Magazine Lettre Valloire de décembre 2021

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5€ MAGAZINE N°57 - DEC. 2021

LA MAIN À LA PÂTE

Jean-François Feuillette, fondateur des boulangeries Feuillette



Point de vue Nouveau monde orsque l’air du temps incite à la sobriété, voire à la frugalité de nos modes de consommation et de production, il n’est pas surprenant que les industriels s’appliquent à transposer cette priorité dans leur offre. Comme l’illustre le dossier que nous consacrons aux thématiques du recyclage et du réemploi, les entrepreneurs sont de plus en plus enclins à transformer cette contrainte en opportunités de marché. Le rétrofit recèle une autre vertu : celle de pouvoir pallier les difficultés d’approvisionnement qui, aux quatre coins de la planète, menacent de corseter la reprise de la croissance. Cette appétence pour le local et les circuits courts est sans doute le symptôme d’un basculement vers le nouveau monde qui se dessine sous nos yeux mais dont les contours restent encore imprécis.

L

À rebours de ce grand tremblement, les politiques semblent figés dans leurs pratiques. Les jeux de pouvoirs et les renversements d’alliance intervenus récemment au cœur de la Métropole orléanaise – qui, comme sa cousine tourangelle, sort chamboulée de cette crise de gouvernance – échappent probablement au commun des électeurs et c’est heureux ! Mais Orléans n’est pas Florence et les arrangements de couloir que nous décodons dans cette édition risquent fort de jeter le discrédit sur une institution jeune – le statut métropolitain a été acquis en 2017 – qui paie les remous de la dernière élection municipale.

Ce magazine est un hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Édité par MCM Presse - SAS au capital de 100 000 € - RCS Tours B 450 613 591 - Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours - Adresse postale : BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com - Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) - Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) - Aurélie Vouteau (édition) A participé à ce numéro : Serge Daniel, Johan Galy - Maquette : Régis Beaune - Diffusion : Nadine Gomès - Crédits photographiques : Cyril Chigot : Une, 33, 35, 48 DR : 6, 7, 8, 10, 11, 12, 24, 26, 27, 28, 34, 40, 42, 44, 46, 51, 52, 54, 60, 61, 64, 65, 66 - Jean-Christophe Savattier : 14 - Michel Perreau : 18 - Cyril Ananiguian : 20 - Johan Galy : 22, 36, 66 - Pascal Foulon : 38 - Clément Blanchet Architecture : 55, 56 - Louise Meresse : 58 - D. Tomasso : 62 - Thierry Germain : 63 - Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) - Informations légales : Abonnement annuel 2022 (23 numéros + magazines hors-séries) : 385 € - Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 485 € Prix de ce numéro : 5 € - CPPAP : 0126 I 85872 - ISSN : 1246-4333 - Dépôt légal : Décembre 2021 - Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon.

La Lettre Valloire - Décembre 2021

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SOMMAIRE Décembre

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Points chauds L’actualité du trimestre en bref.

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Reportage Le réemploi des objets est devenu un must dans les secteurs de l’industrie. Tout se conjugue pour faire de l’économie circulaire l’un des piliers de nos sociétés.

26 Politique

Après Tours en juillet, Orléans a renversé en octobre la gouvernance de sa métropole. Exit le socialiste Christophe Chaillou et arrivée aux manettes du maire d’Orléans Serge Grouard.

36 Zoom

Sophie Ferracci, la nouvelle directrice régionale de la Banque des Territoires, goûte le plaisir de travailler dans une région qu’elle connaît et, plus encore, celui de « faire de l’action publique ».

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Entreprises Après des années difficiles, Marco Polo Foods, à Controis-en-Sologne, a retrouvé les recettes qui ont fait le succès dans les grandes surfaces de ses barquettes de sushis.

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Reportage Le fabricant de cartes électroniques Emka Electronique, installé à Pruniers-en-Sologne (41), lance une activité de rétrofit afin de verdir son empreinte industrielle.

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Zoom

Jean-François Feuillette est à la tête du troisième réseau de boulangerie en France. Portrait d’un homme passionné par la pâtisserie qui a fait du fournil le tremplin d’une réussite exceptionnelle.

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Territoires Président de la fédération régionale des promoteurs immobiliers et directeur général de Sully Promotion, Ivain Leroy-Liberge souhaite que l’État se donne les moyens de provoquer « un choc d’offre » pour répondre aux besoins.

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En vue

L’actualité des dernières nominations de responsables et acteurs de la vie économique de la région Centre-Val de Loire.

LaLaLettre 2021 LettreValloire Valloire- Décembre - Septembre 2020 5 5


LE CARRÉ

POINTS CHAUDS

VIP

Cathy Münsch-Masset Ex-première adjointe du maire de Tours

Patatras. La première adjointe socialiste du maire de Tours, qui se serait bien vue présidente de la Métropole en juillet 2020, a fracassé sa carrière politique à cause d’une sordide affaire de détournement de fonds au détriment d’une association d’aide aux personnes handicapées. S’il faut bien sûr respecter la présomption d’innocence de l’intéressée – le procès aura lieu en février – c’est sur une forte suspicion de culpabilité que la justice a été conduite à s’intéresser au train de vie du couple qu’elle forme avec Guillaume Masset, un ancien directeur des impôts. Formé à traquer les fraudeurs, le mari aurait décidé de tester leurs méthodes en ponctionnant 350 000 € en deux ans et demi dans les caisses de l’Apajh 37, une association vivant de dons et de subventions publiques. Mais son train de vie a alerté Tracfin qui a transmis le dossier au procureur. L’épouse ne se serait aperçu de rien durant toute cette période. Après avoir retiré dans un premier temps les délégations de son adjointe, le maire de Tours s’est résolu à accepter sa démission… en respectant bien sûr sa présomption d’innocence.

LAISSEZ-NOUS NOTRE RSA La recentralisation du RSA, expérimentée par l’État en SeineSt-Denis, ne fait pas envie aux six présidents de Départements de la région, réunis à la mi-septembre à Orléans. « Je ne suis pas demandeur », tranche JeanGérard Paumier. « Il faut que nous conservions l’insertion. C’est dans l’ADN de nos collectivités », abonde Marc Gaudet, son collègue du Loiret. L’heure serait plutôt à d’autres expérimentations : « Nous allons tester le cumul du RSA et des revenus d’activité dans le Loir-etCher », explique Philippe Gouet. « Notre vrai problème, c’est l’employabilité des personnes au RSA », ajoute l’eurélien Christophe Le Dorven. L’inflation des dépenses liées au revenu de solidarité active semble stoppée et il devient moins urgent de refiler la patate chaude à l’État. « On voit même une baisse légère du nombre d’allocataires », corrobore Jean-Gérard Paumier (ci-dessous).

POLICE PARTOUT Dans une longue interview accordée à un hebdomadaire local, le maire de Châteauroux et président de Châteauroux Métropole Gil Avérous nie que sa ville soit devenue un coupe-gorge, en dépit du décès au mois de juillet, suite à une agression sauvage, d’un jeune homme en plein centre-ville, tragédie précédée d’une rafale de tirs de kalachnikov sur un véhicule dans le quartier SaintJean, à la fin février. « Châteauroux reste une ville sûre », persiste son maire, figure montante des Républicains.

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Il n'empêche… Gil Avérous annonce que les effectifs de la police municipale vont passer de 23 à 33 agents d’ici à 2023, soit un ratio de 7,3 policiers pour 10 000 habitants, contre 5,1 aujourd’hui, ce qui est supérieur à la moyenne

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des villes de la strate, qui se situe à 4,9. De surcroît, le maire est décidé à « développer les partenariats avec la police nationale, dont les effectifs viennent d’être renforcés ». Décidément, c’est beaucoup pour une ville sûre.

UNE BELLE PLANTE Il fallait se séparer de la mauvaise graine. La ministre de l’Enseignement supérieur vient de démettre de ses fonctions Nicolas Gascoin, le directeur de l’école d’ingénieurs de Blois (Insa). Cette décision trouve ses racines dans des faits – présumés – de harcèlement sexuel et moral envers Lolita Voisin, la directrice de l’École de la nature et du paysage, un établissement qui dépend de l’Insa. Solidaires avec leur directrice, les 150 jeunes pousses de l’école avaient entamé une grève. L’enquête judiciaire est en cours.


À BALLES RÉELLES ! On savait, depuis Catherine de Médicis, que la lumière de la Touraine faisait penser à la Toscane ; on ignorait que l’air était parfois aussi pesant qu’en Calabre ou en Sicile. Plusieurs courriers, naturellement anonymes, ont été adressés à quatre élus tourangeaux : ils contenaient

ERREUR DE PLUME La chaîne de service public France 3, qui ne lâche plus Nicolas Perruchot depuis cet été, a révélé que l’ancien président du conseil départemental n’avait pas écrit une seule ligne de l’ouvrage « L’assassinat politique en France », qu’il cosigne pourtant avec l’historienne Colette Beaune. Le véritable co-auteur serait son ancien directeur de cabinet, Mathieu Geagea, qui avoue sans peine qu’il a rédigé trois des chapitres « en trois ans », mais « en dehors de ses heures de travail » ; Colette Beaune a commis le reste de ce livre qu’elle qualifie « de hasard où se rejoignent deux auteurs très différents ». L’histoire ne dit pas si Nicolas Perruchot se doutait, lorsqu’il a évoqué ce projet à l’automne 2018, qu’il serait luimême victime d’un assassinat politicomédiatique.

chacun une balle de fusil 22 long rifle. Le maire de Tours Emmanuel Denis (EELV), le président de la Métropole Frédéric Augis (LR) et ses deux prédécesseurs Philippe Briand (LR) et Wilfried Schwartz (DVG) en ont été destinataires. L’auteur de ces missives-missiles s’insurge contre le passage du tram boulevard Béranger, au près des platanes centenaires de cette artère du centre-ville. Les menaces ont été prises au sérieux par le parquet qui a ouvert une enquête en retenant la circonstance aggravante de leur destination à des personnes dépositaires de l’autorité publique.

PRUDENCE Jugeant que l’étiquette socialiste est devenue « trop réductrice », et sans doute peu porteuse sur le plan électoral, le maire de Bourges Yann Galut a décidé de ne pas reconduire son adhésion au parti socialiste, qui lui avait pourtant accordé son investiture l’an passé,

lorsqu’il avait remporté la mairie à la tête d’une coalition PS, LFI, PCF, GRS, EELV et Génération.s. Après trente-quatre ans de militantisme, Yann Galut souhaite rompre avec une formation « devenue inaudible et qui ne parle plus à la société ». Toujours « profondément de gauche », l’avocat berruyer hésite cependant à soutenir l’un des candidats de son camp engagés dans la bataille des présidentielles, y compris Arnaud Montebourg, dont il était pourtant le porte-parole en 2017. Il souhaite conserver une certaine neutralité à l’égard du président de la République tout en indiquant que « tout n’est pas à jeter dans sa politique ».

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TWEETS AGAIN

D’Albéric de Montgolfier, sénateur (LR) d’Eure-et-Loir, à propos de son département : « L’Eure-et-Loir, c’est difficile à incarner. Les gens ne savent pas où c’est et ne savent d’ailleurs pas souvent l’écrire non plus. » De Jean-Pierre Gorges, maire dubitatif mais clairvoyant de Chartres, à propos de la volonté de Valérie Pécresse d’être la candidate de la droite à la présidentielle : « Dans le doute, essayons une femme. Mais pas n’importe laquelle. » De Richard Ramos, secrétaire général adjoint du MoDem et député du Loiret, à propos de la volonté de son parti d’incarner, au côté de LaRem, la deuxième force politique de la majorité présidentielle : « C’est comme moi. Je suis un homme de la Loire qui sait regarder vers les deux rives ! » De Harold Huwart, maire de Nogent-le-Rotrou, à propos du groupe d’opposition à l’Assemblée nationale Libertés et territoires, constitué de radicaux, de dissidents de LaRem, de centristes… et d’autonomistes corses : « C’est un zoo, un cabinet de curiosités. Il devrait s’appeler cinquante nuances d’individualisme ». Premier vice-président du parti radical, Harold Huwart comptait obtenir le ralliement de son mouvement à la candidature d’Emmanuel Macron lors du congrès des 10 et 11 décembre. De François Bonneau, président de la Région Centre-Val de Loire, à propos du refus des autorités médicales d’installer une faculté d’odontologie à Tours : « On ne va pas nous la faire à l’envers en 2022 ». Prenant ces menaces de retournement au sérieux, le gouvernement de Jean Castex a heureusement volé au secours de l’exécutif socialiste en annonçant, le 2 décembre, que Tours aurait bien sa faculté dentaire dès la rentrée prochaine.

