RELOCALISATION
LE DÉFI D’AXYNTIS
M A G A Z I N E N ° 5 2 - S E P T. 2 0 2 0
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Point de vue Relocalisation
A
près des années d’érosion de la part de l’industrie manufacturière dans son PIB – aujourd’hui stabilisée un peu au-dessus de 10 %, ce qui est beaucoup moins bien que l’Allemagne (20 %), mais tout de même mieux que le Royaume-Uni (8,5 %) – la France a décrété la relocalisation industrielle grande cause nationale. La crise sanitaire est passée par là et la rupture de la chaîne d’approvisionnement en articles de protection individuelle ou en médicaments a créé l’électrochoc salvateur. Quoique tardive, cette prise de conscience a réjoui David Simonnet – il est à la Une de cette édition et son portrait rédactionnel figure aux pages 32 et 33 – qui a justement fondé le développement de son groupe Axyntis sur le cruel constat des insuffisances nationales en matière de production de principes actifs pharmaceutiques. Mais, en dehors de quelques secteurs clés comme celui de la santé, le rapatriement d’activités parties à l’étranger – à peine 10 % des emplois industriels détruits chaque année – est-il la clé du réarmement industriel du pays ? Dans de nombreux domaines, la France n’est plus compétitive et ne détient plus sur son sol les savoir-faire nécessaires. La solution ne passe-t-elle pas plutôt par les secteurs d’avenir où l’excellence de la recherche française pourrait initier un continuum vers de nouvelles activités productives ?
Ce magazine est un hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Édité par MCM Presse - SAS au capital de 100 000 € - RCS Tours B 450 613 591 - Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours - Adresse postale : BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com - Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) - Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) - Aurélie Vouteau (édition) Ont participé à ce numéro : Morgan Boëdec - Serge Daniel - Johann Galy - Philie Marcangelo-Leos - Maquette : Régis Beaune - Diffusion : Nadine Gomès - Crédits photographiques : Cyril Chigot : Une, 32 - DR : 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 15, 16, 18, 22, 23, 26, 27, 28, 29, 34, 36, 38, 40, 42, 44, 46, 48, 49, 51 - Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) - Informations légales : Abonnement annuel 2020 (23 numéros + magazines hors-séries) : 385 € - Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 485 € - Prix de ce numéro : 5 € - CPPAP : 0121 I 85872 - ISSN : 1246-4333 - Dépôt légal : septembre 2020 - Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon.
La Lettre Valloire - Septembre 2020
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LE E-COMMERCE, ATOUT ANTI-CONFINEMENT Grâce à la solution PayPlug, les enseignes L’Eau Cost Piscine de Bourges et Nevers ont pu continuer à travailler presque normalement pendant le confinement. Leur gérant, Baptiste Touzelet, nous fait part de sa satisfaction. L’AVIS DE L’EXPERT Damien PELLARD, chargé d’affaires expert flux monétique et moyens de paiement à la Banque Populaire Val de France PayPlug est une solution de paiement à distance, qui combine sécurité et simplicité. Elle est totalement compatible avec toutes les activités en ligne : vente à distance, appels aux dons ou cotisations, prises d’acompte, recouvrement de créances... Elle favorise également le BtoB et permet de rassurer l’acheteur et le commerçant en sécurisant au maximum leur transaction via le protocole 3DSecure. Elle a déjà séduit nombre de nos clients comme Baptiste Touzelet qui a apprécié cette alternative à la vente en magasin. Pendant le confinement, de grandes enseignes de bricolage ou de revente de pièces automobiles ont été conquises par l’offre PayPlug.
La Lettre Valloire : Qu’est-ce qui vous a poussé à passer en site marchand ? Baptiste Touzelet : Comme tous les commerces, nos établissements ont dû fermer leur accueil public lors du confinement. J’ai donc appelé mon conseiller local Banque Populaire pour évoquer une solution Click & Collect pour notre activité très saisonnière. Il m’a proposé le système PayPlug, dont il m’a expliqué le mode opératoire, les frais engendrés et la faisabilité technique. J’ai alors décidé d’intégrer cette interface de paiement sécurisé sur notre site www.leaucost-piscine.fr. La Lettre Valloire : Comment s’est faite la mise en place de la solution ? Baptiste Touzelet : PayPlug est très simple à installer et surtout très rapide à mettre en œuvre, avec une grande réactivité de la Banque Populaire Val de France et de la plateforme PayPlug. En soixante heures, tout était opérationnel, sans souci majeur, alors que j’envisageais perdre sept à dix jours d’activité. En parallèle, nous avons prévenu nos clients, via nos réseaux sociaux et notre plateforme numérique, de cette nouvelle possibilité d’achats en ligne malgré le confinement. La Lettre Valloire : Quels sont les retours d’expériences ? Baptiste Touzelet : Le résultat a largement dépassé nos espérances, puisque nous avons réussi à réaliser des ventes mensuelles tout à fait semblables à celles enregistrées habituellement. Grâce à cette formule, nous avons même ouvert notre éventail clientèle à des habitués des grandes surfaces de bricolage dont les portes étaient closes. Après avoir validé leur panier et reçu un appel de nos collaborateurs pour confirmer leur choix, les clients recevaient un SMS ou un mail avec un lien vers une page de paiement sécurisé. Il ne leur restait plus qu’à venir sur nos parkings pour récupérer en drive leurs achats. La sécurité a été maximale, aussi bien pour le paiement que sur le plan sanitaire, seuls nos collaborateurs étant habilités à entrer dans nos magasins.
SOMMAIRE 06
Points chauds L’actualité du trimestre en bref.
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Reportage Régulièrement éprouvée par des crises cycliques, la filière aéronautique régionale subit cette fois-ci un véritable tsunami, conséquence de la crise sanitaire.
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Reportage Secteur d’activité en plein développement avant la crise sanitaire, la sous-traitance aéronautique peine à redécoller dans le Loiret en dépit de la reprise - timide - du trafic aérien.
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Zoom
Depuis une bonne dizaine d’années, David Simonnet alerte sans relâche les pouvoirs publics sur l’excessive dépendance de la France aux producteurs asiatiques de principes actifs pharmaceutiques.
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Entreprises
L’usine Rasec a changé de propriétaire début juillet à l’issue d’une période de quatre mois de redressement judiciaire. C’est son voisin Step qui l’a reprise.
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Reportage Mecachrome, qui exploite deux de ses sept usines françaises en région Centre-Val de Loire, a été durement secoué par la tempête qui s’est abattue sur la filière aéronautique.
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Politique
L’arrivée de maires écologistes dans certaines métropoles ne doit pas occulter le maintien de l’équilibre gauche-droite dans les villes moyennes, phénomène également observé en région Centre-Val de Loire.
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Territoires Organisé le 1er juillet, le forum « Relocalisation, Territorialisation, Innovation, Transformation de l’économie régionale » a permis de tailler en pièces certains préjugés tenaces.
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Entreprises Fondé par d’anciens cadres de Getinge-La Calhène, le tourangeau ABC Transfer lance une gamme de produits de transfert industriel permettant d’éviter les contaminations. LaLa Lettre Valloire - Septembre 2020 Lettre Valloire - Septembre 2020 5 5
LE CARRÉ
POINTS CHAUDS
VIP
Frank Supplisson, ancien président de l’Agglomération montargoise et des Rives du Loing
Frank Supplisson ne fera pas tout de suite son entrée dans le monde de l’industrie pharmaceutique. L’offre de reprise de l’ancien président de l’Agglomération montargoise et des Rives du Loing, qui avait vigoureusement nié dans les colonnes de La République du Centre tout intérêt pour l’usine Famar de St-GenisLaval (69) tout en préparant bien un projet au côté de la biopharm Néovacs et du fonds luxembourgeois Cofilux-Secufund, n’a pas été retenue par le tribunal de commerce de Paris. C’est le libanais Benta Pharma, dont nous avions pressenti le 9 juillet dernier sur notre site actulabo.com qu’il prenait un avantage décisif, qui a été choisi pour reprendre ce sous-traitant pharmaceutique, le dernier du grec Famar dans l’Hexagone. Benta Pharma, une ETI de quelque 600 salariés réalisant 68 M€ de CA, conservera 115 des 240 salariés lyonnais.
PRÊT À REPARTIR Les années n’ont pas de prise sur lui. À 83 ans, Claude Térouinard compte bien rempiler à la tête du Département d’Eure-et-Loir dont il est devenu président en octobre 2017 après une élection mouvementée. Exit le Sénat, qui a longtemps été le bâton de Maréchal des présidents de conseils généraux. La loi sur le cumul des mandats est passée par là, obligeant les élus à choisir entre le Palais du Luxembourg et leur présidence d’un conseil devenu départemental en mars 2015. Claude Térouinard a choisi la continuité. Dans le Loiret, le centriste Marc Gaudet fera de même… à condition, bien sûr, d’être élu sur son canton de Pithiviers où il fera équipe avec la députée LR Marianne Dubois. Dans ce nord Loiret rural, le risque de défaite du binôme est faible. Et l’assemblée, comme en Eure-etLoir, devrait encore largement pencher à droite.
Romo dans tous ses états
COUP DOUBLE Si certains maires de villes centres ont échoué à conquérir leur EPCI, d’autres ont réussi à bisser sans coup férir. C’est le cas de Jean-Pierre Gorges à Chartres (88 voix sur 110) et de Gil Avérous, seul candidat, à Châteauroux (50 voix contre 1 nul et 2 abstentions), mais aussi, et cela semblait à priori moins aisé, de Fabien Verdier à Châteaudun. Le maire divers gauche nouvellement élu a enlevé la présidence de la communauté de communes du Grand Châteaudun pour quatre petits bulletins (29 contre 25) contre Hugues d’Amécourt, le conseiller municipal de Cloyes-les-Trois-Rivières
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soutenu par Philippe Vigier, député divers droite de la circonscription. Une élection qui sentait le règlement de compte : « Ce n’est pas Verdier qui a gagné ce soir, c’est Vigier qui a perdu », commentait l’un des protagonistes.
Jeanny Lorgeoux entame son septième mandat de maire de Romorantin dans une ambiance détestable. Son adversaire malheureux Louis de Redon (32,21 % au deuxième tour) a déposé un recours devant le tribunal administratif d’Orléans pour obtenir l’annulation d’une élection où, selon lui, la candidature de Raphaël Hougnon (LR) n’aurait pas dû être validée parce que l’intéressé ne réside pas à Romorantin et où le maire sortant aurait utilisé des moyens municipaux pour se faire réélire. En fait, le principal grief de Louis de Redon porte sur le maintien au second tour du candidat LR Raphaël Hougnon ; il est, en effet, probable que les 10,86 % de ce dernier auraient, à priori, plus bénéficié au candidat centriste qu’à l’ancien socialiste Jeanny Lorgeoux. Voire… Car les prises de bec passées de Louis de Redon avec la droite loir-et-chérienne n’auraient probablement pas favorisé le report de l’électorat conservateur sur son nom.
L’UNION EST UN COMBAT Depuis les élections municipales, les écologistes marchent sur l’eau. Et sont très tentés de partir à l’assaut de nouveaux bastions la seule bannière verte à la main. Notamment pour le scrutin régional de mars 2021 (si rien ne change d’ici là…), ce qui ne fait pas l’affaire des socialistes. Marc Gricourt, maire de Blois et 1er vice-président du Conseil régional du Centre-Val de Loire, l’a rappelé lors de l’université du PS à Blois : « Avec Charles Fournier – tête de file des Verts pour les élections régionales – nous travaillons main dans la main sur la plateforme programmatique de la Région. Je regrette qu’il ne soit pas venu à notre université alors qu’il était le bienvenu. L’union nous
DÉFAVORABLE Dans un avis rendu le 4 août et rendu public par l’intéressé le 26 août, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a exprimé son désaccord avec le fait que Charles-Éric Lemaignen puisse rester 17e vice-président d’Orléans Métropole en charge des transports alors qu’il a exercé des activités de conseil pour Keolis, exploitant du réseau de transport urbain orléanais. L’ancien président de l’AgglO d’Orléans, élu le 28 juin sur la liste de Serge Grouard et devenu consécutivement 19e adjoint du maire en charge de la circulation et du stationnement, conservera ces dernières fonctions tant à la métropole qu’à la Ville, mais annonce se conformer à l’avis de la HATVP et renoncer à celles entrant dans le périmètre de Keolis (bus, tram, vélo’tao et vélo’+).
donnerait une chance supplémentaire pour la victoire. » Son chef Olivier Faure, 1er secrétaire du PS, a cru bon d’en rajouter une couche : « J’énonce une vérité mathématique qui est que la gauche divisée donne la droite au pouvoir. La gauche, ce n’est pas la recherche de l’homme ou de la femme providentielle, c’est le collectif. » L’union est un combat, comme l’a écrit il y a quelques années un camarade communiste.
