MAGAZINE OCTOBRE 2014 - 5 €
ÉCONOMIE DU LOIR-ET-CHER
Le bonheur est dans l’innovation Le pépiniériste obtenteur Pascal Marionnet
« Chambord peut faire encore beaucoup mieux »
Nouveau site lettrevalloire.com consultable Ă tout moment sur smartphones, tablettes et ordinateurs
Point de vue
L’innovation pour rester dans la course nnovez, innovez, il en restera toujours quelque chose ! À ce moment de notre histoire économique, où les entreprises et les organisations sont confrontées à une concurrence sans merci, où les positions les plus solidement établies peuvent être déboulonnées par des initiatives « disruptives » audacieuses, les politiques d’innovation constituent probablement le meilleur remède contre toutes les formes de sclérose létale. Dans le Loir-et-Cher, beaucoup d’acteurs dans les domaines les plus divers ont pris la mesure de cet enjeu. L’innovation est dans le pré : le secteur agricole et les activités de transformation, qui forment l’un des piliers économiques de ce territoire, enchaînent les projets et sont à la pointe – comme en témoignent notre reportage sur le pôle agroalimentaire de Contres et celui consacré au pépiniériste Marionnet –, de ce qui se fait de mieux en la matière. L’innovation est également rentrée à l’atelier : dans le laboratoire pharmaceutique Chiesi, à La
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Chaussée-St-Victor, ou chez l’équipementier automobile Senior Flexonics, à Blois, elle aura permis à deux unités d’entrer dans le gotha de l’excellence industrielle. Qui l’eut cru, l’innovation aura aussi fait son trou dans le service public, notamment dans les transports collectifs ou la sécurité, comme cette application de vidéosurveillance en milieu rural développée pour le groupement de gendarmerie de Blois. La nouvelle tactique du gendarme se veut 2.0... Les stratégies innovantes ne se cantonnent pas à participer à l’amélioration de la stricte performance économique : elles sont également au cœur des politiques sociales qui visent à favoriser le maintien à domicile de nos aînés. Nous vous proposons ce voyage surprenant, au cœur de l’innovation loir-et-chérienne, à rebours de tous les clichés qui pénalisent injustement un territoire foisonnant. Bonne lecture.
avattier Jean−Christophe S
Publi-reportage
Fusions de deux assureurs d’entreprises dans le Loir-et-Cher Pour réunir leurs compétences, renforcer leurs services et accentuer leur développement, les agences AXA de Jean-François Maurice à Blois et de Frédéric Amiot à Montrichard, regroupent leurs activités entreprises. De facto, le nouvel ensemble renforce son statut de leader de l’assurance spécialisée entreprises en région Centre.
L’
agence AXA de Frédéric Amiot s’est fortement développée depuis une dizaine d’années. Depuis Montrichard, elle est devenue la plus importante agence régionale d’assurances spécialisée sur le marché de l’entreprise. Grâce à une organisation originale, elle a développé des expertises uniques impliquant des collaborateurs spécialisés dans chaque secteur d’activité. AXA est particulièrement installée dans le secteur des transports et des professionnels de l’automobile, comme celui de l’industrie et des services.« Notre agence a toujours été à l’avantgarde des techniques de l’innovation, tant en matière de process et de gestion que de qualité des services apportés à nos clients. »
Jean-François Maurice est entré chez AXA il y a sept ans. Il a repris à Blois, rue de la Chaîne, une agence qui s’est spécialisée, à son arrivée, sur le marché de l’entreprise. Il a particulièrement développé trois domaines d’activités : la construction, la mécanique de précision et l’agroalimentaire. Précisons que si le portefeuille entreprises se déplace à Montrichard, l’agence de Blois reste ouverte et attachée à la gestion des assurances des particuliers.
AXA assureur numéro 1 des Entreprises de France Ce rapprochement stratégique est à la veille d’un axe de développement majeur pour les assurances d’entreprises. En effet, à compter du 1er janvier 2016, toutes les entreprises devront avoir mis en place une complémentaire maladie pour tous leurs salariés : « Il nous importe de proposer des solutions adaptées et efficaces pour les chefs d’entreprises. » Les produits spécialisés en complémentaire santé des salariés sont une spécialité d’AXA. À partir du 1er janvier 2015, la nouvelle agence AXA sera prête à relever ce défi.
Une nouvelle solution entreprises : Cyber Secure AXA est la seule assurance à avoir mis en place un système d’assurances complet concernant les cyber-attaques (virus, piratage informatique, vol de données, espionnage industriel...). Le produit repose sur la mise en place de mesures de prévention adaptées à votre niveau de risque avec le partenariat d’experts. En cas de crise, AXA vous accompagne en mettant en place conseils, plateforme téléphonique dédiée à la gestion de crise, informations juridiques et soutien psychologique.
Agence AXA Jean-François Maurice
Frédéric Amiot
88 route de Tours - 41400 Montrichard - 02 54 32 17 85
www.lettrevalloire.com Ce magazine est un hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Edité par MCM Presse SAS au capital de 160 000 € RCS Tours B 450 613 591 Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours Adresse postale : BP 92031 37020 Tours Cedex 1 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com
Sommaire
LOIR-ET-CHER /OCTOBRE 2014
Agroalimentaire 6-7
À Contres, Food Val de Loire veut faire émerger des activités nouvelles autour de l’industrie agroalimentaire. 10
Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) Aurélie Vouteau (assistante).
L’initiative des chambres de métiers et d’agriculture de Loir-et-Cher veut rapprocher le consommateur des villes des produits de la ferme. 15
CPPAP : 0116 I 85872 ISSN : 1246-4333 Dépôt légal : octobre 2014
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16-17 À Romorantin, une stratégie
collective pour capter les marchés de l’aéronautique Les sous-traitants du Romorantinais conduisent une démarche d’intelligence collective pour mieux capter les commandes des donneurs d’ordre de la filière aéronautique. 18
32-35 Les remèdes à la désertification
médicale existent Pour échapper au désert médical rural, l’ARS et les collectivités locales multiplient les initiatives.
Tourisme 36-37 Jean d’Haussonville :
« Chambord peut faire encore beaucoup mieux » Sous la houlette de son dg, le Domaine national de Chambord mène tambour battant une vigoureuse politique de rénovation de son offre. 38-39 Beauval, une success story
made in St-Aignan-sur-Cher Le Zooparc de Beauval, trente ans après sa création, accueille un million de visiteurs en vallée du Cher. 40
Senior Flextronics met le moteur sous pression
20-21 Transports, du nouveau
Grands Témoins 42
sur les routes et les rails
Des caméras pour la tranquillité des campagnes Le groupement de gendarmerie de Blois s’est doté d’une plateforme de vidéoprotection des communes rurales.
Yvan Saumet : « Le Loir-et-Cher doit se doter d’un Fab Lab » Selon Yvan Saumet, la CCI de Loir-etCher doit relancer le projet de création à Blois d’une plateforme industrielle d’innovation sur le modèle du Fab Lab.
Département et agglomération de Blois innovent en matière de transport collectif. 22
FFE, un parc équestre unique en son genre Le site de Lamotte-Beuvron abrite depuis 2007 le siège social de la Fédération française d’équitation et le pôle France Attelage.
Le sous-traitant automobile blésois travaille à une nouvelle génération de systèmes d’injection.
Transport
Franck Vilijn : « L’usine de La Chaussée va passer dans la division supérieure » L’usine blésoise des laboratoires Chiesi va accueillir la fabrication d’un nouveau médicament à l’issue d’un investissement de 23 M€.
Industrie
Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon
MCM presse
Vinomatic met les buveurs au verre Installée à Cheverny, la société Vinomatic a mis au point une machine de distribution automatisée des vins au verre.
Diffusion : Nadine Gomes
Informations légales : Abonnement annuel 2015 : 365 € Abonnement électronique : 465 € Prix de ce numéro : 5 €
du maintien à domicile Le conseil général a mis en œuvre un projet innovant en faveur des quelque 40 000 personnes âgées du département.
producteur au consommateur
Publicité : Au support
Impression : Imprimerie Megatop, Naintré (86)
28-30 Le Loir-et-Cher relève le défi
Quand l’agriculture revient vers le futur
12-13 Baladodrive, direct du
Révision et correction : Florence Augustine
Cyril Chigot : Une DR : 6, 7, 8, 9, 11, 12, 14, 16, 17, 18, 20, 21, 24, 25, 26, 28, 29, 30, 31, 34, 35, 42 Jean-Christophe Savattier : 19, 21, 22 Marionnet : 10 François-Xavier Beuzon : 32, 33 Domaine National de Chambord : 36, 37 ZooParc de Beauval : 38, 39 FFE-PSV : 40 Thierry Bourgoin : 43
Santé
Dans le Loir-et-Cher, certains agriculteurs innovent en retrouvant des habitudes culturales perdues.
Maquette : Régis Beaune
Crédits photographiques :
25-26 Approlys mutualise les achats La centrale d’achats Approlys a pour objectif de mutualiser les commandes des collectivités locales adhérentes.
Marionnet, une aventure familiale vieille d’un siècle Le pépiniériste a su utiliser les techniques de recherche de pointe pour obtenir de nouvelles variétés et même cultiver les dattes… aux Émirats.
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Ont participé à ce numéro : Cyril Chigot (photographe) Jacques Huguenin (rédacteur) Didier Morazin (rédacteur) Émilie Rencien (rédactrice)
Food Val de Loire pour faire naître les aliments de demain
Loir-et-Cher, Loiret et Eure-etLoir unissent leurs moyens Les trois départements ont décidé de mutualiser certains de leurs services afin de générer des économies.
Innover pour rester attractifs En Loir-et-Cher, l’agriculture, les services, l’industrie, la santé et la sphère publique ont réfléchi à leurs process pour les faire évoluer.
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Agglopolys, petit précis d’innovation Le président Christophe Degruelle revient sur cet esprit « start-up » qu’il veut donner à Agglopolys, la communauté d’agglomération de Blois.
La Lettre Valloire - Hors-série octobre 2014 5
Agroalimentaire
Innover pour
6 La Lettre Valloire - Hors-sĂŠrie octobre 2014
rester attractifs On peut innover hors des métropoles et sans posséder sur son territoire des bataillons de chercheurs. En Loir-et-Cher, l’agriculture, les services, l’industrie, la santé et la sphère publique ont réfléchi à leurs process pour les faire évoluer. Les innovations qui en sont issues permettent au département de maintenir un haut niveau d’attractivité.
S
ans innovation point de salut ! Dans nos économies modernes, la simple répétition des processus de productions de biens et de services ne suffit plus à assurer la survie des entreprises. Confrontées à la remise en cause permanente de leurs modèles, ces dernières doivent sans relâche se réinventer afin d’assurer leur pérennité ! Bonne nouvelle, les politiques d’innovation ne sont pas du tout réservées aux mastodontes du CAC 40 et les territoires sans métropoles ne sont pas, pour autant, exclus des grands courants d’innovation. Qui, par ailleurs, ne se cantonnent pas aux secteurs à forte intensité technologique ou à l’industrie. Il est permis d’innover dans son approche des cibles commerciales ou dans ses pratiques de mobilisation de ses équipes ! Le Loir-et-Cher, 22e département industriel français, fournit une belle illustration de la capacité à saisir ces nouvelles opportunités. Comme le souligne Yves Saumet le président de la CCI de Loir-et-Cher – qui a décidé de réorienter ses actions de soutien à l’innovation en direction des services –, des croisements de savoir-faire, par
exemple entre industriels du mobilier de magasins et grands distributeurs, peuvent permettre de mieux comprendre et d’anticiper les besoins de la clientèle. Dans un département riche d’une forte tradition agricole, des acteurs de l’agroalimentaire ont réussi leur mutation. Le pépiniériste Marionnet, à Soings-en-Sologne, collectionne les succès grâce à son laboratoire de culture in vitro, un des premiers en France. La fraise Mara des Bois, c’est Maronniet… entre autres. À Contres, l’agroparc et sa pépinière veulent aider les start-up à devenir les Biscuits Saint-Michel et autres Marco Polo Foods. Le domaine de la santé et les enjeux médico-économiques du maintien des personnes âgées à leur domicile dans les meilleures conditions de santé et de sécurité génèrent également des initiatives chargées d’innovation, comme le dispositif Dom@dom 41 de téléassistance avancée, promu par le conseil général. La domotique constitue d’ailleurs l’un des piliers de cette silver economy : en témoigne ce projet de démonstrateur industriel (Icare) qui va évaluer dans de nombreux foyers loir-et-ché-
riens l’impact de solutions technologiques, organisationnelles et médicosociales innovantes pour le maintien à domicile. La faculté d’adopter un mode de fonctionnement collaboratif, à « s’autoclustériser », est aussi la marque de fabrique des territoires innovants. Une trentaine de sous-traitants de l’aéronautique présents sur le bassin industriel de Romorantin ont décidé de s’allier dans une démarche commune. Objectif : la mise au point d’une méthodologie qui les autorisera à présenter des offres groupées et à monter en gamme aux yeux de leurs donneurs d’ordre. La sphère publique ne se tient pas à l’écart de ce mouvement. Le groupement de gendarmerie de Blois s’est doté d’un système de vidéoprotection des communes rurales qui n’a pas d’équivalent sur le territoire, et qui a réussi à faire baisser le nombre des incivilités dans les zones protégées. C’est une évidence, le Loir-et-Cher est parvenu à se mettre au diapason des politiques d’innovation qui, partout où elles sont pratiquées, parviennent à préserver un haut niveau d’attractivité. La Lettre Valloire - Hors-série octobre 2014 7
Agroalimentaire
Food Val de Loire pour faire À Contres, Food Val de Loire veut faire émerger des activités nouvelles autour de l’industrie agroalimentaire. Une idée originale portée par la CCI et les élus locaux.
A
u fil des ans, l’industrie agroalimentaire a connu un incroyable essor à Contres et dans ses environs immédiats. Des entreprises aux noms connus s’y sont installées et développées : la biscuiterie St-Michel (site Morina Pâtissier), qui produit ses célèbres madeleines dans le Loir-et-Cher, les Conserves du Blaisois, une filiale de la coopérative bretonne Cecab qui conditionne et stocke des légumes en boîte (petits pois, haricots, maïs), les sushis de Marco Polo Food, etc. Aujourd’hui, le bassin controis et ses environs comptent près d’un millier d’emplois dans l’agroalimentaire, une performance pour une commune de 3 500 habitants ! Siégeant à la CCI de Loir-et-Cher mais disposant d’interlocuteurs chez ses quatre partenaires fondateurs (outre la CCI, le conseil général, la chambre d’agriculture et la communauté de communes Val de CherControis), le pôle agroalimentaire Food Val de Loire a l’ambition de générer et de déployer des projets collaboratifs en maillant le tissu d’acteurs locaux, dans le but de faire naître et d’implanter des activités nouvelles… dans le Loir-et-Cher bien sûr, mais aussi dans un département limitrophe. Il s’adresse à tous les professionnels de la filière, producteurs, transformateurs, distributeurs, restaurateurs, équipementiers ou sociétés de services : « C’est votre activité 8 La Lettre Valloire - Hors-série octobre 2014
dans l’agroalimentaire qui vous légitime comme bénéficiaire potentiel du pôle », indique ses initiateurs sur le site food-valdeloire.com. « Notre volonté est d’accompagner les entreprises dans leur développement et de leur apporter des services », confirme Alain Courtois, ancien président de la CCI et initiateur, avec le maire de Contres Jean-Luc Brault, de Food Val de Loire. « L’idée a germé en 2009. Des zones à thème, tournées vers un secteur économique précis, comme l’agroalimentaire, ont beaucoup plus d’atouts pour attirer des activités nouvelles que les traditionnelles zones industrielles. De surcroît, Contres et ses environs possèdent un ancrage géographique idéal », soulignent les deux développeurs,
qui rappellent au passage que « la région Centre est la première région céréalière d’Europe, mais seulement la quinzième en terme de transformation ! Ce fossé doit être comblé et il faut faire preuve d’imagination et de dynamisme pour y parvenir ». L’imagination au pouvoir ? Pourquoi pas ? Les initiateurs de Food Val de Loire sont, en tout cas, décidés à jouer la carte de la créativité et du modernisme pour parvenir à leurs fins : « Nous voulons accompagner ce qui existe mais aussi s’ouvrir à de nouveaux métiers, comme le design alimentaire ou la gastronomie moléculaire, mais aussi contribuer à lancer de nouvelles activités en les aidant durant la phase de maturation industrielle. ».