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POINTS CHAUDS

BURN OUT !

PRÉNOMS Novice en politique, le conseiller régional centriste Périco Légasse s’est fait un nom dans l’hémicycle orléanais après ses propos hasardeux sur les prénoms étrangers tenus sur les ondes de RMC. Tentant désespérément de se raccrocher aux branches après s’être fait rabrouer par l’animatrice de l’émission, il a cherché à stigmatiser les parents des tous les Oussama et Mohamed de la création, au motif – douteux – qu’ils auraient choisi ces prénoms en l’honneur de Ben Laden et de Merah. En pleine déconfiture, le critique gastronomique de Marianne se serait même risqué à jeter l’opprobre sur les géniteurs des Philippe, qui seraient prétendument des sectateurs du maréchal Pétain. Autant dire que cette tentative zémourienne et surtout maladroite de plaider pour l’intégration s’est terminée dans le lac. Pour l’anecdote, on soulignera que Périco Légasse porte lui-même le prénom de son arrière-grand-père espagnol (source Wikipedia).

PAPIVORE Une semaine après avoir épinglé le jeune maire de Salbris Alexandre Avril, accusé d’avoir produit un faux passe sanitaire à l’entrée d’une réunion du syndicat intercommunal, le Canard Enchaîné en a remis une couche, dans son édition du 13 octobre. Un mystérieux quidam se serait présenté à la maison de la presse de Salbris, mercredi 6 octobre « aux aurores », pour rafler les 13 exemplaires de l’hebdomaire qui relatait « l’affaire du passe sanitaire » dévoilée quatre jours plus tôt par La Nouvelle République. Qui était ce mystérieux papivore solognot ? Et surtout, qui est assez intime avec le gérant de la maison de la presse pour recueillir ses confidences et les livrer au Canard Enchaîné ? On se perd en conjectures...

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EN FROID Au conseil municipal de Chartres, l’atmosphère était glaciale dès le mois de septembre. Le maire Jean-Pierre Gorges n’a pas eu de mots assez durs à l’endroit de ses adversaires écologistes, leur reprochant d’établir une « dictature dans ce pays » et de ne rien faire de concret contre le réchauffement climatique. La patinoire mobile installée pour les fêtes de fin d’année était au cœur de ces échanges réfrigérants où les protagonistes furent à deux doigts de déraper. La température a encore baissé d’un cran lorsque Jean-Pierre Gorges – qui avait menacé à plusieurs reprises de leur couper le micro – a vivement recommandé à ses contradicteurs « d’éteindre leurs frigos » (sic).

LE B U GDU TRIMESTRE

« ATTRISTÉ MAIS SOULAGÉ… »

Le maire de St-Cyr-sur-Loire n’a pas échappé à une condamnation à la prison ferme à l’issue du procès Bygmalion, dont les verdicts ont été rendus dans la matinée du 30 septembre. Philippe Briand, qui était président de l’association de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy, a été condamné à deux ans de prison, dont un avec sursis ; il est également déclaré inéligible durant trois ans. Le procureur avait requis contre lui trois ans de prison avec sursis, cinq ans d’inéligibilité avec privation des droits civiques et 80 000 € d’amende. L’ancien questeur de l’Assemblée nationale, qui se disait après le procès, « attristé mais soulagé », considérant que le jugement était « proportionné, mais correct », n’a pas souhaité faire appel de sa condamnation. Celle-ci va se traduire par le port d’un bracelet électronique durant un an, mesure qui se substituera à la peine de prison ferme. Reste l’amertume de « cette spirale qui m’a pourri la vie et empêché de dormir ces derniers mois ». Quant à Nicolas Sarkozy, il a été condamné à un an de prison ferme pour « financement illégal de sa campagne pour l’élection présidentielle de 2012 ». Rappelons que l’ancien chef de l’État est sous le coup d’une deu-xième condamnation de trois ans de prison, dont deux avec sursis, dans l’affaire dite « des écoutes » ; il a toutefois fait appel, comme toutes les autres personnes condamnées dans l’affaire Bygmalion… à la notable exception de Philippe Briand.


La Faculté de Droit, d’Économie et de Gestion d’Orléans renforce ses liens avec les entreprises. Son Club des Partenaires a vocation à devenir un acteur majeur de l’influence de la Faculté au bénéfice de l’attractivité des territoires. « Nous travaillons en étroite coopération avec les acteurs économiques et académiques. Dirigeants, professionnels, praticiens et universitaires agissent de concert au bénéfice de nos étudiants, qui sont les cadres de demain, témoigne Pierre Allorant, Directeur de la Faculté de Droit, Économie et Gestion de l’Université d’Orléans. Nous menons une action volontariste pour associer et intégrer de plus en plus d’acteurs économiques au Club des Partenaires. L’objectif est de renforcer le rayonnement de la Faculté, au service d’une insertion de qualité et d’un épanouissement de nos étudiants et pour faire connaître tout leur potentiel aux entreprises, grandes ou petites, régionales ou nationales ». « En effet, compte tenu de l’ampleur du rebond économique, nos partenaires sont confrontés à des difficultés de recrutement qui entravent leur développement », soutient Marc Dumas, Président du Club des Partenaires. « Nous pouvons créer des interactions fructueuses entre ces derniers et nos étudiants ». Le Club des Partenaires de la Faculté compte aujourd’hui une trentaine de membres et devrait considérablement étoffer ses rangs dans les mois à venir. « Nous entendons diversifier et élargir notre socle de partenaires » poursuit Pierre Allorant. « Nous sommes en mesure d’accueillir aussi bien de grosses entreprises comme le Crédit Agricole, Engie, la Poste ou la Banque de France, des cabinets d’avocats libéraux et des partenaires académiques avec qui nous

travaillons déjà de concert (comme récemment pour le lancement d’un Diplôme Universitaire sur le dialogue social). C’est cette mixité qui va constituer notre richesse » estime Marc Dumas. Cette structuration de l’écosystème de la Faculté de Droit, Économie et Gestion vise à épauler ses desseins pédagogiques qui font la part belle à l’innovation. « Nous souhaitons consolider notre position de pôle universitaire de référence dans la digitalisation des métiers du droit, de l’économie et du management » précise ainsi Pierre Allorant. « Nous misons beaucoup sur les doubles formations droit et économie-gestion, sur l’atout considérable de compétences croisées et complémentaires pour nos étudiants ». Cette innovation s’inscrit aussi dans le grand projet urbanistique du Campus Madeleine : l’implantation au cœur de la capitale régionale de 4 200 étudiants. « Ce projet majeur renforce mutuellement l’attractivité de nos cursus et le dynamisme de la métropole orléanaise, donc nos liens avec tous les partenaires socioéconomiques ». Afin de faire vivre et croître le Club des Partenaires, ses membres organisent rencontres et événements, comme récemment à l’Hôtel Dupanloup. L’ambition concrète consiste à porter le projet de mécénat culturel de la rénovation de la Chapelle Saint Charles sur le site Madeleine, joyau architectural et, bientôt, outil de rayonnement pour l’Université et la ville. Publi-reportage


REPORTAGE

LES PRODUITS INDUSTRIELS IRONT-ILS VERS LA VIE ÉTERNELLE ? Le réemploi des objets est devenu un must dans les secteurs de l’industrie, mais aussi pour une large part de l’opinion. Préoccupations environnementales, mais aussi façon vertueuse de lutter contre les ruptures d’approvisionnement : tout se conjugue pour faire de l’économie circulaire l’un des piliers de nos sociétés.

edonner une seconde vie aux objets du quotidien, remettre en état des produits industriels jusqu’alors voués à la casse, démanteler et valoriser des composants toxiques ou fortement consommateurs de ressources énergétiques... Que ce soit chez les particuliers ou les professionnels, le recyclage, la valorisation et le revamping ont le vent en poupe. « Naturellement, la montée en puissance des questions environnementales constitue un terreau très favorable à cette nouvelle dynamique », nous indique dans les pages qui suivent Patrick Marionneau, le pdg

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d’Emka Electronique. Cette société, qui exploite une unité industrielle à Pruniers-en-Sologne (41), n’hésite plus aujourd’hui à réparer les cartes électroniques défectueuses qu’elle produit en petite série, les mêmes qu’elle envoyait impitoyablement au rebut il y a encore quelques années. Nous présentons d’ailleurs ce nouveau modèle dans les pages du dossier que nous consacrons à ces thématiques. « Bien sûr, c’est une façon de lutter contre les gaspillages, d’apporter notre contribution à la lutte contre l’épuisement des ressources, de s’adosser à des circuits courts.


L’INDICE DE RÉPARABILITÉ, STAR DU RÉEMPLOI

Les Ressourceries jouent aussi un rôle important de lien social et d’insertion par l’emploi.

Il s’agit aussi de remédier aux difficultés d’approvisionnement auxquelles sont confrontés la plupart des secteurs industriels », poursuit Patrick Marionneau.

compétitif de réparer des pièces critiques in situ plutôt que d’espérer leur acheminement à partir d’un point éloigné de la planète.

LUTTER CONTRE LES GASPILLAGES, MAIS AUSSI REMÉDIER AUX DIFFICULTÉS D’APPROVISIONNEMENT Les premières phases de la pandémie, puis la forte reprise qui s’en est ensuivie ont profondément déstabilisé les supply chains à l’échelle mondiale. Partant, il est devenu économiquement

« Ce qui est intéressant, suggère ce consultant de Tech Ethic, une structure qui conseille les entreprises technologiques dans leurs stratégies de développement durable et de responsabilité sociale,

Depuis le 1er janvier 2021, la loi oblige les producteurs de petit ou gros électroménager à apposer sur leurs matériels des macarons affichant leur indice de réparabilité. Un indice qui, semble-t-il, est de plus en plus apprécié par les consommateurs adeptes d’une certaine frugalité. Dès le 1er janvier prochain, les fabricants n’ayant pas fourni les indices de réparabilité pour les appareils concernés se verront appliquer une pénalité pour chaque modèle « oublié ». La première place de la réparabilité revient aux… tondeuses à gazon, selon un classement établi par le site de e-commerce Spareka, devant les lave-linges, les smartphones et les téléviseurs. Les ordinateurs portables végètent en cinquième position avec une note médiocre de 5,87 sur 10. « Produits esthétiques et légers, ils ne sont pas conçus pour être ouverts et réparés facilement », observent les experts de Spareka, la palme de la non-réparabilité revenant aux produits de la marque Microsoft qui arborent une peu flatteuse note de 3,78/10.

