POINTS CHAUDS L’UMP sort ses griffes Yann Galut, le revenant a de l’ambition La nouvelle vague du MoDem DOSSIER REPRISE D’ENTREPRISES Le credit crunch pénalise les LBO Ils ont survécu aux désastres industriels INDUSTRIES La grande déprime des imprimeurs TERTIAIRE Tours, quand le bureau va, tout va
MICHEL HERVÉ (HERVÉ THERMIQUE)
Gagner du temps avec la croissance externe
Dossier
Points Chauds En Scène www.lettrevalloire.com Ce numéro est un hors série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Edité par MCM Presse SARL au capital de 51 000 € RCS Tours B 341 914 273. Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours Adresse postale : BP 92031 37020 Tours Cedex 1 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) Aurélie Vouteau (assistante)
L’opposition UMP au Conseil régional se livre à un violent réquisitoire contre la gestion de la gauche pages 8 à 9
Laurent Baumel, de la théorie à la pratique
Elu maire de Ballan-Miré au mois de mars dernier, Laurent Baumel n’a pas tardé à bousculer l’ordre établi en prônant le rattachement de la commune à Tour(s) Plus page 10
L’industriel ballanais qui refuse de financer Tour(s) Plus
Défait à deux reprises aux législatives et au bord d’abandonner toute carrière politique, Yann Galut est devenu vice-président du Conseil général du Cher page 12
Boon ne fait pas rire Thierry Vinçon
Le projet Boon, dans le Boischaut, suscite les plus grandes réserves du maire de St-Amand-Montrond
page 13
La nouvelle vague du MoDem
Les départs successifs obligent le MoDem à renouveler les cadres pour préparer les combats à venir. Une véritable opération de casting est lancée page 14
Le Berry visé par le rédécoupage électoral
DOSSIER
page 15
Reprise d’entreprises Le credit crunch pénalise les opérations de LBO
La bourrasque financière qui souffle depuis un an a rendu le crédit plus cher et plus rare. Les banques régionales et les investisseurs abordent désormais les opérations de reprise ou de développement d’entreprises utilisant l’effet de levier de l’endettement avec une prudence de Sioux pages 16 à 20
Michel Hervé, gagner du temps avec la croissance externe
Après avoir racheté la société suisse Alvazzi il y a un an, Michel Hervé, fondateur d’Hervé Thermique, garde ses convictions. Sa croissance externe est plus guidée par une logique d’opportunités que par une stratégie délibérée page 22
Révision et correction : Odile Ménard et Caroline Laurent Diffusion : Annie Coupet
Informations légales : Abonnement annuel (23 numéros et 4 magazines hors série) : 330 € Les 4 magazines seuls : 12 € Abonnement électronique : 390 € Prix de ce numéro : 3 €
page 11
Yann Galut, le revenant a de l’ambition à revendre
Maquette : Régis Beaune
Impression : Imprimerie Graphival, Ballan-Miré (37)
pages 4 à 7
Politique : le livre noir des finances régionales
Ont collaboré à ce numéro : Odile Ménard Franck Guidicelli Bruno Villeneuve
Crédits photographiques : Couverture : Régis Beaune DR. (pages 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 12, 19, 30, 34, 35, 40, 41, 42, 44, 46, 54) Jean-Christophe Savattier (pages 6, 11, 13, 18, 26, 50, 52) Corbis (page 17) Richard Ode (page 7) Régis Beaune (pages 14, 22, 33, 43, 44) Bruno Villeneuve (page 25) François-Xavier Beuzon (pages 28, 39, 45, 52)
Sommaire
Laiterie de St-Denis-de-l’Hôtel, 100% pur jus de croissance
En rachetant l’usine des Vergers d’Alsace au groupe allemand Eckes-Granini, la Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel franchit une nouvelle étape d’une saga familiale de trois générations. page 24
Philippe Tréhoux a cru au potentiel de la DEC La nouvelle vie de Sairp Composites Jean-Marie Guinard, l’ingénieur est devenu ébéniste
page 26 page 28 page 30
Ils ont survécu aux sinistres industriels
Plombiers, mécaniciens de précision, garagistes ou cafetiers : ces anciens employés de grandes entreprises régionales ont tous choisi la voie de l’entreprise individuelle ou de la TPE pour rebondir dans la vie professionnelle. Si certains regrettent parfois les avantages qu’offrent les grands groupes, tous s’accordent à louer une qualité de vie retrouvée et cet ineffable sentiment de liberté qui est l’apanage des vrais entrepreneurs pages 32 à 36
Entreprises La grande déprime des imprimeurs régionaux Fermetures annoncées des sites Quebecor à Blois et à La Loupe, rumeurs de rachat du groupe Maury par des Néerlandais : la filière graphique régionale est entraînée dans un mouvement inexorable de réorganisation pages 38 à 41
Tours : Quand le bureau va, tout va CPPAP : 0111 I 85872 ISSN : 1246-4333 Dépôt légal : septembre 2008 Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon
PEFC/10-31-1138 FCBA/07-00835 – Document imprimé sur du papier PEFC participant à la gestion durable des forêts
L’année 2008 aura été marquée par un véritable boom de l’activité tertiaire à Tours. Mutuelles et compagnies d’assurances sont les principaux animateurs de cette envolée qui s’appuie sur une offre immobilière dense et dynamique page 42
Immobilier d’entreprises La fonderie Loiselet veut relocaliser à Nogent-Le-Roi MHS Industries va investir à Dreux Luneau Technology a fait de l’œil aux investisseurs Sofraser rachetée par son directeur général Du kérosène pour Europe Aviation AA Group arrive à St-Avertin Tours, bastion de la lutte anti-contrefaçon pharmaceutique L’usine McNeil d’Orléans devrait échapper à la fermeture Malistedecourses.net mise sur «l’instant marketing»
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Points Chauds
En Scène
Lepeltier sur tous les fronts T
out juste élu président du comité de bassin LoireBretagne, Serge Lepeltier confirme ses ambitions régionales. On dit que le maire UMP-radical de Bourges souhaite, en vue de 2010, constituer une liste avec Philippe Vigier, conseiller régional Nouveau Centre et député de la 4e circonscription d’Eure-et-Loir. Ce « projet » de ticket Lepeltier-Vigier ne trouble guère le camp d’Hervé Novelli qui a obtenu l’accord du maire de Cloyes-sur-le-Loir pour mener la liste UMP-Nouveau Centre en Eure-et-Loir ; Hervé Novelli cache de moins en moins son désir de prendre la tête du combat en 2010, après avoir dû céder le leadership à Serge Vinçon en 2004. Décidément sur tous les fronts, Serge Lepeltier vise aussi les élections européennes de 2009. Selon nos informations, il serait bien placé pour occuper la 3e place de la liste UMP Auvergne-Centre-Limousin qui serait conduite, comme en 2004, par Brice Hortefeux, le ministre de l’Immigration et de l’Intégration. A la 2e place, dévolue à une femme, les candidates crédibles à la candidature ne sont pas si nombreuses. Ce qui renforce les chances de la sortante Marie-Hélène Descamps. Il faudra aussi faire une place à un ou une représentant(e) de la région Limousin. En revanche, on juge peu probable la présence en position éligible de Renaud Donnedieu de Vabres, l’ancien ministre de la Culture.
L’ardoise de la Teuf L
e teknival de Crucey-les-Villages, au nord de l’Eure-et-Loir, aura coûté 700 000€ au contribuable, si l’on ajoute le montant des frais d’organisation à ceux de remise en état du terrain de l’ex-base aérienne. Le député-maire de Dreux Gérard Hamel, porte-parole du mécontentement des élus, et le préfet Jean-Jacques Brot ont alerté le ministère sur les nuisances et les risques de ce type de manifestation : « Les forces de l’ordre ont procédé à 73 interpellations qui ont donné lieu à 17 détentions provisoires. Tous les types de produits stupéfiants ont été saisis. Cela représente plusieurs kilos de drogue, rappelait fin juin le commandement du groupement de gendarmerie d’Eure-et-Loir. Nous avons aussi saisi 95 000€ en numéraire, qui provenaient de trafics ».
4 La Lettre Valloire - Septembre 2008
Pas fâchés du départ de l’Armée eux voix discordantes dans le concert de lamentations qui a accompagné les annonces de restructuration des sites de la Défense nationale, à la fin juillet. Jean-Pierre Gorges, maire UMP de Chartres, a jugé que la fermeture, programmée pour 2011, de l’Etablissement central de ravitaillement sanitaire (ECRS) de la ville – 128 personnes, dont une dizaine de civils – était « une bonne décision de l’Etat et une chance pour Chartres ». Il est vrai que ce départ libèrera une emprise située à l’entrée de la ville, route de Paris, et un bâtiment pratiquement neuf de 12 mètres de haut et de 10 000 m2 au sol, idéal pour le stockage de produits fragiles, notamment pharmaceutiques. Satisfaction à peine moins dissimulée pour Jean-Pierre Door, député-maire UMP de Montargis (45), qui s’attend à la fermeture de son école de gendarmerie, dont la rénovation coûterait trop cher, de l’ordre de 40 à 50 M€. « Une convention en cours d’élaboration va permettre de transmettre aux municipalités les sites militaires en centre-ville (…). L’éventuelle fermeture de l’école n’occasionnera pas de perte financière pour la Ville. Reste un formidable espace de plusieurs hectares pour lequel nous aurons à cœur de trouver une nouvelle destination. »
D
Le « ni-ni » façon Alain Tanton «T
ouche pas à mon scrutin » pourrait être le nouveau slogan du MoDem qui ne voit pas d’un très bon œil les velléités “umpistes” de modification du scrutin régional, hypothèse pourtant écartée récemment par Nicolas Sarkozy… qui n’a toutefois pas exclu une réforme de fond des collectivités territoriales. « Je suis agacé, indique Alain Tanton, le président du groupe des élus bayrouistes au Conseil régional, que l’on puisse ainsi vouloir modifier les règles du jeu. » Est-ce « parce que l’on considère que les Régionales sont un scrutin secondaire ? » ou parce que cette élection est trop importante « pour que l’UMP n’essaie pas de renforcer son leadership par tous les moyens ? » feint de s’interroger le président de la communauté d’agglomération de Bourges. Mais il n’insulte pas l’avenir et, dans l’attente du mode de scrutin retenu pour 2011, n’écarte rien. Gare aux erreurs de casting ! « Nous ne pourrons aller à la bataille que derrière un chef de file proche de nos valeurs. » A ce titre, le profil d’Hervé Novelli, jugé trop libéral, « poserait un sérieux problème » prévient Alain Tanton. L’éventuelle alliance avec les socialistes fait-elle partie des hypothèses de travail ? « Elle ne serait possible qu’après une rupture avec leurs alliés communistes » affirme Alain Tanton. Ce « ni-ni » l’obligera peut-être à faire la course à la tête d’une liste MoDem.
Le taureau par les cornes Claude Roiron, la nouvelle présidente socialiste du Conseil général d’Indre-et-Loire, a mis ses menaces à exécution. Conformément aux engagements du lendemain de son élection, elle a confirmé que le Département « ne subventionnerait plus les comices agricoles et ce, dès 2009 ». La présidente, qui réforme tambour battant les politiques de ses prédécesseurs (voir, à ce sujet, le magazine du mois de juin), considère que « faire défiler des bœufs enrubannés dans les rues du village ne correspond pas à l’image que la collectivité doit donner de l’agriculture ». Voilà ce qui s’appelle prendre le taureau par les cornes. Ruminant leur déception, les élus ruraux trouvent que la patronne du Département y va décidément un peu fort. Pour tout dire, ils la trouvent un peu vache.
Jean-Paul Charié continue e député UMP de la 5e circonscription du Loiret JeanPaul Charié, rapporteur général à l’Assemblée nationale de la Loi de Modernisation de l’Economie (voir le magazine du mois de juin), va plancher sur l’intégration de l’urbanisme commercial dans le code de l’urbanisme. François Fillon a confié cette mission au député du Loiret qui devra réfléchir aux moyens de donner plus de pouvoir aux élus sur les permis de construire des commerces.
L
Radicaux réunis ? Le serpent de mer de la réunion de la famille radicale séparée depuis 1972 en valoisiens (de droite) et radicaux de gauche, resurgit. Les premiers cités, dont le siège historique est situé place de Valois, à Paris, se sont choisi pour leader Jean-Louis Borloo. En région Centre, le maire de Bourges Serge Lepeltier est la personnalité la plus en vue. Mais on évoque aussi l’adhésion possible de l’ancien maire de Blois Nicolas Perruchot, actuellement Nouveau Centre après être passé par le RPR et l’UDF.
Dumping territorial petites communes très sont prêtes à tout Lpouresenclavées survivre. A l’extrême sud du Cher, la municipalité de StPriest-la-Marche, après avoir tenté d’attirer des entreprises avec une taxe professionnelle à 0 %, propose de céder pour 1€ symbolique des parcelles de terrain à construire, mais non viabilisées, de plus de 2 000 m2. La seule candidature sérieuse connue à ce jour a été déposée par une retraitée.
Parcelles à St-Priest-la-Marche.
La Lettre Valloire - Septembre 2008 5
Points Chauds
En Scène
Philippe Le Breton veut être vice-président à part entière I
l a longuement hésité et consulté ses amis. Mais entre la présidence du Conseil général d’Indre-et-Loire, qui lui semblait promise en cas de victoire de la gauche, et son fauteuil de maire de Jouélès-Tours, Philippe Le Breton a finalement choisi de rester aux commandes de la seconde ville du département. Laissant ainsi la voie libre à la socialiste fabiusienne Claude Roiron. « Sans états d’âme », dit-il, et avec la satisfaction d’occuper aussi la vice-présidence de l’agglomération Tour(s)Plus en charge du développement économique : « Un poste stratégique où il y a beaucoup à faire… ». Du coup, « PLB » a été propulsé à la première vice-présidence du Département en charge des finances et… du développement économique avec la volonté « d’assumer pleinement toutes ses responsabilités ». Pas question de se laisser déborder par la présidente, « une femme courageuse et ultra-compétente » qui n’aurait cependant pas montré une inclination naturelle au partage du pouvoir, selon certains. « Elle est entière et directe, mais ce sont plutôt des qualités » corrige Philippe Le Breton qui juge que, dans l’affaire du SDIS (voir le magazine de juin), « Claude Roiron ne pouvait pas différer une décision que j’approuve pleinement sur le fond ». La brutalité de l’annonce aurait-elle pu être toutefois mieux gérée ? « La forme ne fait jamais l’unanimité » lâche-t-il.
Europe : les amis du rail La manne européenne affectée à la région Centre pour la période 2007-2013 (484 M¤, dont 79 M¤ gérés par le Conseil régional au titre du Feder) ne pourra plus contribuer à la revitalisation des territoires en difficulté, comme le Berry ou le Sud Touraine. Conséquence du sommet de Lisbonne, les Régions françaises sont en effet priées de financer prioritairement des programmes de R&D. François Dumon, viceprésident communiste du Conseil régional, fait contre mauvaise fortune bon cœur : « Nous respecterons évidemment cette obligation qui me paraît toutefois discutable ». Marottes de l’exécutif régional, l’électrification de la desserte Tours-Saincaize et le soutien au fret ferroviaire ne pâtiront pas de ces privations : ils bénéficieront de subsides européens à hauteur de 10,5 et de 7,5 M¤.
6 La Lettre Valloire - Septembre 2008
Les communistes ne craignent pas le tract C’est une tradition : les communistes aiment le tract. A Orléans, le PC vient une nouvelle fois de le démontrer en distribuant plus de 3 000 documents durant l’été dans les environs de la rue des Carmes. Cette fois, il ne s’agissait pas de pourfendre l’ultra-libéralisme ou de défendre la cause des peuples opprimés. Dans une démarche bien plus terre-à-terre, les communistes protestaient contre les projets de restructuration de la rue des Carmes liés à l’arrivée de la nouvelle ligne de tramway. Les destructions d’immeubles et de maisons envisagées par la municipalité risquent de faire perdre « son âme à ce quartier cosmopolite » affirment les insurgés qui proposent une piétonisation partielle de la rue. De quoi, en effet, lancer une offensive militante d’une telle envergure…
UMP 37 : le capitaine tient bon la barre résident de la fédération de l’UMP Pdepuisd’Indre-et-Loire la fondation du parti, Philippe Briand sera « vraisemblablement » candidat à sa succession lors du renouvellement des instances du parti, au mois de novembre. Il l’a confirmé le 8 septembre à TV Tours. Après le flou qui a suivi les défaites en chaîne des candidats de la droite et du centre lors des élections municipales et cantonales de mars dernier en Touraine, le député-maire de St-Cyr-sur-Loire semble décidé à conserver la barre. Il a promis « des femmes et des hommes nouveaux » pour les prochains scrutins. Ce qui, en filigrane, implique d’écarter pas mal d’anciens. A suivre…
Putsch en préparation à l’AMF J
acqueline Gourault aura fort à faire pour conserver la 1ère viceprésidence de l’Association des maires de France (AMF) lors du prochain congrès de cette institution représententative des 36 500 communes françaises, à la fin du mois de novembre. Le ticket qu’elle avait constitué lors de la dernière élection avec Jacques Pélissard, maire UMP de Lons-le-Saunier (39), pourrait voler en éclat sur fond de règlement de compte entre le MoDem et les anciens partisans de François Bayrou. Selon des sources concordantes, Philippe Vigier, le député-maire Nouveau Centre de Cloyes-sur-le-Loir (28), pourrait, en
effet, briguer le siège de Jacqueline Gourault. Si telle était l’issue du scrutin, la sénatrice-maire de la Chaussée-St-Victor encaisserait un nouveau camouflet après avoir cédé au printemps dernier la présidence de l’association des maires de Loir-et-Cher à Philippe Sartori, conseiller général et maire de Noyers-sur-Cher. Pas de menace en revanche pour Jacqueline Gourault à la vice-présidence du MoDem, où François Bayrou lui a confié les relations avec les élus et la formation. Les cinq autres vice-présidences du mouvement sont détenues par la députée européenne Marielle de Sarnez, l’ancienne ministre de
l’Environnement Corinne Lepage, le sénateur du Pas-de-Calais JeanMarie Vanlerenberghe, l’ancien président de Suez et du Crédit Lyonnais Jean Peyrelevade et l’ex-Verts Jean-Luc Benhamias.
