SPÉCIAL LOIRET
SUPPLÉMENT AU MAGAZINE DE SEPTEMBRE 2016
LOIRET & ORLÉANS
un souffle d’innovation Orléans, plus facile, plus intelligente
Point de vue
Innovation, j’aime ton nom innovation est devenue une sorte de mantra que se répètent à l’envi les chamans du développement économique. Que ce soit à l’échelle des entreprises privées, des collectivités ou des territoires, il semble aujourd’hui presque indécent de ne pas consacrer une part de ses ressources à la mise en œuvre de processus innovants. L’impérative amélioration de la performance, qui conditionne la survie des organisations, serait à ce prix. Innover ou disparaître, telle est l’injonction un peu coercitive à laquelle doivent se conformer sans délai les entrepreneurs au risque d’apparaître comme les ringards de service. Ce qui équivaut parfois à un risque majeur dans un monde contemporain où la conformité aux usages vaut tous les passeports ! Mais il ne suffit pas de sacrifier à la mode. De sauter sur sa chaise comme un cabri, aurait dit le Général ! Comme nous le démontrons dans ce supplément consacré au Loiret, les entreprises et les organisations du département qui ont fait
L’
le choix d’innover ne calquent pas des schémas préétablis. L’innovation est un sentier escarpé et buissonnant qui ne s’emprunte pas à la légère. Instable, capricieuse, volatile, elle est un processus global, social autant que technologique, et qui, surtout, ne s’inscrit jamais dans le court terme. Mais qui, pour autant, requiert rigueur, méthode et discipline. Lorsque les entreprises abandonnent leurs certitudes et leurs zones de confort, questionnent leur modèle, se mettent à l’écoute de tous leurs publics – y compris de leurs clients… –, la récompense n’est jamais très loin. Les startups du Lab’O, qui ont fondé leur développement sur l’innovation permanente, mais aussi les pépites industrielles dont nous relatons le parcours dans cette édition, comme les collectivités publiques du Loiret soucieuses d’inventer de nouvelles relations avec les citoyens, sont des illustrations éclairantes de ces principes. Bonne lecture.
avattier Jean−Christophe S
www.lettrevalloire.com
Sommaire
SEPTEMBRE 2016
Territoire d’innovation Ce magazine est un supplément consacré au Loiret du hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Édité par MCM Presse SAS au capital de 160 000 € RCS Tours B 450 613 591
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Orléans, prête à gagner ses galons de Métropole Une loi, qui sera discutée au parlement durant l’automne, pourrait donner le statut de métropole à Orléans.
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Citévolia, pionnière de la City orléanaise La CCI du Loiret va poser la première pierre du nouveau quartier d’affaires Interives, au nord d’Orléans, en construisant son futur siège Citévolia.
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Olivier Carré : « Orléans doit être créatrice de valeur » Le président de l’AgglO veut accorder le statut de métropole aux capitales de Région qui ne l'ont pas : Orléans et Dijon.
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Orléans, plus facile, plus intelligente La capitale régionale veut faciliter la vie de ses habitants. Les technologies numériques prennent naturellement toute leur part.
Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours Adresse postale : BP 92031 37020 Tours Cedex 1 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) Aurélie Vouteau (édition) Ont participé à ce numéro : Stéphane Messer Bruno Villeneuve Maquette : Régis Beaune Publicité : AN Média (Aline Noirot) 07 78 25 26 87 a.noirot@lettrevalloire.com Diffusion : Nadine Gomès Crédits photographiques : Jean Puyo : Une DR : 7, 8, 9, 10, 11, 12, 14, 16, 17, 19, 20, 22, 24, 25, 26, 32, 34 Bruno Villeneuve : 28, 29, 30
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CPPAP : 0121 I 85872 ISSN : 1246-4333 Dépôt légal : septembre 2016 Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon
MCM presse 4 La Lettre Valloire - Septrembre 2016
Les collèges du Loiret sur un nuage numérique Expérimenté dans quatre collèges, le campus numérique prolonge le travail pédagogique sur le cloud.
Loiret Santé, la complémentaire pour faibles revenus Le Département lance Loiret Santé, une complémentaire pour les personnes de faibles ressources.
Entreprises et innovation 18-34 PME-TPE l’innovation dans la ligne de mire Les PME-TPE doivent prendre toute leur part dans l’impérative généralisation des pratiques d’innovation. Le Loiret a reçu le message 5 sur 5.
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Gilles Leroux Industrie, l’innovation sur le bout des doigts La jeune société Gilles Leroux Industrie a fondé son développement sur la conception de solutions biométriques d’identification.
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Altyor, du plastique au numérique L’entreprise de plasturgie familiale de St-Cyr-en Val doit à son succès à sa politique d’innovation.
Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) Informations légales : Abonnement annuel 2016 (23 numéros + magazines hors-séries) : 370 € Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 470 € Prix de ce numéro : 5 €
Chrystèle Capy : « L’usager est la clé d’entrée de notre réflexion » Chrystèle Capy a pour mission de faire évoluer les politiques publiques.
20-21 Philippe Silberzahn : « L’innovation est d’abord un processus culturel et social » Pour Philipe Silberzahn, la capacité à se remettre en question et à adopter une démarche collaborative constitue le facteur déterminant de la réussite de la démarche innovante. 22-23 Pierre Toulhoat : « Nous pouvons faire d’Orléans l’une des meilleures références internationales » Le directeur général du BRGM revient sur le potentiel majeur et structurant de l’établissement sur le terrain de l’innovation.
28-30 Le Lab’O enfonce l’accélérateur numérique L’incubateur numérique d’Orléans joue à fond son rôle d’accélérateur de jeunes pousses.
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Orléans cultive ensemble numérique et végétal L’été 2018, le campus de l’Agreen-Tech Valley devrait être prêt à Orléans-La Source.
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Le Carnet
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Territoire d’innovation
Orléans, prête à gagner Une loi, qui sera discutée au parlement durant l’automne, pourrait donner le statut de métropole à Orléans et à Dijon, ainsi d’ailleurs qu’à Toulon et St-Étienne. Un enjeu essentiel pour l’image de la capitale régionale avec, à la clé, plusieurs millions d’euros en dotation attribuée par l’État.
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es Orléanais sont confiants. Et leurs élus n’hésitent plus à l’afficher. Le législateur devrait leur donner le coup de pouce nécessaire pour rejoindre les quinze agglomérations françaises devenues métropoles depuis trois ans, dont le Grand Nancy est la dernière élue. Le projet de loi relatif au statut de Paris et à l’aménagement métropolitain stipule en effet, dans son article 38, titre II, que deux nouvelles catégories seront admises : les agglomérations chefs-lieux de région au cœur d'une zone d'emploi de plus de 400 000 habitants et les agglomérations de plus de 400 000 habitants oubliées par la loi Maptam. Cela qualifierait Orléans et Dijon selon le premier critère, Toulon (425 000 habitants) et StEtienne (400 000 habitants tout juste) selon le second. En 2013, la population de la zone d’emploi d’Orléans – une catégorie définie par l’Insee – dépassait les 480 000 habitants. Un peu moins que celle de Tours (537 000 la même année), mais largement au-dessus de ce qu’exigera la future loi. Le texte, présenté au conseil des ministres dans le courant de l’été, devrait être voté par le Parlement cet automne. Mais pour quelles raisons les Orléanais veulent-ils devenir métropole ? « Parce que l’État y priorisera ses investissements », nous répondait au mois de juin Charles-Éric Lemaignen. Parce qu’aussi, ce sont les quinze – ou bientôt dix-neuf – agglomérations qualifiées qui seront « choisies en priorité pour des implantations ou événements économiques, sportifs ou culturels », précisait le président de l’AgglO.
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Changer de statut, et Orléans devra d’abord en passer par la communauté urbaine avant d’envisager le cran supérieur, c’est aussi l’assurance de disposer de plus de compétences, donc de maîtrise de l’aménagement
ont été retenus, répartis entre chaque ville : "Transition énergétique et environnement" (Paris, Nantes, Grenoble et Strasbourg), "Ville intelligente et mobilités" (Lyon, Lille, Toulouse, Nice, Rouen, Rennes) et "Excellence
“ EN 2013, LA POPULATION DE LA ZONE D’EMPLOI D’ORLÉANS – UNE CATÉGORIE DÉFINIE PAR L’INSEE – DÉPASSAIT LES 480 000 HABITANTS. et de la gouvernance de son territoire, et des moyens financiers qui les accompagnent. La dotation globale de fonctionnement (DGF) est sensiblement plus élevée pour le bloc communautés urbaines-métropoles : théoriquement, la DGCL fixait la dotation dite d’intercommunalité à 60 € par habitant en 2015, mais des systèmes complexes de péréquation et de coefficient d’intégration fiscale font que la nouvelle communauté urbaine orléanaise devra, selon les estimations de son président, se contenter d’environ 50 € par habitant. Ce qui est tout de même bien supérieur aux 28 € actuels. Le delta représenterait, en valeur 2015, entre 5 et 6 M€ de ressources supplémentaires pour la CU, puis pour la métropole. En outre, à la mi-juillet, Manuel Valls a annoncé le déblocage d’une enveloppe de 150 M€ à répartir entre les quinze métropoles existantes pour « encourager leur rayonnement international, la mise en réseau et les stratégies d'innovation. » Le versement des fonds sera conditionné à la signature de quinze pactes métropolitains qui seront bouclés d'ici au mois de novembre. Trois grands axes
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économique et rayonnement international" (Aix-Marseille, Bordeaux, Montpellier, Brest et Nancy). Les crédits seront ensuite répartis en fonction des besoins exprimés et de la taille et du poids démographique du territoire. Au regard de ce dernier critère, Orléans Métropole aurait perçu 2,5 M€ supplémentaires pour, par exemple – et si on se réfère à ses efforts dans ce domaine (lire pages 10 et 11 de cette édition) – adhérer au pacte ville intelligente et mobilité. Dès ce mois de septembre, les transferts de compétences vont s’accélérer. Zones d’activité, tourisme, urbanisme et eau passeront sous la responsabilité complète de l’AgglO, conformément au texte des lois NOTRe et ALUR. Pour rentrer dans les critères de la communauté urbaine, il faudra y ajouter les équipements culturels et sportifs « d’intérêt communautaire », la voirie, le stationnement public, la distribution publique d’électricité et de gaz. Enfin, la participation à la gestion des gares, ainsi que la valorisation du patrimoine naturel et paysager, préfigureront ce qui sera attribué aux métropoles. Pour le reste, il faudra négocier avec
ses galons de Métropole les autres échelons de collectivités territoriales : « Il y a huit blocs de compétences qui peuvent être transférés du Département à la Métropole, et il en faut minimum trois », explique Hugues Saury, le président du conseil départemental. Si aucun accord n’est trouvé avant le 1er janvier 2017, les huit blocs de compétences – qui comprennent le fonds de solidarité logement, l’action sociale et l’insertion, le tourisme, la culture et les équipements sportifs, ainsi que les routes du domaine départemental situées sur le territoire communautaire – seront transférés en totalité à la nouvelle métropole orléanaise, au printemps suivant. Une issue qui est peu probable, les relations entre les deux exécutifs permettant d’entrevoir un transfert en douceur de celles qui sont déjà partagées, notamment l’aide au logement, le tourisme et les équipements sportifs. Avec la Région, les négociations seront plus ardues. Le développement économique est déjà au cœur de discussions avec le GIP Loire&Orléans Éco ; le Département n’ayant plus, au terme de la loi NOTRe, la possibilité de financer et d’intervenir dans ce domaine qui fut pourtant longtemps sa chasse gardée, Région et communauté urbaine – ou Métropole – orléanaise se retrouvent face à face. Pas question pour cette dernière de lâcher cette compétence essentielle, d’autant que la loi la conforte dans ce sens. Toujours à la rentrée, les conseils municipaux voteront les délibérations du conseil communautaire sur les nouvelles compétences et le souhait d’accéder au statut de métropole dès que la loi le permettra. Seront également adoptés les statuts de la communauté urbaine et son changement de nom ; on sait que « Métropole Orléans-Val de Loire » a la préférence de Charles-Éric Lemaignen. Le périmètre,
lui, ne devrait pas changer, au moins dans un premier temps : les 22 communes actuelles et leurs 275 000 habitants placeront Orléans au seizième rang des dix-neuf métropoles sur le plan démographique, si les quatre nouvelles sont acceptées. Elle devancera en population Nancy et Dijon (254 000 habitants chacune) et Brest (207 000 habitants). Dès que le transfert des compétences aura été voté, la communauté d’agglomération deviendra communauté urbaine par un simple arrêté préfectorale. La date de la bascule a été retenue : ce sera le 1er janvier 2017. Puis, la toute nouvelle CU finalisera ses négociations sur les transferts de
compétences départementales et régionales, ceci dépendant naturellement de la promulgation de la loi et de son article 38 sur les nouvelles métropoles. Les élus tablent sur la signature par Manuel Valls du décret instituant la 19e métropole avant la démission de son gouvernement, juste après l’élection du Président de la République. Le décret portant création de la Métropole du Grand Nancy ayant été pris le 22 avril de cette année pour une entrée en vigueur au 1er juillet, la Métropole Orléans-Val de Loire pourrait alors naître officiellement le 1er juillet 2017.