Le maire de Contres promet des nouveautés sur l’agroparc « Avec l’agroparc, le cluster et l’incubateur qui est en phase de démarrage, deux ou trois jeunes entreprises vont faire leurs premiers essais dans les mois à venir », indique Jean-Luc Brault, maire de Contres et président de la Communauté de communes Val de Cher-Controis. Je ne peux pas donner de noms, il faut rester discret. C’est long à mettre en place. Je peux juste dire que, prochainement, de nouveaux produits vont naître comme des barres de céréales fabriquées à partir d’insectes ! Ce pôle agroalimentaire est une opportunité pour que nous développions l’agriculture. Il est innovant car il s’inscrit dans un projet de territoire et parce que c’est le premier qui existe sur le département du Loir-et-Cher, innovant par notre volonté à tous de réussir et à aider les créateurs d’entreprise. »
naître les aliments de demain Le pôle Food Val de Loire s’est doté d’un agroparc, d’un incubateur d’innovation, d’une cellule de veille, d’un centre de prestation technologique et d’une section tourisme alimentaire. Le cluster rassemble des entreprises dont l’objectif est de mettre en place des stratégies collectives au service d’une compétitivité individuelle. Il compte 59 membres, parmi lesquels des transformateurs, mais aussi des sociétés issues du monde agricole, comme le groupe céréalier Axéréal, mais aussi le maraîcher et désormais transformateur de légumes biologiques « prêts à cuire » Agropaul ou l’exploitation viticole Domaine de Montcy, sans oublier Marionnet. « La cellule de veille, elle, alimente le cluster et l’incubateur concourt à une dynamique d’innovation », souligne Alain Courtois. Notre origina-
lité ? Au lieu de participer à des salons, nous ciblons des profils d’entreprises par cette veille et le contact est direct. Les chefs d’entreprises n’ont pas toujours le temps, les techniques… Ils ont besoin d’un endroit pour diffuser de l’information ». Et puis, le monde agroalimentaire est en pleine mutation avec le besoin exprimé par les jeunes générations de nouveaux comportements de consommation, « sans oublier le tourisme, qui est un secteur connecté à l’alimentation et la qualité de vie, tout comme le bien-être et la santé. Il faut s’emparer de ces sujets, le pôle va nous aider à mobiliser les moyens, complète Pascal Badoux, chargé de mission Prospective et R&D à la CCI. Contres représente un terrain encore vierge. Nous savons que nous avons beaucoup de choses à réaliser mais
Jean-Luc Brault, maire de Contres
des opportunités et des articulations avec d’autres secteurs sont possibles ». Émilie Rencien
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Agroalimentaire
Marionnet, une aventure familiale vieille d’un siècle L’histoire, débutée en 1891, perdure. Le pépiniériste a toujours su utiliser les techniques de recherche de pointe pour obtenir de nouvelles variétés et même cultiver des palmiers dattiers… aux Émirats.
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es fruits rouges et noirs (frai- Pascal Marionnet. Cela ne marche ses, mûres, cassis, groseilles, pas toujours bien sûr ! Nous réalisons 300 hybridations annuelles et myrtilles), des asperges pré8 000 semis par graines. coces… Chez les Marionnet, Nous testons les plantes à Soings-en-Sologne, on avec des sélections réest pépiniériste obtengulières. Au bout teur depuis quatre d’une dizaine d’angénérations. « Nous nées, parfois un peu créons nos propres moins, nous pouvariétés », explique vons découvrir une Pascal Marionnet, fils ou deux variétés inde Jacques, petit-fils téressantes. » d’André, aujourd’hui La Mariguette, de à la tête de la société forme allongée, affiche familiale. « Ce qui a Pascal un goût prononcé, très fait notre succès ? Le laMarionnet sucré ; la Magnum, plus boratoire de culture in vironde et qui s’adresse davantro, l’un des premiers en tage à la grande distribution, préFrance, en 1972, un pionnier. Il n’y sente une bonne a pas beaucoup de privés qui en disposent, en plus d’une pépinière. fermeté et Cela nous a permis d’assainir toutes c o n s e r v ales souches de fraisiers et d’avoir des tion. Deux plants plus sains. Une fraise, la framboises, Mara des Bois, a aussi contribué à aux noms évonotre renommée. C’est la plus quant le luxe et connue, c’est notre produit leader et le charme à la nous en produisons encore 12 mil- française, Paris et Versailles, font égalelions de plants par an. » La patience est également l’une des ment partie des derclés de cette réussite. Depuis l’an nières révélations nées passé, l’entreprise propose ainsi des à Soings : « Les consomfraisiers dont les fruits ont été bapti- mateurs demandent du sés respectivement Mariguette et goût et le distributeur, une bonne Magnum. Ces petites sœurs de la dés- conservation. Deux qualités diformais célèbre Mara des Bois ont vu ficiles à réunir. Mais la recherche le jour après une décennie d’efforts ! du goût, c’est notre marque de fa« Nous disposons d’un centre d’hy- brique. Et notre plaisir est de probridation, un champ avec des pa- poser quelque chose de meilleur et trimoines génétiques différents. Le qui n’existait pas avant. ». but est de croiser les variétés entre L’autre grande originalité de la SARL elles, en espérant que les caracté- Marionnet réside sans doute dans le ristiques des unes et des autres se re- fait de partager son activité entre la trouvent dans un seul fruit, précise Sologne et Abu Dhabi, dans les Émi-
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rats. Franck, le frère aîné de Pascal, gère sur place la culture de palmiers dattiers in vitro. « Nous avons commencé il y a quinze ans avec le CNRS d’Angers. En Afrique du Nord, le bayoud (une maladie végétale causée par un champignon parasite, NDLR) décimait les plantations et s’étendait. Il fallait donc réintroduire des plants sains pour stopper le phénomène de multiplication. » Les embryons sont produits en France, avant d’être expédiés vers l’émirat dans des bocaux stériles. Cent cinquante mille plantes sont obtenues chaque année avec le marqueur ISSR, permettant une authentification variétale. « Nous travaillons avec les pays du Golfe, la SAO, la Croix-Rouge qui achète pour la Somalie, etc. Le marché est très important dans tous les pays arabes car les dattes constituent la base de l’alimentation. Nous envisageons donc de tripler la surface de notre laboratoire et nous réfléchissons déjà à un “palmier bis”. » En attendant, l’entreprise a développé de nouv e a u x plants élevés en godets, prêts à planter et produits pour une partie au Maroc. L’histoire continue… http://www.marionnet.com/ Émilie Rencien
Quand l’agriculture
revient vers le futur Dans le Loir-et-Cher, certains agriculteurs innovent en retrouvant des habitudes culturales perdues. C’est le cas de Pierre Roger, cultivateur à Conan, qui allonge ses rotations pour se passer de pesticides et utilise des oiseaux de proie pour protéger ses champs des rongeurs.
E
n agriculture, l’innovation n’est pas toujours à mettre au crédit des nouvelles technologies. Pierre Roger, exploitant à Conan, commune beauceronne au nord de Blois, utilise tous les atouts de la biodiversité et des pratiques ancestrales pour réduire sa consommation de produits phytosanitaires et chasser de ses champs les rongeurs tant redoutés de ceux qui cultivent la terre. Comment recourir de manière plus raisonnée aux herbicides et autres pesticides ? Pierre Roger a trouvé la solution en allongeant la rotation triennale traditionnelle par une rotation quinquennale qui voit se succéder blé tendre, orge d’hiver, colza, blé dur et pois d’hiver. Entre deux récoltes, il sème du sarrasin et du millet au mois de juillet. Ce principe lui a permis de réduire son « indice de fréquence de traitement » de 5 (taux normal) à 3,75. Constamment cultivées, ses terres limitent la prolifération des mauvaises herbes et le développement des insectes et des champignons. L’agriculteur beauceron
ne manque pas d’idées. Sur une autre parcelle, il cultive le colza en attendant la maturité du verger de noyers récemment plantés. Dans ce champ expérimental, il a planté, au milieu du colza, des légumineuses comme les féveroles qui ont la particularité, outre de geler l’hiver, de libérer de l’azote favorisant la culture du colza pendant la belle saison. Parce que mulots et campagnols sont les pires ennemis du semis direct, Pierre Roger prévoit d’installer le long de ses champs des nichoirs pour chouettes chevêches ou effraies (ci-contre). Afin d’attirer ces oiseaux prédateurs qui protégeront ses cultures des rongeurs, il a mis au point des nids constitués d’une demi-barrique de 220 litres, juchés sur des poteaux de 3 à 4 m orientés au nord, à l’abri des pluies et des vents dominants, et percés de deux entrées de 15 cm de diamètre. Pierre Roger est donc un agriculteur convaincu que l’on peut produire autrement. Il participe à ce titre au
groupe TCI (Techniques de cultures innovantes) et a intégré le réseau Grandes Cultures Beauce Dephy qui a pour objectif de partager des expériences sur la diminution du recours aux produits phytosanitaires. Il est à ce titre l’un des pionniers d’un nouveau concept : l’agriculture de conservation, qui repose sur une combinaison de trois principes fondamentaux : limiter le travail au sol, la couverture permanente et l’allongement de la rotation. Sans doute l’agriculteur de demain... Didier Morazin
La Lettre Valloire - Hors-série octobre 2014 11
Agroalimentaire
Baladodrive, direct du produc À l’heure des circuits courts, l’initiative des chambres de métiers et d’agriculture de Loir-et-Cher veut rapprocher le consommateur des villes des produits de la ferme.
Sylvie Ragot, de la ferme de la Cabinette à Onzain, voit dans ce système un débouché supplémentaire pour tous les producteurs participants.
es amateurs de produits fermiers frais de la région blésoise peuvent désormais commander sur le site baladodrive.fr en début de semaine, et venir retirer leur panier de victuailles le vendredi, comme dans un drive d’hypermarché.
L
Baladodrive. « Nous étions 8 producteurs et 8 artisans au début, raconte l’agriculteur blésois. Moi je ne travaillais qu’en vente directe ; mon but c’était de faire venir la campagne à la ville, d’offrir aux citadins l’occasion de retrouver des bons produits de
L’initiative est à mettre au crédit de deux établissements consulaires, la chambre de métiers et de l’artisanat et celle d’agriculture : de leur rapprochement est née une association, AgriArti 41, co-présidée par les deux présidents : Pierre Maino et Philippe Noyau. L’association fournit les locaux, la logistique, le personnel, assure la communication du dispositif, mais laisse les fournisseurs adhérents, en contrepartie d’une redevance modeste, libres de leur politique de prix et d’approvisionnement. Franck Bridier, de la ferme Huaume à St-Lubin-en-Vergonnois, producteur de fromage de chèvre, a fait partie du premier groupe de travail à l’origine du
la campagne. » Aujourd’hui, ils sont deux fois plus qu’au départ, soit 24 agri-
12 La Lettre Valloire - Hors-série octobre 2014
culteurs et 10 artisans, qui proposent un bon millier de produits fermiers et artisanaux, mis en vente sur le site Internet dédié www.baladodrive.fr Dans ce magasin virtuel, on trouve de quoi alimenter toute la maisonnée, des fruits et légumes frais (asperges, navets, laitues, concombres, fraises, pommes...), des colis de viandes et de volailles, de la charcuterie, des fromages, du beurre, de la crème et des œufs, mais aussi des huiles et condiments, du miel et des produits de la ruche, confitures et gelées, jus de fruits, vins et apéritifs, etc. Vendredi 16 mai 2014, date de la première vente directe, une centaine de personnes ont défilé dans cette annexe de la chambre des métiers dédiée à la formation, au 13 rue Robert Nau. Une campagne de communication et le bouche-àoreille ont suffi à attirer les premiers chalands. Les éloges ne tarissent pas. Les clients sont ravis : « Je suis venu sur les conseils d’une de mes collègues dont la sœur travaille à la chambre d’agriculture, explique l’une d’elles. Pour moi, faire travailler des gens en local, c’est sympa. J’étais
Un système bien organisé Le principe de fonctionnement de Baladodrive est identique à celui d'un drive d'hypermarché : du lundi au mercredi, la clientèle passe commande sur Internet et paie en ligne. Le vendredi matin, les produits frais sont livrés au dépôt et les commandes préparées. Les clients passent les chercher le même jour, à partir de 12 h et jusqu'à 20 h. Pour que ce circuit bien rôdé fonctionne, deux personnes ont été détachées pour animer le dispositif : Marie-Hélène Manchion, de la chambre de métiers et de l'artisanat, et Adèle Bizieux, de la chambre d'agriculture. Selon un système de rotation, trois ou quatre fournisseurs sont à chaque fois présents au dépôt pour orienter et accueillir la clientèle.
teur au consommateur cliente d’une Amap (association pour le maintien d’une agriculture paysanne, NDLR) aux Montils, mais c’était trop loin de chez moi. Je travaille à côté. Donc ici c’est parfait. D’autant que c’est à deux pas du drive de Leclerc où je vais chercher conserves et surgelés. ». Sylvie Ragot, de la ferme de la Cabinette à Onzain, qui travaille déjà avec les circuits de distribution locaux comme Leclerc, voit dans ce système un débouché supplémentaire pour tous les producteurs participants. C’est le cas également de Serge Bouton, boulanger bio au Fournil SaintHonoré de Blois : « Pour moi, c’est une fantastique opportunité d’élargir ma zone de chalandise, au-delà de ma boutique et des marchés bio de la région où l’on rencontre toujours les mêmes personnes. ». Enfin, pour
Élisabeth Busso, épouse du charcutier du village beauceron de La ChapelleSaint-Martin-en-Plaine : « Notre but n’est pas de créer une guerre des tarifs, mais que chacun sache ce qu’il mange : la traçabilité c’est nous ! Et la possibilité de venir voir comment chacun travaille. ». D’ailleurs, les tarifs sont sensiblement les mêmes qu'à la boutique. Le producteur abandonne 15 % de son chiffre d’affaires, plus un droit d’entrée de 200 € et une cotisation annuelle de 100 €, pour les frais de fonctionnement de Baladodrive. C’est à lui de répercuter, ou non, cette nouvelle charge sur ses marges. Ce débouché n’est pas vécu comme une concurrence de l’existant, mais plutôt comme le complément d’autres canaux de distribution de produits de proximité. Ce circuit court entre producteurs et consommateurs n’est
d’ailleurs pas le seul de ce type en Loiret-Cher. Aux fameuses Amap, déjà citées, on peut ajouter des associations à vocation nationale comme « La Ruche qui dit Oui » (519 ruches ouvertes et près de 200 en construction) dont la raison d’être est un défi à la malbouffe : «Manger mieux, manger juste ». Sur les 400 contacts engrangés sur Internet, un peu plus d’une centaine ont contractualisé des achats. La zone de retrait, au cœur d’une zone industrielle, est présentée par les acteurs du projet comme un lieu stratégique, mais les membres de l’association Agri-Arti 41 réfléchissent déjà à de prochaines implantations dans le département : à Vendôme et à Lamotte-Beuvron avant la fin de l’année, à Romorantin début 2015. Didier Morazin
La Lettre Valloire - Hors-série octobre 2014 13
Agroalimentaire
Vinomatic met les buveurs au verre Installée à Cheverny, la société Vinomatic fondée par Bernard Doyen et Serge Simon, a mis au point une machine de distribution automatisée des vins au verre. Elle permet au cru, une fois débouché, de conserver toutes ses qualités organoleptiques pendant plusieurs semaines.