Jean-Pierre Gorges remporte la belle contre Lebon «I
nespéré, après tout ce qui s’est passé depuis un an ! » : Jean-Pierre Gorges, le maire UMP de Chartres, ne cachait pas sa satisfaction le 14 septembre, au soir de l’annonce de sa courte, mais précieuse victoire (50,94 % des voix), sur le socialiste David Lebon lors de la législative partielle organisée sur la 1ère circonscription d’Eure-et-Loir. Cette élection marque l’épilogue d’un scénario improbable caractérisé par la double invalidation de Jean-Pierre Gorges en juin 2007 (vainqueur de 59 voix avec 50,06 % des suffrages), puis de la socialiste Françoise Vallet en novembre suivant, élue largement avec 55,26 % des suffrages. La première fois, le Conseil constitutionnel avait annulé l’élection au motif que Jean-Pierre Gorges avait inauguré des logements HLM à la veille du scrutin. La seconde, c’est Françoise Vallet qui était
accusée d’avoir « bénéficié d’avantages directs ou indirects d’une personne morale », en l’occurrence du patron d’un hypermarché local qui avait diffusé un tract mettant violemment en cause le maire de Chartres. Jean-Pierre Gorges réussit ainsi à s’imposer au finish sur une circonscription réputée difficile pour la droite. Il profite de la division de la gauche au
premier tour, marqué par le duel fratricide entre le candidat officiel du PS David Lebon et l’ancien maire socialiste Georges Lemoine. Mais c’est surtout en s’appuyant sur ses positions dans le centre-ville que le candidat de l’UMP apporte à la majorité présidentielle ce succès de rentrée, obtenu en dépit d’un faible taux de participation (33,1 %).
Les doléances de la châtelaine Hervé Novelli, le secrétaire d’Etat tourangeau en charge du Tourisme – et des PME – ne s’attendait pas à ce qu’une châtelaine lui présentât un cahier de doléances. C’est pourtant ce qui s’est passé, le samedi 30 août, lors de sa visite à Chenonceau, qui suivait celle de Cheverny (notre photo). Laure Ménier, dont la famille est propriétaire du château de Chenonceau depuis près d’un siècle, a profité de la venue du ministre pour fustiger le projet de réforme du statut des artistes bénévoles qui prévoit de leur appliquer le droit du travail dès lors qu’un spectacle est considéré comme « lucratif ». Autant dire que Laure Ménier ne porte guère dans son cœur l’actuelle ministre de la Culture, pas plus d’ailleurs que son prédécesseur, un autre Tourangeau, à qui elle reproche de ne pas lui avoir fait l’honneur d’une visite en trois ans de présence rue de Valois.
La Lettre Valloire - Septembre 2008 7
Points Chauds
Politique
L’UMPsort ses griffes L’opposition UMP au Conseil régional se livre, avec ses homologues de 19 autres Régions, à un violent réquisitoire contre la gestion de la gauche. Dans « Le Livre Noir des Régions Socialistes », elle dénonce pêle-mêle chasse aux sorcières, abus de pouvoir et dérive de la gestion de ses adversaires qu’elle accuse de transformer les conseils régionaux en instrument contre le pouvoir central.
8 La Lettre Valloire - Septembre 2008
E
n ordre de bataille. Revigorés par l’approche du scrutin de 2010, les élus UMP du conseil régional, comme leurs collègues des 19 autres régions détenues par la gauche depuis 2004, dénoncent vigoureusement la gestion des exécutifs rose-rouge-vert dans un petit livre pamphlétaire intitulé « Le Livre Noir des Régions Socialistes ». Un titre un peu outré mais Roger Karoutchi, qui pilote le groupe au titre de sa présidence du groupe UMP au Conseil régional d’Ile-de France, place volontairement le débat sur le plan idéologique. Dans son avant-propos, il parle « d’opposition frontale en matière de choix de société » avant d’ajouter plus loin que « la rupture est consommée ». Les épées sont sorties des fourreaux. En région Centre, le chef de file de l’opposition Daniel Guéret emploie des termes plus mesurés. Il reconnaît bien volontiers que « la Région échappe au sectarisme dont souffrent d’autres… ». Rien à voir avec les rela-
tions tendues qu’entretiennent les membres du groupe UMP avec Georges Frêche, le président du Conseil régional de LanguedocRoussillon, qui s’illustre autant par ses oukases que par les rebuffades qu’il inflige aux membres de son opposition. Il parvient même à heurter les consciences de son propre camp, à tel point qu’il a été exclu du parti socialiste l’an passé à la suite de multiples déclarations outrancières. Plaçant le débat sur un plan moins polémique et plus technique, Daniel Guéret reproche à l’exécutif en place « la baisse des investissements, passés de 92 € par habitant à 31,38 € en 2006 ». Chiffres que conteste François Bonneau, le président en exercice, qui corrige cet effet en trompe-l’œil, rappelant que « les méthodes de comptabilité des collectivités territoriales ont été modifiées. En 2007, le Conseil régional a investi 335 M€, contre 306 M€ en 2004 ». Au-delà des évolutions complexes de l’instruction budgétaire M71 qui règle-
mente la comptabilité des Régions, les élus UMP déplorent les tours de passepasse financiers du Conseil régional. « La hausse des impôts de 2005 ne peut pas être justifiée par l’insuffisance des transferts de l’Etat, argument classique de la gauche » explique Charles-Eric Lemaignen, conseiller régional d’opposition et ancien directeur général des services de Maurice Dousset (1992-1998). « Sur trois ans (2005, 2006 et 2007), le coût réel des transferts de compétences – issus de la loi du 13 août 2004 – non compensés par l’Etat est de 23,5 M€, a-t-il calculé. Or, sur la même période, le produit fiscal lié à l’augmentation des taux d’imposition est de 174,2 M€. » Le calcul est vite fait : la Région a engrangé plus de 150 M€ en trois ans pour répondre « à des dépenses décidées par l’exécutif, pas du tout contraintes par l’Etat » souligne Charles-Eric Lemaignen. L’addition a été particulièrement salée pour les automobilistes. L’augmentation de 44 % de la taxe sur les cartes grises – environ 10€ par cheval fiscal – a rapporté près de 54 M€ en trois ans à la Région Centre. Suivant sa cylindrée, cela représente une taxe comprise entre 40 et 70€ pour une simple Clio. Voilà un cheval – fiscal – de bataille idéal pour l’actuelle opposition. Elle ne se privera pas de l’enfourcher. Quant à la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers), elle est l’objet d’un véritable paradoxe. Prélevée sur les carburants automobiles, une partie de son produit alimente depuis 2005 le budget des Régions pour compenser les fameux transferts de compétences de 2004. En 2007, elle a permis de lever plus de 91 M€ sur les 2,5 milliards de litres de gazole et d’essence brûlés chaque année dans la région (environ 3,6 centimes par litre), au bénéfice d’une collectivité subissant pourtant la pression anti-automobile d’une partie de sa majorité qui ne jure que par le rail et d’une autre qui combat la bagnole polluante. Les revenus des quatre-roues sont tellement appréciés que l’exécutif n’hésite
pas à se réjouir de l’augmentation du nombre d’immatriculations régionales en 2007, qui a permis d’encaisser 4,6 M€ de plus que prévu, et de moduler au maximum la part régionale de la TIPP, empochant 32,4 M€ supplémentaires. « Je ne t’aime guère, mais j’aime ton argent », en quelque sorte.
Daniel Guéret reproche la baisse des investissements régionaux à l’exécutif en place.
Cette hypocrisie irrite l’opposition UMP qui accuse la gauche d’instrumentaliser les 20 conseils régionaux qu’elle détient depuis 2004. « On est souvent bien loin des préoccupations locales » soupire un conseiller, agacé par les incursions de plus en plus fréquentes de la politique nationale dans les débats régionaux. L’exécutif, souligne l’UMP, multiplie les vœux sans lien avec la Région : vœux contre la réforme de la sécurité sociale, contre le contrat nouvelle embauche, pour la date de com-
mémoration des victimes de la guerre d’Algérie, pour soutenir les 49 faucheurs volontaires, pour les Droits de l’Homme en Chine… un inventaire à la Prévert qui aurait même fait dire à l’un des membres de l’exécutif que « trop de vœux tuent les vœux ». Au passage, le Livre Noir relève quelques perles, comme les 7 500€ accordés par les conseillers régionaux d’Ile-de-France pour financer une thèse « sur la transformation des formes d’autorité chez les Inuits du Nunavik et l’émergence de la figure politique au XXe siècle », les 4 000€ octroyés par leurs collègues de la région Bourgogne pour développer les échanges entre éleveurs bourguignons et touaregs, sans oublier les 15 Maisons de la Région, véritables « ambassades » du Languedoc-Roussillon, implantées par l’impayable Georges Frêche aux quatre coins de la planète. La dernière sera inaugurée à grands frais le 30 octobre prochain à Shangaï. Rien d’aussi extravagant, bien heureusement, en région Centre ! Tout juste peut-on s’interroger sur les 211 000€ versés au « créateur pictural » Jannis Kounellis pour sa contribution à l’embellissement du château de Chaumont-sur-Loire. Le Livre Noir note qu’un élu communiste, qui sait la valeur des choses et le prix d’un pavillon à Vierzon, s’était ému, à l’époque du vote, que le Conseil régional joue les François Pinault avec le chéquier du contribuable. On peut F.-X.Beuzon le comprendre.
Revue et corrigée Annoncée à grands renforts de placards publicitaires dans la presse quotidienne, la revue trimestrielle O’Centre – « nouveau magazine régional », comme nous l’annonce fièrement le président Bonneau en page 2 – ne bouleversera pas le paysage de la presse institutionnelle française. Ses 16 pages, à la plastique acceptable mais au contenu étique et désordonné (en pages 6 et 7, un filet sur la transmission d’entreprises est pris en sandwich entre un papier sur le théâtre d’Avignon et l’interview d’un entraîneur de foot), ont pourtant nécessité les services d’une directrice de la rédaction et de deux rédacteurs en chef. Quelle débauche de talents ! L’addition fait moins sourire : les 400 000 exemplaires disséminés aux quatre coins du territoire régional (!!!) coûteront, selon les chiffres complaisamment fournis par le groupe UMP, 330 000€ au contribuable en 2008 et le double en 2009 comme en 2010. Souhaitons pour les finances publiques que l’actuelle opposition, une fois revenue aux affaires, ne soit pas saisie du même prurit éditorial. Mais rien n’est moins sûr…
La Lettre Valloire - Septembre 2008 9
Points Chauds
Politique
Laurent Baumel, de la théorie
à la pratique
Elu maire de Ballan-Miré au mois de mars dernier, Laurent Baumel n’a pas tardé à bousculer l’ordre établi en prônant le rattachement de la commune à Tour(s)Plus. Ce cadre du parti socialiste, que l’on dit proche de DSK, pourrait avoir demain d’autres ambitions locales.
A
près une tentative infructueuse dans les Ardennes, le socialiste Laurent Baumel a réussi son pari : devenir un homme politique de terrain. La mairie de BallanMiré, conquise de justesse au mois de mars dernier (50,5 % des suffrages), est le cadre de sa nouvelle vie. Marquée à droite depuis des lustres, cette commune au sud de Tours est désormais dirigée par un homme ambitieux, au CV impressionnant (diplômé de Centrale-Lyon et de Sciences Po, il est secrétaire national adjoint du PS en charge des études et cadre à la Banque de France), qui n’a pas hésité à s’allier avec le Centre pour l’emporter. Laurent Baumel se défend d’être un Parisien parachuté au hasard dans une ville de province : « Je connaissais la région Centre, puisque ma femme est originaire du Cher. Lorsque mes amis socialistes m’ont informé qu’une opportunité pouvait se présenter à Ballan-Miré, j’ai décidé de relever le challenge pour rebooster une équipe de gauche fati10 La Lettre Valloire - Septembre 2008
guée des combats successifs face à la droite. » Autant que la ville ou la région, c’est bel et bien le projet qui a séduit Laurent Baumel. A 43 ans, il a vu là une occasion de confronter ses idées à la réalité du terrain : « La nature du défi m’a séduit. Il y avait une vraie dimension sociologique. Ballan-Miré est une commune qui croît rapidement, les citadins venant de plus en plus se loger à la périphérie des grandes villes. Si l’on ne veut pas en faire simplement une commune dortoir, Ballan-Miré a besoin de deux choses essentielles : des transports performants et des équipements publics ». Pour lui, un constat s’impose : seule l’agglomération peut financer ces équipements. Le thème de sa campagne est vite trouvé : Ballan-Miré doit entrer dans Tour(s)Plus. Pour cette ville de 7 000 habitants, ce sera un changement radical avec la Confluence, la communauté de communes à laquelle elle appartient. Laurent Baumel assume son choix : « La Confluence a été créée pour des raisons défensives, sur un mythe purement rural tournant le dos à l’agglomération. Cette logique n’est plus adaptée à la population de Ballan-Miré. Les nouveaux Ballanais travaillent à Tours ». Laurent Baumel ne considère pas un instant que son mandat de maire dans une petite commune d’Indreet-Loire soit en décalage avec ses res-
ponsabilités importantes au PS : « Cette fonction de maire m’offre une légitimité nouvelle. Cela fait vingt ans que je fais de la politique sans jamais avoir eu une fonction de terrain. Aujourd’hui, je suis confronté au concret, loin de l’idéologie ». Ces premiers mois lui ont déjà donné une vision différente de la vie publique : « J’ai affiné ma vision – un peu théorique – des communes périurbaines. Je me suis rendu compte qu’il y avait plus d’anciens de gauche et plus de jeunes de droite que je ne l’avais pensé pendant la campagne ». Plus qu’un aboutissement, BallanMiré pourrait bien être un tremplin pour de futures échéances. Laurent Baumel reste prudent : « Je ne tire pas de plan sur la comète. Les législatives de 2012 sont encore loin et je veux, pour le moment, me consacrer à Ballan-Miré. Maintenant, s’il y a une opportunité qui se présente, on verra. Chaque chose en son temps ». Franck Guidicelli
Bibliographie de Laurent Baumel « L’année zéro de la gauche » (2003) « Fragments d’un discours réformiste » (2006) « Rénover le parti socialiste, un défi impossible ? » (2007)
L’industriel ballanais qui refuse de financer
Tour(s)Plus Olivier de la Ferté, le pdg de la société Schrub, de Ballan-Miré, craint que le rattachement de la commune à Tour(s)Plus ne se traduise par une explosion de la fiscalité, financement du tramway oblige. Il conditionne la réalisation d’une importante extension à l’abandon de ce projet d’adhésion.
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livier de la Ferté, le repreneur de la société Schrub (équipements de soudage) à Ballan-Miré conteste avec une surprenante énergie le rattachement de sa commune à la communauté d’agglomération Tour(s)Plus. La nouvelle municipalité, élue en mars dernier et emmenée par Laurent Baumel (lire ci-contre) souhaite en effet devenir membre à part entière de l’agglomération et a d’ailleurs engagé le processus d’adhésion. L’ancien maire, Jacques Rabier, avait au contraire bâti sa campagne sur le refus d’un rattachement à Tour(s) Plus. « Je ne suis évidemment pas un adversaire de l’intercommunalité, se défend le pdg d’une entreprise qui emploie près de 90 collaborateurs, mais j’estime que, dans le cas d’espèce, l’augmentation de la fiscalité induite par cette adhésion me sera préjudiciable ». Au cœur de son inquiétude, l’augmentation du versement transport qui doit financer la construction du tramway tourangeau et qui a été annoncée par l’exécutif de Tour(s)Plus. « On me dit que cette augmentation est marginale. Il suffit d’appliquer les taux qui ont été évoqués pour se convaincre du contraire. » Olivier de la Ferté a sorti sa calculette : « D’après de premières simulations, le paiement de cette taxe
coûtera à l’entreprise et à la collectivité entre un et deux emplois par an. Pour une prestation à laquelle mes collaborateurs n’auront même pas accès. Je ne peux pas l’accepter ! ». Très remonté, Olivier de la Ferté a fait savoir aux élus qu’il ne se laissera pas tondre la laine sur le dos sans réagir. « C’est bien simple. J’envisage de réaliser une extension de mes locaux actuels comprise entre 1 500
et 2 000 m2. Elle sera conditionnée au non-rattachement de Ballan-Miré à l’agglomération » prévient Olivier de la Ferté. Cet accès de fièvre n’a pas empêché ce manager d’achever la reprise de la société dont il avait pris 40 % du capital, il y a plus d’un an (lire, à ce sujet, notre dossier consacré aux LBO). JCS
Démocratie locale : Tour(s)Plus peut mieux faire ! Si l’engouement des élus pour l’intercommunalité ne faiblit pas, nombre d’entre eux reprochent à ces collectivités et notamment aux communautés d’agglomération de ne pas être exemplaires sur le terrain de la démocratie. « Ainsi, si les maires des communes membres de Tour(s) Plus louent le dynamisme d’une collectivité qui permet de réaliser des équipements qu’ils ne sauraient développer seuls, beaucoup se plaignent de la prépondérance politique de la ville-centre qui dispose de 6 sièges sur 35. » Mais surtout, « la maîtrise de l’ordre du jour par le président de Tour(s)Plus – en l’occurrence, Jean Germain (PS), le maire de Tours – lui permet d’exercer un véritable droit de veto sur certains dossiers » se plaint un maire, pourtant politiquement proche de l’exécutif. Les représentants des oppositions s’indignent également des mauvaises habitudes prises par les majorités des villes adhérentes, « qui consistent à ne jamais envoyer siéger à Tour(s)Plus un membre de l’opposition ». Le conseil des maires, où se préparent « toutes les décisions et les marchandages » et ce, sans réel contrôle des délégués communautaires, est aussi source d’agacement. Alain Michel, le maire PS de la Riche, fervent supporter de Tour(s)Plus, ne nie pas ces « péchés de jeunesse » qui devraient, selon lui, disparaître le jour où les délégués communautaires « seront choisis au suffrage universel direct ».