Le futur quartier d’affaires Interives, au nord d’Orléans.
François-Xavier Beuzon
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Territoire d’innovation
Citévolia, pionnière
de la City orléanaise
La CCI du Loiret va poser la première pierre du nouveau quartier d’affaires Interives, au nord d’Orléans, en construisant son futur siège Citévolia. Une opération qui va lui permettre de se désengager du centre-ville en cédant à un promoteur son hôtel particulier de la place du Martroi.
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st-ce une Orléans devenue métropole, avec toutes les prérogatives correspondant au statut, qui inaugurera Citévolia en 2019 ? C’est, en effet, à cette date que devrait être achevé le nouveau siège abritant la CCI du Loiret et ses partenaires sur la ZAC Interives : un ensemble de 6 900 m2 constitué d’un bâtiment en R+4 scindé en deux, avec un patio central végétalisé, tra-
Citévolia, au cœur du nouveau quartier d’affaires Interives au nord d’Orléans.
versé par des passerelles aériennes. La CCI partagera quelque 5 000 m2 avec d’autres acteurs consulaires et publics, notamment la CCI Centre et Loire&Orléans Éco, tandis que le concessionnaire, un groupement constitué d’un aménageur, la Semdo,
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d’un promoteur, Sogeprom, et de deux financeurs, la Caisse des Dépôts et Consignations et la Caisse d’Épargne Loire-Centre, commercialisera un plateau de 1 378 m2 de bureaux situé au dernier étage et une surface commerciale de 349 m2 au rez-de-chaussée. Citévolia sera la première véritable réalisation du quartier Interives, qui s’étendra à terme – on parle d’un achèvement à l’horizon 2035 – sur 110 ha à cheval entre les communes de Fleury-les-Aubrais (80 %) et Orléans (20 %). Au cœur de cet ensemble, cœur du futur quartier, l’immeuble Citévolia sera entouré de plus de 30 000 m2 de bureaux, de 2 500 m2 de surfaces commerciales, de deux hôtels totalisant 200 chambres et de 260 logements bâtis autour de la nouvelle place Danton, sous laquelle sera aménagé un parking de 250 places, complété par un parking en silo qui en offrira 600 supplémentaires. Ce cœur de quartier, qui se situera sur une emprise de 3,4 ha – dont 2,9 ha appartenant à la CCI et correspondant à la friche Rivierre-Casalis – est bordée au sud par l’actuelle rue Danton et les toits à sheds d’Imperial Tobacco (ex-Seita), la rue AndréDessaux à l’ouest et les voies ferrées à l’est : celles-ci seront traversées par les futures télécabines qui relieront en 2018 la gare des Aubrais à la place Danton. Dans un second temps, il sera temps d’aménager au sud, sur près de 7 ha, des emprises appartenant à Imperial Tobacco, à la Ville et à l’Agglo et à la
CCI, et de l’autre côté des voies, les 4 ha du secteur Lamartine entourant la gare des Aubrais. Ce programme bouclera l’opération dite Interives 1, soit 14 ha comprenant au total 670 logements et quelque 64 000 m2 de surfaces de bureaux et d’activité. Dans une vingtaine d’années, le nouveau quartier s’étendra vers le nord, sur la commune de Fleury-les-Aubrais, pour abriter au total 7 000 habitants dans 3 000 logements, au milieu d’un quartier d’affaires de 350 000 m2 de surfaces de bureaux, de locaux d’activité et de commerces. Le tout à moins de 3 km du centreville d’Orléans et à proximité immédiate de la gare des Aubrais qui sera peut-être, si l’affaire est relancée par un prochain gouvernement, devenue une gare TGV. Pour financer la partie qui lui échoit, la CCI du Loiret va encaisser « environ 10 M€ de cash » des ventes immobilières et foncières qu’elle est en train de boucler. Outre les terrains de la ZAC Dessaux, elle vient de signer une promesse de vente pour l’hôtel particulier de la place du Martroi, destiné, après le déménagement des services consulaires à Citévolia, a accueillir des logements, des bureaux et des commerces, et de conclure la cession de l’emprise de 0,5 ha et des bâtiments vétustes qu’elle possédait rue du Faubourg-St-Jean, dans le quartier Dunois. C’est le promoteur BPD Marignan qui en a fait l’acquisition pour y construire deux immeubles totalisant 90 logements et 132 places de parking. François-Xavier Beuzon
OLIVIER CARRÉ, DÉPUTÉ-MAIRE (LR) D’ORLÉANS
« Orléans doit être créatrice de valeur » Un peu plus d’un an après être devenu maire d’Orléans, et un peu moins de douze mois avant d’y ajouter les fonctions de président de la future métropole, Olivier Carré a de l’ambition. Il veut que sa ville soit « agile et créatrice de valeur » comme une startup et rayonnante sur une région dont elle se veut capitale sans pour autant apparaître comme « celle qui écrase tout ».
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a Lettre Valloire : Orléans va probablement devenir la seule métropole du Centre-Val de Loire. Quelle sera son rôle vis-à-vis des autres villes de la région ? Olivier Carré : Lorsque l’État a décidé de créer des métropoles, c’était aussi pour structurer les territoires et corriger les déséquilibres. Si Orléans devient métropole en 2017, comme cela semble se dessiner, nous tiendrons compte des réalités de notre région qui, outre Tours, possède des villes avec des références historiques fortes, comme Bour-ges, Blois ou Chartres, même si leur aura dépasse aujourd’hui leur poids démographique. Orléans veut assumer le leadership d’un réseau métropolitain et surtout pas s’affirmer comme celle qui écrase tout. J’ai d’ailleurs consulté mes collègues maires pour réfléchir à des axes de coopération. La Lettre Valloire : Charles-Éric Lemaignen se consacrant aux législatives, vous serez au printemps prochain maire d’Orléans et président de l’EPCI réunissant les 22 communes de l’actuelle AgglO. Quelle sera votre ligne directrice ? Olivier Carré : Maire et président de l’EPCI, surtout s’il est métropolitain, c’est veiller à ce que ce dernier ne soit pas un organisme subsidiaire. Il faut que nous assumions tous, les 22 maires qui le composent, une véritable com-
munauté de destin. Ce n’est pas tant la taille (275 000 habitants) de l’ensemble que nous formons qui est importante, mais la qualité de la vie que nous proposons à nos concitoyens, et aussi notre capacité à être agiles et dynamiques ; nous devons innover et saisir les opportunités de développement, exactement comme une startup. La création de valeur est l’élément déterminant de l’attractivité d’un territoire. C’est cela qui fera que nous serons dans les quinze villes qui comptent en France. La Lettre Valloire : Comment préparez-vous Orléans à relever ce défi d’appartenir aux quinze métropoles qui comptent ? Olivier Carré : Nous lançons des opérations structurantes qui doivent nous faire passer un cap. C’est le cas d’Interives, le nouveau quartier qui s’étendra sur 110 ha entre les communes d’Orléans (20 %) et de Fleury-les-Aubrais (80 %). Il constituera d’ici à vingt ans un nouveau pôle urbain de 3 000 logements et 350 000 m2 de bureaux, commerces et équipements publics. Nous n’avions pas de Palais des Congrès. Ce sera chose faire avec le Pex, un complexe de 100 M€ qui réunira une grande salle de sport, un palais des congrès et un parc des expositions à côté du Zénith. L’ensemble devrait être réalisé en plusieurs phases, de 2019 – pour la grande salle de 8 000 places – jusqu’à 2021, date d’achèvement du nouveau parc des expositions. La Lettre Valloire : Et le TGV POCL ? La concertation a repris au printemps sous la houlette du préfet de la grande région Auvergne-Rhône-Alpes… Olivier Carré : Il faut se battre pour que le tracé ouest, qui dessert Orléans, soit retenu, ce qui n’était pas l’option choisie l’an passé par le précédent préfet coordinateur. Avec le tracé ouest, le TGV s’arrêterait aux Aubrais et mettrait le quartier Interives à trois quarts d’heure de Paris-Austerlitz. Maintenant, et c’est un avis personnel, il faudra peut-être attendre au-delà de 2030 pour sa mise en service. D’ici là, est-ce que l’ère du tout-TGV ne sera pas révolue ? Propos recueillis par François-Xavier Beuzon
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Territoire d’innovation
Orléans, plus facile, plus Ambitieuse, la capitale régionale veut faciliter la vie de ses habitants. Les services municipaux entament leur mue pour rendre la ville plus intelligente. Les technologies numériques prennent naturellement toute leur part.