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REPORTAGE

c’est d’assister au changement de paradigme de la supply chain dans son ensemble. Celle-ci n’a plus comme objectif principal de fournir le coût le plus bas et le service le plus rapide. Elle doit désormais intégrer des facteurs techniques, environnementaux et sociaux complexes. C’est tout le concept de slow logistic. Les flux ralentissent, les objets sont moins disponibles. Dans ce contexte, la remise en état de produits de consommation courante ou de pièces industrielles est devenue une activité à plus forte valeur ajoutée. C’est un principe de base de l’économie : la rareté, même relative, produit de la valeur. » Inspirées par les génies de l’économie de marché, les entreprises industrielles ne se sont pas contentées de faire face à leurs obligations légales et réglementaires qui se sont très nettement durcies ces dernières années. Cette pression du législateur français et européen a conduit à

l’adoption de la responsabilité élargie du producteur (REP), qui repose sur le principe que les fabricants sont responsables des produits qu’ils mettent sur le marché, et ce jusqu’à leur fin de vie. En découle l’obligation pour eux d’assurer la collecte et le traitement du produit devenu déchet. Cette nouvelle disposition impose de prévoir, de la conception

RESPONSABLE DES PRODUITS MIS SUR LE MARCHÉ ET CE, JUSQU’À LEUR FIN DE VIE ” jusqu’à la fin de vie des produits, des mesures individuelles ou collectives permettant de réduire au maximum leur impact environnemental. Certaines entreprises ont tiré avantage de ces contraintes en construisant de solides modèles d’affaires. C’est, par exemple, le cas d’Orrion Chemicals Orgaform à Semoy (45),

Patrick Marionneau, le patron d’Emka Electronique, reconnaît que la montée en puissance des questions environnementales constitue un terreau très favorable à la dynamique du réemploi

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un autre modèle vertueux que nous présentons dans ce dossier. L’entreprise orléanaise a inauguré il y a quelques mois une usine de recyclage qui transforme la mousse polyuréthane des matelas usagés en un liquide visqueux et breveté qui permet la fabrication de nouvelles mousses à matelas. Un pas de plus vers la vie éternelle des objets. De son côté, le castelroussin Eu-

rostyle Systems, qui fabrique des pièces d’habitacle automobile en plastique, s’est lancé dans une démarche Less Plastic afin de réduire la dépendance de son industrie aux produits pétrosourcés. Son bureau d’études travaille sur de nouvelles solutions à partir de matières authentiques biosourcées, comme le liège ou le lin, ou issues de déchets. Cela devrait permettre aux clients constructeurs automobiles de l’entreprise d’afficher un meilleur bilan environnemental, mais aussi de proposer aux jeunes générations des ambiances et des conforts en correspondance avec leurs aspirations écologiques. Ces innovations produits sont d’autant plus exemplaires que le taux de valorisation de la plupart des objets de consommation a plutôt tendance à végéter. C’est le cas des équipements électriques et électroniques (ordinateurs, petit électroménager, télé-


phones portables), dont les déchets – les fameux D3E – pullulent aux quatre coins de la planète. Un rapport récent publié par l’ONU révélait qu’en 2019, seulement 17,4 % des 57 millions de tonnes produites chaque année à l’échelle de la planète étaient recyclées. Plus de 50 % de ces produits sont des déchets d’électroménager, une catégorie de produits que l’on retrouve de plus en plus fréquemment sur les étals encombrés des ressourceries. Émanation de réseaux militants plutôt classés à gauche et des propagandistes de l’économie sociale et solidaire, ces unités – on en compte plus de 160 sur l’ensemble du territoire français – remplissent quatre missions : la

collecte des objets délaissés du quotidien, leur valorisation et leur réparation après une vigoureuse inspection, la vente au meilleur prix, ainsi que la sensibilisation des populations aux thématiques environnementales. « Nous jouons aussi un rôle important de lien social et d’insertion par l’emploi », nous précise Sophie Robin, la directrice de la Ressourcerie La Charpentière de La Riche, près de Tours, l’une des huit ressouceries disséminées sur l’ensemble du territoire régional : « Nous infusons une culture du réemploi et de la réparation des objets du quotidien qui est historiquement très prégnante dans les milieux populaires. » Jean-Christophe Savattier

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REPORTAGE

UN RÉEMPLOI QUI COULE DE SOURCE À La Riche, près de Tours, la Ressourcerie La Charpentière s’efforce de donner une seconde vie aux objets du quotidien. Ce pilier tourangeau de l’économie circulaire, soutenu par la collectivité régionale, est aussi un vecteur puissant de mixité sociale et d’aide auprès des populations démunies. Ce n’est pas le business qui y prime, mais l’utilité sociale. uverte depuis 2015 sur une friche industrielle tourangelle jadis occupée par un centre de formation de maintenance d’ascenseurs, la Ressourcerie La Charpentière connaît un franc succès, à peine écorné par la crise sanitaire. Selon Sophie Robin, sa directrice, qui est aussi la fondatrice de l’association, « le projet répond à un besoin très fort de la population qui, toutes classes sociales confondues, a pris conscience que l’on ne pouvait plus continuer à jeter des objets sans leur donner une possibilité de réemploi ». Mais cet engouement récent a, selon elle, pris racine dans la culture populaire. Cette fille d’ouvriers franciliens aux sept frères et sœurs se rappelle avoir vu son père réparer inlassablement des objets familiers : « Les bobos se sont emparés du sujet, mais dans les quartiers où résident les catégories sociales modestes et à la campagne, on a toujours réparé, réemployé, réutilisé les choses, principalement pour des raisons économiques. L’économie circulaire, on la pratiquait naturellement sans la désigner comme ça ! »

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Après avoir bourlingué une vingtaine d’années en Afrique, Sophie Robin a souhaité tester et implanter en Touraine ce concept qui n’en était qu’à ses balbutiements : « Aujourd’hui, ce type d’établissement fleurit un peu partout dans la région. La dernière ressourcerie en Sophie Robin

date vient d’ouvrir ses portes près de Chartres. Mais nous avons été parmi les pionniers. » Pas question de confondre les ressourceries avec les entreprises de recyclage ou d’insertion : « Nous avons beaucoup de points communs avec Emmaüs. Comme


eux, nous disposons d’un espace de vente et nous faisons aussi un peu d’insertion sociale en accueillant des stagiaires dans le cadre de formations professionnelles qualifiantes. Mais notre fer de lance, c’est bien le réemploi des objets du quotidien. » Les particuliers désireux de donner une seconde vie à une cafetière électrique, un meuble, un ordinateur ou à une machine à coudre peuvent être accueillis dans des ateliers par des techniciens bénévoles ou des stagiaires – la maison en dénombre près de 200 au total, tous types d’activités confondues – qui les aident à remettre l’objet en bon état de marche : « La logique qui soustend notre fonctionnement, c’est la réciprocité et l’échange de connaissances et de savoir-faire. Notre ressourcerie est aussi un formidable lieu de mixité sociale et de lutte contre l’isolement et la relégation. Le jeune des quartiers côtoie l’ingénieur à la retraite. » L’impressionnant bric-à-brac qui se déploie sur 1 000 m2 produit une impression trompeuse. La gestion de ce miroir inversé de notre société d’hyper consommation réclame une organisation minutieuse ainsi qu’une distribution harmonieuse des espaces et des compétences. Zones de dépôt des objets, ateliers de reconditionnement, notamment des matériels informatiques entassés dans une sorte de caverne d’Ali Baba numérique, espaces de vente soignés par des bénévoles qui palabrent parfois longuement avant de fixer le prix

des marchandises : rien n’est laissé au hasard dans cette ruche d’objets. « En moyenne, nous recevons chaque année près de 50 tonnes de dépôt. Seulement 9 % des volumes sont réorientés vers les filières de recyclage. C’est un très bon score. Le reste est immédiatement réemployé ou revendu à un prix imbattable dans notre espace de vente »… qui joue bien sûr un rôle social de première importance, compte tenu des tarifs pratiqués : « L’un de nos gros challenges, c’est de pouvoir proposer une tour d’ordinateur reconditionnée et un écran pour moins de 40 €. Nous ne luttons pas seulement contre l’obsolescence programmée. Nous favorisons l’inclusion numérique et contribuons, à notre niveau, à la lutte contre l’illectronisme. » En moyenne haute, le magasin peut recevoir près de 200 personnes par jour. « Les utilisateurs de nos services d’assistance fixent eux-mêmes le prix de leur adhésion à l’association et celui de la réparation. Avec les ventes en magasin, nous parvenons à générer un CA de 80 000 € », explique Sophie Robin. Si l’on ajoute les aides apportées par les collectivités – et notamment la Région Centre-Val de Loire qui fait du développement de l’économie circulaire un de ses enjeux – la Ressourcerie parvient à financer un salaire, celui de la directrice, et les frais de structure de l’association. « Avant la crise sanitaire, nous avons employé jusqu’à quatre salariés. Le confinement nous a obli-

gés, la mort dans l’âme, à nous en séparer. Mais nous devrions pouvoir réembaucher dans les prochains mois, compte tenu de la reprise de l’activité ». Le savoirfaire des permanents et des bénévoles acquis dans la réparation et le réemploi des objets constitue… une ressource convoitée : « Nous pouvons être consultés par des commissions qui se penchent sur l’indice de réparabilité des appareils électroménagers et électroniques, souligne Sophie Robin. L’affichage est obligatoire sur cinq catégories d’objets depuis le 1er janvier 2021. » Jean-Christophe Savattier

DES RESSOURCERIES À FOISON En région Centre-Val de Loire, le mouvement des ressourceries a connu un essor récent qui s’est traduit par plusieurs ouvertures d’établissements entrant dans cette catégorie après la création de la pionnière, La Recyclerie à Vendôme. Depuis, plusieurs projets, soit d’initiative privée, soit portés par, exemple, par des régies de quartier, ont été créés aux quatre coins du territoire régional comme à Tavers, dans le Loiret (Les Ateliers LigéteRiens), à Blois (Les Bonnes Manières), à Orléans et St-Jean-de-Braye (La Ressource AAA). Une dernière installation vient d’avoir lieu à Mainvilliers, près de Chartres. Tous ces sites sont adhérents au réseau national des Ressourceries. https://ressourceries.info/

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PUBLI-INFORMATION

Dev’Up : l’agence régionale au service exclusif des territoires et des entreprises

L’agence économique régionale, qui aura accompagné 470 projets de développement d’entreprises en 2021, souhaite approfondir ses liens avec les intercommunalités auxquelles elle ouvrira les portes de son conseil d’administration. Elle souhaite aussi étoffer le socle de ses missions dans les domaines du numérique et de la transition écologique.

Dev’Up est à l’origine du projet d’implantation d’une base logistique d’Intersport sur le parc d’activité Porte de Touraine, à Autrèche.

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hef de file de l’animation économique des territoires, Dev’Up n’est pas « au service de l’institution régionale, mais exclusivement au service des entreprises et des hommes et des femmes qui font la richesse de nos bassins d’emploi », a indiqué Francois Bonnneau, le président de la Région, lors de la présentation du bilan d’activités 2021 de l’agence. Ce panorama a mis en évidence le rôle joué par

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Dev’Up, au côté de toutes les intercommunalités partenaires, dans la résilience du tissu économique fragilisé par la crise sanitaire : « Nos interventions ont permis de préparer le rebond qui s’avère très puissant et qui déjà produit ses effets », reprend François Bonneau qui préside également Dev’Up. Ainsi, en 2021, l’agence a accompagné 470 projets qui ont permis de générer 1,337 Md€

d’investissement, entraînant la création ou le maintien de 6 480 emplois. Par ailleurs, les équipes de Dev’Up ont réussi à identifier et à accompagner 23 projets de relocalisation adossés aux dispositifs initiés par l’État dans le cadre du plan de relance. Avec, en point d’orgue, les contrats de conditionnement de vaccins contre la Covid-19 décrochés par les sous-traitants pharmaceutiques Delpharm


à St-Rémy-sur-Avre (28) et Recipharm à Monts (37). « L’État, qui siège à notre conseil d’administration, est un partenaire essentiel. Nous allons d’ailleurs poursuivre dans cette voie en 2022 avec de nouvelles initiatives », annonce François Bonneau qui souhaite qu’une vingtaine de nouveaux projets de relocalisation soit accompagnés dans les douze prochains mois. Toujours à l’actif du bilan, on notera que Dev’Up a fédéré les quelque 400 développeurs économiques du territoire régional employés par les structures intercommunales et le réseau consulaire : « C’est probablement l’une de nos réussites les plus marquantes, commente François Bonneau. Cette démarche est au cœur de notre stratégie et je suis heureux d’observer que les collectivités sont aujourd’hui convaincues que Dev’Up est au service de leur prospérité. » D’ailleurs, les dirigeants de l’agence souhaitent renforcer dès l’an prochain leurs liens avec ces instances locales en créant un collège de 21 représentants des communautés de communes et d’agglomération au sein du conseil d’administration : « L’idée, c’est de les associer étroitement aux décisions de l’agence, mais aussi de leur permettre d’accéder à une offre de services plus complète, via le programme de formation de l’université des développeurs ou d’actions spécifiques de formation. » Plusieurs autres actions fortes

vont émailler l’année 2022. Tout d’abord, en collaboration avec l’État, Dev’Up va lancer à l’attention des entreprises un dispositif de sensibilisation et de formation à la cybersécurité. Il s’appuiera notamment sur les ressources de l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi). « Compte tenu de la montée de la menace informatique qui peut compromettre la survie des entreprises, il nous a paru indispensable de nous associer à cette démarche. Lorsqu’un accident ou un incendie survient dans sa société, le dirigeant sait composer le 18. En revanche, il ne

sait pas à qui s’adresser lorsqu’il est confronté à une attaque informatique », estime François Bonneau. Toujours dans le domaine du numérique, l’agence mène le projet de création d’un e-DIH (Digital Innovation Hub) qui permettra dès l’automne 2022 d’accompagner les projets de transformation numérique des entreprises. Enfin, la feuille de route de Dev’Up prévoit la création d’un pôle de soutien à la transition écologique et énergétique des entreprises.

