Mag Printemps 2012

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MAGAZINE MARS 2012 - 5 €

Les travaux publics affrontent la crise François Huret (Eurovia)

Enseignement supérieur

Quand l’union fait école



Point de vue

Lueur d’espoir

L

a catastrophe était annoncée. On s’attendait à un premier semestre épouvantable, une récession majeure, conséquence du deuxième épisode de la crise financière qui, après avoir frappé les banques en 2008 et 2009, a rebondi pour étrangler les finances publiques. Depuis quelques semaines, l’espoir renaît. Les conjoncturistes démontrent, courbe à l’appui, que la France ne s’est pas installée dans la récession. Mieux, elle a renoué avec la croissance au dernier trimestre de 2011, à + 0,2 %. Pour 2012, le PIB n’augmenterait que d’un modeste 0,5 %, selon le consensus des analystes. Deux fois moins que le premier trimestre 2011 où la reprise s’annonçait vigoureuse avant la dépression du printemps. C’est peu, mais les perspectives de sortie de crise sont réelles. Dans ce numéro, La Lettre Valloire oppose les situations, très contrastées, de deux secteurs d’activité bien représentés en région Centre. Le premier, celui des travaux publics, souffre de l’impécuniosité des collectivités locales qui assurent la moitié de son chiffre d’affaires. Les Départements ont de moins en moins de budget pour les routes, les communes réduisent leurs dépenses comme jamais. Les 10 000 salariés régionaux s’inquiètent et toute une profession attend le déblocage du dossier Dexia, le premier prêteur du secteur public local.

A l’inverse, la sous-traitance aéronautique et ses 16 000 salariés régionaux connaissent une période « exceptionnelle ». Certains industriels ont un carnet de commandes rempli pour… les sept prochaines années ! Boeing et Airbus ne savent pas où donner du cockpit et le consortium européen a déjà prévenu qu’il comptait augmenter les cadences. Il est clair que, pour les prochains mois voire les prochaines années, il faudra aller chercher la croissance à l’extérieur de nos frontières. A méditer par ceux qui veulent réintroduire une dose de protectionnisme dans l’économie comme on introduit une dose de proportionnelle dans les scrutins. L’avenir de l’Europe, c’est l’ouverture… et le savoir. Et pour donner aux établissements d’enseignement supérieur les moyens d’être ambitieux, les mots d’ordre sont regroupement et mutualisation des compétences. Universités, écoles de commerce et d’ingénieurs s’y sont mises : Tours et Orléans se rapprochent, Blois et Bourges discutent. La preuve que des vieilles rivalités peuvent naître, parfois, des alliances raisonnées. En région Centre, l’union fait école. Et l’université joue son rôle de pionnière. Quoi de plus normal… C’est l’autre lueur d’espoir de ce printemps.

zon François−Xavier Beu


6-19

www.lettrevalloire.com Ce magazine est un hors série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Edité par MCM Presse SAS au capital de 51 000 € RCS Tours B 341 914 273. Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours Adresse postale : BP 92031 37020 Tours Cedex 1 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com

Points Chauds 6-8

En Bref L’actualité du trimestre en bref. Véronique Fenoll, Eric Méseguer et Wladimir d’Ormesson croient en l’avenir du Berry.

10-17

LÉGISLATIVES Les socialistes misent sur l’effet Hollande

11

Berry La gauche en embuscade Dans l’Indre, la droite et la gauche partent pour faire jeu égal. Dans le Cher, les socialistes entendent surfer sur la vague rose.

Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) Elise Pierre (rédactrice) Aurélie Vouteau (assistante) Ont collaboré à ce numéro : Capucine Becker Christian Bidault Stéphane Frachet Jacques Huguenin Maquette : Régis Beaune Stève Ankilbeau Révision et correction : Odile Ménard Publicité : Au support Diffusion : Annie Coupet Crédits photographiques : Cyril Chigot (Une, 24), DR (6, 7, 8, 11, 12, 13, 14, 16, 17, 20, 21, 26, 27, 30, 32, 38,46, 47, 48, 49, 51, 52, 53, 62, 63, 66), JeanChristophe Savattier (18, 32 , 50), Jacques Huguenin (56, 58), Elise Pierre : (50), VWR (28), Université d’Orléans/communication/JSL/2012 (36, 37), Université de Tours (37), Escem (40, 41), ECG (42), ENIVL (45), Zoo de Beauval (60, 61), Relais Terre de France (64)

11

Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) Informations légales : Abonnement annuel 2012 (23 numéros et 4 magazines hors série) : 350 € Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 440 € Prix de ce numéro : 5 € CPPAP : 0116 I 85872 ISSN : 1246-4333 Dépôt légal : mars 2012 Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon

MCM presse 4 La Lettre Valloire - Mars 2012

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Eure-et-Loir La droite espère le grand chelem La droite, qui détient les quatre circonscriptions, entend résister à la poussée socialiste. Loir-et-Cher Un de chute ? Le député sortant Nicolas Perruchot paraît menacé sur la 1ère circonscription, celle de Blois.

13

Touraine La gauche veut pousser son avantage La gauche tourangelle souhaiterait accrocher une ou deux circonscriptions supplémentaires à son tableau de chasse.

14

Loiret Les socialistes peuvent brouiller les cartes Dans un département qui n’envoie que des élus de droite au Palais-Bourbon depuis 1993, le PS tentera une percée.

16-17

Qui sera le futur maire d’Orléans ? La gauche orléanaise cherche toujours son champion. Réponse d’ici à la fin 2012.

18-19

Les Régions règlent leur compte avec la SNCF La dégradation de la qualité de service exige de nouvelles règles du jeu.


20-55

Sommaire

MARS 2012

Economie 20-21

En Bref L’actualité du trimestre.

22-27

A LA UNE CONJONCTURE En espérant éviter la rechute Si les mois à venir seront durs, le premier semestre 2012 ne devrait pas marquer de dégringolade spectaculaire de l’activité.

24-25

26-27

Les travaux publics, victimes collatérales de Bâle III Le secteur des travaux publics, qui dépend de la commande publique, vit très mal la crise du financement des collectivités locales. La filière aéronautique reprend de l’altitude Les sous-traitants régionaux de l’aéronautique sont assaillis de programmes après le brutal trou d’air de 2008 et 2009.

28

Des luxes de précaution pour VWR, à Briare Le site industriel et logistique VWR se soucie du respect de l’environnement et des conditions de travail de ses salariés.

30

LSDH soigne ses sites régionaux La laiterie de la famille Vasseneix va investir 40 M€ à St-Denis-de-l’Hôtel et Varennes-sur-Fouzon.

32

32

Exaegis sécurisera les bugs… financiers La start-up tourangelle ambitionne de devenir un acteur majeur du marché de la location informatique. Articque : de nouvelles cartes dans son jeu La société vient de reprendre Blay-Foldex à Montreuil, un spécialiste des plans de ville et des produits touristiques.

34-45

A LA UNE ENSEIGNEMENT Quand l’union fait école Dans le monde de la formation supérieure, l’heure est au regroupement et à la mutualisation.

34-38

Des universités bientôt au TOP Tours Orléans Poitiers ? Plus autonomes et réactives, les universités tissent des liens toujours plus étroits entre elles, et avec les acteurs régionaux.

40-42

Ecoles de commerce Après Orléans, l’Escem vise France Business School.

44-45

Ecoles d’ingénieurs L’Ensi de Bourges et l’ENIVL de Blois souhaitent embarquer ensemble à bord du réseau Insa.

46-48

Immobilier d’entreprises Les installations récentes d’entreprises.

49

Les chantiers

50

A l’affiche Fabien Boutard et Didier Gadiou.

51-54

La lettre de l’innovation

66

Le carnet

56-65

Escapades ine fin de magaz Retrouvez en e u s es économiq nos itinérair es régionaux. et touristiqu

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Points Chauds

En Bref

LE LOIRET SE SERRE LA CEINTURE n l'a appris entre Noël et le jour de l'An : les conseillers généraux du Loiret ont mis fin à la tradition qui consistaient à aller porter des colis de Noël – essentiellement des pâtes de fruit – aux pensionnaires des quelque 60 maisons de retraite gérées par le Département. Début décembre, lors du vote du budget 2012, l'assemblée a voté la suppression de cette mesure. Une décision qui serait « passée complètement inaperçue » si le conseiller général d’Orléans-La Source, le communiste Michel Ricoud, ne l’avait dénoncée juste après le réveillon. « On a besoin d'un peu d'humanisme, de social, de lien avec ces personnes qui n'ont pas grand-chose dans la vie », s'est indigné Michel Ricoud ajoutant que « cette mesure coûtait moins de 30 000 € »… nettement plus pour le Conseil général qui a corrigé en indiquant que la suppression des colis de Noël représentait une économie de 80 000 € pour 5 800 boîtes distribuées. Mais la calculette du président Eric Doligé ne s’est pas arrêtée aux chocolats. Alors qu’il invitait tout le département à sa cérémonie des vœux depuis le 1er janvier 1995, à la suite de sa prise de fonction, il a décidé cette année de n'en rien faire, jugeant « qu'un peu de recul serait approprié » en ces temps troublés. En 2012, le Loiret se serre la ceinture, qu’on se le dise.

O

PAS DIGÉRÉ L’exécutif du Conseil général du Loiret n’a pas digéré l’affaire des pâtes de fruit, dont l’arrêt de la distribution aux pensionnaires des maisons de retraite avait été dénoncé par le conseiller général communiste Michel Ricoud. Revenant sur les attaques de ce dernier contre les dépenses de communication de la collectivité, le Conseil général a rappelé que Michel Ricoud avait été un des rares élus à s’opposer à la suppression de la Caravane de Loire, une manifestation autour

du fleuve dont la dernière édition a eu lieu en septembre 2010.

DÉSIGNATIONS

Arnaud Dassier, qui briguait l’investiture de l’UMP sur la 3e circonscription du Loiret, a mal vécu le passage de témoin entre le sortant Jean-Louis Bernard (parti radical) et son suppléant Claude de Ganay. L’ancien responsable web de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy a dénoncé « le manque de culture démocratique à l’UMP », dont il a aussitôt démissionné. Quant à Florent Montillot (Nouveau Centre), il brandit l’accord

passé avec l’UMP pour les élections régionales de 2010 lui réservant la 6e circonscription, finalement attribuée au président UMP de l’AgglO d’Orléans, Charles-Eric Lemaignen.

DÉSIGNATIONS (SUITE)

La gauche n’est pas en reste. Chez Europe Ecologie-Les Verts (EELV), le local Jean-Philippe Grand a failli perdre la bataille de

l’investiture sur la 1ère circonscription face à Eros Sana (photo), porte-parole de la campagne de José Bové en 2007, qui vit en banlieue parisienne. Le conseiller municipal d’Orléans, qui a finalement obtenu gain de cause, en a tiré la conclusion qu’il « y a une telle opacité dans la désignation des candidats qu’il y a quelque chose à changer. »

PAS DE LARZAC À NEUVY-PAILLOUX Rejoignant le collectif d’agriculteurs qui pétitionnent depuis le début de l’année contre le projet de stockage de déchets militaires radioactifs sur la 12e base de soutien du matériel de l’Armée de Terre à Neuvy-Pailloux, Nicolas Forissier, le députémaire (UMP) de La Châtre, est intervenu auprès du ministre de la Défense Gérard Longuet pour dire son opposition au projet, estimant que « l’implantation d’un tel site, à 500 mètres d’un bourg, d’une école, d’une maison de retraite et à l’aplomb de la nappe phréatique (…) est parfaitement inappropriée ». Devant ce tir de barrage, la préfecture a décidé d’ajourner le projet.

D’Eric de Montgolfier, pour expliquer sa promotion tardive (il a 65 ans) au siège de procureur général de la cour d’appel de Bourges : « Je ne suis pas passé par le cabinet d’un ministre de la Justice ». D’Anne Brunet, porte-parole départementale de Lutte Ouvrière en Indre-et-Loire à propos de Jean-Luc Mélenchon, pour la venue à Tours de Nathalie Arthaud, sa candidate aux élections présidentielles : « Nous, on ne fait pas croire que les élections peuvent changer quelque chose. » De l’artiste Ben à Marc Gricourt, maire de Blois et conseil-

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BATAILLE NAVALE

JUST (RE-)MARRIED

Michel Sapin a sacrifié à la tradition. Comme de nombreux hommes politiques, il a épousé une journaliste. Le 17 décembre à la mairie d’Argenton-sur-Creuse, ville dont il est maire, il a convolé en justes noces avec Valérie Scharre, chroniqueuse judiciaire au quotidien Les Echos sous la signature de Valérie de Senneville (du nom de son précédent mari, Benoît Denis de Senneville). François Hollande, dont la compagne est ellemême journaliste et prénommée Valérie, était le témoin du marié. Décidément, ces deux-là sont inséparables.

TÉLÉ-SURVEILLÉ Plusieurs communes passent à la télésurveillance. Déjà équipé de 160 caméras, Châteauroux en comptera une quarantaine de plus d’ici à la fin de l’année. « Le taux d’élucidation des actes délictueux est passé de 25 % en 2001 à 42,83 % en 2009 », justifie Jean-François Mayet, sénateur-maire de la ville.

LIGNE MAGINOT Surveillance aussi en Eure-et-Loir où 76 caméras seront installées d’ici à la fin de l’année à des points de passage entre le département et ses deux voisins franciliens des Yvelines et de l’Essonne : vingt-cinq communes sont concernées. Quatre entreprises ont répondu à l’appel d’offres passé par l’Etat.

CHIFFRE

DU TRIMESTRE

Pas content Georges Marchand, le capitaine du « Saint-Martin-de-Tours », un bateau qui organise des promenades sur la Loire à partir de Rochecorbon (37). Le marin d’eau douce tempête contre les collectivités locales qui subventionnent l’association « La Rabouilleuse » dont le but est de construire des bateaux traditionnels pour faire découvrir le patrimoine ligérien au public. « Concurrence déloyale », gronde Georges Marchand qui promène chaque année entre 12 000 et 15 000 touristes.

118 375 C’est le nombre d’habitants de Chartres Métropole depuis le 1er janvier, date où 8 nouvelles communes l’ont rejointe. La troisième communauté d’agglomération de la région compte 40 communes.

SURVIE

L’hôpital du Blanc a sauvé, pour quelque mois, sa maternité et le périmètre de son service de chirurgie. Xavier Bertrand, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé, a accepté le principe d’un moratoire jusqu’à la fin de l’année. Les trois députés de l’Indre,

dont le maire du Blanc Jean-Paul Chanteguet (PS), s’étaient déplacés jusqu’à la rue de Grenelle pour s’entretenir avec le ministre. L’ARS a rappelé le caractère « indispensable » de la restructuration de l’établissement, aujourd’hui dans une situation financière critique.

PARRAIN

On peut être fils, frère… et aussi parrain. Jamais avare d’un contrepied, Jean-Yves Narquin, maire de Villedieu-le-Château (41), fils de l’ancien député gaulliste du Maine-et-Loire Jean Narquin et frère de Roselyne Bachelot, vient de donner son parrainage à Marine Le Pen. Jean-Yves Narquin a été exclu de l’UMP pour s’être présenté aux élections législatives de 2007 contre Maurice Leroy.

ler général PS de Loir-et-Cher, à propos l’élection présidentielle : « J’ai une petite tendance pour Bayrou (…). J’opte pour celui qui signe et ratifie la charte des langues minoritaires. Or Bayrou parle l’occitan à ses vaches. » De Maurice Leroy, dans le Fig Mag, à propos de François Bayrou, le président du MoDem : « C'est la démocratie hall de gare. Il a conceptualisé le bordel. Comme ça, il garde le pouvoir. Et le candidat, c'est toujours lui. » De Jean-Pierre Gorges, député-maire de Chartres : « Si les banques chinoises me prêtent de l’argent, cela ne m’empêchera pas de continuer à parrainer tous les ans un prisonnier tibétain ! ».

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Points Chauds

En Bref

BERRY SOIT QUI MAL Y PENSE… e Berry a-t-il un avenir ? Véronique Fenoll, Eric Méseguer et Wladimir d’Ormesson, tous trois membres de la majorité municipale à Bourges sont convaincus que oui… « A condition que le Cher et l’Indre puissent conjuguer leurs forces et notamment leurs forces économiques » nous indique Véronique Fenoll. Partant, ces trois élus ont fondé, il y a dix-huit mois, Berry Convergences, une association qui vise à réconcilier les frères ennemis autour d’un projet commun. « Les deux CCI du Cher et de l’Indre ont déjà engagé dans ce cadre un rapprochement qui pourrait se traduire par la création d’un fonds d’investissement local », estime Véronique Fenoll. L’association Berry Convergence, qui compte une soixantaine d’adhérents – deux tiers du Cher, un tiers de l’Indre – milite également pour la création d’un label Made in Berry, « un peu à la manière de ce qui s’est fait en Bretagne». Les élus des deux départements « regardent l’initiative avec bienveillance » sans toutefois s’impliquer davantage. L’affaire n’est pas gagnée : « Il va falloir mobiliser en prenant garde ne pas attiser le traditionnel complexe d’infériorité de l’Indre vis-à-vis du Cher ».

L

INFLATION Le Conseil régional du Centre a augmenté de 24 % le montant de la redevance qui lui est versée à chaque immatriculation d’un véhicule. Depuis le 1er janvier, la taxe pour un cheval fiscal est passée de 33 € à 41 € ; il en coûte donc désormais 205 € pour immatriculer un véhicule de cinq chevaux contre 165 € l’an passé. L’addition est divisée par deux lorsque le véhicule est âgé de plus de dix ans.

EMBAUCHE Maurice Leroy n’est pas le seul, dans la région, à embaucher des élus socialistes. Serge Grouard a recruté Sophie Ferkatadji comme directrice de la culture à la Ville d’Orléans. Pour prendre son poste, l’ancienne directrice de la Fnac d’Orléans, qui se trouvait depuis quelque 8 La Lettre Valloire - Mars 2012

CHIFFRE

DU TRIMESTRE

107282 C’est le nombre d’habitants que compte l’agglomération de Blois, après la fusion avec la communauté de communes de Beauce Val-de-Cisse et les communes de Chaumont-sur-Loire et Rilly-sur-Loire : 48 communes composent la quatrième agglomération de la région. temps sans emploi, a dû démissionner du conseil municipal d’Orléans où elle siégeait depuis 2008 dans l’opposition à son nouveau patron.

UNE STAR À BOURGES Après treize années passées à Nice, Eric de

Montgolfier quitte le soleil de la Côte d’Azur pour devenir procureur général de la cour d’appel de Bourges. Un couronnement de carrière pour le célèbre magistrat, âgé de 65 ans, qui prendra sa retraite à la mi-2013.

HOMMAGE Le décès, le 22 janvier, à l’âge de 92 ans, de Pierre Sudreau, ancien député de Loir-et-Cher (1967-1981) et maire de Blois (1971-1989), a été l’occasion, pour la gauche loir-et-chérienne et régionale, de rendre un hommage unanime à l’ancien résistant qui s’était pourtant toujours situé au centre-droit de l’échiquier politique. Mais l’occasion était belle, en période électorale, de rappeler que les lois Auroux du premier septennat de François Mitterrand ont puisé à la source réformiste du rapport que commanda en 1975 Valéry Giscard d’Estaing à ce fils d’industriel parisien. La gauche ne lui fut d’ailleurs guère reconnaissante de ce rôle de pionnier puisqu’elle le fit battre aux législatives de 1981 par François Mortelette, puis aux municipales de 1989 par un certain Jack Lang. Mais le temps efface les querelles.



Points Chauds

Politique

Législatives 2012

les socialistes misent sur l’effet Hollande La rose va-t-elle fleurir au Jardin de la France ? Le résultat des prochaines législatives, qui se dérouleront les 10 et 17 juin 2012, sera naturellement impacté par celui des présidentielles. Mais quel que soit le verdict du 6 mai prochain, des circonscriptions pourraient, de toutes façons, basculer de droite à gauche. Dans le Loir-et-Cher, on suivra de près le sort réservé à l’ancien maire de Blois, Nicolas Perruchot (Nouveau Centre), en grand danger sur la 1ère. Dans le Cher, le parti socialiste affiche également de solides ambitions sur la 3 e où le tenant du titre, Louis Cosyns (UMP), devra résister à l’avocat Yann Galut qui tentera de retrouver un siège qu’il a occupé entre 1997 et 2002. Mais la vague rose pourrait aller au-delà, pour peu que « l’effet Hollande se conjugue à l’usure de certaines figures locales de la droite », suggère ce hiérarque de la rue de Solférino. A cet égard, toujours dans le Cher, on suivra attentivement l’opposition entre Yves Fromion (UMP), député sortant sur la 1ère, et Céline Bézoui, une jeune pousse socialiste. De même, les observateurs prévoient que l’ancien secrétaire d’Etat Hervé Novelli (UMP) n’aura pas la partie facile face au socialiste Laurent Baumel sur la 4e d’Indre-et-Loire. Dans le Loiret – qui gagne une 6e circonscription au passage – comme en Eure-et-Loir, les députés en place, tous membres de l’actuelle majorité présidentielle, sont plus sereins. Mais quelques victimes d’un « effet Hollande » ne sont tout de même pas à exclure. 10 La Lettre Valloire - Mars 2012


Berry : la gauche en embuscade Dans l’Indre, réduite à deux circonscriptions, la droite et la gauche partent pour faire jeu égal. Dans le Cher, les socialistes entendent surfer sur la vague rose.