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éjà très occupée à obtenir le statut de métropole, Orléans s’est aussi fixé pour objectif de devenir smart city. Un terme anglo-saxon pour coller à une réalité qui préoccupe toutes les villes mondiales. Comment réduire sa consommation de ressources naturelles, raréfiées par l’industrialisation croissante et la pression démographique, et comment partager l’information pour responsabiliser les citoyens et les associer la gestion de la cité ? Bref, comment faire circuler de « l’intelligence », traduction de l’anglais « smart », entre toutes les composantes urbaines ? Le premier pas a été de créer une nouvelle direction de l’innovation par les services, mutualisée entre la Ville et l’AgglO. Ce poste a été confié au mois de septembre à Christèle Capy, longtemps
PaybyPhone
en charge du développement économique communautaire, qui milite pour que les organisations publiques placent « l’usager au cœur des services » (lire page suivante). Car si l’innovation, en particulier digitale, est au cœur de la démarche visant 10 La Lettre Valloire - Septembre 2016
à faire d’Orléans « une ville plus facile », c’est bien l’optimisation des services rendus à la population qui la sous-tend. « Tous les champs de l’action publique sont en train d’évoluer du fait de la transformation de l’usager en consommateur de services, justifie le
tifier les places de parking vacantes. Fondée par deux Orléanais, dont un enseignant-chercheur, CamPark Solutions achève la mise au point d’une technologie qui utilise les caméras de vidéo-surveillance d’une ville. D’autres startups européennes ont investi
“ TOUS LES CHAMPS DE L’ACTION PUBLIQUE SONT EN TRAIN D’ÉVOLUER DU FAIT DE LA TRANSFORMATION DE L’USAGER EN CONSOMMATEUR DE SERVICES
maire d’Orléans Olivier Carré. Pour cela, il faut savoir se réorganiser, comprendre quel est le niveau de service attendu. Et bien entendu conduire cette réflexion avec nos concitoyens.» Afin de faciliter l’usage de la voiture en ville, une appli type PayByPhone est proposée depuis la rentrée pour gérer son stationnement sur la voie publique à partir d’un smartphone ou d’un ordinateur ; plus besoin de courir jusqu’à l’horodateur pour renouveler le ticket papier. L’automobiliste est alerté un quart d’heure avant l’expiration de sa durée de stationnement et peut recréditer son ticket virtuel en quelques instants. Le contrôle se fait aussi électroniquement. Et c’est rentable ! «Dans toutes les villes qui l’ont mise en place, les recettes des horodateurs ont doublé », souligne Olivier Carré. Disponible à Paris et dans une centaine de villes françaises – aucune encore en Centre-Val de Loire –, cette invention de la société britannique PayPoint a donc débarqué dans la cité de Jeanne d’Arc. Comme une autre, à l’étude avec deux startups bien françaises cette fois, qui permettra d’iden-
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ce créneau, qui optimise le mobilier urbain existant, dont les Italiens de Park Smart. Un autre projet est à l’étude ; il se sert de capteurs au sol qui détecteraient les zones de la ville où il reste des places de stationnement disponibles. L’entreprise parisienne qui développe ce système, couplé à un système de paiement à distance, a même prévu d’installer son siège au Lab’O. Mais attention! Un dispositif similaire vient d’être abandonné à Nice, trois ans après que la mairie a décidé d’installer à grand frais – 10 M€, selon Nice Matin – près de 300 horodateurs « intelligents », reliés à des « micro-capteurs communicants » placés dans les bordures de trottoir. Un des enjeux essentiels de la smart city est de décharger les agents municipaux de tâches sans valeur ajoutée pour les redéployer sur d’autres fonctions. La dématérialisation des documents publics, comme les actes d’état-civil, dont le téléchargement est déjà possible à Orléans, ou le paiement en ligne de la cantine scolaire et autres services publics, qui reste à créer, font partie de cette adaptation
intelligente du service public au besoin de l’usager. Pas question pour autant de délaisser le guichet physique, toujours indispensable pour certaines démarches, d’autant que le maire ne veut absolument pas opposer « ceux qui sont à l’aise avec le numérique et ceux qui le sont moins », rappelant au passage « qu’un service public n’est pas une entreprise qui développe une offre pour
un segment de clientèle bien précis. Nous nous adressons à l’ensemble d’une population et avons, vis-à-vis d’elle, une obligation de résultat. » Autre idée forte, celle d’associer les entreprises du territoire : « Les meilleures smartcities seront celles qui sont ouvertes sur un écosystème, notamment entrepreneurial », argumente Olivier Carré. La municipalité incite les entreprises locales, comme Géonomie ou CamPark, à s’emparer d’outils comme Map’O, le système d’information géographique (SIG) qu’elle a mis en place. Map’O gère et analyse des masses de données, issues à la fois de capteurs et de technologies existantes, qui permettent de connaître finement l’occupation du sol et du sous-sol de l’agglomération ; il devrait s’ouvrir rapidement vers un géoportail et un Open Data qui sera aussi mis à la disposition des usagers. Le Lab’O constitue naturellement un outil de choix pour héberger un écosystème bouillonnant qui peut générer une
nouvelle industrie du service urbain. Cette effervescence de projets, qui passe par des actions moins spectaculaires, comme celles destinées à réduire la fracture numérique entre les citoyens (l’équipement numérique des écoles, les coding-goûters pour les 6-12 ans, l’ouverture d’une Wild Code School dès cette rentrée pour former des demandeurs d’emploi à la programmation infor-
matique, l’association WeNumérique pour accompagner les seniors en reconversion vers les métiers du web, ou la création d’une bibliothèque en ligne, la Bibliobox, etc.), a aussi une dimension politique.
Olivier Carré veut anticiper la modification profonde de la relation élus-citoyens induite par la révolution digitale. Naturellement, cette nouvelle forme de démocratie participative reprend parfois des schémas classiques. « Nous n’échapperons pas à l’invective ou à la multiplication des pétitions recueillant quelques dizaines de signatures sur n’importe quel sujet, reconnaît le maire. Mais je veux aussi que les habitants participent à la coconstruction des projets urbains par échanges selon un
mode que nous prédéterminerons. On le fait déjà avec les conseils consultatifs de quartier, mais ce serait intéressant que les citoyens se responsabilisent en entrant dans ce processus. » Aux Orléanais de saisir cette opportunité. L’intelligence a ses exigences… François-Xavier Beuzon
San Francisco, un modèle ? La ville californienne (850 000 habitants, à l’extrémité d’une aire urbaine de plus de 8 millions d’habitants) est l’une des villes les plus “intelligentes” au monde. Aidée par l’environnement numérique unique de la Silicon Valley, elle a mis en place dès 2009 la transparence de ses données municipales (DataSF). La même année, le recyclage des déchets est devenu obligatoire et San Francisco affiche un taux de récupération de l’ordre de 80 % : des centaines d’emplois ont été créés dans ce secteur. La Ville a déployé 110 stations de rechargement pour véhicules électriques, dont beaucoup sont issus des chaînes de Tesla, le leader mondial de Palo Alto, tout près de là. Et toute une batterie de sites web permettent de calculer et d’optimiser sa consommation d’eau ou d’énergie.
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Territoire d’innovation
CHRYSTÈLE CAPY, DIRECTRICE DE L’INNOVATION PAR LES SERVICES DE L’AGGLO ET DE LA VILLE D’ORLÉANS
« L’usager est la clé d’entrée de notre réflexion» Responsable de la direction de l’innovation par les services mise en place il y a un an, Chrystèle Capy a pour mission de faire évoluer les politiques publiques en mettant le citoyen-usager au cœur de l’action municipale et communautaire.
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a Lettre Valloire : Quel est le but de la direc- nistratives à distance. Enfin, nous sommes en cours de rétion de l’innovation par les services que vous flexion sur une opération destinée à restituer "l'expérience dirigez à la Ville et à l’Agglo ? du centre-ville". Dans ce cadre, une équipe pluridiscipliChrystèle Capy : Il faut bien comprendre que l’usager est naire, composée d'ergonomes et de designers de services, la clé d’entrée de la réflexion qui a fait naître la direction pourrait être amenée à observer les pratiques des citoyens de l’innovation par les services. La transformation digitale et des consommateurs dans leur parcours urbain ou dans est un outil essentiel de l’évolution de nos services, mais les centres commerciaux. À l’issue de cette phase, nous pas un but en soi. Notre objectif primordial est de repenser devrions être en mesure de concevoir et tester les services susceptibles d’être mis les politiques publiques en place pour aider la en renforçant la prise “ NOUS DEVRIONS ÊTRE EN MESURE DE population. L'ensemen compte du citoyen CONCEVOIR ET TESTER LES SERVICES ble de nos actions est utilisateur de services. SUSCEPTIBLES D’ÊTRE MIS EN PLACE réalisé en support des Pour cela, il faut obPOUR AIDER LA POPULATION directions opérationserver, tenir compte de nelles. ce qu’on a vu et tester avant de déployer. C’est la méthodologie que nous employons avec le clus- La Lettre Valloire : Cette démarche requiert natuter régional Nekoé, qui nous assiste dans cette dé- rellement l’adhésion des agents municipaux ? marche. Il nous faut souvent prendre en Chrystèle Capy : Nous travaillons aussi sur l’usager interne, compte plutôt les habitudes que les propos: sur la façon dont nous pouvons améliorer nos relations ce qu’un utilisateur raconte, en toute de service interne, ce qui nous permettra à la fois de renbonne foi, n’est pas nécessairement ce forcer le sens de l'action publique et d'augmenter notre efficience. Nous accompagnons ainsi la direction des resqu’il fait. sources humaines. L’objectif est de modifier peu à peu nos La Lettre Valloire : Sur quels exem- manières de faire pour gagner en réactivité et en simpliples pratiques travaillez-vous cité. aujourd’hui ? Chrystèle Capy : Nous travaillons La Lettre Valloire : Y a-t-il d’autres exemples de sur les problématiques du station- collectivités qui mènent cette démarche ? nement en ville, avec des applica- Chrystèle Capy : Le Danemark est très en avance sur ces tions concrètes comme le paiement questions. Le Mindlab, une agence d’État créée en 2002, sans contact ou par téléphone. Nous travaille avec trois ministères, ceux de l’Emploi, de conduisons aussi des expérimenta- l’Économie et des Impôts, pour traquer les lourdeurs tions avec des startups qui souhai- administratives qui pénalisent les relations avec les entretent tester leurs solutions en déve- prises. En France, le conseil départemental du Val d’Oise loppement, comme CamPark ou a créé il y a quelques années la Mission Innovation, à Smart Moving. Nous travaillons l’écoute de l’usager ; elle s’appuie sur une équipe pluriégalement à la création d’un portail disciplinaire, avec des sociologues, un designer et un famille omnicanal destiné à régler logisticien. Propos recueillis par toutes sortes de démarches admiFrançois-Xavier Beuzon
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Territoire d’innovation
Les collèges du Loiret sur un nuage numérique Expérimenté dans quatre collèges, le campus numérique prolonge le travail pédagogique sur le cloud. Une initiative unique en France, et un pas de plus vers le collège du futur.
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Le campus numérique rend le contenu pédagogique accessible à partir de tout support électronique.
éviser le brevet des collèges en jouant sur sa tablette numérique ou demander un renseignement à son professeur par messagerie instantanée, ou bien encore revoir la carte du dernier cours de géo en vidéoprojection, ce sera bientôt possible pour les collégiens du Loiret. L’expérience du campus numérique est testée depuis septembre 2015 dans quatre collèges du département : deux en zone rurale, St-Ay et Les Bordes, et deux en zone urbaine, Jean-Rostand à Orléans et Jacques-Prévert à St-Jean-le-Blanc. Au total, 1 600 élèves peuvent avoir accès depuis une tablette fournie, ou bien de l’ordinateur familial, à un ensemble de données pédagogiques disponibles sur un serveur sécurisé du cloud, le nuage numérique d’internet. Dans le Loiret, l’école 3.0 est en marche, à l’initiative du conseil départemental qui a fait du collège du
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futur un point fort du mandat en cours. « Le campus numérique prolonge sous une autre forme le projet CarTab’, lancé en 2013 au collège Gaston-Couté de Meung-sur-Loire
numériques, assure la fourniture du contenu. « Il s’agit vraiment d’une démarche concertée, précise Adeline Buisson. Des comités techniques se tiennent dans chaque collège pilote et les pro-
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“ LE CAMPUS NUMÉRIQUE PROLONGE SOUS UNE AUTRE FORME LE PROJET CARTAB’, LANCÉ EN 2013 et qui s’achève en septembre 2017, explique Adeline Buisson, responsable des usages numériques à la direction éducation et jeunesse du conseil départemental. Il a consisté à équiper les collégiens d’une tablette contenant leurs manuels scolaires dématérialisés, des outils de traitement de texte, des dictionnaires de langues étrangères, des atlas, etc. L’idée était d’alléger les cartables des élèves et d’initier de nouvelles pratiques pédagogiques interactives. À l’usage, il s’avère que cela n’a pas eu d’impact significatif sur la liste des fournitures scolaires et que la tablette ne peut pas tout remplacer, par exemple la calculette réglementaire pour les examens. » Fort des enseignements du CarTab’, le Département a donc ouvert le campus numérique en misant non pas sur le matériel, mais sur le contenu et sur la co-construction. Le projet a, en effet, été élaboré en concertation avec l’Éducation nationale mais aussi avec le réseau Canopé (les ex-centres de documentation pédagogique), la communauté éducative et les parents. Lelivrescolaire.fr, l’éditeur de manuels pédagogiques
positions enrichissent progressivement la plateforme. Par exemple, pour cette rentrée de septembre 2016, nous allons travailler sur des outils pouvant faciliter la recherche de stages d’observation pour les élèves de troisième. » Au terme d’une première année d’expérimentation, le campus numérique donne satisfaction aux élèves comme aux enseignants ; ceux-ci séduits par l’ergonomie du dispositif, souhaiteraient l’utiliser pour préparer leurs cours. Quant aux parents, ils seront associés à la rentrée de façon plus étroite notamment pour la relation avec les professeurs et l’administration. L’initiative sera généralisée à l’ensemble des collèges du Loiret lorsque la plateforme aura été achevée et validée, ce qui nécessitera encore quelques années. Elle va, en tout cas, dans le sens de la réforme du collège prônée par l’État pour développer le travail collaboratif et l’interdisciplinarité. Le campus numérique a valu le trophée de l’innovation au Département du Loiret lors du salon Educatec en mars dernier et… un reportage sur TF1. Bruno Villeneuve
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Territoire d’innovation
Loiret Santé, la complémen Il est possible d’innover en matière de protection sociale. Dès la rentrée, le Département proposera Loiret Santé, une complémentaire destinée prioritairement aux personnes disposant de faibles ressources. La collectivité a fait appel à une association qui négocie le meilleur tarif avec les assureurs intéressés.