La Lettre Valloire - Septembre 2008 11
Points Chauds
Politique
Yann Galut
Le revenant a de l’ambition
à revendre
L’avocat berruyer revient de loin. Défait à deux reprises aux législatives et au bord d’abandonner toute carrière politique, Yann Galut est devenu vice-président du Conseil général du Cher. Ce retour à meilleure fortune fait de lui un candidat possible à la mairie de Bourges : il ne dément pas cette hypothèse.
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éfait en juin 2007 pour la seconde fois sur la 3e circonscription du Cher par Louis Cosyns (UMP), le socialiste Yann Galut était sur le point de renoncer, à 42 ans, à une carrière politique qui l’avait pourtant déjà conduit à occuper le fauteuil de député de 1997 à 2002. « Les deux défaites consécutives concédées d’un souffle (0,4 % en 2002, 0,3 % en 2007) m’avaient, il faut le reconnaître, psychologiquement miné » convient cet avocat spécialisé dans le droit du travail. Il a fallu toute la force de persuasion d’Alain Rafesthain (PS), le président du Conseil général du Cher et ancien président du Conseil régional – « mon père en politique » se plaît à dire Ya n n G a l u t – pour raviver la flamme. « Il m’a 12 La Lettre Valloire - Septembre 2008
convaincu que je n’avais pas démérité sur un territoire qui avait voté à 52 % pour Sarkozy » rappelle-t-il. C’est avec un mental de rescapé qu’il s’est attaqué lors des dernières cantonales au siège de conseiller général de Bourges III, devenu prenable à la suite du retrait de Roland Chamiot (UMP), un fidèle de l’actuel maire de Bourges, l’ancien ministre de l’Ecologie Serge Lepeltier. La victoire probante obtenue face à un jeune loup de l’UMP a d’ailleurs permis à la gauche de conforter sa majorité au Département, conquis de haute lutte en 2004. Du coup, l’avocat berruyer s’est retrouvé bombardé vice-président du Conseil général en charge de l’éducation et de la culture. Une résurrection ! « Il y a un an, je n’étais plus rien, et me voici copilote d’une collectivité majeure. La politique peut décidément être déconcertante ». Et la rumeur – qu’il ne cherche pas réellement à démentir… – le désigne déjà comme le dauphin d’Alain Rafesthain. « En fait, on me voit désormais partout : comme tête de liste socialiste aux prochaines municipales à Bourges et comme candidat à la députation sur la 3e » s’amuse Yann Galut qui ne manque pas d’égratigner au passage sa rivale dans la course au leadership de la gauche berruyère : Irène Félix. La secrétaire fédérale du parti socialiste dans le Cher, candidate malheureuse
à la mairie de Bourges en mars dernier, occupe également un fauteuil de vice-présidente au Département. « Elle n’a pas démérité face à Serge Lepeltier… mais elle n’est pas la seule socialiste à être légitime » persifle-til. Afin de briguer les suffrages de ses contemporains avec une meilleure efficacité, Yann Galut a lissé son profil politique. « Oui, je viens de la gauche du PS et j’ai été très proche de personnalités comme Jean-Luc Mélenchon ou Julien Dray. Mais je me suis idéologiquement recentré » affirme l’avocat de l’Union départementale de la CGT. Aujourd’hui, il revendique d’ailleurs avec aplomb son soutien à Ségolène Royal. Ce qui constitue d’ailleurs un autre point de désaccord avec Irène Félix qui, en juillet dernier, déclarait sur le blog www.agitateur.org que la candidate socialiste aux dernières présidentielles n’avait « pas rendu service aux femmes ». Mais l’ex-représentant local de la Gauche socialiste retrouve parfois ses anciens réflexes radicaux : sur son blog de conseiller général, ne déclarait-il pas récemment avoir fait, à l’occasion de la visite de Nicolas Sarkorzy à Bourges, la promesse suivante à sa mère : « Etre sage (…) et me comporter comme un petit garçon. Je ne lui dirai pas : casse-toi à Neuilly, pauvre c… » (sic) ? Jean-Christophe Savattier
Boon ne fait pas rire
Thierry Vinçon
Le projet Boon, qui doit conduire de mystérieux investisseurs à injecter la modique somme de 1 Md€ dans le Boischaut-Sud, est-il une imposture fomentée par l’auteur de « Bienvenue chez les Cht’is » ? Il suscite en tous cas les plus grandes réserves de Thierry Vinçon, le maire de St-Amand-Montrond. « Le montant de l’investissement présenté n’a cessé de grimper, se souvient Thierry Vinçon, de 445 M€ à plus de 1 Md € lors de nos derniers contacts. » Naturellement, le nombre de créations d’emplois envisagé – plus d’un millier ! – a contribué à affoler la boussole des élus. Mais une fois retombée l’excitation initiale, ces derniers ont considéré l’affaire avec davantage de circonspection. « Nous n’avons eu aucune réponse à notre exigence de garanties financières et un flou artistique règne sur l’identité des investisseurs » explique Thierry Vinçon. Les responsables de Trillat & Chevet ont évoqué l’intérêt porté par de richissimes hommes d’affaires ou des investisseurs dont la nationalité « a constamment varié :
Thierry Vinçon, à côté du portrait de son frère Serge.
entendu parler d’aucune demande d’autorisation d’exploiter un casino dans le Boischaut-Sud. De quoi, tout de même, susciter quelques interro-
“ TOUT EST HORS NORME DANS CE PROJET : DU MONTANT DES INVESTISSEMENTS ANNONCÉS JUSQU’AU MANQUE DE TRANSPARENCE DE SES PROMOTEURS
russes, australiens, israéliens, britanniques… et j’en oublie sans doute » note le frère et successeur à la mairie de St-Amand de Serge Vinçon. Par ailleurs, quelques interlocuteurs, très au fait des habitudes professionnelles dans ces milieux d’affaires haut de gamme, envoyés en éclaireur par la collectivité, ont été surpris par l’amateurisme et l’esprit d’improvisation d’un intermédiaire qui n’est pas parvenu « à justifier de références très probantes en matière d’aménagement ». Pour corser le tout, les correspondants au ministère de l’Intérieur de Thierry Vinçon – élevé au rang de sous-préfet – n’ont jamais
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n ne sait pas si Thierry Vinçon est allé voir « Bienvenue chez les Ch’tis ». Ni si les reparties de Dany Boon l’ont amusé. Mais celles de Boon en Berry ne le font pas rire du tout. Le projet pharaonique, connu sous le nom de Boon – comme les initiales des quatre communes du Cher (Bouzais, Orval, Orcenais, Nozières) qui le portent – aurait même le don d’irriter le nouveau maire de St-Amand-Montrond et président de la communauté de communes du Cœur de France. Il venait d’ailleurs d’obtenir de la CC, à l’heure où nous écrivons ces lignes, qu’elle refuse de financer une étude de 190 000€ que demandait l’aménageur, le mystérieux cabinet parisien Trillat & Chevet. « Tout est hors norme dans ce projet : du montant des investissements annoncés jusqu’au manque de transparence de ses promoteurs » estime Thierry Vinçon. Il est vrai que le gabarit de ce programme de création d’un méga-complexe d’activité dans le Boischaut-Sud a de quoi donner le vertige ! Dévoilé en début d’année devant des élus médusés, il prévoit la création sur une emprise foncière de 300 ha d’une unité industrielle de production de granulés de bois, d’un parc logistique de 300 000 m2, le déploiement de résidences hôtelières d’une capacité de 1 700 chambres, d’un hôtel de luxe avec spa, d’un parc de relaxation et de ses hébergements. Pour faire bon poids, les émissaires du cabinet Trillat & Chevet ont ajouté dans leur pochette-surprise l’implantation d’un centre commercial et d’un casino.
gations ! Bien sûr, les quatre maires des communes directement concernés par ce projet ne l’entendent pas de cette oreille. Ils s’opposent à la démarche frileuse du maire de StAmand-Montrond et se disent prêts « à faire cavalier seul ». Cette opposition doit aussi s’apprécier dans un contexte politique local marqué par la rivalité naissante qui oppose Thierry Vinçon et Patrick Trompeau, le maire d’Orval, commune située aux portes de St-Amand… qui ont tous deux annoncé officiellement leur candidature aux prochaines sénatoriales, comme nous le révélions dans notre JCS précédente édition. La Lettre Valloire - Septembre 2008 13
Points Chauds
Politique
La nouvelle vague du
MoDem
Les départs successifs obligent le MoDem à renouveler les cadres pour préparer les combats à venir. Une véritable opération de casting a été lancée. Revue de détail des figures qui pourraient représenter demain le mouvement de François Bayrou en région Centre.
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près la saignée de 2007 et le départ de plusieurs figures fortes du mouvement au Nouveau Centre (Maurice Leroy, Philippe Vigier, Nicolas Perruchot, Pierre Fauchon...), suivis de la défection avant les dernières élections municipales de Colette Girard et de quelques centristes « historiques » tourangeaux, le MoDem de François Bayrou tente de former de nouvelles équipes d’encadrement en région Centre. Une véritable opération de casting qui se justifie aussi par un positionnement politique en décalage avec son passé de centre-droit. Au sommet de la pyramide, la sénatrice Jacqueline Gourault, vice-présidente nationale, a délégué plusieurs
Jacqueline Gourault (au premier plan) avec, à ses côtés, Jean-François Mortelette, Marie-Hélène Millet et Marc Fesneau.
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opérations de terrain à son attaché parlementaire Marc Fesneau, conseiller régional et maire de Marchenoir. Le plus proche du sommet est Alain Tanton, président de Bourges Plus, conseiller régional et probable tête de liste MoDem aux prochaines élections régionales. Derrière ces leaders, quelques cadres éprouvés, comme le maire de Salbris Jean-Pierre Albertini, la conseillère générale du Loir-et-Cher Marie-Hélène Millet, Eric Chevée, l’infatigable opposant du maire de Chartres ou Martine Grivot et JeanPierre Gabelle, tous deux adjoints au maire d’Orléans. Mais la relève pointe avec des profils nouveaux, issus de la société civile ou reclassés d’autres sensibilités politiques, comme l’avocat Jean-François Mortelette, fils d’un ancien député socialiste, qui était le candidat investi par le MoDem lors des dernières municipales à Blois, ou Jean-Pierre Gaboriau, maire et conseiller général de Châteauneuf-en-Thymerais (28), classé divers gauche avant d’adhérer à l’UDF en 2006, puis au MoDem l’an passé. Dans le Berry, le MoDem a une nouvelle recrue intéressante avec Vanik Berberian, maire de Gargilesses et président de l’Association des maires ruraux de France. Nouvelles têtes aussi à St-Amand-Montrond avec Michel Mrozek, à Vierzon avec Franck Piffault et à Bourges avec Wladimir d’Ormesson. Le Loir-et-Cher, fief centriste, compte deux nouveaux élus à Selles-sur-Cher : le maire Joël Graslin
et le conseiller général Jean-Paul Pinon. La situation est à la fois plus compliquée et plus ouverte dans les deux départements les plus peuplés de la région. Dans le Loiret, où le MoDem est un paria au Conseil général mais un partenaire à la Ville d’Orléans, deux collectivités pourtant tenues par l’UMP, la place de leader est à prendre. La question sera tranchée après les élections internes du 27 septembre, où Yves Clément, soutenu par l’adjointe au maire d’Orléans Alexandrine Leclerc, et Michel Mudry, ancien président de l’Université d’Orléans devenu conseiller régional en 2004, brigueront tous deux la présidence départementale. Dans le nord du département, on attend le retour d’Hortense Harang, candidate en 2007 du MoDem à la députation sur la 5e circonscription. Son ancien suppléant, Emmanuel Hervieux, maire d’Outarville, est toujours là. En Indre-et-Loire, bien malin qui pourrait dire ce qui sortira du chapeau le 27 septembre. A Tours, entre la personnalité contestée d’un ancien membre des Verts et la faible représentativité du candidat aux dernières municipales, c’est un peu le désert des Tartares. Il faudra se tourner vers la société civile... Mais tout est à reconstruire dans une ville qui avait pourtant voté à 21 % pour François Bayrou fin avril 2007.
François Xavier Beuzon
Le Berry visé par le
rédécoupage électoral S
elon les premiers éléments livrés par le cabinet d’Alain Marleix, secrétaire d’Etat aux collectivités locales – et père d’Olivier Marleix, conseiller général et maire d’Anet (28) –, le remodelage des circonscriptions électorales législatives pourrait conduire à la disparition d’un siège pour chacun des départements de l’Indre et du Cher. La question hante déjà le sommeil des sortants. Dans l’Indre, deux des trois circonscriptions sont tenues par des socialistes : à l’ancien ministre et président du Conseil régional Michel Sapin la 1ère, au maire du Blanc JeanPaul Chanteguet la 3 e . L’UMP se contente de la 2e, tenue depuis 1993
– hormis un passage au gouvernement entre 2004 et 2007 – par Nicolas Forissier. Dans le Cher, les UMP Yves Fromion et Louis Cosyns tiennent la 1ère et la 3e, tandis que le communiste Jean-Claude Sandrier a gagné l’an passé la 2e. « Ce ne sera pas un charcutage dicté par de basses considérations politiques » assure-t-on dans l’entourage du secrétaire d’Etat. A gauche, on n’en croit pas un mot. Une commission devrait statuer en considérant les évolutions démographiques intervenues depuis 25 ans : l’idée est à la fois de tenir compte du critère démographique (un député pour au moins 120 000 habitants),
de ne pas imposer à l’élu de trop longs déplacements et de conserver la tradition républicaine qui veut qu’un département ait au moins deux députés, y compris les moins peuplés. En région Centre, les élus de gauche remarquent que les « suppressions à l’étude » touchent comme par hasard deux départements où leur camp est en position de force. Dans le Loiret, la question de la création d’une 6e circonscription restera probablement une Arlésienne… Alain Marleix ayant tranché en faveur d’un statu quo, en dépit de la forte progression démographique de ces dernières années. JCS
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Dossier
Reprise d’entreprises
Le
credit crunch
pénalise les opérations
de LBO La bourrasque financière qui souffle depuis un an a rendu le crédit plus cher et plus rare. Les banques régionales et les investisseurs abordent désormais les opérations de reprise ou de développement d’entreprises utilisant l’effet de levier de l’endettement avec une prudence de Sioux.
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eux questions restent en suspens depuis le début de la crise financière qui a gelé les opérations de LBO (leverage buy-out) : Primo, le fameux « effet de levier » permettant aux entrepreneurs ne disposant pas de moyens financiers suffisants pour acquérir l’entreprise cible – c’est-à-dire la majorité d’entre eux – est-il définitivement passé de mode ? Secundo, et par voie de conséquence, la raréfaction des liquidités va-t-elle compromettre les opérations régionales de transmission d’entreprise ? Il y a un an, nos interlocuteurs interrogés sur le sujet se montraient plutôt optimistes ; ils apparaissent aujourd’hui beaucoup plus réservés. « En nombre d’opérations de transmission et de développement, nous réalisons une année tout à fait comparable, voire légèrement supérieure à l’an passé, note Catherine Kraft-Le Marec, présidente du directoire de Centre Capital Développement (CCD). Toutefois, le climat et l’état d’esprit ont indiscutablement changé. Les banques régionales n’ont jamais été touchées directement par la crise des subprimes mais elles sont aujourd’hui sensibles au ralentissement général de l’activité. Lorsque les opérations auxquelles nous participons requièrent de l’endettement, il faut davantage défendre les dossiers… » C’est désormais une évidence : si les établissements financiers de la région n’ont pas reçu pour consigne de restreindre, à priori, la distribution des crédits, ils adoptent aujourd’hui les opérations de LBO avec la plus grande circonspection : « Nous sommes beaucoup plus regardants sur les plans d’affaires qui nous sont proposés, reconnaît Frédéric
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Dossier
Reprise d’entreprises Stombellini, le nouveau directeur de l’activité entreprises de LCL-Le Crédit Lyonnais à Orléans, mais il est faux d’affirmer que les opérations à effet de levier sont devenues rarissimes ou qu’elles suscitent la méfiance des banquiers de la place » poursuit-il. Selon lui, « le marché reste très actif, en particulier sur le segment des entreprises de taille moyenne (midcaps) ». En revanche, « les jumbo deals et, à l’autre bout du spectre, les plus petites opérations à caractère patrimonial où la visibilité n’est pas très bonne ne sont plus du tout au goût du jour ». La main sur le cœur, les banquiers régionaux affirment que « les ratios d’engagement n’ont pas été révisés ». Mais, convient Frédéric Stombellini, « nous privilégions les montages financiers les plus vertueux ». Les opérations tendues fondées sur des prévisions de cash-flow très optimistes, des montants de remboursement risquant de siphonner les capacités d’investissement de la cible ou des durées de prêt supérieures aux bonnes pratiques (entre 5 et 7 ans) n’ont plus du tout cours. « Faut-il s’en
plaindre ? » questionne Catherine Kraft-Le Marec. « Les liquidités se font plus rares » reprend Frédéric Stombellini. Dans ce contexte, il n’est plus question d’accepter des montages acrobatiques comportant, par exemple, une part importante de remboursement in fine. « Nous préférons proposer aux acquéreurs des lignes de credit revolving court terme qui permettent de lisser d’éventuels problèmes conjoncturels de trésorerie » indique le directeur régional de l’activité entreprises de LCLLe Crédit Lyonnais. Les banquiers ne sont toutefois pas prêts à sacrifier « une belle affaire dans une négociation qui achopperait sur quelques dixièmes de point de taux ou sur le montant d’une ligne marginale de crédit. Si le schéma de financement tombe d’emblée, c’est qu’il n’a pas lieu d’être. S’il faut faire un petit effort pour que l’opération se fasse, il sera accompli par le banquier » juge ce chargé d’affaires d’une banque régionale mutualiste qui souhaite garder l’anonymat. L’augmentation du coût du crédit, conséquence tangible de la bourrasque
Olivier de la Ferté, le repreneur de Schrub à Ballan-Miré
« Le remboursement des emprunts mobilise 60 % du résultat » Selon Olivier de la Ferté, qui a réalisé en deux temps l’acquisition de la société Schrub spécialisée à Ballan-Miré (37) dans les équipements de soudure pour l’industrie automobile (10 M€ de CA en 2008, 90 collaborateurs), « la crise financière a eu un impact concret : le renchérissement du crédit depuis un an d’au moins 1 %. C’est loin d’être neutre ». Habilement, ce manager a réussi à modérer l’impact de cette hausse via un montage astucieux. « La société de tête que j’ai créée lors d’une première prise de participation minoritaire (40 %) au capital de Schrub en 2007 a repris cet été la société holding des anciens propriétaires. Cette dernière détenait 60 % de la société cible. J’ai récupéré à cette occasion des emprunts qui avaient été contractés à des conditions très favorables ». Les banques qui avaient déjà accordé leur confiance au repreneur n’ont pas rechigné à donner suite à ses besoins de financement complémentaires. « Il n’y a pas eu d’hésitation » affirme-t-il. Il est vrai que le développement de la société est fondé sur des ratios financiers extrêmement sains. « Le remboursement des emprunts mobilise au total 60 % du résultat net dégagé par la société, indique Olivier de la Ferté, ce qui est très confortable et laisse de belles marges de manœuvre. Si nous avions dû aller au-delà de ce pourcentage, je ne suis pas certain que les banques auraient continué à me suivre » affirme le pdg de Schrub, car ceci résonne comme une évidence : « Les opérations tendues ne sont guère dans l’air du temps ».