D

ans l’Indre, où le nombre de circonscriptions est passé de trois à deux, l’issue des législatives 2012 devrait, de facto, consacrer un équilibre politique. Ainsi, sur la 1ère circonscription qui englobe désormais une grande partie de la 3e – l’ensemble courant de Châteauroux au Blanc –, un ticket composé de Michel Sapin (PS), le sortant de la 1ère, avec pour suppléant Jean-Paul Chanteguet, actuel député de la 3e, devrait réussir à conserver le fief dans le giron socialiste. Le maire du Blanc a accepté de devenir suppléant de Michel Sapin, comptant sans doute sur le retour au gouvernement de l’ex-ministre de l’Economie en cas de victoire de François Hollande. Selon les observateurs, les deux alliés devraient écarter sans trop de difficulté le maire de St-Maur, François Jolivet, préféré par l’UMP à l’ancien député (2002-2007) Jean-Yves Hugon. Nicolas Forissier (UMP), élu sans discontinuer depuis 1993 sur la 2e cir-

conscription – qui couvre les territoires d’Issoudun et Argenton-surCreuse –, part favori face à la socialiste Isabelle Bruno. Le maire PS d’Issoudun André Laignel a imposé son adjointe, espérant certainement la reconquête d’une circonscription qu’il avait perdue en 1993 face… à Nicolas Forissier. Dans le Cher, la gauche est ambitieuse. Sur la 3e circonscription (canton de Bourges-3 et sud du département) où la balance penche traditionnellement du même côté qu’au national, le député UMP en place Louis Cosyns devra se méfier de l’avocat socialiste Yann Galut qui a déjà occupé le fauteuil entre 1997 et 2002… avant d’être battu à deux reprises par le maire de Dun-sur-Auron. En cas de vague rose, « et même de vaguelette », souligne-t-on au PS, la circonscription pourrait basculer. De même, les dirigeants socialistes fondent quelques espoirs sur la 1ère circonscription où Yves Fromion, le

maire UMP d’Aubigny-sur-Nère, risque le combat de trop. Il croisera sur sa route Céline Bézoui, une jeune militante socialiste. Le titulaire du siège souffrira aussi de la concurrence du Nouveau Centre Philipe Bensac, adjoint au maire de Bourges. Sur la 2e (Vierzon), une circonscription arrimée à gauche, le sortant JeanClaude Sandrier (PC) passera le flambeau au maire Front de gauche de Vierzon, Nicolas Sansu. Les socialistes, à défaut d’un accord passé avec le dauphin de Jean-Claude Sandrier, enverront à la bataille la conseillère régionale Agnès Sinsoulier-Bigot. L’UMP pariera sur Maria Crespel, une nouvelle venue, pour une candidature dont la cote sera certainement très élevée chez les bookmakers.

Nicolas Forissier avec sa suppléante Brigitte Colson.

Jean-Christophe Savattier

La droite espère le grand chelem en Eure-et-Loir La droite, qui détient les quatre circonscriptions euréliennes, entend résister à une poussée socialiste dont les ambitions seront contrariées par les dissidents.

L

es quatre circonscriptions euréliennes resteront-elles à droite, y compris en cas de vague rose? Sur la 1ère, qui s’étend de Chartres aux franges franciliennes, le maire UMP de Chartres Jean-Pierre Gorges et député sortant s’appuiera sur son bilan et le gros travail d’aménageur et de constructeur qu’il a piloté sur la ville et l’agglomération

– qu’il préside – pour résister à l’offensive du socialiste David Lebon, exdirecteur adjoint de cabinet de Martine Aubry, passé depuis dans le camp de François Hollande. Qualifié de « solide client » par ses adversaires, David Lebon devra néanmoins composer avec les divisions de son propre camp. Le socialiste François Vallet – qui avait battu Jean-Pierre Gorges en

2008, suite à une première invalidation de l’élection de 2007 avant d’être invalidée à son tour – entend, en effet, concourir pour son propre compte. L’ancien maire de Chartres Georges Lemoine tentera, quant à lui, un baroud d’honneur sous les couleurs de l’improbable Parti Ouvrier Indépendant (POI). Sur la 2e circonscription, un passage La Lettre Valloire - Mars 2012 11


Points Chauds

Politique

David Lebon.

de témoin délicat se profile entre le député-maire UMP de Dreux Gérard Hamel qui, à 67 ans, n’a pas souhaité rempiler après dix-neuf ans à l’As-

semblée nationale, et son successeur désigné Olivier Marleix. Le fils de l’ancien ministre secrétaire d’Etat aux collectivités territoriales Alain Marleix, lui-même très impliqué dans l’intercommunalité comme conseiller général et maire d’Anet, profitera de son carnet d’adresses et de la moindre notoriété de son opposante socialiste, Gisèle Boullais, qui sera flanquée de Daniel Frard, le maire PS de Vernouillet. Sur la 3e – de Chartres à Nogent-le-Rotrou –, la sortante Laure de la Raudière (UMP) a plutôt bien réussi son implantation. Elle devra toutefois repousser l’assaut du radical de gauche Harold Huwart, fils du maire PRG de Nogent-le-Rotrou, François Huwart. L’ex-responsable de

la campagne de Jean-Michel Baylet aux primaires socialistes devra toutefois se défaire du soupçon de népotisme et écarter le maire socialiste de Lèves, Nicolas André. Sur la 4 e , le député sortant Nouveau Centre, Philippe Vigier, rallié à la majorité présidentielle, « un hyper-actif qui quadrille le terrain », n’aura pas à forcer son talent pour l’emporter. Les socialistes ont accepté de bon cœur d’investir sur cette terre de mission agricole le conseiller régional EuropeEcologie Les Verts (EELV) Karim Laanaya… qui n’oublie pas qu’une écologiste, Marie-Hélène Aubert, avait été élue sur cette même circonscription en 1997. Avec, certes, le contexte particulier du projet de 3e aéroport. JCS

Un de chute en Loir-et-Cher ? En Loir-et-Cher, tous les regards seront braqués sur la 1ère circonscription de Blois où le député sortant Nicolas Perruchot paraît menacé.

Q

ui mordra la poussière en Loir-et-Cher ? Pour de nombreux observateurs, la position du député sortant Nicolas Perruchot (Nouveau Centre) sur la 1ère circonscription de Blois, serait menacée. L’étoile de l’ancien maire de Blois, auquel on reproche sa distance vis-à-vis de la population, a pâli. Et beaucoup jugent que son principal adversaire, l’avocat Denys Robillard, adjoint au maire de Blois, sorti gagnant d’une primaire socialiste, pourrait bien envoyer dans les cordes l’auteur du désormais célèbre rapport sur le financement des organisations syndicales. Il faudra tout de même que le favori de la joute « fende l’armure » selon l’expression consacrée, car Denys Robillard, dont on loue habituellement le sérieux, n’a pas, selon un observateur aiguisé de la vie politique locale, « l’habitude de remuer les foules par son charisme ... ». Sur la 3e (Vendôme), Maurice Leroy, remis de son échec aux sénatoriales, entend bien réussir à récupérer le

12 La Lettre Valloire - Mars 2012

siège confié à Pascal Brindeau lors de son entrée au gouvernement, à l’automne 2010. Il devra contenir les assauts de son adversaire, la vice-présidente socialiste du Conseil régional Karine Gloanec-Maurin. Cette dernière devra composer avec la sociologie du territoire qui lui est peu favorable, l’appétit de revanche du ministre de la Ville et la qualité de son implantation locale. Rappelons que Maurice Leroy avait remporté le fauteuil en 2007 avec plus de 58 % des suffrages. Sur la 2e (Romorantin), le sortant Patrice Martin-Lalande (UMP) devra se méfier des ambitions de la gauche locale, toute ragaillardie par l’élection au Sénat de Jeanny Lorgeoux, le maire socialiste de Romorantin. C’est d’ailleurs sa directrice de cabinet, Tania André, sortie gagnante de la primaire socialiste, qui tentera de renverser l’actuel titulaire du siège. Des observateurs jugent qu’Alain Beignet, le maire de LamotteBeuvron, ou Gilles Clément, le président de la CC du Pays de Cham-

Maurice Leroy et Nicolas Perruchot.

bord, auraient sans doute produit une meilleure opposition. Mais les urnes roses ont tranché… JCS


La gauche veut pousser son avantage en Touraine Confortée par sa forte poussée aux dernières cantonales, la gauche tourangelle souhaiterait accrocher une ou deux circonscriptions supplémentaires à son tableau de chasse.

L

a gauche tourangelle, qui enfonce régulièrement les positions adverses ces dernières années, souhaite parachever ce cycle victorieux lors des prochaines législatives. Sur la 1ère, les regards seront braqués sur le duel (voir encadré) qui opposera le sortant socialiste Jean-Patrick Gille à l’espoir et trublion de la droite locale, Guillaume Peltier, l’un des membres actifs de la campagne du président-candidat Nicolas Sarkozy. Sur la 2e, on suivra tout aussi attentivement le parcours du candidat Europe-Ecologie, le conseiller régional Christophe Rossignol, adoubé par le socialistes, qui tentera de faire chuter Claude Greff, l’actuelle secrétaire d’Etat en charge de la Famille. Le dossier de l’A 10bis, ce tracé autoroutier susceptible de contourner l’agglomération tourangelle en empruntant ce territoire viticole, devrait enflammer les débats ! Reste que le candidat écologiste devra composer avec les intentions du maire Front de gauche de Château-Renault, Michel Cosnier. Pour Marisol Touraine, la députée socialiste sortante de la 3e, la joute devrait être moins rude. La stature nationale de la fille du sociologue et sa récente élection à la présidence du Conseil général, devraient lui permettre de l’emporter face au candidat tardivement investi par le camp d’en face, le maire UMP de Descartes Jacques Barbier. Son suppléant JeanMarie Beffara, vice-président du Conseil régional en charge des finances et candidat déclaré à la mairie de Loches, en 2014, pourrait accéder à la députation si Marisol Touraine devient ministre en cas de victoire de la gauche. Autre opposition à portée médiatique

nationale, le duel sur la 4e entre le sortant UMP Hervé Novelli et le maire de Ballan-Miré, Laurent Baumel, souvent présenté comme une valeur montante de la gauche tourangelle ; la bataille pourrait s’avérer plus disputée que la forte implantation de l’ex-secrétaire d’Etat aux PME du gouvernement Fillon ne le laisserait supposer. La forte poussée de la gauche lors des dernières cantonales a constitué un premier avertissement. Cette même poussée de la gauche, également observée sur la 5 e circonscription, donne des ailes à la candidate socialiste Claude Roiron, l’exprésidente déchue du Conseil général. Elle tentera de renverser l’indéboulonnable maire de St-Cyr-sur-Loire Philippe Briand, régulièrement réélu avec des scores confortables. Pour autant, et en dépit de la stature du sortant – trésorier de la campagne de

Marisol Touraine

Nicolas Sarkozy et patron de l’UMP départementale –, il faudrait que la vague rose se transforme en tsunami pour que l’inspectrice à l’académie de Paris réussisse cet examen délicat. JCS

À la loupe Le duel UMP-PS sur la 1ère circonscription sera observé à la loupe. Le sortant Jean-Patrick Gille (PS), qui l’avait emporté sans trop s’y attendre en 2007, a consolidé son implantation sur une circonscription abonnée à la droite durant un demi-siècle (Jean Royer depuis 1958, puis Renaud Donnedieu de Vabres à partir de 1997). Sa seule vraie faiblesse pourrait être l’effet de traîne des cantonales de l’an passé et son soutien à Marisol Touraine contre Claude Roiron. Face à lui, Guillaume Peltier. Si elle fait l’unanimité à Paris, la candidature du M. Opinion de l’UMP suscite les réserves d’une partie de l’électorat conservateur. L’ancien ministre et député Renaud Donnedieu de Vabres avait promis de revenir dans l’arène pour combattre celui auquel il reproche son passé droitier : RDDV préférera donc, à n’en pas douter, soutenir Christophe Bouchet, un nouveau venu qu’on dit proche de Jean-Louis Borloo. Mais il sera difficile à ce dernier de rivaliser avec les candidats des e Peltier deux grands partis. Jean-Pa Guillaum trick Gil le

La Lettre Valloire - Mars 2012 13


Points Chauds

Politique

Loiret : les socialistes peuvent brouiller les cartes Dans un département qui n’envoie que des élus de droite au Palais-Bourbon depuis 1993, la gauche tentera une percée.

Martine Aubry et Jalila Gaboret.

L

a droite aborde ces législatives forte de ses quatre grands chelems successifs depuis 1993. Tous, sauf un, remettent leur titre en jeu : Olivier Carré sur la 1ère, le maire d’Orléans Serge Grouard sur la 2e, Jean-Pierre Door sur la 4e et Marianne Dubois, qui a succédé en 2009 sur la 5e à Jean-Paul Charié en raison du décès de ce dernier. Le seul à jeter l’éponge est Jean-Louis Bernard (Radical) sur la 3e qui a parrainé pour sa succession son suppléant Claude de Ganay, un UMP « canal historique », transformé en radical depuis six mois. Démographie oblige, le Loiret bénéficie de la création d’une 6e circonscription (un axe ligérien à l’est d’Orléans) dont les deux tiers des électeurs proviennent de la 3e. Du coup profondément remaniée, cette dernière, qui va de La Ferté-StAubin à Briare, va donner lieu à une primaire féroce à droite. Le divers droite Jean-Pierre Hurtiger, le maire de Gien et conseiller général, n’a rien à perdre. Il ira jusqu’au bout et il vient de dire ses quatre vérités au candidat investi par l’UMP qui lui a soufflé

14 La Lettre Valloire - Mars 2012

une de ses adjointes comme suppléante. Pour corser le tout, Arnaud Dassier, ancien webmaster de Nicolas Sarkozy durant la campagne de 2007, rame pour avoir le soutien du MoDem après avoir échoué à séduire l’UMP. A gauche, le très présentable maire socialiste de La Ferté-St-Aubin Philippe Froment pourrait tirer profit de ces dissensions… Si la gauche gagne la présidentielle, le maire UMP d’Orléans Serge Grouard a du souci à se faire. Christophe Chaillou, conseiller général et maire de la banlieusarde St-Jean-de-laRuelle, peut récupérer les voix des mécontents. Autre circonscription orléanaise, la 1ère est tenue par Olivier Carré, premier adjoint au maire d’Orléans. Sur ce fief familial où il a succédé à son cousin Antoine, Olivier Carré devra en découdre avec JeanPhilippe Grand, un conseiller municipal Vert qui a profité de l’accord électoral PS-EELV ; avant de bénéfi-

cier de la double investiture, ce chef de micro-entreprise aura dû se colleter avec l’appareil national des Verts qui voulait imposer un candidat venu d’Ile-de-France, Eros Sana. Tahar Ben Chaabane, un ex-socialiste passé au Nouveau Centre, voudrait bien s’immiscer dans ce duel avec la bénédiction du MoDem. Sur la 4e et la 5e, le PS envoie deux femmes en sachant que leur mission sera très compliquée. Sur la 4e, Jalila Gaboret, une salariée de l’Education nationale nouvelle en politique, devra défier le maire de Montargis. Carole Canette, vice-présidente du Conseil régional, aura la tâche à peine plus facile sur une 5e traditionnellement ancrée à droite. Sur ces circonscriptions, on aura aussi un représentant du Front de gauche, des partis d’extrême-gauche et aussi du Front national, très influent sur ces deux territoires des marches franciliennes. Christian Bidault

Encombrement à droite sur la 6e Il y aura trois candidats de droite et du centre-droit sur la nouvelle 6e circonscription. A gauche, ils ont été nombreux à jouer à « Tournez manège » avant la désignation d’une quasi-inconnue, Valérie Corre. Dans un premier temps, le PS avait tablé sur le maire de Chécy Jean-Vincent Valliès, représentant des nouveaux maires de gauche. Le président du Conseil régional François Bonneau soi-même, Marie-Madeleine Mialot et deux conseillers municipaux, Corinne Leveleux et Baptiste Chapuis, avaient espéré à leur tour. Sans succès. En face, trois adjoints au maire d’Orléans sont sur la ligne de départ. Le président de l’Agglo, Charles-Eric Lemaignen (ci-contre), a l’investiture de l’UMP et se positionne en favori. Cela n’a pas empêché Florent Montillot, président départemental du Nouveau Centre, de se déclarer. Tout comme Alexandrine Leclerc, candidate de la nébuleuse centriste exclue du MoDem parce que jugée trop proche du maire UMP.


En décembre dernier, le protocole de financement du tramway de Tours a été signé. En partenariat avec la Banque Européenne d’Investissement (BEI), la Caisse d’Epargne finance un tiers de l’investissement. La convention a été signée par Pierre Arnould (à gauche), membre du directoire de la Caisse d’Epargne Loire-Centre, Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la BEI, et Jean Germain, maire de Tours et président du SITCAT.

E N G R A P ’E D E S S S R U LA CAI O T E D Y A W M A R DU T

R IE C N A IN F E ment IR A N E T R A P , les contrats de finance 11 20 e br m ce dé 1 le és, at) ation tourangelle (Sitc à Tours, qu’ont été sign er

lomér de l’Europe, rts en commun de l'agg po ment. ns C’est dans le quartier tra s de al un m tercom ropéenne d’Investisse in Eu at ic ue nd nq Sy Ba le la et tre en tre ire-Cen ais. du tramway t assuré par ce seul bi la Caisse d’Epargne Lo es nt – do € s, M 0 ire na 15 it rte so pa – s mway taet les banque la première ligne de tra à des conditions avan de I, ût BE co la r du pa % s 40 re ai de nc t ents ba Le financemen rectoire de la Caisse osition des établissem di sp du di e la br à em e is m m d, e ul rc no ou Pierre Ar « C’est une ress termédiation, précise ités dans le cadre de in iv d’ ct lle ge ar co s m le de ib ès fa pr s au trè ource geuses, avec une le d’intermédiaire et de retraiter cette ress rô rm un pe ue us jo , no nt a ta el C on . m tre tiers du cipe à d’Epargne Loire Cen Centre, qui finance un ire Lo e gn ar de la région. « Elle parti Ep s d’ ée e iv ss pr ai es C is La pr » tre s. en et s oj s ou le leurs pr les organismes public et ne en pé ro eu ue nq Arnould. L’an dernier, re er entre la ba Pi le el pp ra , ire to s sur son terri .» l’ensemble des projet 1 Md€ de programmes cé an fin s on av us no , dans la région

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Points Chauds

Politique

La gauche orléanaise cher Onze ans après la défaite de Jean-Pierre Sueur aux élections municipales, la gauche orléanaise se cherche toujours un leader et un champion pour le prochain scrutin, en 2014. Si le seul parlementaire socialiste – à ce jour – du département a officiellement jeté l’éponge, certains ont leur petite idée sur la question. Les ambitions restent discrètes mais ils sont plusieurs à rêver de défier Serge Grouard. Réponse probable avant la fin de l’année.

J

ean-Pierre Sueur serre encore des mains d’Orléanais qui lui donnent du « Monsieur le Maire ». Onze ans après sa défaite face à Serge Grouard. Pourtant, l’ancien secrétaire aux collectivités locales (1991-1993) est clair sur ce point. Il l’avait d’ailleurs confié aux lecteurs de La Lettre Valloire après les élections sénatoriales de cet automne : « La mairie d’Orléans, pour moi, c’est fini ». Premier magistrat de 1989 à 2001, battu à deux reprises par Serge Grouard (2001 et 2008), JPS ne s’est pas donné de vrai dauphin. Réélu avec mention au Sénat à l’automne dernier, bombardé dans la foulée président de la commission des lois, il a d’autres préoccupations. Orpheline de son ancien maire, la gauche se cherche toujours un leader. Face à la machine Grouard, bien huilée, qui tousse seulement lors des élections

Corinne Leveleux.