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TWEETS AGAIN
De Philippe Briand, maire LR de St-Cyr-sur-Loire (37) et ancien président de Tours Métropole Val de Loire, avant l’élection de son successeur métropolitain, le socialiste Wilfried Schwartz : « Je veux bien refaire un petit bout, mais pas à n’importe quel prix, même si je suis sûr d’être réélu. Je n’irai pas à la soupe au chou. » Le vote des conseillers métropolitains lui aura évité le petit bout et la soupe au chou. De Jean-Pierre Gorges, maire et président DVD de Chartres Métropole, à propos du volet écologique de son projet pour l’agglomération : « Je n’ai pas attendu la boboisation très à la mode chez certains qui se placent en sauveur de la planète. »
tRois ans feRme pouR RddV L’ancien ministre de la Culture et député d’Indre-et-Loire Renaud Donnedieu de Vabres – dit RDDV – a été condamné le 15 juin par le tribunal correctionnel de Paris à cinq ans de prison, dont deux avec sursis, assortis de 120 000 € d’amende dans le volet financier de l’affaire Karachi. Il était accusé avec cinq autres prévenus, dont le célèbre intermédiaire francolibanais Ziad Takieddine, d’avoir contribué à financer la campagne d’Édouard Balladur pour les élections présidentielles de 1995 par des rétrocommissions sur des contrats d’armement avec le Pakistan et l’Arabie Saoudite : selon les juges, 10,25 millions de francs (1,56 M€) auraient été versés sur le compte de l’association de financement de la campagne de l’ancien Premier ministre. On ignore si RDDV a fait l’objet d’un mandat de dépôt.
De Christophe Chaillou, maire de St-Jean-de-la-Ruelle et président PS d’Orléans Métropole, à propos des remous autour de l’attribution des vice-présidences de la Métropole : « Un accord, ça se respecte, sinon c’est le tir aux pigeons (…) Une démocratie, ça n’est pas les oukases d’une commune sur vingt-et-une autres. » De Carole Canette, maire de Fleuryles-Aubrais, à propos de l’élection de Christophe Chaillou, élu président d’Orléans Métropole avec des voix de droite : « C’est un homme de gauche, il n’imposera pas une politique à une commune qui a voté à droite. » De Guillaume Peltier, député de Loiret-Cher et probable tête de liste aux prochaines élections régionales : « Je réponds favorablement à la main tendue de Pascal Brindeau – député UDI de Loir-et-Cher, NDLR – qui veut une alliance avec les Républicains. Je suis tout à fait prêt à travailler avec l’UDI. Également avec des élus indépendants. Et des élus pragmatiques qui, parfois, étaient il y a quelques temps à gauche et qui sont mal à l’aise avec l’extrémisation des Verts. » De Maurice Leroy, lors de l’université d’été de l’UDI à Vendôme, à propos des élections régionales pour lesquelles il apporte son soutien à Guillaume Peltier : « Jean-Christophe Lagarde – président de l’UDI, NDLR – rêverait que je conduise une liste… Et il n’est pas le seul. J’ai reçu bien des messages, notamment de présidents de conseils départementaux ».
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REPORTAGE
CRISE SANITAIRE : La fiLiÈRe aéRonautiQue Va-t-eLLe déCRoCHeR ? Régulièrement éprouvée par des crises cycliques, la filière aéronautique régionale subit cette fois-ci un véritable tsunami, conséquence de la crise sanitaire. La baisse de plus de la moitié de la production d’Airbus et de Boeing en 2020 va provoquer une secousse « d’une exceptionnelle gravité » parmi les entreprises de la filière. Restructuration, consolidation du secteur et mesures d’accompagnement de l’État devraient permettre aux survivants de renouer avec la croissance à l’horizon de trois ou quatre ans. Le secteur emploie plus de 24 000 salariés en région Centre.
ue va-t-il advenir de la filière aéronautique régionale ? Frappés de plein fouet par la crise sanitaire qui a provoqué le décrochage du transport aérien de… 90 %, les 330 établissements régionaux, qui em-
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Jean-Michel Sanchez
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ploient près de 24 000 salariés pour un CA de 3,6 Md€, sont quasiment tous à l’arrêt. « Sauf naturellement ceux qui ne travaillent pas exclusivement pour l’aéronautique », nous précise Jean-Michel Sanchez, le président du cluster régional Aérocentre, par ailleurs gérant du petit groupe de soustraitance mécanique Mecabess (environ 3 M€ de CA), installé à Plaimpied-Givaudins (18), St-Denisde-Palin (18) et Gien (45). Le dirigeant, sans minimiser l’ampleur de la crise, « d’une exceptionnelle gravité », souhaite toutefois replacer le choc subi dans une perspective historique : « Nos entreprises, qui sont majoritaire-
ment adossées à des équipementiers de rang 1 et 2, ont une certaine habitude des crises. Notre activité est indexée à la croissance du trafic aérien qui double tous les dix ans ; elle est temporairement interrompue par une convulsion qui survient également à chaque décennie ! » Mais pour beaucoup, l’heure est aux interrogations, voire aux révisions déchirantes. Ainsi, chez Antarès à Mer (41), un sous-traitant qui usine des pièces complexes (6 M€ de CA, 46 salariés), l’activité aéronautique « a stoppé net. Les donneurs d’ordre vivent sur les stocks. Chacun pare au plus pressé sans se soucier de l’impact sur la
chaîne. A l’inverse, nos donneurs d’ordre de la défense, qui représentent près de 30 % de notre chiffre d’affaires, nous bichonnent en anticipant sur leurs futures commandes et en accélérant les délais de paiement ». Dès l’automne, des mesures d’ajustement à la charge devront impé-
traitants ne veulent surtout pas renouveler l’erreur commise en 2008-2009 lors du dernier coup d’arrêt infligé au secteur. Les entreprises avaient alors fortement taillé dans leur effectif… avant de fournir beaucoup d’efforts les années suivantes pour retrouver leurs savoir-faire.
NOS DONNEURS D’ORDRE DE LA DÉFENSE NOUS BICHONNENT en antiCipant suR LeuRs futuRes Commandes ” rativement être prises, « d’autant que nous craignons que le retour à la normale s’éternise ou ne se produise jamais » redoute-on chez Antarès qui estime que le « plane bashing » va s’accentuer dans les mois et les années à venir. Cette fois-ci, de nombreux sous-
Mais la déflagration s’annonce terrible. Selon le cabinet Olivier Wyman, la production d’avions commerciaux assurée par Boeing et Airbus devrait chuter de 48 % en 2020 pour s’établir à 935 appareils. En 2021, la production remon-
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REPORTAGE
L’État a accordé une aide spécifique à la filière aéronautique de 15 Md€, qui inclut toutefois les 7 Md€ octroyés à Air France.
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terait à 1 107 appareils, puis à 1 392 en 2022. Le segment des avions long-courriers serait le plus durement touché : le niveau des 372 appareils livrés en 2019 déclinerait pour se stabiliser à 272 avions en 2021. « L’enjeu, c’est la survie à court terme de nos entreprises mais aussi le maintien des compétences dans la perspective de la reprise. Le risque, c’est de décrocher au profit de nos concurrents lorsque le marché reprendra des couleurs, prévient Jean-Michel Sanchez. Les cadences industrielles d’Airbus sont la boussole de notre activité. L’hypothèse optimiste, c’est qu’à l’automne, le donneur d’ordre européen sorte entre 30 à 40 avions par mois, ce qui représente tout
de même une chute de 30 % par rapport à la normale. » Si l’ensemble de la filière applique une simple règle de trois, les effectifs seront réduits dans la même proportion, y compris en CentreVal de Loire. Une catastrophe sociale et un gâchis sur le plan des ressources humaines. Mais c’est sans compter sur la réponse des pouvoirs publics qui n’ont pas mégoté leur soutien. En plus du chômage partiel – qui devrait être prolongé – et de l’apport d’aides générales qui ont permis d’éviter le pire, l’État a accordé une aide spécifique de 15 Md€, qui inclut toutefois les 7 Md€ accordés à Air France. Ce plan comporte plusieurs volets. Parmi les plus marquants figure la constitution d’un fonds qui sera doté probablement de 1 Md€ d’ici à la fin de l’année. Abondé par l’État, via Bpifrance à hauteur de 200 M€ et par quatre grands donneurs d’ordre (Airbus, Dassault, Thalès, Safran), il aura pour vocation de renforcer et de rendre plus compétitives les PME et les ETI du secteur. Par ailleurs, et afin de soutenir la R&D de la filière, quelque 1,5 Md€ vont être injectés par le biais du Conseil pour la recherche aéronautique civile (Corac). Une série de dispositifs qui ne parviennent pas à satisfaire Philippe Duchemin, le patron du groupe de sous-traitance MK Air (130 salariés, 14 M€ de CA) : « J’en ai assez du marketing politique. La plupart de ce qui était annoncé était déjà engagé ou sur le point de l’être. L’État, je dis stop. Et vive la Région. C’est elle qui doit inter-
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venir, au plus près des acteurs ». La manne du Corac sera, en principe, réservée aux entreprises impliquées dans la conception de l’avion du futur à propulsion électrique qui, selon les pouvoirs publics, devrait voler en 2035. « Pour l’instant, il s’agit davantage d’une roadmap technologique que d’un programme concret », tempère Jean-Michel Sanchez qui redoute que les caractéristiques de nombreuses entreprises régionales travaillant pour l’aéronautique ne les rendent inéligibles à ces soutiens publics : « Certaines sont déjà impliquées dans des initiatives de R&D liées à l’avion du futur. Mais
Beaucoup d’équipementiers régionaux travaillent à l’aménagement des intérieurs d’avions, comme Safran à Issoudun.
mentier Daher qui exploite trois sites industriels dans le Loir-etCher (Montrichard, St-Julien-deChédon et Salbris) et sur le sort duquel nous nous penchons dans ce dossier. Une première réunion de groupe du CSE, qui s’est tenue le 16 juin dernier, a rendu son ver-
LA PLUPART DE CE QUI ÉTAIT ANNONCÉ était deJÀ enGaGé ou suR Le point de L’ÊtRe ” ce n’est pas le gros des troupes, la plupart proviennent des industries des métaux. Leur modèle, c’est de la sous-traitance pure. » Par ailleurs, il faudra regarder attentivement les mouvements de consolidation des équipementiers de rang 2, voire de rang 1, qui sont attendus – et même vivement souhaités par les pouvoirs publics – dans les mois à venir. Ces changements de périmètre sont en mesure de modifier significativement la physionomie de la filière en région Centre-Val de Loire. Mais, pour quelques grands sites industriels régionaux, l’heure des restructurations douloureuses a sonné. Il en est ainsi de l’équipe-
dict. Environ 3 000 postes, dont 1 300 CDI et 1 700 emplois précaires seront supprimés sur l’ensemble des usines françaises. Il faudra surveiller aussi comme le lait sur le feu l’évolution de la situation de l’emploi chez le mécanicien de précision Mécachrome a Aubigny-sur-Nère ainsi qu’à Amboise où il exploite une usine (Silmeca) presque exclusivement dédiée à la filière aéronautique. On n’oubliera pas aussi d’observer la tendance chez Safran Seats (exSicma Aeroseat) à Issoudun où le fabricant de sièges d’avions emploie plus d’un millier de collaborateurs. François-Xavier Beuzon
MK AIR TIENT LE CAP, SANS CHÂTEAUROUX Le petit groupe de sociétés de sous-traitance mécanique MK Air – qui travaille à 95 % pour les marchés de l’aéronautique – semble assez épargné par la crise, selon son dirigeant Philippe Duchemin que nous avons pu interroger lors d’une visioconférence organisée le 11 juin par la Banque Postale. Hormis le site de Châteauroux, en redressement judiciaire depuis un an et qui va quitter le giron du groupe, les deux autres unités, Mekamicron à Villebarou (41) et MK Composites à Dornecy (58), positionnées sur des marchés de niche, n’ont connu, en moyenne, « qu’une baisse d’activité de 10 % », assure Philippe Duchemin. Celle de la Nièvre a inauguré fin janvier un nouveau bâtiment de 1 000 m2 « pour la fabrication de pièces d’avion et d’hélicoptère ». L’objectif est de créer, à terme, une trentaine d’emplois sur ce site qui en compte cinquante. MK Air réalise 14 M€ de CA et emploie une centaine de personnes, répartis entre la Nièvre et le Loir-et-Cher.
et Jean-Christophe Savattier
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REPORTAGE
L’éQuipementieR daHeR saCRifie SON USINE DE ST-JULIEN-DE-CHÉDON L’équipementier familial, qui emploie près d’un millier de collaborateurs en région Centre-Val de Loire, tente d’adoucir une réorganisation industrielle qui devait se solder initialement par 3 000 suppressions d’emplois. Mais la cure d’austérité passera par la cession, d’ici à 2022, de l’usine loir-et-chérienne de St-Julien-de-Chédon.
L’usine de St-Julien-de-Chédon (ici sa salle blanche) sera vendue ou fermée d’ici à 2022.