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Alexandrine Leclerc, 6e vice-présidente UDI du conseil départemental et adjointe au maire d’Orléans déléguée à la famille et aux solidarités.
n matière sociale, quel que soit le niveau de protection retenu, il subsiste toujours des exclus. Si les actuels bénéficiaires du RSA, et leurs devanciers du RMI, peuvent compter depuis le 1er janvier 2000 sur la couverture maladie universelle (CMU) et aussi sur la CMU-C, sa complémentaire santé gratuite un peu moins connue, les personnes disposant de revenus légèrement supérieurs mais restant en-deçà du Smic (souvent des retraités ou des travailleurs précaires), sont dépourvus de toute mutuelle parce qu’elles n’en ont tout simplement pas les moyens. Cette zone d’ombre sociale a été cartographiée de longue date par les services du conseil départemental du Loiret. Les élus ont donc décidé de proposer une couverture complémentaire à tous ceux qui en étaient privés :
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au moins 5 % de sa population, ce qui représente quelque 33 000 personnes. La législation n’autorise pas le Département à se substituer à un organisme privé ou public et à fournir luimême une prestation qui vienne compléter les remboursements de
âgée », détaille Alexandrine Leclerc, 6e vice-présidente UDI du conseil départemental, par ailleurs adjointe au maire d’Orléans déléguée à la famille et aux solidarités. Un montant, certes modeste en regard des prix de marché – en France, le tarif moyen d’une
“ COMME UN COURTIER, ACTIOM NÉGOCIE AUPRÈS DE PROFESSIONNELS LE MEILLEUR CONTRAT POSSIBLE, AVEC DIFFÉRENTS NIVEAUX DE GARANTIE l’Assurance maladie. Il s’est donc adressé à l’association loi 1901 Actiom (Actions de Mutualisation), unique en son genre et créée dans ce but ; si d’autres collectivités locales y ont déjà fait appel, c’est la première fois qu’un Département s’adresse à elle. Comme un courtier, Actiom négocie auprès de professionnels le meilleur contrat possible, avec différents niveaux de garantie, et met les offres des assureurs mutualistes sélectionnés à disposition des personnes intéressées. Trois sociétés (Miel Mutuelle, Pavillon Prévoyance et Smatis) ont été retenues pour fournir une couverture santé aux habitants du Loiret qui en étaient exclus ; les partenaires d’Actiom proposent au total onze contrats, combinant trois niveaux de protection (économie, sécurité, confort) et dont les tarifs varient aussi selon le profil et l’âge des bénéficiaires. « Outre la cotisation à l’association – une somme de 10 € par an demandée à chaque personne souhaitant profiter du dispositif, NDLR –, les primes moyennes vont de 20 € par mois pour un jeune (18-25 ans) à 50 € par mois pour une personne
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complémentaire est de 650 € par an –, mais que le Département ne peut toutefois subventionner, directement ou indirectement. En revanche, la collectivité prend à sa charge la promotion, par affichage, campagne de presse ou courriers adressés à toutes les communes du territoire loirétain, de cette opération qui doit débuter dès la rentrée 2016. Si ces contrats collectifs sont prioritairement destinés aux personnes à faibles revenus, rien n’interdit aux Loirétains qui souhaiteraient mettre à profit l’occasion pour changer de mutuelle d’adhérer à Loiret Santé (marque déposée, NDLR) aux mêmes conditions. Outre la faiblesse du prix, obtenue par la massification de la demande et la mise en concurrence des organismes, l’offre de Loiret Santé est très avantageuse : elle n’exclut personne pour des critères médicaux et n’applique aucun délai de carence. C’est probablement pour cette raison que certains groupes mutualistes, craignant de faire concurrence à leur offre classique, n’ont pas répondu à l’appel d’offres. « Mais rien n’est figé et la convention que nous avons si-
taire pour faibles revenus gnée prévoit une renégociation annuelle des conditions proposées aux assurés », ajoute Alexandrine Leclerc. À ce stade, il est difficile de quantifier le nombre de bénéficiaires de Loiret Santé. Les villes et mêmes villages ayant expérimenté le dispositif « Ma Commune Ma Santé » en sont enchantés, le retour de la population étant, on s’en doute, excellent. Le 23 juin, le centre communal d’action sociale (CCAS) de Besançon présentait son projet de mutuelle solidaire, dont l’intermédiation a été confié à Actiom, au conseil municipal du cheflieu du Doubs. Avec succès. Et Besançon (120 832 habitants au 1er janvier 2016) va ainsi devenir la première ville de plus de 100 000 habitants à
proposer le dispositif, déjà adopté par plus de 800 communes. Mais le Département du Loiret (670 000 habitants) représentera bientôt la plus im-
portante collectivité de France à fournir ce service innovant et social à ses concitoyens. François-Xavier Beuzon
Plus de 2,5 millions de Français resteraient sans mutuelle Fin 2014, l’Institut de recherches et de documentation en économie de la santé (Irdes) évaluait le nombre de Français n’ayant pas de complémentaire santé à 3,3 millions, soit 5 % de la population. Selon l’organisme, la généralisation de la complémentaire d’entreprise, en vigueur depuis le 1er janvier de cette année, ne ferait baisser ce taux de non-couverture que de seulement 1 point, ce qui laisserait encore 2,6 millions de Français sans mutuelle, notamment dans les populations les plus fragiles, c’est-à-dire les chômeurs, les précaires et les malades.
LysBox facilite le maintien à domicile Déployé depuis deux ans dans le Loiret, le boîtier LysBox permet de maintenir le contact avec les personnes âgées dépendantes restées à leur domicile.
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epuis deux ans, les personnes âgées dépendantes et handicapées vivant dans le Loiret peuvent rester à leur domicile en toute sécurité. La LysBox, un boîtier connecté co-développé par plusieurs sociétés dont le toulousain Sigfox, un spécialiste de l’internet des objets, permet de suivre les tâches des auxiliaires de vie qui signalent leur arrivée et leur départ avec un badge utilisant la technologie sans contact NFC, disposant aussi d’un bouton d’alerte et d’un capteur de température pour détecter les anomalies (canicule, froid excessif dû à une panne de chauffage, etc.). Le Département a investi 1,6 M€ pour ce système totalement gratuit pour les usagers titulaires de l’allocation personnalisée d’autonomie
(APA). Le Loiret compte quelque 8 500 bénéficiaires de l’APA à domicile et la LysBox a été déployée progressivement chez la plupart d’entre eux. Grâce à une convention passée entre le Département et La Poste, les facteurs ont été formés pour installer le boîtier au domicile des bénéficiaires et en expliquer le fonctionnement aux personnels des services à domicile. Il faut souligner que si le boîtier coûte unitairement 150 €, tout est absolument gratuit pour l’allocataire APA. Si aujourd’hui, le principal avantage de la LysBox est de rendre transparentes les interventions des personnels d’aide au domicile des bénéficiaires et de mieux les répartir sur l’année – les informations sont transmises sur un portail internet et accessibles
à tous les intervenants, notamment la famille et l’organisme payeur, c’est-àdire le Département – d’autres fonctionnalités devraient s’y ajouter dans les années à venir. Outre les alertes grand froid et canicule, on peut imaginer des applications en lien avec la télémédecine. Ce sera la prochaine étape… François-Xavier Beuzon
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Entreprises et innovation
PME-TPE dans
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l’innovation la ligne de mire Les petites et moyennes entreprises doivent prendre toute leur part dans l’impérative généralisation des pratiques d’innovation. Comme l’illustrent les exemples présentés dans notre dossier, certaines PME du Loiret semblent avoir reçu le message 5 sur 5.
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nnover, innover, il en restera toujours quelque chose ! Les entrepreneurs n’ont aujourd’hui plus d’autres choix que de remettre en cause de façon permanente les modèles d’affaires, les technologies, leurs pratiques commerciales et leurs politiques de management. Le surplace, la répétition les condamnent irrémédiablement au déclin « tout simplement parce que nous sommes entrés, grâce ou à cause de la révolution numérique et à l’accélération du progrès technologique, dans un monde de transformation permanente où la vitesse d’adaptation et l’agilité sont des vertus cardinales », indique ce consultant en organisation. Et, comme le souligne le spécialiste de l’innovation Philippe Silberzahn dans l’interview qu’il nous a accordée pour cette édition consacrée au Loiret, la capacité d’innovation qu’il convient donc de cultiver n’appartient pas
qu’aux seuls grands comptes ou aux entreprises à très forte intensité technologique. À la seule condition qu’elles fassent pleinement confiance à la richesse des collectifs humains qui les composent, les PME, voire les TPE, peuvent aussi « fabriquer » de l’innovation sans que celle-ci soit strictement high tech et sans qu’elle nécessite des budgets hors de portée de leurs moyens financiers. L’exploitation de l’intelligence collective – dont le potentiel est plus souvent sousestimé – peut produire des résultats spectaculaires. Et, partant, améliorer grandement les chances de survie et de développement des entreprises qui auront su saisir ces opportunités. Dans le Loiret, où les innovateurs peuvent s’appuyer sur de solides ressources de recherche académiques et privées – qu’elles peinent parfois à cartographier –, quelques entrepreneurs ont manifestement réussi à s’imposer
sur leurs marchés en plaçant l’innovation au cœur de leur modèle. C’est notamment le cas d’Altyor, une entreprise familiale de St-Cyr-en-Val initialement spécialisée dans la plasturgie et qui est devenue en quelques années l’un des spécialistes du marché européen des objets connectés. A StJean-de-Braye, GD Laser, qui traite au laser tous types d’objets décoratifs, a fondé sa croissance sur une cellule de R&D constituée d’étudiants ingénieurs régulièrement renouvelée. L’industrie et les services ne sont pas les seuls secteurs économiques concernés par les pratiques d’innovation. Comme en témoigne l’organisation à Orléans de l’Open Agrifood, les opérateurs de la filière agroalimentaire sont convaincus de la nécessité de développer des solutions et des applications 3.0 dans un secteur qui s’est affranchi depuis belle lurette des réflexes conservateurs. La Lettre Valloire - Septembre 2016 19
Entreprises et innovation PHILIPPE SILBERZAHN, PROFESSEUR D’ENTREPREUNARIAT, STRATÉGIE ET INNOVATION À EM LYON BUSINESS
« L’innovation est d’abord un Les entreprises, dévorées par la pression du court terme, peinent à mettre en œuvre des pratiques favorisant l’innovation. Pour Philipe Silberzahn, la question des moyens financiers s’avère finalement secondaire. La capacité à se remettre en question et à adopter une démarche collaborative constitue, en revanche, le facteur déterminant de la réussite de la démarche innovante.