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intermédiaires, les novices de la liste Sueur d’origine se sont, dans un premier temps, cassé les dents : « Le maire nous a pris de haut », se souvient Corinne Leveleux. A la veille des législatives, qu’ils regarderont tous les deux en spectateurs, c’est peut-être entre l’universitaire

facture de plus de 100 M€. « Il a une politique de grand travaux pharaonique et une façon de gouverner très autoritaire, personnelle » affirme à propos du maire Corinne Leveleux qui dénonce aussi l’action sociale et culturelle de l’équipe en place. Vendredi 24 février, au conseil muni-

“ IL FAUT UN TICKET MAIRIE-AGGLO. POURQUOI FAUDRAIT-IL QUE LE PRÉSIDENT DE L’AGGLO SOIT ISSU DE LA VILLE CENTRE… ? Corinne Leveleux et le trentenaire Baptiste Chapuis qu’il faut chercher la future tête de liste en 2014. Chacun à leur tour, ils mènent l’assaut contre le maire en place au conseil municipal. Les angles d’attaque ? La rue des Carmes, menacée d’alignement dans le cadre de la ZAC Madeleine…, le château de la Motte-Sanguin livré aux promoteur et surtout l’Arena et sa

cipal, c’est le jour de Florent Montillot. L’adjoint (Nouveau Centre) à la tranquillité publique de Serge Grouard sort ses graphiques et son power point : Orléans, avec ses arrêtés (mineurs, mendicité, prostitution), ses 115 caméras et son GPV (Grand projet de ville) fait figure de laboratoire. La baisse de la délinquance de proximité est éloquente : - 64 % depuis 2001. Du lourd ! « Vertigineux », ironise Ghislaine Kounowski, la plus virulente du groupe socialiste. Mais, comme depuis quelques mois, ce sont les deux porte-parole officiels de l’opposition socialiste, Corinne Leveleux-Teixeira et Baptiste Chapuis, qui montent au front à tour de rôle. Le second conteste les indicateurs qui révèlent « non pas l’état de la délinquance mais ceux de l’activité policière ». Corinne Leveleux s’attaque aux caméras : « Quelle est l’efficacité réelle de la vidéo ? Combien de crimes et délits résolus ? » Après 2008, Jean-Pierre Sueur avait fait de Baptiste Chapuis, son ancien directeur de campagne, un possible


che son champion disciple. « C’est flatteur. J’ai un très grand respect pour l’ancien maire, ce qui ne veut pas dire que je suis toujours d’accord avec lui ». Baptiste Chapuis se dit majoritaire dans une fédération du Loiret qu’il connaît bien pour en avoir assuré le secrétariat au départ de Loïs Lamoine, élu maire de Châteauneuf-sur-Loire. « La clé, ce sont les militants. Et puis, rien n’interdit une solution sous forme de ticket : Corinne et moi ou Mado (Marie-Madeleine Mialot) et moi »… Rien ne presse. Pour Baptiste Chapuis, la décision sera prise (à la fédération) après les législatives : en juin ou en septembre. Christophe Chaillou, conseiller général et maire de St-Jean-de-la-Ruelle, est l’un des noms qui revient le plus souvent lorsqu’il est question d’un maire de gauche à Orléans. Avec celui de François Bonneau, le président du Conseil régional, ancré initialement dans le Gâtinais. Après avoir été désigné dans un sondage le président de région le moins connu de l’Hexagone et avoir, paradoxalement, accru sa notoriété grâce à cette peu enviable position, l’ancien principal de collège s’est senti pousser des ailes. « Il a un plan B au cas où il ne serait pas réélu dans deux ans à la Région », persifle un élu de gauche qui préfère rester anonyme. Quant à Christophe Chaillou, « le plus doué d’entre eux », que tout désignait pour aller défier Serge Grouard à la mairie, son choix est fait, ce sera l’agglomération. Première étape : battre Serge Grouard aux législatives. Si François Hollande l’emporte, tout est possible. « Il faut un ticket mairieagglo. Pourquoi faudrait-il que le président de l’agglo soit issu de la ville centre… ? » Quant à l’éternelle candidate Marie-Madeleine Mialot, ancienne adjointe de Jean-Pierre Sueur et viceprésidente de la Région, son exil en Eure-et-Loir pour les élections régio-

nales ne plaide pas en sa faveur. Reste l’hypothèse du parachutage d’Anne Lauvergeon. Canular monté de toute pièce ou hypothèse sérieuse? Tout le monde a prêté la paternité de cette rumeur bien orléanaise à Jean-Pierre Sueur. Au grand homme il fallait bien que succède une très grande femme, donnée même aux législatives dans un premier temps. « C’est une femme de qualité que je connais bien. Mais ce sont des plans sur la comète à l’heure qu’il est », dit le sénateur qui laisse, derechef, planer le doute. L’ancienne patronne d’Areva, affiche, il est vrai, de solides racines orléanaises. Elle a fait ses études secondaires au lycée Voltaire de La Source et ses parents, anciens professeurs d’université, y résident toujours. « Il ne faut pas sous-estimer son attachement à Orléans », dit Baptiste Chapuis, le seul à y croire. « Anne Lauvergeon, c’est l’assurance qu’il n’y aurait pas d’écologistes dans l’équipe municipale », avertit Jean-Philippe Grand.

Membre actif de l’opposition à la mairie d’Orléans, ce dernier a conquis de haute lutte, soutenu par EELV (Europe-Ecologie les Verts) et les socialistes, l’investiture sur la 1ère circonscription. Quadra, écologiste modéré qui avait roulé pour Nicolas Hulot lors des primaires écologistes, il aurait aussi le look pour briguer la mairie d’Orléans. A garder comme recours si les socialistes n’arrivent pas à s’entendre. Dans cette revue de détail, c’est Corinne Leveleux-Teixeira qui fait figure de favorite. Entrée au conseil municipal avec la liste Sueur en 2008, elle raconte : « Le départ de Jean-Pierre nous a laissés en vrac. Depuis, nous menons un travail de mise à niveau, de prospective à dix ou vingt ans. Nous n’étions pas, jusqu’ici, obsédés par la recherche d’un leader. Maintenant, à deux ans de l’élection, la question se pose et les choses vont se faire naturellement dans la deuxième partie de 2012. »

Marie-Madeleine Mialot et François Bonneau, qui cache en partie Jean-Pierre Sueur, ne seront vraisemblablement pas dans la course aux municipales.

Christian Bidault

Christian Bidault, ancien journaliste de La République du Centre et collaborateur régulier de La Lettre Valloire, vient de lancer sur la toile le site d’informations régionales http://www.magcentre.fr/ qui s’adresse, comme son créateur l’annonce à un blog spécialisé, « à une clientèle que ni l’offre de papier existante, ni l’offre en ligne en région Centre ne satisfont complètement. » Vaste programme ! Longue et heureuse vie à notre confrère et néanmoins ami.

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Points Chauds

Transports

Les Régions règlent leurs Engagée il y a plus de dix ans, la régionalisation des transports ferroviaires a suscité une croissance de la fréquentation du TER de 25 % en région Centre. Pour autant, la dégradation de la qualité de service et la pression européenne sur l’ouverture à la concurrence exigent l’élaboration de nouvelles règles du jeu et de financement.

L

es Régions règlent leurs comptes avec la SNCF. Elles ne veulent plus financer le transport ferroviaire de proximité à « l’aveugle ». Mais, dans le même temps, elles ne souhaitent pas rompre avec la tradition de service public qui, à tort ou à raison, constitue le socle du système français ! Selon Jacques Auxiette, le président socialiste de la Région Pays de la Loire, l’un des invités des 8 e Rencontres nationales du transport organisées à Tours à l’initiative de Jean-Michel Bodin (PC), le vice-président infrastructures et transports de la Région Centre, la dégradation du compte d’exploitation des activités ferroviaires pèse sur les finances de la collectivité. Elle a conduit cette dernière « à accroître la subvention d’équilibre versée à la SNCF en année pleine de 80 à 110 M€ ». Une augmentation qui fait d’autant plus tousser les élus qu’ils ne parviennent toujours pas à obtenir de leur délégataire des données comptables permettant Guillaume Pépy. d’éva18 La Lettre Valloire - Mars 2012

luer l’exploitation des dessertes. « En dépit des engagements pris sur ce terrain, les Régions continuent à financer le ferroviaire sans avoir de visibilité sur les coûts réels », se lamentait l’un des dirigeants d’une grande Région française dans les couloirs des Rencontres tourangelles. Guillaume Pépy, après avoir été l’un des principaux protagonistes des Assises du ferroviaire convoquées par le ministre en septembre dernier, a rappelé en Touraine « qu’une nouvelle étape de régionalisation devait inévitablement s’ouvrir. La SNCF doit s’organiser pour répondre aux sollicitations des Régions », devenues depuis la fin des années 2000 autorités organisatrices des transports ferroviaires de proximité. Mais cette phase II de la décentralisation du fer « va se dérouler dans un climat très contraint », a rappelé Jean-Michel Bodin. « Les Régions, et notamment la Région Centre, ont parfaitement joué le jeu. Elles n’ont eu de cesse d’investir dans la durée au profit du TER, tant dans le développement de l’offre que dans le matériel roulant, avec le succès de fréquentation que l’on sait. Dans le même temps, les dotations budgétaires accordées par l’Etat n’ont fait que se réduire ! ». Pour passer le cap et trouver un nouveau souffle, il est temps d’édicter de nouvelles règles du jeu. « Nous devrions être rapidement

en mesure de présenter des comptes par ligne », a de nouveau promis Guillaume Pépy. La SNCF, qui souhaite même se diriger « vers des comptes certifiés », devrait lancer une expérimentation sur le sujet avec cinq régions pilotes. Ce projet ne suscite pas, et loin s’en faut, l’enthousiasme des syndicats de la SNCF, notamment de la CGT : « La publication de comptes distincts par ligne s’inscrit dans la logique de la réorganisation de l’entreprise par activités qui contredit le principe de l’unité du réseau ; un principe qui doit rester la règle ». Pour les syndicats – qui oublient au passage que la mise en œuvre de la gestion par activité, corollaire

Louis Nègre.


comptes avec la SNCF de la publication éventuelle de comptes séparés, est bien antérieure à la régionalisation –, cet acte II de la décentralisation des transports ne doit pas être l’occasion « de faire entrer le loup dans la bergerie ». Un loup qui pourrait prendre la forme d’expériences, mêmes limitées, d’ouverture à la concurrence. Les exécutifs des Régions – pratiquement toutes classées à gauche – emboîtent d’ailleurs le pas de cette position idéologique, en réaffirmant avec un bel ensemble « que l’ouverture du marché du transport des voyageurs prévue par l’Europe en 2019 n’offre qu’une possibilité aux Régions qui n’ont aucune obligation à emprunter cette voie ». Guillaume Pépy, lui-même, a démenti formellement toute interprétation visant à faire du second acte de la régionalisation « l’antichambre de l’ouverture à la concurrence ». Pour autant, le patron de l’opérateur national a exhorté ses troupes à ne pas se réfugier dans le statu quo. « Le monde bouge, l’Europe bouge. Des majorités d’idées se composent au Parlement européen qui ne vont pas forcément dans le sens du maintien du service public à la française. Il va donc falloir proposer des changements structurels et organisationnels qui renforcent nos positions. » La ligne de crête est étroite, ne serait-ce que sur le plan de l’organisation : comment concilier, par exemple, la légitime volonté d’autonomie organisationnelle et tarifaire des Régions – certaines d’entre elles proposent, par exemple, le TER à 1€ – avec la nécessité de coordonner les dessertes, les tarifs et les coûts. « Il faut hâter le retour de l’Etat-stratège », s’est ainsi exclamé Jacques Auxiette en réclamant « qu’une instance nationale de régulation et d’organisation assume clairement

ses responsabilités. Il ne s’agit pas de créer 22 SNCF régionales. » Seule voix – très discordante – dans cet unanimisme très franchement hostile à des expérimentations d’ouverture à la concurrence, le sénateurmaire UMP de Cagnes-sur-Mer Louis

est en butte à une concurrence qu’elle a acceptée et organisée pour un service de plus haute qualité ». Avant de penser à lever de nouveaux impôts – par exemple le relèvement du versement transport acquitté par les entreprises –, « tous les acteurs

“ LES RÉGIONS CONTINUENT À FINANCER LE FERROVIAIRE SANS AVOIR DE VISIBILITÉ SUR LES COÛTS RÉELS

Nègre a soutenu l’idée qu’il était temps de replacer le client-contribuable « au centre des préoccupations ». Critiquant la baisse de la qualité de service qui transforme parfois les usagers du TER en « véritables naufragés », l’élu méridional s’est étonné que les coûts d’exploitation de la SNCF soient « deux fois supérieurs à ceux de la Bundesbahn – l’opérateur ferroviaire allemand – qui, elle,

du ferroviaire régional devraient s’employer à réduire ce différentiel ». Un différentiel qui s’explique aussi par le financement de la dette des deux systèmes ferroviaires. « La Bundes-bahn a été purgée à deux reprises de son endettement par l’Etat » rappelle Gilbert Garrrel, le secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots. Jean-Christophe Savattier

Concurrence : le contre-exemple du fret ? Pour les contempteurs acharnés de l’ouverture à la concurrence du transport de voyageurs, l’exemple du fret constitue un repoussoir commode. Sept ans après l’arrivée de challengers de la SNCF sur ce marché, cette dernière – l’activité fret devrait cette année enregistrer près de 300 M€ de pertes – a perdu près de 30 % de part de marché et s’est désengagée de certaines activités, notamment celles dites des wagons isolés. « La concurrence nous taille des croupières en se positionnant sur les activités plus rentables » pestent les syndicats. Mais à qui la faute ? « Les coûts de production liés au statut des cheminots pèsent sur l’activité », indiquent les dirigeants SNCF du fret. L’état médiocre du réseau provoqué par des retards cumulés d’investissement contraint l’opérateur à réduire localement l’offre, comme en témoigne la fermeture en mars 2011 de la desserte fret de l’usine Butagaz d’Aubigny-sur-Nère (18). Une fermeture qui « va renvoyer 3 000 camions par an sur la route ». Selon Laurence Eymieu, la directrice régionale Centre de la SNCF, reprenant le viatique de Guillaume Pépy, « la leçon à retenir est que l’ouverture à la concurrence ne peut se faire que dans une logique d’harmonisation des conditions sociales des différents compétiteurs ».

La Lettre Valloire - Mars 2012 19


Economie

En bref

TRECA INAUGURÉ AUX PORTES DE CHAMBORD e 30 janvier, plusieurs élus, dont le président du Conseil général de Loir-et-Cher, étaient réunis autour de Gilles Silberman, vice-président du groupe Cauval et pdg de Tréca, pour l’inauguration de l’usine de la ZAC des Portes de Chambord, à Mer (41). Construite en un temps record – moins d’un an – elle regroupe les activités de production de matelas ou de produits de literie exploitées jusqu’alors dans la commune voisine de Beaugency (45) ainsi qu’une unité de logistique. La SEM Territoires et Développement a servi de maître d’ouvrage à ce projet d’un montant de plus de 10 M€, financé par une augmentation de capital de 2 M€ de la SEM, souscrite par les collectivités locales impliquées (Conseil général de Loir-et-Cher et communauté de communes de la Beauce Ligérienne) et un emprunt bancaire de 8 M€ garanti à 50 % par les mêmes acteurs.

L

PARIS DÔME À EPERNON A l’étroit dans les Yvelines, la société de cosmétiques Paris Dôme (environ 3,8 M€ de CA, une trentaine de salariés) s’installe à Epernon (28) dans les locaux (environ 4 000 m2) délaissés il y a quelques années par Bémis. Les dirigeants, Grégoire Rolland et Thierry Hertz, ont l’intention de créer 28 emplois d’ici à trois ans, soit un quasidoublement de l’effectif. Le transfert s’accompagne d’un programme d’investissement industriel de 1,2 M€.

NOUVELLE USINE À CHARTRES POUR GUERLAIN Le parfumeur Guerlain a décidé de construire un nouveau site de production dédié aux soins

20 La Lettre Valloire - Mars 2012

et au maquillage à Chartres (28). Implanté sur le Jardin d’Entreprises, cette usine se substituera à l’actuelle unité chartraine créée en 1973 qui emploie plus de 300 salariés. La construction commencera début 2013 pour une inauguration prévue en juillet 2014.

AÉROWATT SOUS PAVILLON SUISSE Le suisse Kleinkraftwerk Birseck (KKB) devrait entrer majoritairement au capital du producteur orléanais d’énergie renouvelable Aérowatt (17,2 M€ de CA). La valorisation de l’entreprise

de Saran pourrait s’établir à 38,9 M€, soit 19,77 € par action, ce qui représente une prime de 54,45 % par rapport au cours de référence. L’opération donnerait naissance à un acteur possédant un parc installé de plus de 158 MW.

PHONE MARKETING DEVIENT MAROCAIN Le gestionnaire de centres d’appels Phone Marketing, qui emploie 200 salariés à Dreux (28), change de mains. Son pdg, Marc Gladysz, vient en effet de céder la société à l’homme d’affaires marocain Karim Bernoussi, pdg d’Intelcia, un groupe également positionné sur les marchés de la relation clientèle à distance. La cession a naturellement fait ressurgir des craintes de délocalisation… immédiatement démenties par Marc Gladysz et Karim Bernoussi.

ETA REMPORTE UN CONTRAT AUX ETATS-UNIS A Rians (18), le fabricant de cuves inox ETA (14,5 M€ de CA en 2011, 140 salariés) a remporté un important contrat aux Etats-Unis « qui devrait contribuer à rehausser le CA à son niveau d’avant

DESCARTES AURA SA CENTRALE BOIS Le projet de centrale biomasse porté par Dalkia et la papeterie Seyfert de Descartes (37) fait partie des 15 programmes de production d’énergie à partir de la biomasse retenus officiellement par le ministère de l’Industrie. Le projet de Descartes, d'un montant de plus de 60 M€, devrait susciter la création d'une soixantaine d'emplois directs et indirects dans la filière bois.

la crise, soit 18 M€, et ce, dès l’exercice 2012 », souligne Olivier Huez, son pdg. Le groupe américain Agro Farma vient, en effet, de retenir la société berrichonne pour la construction de toute la cuverie destinée à sa nouvelle usine de Twin Falls, dans l’Idaho.


FM LOGISTIC EMBAUCHE À NEUVILLE-AUX-BOIS Safi Lazreg, le directeur de la plate-forme FM Logistic de Neuvilleaux-Bois, nous a confirmé fin janvier la construction de deux entrepôts totalisant 12 000 m2 sur le site. Grâce à la signature d’un contrat avec le groupe alimentaire américain Kraft, il va, progressivement, créer une centaine d’emplois en équivalent temps plein (ETP), passant ainsi de 250 à 350 ETP.

ZÉPHIR CLAISSE À GIÈVRES L’entreprise sarthoise Zéphir Claisse (7 M€ de CA, 50 salariés), spécialisée dans les travaux ferroviaires, vient de reprendre le site des Alcools à Gièvres (41), qui appartenait à la société France AgriMer. Zéphir Claisse envisage de retraiter des traverses de bois de chemin de fer. Le projet pourrait voir le jour dès cette année avec une dizaine d’emplois pour débuter, avant de passer à une quarantaine à terme.

TEREOS, ÉCONOME EN GAZ La sucrerie-distillerie d’Artenay (45), propriété du groupe Tereos, a l’intention de valoriser en biogaz ses résidus de

distillation de betteraves. Avec cette nouvelle unité de méthanisation, la consommation de gaz de ses chaufferies diminuera de 20 %. L’investissement devrait avoisiner 5 M€, dont une part de subventions publiques.

AMAZON.FR RECRUTE À SARAN Le 10 février, c’est en présence de Xavier Bertrand qu’Amazon.fr a signé une convention avec Pôle Emploi pour le recrutement de plus de 100 personnes. Xavier Garambois, le pdg d’Amazon France, a indiqué vouloir recruter en 2012 jusqu’à 200 CDI sur son site de Saran, au nord d’Orléans. La plate-forme logistique du distributeur emploie entre 700 et 800 personnes et jusqu’à 2 800 au moment des fêtes de fin d’année.

MILLET PLUS ACCESSIBLE L’entreprise de second-œuvre du bâtiment Millet (fenêtres, isolation) et sa filiale Lib’Accès, un spécialiste de l’accessibilité des bâtiments aux PMR (personnes à mobilité réduite), ont emménagé courant février dans un nouveau siège social de 3 300 m2 sur la ZI du Menneton à Tours. C’est le cabinet Yvars & Ballet qui a piloté la rénovation de cet ancien bâtiment de l’entreprise Farman, partie, quant à elle, à Joué-lès-Tours.

CEREM À BERCY Franck Supplisson, le directeur de cabinet d’Eric Besson au ministère de l’Industrie – et par ailleurs conseiller régional du Centre – a reçu courant février à Bercy JeanMarie Rudent, patron de la Cerem (ensembles mécaniques). Ce dernier, qui était entouré de plusieurs élus locaux, présentait le projet de son entreprise, installée à Gasville-Oisème (28), de créer une nouvelle unité dans les anciens locaux de Flextronics, à Châteaudun (28), avec, à la clé, l’embauche d’au moins 160 personnes. Un programme d’investissement est prévu pour accompagner ce développement lié à la conquête de nouveaux marchés comme celui de la construction d’abris pour les véhicules Autolib’. L’Etat doit donner son feu vert au versement d’une aide à Cerem dans le cadre de la réindustrialisation du site Flextronics.

STECO POWER CONTINUE SA ROUTE À OUTARVILLE Le tribunal de commerce d’Orléans a validé le plan de continuation du

de batteries devrait en conséquence baisser d’un tiers, passant d’un million à 700 000 unités ; environ 2 M€ devraient être injectés pour relancer l'activité.

SIEMEL ARRIVE À VATAN

fabricant de batteries Steco Power à Outarville (45). Ce jugement intervient après l’annonce officielle de 62 licenciements, ce qui ramène l’effectif à 121 salariés. La production

Le fabricant de cartes électroniques assemblées Siemel (2 M€ de CA, 15 salariés), installé dans 600 m² sur la ZA des Noyers à Vatan (36), vient de lancer des travaux d’extension sur 200 m² afin d’y accueillir un bureau d’études. Ce programme devrait permettre la création de 6 emplois sur trois ans.

La Lettre Valloire - Mars 2012 21


Economie

Conjoncture

En espérant éviter Les mois à venir seront durs, les conjoncturistes convergent sur ce point. Mais le premier semestre 2012 ne devrait pas marquer de dégringolade spectaculaire de l’activité. Rien à voir avec l’automne et l’hiver 2008-2009. Pour la suite, il faudra se contenter d’espérer, les oracles ne lisant que l’avenir à court terme.