équipementier de premier rang Daher (1,2 Md€ de CA en 2010, 10 000 salariés, dont 7 000 en France), qui exploite les trois unités industrielles loir-et-chériennes qu’il avait rachetées il y a une vingtaine
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d’années au groupe Lhotellier (Montrichard, St-Julien-de-Chédon et Salbris), a naturellement pris de plein fouet le trou d’air de la filière aéronautique qui lui assure 80 % de sa facturation. « C’est très simple, le retournement
brutal du marché devrait nous faire perdre en 2020 entre 300 et 400 M€ de CA et de 80 à 100 M€ d’Ebitda », indique Didier Kayat, le directeur général de l’ETI familiale. Mais cette fois, les cadences annoncées par les donneurs d’ordre ne lui ont pas laissé beaucoup de choix. Les différentes usines ne tournaient dès le mois de juin qu’à 55 % de leurs capacités ; celle de Nantes, qui fabrique des pièces thermoplastiques pour l’A350, n’était qu’à 25 % de son potentiel. Une misère ! La gravité de la crise a obligé les dirigeants de Daher à frapper fort. À la mi-juin, ils annonçaient la suppression de 3 000 postes, dont 1 300 contrats à durée déterminée. Surtout, ils évoquaient la possibilité de fermer le site de St-Julien-deChédon, une unité de 305 salariés spécialisée dans les pièces composites, notamment pour Airbus Helicopters. Les deux unités de Mon-
trichard – 200 salariés au total – devraient être plutôt épargnées par la restructuration, tout comme Salbris et sa vingtaine de salariés, quoiqu’on puisse s’interroger sur la survie, à plus long terme, du petit établissement solognot. Mais c’était sans compter sur la mobilisation des pouvoirs publics
« dans le pire des scénarios nous conduire à ne supprimer que 500 à 600 postes en France », estimait le directeur général dans le quotidien Les Echos. Et Daher s’est finalement donné jusqu’en 2022 pour trouver un repreneur du site de St-Julien-deChédon, « avec un désengage-
LE RETOURNEMENT DU MARCHÉ DEVRAIT nous faiRe peRdRe entRe 300 et 400 m€ de Ca CETTE ANNÉE ” qui ont permis d’adoucir ces premières intentions. Grâce au plan de soutien à l’aéronautique annoncé à la fin juin, l’ajustement de la masse salariale pourrait
ment qui va durer deux ans et devrait avoir un impact léger sur l’emploi ». Les syndicats ont une tout autre lecture de ce projet. Selon la CGT,
Daher fabrique des éléments d’aérostructures.
le plan « vise tout simplement à sacrifier l’usine de St-Julien-deChédon en transférant le plus gros des activités vers les usines de Tarbes et de Nantes : 300 postes de travail vont bien être supprimés au total sur le bassin d’emploi, y compris à Montrichard. En cas de reprise très hypothétique de St-Julien, l’activité résiduelle ne devrait réemployer que 50 personnes » .JCS
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REPORTAGE
LES SYNDICATS DE MECACHROME attendent « L’aRme » au pied Le mécanicien de précision, qui exploite deux de ses sept usines françaises en région Centre-Val de Loire – Aubigny-sur-Nère (18) et Amboise (37) –, a été durement secoué par la tempête qui s’est abattue sur la filière aéronautique. Il devrait appuyer son redressement sur le recours au dispositif de chômage partiel de longue durée (ARME) concocté par les pouvoirs. Les syndicats redoutent qu’il ne suffise pas à amortir les baisses de charge.
est peu dire que le mécanicien de précision Mecachrome (environ 400 M€ de CA, 3 000 salariés, dont un gros tiers en France), a pris de plein fouet la crise sanitaire. En effet, il réalise 80 % de son chiffre d’affaires sur les marchés sinistrés de l’aéronautique civile en fournissant des pièces de moteurs et de structures pour Airbus, Boeing, Bombardier, Safran, Rolls Royce ou Mitsubishi. « L’activité a fondu de près de 80 % sur certains sites avant de ne reprendre que très modérément un peu d’altitude », nous souffle une source interne. Ce coup de froid brutal a été aggravé par les caractéristiques de l’exploitation industrielle pendant la période : « L’ensemble des unités n’a été fermé que quelques jours. De surcroît, nous respections à la lettre notre plan de charge
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avec même un peu d’avance sur certains programmes. Cela a mécaniquement contribué à amplifier l’onde de choc », nous précise ainsi Jacky Chauviere, délégué syndical central FO. Le groupe a réagi sans tarder en réunissant près de 110 M€ dès la fin mai. Une première enveloppe de 50 M€ a été apportée par les trois principaux actionnaires (Tikehau, le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec et Bpifrance). « Ces concours, qui avaient été sollicités avant la crise, devaient et doivent toujours financer une spécialisation industrielle par site », poursuit Jacky Chauviere. Parallèlement, les dirigeants ont réussi à obtenir pour 60 M€ de prêts garantis par l’État (PGE), « ce qui a permis de financer les urgences et le court terme, mais qui ne sera pas suffisant pour at-
tendre le rétablissement encore très incertain du marché », estime notre interlocuteur syndical. Sans illusion, il s’attend à ce que des mesures d’ajustement à la charge, voire un PSE, soient annoncées dès cet automne, peut-être même avant la fin septembre. « Notre direction était dans l’attente de la promulgation des décrets d’application du dispositif de chômage partiel de longue durée ARME (l’acronyme pour « activité réduite pour le maintien de l’emploi », NDLR) qu’elle entend utiliser avant de se prononcer », estime Jacky Chauviere. Si les syndicats se disent favorables à sa mise en œuvre, ils craignent qu’il ne suffise pas à absorber les baisses de charge qui vont perdurer : « Ce dispositif ne financera que 40 % du chômage partiel, le solde sera à la charge de l’entreprise. Il n’est pas exclu que le
groupe nous impose en sus un plan de départs volontaires, voire des licenciements secs, une dernière hypothèse à laquelle nous nous opposons formellement et qui semble d’ailleurs incompatible avec le recours à l’ARME. »
y compris la nuit, étaient nécessaires pour honorer les commandes ». Des inquiétudes se sont aussi fait jour à l’annonce du transfert du siège social, aujourd’hui installé sur le site d’Amboise, vers Toulouse : cela con-
À AMBOISE, LA CHARGE NE SUFFIT PLUS QU’À FAIRE FONCTIONNER L’USINE QuatRe À CinQ JouRs paR semaine ” Site par site, les prévisions d’activité n’incitent pas à l’optimisme. À Amboise (37), où 300 salariés fabriquent des pièces de grande dimension pour les ailes et les empennages, la charge ne suffit plus qu’à faire fonctionner l’usine quatre à cinq jours par semaine, « alors qu’avant la crise, cinq équipes travaillant sept jours sur sept,
cerne une centaine de collaborateurs rattachés. Les salariés redoutent aussi la fermeture pure et simple de l’usine de Vibraye (72). Cette unité de 50 salariés va perdre un atelier coupant d’une quinzaine de personnes appelé à rejoindre l’usine 4.0 voisine – ultra-automatisée et digitalisée – de
Sablé-sur-Sarthe. Le site Mecachrome de Nantes et ses 150 collaborateurs seraient aussi sur la sellette : l’usine nantaise d’Airbus va prochainement réinternaliser des activités de finition qu’elle lui confiait jusqu’alors, ce qui laisserait sans emploi près de 75 salariés. De toutes les usines françaises, celle d’Aubigny-sur-Nère (18), qui emploie quelque 500 salariés, paraissait en revanche la moins exposée. Produisant aussi pour la défense, l’aérospatiale et l’automobile (moteurs Renault destinés aux écuries de F1), les marchés de l’aéronautique civile ne représentent en effet que 50 % de son activité. Jean-Christophe Savattier
Les salariés de Mecachrome redoutent aussi la fermeture pure et simple de l’usine sarthoise de Vibraye.
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REPORTAGE
safRan seats CONFORTE SON ASSISE À Issoudun, le fabricant de sièges d’avions Safran Seats espère passer la crise sans tailler dans ses effectifs. La direction n’a jamais perdu le lien avec ses donneurs d’ordre en maintenant la production et en poursuivant sa politique d’innovation.
Issoudun (36), l’ex-fabricant de sièges d’avions Sicma Aeroseat, héros de la légende industrielle locale, se trouve dans une posture inconfortable. Entrée dans le giron du groupe Safran – et rebaptisé à cette occasion Safran Seats –, l’entreprise a accusé une perte de CA de près de 60 % pendant le confinement. Ce coup d’arrêt, provoqué tant
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violence. Pour 2020, nous anticipons un recul d’au moins 35 % de la facturation », indiquait au mois de juin Frédéric Rascouailles, le nouveau directeur de cette usine qui compte 1 300 salariés. Arrivé quelques semaines avant le déclenchement de la crise, il aura décidément connu un baptême de l’air plutôt mouvementé. Lucide, il estime que le retour
Safran Seats anticipe un recul d’au moins 35% de sa facturation.
par la suspension des vols des compagnies aériennes clientes (Air France, Virgin, Emirates, Cathay) que par la fin de l’A380, a eu pour conséquence de nombreuses annulations de commandes. « Le choc est d’une très grande
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aux cadences industrielles de 2019 ne peut pas être espéré avant 2024, voire 2025. Dans cette attente, il faut tenir et préserver les capacités de rebond. D’emblée, tout en continuant à produire, le groupe a remercié
son contingent d’intérimaires (250 personnes) et de prestataires extérieurs (150 personnes), puis a placé 350 collaborateurs en chômage partiel. Fidèle à l’esprit maison, le recours aux licenciements secs semblait exclu à l’heure où nous écrivons ces lignes. Mais la direction, qui ne souhaite pas insulter un avenir incertain, a déjà prévenu les syndicats « que le recours ou non à un PSE dépendra du rythme de la reprise ». Décidé à prouver à ses donneurs d’ordre que l’entreprise ne manque pas de ressort, Safran Seats a tenu à maintenir sa politique d’innovation en l’adaptant aux circonstances sanitaires. Elle a ainsi demandé à son bureau d’études de concevoir les sièges d’avions post-confinement qui permettront aux compagnies de respecter les consignes d’hygiène renforcées et la distanciation sociale. De cette réflexion sont par exemple nés des dispositifs permettant aux passagers d’incliner leurs sièges sans les manipuler. Certains systèmes de ce programme dit « Travel Safe » sont déjà en place, d’autres le seront dès cet automne. JCS
* Une solution du Groupe VYV. Mutuelle soumise aux dispositions du livre II du code de la mutualité, n° SIREN 538 518 473, n° LEI 969500JLU5ZH89G4TD57. Crédit photo : Getty Images —
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REPORTAGE
À CHÂTEAUDUN, safRan Joue La montRe Sous-traitant de l’aéronautique, l’usine Safran Aerosystems Hydraulics de Châteaudun est bien sûr très éprouvée. Elle va tenter de jouer à fond la carte du chômage partiel de longue durée. x-filiale du groupe Zodiac, Safran Aerosystems Hydraulics à Châteaudun (28) a été contrainte d’ajuster son exploitation à la cruelle baisse de charge que lui imposent à leur corps défendant les avionneurs, ses principaux donneurs d’ordre. L’usine, qui emploie 323 salariés, est en effet spécialisée dans la fabrication de systèmes hydrauliques (freinage, transfert de fluides, alimentation) qu’elle produit pour Airbus, Boeing, Dassault ou des motoristes comme Rolls Royce. « Le niveau de charge s’est natu-
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de travail ont été mises en place et « elles nous ont permis de parer l’urgence ». Celles-ci vont être pérennisées suite à un accord interne de transformation d’activité (ATA) qui a été signé « assez précoce-
CET ACCORD ÉLOIGNE LE SPECTRE d’un pse JusQu’À fin 2021 ” ment à l’échelle du groupe Safran », poursuit Francis Pellé. Ce deal, paraphé par la CGT, devrait trouver un prolongement à
À Châteaudun, les employés de Safran Aerosystems Hydraulics réalisent des tâches d’une grande précision.
rellement effondré depuis le mois de mars », nous explique Francis Pellé, le délégué syndical CGT de l’usine. En conséquence, des mesures de chômage partiel portant en moyenne sur 25 % du temps
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teur de 40 %, ainsi que de départs anticipés à la retraite. Il sera complété par le non renouvellement de quelques CDD. « On s’inscrit dans la culture interne de Safran qui n’a pas l’habitude de
l’automne dans le dispositif gouvernemental ARME (activité réduite pour le maintien de l’emploi, NDLR). Le cocktail de mesures est composé de temps partiel de longue durée, financé à hau-
tailler brutalement dans les effectifs. Nos dirigeants préfèrent toujours jouer le long terme et éviter de se séparer de ressources qui manqueront à l’heure du rebond », estime le responsable syndical CGT. Il est vrai que les collaborateurs de l’usine dunoise – la seule du groupe à fabriquer ce type de produits – affichent un savoir-faire qui n’est pas commun sur le marché : « Il s’agit de tâches d’une très grande précision, parfois de l’ordre du micron. » Mais ces dispositions permettrontelles au groupe de traverser la crise sans dommages sociaux supplémentaires ? « Cet accord éloigne le spectre d’un plan de sauvegarde des emplois (PSE) jusqu’à la fin de l’année 2021. Et il peut faire l’objet d’un renouvellement. Après, personne ne peut s’engager ! » JCS
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REPORTAGE
Le LoiRet TENTE DE SURMONTER LE TROU D’AIR Secteur d’activité en plein développement avant la crise sanitaire, la sous-traitance peine à redécoller dans le Loiret en dépit de frémissements qui commencent à se faire ressentir avec la reprise – timide – du trafic aérien. Les entreprises qui s’étaient diversifiées s’en sortent naturellement mieux que les autres et cherchent à développer davantage les branches concernées.
Saint-Gobain compte 460 salariés à Sully-sur-Loire.
ous les indicateurs étaient pourtant au vert : pôle d'excellence régional avec la présence de leaders mondiaux – Hutchinson, Saint-Gobain, Thales, MBDA, Safran, etc. – conforté par la solidité et l’expertise d’un réseau de PME-PMI au savoir-faire recherché, l’aéronautique était il y a peu un secteur d’activité que rien ne semblait pouvoir ébranler dans le département du Loiret. Jusqu’à l’arrivée de la Covid-19.