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a Lettre Valloire : L’innovation est-elle réservée aux grandes entreprises ? Philippe Silberzahn : Surtout pas ! Il faut tout d’abord opérer un distinguo entre l’innovation continue ou incrémentale et l’innovation radicale de rupture. La première, toutes les entreprises, y compris les plus modestes et les plus traditionnelles, sont incitées naturellement à la pratiquer, sous la pression des marchés et de leurs clients. Un constructeur de maisons continue à pratiquer son métier comme il y a vingt ans, mais il doit intégrer, par exemple, de nouveaux matériaux ou de nouvelles contraintes environnementales. Ceux qui résistent à cette innovation continue sont d’ailleurs condamnés à sombrer corps et biens. Par ailleurs, cette innovation incrémentale qui n’est pas forcément high tech, s’opère avec des budgets relativement modestes. L’innovation de rupture est une tout autre affaire ! Celle-ci ci consiste à développer et à s’approprier des technologies ou des pratiques qui peuvent se substituer au modèle qui avait fondé jusqu’alors le succès de l’entreprise. On peut comprendre qu’elle suscite de très fortes réticences. Le meilleur exemple est fourni par Kodak qui ne s’est jamais résolu à abandonner l’argentique pour adopter le numérique, ce qui a précipité sa perte. La règle est simple : ce type de virage est d’autant plus difficile à prendre que l’entreprise se porte bien ! Ce fut d’ailleurs, encore une fois, le cas de Kodak qui a continué à bien vivre de son métier traditionnel tandis que le numérique commençait à se développer. Lorsque le marché a définitivement viré de bord, il était trop tard. Les entrepreneurs, en matière d’innovation, doivent mener des politiques de gestion du risque : ils ont à arbitrer entre la saisie d’opportunités et le risque de déstabilisation. J’ajoute qu’il suffit d’observer que les startups placent l’innovation au cœur de leur ADN pour comprendre que celle-ci n’est pas réservée aux grandes entreprises. La Lettre Valloire : Comment les entrepreneurs peuvent-ils favoriser le développement de l’innovation ? Philippe Silberzahn : Ils doivent avant tout s’appuyer sur la richesse de leur collectif. J’ai toujours été surpris par
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processus culturel et social» la qualité des ressources et des idées qui jaillissent au sein d’une entreprise lorsque l’on se donne les moyens d’allumer la mèche. Le problème, c’est l’exécution, la mise en mouvement du processus d’innovation. Tout simplement parce que l’activité quotidienne d’une entreprise consomme toutes ses ressources, en particulier celles des plus petites d’entre elles. La dictature de l’urgence et du court terme est le meilleur ennemi de l’innovation, et c’est encore plus vrai pour l’innovation de rupture. Les salariés, les managers ont tous au quotidien des incendies à éteindre. On préfèrera toujours répondre à une demande client urgente plutôt que de s’employer à un projet d’innovation de moyen et long terme. Surtout si le temps affecté à ce dernier n’est pas valorisé dans la carrière du collaborateur. C’est la raison pour laquelle beaucoup de projets innovants sont tués dans l’œuf. Il incombe au dirigeant de sanctuariser des ressources et d’affranchir les salariés détenteurs d’une bonne idée de la pression du quotidien. Et surtout de prodiguer à ces pionniers la reconnaissance de leur travail, même si celui-ci se solde par un échec, ce qui constitue d’ailleurs l’hypothèse statistiquement la plus probable. Les processus d’innovation que j’ai pu observer dans les petites entreprises sont souvent engagés spontanément ; ils meurent des mille petits coups de couteaux que leur inflige le quotidien. C’est au manager d’identifier et de détecter ces projets et de leur donner leur chance. La Lettre Valloire : Mais la question du coût ne devient-elle pas rédhibitoire surtout lorsque la conjoncture est plus difficile ? Philippe Silberzahn : Il est évident que les tensions provoquées par une crise rendent beaucoup plus difficiles la création et la diffusion d’un processus d’innovation. Lorsqu’une PME est contrainte d’adopter un mode survie, il lui devient très difficile de se projeter dans le long terme. Mais c’est peut-être aussi l’absence d’anticipation sur l’évolution des marchés qui a fragilisé l’entreprise et l’a propulsée au bord du précipice ! Par ailleurs, une petite entreprise peut très bien démarrer un processus d’innovation à moindre coût en confiant, par exemple, une mission à un étudiant dans le cadre d’un stage, à condition de bien border son insertion en confiant à un collaborateur expérimenté un rôle d’accompagnant et de coordinateur. Les budgets qui sont affectés à ce processus peuvent s’avérer in fine très modestes. Ce qui n’est pas toujours le cas des
grosses structures où l’on ne sait pas débuter un process innovant sans créer un poste ad hoc, installer une équipe, organiser de multiples réunions. Les plus petites entreprises ont un avantage sur le terrain de l’innovation parce qu’elles peuvent se montrer beaucoup plus agiles et bénéficier d’un effet de levier maximum. La Lettre Valloire : Quels sont les principaux freins qui inhibent en France la diffusion de l’innovation ? Philippe Silberzahn : De façon générale, même si des progrès ont été accomplis, les entrepreneurs français ont tendance à s’isoler. La culture collaborative n’est pas la caractéristique première de l’entrepreneuriat tricolore. La logique prégnante c’est, au contraire, celle de l’entre-soi, du refus a priori du regard ou du conseil extérieur qui est vécu très souvent comme une intrusion. Pourtant, parfois de la vision d’un tiers, parfois d’un tiers totalement profane, peuvent surgir des innovations tout à fait surprenantes qui vont grandement améliorer un process ou des pratiques d’entreprise bien établies. J’ai pu constater récemment que même dans des métiers ancestraux, comme ceux du vin, des améliorations très significatives avaient pu être apportées par des conseils de tiers très éloignés de la viticulture. C’est cette culture du cloisonnement, de l’introspection solitaire et du repli sur soi qui doit s’effacer pour faire toute sa place à des démarches collaboratives exploitées en réseau. L’innovation, ce n’est pas prioritairement une affaire de technologies, de science ou de sachants infaillibles, mais bien davantage une confrontation de points de vue ; l’innovation, c’est d’abord un processus culturel et social. Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier
Un chercheur au passé d’entrepreneur Professeur d’entrepreunariat, stratégie et innovation à EM Lyon Business School, et chercheur associé à l’École Polytechnique, Philippe Silberzahn conduit des travaux sur la façon dont les organisations gèrent les situations d’incertitude radicale et de complexité (étude de la gestion des ruptures, des surprises stratégiques). Également entrepreneur et dirigeant, Philippe Silberzahn a, à son actif, la création ou l’acquisition de plusieurs entreprises de technologie. Il fut, jusqu’en septembre 2009, dirigeant et co-fondateur de Digital Airways, une société spécialisée dans les logiciels pour terminaux mobiles et embarqués.
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Entreprises et innovation PIERRE TOULHOAT, DIRECTEUR GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ ET DIRECTEUR SCIENTIFIQUE DU BRGM
« Nous pouvons faire l’une des meilleures Le directeur général du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), un organisme public dont le siège est à Orléans-La Source, revient sur le potentiel majeur et structurant de l’établissement sur le terrain de l’innovation.
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a Lettre Valloire : Quels sont les leviers dont dispose le BRGM en matière de diffusion de l’innovation ? Pierre Toulhoat : Pour bien comprendre le potentiel du BRGM en la matière, il faut s’attarder sur les principales missions de cet établissement public à caractère industriel et commercial (Épic). Nous sommes le principal organisme de recherche publique en matière de géosciences, ce qui nous octroie une très solide expertise en matière de caractérisation des ressources du sous-sol. Le BRGM n’a pas beaucoup d’équivalent en matière de connaissance des ressources en eau, ainsi que des ressources minières et énergétiques relatives au sous-sol. Concrètement, ce socle scientifique nous donne beaucoup d’autorité dans le do-
maine de la prévention des risques naturels, notamment du risque d’inondation, ce qui a évidemment beaucoup de sens en Val de Loire. Le BRGM est également en pointe, compte tenu de sa maîtrise de la gestion des fluides et sa connaissance des contaminants, sur le terrain de la dépollution des sols. Nous sommes aussi particulièrement performants dans le domaine de la géothermie, qu’il s’agisse de la géothermie à basse température destinée aux particuliers, ou de la géothermie haute température utilisée, par exemple, pour faire fonctionner des turbines. Enfin, le BRGM, en tant que gestionnaire du RGF (registre géologique de la France), est également engagé dans les problématiques de gestion de bases de données géologiques et environnementales dans une logique big data. La Lettre Valloire : Comment, sur ces bases, s’articule concrètement le soutien à l’innovation ? Pierre Toulhoat : Il passe tout d’abord par l’activité de nos deux filiales, Iris Instruments (une vingtaine de salariés, 6 M€ de CA) et CGF Services (33 salariés, 6,79 M€ de CA), qui sont respectivement spécialisées dans le développement d’instruments permettant de mieux caractériser les sous-sols et le développement d’opérations de géothermie. Ces sociétés participent aux projets complexes de collectivités, d’aménageurs et d’entreprises qui donnent l’occasion à nos équipes de restituer toute leur expertise. Et cela ne se limite pas à l’accompagnement de grandes réalisations. Nos filiales peuvent naturellement constituer des plateformes de qualification pour des PME, voire des startups locales qui souhaiteraient valider des projets, des applications ou des matériels dans leur champ de compétences. La Lettre Valloire : Le BRGM a également déployé des programmes spécifiques permettant de faciliter les transferts de technologie… Pierre Toulhoat : Vous voulez parler des plateformes d’innovation Pivots qui sont des programmes collaboratifs sub-
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d’Orléans références internationales » ventionnés par les pouvoirs publics et les collectivités, notamment par la Région Centre-Val de Loire. Elles permettent d’accéder, dans différentes thématiques, aux ressources analytiques et scientifiques du BRGM. Parmi les principales thématiques, on peut citer le projet de recyclage des métaux lourds contenus dans les cartes électroniques par utilisation de bactéries. Nous avons aussi des sujets dans le domaine du développement de capteurs pour l’élimination et la surveillance des micropolluants dans les eaux, la remédiation des sols pollués et la gestion durable des milieux, le comportement des sols sous sollicitation cyclique ; ces plateformes associent les compétences et les ressources du CNRS, de l’université d’Orléans avec laquelle nous entretenons des liens très forts, des pôles de compétitivité (Dream) et des sociétés privées comme Antea, notre ancien bureau d’études désormais totalement indépendant, et même celles de la SSII Atos et de Dassault Systèmes. La Lettre Valloire : L’interdisciplinarité constitue l’un des fondements de cette démarche ? Pierre Toulhoat : Oui, naturellement puisque nous sommes un carrefour de plusieurs sciences. Cette caractéristique est encore plus frappante dans l’une de nos thématiques d’innovation qui semble prometteuse : celle du big data. Le BRGM, qui est comme je le soulignais plus haut en charge de la gestion du registre géologique de la France (RGF), travaille au développement en 3D, voire en 4D d’une représentation du sous-sol national, une sorte de méga-système d’information géographique (SIG) qui intégrera des données géologiques mais aussi environnementales et biologiques. L’idée est de faire un focus spécifique, d’une part sur le régolithe, cette partie superficielle du sous-sol où s’effectuent de multiples échanges complexes entre l’atmosphère terrestre et l’activité humaine, d’autre part sur le substrat géologique. Ce programme majeur qui donnera lieu, bien sûr, à une déclinaison en région Centre-Val de Loire, constituera un puissant outil d’analyse prédictif, notamment pour les aménageurs er les collectivités qui pourront optimiser leurs politiques d’urbanisme et d’implantation de zones résidentielles ou d’activités industrielles. Il nécessite évidemment d’importantes ressources informatiques de traitement de données complexes, ce qui s’est traduit notamment par
la signature d’un accord de partenariat avec le groupe Atos, très implanté dans la région, et avec Dassault Systèmes. La Lettre Valloire : Cette démarche interdisciplinaire peut-elle concerner de façon particulière le Loiret, et de façon plus générale l’ensemble du territoire régional ? Pierre Toulhoat : Oui, je le crois. Le BRGM a candidaté à l’appel d’offre piloté par l’Agence nationale de la recherche (ANR) dans le cadre des investissements d’avenir, pour créer sur l’ensemble du territoire national une dizaine d’Instituts Convergences. Ces structures, qui seront dotées d’une enveloppe de 10 M€ sur dix ans, auront pour fonction de rassembler sur un même lieu des « compétences de recherche diversifiées visant à produire des savoirs nouveaux. » Le projet du BRGM, baptisé Ligers, associe l’Inra et la SSII Atos ; il s’est positionné sur le thème de la gestion des données hydrogéologiques et environnementales dans une logique big data. Les pouvoirs publics devraient identifier, à l’issue de cet appel d’offres, une dizaine d’Instituts Convergences pour une centaine de dossiers déposés. Les résultats sont attendus en juillet prochain. Nous avons matière à Orléans, et il faut que les élus en soient convaincus, à bâtir l’une des meilleures références internationales en matière d’innovation dans les sciences de la terre. Le BRGM n’est pas une planète isolée et il a noué de très solides collaborations au sein de son écosystème proche et lointain, notamment avec l’université d’Orléans, qui ont entraîné la création de l’Isto (Institut des sciences de la terre d’Orléans), une unité mixte CNRS/BRGM et université. La Lettre Valloire : Pourriez-vous faire mieux en matière d’essaimage ? Pierre Toulhoat : Il est vrai que ce n’est pas notre atout majeur. Cela tient sans doute à notre culture de service public qui n’est pas un vain mot au sein de nos équipes. Vincent Laflèche, le président du BRGM, souhaite renverser cette tendance, et c’est, je le crois, une excellente nouvelle. Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier
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Entreprises et innovation
Gilles Leroux Industrie, l’innovation sur le bout des doigts La jeune société Gilles Leroux Industrie a fondé son développement sur la conception de solutions biométriques d’identification. Afin de passer un nouveau cap en matière d’innovation, la société doit impérativement lever 2 M€ dans les mois à venir.