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financière, a un « effet direct sur les conditions des opérations de transmission des midcaps » reconnaît Antony Lemarchand, directeur de participations du nantais Sodero Gestion, une société de capital-développement (entreprises cibles jusqu’à environ 30 M€ de CA). « Avec l’Euribor à plus de 5 % – l’indice de référence qui détermine le coût du crédit, NDLR –, les taux accordés par les banques, une fois imputée leur marge, atteignent aujourd’hui entre 6 et 7 %. C’est beaucoup plus qu’il y a quelques mois » poursuit-il. Ce renchérissement « complique singulièrement les opérations de transmission. La sélectivité est la règle » conclut Antony Lemarchand. Les comités d’engagement « sont nerveux : ils ont le doigt sur la gâchette » reconnaît un banquier de la place. « La tendance est au raccourcissement des durées de prêt et à la révision des conditions des crédits in fine, voire à leur abrogation pure et simple » poursuit-il. « En clair, le marché n’est aujourd’hui pas très favorable au repreneur » estime Antony Lemarchand. « Les banques n’ont toutefois aucun intérêt à geler définitivement le marché, nuance cependant Frédéric Stombellini, le financement des opérations de développement et de transmission est tout de même au cœur de leur métier ». Selon lui, l’une des conséquences à venir de la crise – et qui devrait d’ailleurs être l’un des éléments de régulation du marché – « est peut-être la baisse de la valeur des cibles ». En effet, « les valorisations des entreprises sont fondées sur l’estimation des cash flow futurs, explique Frédéric Stombellini. Mécaniquement, les anticipations d’activité à la baisse, qui sont le lot de la plupart des marchés, devraient conduire à ce que les cédants ajustent leurs prétentions ». Catherine Kraft-Le Marec souhaite une telle évolution… mais n’y croit guère : « Il me semble que les prix de présentation des entreprises sont encore très élevés. Il n’y a pas eu réellement d’effet de la crise sur les niveaux de valorisation. Les vendeurs commencent
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Reprise d’entreprises à douter lorsque, pour la troisième ou quatrième fois, l’opération capote parce que le repreneur n’a pu obtenir son crédit. Mais, même dans ce cas, les cédants préfèrent fréquemment attendre une nouvelle opportunité plutôt que d’abaisser le prix ! ». La sélectivité qui semble s’imposer aujourd’hui sur le marché de la transmission s’applique aussi à la dimension sectorielle des projets. « Les banquiers
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la promotion immobilière, indique Frédéric Stombellini. Le secteur connaît une profonde crise, le niveau de réservation de nombreux programmes immobiliers est en baisse : nous préférons passer notre chemin ». Certains secteurs industriels, comme celui de la sous-traitance automobile, devraient également souffrir du scepticisme des investisseurs, « mais c’est déjà le cas depuis le début des années 2000 »
DANS LA SOUS-TRAITANCE, SECTEUR À PRIORI EXPOSÉ, IL EXISTE DE BELLES PÉPITES ET LES BANQUIERS ONT ENCORE SUFFISAMMENT DE DISCERNEMENT POUR PRENDRE LA MESURE DE CES AFFAIRES ”
qui n’étaient guère critiques jusqu’alors sur la nature de l’activité de l’entreprise cible deviennent de plus en plus méfiants, voire franchement sourcilleux », remarque ce consultant d’un cabinet parisien spécialisé dans l’accompagnement des opérations de transmission. Certaines activités, « notamment celles qui sont exposées à la variation de la consommation des ménages » remarque Catherine KraftLe Marec, ne suscitent pas spontanément l’enthousiasme des financiers. « Et ce devrait être encore davantage le cas en 2009 » prévient la présidente du directoire de CCD. De même, « nous émettons les plus grandes réserves sur les dossiers touchant de près ou de loin
affirme cet analyste d’une banque d’affaires. En revanche, pour d’autres activités, c’est l’embellie. « Les projets de développement ou de reprise ayant de près ou de loin un rapport avec le développement durable ou l’environnement trouvent plus facilement des financements bancaires » observe Catherine Kraft-Le Marec. Pour autant, cette défiance sectorielle ne conduit pas à « des conduites d’évitement systématiques, affirme ce consultant en fusion-acquisition. Dans la sous-traitance, secteur à priori exposé, il existe en effet de belles pépites et les banquiers ont encore suffisamment de discernement pour prendre la mesure de ces affaires ».
Les subprimes ont chahuté les banques françaises Il y a un an, les communiqués des banques françaises commentant leur exposition à la crise des subprimes rivalisaient d’optimisme. « Impact limité », « exposition modérée » : il s’agissait, envers et contre tout, de rassurer le client et l’actionnaire. Quelques mois plus tard, les établissements bancaires découvrent – ou feignent de découvrir – la dureté de la situation. L’addition est lourde : selon les plus récentes estimations, la crise aurait déjà coûté près de 17 Mds€ à la communauté bancaire nationale ; à lui seul, le Crédit Agricole aurait laissé 5,5 Mds€ dans la bataille, talonné par la Société Générale (4,9 Mds€, non comprise la perte liée à l’affaire Kerviel), et Natexis, la filiale commune aux Banques Populaires et aux Caisses d’Epargne, aurait abandonné 3,9 Mds€. Si ces montants restent très en deçà des faramineuses ardoises de leurs homologues américaines ou suisses, les banques françaises accusent le coup. La plupart d’entre elles ont déjà dû augmenter de façon significative leurs fonds propres afin de recouvrer un peu d’air et répondre aux exigences des autorités régulatrices qui ont durci les ratios. Mécaniquement, les fonds propres des banques de financement et d’investissement (BFI) ont été revus à la baisse. Ce reprofilage devrait impacter négativement certaines activités à risque comme les dérivés actions, la titrisation… et le financement LBO.
Catherine Kraft-Le Marec : « Nous n’avons jamais été adeptes de LBO très tendus »
Ce changement dans l’attitude des financeurs régionaux n’est donc pas synonyme d’arrêt total de leurs interventions. « La prudence observée par les banques s’accompagne d’un soutien de l’entrepreneur » remarque Frédéric Stombellini. Chez Centre Capital Développement, on souligne aussi que « les plans d’affaires, de financement et les comptes d’exploitation des porteurs de projets font l’objet d’un travail de soutien très intense ». Par ailleurs, la dirigeante de CCD note que « traditionnellement, nous n’avons jamais été des adeptes de LBO très tendus ou d’opérations de reprise et de croissance externe qui se soldaient par la revente de l’entreprise cible à court terme. Notre objectif est la création de valeur à moyen et à long terme ». Pour autant, les marchés financiers ayant horreur du vide, il y a fort à parier que la pusillanimité des banques régionales sera compensée par le rôle accru des fonds d’investissement dans les opérations de développement. « Ces acteurs ont en effet des liquidités à placer et sont enclins à intervenir au capital des entreprises cibles, affirme Frédéric Stombellini. L’ingénierie financière relative aux ORA (obligations remboursables) et aux OPCVM (orga-nisme de placement collectif en valeur mobilière) peut également être sollicitée dans le cadre d’opérations de transmission ou de développement. » Jean-Christophe Savattier
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Reprise d’entreprises
Michel Hervé
Gagner du temps
avec la croissance externe En rachetant la société suisse Alvazzi il y a un an, Michel Hervé, fondateur d’Hervé Thermique et patron du groupe éponyme, a franchi les frontières de l’Hexagone pour la première fois. Une nouvelle étape pour une entreprise qui garde ses convictions. Sa croissance externe est plus guidée par une logique d’opportunité que le fruit d’une stratégie délibérée.
«L
e monde du bâtiment a une culture locale, de proximité, nous devons donc nous adapter » : la règle est posée. Michel Hervé, fondateur et patron d’Hervé Thermique, entre-
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prise tourangelle spécialisée dans le génie climatique, électrique et l’ingénierie réseaux pour les industriels, le tertiaire et les collectivités, doit suivre ses clients pour se développer. Et saisir les opportunités offertes pour accompagner la croissance de la société, exponentielle depuis le début des années 2000. Mais si 45 agences Hervé Thermique maillent le territoire français, il subsiste encore « quelques zones blanches » que veut couvrir Michel Hervé. L’Alsace, la Basse-Normandie, la Bourgogne et la région niçoise apparaissent aujour-d’hui comme les cibles de l’expansion de l’entreprise. Homme au passé riche d’expériences et de casquettes multiples, Michel Hervé a créé Hervé Thermique en 1972 à Parthenay, commune des Deux-Sèvres dont il a été maire entre 1979 et 2001, avant de prendre ses distances avec la politique. Loin d’opposer gestion de la cité et de l’entreprise, Michel Hervé y applique les mêmes principes : « J’ai toujours été très intéressé par les méthodes d’organisation. En créant Hervé Thermique, je me suis servi de l’entreprise comme d’un laboratoire. J’ai donc développé, au fur et à mesure, une organisation intégra-
tive complètement différente des organisations pyramidales traditionnelles. » Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) sont l’outil indispensable de ce projet. « Elles permettent à chaque salarié d’être autonome mais interactif. Plus le salarié a accès à l’information et à la stratégie des autres, plus l’entreprise est efficace. » Fortement impliqué dans le développement des NTIC, Michel Hervé a présidé la Mission ECOTER (Mission d’études et de conseil sur les nouvelles technologies de réseaux dans le secteur public) de 1999 à 2001. Ancien député, puis député européen, il a également été président de l’Agence pour la création d’entreprises et d’un institut de capital-risque. Responsabiliser, décentraliser pour être toujours plus proche des clients et de leurs projets, telle est l’ambition première de Michel Hervé. Un fonctionnement qui dicte parfois le futur de l’entreprise. « Pour l’achat du suisse Alvazzi, les choses se sont faites très simplement. Dans notre organisation, nous avons des chefs de territoire. Celui de Lyon souhaitait un nouveau challenge. Au
chée. » Au rythme de rachats réguliers, une belle brochette de filiales a enrichi le groupe tourangeau :
Loin de jouer les visionnaires, Michel Hervé préfère la modestie du défricheur : « Je n’ai pas de stratégie de
“ PLUS LE SALARIÉ A ACCÈS À L’INFORMATION ET À LA STRATÉGIE DES AUTRES, PLUS L’ENTREPRISE EST EFFICACE
Hervé Consultants (conseil en organisation), Meta Productique (NTIC appliquées à l’industrie), CEL (distribution d'énergies nouvelles), iMDEO (conception internet et intranet) et Sésame (veille internet et revues de presse). En attendant la reprise programmée de Cefim, une société jocondienne spécialisée dans la formation qui va permettre au Groupe Hervé de renforcer encore un peu plus sa palette de services. Une manière d’anticiper le futur car « nous vendons des solutions de climatisation qui sont amenées à disparaître avec l’émergence des projets HQE, estime Michel Hervé.. Nous devons donc nous montrer créatifs ».
“
même moment, une banque est venue nous proposer Alvazzi. Ne voulant pas perdre un cadre de qualité, nous avons étudié le dossier pour être certain qu’il y avait une opportunité avant de dire banco. » Cette première incursion hors du territoire national avait aussi pour objectif de se familiariser avec des pratiques internationales. « Nous pensons que, dans peu de temps, cette dimension deviendra impérative pour accompagner nos clients dans leur mouvement de globalisation. » Michel Hervé reconnaît toutefois une limite à son mode de fonctionnement : la difficulté de se développer par croissance interne. « Lorsque nous voulons créer une agence, il nous faut au moins cinq ans d’investissement pour la couler dans notre organisation. Nous souhaitons donc plutôt racheter des sociétés, car les collectifs existent déjà et nous font gagner un temps précieux pour atteindre l’efficacité recher-
développement, je ne sais pas où nous allons et je m’en fiche. Nous travaillons au gré des hasards et des nécessités ». Franck Guidicelli
Le Groupe Hervé Effectif : 2 000 personnes CA 2007 : 300 M€ Sociétés : Hervé Thermique (génie climatique et électrique), ICE et Alvazzi (génie climatique), ONEX (chaudronnerie), TI (tôlerie industrielle), Outillages Renault (machines-outils), Hervé Consultants (conseil en organisation), Meta Productique (NTIC appliquées à l’industrie), CEL (distribution d'énergies nouvelles), iMDEO (conception internet et intranet), Sésame (veille internet et revues de presse).
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Dossier
Reprise d’entreprises
Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel
100 % pur jus de croissance En rachetant l’usine des Vergers d’Alsace au groupe allemand Eckes-Granini, la Laiterie de Saint-Denis de-l’Hôtel franchit une nouvelle étape d’une saga familiale établie sur trois générations.
«J
e dirige une entreprise qui aurait dû disparaître à plusieurs reprises », affirme avec un brin de provocation Emmanuel Vasseneix, le PDG de la Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel (LSDH), à l’est d’Orléans (45). Il est vrai que cette vénérable entreprise, créée en 1909, a survécu à de multiples coups du sort. Réduction de la ressource en lait avec mise en place de la PAC dans les années 70, instauration des quotas laitiers à partir de 1984, rachat et revente par un
groupe concurrent, les péripéties n’ont pas manqué. Pourtant, contre et vents et marées, la Laiterie a non seulement survécu mais s’est développée de belle manière. Son CA est
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du conditionnement de liquides alimentaires. C’est à cette époque que nous avons commencé à produire pour la grande distribution. Le passage à l’ère industrielle avait été
NOUS NE SOMMES PAS EN QUÊTE DE CROISSANCE EXTERNE À TOUT PRIX. NOUS CHERCHONS PLUTÔT À CRÉER DES RICHESSES ET DE LA VALEUR AJOUTÉE POUR NOS COLLABORATEURS ”
passé de 50 à 190 M€ au cours des vingt dernières années tandis que sa production était multipliée par trois et ses effectifs par deux. Le secret de cette vitalité ne repose pas tant sur les vertus des produits laitiers que dans la capacité de la famille dirigeante à négocier avec succès les virages stratégiques. Car l’histoire de la Laiterie de SaintDenis-de-l’Hôtel, c’est d’abord la saga de la famille Vasseneix : le grand père, Roger, qui a acheté la laiterie en 1947, le père, André, qui a initié les grandes évolutions technologiques, et enfin le fils, Emmanuel, qui tient les rênes depuis six ans et vient de donner une nouvelle impulsion en rachetant l’usine des Vergers d’Alsace, à Sarre-Union (67), devenus les Jus de fruits d’Alsace. « L’évolution la plus marquante a été initiée en 1984 par mon père en réaction aux quotas laitiers, rappelle Emmanuel Vasseneix. Nous avons pratiquement changé de métier en devenant des spécialistes
amorcé en 1980 avec le rachat de la laiterie de Varenne-sur-Fouzon (36), suivi de la construction de la nouvelle usine de Saint-Denis-del’Hôtel en 1993. L’étape suivante a été l’acquisition de notre indépendance ». Car depuis 1972 la laiterie n’appartenait plus à la famille Vasseneix. Le groupe Celia en avait pris le contrôle, André Vasseneix restant aux commandes avec 7 % du capital. « Mon père m’a demandé de le rejoindre en 1992, explique Emmanuel Vasseneix. Après un cursus agroalimentaire par alternance, j’avais travaillé chez Triballat puis chez Danone. J’ai repris une formation à l’institut supérieur d’études laitières et suis passé par toutes les fonctions de l’entreprise : technique, commerciale, gestion ». En 1994, le groupe Celia met en vente la Laiterie de Saint-Denis-del’Hôtel mais peine à trouver des repreneurs. C’est le moment pour
la famille Vasseneix d’acquérir 50 % du capital avec le soutien d’actionnaires extérieurs et d’un pool bancaire. « Nous avons progressivement augmenté notre participation jusqu’à détenir l’intégralité du capital. Nous sommes désormais une entreprise totalement familiale tant du point de vue du capital que de la gouvernance puisque mon frère Christophe, ingénieur, est en charge du secteur industriel et que ma sœur, Christelle, avocate, gère les domaines juridiques et fiscaux ». En 2002, Emmanuel Vasseneix devient, à l’âge de 32 ans, le pdg de l’entreprise. « Mon père s’était promis de me passer la main lorsque les résultats permettraient d’accorder, de façon pérenne, un mois de salaire en intéressement et participation aux salariés. Notre philosophie a toujours été de développer l’esprit d’équipe et l’implication par la reconnaissance. Ces dix dernières années, nous avons créé 130 emplois et jamais connu de grève. »
L’effectif a fait un bond spectaculaire en avril dernier avec le rachat de l’usine de Sarre-Union et ses 200 salariés au groupe allemand EckesGranini. « Nous n’avions pas de volonté offensive, précise Emmanuel Vasseneix. Ce sont les dirigeants qui sont venus nous voir en octobre 2007 à la recherche d’un repreneur du même métier. Les complémentarités étaient évidentes. Nous avons monté un LMBO (reprise par le management) avec quatre cadres qui se partagent 10 %, le reste étant détenu par LSDH. » Un important programme d’investissement accompagne cette stratégie : 25 M€ vont être consacrés à la modernisation de l’usine de Varennes-sur-Fouzon avec, notamment, une ligne de conditionnement de bouteilles en plastique (24 000 unités à l’heure), et 5 M€ à Sarre-Union pour le renforcement des capacités de deux lignes d’emballage de briques de deux litres et d’une ligne de produits innovants.