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« Nous sommes au creux de la vague », concède Ludovic Crets, aux commandes de l'entreprise familiale orléanaise Lamré. Spécialisée dans la fabrication de galvanomètres pour l'aéronautique, des petits appareils de mesure qui tiennent dans le creux d'une main et renseignent les pilotes sur le niveau d'oxygène de leur masque, l'entreprise créée par ses grands-parents en 1950 (1,2 M€ de CA) accuse une perte de CA « autour de 40 % ». Et le trou d'air risque fort de se prolonger. « L'arrêt des vols, et en cascade la baisse des commandes, nous oblige à ne pas renouveler les intérimaires et à former nos salariés pour augmenter la polyvalence. Nous avons pu tenir le coup pendant le confinement grâce à nos cycles longs de production, mais nous avons été contraints de mettre en place des mesures de chômage partiel depuis l’été », explique Ludovic Crets dont l'entreprise, sous-traitante notamment de Safran, compte aujourd'hui 9 sala-
riés, contre 12 avant la crise. « Il nous faudra, dans le meilleur des cas, deux à trois ans avant de retrouver notre niveau d'avant la crise », s'inquiète le jeune patron. Chez Novintec, une autre entreprise familiale installée à Sully-sur-Loire qui conçoit, fabrique et répare des équipements clés pour les fonctions dites « critiques » à bord des avions
l'activité avant 2022 ». En progression constante depuis des années, le CA de Novintec (114 salariés) devrait chuter cette année de 14,5 M€ à 12 M€ cette année. « Avant la crise, nous misions sur 15,5 M€ », souligne Vladimir Horak. Même considérablement réduite, l'activité de la filière aéronautique se maintient coûte que coûte dans
NOUS ACCUSONS UNE CHUTE DE NOS COMMANDES, et donC de notRe Ca, de L'oRdRe de 20 % ” et des hélicoptères, les conséquences de ce ralentissement spectaculaire de l'activité aéronautique commencent à se chiffrer. « Nous sommes dépendants à 76 % de l’aéronautique, mais heureusement nous sommes aussi présents dans les secteurs nucléaire et médical. La chute de nos commandes, et donc de notre CA, est de l'ordre de 20 %. Mais nous ne nous en sortons pas si mal car pour d'autres entreprises, la perte avoisine les 50 % », lâche le directeur commercial Vladimir Horak. La diversité du savoir-faire de l'entreprise constitue sa planche de salut, même si elle a eu recours, elle aussi, au chômage partiel. « Nous équipons en filtres de sécurité les nouvelles centrales nucléaires en Angleterre et travaillons également avec Air Liquide pour l’oxygène. Aujourd'hui, nous cherchons à nous positionner sur des niches des marchés américain et anglais », poursuit Vladimir Horak qui « imagine mal une reprise de
le Loiret. « Nous avons été très impactés, au début de la crise, par le ralentissement brutal du trafic aérien qui était quasi à l'arrêt puisque le marché de rechange des cockpits endommagés est proportionnel au nombre d'avions qui volent », explique Jean-Éric Vermont, directeur général Aerospace France de Saint-Gobain, dont l’usine de Sullysur-Loire compte 460 salariés : « Notre CA (73 M€ en 2019, NDLR) a baissé d’un tiers au printemps dernier. Nous sommes actuellement autour de – 20%. Heureusement,
nous n’avons pas perdu d’argent en adaptant les effectifs, c’est-à-dire en ne renouvelant pas les postes intérimaires (autour de 110, NDLR) et en recourant au chômage partiel. Nous n’avons réalisé aucun investissement et avons ainsi pu contrôler les coûts », explique le directeur général de Saint-Gobain. À l’instar de Novintec, Saint-Gobain a pu compter sur la diversité de son carnet de commandes pour « amortir la chute », grâce en particulier aux commandes de l’armée. L’entreprise produit les pare-brises des véhicules légers blindés et de certains avions et hélicoptères de Dassault. « Dans le domaine militaire, on fait une très bonne année, mais il ne faudrait pas que les États suspendent leurs commandes en véhicules blindés et en avions de chasse », poursuit, prudent, JeanÉric Vermont. Fort heureusement, les très fortes turbulences que traversent actuellement les sous-traitants locaux de l’aéronautique ne semblent pas en mesure de menacer leur pérennité. Le plan de relance du gouvernement permet à l’ensemble de la filière de conserver un relatif optimisme, étant admis que le re-
tour du trafic aérien au niveau précrise n’est pas prévu avant 2023. Du moins chez ceux qui ont une assise financière forte et un savoirfaire diversifié. « Nous ne prévoyons pas de plan social et n’avons pas annulé notre plan d’embauches », tient à préciser le patron de SaintGobain face à la persistance de certaines rumeurs. Chez Novintec,
ALSTEF OUBLIE SES RECORDS L’orléanais Alstef est positionné sur un marché connexe à l’aéronautique, celui des équipements aéroportuaires. Au printemps, « les aéroports étaient fermés ou fonctionnaient à 5 % de leurs capacités. Sur un certain nombre d’entre eux, nous avions des équipes de maintenance dédiées et nos clients nous ont demandé de réduire notre présence sur site », s’inquiètait le président d’Alstef Pierre Marol, qui reconnaissait alors n’avoir « aucune visibilité » sur une activité qui représente plus de la moitié de son chiffre d’affaires. Heureusement, les projets d’équipement en systèmes de tri de bagages ne sont pas remis en cause, même si des « étalements ou des redéfinitions de planning ont été nécessaires ». Le futur s’annonce toutefois sombre, les aéroports étant obligés de prioriser leurs investissements. « En 2019, nous avions établi un record avec 125 M€ de CA. On s’apprêtait à enchaîner sur une nouvelle année record en 2020. On peut oublier l’idée du record, je crois », se résigne Pierre Marol.
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chez, le président d’Aérocentre et patron de Mecabess (lire page 8 à 11). Au total, la filière aéronautique régionale rassemble quelque 334 entreprises employant plus de 24 240 salariés. Des entreprises de toutes tailles spécialisées dans des domaines où le savoir-faire se transmet parfois de génération en génération.
IL NE FAUDRAIT PAS QUE LES ÉTATS SUSPENDENT LEURS COMMANDES en VéHiCuLes BLindés ” on assure également que l’emploi sera maintenu sur le site de Sullysur-Loire. Car l’autre richesse méconnue de la sous-traitance aéronautique locale réside dans le très large éventail des métiers qu’elle propose, tous niveaux de qualification confondus, du CAP aux diplômes d’ingénieur. « Nous sommes toujours à la recherche d’ingénieurs très qualifiés pour notre bureau d’études et avons vraiment du mal à en trouver », confirme Vladimir Horak pour Novintec. Chez Saint-Gobain, des profils très pointus sont également recherchés. « Le cluster Aérocentre rassemble une communauté de 121 entreprises, représentant 11 742 salariés qui constituent un des chaînons majeurs de la supply chain aéronautique, en se positionnant sur la sous-traitance mécanique, électronique, procédés spéciaux et aménagement intérieur des avions », rappelle Jean-Michel San-
Comme c’est le cas chez Lamré, par exemple. « Ce qui est difficile pour nous, c’est que nous sommes confrontés à une obligation de croissance car il devient de plus en plus compliqué de se positionner dans une filière dominée par de très grands groupes », admet Ludovic Crets, constamment en quête de nouvelles alliances industrielles. Une fragilité partagée par les nombreuses PME-PMI sous-traitantes de l’aéronautique qui, jusqu’alors, parvenaient encore à tirer leur épingle du jeu dans une filière où les grands groupes se taillent la part du lion. Car, qu’il s’agisse de mécanique, du travail des métaux ou d'électronique, les industriels loirétains affichaient jusqu’alors un savoir-faire aussi singulier que remarquable. Pourront-ils survivre à cette crise historique dont l’aéronautique sort à toute petite vitesse ? Johann Galy
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POLITIQUE
L’ÉCOLOGIE, UNE VICTOIRE EN TROMPE-L’ŒIL L’arrivée de maires écologistes dans des métropoles, comme Marseille, Lyon, Bordeaux, Strasbourg… et Tours, ne doit pas occulter le maintien de l’équilibre gauche-droite dans les villes moyennes, phénomène également observé en région Centre-Val de Loire. Sur fond, bien sûr, d’abstention record.
ne nouvelle carte de France se dessine. Au sommet, des métropoles majoritairement dirigées par l’écologie politique, alliée à la gauche : la vague verte et rose a emporté Marseille, Lyon, Bordeaux, Tours, Nancy et Strasbourg – qu’EELV a ravi au PS – et consolidé les positions acquises à Paris, Lille, Nantes, Rennes, Rouen, Grenoble, Montpellier, Dijon, Brest et ClermontFerrand. Seules Toulouse, Nice, Toulon, St-Etienne et Orléans sont restées à droite, tandis que Metz, socialiste depuis 2008, était conquise par le sénateur LR de la Moselle François Grosdidier. A l’échelon au-dessous, quelques villes moyennes comme Besançon et Poitiers ont glissé du PS vers EELV ou du centre-droit vers EELV, comme Annecy. Si cette arrivée de maires écologistes aux responsabilités est spectaculaire, elle représente peu en nombre de fauteuils, rapporté aux quelque 300 villes françaises de plus de 30 000 habitants.
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Fabien Verdier, nouveau maire de Châteaudun
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À l’étage inférieur, le plus fourni, la vraie mesure, c’est le maintien de l’équilibre droite-gauche hérité des dernières élections municipales. Car si la gauche reprend une dizaine de villes de plus de 30 000 habitants et non des moindres (Bourges, Chambéry, Périgueux, Châtillon, Athis-Mons...), dont certaines perdues en 2014 (Laval, Quimper, St-Ouen), la droite consolide la plupart de ses acquis de 2014 (Reims, Angers, Limoges, Chalon-sur-Saône, Niort, Belfort ) et prend quelque villes marquantes, longtemps fiefs de la gauche, comme Lorient, Auxerre, Bondy ou La Seyne-sur-Mer. Le corollaire, c’est un nouvel affaiblissement du communisme municipal, illustré au plan national par la perte de citadelles, comme plusieurs communes importantes de la région parisienne (St-Denis, Aubervilliers, Champigny-sur-Marne, Choisy-le-Roi, Villeneuve-St-Georges, Bezons), mais aussi Firminy (42), Givors (69), Arles et Gardanne (13) ou bien, hautement symbolique, St-Pierre-des-Corps, ville de la banlieue tourangelle dont le maire était
communiste depuis un siècle et le congrès de… Tours. En région Centre-Val de Loire, gauche et droite sont pour la première fois à égalité en ce qui concerne les villes préfectures : trois chacune. L’alliance EELV, PS et gauche radicale reprend à la droite la Ville de Tours, que le socialiste Jean Germain avait perdue en 2014, tandis qu’une gauche unie reprend Bourges, ravie aux communistes en 1995 par Serge Lepeltier et conservée en 2014 par son successeur Pascal Blanc. Dans le créneau des villes de taille intermédiaire (plus de 5 000 habitants), les prises s’équilibrent : Fleury-les-Aubrais (avec Carole Canette, ci-dessus), Châteaudun
La socialiste Carole Canette a ravi la mairie de Fleuryles-Aubrais à la centriste Marie-Agnès Linguet.
n’est celle du bien commun » et Château-Renault, où le passage de témoin manqué entre Michel Cosnier, apparenté communiste, et son adjoint Nordine Boumaraf n’a pas réussi, la victoire revenant à l’issue d’une triangulaire à Bri-
LA VRAIE MESURE, C’EST LE MAINTIEN DE L’ÉQUILIBRE DROITE-GAUCHE HÉRITÉ DES DERNIÈRES ÉLECTIONS MUNICIPALES ” (Fabien Verdier, ci-contre) et Mer passent à gauche, Lucé, Amboise et Le Blanc à droite. Deux cas particuliers : Gien, où l’ancien premier adjoint DVD du maire LR ravit la commune dès le 1er tour, et Beaugency, où le duel des deux centristes est remporté par Jacques Mesas, qui conduisait une liste ouverte à la société civile. Outre St-Pierre-des-Corps, le PCF perd St-Florent-sur-Cher, pris par la conseillère départementale Nicole Progin à la tête d’une liste « sans idéologie partisane, si ce
gitte Dupuis, conseillère départementale LR. On notera aussi la Bérézina des partis centristes alliés à LaREM. Les radicaux perdent Nancy, Tours et Bourges, le MoDem devra faire son deuil de St-Brieuc, Biarritz, St-Médard-en-Jalles et Chennevières-sur-Marne. Sur le plan municipal, l’alliance avec le parti présidentiel n’aura pas été la meilleure affaire des centristes : le MoDem se consolera avec trois ministères et deux secrétariats d’État dans le gouvernement Castex.
LE ROUGE EN BERNE St-Pierre-des-Corps n’a pas résisté à la division de la gauche. Aucune des quatre listes en position de se maintenir au second tour n’ayant fait le choix de fusionner ou de se désister, la quadrangulaire a précipité la chute des communistes, orphelins de Marie-France Beaufils qui ne se représentait pas après un bail de trente-sept ans dans le fauteuil de maire. Le socialiste Cyrille Jeanneau, dont la liste était arrivée troisième le 15 mars avec 15,52 % des suffrages, comme l’écologiste François Lefèvre, dont les 11,84 % ne lui laissaient pourtant aucune chance de sortir vainqueur, ont finalement renoncé à faire alliance avec la liste de Michel Soulas : deuxième au premier tour (27,43 %), il avait été désigné l’an passé par les militants PCF comme tête de liste. En tête après le premier tour (29,35 %), le médecin classé divers droite Emmanuel François a donc été élu maire avec 40,37 % des suffrages exprimés, bénéficiant du vote utile de ceux qui ont voulu tourner la page de cent ans de gouvernance communiste.