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REPORTAGE

UN RECYCLAGE À L’INFINI À Semoy, Orrion Chemicals Orgaform recycle chimiquement des matelas en mousse de polyuréthane usagés. Son procédé unique au monde intéresse les secteurs de l’automobile et de l’ameublement. mousses qui entreront dans la composition de matelas neufs. En terme d’économie circulaire, comme de recyclage des déchets, difficile de faire plus vertueux : « Le recyclage chimique permet un recyclage à l'infini. Le recyclage mécanique permet seulement d'augmenter la durée de vie », résume Christian Siest, le président d’OCO. Le point de départ de ce défi économique et environnemental remonte à un appel d’offre européen auquel OCO est la seule Christian Siest va doubler son unité de recyclage de mousse polyuréthane

est un marché français, sinon européen, aux frontières inexplorées qui s’ouvre pour Orrion Chemicals Orgaform (OCO), l’entreprise de chimie basée à Semoy, près d’Orléans, spécialisée dans la fabrication d’adhésifs et de produits de formulation. Il y a quelques mois, OCO a inauguré une usine de recyclage qui, selon une technique chimique présentée comme unique au monde, transforme la mousse polyuréthane des matelas usagés en un liquide visqueux, le polyol Renuva. Une fois refroidi, le liquide est utilisé par Icoa France, dans l’Aube, pour fabriquer de nouvelles

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Enfin, elle contractualise avec ÉcoMobilier pour le stockage et l’acheminement des matelas : « En France, 3 000 déchetteries ont des bennes à meubles. Les meubles arrivent ensuite dans des centres de pré-tri et les matelas sont transportés vers des unités de démantèlement où la mousse est séparée des tissus. Éco-Mobilier a subventionné 475 000 € pour faciliter la mise en place de cette filière », précise le président d’OCO. Une subvention de 950 000 € de l’Ademe et une avance rem-

L’ENTREPRISE A RECRUTÉ DIX SALARIÉS À SEMOY POUR TOURNER EN 3x8 ” entreprise française à avoir répondu : « Le process pour recycler le polyuréthane de mousses neuves était un process connu, mais il n’était pas adapté aux mousses usagées. Se posait aussi la question du transport », explique Christian Siest. Orrion Chemicals construit alors sur son site de Semoy une unité pour recycler annuellement 200 000 matelas usagés – 5% du gisement français – et travaille pour accroître l’efficacité de la réaction chimique de dépolymérisation.

boursable de 450 000 € du Programme d’investissements d’avenir (PIA) ont permis à l’entreprise de recruter dix salariés pour faire tourner en 3x8 son unité de Semoy qui doublera sa capacité dès l’an prochain. Et elle ambitionne d’en installer dix autres en France : avec 30 millions de matelas en fin de vie en Europe chaque année, le potentiel est considérable. Dans le même temps, l’automobile et le bâtiment regardent avec intérêt ce mode de recyclage chimique. Johann Galy



REPORTAGE

EMKA ÉLECTRONIQUE INTERVIENT « À LA CARTE » Le fabricant de cartes électroniques Emka Electronique, installé à Pruniers-en-Sologne (Loir-et-Cher), lance une activité de rétrofit afin de verdir son empreinte industrielle… et faire face à la pénurie de composants. y a encore quelques années, Patrick Marionneau, le pdg du fabricant de cartes électroniques Emka Électronique (17 M€ de CA), n’aurait jamais imaginé que les activités de réparation de cartes défectueuses puissent intéresser ses clients. « Le remplacement de composants complexes était rarement justifié économiquement par rapport au prix série de la carte complète », reconnaît volontiers le patron de la PME de Pruniersen-Sologne (41). Mais les temps ont changé. « Le sujet de l’empreinte environnementale est devenu une thématique forte. Nous ne pouvons pas passer à côté, à la fois pour des raisons citoyennes, mais aussi parce que ces préoccupations sont parta-

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gées par nos salariés. Les politiques environnementales peuvent constituer un levier de mobilisation interne, poursuit Patrick Marionneau qui entame cette année une démarche RSE. Et notre industrie est en proie à de sévères pénuries de composants. Les clients deviennent intéressés par une remise en état qui va leur permettre de poursuivre leur activité. » Après avoir posé ce diagnostic, le dirigeant se devait d’agir : « Il y a quelques mois, nous avons acquis pour 50 000 € une machine de réparation semi-automatique. » L’équipement chauffe les attaches des composants et permet de les dessouder « à condition que nous disposions du composant défectueux sur une carte qui peut en

En réparant des cartes électroniques, Patrick Marionneau fait coup double.

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comporter plus de 300 », explique Patrick Marionneau. Après avoir testé ce process en interne sur plusieurs types de cartes qui n’avaient pas réussi à passer sous les fourches caudines du contrôle qualité, celui-ci a été proposé à plusieurs clients et prospects. « Nous avons eu pas mal de marques d’intérêt et quelques commandes sporadiques. Nous sommes même en train de discuter avec l’un de nos concurrents qui rencontre de graves difficultés d’approvisionnement », poursuit le président d’Emka. Certains donneurs d’ordre, qui doivent maintenir leurs produits dans le temps, auraient aussi marqué de l’intérêt : « Notre prestation peut éviter à ce type de client, qui doit souvent être dépanné en urgence, de relancer auprès de son fournisseur une production de dizaines ou de centaines de pièces. » Pour autant, Patrick Marionneau n’attend pas monts et merveilles de ce nouveau service. La facturation devrait se limiter « à quelques dizaines de milliers d’euros. Mais elle constitue un point d’entrée très attractif pour adresser de nouveaux clients ». JCS



REPORTAGE

LE RÉTROFIT QUI VA DE L’AVANT La start-up orléanaise Transition-One attend une ultime homologation pour lancer sur le marché national son unité de rétrofit qui transforme un véhicule thermique en véhicule électrique. Une levée de fonds de 8 M€ devrait y contribuer. l n’est ni écolo ni passionné par le monde automobile. Il serait plus juste de dire qu’Aymeric Libeau, créateur de la startup orléanaise Transition-One qui transforme les véhicules thermiques en véhicules électriques, est un citoyen préoccupé par l’avenir de la planète. Le déclic, il l’a eu précisément le 10 juillet 2017 lorsque le ministre de la Transition écologique et solidaire annonce la fin de la vente des véhicules thermiques pour 2040. Aymeric Libeau s’en souvient comme d’un moment char-

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nière. Celui d’une prise de conscience. « Je me suis dit : j’aurai alors 70 ans et je n’y pense même pas. La question qui s’est imposée est devenue celle-là : comment fait-on évoluer le comportement

ON TABLE SUR UNE HOMOLOGATION AU PREMIER SEMESTRE 2022 ” d’une nation avec des objectifs aussi lointains ? » Convaincu que l’urgence climatique impose de réduire au plus

Aymeric Libeau est capable de transformer une voiture en 4 heures

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vite nos émissions de gaz à effet de serre, Aymeric Libeau trouve la réponse de manière rationnelle : « Les transports génèrent 31 % des émissions de gaz à effet de serre et la moitié, soit environ 16 %,

proviennent des voitures. Pour avoir un impact, il fallait donc viser les voitures et le plus grand nombre possible, donc les modèles les plus standards. Nous avons ainsi défini un catalogue de 14 voitures légères qui font moins de 100 kilomètres par jour. » Le vade-mecum est là, couché sur le papier. Reste à trouver les solutions techniques pour transformer, à bas coût, un véhicule thermique en véhicule électrique. Les initiés appellent ce tour de passe-passe mécanique le rétrofit. En 2018, il charge les étudiants de l’école Polytech de plancher sur le sujet. Les résultats sont probants. Au Lab’O, l’incubateur orléanais, Aymeric Libeau confectionne alors le prototype. Ses ambitions prennent corps et se chif-


frent à la hauteur des enjeux environnementaux : transformer 100 000 véhicules dans les cinq ans à venir. « Ce n’est pas une solution du monde automobile, c’est une solution de transition écologique. En France, il y a 39 millions de véhicules, dont 2 millions de véhicules neufs supplémentaires par an. Les ventes de véhicules d’occasion progressent. Que faiton de tous ces véhicules thermiques ? », questionne Aymeric Libeau. La réponse, il l’a. Pour 7 000 à 8 000 €, Transition-One est capable en 4 heures de transformer une voiture polluante en un véhicule propre, tout en lui conservant la même puissance. Seulement, depuis plusieurs mois, la

startup a du mal à enclencher la seconde. Le manque de financement empêche de passer sous les fourches caudines des homologations qui coûtent cher. D’où la levée de fond de 8 M€ : « On table sur une homologation au premier semestre 2022 et actuellement on travaille sur la phase industrielle », poursuit Aymeric Libeau. « L’idée est de produire des unités de retrofit assemblées et testées, puis d’en faire la livraison », précise le patron de Transition-One qui compte aujourd’hui huit salariés. Avec l’ambition d’en recruter une dizaine supplémentaire une fois le feu vert donné par le Centre national de réception des véhicules (CNRV).

À l’échelle nationale, deux entreprises ont obtenu ce fameux sésame : l’une, R-FIT, basée à Cassis (Bouches-du-Rhône), qui réalise des kit rétrofit pour les 2 CV et les voitures anciennes ; l’autre à Montreuil (Seine-Saint-Denis), qui fait la même chose pour les mobylettes. Aymeric Libeau ne doute pas que Transition-One sera la troisième. La route serait alors dégagée pour cheminer vers une mobilité propre. S’il réussit son pari, il pourra mettre à son actif une deuxième success story après celle de Pentalog, la plateforme de services IT qu’il a co-fondée il y a vingtcinq ans avec quelques autres Orléanais. Johann Galy

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REPORTAGE

EUROSTYLE PRÉPARE L’APRÈS-PLASTIQUE Pour réduire la part du plastique dans ses pièces automobiles, l’usine Eurostyle Systems de Châteauroux fait appel à des matériaux biosourcés. La demande émane des grands constructeurs, soucieux de leur empreinte environnementale. argement utilisés pendant des décennies dans le secteur de l’automobile, les plastiques pétrosourcés – c’est-àdire issus du pétrole, NDLR – n’ont plus bonne presse chez les constructeurs, ceux-ci souhaitant en diminuer la présence dans leurs futurs véhicules. Dans cette optique, le plasturgiste et équipementier automobile Eurostyle Systems, basé à Châteauroux, travaille déjà sur de nouvelles solutions à partir de matières authentiques (liège, lin…), biosourcées ou issues de déchets, pour créer de nouvelles ambiances sur les panneaux de portière, les consoles centrales et autres pièces pour habitacles qu’il fabrique pour des marques comme Renault, Peugeot, Porsche, Alpine ou encore McLaren. C’est là tout le sens du projet Less Plastic – (moins de plastique), lancé en 2020 à l’issue de sa participation à la France Design Week, où Eurostyle avait présenté des pièces automobiles issues du process NFPP (Natural Fiber PolyPropylène) et de l'utilisation de fibres de coton recyclées. Depuis cette date, la filiale du groupe GMD travaille à proposer

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des solutions innovantes pour créer avec les constructeurs une voiture confortable et respectueuse de l’environnement. « Nous préparons nos projets de demain en prenant en compte trois critères dans l’air du temps : l’allègement du véhicule pour gagner en consommation, le phénomène de l’auto partagée et l’emploi de matières authentiques et/ou recyclées. Pour ces dernières, nous avons souhaité répondre aux attentes de nos clients en termes de développement durable, en misant sur l’écologie sensorielle par le

biais d’un travail avec l’ETIC, une école d’art et de design de Blois, pour intégrer au mieux ces matières nouvelles dans des intérieurs allant de la citadine à la berline de luxe », précise Régis Duplessy, directeur Innovation et Projets de l’entreprise castelroussine. Eurostyle Systems poursuit sa démarche en recherchant des solutions de substitution au plastique. Pour cela, il lui faut élargir son panel de matières à valoriser et de savoir-faire spécifiques au sein de l'entreprise même. Des partenariats ont été noués avec

Les futures pièces d’intérieur automobile seront de plus en plus fabriquées à partir de matières biosourcées ou recyclées


deux entreprises spécialisées dans la fabrication de coproduits à partir de déchets recyclés : Rosobren, une PME du Blanc (Indre) spécialisée notamment dans la valorisation du roseau, et Natureplast, un expert en bioplastiques

les fins de stock compound – matériau composite sans structure plane prêt pour la mise en forme – pourront ainsi, à terme, être recyclées pour être intégrées dans des baguettes de porte, des accoudoirs, des médaillons… », ex-