Et l’avenir ? « Nous ne sommes pas en quête de croissance externe à tout prix, confie Emmanuel Vasseneix. Nous cherchons plutôt à créer des richesses et de la valeur ajoutée pour nos collaborateurs ». Dans son bureau, un grand poster affiche des photos d’une convention du personnel. « Ce sont les salariés qui me l’ont offert » précise-t-il. Bruno Villeneuve
Le Groupe LDSH Effectif : 550 personnes CA 2007 : 190 M€ CA 2008 (prévisionnel) : 300 M€ Sites : St-Denis-de-l’Hôtel (45), Varennes-surFouzon (36) et Sarre-Union (67) produisent 900 millions d’emballages et 100 millions de litres de lait par an. Parts de marché France : 25 % du marché du jus de fruit ; 5 % du marché du lait. 1er producteur de jus réfrigérés et 1er conditionneur de jus (tous confondus).
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Dossier
Reprise d’entreprises
Philippe Tréhoux a cru au potentiel de la DEC Le fondateur du groupe Métrotech à Vendôme vient de reprendre la DEC à Cormenon. Il a été séduit par le potentiel de ce spécialiste reconnu du traitement de surface, qui a réussi à survivre à deux incendies.
L
orsque Philippe Tréhoux, tout auréolé du succès de son expérience précédente à la tête de Métrotech (métrologie et systèmes de mesure), à Vendôme (41), se mit à 46 ans en quête d’une nouvelle aventure entrepreneuriale après un congé sabbatique d’une année, il était persuadé que sa connaissance du milieu industriel et son passé d’entrepreneur « lui ouvriraient toutes les portes ». Il fut confronté rapidement à une tout autre réalité. Certes, ce développeur-né avait réussi à amener Métrotech à une stature européenne. Après l’avoir cédée à Air Liquide, il a été, en effet, chargé par le groupe de diriger l’activité métrologie dans laquelle Métrotech était intégrée. Ce qui l’a amené à piloter plusieurs opérations de croissance externe dont il a été l’artisan, contribuant à créer une entité de plus de 600 collaborateurs baptisée Trescal. Mais les nouvelles orientations stratégiques d’Air Liquide l’obligèrent à quitter son poste en 2005 après avoir ven-
du ses dernières parts. « Lorsque je me suis mis en quête d’une entreprise cible, j’ai compris rapidement que je n’étais plus épaulé par un groupe. J’étais redevenu un homme seul. » Ses critères de choix géographiques étaient assez restrictifs. « Je n’étais pas du tout fixé sur l’activité, mais je ne voulais pas compromettre ma
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plonger dans le compte d’exploitation, que le potentiel de l’entreprise n’a pas été détruit. « La force de la DEC, qui a réussi à redresser deux fois la tête, tient à la qualité de son personnel et à la diversité de sa gamme de traitements qui n’a pas beaucoup d’équivalent en France. » L’entreprise est aussi bardée de mul-
JE SOUHAITAIS POUVOIR M’APPUYER SUR UNE ÉQUIPE TECHNIQUE DE QUALITÉ AFIN DE NE PAS AVOIR À APPRENDRE LE MÉTIER DE A À Z ”
qualité de vie dans le Vendômois ; il me fallait donc une entreprise située dans la région. Par ailleurs, je souhaitais pouvoir m’appuyer sur une équipe technique de qualité afin de ne pas avoir à apprendre le métier de A à Z. » Une dizaine de dossiers lui passent entre les mains « dans des domaines aussi divers que le mobilier urbain, la charpente métallique ou le traitement de surface ». Un véritable inventaire à la Prévert auquel il se prête volontiers. « J’avais un atout essentiel : je n’étais pas pris par le temps ». Finalement, il tombe sur DEC, une entreprise d’une centaine de salariés, spécialisée à Cormenon (41) dans le traitement de surface. « Le challenge était risqué, mais tentant. La société avait été victime de deux incendies en 36 mois… » Certes, une bonne partie du chiffre d’affaires était partie en fumée mais, d’instinct, le candidat repreneur qui « fonctionne beaucoup à l’affect », sent, bien avant de se
tiples certifications et homologations dont le célèbre Nadcap très réputé dans les milieux de l’industrie aéronautique. Les négociations avec les trois associés Christian Pourquier, Patrick Cappelle et Jacqueline Caillon, entamées séance tenante, finiront par aboutir au bout de quelques mois d’audits. « Comment peut-il en être autrement ? Un vendeur met tout un vécu en jeu, l’acquéreur a forcément une vision plus rationnelle. Il faut que chaque partie se fasse un peu violence pour que la transaction aboutisse » convient Philippe Tréhoux. L’entrepreneur, qui a conservé Jacqueline Caillon au poste de responsable financier et proposé au responsable industriel de prendre 10 % du capital, est un homme pressé. « Nous devons fidéliser les clients existants et en conquérir de nouveaux, réorganiser l’entreprise et investir dans de nouveaux moyens. » Il prévoit un développement rapide avec un niveau de CA à court terme qui devrait avoisiner les 9 M€. JCS
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Reprise d’entreprises
La nouvelle vie
de Sairp Composites
La famille Martin a cédé au printemps le contrôle du fabricant abraysien de panneaux composites pour véhicules industriels Sairp Composites à un fonds d’investissement. L’entreprise est désormais pilotée par un industriel, Hervé Frachon, bien connu dans la région pour avoir longtemps dirigé le vendômois La Calhène.
H
ervé Frachon est revenu en région Centre. L’ancien président de La Calhène, le fabricant d’appareils de télémanipulation et d’isolateurs qu’il avait quitté en 2005 au moment du rachat par le suédois Getinge, est, depuis le printemps dernier, président de Sairp Composites, un fabricant de panneaux de carrosserie pour véhicules industriels installé depuis sa création à St-Jeande-Braye, dans l’agglomération orléanaise. « J’ai été contacté il y a deux ans, mais le travail a réellement commencé début 2007, explique Hervé Frachon. Il a fallu d’abord conduire les due diligences puis, à l’issue des audits, réunir les fonds nécessaires à l’acquisition à partir de la fin du printemps suivant. » Juste à l’amorce de la crise des subprimes. Une conjoncture qui a retardé et compliqué le montage financier. « Au lieu de deux mois, nous en avons mis six » commente le nouveau
président de la société. Dans la gamme des reprises, celle de Sairp Composites appartient à la catégorie des LMBI (Leverage Management Buy-In), conjuguant l’effet de levier et le recours à des dirigeants
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outil de production original, capable de produire des panneaux stratifiés de grande dimension en continu et de les découper à la demande. L’entreprise abraysienne va désormais s’attacher à se renforcer à l’extérieur
AMPÈRE DÉVELOPPEMENT AURA MÊLÉ FONDS PROPRES, EMPRUNT ET UTILISATION DE CASH DISPONIBLE DANS LA SOCIÉTÉ POUR BOUCLER UNE OPÉRATION DE 23 M¤ ”
extérieurs. Cette solution a, en effet, été retenue par Jean-Louis Martin qui cherchait à céder l’entreprise qu’il avait fondée il y a une trentaine d’années pour faire valoir ses droits à la retraite. Entre-temps, il aura fallu racheter en plusieurs étapes les quelque 125 000 actions, représentant 12,5 % du capital, introduites en 1997 en bourse par l’entrepreneur, ce dernier et sa famille ayant conservé le reste du capital. Ampère Développement, le holding créé pour la reprise et détenu à près de 86 % par le fonds anglais Parallel Ventures Nominees (dont la participation est gérée par la société française ICEO) au côté de quelques personnes physiques, aura mêlé fonds propres, emprunt – le chef de file est la Banque Palatine, une filiale du groupe Caisse d’Epargne – et utilisation de cash disponible dans la société pour boucler une opération de 23 M€. Entreprise saine, qui vient de vivre une année 2007 faste (20,5 M€ de CA, en hausse de près de 20 % par rapport à l’exercice précédent), Sairp Composites peut s’appuyer sur un
des frontières françaises. Déjà présente sur les marchés allemand – le plus important d’Europe – anglais et espagnol, elle espère conquérir de nouveaux territoires, notamment en Europe centrale où le transport routier est en plein essor. Cette stratégie pourrait, éventuellement, passer par une acquisition. Mais pas question de construire une nouvelle unité de production. Celle de St-Jeande-Braye, qui s’appuie sur une machine unique, fierté de l’entreprise, a d’importantes réserves capacitaires. La base éloignée serait plutôt dédiée au stockage et à la découpe des panneaux en grande longueur acheminés de la région orléanaise. D’ici là, il faudra maintenir le cap dans une conjoncture – ce n’est un secret pour personne – qui se tend. Hervé Frachon reste résolument optimiste : « Le premier semestre a été équivalent à celui de l’an passé. On constate une légère baisse au second, mais je ne suis pas inquiet. Nous ne sommes pas au bout de la mise aux normes du parc de véhicules industriels ». FXB
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Reprise d’entreprises
Jean-Marie Guinard l’ingénieur est devenu
ébéniste Passer de la vie trépidante d’un cadre supérieur, rythmée par les voyages à l’étranger, à la restauration de meubles d’art : c’est le parcours peu banal de Jean-Marie Guinard, l’ancien directeur industriel de Philips Eclairage, devenu ébéniste à Saint-Aubin-des-Bois, petite commune des environs de Chartres.
C’
est un choix de vie. Les quatre sites à gérer, les voyages, les grands hôtels… « Cela m’a beaucoup plu. C’était intéressant, passionnant même. J’avais fait mes preuves. Mais je n’acceptais plus la brutalité des usages dans l’industrie, ni d’être traité comme un chien par les clients qui veulent tout, tout de suite. En conflit avec l’entreprise, Philips Eclairage, sur la manière d’exercer mes responsabilités, j’ai été licencié en février 2007. » A ce moment précis, Jean-Marie Guinard, 44 ans à l’époque, s’est interrogé. Son expérience, sa formation d’ingénieur des arts et métiers lui permettaient, sans nul doute, de briguer un poste important dans une autre société. Mais il aurait fallu envisager, de nouveau, les longs séjours à l’étranger. Et donc délaisser la belle ferme des environs de Chartres et ses bâtiments du XIXe, dans lesquels il bichonne de temps à autres ses voitures anciennes, laissant à son épouse le soin de gérer les chambres d’hôtes. « J’étais vraiment lassé, fatigué de l’industrie.
Depuis toujours, je cultivais une passion pour le bois, pour tout ce qui est ancien. Mais il était hors de question de me lancer dans un métier sans une solide formation préalable. »
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conservé. J’avais, de plus, le soutien du cédant, ce qui m’assurait ainsi la confiance des clients, un paramètre essentiel dans ce métier : on ne confie pas des meubles précieux au premier venu ! ».
CHOISIR CETTE VOIE, C’ÉTAIT TIRER UN TRAIT SUR DES REVENUS CONFORTABLES. EN REVANCHE, C’ÉTAIT AUSSI VOIR MA FILLE GRANDIR ”
C’est à la Chambre de Métiers et de l’Artisanat d’Eure-et-Loir qu’il trouve les réponses à ses questions : d’une part, une formation de restaurateur de mobilier d’art, d’autre part un artisan du secteur voulant passer la main. Mais choisir cette voie, « c’était tirer un trait sur des revenus confortables, même si les chambres d’hôtes enregistrent une bonne fréquentation. En revanche, c’était aussi voir ma fille grandir… ». Et voilà l’ingénieur parti pour 1 800 heures de formation avec l’Afpa, sur une année, avec pour objectif la reprise d’une entreprise plutôt qu’une création : « L’affaire à céder tournait bien. C’est pour des raisons de santé que le responsable souhaitait décrocher. Le rachat de clientèle, grâce au chèque significatif lié au licenciement, me permettait d’être tout de suite opérationnel. Je disposais aussi du savoir-faire de l’entreprise et de son unique salarié, que j’ai
En mars dernier, Jean-Marie Guinard s’est lancé ; il a réinstallé l’atelier de la SARL Aveline & Guinard chez lui, à Saint-Aubin-des-Bois, dans sa grange d’époque, pour réduire les charges fixes. Aujourd’hui, il est heureux, tout simplement. Il jouit d’une liberté et d’une qualité de vie retrouvées mais n’oublie pas les acquis de son ancienne vie : « Mon expérience m’est précieuse pour la partie finances, comptabilité et contact avec la clientèle ». Sans nostalgie, il reconnaît que ses « revenus ont été divisés par cinq ! ». Sa « bonne charge de travail » le rassure, ainsi qu’une sage répartition de son activité : une moitié de clientèle privée – restauration de l’armoire de grand-mère, marqueterie de meubles XVIIIe, par exemple – une autre de clientèle… très particulière. Jean-Marie Guinard restaure en effet le mobilier des églises et des cathédrales. Comme Odile Ménard celle de Chartres.
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Reprise d’entreprises
Ils ont survécu aux sinistres
industriels Plombiers, mécaniciens de précision, garagistes ou cafetiers : ces anciens employés de grandes entreprises régionales ont tous choisi la voie de l’entreprise individuelle ou de la TPE pour rebondir dans la vie professionnelle. Si certains regrettent parfois les avantages – notamment salariaux – qu’offrent les grands groupes, tous s’accordent à louer une qualité de vie retrouvée et cet ineffable sentiment de liberté qui est l’apanage des vrais entrepreneurs. Rêve de toujours, opportunité saisie au vol ou choix mûrement réfléchi : la démarche est différente, mais l’engagement est identique. Et pas question de revenir en arrière et de reprendre la vie d’un salarié pouvant être sacrifié du jour au lendemain. Un dossier réalisé par Odile Ménard
Licencié de Sprague en 1992, il vient de tourner la page Il aura fallu seize ans pour que Luc Darnault, ancien chef d’atelier chez Sprague, se décide à franchir le Rubicon de l’entrepreneuriat. En mars dernier, il a repris dans les environs d’Amboise une entreprise artisanale de plomberie et ses deux salariés.
C
e jour de l’année 1992, Luc Darnault est arrivé comme d’habitude à 5 heures du matin pour prendre son poste de chef d’atelier chez Sprague, à Tours. « A 9 heures, je n’avais plus de boulot ! Comme 250 autres salariés, j’ai été appelé au micro… Puis on m’a proposé de me raccompagner chez moi en taxi. Ce que j’ai refusé. » Salarié dans sa tête durant des années, c’est en mars dernier que Luc Darnault est devenu patron : il a repris à Lussault une entreprise de plomberie, baptisée Avenir Entreprise. L’annonce du licenciement fut un choc : « A l’époque, comme tout le monde, je pensais qu’on exerçait une profession pour la vie ! Plongé dans un état second, je sentais que j’avais des ennuis, mais je ne savais pas lesquels ». Il lui a fallu deux ans et des centaines de CV
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envoyés, d’entretiens qui n’aboutissaient pas, pour réaliser qu’il fallait renoncer à ce métier « dont j’avais la certitude d’être au top, mais qui soudain n’existait plus ». C’est vers le marketing qu’il se tourne. Après une période de formation en technique de vente à l’Escem de Tours, il endosse l’habit de commercial puis prend conscience que nombre de plombiers vont bientôt prendre leur retraite. Le voilà à l’Afpa
pour une formation de plombierchauffagiste, au moment où l’emploi de son épouse est menacé. Heureusement, les enfants volent désormais de leurs propres ailes. Résolument, patiemment, tous deux cherchent alors une entreprise à racheter « avec de bons salariés ». Ce qu’il a trouvé en mars dernier à Lussault, petite commune des environs d’Amboise (37), en reprenant à 53 ans l’affaire d’un artisan et ses deux employés.
Seize ans après son licenciement, Luc Darnault reconnaît qu’il est homme à mûrir longuement ses projets. « Au fond de moi-même, je continuais de chercher un poste de salarié. J’avais en tête depuis longtemps de créer une entreprise, mais j’avais peur de m’engager dans une galère. Je me sentais comme au bout du plongeoir… ». Et le réflexe de la création n’était pas encore dans les esprits, comme aujourd’hui. Finalement, il s’est La Lettre Valloire - Septembre 2008 33
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Reprise d’entreprises aperçu qu’il ne voulait pas être assisté, ni continuer de vivoter et, surtout, qu’il avait « encore la pêche ». Du coup, il estime avoir convaincu une banque de le suivre grâce à son par-
cours, sa « volonté de toujours progresser », ses habitudes de vivre de peu, de faire attention à tout et de travailler beaucoup. Pourtant ce n’est pas encore gagné : « Il nous faut accroître
l’effectif d’Avenir Entreprise pour répondre aux besoins, notamment ceux qui émergent autour des énergies renouvelables ».