François-Xavier Beuzon
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POLITIQUE
L’INTERCOMMUNALITÉ DEVRA PASSER PAR LE SUFFRAGE UNIVERSEL Les intercommunalités pourront-elles s’affranchir d’un scrutin au suffrage universel direct, distinct des élections municipales, sur le modèle de ce que la loi a créé pour Lyon ? En région Centre-Val de Loire, les installations récentes de plusieurs conseils communautaires et des deux métropolitains ont donné lieu à des négociations de coulisse bien éloignées de la transparence démocratique réclamée par les électeurs. Certaines associations d’élus souhaitent une réouverture du dossier, dans un climat dépassionné.
e scrutin municipal écartelé des 15 mars et 28 juin derniers a partiellement occulté le troisième tour, réservé à l’élection des nouveaux exécutifs communautaires et métropolitains. Désignation d’ailleurs plutôt qu’élection dans de nombreux cas, tant les arrangements ont entaché les séances d’installation des conseils. L’Association des communautés de France (AdCF), dont le président Jean-Luc Rigaut a perdu sa mairie d’Annecy et la présidence de sa communauté d’agglomération, a eu beau louer « le climat apaisé » des séances, « y compris en cas de candidatures concurrentes », les scrutins auront été tendus dans de nombreuses collectivités, tout particulièrement métropolitaines. À Orléans, le maire Serge Grouard (LR) a préféré faire élire un socialiste, le maire de St-Jean-
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Christophe Chaillou
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de-la-Ruelle Christophe Chaillou, pour barrer la route de la présidence d’Orléans Métropole à Matthieu Schlesinger, un juppéiste longtemps membre des Républicains. « Ce soir, Matthieu Schlesinger a pris une belle leçon de politique », confiait au soir de l’élection, sourire aux lèvres, un proche de Serge Grouard. Pourtant, avec l'appui des 24 élus orléanais issus de la nouvelle majorité, le maire centre-droit d’Olivet était quasiment assuré d’obtenir les 45 voix qui lui assuraient la majorité du conseil métropolitain, puisque la trentaine de maires du sud de la Loire lui étaient acquis. À condition de s’entendre avec Serge Grouard, dont il a pourtant refusé toutes les propositions de compromis… À Tours, l’élection s’est jouée sur un autre registre. Voyant qu’il lui manquait quelques voix pour
être réélu, le président sortant Philippe Briand (LR) a négocié un accord de gouvernance avec l’ex-socialiste et maire de La Riche Wilfried Schwartz en échange des voix de la droite au moment de l’élection du président de la métropole. N’étant pas en position d’imposer son candidat, le nouveau maire EELV de Tours Emmanuel Denis s’est rangé derrière cet improbable attelage droite-gauche-écolos. Le seul couac est venu du maire de StPierre-des-Corps qui, venant tout juste de ravir un fief communiste, n’a pas voulu souscrire à ce Yalta,
Wilfried Schwartz
élire, dès le premier tour, présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence. « Ça va être dur à la métropole comme à la ville », prédit une conseillère municipale.
des Communes, considère « inévitable » qu’un jour, le président de l’intercommunalité soit élu au suffrage universel. « Il y a un moment où il faut aussi que l’in-
CE SOIR, MATTHIEU SCHLESINGER À PRIS UNE BELLE LEÇON DE POLITIQUE » CONFIAIT AU SOIR DE L’ÉLECTION, SOURIRE AUX LÈVRES, UN PROCHE DE SERGE GROUARD” version ligérienne. L’impudent a recueilli 11 voix, contre 74 au maire de La Riche. Et a payé son audace de la perte d’une quatrième vice-présidence de Tours Métropole qui lui semblait promise. D’autres élections ont été houleuses. À Grenoble, le président sortant et maire de la commune banlieusarde de Pont-de-Claix, l’ancien socialiste Christophe Ferrari, est allé chercher les voix de la droite pour se faire réélire contre le candidat écologiste Yann Mongaburu, soutenu par le maire de Grenoble Éric Piolle. À Marseille, Martine Vassal, battue par Michèle Rubirola à la mairie, a pris sa revanche en se faisant
Cela ne sera pas non plus forcément facile entre Alain Anziani, maire socialiste de Mérignac et président la Métropole de Bordeaux, et Pierre Hurmic, le nouveau maire EELV de la ville centre. Notamment lorsque la question de l’aéroport se posera. Ces gouvernances « arrangées » et ces compromis, parfois noués dans l’ombre, reposent la question du mode de scrutin communautaire et métropolitain, même si le fléchage en cours depuis 2013 pour les EPCI a introduit un semblant de légitimité démocratique. François Hollande, que nous avions interrogé sur ce point à l’automne dernier dans notre trimestriel Le Journal
tercommunalité ait des projets partagés et débattus par la population. Donc, ça ne peut pas se faire dans la coulisse et simplement dans l’entre-soi », argumente l’ancien président de la République. Problème, si quelques-uns demandent le recours au suffrage universel distinct des élections municipales, à l’étage supérieur – celui du président – ou à tous les étages – celui de l’ensemble du conseil –, l’Association des maires de France (AMF) ne veut pas en entendre parler. En tout cas, beaucoup d’élus sont convaincus que le statu quo ne pourra pas durer. « Le fléchage n’a pas donné les résul-
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tats qu’on pouvait attendre, reconnaît Charles-Éric Lemaignen, premier vice-président de l’AdCF et vice-président d’Orléans Métropole. Les campagnes électorales ont été municipalisées, alors que justement les intercommunalités deviennent des enjeux de pouvoir essentiels dans des domaines clés comme l’économie, les mobilités, l’eau ou l’assainissement. » Pour lui, il n’y a aucun doute : « Il faut réinterroger la gouvernance de nos intercommunalités. » Olivier Landel, délégué général de France Urbaine, est sur le même registre : « Pourquoi ne pas prendre le modèle de la commune-communauté et l’étendre aux communautés urbaines ? », interroge-t-il. En effet, aux termes d’une loi promulguée le 1er août 2019, la commune nouvelle issue de la fusion des communes membres d’un même EPCI entraîne la dissolution de ce dernier avec transfert de toutes ses compétences à la commune ; celle-ci devient alors une commune-communauté libérée de l’obligation d’appartenir à un EPCI. Encore faut-il, pour que cela fonctionne, que toutes les communes membres de l’intercommunalité acceptent de fusionner entre elles… Une gageure ! Autre option, la création de communes nouvelles à l’intérieur d’une grande intercommunalité, ce qui restreindrait ainsi mécaniquement le nombre de conseillers et faciliterait la naissance d’une véritable majorité soudée autour de l’exécutif. La loi du 1er
août 2019 permet même de réduire le nombre de communes déléguées suite à une fusion, ce qui n’était pas possible avec la loi de 2010. Le préalable étant bien sûr d’obtenir l’accord du maire délégué et, le cas échéant, celui du conseil municipal délégué… Pour 2026, Charles-Éric Lemaignen prône, quant à lui, « un fléchage totalement libéré » où les conseillers communautaires émaneraient bien des listes municipales, mais sans nécessairement respecter l’ordre de celles-ci. Ainsi, un candidat pourrait figurer à la deuxième place de la liste communautaire et à la trentième de la liste municipale. La solution lyonnaise d’une élection par circonscription communautaire lors d’un scrutin distinct de l’élection municipale, concomitant ou non, séduit l’ancien président de la communauté d’agglomération orléanaise, à condition que, contrairement à Lyon, le maire d’une commune qui soit membre de l’intercommunalité puisse prétendre à sa présidence. Ce qui nécessiterait d’aménager la loi sur le cumul des mandats, l’EPCI concerné devenant à son tour une collectivité territoriale. Toutes ces suggestions méritent, à tout le moins, d’être étudiées. La métropole lyonnaise a ouvert la brèche d’une élection de son président au suffrage universel direct. Le législateur a désormais moins de six ans pour étendre ou transformer le dispositif.
BATTUS À DOMICILE Si à Orléans, comme à Tours, les maires nouvellement élus ont dû se résoudre à faire élire un nouveau président de l’intercommunalité qui n’était pas de leur bord politique mais avec leur blanc-seing, le con-texte s’est révélé plus compliqué à Montargis (45). Benoît Digeon, premier magistrat d’une ville qui regroupe près du quart des 61 000 habitants de la communauté d’agglomération montargoise et Rives du Loing (AME), a été battu pour la présidence de l’EPCI par Jean-Pierre Billault, maire du modeste village de Solterre (470 habitants). Un véritable camouflet pour les élus de la ville centre. À Dreux, c’est après avoir fait le compte des forces en présence que le nouveau maire PierreFrédéric Billet a finalement renoncé à se présenter contre Gérard Sourisseau, conseiller départemental d’Eure-et-Loir et adjoint au maire de St-Lubindes-Joncherets (4 000 habitants) ; ce dernier a donc succédé à Gérard Hamel comme nouveau président de l’Agglo du Pays de Dreux. Il est vrai qu’avec ses 31 000 habitants, Dreux ne représente plus qu’un gros quart de sa communauté d’agglomération XXL, forte de 117 450 habitants.
François-Xavier Beuzon
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ZOOM
CELUI QUI VOULAIT RELOCALISER AVANT LES AUTRES Depuis une bonne dizaine d’années, David Simonnet alerte sans relâche les pouvoirs publics sur l’excessive dépendance de la France aux producteurs asiatiques de principes actifs pharmaceutiques. La crise sanitaire lui a donné raison. Le pdg d’Axyntis, infatigable défenseur de la souveraineté nationale, ne tire cependant aucune fierté de cette victoire et exhorte le gouvernement à rattraper le temps perdu. e ressens un peu d’amertume » : De son fief de Pithiviers, où il emploie plus du tiers des 460 salariés de son groupe, David Simonnet, patron d’Axyntis, l’un des principaux spécialistes français de chimie fine, ne ressent pas de fierté d’avoir eu raison avant tout le monde. Juste le regret de ne pas avoir été entendu plus tôt.
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Car cela fait plus de dix ans que cet ancien de l’Essec, fils d’un militaire devenu préfet sur le tard, alerte les autorités sur l’excessive dépendance de la France aux producteurs asiatiques de principes actifs, ces composants qui font l’efficacité thérapeutique du médicament. « Ce constat m’a conduit à fonder Axyntis en 2007, suite aux premières tensions créées par l’approvisionnement en Tamiflu (l’antiviral développé par le laboratoire suisse Roche pour lutter contre le virus H5N1, NDLR). Je crois beaucoup à la responsabilité sociale de l’entreprise et de l’entrepreneur. J’étais convaincu qu’il fallait tenter quelque chose. » De colloques en publications et en interventions dans les sociétés savantes, ce défenseur infatigable de l’industrie française n’a ménagé ni son temps, ni sa plume, au service de cette cause ; il enrage « qu’il ait fallu une pandémie mondiale pour que les pouvoirs publics
prennent conscience des dangers que ces pertes de souveraineté font peser sur la population ». Aujourd’hui, s’il se réjouit que l’État reconnaisse enfin que le médicament constitue une industrie stratégique, il regrette « le temps perdu. Il faut déployer un plan d’urgence. C’est à l’échelle nationale que nous gagnerons la bataille ». Entrepreneur engagé, David Simonnet a toujours manifesté un intérêt très prononcé pour la chose publique. Dès 1993, à l’âge de 23 ans, il a été l’un des collaborateurs de Jacques Chirac à la mairie de Paris, en charge de l’économie. On le retrouve quelques années plus tard à la Direction du Trésor où il prend en charge des questions de stratégie industrielle. Avant de bifurquer en 1999 vers le privé et la SNPE (groupe Isochem) dont il deviendra le directeur général adjoint. « Je suis persuadé que les mondes de l’action publique et de l’entreprise, que l’on a pourtant toujours tendance à opposer, doivent mieux se connaître et nouer des partenariats qui contribuent à l’intérêt général », affirme l’ancien officier de réserve de la gendarmerie. C’est l’une des conditions pour que la France retrouve sa souveraineté et que certains de ses fleurons stratégiques ne soient plus pris au piège d’une mondialisation débridée ». Mondialisation dont ce féru de géopolitique, collaborateur éminent de la revue Conflits, connaît tous les ressorts. C’est au nom de ces convictions que David Simonnet franchira le Rubicon de l’engagement politique
en se présentant sous les couleurs de La République en Marche aux législatives de juin 2017 dans le nord Loiret, au cœur du Pithiverais qui accueille Orgapharm, fleuron du groupe Axyntis. Le coup d’essai a d’ailleurs failli réussir puisqu’il n’a manqué que 88 voix à David Simonnet pour détrôner la députée sortante Marianne Dubois (Les Républicains). L’étroitesse du score et la rudesse des échanges l’incitèrent à déposer un recours qui fut rejeté. La blessure d’amour-propre est au-
Pour sa part, il se contente de figurer au rang des administrateurs du cluster pharmaceutique régional Polepharma dont il vante l’efficacité. L’agenda du président d’Axyntis est aujourd’hui étroitement lié à celui du développement d’un groupe qui affiche 90 M€ de facturation annuelle. « Notre dynamique actuelle nous permet d’anticiper un CA de 150 M€ en 2024 », estime David Simonnet qui n’attend pas tout, loin s’en faut, des projets de relocalisation de
IL FAUT DÉPLOYER UN PLAN D’URGENCE. C’EST À L’ÉCHELLE NATIONALE QUE NOUS GAGNERONS LA BATAILLE jourd’hui refermée. Surtout, notre quinquagénaire, concentré sur son entreprise, jure qu’on ne l’y reprendra plus. « Le champ de bataille de la politique politicienne n’est pas celui que je préfère », concède l’industriel qui préfère rechercher les convergences utiles que de cultiver les oppositions factices. David Simonnet se sent d’ailleurs aussi proche de François Bonneau, le président socialiste de la Région Centre-Val de Loire, que de Xavier Bertrand, le président de droite des Hauts-de-France où Axyntis a repris une usine, celle de Calais ; habilement, il ne manque pas de saluer l’engagement personnel de ces deux élus « qui se sont mis personnellement au service de l’économie de leurs territoires ».
