perdu, surtout avec l’équipe municipale en place qui s’est installée dans un immobilisme préoccupant. Et puis, tout de même, beaucoup d’élus ont été embarqués récemment dans des affaires judiciaires pittoresques à des degrés de gravité divers qui compromettent la réputation du collectif politique local.

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que entre la ville-centre et les communes membres. Ces dernières se méfient de Tours et ne pensent qu’à réduire son influence. Tours est une sorte de citadelle assiégée qui ne comprend pas toujours les besoins et les demandes des communes. Il est vrai que la mutualisation des moyens n’est pas le point fort de cette col-

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POLITIQUE

lectivité ! On a trop tendance à dupliquer les équipements, les gymnases, les petites salles pour faire plaisir aux maires. Là encore, cette défiance mutuelle s’enracine dans le passé et sans doute dans l’attitude de Jean Royer qui n’a jamais cru à l’intercommunalité et n’en a jamais fait mystère. Aujourd’hui, l’intercommunalité est en panne et la Ville de Tours est quasiment hors-jeu. C’est une situation totalement absurde. Je pense que nous avons raté une occasion de rétablir des équilibres lorsque Serge Babary, une fois

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élu maire de Tours, n’a pas souhaité prendre la présidence de la communauté d’agglomération – devenue Métropole trois ans plus tard (NDLR) – comme il en avait l’occasion. Une erreur politique a été commise. Je ne crois pas qu’il faille l’imposer par la loi parce que c’est aux élus de décider et qu’il faut tenir compte des spécificités locales, mais il me semble qu’il y a une logique à ce que le maire de la ville-centre devienne le président de l’intercommunalité. Frédéric Augis – le maire de Jouélès-Tours qui préside aujourd’hui

Tours Métropole Val de Loire (NDLR) – est, certes, un fin politique, mais il n’est aujourd’hui au fond que le porte-drapeau d’une majorité composée de communes liguées contre Tours. C’est un peu court ! Il est vrai que les élus de Tours, et notamment le maire en place, enferré dans sa radicalité, n’ont rien fait pour rompre cet isolement. Je propose que toute commune pesant plus de 10 % de la population de son intercommunalité dispose automatiquement d’un poste au sein du bureau de l’exécutif, et ainsi de suite par tranche de 10 % (20 %, deux postes, 30 %, trois postes). Pour notre territoire, cela reviendrait à ce que Tours dispose de quatre postes au sein du bureau de la Métropole. Par ailleurs, je défie quiconque de définir les priorités réelles de cette métropole. Le tourisme, l’économie, la transformation écologique ? À force de vouloir être partout, on est souvent nulle part. Pourquoi avons-nous échoué à nous mettre d’accord sur un objectif simple, lisible et accessible ? On pourrait, par exemple, faire de notre territoire une place-forte des biotechnologies et de la santé… On pourrait aussi viser une place de capitale européenne dans le domaine du vélo tourisme… Que sais-je ! Nous bénéficions de nombreux atouts mais nous ne savons plus nous mobiliser pour exploiter nos richesses. Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier (*) « Lettre ouverte aux candidats d’un petit élu de province » (Hugo Doc)


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ZOOM

LE COMMERCE EN LIGNE DE MIRE En créant Pharmazon en 2015, Audrey Lecoq s’est lancé un défi : réconcilier le e-commerce et les petites officines. Aujourd’hui, 1 800 pharmaciens passent par sa centrale d’achats. Fonceuse et pragmatique, la cheffe d’entreprise de 36 ans poursuit son irrésistible ascension dans le digital.

ertaines petites filles se projettent dans la féérie de Walt Disney et la magie des contes de Noël. Pas Audrey Lecoq, fondatrice en 2015 de Pharmazon, une centrale d’achats à destination des officines de pharmacie. Elle, petite, rêvait de « conduire des négociations ». « Quand on m’emmenait dans un grand magasin, c’était mieux que le manège. On marchait tous dans le même sens, on répétait tous les mêmes gestes, on devenait des robots. Cet univers dégageait une puissance qui me fascinait », confie la mère de famille de 36 ans, qui s’imaginait alors dans le blazer cintré et la mini-jupe d’Amanda Woodward, une executive woman à l’américaine, impitoyable en affaires, qui était l’héroïne de Melrose Place, la série culte des années quatrevingt-dix. Alors, logiquement, après un DUT en commerce obtenu à Tours, ville dont elle est native, Audrey Lecoq s’est tournée vers l'agroalimentaire. « J'avais entendu dire que c'était là que se déroulaient les négociations les plus dures »,

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lâche-t-elle. On ne change pas les rêves d’enfant. Femme spontanée, pragmatique et sans chichi, Audrey Lecoq dégage une bienveillance chaleureuse. Hormis la blondeur de ses cheveux, on est donc loin de la froideur cynique de son personnage de fiction préféré. Une main de fer dans un gant de velours ? Pas vraiment, plutôt une dirigeante énergique qui n’a pas froid aux yeux et emporte dans son élan une équipe constituée aujourd’hui de vingt-quatre salariés. Les trois séances hebdomadaires de sport qu’elle s’inflige avec assiduité attestent de sa nature. « Je n’ai pas les dents qui rayent le parquet. Je m’éclate dans mon travail, il a du sens et je rends service à une profession », expliquet-elle. Ce qui caractérise le mieux Audrey Lecoq, c’est sans doute cette passion intacte pour le commerce, dans une dimension humaine plus que financière. Il faut dire que les gènes parentaux n’y sont sans doute pas étrangers. Une mère responsable de magasin et un père directeur commercial


dans le mobilier, ça forge aussi les contours d’une vie. « Dans la famille, on n’a jamais vu le travail comme une contrainte », assure-t-elle. Son frère, qui possède six restaurants dans la région, a également profité de ce legs familial. Pour autant, l’irruption massive du e-commerce dans l’économie a marqué une rupture générationnelle en même temps qu’elle posait les jalons de ce qui allait devenir Pharmazon.

« Mon père me disait : « Avec Internet, vous n’aurez bientôt plus de commerce en ville. Tu es en train de faire l’Amazon de la pharmacie ». J’ai voulu lui prouver que l’on pouvait réconcilier le ecommerce et les pharmacies de quartier », dit-elle.

banque, sans du tout savoir où j’allais », se souvient-elle. Installée seule dans un petit bureau du centre d’affaires d’Orléans, elle couche sur le papier les contours de son entreprise. En résulte un livre de 257 pages où « tout est pensé, sans limites ».