L

es prévisions conjoncturelles croisées des quatre autorités que sont la Banque de France, l’Insee, la Direccte et Oséo convergent. Certes, la crise des finances publiques, la morosité des économies de la zone euro et, phénomène propre à la France, l’entrée dans une période électorale qui n’est jamais, on le sait, propice à un climat serein des affaires, se conjuguent pour inciter à la prudence. Mais les courbes, chiffres et ratios présentés le 1er février à Orléans par les quatre directions régionales ne prévoient pas, pour autant, la fin

48 La Lettre Valloire - Mars 22 Décembre 2012 2011

d’un monde. Pour l’Insee, la croissance française redeviendrait même positive – un timide 0,1 %, corrigé depuis à 0,2 % – au quatrième trimestre 2012, après deux trimestres consécutifs de croissance négative, marqueurs d’une récession (– 0,3 %). La Banque de France confirme, estimant même que le PIB français est resté stable au 4e trimestre. Philippe Guislin, son directeur régional, traduit la très légère amélioration de l’activité industrielle observée par les chefs d’entreprises interrogés au mois de décembre, et ses prévisions « sont orientées vers un léger ac-

croissement de l’activité ». Ainsi, le taux d’utilisation des capacités industrielles régionales a repris la progression continue qu’il observe depuis le creux du début de l’année 2009 ; la dépression du milieu de l’année est oubliée et la tendance est haussière. La Banque de France porte également une appréciation positive sur les carnets de commande et les stocks de produits finis, jugés « un peu supérieurs à la normale ». La boule de cristal de l’Insee incite toutefois un peu moins à l’optimisme, repoussant le semblant de croissance au printemps. Seule


la rechute bonne nouvelle, l’une étant corrélée à l’autre, l’inflation reculerait, passant d’un peu plus de 2 % à 1,4 % à mi-année. Ces appréciations ne sont pas contredites par l’enquête semestrielle réalisée en novembre 2011 par Oséo auprès d’un panel de 3 778 chefs d’entreprises, dont 152 issus de la région Centre. Si le moral des sondés doit être interprété à l’aune d’un début d’automne difficile, le pessimisme était le sentiment dominant pour 2012. Alors que, fin 2010, les dirigeants qui prévoyaient un développement de leur activité étaient 28 % plus nombreux que ceux qui craignaient l’inverse, ce solde d’opinion positive n’était plus que de 6 % fin 2011. C’est tout de même mieux que fin 2008, où le solde était négatif de… 20 %.

Comment s’étonner, dans ce contexte de morosité ambiante, que l’emploi soit en berne ? Les données four- nies par la Direccte Centre sur l’état du marché du travail au dernier se-mestre 2011 ne sont guère réjouissantes, le nombre des demandeurs d’emplois étant en hausse sensible, avec une progression encore plus marquée pour les catégories les plus fragiles, notamment les plus de 50 ans. Pour les mois à venir, la méthode des soldes d’opinion brevetée par Oséo fournit quelques éléments de prévision : les patrons prêts à embaucher sont seulement 7 % plus nombreux que ceux qui envisagent de réduire leur effectif. Un écart à rapprocher des + 15 % de fin 2010 et surtout des + 20 % de fin 2007, où l’économie mondiale était dans l’œil du cyclone,

à mi-chemin entre une crise qui semblait se limiter à la baisse des marchés boursiers et la faillite de Lehmann Brothers. Un an plus tard, alors qu’un tsunami déferlait sur la finance mondiale, ce même solde d’opinion était à un plus bas historique de - 4 %. Quand les optimistes l’emportent sur les pessimistes, il y a matière à espérer… Mais la crise ne frappe pas tous les secteurs avec la même intensité et certains étalent même une santé florissante. Les travaux publics, touchés de plein fouet par la crise de financement du secteur public local, s’apprêtent à vivre une nouvelle annus horribilis. A l’inverse, l’aéronautique vit de très belles heures, comme nous le verrons dans les pages qui suivent. François-Xavier Beuzon

La Lettre Valloire - Mars 2012 23


Economie

Conjoncture

Les travaux publics, victimes collaté La crise n’en finit plus et le pays ressent douloureusement les effets pervers de ses maux mais aussi de leurs remèdes. Le secteur des travaux publics, qui dépend de la commande publique pour la moitié de son chiffre d’affaires, vit très mal la crise du financement des collectivités locales. L’incertitude autour du sort de Dexia, leur premier prêteur, et la grande prudence du secteur bancaire face aux contraintes de Bâle III ont reporté aux calendes grecques pas mal de travaux routiers ou de génie civil.

O

n n’attendait pas ce nouvel avatar de la crise. Pris dans la tourmente des dettes souveraines et du sauvetage des économies de l’Europe méditerranéenne, les Etats risquent, cette fois, de ne pouvoir voler au secours des collectivités locales. Et pourtant, ces dernières en auraient bien besoin. Car, à l’effet crise, s’ajoute le credit crunch spécifique au secteur public local, conséquence de la restructuration en cours de Dexia, qui a rendu publique récemment une perte de 11,6 Md € en 2011, mais aussi les règles imposées aux banques par les accords de Bâle III. La nouvelle donne, connue depuis décembre 2010 mais applicable au 1 er janvier de l’année prochaine, renforce les règles prudentielles et les exigences de réserves François Huret. de liquidités des éta24 La Lettre Valloire - Mars 2012

blissements financiers. Le ratio de sovabilité Core Tier One passe ainsi de 2 % à 4,5 %, avec en plus un coussin dit « de conservation» de 2,5%, ce qui signifie que les banques devront désormais couvrir leurs engagements avec 7 % de fonds propres. Conséquence logique : sauf à augmenter très nettement le montant de leurs fonds propres, les banques seront de plus en plus sélectives sur le

vide creusé par Dexia. Le Crédit Agricole est plus mesuré et ne s’interdit rien : mais Pierre Derajinski, le directeur de la Caisse Centre-Loire (Loiret, Cher et Nièvre), veut revenir à des relations partenariales avec tous les acteurs économiques du territoire, y compris les collectivités locales, après une période de concurrence exacerbée où la guerre des taux faisait rage.

“ POMPÉE, CHARGÉ DANS SON TROISIÈME CONSULAT DE RÉFORMER LES MŒURS, EMPLOYA DES REMÈDES PLUS DANGEREUX QUE LES MAUX

Tacite (Annales, Livre III) profil des emprunteurs. Avec, inéluctablement, un effet sur la croissance. Pour nombre d’économistes, Bâle III a un train de retard et les remèdes risquent fort d’aggraver la santé du malade. A ce petit jeu, les collectivités locales sont les grandes perdantes : consommatrices d’emprunts importants et à « maturité longue » (parfois jusqu’à 30 ans), elles détiennent peu d’actifs liquides à mettre dans la balance. Les banques régionales restent très prudentes sur ce marché où certaines, notamment les mutualistes, détiennent des parts importantes. La Caisse d’Epargne, n°2 du secteur après Dexia, a déjà indiqué qu’elle maintiendrait ses positions sans remplir le

La raréfaction du crédit accordé à ces grands investisseurs que sont les collectivités locales va pénaliser directement plusieurs branches professionnelles. Elles assurent ainsi la moitié du chiffre d’affaires des entreprises de travaux publics et une part non négligeable des marchés du bâtiment. Autant dire que ces deux secteurs voient l’avenir immédiat avec angoisse. « La Banque de France prévoit une contraction de 9 % du chiffre d’affaires de nos entreprises en 2012 », s’inquiète François Huret, président de la Fédération régionale des travaux publics (FRTP) et directeur d’Eurovia Centre Loire (groupe Vinci). L’année promet d’être dure, plus dure encore


rales de Bâle III que 2009 où le Fonds de compensation de la TVA (FCTVA) avait joué les amortisseurs de crise. Les grands travaux, qui portaient l’activité en 2011, feront en partie défaut en 2012. La seconde ligne du tramway orléanais se termine et «le gros de l’impact des 52 kilomètres régionaux de la LGV Tours-Bordeaux est plutôt attendu pour 2013 et 2014 », indique François Huret. Il faudra se contenter du chantier du tramway tourangeau qui, heureusement, bat son plein. Les acteurs clés du marché que sont les Départements ont réduit drastiquement la part de leur budget consacrée à la voirie, en partie à cause du gel des dotations de l’Etat. La profession parle d’une baisse de 15 %. En région Centre, le Loiret, pourtant historiquement un bon client du secteur, a réduit ses commandes de 40 % en une seule année et celle en cours verra, au mieux, un maintien du niveau de commandes de l’an passé. En Indre-et-Loire, comme dans les deux départements du Berry et en Eure-etLoir, les exécutifs ont à peu près maintenu leur niveau d’engagement. Mais la tendance n’est pas haussière, loin s’en faut. Il est clair que les 612 entreprises de travaux publics de la région Centre, dont 210 adhérentes de la FRTP (celles de plus de 10 salariés), attendent une éclaircie du côté de leurs donneurs d’ordres publics. Ce coin de ciel bleu, qui verrait se regonfler mécaniquement les carnets de commandes, peut apparaître assez rapidement. « Nous n’avons pas le même temps

de latence entre projets et travaux que nos confrères du bâtiment», explique le patron d’Eurovia pour la région. Les chefs d’entreprises régionaux, qui génèrent la bagatelle de 1,4 Md€ de chiffre d’affaires chaque année, regardent donc avec intérêt et une pointe d’angoisse l’évolution de la situation chez Dexia Crédit Local. Selon les analystes de la banque franco-belge, de 10 à 12 Md€ de besoins de financements locaux risquent de ne pas être cou-

commission européenne doit donner son feu vert à la garantie de 90 Md€ que les Etats français et belge apporteront au financement des collectivités locales. En fin d’année dernière, la Com-

LES ENTREPRISES ONT MAINTENU L’EMPLOI AU DÉTRIMENT DE LEURS MARGES CES DERNIÈRES ANNÉES. EN 2012, ELLES NE POURRONT PROBABLEMENT PLUS LE FAIRE”

verts cette année, soit 300 à 350 M€ pour la région Centre. Courant février, la solution imaginée à l’automne 2011 pour sauver Dexia était officialisée, avec la création d’un nouvel acteur, associant la Banque Postale à hauteur de 65 % et la Caisse des Dépôts pour le solde. Pour se refinancer, le nouvel établissement s’appuiera sur Dexia Municipal Agency (DexMa), créé à la rentrée dernière par l’Etat au côté de la Caisse des Dépôts (65 %) et de la Banque Postale (5 %). Sous réserve de l’accord des autorités bancaires et de celles de la concurrence, les premières offres de prêts devraient être en place au début de l’été. En tout état de cause, les premières retombées sonnantes et trébuchantes pour les entreprises de TP ne pourront guère être ressenties avant la toute fin d’année. Mais l’affaire risque de se compliquer à Bruxelles : la

mission avait déjà tiqué pour accorder une garantie temporaire de 45 Md€ venant après les sommes englouties durant le premier plan de sauvetage de 2008. Les services du commissaire européen Joaquin Almunia auront la tentation de refuser au nom d’une distorsion de la concurrence. L’issue de la crise n’est donc pas pour demain. « Les entreprises ont maintenu l’emploi au détriment de leurs marges ces dernières années, explique François Huret. En 2012, elles ne pourront probablement plus le faire. Dans notre métier, la variable d’ajustement, c’est l’intérim, qui représente environ 10 % de l’effectif. Les plus fragiles ne remplaceront pas certains départs à la retraite. En espérant que la situation économique s’améliore de façon significative à partir de 2013 .» François-Xavier Beuzon

La Lettre Valloire - Mars 2012 25


Economie

Conjoncture

La filiè reprend de Les sous-traitants régionaux de l’aéronautique, qui emploient plus de 16 000 salariés, sont assaillis de programmes après le brutal trou d’air de 2008 et 2009. Ce changement de cap doit être amorti par des

«C’

est exceptionnel ! Les industriels de la filière aéronautique ont une visibilité d’au moins sept ans de leur carnet de commandes », se réjouit Jean-Michel Sanchez, le président d’Aérocentre, le pôle d’excellence régional qui regroupe 45 opérateurs d’une filière qui compte, en région Centre, près de 16 000 salariés. « Quel autre secteur industriel peut s’appuyer sur un tel matelas ? ». Après le terrible trou d’air enregistré de 2008 et 2009, « qui a vu l’activité se contracter d’au moins 30 % chez les équipementiers… et de plus de 50 % chez certains de nos soustraitants », indique François Amiot. Selon ce dernier, directeur général de l’équipementier MCSA, qui

François Amiot (MCSA).

26 La Lettre Valloire - Mars 2012

compte cinq sites industriels dont MCSA-Sipem à Méreau (18) et MCSACelerc à La Guerche-sur-l’Aubois (18), les donneurs d’ordre (Airbus, Boeing, Eurocopter, ATR) rattrapent le temps perdu en mettant les bouchées doubles, voire triples. A tel point que les équipementiers et leurs

de mieux affronter la concurrence de Boeing, mais aussi celle de Bombardier avec son CSeries ou de l’avion chinois Comac C919 du constructeur éponyme. Les équipementiers vont aussi bénéficier des commandes prévues au titre de l’A330, de l’A380 et de l’A350. Aux-

“ AIRBUS A DÉJÀ PRÉVENU SES PARTENAIRES QU’IL ENTENDAIT PASSER DE 40 À 50 A320 FABRIQUÉS ANNUELLEMENT

fournisseurs de premier et de second rang ont du mal à suivre ! « On le sait bien, le marché est tiré par l’augmentation du trafic passagers, ellemême corrélée à la croissance du PIB mondial ; il devrait progresser de 5 % par an au cours des vingt années qui viennent », estime François Amiot. Les plus fortes croissances du nombre de passagers transportés sont naturellement à mettre à l’actif des compagnies aériennes des pays émergents. Dans ce contexte, les grands avionneurs dopés par les commandes revoient leurs programmes… et leurs cadences industrielles à la hausse. Chez Airbus, c’est bien sûr toute la famille de l’A320 qui monte ainsi en puissance et notamment la version New Engine Option (NEO). L’appareil, doté d’un moteur moins gourmand, devrait permettre à la firme européenne

quelles on doit naturellement ajouter la forte activité commerciale de Boeing autour du B737 – en concurrence frontale avec l’A320 –, du B777, et même de la nouvelle version du mythique B747 qui bénéficie d’une motorisation plus économe. « C’est simple, Airbus a déjà prévenu ses partenaires qu’il entendait passer de 40 A320 fabriqués annuellement à 50 », indique François Amiot. Un tel contexte – « qui n’est pas nouveau, le redémarrage est en cours depuis plus d’un an », soutient JeanMichel Sanchez – devrait donc donner du baume au cœur des soustraitants régionaux qui, enfin, aperçoivent le bout du tunnel. Pour certains d’entre eux, la demande émanant du secteur est déjà devenue l’un des principaux moteurs de la croissance. Ainsi, chez Systech, un spécialiste de la sous-traitance élec-


re aéronautique l’altitude commandes, les donneurs d’ordre, et notamment Airbus et Boeing, ayant relancé leurs grands entreprises sorties fragilisées de la crise. tronique (47 salariés, environ 5,7 M€ de CA en 2011) de Gallardon, près de Chartres (28), les commandes émanant des équipementiers aéronautiques « ont accru la facturation attribuable à ce segment de 15 à 20 % depuis un an », nous indique Daniel Fanon, le pdg. Désormais, ces ventes représentent plus de 20 % du CA. « Nous produisons notamment en petite et moyenne série des systèmes d’éclairage LED embarqués dans la cabine et le cockpit .» « Les choses ne sont pas si simples, prévient François Amiot. Cette reprise s’apparente à une surchauffe et elle n’est pas sans créer de vives tensions ». Tout d’abord, une première évidence, « l’ensemble de la filière est confrontée à un problème de ressources humaines. Les soustraitants, qui ont parfois été contraints de supprimer des emplois pendant les années de disette, doivent réembaucher massivement. Et ils ont beaucoup, beaucoup de mal, à dénicher des candidats formés à ces métiers techniques ». Cette pénurie de profils ad hoc a également gagné les ingénieurs. « Les grands donneurs d’ordre comme Airbus embauchent à tout va. Ces recrutements ont tendance à assécher le marché », poursuit François Amiot. Selon ce sous-traitant local, qui produit des sous-ensembles mécanohydrauliques pour l’industrie aéronautique, « une telle dynamique de reprise, aussi brutale, n’est pas tou-

jours facile à gérer sur le plan de la trésorerie. Il faut du cash pour tourner à plein régime ». Et certaines entreprises, qui ont brûlé toutes leurs ressources financières pendant les années de crise, ne sont plus en mesure de répondre aux sollicitations des grands clients. « Paradoxalement, le risque de défaillances a grimpé d’un cran au sein de la filière régionale », estime cet observateur qui s’attend à ce que des sinistres surviennent dans les prochains mois. Dernier sujet d’inquiétude et pas des moindres : « Les sous-traitants doivent gérer la pénurie de matières premières et notamment celle d’aciers spéciaux », juge François Amiot. La croissance chinoise et indienne

accapare les ressources disponibles. « C’est une question très sensible. Elle suscite de véritables goulots d’étranglement et perturbe la supply chain de la filière ». Pour autant, avance Jean-François Sanchez, « la situation est globalement favorable et recèle beaucoup d’opportunités pour les sous-traitants régionaux ». Des opportunités qui dépassent le strict cadre du manufacturing. Notamment dans la perspective de la conception de « l’avion du futur », un programme de R&D collaboratif qui pourrait pleinement profiter de l’expertise des opérateurs régionaux. Jean-Christophe Savattier

Des savoir-faire régionaux très diversifiés La filière aéronautique régionale, qui compte plus de 220 entreprises, compose un pan robuste et très diversifié de l’industrie en région Centre. Elle s’appuie aussi bien sur les savoir-faire du fabricant de sièges d’avions Sicma Aeroseat (cicontre) à Issoudun (36) , du fabricant de pneus d’avions Michelin à St-Doulchard (18), des mécaniciens de précision Mecachrome à Amboise (37) et à Aubigny-sur-Nère (18) et d’Indraero Siren à Argenton-sur-Creuse (36). Thales, Auxitrol, dans l’électronique embarquée et les capteurs, ainsi que St-Gobain à Sully-sur-Loire (45) pour les glaces de cockpits et les hublots et Daher à Montrichard (41), qui fabrique des pièces internes et de fuselage, viennent compléter ce maillage de haut niveau.

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Economie

Industrie

Des luxes de précaution pour VWR, à Briare On peut se montrer économiquement performant et soucieux du respect de l’environnement et des conditions de travail de ses salariés : c’est ce que démontre le site industriel et logistique briarois de VWR, qui conditionne et distribue des produits chimiques et articles de laboratoires. un niveau de performance très élevé pour satisfaire à la fois nos clients, nos fournisseurs, nos collaborateurs, nos actionnaires, nos prestataires et les institutionnels, affirme Patrick Podevin. Cela implique de cultiver sans cesse l’innovation, la qualité de service et l’excellence des processus. » Briare fait partie des deux sites européens de VWR – avec celui de Louvain en Belgique – classés « Seveso seuil haut ». S’y trouve, en effet, un imposant stockage de produits chimiques très variés, inflammables, corrosifs

«N

otre site pourrait bénéficier de nouveaux investissements, car près de 60 % de ce que nous produisons ou conditionnons ici alimente désormais tous les marchés européens du groupe VWR International » : à une époque où se succèdent les catastrophes industrielles, Patrick Podevin, le directeur de VWR à Briare (45), voit plutôt l’avenir en rose. L’établissement du n°1 en France et en Europe de la distribution de fournitures scientifiques de laboratoires connaît en effet un développement enviable, dix ans après sa restructuration. L’ex-usine Prolabo, créée en 1973, reconditionne chaque année 1 300 références chimiques et expédie tous les jours 3 200 colis vers toute l’Europe, sur une emprise de 17 ha qui supporte 50 000 m2 de bâtiments et d’infrastructures. Elle emploie 112 personnes. « Etre en mesure de proposer rapidement, de A à Z, tout ce qui peut intéresser un laboratoire, du siège à la pipette en passant par les microscopes ou les gants, nous impose

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secours. Et toutes les consignes de prévention et de sécurité sont en permanence relayées, répétées et expliquées. » La politique des ressources humaines de VWR Briare met également l’accent, « au-delà des obligations légales », sur les risques ergonomiques, la prévention des accidents, le stress au travail et l’insertion de personnel handicapé (15 à 20 % de l’effectif). L’établissement accentue, par ailleurs, sa politique de diminution de l’empreinte écologique par des économies d’eau, d’énergie ou de papier. Enfin, au lendemain de

LE SITE EST SURVEILLÉ PAR 17 ORGANISMES DIFFÉRENTS ET DISPOSE D’INNOMBRABLES DISPOSITIFS DE SÉCURITÉ QUI ONT ÉTÉ RENFORCÉS AU FIL DES ANNÉES ” et toxiques, ce qui impose moult précautions. « Le site est surveillé par 17 organismes différents et dispose d’innombrables dispositifs de sécurité qui ont été renforcés au fil des années, en particulier à la suite de la catastrophe AZF à Toulouse, insiste Patrick Podevin. Vingt-deux de nos salariés sont des pompiers formés par le Service départemental d’incendie et de

l’Année internationale de la Chimie, la multinationale s’efforce, comme l’explique Olivier Lebrun, directeur de la communication VWR pour l’Europe, l’Asie et le Pacifique, « de communiquer un peu plus sur ses métiers et savoir-faire auprès de ses clients et du public, jeune en particulier ». La chimie ? Des jobs d’avenir… Jacques Huguenin

Une histoire qui a commencé à Seattle VWR doit son nom aux initiales de deux entrepreneurs de Seattle, George Van Waters et Nat Rogers, qui ont repris en 1924 une petite droguerie fondée par un chercheur d’or au milieu du XIXe siècle. VWR International, basé à Radnor (Pennsylvanie), est présent dans 25 pays (28 filiales, 7 000 collaborateurs, 3,7 Md$ de CA). La société exporte vers 145 pays 1,5 million de références de produits chimiques, mobiliers, équipements, instruments, vêtements et consommables destinés à toute entreprise ou tout établissement concerné par le domaine scientifique.