principes actifs et d’ingrédients pharmaceutiques dont se sont récemment entichés les pouvoirs publics : « Notre plan d’affaires prévoit que les relocalisations nous apportent un supplément de facturation compris entre 10 et 20 M€. » Dans cette attente, celui qui se définit comme un « laborieux » et un « nomade », partagé entre Paris et Pithiviers où il réside, égrène ses fiertés. Notamment celle d’avoir réussi à instaurer la parfaite parité hommes-femmes au sein du management de l’entreprise… et de pouvoir, à de trop rares occasions, se ressourcer auprès de sa famille qui s’est agrandie récemment avec l’adoption d’une petite vietnamienne. Jean-Christophe Savattier
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TERRITOIRES
TOUTES LES RELOCALISATIONS NE SONT PAS SOUHAITABLES ! Organisé le 1er juillet dernier par l’exécutif régional, le forum « Relocalisation, Territorialisation, Innovation, Transformation de l’économie régionale » a permis de tailler en pièces certains préjugés tenaces. L’utilité économique et sociale des relocalisations, devenues l’alpha et l’oméga des politiques publiques, peut parfois s’avérer discutable. es relocalisations d’activités productives ne se décrètent pas et doivent être accompagnées au plus près des territoires. Tel est le message principal qui a été adressé aux 500 participants au forum « Relocalisation, Territorialisation, Innovation, Transformation de l’économie régionale » organisé le 1er juillet par la Région Centre-Val de Loire. Spécialiste de ces questions, El Mouhoub Mouhoud, qui enseigne l’économie à l’université ParisDauphine, a tenu à prévenir l’assistance. L’agitation sur ces thématiques qui a gagné les cercles
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Professeur El Mouhoub Mouhoud
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gouvernementaux à la suite de la crise sanitaire « ne suffit pas à former une politique efficace ». Un brin provocateur, le Pr. Mouhoud a rappelé « qu’il n’était pas assurément souhaitable de tout vouloir relocaliser ». L’organisation des chaînes de valeur au niveau mondial correspond à un opti-
baisses de prix de beaucoup de biens importés dans les pays industrialisés. « De manière générale, les politiques publiques de soutien aux relocalisations doivent s’appliquer à des produits à forte valeur ajoutée, et surtout ne pas passer par l’attribution d’aides directes aux entreprises. Il faut pri-
TOUTES LES ÉTUDES MONTRENT QUE LE SOUTIEN PUBLIC DIRECT FAVORISE LES EFFETS D’AUBAINE ” mum « qui permet de rémunérer à leur prix d’équilibre les facteurs de production ». Certes, ce modèle n’intègre pas suffisamment les externalités négatives que représentent par exemple les atteintes à l’environnement. Mais à vouloir fouler aux pieds certains acquis de la mondialisation, on risque d’oublier qu’elle a permis une élévation du niveau de vie un peu partout dans le monde et généré d’importantes
vilégier l’accompagnement territorial, poursuit E.M. Mouhoud. Toutes les études montrent que le soutien public direct favorise les effets d’aubaine. Dès qu’il perd de son efficacité, les activités relocalisées repartent sous des cieux plus favorables. » La commande publique ne suffit pas à assurer le maintien d’activités productives à faible valeur ajoutée, « ou plutôt, comme on l’a vu dans l’affaire des masques
produits par l’américain Honeywell dans les Côtes-d’Armor, ces activités productives ne sont pas suffisamment compétitives pour être maintenues lorsque la commande publique cesse ». A ces cautères placés sur des jambes de bois, il faut « préférer des relocalisations de type schumpétériennes qui créent de la valeur en étant, dans l’idéal, fondées sur l’automatisation et la robotisation. » Même engagées sous le signe de la souveraineté sanitaire, les politiques de relocalisation se heurtent parfois au mur des réalités. Ainsi, selon Sébastien Rose, vice-président de la R&D chez Axyntis, qui possède une usine
de chimie pharmaceutique à Pithiviers, « qui peut prétendre que l’on pourra transposer en France ou en Europe sans modification importante des process, et donc sans augmentation des coûts, les fabrications aujourd’hui assurées en Chine ou en Inde ? ». Des productions qui ne répondent pas, et de loin, aux normes environnementales en vigueur en France et en Europe. « Compte tenu de la sensibilité de l’opinion, il sera difficile d’implanter de nouvelles activités chimiques », poursuit Sébastien Rose pour qui les relocalisations ne peuvent être fondées que « sur la recherche de l’innovation dans les process, en donnant la priorité à la bio-
production par rapport aux procédés classiques chimiques ». « Le développement de circuits courts est un sujet majeur, assure quant à lui le président de la Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel (LSDH) Emmanuel Vasseneix. Mais il ne s’agit pas d’éluder le sujet des impôts de production et la fiscalité locale. Son niveau, parfois de six à sept fois supérieure aux pays voisins, reste tout à fait disuasive ». Ce sentiment est d’ailleurs partagé par le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire qui en appellait dernièrement à la baisse des impôts de production afin de relancer l’industrie tricolore. JCS
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TERRITOIRES
L’ÉCOLOGIE SERA-T-ELLE LE MANTRA DU PROCHAIN MANDAT RÉGIONAL ? François Bonneau veut placer la transition écologique au cœur des politiques économiques de la prochaine mandature régionale. Ce que ne contestent pas ses alliés écologistes qui rivalisent de propositions sur le sujet. oïncidence du calendrier, c’est au lendemain de la présentation du plan de relance gouvernemental, très centré sur la transition écologique, que s’est tenue à Orléans, le 4 septembre, l’université plénière des développeurs. Cette manifestation organisée par l’agence régionale Dev’Up a rassemblé environ 120 développeurs économiques régionaux et a été placée, comme il se doit, sous le signe de l’urgence climatique et environnementale. La crise sanitaire a érigé la thématique au rang d’impératif catégorique et François Bonneau, le président socialiste de la Région Centre-Val de Loire, ne pouvait manquer, à quelques mois du scrutin régional où il sera candidat à sa réélection, de manifester son intérêt prononcé pour la question. « Le sujet doit être au cœur de nos actions sur tous nos territoires sans exceptions, l’idée qui doit nous animer et nous réunir, ce n’est pas de faire moins de développement, c’est de promouvoir un autre développement en faisant
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de l’écologie un moteur de l’économie », a-t-il lancé, au côté du directeur régional de l’Ademe, partenaire « essentiel » de la Région sur ce terrain. François Bonneau a tracé les pistes que devrait emprunter la collectivité au cours des prochains mois… et de la prochaine mandature.
visé large en balayant, sans préciser davantage, les leviers d’intervention à sa disposition : « Oui, nous devons accélérer et intensifier nos politiques publiques si nous ne voulons pas dévier par rapport aux objectifs que nous nous sommes assignés. » Selon Charles Fournier, vice-prési-
PROMOUVOIR UN AUTRE DÉVELOPPEMENT EN FAISANT DE L’ÉCOLOGIE UN MOTEUR DE L’ÉCONOMIE ” Rénovation thermique des bâtiments, qui sera « le gros morceau des actions à venir », projets de méthanisation, relance du fret ferroviaire régional via la réactivation de dessertes délaissées, accompagnement de projets de transition écologique portés par les entreprises, via la mise en œuvre d’appels à projets, promotion des circuits courts et de la re-territorialisation des activités de production et de transformation agricoles : c’est peu dire que le responsable de l’exécutif régional a
dent de la Région à la transition écologique et citoyenne – et chef de file des écologistes au scrutin de mars –, cette détermination est de bon aloi : « La Région CentreVal de Loire a fait partie des deux Régions françaises les plus avancées, mais il faut aller plus loin et plus fort. La crise sanitaire a fait prendre conscience que l’urgence écologique percutait tous les sujets. » Les élus Verts se félicitent bien sûr de quelques incontestables acquis. Ainsi, les projets de rénovation énergétique vont être dotés
de 15 M€, dont 5 M€ de fonds européens, « ce qui représente une impulsion considérable ». Autre motif de satisfaction, la signature de 15 contrats d’objectif territorial (COT) énergies renouvelables (ENR) qui permettent à de petits producteurs locaux d’énergie renouvelable de mutualiser leurs projets et d’accéder à la manne du Fonds chaleur : « Un réel progrès d’autant que 22 COT devraient être signés à la fin du mandat. » Sur le terrain strictement économique, les écologistes souhaitent presser le pas : « Les aides conditionnées, c’est intéressant. Il faut aider certains secteurs comme l’aéronautique ou l’automobile à accélérer leur mue. Pour ces der-
La rénovation thermique des bâtiments sera « le gros morceau des actions à venir ».
niers, plus rien ne sera comme avant. Il faut les aider à trouver de nouveaux débouchés », estime Charles Fournier. Petite pique adressée à ses alliés de la majorité, il trouve « dommage » que l’on ait accordé en son temps, sans contrepartie, des aides publiques à Tecalemit, un sous-traitant de l’aéronautique qui s’apprête à quitter Blois pour la Sarthe : « Ces fonds auraient sans
doute mieux été utilisés à aider Tecalemit à réorienter son activité, mais nous ne gérons pas la politique économique. » Les écologistes souhaitent aussi infléchir la politique d’innovation régionale en favorisant les projets de recherche focalisés sur l’écoconception. François Bonneau peut être rassuré : les Verts seront force de proposition ! Jean-Christophe Savattier
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ENTREPRISES
BERRY LOGISTIC PARK, UNE NOUVELLE VIE POUR BERRY TUFT L’ancienne usine de moquettes Berry Tuft s’est progressivement transformée en parc logistique de près de 60 000 m2. Une dernière phase de rénovation est programmée pour l’an prochain. ntre 1976 et 2006, l’usine de production de moquettes Berry Tuft a été l’une des locomotives industrielles de Châteauroux, employant près de 400 personnes et réalisant jusqu’à 100 M€ de CA.
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occupés par des entreprises locales (Eurostyle Systems, Pyrex, Barilla) et des transporteurs indriens (Blanchet, Moreau…), les parkings accueillent également des véhicules du réseau de bus castelroussins Horizon et de STI Centre.
Quand il a fermé ses portes en 2006, l’énorme site castelroussin (65 000 m2 couverts sur une parcelle de 15 ha) est resté en activité, des logisticiens louant l’ensemble des surfaces disponibles. « Les lieux ont toujours été entretenus et n’ont jamais été squattés », précise le directeur du site Marc Duponchel. Outre les bâtiments
En 2017, le propriétaire des lieux, le groupe Beaulieu de Luc de Clerck, a entamé une réhabilitation globale des bâtiments pour les adapter en une base logistique répondant aux dernières normes en vigueur et baptisée Berry Logistic Park. La phase 1, achevée en 2019, a concerné la création des trois premiers halls pour un
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total de 21 857 m2, équipés de quais de chargement. On y retrouve notamment les activités d’Eurostyle Systems, de Barilla et des Transports Blanchet. La deuxième phase, tout juste terminée, s’est concentrée sur la réfection du hall 6 (11 547 m2), doté de cinq quais. Le groupe Barilla, dont l’unité de production de pain de mie et viennoiseries Harry’s – la plus grande d’Europe – se situe à une dizaine de kilomètres sur la zone de La Malterie à Montierchaume, occupe ce nouveau local depuis le 1er septembre. Les travaux, réalisés par des entreprises locales et selon les plans de l’architecte Charles Oliviero, ont nécessité un investissement de 8,5 M€ de la part du groupe Beaulieu. Une phase 3, portant sur les halls 4 et 5 (pour une surface totale de 25 198 m2), est actuellement à l’étude et pourrait être calée en 2021 voire plus tard, en fonction des besoins, Luc de Clerck laissant entendre qu’un projet d’unité de production autour de la mobilité pourrait s’y installer. Serge Daniel
ENTREPRISES
L’USINE RASEC DE ROMORANTIN ATTRIBUÉE A LA STEP L’usine Rasec a changé de propriétaire début juillet à l’issue d’une période de quatre mois de redressement judiciaire. C’est son voisin Step, également spécialisé dans l’aménagement de magasins, qui l’a reprise. Son dirigeant Vincent Morel a conservé 85 des 125 salariés.