À
St-Jean-de la Braye, Gilles être innovant du tout ». La douzaine qui embarque les empreintes digitaLeroux Industrie (GLI) a été de collaborateurs pratiquent sponta- les de son titulaire ; il suffit de faire fondée en 2008 par Henri nément une veille régulière qui nour- “matcher” cette empreinte embarMongin, l’ancien responsable de la rit la dynamique d’innovation. « C’est quée avec l’empreinte physique du tiR&D de Gilles Leroux SA (une société un état d’esprit, inhérent à la culture tulaire pour que celui-ci fasse valoir ses spécialisée dans les équipements de de l’entreprise, explique Henri Mon- droits. C’est en Afrique – où GLI réafabrication de cartes à puces, dispa- gin. Nous sommes entraînés à détec- lise environ 80 % de son CA (1,5 M€) rue en 2002), au côté de… Gilles Le- ter les opportunités de marché, les – que cette technologie a rencontré roux, l’ancien dirigeant de la société éponyme. La jeune pousse tente de- “ LA DOUZAINE DE COLLABORATEURS PRATIQUE puis de s’imposer sur une niche ultraSPONTANÉMENT UNE VEILLE RÉGULIÈRE QUI spécifique : les solutions d’identifiNOURRIT LA DYNAMIQUE D’INNOVATION cation biométrique de personnes, « dans le cadre d’applications de sécurité ou de lutte contre la fraude so- bonnes idées technologiques… par- son marché : une mutuelle malienne fois aussi les moins bonnes ». a retenu cette solution afin de lutter ciale », explique Henri Mongin. Les clients et utilisateurs finaux des Le dirigeant de GLI incite ses salariés – avec succès – contre la fraude qui équipements développés par GLI – il à ne pas se prosterner devant les der- représentait 10 % des frais médicaux s’agit aussi bien de hard que de soft – niers gadgets technologiques à la qu’elle remboursait annuellement mode. C’est la stricte capacité (environ 180 M€). GLI fournit égale« peuvent être des gouvernements, des d’accès au marché qui doit gui- ment aux ambassades françaises, via mutuelles ou der le cheminement vers l’in- le groupe Thales qui a obtenu le novation. « Dans notre métier, marché, un système d’identification la robustesse, la fiabilité des biométrique utilisé lors de la délitechnologies, sans oublier vrance des visas. leur moindre coût, sont des Mais pour aller plus loin, les ressources actuelles affectées à la R&D prérequis ». Un parti-pris qui explique « ne suffiront pas, affirme Henri Monque les applications d’iden- gin. Nous devons à nouveau investir tification biométrique fon- dans l’innovation tout en dévelopdées sur la reconnaissance pant commercialement notre offre, ce de l’iris n’ont percé… que que nos capacités financières acdans les derniers James tuelles ne permettent pas ». D’où la voBond ! « Dans la vraie vie, lonté de procéder à une levée de ce sont les technologies fondées fonds d’au moins 2 M€. sur les bonnes vieilles empreintes Si cet appel aux investisseurs réusdes organismes sociaux, ou encore digitales qui assurent 90 % des dé- sissait, il constituerait une première. « À ce jour, nous avons été délaissés des opérateurs qui gèrent des accès ». bouchés ». Cette jeune société naturellement Ce management subtil de l’innovation par les banques et les capitaux-risinnovante ne pratique pas l’innovation produit ses premiers fruits : GLI a queurs qui ne comprennent mani« à heures fixes et sur rendez-vous, ce réussi à développer une solution festement pas bien notre modèle… ». qui serait le meilleur moyen de ne pas d’identification fondée sur une carte Jean-Christophe Savattier
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Entreprises et innovation
Altyor, du plastique
au numérique
L’entreprise de plasturgie familiale de St-Cyr-en Val est devenue l’un des acteurs français les plus importants du marché des objets connectés en une dizaine d’années. Un succès et une transformation qu’elle doit à son agilité et à une politique d’innovation permanente.
C’
est l’histoire d’une mutation réussie. Le groupe familial Altyor (270 salariés dont 60 en France, 30 M€ de CA en 2015), installé à St-Cyr-en-Val, a originellement assis son développement sur la fabrication de pièces plastiques techniques pour des fabricants d’électronique. Mais c’est en accompagnant ses clients au my-
Yanis Cottard
thique Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas, il y a maintenant une dizaine d’années, que les dirigeants de cette société qui s’appelait à l’époque Plastiques du Centre ont eu une révélation ! André Cottard et son fils Yanis ont, en effet, imaginé qu’en se dotant de compétences numériques et électroniques de haut vol, la société, fondée en 1992, pourrait revendiquer un statut d’intégrateur de premier plan dans le domaine des objets connectés. Adossé à une cellule de R&D de 25 salariés répartie entre St-Cyr-en-Val et Shanghai où Altyor exploite depuis le début des années 2000 une plateforme de développement et de manufacturing d’environ 210 salariés (Technochina), elle est en passe de
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réussir son pari. Altyor est devenu un concepteur reconnu d’objets connectés dans le domaine des télécoms, de la sécurité, de la robotique et de la domotique que le groupe commercialise en OEM (Original Equipment Manufacturer) ou en marque propre. « Nous sommes un interlocuteur privilégié des startups positionnées sur ce marché très excitant pour lequel nous pouvons accompagner de bout en bout les projets. Mais nous travaillons aussi pour des opérateurs plus confirmés », explique Frédéric Chaufton, le responsable de la communication. Partenaire d’Orange, de Bouygues Construction, mais aussi de Glue Smartlock (domotique), de Sevenhugs (solutions connectées de gestion du sommeil et de la température intérieure) ou de Ween (thermostat connecté fondé sur la géolocalisation), Altyor peut s’enorgueillir de quelques succès de prestige. « Nous avons construit des pièces pour le fameux robot humanoïde Nao développé par le français Aldebaran », indique Frédéric Chaufton. Altyor a aussi obtenu lors du dernier CES un Innovation Award pour son Eye, le détecteur de fumée le plus rapide au monde ! Agilité, faculté à identifier les tendances technologiques et les usages numériques de demain, Altyor fait preuve dans toutes les circonstances d’une impressionnante
plasticité, y compris sur le plan organisationnel. Elle a ainsi accompagné en 2013 la création d’une spin-off (NodOn) qui porte les ambitions et les projets en marque propre du groupe sur les marchés de la domotique et de la maison connectée. « Ce sont des marchés où nous pouvons faire valoir la valeur d’usage des produits et leur design. Résultat : nos objets sont beaux ! » Si l’on excepte quelques collaborations avec l’Institut audiovisuel d’Orléans et l’installation d’une antenne dans le Lab’O, l’incubateur orléanais de la Loire Tech Valley, Altyor ne tire pas particulièrement profit de l’écosystème local. Ce qui ne l’empêche pas d’être ouvert à toutes les propositions ! Dans l’immédiat, ses équipes sont concentrées sur le lancement – prévu le 1er juillet – du Niu, un bouton connecté à un smartphone qui commande en quelques pressions toute une gamme d’applications à distance (armer ou désarmer une alarme, piloter sa musique sur Spotify, gérer un thermostat ou une ambiance lumineuse… ou déclencher un selfie à distance). De quoi contenter les geeks et autre early adopters qui sont la cible favorite de l’entreprise orléanaise. Jean-Christophe Savattier
Niu, le système de commandes à distance lancé par Altyor.
Entreprises et innovation
Le Lab’O enfonce l’accélérateur L’incubateur numérique d’Orléans joue à fond son rôle d’accélérateur de jeunes pousses. Les projets fourmillent, l’agglomération renforce ses moyens et de nouveaux candidats frappent à la porte.
E
n ce début de mois d’août, la torpeur estivale n’a pas gagné le Lab’O. Dans le grand hall du bâtiment industriel autrefois propriété du groupe pharmaceutique Famar, un groupe tient une réunion de travail sur la prochaine campagne commerciale de Nuoo, distributeur de coffrets beauté, tandis que le responsable du site de restauration à domicile Invite1chef.com discute avec un client près de la machine à café. Il y a bien deux jeunes qui jouent au babyfoot près de l’entrée, mais cela fait partie de l’ambiance startup, tout comme la table de ping-pong non loin de là.