«Q
u’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse », n’est pas la maxime préférée de Bernard Doyen et de Serge Simon, les deux cofondateurs – à la soixantaine bien frappée – de Vinomatic. Parce que justement, cette jeune société installée à Cheverny a fondé son développement sur le strict concept de la dégustation du vin au verre ! « Dans beaucoup d’endroits où l’on propose de boire du vin au verre, que ce soit chez le producteur, le caviste ou dans les bars à vins, les professionnels se heurtent au problème de la conservation et à la perte des
qualités organoleptiques, une fois la bouteille débouchée ! », explique Serge Simon. Les deux associés – le premier est passionné de technologies liées à 14 La Lettre Valloire - Hors-série octobre 2014
l’automatisme et de vins, le second était viticulteur et propriétaire du domaine viticole de Montcy, à Cheverny – s’étaient croisés lors de la mise en œuvre d’un concept innovant de distribution automatique d’une centaine de crus à la Maison des Vins de Cheverny. « Nous avons voulu prolonger cette expérience réussie et cette aventure humaine en créant Vinomatic et en nous positionnant sur la commercialisation d’un produit modulaire haut de gamme exclusivement destiné aux professionnels », poursuit l’ancien vigneron. La machine, fondée sur l’utilisation de gaz inerte neutre (argon ou azote), est susceptible de conserver les qualités organoleptiques d’un vin pendant plusieurs semaines… au lieu de deux à trois jours sans l’utilisation de cet équipement… « qui, de plus, est piloté par un logiciel spécifique exploité sur une tablette informatique du français Archos ». Une interface numérique susceptible de « fournir du contenu éditorial à l’utilisateur et au client final, notamment des conseils de dégustation et d’accords vins-mets, des informations sur les domaines et sur les crus ». Si le distributeur de Vinomatic ne constitue pas une première mondiale – d’autres machines automatisées de distribution au verre existent déjà sur le marché –, « il pour-
rait s’imposer sur le segment du haut de gamme grâce à sa modularité et à la possibilité d’exploiter plusieurs bouteilles en ligne, jusqu’à 12 vins différents ». Et aussi probablement grâce à la qualité de son design conçu par le designer Arno Dupré – natif de Vineuil – qui lui a d’ailleurs valu d’être primé par l’Observateur du design en 2014. « Nous sommes très satisfaits des premiers contacts commerciaux », avance Serge Simon qui multiplie les devis : « Nous avons en effet de bonnes touches avec des coopératives viticoles, des cavistes. En Californie, Vinomatic pourrait décrocher un contrat pour l’exploitation automatisée d’une centaine de bouteilles », se félicite le dirigeant dont les devis aujourd’hui à l’étude portent sur plusieurs dizaines de machines qui seront commercialisées au prix unitaire de 5 400 €. « En première année d’exploitation commerciale, nous tablons sur un CA de plus de 400 000 € », estime Serge Simon qui, à l’heure où nous écrivons ces lignes, envisageait de se doter d’un responsable commercial. À terme, Vinomatic, qui confie aujourd’hui la fabrication de ses distributeurs au sous-traitant tourangeau Cetil, installé à Montbazon (37), devra sans doute se doter de ses propres capacités industrielles. Mais pour l’heure, pas question de quitter le siège de la société située – cela ne s’invente pas ! – chemin de la Soulardière à Cheverny ! Jean-Christophe Savattier
RECRUTEMENT & APPROCHE DIRECTE - CONSEIL & FORMATION - EMPLOI & MOBILITÉ
3 départements pour optimiser
votre Stratégie de Résultat L’approche directe : un “ terrain de chasse ” souvent méconnu pour détecter les potentiels et attirer les talents dans notre région ! Réservé à l’origine aux profils à haut potentiel, le recrutement par approche directe, souvent appelé « chasse de têtes », s’étend désormais aux postes de middle management ou de techniciens. Il contribue aussi à attirer des talents sur un territoire. Lettre Valloire : Dans quels cas utilisez-vous l’approche directe ? DENIS BAUDUIN : Lorsque l’entreprise ne souhaite pas communiquer sur son projet de recrutement, par exemple pour ne pas générer de frustrations chez ses collaborateurs ou pour ne pas informer la concurrence. Ensuite pour privilégier l’efficacité en allant directement au devant de candidats aux compétences rares et qui seront rapidement opérationnels … Lettre Valloire : Pour quels profils utilisez-vous cette méthode ? DENIS BAUDUIN : L’approche directe est à l’origine la « chasse gardée » des recrutements top management. Elle nous permet, non plus de pourvoir simplement un poste, mais d’identifier et de recruter pour le compte de nos clients les « meilleurs » profils du moment. Mais nous recourons de plus en plus à l’approche directe pour des postes qui pouvaient être pourvus par voie classique. La pénurie croissante de certains profils a généralisé la démarche au recrutement « middle management », voire à celui de techniciens et d’agents de maîtrise. S’il convient de faire preuve de plus de pédagogie pour des profils qui n’ont pas l’habitude d’être approchés, les opportunités offertes représentent pour eux une réelle évolution de carrière. Lettre Valloire : Votre implantation régionale, avec des agences à Paris et à Bordeaux, vous permet-elle de rivaliser avec les grands cabinets nationaux ? SOPHIE BOIRON : La quantité et la qualité de nos recrutements nous confortent dans l’idée que nous n’avons pas à faire de complexe par rapport aux grands cabinets nationaux. Rompus à toutes les techniques de recherche et d’évaluation, nos consultants et chargées de recherches disposent de toutes les ressources permettant d’aller au devant de candidats aux compétences pointues, rares et recherchées sur le marché. De plus, nous entretenons notre candidathèque de plus de
Denis Bauduin Consultant
85 000 profils, dont un grand nombre sont originaires de notre région et souhaitent y revenir. C’est l’une de nos forces. Lettre Valloire : Est-il facile de faire venir les talents dans notre région ? SOPHIE BOIRON : Trop souvent, les entreprises qui rencontrent des difficultés de recrutement incriminent le manque d’attractivité du territoire. C’est souvent un faux problème. S’il est moins facile de proposer aux candidats de s’installer en région Centre que dans une grande métropole ou en bord de mer, nous constatons tous les jours que les entreprises ne parviennent pas à faire ressortir les éléments d‘attractivité de leur projet de recrutement. C’est là où nous avons un rôle de facilitateur important, d’abord avec l’aide de nos outils de marketing social et ensuite en étant vigilants à l’équilibre entre les projets professionnels et personnels du candidat. Nous allons jusqu’à réfléchir avec notre client au projet du conjoint et nous proposons des services de re-location et d’accompagnement. Lettre Valloire : Vous êtes donc des ambassadeurs du territoire régional ? DENIS BAUDUIN : L’attractivité du territoire est l’une de nos principales préoccupations pour réussir dans notre mission. Une fois identifiée une candidature potentielle, il nous appartient de fiabiliser le recrutement en validant, au-delà des compétences et du savoir-être, l’adéquation du projet de vie du candidat avec les spécificités de notre territoire. Et sur ce registre, ne sommes-nous pas les mieux placés, en tant que cabinet conseil RH implanté depuis 25 ans en région Centre, pour en connaître les atouts et en vanter les mérites auprès des talents et potentiels ? C’est sans doute pour cela que nos clients et nos candidats nous font confiance Sophie Boiron depuis tant d’années. Chargée de recherche
Bureaux PARIS 01 45 39 14 66
Bureaux TOURS 02 47 48 04 00
Bureaux ORLÉANS 02 38 54 10 52
Bureaux BLOIS 02 54 58 95 41
Bureaux POITIERS 05 49 49 42 95
Bureaux CHÂTEAUROUX 02 54 61 23 73
Bureaux CHARTRES 02 37 35 82 42
Bureaux BORDEAUX 05 56 34 74 01
Bureaux BOURGES 02 48 21 28 25 LaBureaux NIORT
05 49 24 84 54
Industrie
À Romorantin, une stratégie pour capter les Les sous-traitants du Romorantinais conduisent une démarche d’intelligence collective pour mieux capter les commandes des donneurs d’ordre de la filière aéronautique. La méthode pourrait être étendue à l’échelle régionale à l’horizon 2020.
La démarche collective romorantinaise pourrait attirer des entreprises toulousaine ou francilienne du secteur aéronautique.
A
utour de Romorantin, une trentaine de sous-traitants des secteurs de la mécanique, de l’électronique ou du traitement des métaux, employant au total près de 1200 collaborateurs, ont déployé des expertises pointues qu’ils mettaient traditionnellement au service des industries de défense, de l’automobile et aussi, dans une moindre mesure, de la filière aéronautique civile. Mais le recul des budgets de défense – il suffit de se référer à la dernière loi de programmation militaire (LPM) pour prendre la mesure du phénomène… –, cumulé à la chute des commandes dans l’automobile, a contraint ces fournisseurs de deuxième et troisième rangs à procéder à un vigoureux aggiornamento. « Auparavant, les sous-traitants réalisaient d’importants volumes sur les marchés de l’automobile et, dans le même temps, des marges plus importantes sur les segments de niche de la dé-
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fense. Ce modèle mixte n’a pas survécu à la crise et à l’évolution des marchés », observe avec acuité Michel Lombard, directeur du site MBDA de Selles-St-Denis et président du GEAR (Groupement des entreprises de l’arrondissement de Romorantin). Il leur fallait donc impérativement réagir. « L’idée, c’est de pouvoir reconstituer un plan de charge en visant spécifiquement les marchés plus dynamiques de la sous-traitance aéronautique », poursuit Michel Lombard qui a initié, aux côtés des entreprises concernées – qui, pour nombre d’entre elles travaillaient déjà pour MBDA –, un pôle aéro-défense au sein même du GEAR. Ce dernier porte désormais les ambitions communes des sous-traitants et leurs tentatives de diversification vers le graal aéronautique. « Une telle réorientation n’est pas évidente à exécuter. La filière régionale, et a fortiori dans le Loir-et-Cher, recèle de très belles pépites et peut s’enorgueillir
de posséder des savoir-faire industriels d’excellence, mais elle n’a pas la même aura auprès des donneurs d’ordre de l’aéronautique que la région toulousaine. Par ailleurs, il n’est pas toujours aisé de migrer d’un modèle industriel qui privilégie les grandes séries vers la sous-traitance aéronautique très spécifique sur le plan de la qualité, des homologations et des cadences », estime Jean-Michel Sanchez, patron de la PMI berrichonne Mecabess et président d’Aérocentre, le pôle d’excellence régional qui rassemble 64 fournisseurs et plusieurs grands donneurs d’ordre. Le coup de génie des industriels de Romorantin a sans doute été de s’associer pour adopter une démarche collective. Dans un premier temps, le mini-cluster loir-et-chérien, qui compte parmi ses membres des sociétés aussi éminentes qu’Emka Électronique à Pruniers-enSologne, Mécanique de Sologne à Romorantin ou Nefab à Salbris, s’est livré à un exercice d’introspection. « Nous avons cartographié les compétences et les savoir-faire, indique le dirigeant de MBDA, ce qui constituait un prérequis à la réalisation de notre premier objectif : le gain de premiers contrats via la mise en relation individuelle de nos adhérents avec des sous-traitants et des équipementiers de rang 1 ou 2 du secteur de l’aéronautique. » Le second objectif qui guide l’action de ces entreprises du sud du Loir-et-Cher est plus ambitieux : « Nous voulons mettre au point une méthode qui nous permettra de présenter des offres groupées. Il s’agit d’une approche dynamique, en réseau, qui ne doit pas susciter des coûts de structure au risque de perdre de la compétitivité prix », explique Michel
collective
marchés de l’aéronautique Lombard qui juge que cette « approche, particulièrement innovante, peut amener ces sous-traitants à se positionner collectivement en tant que prestataire de rang 1 ou 2 ». Et ainsi remonter opportunément dans la chaîne de valeur. Sans que cet exemple corresponde à une réalité encore tangible, l’on pourrait ainsi idéalement imaginer qu’Emka pour l’électronique, les Ateliers Mécaniques de Selles-sur-Cher ou Mécanique de Sologne pour la partie usinage et Nefab pour le conditionnement s’associent techniquement et commercialement dans la conception d’un sous-ensemble aéronautique. «C’est une démarche qui convient très bien à l’écosystème industriel de Romorantin, dont les métiers et les compétences sont diversifiés. À l’instar d’ailleurs de
l’ensemble du département de Loiret-Cher où les spécialités ne sont pas marquées, sauf la filière optronique constituée autour de Thalès à Vendôme », juge Jean-Michel Sanchez. « Nous pourrons d’ailleurs, par la suite, décliner cette méthodologie au niveau du Loir-et-Cher puis, pourquoi pas, à l’échelle de la région Centre », suggère Michel Lombard. Elle pourrait même devenir dès 2020 l’un des leviers les plus efficaces d’Aérocentre. « À condition d’améliorer le recrutement de certaines filières BTS locales, notamment dans le domaine du génie électrique et électronique, de la mécanique et de la mesure physique. Elles ne suffisent plus à répondre à nos besoins de remplacements des départs naturels », ajoute le directeur de l’unité
Michel Lombard (MBDA Selles-St-Denis) veut mettre au point une méthode pour présenter des offres groupées aux donneurs d'ordre.
solognote de MBDA qui a des ambitions pour son territoire : « Cette expérience originale d’intelligence collective devrait même nous aider à attirer sur notre bassin d’emploi des entreprises du secteur aéronautique en provenance des régions toulousaine ou francilienne. » Jean-Christophe Savattier
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Industrie
Senior Flexonics
met le moteur sous pression
Le sous-traitant automobile blésois Senior Flexonics travaille à une nouvelle génération de systèmes d’injection à 3 000 bars de pression pour moteurs diesel et à la mise au point de pompes à haute pression de type « common rail » pour les moteurs à essence. L’innovation est un credo pour cette entreprise de 200 salariés qui compte 24 ingénieurs.