près un suspense de plusieurs jours… et un imbroglio juridique, le tribunal de commerce de Blois a officialisé le 1er juillet l’attribution de l’usine de Romorantin de Rasec Retail à la Step, une entreprise voisine, également spécialisée dans la conception et la fabrication de mobilier de magasin. Installée comme Rasec à Romorantin, la Step (16 M€ de CA, environ 80 salariés) s’est engagée à reprendre 85 des 125 salariés de l’entreprise placée en redressement judiciaire le 2 mars dernier. La seconde unité industrielle de Rasec Retail, implantée à Mortagnesur-Sèvre (85), a pour sa part été attribuée à l’investisseur girondin Antoine Messean (AMS Invest), partenaire de longue date de la
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Step, qui a conservé 87 des 90 emplois vendéens. Les repreneurs apportent 2,5 M€, ce qui renforce notablement la trésorerie d’une entreprise mise à mal par plusieurs années de difficultés. L’affaire semblait déjà bouclée à la veille du week-end, jusqu’à ce que le second candidat à la reprise, le russe Bortog BZTO, tente un baroud d’honneur en rehaussant significativement les conditions de son offre initiale. Soutenu par Patrick Gentil, l’ancien dirigeant de Rasec, il proposait de reprendre l’intégralité des salariés de Romorantin et d’améliorer sa proposition financière. Il avait ainsi prévu d’injecter 3 M€ de fonds propres et de créer une nouvelle activité. Problème : la constitution formelle de cette offre nécessitait l’extension des délais
de réception. Le tribunal a estimé que la demande n’était pas juridiquement recevable. Selon Vincent Morel, le président du groupe Step, le volume d’affaires récupéré suite à cette acquisition a été considérablement affecté par la crise sanitaire. Il ne représenterait plus que 12 à 13 M€ de facturations annuelles, contre 20 à 25 M€ au moment du redressement. Le nouveau patron est d’ailleurs critique sur la gestion de ses prédécesseurs : « Rasec n’aurait jamais dû déposer le bilan. Avec une gestion rigoureuse, on doit s’en sortir ». Vincent Morel escompte en 2021 un CA compris entre 15 et 20 M€. En 2018, Rasec Retail avait publié un CA de 32,8 M€ ; l’an passé, il avait chuté à 25 M€. Jean-Christophe Savattier
TOUTENKAMION ÉVITE LA SORTIE DE ROUTE Le carrossier industriel de Ladon s’est battu comme un beau diable pour maintenir son activité. Il devrait réussir à préserver son chiffre d’affaires en 2020. téphane Girerd, le patron du carrossier industriel Toutenkamion qui compte trois sites en France dont celui, historique, de Ladon (45), revient de loin. Il y a quelque mois, il se battait comme un beau diable pour maintenir l’activité de ses équipes au cœur du cyclone Co-
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vid-19, « en adaptant les horaires et en repensant au jour le jour les organisations de travail ». À l’époque, les constructeurs de
poids lourds étaient à l’arrêt : « Nous avions des commandes à honorer, mais sans les châssis des camions, nous ne pouvions rien faire ! C’est ce qui nous inquiétait plus pour les deux sites de carrosserie du Loiret et de l’Ain », poursuit Stéphane Girerd, dont la société (24 M€ de CA en 2019 pour 240 salariés) fabrique, conçoit et transforme les poids lourds pour des utilisations très variées. Heureusement, la situation s’est bien améliorée dans le courant de l’été, « même si c’est encore très variable en fonction des constructeurs », se rassure aujourd’hui le dirigeant loirétain. Quant au marché de la défense, qui représente entre 30 et 40 % du CA de Toutenkamion, « il s’est maintenu en dépit des inquiétudes initiales ».
En revanche, les marchés de l’événementiel, du sport et de l’animation, ou encore celui du cinéma mobile, une autre niche sur laquelle se positionne Toutenkamion, « se sont bel et bien écroulés », comme le laissait présager ce printemps meurtrier. Mais au final, le groupe devrait tout de même réussir à maintenir son CA au niveau de celui de 2019, un tour de force ! L'entreprise s’est aussi relancée sur le secteur de la santé « qui est très dynamique » ; elle a, par exemple, répondu à des appels d’offre pour aménager des camions en laboratoires mobiles Covid-19. « Le process est en cours », nous indique, un brin énigmatique, Stéphane Girerd.
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ENTREPRISES
HUTCHINSON IMPOSE UNE CURE D’AMAIGRISSEMENT Très exposé aux difficultés de la filière automobile, Hutchinson a annoncé dès le mois de juin la suppression d’un millier d’emplois en France. Les usines régionales de Châlette-sur-Loing (45) et de Joué-lès-Tours (37) vont payer un lourd tribut à cette réorganisation avec la disparition programmée de 300 postes.
eurtri par le marasme de la filière automobile, le groupe Hutchinson a dû se résoudre à sabrer dans ses effectifs. Dès le mois de juin dernier, cette filiale de Total spécialisée dans la transformation des élastomères, qui exploite plusieurs usines en région Centre-Val de Loire – dont le berceau industriel historique implanté à Châlette surLoing, près de Montargis (45) –, a annoncé la suppression de 4 000 postes, dont un bon quart en France. À la suite de cette annonce globale, des discussions avec les partenaires sociaux et une revue des capacités, unité par unité,
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ont été menées, dont l’issue – encore provisoire – ne s’avère guère favorable pour les sites régionaux. A l’heure où nous écrivons ces lignes, les usines de Châlette et
cluant – jusqu’à nouvel ordre – le recours à des licenciements secs. « Précisément, 255 postes sont occupés par des salariés proches de la retraite qui peuvent effectivement accepter un départ vo-
À CHÂLETTE, LA DIRECTION SEMBLAIT DÉCIDÉE À SUPPRIMER PRÈS DE 200 POSTES ” de Joué-lès-Tours, qui emploient respectivement 1 250 et 520 salariés, paraissaient les plus touchées. Dans le Loiret, la direction semblait décidée à supprimer près de 200 postes via la mise en œuvre d’un plan de départs volontaires, ex-
lontaire, précise un représentant du personnel. La direction a prévu d’en remplacer 58, ce qui donne bien 197 suppressions nettes, mais ce schéma reste bien sûr théorique. » Selon toute vraisemblance, l’atelier des flexibles de l’usine montargoise (204 salariés) sera la principale victime de cette purge : sa fermeture est programmée pour 2021. Pour autant, les représentants du personnel ne sont pas disposés à signer un chèque en blanc à la direction. Le délégué syndical Unsa de Châlette-sur-Loing a d’ores et déjà signifié qu’il ne ratifiera pas cet accord et exhorte les autres centrales syndicales à le rejoindre :
« Ces suppressions de postes nous paraissent tout à fait précipitées. La direction évoque elle-même la possibilité d’un retour à la normale d’ici deux à trois ans, sans pour autant solliciter les mesures de chômage partiel. Ce n’est pas acceptable. » L’usine jocondienne, qui fabrique notamment des courroies de transmission et des flexibles, va également payer un lourd tribut à cette réorganisation. Elle va perdre 97 postes dans le cadre d’un programme qui emprunterait également la voie des départs volontaires. Selon le dernier comptage, ces coupes sombres concerneraient 52 postes d’opérateurs, 33 d’employés, techniciens et agents de
maîtrise, et 12 postes de cadres. L’annonce a d’autant plus refroidi les salariés qu’elle intervient près d’un an après le démantèlement d’une ligne de fabrication, délocalisée vers la République tchèque. « La crise sanitaire a d’ailleurs bon dos dans cette affaire, indique le coordinateur CFDT. On voit bien que ces réductions d’effectif parachèvent un projet de réorganisation industrielle qui vient de plus loin. Ce n’est pas correct de la part de la direction », poursuit le syndicaliste qui prévient que la centrale et l’ensemble des autres organisations syndicales ne valideront qu’un strict plan de départs volontaires et « aucun départ sous contrainte ne sera accepté ». Les deux autres sites régionaux
du groupe, placés cette fois sous la bannière de Paulstra à Châteaudun (28) et à Vierzon (18), sont également exposés à un risque de dégraissage, compte tenu de leur spécialité industrielle (fabrication de pièces antivibratoires et acoustiques pour l’industrie automobile). Au moment de notre bouclage, des discussions concernant ces sites, qui emploient respectivement 580 et 200 salariés, étaient toujours en cours. On vient toutefois d’apprendre que l’usine angevine de Paulstra allait être durement impactée avec la suppression de 86 de ses 700 emplois. La CGT s’est immédiatement opposée à cette mesure en déposant un préavis de grève. Jean-Christophe Savattier
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ABC TRANSFER MISE SUR LA PHARMA Fondé par d’anciens cadres de Getinge-La Calhène, le tourangeau ABC Transfer lance une gamme de produits de transfert industriel permettant d’éviter les contaminations. Les industriels de la pharma ont participé à la conception.
Thierry Girard et Jean-Louis Schneider, fondateurs d’ABC Transfer.
BC Transfer, fondée l’an passé par deux anciens cadres dirigeants de l’entreprise vendômoise Getinge-La Calhène, l’un des pionniers des systèmes de transfert industriel et des solutions de confinement pour l’industrie nucléaire, emboîte le pas de son illustre aîné avec un modèle économique différent. La startup ne proposera que des pièces très innovantes comme des connecteurs et des équipements à usage unique et a décidé « de viser exclusivement les marchés de l’industrie pharmaceutique et, de façon plus générale, le marché du transfert industriel de pro-
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duits stériles en partant d’une page blanche », nous indique Thierry Girard, le président fondateur. Afin de coller aux besoins de ses clients, les équipes d’ABC Transfert – qui jouent aujourd’hui des coudes dans les locaux étriqués de la pépinière d’entreprises tourangelle du Sanitas – ont, à chaque étape du développement, entretenu le dialogue avec les potentiels donneurs d’ordre du secteur pharmaceutique. « Cela nous a permis de relever une cinquantaine de points d’amélioration », poursuit Thierry Girard. Ces améliorations, qui ont justifié le dépôt d’une douzaine de bre-
vets « portent sur des détails très concrets, note le directeur technique Jean-Louis Schneider. Nous avons, par exemple, revisité le joint des portes dit à lèvre dont la conception remontait aux années soixante. Nous avons aussi revu la forme des pièces pour faciliter le nettoyage ». Ce travail de remise à plat a porté ses fruits : ABC Transfer sera en capacité de commercialiser une première gamme de portes alpha inox d’ici à la fin de l’année « avec une économie de matière de 30 % ». Une seconde gamme d’équipements à usage unique, très utiles dans le combat contre les contaminations croisées, suivra en 2022. Une levée de fonds de série A complètera les 3 M€ reçus en amorçage de l’investisseur régional Go Capital : « Ces apports vont nous permettre de financer la construction d’une usine dotée de salles blanches. Nous avons l’intention d’internaliser nos fabrications, mais pas avant 2025 ». A cette échéance, ABC Transfer sera passé, si tout va bien, de 7 à 30, voire 40 salariés hautement qualifiés. JCS
ENEN BREF BREF
CHEMINEAU ÉTOFFE SES CAPACITÉS À VOUVRAY e façonnier pharmaceutique Chemineau (68 M€ de CA, 330 salariés) renforce ses capacités de Vouvray (37). Le laboratoire, filiale du groupe Anjac Health & Beauty, a engagé au printemps la production des lots commerciaux d’une nouvelle ligne de sprays nasaux emplis d’une solution à base d’eau de mer. Cet équipement d’encapsulage, fondé presque entièrement sur le revamping d’anciennes machines, aura requis un investissement de 2,5 M€, dont une part liée au déploiement de la sérialisation. Dotée d’une capacité de 100 coups par minute, la ligne permettra de porter le nombre d’unités produites par
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l’usine vouvrillonne de 64 à 74 millions. Hubert de Pontbriand, le président de Chemineau, nous a également confié que le groupe réceptionnera d’ici à la fin de l’année une ligne supplémentaire permettant de conditionner de plus petits formats (20/30 ml), l’équipement principal étant dédié au conditionnement des sprays de 50 à 200 ml : l’investissement pour cette seconde ligne sera de 700 000 €. Selon le dirigeant de l’entreprise, cette solution d’hygiène intranasale basée sur de l’eau de mer devrait faire l’objet d’un deal avec un partenaire mondial qui pourrait être signé au premier trimestre 2021. La crise
sanitaire provoquée par la Covid-19 a, en effet, provoqué une augmentation sensible des pratiques d’hygiène intranasale.