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Nous sommes dans l’espace coworking du Lab’O, l’incubateur numérique de l’agglomération orléanaise. Comme l’explique Jérôme Richard, le « chef de la tribu » des résidents, il s’agit d’un espace ouvert ou chacun, même sans être adhérent, peut réserver une table de travail avec connexion internet haut débit et casier sécurisé pour 5 € la demi-journée. À l’étage, des salles de réunions et des espaces loués à la semaine ou au mois. « L’aménagement et les fonctionnalités du bâtiment ont été conçus avec les utilisateurs sur un principe de grande souplesse d’utilisation », ex-
plique Jérôme Richard. Non sans fierté, il ouvre en grand les portes d’une vaste salle située au rez-dechaussée qui va accueillir en septembre sa première promotion d’étudiants de la Wild Code School, l’école de développeurs fondée en Eure-etLoir par Anna Stepanoff et Romain Cœur : « Ils seront une quinzaine pour la première session avec un objectif de 20 à 25 par la suite ». Pas d’exigence de niveau ni d’âge mais une sélection par tests pour les candidats à cette formation de cinq mois, sanctionnée par un diplôme d’État de développeur logiciel, une spécialité très recherchée par les entreprises. Outre les salles de réunion aux noms évocateurs (Tipi, Imaginarium, Cocon, la Bulle) les trois étages du bâtiment abritent les bureaux des vingt-huit entreprises résidentes du Lab’O. Le gros du contingent est fourni par les adhérents de la pépinière d’Orléans Val de Loire Technopole qui a migré au printemps. Orléans Technopole assure d’ailleurs la direction opérationnelle du Lab’O, la vie et l’animation de la communauté étant confiées aux résidents. L’esprit communautaire est de règle et les moyens sont partagés, comme ceux des ateliers de fabrication de prototypes. Les partenaires disposent de bureaux, comme le Village by CA, le réseau de soutien à l’innovation du Crédit Agricole, et l’antenne orléanaise du cabinet de conseil en propriété industrielle Bletry et associés. Inauguré en juin, le Lab’O semble vouloir prendre rapidement de la vitesse. L’Aggl’O enfonce le pied sur son accélérateur numérique en lançant une nouvelle tranche de travaux d’aménagement. En début d’année
numérique prochaine, le quatrième étage accueillera une salle de réception avec terrasse tandis que sera lancé le projet de création d’un Industry Lab, atelier de production de machines innovantes en petites séries. À terme, avec ses 11 000 m2, l’incubateur d’Orléans sera l’un des plus grands de France. Et il en a encore sous le pied,
avec l’ancien entrepôt de Famar dont les 10 000 m2 pourraient héberger les entrepôts logistiques de commerçants en ligne. Si elle a échoué dans sa quête du label French Tech, Orléans n’en pousse pas moins les feux de la nouvelle économie. Et le Lab’O suscite de l’intérêt auprès de la communauté digitale ;
tous les deux mois, le comité de sélection examine une dizaine de candidatures de startups régionales et nationales. En septembre, six nouvelles entreprises ont grossi les rangs des résidents… déjà riches de quelques pépites parmi lesquelles celles qui suivent. Bruno Villeneuve
Des économies grâce au partage avec Styx
«P
rofite de ce que t’as pas ! » : la promesse est aussi simple que paradoxale. Elle s’adresse aux étudiants qui comprennent aussitôt qu’il s’agit de partager des biens et des services au moindre coût. Par exemple trouver un appareil à raclette pour une soirée entre copains, se faire prêter un vélo ou un déguisement, ou bien organiser un déplacement en covoiturage. Les exemples sont infinis tout comme l’imagination des créateurs de Styx Students, la startup qui porte ce projet. À l’origine, trois étudiants orléanais de l’IAE en master marketing événementiel : Fabien Clouet, Dimitri Marie et Rafael de Oliveira. Eux-mêmes confrontés aux problèmes du quotidien des étudiants, ils ont imaginé la création d’une plateforme de partage qui ciblerait cette population. Depuis septembre dernier, ils travaillent
sur le site et l’application styx-students qui s’est trouvé ce pitch un peu trivial et provocateur : « Profite de ce que t’as pas ». Pour faire connaître leur création, les trois jeunes entrepreneurs multiplient les présentations et les recherches de partenariats. Ils ont ainsi participé à une douzaine d’événements de lancement sur les campus d’Orléans et Tours, bien sûr, mais aussi de Nantes, Lyon, Metz et Toulouse. Car le site et l’application proposent également des bons plans pour les étudiants dans chaque ville avec un fil d’actualité locale. Le modèle économique repose d’ailleurs sur la publicité et les partenariats avec des annonceurs locaux et les recruteurs. La formule commence à séduire la population des étudiants. Le site compte 3 000 inscrits, dont 500 sur Orléans. Pas de quoi vivre pour le moment,
c’est pourquoi les trois initiateurs ont créé parallèlement une activité de création vidéo. Ils espèrent beaucoup du lancement de l’application à partir de la rentrée et des tournées de présentation qu’ils vont organiser. Il leur faudra développer fortement l’audience pour retenir l’intérêt des annonceurs et profiter de ce qu’ils BV n’ont pas encore.
Fabien Clouet, Dimitri Marie et Rafaël de Oliveira, lors de leur participation au concours de startups « Bonjour Idée ».
Géonomie, un GPS pour le handicap
P
ermettre à une personne handicapée, quel que soit son handicap, de se déplacer sans difficulté dans un lieu public et se rendre sans erreur à un endroit déterminé avec une précision de l’ordre de 20 centimètres, telle est la
prouesse de l’application Eskelias. « L’idée est d’établir un parcours assisté depuis le domicile de la personne jusqu’au rayon du supermarché où se trouve la boîte de petits pois qu’elle recherche », explique Antoine Bocquého, à l’ini-
tiative du projet et de la création de l’entreprise Géonomie. Un nom qui est aussi une science, celle qui étudie les rapports entre les sociétés humaines et leur environnement naturel. Sensibilisé au problème du handicap, Antoine BocLa Lettre Valloire - Septembre 2016 29
Entreprises et innovation
quého a conçu avec son associé, Tony Rocher, une sorte de robot à roulettes de la taille d’un aspirateur qui est précisément capable “ d’aspirer ” toutes les dimensions d’un espace pour en dresser la cartographie détaillée. Il fait mieux que le Google Car dont le GPS n’a qu’une précision de plus ou moins 5 mètres. Autre avantage, l’application Eskelias utilise une connexion Edge beaucoup moins gourmande que la 3G ou la 4G, offrant ainsi une plus grande autonomie et une couverture plus large à partir de n’importe quel smartphone. Les champs d’utilisation de ce super GPS sont aussi très larges : tous les lieux publics, mais aussi les espaces commerciaux devant se soumettre à des normes d’accessibilité de plus en plus rigoureuses.
Les fondateurs de Géonomie sont en relation avec de grands opérateurs dans le domaine du transport notamment. Ils sont en mesure d’établir un audit de chaque espace sur la base d’un référentiel européen de préconisations en matière d’accessibilité. Géonomie a été la première des startups du Lab’O à réussir une levée de fonds, certes modeste (100 000 €), mais significative pour cette jeune pousse qui ne disposait que d’un capital de départ de 8 000 €, somme obtenue par financement participatif. Un premier emploi a pu être créé, suivi d’un second en cette rentrée. En octobre, les premiers espaces pilotes seront annoncés et l’application Eskelias lancée. En lituanien, Eskelias signifie le chemin. Pour Géonomie, la voie est tracée.
Tony Rocher et Antoine Bocquého, les fondateurs de Géonomie.
G-Keep, le renifleur de réservoirs «L Mathieu Proux tient en main le boîtier électronique qui rend un réservoir intelligent.
es dépenses de carburant représentent 25 % des charges des entreprises de transport, mais c’est un poste qu’il était très difficile de contrôler avec précision » : Mathieu Proux emploie volontairement l’imparfait car il a trouvé la solution. Elle s’appelle G-Keep, le nom de la société
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qu’il a créée il y a trois ans avec deux associés. G-Keep est un boîtier connecté qui rend le réservoir d’un camion intelligent. Pour le gestionnaire de flotte, cela s’entend par le suivi au litre près de la consommation de chaque véhicule équipé. Des systèmes de contrôle existent déjà mais ils nécessitent de percer le réservoir pour y placer une sonde. Avec l’innovation orléanaise, pas besoin d’endommager le réservoir, le boîtier électronique s’y fixe par une courroie et calibre automatiquement sa contenance et les variations du carburant. « Il peut être connecté avec le boîtier de géolocalisation et peut ainsi analyser les variations de consommation sur tout le trajet, ajoute Mathieu Proux. Grâce au logiciel fourni, le gestionnaire de flotte peut avoir une vision extrêmement précise en temps réel. C’est pour lui le moyen d’avoir la garantie que chaque litre de carburant est utilisé à bon escient ». C’est aussi un moyen de lutter contre les vols, externes ou internes, car le boîtier dispose d’une alarme qui dé-
clenche une sirène en cas de siphonnage… ou de vol. Encore au stade de prototype, G-Keep est en cours de test ; après l’obtention d’un prêt d’amorçage, ses créateurs souhaiteraient lever des fonds. Leur système intéresse au plus haut point TomTom Telematics, la filiale du fabricant de GPS dont le service de gestion de flotte, Webfleet, a été adopté par 45 000 entreprises. Mathieu Proux et ses associés tirent aussi une grande fierté d’avoir figuré parmi les finalistes du concours Cleantech Open France, en septembre dernier à Courbevoie, qui sélectionnait les startups les plus performantes dans le domaine de l’éco-innovation. Une récompense justifiée car, en maîtrisant la consommation de carburant, leur solution contribue à la diminution des émissions de CO2. Même s’ils ne se versent pas encore de salaires, les fondateurs du réservoir connecté ont des objectifs ambitieux. Après le transport routier, ils comptent s’intéresser aux engins agricoles et au BTP, et prévoient d’atteindre 6 M€ de CA à l’horizon 2019.
4 MÉTIERS POUR ACCOMPAGNER VOS RESSOURCES HUMAINES
ET VOTRE “STRATÉGIE DE RÉSULTAT”
Bon nombre d’entre nous en convient, être manager aujourd’hui consiste à agir fréquemment en équilibre précaire ; certains vont même jusqu’à dire (nous n’en sommes pas), que manager devient un contrat impossible à honorer…
Développer la performance managériale
Que peut faire l’entreprise ? Entre une économie largement mondialisée, un contexte concurrentiel très prégnant, une société où « la valeur entreprise » a perdu de sa superbe et où la « culture Y » tend à gagner toutes les tranches d’âges, les zones de turbulences et d’instabilité sont nombreuses quand on est manager ; sans parler de la difficulté que certains peuvent ressentir, coincés qu'ils sont (ou qu’ils estiment être) entre l’exigence de résultat à court terme et l’impérieux besoin de préserver la dimension humaine.
dons un système général de management ayant pour objectif de servir la stratégie de résultat de l’entreprise et sous tendu par des valeurs, des pratiques et des méthodes formalisées et partagées. S’assurer de l’existence de ce modèle, de sa pertinence et de sa compréhension par chacun des acteurs de la ligne managériale constitue, de notre point de vue, un point de passage essentiel pour tout dirigeant ou toute équipe de direction souhaitant accroître la performance managériale de son entreprise.
Définir ce qu’est la performance managériale dans un tel contexte n’est pas chose aisée ! Pourtant, l’exercice pourrait s’avérer utile pour ceux qui, par ambition ou par nécessité, souhaiteraient développer les compétences d’encadrement de leurs équipes de managers.
En ce sens, disposer d’éléments tels qu’une charte de management, un référentiel de valeurs ou bien encore un répertoire des pratiques clés, permet de donner du sens, un cadre et des repères à l’action managériale. Cela contribue également à apporter de la transparence dans la communication (cohérence de langage) et à accroître l’harmonie entre le modèle de management prôné et les actes managériaux quotidiens (cohérence de pratiques).