L
e Loir-et-Cher et la ville de Blois sont très liés à l’industrie automobile. Cette particularité est historique. La société Ermeto, implantée à Blois depuis 1967, est entrée dans le giron du groupe britannique Senior en 1995. Coté à la Bourse de Londres, Senior est présent dans 13 pays et compte 6 600 salariés répartis dans deux branches distinctes : la sous-traitance aéronautique, domaine de Senior Aerospace, et la sous-traitance automobile qui est celui de Senior Flexonics. Les deux activités cohabitent dans l’agglomération de Blois. Senior Aerospace Ermeto est installé sur la ZA Euro Val de Loire à Fossé et Senior Flexonics boulevard de l'Industrie à Blois : cette dernière unité occupe une place de leader européen dans la fabrication de tubes et flexibles à haute pression pour les systèmes d’injection
Sylvain Cavelier
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et de refroidissement des moteurs diesel. Une activité proche de celle de sa voisine Delphi qui conçoit aussi des pièces et systèmes d’injection pour moteurs diesel. Flexonics fournit d’ailleurs des tubes haute pression à Delphi, mais les deux sociétés sont concurrentes pour la fabrication de pompes common rail. « Nous avons plus de contacts avec des entreprises du groupe Delphi du monde entier qu’avec nos voisins », s’amuse Sylvain Cavelier, directeur du site blésois Flexonics depuis dix ans. Ce site de 200 personnes, dont 24 ingénieurs et un bureau d’études d’une dizaine de personnes, a contribué au développement de nouveaux produits, qui prennent en compte la baisse attendue de la vente de véhicules à moteur diesel au profit des véhicules essence. Ses ingénieurs mettent ainsi au point des pièces pour les pompes à haute pression de type common rail destinées aux moteurs à essence. Le groupe a déjà lancé avec succès un exhaust pressure pipe destiné à ce nouveau marché de l’essence. Pour le diesel, l’avenir repose sur les systèmes d’injection à 3 000 bars de pression, la génération actuelle supportant 2 000 bars. « L’objectif est de gagner en consommation et de réduire encore les émissions de CO2 et de particules », témoigne Sylvain Cavelier. Senior Flexonics travaille à une combustion totale du carburant qui sup-
primerait les émissions de particules résultant d’une combustion partielle. Pour tourner le dos à la crise, il faut diversifier ses marchés. En plus de ses clients traditionnels, Renault et PSA en tête, Flexonics adresse désormais de nouveaux donneurs d’ordre comme Bosch, Jaguar, DPCA, Liebherr et plusieurs de leurs sous-traitants chinois. « Il faut que nous sortions d’Europe », commente sobrement Sylvain Cavelier. Après une année 2013 au creux de la vague qui s’est soldée par un CA en baisse, à un peu moins de 20 M€, Flexonics prévoit un retour aux années fastes en 2017 avec un volume d’affaires qui dépassera à nouveau les 28 M€. « Mais nous aurons des difficultés à retrouver les volumes de nos grandes années, prévient Sylvain Cavelier. En 1997, nous produisions 80 000 tubes par jour, ce qui est énorme. » Le processus de robotisation est aujourd’hui achevé et l’usine s’est équipée récemment de nouveaux robots six axes. Pour l’heure, l’unité s’est fixé un défi en matière de qualité, celui « d’atteindre moins de 5 PPM », comprenez moins de 5 pièces défectueuses pour 5 millions de pièces livrées. Pour atteindre cet objectif, Senior Flexonics a installé des caméras HD et des capteurs optiques pour surveiller les lignes de production. Encore une innovation pour aller vers une qualité totale. Didier Morazin
« L’OBO IMMOBILIER » UN NOUVEL OUTIL ÉLABORÉ PAR DUVIVIER & ASSOCIÉS Rencontre avec Nicolas DUVIVIER, juriste en droit des sociétés et spécialiste en gestion de patrimoine du cabinet DUVIVIER & ASSOCIÉS. En temps de crise économique, la pierre reste une valeur sûre. Cependant la fiscalité sur l’immobilier doit être maîtrisée. Lorsque le financement contracté pour l’acquisition du bien est terminé, la fiscalité se révèle très douloureuse, les revenus fonciers peuvent en effet être taxés au taux maximum de 60,50 % depuis le 1er janvier 2013 (45 % d’impôt sur le revenu et 15,5 % de prélèvements sociaux). Il peut alors être judicieux de céder les biens immobiliers à une SCI familiale qui permettra de minorer la pression fiscale et de transmettre à terme le patrimoine immobilier en exonération de droits de succession. Situation M. et Mme Y, âgés respectivement de 50 et 45 ans, mariés sous le régime de la communauté universelle, sont inquiets par rapport à leur avenir, leur retraite ne leur procurera que 2 500 € par mois. M. et Mme Y perçoivent des rémunérations pour un montant global de 48 000 €. Ils viennent nous consulter afin de faire un audit de leur patrimoine. L’actif net du patrimoine est de 1 500 000 € composé de 1 000 000 € de biens immobiliers de rapport (rendement net de 6 % en moyenne). Les droits de succession au second décès sont estimés à près de 420 000 € pour leur fils unique. Objectifs M. et Mme Y souhaitent conserver au minimum leur niveau et cadre de vie actuels. Pour ce faire, ils souhaitent pouvoir disposer d’au moins 5 000 euros nets mensuels après impôt au jour du départ à la retraite (tous revenus confondus). Leur seconde préoccupation est naturellement la conservation du patrimoine acquis et l’optimisation de la transmission du patrimoine à leur fils. En dernier lieu, le couple souhaite diminuer au maximum une fiscalité globale qui se révèle asphyxiante actuellement, estimée à 29 000 € sur les revenus 2012 (19 700 € d’impôt sur le revenu et 9 300 € de prélèvements sociaux). Nous projetons sur une période de 20 ans, pour les seuls biens immobiliers de rapport, une imposition totale de près de 550 000 € si aucun changement n’est opéré dans leur situation actuelle. Un premier conseil préconise la cession des biens immobiliers, le placement du produit de la cession sur des contrats d’assurance vie et des rachats programmés. Cependant, le patrimoine familial après rachat se retrouvera appauvri, la problématique des droits de succession ne sera pas traitée, enfin, une fois le capital des contrats épuisé, M. et Mme Y n’auront plus de quoi assurer leur niveau de vie lors de la retraite. C’est pourquoi, nous leur proposons un autre schéma, l’OBO IMMOBILIER, simulé sur une période 20 ans. Aspects juridiques Une SCI est constituée de la manière suivante : M. 40 %, Mme 40 % et le Fils 20 %. La SCI optera à l’impôt sur les sociétés. Après constitution de la société, M. et Mme donnent chacun 15 % des parts en nue propriété à leur fils. La SCI procède à l’acquisition de l’intégralité des immeubles de rapports détenus par M. et Mme Y. Des donations progressives de la nue propriété des parts sont programmées, le capital pourrait ainsi être réparti au terme comme suit : M. Mme Fils
PP 1% 1% 10 %
NP
US 44 % 44 %
M. et Mme encaissent ainsi la somme nette de 380 000 €, complétée par un crédit vendeur de 600 000 € que la SCI remboursera sur 10 ans au terme de l’emprunt. Aspects financiers de la cession Le produit comptant de la cession, soit 380 000 € est placé sur un contrat d’assurance vie du couple. Ce placement permettra au couple d’effectuer des rachats périodiques nets annuels de l’ordre de 432 000 € pendant 10 ans. Au terme de l’emprunt, le crédit vendeur de 600 000 € sera remboursé sur une durée de 10 ans. Aspects patrimoniaux de la famille Optimisation par les donations de parts en nue propriété de la SCI Sans la donation de nue propriété des parts, au terme du remboursement de l’emprunt par la SCI, le fils devrait régler des droits de succession de l’ordre de 420 000 €. En procédant à la donation de la nue propriété des parts, le fils devra ainsi régler des droits de succession au second décès de l’ordre de 70 000 €. L’économie de droits de succession au second décès sera de près de 350 000 €. Optimisation fiscale des revenus nets globaux Après l’opération, le montant global de l’imposition sur les revenus 2013 sera de l’ordre de 3000 € contre 29 000 € antérieurement. Le couple changera de tranche d’imposition, ce qui permettra de dégager sur l’ensemble des revenus actuels (rémunérations et dividendes) et futurs (pensions de retraite, dividendes SCI) un net disponible plus important. Optimisation des revenus fonciers sur 20 ans Les revenus actuels nets sur 20 ans sont estimés à 650 000 €, soit près de 2 700 € par mois. Après cession des biens à la SCI, les revenus nets provenant des rachats sur 10 ans sont estimés à 432 000 €. Ces revenus seront complétés par le crédit vendeur qui procurera sur la période de 10 ans des revenus nets de 600 000 €. Au final, cette stratégie procurera des revenus nets de 1 032 000 € sur 20 ans. Cette ingénierie offrira ainsi au couple 382 000 € de revenus nets supplémentaires par rapport à la situation actuelle. Cet OBO IMMOBILIER générera au couple près de 4 300 € net mensuel en moyenne pendant 20 ans qui viendront s’ajouter aux rémunérations du couple puis à leurs pensions de retraite. Incidences financières et fiscales HOLDING La SCI contractera un emprunt de 500 000 € sur 10 ans qui sera totalement remboursé par les loyers. La SCI ayant remboursé son emprunt et son crédit vendeur au terme de 20 ans, nos clients reconstitueront la valeur d’origine des biens immobiliers, soit 1 000 000 €. Ils pourront appréhender les loyers sous forme de dividendes en leur qualité d’usufruitiers. Cet « OBO IMMOBILIER » aura permis de répondre aux objectifs des clients en évitant l’aliénation du patrimoine immobilier, en diversifiant le patrimoine actuel, en diminuant les droits de succession, en neutralisant la fiscalité des biens immobiliers et enfin, en offrant un revenu net mensuel conséquent.
88%
L’acquisition par la SCI des biens immobiliers sera de 1 000 000 € payable de la manière suivante : • 400 000 € comptant à la signature des actes définitifs au moyen d’un emprunt sur 10 ans, • 600 000 € au moyen d’un crédit vendeur étalé sur 10 ans. Aspects fiscaux de la cession des biens immobiliers La fiscalité applicable sera celle relative à la fiscalité des particuliers. Si l’ensemble des biens est détenu depuis plus de 30 ans, la plus value sera exonérée. M et Mme Y ont reçu une première partie du patrimoine immobilier de successions il y a plus de 30 ans. Une seconde partie de biens révèle une fiscalité d’environ 20 000 €.
Précautions indispensables pour la validité et la sécurité du montage • Une étude patrimoniale, juridique, fiscale et financière préalable devra être effectuée par des experts. • Les statuts de la SCI devront prévoir des clauses spécifiques au démembrement. SYNTHÈSE INGÉNIERIE M. & MME Y • Revenu net disponible sur la période M. & Mme Y • Reconstitution valeur d’origine biens immobiliers • Économie d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux • Économie de droits de succession au second décès • Revenus nets supplémentaires procurés par l’ingénierie • Revenus nets mensuels procurés par l’ingénierie sur 20 ans
1 032 000 € 1 000 000 € 550 000 € 350 000 € 382 000 € 4 300 €
40 COLLABORATEURS AU SERVICE ET À L’ÉCOUTE DE PRÈS DE 1 500 ENTREPRISES Cabinet DUVIVIER & ASSOCIÉS 112 rue de Boisdenier 37000 TOURS Tél. 02 47 05 79 18 E-mail : tours.boisdenier@duvivieretassocies.fr
www.duvivieretassocies.fr
Cabinet DUVIVIER & ASSOCIÉS 7 quai de la Saussaye 41000 BLOIS Tél. 02 54 74 73 61 E-mail : blois@duvivieretassocies.fr
Action publique
Transports, du nouveau sur les Pour attirer de nouveaux voyageurs et réduire la circulation en ville et même en milieu rural, Département et Agglomération de Blois innovent en matière de transport collectif.
P
our favoriser l’usage des transports collectifs, il faut adopter une politique de prix bas… voire de gratuité. Le Loir-et-Cher l’a bien compris. « Nous mettons en œuvre une politique de mobilité qui permet de faciliter les déplacements de tous à un tarif attractif et dans un souci d’équilibre des territoires », confirme André Boissonnet, vice-président du conseil général en charge des transports départementaux. « Avec notre réseau de transports Route 41, nous avons une tarification unique à 2 euros, et cela d’où qu’on vienne et où qu’on aille ! », ajoute l’élu. Ainsi, un habitant faisant appel au service de transport à la demande mis en place par le Département déboursera seulement 4 euros pour un aller-retour. Le service, lancé il y a désormais quatre ans, part d’une simple réservation : un véhicule est alors dépêché pour venir chercher le demandeur où il le souhaite dans le périmètre de sa communauté de communes et le transporte jusqu’à sa destination. Mais le service « est même gratuit pour
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les personnes handicapées, les demandeurs d’emploi, les bénéficiaires
du RSA et les bénéficiaires de l’allocation de solidarité aux personnes âgées, titulaires de la carte gratuité», précise André Boissonnet. Les déplacements à tarif 0 sont aussi offerts aux scolaires. «Nous desservons 100 établissements via des circuits spécialisés et des lignes régulières ; plus de 21 000 élèves utilisent les transports du conseil général au quotidien pour aller à l’école. » Côté Agglopolys, la communauté d’agglomération de Blois, n’est pas en reste et elle dispose aussi d’une gamme tarifaire solidaire. « Nos prix sont adaptés aux revenus, à la réalité du terrain et à la façon de voyager de nos concitoyens », détaillent Jean Gasiglia, conseiller délégué aux trans-
Les touristes ne sont pas oubliés « Comment aller au zoo de Beauval et au château de Chambord ? » : cette question est récurrente à l’arrivée des trains, sur les quais de la gare de Blois. Pour répondre à la demande, la société blésoise de transports de personnes Écoshuttle, nouvellement créée, propose depuis cette année une solution alternative au taxi, avec des excursions forfaitaires sur réservation. Il fallait y penser ! L’entreprise, inscrite au registre du ministère des Transports, dispose de deux véhicules (6 et 8 places) et récupère tous les jours des passagers à l’office de tourisme Blois-Chambord, au pied du château royal de Blois, ou à l’hôtel. Un aller-retour jusqu’à Chambord coûte, à titre indicatif, 58 €. Les châteaux de la Loire, certes, mais aussi les visites de caves et autres circuits touristiques sont possibles par ce biais. En outre, les touristes peuvent emprunter la navette Azalys d’Agglopolys dédiée aux châteaux : le tarif est de 2 € l’aller, au départ de Blois vers Cheverny et Chaumont-sur-Loire. En revanche, le système ne fonctionne que d’avril à octobre. Les navettes pour le centre-ville de Blois sont, elles, gratuites toute l’année pour les touristes ! www.bloischambord.com, www.azalys-blois.fr et www.ecoshuttle41.com
routes et les rails ports et Émilie Bréard, la responsable des transports. Une carte annuelle a été créée pour les scolaires, ainsi qu’un ticket pour 1 voyage, un carnet pour 10 voyages et un ticket à la journée pour les utilisateurs occasionnels. « De surcroît, nous avons des prix solidaires, des abonnements mensuels ou annuels à petits prix qui sont accordés en fonction du quotient familial», ajoutent l’élu et sa collaboratrice. Dans le détail, il faut préciser que, dans le cadre de sa compétence transports urbains, Agglopolys a restructuré en 2013 son réseau de transports en commun. Le TUB (pour Transports Urbains du Blésois) a pris un nom aux consonances douces comme un zéphyr : Azalys. Outre le changement de nom, des bus à l’esthétique repensée et des tarifs intéressants, l’offre a été hiérarchisée, simplifiée et mieux adaptée au territoire, avec notamment une plus grande lisibilité des horaires et des temps de parcours plus courts. Mais Kéolis, l’exploitant du réseau, a également répondu à la demande des services de l’agglomération en ouvrant des services spécifiques, comme Flexo, « pour les déplacements tôt le matin et tard le soir » : du lundi au vendredi, Flexo emmène les voyageurs, dès 6 h25, au centre-ville de Blois ou à la gare SNCF, depuis n’importe quel arrêt des lignes A à G. Pour cela, il suffit de réserver au plus tard la veille avant 17 h (ou le samedi pour le lundi). Le
soir, il est possible de repartir, à partir de la gare ou du centre-ville, vers n’importe quel arrêt des lignes A à G. Et pas besoin de réserver pour ce service qui part de la gare à 20 h 25, 21 h 25 et 22h30. Flexo Soir organise aussi des navettes, les vendredis et samedis soir, de Cap Ciné vers n’importe quel arrêt des lignes A à G: à 22 h 15, 23 h 15 et 0 h15.
sor, en particulier pour les vélos pliants et à assistance électrique», assurent Émilie Bréard et Jean Gasiglia. La formule de location coûte, pour un abonné Azalys, 10 € par mois et 60 € par an pour un vélo classique ou pliant, 15 € par mois et 90 € par an pour un non-abonné. Pour un vélo à assistance électrique, les tarifs sont doublés.
Voyager malin, à plusieurs Tout le monde connaît les TER, Corail et autres TGV. À côté de ces moyens de déplacements traditionnels de la SNCF, le recours au covoiturage tend à devenir un automatisme chez les voyageurs et apparaît de plus en plus comme une alternative fiable. Le site leader en la matière, Blablacar, a ainsi connu un vrai succès lors de la grève du rail en juin: le chiffre de 700 000 utilisateurs a été enregistré pour cette seule période ! Hors mouvements sociaux, ce site web affiche un million de personnes transportées en moyenne chaque mois. Si d’autres sites proposent une offre similaire, le conseil général du Loir-et-Cher a, lui aussi, son système de covoiturage, intégré à la plateforme Route 41. Ce nouveau service de covoiturage est gratuit, simple d’utilisation et ouvert à tous. Il suffit de s’inscrire en ligne pour avoir accès, en quelques clics, à l’ensemble de l’offre de covoiturage et pouvoir proposer la mise à disposition de son véhicule et trouver des conducteurs qui souhaitent covoiturer ! www.route41.fr
Enfin, à l’instar du conseil général, Agglopolys propose aussi une formule de transport à la demande, baptisée Résago, et répond aux problématiques de mobilité réduite avec Handigo. Le déplacement urbain à vélo est dans l’air du temps et Agglopolys ne pouvait ignorer ce nouveau moyen de locomotion : « La location est en plein es-
« Agglopolys est d’ailleurs précurseur en matière de vélos électriques, avec une aide à l’achat pour le consommateur (qui s’élève à environ 500 €). Nous avons en outre mis en place un parc à vélos à la gare de Blois. Et le personnel de l’agglomération donne l’exemple, y compris son président Christophe Degruelle : un parc de vélos électriques et de véhicules hybrides permet aux salariés de se déplacer entre les différents services ! » D’autres innovations sont en préparation : un système d’horaires en temps réel a été mis en place cette année et un site web pour smartphones est prévu l’an prochain. En 2015 aussi, on parle d’une carte multiservice sans contact. « Elle permettra d’accéder à la fois aux trains, aux bus, aux parkings du centre-ville... » Un vrai sésame pour le voyageur blésois ! Émilie Rencien
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Action publique
Des caméras pour
la tranquillité des campagnes Le groupement de gendarmerie de Blois s’est doté, à la demande des élus, d’une plateforme de vidéoprotection des communes rurales. Ce dispositif, très innovant, n’a pas d’équivalent sur le territoire français.