AMI INGRÉDIENTS SUR LE NODE PARK DE TAUXIGNY
Le distributeur d’ingrédients pour les industriels de la cosmétique et de l’agroalimentaire Ami Ingrédients vient d’acquérir une parcelle de 3 ha sur le Node Park de Tauxigny, au sud de Tours, pour y construire une unité de 10 000 m2. Les travaux devraient débuter cet automne
pour se terminer un an plus tard. « Notre filiale Technopack, qui conditionne des produits alimentaires, était jusqu’à présent établie sur deux sites, un site mitoyen d’Ami Ingrédients (déjà installé sur le Node Park, NDLR) et un second à Montbazon, explique Jean-Marc Venin, président de ce groupe dont le CA a approché 40 M€ en 2019. Nous allons quitter le site de Montbazon pour que toutes les équipes soient au Node Park, cela représente une centaine de salariés. Le bâtiment actuellement occupé par Ami Ingrédients recevra les équipes de Technopack et nous construisons un bâtiment de 10 000 m2. »
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« NOUS DEVONS ACCOMPAGNER LE REBOND ÉCONOMIQUE » Lettre Valloire : La crise sanitaire a durement frappé les entreprises tourangelles ? Comment la CCI Touraine prépare-t-elle la sortie de crise ? Philippe Roussy : C’est un fait, certains secteurs comme le tourisme, @ Karine Faby l’hôtellerie-restauration ou l’événementiel, ont Philippe Roussy, pris la crise de plein président de la CCI Touraine fouet. D’autres ont subi un ralentissement plus ou moins prononcé, les sous-traitants dans le domaine aéronautique connaissant même un arrêt net des commandes de leurs donneurs d’ordre : le choc est rude ! Les mesures nationales comme le chômage partiel, les prêts garantis par l’État ou les suspensions de paiement de charges ont permis d’amortir le choc, mais les difficultés sont devant nous. La reprise se prépare et elle n’est pas acquise. Les scénarios de reprise doivent amener les entrepreneurs à revisiter leur modèle économique, ce qui peut procurer de nouvelles opportunités de business. Je cite souvent cet exemple de restaurateurs qui ont investi dans la livraison à domicile et le click and collect. Les consulaires ne pouvaient pas rester en retrait. Avec le dispositif CCI Jump, commun à toutes les CCI de la région Centre-Val de Loire, notre réseau peut apporter des conseils ciblés et personnalisés. Lettre Valloire : Quels seront les sujets prioritaires ? Philippe Roussy : Selon les premières remontées du terrain, nous allons sans doute devoir concentrer nos efforts sur les
aspects planification et gestion de trésorerie. C’est bien sûr le nerf de la guerre. Certains chefs d’entreprise doivent rehausser leur niveau de vigilance et d’expertise sur ces questions. Nous avons aussi détecté plusieurs sujets dans le domaine des ressources humaines. Le contexte sanitaire pose d’importants problèmes de mobilisation des équipes et d’organisation du travail. Les entreprises ont découvert et utilisé le télétravail pendant le confinement, mais il s’agissait davantage d’un travail à distance imposé par les circonstances que d’un « vrai » télétravail, qui ne s’improvise pas. Il y a des règles et des bonnes pratiques qu’il faut s’approprier. Enfin, nous souhaitons participer à la réflexion sur la réorganisation de l’offre et l’apport du digital à la commercialisation. La crise a constitué un accélérateur de la transition numérique dans le commerce. Lettre Valloire : Les actions « traditionnelles » de la CCI seront-elles maintenues ? Philippe Roussy : Bien entendu, il n’est pas question de baisser la garde sur les autres dispositifs. Nous allons ainsi organiser le 18 novembre à l’Espace Malraux une nouvelle édition des Rencontres Touraine Entreprises qui ont connu un grand succès l’an passé avec près de 150 entreprises participantes et 1 500 rendez-vous d’affaires comptabilisés. Il nous paraît très important de maintenir en présentiel cette plateforme d’échanges et confrontation d’expériences. De même, nous ne pouvons qu’encourager les porteurs de projets et les développeurs à participer à notre programme l’Impulseur qui permet de tester de nouveaux concepts et des modèles entrepreuneuriaux. C’est le moment…
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Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier
ENEN BREF BREF
SOFEVAL À LA RELANCE
mplantée depuis 1986 à Valençay (36), l’entreprise dirigée depuis 2015 par Nicolas et Mathieu Ricourt est en plein renouveau alors qu’elle entame la quatrième année d’un plan de continuation validé par le tribunal de
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LA NOUVELLE VIE DE PIER AUGÉ Reprise cet été à la barre du tribunal de commerce par deux jeunes entrepreneurs, le spécialiste des cosmétiques castelroussin change d’ère. Diane de Comte (25 ans) et Charles Dupont (28 ans) veulent combiner respect du passé et projection dans l’avenir pour relancer la marque emblématique Pier Augé. Si les fondamentaux (la fameuse base Dergyl, émulsion de même nature, de même structure et de même composition que la peau, NDLR) et le positionnement haut
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commerce de Châteauroux en septembre 2017. Les deux dirigeants, fils du fondateur, se sont réorientés en misant sur la sous-traitance industrielle, tout en conservant le cœur de l’activité, la construction de chaînes de peinture (thermolaquage). Un département spécialisé dans les pièces de rechange et une activité de services y ont été adjoints. La rentabilité a été retrouvée un an après le lancement du plan de continuation. Aujourd’hui, avec un un CA 2020 attendu au-dessus de 5 M€, en hausse de 10 % par rapport à 2018 (l’entreprise clôture ses comptes au 30 septembre, NDLR),
Sofeval fait état d’un carnet de commandes plein et d’une activité qui n’a jamais cessé malgré la crise sanitaire. L’année aura été marquée par l’acquisition d’une cabine de grenaillage (80 000 €, avec un prêt à taux zéro de 40 000 € de la part du groupement de prévention agréé) et d’une machine de découpe laser Amada (650 000 €, en location sur cinq ans). Outre la sous-traitance, l’activité construction de chaînes de peinture semble également dégagée, Sofeval étant impliquée sur le plus gros investissement de l’année dans ce domaine à Châtellerault.
de gamme sont conservés, le renouvellement de la communication et du marketing vient d’être enclenché : partenariats sportifs, passage du site web à l’e-commerce avant une refonte complète d’ici à un an, rajeunissement de la ligne graphique, présence accrue sur les canaux digitaux pour attirer une clientèle plus jeune. La traditionnelle vente d’usine de fin d’année se fera sous une nouvelle forme, à savoir l’ouverture d’un pop-up store dans le centre-ville de Châteauroux. La gamme a été resserrée sur les soins du visage (démaquillants, purifiants, crèmes anti-âge…) :
7 personnes ont été recrutées, portant l’effectif à 24 salariés.
COMATELEC DÉLOCALISE VERS L’ESPAGNE Le fabricant de luminaires pour l’éclairage urbain Comatelec (groupe Schréder) va supprimer une centaine de postes sur son site de St-Florent-sur-Cher (93 licenciements et 8 propositions de transferts sur le site de Villepinte, en région parisienne) et ne conserver sur place que 27 salariés. Ce n’est pas encore une fermeture de l’usine, comme cela était redouté par les représentants du personnel, mais cette restructuration drastique la prépare. C’est lors d’un comité social et économique extraordinaire qui s’est tenu le 19 juin que Patrick Geerts, directeur des opérations du groupe belge Schréder, la maison-mère de Comatelec, a annoncé que la production des grandes séries de l’usine de St-Florent serait désormais assurée dans l’usine madrilène du groupe.
CLAP DE FIN POUR LA SUCRERIE DE TOURY Octobre : c’est la date qui a été annoncée pour la fermeture définitive de la sucrerie de Toury, propriété du groupe Cristal Union, qui emploie encore 128 salariés et dont dépendent quelque 600 personnes en sous-traitance ou intérim. Les négociations pour une reprise par son concurrent Tereos, qui exploite la sucrerie d’Artenay (45) et qui proposait de sauver une soixantaine d’emplois, ont échoué ; Cristal Union a, en effet, exclu d’autorité cette offre soutenue par le gouvernement ainsi que celle d’un autre de ses concurrents : l’allemand Südzucker. Après la fermeture de la sucrerie, Cristal Union prévoirait de créer une unité de production d’électricité sur le site qui ne créerait aucun emploi.
ORRION CHEMICALS ORGAFORM REPRIS PAR SES CADRES
Christian Siest, le président du chimiste Orrion Chemicals Orgaform (44 salariés pour 13,5 M€ de CA) et son directeur général Christian Touzin viennent de reprendre la majorité du capital de la société basée à Semoy (45), au côté des fonds Ouest Croissance et Crédit Agricole Régions Investissement (via Centre Loire Expansion), ainsi que d’investisseurs privés. C’est à l’occasion de la sortie d’un fonds minoritaire présent au capital depuis 2011 que les dirigeants actionnaires ont souhaité devenir majoritaires, recomposant au passage le tour de table tout en levant une dette senior auprès de leurs partenaires historiques. L’entreprise, issue de la reprise en 2010 de l’usine orléanaise de Dow Chemical, est positionnée sur des marchés de niche (colle pour agrafes, agents de démoulage, revêtement pour verres creux…). Ces dernières semaines, Orrion Chemicals Orgaform (OCO) s’est lancée dans la production de gel hydroalcoolique, doublant son portefeuille clients en trois semaines, et a conclu une nouvelle collaboration avec Dow. Celle‑ci la conduira à aménager à Semoy une unité de recyclage de mousse de polyuréthane issue de matelas usagés : l’investissement devrait permettre de créer une dizaine d’emplois sur le site. Avec ses différents projets, OCO compte doubler son CA d’ici à cinq ans.
RESTRUCTURATION CHEZ MCSA
Dans la droite ligne de la crise de la filière aéronautique, le groupe MCSA, fournisseur de l’industrie aéronautique, a annoncé la suppression de 37 postes sur les 110 que compte son usine de Méreau (MCSA-Sipem). L’autre usine berrichonne du groupe, MCSA Celerc à La Guerche-sur-l’Aubois (82 salariés) devrait également engager une réduction d’effectif sur la base de départs volontaires et de retraites anticipées. MCSA emploie 280 personnes, pour l’essentiel dans le Cher, et affiche un CA de 29,2 M€.
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EN VUE
INDRE-ET-LOIRE Lors du conseil des ministres du 29 juillet, la préfète de la Charente Marie Lajus a été nommée préfète d’Indre-et-Loire ; elle a pris ses fonctions le 24 août où elle a succédé à Corinne Orzechowski. Diplômée de Normale Sup Paris et major de l’école nationale des commissaires à St-Cyr-auMont-d’Or, Marie Lajus a été commissaire à Vitry-sur-Seine dès 1999 puis est passée par la brigade des mineurs de Paris et la lutte contre la cybercriminalité avant d’être conseillère communication auprès du préfet de police de Paris ; elle a également été directrice de la prévention et de la protection à la mairie de Paris en 2009.
RÉGION Au Medef Centre, le tourangeau Claude Paris, à la présidence depuis 2014, a cédé son fauteuil à Nicolas Dumas, président du Medef Cher et gérant d’Euro Environnement Services, une société de Berry-Bouy. Cette TPE, qui publiait en 2018 un CA de 354 000 €, est spécialisée dans la vente de matériel pour le recyclage des déchets (lignes de tri de pneumatiques usagés, criblage de déchets industriels banaux et de cendres, unités de déshydratation de matières humides, etc.).
CHER Évincé quelques mois seulement après son arrivée à la direction générale des services du conseil départemental d’Eure-et-Loir, « mais parti en excellents termes avec le président Térouinard », Franck Lorho a pris le 17 août les mêmes fonctions de dgs au conseil départemental du Cher, présidé par Michel Autissier. Content de rester dans une région « qu’il affectionne beaucoup », Franck Lorho trouvera à Bourges un contexte politique moins compliqué qu’à Chartres, contexte qui, d’ailleurs, n’aurait pas été étranger à son départ.
Jonathan Leyva a pris le 1er juillet la direction générale de Konica Minolta Centre-Loire (KMCL), née en 2019 des fusions du berruyer Dactyl Buro et du nantais OMR. Il succède à Michel Tatin, qui a fait valoir ses droits à la retraite. La société Dactyl-OMR, dont le rapprochement remonte à 2010, avait été cédée au géant japonais du matériel bureautique en janvier 2016 ; Jonathan Leyva est membre du comité exécutif et directeur de la stratégie de Konica Minolta Business Solutions France.
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LOIR-ET-CHER Cédric Sabourdy, vice-président chargé de l’environnement, des mobilités et de la transition écologique à la CdC du Romorantinais et Monestois et conseiller municipal à Romorantin-Lanthenay, a été élu président du Syndicat mixte d’aménagement du bassin de la Sauldre (SMABS) où il succède à Didier Guénin. Le SMABS est le fruit d’une coopération intercommunale entre les CdC du Romorantinais et Monestois, de la Sologne et des Rivières, de la Sologne des Etangs et du Val de Cher Controis.
LOIRET Victime d’un accident vasculaire cérébral fin août et hospitalisé depuis « dans un état critique », Nicolas Bonneau, maire de La Chapelle-St-Mesmin et 7e vice-président de la Métropole d’Orléans, est décédé à l’âge de 53 ans. Il était maire de cette commune de 10 000 habitants depuis 2008 et avait été réélu le 15 mars dernier, dès le 1er tour de scrutin, avec 58,38 % des suffrages exprimés. INDRE-ET-LOIRE Le 12 octobre prochain, Béatrice Brodberger prendra la direction départementale de la Banque de France, en remplacement d’Olivier Bruneau qui prendra sa retraite le 18 septembre ; il était en poste depuis 2013 à Tours, après avoir passé une grande partie de sa carrière dans la prestigieuse institution bancaire. L’intérim sera assuré par Olivier Debien.
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INDRE-ET-LOIRE Frédéric Baudin-Cullière, dgs de Tours Métropole depuis mars 2018 après avoir été celui de la Ville de Tours entre décembre 2014 et février 2018, a été débarqué par son nouveau président, le maire de La Riche Wilfried Schwartz. Pourtant, l’ancien dgs de JeanFrançois Copé à Meaux (20022014) semblait protégé par le maire de St-Cyr-sur-Loire et ancien président de Tours Métropole, Philippe Briand, qui ne manquait jamais de louer ses qualités.
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