Si la notion d’organigramme hiérarchique fait toujours sens dans les entreprises, chacun fait le constat que la légitimité du manager tient aujourd’hui davantage de ses actes, de ses savoir-faire et comportements, de son réseau relationnel et de ses capacités à agir en transverse, que de son simple statut hiérarchique. De fait, et pour répondre à ce besoin d’agilité croissante, entre conduire ses équipes vers les résultats attendus et créer les conditions durables d’un développement des compétences et des potentiels, l’éventail de compétences à acquérir ne cesse de s’élargir, jusqu’à en devenir quelquefois « indigeste » aux yeux des managers. Si la performance managériale de l’entreprise est par nature liée à la performance individuelle de chaque manager, reconnaissons qu’elle est également fortement tributaire de la qualité du modèle de management prôné par l’entreprise. Par modèle de management, nous enten-
Une enquête réalisée par l’EM LYON BUSINESS SCHOOL en partenariat avec l’APEC (http://presse.em-lyon.com/) mettait en évidence que deux tiers des entreprises de moins de 500 salariés ne disposaient pas d’un référentiel de compétences managériales et qu’en matière de pilotage de la performance managériale, des écarts significatifs existaient entre les discours et les actes. Dans ces conditions, comment espérer fédérer durablement une ligne managériale, diverse de par ses origines, ses références … et la classe d’âge de ses membres ? Face aux nombreux défis que relèvent vos managers au quotidien et à la nécessité de les placer en situation de réussir, la question mérite pour le moins réflexion…
Siège Social Bureaux TOURS Bureaux PARIS 15-17 rue Clisson 75013 Paris 01 49 49 42 95 Bureaux POITIERS Arobase 2 avenue du Futuroscope - 86360 Chasseneuil-du-Poitou 05 49 49 42 95
20 avenue Marcel-Dassault Quartier des 2 Lions 37200 Tours info@actiforces.com 02 47 48 04 00
Bureaux ORLÉANS 3-5 boulevard de Verdun 45000 Orléans 02 38 54 10 52
Bureaux BLOIS 5 rue Copernic 41260 La Chaussée St Victor 02 54 58 95 41
Bureaux BOURGES 3 rue de Séraucourt 18000 Bourges 02 48 21 28 25
Bureaux CHÂTEAUROUX 5bis rue Albert 1er - Etage 1 36000 Châteauroux 02 54 61 23 73
Bureaux CHARTRES 5 rue Louis Pasteur 28630 Le Coudray 02 37 35 82 42
Bureaux BORDEAUX 3 rue du Golf - Parc Innolin 33700 Mérignac 05 56 34 74 01
Bureaux NIORT 3 rue Archimède 79000 Niort 05 49 49 42 95
Entreprises et innovation
Orléans cultive ensemble numérique et végétal
L’été 2018, le campus de l’AgreenTech Valley devrait être opérationnel sur le site d’Orléans-La Source. L’agglomération et ses partenaires ont injecté 5 M€ pour booster un écosystème très prometteur.
«C
omme pour l’aéronautique, l’automobile ou la biologie, la révolution numérique est en marche dans l’agriculture. C’est absolument vital pour l’avenir de ce secteur ! », soutient Christian Saguez, président de Cybeletech, une startup orléanaise qui s’appuie sur des modèles mathématiques pour proposer des « aides à la culture ». Pour ce centralien, créateur d’entreprises, il serait trompeur de penser que l’agriculture prend le train en marche : « Le vivant est complexe. Il y a quinze ans, nous ne savions pas modéliser ma-
thématiquement la croissance des plantes. Aujourd’hui, nous y arrivons. C’est pour cette raison que le numérique arrive seulement maintenant. » C’est un fait que les parcelles et engins agricoles connectés s’installent dans le paysage, le signe d’un mouvement en phase d’accélération. Dans cette course impulsée par la nécessité de produire plus et mieux tout en mobilisant toujours moins de ressources naturelles, l’AgreenTech Valley, ou Vallée numérique du végétal, créée en 2015, espère jouer un rôle moteur. Elle ambitionne, ni plus ni moins, de devenir la référence française pour le développement et l’usage des technologies numériques dans le secteur du végétal. 32 La Lettre Valloire - Septembre 2016
Cette association a de solides cartes en main. Implantée au cœur de la Beauce, présidée par le tout puissant patron de la FNSEA, Xavier Beulin, l’AgreenTech Valley compte parmi ses membres fondateurs, aux côtés de collectivités locales
météorologie et d’autres données encore, Cybeletech est en mesure de proposer des choix d’espèces, de terres, ainsi que des aides à la culture. » Et cela marche. Les clients de sa startup – des semenciers, des coopératives, des
“ POUR RESTER DANS LA COURSE, L’AGRICULTURE A BESOIN DU NUMÉRIQUE QUI PEUT AIDER CERTAINES FILIÈRES À RÉALISER DES GAINS DE PRODUCTIVITÉ. et d’organismes de recherche, des poids lourds du secteur tels l’acteur du développement Sofiprotéol, la coopérative Axéréal ou le fabricant de matériel John Deere. Dix-huit nouveaux membres ont d’ailleurs rejoint le groupe depuis sa création. Christian Saguez, par ailleurs vice-président de l’AgreenTech Valley, croit bien sûr au succès de cette vallée du numérique. « Pour rester dans la course, l’agriculture a besoin du numérique qui peut aider certaines filières, comme le maraîchage, à réaliser des gains de productivité. En collectant, croisant et traitant des informations sur la qualité des sols, la
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transformateurs – sont toujours plus nombreux. Cybeletech, aujourd’hui bénéficiaire, a des fonds propres qui lui permettent de se développer : elle emploiera une dizaine de personnes d’ici à la fin de l’année. Avec la création en 2018 du campus, d’autres jeunes pousses devraient fleurir ici, le terreau étant favorable. À titre d’exemple, l’accord cadre signé entre l’AgreenTech Valley et Teratec (91), le Pôle européen de compétence en simulation numérique haute performance, permet d’accéder à des supercalculateurs : « C’est très intéressant car nous avons besoin de puissance de calcul pour nous développer. » Stéphane Messer
L’Agreen Tech Valley aura son campus en 2018 La Vallée numérique du végétal aura une réalité physique dans le courant de l’année 2018. Les travaux devraient démarrer en fin d’année sur les 7 ha acquis par la communauté d’agglomération à Orléans-La Source, non loin du CNRS et du BRGM qui regroupent une bonne partie de la recherche orléanaise. Le futur campus prévoit la création d’un bâtiment pour accueillir des entreprises et des startups ; il abritera aussi des serres de recherche, ainsi que des laboratoires et un pôle scientifique industriel.
INTERVIEW DE MARC-ANTOINE DE HANNUNA, Directeur des Entreprises et du Territoire au Crédit Agricole Centre Loire
Du régiOnAL à L’intErnAtiOnAL : un ACCOMPAGnEMEnT Sur MESurE Le Loiret et le Cher sont des départements dynamiques et empreints au développement industriel, comment évaluezvous, en 2016, la dynamique entrepreneuriale sur le territoire ? L’année 2016 est marquée par une reprise en dents de scie de l’activité pour la région Centre Val de Loire avec une production industrielle qui s’est accrue de 10,2 % au 1er trimestre, pour se replier de 5 % à fin juillet. Au niveau de la Direction des Entreprises et du Territoire, nous constatons une augmentation des demandes de financement, dans un contexte où le nombre de défaillances d’entreprises recule (-6 % au 1er trimestre).
En tant que banque régionale vous offrez l’expertise d’un grand groupe bancaire, comment accompagnez-vous les entreprises à l’international ? Le Groupe Crédit Agricole bénéficie d’un rayonnement international s’appuyant sur une implantation dans 52 pays. Depuis 20 ans, il a accompagné 32 000 PME et ETI dans leurs projets à l’étranger et il propose une offre de services complète (prospection, implantation à l’international, etc.). Sur le territoire de la Caisse régionale, des équipes dédiées accompagnent la stratégie et le développement des entreprises (Banque d’Affaires, Agences Grands Comptes et PME). Concernant les activités à l’international, un chargé d’affaires dédié s’appuie sur un pôle d’expertise qui traite l’ensemble des opérations courantes (crédits documentaires, change, etc.). En proposant une offre globale et locale, nous sommes la banque des décideurs.
Les intempéries qui ont touché le département ont été d’une intensité rare et ont fortement impacté l’activité économique, quel a été l'accompagnement du Crédit Agricole Centre Loire auprès de ses clients entreprises ? En effet, le département a été durement touché au printemps, notamment sur le secteur du montargois où de nombreuses entreprises ont été sinistrées et ont vu leur outil de production mis à l’arrêt. Face à cette situation, le Crédit Agricole Centre Loire a déployé une « offre de financement coup dur » pour faire le relais avec le versement des primes d’assurance. En outre, les clients ont bénéficié d’un accompagnement par un chargé d’affaires dédié à ce secteur géographique.
Cette opportunité est-elle également offerte aux startups du LAB’O Village by CA ? Le 10 juin dernier était inauguré le LAB’O Village by CA à Orléans. Membre du réseau Village by CA du Groupe Crédit Agricole, ce dernier est l'un des plus grands incubateurs de startups en France (4500 m²). Pour accompagner les entreprises résidant au LAB’O Village by CA, le Crédit Agricole Centre Loire a déployé un dispositif spécifique. Ainsi, un chargé d’affaires Entreprises Innovantes a été recruté et dispose d’un bureau au sein du Village pour être au plus près des projets. En complément des demandes de financement, il assure la mise en contact avec les experts métiers, notamment sur l’activité à l’international.
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Who’s who de l’innovation
FABIEN PRÊTRE
Le pionnier. Fondateur du site d’impression en ligne Easyflyer, il a beaucoup œuvré pour la création du Lab’O et soutient désormais les startups avec FL Capital, un fonds de développement qu’il a créé. Le développement spectaculaire de son imprimerie en ligne, dont le CA double chaque année pour atteindre 5 M€ en 2014, l’a conduit à vendre tout début 2015 au géant Cimpress (Vista Print).
JULIEN HATTON ET MAXIME MOIRE
Buzz native, que les deux associés ont fondée en novembre 2010, est l’une, sinon la première agence de communication digitale et décalée d’Orléans. Aujourd’hui installée à Paris et à Orléans, elle a réalisé plus d’un million d’euros de CA en 2015 et possède un portefeuille de clients prestigieux (Mercure Hôtels, Parfums Christian Dior, nike, la fédé de rugby…).
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FRÉDÉRIC PINNA Le directeur de l’Aritt Centre-Val de Loire est un spécialiste du développement économique converti de longue date à l’innovation. Pour lui, innover ne saurait être réservé aux entreprises à forte intensité technologique. Le savoir-faire d’écoute et d’identification de projets qu’il a développé avec ses équipes a permis à la région Centre-Val de Loire de faire le pari de la « spécialisation intelligente », une première en France. FRÉDÉRIC LASNIER Il n’est pas présent au Lab’O mais dans son château des Hauts, à La Chapelle SaintMesmin, où il a installé le siège de Pentalog (30 M€ de CA en 2015), son groupe de développeurs informatiques offshore, et Pentalabbs, l’incubateuraccélérateur de startups qui compte une quinzaine de rési-
dents. Au même titre que le Lab’O, le château des Hauts veut être le hub du petit monde numérique orléanais : à ce titre, il organise un #rDVDesHauts les 29 et 30 septembre prochains qui balaiera les problématiques digitales du moment. PAUL PIETYRA Le fondateur de nekoé, premier pôle français d’excellence dédié à l’innovation par les services, a créé à la suite Aktan, une entreprise basée à Fleury-lesAubrais qui accompagne les entreprises, les organisations et les territoires en insufflant, en structurant et en pilotant leurs démarches d’innovations services : Thermor, Safran, Michelin ou la SnCF font appel à ses services.
FRÉDÉRIC ROS Le directeur d’Orléans Val de Loire Technopole a fait de sa structure un levier essentiel au service de l’incubation de projets entrepreneuriaux innovants. Frédéric ros, qui mène une activité parallèle de chercheur, peut se féliciter d’avoir contribué à l’émergence de plusieurs pôles de compétitivité dont Dream, dédié aux milieux aquatiques.
JÉRÔME RICHARD
Le fondateur du site de promotion touristique My Loire Valley, un ancien publicitaire, a été élu « chef de tribu » du Lab’O par les résidents de l’incubateur orléanais. un homme d’expérience pour encadrer cette génération de geeks, un peu chiens fous.
STÉPHANIE BESSON Responsable du pôle Réseau, Partenariats et Prospective au sein d’Orléans Technopole, qui gère le Lab’O, Stéphanie Besson assure la direction opérationnelle de ce dernier. Elle est chargée de la mise en place de la stratégie et de la politique du « conseil de tribu », ces chefs d’entreprises élus par les résidents du Lab’O.
La Lettre Valloire - Septembre 2016 35