J’AI DEMANDÉ UNE AUTORISATION DE DÉCOUVERT DE 50 000 € À LA BANQUE, SANS SAVOIR OÙ J’ALLAIS ” Après quatre ans passés chez Fleury-Michon, elle quitte Rouen pour Chartres où son mari a trouvé un travail. Aucune opportunité ne s’offre à elle pour retrouver la grande distribution. Elle se tourne alors vers un grossiste en pharmacie qui a pignon sur rue : « Je ressens rapidement de l’empathie pour les pharmaciens qui ne peuvent que se faire avoir. Ils reçoivent des tonnes de commerciaux, ils ne savent pas comment faire. J’ai le sentiment d’être dans un monde de dinosaures. Je me dis alors que ça fonctionnerait mieux avec un système de centrale d’achats pour tous les produits de la parapharmacie et les médicaments non remboursés.» Après une nuit blanche, elle fonce : « Je n’ai pas d’argent, je suis jeune maman, mais j’y vais. » Elle s'associe à Rodrigue Beyssey, un pharmacien installé en Dordogne. Débute ainsi l’aventure de Pharmazon. Sans aucune expérience dans l’entrepreneuriat, elle avance à tâtons, mais sans complexes. « J’ai demandé une autorisation de découvert de 50 000 € à la

Rapidement, une soixantaine de pharmacies lui font confiance. Elle parvient à leur proposer 5 000 références. En 24 heures chrono, le produit commandé est dans leurs rayons. Aujourd’hui, elle stocke 15 000 produits dans un entrepôt de 3 000 m2. De 3 M€ au départ, ses ventes ont été multipliées par 10 en six ans. Elles tangenteront les 40 M€ cette année. Mais Audrey Lecoq ne pouvait pas s’arrêter là. Pour faciliter encore la tâche des pharmacies, persuadée qu’elles perdent des marchés dans le bras de fer engagé avec la grande distribution, elle a ouvert à l’automne une plateforme en ligne, destinée cette fois aux particuliers. En un clic, le client passe com-mande et reçoit le lendemain son produit dans l’officine de son choix. D’évidence, Audrey Lecoq a le sens des affaires et une intuition infaillible. « Quand il y a un doute, c’est qu’il n’y a pas de doute », répète-t-elle. Elle n’en a visiblement plus beaucoup. Qu’en dirait Amanda Woodward ? Johann Galy

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ZOOM

PHARMAZON AU SECOURS DES PETITES OFFICINES En plus de son activité de grossiste, Pharmazon innove et offre désormais la possibilité aux clients de commander sur un site marchand en choisissant la pharmacie où ils vont régler et retirer leur achat. Un modèle économique inédit récompensé par un prix national.

lle s’en souvient aujourd’hui avec amusement : lorsqu’elle est lauréate, en février dernier, de l’or du meilleur espoir e-commerce de la Fevad – Fédération du ecommerce et de la vente à distance –, une distinction prisée qui lui vaut immédiatement une exposition médiatique nationale, Audrey Lecoq vient juste de lancer sa plateforme phygitale destinée aux particuliers. « Quand j’ai eu le trophée, on prenait quatre commandes par mois. Je ne savais pas trop quoi dire au micro. C’est le modèle qui a été récompensé ce jour-là, explique la fondatrice de Pharmazon. Depuis, c’est parti, on a eu 700 commandes en mars et ça continue sur un bon rythme. Je me suis fait un peu peur quand même. » En complément de son activité de grossiste à destination de quelque 1 800 pharmaciens, Pharmazon propose désormais aux clients de commander en ligne et de choisir eux-mêmes la pharmacie dans laquelle ils vont régler leur achat et où ils viendront, le lendemain, chercher leur com-

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mande. « Nous n’encaissons rien, c’est le pharmacien qui perçoit 100 % du montant de la vente, et cela sans rien faire, détaille Audrey Lecoq. Tout le processus est automatisé, la pharmacie nous délègue tout : l'internaute choisit ainsi une pharmacie qui passe commande à notre centrale d'achats comme si l'achat avait été fait sur son propre site marchand ». En contrepartie de ce service, Pharmazon perçoit de l’officine un tarif forfaitaire de 49 € par mois, en plus d’un abonnement mensuel de 195 € qu’elle doit souscrire pour avoir accès à cette plateforme inédite. « C'est un peu du BtoCtoB », complète Audrey Lecoq, qui sourit comme si elle venait de réaliser un petit tour de passe-passe au nez et à la barbe de la grande distribution. « Le pharmacien est tellement malmené que s’il ne prend pas rapidement le virage de la vente en ligne, il perdra de plus en plus de clients. Regardez les tests de grossesse, ceux de la Covid-19, les produits pour le bien-être, les cosmétiques, etc., quand ce n’est

pas la grande distribution qui les propose, ce sont des sites étrangers qui grignotent les parts de marché. À ce rythme, les petites pharmacies de quartier vont disparaître », avertit la fondatrice de Pharmazon. Elle ne croit pas si bien dire. Chaque année, plus de 200 croix vertes s’éteignent en France et s’il subsiste encore un peu plus de 20 000 officines en activité, les perspectives des plus mo-


destes ne sont guère fameuses. « Amazon a créé un espace santé qui n’existait pas avant. Ça va être un ouragan », prévient la dirigeante de Pharmazon. Les pharmaciens ont donc intérêt à bien s’accrocher au bastingage et à ne pas négliger les nouvelles formes de distribution.

Claude Labrune, le directeur général : « Il a été visiblement convaincu par mes arguments puisque Cegedim est entré à hauteur de 28 % dans le capital de Pharmazon en contrepartie d’un apport de 4 M€. » Une somme qui a servi, en partie, à automatiser l’ensemble d’un

AMAZON A CRÉÉ UN ESPACE SANTÉ QUI N’EXISTAIT PAS AUPARAVANT. ÇA VA ÊTRE UN OURAGAN ” Pourtant, avant de mettre en ligne le nouveau service, Audrey Lecoq a dû convaincre. Mais ce n’est pas l’exercice qu’elle redoute le plus. Sans complexes face aux mastodontes du digital, elle a poussé en 2019 les portes de Cegedim, le grand spécialiste français de la gestion de bases de données numériques dans la santé. Elle s’est retrouvée sans vraiment s’y attendre dans le bureau de Jean-

processus complexe et inédit qui permet aujourd’hui à un pharmacien de vendre à distance sans avoir à lever le petit doigt. Fidèle à son credo et à ses convictions, Audrey Lecoq espère que ce service numérique permettra aux petites officines de tenir la barre face aux puissantes mutations qui sont déjà à l’œuvre dans ce secteur d’activités. « Il y a encore beaucoup de pédagogie à

faire auprès des pharmaciens pour les convaincre de la nécessité du e-commerce, concède-t-elle, réaliste. Mais notre équipe est déterminée à y parvenir. » Après deux ans au centre-ville d’Orléans, Pharmazon s’apprête à déménager. « Nous étions six en arrivant ici, nous sommes vingtquatre aujourd’hui et donc forcément à l’étroit. Mais je garde la tête sur les épaules ; on reste une entreprise à taille humaine », reconnaît, avec humilité, Audrey Lecoq. Mais avec la croissance constante et rapide enregistrée par Pharmazon – de l’ordre de 15 % par an – et la confiance qu’elle a su gagner auprès d’un nombre grandissant d’officines, elle a tout intérêt à ne pas lésiner sur les mètres carrés du futur siège. Les 257 pages qui ont écrit, dès 2015, l’histoire de Pharmazon sont manifestement loin d’être toutes tournées… JG


TERRITOIRES

CETTE VIOLENCE ORDINAIRE QUI FRAPPE LES ÉLUS Insultes, menaces de mort, agressions jusqu’à leur domicile, harcèlement sur les réseaux sociaux, les élus locaux et notamment les maires des communes de taille modeste doivent faire face à l’intensification et à la multiplication des actes de violence. La région n’échappe pas à la règle.