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Economie

Agroalimentaire

LSDH soigne ses sites régionaux La laiterie de la famille Vasseneix va investir 40 M€ au profit de ses unités de St-Denis-del’Hôtel (45) et de Varennes-sur-Fouzon (36).

L

a Laiterie de St-Denis-de-l’Hôtel (LSDH) poursuit ses investissements capacitaires. Emmanuel Vasseneix, le pdg du groupe familial, nous confirme qu’il va engager près de 40 M€ dans les trois ans à venir au profit de ses unités implantées en région Centre. Environ la moitié va ainsi être investie au bénéfice de son usine « historique », qui emploie 360 personnes à St-Denis-de-l’Hôtel (45) ; cette unité

de conditionnement de liquides alimentaires va porter sa capacité de production à 650 millions d’emballages. Une seconde enveloppe, d’un montant équivalent, profitera au site laitier de Varennes-sur-Fouzon (36) qui, lui, compte 150 salariés. Selon le président, ce programme « va être consacré à la remise en conformité des installations, à la construction de deux ateliers de stockage automatisés – un sur chaque établissement – et à une augmentation significative des capacités ». Dans ce cadre, de nouvelles lignes de condi-

tionnement seront installées dans le Loiret et une dans l’Indre, site appelé à devenir la plate-forme logistique du groupe pour le sud de la France. Emmanuel Vasseneix estime que l’investissement devrait générer la création de 70 emplois, « à parité entre St-Denis et Varennes-sur-Fouzon ». Notons que ces deux usines génèrent un CA consolidé de 300 M€. La direction prévoit aussi d’engager 20 M€ sur son site alsacien de SarreUnion (67), racheté à Eckes-Granini il y a quelques années. JCS

Senoble s’allie avec Agrial L’autorité de la concurrence a autorisé le 23 février dernier le groupe laitier icaunais Senoble et le groupe coopératif Agrial à constituer à parité la société Senagral. Cette dernière sera dédiée à la production de yaourts et de produits laitiers frais sous marques distributeurs. Senoble apportera ainsi à Senagral quatre usines en France dont celle de Lorris (45) et sa filiale Iris Logistique installée dans l’Yonne et dans le Loiret. Les activités transférées représentent un CA de 300 M€ sur un total groupe de 1,15 Md€.

Les Minoteries Viron investissent au Coudray Les Minoteries Viron, implantées au Coudray, près de Chartres (28), ont investi 2,5 M€ dans leur outil de production. Cette dernière tranche vient clôturer un programme de 5 M€.

L

es Minoteries Viron viennent d’installer dans leurs nouveaux bâtiments une machine à trier les grains Sortex, un équipement inédit dans la meunerie français. Conçue par l’équipementier suisse Bühler, cette machine trie les grains par balayage optique, éjectant ceux qui sont malades ou échaudés selon leur couleur et leur forme. « Avec ce nouvel outil, nous espérons doubler nos capacités de production », indique le dirigeant Alexandre Viron. Issu de la septième génération, il a succédé à son père Philippe, créateur de la baguette de

30 La Lettre Valloire - Mars 2012

tradition française Rétrodor (1989) qui inspira le décret pain de 1993. Chaque année, 250 000 quintaux de blé, issus pour la plupart de la Beauce, sont écrasés au Moulin Lecomte pour fabriquer la farine sans additif notamment destinée à la Rétrodor. La PME familiale, qui compte une quarantaine de salariés, réalise 15 M€ de CA, dont 8 % à l’export : Japon, Corée, Canada, Gabon, Afrique du Sud, Angleterre, Allemagne, Portugal et Russie. « La part d’export devrait atteindre 10 % cette année », ajoute Alexandre Viron. EP


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La Lettre Valloire - Mars 2012 31


Economie

Informatique

Exaegis sécurisera

les bugs… financiers

La start-up tourangelle dirigée par l’ancien directeur général adjoint d’ECS ambitionne de devenir un acteur majeur du marché de la location informatique grâce à un modèle d’affaires inédit.

F

ondée en décembre 2011 par Laurent Briziou, un ancien directeur général adjoint du groupe ECS, la SSII Exaegis, implantée à Tours, est peut-être appelée à devenir une star de la discipline. Exaegis a misé son développement sur une offre d’audit et de notation des prestataires informatiques, de sécurisation des encours pris en charge par les financeurs des projets de leasing ainsi que par les principaux acteurs de la location informatique. Ceux-ci sont contraints d’assumer les pertes provoquées par la non-exécution des contrats (liquidation du prestataire, litige sur la qualité technique et sur l’exécution des contrats). « En

cas de pépin, explique Laurent Briziou, les loueurs et les établissements qui les financent sont en première ligne. » L’offre d’Exaegis va jusqu’au choix d’un nouveau prestataire en cas de défaillance, voire jusqu’à l’indemnisation des bailleurs si aucune solution permettant d’assurer la continuité de l’exploitation informatique n’est trouvée. Exaegis se rémunèrera via une commission perçue sur le montant des encours sécurisés. Les projets d’infrastructures informatiques, de télécoms et de prestations sous IP, « ainsi que tous les

projets dont la performance peut être facilement objectivée » constitueront le champ de compétences d’Exaegis. Selon le fondateur, la société de services informatiques qui vise un CA d’environ 35 M€ d’ici à cinq ans pourrait, à cette échéance, compter entre 200 et 250 collaborateurs dont une centaine seront basés à Tours. JCS

Articque : de nouvelles cartes dans son jeu

L’

éditeur tourangeau de solutions de cartographie numérique, le groupe Articque, étoffe son fonds cartographique et s’affranchit partiellement du monopole exercé par l’IGN sur ce marché. La société vient, en effet, de reprendre Blay-Foldex à Montreuil (93), un spécialiste des plans de ville et des produits touristiques. L’entreprise francilienne (20 salariés), réputée pour la richesse de son fonds cartographique plutôt focalisé sur les zones urbaines, « l’un des meilleurs au monde » selon GeorgesAntoine Strauch, le pdg d’Articque, 32 La Lettre Valloire - Mars 2012

traversait d’importantes difficultés financières. En 2010, Blay-Foldex a en effet accusé près de 800 000 € de pertes pour un CA de 8 M€. L’éditeur tourangeau (4 M€, 55 salariés) a réussi à s’imposer récemment auprès de plusieurs donneurs d’ordres du monde politique pour son exper-

tise dans le domaine du traitement des résultats électoraux (recueil et analyse prospective). Autre marché « stratégique » sur lequel l’entreprise de Fondettes s’est habilement positionnée, celui du traitement des données climatiques. JCS

Qual’Net garde la ligne La crise n’a pas affecté la progression de Qual’Net, un éditeur de logiciels installé à Vasselay, près de Bourges (18). Selon Emmanuel Derrien, le fondateur de la société qui édite un logiciel de gestion documentaire ainsi qu’un outil de workflow permettant de gérer en ligne tous types de formulaires (bons de commandes, notes de frais), le CA devrait s’élever à 2 M€ en 2012 contre 1,85 M€ en 2011 et 1,7 M€ en 2010. Une progression régulière qui s’appuie « sur la confiance que nous prodiguent les grands comptes ». La base clients de l’éditeur comprend en effet 300 références, représentant 240 000 utilisateurs dont près de 40 000 à l’international. « Ces clients fidèles déclinent toute la gamme de nos produits hors de France au sein de leurs filiales » se félicite Emmanuel Derrien.


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Formation

Enseignement supérieur

Quand l’union fait éc Dans le monde très éclaté de la formation supérieure, l’heure est au regroupement et à la mutualisation des compétences. Plus question de rester isolé sur son pré carré. Les établissements, qu’ils soient publics ou privés, doivent imaginer des alliances et chercher eux aussi la taille critique. Il y va de leur réputation et de leur attractivité auprès des étudiants et des entreprises. Et donc inévitablement de leur survie à plus ou moins long terme. En région Centre,

S

i les universités d’Orléans et de Tours travaillent main dans la main depuis 2004 dans le cadre du Pôle Université Centre Val de Loire (PUCVL), aucune ne veut employer le terme de « fusion » pour qualifier leurs relations : « Il y a une vraie complémentarité entre nos deux universités au niveau des formations et une coopération au niveau de la recherche. Mais une

34 La Lettre Valloire - Mars 2012

ce changement de paradigme a déjà produit ses effets. Le rapprochement récent entre l’Escem ToursPoitiers et sa petite cousine orléanaise, l’Ecole de Commerce et de Gestion (ECG) d’Orléans, facilité par l’origine consulaire des deux établissements, en constitue la dernière démonstration en date. Cette alliance, qui ravira les entreprises des bassins d’emploi concernés – intéressées tant par l’offre de formation initiale que par la formation continue – n’est

fusion comme Aix et Marseille serait contre-productive : il y a des différences de structure et de culture liées à l’histoire », précise Loïc Vaillant, président de l’université de Tours, qui souhaite désormais nouer des liens étroits avec son homologue de Poitiers. « Mon objectif serait d’arriver au TOP (Tours-Orléans-Poitiers), une communauté d’universités avec le fonctionnement des communautés de

communes, chacune conservant ses spécificités. Forte de plus de 60 000 étudiants, ce TOP créerait un effet de taille, pas seulement en terme de personnes : il représenterait un potentiel à l’international. » Une triangulaire TOP répondrait également à une logique territoriale forte. Le récent rapprochement de l’Escem Tours-Poitiers et de l’ECG d’Orléans en est une nouvelle preuve.


ole en région Centre que l’amorce d’un projet beaucoup plus ambitieux qui pourrait se traduire par le regroupement de six écoles de commerce, dont l’Escem, dans un vaste ensemble : France Business School. Les écoles d’ingénieurs se mettent aussi en mouvement et Bourges et Blois se rapprochent sous la houlette du réseau Insa. A l’université, on joue la carte de l’union même si, au nom de l’histoire et de la culture, on évite soigneusement Des formations communes existent déjà entre les universités tourangelle et poitevine, notamment dans les disciplines du droit et de la santé. Leurs laboratoires d’excellence collaborent également dans le cadre du pôle de compétitivité Dream (Durabilité de la ressource en eau associée aux milieux) avec les acteurs économiques locaux. « Au-delà de la simple tactique de coopération actuelle, il s’agit

de parler, ô sacrilège, de fusion. Pour autant, les universités qui ont gagné en réactivité et en autonomie ne se regardent plus en chiens de faïence. Les réseaux communs construits autour du PRES Centre Val de Loire ont déjà engendré de très belles réalisations et notamment la création de plusieurs laboratoires d’excellence (Labex) au sein desquels les partenariats entre universités et entreprises peuvent s’épanouir.

d’une réflexion globale qui doit nous permettre d’ouvrir des formations de haut niveau grâce au partage de nos savoir-faire », explique Loïc Vaillant. A Orléans, le président de l’université Youssoufi Touré ne partage pas cet enthousiasme pour l’effet de taille : « Soyons sérieux : nous comptons 1 200 enseignants-chercheurs en région Centre, contre 53 000 en France » ; il préfère se

concentrer sur la construction de réseaux dans le cadre de la région et du PRES Centre Val de Loire : « A Orléans, nous avons une responsabilité régionale ; nous travaillons à consolider le grand campus Université-CNRS-BRGM et à construire nos politiques de sites à Bourges, Chartres, Châteauroux et Issoudun, mais nous n’avons pas Poitiers dans notre ligne de mire ». Si elle diverge La Lettre Valloire - Mars 2012 35


Dossier

Formation

Youssoufi Touré

à propos de Poitiers, l’université d’Orléans rejoint néanmoins celle de Tours sur l’essentiel : promouvoir la visibilité et l’attractivité des formations et valoriser les activités de recherche menées en commun. Car de tels rapprochements offrent de nombreux avantages : outre la mutualisation (partage des enseignants, préparations communes aux concours, diplômes communs, etc.), ils répondent aux ambitions des universités, qui se doivent de conserver un niveau d’excellence, notamment au sein de leurs laboratoires de recherche. Pour ce faire, les universités tourangelle et orléanaise ont créé au sein du PRES un service mutualisé de valorisation de la recherche : une société accélératrice de transfert de technologie (SATT) Grand Centre, en co-création avec les PRES Clermont Université et Limousin Poitou-Charentes, le CNRS, l’Irstea (ex-Cemagref) et l’État. Destinée à développer le transfert des technologies issues de leurs laboratoires vers le monde socioéconomique, cette SATT devrait créer une forte valeur ajoutée à partir du vaste potentiel de recherche et de valorisation des quatre régions du Grand Centre (Auvergne, Centre, Limousin et Poitou-Charentes) : près de 400 équipes de recherche, 8 000 chercheurs, un budget de R&D de 36 La Lettre Valloire - Mars 2012

420 M€ et 300 familles de brevets. « Nous entendons renforcer les liens existants avec les pôles de compétitivité, les entreprises ou les organismes de recherche publics, afin d’être un accélérateur du développement territorial », martèle Youssoufi Touré. Les retombées économiques sont

ronnement », explique Loïc Vaillant. Ces avancées sur un mode gagnantgagnant prennent tout leur sens avec la participation des universités aux pôles de compétitivité*. « La dimension n’est plus territoriale, mais thématique, et regroupe des acteurs universitaires et des industriels issus de diverses régions, se réjouit Loïc Vaillant. Même les PME sont directement concernées : partenaires des pôles de compétitivité, elles en deviennent aussi actrices, en initiant des projets de recherche. » Le clivage entreprise-université s’efface peu à peu. Plus autonomes, les universités sont également plus réactives aux besoins du marché. La loi sur l’autonomie LRU (loi relative aux libertés et responsabilités des universités) a modifié leurs habitudes de travail, à l’encontre des idées reçues qui leur sont souvent associées : « Nous pouvons mettre en place une formation en quelques mois si elle appartient à notre champ de compétences »,

LA LRU NOUS A FAIT GAGNER EN EFFICACITÉ ET EN QUALITÉ, NOUS PERMETTANT D’ÊTRE STRATÈGES ET DE REMPLIR NOTRE MISSION ” Youssoufi Touré (Orléans)

réelles pour les entreprises de la région, qu’il s’agisse d’établissements appartenant à de grands groupes ou de PME, déjà impliquées dans le cadre de partenariats, de stages et des laboratoires de recherche. « Les centres d’expertise et de transfert, internes aux universités, profitent à toutes les entreprises d’un secteur, par exemple dans le domaine de l’envi-

souligne Loïc Vaillant. « La LRU nous a fait gagner en efficacité et en qualité, nous permettant d’être stratèges et de remplir notre mission : former des ingénieurs, des docteurs (…) qui aient la capacité de s’adapter aux évolutions du marché », fait écho Youssoufi Touré. L’employabilité est un terme passé dans le langage courant des univer-

*L a région Centre participe à cinq pôles de compétitivité : •C osmetic Valley : parfumerie et cosmétique, connaissance de la peau et molécules végétales. •E lastopôle : industrie du caoutchouc et des polymères. •P ôle européen de la céramique : arts de la table, céramique traditionnelle et technique, matériaux réfractaires. •S 2E2 : électronique de puissance. •V iaméca : mécanique, sous-traitance et mécatronique.


tenariales. « Nous pouvons identifier les besoins des PME pour faire travailler directement les étudiants sur leurs problématiques : si une heure de discussion avec le chef

entre le monde de l’entreprise et le monde académique. « Nous travaillons, par exemple, sur la valorisation des salariés dans leur entreprise, thématique sou-

L’UNIVERSITÉ NE SE CHARGE PLUS UNIQUEMENT DES SAVOIRS, MAIS AUSSI DES COMPÉTENCES ” Loïc Vaillant (Tours)

Loïc Vaillant

sitaires, qui s’allient aux industriels sur des projets d’envergure. La région Centre peut même s’enorgueillir de deux laboratoires d’excellence (Labex) où ces relations universitéécole-entreprise prennent tout leur sens : MAbImprove (optimisation du développement des anticorps monoclonaux thérapeutiques) et le projet Voltaire de l’université d’Orléans, qui concerne les géosystèmes et l’étude de la dynamique des fluides. L’université a fait de l’insertion sa priorité. Afin d’être au plus près des problématiques des employeurs comme des jeunes diplômés, les universités ont initié dans le cadre du PRES CVLU la création d’un Observatoire régional de l’enseignement supérieur (ORES). Offrant une vision prospective de l’insertion, il permettra notamment de diagnostiquer les raisons des échecs comme des arrêts en cours d’études et de réadapter si besoin leur offre de formation pour une meilleure adéquation. « C’est un outil de réflexion et de décision commun, qui intéresse chacun des établissements. Soucieuse de l’insertion professionnelle, l’université ne se charge plus uniquement des savoirs, mais aussi des compétences », appuie Loïc Vaillant. A cet effet, l’université s’est dotée de structures innovantes et réactives pour les entreprises : les fondations, qu’elles soient universitaires ou par-

d’entreprise équivaut en général à six mois de travail pour l’université, ce temps peut alors être réduit à un mois », se félicite le président de l’université orléanaise. A Tours, la fondation universitaire Rabelais – parrainée par le prix Nobel de chimie Yves Chauvin – favorise les échanges

levée par les PME », explique Loïc Vaillant. Les résultats sont attendus avec impatience, tant côté salarié qu’employeur. Autre thématique : la fondation partenariale Philippe Maupas, créée fin 2011 à Tours, sur le thème des biomédicaments et des bio-actifs cosmétiques. Cette

Le PRES Centre Val de Loire Université Depuis leur création en 2006 par le pacte sur la recherche, 22 Pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) ont été constitués. Les PRES permettent aux universités, grandes écoles et organismes de recherche de mettre en cohérence leurs dispositifs, de mutualiser leurs activités et leurs moyens. Objectif : proposer une offre de recherche et de formation plus cohérente, plus lisible et mieux adaptée aux besoins des territoires. Créé en 2010, le PRES Centre Val de Loire Université (CVLU) regroupe les universités d’Orléans et de Tours, les écoles d’ingénieurs Polytech de Tours et d’Orléans, celle de Bourges (Ensib), l’école nationale supérieure de la nature et du paysage (ENSNP) et l’ENIVL de Blois, les écoles d’art et de design d’Orléans, de Bourges, l’Escem, le Cnam, l’IMT, les centres hospitaliers de Tours (CHU) et d’Orléans (CHR), le Crous, le BRGM, le Conseil régional. Il représente 40 000 étudiants, 4 000 personnels, 1 200 doctorants, plus de 250 docteurs et 2 400 ingénieurs formés par an.

La Lettre Valloire - Mars 2012 37


Dossier

Formation

fondation vise à faciliter la levée de fonds privés afin d’être éligible au dispositif national des Investissements d’Avenir (IA) dans le cadre du Labex MAbImprove. Avec, à la clé, la création d’une plate-forme de formation par alternance qui doit accueillir près de 3 000 apprenants chaque année, dès 2017, pour les former aux métiers de la bioproduction et des cosmétiques. Un projet qui répondrait aux problématiques de ressources humaines des entreprises du secteur pharmaceutique. L’université va encore plus loin dans ses relations avec les entreprises : elle encourage même les vocations d’entrepreneurs. Le pôle Entreprendre pour innover (EPI Centre) a été créé par le PRES CVLU en réponse à un appel à projets du ministère : « Le pôle EPI vise à sensibiliser les étudiants à l’esprit d’entreprendre, l’innovation et le sens du risque, à les former à l’entrepreneuriat, à les accompagner sur des projets de création d’entreprise… Sa finalité : faciliter l’insertion professionnelle des jeunes diplômés », souligne Yous38 La Lettre Valloire - Mars 2012

soufi Touré. Victime de son succès, l’EPI a dû limiter ses inscriptions à 30 couples entreprise-étudiant, contre une centaine de demandes. Egalement soucieuses du manque de

visibilité des formations d’ingénieurs, les universités de Poitiers et Tours soutiennent le projet de création commune d’un Institut national des sciences appliquées (Insa) Centre Val de Loire (lire, à ce sujet, notre article pages 44 et 45). « Nous aurions ainsi deux réseaux d’excellence en ingénierie : notre réseau Polytech et le réseau Insa, que les universitaires pourront intégrer », explique Youssoufi Touré. Les acteurs de l’enseignement privé et public œuvrent ensemble à renforcer l’attractivité du territoire. Youssoufi Touré n’hésite pas à dire que, pour que ce travail de coopération ait encore plus d’efficacité, il serait judicieux que les écoles de commerce intègrent l’université… à l’instar de plusieurs pays étrangers. Une idée qui fait écho aux propos du président de l’Escem. Mais, si l’heure est aux rapprochements, fusions et alliances, il reste encore du chemin à parcourir avant de contourner la spécificité française qui a imposé un clivage fort entre écoles de commerce et universités.