INTÉGRER AU MIEUX LES MATIÈRES NOUVELLES DANS LES INTÉRIEURS AUTOMOBILES ” basé à Ifs (Calvados). « Nous travaillons actuellement sur la nature et la forme des déchets que nous pouvons réutiliser dans nos différents process de valorisation disponibles : thermocompression, surmoulage, injection ou gainage. Les chutes, les pièces rebutées,

plique Sébastien Fraudet, chef designer Innovation au sein du bureau d’études d’Eurostyle. En diversifiant les matériaux et en composant avec la matière originelle, l’entreprise de l’avenue des Sablons cherche à combiner évolution technique et améliora-

tion du confort, de la qualité perçue et adaptable à toutes les gammes de véhicules. Des exemples d’intégration de ces nouvelles matières (chutes de textiles techniques, de laines ou fibres de polyester…) combinées aux matières plastiques traditionnelles et répondant aux exigences des normes du secteur automobile ont été présentés à différents constructeurs lors d’une exposition présentée dans la Cité du numérique à Châteauroux, à l’occasion de la France Design Week Centre-Val de Loire. Pour ces grands groupes, le recyclage et le réemploi permettront également de faire rimer écologie et économies. Serge Daniel

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POLITIQUE

LES DESSOUS D’UNE FOLLE RÉVOLUTION DE PALAIS Quand ce n’est pas l’une, c’est l’autre. Après Tours en juillet, Orléans a renversé en octobre la gouvernance de sa métropole. Exit le socialiste Christophe Chaillou, « démissionné » de la présidence, et arrivée aux manettes du maire d’Orléans Serge Grouard qui a renoué pour l’occasion avec son meilleur ennemi, le maire d’Olivet Matthieu Schlesinger. Une reconstitution de ligue dissoute sur fond de remise en ordre des finances de l’EPCI, affaibli par la crise sanitaire et les projets mal maîtrisés. Retour dans les coulisses de cette révolution de palais un peu folle.

evenu premier vice-président de la Métropole d’Orléans en charge de la transition écologique – l’une des priorités de Serge Grouard –, Matthieu Schlesinger a le triomphe modeste : « J’ai toujours expliqué que cette majorité de circonstance n’avait pas d’avenir. Je l’ai dit et répété au maire d’Orléans avec lequel le contact n’a jamais été rompu. D’ailleurs, trois jours après qu’il a propulsé Christophe Chaillou à la présidence, je prenais un café avec lui ! » Mais à quels dessous de cartes faut-il attribuer cette brusque réhabilitation du maire d’Olivet qui ne semblait pourtant guère tenir en estime son voisin d’Orléans ? Le renversement d’alliance a, en tout cas, définitivement modelé le profil de « faiseur de roi » de Serge Grouard, un statut qu’il affectionnerait particulièrement, selon les dires de ses proches. « À plusieurs reprises, dès le mois de septembre, j’ai vu Serge Grouard faire part de sa désapprobation

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pour certaines orientations prises par Christophe Chaillou et son équipe », affirme Matthieu Schlesinger qui résume la situation, sans prendre de gants avec la gouvernance précédente : « Face à l’érosion des recettes, dues notamment aux baisses des rentrées de la DSP transport, Christophe

Serge Grouard a fait part dès le mois de septembre de sa désapprobation pour les orientations prises par Christophe Chaillou.

Chaillou proposait surtout des impôts nouveaux pour subvenir aux exigences des maires : de l’ordre de 10 à 15 M€ supplémentaires par an. Cette perspective, qui correspond à la doctrine socialiste, n’était pas compatible avec l’identité politique de Serge Grouard qui s’est constituée autour des prin-


cipes de bonne gestion et de respect du contribuable. » « Cette révolution de palais n’est pas une opération politicienne, mais plutôt de salubrité financière, nous confirme un proche du maire d’Orléans. L’état des comptes de la Métropole, grevés par les exigences des maires des petites communes, en particulier celles de gauche, est préoccupant. Nous sommes en situation d’épargne négative. La dette s’élève aujourd’hui à 661 M€, elle sera de plus de 1 Md€ en 2026 si nous ne corrigeons pas la trajectoire. Le maire d’Orléans a souhaité reprendre les choses en main avant qu’il ne soit trop tard. » « Ce que Serge Grouard a constaté et qui a sans doute précipité ses choix, c’est qu’au moment où il

Carole Canette et les autres élus socialistes étaient convaincus qu’ils n’avaient rien à gagner à arbitrer les querelles d’ego de leurs adversaires.

le projet pharaonique d’Olivier Carré qui est en passe de battre tous les records de dérive budgétaire. La droite ferait bien de balayer devant sa porte avant d’accuser les communes de gauche ». « Et il n’est pas juste, reprend celle qui est aussi 3e vice-présidente de la Région en charge des lycées, de prétendre que la Métropole fait du surplace depuis dix-huit mois. Sur beaucoup de dossiers comme celui du développement

CHRISTOPHE CHAILLOU PROPOSAIT SURTOUT DES IMPÔTS NOUVEAUX POUR SUBVENIR AUX EXIGENCES DES MAIRES ” proposait que la Ville d’Orléans soulage la Métropole de charges importantes, comme la gestion d’équipements culturels et le financement du sport de haut niveau, Christophe Chaillou promettait une piste de BMX à la Chapelle-St-Mesmin et d’autres largesses à Chécy et à Fleury-lesAubrais. Que des communes de gauche ! », soutient Matthieu Schlesinger. « C’est une fable !, rétorque Carole Canette, la maire socialiste de Fleury-les-Aubrais. La dérive financière, c’est surtout celle de CO’Met,

du quartier Interives, les choses ont progressé. » « Une fable ? Mais si on additionne les demandes des maires au titre du plan pluriannuel d’investissement, on obtient des montants de plusieurs centaines de millions d’euros jusqu’en 2026. Ils sont tout simplement insoutenables. C’est Noël avant l’heure », réplique-t-on à la mairie d’Orléans. « Voir Serge Grouard adopter la posture de l’homme providentiel alors qu’il a pris beaucoup de champ avec les affaires orléanaises est assez piquant, ironise cet autre

SERGE GROUARD MET LA MÉTROPOLE À LA DIÈTE Serge Grouard s’inquiète, à juste titre, pour l’avenir des finances de la Métropole. Afin de redresser la barre, il vient de présenter aux élus de la majorité une feuille de route qui s’apparente à une véritable diète. Le nouveau président de la Métropole souhaite réduire de 10 M€ les dépenses de fonctionnement en 2022, en abaissant de 5 M€ la contribution au budget transport et en recherchant des économies, également à hauteur de 5 M€. Par ailleurs, les dépenses d’investissement du budget principal devraient être proposées aux alentours de 70 M€ (114 M€ avec les budgets annexes). « C’est un montant d’investissement réduit mais qui devrait préserver les fondamentaux », précise-t-on dans l’entourage du président.

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POLITIQUE

Estimé initialement à 100 M€, le futur CO’Met dépassera les 140 M€.

MAUVAIS PLAN SUR LE CO’MET ? Le CO’Met, ce projet faramineux de vaste complexe « trois en un » qui comprendra un nouveau parc des expositions, un palais des congrès et une salle de sports, est devenu le cauchemar des argentiers de la Métropole orléanaise. De l’aveu même de Christophe Chaillou, qui a hérité de cette patate chaude en même temps que de la présidence de l’EPCI, le coût de l’équipement devrait se situer au-delà des 140 M€, soit un niveau très supérieur aux estimations initiales qui tablaient sur 100 M€. « Il y a l’équipement bien sûr, indique Christophe Chaillou, mais aussi le parking, les voiries, le parvis… qui n’avaient pas été budgétés. »

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cacique de la gauche orléanaise. La vérité, c’est que cette réconciliation émouvante des frères ennemis n’a d’autre visée que la préparation des prochaines échéances électorales, les présidentielles, mais surtout les législatives. » Ce qui signifierait que la droite orléanaise aurait l’intention d’engager les combats électoraux à venir avec le maire d’Olivet, qui a affronté au printemps la liste régionale de la droite et du centre au côté de Marc Fesneau, la tête de file MoDem désignée par le président de la République. Une hypothèse qui fait sourire du côté des Républicains. Où l’on nie farouchement toutes velléités d’alliance avec un mouvement qui a refusé leur main tendue au deuxième tour du scrutin régional du mois de juin. « Je ne vois pas de quoi l’on parle, s’étonne d’ailleurs Matthieu Schlesinger. Oui, je représente une sensibilité de droite et du centre, mais je rappelle que je ne suis candidat à rien, ni aux présidentielles, ni aux législatives. En revanche, il est probable que les résultats décevants de la droite aux régionales et aux cantonales ont sans doute pesé sur les choix du maire d’Orléans. »

À gauche, on voudrait remettre aussi certaines pendules à l’heure : « Contrairement à la petite musique qu’ont fait courir Serge Grouard et son équipe, il n’y a jamais eu d’accord de gestion entre le maire d’Orléans et Christophe Chaillou en juillet 2020, tient à préciser Carole Canette. Pourquoi l’aurionsnous fait, alors qu’il nous suffisait d’attendre sagement le troisième tour pour l’emporter à la majorité relative ? Nous étions absolument convaincus que nous n’avions rien à gagner à arbitrer les querelles d’ego de nos adversaires. » Mais en maître des horloges, Serge Grouard a préféré apporter ses suffrages à la gauche au second tour de l’élection du président de la Métropole, le 16 juillet 2020, cela sans doute afin de punir Matthieu Schlesinger du soutien apporté à Olivier Carré, le prédécesseur de Serge Grouard à la mairie d’Orléans, passé en quelques années du rôle de fidèle premier adjoint à celui de pire adversaire. Qu’on se le dise : celui qui fait les rois peut aussi bien les défaire. « Et il fallait bien finir par solder la campagne des municipales », conclut, fataliste, un élu proche de Serge Grouard. . Jean-Christophe Savattier


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POLITIQUE

LE PARLEMENT DOIT REDEVENIR « L’ŒIL DU PEUPLE » L’historien et sociologue Pierre Rosanvallon a donné le 5 octobre une leçon très stimulante sur « la démocratie au XXIe siècle » devant les étudiants de l’université de Tours. Sceptique sur l’utilisation systématique du référendum et le mythe de « l’homme providentiel », il suggère de réhabiliter le rôle du Parlement comme organe « de censure, de surveillance et d’évaluation » et de favoriser toutes les formes de démocratie directe et participative, sans qu’elles se substituent pour autant à la représentation indirecte.