n prête à Jean-Pierre Raffarin cette remarque qui se voulait humoristique : « Les maires, ce sont les élus qui sont à portée de baffe ». C’était en 2004, lors de son passage à Matignon. Dix-huit ans plus tard, les faits lui ont donné tristement raison. Confrontés comme la plupart des détenteurs du pouvoir à une remise en cause de leur légitimité, les maires sont désormais victimes d’agressions, le plus souvent verbales, mais aussi parfois physiques. Et la région n’échappe pas à ce triste constat. Le maire d’Issoudun André Laignel, que nous avons rencontré récemment (lire aux pages 40 et 41 de cette édition) a été confronté à plusieurs reprises à cette montée de la violence ordinaire. En août 2020, des insultes à l’orthographe approximative ont été taguées sur le mur de sa maison. Deux ans plus tôt, un coup de feu avait été tiré en direction de ses fenêtres. « Cette violence désolante n’est pas réservée aux quartiers difficiles. Parfois cela peut-être encore plus dur dans les petites commu-

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nes, » estime le vice-président de l’association des maires de France. La remise en question des détenteurs de l’autorité touche tous les échelons. L’écharpe tricolore n’est plus un sauf-conduit. « Je n’en mène pas large lorsque je vais sur le terrain déminer une querelle entre voisins, nous indique Daniel Barbe, le maire de la commune de Blasimon, à une cinquantaine de kilomètres de

« Le problème, poursuit Daniel Barbe, c’est que le citoyen lambda ne supporte plus aucune frustration. L’instruction des permis de construire est assez caractéristique de cet état d’esprit. La moindre observation est vécue comme un crime de lèse-propriété. » Si les maires ont le titre d’officier de police judiciaire, ce n’est plus une assurance tous risques. Marc

Bordeaux. Les manifestations publiques qui dégénèrent, les voisins qui se haïssent pour une place de parking, ce n’est pas nouveau. Ce qui a changé, c’est que le maire est désigné comme celui qui doit apaiser toutes les tensions. C’est la rançon de la proximité. »

Labulle, le maire de Cheillylès-Maranges, un village bourguignon, a ainsi été pris à partie et menacé de mort jusqu’à son domicile par un groupe de tra-


vailleurs saisonniers itinérants – des vendangeurs – qu’il avait délogé d’un gymnase municipal dans lequel ils avaient pénétré par effraction. Trait commun à la plupart de ces mauvaises expériences, elles sont souvent propices à des escalades totalement incontrôlées. « Environ 70 % des infractions comportent des menaces de mort », confirme Sonia Fibleuil, porte-parole de la direction générale de la police nationale. On se souvient des circonstances dans lesquelles Jean-Mathieu Michel, le maire de la bourgade varoise de Signes, a perdu la vie en août 2019, écrasé par le camion d’un maçon qui venait vider sa benne dans la nature. Finalement, la qualification d’homicide involontaire a été retenue et l’auteur des faits s’en est tiré avec un an de prison ferme et le versement d’une indemnité de 15 000 € en réparation du préjudice moral. Mais l’affaire avait fait l’effet d’un électrochoc et conduit le gouvernement à s’intéresser de près à la protection des élus. L’accroissement de la violence faite à cette population particulière des élus locaux est statistiquement bien documenté. Ainsi, selon Sonia Fibleuil, « 605 élus municipaux ont été victimes d’une agression caractérisée en 2021, soit une hausse de plus de 40 %. C’est une très forte augmentation qui est peut-être minorée parce que les actes commis ne sont pas tous suivis d’un dépôt de plainte. Nous encourageons d’ailleurs les élus à ne rien laisser passer et à saisir la justice sans délai ». Selon

la policière, « la crise des Gilets jaunes, puis les restrictions de la pandémie ont fourni la toile de fond et beaucoup de prétextes à cette montée de l’agressivité ». Afin d’être clairement identifiés par des inconnus comme des dépositaires de l’autorité publique, certains des maires que nous avons interrogés plaident pour la création et le port d’un brassard qui désignerait explicitement leur statut. Il faut aussi que les plaintes soient instruites dans les délais et suivies d’effets. « Le continuum judiciaire, c’est la base de notre légitimité sur le terrain. Lorsqu’on intervient en flagrant délit sur un dépôt sauvage d’ordures, le procès-verbal devrait être traité rapidement, ce qui n’est pas toujours le cas », précise le président d’une association départementale de maires. Afin de faire face à ces situations d’extrême tension où un comportement inapproprié peut faire basculer un individu excité, les élus peuvent désormais bénéficier de conseils des négociateurs du Raid aux côtés des formateurs de l’École nationale supérieure de la Police. Ce corps d’élite propose des cursus de formation en tous points du territoire ; les sessions peuvent regrouper une vingtaine de stagiaires. « Près de 1 100 élus ont déjà suivi ces formations, se félicite Sonia Fibleuil. Il ne s’agit évidemment pas de transformer les élus en Rambos, mais de les initier aux fondamentaux du désamorçage des conflits et de la désescalade. »

DES SANCTIONS AGGRAVÉES Les infractions au préjudice d'un élu constituent une circonstance aggravante dès lors que les faits sont commis en raison de ses fonctions. La qualité de dépositaire de l'autorité publique est même érigée par le code pénal en élément constitutif de certaines infractions, parmi lesquelles figurent les menaces, violences, actes d'intimidation, outrages… Dans le cas particulier des attaques sur internet et les réseaux sociaux, les peines sont également aggravées à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 € d’amende dans le cadre du nouveau délit de mise en danger de la vie d'autrui par diffusion d'informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle, créé à l’article 223-1-1 du code pénal par la loi du 24 août 2021.

Jean-Christophe Savattier

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TERRITOIRES

ATTRACTIVITÉ : ISSOUDUN JOUE LA PROXIMITÉ Le territoire issoldunois, qui bénéficie d’une solide base industrielle avec notamment l’équipementier aéronautique Safran, la société Regeltex et un atelier-usine de Louis Vuitton, parvient à maintenir son attractivité grâce à une très grande proximité avec les entreprises et la mobilisation de tous les leviers disponibles. La culture de réseau animée par des élus référents joue à plein. ertains territoires n’ont pas été dotés de beaucoup d’atouts naturels sur le plan de l’attractivité. Ils parviennent toutefois à le compenser et à remporter de francs succès. C’est le cas d’Issoudun qui peut s’enorgueillir depuis plusieurs mois d’aimanter les projets endogène comme exogène. « C’est à un point que nos entreprises peinent, comme d’ailleurs un peu partout en France, à recruter. Il y a des besoins inassouvis dans tous les métiers. Mais chez nous, ces tensions

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Fanny Ries (adjointe au maire d’Issoudun).

tout de même inédites, redoublent d’intensité », nous explique Fanny Ries, adjointe au maire d’Issoudun en charge de l’économie, des énergies renouvelables et de l’enseignement supérieur. Un mal pour un bien… Cette ancienne secrétaire générale de la sous-préfecture issoldunoise, qui fut repérée en son temps par André Laignel, l’inamovible maire socialiste d’Issoudun – il est en place depuis… mars 1977, soit un bail en cours de 45 ans –, a d’ailleurs pris l’initiative d’aller à la rescousse

des chefs d’entreprise. Elle a convié en avril dernier une dizaine d’entre eux – tous membres du réseau d’entreprises locales – à une journée spéciale consacrée à l’emploi. « Nous les avons filmés individuellement. Ils ont pu mettre en avant leurs besoins spécifiques et leurs offres d’emploi. Et ces mini-clips ont été diffusés sur les réseaux sociaux », souligne Fanny Ries qui occupe aussi le poste de chargé de mission au Pays d’Issoudun où elle s’emploie à lutter contre la désertification médicale, une question qui hante le territoire. « Je pourchasse les médecins et les entrepreneurs », ironise-t-elle en précisant que les deux sujets ne sont pas si éloignés l’un de l’autre : « Notre bataille, c’est bien sûr celle de l’attractivité au sens large. Un territoire comme le nôtre n’a pas le choix. Il doit se battre sur tous les fronts et ne rien laisser au hasard. Si nous parvenons, comme c’est le cas depuis quelques mois, à attirer les praticiens, nous pouvons faire valoir ces nouveaux atouts auprès des porteurs de projets. C’est un cercle vertueux. » L’obsession de l’attractivité est partagée par son mentor André Laignel


pour lequel toutes les facettes de l’action doivent être mises au service de cet objectif : « On s’est souvent moqués du nombre et de la qualité des équipements publics qui ont été construits à Issoudun et qui ne correspondent pas aux standards habituels d’une sous-

originaires d’Issoudun – a souhaité se rapprocher de ses terres natales où il faisait d’ailleurs travailler un sous-traitant, il a été bluffé par l’écoute et la disponibilité des élus. « En 72 heures, nous avions obtenu des réponses à toutes nos sollicitations. En région parisienne, vous