Outre l’effet dissuasif sur les délinquants, le système de vidéoprotection permet de préparer et de diriger les interventions de la gendarmerie.
uite aux événements de juillet 2010 à St-Aignan-sur-Cher – où une cinquantaine de gens du voyage avaient attaqué à la hache la gendarmerie du bourg, en représailles au décès d’un jeune de la communauté qui avait été abattu alors qu’il forçait un barrage –, les élus des zones rurales de Loir-et-Cher ont souhaité se doter d’équipements de vidéoprotection. « Un tel outil, fréquemment utilisé en zone urbaine, est beaucoup plus rare à la campagne », prévient le capitaine Jean-Michel Leroy, officier adjoint de renseignement qui fut l’un des promoteurs de cette plateforme de vidéoprotection installée à Blois, au cœur du centre opérationnel et de renseigne-
S
nous permet de préparer et de diriger nos interventions en surveillant les attroupements, les mouvements de foule et la fuite des malfaiteurs. Elle est également un outil précieux dans l’identification des personnes », poursuit Jean-Michel Leroy qui précise «qu’elle n’est en revanche jamais utilisée dans le cadre de la répression des infractions au Code de la route… » Porté par un syndicat intercommunal de vidéoprotection (SIPV) qui regroupe quinze communes de Loir-etCher – douze d’entre elles sont actuellement reliées au dispositif –, le dispositif, opérationnel depuis la fin 2013, avait l’obligation de répondre à de fortes contraintes techniques. « Les
ment de la gendarmerie (CORG). Le site est d’une grande importance opérationnelle puisqu’il concentre tous les appels passés au 17 en zone gendarmerie. « L’infrastructure, qui n’a pas d’équivalent en France, présente beaucoup d’intérêt. Outre l’effet dissuasif sur les délinquants, elle
images devaient impérativement être transmises à notre centre de visionnage par une seule ligne physique », souligne Jean-Michel Leroy. Les prestataires retenus à l’issue de l’appel d’offres – la société de services informatiques blésoise Mac & Co et Orange, qui a pris en charge la connectique du
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réseau – ont donc conçu une architecture fondée sur l’installation de serveurs informatiques dédiés sur lesquels sont déportées les images prises par les caméras, avant d’être transmises via une ligne en fibre optique de 100Mbits vers le mur d’images du centre opérationnel. Selon les termes de la convention signée avec les communes, les gendarmes n’ont pas l’obligation de visionner en permanence toutes les images disponibles : « En revanche, le système nous permet de sélectionner à la demande les images en provenance de telle ou telle commune en fonction de nos besoins opérationnels », poursuit l’officier de gendarmerie. L’application, qui a requis un investissement de 300 000 € – financé par le fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) – a-t-elle déjà eu un effet positif sur le niveau de délinquance ? « Nous n’avons pas encore de chiffres définitifs, mais nous observons une chute indéniable de la délinquance et des actes d’incivilité dans les communes vidéoprotégées, assure le capitaine Jean-Michel Leroy. La dissuasion joue à fond. Il est vrai que la présence de caméras est signalée à l’entrée et à la sortie des villages participant au dispositif. » Un ralliement qui ne va d’ailleurs pas de soi puisqu’il doit être précédé d’un audit de sécurité qui caractérise l’exposition de la commune aux actes de délinquance : « À la campagne, le sentiment d’insécurité gagne très vite la population qui s’estime souvent plus vulnérable qu’en ville. ». Jean-Christophe Savattier
La Lettre Valloire - Hors-sĂŠrie octobre 2014 23
Action publique
Loir-et-Cher, Loiret et Eure-etLe Loir-et-Cher et deux départements voisins, l’Eure-et-Loir et le Loiret, ont décidé de mutualiser certains de leurs services pour, tout à la fois, générer des économies, gagner du temps et monter en compétences. Un état d’esprit nouveau souffle, celui du bon sens et du pragmatisme.
Albéric de Montgolfier, Éric Doligé et Maurice Leroy, signataires de l’accord.
onscients des contraintes financières qui pèsent sur eux et de la complexité de l’organisation territoriale, le Loir-et-Cher, l’Eure-et-Loir et le Loiret ont décidé de renforcer leur coopération. Une volonté politique forte qui a abouti à la signature d’une convention tripartite approuvée par les trois collectivités en décembre 2012. Leurs prési-
C
restrictions budgétaires imposées par le Gouvernement et son intention de réduire de 50 Md€ les dépenses publiques d’ici à 2017 obligent les collectivités territoriales à réagir. L’acte III de la décentralisation et le flou sur l’avenir des départements ajoutent encore à cette urgence : une partie des compétences des conseils généraux (transports, voiries, collèges...) – qui
dents, Maurice Leroy (Loir-et-Cher), Albéric de Montgolfier (Eure-et-Loir) et Éric Doligé (Loiret) ont voulu établir un acte concret pour une seule finalité : une action publique plus efficiente. Cette démarche pragmatique est née d’une conviction : « L’avenir de nos territoires se bâtit sur la confiance et non par la contrainte, sur l’intelligence territoriale et non sur le dogmatisme. ». Le contexte était largement favorable à une mutualisation des services. Les
seront rebaptisés conseils départementaux après les élections de mars 2015 – pourrait disparaître au profit de « supers » régions dont on ne connaît pas encore les limites définitives. «C’est la raison pour laquelle les présidents ont tout de suite voulu du concret et de l’efficacité », précise Cyrille Bonvillain, directeur général adjoint des services du conseil général de Loir-et-Cher en charge des ressources et du développement. Plusieurs actions fortes ont déjà vu le
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jour. Le nouvel établissement public foncier Cœur de France, créé en février 2014, permettra de financer et de gérer des réserves foncières dans les trois départements. Cet EPFLI (établissement public foncier local interdépartemental) résultera de l’extension de l’EPFL du Loiret aux départements d’Eure-et-Loir et de Loir-etCher qui en étaient dépourvus. Mais le nouvel EPFLI ne sera opérationnel que le 1er janvier 2015. « Il y a des étapes à respecter, explique Marc Andrieu, président de l’EPFL du Loiret. Nous devrons modifier nos statuts, délibérer sur de nouvelles adhésions et enfin créer ce nouvel établissement public foncier en décembre. » Et Approlys, la centrale d’achats dont nous détaillons le fonctionnement à la page 26 de ce numéro, négocie de nombreux achats, dont celui du sel pour le déneigement des routes, pour le compte des trois conseils généraux et de leurs partenaires. Dans un avenir proche, les trois départements souhaitent financer des équipements structurants au rayonnement interdépartemental. C’est ainsi que les départements d’Eure-etLoir et du Loiret se sont entendus pour la création d’une zone d’activités de 200 ha entre la communauté de communes eurélienne de la Beauce d’Orgères et la commune loirétaine d’Artenay. Ces mêmes départements travaillent désormais de concert pour la réalisation d’une plateforme de ferroutage entre Boisseaux et Artenay, le long de l’A10. La mise à disposition, à temps partiel, d’agents territoriaux existants, sans création de postes supplémentaires, génère des économies substantielles et des gains de productivité. Mais les trois départements n’enten-
Loir unissent leurs moyens dent pas se cantonner à la seule réduction des coûts. Ils se veulent, aussi, une force de proposition politique. Dans le cadre de la convention de ce nouveau partenariat, quasiment unique en France, les présidents ont affirmé leur soutien au projet de ligne à grande vitesse reliant Paris à Lyon via Orléans et C l e r mont -Fe rrand, connu sous l’acronyme de POCL. Ils souhaitent également empêcher la dégradation de la liaison entre Blois et Paris via Orléans. Ils sont convenus également d’accélérer le processus de mise en œuvre de 2 fois 2 voies de la
RN 154 par une nouvelle concession autoroutière. Enfin, ils souhaitent renforcer le développement des énergies renouvelables à travers l’élaboration d’un schéma interdépartemental des bornes de recharge pour véhicules électriques. Cette initiative n’est pas passée inaperçue au plan national. Au mois de décembre 2013, les trois conseils généraux de Loir-et-Cher, du Loiret et de l’Eureet-Loir ont reçu une victoire de l’action publique, catégorie « Organisation » récompensant la mutualisation de leurs moyens. Mais tous les partena-
riats engagés ne s’arrêtent pas à des échanges entre les signataires. Au sein de la région Centre, le Loir-etCher et l’Indre-et-Loire travaillent à la création d’un cluster Tourisme pour promouvoir la vallée des châteaux, de Blois et de Chambord jusqu’à Azay-le-Rideau parce que, comme le rappelle Maurice Leroy, « le touriste ne s’arrête pas à la limite des départements ». De même, le Loir-et-Cher et l’Indre travaillent de concert sur l’épineux problème de l’Internet haut débit en milieu rural. Tout récemment, le Premier ministre a annoncé que les prérogatives des départements seraient prorogées pour les six prochaines années. À cette échéance, leur survie dépend assurément d’une condition : la maîtrise de leurs dépenses. Didier Morazin
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Action publique
Approlys mutualise les achats Créée officiellement le 20 mars 2014, la centrale d’achats Approlys a pour objectif de mutualiser les commandes des collectivités locales adhérentes, dont les Départements de Loir-et-Cher, d’Eure-etLoir et du Loiret, ses trois fondateurs.
«L
e premier marché de démonstration de nos capacités, le gaz, c’est fait ! L’électricité va suivre », se réjouit Jean-Charles Manrique, directeur d’Approlys. Grâce à son principe de mutualisation, la centrale d’achats a réussi cet automne à faire gagner 300 000 € à
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ses trois adhérents fondateurs, les Départements de Loir-et-Cher, d’Eure-etLoir et du Loiret, soit une économie de 20 % sur la facture finale de gaz. Créé officiellement le 20 mars 2014 et présidé par Marc Andrieu, vice-président du conseil général du Loiret, le groupement d’intérêt public (GIP) Approlys s’est fixé des enjeux clairs : massifier les commandes des collectivités territoriales adhérentes pour optimiser les négociations et réaliser des économies sur les dépenses publiques : des produits d’entretien aux fournitures scolaires, des véhicules de service à l’énergie, toutes les petites et grandes dépenses sont concernées. Depuis mars, de nouveaux membres ont rejoint le groupe initial des trois fondateurs : les Villes d’Orléans, de Tours, de Bourges, une
quarantaine de communautés de communes, des EHPAD, des écoles… À ce jour, près de 400 collectivités et établissements publics ont donné leur accord de principe à une adhésion. Le deuxième marché d’importance remporté par Approlys est celui du déneigement. Avant les négociations, le coût du sel atteignait 100 euros la tonne : la centrale d’achats l’a fait baisser de moitié. « Nous avons configuré le marché pour que le sel soit stocké au plus près des besoins, au plus près des communes qui en profitent toutes. Il s’agit de solidarité territoriale », précise Jean-Charles Manrique. Avec une capacité théorique d’achat de 306 M€ aujourd’hui, Approlys vise 1 Md€ en 2018. Didier Morazin
Santé & Silver Économie
Le Loir-et-Cher relève le défi Pour répondre au souhait des personnes de rester autonomes et de vieillir à domicile, le conseil général de Loir-et-Cher a mis en œuvre un projet global innovant en faveur des quelque 40 000 personnes âgées de plus de 75 ans du département.
La Maison Bleue 41, une vitrine de la domotique unique en France
C’
est l’adresse de la maison que chacun rêverait d’habiter. Ce logement de type 3, adapté aux besoins des personnes âgées et handicapées, mais aussi aux couples avec enfants, a été entièrement conçu par le conseil général de Loir-et-Cher, en partenariat avec la Mutualité Française. Installée au 32 de l’avenue Maunoury, à deux pas de l’Hôtel que se partagent la préfecture et le conseil général, la Maison Bleue est équipée de 200 solutions techniques innovantes (pour le salon, la salle de bains, la cuisine, la chambre, les accès extérieurs, le jardin) destinées à prévenir ou pallier la perte d’autonomie et qui feront aussi partie demain des éléments de confort d’une maison moderne. « Dans ce lieu expérimental, les prescripteurs (famille et aidants) peuvent bénéficier des conseils d’un professionnel afin de mesurer les besoins et de réaliser les choix les plus adaptés à leur situation, explique Monique Gibotteau, vice-présidente du conseil général chargée des Solidarités et de
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l’Action sociale. Les professionnels concernés par l’adaptation des logements (entreprises du BTP, artisans, travailleurs sociaux…) y trouvent conseils et solutions personnalisées. » Et le Département veut aller plus loin en fédérant les acteurs de la construction et les spécialistes de la domotique pour les inciter à s’engouffrer dans ces nouveaux marchés. Le rez-de-chaussée de la Maison Bleue accueille un logement témoin de 65m² qui présente des solutions techniques pour simplifier le quotidien des personnes âgées ou handicapées. « Il ne s’agit pas d’un showroom, mais de la
reproduction de l’habitation de Madame ou Monsieur Tout-le-Monde, précise Monique Gibotteau. Tout y est pensé ou compensé grâce à des équipements qui garantissent la sûreté, la sécurité et le confort de l’habitant et de l’habitat » : des outils basiques (comme la loupe de lecture ou les lacets élastiques) y figurent, au côté des technologies les plus pointues en domotique ou téléassistance. L’étage abrite Vivre Autonome 41, un espace conseil dédié aux personnes en perte d’autonomie, à leur entourage et aux professionnels, et MAIA-Maillage 41 (Maison pour l’autonomie et l’intégration des malades Alzheimer), un dispositif innovant pour simplifier le parcours de santé des personnes atteintes de maladies neurodégénératives ou en perte d’autonomie fonctionnelle. Son objectif est de « coordonner l’ensemble des intervenants du secteur sanitaire, social et médico-social, afin de construire une politique départementale cohérente et pluripartenariale », indique Monique Gibotteau. La MAIA propose ainsi un accompagnement individualisé par un gestionnaire de cas aux personnes subissant de graves atteintes cognitives ou de
du maintien à domicile lourdes pertes d’autonomie. « La Maison Bleue est un investissement d’avenir destiné à imaginer et concevoir les
logements de demain et à faire évoluer les relations entre tous les professionnels concernés par la perte
d’autonomie », conclut Monique Gibotteau.
Dom@dom 41, le top de la téléassistance
C
e conseil général a confié pour sept ans à la fondation Caisses d’Épargne pour la solidarité l’organisation et la gestion d’un dispositif innovant de téléassistance avancée, avec généralisation de solutions domotiques, destiné à favoriser une vie autonome à domicile. Dom@dom 41 assure à des personnes âgées ou handicapées un accompagnement 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, grâce à une plateforme d’appels de proximité installée à Blois. Ce service de téléassistance (4 opérateurs formés en gérontologie, 12 à terme) ne se contente pas de prendre en charge toute alerte ou tout appel envoyé depuis le domicile de l’abonné et de mobiliser éventuellement un proche, le médecin traitant ou les secours. Il passe également régulièrement « des appels de convivialité pour prendre des nouvelles, souhaiter les anniversaires, préserver le lien social et lutter contre le sentiment de solitude », indique Évelyne Sancier, directrice de projets assistance à l’autonomie à la fondation Caisses d’Épargne pour la solidarité.