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n France, mais aussi aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans plusieurs autres démocraties libérales, l’abstention, la démobilisation des citoyens ou les formes diverses de mobilisation « négative » se traduisant par des convulsions sociales et politiques – comme celles provoquées par les Gilets jaunes –, sapent les bases de la démocratie. Comme l’a noté Pierre Rosanvallon en préambule d’une leçon dispensée à la faculté de droit, d’économie et de sciences sociales de

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l’université de Tours le 5 octobre dernier, si une « sorte d’idéalisation de cette forme de régime a pu s’instaurer dans l’opinion et dans les cercles politiques à la fin des années 80, suite à la chute du mur de Berlin, force est de consta-

attaqués les sans-culottes a été les armoiries des nobles, ces signes qui permettaient de se distinguer du commun ». On constate partout une sorte « de rendement décroissant de l’élection, observe Pierre Rosan-

LA LÉGITIMITÉ ATTACHÉE AU SUFFRAGE UNIVERSEL A TENDANCE À SE DISSIPER ” ter que faire l’histoire de la démocratie, c’est aussi bien faire l’histoire de ses accomplissements que celle de ses échecs ou de ses promesses non tenues ». Celui qui fut l’un des théoriciens de l’autogestion, chère à la CFDT d’Edmond Maire, conteste l’idée que le suffrage universel soit la pierre angulaire, l’alpha et l’oméga de la démocratie : « En France, comme aux États-Unis, le suffrage universel est une conquête tardive du processus révolutionnaire démocratique. Ce qui guidait la quête des pères fondateurs, c’est davantage un idéal vers une société des égaux. Par exemple, l’un des symboles auxquels se sont le plus

vallon. C’est toute la problématique de l’État de grâce : la légitimité attachée au suffrage universel a tendance à se dissiper de plus en plus vite. Par ailleurs, l’affaiblissement de la fonction parlementaire, le fait que les parlements ne sont plus du tout une miniature de la Nation comme le recommandait Mirabeau, sont des facteurs puissants de délitement de la démocratie ». Face à ce désenchantement, certains prônent une nouvelle hygiène politique fondée notamment sur une meilleure « incarnation ». Puisque la représentation politique d’une collectivité semble n’avoir plus de sens dans une société


d’individus, beaucoup pensent que seul un chef providentiel charismatique – à l’instar des leaders populistes qui prospèrent un peu partout dans monde, y compris au cœur de la vieille Europe –, pourra régénérer les régimes démocratiques : « Ils imaginent que l’incarnation peut et doit se substituer à la représentation. Mais c’est un mirage ». Autre marotte mise en avant par les rédempteurs de la démocratie, celle qui consiste à « sacraliser le

cratie de régulation », un impératif qui passe par le rétablissement des prérogatives du Parlement qui doit redevenir, selon l’expression des théoriciens britanniques du droit public, « l’œil du peuple ». « Le Parlement est un organe de censure, de surveillance et d’évaluation. Il n’existe pas seulement pour voter la loi, pour légitimer l’exécutif, il doit faire la loi ». D’autre part, et dans le même temps, il est urgent « de favoriser l’émergence d’une démocratie plurielle

LE PROBLÈME DU RÉFERENDUM, C’EST QU’IL N’Y A PAS DE RECOURS POSSIBLE ” référendum ». « À leurs yeux, le référendum est une sorte d’arme fatale. Il est vrai que toutes les Constitutions ont été adoptées par référendum. Mais on se fait pas mal d’illusions sur la portée normative du dispositif. Sa dérive plébiscitaire est avérée, et comme on le voit actuellement en Suisse à l’occasion d’un référendum envisagé contre la politique sanitaire, il ne permet pas d’apaiser ou de résoudre les conflits. Le problème du référendum, c’est qu’il n’y a pas de recours possible : le peuple devient irresponsable vis-à-vis de sa propre décision. Utilisé à tout bout de champ, il ne peut pas exprimer une volonté collective surtout s’il cristallise un front du désaveu. Le refus ne peut constituer un projet politique ». Au contraire, Pierre Rosanvallon propose de « passer d’une démocratie intermittente à une démo-

et d’encourager toutes les formes de démocratie directe et de participation (conventions citoyennes, budget participatif) sans que cellesci soient autorisées à se substituer au régime de représentation indirecte. En un mot, il faut complexifier la démocratie ». Surtout, et c’est le thème du tout dernier ouvrage du sociologuehistorien paru aux éditions du Seuil : « Les épreuves de la vie, comprendre autrement les Français », les dirigeants ne peuvent plus, selon Pierre Rosanvallon, se contenter en démocratie de fonder la gouvernance « sur des grandes théories ou des moyennes statistiques. Il faut fonder des réponses publiques et politiques sur l’analyse des épreuves subies par les Français. Ce que je nomme les épreuves de l’individualité et de l’intégrité personnelle (harcèlement, emprise sur autrui), du

lien social, c’est-à-dire toutes les pathologies de l’égalité (mépris catégoriel, injustice et discrimination), et enfin des épreuves de l’incertitude (accidents de vie n’entrant plus dans le cadre de l’ÉtatProvidence, incertitudes géopolitiques et climatiques) ». Jean-Christophe Savattier

UN THÉORICIEN MAJEUR DE LA DÉMOCRATIE Théoricien majeur et historien de la démocratie, Pierre Rosanvallon est le titulaire de la prestigieuse chaire d’histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France. Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), cet ancien militant – et permanent – syndical qui fut le conseiller politique d’Edmond Maire à la CFDT, est un vrai ligérien. Né à Blois en 1948, il a achevé sa scolarité au lycée Descartes, à Tours, en classe préparatoire. Universitaire multiforme au parcours atypique, ce diplômé d’HEC a publié en 1979 une thèse de 3e cycle en histoire à l’EHESS avec Claude Lefort. Son titre : « Le capitalisme utopique. Histoire de l’idée de marché ». Pierre Rosanvallon est l’un des co-fondateurs en 1982 de la Fondation Saint-Simon qui, selon beaucoup d’observateurs, a joué un rôle majeur dans la conversion de la gauche de gouvernement à une certaine idée du libéralisme.

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LA MAIN À LA PÂTE Jean-François Feuillette, 41 ans, est à la tête du troisième réseau de boulangerie en France. Portrait d’un homme passionné par la pâtisserie qui a fait du fournil son refuge, puis le tremplin d’une réussite exceptionnelle.

omme souvent, l’histoire démarre à l’enfance. JeanFrançois Feuillette est encore bien loin d’imaginer qu’il a un nom qui croustille. En revanche, il sent confusément qu’une vocation est en train de naître. La cuisine est son refuge et à dix ans, c’est un signe qui ne trompe guère. « J’aimais sortir tout ce qu’il y avait dans les placards et le mettre sur des tartes, je trouvais ça tellement chouette », se souvient celui qui est aujourd’hui à la tête de 45 boulangeries, ce qui fait de la maison Feuillette, selon son fondateur, le troisième réseau de boulangeries en France avec un CA de 85 M€. Mais, pour le moment, Jean-François vit avec ses deux sœurs dans un petit village en Lorraine, à Conflans-en-Jarnisy. Sa mère s’occupe du foyer, son père est chauffeur-livreur. À 12 ans, il l’accompagne régulièrement sur des brocantes « pour arrondir les fins de mois ». En face de la maison, il y a une boulangerie. Une aubaine. Du pain bénit même. On imagine facilement la suite. « On toquait à la porte du fournil et on allait

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chercher des croissants. Je voyais le pâtissier qui manipulait sa poche, il y avait les odeurs. J’étais émerveillé et c’est resté gravé. » Alors, quand à 15 ans, on lui dit qu’il peut devenir pâtissier, il signe sans hésiter. « Plutôt que d’aller travailler, j’ai préféré être pâtissier », résume-t-il. Sans surprise, son CAP le confirme dans sa vocation. « C’est un métier que l’on ne peut faire qu’à condition d’être porté par la passion, il y a beaucoup trop de contraintes. Levez-vous à 3 heures du matin tous les jours ! Et vous imaginez à 16 ans, travailler à Noël, au Nouvel An, les jours fériés, etc. Quand les autres font la fête, vous, vous travaillez. » Justement, à la fête, Jean-François Feuillette l’est quand il met la main à la pâte. C’est son pain quotidien. « J’ai cherché à travailler pour les meilleurs : à Metz d’abord, chez un champion du monde de pâtisserie, puis chez un autre pâtissier très renommé », confie-t-il. Toujours poussé par le désir de progresser dans sa maîtrise de la pâtisserie, il passe un brevet technique des métiers et, dans le même élan, un CAP de boulangerie à l’INBP (Institut national de Boulangerie-Pâtisserie) de Rouen où il rencontre sa femme, Laure, dont il est aujourd’hui séparé. À tous les deux, l’horizon s’agrandit. Audacieux, ils décident d’aller travailler à Paris. Ils poussent la porte des grands maîtres de la pâtisserie. Laure commence chez Ladurée, et JeanFrançois chez Pierre Hermé. Puis c’est au George V qu’il peaufine son apprentissage. L’étape pari-

sienne dure deux ans. Le temps de nourrir une nouvelle ambition : celle de voler de leurs propres ailes. « Sur le site de la chambre de métiers, je vois une annonce pour la reprise d’une petite boulangerie dans le quartier historique de Blois. J’ai eu un coup de cœur. Nous embauchons un salarié, Laure s’occupe de la vente et moi je commence en pâtisserie », se souvient Jean-François.

St-Victor : la boulangerie devient alors salon de thé, « une autre de mes passions ». Le concept Feuillette est trouvé. Le nom peut s’afficher en grand sur les devantures des boulangeries. Fidèle à son tempérament, JeanFrançois ne veut pas laisser la pâte retomber : deux ans plus tard, il ouvre une nouvelle boulangerie à Vendôme. « Il n’y a que le pain dont on ne se dégoûte pas », disait Jules Renard.

ON EST LÀ POUR DONNER DU PLAISIR, LE PAIN, C’EST POPULAIRE, C’EST LA BASE ” La boulangerie s’appelle Le Théâtre du Pain. Feuillette ne s’est pas encore fait un nom, mais le rideau ne va pas tarder à se lever. Comme régulièrement dans sa vie, de nouvelles rencontres aiguisent son appétit, l’incitent à investir. « Avec ma femme bien sûr, puis avec deux apprentis extraordinaires que j’avais envie de faire évoluer. Pour cela, j’étais obligé de passer à autre chose. » Une évidence s’impose : le centre historique de Blois a des limites en terme de rayonnement commercial. Sans parking devant la boutique, nombreux sont les clients qui font demi-tour. « En 2009, on décide d’ouvrir à St-Gervais-la-Forêt une grande boulangerie avec des places de parking ; le concept démarre ». Et le succès est immédiat. Il se renforce encore quand, en 2010, il fait l’acquisition d’une ancienne station-service à La Chaussée-

Jean-François Feuillette confirme : « On est là pour donner du plaisir. Le pain, c’est populaire, c’est la base ». Ce principe lui tient de guide. Dans ses produits, comme dans sa manière d’être, il y a de la chaleur et de l’authenticité. Un côté « famille » également qui rappelle les premières tartes de l’enfance. Sa madeleine proustienne. « On fait une pâtisserie familiale : on a du Paris-Brest, du baba au rhum, de la tarte au citron, des éclairs. Je veux être bon dans mes classiques. Pour mon Paris-Brest, je fabrique mon praliné avec de la noisette du Piémont. Comme à la maison. » Des « maisons », Jean-François Feuillette en ouvre désormais à tour de bras. Mais il assure qu’il veille toujours au grain pour que ses clients se sentent chez lui… comme chez eux. Johann Galy

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DU PAIN SUR LA PLANCHE L’ambitieux chef d’entreprise veut doubler le nombre de ses boulangeries sur le territoire national d’ici à cinq ans sans rien sacrifier à la qualité de ses produits.

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out a très bien et très vite marché », concède-t-il. JeanFrançois Feuillette, 41 ans, est un homme passionné, donc pressé. « On a ouvert deux nouveaux magasins cette semaine », nous expliquait-il à la mi-novembre. Et d’ici à cinq ans tout au plus, 55 nouvelles enseignes fleuriront en périphérie des villes. « On a l’ambition d’atteindre les 100 points de vente dans cinq ans, mais je pense que l’on peut y arriver en quatre. C’est une sorte d’engrenage favorable : j’ai des gens avec moi qui avancent, des apprentis

qui rêvent d’ouvrir leur boulangerie Feuillette et ils comptent sur moi pour les y aider. » Aujourd’hui, chacune de ses boulangeries affiche un CA d’environ 2 M€. L’année prochaine, la maison Feuillette tangentera les 100 M€ avec plus de 1 100 salariés sous enseigne. À croire que les boulangeries se multiplient comme des petits pains. « On fait une location gérance pour nos apprentis qui le souhaitent et dès qu’ils le peuvent, ils achètent le magasin. Ils sont enchantés. » C’est un mode de fonctionnement chez lui : Jean-Fran-

çois Feuillette ne conçoit pas le monde professionnel autrement que comme le prolongement d’une famille. Et ses boulangeries elles-mêmes autrement que comme une extension d’une salle à manger : « Je dis toujours à mon service RH que j’ai besoin de recruter au savoir-être. Donc, le principe est d’imaginer que l’on va faire un aller Lille-Marseille en voiture avec la personne que l’on va recruter. Nous faisons un métier de contact. Le plus important c’est de recruter des gens qui aiment les gens », lâche-t-il. Au fil des années, il a gardé autour

La boulangerie de La Chaussée-St-Victor, près de Blois, est le deuxième magasin créé par Jean-François Feuillette, après celui de St-Gervais-la-Forêt