NOTRE BATAILLE, C’EST BIEN SÛR CELLE DE L’ATTRACTIVITÉ AU SENS LARGE. UN TERRITOIRE COMME LE NÔTRE N’A PAS LE CHOIX ” préfecture, y compris dans le domaine culturel. Aujourd’hui, notre musée d’art contemporain est l’une de nos plus belles cartes lorsqu’il s’agit de convaincre des entreprises et des cadres », affirme celui qui fut en 1981 le plus ardent défenseur des nationalisations… Pour autant, c’est bien sur le terrain de « la réactivité, de la personnalisation de l’accompagnement et de la mise en réseau que se distingue la collectivité », nous indique Bérangère Perrin, la directrice du marketing et de la communication de SPX Lighting. Cette entreprise de l’aire francilienne, qui réalise un CA de l’ordre de 2,5 M€, conçoit des projecteurs et des installations lumineuses utilisés en muséographie ou dans la valorisation du patrimoine architectural. Elle compte parmi ses principaux clients et utilisateurs le château de Versailles, celui des Ducs de Bretagne à Nantes, la Cité des Sciences et de l’Industrie, la Fondation Vuitton, la Galerie Fire Station à Doha (Qatar), le Grand Palais ou la Bibliothèque François-Mitterrand. Lorsque le couple de dirigeants –

êtes un numéro parmi d’autres. Dans d’autres localités de la région, on vous répond lorsqu’on a le temps ! Ici, on se met à la place du chef d’entreprise et de ses préoccupations concrètes, se réjouit Bérangère Perrin. Par exemple, lorsqu’il faut accélérer auprès d’Enedis l’installation courant triphasé. Ce sont des choses aussi simples que cela. J’ajoute que le partage des informations, via un groupe WhatsApp, permet des échanges d’une très grande fluidité. » « Nous ne sommes que des facilitateurs », estime Fanny Ries qui se félicite de pouvoir s’adosser au dispositif Territoires d’Industrie ; celui-ci lui a permis « de débloquer bien des situations », reconnaît cette développeuse toujours à l’affût de nouvelles opportunités : « Nous n’allons pas chercher en direct des entreprises exogènes. Pour cette partie, je m’appuie sur les ressources de Dev’Up, l’agence de développement économique régionale qui est un partenaire d’une grande efficacité. » SPX Lighting, qui s’est installé en novembre 2021 dans un bâtiment

SAUVETAGE IN EXTREMIS Le 8 juillet 2020, alors que la France sortait à peine du premier confinement, le tribunal de commerce de Paris attribuait l’essentiel des magasins d’habillement de l’enseigne La Halle – 366 sur 871 – au groupe malouin Beaumanoir. Ce dernier reprenait aussi l’entrepôt de Montierchaume, à côté de Châteauroux, et ses 155 salariés. Mais pour l’autre entrepôt du groupe, à Issoudun, rien à faire. Aucun repreneur ne s’étant manifesté, il était fermé séance tenante et ses 289 employés licenciés. Grâce à l’opiniâtreté de la municipalité issoldunoise, qui a obtenu en mars dernier du ministère de la Justice que les locaux soient mis en vente par le mandataire judiciaire, ce site de 62 000 m2 va connaître une seconde vie avec les Transports Van de Walle.

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TERRITOIRES

Charlène Van de Walle avait besoin de surfaces supplémentaires.

de 1 000 m2 délaissé par une solderie après avoir envisagé de construire, emploie désormais une quinzaine de salariés à Issoudun. L’entreprise n’exclut pas de rapatrier à terme en Berry l’activité de deux sociétés sœurs. « Nous essayons, en effet, de bâtir une véritable communauté entrepreneuriale, de jouer à fond l’effet réseau et filière », poursuit Fanny Ries. C’est dans cette logique que la collectivité a soutenu le projet de reprise par l’entreprise de transports et logistique issoldunoise Van de Walle de l’ex-entrepôt de La Halle-Vivarte (62 000 m2). Confrontée à de belles perspectives de croissance – elle emploie aujourd’hui 205 salariés pour un CA de 24 M€ – la société cherchait de nouvelles capacités de stockage. « Nous exploitons déjà environ 60 000 m2 répartis entre Bourges et Issoudun où nous employons 150 salariés sur l’ensemble des deux sites. Mais nous avions besoin de surfaces supplémentaires qui nous permettront d’ailleurs d’alléger

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notre empreinte à Bourges », nous indique Charlène Van de Walle, la fille du fondateur. « C’est un dossier important, commente Fanny Ries. D’une part, cette reprise nous permet de traiter la question de la destination de La Halle-Vivarte. Par ailleurs, l’opération donne l’occasion à une entreprise logistique locale qui travaille pour des donneurs d’ordre historiques du territoire (Safran, Harry’s, Candy) de se développer en respectant les limitations imposées par l’artificialisation des sols. » À l’heure où nous écrivons ces lignes, Charlène Van de Walle était toujours dans l’attente de la notification officielle par le tribunal de commerce de Paris de l’approbation du projet de reprise qui va requérir un investissement d’environ 8 M€. Elle était aussi à la recherche d’une dizaine de conducteurs.trices, d’un chef d’exploitation et de personnel administratif… « L’un des piliers de notre stratégie consiste aussi dans l’anticipation des besoins des entreprises en foncier et en immobilier. Nous proposons de véritables parcours résidentiels ». Les collectivités vont ainsi réceptionner un troisième village d’entreprises à la fin 2023 qui ajoutera 2 000 m2 aux 4 000 m2 de surface disponible déjà exploitée. Issoudun, qui dispose également d’un bâtiment dédié au coworking et à l’accueil temporaire d’entrepreneurs (Les Ruches), attend aussi beaucoup de l’extension de 8 ha de la ZA de la Limoise, qui vont venir compléter les 7 ha de la zone déjà développés. JCS



TERRITOIRES

André Laignel, maire d’Issoudun, vice-président délégué de l’AMF

« LA RÉGION DEVRAIT SE DÉ-BUREAUCRATISER » Le maire socialiste d’Issoudun mène une farouche bataille en faveur de l’attractivité de son territoire. Il partage la plus grande part des orientations politiques de la Région Centre-Val de Loire, mais souhaiterait que certains des dispositifs d’accompagnement soient plus souples. La Lettre Valloire : Quel regard portez-vous sur les politiques mises en œuvre par la Région Centre Val de Loire ? André Laignel : Dans l’ensemble, les orientations prises en matière économique, ainsi que dans le domaine sanitaire ou celui des mobilités, vont dans la bonne direction. Je n’ai rien à redire sur ces intentions que je partage et soutiens pour la plus grande partie d’entre elles. Je pense toutefois qu’il conviendrait, de façon générale mais aussi dans différents domaines spécifiques comme celui de l’environnement, d’introduire un peu de souplesse, en un mot de débureaucratiser les approches. Certaines contraintes, liées à la volonté d’être exemplaires, notamment en matière bioclimatique ou pour un meilleur respect de la biodiversité, devraient être allégées, ou dans tous les cas prendre en compte la diversité des territoires. Qui peut nier que les questions bioclimatiques ou de biodiversité correspondent à des enjeux différents en milieu rural et en milieu urbain ?