Divers périphériques et équipements domotiques sont installés au domicile du bénéficiaire. Y figurent notamment un détecteur de fumée fixé en hauteur qui, simultanément, émet un signal sonore fort pour avertir la personne du danger et envoie une alerte à Dom@dom 41, mais aussi un bracelet d’appel, porté au poignet ou autour du cou, qui déclenche une alarme en cas de chute par simple pression sur un bouton vert, ou encore un parcours lumineux qui détecte les mouvements, s’active automatiquement et balise le parcours, de la chambre à coucher aux toilettes pour éviter les chutes la nuit. D’autres périphériques, détecteurs de gaz ou d’élévation de température, sont prévus en option. « Des expérimentations et évaluations réalisées en Limousin ont prouvé l’utilité de ces dispositifs pour prévenir les chutes et leurs séquelles dramatiques (décès ou dépendance) », précise Évelyne Sancier. Dom@dom 41 a démarré le 1er avril dans cinq logements, l’objectif étant d’équiper 3200 foyers du Loir-et-Cher en sept ans. Le projet bénéficie d’un im-
portant soutien financier du conseil général (60%) qui permet de limiter le coût à charge pour les futurs bénéficiaires et le rend accessible au plus grand nombre, partout dans le département. Sur les 35 € que coûte l’abonnement mensuel (une fois acquittés 40 € de forfait installation), 20 € sont pris en charge par la collectivité dans le cadre de l’allocation personnalisée d’autonomie. « Tout cela grâce à une délégation de service public à la fondation qui rend accessibles ces aides techniques et services à des personnes qui en ont besoin mais ne pourraient le financer sans notre coup de pouce financier », conclut Olivier de Brabois, directeur général des services du conseil général de Loir-et-Cher.
Dom@dom 41 assure à des personnes âgées ou handicapées un accompagnement 7 jours sur 7.
Tranquilli'dom, la simplification des prestations d'aide à domicile
A
utre innovation départementale, le service Tranquilli’dom est un système de télégestion des services à la personne qui permet de simplifier et maîtriser la gestion des aides à domicile grâce à l’horodatage par téléphone des intervenants. L’aide à domicile n’a plus à remplir ou faire signer une feuille de présence. Il lui suffit de passer un appel gratuit en arrivant et en repartant du domicile de l’alloca-
taire. Ce service est à disposition de toute personne bénéficiant de l’allocation personnalisée d’autonomie, de la prestation de compensation du handicap ou de l’aide ménagère financée par le Département. Tranquilli’dom allège les procédures et le paiement pour la personne et ses proches, la facturation des prestations correspondant exactement aux interventions réalisées. Il n’y a plus
d’indu généré, car « l’horodatage permet de vérifier la réalité des interventions », précise Olivier de Brabois. Cette télégestion facilite le traitement des heures effectuées par les intervenants et prestataires, la coordination et le suivi des plannings, ainsi que la gestion de la facturation et des paies.
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Santé & Silver Économie
Icare, démonstrateur de solutions intelligentes
P
our mettre en œuvre le développement de la domotique en faveur de personnes en perte d’autonomie, le conseil général participe à Icare. Ce projet de démonstrateur industriel vise à évaluer à grande échelle, pendant 24 mois, dans plus de 2 000 foyers de Corrèze, Creuse, Haute-Vienne et Loir-et-Cher, l’impact de solutions technologiques, organisationnelles et médico-sociales innovantes pour le maintien à domicile. Porté par le groupe industriel Legrand, spécialiste incontesté des infrastructures électriques et numériques, et lancé au mois de janvier 2013, ce projet, unique en son genre, se structure autour d’un consortium réunissant des partenaires de la santé, de la recherche, de la formation, du social, des collectivités locales et des entreprises et intervenants privés : « Des acteurs qui, jusqu’à présent, ne communi-
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quaient pas entre eux et ont su se réunir autour d’un même objectif, ce qui en soi est déjà une vraie réussite, se félicite Olivier de Brabois. Ce projet, qui fait partie des investissements d’avenir, a aussi pour finalité de prouver scientifiquement, avec l’appui du CHU de Li-
moges et de l’AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris), les bénéfices de la domotique en faveur des personnes en perte d’autonomie. »
Jacques Huguenin
La Silver Économie en quelques chiffres La Silver Économie est l’économie au service des personnes âgées. Les services statistiques de l’État (Dares) estiment qu’elle peut entraîner 300 000 créations nettes d’emplois d’ici à 2020. • 15 millions de Français de plus de 60 ans en 2013 et 20 millions en 2030. • Une population de 75 ans et plus qui aura doublé en 2050. • 54 % des dépenses de consommation assurés par les seniors en 2015. • Le marché des technologies pour seniors : de 18 M€ en 2009, il devrait passer à 62 M€ en 2015.
FRANCK VILIJN, DIRECTEUR DE L’USINE DES LABORATOIRES CHIESI À LA CHAUSSÉE-ST-VICTOR
« L’usine de La Chaussée va passer dans la division supérieure » L’usine blésoise des laboratoires Chiesi, qui se cantonnait jusqu’alors à des activités de conditionnement de médicaments, va prochainement accueillir la fabrication d’un nouveau médicament indiqué pour le traitement de l’asthme, et ce à l’issue d’un investissement de 23 M€. Le projet, obtenu au terme d’une sévère compétition interne, a bénéficié d’un fort soutien local ; il va requérir des milliers d’heures de formation, nous indique Franck Vilijn, le directeur du site. La Lettre Valloire : Le programme d’investissement que Chiesi engage à La Chaussée-St-Victor est il marqué du sceau de l’innovation ? Franck Vilijn : En soi, il ne présente pas un caractère radicalement innovant si l’on s’en tient strictement aux technologies qui seront déployées sur le site. Mais, pour autant, l’usine, qui se cantonnait à faire du conditionnement change incontestablement de statut. Nous allons passer dans la division supérieure ! C’est une importante mutation industrielle puisque nous allons intégrer dans notre process des équipements et des pratiques associées qui requièrent une très grande technicité. Il faut ainsi noter que la fabrication et le conditionnement de poudres en aérosols exigent d’employer des zones de confinement et de contrôle dirigé de l’humidité et des températures. J’ajoute que l’usine va aussi engager la construction d’une station de traitement des effluents par évaporation et recompression de vapeur, un équipement qui va nous situer à un niveau élevé dans la prise en compte de la dimension environnementale. Ce seul équipement correspond à une dépense de 400 000 € ; je vous rappelle que l’investissement en nouvelles machines s’élève à quelque 10 M€ par an, soit la moitié de l’enveloppe globale consacrée à ce projet industriel. La Lettre Valloire : Pourquoi la direction italienne de Chiesi a-t-elle opté pour l’usine de Blois ? Franck Vilijn : Il y a eu une belle convergence de facteurs favorables. Tout d’abord, depuis des années, l’usine de La Chaussée-St-Victor atteint de hauts niveaux d’excellence, tant sur le plan de la performance économique et la compétitivité que sur ceux de la qualité et du social. La mobilisation de nos équipes sur ces points critiques n’a jamais failli, ce qui a très favorablement impressionné nos dirigeants qui, par ailleurs, sont attachés aux valeurs de la « Vieille Europe » et souhaitent continuer à y investir. Il y a une véritable appétence de notre groupe pour l’Europe et pour la France. Il faut aussi reconnaître et saluer l’implication des respon-
sables politiques locaux et des collectivités qui ont su jouer à plein leur rôle de facilitateur. Tout ceci a contribué à accompagner favorablement la décision. Elle n’était pas acquise d’avance puisque le groupe Chiesi avait aussi mis à l’étude deux projets concurrents d’usine en Pologne et en Irlande. Une telle réussite n’est pas le fruit du hasard.
Franck Vilijn et Arnaud de Montebourg.
La Lettre Valloire : Ce choix s’appuie également sur l’amélioration des compétences de vos équipes … Franck Vilijn : II ne peut pas en être autrement. Ainsi, ce programme d’investissement va s’appuyer sur un programme de formation de trois ans correspondant à 21 900 heures de formation auxquelles seront conviés les 76 salariés actuels de l’usine et la trentaine de collaborateurs que nous allons engager. C’est un programme très lourd mais qui, évidemment, recèle un caractère critique compte tenu de la mutation industrielle que nous devons piloter. Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier
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Santé & Silver Économie
Les remèdes à la désertifica La densité médicale en Loir-et-Cher (85 généralistes pour 100 000 habitants) est inférieure à la moyenne de la France métropolitaine (96 pour 100 000). Et 61 % des généralistes y ont plus de 55 ans et commencent à songer à la retraite. Pour échapper au désert médical dans le monde rural, l’ARS et les collectivités locales multiplient les initiatives, comme les stages d’étudiants chez les généralistes. Autre axe, le développement de structures d’exercice regroupé, MSP, PSP ou PAIS, qui permettent de lutter contre l’isolement, de faciliter remplacements et recrutements, d’échanger entre professionnels de santé et de mutualiser des coûts de fonctionnement.
Le PSP Val de Cher, tout le monde s’y retrouve
O
n connaîtra sans doute bientôt autant Selles-sur-Cher (4 726 habitants) pour son pôle de santé pluriprofessionnel (PSP), qui couvre un bassin de vie de 11 000 habitants, que pour son fromage de chèvre. Nombreux sont en effet les patients qui font 10 ou 15 km, voire davantage, pour consulter l’équipe de professionnels de santé (3 et bientôt 4 généralistes, 3 infirmières, 1 chirurgien-dentiste, 3 masseurs-kinésithérapeutes, 2 podologues, 1 psychothérapeute, 1 pharmacien) qui se sont regroupés dans ce PSP inauguré
Jean-Paul Pinon : « Soit l’on attendait de voir mourir nos métiers de leur belle mort, soit l’on essayait de rendre notre travail plus attractif. ».
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en juin 2013. Ici, à 42 km de Blois et 19 km de Romorantin, comme ailleurs en milieu rural, il fallait d’urgence « remédier aux problèmes de succession » (la moyenne d’âge des médecins y est de 60 ans), résume le Dr Jean-Paul Pinon, conseiller général et coordinateur du pôle. « Soit l’on attendait de voir mourir nos métiers de leur belle mort, soit l’on essayait de rendre notre travail plus attractif, plus sympathique. » C’est cette seconde solution qu’ont choisie les promoteurs du PSP pour continuer à offrir « une prise en charge assez globale », de qualité et de proximité à leurs patients en finançant de leurs seuls deniers (près de 2M€), les locaux et équipements du Pôle Santé Val de Cher (PSVC), 1 rue du Docteur Jean Chick, au cœur d’une zone commerciale dynamique. « Nous sommes tous copropriétaires et avons chacun notre propre alvéole telles des abeilles travailleuses, plaisante le Dr Pinon. À travers ce pôle nous voulons montrer que la campagne est un lieu où l’on peut créer quelque chose d’utile et de sympathique, avec de grands bureaux, des cabinets, une salle de repos et une autre de réunion. Sa vocation est de décharger le professionnel de santé de soucis pratiques pour qu’il puisse se consacrer à sa seule pratique. Tout le monde s’y retrouve. » « Pôle » et non « Maison » de santé, car l’équipe du PSVC travaille en étroite
collaboration avec un cabinet de radiologie et d’autres professionnels de santé qui ne sont pas installés avec elle. « Le PSVC n’est pas une entité isolée du reste du monde », insiste le Dr Pinon. Le pôle s’inscrit par ailleurs résolument dans un schéma de permanence des soins. Un planning est prévu pour que chaque médecin participe au tableau des gardes du secteur de Romorantin-Lanthenay. Des plages de consultations libres sont réservées chaque jour pour des consultations urgentes imprévues. Les congés et absences des professionnels de santé sont organisés de façon à maintenir une ouverture régulière de la structure toute l’année, notamment grâce à des médecins remplaçants. Sur le plan de la qualité des soins, des réunions pluriprofessionnelles se tiennent une fois par trimestre en vue d’améliorer l’organisation du pôle et les pratiques médicales. Des protocoles de prises en charge sont également à l’étude avec la polyclinique de Blois pour instaurer, le plus tôt possible, une consultation de chirurgie déportée en urologie. Est aussi envisagé un partenariat avec les urgences et le Samu de l’hôpital de Blois. Enfin, parce qu’il faut préparer la « relève », deux des piliers du pôle, les Dr JeanPaul Pinon et Caroline Chick sont maîtres de stages : ils accueillent chaque année des internes en médecine générale dans leur cabinet.
tion médicale existent La MSP de Contres préfigure l’avenir des soins de proximité
I
ls sont 16 professionnels de santé à faire « tourner » la Maison de santé pluridisciplinaire (MSP) de Contres, ouverte depuis le 1er décembre 2013 à proximité du centre du bourg (4 généralistes, 7 infirmières, 1 sage-femme, 1 psychologue, 1 diététicienne, 1 masseur-kinésithérapeute et 1 podologue). Tous mobilisés pour offrir des soins de proximité et de qualité aux quelque 13 000 habitants du bassin de vie controis. Cette MSP, financée dans le cadre du contrat de plan ÉtatRégion avec une forte participation de la communauté de communes, est installée dans un bâtiment assez vaste pour héberger autant de cabinets que de professionnels (plus trois autres en réserve), ainsi qu’une salle de réunion et un studio destiné à des étudiants en stage. Dès l’origine, ce projet avait pour ambition de favoriser la venue de nouveaux professionnels de santé sur le territoire départemental et d’anticiper ainsi les départs en retraite de certains médecins. Ce « renouvellement gé-
nérationnel » est d’ores et déjà à l’œuvre, sous la conduite du Dr Étienne Gallet, jeune médecin généraliste de 36 ans, coordinateur de la MSP et maître de stage d’internes en médecine à l’instar de ses confrères de la maison de la rue de la Plaine. « Cette MSP préfigure le futur de la médecine, se réjouit-il, parce qu’elle résulte d’un projet mûrement réfléchi, se veut attractive et s’inscrit dans une dynamique de qualité des soins, avec un volet prévention et un volet formation. » En partenariat avec la Mutualité française de la région Centre et grâce un complément de rémunération hors soins apporté par l’ARS, la MSP a ainsi rapidement lancé des actions de sensibilisation à la prévention en faveur des seniors. La formation des internes, quant à elle, se fera bientôt en complémentarité avec celle dispensée au sein de la future maison de santé universitaire en construction à Cheverny, dont le projet a été validé par l’ARS il y a un an.
Étienne Galet : « Cette maison de la santé pluridisciplinaire préfigure le futur de la médecine. ».
La PAIS, un véritable plus pour l’aménagement du territoire
R
etenue comme « Lab » (laboratoire représentatif du dynamisme du Loir-et-Cher) pour Loir-et-Cher 2020, cette plateforme est portée par le centre hospitalier de Blois, en partenariat avec l’ARS, la Mutualité Française du Centre, Harmonie Mutuelle, le GCS Télésanté Centre, la CPAM 41 et trois entités locales : Cher à la Loire (11 médecins adhérents), Val de CherControis (10 médecins), Pays Grande Sologne (3 communautés de communes autour de Salbris, LamotteBeuvron, Neung-sur-Beuvron, avec bientôt 6 médecins). Le Loir-et-Cher
est le premier département de France à avoir mis en œuvre ce dispositif en constante extension et aux multiples avantages. La PAIS permet d’abord d’alléger les tâches administratives des médecins en renforçant leur secrétariat et en formant celui-ci au filtrage des appels, via une formation assurée par le Samu, grâce à une aide financière apportée en totalité par l’ARS la première année, puis progressivement par la communauté de communes concernée. La PAIS offre ensuite aux médecins des conseils gratuits, en particulier pour
des solutions informatiques mutualisées, et la possibilité de participer à Bientôt 8 MSP en Loir-et-Cher Les MSP ont vocation à offrir des soins de proximité dans un bassin de population de 5 000 à 10 000 habitants. Début 2014, la région Centre en comptait quarante-deux, dont six en Loir-et-Cher : Montrichard, Mondoubleau, Oucques, St-Amand-Longpré, Selles-sur-Cher et Contres. Une douzaine d’autres MSP devaient ouvrir en 2014-2015, dont deux en Loir-et-Cher : Châtres-sur-Cher et Cheverny.