L’informaticien devient plombier, la télé-vendeuse, nounou Licenciés respectivement par Lexmark et par Quelle, deux des principaux employeurs de l’agglomération orléanaise, Cyril et Perrine ont rebondi. Lui, en créant une entreprise artisanale, elle, en gardant des enfants. ls ne veulent plus « de CDI avec l’impression d’être en CDD ». A 32 ans, Cyril Lorette, qui travaillait chez Lexmark (solutions et produits d’impression) à Boigny- sur-Bionne, et son épouse Perrine, ancienne employée de Quelle (vente par correspondance) à Saran, n’ont pas encore tout à fait digéré leur licenciement : « Nous étions tous les deux venus dans la région pour trouver du travail. On a fini par trouver
tous les deux un plan social … » ironise Perrine. Cette douloureuse expérience leur a fait reconsidérer l’avenir : « Il n’était pas question d’abandonner la fermette que nous restaurons depuis sept ans à Aschères- le-Marché, explique Cyril. Pas plus que m’entendre dire, une fois encore, qu’un Pakistanais coûte moins cher que moi ! Rechercher un poste dans une autre entreprise, c’était risquer de retrouver dans cinq ans le même problème. Pourtant, comme tous ceux de notre génération, nous nous attendions à des ruptures professionnelles. Mais… ce n’est pas en cinq ans qu’on paie sa maison ! ». Alors, un bébé tout souriant arrivé entretemps, ils ont changé de cap, revenant à leurs premières amours. Toute jeune, Perrine souhaitait passer un CAP Petite enfance : « Passe ton bac d’abord », s’est-elle entendu répondre. Ce qu’elle fit, avant d’entamer un parcours commercial… Elle est entrée chez Quelle en 2001.
elle est très fière d’avoir obtenu l’agrément pour devenir assistante maternelle. Au collège, Cyril voulait s’orienter vers un métier technique : « C’est pour les nuls ! » lui a-t-on rétorqué. Docile, il a passé son DUT de gestion et puis obtenu un diplôme anglais, le Bachelor of Sciences, en informatique et gestion commerciale, avant d’intégrer Lexmark en 1999. « Je travaillais à la mise en place puis au suivi des projets informatiques pour la logistique du groupe en Europe et au Moyen-Orient ». Il s’est trouvé dans la charrette du troisième plan social avec 150 autres salariés du site du Loiret : « Le patron américain nous avait annoncé dès janvier 2006 la suppression de postes au niveau mondial, dont 300 en France, et la délocalisation d’activités en Asie ». Licencié en octobre 2007, il décide de créer son entreprise de plomberie et suit durant huit mois une format ion d’ ag e nt de maint e nanc e
“ PAS QUESTION DE M’ENTENDRE DIRE, UNE FOIS ENCORE, QU’UN PAKISTANAIS COÛTE MOINS CHER QUE MOI !
Chargée de la prise de commandes au téléphone puis sur internet, elle est partie au printemps 2006, comme 150 collègues du centre d’appel lors du deuxième plan social du vépéciste allemand : Quelle délocalisait et soustraitait ses services, Perrine saisit l’offre du départ volontaire. Aujourd’hui, 34 La Lettre Valloire - Septembre 2008
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I
chauffage à la Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment. « J’aurais pu aller jusqu’au bac pro, mais huit mois de plus, ce n’était pas dans mon planning : je voulais pouvoir bénéficier de l’aide de l’Assédic pendant la phase de création, ce qui me garantit une rému-
nération pendant un an ». Parti avec une « prime de compensation du préjudice subi » et une autre à la création d’entreprise, il dispose pour démarrer de 40 000€ (primes plus emprunt). Seul investissement, un camion neuf. Son garage devient l’atelier, et une pièce de la maison, son bureau. Seul à bord, il propose un service unique de maintenance
et dépannage en chauffage traditionnel – mais ne compte pas en rester là : « Je développerai l’activité, d’abord avec la climatisation puis, dans cinq ans, quand j’aurai recruté du personnel, les énergies renouvelables ». Pour gagner du temps, il aurait pu reprendre l’entreprise de l’un des futurs plombiers retraités… « J’ai
préféré créer ma propre affaire : il me semble difficile de gérer du personnel quand on n’est pas du métier. Les salariés gardent toujours cela en tête. » Tous les plombiers ne sont pas du même avis. En tous cas, le métier a la cote.
Le tapis chute, ils rachètent un café-restaurant «N
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ous venions d’acheter notre maison quand Berry Tapis, où nous travaillions tous les deux, a fermé, en mars 2006. Chômage, traites à payer, une fille étudiante… » : Patrice Trémine était mécanicien depuis vingt ans dans l’entreprise de Buzançais. Sa compagne Guylène Guillon y était employée depuis dix ans, évoluant sur différents postes. Rien qui les préparait à reprendre un café-restaurant dans la com-
mune. Ils savaient pourtant que l’entreprise était en difficulté : une centaine de personnes, soit la moitié de l’effectif, avaient été licenciées un an plus tôt. « Nous avions repris espoir, raconte Guylène, jusqu’à cette deuxième claque. » Secrètement, elle rêvait d’un petit restaurant où elle pourrait s’exprimer en cuisine, mais convaincre Patrice n’était pas gagné. Un tour pour rien à la cellule de reclassement, un rendez-vous
Les trois révolutions des ressources humaines : motivationnelle, informationnelle, générationnelle Par Bruno Gonzague, consultant et pdg d’Actiforces
La Lettre Valloire : Dans le précédent numéro de ce magazine, vous avez expliqué ce que vous entendiez par « révolution motivationnelle ». Aujourd’hui, vous analysez la « révolution informationnelle » et les comportements nouveaux déclenchés par les technologies et les outils de communication. Par exemple ? Bruno Gonzague : Nos collaborateurs sont ainsi passés du « CV d’antan », montré dans la discrétion, au « CV vitrine », exposé sur le net en permanence et sans complexe ! Un autre exemple ? Les sites web dédiés au recrutement, à la mise en relation professionnelle ou à la création de réseaux sont, certes, devenus source d’information, mais aussi de déstabilisation, de tentation. Ils permettent à nos collaborateurs de se renseigner, de comparer, de choisir. Ainsi, la guerre des talents est ouverte, et ne fait que débuter. Le net la favorise, mais le comportement des managers aussi ! Face aux difficultés de recrutement naissantes et croissantes et à la multiplicité des offres, l’entreprise ne peut plus s’exonérer de mener une phase de séduction pour attirer ces talents ! La Lettre Valloire : Mais… comment séduire et fidéliser ses collaborateurs ? Bruno Gonzague : Il faut que l’entreprise sache « dire vrai » et « faire vrai », pour que soit renversée la tendance selon laquelle un collaborateur sur trois est « à risque » à l’issue de sa période d’essai. Quel gâchis en temps et en argent ! A charge au manager de tenir ses engagements, de ne pas faire semblant au moment du recrutement, sinon, il peut démobiliser tout un régiment ! A suivre dans le prochain numéro : la révolution générationnelle.
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Dossier
Reprise d’entreprises concluant avec un adjoint au maire, et c’est le coup de cœur commun pour le Café du Centre, qui était opportunément à vendre. Ils achètent le fonds « avec une grosse prime de licenciement, complétée d’un emprunt à taux zéro obtenu grâce
au groupe Beaulieu (dont Berry Tapis était une filiale), le Crédit Agricole et Indre Initiative ». Mais, pour exercer, Guylène doit passer son CAP de cuisinière, après neuf mois de formation au Greta. Pendant ce temps, Patrice remet aux normes
des locaux qu’exige la Direction des services vétérinaires. « Nous avons tiré un salaire dès le deuxième mois et du bénéfice deux mois après. » Guylène aux fourneaux, Patrice joue désormais les serveurs à midi et les pizzaiolos le soir.
L’ancien massicotier ouvre un garage à la Loupe «U ne sorte de soulagement que ce licenciement ! » avoue Abdurrahman Ozkaya, l’un des 150 salariés licenciés par vagues successives de l’imprimerie Sager Graphic à la Loupe (28), disparue en septembre 2006. « Depuis le temps que l’on en parlait, c’était devenu très difficile à vivre ». C’est à la Loupe, où il habite depuis que ses parents ont quitté la Turquie, il y a trente ans, que le massicotier (préposé à la découpe des feuilles de papier imprimées, NDLR) vient de se reconvertir dans son métier
d’origine, la mécanique auto. Il l’avait abandonné parce que « ça ne payait pas ». Se mettre à son compte le tentait depuis longtemps ; il pensait alors emprunter auprès des siens : « Chez les Turcs, c’est la famille d’abord » assure-t-il. Mais que faire ? Ouvrir un restaurant kebab, comme le font beaucoup de Turcs en France ? « J’y ai pensé, mais c’était incompatible avec mon engagement de sapeur-pompier volontaire ». Il y a un an, accompagné par la cellule de reclassement Aksis, il a mis fin à son statut de chômeur, récupérant
auprès de l’Assédic les droits qu’il lui restait à percevoir. Ce qui lui a permis de s’installer à l’enseigne Autos Services La Loupe : « Etre patron, c’est mieux qu’être salarié : pas de comptes à rendre ! Mais que de tracasseries administratives pour changer l’affectation du local que j’avais trouvé… J’en ai perdu quatre mois d’activité ! ». Rançon de la liberté et du succès, Abdurrahman Ozkaya, qui travaille seul, a dû renoncer cette année à partir en vacances et à retrouver comme d’habitude une partie de sa famille en Turquie
Licenciés de Matra, ils rachètent les machines I ls travaillaient sur l’Avantime à Romorantin quand l’usine Matra Automobile, qui employait encore 1 600 personnes, a fermé en juin 2003. Avec leurs indemnités de licenciement (environ 20 000€ chacun), Dominique Guichet, chargé d’affaires méthodes, et Philippe Guillon, responsable de l’atelier d’outillage, ont amorcé la création de leur entreprise G2 Mega Concept (mécanique générale, chaudronnerie).
Mais il leur fallait réunir 150 000 €. Ils ont emprunté, obtenu une aide régionale, racheté le parc machines de l’atelier d’outillage et touché pendant 18 mois l’assurance-chômage. Un bon coup de pouce pour démarrer une activité. « Créer une entreprise n’était pas dans notre plan de carrière, reconnaît Philippe Guillon. Nous avions un bon salaire, les 35 heures... Mais nous n’avions pas le choix :
retrouver du travail sur Romorantin n’était pas évident ». Alors, en janvier 2004, « sans clients mais avec un bon carnet d’adresses » précise Dominique Guichet, ils ont lancé leur entreprise et recruté trois anciens collègues. Aujourd’hui, G2 Mega Concept emploie 11 personnes. « Nous ne regrettons rien : c’était bien avant, c’est bien maintenant. Et même passionnant. »
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Entreprises
Industrie
La grande déprime
des imprimeurs régionaux Fermetures annoncées des sites Quebecor à Blois et à la Loupe, rumeurs de rachat du groupe Maury par des investisseurs néerlandais : la filière graphique régionale est entraînée dans un mouvement inexorable de réorganisation. Retour sur une mutation sans précédent qui s’est déjà soldée par la disparition de plus de 5 000 emplois.
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epuis quinze ans, le métier souffre. Mais attention ! Il ne s’agit pas d’une crise passagère. C’est une mutation profonde dont il faut bien comprendre tous les ressorts » : selon Daniel Nadeau, le président du GRAIC (Groupement régional administratif des imprimeurs du Centre), la cause est entendue. Les métiers de l’impression sont touchés de plein fouet par le développement de l’économie numérique. « D’une part, les imprimantes personnelles ont démocratisé l’impression. En outre, de nombreux supports numéri-ques permettent aux entreprises et aux particuliers de s’affranchir du papier ». Conséquence, les volumes imprimés diminuent inexorablement de 5 % par an, « et ce depuis plusieurs années » souligne Daniel Nadeau. Dans le même temps, la pression sur les prix – et partant sur les marges – n’a jamais été aussi intense. Le phénomène est amplifié sur le segment de l’impression presse qui traite les grandes séries (catalogues, édition) où un nombre limité de clients (éditeurs, grande distribution) « font la pluie et le beau temps » selon ce directeur commercial d’une grande imprimerie régionale. « Les pratiques des donneurs d’ordre, notamment ceux issus de la grande distribution, sont devenues insupportables » affirme Pascal Bovéro, délégué général de la fédération professionnelle UNIC (Union nationale de l’imprimerie et de la communication). Prix imposés sans aucune négociation commerciale, nomadisme incessant, remises de fin d’année exigées : les grands rotativistes ont subi les inconvénients d’un modèle de marché oligopolistique caractérisé par la domina-
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prévient toutefois Pascal Bovéro. Rien d’étonnant, dans ce contexte, à ce que les directions des grandes unités présentes sur le marché régional entament le chantier de leur réorganisation… à coût social élevé. Ainsi, le fonds d’investissement néerlandais HHBV, qui vient de reprendre
groupe Maury Imprimeur, installé notamment sur deux sites régionaux, à Malesherbes et à Manchecourt, dans le Loiret. « Les projets de restructuration ont sans doute trop tardé, juge Pascal Bovéro. Ils auraient pu sans doute être engagés « à froid » il y a une
“ EN QUINZE ANS, LE NOMBRE DE SALARIÉS EMPLOYÉS PAR LES INDUSTRIES GRAPHIQUES RÉGIONALES A DIMINUÉ DE MOITIÉ, PASSANT DE 11 000 À 5 500
l’activité européenne du groupe Quebecor (17 sites, 3 500 collaborateurs), a-t-il annoncé la fermeture de l’unité de Blois (114 salariés) et pourrait infliger un sort comparable à celle de la Loupe, au nord de l’Eure-et-Loir (129 personnes). Dans le même temps, HHBV discuterait actuellement les conditions de l’acquisition du
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tion de quelques donneurs d’ordre tout-puissants. En parallèle, les imprimeurs « parvenaient tout de même à réaliser des gains de productivité de 5 % par an » souligne Pascal Bovéro, en engageant souvent de très importants programmes de renouvellement de leurs équipements. A défaut, le risque de « sortir du marché était grand » souligne cet imprimeur régional. « Ces investissements sont monstrueux, poursuit le délégué général de l’UNIC, il faut compter, par exemple, entre 3,5 et 4 M € pour une rotative 16 couleurs ». Cette course à l’armement a conduit à ce que s’installe une surcapacité chronique estimée, aujourd’hui, à plus de 25 % sur le segment de la rotative. « Ne mélangeons pas tout. Ce qui est vrai sur le marché des grandes séries ne l’est pas pour d’autres métiers comme celui de la finition qui souffrent, au contraire, d’importantes sous-capacités »
dizaine d’années ». Mais aujourd’hui, c’est l’urgence qui dicte les conditions de ce redéploiement. « Sans consolidation, ni réduction de ses capacités, Quebecor Europe se dirigera inéluctablement vers la cessation de paiements, prédit un proche du dossier. Le site de Quebecor à Blois est spécialisé dans l’héliogravure, un La Lettre Valloire - Septembre 2008 39
Entreprises
Industrie
Jean-Paul Maury, pdg du groupe Maury.
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procédé qui expose très fortement cette unité à la concurrence mondiale. » Pascal Bovéro estime pour sa part que HHBV, « qui est un véritable opérateur industriel », a le savoir-faire et la légitimité requis pour conduire cette restructuration. Certains, dans la profession, voient d’ailleurs déjà JeanPaul Maury, le pdg du groupe éponyme, diriger pour le compte d’HHBV un groupe européen constitué des capacités consolidées de Quebecor Europe et du groupe Maury. L’intéressé n’a pas confirmé l’hypothèse à l’heure où nous écrivons ces lignes. Les syndicats ont évidemment une tout autre lecture de la situation. A la Loupe, le responsable syndical CGT ne se résout pas à la fermeture du site : il estime que « ce discours sur les surcapacités est théorique et doit être adapté à la réalité des sites. Il y a de la place à la Loupe pour que soit mené à bon port un projet de reprise ». Quoi qu’il en soit, le
reclassement des salariés touchés ne se fera pas sans douleur : la pyramide des âges des employés blésois serait, en effet, très défavorable. Selon Pascal Bovéro, il ne faut toutefois pas peindre un tableau trop noir de la situation. « La région Centre se caractérise par un maillage tout à fait dynamique d’imprimeries de labeur dont un bon nombre sont en bonne santé ». Mais ces petites unités sont également soumises aux bouleversements technologiques et économiques. « En quinze ans, le nombre de salariés employés par les industries graphiques régionales a diminué de moitié, passant de 11 000 à 5 500 » estime Daniel Nadeau, qui souligne « qu’un important mouvement de consolidation est à l’œuvre ». Cette restructuration a impacté violemment quelques métiers de la filière… au point de les faire totalement disparaître. Il en est ainsi de la photogravure foulée aux pieds par l’impression numérique. « Il y avait près de 200 photograveurs sur le
territoire régional. Il n’y en a plus qu’une dizaine, très spécialisés, comme la société orléanaise Quadrilaser. Ils travaillent pour des éditeurs de beaux livres ou des donneurs d’ordre qui attachent une très grande importance à la qualité de la photo. » S’adapter ou mourir : voici donc le credo des imprimeurs
Jacky Touzeau, directeur de Quebecor à La Loupe, et Laure de la Raudière, députée UMP d’Eure-et-Loir.
Chauveau repris par un imprimeur parisien Au Coudray (28), l’imprimerie Chauveau (2,5 M€ de CA), créée à Chartres par Claude Chauveau puis transférée en 1981 sur une zone d’activité proche du Jardin d’Entreprises, vient d’être cédée par son propriétaire à Jean-Luc Bonnet. Ce dernier, déjà repreneur en 2002 d’Indica, une imprimerie de Colombes (92), a d’ailleurs regroupé toutes ses activités au Coudray tout en conservant in situ un bureau commercial. Jean-Luc Bonnet, qui devrait recruter une petite dizaine de salariés d’ici à 2010, table « sur un CA consolidé 2009 d’environ 4 M€. » Il devrait, par ailleurs, investir dans une nouvelle machine 5 couleurs à vernis acrylique dans le courant de l’année 2010. L’imprimerie Chauveau compte parmi ses clients AG2R, le Crédit Agricole, la GMF, Nissan, Chartres Métropole, de grandes marques de cosmétiques ainsi que le dessinateur Claude Thisse.
régionaux qui doivent s’adapter sans cesse à de nouvelles technologies et intégrer leur activité dans un socle plus large d’activité. Ainsi, le groupe Jouve, propriétaire de l’Imprimerie Nouvelle, réalise-t-il plus « de 70 % de son chiffre d’affaires dans les nouvelles technologies et le traitement de l’information au sens large (dématérialisation de documents,
archivage, etc.) » indique le président du GRAIC qui y a fait l’essentiel de sa carrière. S’adapter à des technologies en perpétuel mouvement : certainement la seule façon de survivre. Jean-Christophe Savattier
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Entreprises
Immobilier
Le futur programme Central Station près de la gare de Tours.
Tours
Quand le bureau va, tout va
L’année 2008 aura été marquée par un véritable boom de l’activité tertiaire à Tours. Mutuelles et compagnies d’assurances sont les principaux animateurs de cette envolée qui s’appuie sur une offre immobilière dense et dynamique.