Elise Pierre

Viser l’excellence dès bac-3 Le projet « Edifice », déposé par le PRES CVLU, vient d’être nommé lauréat dans le cadre des appels à projets des Investissements d’Avenir IDEFI (Investissements d’excellence en formations innovantes). Le projet prévoit la construction d’un dispositif de formation en sciences exactes dans une offre cohérente, allant de bac - 3 à bac + 8, qui réunirait à titre expérimental 3 lycées, le u r s c l a s s e s p ré p a r a t o i re s a u x g r a n d e s é c o le s ( C P G E ) , l’université d’Orléans, le CNRS et le BRGM. « Tous les jeunes sont capables d’excellence, plus tôt on commence, mieux c’est ! », souligne Youssoufi Touré, président du PRES CVLU. Objectif : attirer les jeunes vers les carrières scientifiques et leur offrir une sécurisation des parcours afin que « l’excellence scientifique soit aussi synonyme d’employabilité, dès le bac ». Les passages d’un niveau à l’autre et d’une formation à l’autre gagneraient en souplesse et en cohérence. Afin de sensibiliser les jeunes aux débouchés scientifiques, Edifice prévoit la formation d’équipes de formation mixte (lycées-universitéCNRS-BRGM) dès le lycée. L’approche originale d’Edifice repose sur une ouverture structurelle de l’université aux lycées et aux organismes, qui consistera notamment à identifier et accompagner des groupes de jeunes pris dès le brevet des collèges (bac - 3) et, selon leur parcours, pouvant aller jusqu’à bac + 8. Si le projet fait ses preuves lors des essais de faisabilité, son schéma pourrait être appliqué à l’échelle régionale d’ici à deux ans.


SERGE BABARY, PRÉSIDENT DE LA CCI TOURAINE

Lors de la présentation de son projet de territoire fin 2011, la CCI de Touraine a affirmé la place de l’Industrie. Serge BaBary, son Président, revient sur cet engagement. Pourquoi mettre en avant l’industrie ? SERGE BABARY : Parce que l’industrie conserve un poids important sur notre territoire. Elle possède des filières fortes, comme le travail des métaux qui emploie près de 5 000 personnes dans le département, soit environ 15 % de l’emploi industriel. La transformation du caoutchouc et la plasturgie, avec des leaders comme Michelin ou Hutchinson, pèse aussi beaucoup en terme d’emplois. Or, la crise malmène l’industrie, plus encore peut-être que d’autres secteurs. Nous devons être attentifs à sa situation.

Quelles actions avez-vous mis en place ? SERGE BABARY : Notre rôle est de favoriser les relations entre industriels. Ainsi, le 21 mars, nous organisons un networking à Polytech Tours dans le cadre de la deuxième édition de la Semaine de l’Industrie. Ce sera l’occasion pour les donneurs d’ordre, sous-traitants et fournisseurs de se rencontrer et, nous l’espérons, de conclure des marchés.

« Pérenniser et valoriser le tissu d’industriels et de sous-traitants » Lors de nos journées territoriales, nous nous attachons à mettre en valeur des entreprises peu connues. À Amboise, au mois de décembre, j’ai conduit une délégation chez Courtois, un fabricant d’instruments à vent qui est un leader dans son domaine et chez Chatel, une entreprise de tôlerie industrielle. Au mois de février, à Loches, nous avons visité deux entreprises au positionnement original : Podaction, qui fabrique des chaussures orthopédiques, et Méga Pneus, à Reignac-sur-Indre, qui valorise des pneus usagés en matières Visite de l’entreprise MEGA PNEUS à Reignac-sur-Indre. premières.

Vous mettez particulièrement l’accent sur les entreprises de taille intermédiaire (ETI) … SERGE BABARY : Les ETI ont beaucoup d’atouts. Il s’agit souvent d’entreprises patrimoniales, attachées à leur territoire, qui ont la taille suffisante (entre 250 et 5 000 salariés) pour innover et aller chercher des marchés à l’export. Nous souhaitons les aider à poursuivre leur croissance. Dans cette optique, la CCI vient de mettre en place un réseau spécifique pour ses entreprises et la première réunion a eu lieu début mars chez Mecachrome, à Amboise, en présence de Monsieur le Préfet. La Lettre Valloire - Mars 2012 39


Dossier

Formation

Après Orléans, l’Escem vise Forte de son alliance avec l’ECG d’Orléans qui renforce l’attractivité de la région grâce à une offre de formation plus complète et adaptée aux besoins des entreprises, l’Escem Tours-Poitiers affiche de nouvelles ambitions : le projet France Business School pourrait réunir six ESC. Fusion, rapprochement, union… Quels qu’en soient les termes, les objectifs sont communs aux deux écoles, qui ont officialisé leur alliance le 6 février dernier : « L’activité de l’enseignement supérieur profite de plus en plus aux grands groupes, au détriment des structures plus isolées, bien que souvent de très bonne qua-

« Nous allons nous mettre à l’écoute des entreprises afin de répondre aux besoins locaux », souligne François Duvergé, qui n’exclut pas la création de programmes dédiés au secteur de la grande distribution et de la logistique, légitimée par leur forte activité sur ce territoire. Les entreprises du Loiret peuvent se

NOUS ALLONS NOUS METTRE À L’ÉCOUTE DES ENTREPRISES AFIN DE RÉPONDRE AUX BESOINS LOCAUX ”

François Duvergé, président de l’Escem Tours-Poitiers

«I

l ne s’agit pas d’une fusion au sens juridique, mais d’un renforcement de la présence de la CCI d’Orléans dans l’Escem. Et nous n’allons pas ouvrir le programme grande école sur un troisième campus », tempère le président de l’Escem Tours-Poitiers François Duvergé lorsqu’on évoque le rapprochement avec l’école de commerce et de gestion d’Orléans (lire page suivante).

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lité. Les familles privilégient des établissements dont le rayonnement est plus fort, regrette François Duvergé. Si ce rapprochement ne va pas fondamentalement changer le rapport de force, il devrait permettre à Orléans de pérenniser ses formations tout en permettant à l’Escem de compléter et d’enrichir son implantation territoriale ». Difficile, en effet, pour la grande école de commerce à la position hégémonique en région Centre, de ne pas se tourner vers l’école orléanaise et son riche bassin d’emploi, afin de lui apporter une meilleure visibilité, au-delà des vieilles querelles entre Orléans et Tours : « Ce projet était déjà d’actualité en 2007 ; cela a pris du temps, mais une page est tournée », se réjouit le président. Forte de cette alliance, l’Escem voit son offre de formation enrichie par le programme Bachelor (bac+3) de l’ECG ainsi que par ses formations professionnalisantes. Sur la formation continue et les programmes spécialisés, les perspectives de développement sont très fortes sur le bassin orléanais.

réjouir : cette alliance permettra aux salariés d’accéder à des formations continues diplômantes adaptées (ESC Perspective, Offensiv’PME… ), mais aussi aux services de l’Escem dédiés aux entreprises : forums, recherche, chaire, apprentissage. Déjà associées depuis 2008 autour de la Validation des acquis de l’expérience (VAE), l’ECG et l’Escem vont poursuivre leurs efforts au service de la compétitivité de la région Centre et des entreprises, avec des cursus qui privilégient l’alternance comme la VAE. Ces parcours rigoureux, qui permettent de valoriser l’expérience d’un salarié en la « transformant » en diplôme (ou en partie), ont déjà fait leur preuve, avec des résultats surprenants : « La VAE n’est pas seulement un marché individuel pour les salariés ; elle devient un élément de la politique de ressources humaines des entreprises », explique François Duvergé. Après Mac Donald’s, l’Escem a travaillé avec le groupe Audiens, la Maif et initie actuellement un partenariat avec la MGEN afin d’ac-


France Business School

compagner des groupes de salariés dans la formalisation de leurs compétences. « Au départ réticents, les chefs d’entreprise ont compris que la VAE pouvait être un bon outil pour valoriser leurs collaborateurs, les manager, quand bien même cela se traduit par des évolutions de poste et de salaire », ajoute-t-il. Actuellement, l’ECG assure déjà la certification du diplôme et l’Escem gère l’accompagnement. Forte de ce rapprochement avec l’école orléanaise, l’Escem travaille déjà à une autre « fusion », qui cette fois dépasse largement les frontières de la région Centre… Après le rapprochement en 1998 des écoles de Tours et de Poitiers au sein de l’Escem, la naissance de Skema à Lille, Nice, Sophia-Antipolis et Paris en 2009, c’est BEM Bordeaux Management School qui vient d’annoncer sa fusion avec Euromed Management (Marseille) pour 2013 ; à son tour, l’Escem Tours-Poitiers devrait fusionner avec les ESC de Clermont, de Pau, de Brest et d’Amiens ainsi qu’avec une cinquième école dont l’identité est encore gardée secrète.

Le nom est déjà arrêté : France Business School : FBS a été déposé à l’INPI au printemps dernier. « Il ne s’agit pas d’un réseau d’écoles, mais d’une école créée ensemble, à parité, afin de développer l’activité sur l’ensemble des territoires, avec un positionnement fort de relation avec les PME, dans le but de former des managers de proximité », précise

le président de l’Escem qui veut se différencier des autres alliances. Cette nouvelle approche donnera à l’Escem, comme aux autres écoles, une meilleur visibilité de son offre de formation, notamment sur la place internationale où « l’effet de taille compte », comme le rappelle François Duvergé. « Mais cette nouvelle école ne se développera pleinement que si chaque territoire se développe localement. Nous serons plus performants, plus attractifs, et pourrons réaliser des économies de fonctionnement sur nos fonctions de back-office », conclut le président. Confrontées à des dépenses croissantes afin de recruter des enseignants-chercheurs, obtenir des accréditations, tout cela dans le but de rester dans la course à l’échelle internationale, les écoles de commerce françaises sont à la recherche de nouveaux modèles économiques. Cette union des moyens, qui pourra ainsi rivaliser, au moins en terme d’effectifs, avec les prestigieuses HEC, Essec, ESC Paris ou EM Lyon, est une réponse parfaitement adaptée. EP

A quand une fusion avec les universités ? Egalement engagée au sein du PRES Centre Val de Loire dont elle est membre fondateur – « ce qui est un fait rare pour une école de commerce », rappelle son président – l’Escem Tours-Poitiers a tissé de nombreuses relations avec les universités d’Orléans et de Tours, avec lesquelles elle s’implique sur plusieurs chantiers, comme la recherche et les formations en partenariat. Un double diplôme en management international est à l’étude avec l’université de Poitiers et un projet de double diplôme en management public est en réflexion avec celle de Tours. Tisser d’étroits partenariats est une chose, parler d’une fusion ou d’une alliance entre université et école de commerce en est une autre. « Si nous négocions facilement des accords avec les universités étrangères, dont les écoles de commerce sont partie intégrante, les business model divergent pour des raisons historiques en France. Ils ne permettent pas de fusionner. Pourtant, sur le plan théorique, nous serions favorables ! », conclut François Duvergé… Si les passerelles se multiplient entre les universités et les grandes écoles, le fossé n’est toujours pas prêt d’être comblé.

La Lettre Valloire - Mars 2012 41


Dossier

Formation

L’ECG orléanaise va pouvoir grandir Préparée durant toute l’année 2011, la fusion de l’ECG d’Orléans et de l’Escem Tours-Poitiers a été officiellement annoncée au mois de février. La « petite » école orléanaise et ses 150 étudiants rejoindront, dès la rentrée prochaine, un ensemble qui comptera, après la fusion, quelque 3 000 étudiants.

L

es patrons du Loiret n’ont pas toujours été d’accord sur tout. Les dernières élections consulaires l’ont démontré. « Mais sur le devenir de l’ECG d’Orléans, le consensus a été total entre nous », affirme Daniel Guillermin, premier vice-président de la CCI du Loiret. « Notre école de commerce et de gestion, avec ses 150 étudiants préparant en trois ans un diplôme de niveau Bachelor (bac + 3), était trop petite, reconnaît le président pour la France du parfumeur japonais Shiseido. Son attractivité était devenue insuffisante et sans les enseignants-chercheurs de qualité exigés par la tutelle, elle risquait de perdre, à terme, son accréditation ». La fusion avec l’Escem ToursPoitiers, préparée depuis plusieurs mois, a donc été votée à l’unanimité par l’assemblée générale de la CCI du Loiret. Celle-ci a donc souscrit trois parts du syndicat mixte Daniel Guillermin qui gère l’école

42 La Lettre Valloire - Mars 2012

et siège désormais en son sein au côté de la CCI Touraine, de la CCIR Centre et du Syndicat mixte de l’ESC Vienne. Le choix du partenaire n’a pas été difficile. L’école supérieure de com-

pour la capitale de la région Centre de se laisser distancer par ses deux voisines. Il est prévu que le site orléanais monte progressivement en puissance : Daniel Guillermin attend un premier

L’ATTRACTIVITÉ DE L’ECG ÉTAIT DEVENUE INSUFFISANTE. ELLE RISQUAIT DE PERDRE, À TERME, SON ACCRÉDITATION ” merce et de management (Escem) de Tours-Poitiers, née de la fusion, en 1998, des écoles de deux villes, a le mérite, à la fois, de respecter une certaine cohérence géographique et d’être issue du même creuset consulaire que sa petite sœur orléanaise. Placée à un rang moyen sur l’échelle nationale – selon les classements, elle oscille, tant sur le plan de l’excellence académique que de la reconnaissance par les entreprises, entre la 15e et la 18e place des quelque 42 écoles de commerce françaises –, l’Escem a néanmoins réussi à fédérer pratiquement toutes les forces vives de l’économie locale autour d’elle : c’est d’ailleurs un aspect qui n’a pas échappé à Daniel Guillermin et aux chefs d’entreprises du Loiret qui ont « la volonté de soutenir cette grande école de commerce régionale ». Les 150 étudiants orléanais – trois promotions d’environ 50 élèves chacune – vont donc intégrer, dès la rentrée prochaine, un vaste ensemble de 2 800 étudiants en formations initiales ou continues bac + 3 (Bachelor) et bac + 5, répartis sur les campus de Tours et de Poitiers. Mais pas question

impact positif sur les inscriptions, dès la rentrée prochaine. Pour la suite, les équipes pédagogiques (70 enseignants-chercheurs et 500 intervenants professionnels à l’Escem) devront plancher sur les moyens à mettre en place pour proposer des formations adéquates sur les trois campus. Cette nouvelle donne passera par une réimplantation de l’ex-ECG dans des locaux plus conformes à ses ambitions que ceux, actuellement utilisés, du boulevard de Châteaudun. On s’achemine probablement vers une partition entre la formation initiale, qui devrait rejoindre le Faubourg Madeleine où il est fortement question que la faculté de Lettres s’installe, d’ici à quelques années, dans les locaux que va abandonner l’hôpital général pour rejoindre le nouveau CHR de La Source. Quant à la formation continue, elle rejoindrait Citevolia, le grand projet de quartier d’affaires porté par la CCI qui doit s’arrimer sur la friche Rivierre-Casalis, à Fleury-lès-Aubrais. Daniel Guillermin espère que tout sera opérationnel dès la rentrée 2014. FXB


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Dossier

Formation

Bourges et Blois à bord de L’Ensi de Bourges et l’ENIVL de Blois souhaitent fusionner. Objectif : embarquer ensemble à bord du prestigieux réseau Insa. L’école Hubert-Curien, toujours à Bourges, fera également partie du voyage et il reste des places à bord…

«C ’

est parce que nos écoles vont bien et qu’elles sont performantes, que nous souhaitons fusionner », rappelle Joël Allain, le directeur de l’école d’ingénieurs de Bourges (Ensib). L’école berruyère et la blésoise ENIVL (école nationale d’ingénieurs du Val de Loire) ne résistent pas à la vague de mariages qui touche l’enseignement supérieur. Avec des desseins similaires en terme d’attractivité sur leur territoire. « La région Centre est la 5e région industrielle française mais elle enregistre un fort déficit du nombre d’ingénieurs formés, souligne le directeur de l’ENIVL, Romuald Boné. Notre offre de formation manque de lisibilité : avec deux établisse-

ments, de taille équivalente, dotés d’un large panel de compétences, nous pourrons travailler dans une démarche prospective. » Les 500 élèves de Blois s’ajouteraient aux 750 élèves de Bourges et, à moyen terme, le projet mobiliserait 1 700 étudiants (700 blésois, 1 000 berruyers) inscrits dans un établissement unique. « Nous souhaitons une croissance équilibrée de nos écoles, sans changement de site pour nos personnels », précisent d’une même voix les directeurs. « Nous aurons ainsi un continuum sur cinq ans, le modèle d’avenir pour nos écoles. Face aux évolutions sociétales, former un ingénieur en trois ans est de plus en plus complexe. Cadre, manager, il doit être à la fois un expert des risques, un citoyen préoccupé de développement durable… », souligne Joël Allain. Afin de structurer leur filière ingénierie, les deux écoles souhaitent embarquer à bord du réseau renommé des Insa (Institut national des sciences appliquées). Le futur établissement serait logique-

ment rebaptisé Insa Centre Val de Loire. Les vœux sont prononcés, il ne reste aux conseils d’administration des deux établissements qu’à voter, les 26 et 29 mars prochains. C’est Bourges qui abriterait le siège ainsi que les fonctions support. « Cette fusion accompagnerait la croissance de nos écoles, en mutualisant nos services mais sans économie de personnel », commente Romuald Boné. Au contraire, la fusion pourrait générer des recrutements et d’autres retombées économiques significatives. Les domaines d’expertise sont variés : les étudiants travaillent déjà avec les entreprises des secteurs automobile et aéronautique, des PME industrielles… Des ingénieurs de l’Ensib travaillent pour des entreprises aussi diverses que le groupe Seb, la blanchisserie Anett ou l’entreprise Le Prieuré (toitures végétalisées). Avec un établissement de cette envergure, les relations écoles-entreprises, déjà ancrées à travers les stages et partenariats, devraient se multiplier. En terme d’attractivité, aucune des deux écoles n’a pourtant à rougir puisque l’ENIVL fait partie du réseau des écoles nationales d’ingénieurs

Nouvelles formations d’ingénieurs par alternance

Joël Allain, directeur de l’Ensi de Bourges

44 La Lettre Valloire - Mars 2012

La région Centre sera bientôt dotée de nouvelles formations d’ingénieur en alternance. A Châteauroux, la CCI construit actuellement un bâtiment sur la ZAC Balsan, qui accueillera en janvier 2013 les 30 étudiants de la première promotion de l’école HEI (hautes études d’ingénieurs) en alternance. Annexe d’HEI Lille (2 000 étudiants), l’école HEI Campus Centre sera spécialisée en mécatronique (entre la mécanique et l’électronique) et formera des étudiants de bac+2 (niveau III) au diplôme d’ingénieur bac+5. Le Cesi (Exia.Cesi), à Orléans, qui forme des ingénieurs informatiques, ouvrira à la rentrée prochaine un diplôme de « manager de systèmes d’information » par apprentissage (niveau I, soit bac+5).


l’Insa (ENI), tandis que l’Ensib, membre de l’éminente CGE (conférence des grandes écoles), a obtenu l’habilitation pour ses maîtrises de risques industriels et de sécurité et technologie informatiques, ainsi que le label européen Eur-ACE. Mais cette renommée ne saurait suffire, à l’heure où la compétition entre établissements impose toujours un pas d’avance. « Compte tenu de notre position géographique, il est important que nous nous adossions à une marque beaucoup plus visible au niveau national et international », souligne Joël Allain. Déjà partenaires du réseau Insa, l’Ensib et l’ENIVL pourraient en devenir membres à part entière. « Il y avait un vide au centre de la France, c’est pourquoi notre projet est soutenu par le réseau », se réjouit Romuald Boné. Une des premières écoles à bénéficier des avantages de ce réseau serait l’école consulaire Hubert-Curien, partenaire de longue date de sa voisine berruyère l’Ensib. « Avec la CCI du Cher, nous avons déposé un dossier d’accréditation à la Commission des titres d’ingénieur (CTI) pour un nouveau diplôme proposé à la rentrée 2013 », explique Joël Allain. L’école supérieure d’ingénierie Hubert-Curien a fait de la formation en alternance sa spécialité, mais ne possédait pas de diplôme d’ingénieur en formation initiale. Grâce à l’Ensib, ce sera chose faite : l’école

reprend à son compte trois formations existantes de Curien pour créer un diplôme estampillé Ensib dont le titre provisoire est : « Systèmes sûrs, durables et efficaces ». Ce diplôme s’inscrirait tout naturellement dans l’offre de formation structurée de l’Insa Centre Val de Loire. Mais d’autres écoles pourraient être intéressées. L’école nationale supérieure de la nature et du paysage (ENSNP) de Blois n’a pas caché son intérêt pour ce projet : « Nous avons lancé une étude pour connaître les retombées pour notre école si elle rejoignait ce réseau », souligne la directrice Marie Pruvost qui attend les résultats avant de se prononcer. « Nous savons que nous devrons rejoindre tôt ou tard des réseaux, car les établissements petits et uniques n’ont pas d’avenir. » Le PRES régional voit également d’un très bon œil la naissance de cet Insa Centre Val de Loire. « Nous aurions ainsi deux réseaux d’excellence en ingénierie : notre réseau Polytech et le réseau Insa que les universitaires pourront i n t é g r e r   », note le pré­sident du

PRES. Les collaborations déjà existantes entre les écoles d’ingénieurs et l’antenne de la fac de Sciences de Bourges se verraient ainsi renforcées. « La croissance d’un tel réseau profitera au développement commun des masters de recherche. Les universités ont dépassé les clivages et ce projet s’inscrit dans la stratégie du Pres », souligne Romuald Boné. « Nous pourrons proposer aux ingénieurs de poursuivre vers le doctorat. Ce qui crée de l’innovation supplémentaire : le trio formation-rechercheentreprise permettra de développer l’activité économique et d’attirer les chercheurs », complète Joël Allain. Le transfert de compétences ne fait que commencer. EP

Deux réseaux d’envergure Les cinq Instituts nationaux des sciences appliquées (Lyon, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulouse) ont tissé leur réseau pour devenir le premier groupe français de formation d’ingénieurs. Sous la tutelle du ministère, les Insa sont habilités par la Commission des titres d’ingénieurs (CTI) à délivrer le diplôme. Ils proposent un large choix de compétences avec plus de 40 spécialités, 10 200 élèves ingénieurs et 1 100 doctorants. Le réseau Polytech, représenté à Orléans et Tours, est le premier réseau français des écoles d’ingénieurs polytechniques des universités ; il regroupe 13 écoles, offrant plus de 70 spécialités, 13 700 élèves, 125 laboratoires de recherche associés et 1 200 doctorants.