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Par ailleurs, je précise que je n’ai pas attendu la dernière mode pour m’attaquer à ces sujets. Je vous rappelle que j’ai initié la construction de bâtiments bioclimatiques, notamment d’écoles, il y a une trentaine d’années. Dans ce domaine comme dans d’autres, il y a ceux qui parlent et ceux qui font. La Lettre Valloire : En matière sanitaire, et notamment de lutte contre la désertification médicale, les politiques régionales vous paraissent-elles à la hauteur des enjeux ? André Laignel : C’est un sujet qui, comme vous le savez, m’est cher. Nous menons sur le territoire issoldunois une politique très volontariste fondée sur l’attractivité ; elle commence à produire de premiers effets très intéressants. Nous sommes en train d’étoffer notre offre de praticiens spécialisés et c’est bien sûr une très bonne chose. C’est une préoccupation très forte de tous les élus qui doivent pallier les errements et les lacunes des politiques

nationales, et faire feu de tout bois. L’initiative pour le moins spectaculaire prise récemment par le maire d’Orléans, que je n’ai pas à juger sur le fond, témoigne de cette urgence. Les politiques menées dans la Région, que je vais vous énumérer, vont indiscutablement dans la bonne direction. Pour ma part, je pense que sur le plan national, il sera très difficile de réduire ces poches désertées par les professionnels de santé sans muscler les incitations à l’installation, voire introduire un peu de coercition dans le système. Là encore, je souhaiterais que la Région Centre-Val de Loire fasse preuve de davantage de souplesse. Elle n’a pas souhaité financer notre centre de santé qui est adossé au centre hospitalier d’Issoudun au motif que celui-ci a été créé avant que l’exécutif régional s’intéresse au sujet et aussi parce qu’il profite du soutien de l’établissement public. Le projet sortait du cadre ! Je ne trouve pas que cette position soit fondée et elle me paraît, pour tout dire, assez injuste.


La Lettre Valloire : Comment caractériser, selon vous, le premier mandat d’Emmanuel Macron du point de vue des relations entre l’État et les collectivités locales ? André Laignel : Je dois malheureusement constater que ce mandat a été marqué par une régression brutale qui a durement fragilisé l’autonomie fiscale et financière des collectivités et donc leurs libertés. C’est vrai pour le bloc communal, mais c’est également le cas des autres catégories de collectivités, et notamment des départements. Les attaques se sont multipliées. Le gouvernement a organisé la stagnation, voire la baisse à prix réel des dotations globales de fonctionnement. Dans le cadre d’un mouvement général initié sous Nicolas Sarkozy, puis poursuivi sous François Hollande et parachevé par Emmanuel Macron, l’État s’en est pris à la taxe d’habitation, ce qui présente beau-

coup de dangers dont j’ai souligné la gravité à plusieurs reprises : on rompt le lien avec le citoyen et on écorne le principe constitutionnel de libre administration des collectivités locales. N’oublions

son intention de procéder à de nouvelles économies sur le fonctionnement des collectivités, de l’ordre de 10 Md€ sur la durée de son second mandat. L’Etat impécunieux veut se refaire une santé

ON ROMPT LE LIEN AVEC LE CITOYEN ET ON ÉCORNE LE PRINCIPE CONSTITUTIONNEL DE LIBRE ADMINISTRATION DES COLLECTIVITÉS ” pas non plus la volonté du président de la République de supprimer la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) dont le produit est de l’ordre de 9 Md€. On avance comme argument que les chefs d’entreprise – et j’en rencontre beaucoup dans le cadre de mon mandat de maire d’Issoudun – réclamaient cette suppression ! Ce n’est évidemment pas le cas. Et comme si cela ne suffisait pas, le président Macron a confirmé

sur le dos des com-munes. Je rappelle que la dette des collectivités ne représente que 8 % de la dette publique mais qu’on entend les obliger à assumer 50 % des efforts d’économie. Ce n’est, bien sûr, ni acceptable, ni soutenable. Le bureau de l’AMF, toutes tendances confondues, vient d’ailleurs de demander au président Macron de renoncer à ce projet injuste et néfaste. Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier

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TERRITOIRES

APRÈS LE TRÈS HAUT DÉBIT, LA BANQUE DES TERRITOIRES POURSUIT SES MISSIONS La couverture numérique du territoire régional étant en voie d’être bouclée, la Banque des Territoires va pouvoir consacrer ses ressources au financement du logement social, secteur qui représente la plus grande part de ses encours. Organisme prêteur, la branche dédiée de la Caisse des Dépôts intervient aussi en fonds propres auprès d’entreprises : elle a ainsi participé à la levée de fonds de la startup tourangelle Geovelo. indispensable équipement des territoires en infrastructures numériques aura impliqué un très haut débit… de dépenses : un chantier heureusement en voie d’achèvement, notamment pour les financeurs. « Nous avons fait le travail », accorde, un rien soulagée, Sophie Ferracci, directrice régionale de la Banque des Territoires depuis l’automne dernier. En 2021, cette branche de la Caisse des Dépôts dédiée au financement du secteur local aura investi près de 75 M€ en faveur du THD en région Centre-Val de Loire (25 M€ pour Val de Loire Numérique, 49 M€ pour Berry THD). Soit la moitié de ce qu’elle a consacré à ce vaste programme de construction de 530 000 lignes fibres, destiné à atteindre une couverture à 100 % des quatre départements concernés (Indre-et-Loire et Loir-et-Cher pour Val de Loire Numérique, Cher et Indre pour Berry THD). Le Loiret a confié la couverture du département à un opérateur privé, SFR

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Collectivités, tandis que l’Eure-etLoir s’en remettait pour une première tranche au financement public (avec un prêt de 30 M€ de la Banque des Territoires) avant de se tourner, pour la seconde, vers SFR.

construits et 480 réhabilités, devant l’Eure-et-Loir (45 M€) et le Loir-et-Cher (38 M€), les deux départements berrichons étant les moins bien dotés avec une dizaine de millions d’euros chacun. Les prêts aux collectivités locales