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hilippe Le Breton, maire de Joué-lès-Tours et premier vice-président de la communauté d’agglomération Tour(s) Plus en charge du développement économique, se frotte les mains : « Il y a toujours eu une prépondérance des activités tertiaires sur l’industrie en Touraine. Mais, depuis plusieurs mois, on observe une accélération de projets et d’investissements qui paraît de bon augure ». L’achèvement des infrastructures routières, la qualité de l’offre universitaire « et surtout la disponibilité immédiate d’une main d’œuvre bien formée » affirme Dominique Huguet, conseiller en immobilier d’entreprise chez AdyalUrbania Tours, seraient à l’origine d’un mouvement qui a pris naissance il y a maintenant trois bonnes années. Les programmes de construction d’immeubles de bureaux ont trouvé rapidement preneurs. Comme l’installation d’ici à la fin de l’année d’une plate-forme de la Macif dans un bâtiment de 2 500 m2 livré par les promoteurs du programme Aéronef à
Tours Nord – qui accueille déjà In Extenso (Deloitte), Mécachrome et un centre d’appel de Banque Accord –, le transfert de Grand Thornton, de la Saur et l’arrivée d’Atos sur le programme les Lions d’Azur (12 000 m2 à terme dans le quartier des DeuxLions) ou l’installation dans 2 500 m2 de la Matmut sur Equatop, à St-Cyrsur-Loire, constituent autant d’indices d’une tendance de fond. « Le renforcement de l’attractivité de l’agglomération conduit nombre d’entreprises de grande ou de moyenne tailles, notamment celles de la région parisienne, à souhaiter disposer d’une adresse sur Tours » observe François Boille, gérant d’Arthur Loyd-Boille Immobilier. Il est vrai « qu’il y avait un certain retard à combler… » nuance Julien Hervé, le directeur de l’agence régionale du promoteur Bouygues Immobilier. Cet engouement ne se limite pas aux appétits d’enracinement provincial d’entreprises franciliennes : « Nous avons récemment installé une entreprise chinoise qui souhaitait disposer
seraient plus regardants sur la qualité des projets, la signature des entreprises et sur les niveaux de rentabilité escomptés. « Il y a quelques mois, les standards de rentabilité tournaient autour de
important volet tertiaire (6 000 m2 de bureaux). Fadesa chercherait à vendre les droits qu’il possède sur ce programme. « Il faut veiller à ne pas aller au-delà du potentiel d’absorption du marché, estime Philippe Le
“ LA TAILLE MOYENNE DU MARCHÉ NE NOUS EXPOSE FINALEMENT PAS À DES RETOURNEMENTS TROP BRUTAUX. IL Y A DE LA DEMANDE 7 à 8 %, on est aujourd’hui plus près de 9 à 10 % » indique un investisseur institutionnel de la place. Les mutuelles et les assureurs continuent à investir mais les autres catégories d’investisseurs sont plus attentistes… ou plus gourmands. Du coup, certains s’interrogent sur le calendrier des prochaines opérations immobilières dédiées au tertiaire. Un projet de 10 000 m2 est annoncé dans le quartier Montsoudun, à Tours Nord, sans que l’on connaisse encore précisément les modalités du montage financier. Idem pour le programme Pierre et Marie Curie (10 000 m2), toujours au nord de la ville, qui semble enlisé. Au sud, un très gros point d’interrogation subsiste sur le devenir de la friche Rallye à Chambray, pourtant idéalement située à la sortie sud de l’A 10. Le promoteur immobilier espagnol Fadesa a procédé à la démolition après avoir acquis l’emprise foncière. Mais le retournement du marché immobilier ibérique et les graves déboires financiers qui s’en sont ensuivi ont incité le groupe à abandonner son projet de nouveau quartier qui devait comporter un
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d’un pied-à-terre en Touraine » poursuit François Boille. Le développement local participe aussi de cette bonne santé du tertiaire. L’une des plus belles opérations annoncées cette année consiste dans le transfert de l’éditeur de logiciels Sage-Cogestib, installé aujourd’hui dans le quartier des Granges-Galand, à St-Avertin, sur 3 700 m2 construits à proximité de la gare de St-Pierre-des-Corps. En 2008, « on devrait approcher les 15 000 m2 de bureaux neufs livrés et quasi-commercialisés » annonce Dominique Huguet. Un beau résultat qui succède à une année 2007 « au cours de laquelle il ne s’est presque rien passé dans le neuf » ajoute Bertrand Begat, responsable de l’agence IEL CBRichard Ellis. Le tir groupé à mettre à l’actif de plusieurs mutuelles (Maaf, Matmut, Macif , Maif), n’est pas un hasard. « Nous sommes régulièrement consultés par leurs responsables. Elle tirent vraiment le marché » souligne un promoteur. On sent qu’elles souhaitent desserrer leurs platesformes niortaises qui connaissent une certaine saturation ». « Tours a probablement encore une belle carte à jouer dans ce domaine » prédit Dominique Huguet. D’autant que l’essor de l’immobilier tertiaire ne s’est pas accompagné d’une explosion du prix des loyers. « Dans le neuf, nous sommes aujourd’hui dans une fourchette tout à fait raisonnable de 140 à 150€ HT le m2 par an. L’addition peut toutefois grimper à 160 € avec les parkings » concède ce professionnel. Cette bonne santé du tertiaire tourangeau est-elle durable, compte tenu de la crise financière et du ralentissement économique annoncé ? « Nous ne sommes pas à Lyon ou à Nantes, analyse François Boille, la taille moyenne du marché ne nous expose finalement pas à des retournements trop brutaux. Il y a de la demande. La seule interrogation réside dans la capacité des investisseurs à poursuivre sur leur lancée.» Il semble que ces derniers
Breton, et cet avertissement vaut aussi pour les locaux d’activité ». Egalement vice-président du Conseil général en charge du développement économique, l’élu de Joué-lès-Tours est embarrassé par le programme de 21 000 m2 de locaux dédié à la logistique lancé sur le parc d’activités Isoparc à Sorigny. Plus d’un an après son achèvement, il attend toujours ses premiers locataires. Un flop magistral qui oblige le promoteur à verser d’importantes garanties de loyers à l’investisseur LBO. JCS
Le programme des Lions d’Azur dans le quartier des Deux-Lions.
Les programmes en cours Tours-Aéronef à Tours Nord : 12 000 m2 livrés (Mécachrome, Banque Accord, In Extenso/Deloitte, extension en cours pour la Macif). Les Lions d’Azur aux Deux-Lions : 12 000 m2 prévus (arrivée prochaine de la SMAC (société mutuelle des accidents corporels) sur 4 000 m2, après Grand Thornton, la Saur et Atos. ActiCampus aux Deux-Lions : 7 800 m2 au total, livraison des premiers bâtiments (environ 3 200 m2) été 2009 (pré-rempli à hauteur de 50 %). Central Station à Tours : en projet, 3 600 m2. Quai 8-12 à St-Pierre-des-Corps : arrivée en 2009 de Sage-Cogestib sur 3 700 m2.
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Le siège tourangeau de Mécachrome menacé ? L
e groupe de mécanique de précision Mécachrome est mal en point. L’entreprise, historiquement implantée à Aubigny-sur-Nère (18), Sablé-sur-Sarthe (72), Amboise (37) et Tours où elle a installé il y a deux ans son siège national, doit affronter les retards d’exécution des programmes Airbus et Boeing, la persistance d’effets de change €/$ dévastateurs et les incertitudes sur son activité de motoriste pour la F1, pourtant vigoureusement démenties fin août après les supputations d’un journal automobile suisse. Le groupe, présidé par Gérard Casella, a toutefois décidé de réduire d’une centaine de postes les effectifs de son usine d’Aubigny. De source syndicale, la direction envisagerait également d’abandonner tout ou partie des 2 600 m2 de son siège social de Tours Nord pour transférer partiellement les activités de back-office au Canada où Mécachrome est très implanté. Ce serait naturellement un coup dur pour l’agglomération tourangelle qui s’était félicitée de l’installation du siège du mécanicien de précision à l’issue d’une opération… intégralement menée par un promoteur privé. En guise de lot de consolation, les dirigeants de Mécachrome auraient mis à l’étude le développement à Aubigny d’une activité de traitement de surface susceptible de créer 150 emplois.
Lexmark à Orléans au printemps Le fabricant d’imprimantes Lexmark, installé aujourd’hui sur un site trop vaste à Boignysur-Bionne, en banlieue orléanaise, emménagera au printemps prochain dans l’un des deux bâtiments (environ 6 500 m2) du programme Orléans Plaza qu’achève le promoteur immobilier Lazard sur l’îlot de la Rape. Les surfaces seront louées par le groupe américain. La transaction a été accompagnée par Atisreal Orléans qui a également vendu l’immeuble à un investisseur britannique, Rockspring. Le second bâtiment en cours de construction sera livré, comme le premier, dans les derniers jours de cette année. D’une surface légèrement inférieure (5 500 m2), il est déjà en partie loué (1 000 m2) à une compagnie d’assurances.
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Gemalto remplacé par Bleu Capital agglomération orléanaise L’ n’aura pas mis longtemps à trouver un repreneur pour le plus vaste des deux sites abandonnés par le fabricant de cartes à puce Gemalto, à StCyr-en-Val. Bleu Capital, un fabricant de matériel de PLV (publicité sur le lieu de vente) pour les cosmétiques, a pris possession des 10 000 m2 qui, après travaux, accueilleront les premiers salariés en novembre. Le plan de charge de l’entreprise, qui a décidé d’assembler elle-même les meubles de magasin et présentoirs qu’elle sous traitait jusqu’à présent, prévoit que l’effectif atteindra une centaine de personnes en fin d’année et une cinquantaine de plus, à terme. Par convention avec les collectivités locales, deux tiers des salariés devront être issus des rangs de Gemalto.
Everial prévoit 72 000 m2 à Chartres Le spécialiste de l’archivage physique et numérique Everial (ex-Archiv’ Alpha), qui vient d’inaugurer quatre cellules de stockage sur le Jardin d’Entreprises, à Chartres, prévoit de construire, d’ici à 2013, neuf autres cellules pour atteindre une surface totale exploitée de 72 000 m2. La division d’archivage physique d’Everial a réalisé un CA de 32 M¤, dont la moitié sur les marchés de la région parisienne. Ce sont d’ailleurs les perspectives de croissance du marché francilien qui ont incité la direction du groupe à privilégier Chartres pour la poursuite de ce programme de développement.
Bridgestone et Continental sous le même toit G
onflés ! Deux manufacturiers de pneumatiques, le japonais Bridgestone et l’allemand Continental, ont décidé de taire leur rivalité commerciale pour créer une plate-forme logistique commune sur le parc d’activité des Portes de Chambord, à Mer (41). Les deux enseignes apparaissent au fronton du vaste bâtiment de 46 000 m2 construit par le blésois Idec, exploité par l’orléanais Deret et acquis par l’américain ProLogis. Elles traiteront 15 000 pneus chaque jour, en provenance d’unités européennes et à destination des détaillants du centre et de l’ouest de la France. Cette plate-forme est la première de celles, totalisant 180 000 m2 couverts, que doit construire ProLogis sur ce parc situé en bordure de l’A 10. L’investisseur américain, étroitement associé à Deret depuis plusieurs années, exploite déjà plus de 2 millions de m2 logistiques en France, dont une bonne partie dans l’agglomération orléanaise, et près de 50 millions de m2 dans le monde.
Sogeprom tous azimuts CIP, la filiale orléanaise de Sogeprom, le promoteur immobilier du groupe Société Générale, va construire 10 000 m2 de bureaux au pied de la gare de St-Pierre des-Corps, en deux tranches de surface équivalente : le permis de construire vient d’être déposé. Ce projet marque l’arrivée en Touraine d’un opérateur jusqu’à présent très engagé dans sa ville d’origine. Récemment, la Société Générale, sa maison mère, a pris 929 m2 dans un programme que Sogeprom conduit avenue des Droits-de-l’Homme, à Orléans. La banque va y installer des employés de back-office, auparavant au-dessus de l’agence du 12 rue de la République, en plein centre-ville. La banque va d’ailleurs céder ce très bel immeuble à un promoteur (Sogeprom ?) tout en conservant l’agence commerciale du rez-de-chaussée.
10 000 m2 au pied de la gare de St-Pierre -des-Corps
La Lettre Valloire - Septembre 2008 45
Entreprises
Industrie
La fonderie Loiselet veut relocaliser à Nogent-le-Roi Revenir de Chine, c’est possible. La fonderie Loiselet engage un programme de relocalisation à Nogent-le-Roi d’une activité confiée à la sous-traitance chinoise.
L
a vénérable fonderie Loiselet de Nogentle-Roi (28), qui a délocalisé en 2003 toutes ses activités de production à Tianjin, en Chine, est sur le point de ramener de la charge en Eure-et-Loir. Sylvain Loiselet, le pdg de la société éponyme créée en 1850, vient en effet d’acquérir les locaux et l’emprise de 2 ha d’une ancienne imprimerie de la ZI du Poirier. « Nous allons, après un investissement d’environ 2 M€, nous doter d’un atelier de production de 3 500 m2 » nous explique le pdg. Celui-ci prendra en charge des fabrications confiées jusqu’alors à la sous-traitance chi-
noise. Une première dans l’histoire récente de la fonderie hexagonale. Ce rapatriement est-il la conséquence d’une certaine désillusion ? « Il n’y a aucune remise en question de nos deux usines chinoises qui emploient aujourd’hui une centaine de collaborateurs. Mais les pièces usinées que nous rapatrions requièrent une qualité et une réactivité de haut niveau » répond Sylvain Loiselet. La fonderie fabrique des pièces dites de tradition (plaques de cheminée, fontaines de jardin en fonte, grilles de balcon), du mobilier urbain, des composants destinés au machinisme agricole ainsi que des pièces dites usinées dont une grande part était donc sous-traitée.
MHS Industries va investir à Dreux
L
a holding MHS Industries, qui contrôle un groupe de plus de 400 personnes, s’apprête à lancer à Dreux l’industrialisation de composants et de cœurs de pile à combustible (membrane-électrodes) développée dans le cadre d’un programme de R&D qu’elle a engagé au côté de l’Université d’Orléans et de la communauté d’agglomération du Drouais (CAdD). Selon Jean-Louis Kindler, l’un des dirigeants de MHS Industries, l’activité de cette filiale baptisée MHS Equipment va être regroupée d’ici à l’été 2009 dans 2 000 m2 de locaux, vraisemblablement sur l’ex-site LG Philips. Ils accueilleront les 11 salariés drouais et 26 autres salariés transférés d’Houilles. Cette première plateforme industrielle sera dédiée à l’usinage de certains composants et à l’accueil des fonctions support
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(logistique, bureau d’étude). Par ailleurs, MHS confirme son intention d’investir « entre 20 et 80 M€, selon le gabarit final du programme » dans une unité de production de cœurs de pile. Celle-ci serait également implantée sur la friche LG Philips dans un bâtiment d’au moins 3 000 m2. « La localisation définitive du projet – cette nouvelle filiale s’appellera MHS Energies – n’est pas encore totalement arrêtée, explique Jean-Louis Kindler, qui recherche des partenaires financiers, compte tenu de l’importance des montants nécessaires à une industrialisation rapide (2010/2011). »
L’héritier d’une tradition industrielle – qui remonte à cinq générations – ne cache pas que l’idée de relancer une activité de production à Nogentle-Roi le remplit « d’une certaine fierté ». Et sans doute aussi d’un légitime sentiment de revanche. En effet, si la fonderie Loiselet (environ 6 M€ de CA) a délocalisé ses activités en Chine pour des raisons économiques, elle le fit aussi pour des raisons environnementales et… sommée par la Préfecture. Le site, qui vient d’accueillir la douzaine de collaborateurs nogentais affectés à des tâches commerciales et logistiques, devrait progressivement monter à une quarantaine de collaborateurs. JCS
AMV repris à Vernouillet Regroupant plusieurs sociétés de mécanique de précision, le groupe Jogam vient d’acquérir l’Atelier de Mécanique de Vernouillet (AMV) auprès de la famille Duverneix. AMV, un fabricant de pièces de précision pour l’aéronautique, les machines et outillages spéciaux, emploie 25 salariés pour 2,4 M € de CA. Le gérant devrait rester quelques mois aux côtés des nouveaux propriétaires dans le cadre d’une mission de conseil. Dirigé par Olivier Foissac Gegoux et son épouse, le groupe Jogam est composé des sociétés Précimel (usinage de précision) à Dreux (28), Multi-Axis à Montignyle-Bretonneux (78), ainsi que des sociétés Conorm (usinage de précision pour l’aéronautique) et Coaréo (tôlerie-chaudronnerie), toutes deux à Pierres (28).
Entreprises
Industrie
Luneau Technology a fait de l’œil aux investisseurs Le spécialiste de systèmes de mesure pour ophtalmologistes Luneau Technology, installé près de Chartres, vient de lever 3,1 M€… après avoir renoncé à la bourse.
N
é en 2003 du rachat de Luneau par la société israélienne de R&D Visionix, Luneau Technology, un spécialiste des systèmes de caractérisation optométriques destinés aux ophtalmologistes, connaît une belle croissance depuis cinq ans. « De l’ordre de 10 % par an » affirme ainsi Marc Abitbol, le pdg d’une entreprise installée principalement à Prunay-leGillon, près de Chartres. Afin d’accompagner cette croissance « et de financer le développement à l’international », la direction de la société – qui a fait l’objet d’un LBO en septembre 2005 – a décidé de recourir aux marchés financiers. « Nous avions initialement opté pour une introduction en bourse ;
celle-ci avait été programmée pour janvier 2008 mais nous avons dû y renoncer compte tenu des conditions très difficiles de marché » admet Marc Abitbol. Le public « avait bien accueilli l’offre de Luneau, mais les investisseurs sollicités se sont montrés beaucoup plus réservés ». Pour autant, le pdg a réussi à monter une augmentation de capital dans les mois qui ont suivi cet échec, de l’ordre de 3,1 M€. « Les investisseurs sollicités pour accompagner notre introduction – les fonds d’investissement XAnge et Calife – nous ont suivis et sont entrés au tour de table. » Ainsi, à l’issue de cette opération, le management de l’entreprise
détient toujours plus de 50 % du tour de table aux côtés de BNP Paribas Développement (environ 25 %) et des deux nouveaux investisseurs cités précédemment. Les nouvelles ressources financières « vont nous permettre d’engager des opérations sur les marchés étrangers, soit via des opérations de partenariat, soit par des acquisitions ciblées ». Luneau Technology, qui a réalisé un CA de 20 M€ en 2007, table sur un CA de 30 M€ d’ici à cinq ans. La société (85 collaborateurs) emploie une soixantaine de salariés à Prunayle-Gillon et une petite trentaine en Israël où est installée sa plate-forme de R&D. Jean-Christophe Savattier
Sofraser rachetée par son directeur général Le fondateur du fabricant de viscosimètres montargois Sofraser a choisi une solution interne pour assurer sa succession.