La Lettre Valloire - Hors-série octobre 2014 33
Santé & Silver Économie
Docteur Gbadamassi
des actions de prévention rémunérées par la CPAM 41, via le Fonds national de prévention, éducation et information en santé (FNPEIS), afin de compenser le manque à gagner résultant de leur absence du cabinet. Il s’agit, par exemple, de la sensibilisation, en lien avec une équipe mobile
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hospitalière de Nutrition-Diabète 41, à l’éducation thérapeutique de patients diabétiques ou en surpoids, ou d’interventions en EHPAD destinées à éviter des hospitalisations de personnes âgées. Enfin, la PAIS attribue aux médecins adhérents un complément de rémunération (100 € par jour, financés par la communauté de communes) pour la prise en charge de demandes de soins imprévus assurée chaque jour, à l’échelle d’un secteur donné, durant un tour de rôle. « À partir du moment où un filtrage des appels et un secrétariat sont mis en place, le médecin gagne du temps et peut le mettre à profit pour prendre en charge des patients imprévus soit à son cabinet, soit à tour de rôle avec ses confrères à raison d’une journée de temps à autre », détaille Patrick Expert, directeur adjoint du centre hospitalier de Blois. « Ce système a deux avantages. Le premier est de permettre à des patients d’accéder à des soins de proximité sans rendez-vous
si cela se justifie, le second, pour le médecin qui n’assure pas de rendezvous imprévus (lorsque ceux-ci sont confiés à un confrère), de maîtriser ses horaires, donc d’améliorer sa qualité de vie. » La PAIS est donc un système gagnantgagnant. Pour le médecin, qui rompt son isolement, suit des formations, il « ne dit plus oui à tout et travaille mieux ». Pour l’hôpital, qui voit ses urgences se désencombrer (20 % d’admissions en moins chez les plus de 70 ans). Pour le département, qui attire de nouveaux médecins (5 installations au printemps 2014). Pour le patient qui accède plus facilement aux soins et fréquente moins les urgences. Pour l’Assurance Maladie aussi, qui fait des économies grâce à ce dispositif cofinancé par le mouvement mutualiste, le conseil général et les communautés de communes. Au total, « un vrai plus pour l’aménagement du territoire », résume Patrick Expert. Jacques Huguenin
Télémedecine, pas compliquée et accessible à tous Au printemps 2014, le Loir-et-Cher comptait une petite vingtaine de sites de télémédecine financés par l’Agence régionale de santé. Les atouts de cette technologie, plébiscitée en milieu rural, sont nombreux, sa facilité d’utilisation et son accessibilité n’étant pas des moindres.
L
a télémédecine intéresse en priorité la filière gériatrique, en raison de son « côté fédérateur », précise Dominique Pierre, référent télémédecine à l’Agence régionale de santé (ARS). De fait, les actions mises en place concernent le service de gériatrie du centre hospitalier de Blois et d’autres spécialités au sein de cet hôpital, mais aussi le centre hospitalier de Vendôme et la polyclinique de Blois, 6 EHPAD qui sont déjà équipés (Selles-sur-Cher, St-Aignan, Montrichard, Vallières-les-Grandes, Chailles et Marchenoir) et 7 autres à l’équipement financé mais qui n’étaient pas encore installés au printemps 2014 (Contres, Vineuil, Montoire-sur-leLoir, St-Amand-Longpré, St-Georgessur-Cher, Savigny-sur-Braye et Salbris). Les EHPAD disposent d’un chariot mobile permettant une utilisation dans un bureau médical ou d’une chambre à l’autre, intégrant PC, écran tactile, caméra de visioconférence et ports USB pour brancher divers périphériques afin d’échanger images et documents. Le centre expert (le spécialiste, l’hôpital ou la clinique), quant à lui, n’a besoin que d’une webcam et d’un PC double écran pour la visioconférence et l’examen des in-
formations sur le patient transmises par l’EHPAD. D’autres initiatives sont programmées ou en cours. Un financement concerne le service médical de la maison d’arrêt de Blois : le matériel servira à recueillir des avis spécialisés sans avoir à « extraire » un détenu pour raison sanitaire. Un dispositif de télécardiologie est prévu entre des médecins du centre hospitalier de Romorantin et des cardiologues du pôle de santé privé Oréliance à Saran (45). Le dépistage à distance de complications du diabète par rétinographie est opérationnel dans les locaux du réseau santé Nutrition Diabète 41 ou de manière itinérante dans certaines maisons de santé, en liaison avec des ophtalmologistes libéraux. Enfin, la télémédecine devrait unir prochainement l’hôpital de Selles-sur-Cher et l’Institut médical de Sologne à Lamotte-Beuvron pour le suivi à distance de patients en rééducation cardiologique ou pneumologique. « La télémédecine n’est pas compliquée et doit devenir accessible à tous, plaide Dominique Pierre, à condition de lutter contre ces freins : l’image fausse de complexité, car le
matériel est simple à utiliser ; la crainte d’être submergé par les demandes intempestives, alors que l’on commence toujours par poser une question en temps différé dont la réponse peut souvent être obtenue ultérieurement sans nécessiter de recourir à la visioconférence ; l’absence de rémunération des actes de télémédecine pratiqués en ambulatoire. Or, la région Centre a vu sa candidature acceptée à l’article 36 de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2014 qui prévoit l’expérimentation de cette rémunération pour le suivi de patients en EHPAD, en MSP ou malades chroniques, par des médecins libéraux ou hospitaliers en consultation externe. » JH
L’essentiel de l’actualité régionale act@lettrevalloire.com nt co : t ui at gr i sa es un Pour
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Tourisme JEAN D’HAUSSONVILLE, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU DOMAINE NATIONAL DE CHAMBORD
« Chambord peut faire encore Sous la houlette de son directeur général, le Domaine national de Chambord mène tambour battant une vigoureuse politique de rénovation de son offre. Objectif : atteindre le million de visiteurs en 2019. La Lettre Valloire : Vous venez d’engager d’importants travaux de réaménagement du Domaine de Chambord. Quels sont les enjeux du projet ? Jean d’Haussonville : Ce projet répond à un double enjeu. Il y a d’abord naturellement la stricte question économique. Nous nous devons d’accroître la fréquentation et, partant, l’attractivité du Domaine de Chambord. Je rappelle que ce dernier accueille chaque année quelque 745 000 visiteurs pour le seul château ; cette fréquentation est en augmentation, comme en témoignent d’ailleurs les derniers chiffres en notre possession (+ 13,30 % de janvier à avril 2014), mais cela ne correspond pas encore au potentiel de ce patrimoine extraordinaire dont j’ai la responsabilité. C’est dans cette logique que nous visons le million de visiteurs en 2019-2020 – qui sera l’anniversaire des 500 ans de la construction du château –, un objectif parfaitement atteignable à condition de nous donner les moyens d’y parvenir. Il faut tout de même prendre la mesure des retombées économiques suscitées par la fréquentation du Domaine au bénéfice du Loir-et-Cher, et d’ailleurs de la région Centre dans son ensemble : en moyenne, un euro dépensé pour la visite du Domaine déclenche 40 € de dépenses en repas, nuitées, transports ou au profit d’autres sites touristiques. Le second enjeu est relatif à l’ima36 La Lettre Valloire - Hors-série octobre 2014
ge internationale de la France et du coup à son attractivité. C’est un sujet qui me tient à cœur puisque je suis diplomate et puisque, comme vous le savez, le commerce extérieur est désormais placé sous la tutelle du Quai d’Orsay. Lorsque l’on évoque les châteaux de la Loire à l’étranger, c’est le nom de Chambord qui revient le plus souvent. Il faut se rendre à l’évidence : Chambord est une très grande marque mondiale ! Nous ne pouvons pas nous permettre de décevoir notre clientèle qui vient parfois de très loin : aujourd’hui, 85 % de nos visiteurs sont français et européens, mais 15 % de nos clients sont originaires de pays émergents, notamment de Russie et de Chine. Il faut faire très attention à ces équilibres ; si les grands monuments de notre pays ne sont pas délocalisables, les flux touristiques, en revanche, se délocalisent sans aucune difficulté… La Lettre Valloire : L’esthétisme et l’importance d’un tel monument ne se suffisent-ils plus à eux-mêmes, qu’il faille trouver de nouveaux motifs de visiter Chambord ? Jean d’Haussonville : Chambord est une œuvre de génie, c’est une œuvre d’art à part entière. Aujourd’hui, il faut néanmoins avoir conscience que la France est exposée à une rude concurrence nationale et internationale. L’attractivité de son patrimoine, qui constitue un atout évidemment majeur ne va pas de soi. La fréquentation touristique des châteaux de la Loire est ainsi restée stagnante pendant plusieurs années, alors que le marché du tourisme s’accroissait à grande vitesse. Il est donc indispensable de s’inscrire dans une logique d’innovation et de renouvellement. Pour Chambord, la création d’un établissement public et commercial (EPIC) en 2005 a constitué une étape majeure de la stratégie de développement que nous menons aujourd’hui. J’ajoute que les touristes qui viennent visiter le Domaine, qui se restaurent et qui passent quelques nuitées sur place, ne font pas de différence entre le site lui-même et ce qu’ils auront vécu sur d’autres plans, notamment sur celui de la gastronomie ou de l’hôtellerie. L’expérience Chambord est
beaucoup mieux » une expérience unique qui intègre la visite du monument, mais aussi les à-côtés. La Lettre Valloire : C’est ce qui vous a amené à dénoncer les différents baux commerciaux du site et à lancer un appel d’offres pour la construction d’un hôtel haut de gamme ? Jean d’Haussonville : Je vous rappelle que c’est la Cour des comptes qui, dans son rapport 2010, a initialement signalé des problèmes de qualité dans l’exploitation du Domaine, ainsi que la nécessité de mettre en place une stratégie de développement. Un avis du Conseil d’État de 2012 a pour sa part indiqué que l’ensemble du Domaine national de Chambord, à l’exception de la forêt, relevait du domaine public. Aujourd’hui, je pense que le temps de la polémique sur ce dossier des commerces est derrière nous. Nous accueillons de nouveaux exploitants conformes à l’image de qualité que nous souhaitons donner à Chambord. Nous sommes par ailleurs sur le point de choisir l’exploitant du futur hôtel qui sera édifié sur la ferme de l’Ormetro ; celui-ci dont l’ouverture est prévue pour 2015, va requérir un investissement compris entre 3 et 10 M€. Parmi les travaux qui ont été effectués en 2013 afin de restaurer le monument et ses abords, on peut citer les travaux de rénovation du monument lui-même, dont le montant s’élève à 2 M€ sans oublier bien sûr la restauration du jardin anglais pour 1 M€ et celle de la promenade du plan d’eau pour 570 000 €.
l’un des plus grands plasticiens français. Par ailleurs, nous produisons un spectacle équestre dans les écuries du château… et nous accueillons aussi l’émission gastronomique Top Chef. Bien sûr, et cette fois-ci tant sur le terrain de l’innovation que de l’animation, nous souhaitons faire entrer le Domaine de Chambord dans l’ère du numérique. C’est une étape majeure qui doit nous permettre de communiquer plus efficacement avec tous nos publics, les jeunes, bien entendu, mais également avec notre clientèle internationale. Nous avons ouvert en avril 2013 une toute nouvelle version du site Internet www.chambord.org et nous allons pour 2014 porter nos efforts sur la présence de Chambord sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, nous devrions pouvoir proposer de meilleures interfaces numériques lors de la visite du Domaine via la mise à disposition de consoles. Les premières offres devraient être mises à disposition des visiteurs en 2015. La problématique de la réalité augmentée est l’un des sujets importants de l’exploitation des sites historiques. Enfin, nous allons bientôt bénéficier in situ de la fibre optique et donc de débits beaucoup plus importants. C’est une demande forte de nos visiteurs. Aujourd’hui, près d’un visiteur sur deux partage des avis et des photos sur des réseaux sociaux pendant la visite d’un lieu du patrimoine. Chambord doit vivre avec son temps… Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier
La Lettre Valloire : Il vous faut également gagner la bataille de l’animation ? Jean d’Haussonville : Plutôt que de bataille, je parlerais du développement des activités de loisir et surtout de politique culturelle. La création historique fait partie de l’histoire de Chambord. Il est important de proposer au public des nouveautés, que ce soit des manifestations culturelles temporaires ou saisonnières afin de placer Chambord au cœur de l’actualité et de donner envie à nos visiteurs de revenir visiter les lieux à différents moments de l’année. C’est dans cette perspective que nous accueillons par exemple jusqu’au 12 octobre 2014 une formidable exposition de Philippe Cognée qui est tout simplement La Lettre Valloire - Hors-série octobre 2014 37
Tourisme
Beauval, une success story Le zooparc de Beauval, créé en 1980, a débuté en présentant quelques oiseaux. Trente ans plus tard, le site accueille un million de visiteurs en vallée du Cher. s" "Les Maîtres des air Nouveau spectacle
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orsque Françoise Delord, comédienne à Paris et passionnée d’animaux, s’est installée en vallée du Cher avec le projet fou d’ouvrir un zoo ornithologique, personne n’y croyait. Les hommes politiques de l’époque n’auraient pas osé parier un centime sur l’idée, la rejetaient même. Et pourtant. Trois décennies plus tard, le zooparc de Beauval force la fierté de tous. Il abrite plus de 4 000 animaux sur des dizaines d’hectares, dont les fameux tigres blancs qui ont contribué à la notoriété des lieux. Il a été classé parmi les quinze plus beaux zoos du monde par Forbes Traveler, fait partie des quinze lieux les plus visités de France et est surtout le premier site touristique du département, devant le château de Chambord. Il faut dire que l’arrivée en 2012, après six ans de négociations franco-chinoises, d’un couple de pandas, un mâle et une femelle, Huan Huan et Yuan Zi, a permis au parc animalier d’attirer davantage de curieux sur place. Mais quelles sont vraiment les re-
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cettes du succès ? La passion ? Oui, mais aussi et surtout le goût d’innover toujours pour satisfaire un public de plus en plus large : pour cela, il faut de l’audace et savoir se remettre en cause. Le résultat ? Toujours plus de projets, de plus en plus importants et nom-
breux, au fil des années. En 2014, par exemple, une usine de méthanisation est sortie de terre et un nouveau spectacle a été créé. Lancé en avril dernier sous le nom de baptême évocateur – « Les Maîtres des airs » –, il est logé dans un vaste théâtre de verdure et accueille des oiseaux en vol libre (lire l’encadré ci-contre) : c’est aussi un clin d’œil à la passion de Françoise Delord dont l’appartement parisien, avant sa venue dans le Loir-et-Cher, était devenu une véritable volière. Autre nouveauté de l’année, une résidence hôtelière, « Les Hameaux de Beauval », a ouvert ses portes en mai, dans le centre-ville de St-Aignan-surCher, à la place de l’ancienne gendarmerie, avec seize appartements tout confort (une à trois chambres, huit personnes pour le duplex), une piscine et une décoration intérieure évoquant le
Des gestes pour la planète À St-Aignan-sur-Cher, les déchets du zooparc sont recyclés, les matériaux utilisés sont naturels, l’eau provient de forages autonomes et des panneaux solaires ont été posés sur le toit de la maison des éléphants. Une autre étape a été franchie en 2014 avec la construction d’une usine de méthanisation qui s’inscrit dans une démarche environnementale active. L’installation, dont l’investissement est chiffré à 2,3 M€, est la première de ce type bâtie dans un parc animalier français. Avec ce procédé complètement écologique, les déchets verts issus de la tonte et de la taille de la végétation du zoo, ainsi que les déjections des animaux pensionnaires, sont traités et le compostage sans oxygène de ces résidus d’exploitation dégage un biogaz après fermentation. Le méthane ainsi généré servira à chauffer le bâtiment des éléphants mais aussi la serre des gorilles et celle des lamantins. Beauval diminue sa facture énergétique à hauteur de 20 % et la quantité d’électricité revendue à EDF, soit 1,9 gigawatt d’électricité, représente une alimentation annuelle de 3000 foyers, soit l’équivalent de la population de St-Aignan-sur-Cher !