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de lui des personnes de confiance qui ont progressé dans l’entreprise au rythme de son développement : « J’ai besoin de travailler avec des gens avec lesquels je me sens bien, et j’essaie de m’entourer des meilleurs. » Son statut et son chiffre d’affaires lui permettent maintenant de s’offrir les services des plus capés, dont ceux d’Angelo Musa, le médiatique chef pâtissier du Plaza Athénée, meilleur ouvrier de France et champion du monde de pâtisserie. Excusez du peu. Pour autant, Jean-François Feuillette sait très bien que le plus difficile l’attend. Il n’a pas mangé

mon créneau, mais je vais avoir un excellent jambon ». Faire de la restauration rapide tout en conservant un haut degré de qualité, tout tient dans cette gageure. « Je fabrique ma mayonnaise moi-même, ma vinaigrette aussi, qui propose cela en périphérie de ville ? Personne ! Et

JE NE VAIS PAS VOUS PROPOSER UN SANDWICH A LA TRUFFE, CE N’EST PAS MON CRÉNEAU ” son pain blanc en premier, mais presque. « La règle d’or, c’est la qualité du produit. C’est un défi du quotidien de faire du volume et de maintenir, voire d’augmenter, la qualité. La limite du développement viendrait de là pour moi. Et c’est à moi de me battre tous les jours avec mes fournisseurs pour acheter au meilleur prix, pour avoir la meilleure qualité et pour rester dans une gamme de prix corrects », explique-t-il. « Je suis dans un métier populaire, je dois rester sur mes fondamentaux : mes clients viennent chercher un rapport prix-plaisir. Je ne veux pas m’enflammer. Demain, je ne vais pas vous proposer un sandwich à la truffe, ce n’est pas

surtout pas les chaînes de hamburgers. » Et pour lui, de Feuillette à Nadal en passant par Paul, tout le monde a sa place dans l’univers de la boulangerie. « Ce n’est pas le même positionnement. Moi, je suis beaucoup en périphérie. Il y a de la place pour les pâtissiersboulangers qui font bien leur boulot », estime-t-il. Présentes actuellement dans le Grand-Est, en région Centre-Val de Loire et dans le Grand-Ouest, les boulangeries Feuillette vont donc voir du pays dans les années à venir. « Il y a encore de la place, la France est grande », sourit le chef d’entreprise. Et notamment dans le sud. Une boulangerie Feuillette ouvrira à Aubagne l’an-

née prochaine. D’autres ouvertures sont programmées à Lyon, Rouen, Reims, Dijon et « dans plein d’autres villes », assure-t-il. Les affaires sont au beau fixe. « Il faut que tout change pour que rien ne change » dit le prince de Salina dans Le Guépard. JeanFrançois Feuillette en a fait son credo. Les magasins sont donc appelés à évoluer eux aussi. « J’ai une charte architecturale, mais je fais évoluer les décorations, les façades, les lumières. Il faut surprendre le client sinon, au bout d’un moment, il se lasse. C’est comme chez soi, au bout d’un moment, on ne supporte plus la peinture du salon », argumente-t-il. Le « comme à la maison » revient régulièrement dans ses propos et fait la force de son entreprise. Son identité. « Quand vous avez des amis, vous mettez une chemise, vous vous parfumez, vous vous apprêtez. Pour moi, c’est pareil : on veut recevoir les gens comme à la maison. Donc on s’habille correctement, on veille à la lumière et on allume la cheminée, c’est tellement convivial. » Depuis les premières boulangeries à la périphérie de Blois, la recette a fait ses preuves. Et les adeptes la goûtent avec une gourmandise toujours renouvelée. JG

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À L’AISE SUR SON TERRITOIRE La nouvelle directrice régionale de la Banque des Territoires goûte le plaisir de travailler dans une région qu’elle connaît et, plus encore, celui de « faire de l’action publique » dans une France qui dépasse les frontières du périph parisien. Portrait d’une (très) proche d’Emmanuel Macron dont la vie professionnelle a connu quelques tournants. ans son bureau orléanais, au quatrième étage d’un immeuble en verre qui jouxte la gare, Sophie Ferracci reçoit sans formalisme. À 45 ans, la nouvelle directrice régionale de la Banque des Territoires est une femme directe, spontanée et souriante. Dans la manière dont elle parle de l’équipe avec laquelle elle travaille depuis quelques semaines seulement – trente personnes à Orléans et cinq à Tours –, on sent de la proximité. De l’enthousiasme aussi dans le débit. D’emblée, elle revendique son plaisir d’œuvrer en région Centre-Val de Loire, et plus encore son attachement à la France « des territoires » et à ses « valeurs ». Il y a un petit côté rousseauiste dans sa manière de répéter à l’envi le mot « territoire » dans une acception géographique. Et à travers ce mot, où l’on pressent une opposition sous-jacente, mais jamais prononcée, avec Paris, il y a sans doute la volonté d’éclairer un parcours professionnel qui pourrait plaider en faveur d’un tropisme trop parisien.

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« Je suis née à Clamart mais je suis une provinciale dans l’âme », confie-t-elle, évoquant des racines dans l’Indre du côté de ses grandsparents maternels qui étaient agriculteurs à Châtillon, tout au nord du département. L’Auvergne, l’Aveyron et la Corse avec son mari, Sophie Ferracci aime la France et la connaît bien. Enfant, pendant les vacances, elle sillonnait la campagne. « Mes parents nous ont fait visiter la France à mes deux sœurs et moi. On aime les balades, dans la famille ». Du reste, dans sa lettre de motivation, elle n’a pas manqué de souligner son goût pour « les musées, les jardins et la littérature ». La région coche bien toutes ces cases. Une mère au foyer devenue à 50 ans professeure des écoles et un père chef d’entreprise, Sophie Ferracci a grandi dans une famille qui ressemble aux autres. Enfant, elle ne savait pas trop ce qu’elle ferait de sa vie. « Je me suis laissée porter », dit-elle. D’évidence, les vents étaient plus que porteurs : diplômée d’HEC en 1997, elle enchaîne avec un DEA en droit à Paris II. Deux cordes solidement fixées à son arc, l’économie et le juridique, lui permettent de naviguer avec facilité dans toutes les eaux. « J’ai été juriste d’affaires dans des activités et des structures très différentes », poursuit-elle. Elle passe ainsi chez Dassault Système : « L’univers du business me parle aussi », argue-t-elle. Mais, en 2017, sa boussole professionnelle change de cap. Il faut dire que son mari, Marc Ferracci, rencontré sur les bancs d’HEC, a

parmi ses plus fidèles amis un certain Emmanuel Macron avec lequel il a bachoté pour intégrer l’ENA. Le futur couple présidentiel sera ainsi le témoin du mariage de Sophie et Marc Ferracci. « Il y a forcément une distance qui s’installe un peu, mais nous avons gardé une relation amicale avec Brigitte et Emmanuel », lâchet-elle. Mais avant cela, en janvier 2016, Sophie Ferracci change donc d’univers et rentre au cabinet du nouveau ministre de l’Économie

préparer le programme économique du candidat Macron. Et lorsque les portes de l’Élysée s’ouvrent pour ce dernier, la fidélité de Sophie Ferracci est récompensée : elle est nommée cheffe de cabinet d'Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. Un an plus tard, elle devient directrice de cabinet d’Olivier Sichel, directeur général adjoint de la Caisse des Dépôts. En 2018, celui-ci prend les rênes de la Banque des Territoires. On connaît la suite.

ON TRAVAILLE DE LA MÊME MANIÈRE AVEC TOUTES LES COMMUNES, AVEC TOUS LES ÉLUS ” « alors que la loi croissance avait déjà été votée », précise-t-elle. Il lui faut apprendre les codes et le fonctionnement de l’administration. Elle s’adapte. « Je suis passée d’un environnement assez technique d’avocate où il faut chercher la petite faille à un monde où le téléphone sonne tout le temps, se souvient-elle. Pour moi, cela été un révélateur de l’action publique ». En tant que cheffe de cabinet, elle gère l’agenda du jeune ministre, un poste stratégique. Puis, lorsqu’Emmanuel Macron déclare sa candidature et démissionne, Sophie Ferracci le suit. Elle devient salariée d’En Marche et reprend pour sa campagne le rôle qu’elle avait auprès de lui à Bercy. Son mari, lui, est à l’œuvre dans la coulisse pour

Quand on lui demande si son poste résisterait à un changement politique majeur en avril 2022, elle répond avec le sourire : « Je suis en CDI ». Quant à sa grande proximité avec Emmanuel Macron, elle la range dans le registre personnel. « On travaille de la même manière avec toutes les communes, avec tous les élus, on raisonne par projet. Et quels que soient la taille de la commune et son endettement, mon offre est la même. Je ne suis pas sur un poste politique et j’espère le conserver le plus longtemps possible. » D’autant qu’elle pressent bien qu’avec son emploi du temps, elle n’aura pas beaucoup le loisir d’aller visiter jardins et musées. Ses deux autres passions, après celle pour les territoires… JG

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« LE POULS DE LA BANQUE IL EST DANS LE RÉSEAU » Depuis son arrivée, Fouad Chéhady, le nouveau président du directoire de la Caisse d’Épargne Loire-Centre, sillonne la région pour rencontrer chacun de ses collaborateurs et « prendre le pouls du réseau ». Un marathon que cet adepte du jogging se donne le temps de courir à sa manière : méthodiquement et sans faiblir. oureur de fond plutôt que sprinteur. Fouad Chéhady, qui préside le directoire de la Caisse d’Épargne Loire-Centre depuis le mois de septembre, pourrait faire sienne la morale de la fable de La Fontaine : « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage ». Sa carrière, construite méthodiquement pour atteindre, à 59 ans, le poste envié de patron opérationnel d’un établissement bancaire, témoigne de sa ténacité et de sa patience. Trois mois après son arrivée aux commandes, il n’a pas fini de découvrir cette région, « ses villes, ses forêts et ses rivières ». Ni ses quelque 1 700 collaborateurs qu’il veut rencontrer, un par un, sur leur lieu de travail, dans les 195 agences qui maillent le territoire. Cette mission de reconnaissance, le nouveau patron de la Caisse d’Épargne régionale – son territoire épouse exactement celui de la région administrative – la juge « essentielle » parce que le pouls de la banque, « il est dans le réseau ». Pourtant, Fouad Chéhady n’a pas

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toujours été en contact si étroit avec le terrain. Sa carrière débute en 1987, dans la salle des marchés du Crédit Mutuel d’Alsace. Un premier job technique pour ce titulaire d’un Master 2 Banque Finance de l’université de Strasbourg et d’un autre Master 2, cette fois de l’Institut commercial

la salle de marché récemment créée par l’établissement, il prend rapidement la responsabilité de la trésorerie et du contrôle de gestion. « Jusqu’alors, mes fonctions n’étaient pas au cœur de la banque de détail. Avec le contrôle de gestion, j’ai vraiment découvert le métier de la banque. »

AVEC LE CONTRÔLE DE GESTION, J’AI VRAIMENT DÉCOUVERT LE MÉTIER DE LA BANQUE ” de Nancy : « Nous avions trois plateaux, se souvient-il. Le premier dédié au marché actions, le deuxième aux obligations et le troisième aux produits monétaires : c’était le mien. Je proposais à mes clients des certificats de dépôt, des billets de trésorerie et des placements. » Il passe ensuite à la gestion obligataire, où les volumes se chiffrent en millions de francs. Après trois ans de Crédit Mutuel, Fouad Chéhady va chez le voisin du Crédit Agricole d’Alsace, « l’autre » mutualiste. Embauché pour diriger