DEUX-TIERS DES INTERVENTIONS DE LA BANQUE DES TERRITOIRES PORTENT SUR LE LOGEMENT SOCIAL ” Libérée du fardeau de l’investissement numérique, la Banque des Territoires va poursuivre son action en faveur du logement social, une tâche cruciale tant les besoins sont importants. Avec 274 M€ de prêts accordés en 2021, le secteur a représenté près des deux tiers de ses interventions. Le Loiret s’est taillé la part du lion, avec 943 logements construits ou acquis en Vefa auprès de promoteurs privés et 441 réhabilités pour un montant total de 96 M€. L’Indre-et-Loire suit (66 M€), avec 567 logements

ont représenté 38 M€ l’an passé en région Centre-Val de Loire, rapportés au 1 Md€ décaissé par la Banque des Territoires à l’échelle nationale. Le prêt relance accordé à Chartres Métropole pour la construction du futur parc des expositions a absorbé, à lui seul, un peu plus de la moitié de l’enveloppe. Le solde de 18 M€ a souvent été distribué sous forme d’Aqua Prêts, ces lignes de crédit à maturité longue (jusqu’à 60 ans) destinées aux projets d’infractructures d’eau potable, d’assainissement ou de traitement


des eaux de pluie : exemples à Dreux (28) pour l’extension du réseau d’assainissement, à Sennely (45) ou à Port-sur-Vienne (37) pour la réhabilitation du réseau d’eau potable. Durant le précédent mandat présidentiel, les petites et moyennes villes ont été au centre des attentions. Après Action Cœur de Ville (ACV), programme destiné à redonner de l’attractivité et du dynamisme aux centres des villes de la tranche comprise entre 20 000 et 60 000 habitants, Petites Villes de Demain (PVD) a pris le relais pour des intercommunalités ou des communes comptant parfois à peine plus d’un millier d’habitants. En région Centre-Val de Loire, treize villes ont été déclarées éligibles au programme ACV : huit d’entre elles ont fait l’objet d’un financement de la Banque des Territoires à fin 2021 pour des prêts (Chartres et Vierzon) ou des investissements (une résidence hôtelière à Blois) : 0,5 M€ ont été débloqués pour financer ou cofinancer des études. Si le programme PVD est plus récent, il concerne 99 communes regroupées en 89 communautés de projets, le plus souvent à l’échelle de leur intercommunalité : l’établissement a cofinancé des études, des missions d’ingénierie ou le recrutement de chefs de projet, la plupart du temps dédiés au commerce, pour un total de plus de 7 M€. Enfin, la Banque des Territoires intervient aussi au plus près du secteur privé. D’abord pour le développement de l’offre hôtelière

régionale : elle a pris des participations dans la société qui a porté les deux hôtels Hilton de Tours (2,8 M€) et dans la future résidence hôtelière du quartier gare de Blois (livraison 2024), après l’Ibis Styles de Dreux, ouvert en début d’année. Aspect méconnu de son action, la Banque des Territoires peut aussi entrer au capital de startups (corporate venture), comme le prouvent les 1,2 M€ qui ont fourni une contribution essentielle aux 3,8 M€ levés en début d’année par la tourangelle Geovelo. L’établissement a également investi 150 000 € en quasi fonds propres dans l’école de production Maurice-Leroux de Salbris et suivi la Région – à hauteur de 4,75 M€ – dans le bouclage du Fonds Renaissance Covid-19 créé au printemps 2020. À noter enfin 1 M€ versé au Fonds Care de l’économie sociale et solidaire (ESS) qui a permis de traiter 24 dossiers et de préserver 486 emplois.

REMIS À NEUF Parmi les opérations de réhabilitation de logements menées récemment dans la région avec le concours de la Banque des Territoires, il faut mentionner celle, exemplaire, portant sur un ensemble immobilier du bailleur social Habitat eurélien, à Mainvilliers, dans l’agglomération chartraine. Construits en 1963, les 120 appartements, répartis en trois immeubles de quatre étages, ont fait l’objet de travaux d’isolation des façades et d’installation individuelle de chauffage à gaz avec production d’eau chaude pour réduire la consommation d’énergie, mais aussi de réaménagement des halls d’entrée, de création d’ascenseurs et de construction de nouveaux balcons. Le remplacement des huisseries et des revêtements de sols, ainsi que des travaux de peinture, ont achevé une opération pour laquelle la Banque des Territoires a prêté 6,9 M€.

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ENTREPRISES

RASSURÉ, FAIVELEY INVESTIT EN TOURAINE L’équipementier ferroviaire tourangeau a finalement remporté le contrat de fourniture de portes et de combles lacunes pour les 146 nouveaux trains qui seront exploités sur le RER B. Ce succès l’incite à investir dans de nouveaux équipements très innovants.

Le président de Région François Bonneau au côté de Franck Courcelle, directeur général de Faiveley Transport Tours.

nstallé à St-Pierre-des-Corps et à La Ville-aux-Dames où il emploie environ 850 salariés, l’équipementier ferroviaire Faiveley entrevoit l’avenir avec beaucoup plus d’optimisme qu’il y a quelques mois. La filiale du groupe américain Webtech (27 000 salariés dans le monde, 7 Md€ de CA) a remporté le contrat de fourniture de portes et de combles lacunes (dispositifs antichutes) destinés aux 146 trains qui remplaceront ceux utilisés aujourd’hui sur le tracé du RER B (programme MI20). Les livraisons devraient s’échelonner jusqu’en 2030. En décembre 2020, les dirigeants de Faiveley craignaient que cette commande capitale leur échappe,

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le consortium Alstom Bombardier-CAF, désigné pour la construction des matériels, ayant fait savoir qu’il n’intègrerait aucun critère de préférence tricolore dans ses choix industriels. Afin de faire valoir leur candidature, le président de Faiveley Transport Tours Gildas Rault et son directeur général Franck Courcelle n’avaient pas hésité à solliciter les responsables politiques, et notamment François Bonneau, le président de la Région Centre-Val de Loire. Celui-ci a soutenu la proposition commerciale et industrielle de Faiveley auprès de Valérie Pécresse, son homologue à la Région Île-de-France, la principale autorité organisatrice des transports (OAT) sur le territoire francilien. « Bien

sûr, ces soutiens ont été des contributions majeures à ce succès, mais il faut préciser que notre offre était tout à fait compétitive », tiennent à préciser les dirigeants. Fort d’un plan de charge désormais conforté par tout un chapelet de contrats (TGV français et allemand, métros marseillais et bruxellois, trains régionaux, Eurotunnel ), Faiveley confirme son intention d’investir annuellement quelque 9 M€ sur les prochaines années, « un effort considérable qui représente environ 6 % de notre CA », nous explique Franck Courcelle. L’équipementier va notamment se doter d’imprimantes 3D métal et polymère. « Grâce à ces technologies, nous pourrons proposer à nos clients la fabrication à l’unité de pièces détachées de rechange, ce qui va totalement révolutionner nos activités de maintenance », souligne Franck Courcelle, qui rappelle que les bureaux d’études tourangeaux proposent déjà 50 nouveaux postes d’ingénieurs, « notamment dans les domaines de la cybersécurité et de l’électronique de puissance, des secteurs où il est assez difficile de recruter. » JCS