Romuald Boné, directeur de l’ENIVL de Blois

La Lettre Valloire - Mars 2012 45


Economie

Immobilier

Tours prend de la hauteur L

e maire de Tours a tenu bon. En dépit des critiques qui avaient accompagné la pré-annonce du projet, il y a plus d’un an, il a maintenu son projet de construction d’une tour de 54 mètres de haut, flanquée d’un immeuble de bureaux de 31 mètres, à droite de la façade classée de la gare SNCF de la ville, conçue à la fin du XIXe siècle par l’architecte tourangeau Victor Laloux, auquel on doit aussi, à Paris, la gare d’Orsay, le siège du Crédit Lyonnais, boulevard des Italiens, et l’Hôtel de Ville de Tours. La réalisation de ce programme de plus de 15 000 m2 de plancher, dû au coup de crayon d’un autre architecte tourangeau, Alain Gourdon, a été confiée à Bouygues Immobilier. La tour accueillera une résidence de tourisme sur les neuf premiers étages et une quarantaine d’appartements de standing sur les huit suivants (vendus autour de 4 000 €/m2). Des commerces se partageront le RdC. Le second bâtiment, de 5 500 m2 de SHON sur huit étages + RdC, sera construit de l’autre côté de la rue de Nantes. Il sera réservé à des activités tertiaires et Bouygues recherchera

46 La Lettre Valloire - Mars 2012

prioritairement un utilisateur unique sans exclure, à défaut, une vente par plateaux. L’ensemble sera desservi par la station de tramway de la gare. Le dépôt de permis de construire devrait intervenir au printemps pour un démarrage des travaux début 2013. La livraison serait échelonnée entre fin 2014 (bureaux) et début 2015 (logements) mais Bouygues souhaite que les travaux de grosœuvre soient achevés au moment de la mise en service du tramway, en septembre 2013.

Un bâtiment de l’emploi à Orléans-La Source agence Pôle Emploi d’Olivet et la Maison de L’ l’Emploi d’Orléans-La Source vont déménager pour s’installer dans un bâtiment à construire, situé

à l’angle de la rue Romain-Rolland et de l’avenue de la Bolière à La Source. L’immeuble hébergera Pôle Emploi sur 850 m² au RdC et la Maison de l’Emploi sur 600 m² au 1er étage. Des logements et locaux d’activité s’installeront aux deux étages suivants. Les travaux débuteront en juin pour une livraison à l’été 2013.


Dreux aura bientôt son immeuble gare L’

immeuble tertiaire situé le long de l’ancien buffet de la gare de Dreux est en chantier depuis cet automne. « La gare de Dreux accueille aujourd’hui 700 000 voyageurs. Ce quartier gare va redonner un nouveau souffle à cette partie de la ville. Nous attendons cet été avec impatience pour voir ce premier bâtiment tertiaire », avait déclaré le président de la SNCF Guillaume Pépy lors de sa venue, il y a quelques mois. Ce premier immeuble de bureaux accueillera Pôle Emploi, en juillet, sur un espace de 1 500 m² réparti entre RdC et 1er étage. Au 2e étage, deux plateaux de bureaux de 200 m² sont proposés à la location. La construction sera labellisée BBC et disposera d’une toiture végétalisée.

La faculté de médecine de Tours s’agrandit O

n ignore si Orléans aura un jour sa première année. En attendant, Tours va agrandir sa faculté de médecine. Situé sur une emprise de 2 ha à La Riche, le nouveau bâtiment permettra d’accueillir 1 500 étudiants, soit un peu plus que l’effectif actuel de la première année commune des études de santé (PACES). Ce projet de 15 M€ est co-financé par l’Etat, la Région, le Département et Tour(s)Plus. Ce vaste chantier va commencer au printemps pour s’achever au mois de décembre 2013.

TX2 Concept déménage

L’

éditeur et prestataire de solutions d’échanges de données informatisées (EDI) TX2 Concept (11 collaborateurs), implanté rue Marcel-Belot à Olivet, va engager la construction d’un bâtiment de 1 000 m2 qui sera implanté sur le parc d’activité du Moulin à Olivet. L’entreprise, en forte croissance, devrait emménager fin 2012 ou début 2013 ; elle occupera 500 m2 pour ses propres besoins et réservera 500 m2 à la location.

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depuis déjà été réalisées 56 opérations ont iE en 2009 : la création de CARC - transmissions, s avec ou sans levée - croissances externe de fonds, le, - ingénierie patrimonia turation. uc str et ds fon de - levée prises employant Auprès de 50 entre 2 500 salariés.

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Economie

Chantiers

LOIRET Une cuisine centrale de 1 400 m² – commune à St-Jean-de-Braye et à St-Jean-de-la-Ruelle – va voir le jour sur l’aire de loisirs de La Godde, à St-Jean-de-Braye. Elle comprendra des cuisines, des bureaux et des espaces de stockage pour les marchandises. La construction débutera cet été pour une livraison en juillet 2013. Coût du projet : près de 6 M€. Le coup de crayon est l’œuvre de l’agence Blatter de Bourges, tandis que les travaux seront pilotés par l’agence Blatter Dauphine Architecte à Orléans.

CHER A Morthomiers, un bâtiment d’environ 200 m² va être construit à proximité de l’école municipale. Il abritera une cantine, une garderie et une bibliothèque. Le montant des travaux s’élève à 1 M€ ; le chantier démarrera en septembre prochain.

EURE-ET-LOIR Le centre de secours de Chartres va déménager en 2014 à Champhol, sur l’ancien site militaire. Environ 20 M € seront investis dans la construction d’un

bâtiment de 7 300 m² de SHON dont les travaux débuteront à la fin de l’année. Le centre hébergera 41 véhicules. L’assureur Groupama vient d’acquérir une parcelle de 0,12 ha sur la ZA Le Bois du Loup à Janville, afin d’y construire une agence de 200 m². La pharmacie Huteau a également acheté une parcelle de 0,1 ha pour construire un bâtiment de 400 m².

INDRE-ET-LOIRE La commune de Larçay va lancer sur cinq ans la construction

de 93 logements (collectifs et individuels) sur un terrain de 4,7 ha dans le quartier de La Bergerie. Val Touraine Habitat a été désigné comme concessionnaire. La première tranche comprendra 50 logements et la seconde 43, à raison d’environ 20 constructions par an. Une nouvelle maison médicalisée va voir le jour à Joué-lèsTours. Les travaux devraient démarrer en 2013 pour une livraison prévue en 2015. Le montant du projet s’élève à 30 M€, dont 4,5 M € seront financés par le Conseil général.

de l’ex-usine Monsanto de StAmand-Longpré. Les appels d’offres viennent d’être lancés. Ouverture : rentrée 2012.

LOIRET L’ancien Hôtel Dupanloup (SHON 2 300 m²), situé dans le centreville d’Orléans, va être réhabilité pour accueillir des services administratifs et les activités internationales de l’université, actuellement à La Source. Ce programme de 13 M € rentre dans le contrat de projets EtatRégion. Déménagement prévu à l’automne 2013.

La commune de Ballan-Miré va se doter d’un pôle culturel de 1 400 m² qui comportera une médiathèque et un auditorium de 200 places boulevard LéoLagrange. La maîtrise d’ouvrage du projet sera confiée à Tour(s)Plus pour 4,3 M€.

LOIR-ET CHER Une maison médicale de 800 m², regroupant différents professionnels de santé (médecins, infirmières, kinésithérapeutes, etc.) va voir le jour dans le laboratoire

Pôle Emploi de Montargis quittera à la fin de l’année la rue Gambetta pour la rue des Déportés où il occupera 1 500 m² de bureaux. L’agence, qui emploie une cinquantaine de salariés, pourra accueillir près de 700 personnes par jour.

INDRE

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Economie

A l’affiche

Fabien Boutard, l’apprenti chef d’entreprise Entre l’entreprise familiale de fournitures industrielles et du bâtiment et le CJD, dont il préside la section de Tours, Fabien Boutard ne ménage pas ses efforts pour se former au métier de patron.

À

29 ans, Fabien Boutard se considère comme « un apprenti chef d’entreprise ». Belle marque d’humilité pour ce jeune homme qui se prépare à prendre – dans quelques années – les rênes de l’entreprise familiale de fournitures pour l’industrie et le bâtiment, aujourd’hui dirigée par son père Xavier. Car, s’il pilote les agences de Tours et de Blois, tout en occupant la fonction de directeur commercial de cette entreprise dont le siège est à St-Ouen, près de Vendôme, l’apprenti patron estime que rien ne presse. «Il faudra encore entre deux et quatre ans pour préparer la succession», ditil avec sagesse. En attendant, il se

frotte à la solitude du dirigeant… en rencontrant d’autres chefs d’entreprise au sein du CJD, dont il préside la section de Tours depuis juin 2011. «C’est essentiel pour échanger, confronter des expériences, construire un réseau », assure Fabien Boutard, qui apprécie tout particulièrement la commission « miroir » du CJD où un membre du groupe expose un problème que les autres doivent, tour à tour, analyser avant de proposer sa résolution. Une variante de la méthode des cas inventée par la Harvard Business School, destinée à développer les capacités de réflexion et d’action des futurs managers.

La société Boutard (15 M€ de CA), qui emploie 85 personnes sur ses quatre sites régionaux, privilégie aujourd’hui une croissance interne et régulière sur un marché atomisé, dominé par le lyonnais Descours & Cabaud (Hoorman en région Centre) et ses 2,3 Md€ de CA. Mais rien n’est gravé dans le marbre : « Il faut atteindre une certaine taille pour amortir le coût de fonctions comme la logistique, le SAV et l’expertise métiers d’une entreprise qui propose 20 000 références à ses clients ». Faudra-t-il envisager une acquisition pour grandir plus vite ? C’est peut-être une étude de cas à propoFXB ser au CJD.

Didier Gadiou, un patron au tribunal Fort de son expérience de pdg chez Materlignes, Didier Gadiou souhaite ouvrir en grand les portes du tribunal de commerce de Tours.

«L

es chefs d’entreprise doivent, le plus tôt possible, pousser la porte de notre tribunal. Notre rôle est de les aider, pas uniquement sanctionner ! ». Le ton est donné. Avant de siéger dans son impressionnante robe noire, Didier Gadiou s’est montré un patron performant dont les talents ont été salués, à 37 ans, par le Grand prix de l’entrepreneur. Diplômé de Sciences Po Paris, Didier Gadiou a fait ses premières armes chez Béton Sanca avant de rejoindre Materlignes, spécialisée dans les infrastructures électriques et télécoms. Humble, il ne parlera que de sa société, classée 38e parmi les plus belles entreprises françaises en 1997 : « Elle est passée de 5 MF à 200 MF, souligne le Vendômois, et de 38 à 200 salariés ». Ces résultats sé-

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duisent Schneider Electric qui acquiert la PME en 1999. En 2003, Didier Gadiou s’engage au tribunal. Son expérience sert le juge dès ses premières audiences. Au bout d’un an seulement passé en section contentieuse, il devient juge commissaire dans la section de procédures collectives… avant de présider la chambre. « Le tribunal doit perdre son image menaçante dans l’inconscient collectif », souligne ce féru d’histoire, qui rappelle qu’au Moyen Âge les mauvais payeurs étaient couverts de chaînes. Or, le tribunal affiche un taux de réussite de 70% lors des procédures de conciliation : « C’est un outil très efficace, surtout en cas d’accident de parcours », appuie le président. «Le tribunal est un vivier d’expériences, j’espère

vivre encore de belles histoires de redressement comme Mecachrome ou Maisoning », se réjouit Didier Gadiou, qui apprécie le fonctionnement de la maison. Autre tradition tourangelle, le mandat unique, que le président entend respecter : « C’est une bonne règle de gouvernance. Mais redemandez-moi dans 4 ans », plaisante-t-il. EP






56-59

Les Maldives, paradis marin en voie de disparition Menacé d’être englouti par l’océan d’ici à la fin du siècle, l’archipel des Maldives offre des occasions innoubliables d’escapade pour les amoureux du grand bleu.

60-61

La pandamania s’empare du Loir-et-Cher

Objets d’un prêt pour dix ans du gouvernement chinois, les deux pandas Huan Huan et Yuan Zi sont arrivés le 15 janvier au ZooParc de Beauval sous les vivas d’une foule nombreuse.

62-63

Des vacances à la mode Robinson Passer ses vacances en cabane perchée ou en roulotte est très « tendance » depuis quelques années. La région Centre regorge de ces hébergements originaux qui séduisent une large clientèle, en quête d’aventure.

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L'hébergement écolo-chic chez Terres de France

Créé en 2008, le groupe basé à St-Cyr-sur-Loire propose des hébergements mêlant prestations haut de gamme et respect de l'environnement. Un créneau, le tourisme ruralo-chic, sur lequel se sont placés Jean-Marc Bournais et ses deux fils.


Escapades

Ailleurs

Les Maldives, paradis en voie de Si rien ne vient stopper le réchauffement climatique et la montée du niveau des océans, l’archipel des Maldives (« guirlande d’îles » en sanskrit) est condamné à être englouti d’ici à la fin du siècle. Un désastre écologique et humain inacceptable, tant pour les 330 000 habitants de cette vingtaine d’atolls paradisiaques que pour tous les amoureux du beau grand bleu. Embarquement immédiat pour les Maldives, une escapade inoubliable...

M

ontagnards, abstenezvous ! Le point culminant des Maldives se situe à 4 mètres au-dessus du niveau de la mer1. Aquaphobes, fuyez ! Où que l’on se trouve sur cet archipel, il est impossible de parcourir plus de quelques centaines de mètres sans tomber nez à nez avec l’océan Indien. Les Maldives sont un paradis réservé aux inconditionnels de la mer, aux aficionados de la tranquillité, aux chercheurs de « zénitude ». Il suffit de regarder par le hublot de

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l’avion, quelques minutes avant d’atterrir sur la longiligne île-aéroport de Hullulé, pour comprendre où l’on va poser les pieds ou plutôt les palmes: à perte de vue, des chapelets d’îles de sable blanc, parfois coiffées de cocotiers et serties de récifs coralliens qui affleurent sous la surface d’une eau limpide. Les Maldives, ce sont 1 192 îles, dont à peine 200 habitées, réparties sur une vingtaine d’atolls et près de 100 000 km² de domaine marin. Une république insulaire d’un peu plus

de 21 000 km² de superficie officielle, dont moins de 300 km² émergés. Le tiers de la population s’entasse sur Malé, minuscule île-capitale de 2 km² (1,7 km de long sur 1,1 km de large), truffée d’immeubles et encerclée par des centaines de bateaux… Sans poissons ni touristes, point de Maldives. L’économie de cet archipel de 765 km de long sur 130 km de large, doté de l’une des plus fortes densités de population du monde, dépend pour 17 % de la pêche et pour 77 % des visiteurs que déver-


marin disparition sent en permanence les Boeing et Airbus qui se posent sur la courte piste de Hullulé. Le tourisme est vital pour les Maldiviens, peuple discret, de confession musulmane sunnite. Deux solutions pour profiter de leur hospitalité : un séjour en village-vacances, sur l’une des 100 îles exclusivement réservées à cet usage, ou une croisière à bord d’un bateau capable d’accueillir jusqu’à trente personnes. Soyons franc. Si vous êtes du genre hyperactif, inutile de vous offrir les Maldives. Les resorts, souvent constitués de bungalows sur pilotis, ne pourront vous proposer que du farniente, les pieds dans le sable et la tête à l’ombre des cocotiers, des activités nautiques (voile, pêche, plongée bouteille ou avec palme, masque et tuba) ou des cures de détenterelaxation (spa, hammam, fitness, etc.). Des vacances aux Maldives dépassent rarement une semaine sur une île et dix à quinze jours en bateau. Il est conseillé de combiner une escapade aux Maldives avec un séjour au Sri Lanka, à 670 km au nord-est de l’archipel. Les Maldives offrent, à l’heure actuelle, l’un des meilleurs rapports qualité-prix en séjour plongée, avec une multitude de « spots » grouillant

de vie multicolore et d’espèces de toutes tailles, pour un tarif moyen de 2 000 € à 2 500 € la semaine, tout compris. Pour s’initier à la plongée, mieux vaut opter pour un resort bien loti en matériel et en moniteurs. Les sorties en mer se font alors à la demijournée, sur des sites calmes et peu éloignés. En revanche, si vous êtes certifié minimum niveau 2 CMAS avec quelques dizaines de plongées à votre actif, laissez-vous tenter par une croisière, pour multiplier, d’atoll en atoll, les rencontres sous-marines inoubliables. Il faut, dans ce cas, accepter de partager sa table, voire sa cabine, avec des obsédés des bêtes à branchies et à écailles, pendant une longue semaine, coupé du monde, sans journaux ni radio ou TV. Plonger aux Maldives, c’est à coup sûr applaudir les cabrioles de dauphins dans le sillage du bateau, assister au bal des raies mantas au-dessus des stations de nettoyage, observer le défilé des requins gris et pointes blanches dans les passes, admirer les tortues postées à l’aplomb de récifs, taquiner les poissonsclowns tapis dans leurs anémones protectrices ou, avec un peu de chance, palmer au-dessus du plus grand poisson vivant, le requin-baleine.

Les Maldives

S’Y RENDRE Tous les grands voyagistes proposent des séjours aux Maldives : Jet Tours (www.jettours.com) - Club Med (www.clubmed.fr) - Nouvelles Frontières (www.nouvelles-frontieres.fr) - Thomas Cook (www. thomascook.fr) - Kuoni (www.kuoni-fr). Les vols durent 11 à 12 heures (9 150 km de Paris à Malé) et se font souvent avec une escale à Colombo (Sri Lanka) ou aux Émirats Arabes Unis (Abu Dhabi), si vous partez avec la compagnie Etihad (www.etihadairways. com) de bonne qualité. Décalage horaire : + 3 heures avec la France en été et + 4 heures en hiver. Quelques tour-opérateurs de séjours plongée : AMV (www.amv-voyages.fr) - Key Largo (www.keylargo.to) - Blue Lagoon (www.bluelagoon.fr) - Océanes (www.oceanes.com) H2O (www.h2ovoyages.com) - Spots d’évasion (www.spots-evasion-plongee.com) etc.

SÉJOURNER Du plus luxueux Hôtel Taj Exotica Resort & Spa (atoll Malé sud). Des 31 Deluxe Lagoon Villas (71 m2) avec piscine privée de 4 x 3 m aux 2 Beach Villas Suites de 365 m2 à 5 m du lagon ou, encore mieux, la suite présidentielle Rehendi de 450 m2 sur pilotis, avec 2 chambres avec balcon privé, salle de soins privée, piscine de 12 m de long et plage privée suspendue au-dessus du lagon. Comptez 1 250 $ par jour dans la première, près de 5 000 $ par jour pour les Beach Villas. Au simplement confortable Hôtel Fihalhohi Island Resort (atoll Malé sud). Au total 150 chambres situées sur une belle île circulaire. Comptez entre 120 et 150 $ par jour pour un couple.

SE RESTAURER Les menus se composent essentiellement de poisson et de poulet au curry, avec du riz. Au dessert : bananes, mangues, noix de coco… Pas de porc, peu de viande rouge et de laitages. En guise de boisson : du thé de Ceylan.

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Escapades

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À VISITER À Malé, il faut flâner sur les deux marchés, celui aux poissons et celui aux fruits et légumes, et puis admirer la mosquée, le vieux cimetière et son minaret, ainsi que le palais présidentiel. Deux à trois heures suffisent pour faire le tour de la capitale. Dans les autres îles habitées, il n’y a strictement rien à faire, si ce n’est déambuler dans les petites rues-allées de sable blanc, sous la conduite d’un guide local. On rapporte peu de choses, seulement des objets décoratifs sculptés en bois de noix de coco, du thé de Ceylan, des bijoux confectionnés avec des coquillages ou de la nacre… À acheter dans les petites îles plutôt qu’à Malé ou à l’aéroport.

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Le 17 octobre 2009, le président des Maldives, Mohamed Nasheed, a symboliquement organisé le premier conseil des ministres sous-marin de l’histoire, à 3 mètres de profondeur. Objectif ? Alerter l'opinion publique mondiale sur le risque de disparition par submersion de son pays et des autres pays de l'Alliance des petits États insulaires, vulnérables à une future montée du niveau des océans. Au début de ce mois de février 2012, ce président, le premier à être élu démocratiquement, a été forcé de démissionner à la suite d’un coup d’État : Mohamed Waheed lui a immédiatement succédé.