L
uc Bellière, le directeur général du fabricant de viscosimètres industriels Sofraser, installé à Villemandeur, près de Montargis (45), est devenu seul maître à bord. Venu en 2000 à la demande du fondateur de l’entreprise Paul Beaudoin succéder au fils de ce dernier brutalement disparu, Luc Bellière, qui détenait déjà 10 % des parts, vient, en effet, de reprendre la totalité du capital. La Sofraser (36 salariés, 2,5 M€ de CA) est un des leaders mondiaux du viscosimètre qu’elle commercialise principalement sur les marchés de la pétrochimie, de l’agroalimentaire et auprès des fabricants de peinture et d’encre. La société parvient à exporter 90 % de ces produits.
48 La Lettre Valloire - Septembre 2008
« Nous sommes également présents dans deux autres activités : la maintenance des systèmes énergétiques (détartrage des échangeurs thermiques) et la serrurerie industrielle » explique Luc Bellière qui prévoit de mettre en œuvre une réor-
ganisation de la société. « Nous allons légèrement alléger la structure et créer une société sœur qui reprendra en direct l’activité maintenance » annonce-t-il. Le capital de cette dernière sera ouvert aux salariés.
Incassable Duralex ? La célèbre verrerie Duralex a un nouveau repreneur, le troisième en moins de cinq ans. L’investisseur Antoine Ioannidès, Pierre Julien et deux cadres de l’entreprise de la ChapelleSt-Mesmin ont versé 3,6 M€ à la barre du tribunal de commerce d’Orléans pour reprendre les actifs de Duralex, dont ils se sont engagés à conserver 200 des 236 salariés. Les nouveaux dirigeants leur ont présenté leurs ambitions commerciales et industrielles. Il est à noter que le frère d’Antoine Ioannidès est le directeur commercial de l’entreprise pour le Proche et Moyen-Orient, secteur où elle réalise la moitié de ses ventes (32,9 M€ en 2007). Plus de soixante ans après le dépôt de la marque « d’objets en verre pour usage culinaire, notamment en verre trempé », Duralex est-il vraiment incassable ?
Entreprises
Industrie
Du kérosène pour Europe Aviation Des fonds d’investissement régionaux viennent d’injecter 3 M€ dans les fonds propres de Vallière Aviation, maison-mère d’Europe Aviation, un spécialiste de la maintenance et du démantèlement d’avions qui possède une plate-forme à Châteauroux.
S
ofimac Partners, chef de file, accompagné de la Financière Vecteur, une filiale de la Banque Populaire Val de France, et de Perspectives et Participations, filiale de la BRED, apporte 3 M€ de fonds propres au groupe Vallière Aviation, maison mère d’Europe Aviation, qui possède une plate-forme de maintenance aéronautique et de démantèlement d’avions
sur l’aéroport de Châteauroux. « Châteauroux-Déols est le seul aéroport proche de Paris qui possède autant de capacités d’extension. De plus, il a de grandes chances de devenir l’aéroport dédié à la maintenance des Aéroports de Paris dont ce n’est pas le cœur de métier. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi d’y développer nos activités » explique Grégoire Lebigot, le président de Vallière Aviation. Pour preuve de cet intérêt, Europe Aviation va se doter d’un nouveau hangar sur l’aéroport berrichon. Les travaux devraient débuter en fin d’année pour s’achever dans les premières semaines de 2010. Cette levée de fonds va permettre à Vallière Aviation, qui s’apprête à inves-
AA Group arrive à St-Avertin
I
nstallé à Ste-Maure, le spécialiste des systèmes opto-électroniques et de radio-fréquence AA Group va déménager d’ici à la fin de l’année sur le parc d’activités des GrangesGaland, à St-Avertin. La société, qui emploie une quinzaine de personnes dans le sud Touraine, rejoindra à cette date, après travaux, les 800 m2 de locaux abandonnés par les Arts Graphiques du Centre, un photograveur placé il y a plusieurs mois en liquidation judiciaire (lire à ce sujet notre article sur la grande déprime des imprimeurs régionaux, aux pages 38 et 39). Le projet doit permettre à l’entreprise « d’exploiter des locaux plus ergonomiques, d’améliorer l’image de l’entreprise, d’obtenir l’accréditation « confidentiel défense » et d’attirer des candidats à l’embauche » nous explique Franck
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Darde, directeur marketing de la société. Cette dernière prévoit, en effet, de créer entre 10 et 20 emplois d’ici à 2013. AA Group (environ 80 collaborateurs, CA de 15 M€ dont 70 % à l’export) compte, outre Ste-Maure-de-Touraine, des unités à Orsay (91) et à Caen (14). Le site tourangeau regroupe les moyens dédiés à l’activité opto-électronique, radio-fréquence et hyperfréquence destinées aux applications industrielles civiles (radio, télécoms, aviation, marine), militaires (radars, communications, systèmes de brouillage) et spatiales.
tir 15 M€ dans ses différentes activités, pour une bonne part à Châteauroux, d’atteindre une taille significative sur le marché de la maintenance : « Notre objectif est de multiplier par trois le CA de 2007 – qui s’établissait à 22 M€, NDLR – soit d’atteindre près de 60 M€ et de recruter 120 salariés d’ici à 2010 » poursuit Grégoire Lebigot, qui préside un groupe de 9 sociétés dans le secteur de la maintenance aéronautique, basées sur les principaux aéroports français, ainsi qu’au Maroc, au Moyen-Orient et en Côte d’Ivoire. L’augmentation de capital est accompagnée de financements à moyen et long termes réalisé par les banquiers de l’entreprise pour un montant de 2,2 M€.
Kopec-Verloës endeuillé Tout semblait aller pour le mieux, à la mi-août, lors de notre entretien avec Jacques Hérault, le pdg du mécanicien de précision KopecVerloës. Il nous avait parlé avec passion de son entreprise, installée depuis un an dans sa nouvelle usine de la ZA des Grandes-Bruyères, à Romorantin (41), évoquant ses projets et l’acquisition prochaine d’un nouveau centre d’usinage. Déterminé à se battre dans un contexte difficile, il était fier d’afficher un CA en hausse de 5 % depuis le début de l’année. Mais samedi 30 août, Jacques Hérault décède brutalement. L’inhumation a eu lieu mercredi 3 septembre en l’église Saint-Etienne de Romorantin. Ce drame, qui rappelle la fragilité de la destinée humaine, touche de plein fouet la famille et les 37 collaborateurs de ce jeune patron de 41 ans.
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Entreprises
Industrie
Tours, bastion de la lutte contre la contrefaçon pharmaceutique Sanofi-Aventis vient d’implanter dans son usine tourangelle un laboratoire dédié à la lutte contre la contrefaçon pharmaceutique. Ce phénomène représente 10 % du CA de l’industrie pharmaceutique mondiale.
C’
est à Tours, dans l’enceinte de son usine de 450 salariés, que le groupe Sanofi-Aventis a implanté un laboratoire central de lutte contre la contrefaçon (LCAC). Cette plate-forme, qui emploie 8 collaborateurs, inaugurée en grande pompe par Jean-François Dehecq, le pdg du groupe français, et Hervé Novelli, secrétaire d’Etat au commerce, à l’artisanat et aux PME, a pour mission d’analyser tous les échantillons suspects que lui transmettront les filiales française et étrangères du groupe. « La contrefaçon pharmaceutique a changé d’échelle, a ainsi affirmé Jean-François Dehecq. Elle a pris une dimension industrielle et utilise les réseaux mafieux ». Selon l’OMS, les produits contrefaits représenteraient 10% du CA de l’industrie pharmaceutique mondiale, soit environ 45 Mds€. « Dans les pays du nord, les produits contrefaits représentent 6 % de la facturation, mais cette part peut
grimper à 20 % dans les pays du sud » a souligné le président de Sanofi. Ainsi, près de 50 % des médicaments distribués sur Internet seraient des contrefaçons. Evidemment, les dommages ne se cantonnent pas au manque à gagner économique. Il y va évidemment de la santé, parfois de la survie des patients. Depuis son ouverture en janvier 2008, le LCAC, doté de moyens d’analyse visuelle, chimique et de chromatographie extrêmement pointus, a passé au peigne fin plus de 4 000 échantillons. « Près de 30 % des produits analysés étaient des contrefaçons » indique Nathalie Tallet, la responsable du LCAC. « Les informations recueillies sont des éléments constitutifs de preuve qui nous permettent d’étayer les poursuites judiciaires que nous engageons » explique Jacques Franquet, le directeur de la sûreté de Sanofi-Aventis. Qui
peut aujourd’hui s’appuyer sur l’arsenal législatif français en matière de contrefaçon « sans doute le plus répressif en Europe depuis la loi votée en octobre 2007 » souligne Hervé Novelli. Ce dernier a d’ailleurs assuré à Jean-François Dehecq que la France allait proposer à ses partenaires européens de caler leur réglementation intérieure sur le modèle français. JCS
Hervé Novelli et Jean-François Dehecq entourent Claude Greff, députée UMP d'Indre-et-Loire.
L’usine McNeil d’Orléans devrait échapper à la fermeture L’usine McNeil Manufacturing (groupe Johnson & Johnson) d’Orléans-La Source pourrait être reprise par le façonnier grec Famar, déjà installé à Orléans et près de Dreux.
L
es 568 salariés (intérimaires compris) de l’usine pharmaceutique McNeil Manufacturing d’Orléans-La Source respirent mieux. Ils ont en effet appris, à la fin de la trêve estivale, que leur site spécialisé dans la fabrication de formes liquides et pâteuses dédiées aux marchés de l’OTC, devrait échapper à la fermeture. L’affaire semblait plutôt mal engagée. Le groupe J&J, propriétaire de l’usine, a en effet annoncé il y a plusieurs semaines son intention de céder une usine dont la rentabilité
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n’est pas dans les critères du groupe. Ces derniers avaient prévenu : si aucun candidat à la reprise ne se manifestait dans les délais requis, ils seraient contraints de fermer l’usine. Après plusieurs semaines de flottement au cours desquelles plusieurs industriels ont fait part de marques d’intérêt… plus ou moins tangibles, la situation semble s’être éclaircie. Selon la direction, la reprise est aujourd’hui « le scénario le plus probable ». L’opération pourrait même être annoncée d’ici à la fin de l’an-
née. De source proche de ce dossier, le candidat le mieux placé serait le façonnier pharmaceutique Famar, bien connu en région Centre. Il exploite déjà à Orléans une ex-usine Novartis d’environ 300 salariés, un site de 200 personnes racheté début 2007 au laboratoire Abbott à St-Rémysur-Avre (28) et une unité à l’Aigle (61). Mais, avertit la direction de McNeil, la reprise ne pourra faire l’économie d’une réduction des effectifs : la purge devrait concerner 70 postes. JCS
SDH Ferroviaire s’engage sur la voie du porte-container La société de maintenance ferroviaire SDH va fabriquer à St-Denis-de-l’Hôtel des wagons portecontainers destinés à un opérateur allemand.
L
e spécialiste de la réparation et de l’entretien des wagons SDH Ferroviaire, installé sur 13 ha (30 000 m2 de bâti) à St-Denis-de-l’Hôtel (45), vise de nouveaux marchés. La société (150 salariés, 10 M€ de CA) qui, jusqu’alors, se cantonnait aux tâches de maintenance, va investir dans le développement d’une activité de fabrication de wagons porte-containers destinés à des opérateurs allemands. « Ce marché est très dynamique, explique Bernard Dubois, le directeur général de l’entreprise, et il y a une forte demande générée par l’expansion du trafic maritime en provenance ou en direction de l’Extrême-Orient ».
F
(35), également spécialisée dans la réparation et l’entretien de matériels ferroviaires. Cette dernière emploie environ 250 salariés pour un CA de 21 M€. SDH Ferroviaire ne compte pas pour autant abandonner son activité de maintenance ; chaque année près de 2 500 wagons transitent à St-Denis-del’Hôtel. L’entreprise s’appuie sur un atelier – totalement réorganisé en 2004 – susceptible de traiter 5 000 essieux par an. « Il y a ici une belle tradition industrielle et ferroviaire que nous souhaitons valoriser grâce à ce nouveau projet » souligne Bernard Dubois. JCS
POUR TROIS MOIS DE LECTURE
50¤ O
Le projet, qui représente un investissement de 5 M€ (dont 2,5 M€ pour le volet immobilier), va se traduire par la rénovation d’un bâtiment et une extension, toutes deux destinées à accueillir de nouveaux moyens industriels, notamment des robots et des machines de découpe laser. Une quarantaine d’emplois devraient être créés sur les trois prochaines années. SDH Ferroviaire, qui a appartenu au groupe britannique Powell Duffryn, a fait l’objet d’un RES en 1995. L’entreprise est aujourd’hui une filiale du holding AORF (Atelier Orléanais de Réalisation Ferroviaire). Celle-ci contrôle aussi la société ABRF à Chateaubriand
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Entreprises
Web
malistedecourses.net mise sur
« l’instant marketing »
Le site d’intermédiation propose aux consommateurs de bénéficier de coupons de réduction précisément ajustés à leurs intentions d’achat. Les industriels devraient saluer un tel outil de mise en relation leur permettant enfin de viser juste.
D
epuis sept ans, Jean-Marie Boutet-Lothion, gérant à Jouélès-Tours (37) d’une agence (JTS Etudes & Conseil) spécialisée dans le marketing et l’édition de jeux de société, mijote le concept de malistedecourse.net (MLDC). Ce site internet d’intermédiation repose sur une idée simple et… d’une grande actualité compte tenu des attentes des Français en matière de pouvoir d’achat ! « Les utilisateurs de notre site établissent, après avoir ouvert un compte en ligne, une liste de courses en cochant simplement des références d’articles de consomma-
tion courante disponibles en grande surface (environ 1 800 références disposées dans 16 rayons virtuels), explique Jean-Marie Boutet-Lothion. Nous allons proposer à ces futurs clients des bons de réduction correspondant précisément à leurs intentions d’achat. C’est ce que nous appelons l’instant marketing. » Chaque abonné au site recevra par La Poste, après validation de sa liste de courses virtuelle, des coupons en blanc qu’il lui suffira d’imprimer. Le modèle économique repose sur le versement par l’industriel éditeur du coupon d’une commission qui varie entre 5 et 8 centimes par mise en correspondance qualifiée. « Nous souhaitons surfer sur l’engouement des industriels et des consommateurs pour le couponing,
avance Jean-Marie Boutet-Lothion. Chaque année, plus de 6,5 milliards de coupons de réduction sont mis en circulation… et un très grand nombre d’entre eux ne sont pas utilisés. C’est ce ciblage fin que nous souhaitons monétiser auprès des industriels. » Pour parvenir à les séduire totalement, malistedecourse.net, qui vient de s’ouvrir au grand public, doit réunir une masse critique d’abonnés que Jean-Marie Boutet-Lothion fixe à environ 300 000. Compte tenu des prévisions de fréquentation, l’entrepreneur s’est fixé un objectif ambitieux de CA de l’ordre de 2 M€ dès la première année d’exploitation. La médaille d’or obtenue au dernier concours Lépine devrait lui donner JCS un coup de pouce décisif.
La Webschool tisse sa toile en Touraine Les dirigeants de la web agency orléanaise Oxyneo ont eu l’idée de créer un espace régulier de rencontre et de formation aux subtilités du web 2.0. La Webschool est déjà un succès à Orléans. Sa petite sœur tourangelle vient d’être portée sur les fonts baptismaux.
A
u départ, l’initiative est orléanaise. L’entrepreneur Fabien Prêtre et son frère Laurent, co-gérants de la société Oxyneo (web agency et web marketing), ont eu l’idée de créer une Webschool. « Il s’agissait de proposer à tous les internautes, qu’ils soient des particuliers ou des professionnels, d’échanger régulièrement et gratuitement sur la pratique du web ainsi que sur son évolution, notamment sur le développement des réseaux sociaux et communautaires (web 2.0) » explique Fabien Prêtre. Lancée en janvier 2008 avec le soutien
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d’institutionnels orléanais, la formule a connu un succès rapide. Tous les quinze jours, une quarantaine de passionnés se retrouvent, pendant deux ou trois heures, dans une ambiance studieuse et conviviale. « Ces sessions sont organisées en deux temps : nous accueillons un invité dans le cadre d’une conférence-débat, puis nous proposons des ateliers pratiques. Il ne s’agit pas en effet d’asséner un cours magistral mais de découvrir ensemble des facettes méconnues du web. » Désireux de ne pas cantonner cette expérience à leur pré carré orléanais,
Fabien et Laurent Prêtre ont décidé de la décliner à Tours. La proposition a été accueillie très favorablement par Roger Mahoudeau, le président de la CCI. « L’Atelier du Web tourangeau » a tenu sa première session le 16 septembre dans les locaux de l’ESCEM. En ouverture, une intervention du journaliste spécialisé Valéry Marchive, puis un « Café gourmand », où ont été présentées les différentes thématiques traitées au fur et mesure du déroulement des prochaines sessions. Il est recommandé de s’inscrire en ligne sur www.atelier-web-tourangeau.fr JCS
L’autre
information politique et économique en région Centre
4 numéros par an : 12€ B U L L E T I N
D ’ A B O N N E M E N T
à renvoyer à MCM Presse - Annie Coupet - BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00
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Je recevrai en cadeau le magazine de décembre 2008. J’acquitte la somme de 12¤.
J’adresse un chèque à l’ordre de MCM Presse. Ce document tient lieu de facture. Nom : ........................................................................................... Prénom : ...................................................................................................................................... Société : .......................................................................................Fonction : ................................................................................................................................... Adresse : ............................................................................................................................................................................................................................................
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