SN LEFORT A REDONNÉ VIE À LA FRICHE MORY À BLOIS La friche Mory, devenue au fil du temps la verrue de l’avenue de Vendôme à Blois, n’est plus. Après d’importants travaux, l’entreprise SN Lefort a repris le site mais ne l’occupe que partiellement ; elle a réparti les autres surfaces entre des entreprises de transport. a société SN Lefort, un constructeur de maisons à ossature métallique bien connu à Blois, a emménagé au mois de décembre dernier sur les 14 500 m2 de la friche Mory de l’avenue de Vendôme. Après de lourds travaux qui lui ont coûté 3 M€, l’entreprise présidée par Michel Raffray a réussi la revitalisation de ce site qui était à l’abandon depuis mars 2015, la fermeture de Mory Global et le licenciement de la quarantaine de salariés encore présents sur le site. Plusieurs entreprises de transport s’étaient en effet succédé sur cette emprise foncière, devenue au fil du temps une véritable verrue au cœur de la zone d’activités. Si SN Lefort, qui affiche un CA de 5 M€ pour près de 30 salariés, n’occupe que 3 000 m 2 idéalement situés à proximité de l’A10, elle a réussi à attirer sur place plusieurs entreprises, notamment de logistique du dernier kilomètre, auxquelles elle loue des surfaces. Cette opération de commercialisation doit beaucoup à l’agence immobilière Arthur Loyd de Blois et aux services de développement économique d’Agglopolys, la com-

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munauté d’agglomération blésoise. « C’était un pari audacieux pour une entreprise de notre taille. Nous nous sommes posé pas mal de questions, mais aujourd’hui nous sommes très fiers de cette réussite », a lancé Michel Raffray au maire de Blois Marc Gricourt et au président d’Agglopolys Christophe Degruelle, venus constater de visu que la friche Mory avait bien repris vie. Ainsi, les sociétés Vir (logistique et transport de meubles), Lotmatrans (livraison du dernier kilomètre en véhicules électriques), Acoleva (manutention) et le transporteur logisticien américain FedEx, ont pris à bail respectivement 3 000, 1 500, 1 000 et 3 000 m2.

Michel Raffray, patron de SN Lefort, entre le maire de Blois Marc Gricourt et le président d’Agglopolys Christophe Degruelle.

L’ensemble immobilier, qui se déploie sur un terrain de 5,6 ha, accueille également une importante plateforme de l’autocariste Simplon (une cinquantaine de bus, dont une vingtaine affectés au réseau de transport collectif de l’agglomération blésoise (Azalys), ainsi que l’entreprise Ipflex (fournisseur et entretien de flexibles). Au total, l’ensemble des activités réunies sur l’ancienne friche de l’avenue de Vendôme emploie quelque 150 salariés, mais « 2 000 m2 de locaux sont encore disponibles », nous indique Ouarda Necib, négociatrice d’Arthur Loyd Blois. Mais avis aux amateurs, une entreprise orléanaise de négoce BtoB serait déjà sur les rangs. JCS


ENTREPRISES

SEABEX AIDE À MAÎTRISER L’IRRIGATION AGRICOLE La chambre d'agriculture du Loiret et la startup Seabex se sont associées pour aider les agriculteurs à maîtriser leur irrigation et ainsi à épargner la ressource hydrique. Un modèle développé en Tunisie et désormais dupliqué en France.

«C’

est un outil technologie à la pointe, avec une énorme puissance de calcul. Pour nous, c’est du gagnant-gagnant ». Taher Mestiri, le président de la startup orléanaise Seabex, se félicite du partenariat signé, début février, avec Jean-Marie Fortin, le président de la chambre d'agriculture du Loiret, sur un sujet ô combien central quand il est question d’agriculture : celui de l’irrigation et de la maîtrise de la ressource en eau. L’histoire a débuté au début de la précédente décennie de l’autre côté de la Méditerranée, en Tunisie. Alors que son pays est frappé par d’importantes sécheresses, Taher Mestiri décide de travailler en collaboration avec les agriculteurs locaux sur une gestion optimisée de l’eau. Depuis quinze ans, les agriculteurs français avaient à leur disposition un outil d'aide à l'irrigation baptisé NetIrrig. Créé dans le Loiret, il n’a jamais dépassé la centaine d’utilisateurs. Plus en adéquation avec les possibilités notamment offertes par l’intelligence artificielle, la plateforme créée par Seabex au Lab'O en mars 2020, va se réaproprier

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Taher Mestiri espère toucher 40 000 agriculteurs d’ici trois à quatre ans, dont au moins la moitié dans le Loiret.

des éléments de Net-Irrig en leur apportant une plus grande précision et en élargissant leur champ d’intervention : désormais, en temps réel, et sur une seule page d’ordinateur, l’agriculteur aura accès à des multiples données qui croiseront le type de culture et de sol, les réserves dont il dispose grâce à des capteurs, ainsi que des informations climatiques et satellitaires. Une application dédiée devrait voir le jour. Naturellement, en plein débat sur la préservation de l’eau, les avancées technologiques rendues accessibles au monde de l’agriculture par la plateforme de Seabex trouvent une résonnance particulière. Et précieuse. « On peut

produire mieux en consommant moins d’eau, avec un usage qui utilise juste ce qu’il faut, pas plus, pas moins, précise le patron de Seabex. Et l’on sait que le changement climatique ne simplifie pas la situation des agriculteurs. On espère toucher 40 000 agriculteurs d’ici trois à quatre ans, dont au moins la moitié dans le Loiret, avec un CA prévisionnel de 10 M€ ». Des revenus que se partageront Seabex et la chambre d'agriculture du Loiret. Pour le monde de l’agriculture, il s’agit aussi de démontrer son attachement à une agriculture soucieuse de la préservation de la planète. La transition écologique se mène sur tous les fronts. Johann Galy


STEP, LA SANTÉ DES PATRONS es entrepreneurs ont tendance à faire passer leur santé au second plan alors qu’ils sont eux-mêmes leur premier outil de travail. Pour répondre à cette problématique, l’entreprise tourangelle STEP, acronyme de Santé au Travail des Entrepreneur(e)s par la Prévention, a lancé le premier service de santé et de prévention globale dédié aux dirigeants. Proposé sous forme d’une adhésion de deux ans, ce programme donne accès à plusieurs prestations : • Un premier bilan portant sur

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la santé physique et mentale ; • Un bilan biologique et de santé sur une journée ; • Une épreuve d’effort ; • Un suivi avec un psychologue du travail. Fondée par Iris Ramos (cicontre), STEP collabore avec un réseau de partenaires afin que les adhérents soient prioritaires. Le service prend en charge la réservation des consultations, un infirmier passe au bureau pour la prise de sang et un chauffeur conduit le chef d’entreprise aux cabinets des différents spécialistes. Pas de perte de temps dans son travail !

Iris Ramos, fondatrice et dirigeante de STEP

STEP 46 rue du Rempart - Tours contact@service-step.com https://service-step.com

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ENTREPRISES

SIDAMO RELOCALISE À LA CHAUSSÉE-SAINT-VICTOR e concepteur et négociant d’outillage professionnel Sidamo nourrit de belles ambitions. La société, qui réalise

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23 M€ de CA et emploie 56 salariés à La Chaussée-St-Victor, près de Blois, souhaite relocaliser une part importante de la soustraitance industrielle qu’elle confiait jusqu’alors à des entreprises asiatiques ou européennes. « Nous avons l’intention, d’ici à la fin de l’année, de produire 10 % de notre gamme dans le Loir-et-Cher, nous indique ainsi Olivier Gaillaud, le président de la société blésoise. Et d’ici à quatre ans, plus du tiers de notre catalogue devra être fabriqué sur le territoire français. ». Afin de réussir ce challenge, Olivier Gaillaud compte beaucoup sur l’intensification de sa relation avec deux de ses sous-traitants

loir-et-chériens, VDLI à Montoiresur-le-Loir et Dargaisse à Vendôme. Ce projet a amené l’entreprise à renforcer ses capacités de développement en embauchant un ingénieur. Sidamo a également investi 800 000 € dans la fabrication de moules, ainsi que dans des capacités de CAO-DAO. Par ailleurs Olivier Gaillaud nous confie qu’il envisage de s’étendre : « Nous disposons de 4 800 m2 à La Chaussée-StVictor, dont 3 800 m2 de surfaces de stockage que nous devons agrandir d’au moins 1 500 m2. » La décision de construire sur l’emprise actuelle ou sur un autre site plus approprié n’a pas encore été arrêtée.