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Attention, il s’agit souvent de plongées multiples (deux à quatre par jour) et sportives (avec presque toujours du courant), donc fatigantes. Mais rien de tel pour se désintoxiquer des tracas quotidiens et se remettre en forme. À partir des « dhonis » (embarcations traditionnelles maldiviennes en bois), on plonge sur des « thilas » (récifs de corail immergés) ou dans des « kandus » (les passes entre deux îles ou récifs) avec un équipement léger : une combinaison intégrale pour se prémunir des chocs et éraflures, de 2 à 3 mm d’épaisseur seulement, car la température de l’eau avoisine toujours les 28 ou 30 °C. Hors de l’eau, T-shirts, shorts, bermudas suffisent largement à se vêtir, avec un pantalon léger ou une robe couvrant large-

ment la poitrine et les jambes pour les visites à terre, afin de ne pas choquer la population musulmane. Le chapeau, les lunettes de soleil et une crème solaire d’indice 30 minimum sont indispensables en toutes saisons, même par temps couvert, sous ces latitudes équatoriales ! Quelques conseils écoresponsables en conclusion : durant votre séjour efforcez-vous de « produire » le moins de déchets possible, de ne rien toucher sous la mer, de ne rapporter ni coquillage ni animal marin, d’économiser l’eau douce (uniquement produite par désalinisation) et d’acheter en priorité des denrées ou souvenirs made in Maldives pour aider la population à vivre. Enfin, gare à l’abus d’alcool qui ne fait bon ménage ni avec la plongée, ni avec le soleil, ni avec la culture maldivienne. Pour s’évader, il suffit de contempler ces îles, traits d’union entre le ciel et l’eau. Jacques Huguenin


PLONGER Quelques-uns des plus beaux spots des Maldives : • « Paradise » à Lankanfinolhu (atoll Malé nord) et « Donkalo Thila » (atoll Ari nord) : deux sites qui permettent d’admirer le va-et-vient de raies mantas de 4 mètres d’envergure venant se faire toiletter par de minuscules labres. • « Maamigili » (atoll Ari sud) : pour espérer suivre à la nage (PMT) un requin-baleine. • « Fesdoo wreck » (atoll Ari nord) et « Shipyard wrecks » (atoll Lhavyiani) : pour admirer des épaves recouvertes de coraux et peuplées d’une multitude de poissons multicolores. • « Mulaku kandu » et « Gaahuraa kandu » (atoll Mulaku), « Fushi kandu » et « Miyaru kandu » (atoll Vaavu) ou encore « Miyaru thila » (atoll Noonu) : pour s’accrocher en bord de passe et observer requins gris et pointes blanches en chasse. • « Kuredu fast », dit aussi « Turtles airport » (atoll Lhavyiani) : pour assister au décollage et à l’atterrissage d’une grosse colonie de tortues logeant sur les promontoires d’un récif. • « Hafsaa thila » (atoll Ari nord) : le site des nurseries de bébés requins, cachés sous des tables d’acropore. • « Maalhos thila » (atoll Ari nord), « Raidhiga thila » et « Dighaa thila » (atoll Ari sud) ou « Nelivaru rocks » (atoll Baa) : des patates de corail recouvertes d’anémones, alcyonaires, gorgones et autres comatules de toute beauté. POUR EN SAVOIR PLUS SUR LES MALDIVES www.lesmaldives.fr ou www.voyages-maldives.com

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Escapades

La pandamania s’empa Objets d’un prêt pour dix ans du gouvernement chinois, les deux pandas Huan Huan et Yuan Zi sont arrivés le 15 janvier au ZooParc de Beauval sous les vivas d’une foule nombreuse.

O Huan Huan

n se serait cru à l’arrivée du Tour de France, dimanche 15 janvier à St-Aignan-surCher. Ignorant le froid de cette belle journée d’hiver, la foule s’était massée des deux côtés de la route, tout au long du court trajet qui mène de la bourgade solognote au ZooParc de Beauval. Mais pour qui s’étaient déplacés ces milliers de quidams ? Pas pour une vedette du sport ou du cinéma ; pas même pour le président de la République, venu ce même jour à Amboise, distant de 40 kilomètres, rendre l’hommage de la nation à Michel Debré pour le centième anniversaire de sa naissance. Non, la Sologne était en fête pour accueillir Huan Huan et Yuan Zi, deux ambassadeurs venus de la lointaine Yuan Zi Cathay. Convoyés par un Boeing 777F de FedEx – le plus grand avion cargo au monde ! – affrêté tout spécialement pour eux, les deux VIP – pour Very Important Panda – n’ont guère pu remercier leurs admirateurs. Dans le confort douillet de leur container, eux-mêmes à l’abri d’un camion FedEx arborant leur couleur, les deux boules de poils noirs et blancs étaient

protégées des regards et des manifestations trop empressées d’affection. Le panda est précieux : le panda est rare. Et la Chine fait un grand honneur à la France en acceptant de louer à un zoo français pour une durée de dix ans ces deux animaux dont il ne reste que moins de 2 000 individus sur la planète : 1 600 à l’état sauvage, en Chine, le reste dans des réserves ou des zoos situés dans et parfois hors de l’Empire du Milieu. « Cela fait cinq ans que nous attendions ce moment », disait, toute émue, Françoise Delord, la fondatrice et l’infatigable animatrice du ZooParc de Beauval, désormais secondée par ses deux enfants : Rodolphe et Delphine. C’est vrai qu’il a fallu des trésors de patience pour convaincre les Chinois de confier deux de leurs précieux ursidés à des Français. La diplomatie s’en est même mêlée : Patrice MartinLalande, député de cette partie du Loir-et-Cher, a fait jouer ses réseaux de vice-président du comité FranceChine pour favoriser la conclusion de l’accord. Maurice Leroy, le président du Conseil général, rappelait que, lors d’un voyage ministériel en Chine, il avait demandé à François Fillon de ne pas oublier d’évoquer les pandas avec ses interlocuteurs chinois. « Pas la peine, Patrice m’a déjà donné la consigne », lui aurait rétorqué le Premier ministre. En 2008, le parcours parisien – heurté – de la flamme olympique destinée à Pékin, la visite du Dalaï Lama de 2009 en France, l’implication des


re du Loir-et-Cher forces françaises en Lybie au printemps dernier ont froissé les Chinois et failli faire capoter la signature du bail. Mais Beauval et la France ont tenu bon et les pandas sont arrivés. Si la famille Delord reste discrète sur le contenu de l’accord financier avec les Chinois – les chiffres les plus fous circulent – on en sait un peu plus sur son volet scientifique. La femelle Huan Huan et le mâle Yuan Zi, tous deux âgés de trois ans, appartiennent à une espèce menacée. Si on les a extraits de leur lieu de naissance – la base et centre de recherche sur les pandas géants de Chengdu, au centre de la Chine –, c’est aussi pour recueillir de précieuses données sur leurs capacités d’adaptation à un milieu différent du leur. Ces émigrés ne seront tout de même pas trop dépaysés : Beauval leur a aménagé un enclos cinq étoiles au milieu d’une sorte de Chinatown hérissée de pagodes. Cette extension, inaugurée en 2011, est inspirée des constructions de la région du Sichuan : tuiles vernissées, toits arqués, lampions traditionnels, vases de porcelaine, lions de marbre… Des espèces autochtones ont pris possession des lieux depuis plusieurs mois: panthères des neiges, pandas roux, aigles, langurs (singes) et taquins (sortes de chèvres). Les pandas se nourrissent quasi exclusivement de bambous. Pour des jeunes comme eux, il suffit de… 20 kg par jour. Plus tard, il faudra augmenter les quantités. Le métabolisme des pandas dégrade imparfaitement la cellulose de cette plante. Histoire de ne pas être pris au dépourvu, le zoo solognot s’est fait livrer 1,4 tonne de bambou. A peine un mois et demi de ration pour ces gros mangeurs qui

mastiquent le plus clair de leur temps. A l’âge adulte, ils peuvent atteindre 120 kg pour une taille comprise entre 1,50 et 1,80 mètre. Décidément chouchoutés, les pandas auront été privés de visites durant plus d’un mois. Ce n’est que le 18 février au matin que le public a été autorisé à les découvrir, Huan Huan et Yuan Zi ayant montré pour la pre-

mière fois le museau dans leur enclos cinq jours auparavant. Ce matin-là, le temps était frisquet (- 2°) et le paysage couvert de neige ; rien d’alarmant pour ces animaux à l’épaisse fourrure qui affrontent des températures beaucoup plus basses dans les montagnes de la Chine centrale, parfois à 3 400 mètres d’altitude. François-Xavier Beuzon

Le panda géant, un hôte de marque Très engagé dans la protection des espèces menacées, le ZooParc de Beauval héberge le plus grand nombre d’animaux en France (4 600) dont des espèces rares comme les lamantins, les koalas, les okapis… et désormais les seuls pandas géants présents sur le territoire français. Classé parmi les quinze plus beaux zoos du monde, il doit également sa réputation à son grand nombre de naissances (près de 350 chaque année). Seuls 16 zoos dans le monde accueillent des pandas géants, rangés dans la catégorie « en danger » sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). La Chine, qui les distille au compte-goutte, a prêté au zoo d’Edimbourg un autre couple, Tian Tian et Yang Guang, en décembre dernier. Ils ont été acheminés par la même compagnie, FedEx, qui s’est fait une spécialité du transport de pandas. Il y a deux ans, l’avion FedEx a fait le voyage inverse pour ramener en Chine Tai Shan, un panda mâle né au zoo de Washington, et Mei Lan, un autre mâle né au zoo d’Atlanta. Car, si les pandas peuvent bénéficier d’un séjour d’une dizaine d’années à l’étranger, leur progéniture est aussitôt rapatriée sur le continent asiatique. Il faut dire que les pandas, qui vivent en moyenne une trentaine d’années, se reproduisent peu. Une naissance est un véritable événement dans cette espèce où 10 % des individus seulement s’accouplent.

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Des vacances à la mode Passer ses vacances en cabane perchée ou en roulotte est très « tendance » depuis quelques années. La région Centre regorge de ces hébergements originaux qui séduisent une large clientèle, en quête d’aventure.

P

armi les secteurs touristiques porteurs, l’hôtellerie de plein air figure en bonne place. Le nombre de nuitées est en constante augmentation (106 millions en 2011) et les réservations pour la saison prochaine progressent de plus de 7 % par rapport à 2011. « La crise économique et l’instabilité politique des pays du Maghreb ont contraint les vacanciers à repenser leurs congés, constate Guylhem Féraud, le président de la FNHPA qui regroupe les hôteliers de plein air. Les gens partent moins à l’étranger mais veulent être dépaysés. Ils se tournent davantage vers ces hébergements originaux : cabanes perchées, yourtes, roulottes… » Même si le marché est encore balbutiant, le phénomène connaît un engouement bien réel.

Ce tourisme écolo-chic, appelé aussi « glamping », contraction de « glamour » et « camping », part d’une idée simple : « Les vacanciers

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s’offrent des séjours authentiques, sans pour autant abandonner tout luxe et confort. Ils veulent jouer les boy-scouts, certes, mais il faut les y emmener progressivement… », constate Eric Ozanne, du site Family Ecolodge de Batilly-enPuisaye, au sud du Loiret. Ce qui explique l’offre très diversifiée d’hébergements existant en région Centre. Cabanes en bois au sol ou perchées, cahuttes, yourtes, roulottes, lodges… les options sont multiples. « On respecte les attentes de nos clients, qu’ils soient romantiques, baroudeurs ou adeptes du retour à la nature. On a davantage affaire à des gens en quête de nouveautés ou de souvenirs d’enfance qu’à des campeurs purs et durs. D’ailleurs, ce sont plutôt des CSP+», poursuit-il. Même son de cloche au parc de Fierbois, au sud de Tours, où les réservations de cabanes sont en hausse de 50 % par rapport à 2011. Les professionnels du secteur l’ont bien compris. Il faut asseoir son positionnement pour se démarquer. A Chalais, en plein cœur du parc naturel de la Brenne, Sylvain Chagnaud a installé 11 cabanes dans les arbres afin d’observer la nature. « Mes clients sont prévenus: prendre le temps d’observer le comportement des animaux est la seule

activité envisageable ici. Au lieu de venir une semaine – un peu long dans une

cabane –, je les incite à venir deux fois trois jours à différentes saisons. Ma clientèle varie en fonction des mois et des motivations : ce sont des « naturalistes » ou des familles avides de grand frisson en dormant dans les arbres. A l’automne, les cabanes affichent complet en raison du brame du cerf. » Autre lieu, autre concept… le groupe Huttopia a installé ses cabanes et cahuttes au bord du lac de Rillé, en Touraine. Géré par un jeune couple, le site propose des emplacements de camping traditionnel et des locations confortables, en harmonie avec le décor. « L’idée a été de réaménager un site à taille humaine au cœur d’une région touristique. Les vacanciers peuvent profiter des activités in situ (pêche, randonnées crépusculaires, canoë, conte autour du feu) ou partir en balade hors du camp », précise Marc Brillat-Savarin, ingénieur des eaux et forêts et, depuis peu,


Robinson gérant du site. Point de ralliement de familles, voire de « tribus », accueil de séminaires d’entreprises, touristes… le lieu est propice à renouer avec des joies simples. Car, si l’offre locative est diversifiée, l’unanimité se fait autour du concept du glamping : prendre le temps de faire une pause et de communiquer. « A sept mètres de hauteur, sans eau, ni électricité, éclairés à la bougie… rien de tel pour déconnecter ! », sourit Sylvain Chagnaud. Ce décalage total avec la vie quotidienne est le but recherché mais a ses limites. Les gérants de site se heurtent au manque de récurrence. « Dormir en cabane est une expérience unique mais que l’on ne renouvelle pas forcément, déclare ce père de famille. A nous de savoir transformer le premier essai en proposant des activités ou d’autres habitats ori-

ginaux. Cela passe par des produits simples, bien intégrés dans le paysage, peu impactant sur l’environnement ». En pleine révolution verte, ce néo-camping durable a

donc de beaux jours devant lui. En un sens, il traduit l’un des vœux d’Antoine de Saint-Exupéry, qui, en son temps, souhaitait déjà «qu’on laisse le moins de trace possible après notre passage ». Capucine Becker

Cabanes, yourtes, roulottes : où les trouver ? • Cher (18) Domaine d’Inyan à Argentsur-Sauldre - Les Roulottes du Berry à Lignières • Eure-et-Loir (28) Huttopia à Senonches • Indre (36) Cabanes de Chanteclair à Chalais • Indre-et-Loire (37) Parc de Fierbois à Ste-Catherine de-Fierbois - La Grangée à La

Chapelle-BlancheSt-Martin - Huttopia à Rillé • Loir-et-Cher (41) Alicourts Resort à Pierrefitte-sur-Sauldre • Loiret (45) Family Ecolodge à Batillyen-Puisaye

d’autres Pour connaître ter ul ns co s, site e.com www.insolithom


Escapades

Ailleurs

L'hébergement écolo-chic chez Relais Terres de France Jean-Marc Bournais et ses deux fils développent une chaîne d'hébergements qui mêle prestations haut de gamme et respect de l'environnement. Les trois (bientôt quatre) Relais Terres de France accueillent 50 % d'étrangers.

L

es plantations sont encore frêles, mais les roseaux et autres plantes vivaces jaillissent de partout. Et cette végétation abondante réussit à fondre dans le paysage les 144 appartements répartis dans des constructions discrètes. Les cottages, parés de bois, supportent des panneaux solaires et l'ensemble est chauffé par des pompes à chaleur... A Richelieu (37), à proximité du centreville historique, le Relais du Plessis soigne son look nature. Ici, l'écologie est érigée en argument commercial. D'autant que le site propose une piscine généreuse, entourée d'une belle terrasse de bois, dotée de bains de soleil confortables. Un spa de 320 m 2 complète l'équipement. « Nous accueillons 50 % d'étrangers, surtout des Néerlandais, des Belges et des Allemands, puis des Britanniques », constate Pierre Bournais, directeur commercial du Relais du Plessis, où une famille de deux adultes et deux enfants peut séjourner une nuit à partir de 65 € (en septembre)... Les Anglo-Saxons apprécient particulièrement l'espace, la verdure et les prestations haut de gamme. « Chaque appartement possède une terrasse, un accès Internet et une cuisine équipée, explique-t-il. Mais nos clients disposent d'un restaurant sur le site. »

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Autre point fort de cette résidence de tourisme ouverte fin 2008 : les activités. « Nous associons régulièrement des artisans d'art locaux ou d'autres professionnels du terroir », décrit Pierre Bournais. Lundi, un atelier de poterie, mardi, une dégustation de chinon, parfois de la peinture, ainsi que du tennis, du vélo... Une manière de lutter contre la baisse de fréquentation dont souffrent les hôtels classiques. « C'est l'hôtellerie sèche qui est en recul, celle qui ne propose que des nuitées avec petit-déjeuner », rappelle le jeune dirigeant. Le fils du promoteur Jean-Marc Bournais est aux commandes du navire amiral d'une toute récente chaîne hôtelière, le groupe Relais Terres de France, créée en 2008 et dont le siège est à St-Cyr-sur-Loire, près de Tours. Une entreprise qui réalise 3 M€ de CA, en progression constante depuis trois ans. Négociant en produits agricoles, JeanMarc Bournais s'est converti à l'immobilier dans les années 80. Devenu promoteur, il a élargi ses activités au tourisme ruralo-chic en 2008 avec cette première acquisition. « La Touraine n’accueillait aucune résidence de tourisme en 2005, se souvientil. Aujourd’hui, on compte près de 1 500 lits grâce aux résidences qui se sont construites à Loches, Azay-

le-Rideau et Amboise. » Le père a été rejoint par les deux fils, Charles, 27 ans, et Pierre, 25 ans, tous deux diplômés de Sup' de Co Montpellier. Après Richelieu, les Bournais ont acquis en 2010 une base de loisirs de 10 hectares, autour d'un lac, à Moncontour (Vienne), à deux pas de Loudun, puis le Domaine St-Hilaire, près de Fontevraud. Sports nautiques, golf, activités autour du patrimoine sont au programme. Les hébergements comprennent des chambres d'hôtels, des gîtes, des chalets, que des investisseurs peuvent acquérir, comme chez Pierre et Vacances. En début d'année, Jean-Marc Bournais a levé 300 000 € auprès d'Avenir Entreprises afin d'acquérir Pescalis, à Moncoutant (Deux-Sèvres). Proche du Puy du Fou, ce site de 150 hectares sera rénové. Outre les investisseurs, les tour-opérateurs croient dans ce projet de parc touristique à la campagne, puisque le voyagiste Thomas Cook a référencé les Relais Stéphane Frachet Terres de France.



Carnet RÉGION Philippe Dupraz, secrétaire général de la Lyonnaise des Eaux, a pris la direction régionale Centre Loire de l’entreprise, qui compte 450 salariés. Il succède à Didier Vallon, qui est lui nommé directeur commercial. Philippe Dupraz a réalisé l’essentiel de son parcours professionnel à la Lyonnaise des Eaux.

RÉGION Jacques Rouquette a été nommé directeur régional Centre-Ouest (régions Pays de la Loire, Bretagne, Haute et Basse-Normandie, Centre) de GE Capital France. Les activités de cette dernière se partagent entre l’affacturage (GE Factofrance), le financement des biens d’équipement (GE Equipement Finance) et la gestion de flottes de véhicules d’entreprises (GE Capital Fleet Services).

EURE-ET-LOIR Président de la chambre d’agriculture depuis 1995, Philippe Lirochon a annoncé son départ lors de l’assemblée générale de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA). Il a désigné un successeur, le président de la FDSEA Eric Thirouin.

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INDRE-ET-LOIRE

Gérard Bobier, le président de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) d’Indre-et-Loire, a été élu à la présidence de NORMAPME, le bureau européen de l'artisanat et des petites et moyennes entreprises pour la normalisation. Gérard Bobier est également membre du conseil d’administration de l’Afnor. Franck Gommenne, 51 ans, a pris en fin d’année la présidence du grossiste et importateur de jouets et cadeaux de Partner Jouet (290 salariés, 69 M€ de CA en 2010) : il

succède à Dominique Menotti, 62 ans, qui avait pris la présidence de l’entreprise de Tauxigny en 2007.

LOIR-ET-CHER Gilles Lagarde, directeur de cabinet de Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale depuis 2010, vient d’être nommé préfet de Loir-et-Cher. Il succède à Nicolas Basselier, qui est appelé au Conseil supérieur de l’administration territoriale. Gilles Lagarde, 51 ans, a effectué toute sa carrière au sein du corps préfectoral et a été chef de cabinet de deux ministres socialistes de l’Intérieur, puis expert auprès de la Commission européenne de Bruxelles et, jusqu'en décembre 2010, directeur général de l'Agence ré-

gionale de santé (ARS) de HauteNormandie.

LOIRET

Aline Mériau vient d’être élue présidente de la Fédération Française du bâtiment et des travaux publics (FFBTP) du Loiret ; elle succède à Patrick Poisson. Aline Mériau, qui était jusqu’à présent vice-présidente de la FFB 45, co-dirige la société d’électricité Elicaum de Fayaux-Loges. Christophe Beaufils vient de prendre le poste de président de la chambre des experts-comptables du Loiret, qui dépend du conseil régional de l’ordre des expertscomptables de la région d’Orléans. Christophe Beaufils co-dirige le cabinet Gamaf à Fleury-lès-Aubrais.




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