made in Saint-Aignan-sur-Cher bout du monde. L’année prochaine, c’est un second hôtel, « Les Pagodes de Beauval », qui accueillera le public, avec un pôle groupes et séminaires, à proximité du tout premier hôtel construit sur le site, en 2008 (« Les Jardins de Beauval »), avec une capacité de 128 chambres. En bref, pas moins de six chantiers en cours. L’investissement global s’élève à 15 M€ ! La réussite de Beauval réside sans doute aussi dans le fait que l’histoire est familiale. Françoise Delord a créé le zoo et Rodolphe Delord, son fils, en est le directeur. « Rodolphe, mon frère, est un bâtisseur ; moi, je suis perfectionniste. Nous sommes tous très complémentaires », confie Delphine Delord, fille de Françoise et directrice de la communication du site animalier. « C’est une histoire humaine avant tout, une aventure incroyable. Maman a su convaincre les banquiers qui ont pu constater qu’il y avait des résultats. Rien n’était calculé. Ma mère n’aurait jamais imaginé que cela allait prendre autant d’ampleur. Personne ne l’avait imaginé. Nous le mesurons aujourd’hui », poursuit Delphine Delord qui tente de percer le secret de cette exceptionnelle réussite. « Nous aimons faire les choses en grand, des choses qui nous plaisent. Nous aimons réaliser de beaux projets et les gens y sont visiblement sensibles. Vous savez, lors que nous créons,
nous ne réalisons jamais d’étude de marché, nous n’avons pas de visée commerciale. Bien sûr, il faut nourrir les animaux, payer les employés mais nous ne sommes pas un parc d’attractions. Nous investissons intelligemment et ne jetons pas l’argent par les fenêtres ; un euro, c’est un euro. Nous vivons notre passion au quotidien et nous aimons créer la surprise. » Beauval, comme Rome, ne s’est toutefois pas construit en un jour. Les tigres blancs en 1991, la serre tropicale en 1992, la serre des oiseaux en 1994 puis la savane africaine, les koalas, les éléphants, les pandas… « Je me souviens des premières volières montées, des premiers murs… Au début, quand tout a commencé, ce fut très dur par moments, même c’était très novateur de mélanger toutes ces espèces. Nous étions en dépassement de budget et nous avons eu la chance que les banques nous suivent et nous pouvons ainsi faire vivre notre passion aux gens, les dépayser également. Nous avons toujours pris des risques et avons toujours fait passer nos intérêts personnels après Beauval. Nous ne connaissons pas les 35 heures ! Je suis d’ailleurs navrée de constater que certains jeunes ne jurent que par ces 35 heures. C’est en travaillant, en multipliant les heures que nous, nous sommes heureux. Cela nous amuse, il nous faut tou-
jours quelque chose à faire ! » La famille Delord, qui emploie en vallée du Cher quelque 350 personnes à l’année (le chiffre de 500 emplois permanents est un objectif), possède ce goût d’entreprendre, cette envie de se dépasser, de ne jamais s’endormir sur ses acquis en se lançant sans cesse de nouveaux défis. Le prochain ? « Des hippopotames, peut-être en 2015 ou 2016 », annonce Delphine Delord. «Vous pourrez les voir évoluer sous l’eau… Sans oublier un essai bébé pour les pandas !» Émilie Rencien
La future résidence hôtelière « Les Hameaux de Beauval »
Des espèces animales et du show Celles et ceux qui ont déjà visité le zoo de Beauval connaissent déjà le spectacle qui mêle des acrobaties d’otaries dans une piscine et des rapaces en plein vol. Cette année, un nouvel amphithéâtre de 3 000 places assises est en plus accessible au public avec un deuxième spectacle, Les Maîtres des airs. Dans ce dernier, pas de mammifères mais des oiseaux (des marabouts, des pélicans, des faucons, des perroquets, etc.) évoluant majestueusement au-dessus de la tête des spectateurs, le tout en musique. Un nouveau restaurant, le Kilimandjaro (700 places), a même été édifié à proximité pour satisfaire les petites faims et les grosses gourmandises. « La décoration est africaine et vous pouvez y déguster entre autres des hamburgers toute la journée », a précisé Delphine Delord.
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Tourisme
FFE, un parc équestre unique en son genre Le site de Lamotte-Beuvron abrite depuis 2007 le siège social de la Fédération française d’équitation et le pôle France Attelage. Il accueille de grandes manifestations, 30 000 cavaliers par an et autant de chevaux !
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ne colonie pénitentiaire, une maison d’éducation puis un hôpital militaire. Le site de Lamotte-Beuvron, qui s’étend sur
250 hectares, a connu plusieurs vies depuis le Moyen Âge ! Serge Lecomte, président de la Fédération française d’équitation (FFE), a eu l’audace et l’ambition de transformer l’endroit : c’est aujourd’hui le rendez-vous incontournable des amoureux du cheval et de la nature. « Le premier championnat s’est déroulé en 1994, c’était à l’époque le mouvement du poney club. Le parc a ensuite grossi autour de projets de développement, se souvient Frédéric Bouix, délégué général. C’est la maison de famille des cavaliers, là où on peut se réunir et se rencontrer autour de la compétition et en dehors. Nous faisons ici ce qu’il n’est pas possible de faire ailleurs.» Le site est désormais bien connu du monde de l’équitation pour le « Generali Open de France », qui se déroule durant deux semaines en juillet ; il attire chaque année plus de 14 000 concurrents et 500 000 visiteurs. « Nous sommes
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entrés dans le « Guiness des records » en 2013, ajoute Frédéric Bouix. Lamotte-Beuvron, qui compte 2 500 habitants, voit sa population multipliée par cinq durant quinze jours ! Tout fonctionne à plein : la vente de carburant, la pharmacie, les boulangeries et épiceries, etc. La FFE est un vrai poumon économique pour le département. » Équipé pour l’accueil, le parc compte 520 boxes, 200 lits, 50 hectares de pistes, 20 hectares de parkings, plus de 5 000 m2 de locaux administratifs, 3 restaurants… Et ce n’est pas fini. «Nous sommes en phase de construction, confirme Frédéric Bouix. Un carré d’une dizaine d’hectares est prévu pour accueillir des équipes de France à l’entraînement, dans de bonnes conditions, ainsi que des compétitions internationales. » Un hôtel de 40 chambres a ouvert en début d’année. Un autre
pôle de restauration est prévu dans le château. « L’hôtel correspond à un accueil de groupes. Nous ne voulons pas concurrencer le commerce local, cela complète plutôt notre offre de séminaires. Quant au nouveau restaurant, qui devrait sortir de terre d’ici à 2016, il sera aussi modulable en tables de séminaires et de réunions. Des séminaires sont souvent organisés dans le football, pas dans le milieu équestre. La FFE est le seul endroit en France où cela se fait. » D’autres idées sont dans les cartons mais rien de plus ne sera dévoilé. « Le site est en travaux depuis vingt ans. Nous bénéficions de très peu d’aides publiques. Nous bâtissons au gré de ses moyens. » Deux phases de 10 M€ sont programmées. Une première enveloppe est déjà engagée pour l’horizon 2016. Émilie Rencien www.ffe.com
Une attitude équestre et écoresponsable Le site lamottois est un écrin de verdure au cœur de la Sologne. Depuis plusieurs années, la FFE veille à préserver cet espace naturel : récupération des objets sur les événements et des déjections des animaux, gobelets recyclables, absence de véhicules à moteur sur le parc, choix de briques locales pour les constructions, etc. « Nous gérons le parc comme une importante propriété forestière, de façon responsable, souligne son responsable. La méthanisation ? Nous n’avons pas assez de volumes mais les fumiers récupérés partent en champignonnières et sont utilisés pour amender les prairies. » Le site a obtenu en 2011 le trophée Generali du développement durable, qui récompense les meilleures initiatives des clubs ou associations adhérents de la FFE.
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Grands témoins YVAN SAUMET, PRÉSIDENT DE LA CCI DE LOIR-ET-CHER
« Le Loir-et-Cher doit se doter
d’un Fab lab »
Selon Yvan Saumet, la CCI de Loir-et-Cher a déjà engagé depuis une petite dizaine d’années la bataille de l’innovation. Mais il faut aller plus loin en multipliant les lieux d’échange et en relançant le projet de création à Blois d’une plate-forme industrielle d’innovation sur le modèle du Fab lab. La Lettre Valloire : L’innovation est-elle un volet critique des politiques menées par la CCI de Loiret-Cher ? Yvan Saumet : Assurément, nous n’avons pas attendu que l’année 2014 soit décrétée année de l’innovation pour nous occuper du sujet. Mon prédécesseur Alain Courtois s’était résolument engagé dans cette voie lors des mandats précédents et je me suis inscrit dans cette démarche pionnière ; c’est toute l’histoire du dispositif TrempoliNNo I et II qui a conduit les équipes de la chambre à visiter un bon millier d’entreprises en Loir-et-Cher afin d’éveiller les entrepreneurs aux bienfaits de l’innovation et identifier d’éventuels projets dormants. Dans le cadre de cet audit individuel, qui était financé par la CCI et le conseil général du Loir-et-Cher, nous avons réussi à accompagner plusieurs dizaines d’entreprises et notamment des PME-PMI de taille modeste qui n’auraient jamais fait le premier pas. Ce savoir-faire pionnier a même fait école en région Centre où d’autres CCI, et jusqu’au conseil régional, ont copié-collé notre dispositif. La Lettre Valloire : Comment souhaitez-vous prolonger ces premières actions ? Yvan Saumet : Les équipes sont en place, bien installées et en grande proximité avec le tissu économique. Nous n’allons
pas réinventer une nouvelle offre d’accompagnement. Seulement, nous souhaitons réorienter nos actions vers les services. Nous avons historiquement commencé par le secteur industriel, compte tenu de la spécificité du département qui est, je le rappelle, le 22e département industriel. Mais il y a évidemment beaucoup à faire du côté des services qui ne se tournent pas spontanément vers l’innovation. Parfois, il peut même être utile de croiser des savoir-faire industriels et des expertises dans le domaine du service. C’est ainsi que le fabricant de mobilier Stal à Romorantin a conçu avec Leclerc des nouveaux modules de magasin qui tiennent compte des comportements de la clientèle. De même, à Blois, la société Sidamo, qui produit des produits abrasifs et de l’outillage, a engagé une réflexion sur son mode de distribution. C’est un fait, l’innovation de rupture ne se focalise plus sur le process. La Lettre Valloire : Que manque-t-il pour favoriser davantage l’innovation en Loir-et-Cher ? Yvan Saumet : Nous avons beaucoup d’outils comme les clubs et les réseaux d’affaires, et qui sont autant de lieux d’échange sur le thème de l’innovation. Il faut ajouter à cette palette notre incubateur qui est également un espace de coworking ; il permet à de jeunes entrepreneurs de confronter leurs visions et leurs expériences. À une époque, la CCI, des industriels et l’école d’ingénieurs de Blois – qui s’appelait alors l’EIVL – avaient projeté de créer une plateforme commune d’innovation industrielle, une sorte de Fab lab avant la lettre. Le projet n’a pas abouti et je le regrette. Je profite d’ailleurs de l’occasion pour proposer à l’Insa de Blois qui a succédé à l’EIVL, de relancer ce projet si elle le souhaite, car je suis persuadé qu’il doit se faire. La Lettre Valloire : Que dites-vous aux chefs d’entreprise pour les inciter à se lancer dans la bataille de l’innovation ? Yvan Saumet : Que cette dernière peut constituer une planche de salut lorsqu’ils sentent que leur modèle économique est contesté. Mais il ne faut pas attendre de couler pour la saisir ! Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier
42 La Lettre Valloire - Hors-série octobre 2014
CHRISTOPHE DEGRUELLE, PRÉSIDENT D’AGGLOPOLYS À BLOIS
Agglopolys, petit précis d’innovation Une collectivité territoriale comme la communauté d’agglomération de Blois ne reste pas à l’écart de l’innovation. Elle y contribue à la fois par son soutien au secteur productif, mais aussi en modernisant ses services pour les rendre plus efficaces. Son président Christophe Degruelle revient sur cet esprit « start-up » qu’il veut donner à Agglopolys. La Lettre Valloire : La gestion d’une collectivité peut-elle être innovante ? Christophe Degruelle : Une collectivité territoriale se doit bien entendu d’innover pour se moderniser et s’adapter à l’évolution de la société. Agglopolys y participe de différentes façons, notamment en mutualisant ses services avec ceux de la ville de Blois, pour réduire ses coûts de fonctionnement. Comme le veut la loi, la communauté d’agglomération de Blois a pris en charge l’exercice de nombreuses compétences obligatoires mais aussi facultatives, c’est-à-dire de services apportés à tous les habitants. On peut par exemple citer la collecte des déchets, l’assainissement ou la gestion des bibliothèques. Cette mise en commun des services avec la ville de Blois permet d’accroître l’efficacité des services des deux collectivités. Cette mutualisation des personnes, mais aussi des matériels, permet en outre de préserver les savoir-faire et les retours d’expériences indispensables pour améliorer sans cesse la qualité du service public. Agglopolys emploie 286 agents permanents, au sein de quatre directions générales adjointes mutualisées avec la Ville de Blois : les moyens et les ressources ; la planification, l’aménagement et le développement durable ; les services techniques ; et enfin, la culture, les loisirs, le tourisme et la coopération. Réduire ses coûts sans rien perdre de ses exigences, c’est cela, je crois, avoir l’esprit d’innovation. La Lettre Valloire : L’innovation est l’une des clés du développement des entreprises. Comment intervenezvous pour les aider ? Christophe Degruelle : Agglopolys a une action forte en faveur du soutien des entreprises de son territoire. Ce sont elles qui
créent les emplois et notre devoir est de mettre à disposition tous les outils nécessaires pour qu’elles puissent le faire. Mais l’innovation, c’est aussi créer un environnement favorable au maintien et à l’extension des entreprises. Nous avons la chance d’avoir un territoire où les grands secteurs de l’économie sont présents : l’industrie, les services, le tourisme, l’agriculture et la viticulture. Cet équilibre permet d’avoir un taux de chômage moins important qu’ailleurs. Notre soutien à l’enseignement supérieur, et en particulier à nos deux écoles d’ingénieurs, est aussi une clé de cette innovation. Elles sont prestigieuses et donc attirent des étudiants de toute la France qui découvrent une région. Ils seront peut-être de futurs habitants de notre agglomération. De plus, grâce à leurs laboratoires de recherche très performants, elles permettent aux entreprises locales des relations essentielles pour la recherche et le développement. Nous avons également aidé au montage d’un Fab lab. Un Fab lab c’est un laboratoire de fabrication, dont l’élément le plus connu de tous est l’imprimante 3D. L’émergence de ces lieux où chacun peut apporter son expérience et son envie de fabriquer ou de réparer des objets cassés, permet justement de favoriser la création et l’innovation. Tout se mêle dans cet atelier, l’électronique, la mécanique, la confection, la menuiserie… ainsi que des publics divers, curieux ou futurs créateurs d’entreprises. La Lettre Valloire : Quelles sont les limites que vous vous assignez en matière d’accompagnement des entreprises ? Christophe Degruelle : Nous sommes là pour créer un environnement favorable à l’économie et à la création d’emplois et les chefs d’entreprises sont là pour faire leur métier, pour faire du business. Il faut aider les entreprises à réaliser leurs projets, mais il n’est pas question de se substituer à elles. Nous sommes des facilitateurs mais nous devons aussi, comme des créateurs d’entreprises, adopter un esprit de « start-up » qui permet d’être performants avec des structures légères. Propos recueillis par François-Xavier Beuzon
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