SIKORSKI INDUSTRIES

de donner plus d’aise à l’atelier de production : l’extension devrait être livrée début 2023. Sikorski Industrie est spécialisé dans la découpe de joints en caoutchouc, mousse et adhésif,

le négoce de produits en élastomère et les pièces moulées et injectées, principalement pour le secteur de l’automobile et celui de la cosmétique.

S’ÉTEND À BRIARE À l’étroit dans les 2 600 m2 qu’il occupe à Briare, dans le sud du département du Loiret, le spécialiste de la découpe industrielle Sikorski Industrie (2,6 M€ de CA, 17 salariés) investit 1,2 M€ dans la construction d’un bâtiment de 998 m2 qui sera dédié au stockage. Cette opération permettra à l’entreprise de dégager de l’espace dans une partie du bâtiment actuel afin

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INTELCIA RECRUTE À BOIGNYSUR-BIONNE… L'opérateur marocain de centres d'appels Intelcia – qui emploie 2 500 salariés en France et possède un site de 650 personnes à Dreux (28) – a lancé une opération de recrutement visant à embaucher 120 salariés sur son site de Boigny-sur-Bionne, près d’Orléans, qui emploie actuellement 280 collaborateurs ; la moitié des postes a déjà été pourvue. Pour héberger ces nouveaux effectifs, Intelcia va louer un plateau de 1 200 m2, en plus des deux qu’elle occupe déjà boulevard de la Salle. Cette opération vise à répondre aux besoins de deux nouveaux clients : Pôle Emploi et un opérateur téléphonique dont l’identité n’a pas été dévoilée. Le site de Boigny-sur-Bionne traite 150 000 demandes par mois.

LEDGER ET ALGOSUP FONT DES PETITS À VIERZON

La licorne vierzonnaise Ledger, l’un des spécialistes européens des solutions de sécurisation des cryptomonnaies, fait des émules. La startup Payinnov, fondée par Nadia Domec et trois associés parisiens, devrait installer son siège sur le parc technologique de Sologne, à Vierzon, en rejoignant avec une dizaine de collaborateurs l’incubateur du campus numérique construit sur le site. Payinnov a pour projet de proposer aux commerçants – en ligne ou physique – une solution d’acceptation des paiements en cryptoactifs. Le campus numérique, une plateforme de 2 400 m2 portée par la communauté de communes Vierzon-Sologne-Berry doit aussi accueillir l’école du numérique Algosup, déjà installée sur le parc technologique, ainsi que le Campus Connecté, un programme de formations à distance labellisé par le ministère de l’Enseignement

CASTLE IT ACCROÎT SES CAPACITÉS ...ET JILITI À BOURGES L’ESN Jiliti, un gestionnaire majeur d’infrastructures de technologies de l’information (IT), annonce le recrutement de 70 collaborateurs au plan national. L’entreprise recherche principalement des techniciens de maintenance appelés à intervenir sur les sites de ses clients à Villeurbanne, Nantes, Rennes, Labège et Bourges. Pour ce qui concerne le site de Bourges, Jiliti recherche des spécialistes en réseaux datas centers. Afin d’accompagner son développement, Jiliti est aussi en quête d’ingénieurs commerciaux junior et senior sur toute la France ; ils auront la charge de promouvoir le portefeuille d’offres de l’entreprise autour du cloud, des pratiques du edge computing, des services managés ou de la massification des contrats de maintenance.

Spécialisée dans l’hébergement de données et les services cloud IaaS (infrastucture as a service), la société Castle IT (2,5 M€, une petite dizaine de salariés), qui exploite déjà un data center de 1 300 m2 (3,5 M€ d’investissement) à Larçay, à l’est de l’agglomération tourangelle, s’apprête à ouvrir trois nouveaux data centers totalement sécurisés, dont le premier au dernier semestre 2023. Le premier doit être construit à Pau (64), le second entre Reims (51) et Dijon (21) et le troisième à Aix-en-Provence (13) ou à Sophia-Antipolis (06). Chacun de ces centres, destinés à héberger les données sensibles de clients que la société vient de recruter dans ces régions, requiert un investissement compris entre 10 et 15 M€.

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EN VUE de la Société Générale sur la zone géographique couvrant l’Indre-etLoire, le Loir-et-Cher et le bassin saumurois. Fort d’une expérience de quinze ans au sein du groupe, il exerçait précédemment les fonctions de directeur entreprises à Massy (91).

RÉGION Romain Engrand rejoint le directoire de Sodero Gestion, filiale de la Caisse d’Épargne Bretagne-Pays de Loire qui gère pour compte de tiers 180 M€ de fonds destinés au financement des PME du Grand Ouest. En région Centre-Val de Loire, la société d’investissement a accompagné Fiabila à Maintenon (28) et GMS Group à Luynes (37). Diplômé de Neoma Business School Rouen, Romain Engrand a travaillé plus de dix ans chez PwC avant d’intégrer Sodero Gestion en 2016 comme directeur de participations au sein de l’équipe d’investissements majoritaires Transmettre & Pérenniser.

Jean-Marc Escalettes vient de prendre le poste de directeur régional pour le Centre-Val de Loire, les Pays de la Loire, la Bretagne et la Normandie (16 000 salariés) de l’opérateur de télécommunications Orange ; il succède à Pierre Jacobs. Après avoir exercé de nombreuses fonctions

LOIRET

au sein du groupe, en France et à l’international, Jean-Marc Escalettes a été directeur d’Orange pour la Réunion et Mayotte jusqu’en décembre 2021. Il a également été en charge de l’analyse de l’évolution prévisionnelle des activités d’Orange en France. Emmanuel Mardon, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) de l’Indre, a été élu par ses pairs président de la CPME Centre-Val de Loire ; il succède à Bernard Hibert, qui conserve la vice-présidence nationale en charge de l’artisanat. Emmanuel Mardon dirige les sociétés Altitude 540 et Iris, spécialisées dans la location d’avions de tourisme et d’affaires à Déols (36). La CPME Centre-Val de Loire compte près de 800 adhérents. Pierre-François Rival a été nommé directeur de la clientèle entreprises

Constant Porcher a été réélu président de la CPME du Loiret pour un second mandat. Ce jeune (41 ans) patron d’agences d’intérim, s’est entouré d’une nouvelle secrétaire générale, Andréa Cauli, qui était jusqu’à une date récente directrice de la communication de la CCI Centre, et d’une chargée de développement, Dany Fenouillat.

LOIR-ET-CHER Précédemment administrateur général, Cyrille Bonvillain a pris au 1er juin la fonction de directeur général des services (dgs) du conseil départemental de Loir-et-Cher ; il succède à Xavier Patier, qui a fait valoir ses droits à la retraite. Diplômé de Sciences Po Paris en 1992, Cyrille Bonvillain a débuté sa carrière à l’ambassade de France en Ukraine. Il rejoint en 2013 le conseil général de Loir-et-Cher comme dga en charge des moyens généraux, devenue la dga ressources et développement.

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