En 2000, nouvelles fonctions pour un millénaire naissant. Fouad Chéhady quitte l’Alsace pour la région voisine et la Caisse d’Épargne de Franche-Comté. Pour un poste proche de celui qu’il vient de quitter, puisqu’il devient directeur financier, fonction couvrant le contrôle de gestion, le pilotage de la trésorerie et de la comptabilité. « Je change de région, mais aussi de culture », résume-t-il. Une rencontre le marque, celle avec son patron qui lui propose de rejoindre le directoire, un « saint


des saints » dont les membres – de deux à cinq – dirigent vraiment l’entreprise, en lien avec le conseil d’orientation et de surveillance (COS), l’organe de contrôle qui représente les sociétaires. Après cette première expérience dans le groupe, il quitte l’Est de la France pour prendre en charge la direction juridique, des finances et des risques de la Caisse d’Épargne Île-de-France Nord. Un siège à Cergy-Pontoise et un changement d’échelle : la caisse, qui a fusionné depuis avec ses

consœurs franciliennes de StQuentin-en-Yvelines (Ouest) et de Paris, compte 900 collaborateurs là où Franche-Comté n’en a que 600. Après la méga-fusion des trois caisses de la région parisienne, le gap sera encore plus important : le nouvel ensemble, officiellement porté sur les fonts baptismaux en 2008, s’appuie sur un réseau de près de 500 agences et de plus de 5 000 salariés. Le charme de la province lui manquait-il ? Après quatre ans et demi

dans le Val d’Oise, et un passage de quelques mois au sein de l’organe central du groupe, la Caisse nationale des Caisses d’Épargne, départ vers l’ouest. Et nouveau challenge : les caisses de HauteNormandie et de Basse-Normandie s’apprêtent à ne plus former qu’une seule : la Caisse d'Épargne Normandie. « On a pris le meilleur des deux mondes pour en faire un nouveau », sourit Fouad Chéhady qui passera dix ans au pays de Maupassant et de Flaubert. Mars 2018, retour à la case Paris pour intégrer Natixis, la banque d’investissement et de financement du groupe BPCE (Banque Populaire-Caisse d’Épargne). Mais le projet, mûri de longue date, est de devenir, à son tour, président d’un directoire pour couronner cette riche carrière bancaire. L’attente sera un peu prolongée par la crise sanitaire. Mais qu’importe, Fouad Chéhady sait patienter. Au mois de juin dernier, après plusieurs entretiens et le feu vert du COS, il est nommé patron de la Caisse d’Épargne de Loire-Centre. Et le 1er septembre, il prend ses fonctions au siège d’Orléans. Depuis, l’engagement est total. Avec une volonté de découvrir les équipes : « J’ai un trombinoscope des collaborateurs de la caisse. J'essaie de les saluer toujours par leur prénom ». Une proximité voulue qui n’empêche pas la prise de recul, car le nouveau patron de la Caisse a bien l’intention de courir en tête : « Le rôle d’un dirigeant, c’est de fixer le cap. » FXB

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TERRITOIRES

À LA RECHERCHE DU TERRAIN PERDU Le foncier économique va devenir denrée rare. L’appareil législatif, qui freine l’artificialisation des terres, ainsi que la pression sociétale illustrée par la multiplication des recours contre les projets d’urbanisme, rendent très problématique la création de nouvelles zones d’activité. La solution passe par une plus grande sélectivité des projets et un retraitement des friches industrielles. Mais les coûts risquent d’exploser.

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n matière de développement économique, le problème des années à venir – celui de l’instant reste la pénurie de main d’œuvre – sera bien celui de la raréfaction du foncier industriel et commercial. Le thème a été largement abordé lors de l’université des élus du Centre-Val de Loire, le 19 octobre à Déols. « L’étau se resserre, résume Christophe Forcinal, avocat au cabinet Sofiges. Après la loi Climat et Résilience d’août 2021, il faudra démontrer le besoin de foncier quand on voudra ouvrir de nouvelles zones d’activité économique. » La requalification des friches industrielles, à un moment où le combat porte sur le refus de l’arti-

ficialisation de terres agricoles ou naturelles, est une réponse à la crise qui s’annonce. Didier Garnier, maire de Mignières (28) et viceprésident de Chartres Métropole en charge du développement économique et de la gestion des zones d’activités, témoigne : « Nous avions acheté 400 ha sur le territoire de l’agglomération pour l’accueil des entreprises. Avec les nouvelles règles environnementales et urbanistiques, nous n’en avons plus qu’une centaine de disponibles. » Son EPCI a donc lancé un travail de recensement des friches afin de racheter les plus stratégiques, avant de les retraiter et de les remettre sur le marché. Il reste que leur reconversion coûte

Mountpark a acquis une soixantaine d’hectares près de l’échangeur d’Illiers-Combray, sur l’A 11, pour construire à terme trois bâtiments logistiques totalisant 270 000 m2.

cher, « trois fois plus que l’aménagement d’une zone d’activité », précise Harold Huwart qui souligne que les 30 M€ du plan de relance destinés à la reconversion des friches polluées ont été très rapidement consommés. L’État doit engager une seconde enveloppe de même importance, mais les sommes apparaissent dérisoires au regard des besoins. Il faut aussi disposer de moyens pour forcer les propriétaires à exploiter ou à céder les bâtiments vacants et les réserves foncières inutilisées. Les communes et les EPCI ont désormais des outils, comme la taxe sur les friches commerciales, dont le taux est évolutif.


En cas de blocage avéré, il est toujours possible d’activer l’arme de l’expropriation, mais il faut être patient : dix-huit mois si la procédure est rapide, trois à cinq ans si elle est grévée d’un ou plusieurs recours.

neau-Bleury-St-Symphorien (28). Intersport vient d’annoncer l’implantation d’une plateforme de 84 000 m2 sur le parc d’activité des Portes de Touraine, à Autrèche (37), un site industriel « clé en main » qui dispose d’une vingtaine

LA RECONVERSION D’UNE FRICHE COÛTE TROIS FOIS PLUS CHER QUE L’AMÉNAGEMENT D’UNE ZONE D’ACTIVITÉ ” La pression foncière est d’autant plus forte que la logistique, qui fait une consommation effrénée de terrains, vit une période d’emballement sans précédent. Pour Damien Goullon, chargé de mission à Loire&Orléans Éco, cela s’explique : les promoteurs multiplient les projets en prévision d’une raréfaction du terrain à construire. Dev’Up annonce un stock de près de 4 millions de m2 d’entrepôts en projet, en gris, en blanc ou récemment achevés, qui vont s’ajouter aux 6 millions de m2 en exploitation. « Habituellement, 250 000 m2 d’entrepôts sont construits chaque année dans la région. L’an passé, on a atteint 440 000 m2 », ajoute Damien Goullon. Mountpark achève les travaux de son entrepôt de 103 000 m2 à Meung-sur-Loire (45) et envisage 270 000 m2 à Illiers-Combray (28), Panhard Développement démarre le premier des trois bâtiments – qui totaliseront 165 000 m2 – des Portes de Chambord à Mer (41) et dépose un permis de construire pour 81 000 m2 route de Roinville à Au-

d’hectares immédiatement mobilisables, tandis que FM Logistic peine, de son côté, à faire accepter par les élus et les riverains les 70 000 m2 de son entrepôt Seveso sur la ZAC Porte Sud de Vernouillet (28). L’autre frein à la disponibilité foncière est la multiplication des recours contre les projets d’urbanisme. « De plus en plus de permis de construire et de plans locaux d’urbanisme sont attaqués, souligne Christophe Forcinal. Je traite actuellement six dossiers contentieux contre des PLUi. Les néo-ruraux sont particulièrement procéduriers ». Le syndrome Nimby (voir ci-contre) n’est pas réellement nouveau, mais il prend une acuité particulière à une époque où le foncier devient rare. Seule petite lueur d’espoir, les entreprises semblent aussi vouloir rationaliser leurs implantations, notamment logistiques. Les entrepôts sont de plus en plus mécanisés, mais aussi de plus en plus hauts, ce qui limite d’autant leur surface au sol. Équipée de 2 000 robots, la plate-

forme Amazon de Brétigny-surOrge, inaugurée il y a deux ans, culmine à près de 19 m de hauteur, deux fois plus qu’un entrepôt classique. En Turquie, l’espagnol Mecalux a construit pour le fabricant de produits chmiques Hayat un entrepôt géant de 46 m de haut, capable d’abriter 161 000 palettes sur une surface de seulement 12 600 m2. « Nous sommes dans les dernières années où le foncier est disponible », prédisait Harold Huwart le 19 octobre. Tout le monde semble en prendre conscience. François-Xavier Beuzon

NOT IN MY BACKYARD Le syndrome Nimby (pour « Not in my backyard », qui peut se traduire approximativement par « Pas dans mon jardin ») est maintenant bien connu des aménageurs. Apparu il y a une trentaine d’années aux États-Unis, il traduit le refus par les citoyens de tout équipement ou construction à usage collectif à proximité de son propre lieu de vie… quitte à ce que le projet décrié aille s’installer quelques kilomètres plus loin. Les premiers géographes et sociologues s’étant intéressés au phénomène y ont vu les prémices de la montée de l’individualisme et de la disparition progressive du sens de l’intérêt général. L’avatar, peut-être ultime, du Nimby est le syndrome Banana, acronyme de « Build absolutely nothing, anywhere, near anything », une injonction explicite des tenants de la décroissance : « Ne contruisez absolument rien, nulle part, à proximité de rien. »

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TERRITOIRES

FONCIER POUR IMPLANTATIONS MINUTE Le dispositif des sites industriels et logistiques « clés en main » raccourcit les délais d’implantation des entreprises. La région Centre-Val de Loire a pu en faire labelliser 10, dont la commercialisation est supervisée par Business France. Elle pourrait bientôt en avoir 10 à 20 supplémentaires, dit « VIP », qui seront gérés directement par les territoires et la Région. est le rêve de tout développeur économique : pouvoir proposer instantanément à des candidats à une installation industrielle ou logistique un terrain purgé de toutes les autorisations administratives en matière environnementale,

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urbanistique et archéologique, et donc de tous les risques juridiques qui en découlent. « On le sait, les lenteurs dans l’instruction des dossiers, la crainte de l’enlisement, en particulier pour des motifs environnementaux et archéologiques, sont autant de

Le 19 octobre, Dev’Up a réuni les élus des EPCI à l’aéroport de Châteauroux-Déols pour évoquer le dispositif de sites « clés en main »

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facteurs dissuasifs pour les investisseurs, en particulier dans le secteur industriel », confirme le responsable d’un service régional de développement. C’est la raison pour laquelle le dispositif gouvernemental des sites industriels « clés en main »


a été si bien reçu. Une première liste de 78 sites avait été dévoilée en juillet 2020, avant qu’une seconde de 49 soit rendue publique le 23 septembre dernier. Sur ces zones d’activité, les travaux d’accessibilité, de voirie interne et de passage des divers réseaux – électriques, gaz ou fibre – sont déjà réalisés.

site doit aussi jouir d’une acceptation sociale et politique optimale, tout en étant attractif pour les entreprises et leurs salariés. L’aspect serviciel est, sur ce point, essentiel : « Le critère n°1, c’est la mobilité, rappelle Frédéric Macia. Les gens veulent des transports en commun pour se rendre à leur travail, sans oublier la mobilité

JE SOUHAITE LABELLISER AU NIVEAU RÉGIONAL ENTRE 10 ET 20 SITES D’ACCUEIL « VIP » ” Quant à l’environnement contractuel et juridique, il est sécurisé : le site est libéré de ses obligations faune-flore et les travaux d’archéologie préventives sont faits. « Un site clés en main, c’est un écosystème dans lequel on maîtrise les délais, notamment administratifs », appuie Frédéric Macia, du cabinet Merida Consulting. Attention toutefois au délai de péremption des autorisations : « Une étude d’impact faune-flore a une durée de trois ans. Et elle nous a coûté 800 000 € pour la seule zone d’Ozans », rappelle Henri Balsan, vice-président de Châteauroux Métropole. La création des missions régionales de l’Autorité environnementale, qui peuvent désormais intervenir en lieu et place du Préfet de Région, introduit un nouveau biais dont il faut tenir compte : en 2021, la MRAe du Centre-Val de Loire aura rendu une bonne soixantaine d’avis. Outre le respect des contraintes juridiques et réglementaires, le

interne au site, comme les vélos ou les voitures électriques ». La présence d’équipements tels une salle de sports, une crèche ou un restaurant d’entreprise est également très appréciée. La région Centre-Val de Loire a été richement dotée avec 10 sites « clés en main » qui couvrent tout le territoire, sauf l’Eure-et-Loir, dont certaines zones d’activité, comme le Jardin d’Entreprises à ChartresGellainville ou la ZAE Porte Sud de Dreux-Vernouillet pourraient certainement être éligibles. Quoiqu’il en soit, les heureux élus sont la ZA le Champ des Tailles à Aubigny-sur-Nère (18), le parc technologique de Sologne à Vierzon (18), les parcs du Moutet à Bourges (18) et d’Ozans à Châteauroux (36), Polaxis à Neuillé-Pont-Pierre (37), le parc d’activités de la Boitardière à Amboise (37), son voisin Porte de Touraine à Autrèche (37) et celui des Châteaux à la ChausséeSt-Victor (41), ainsi que l’Agroparc du Controis-en-Sologne (41) et la ZAE de la Pinade à Briare (45).

« L’éligibilité à ce dispositif national est un atout puissant pour le développement des territoires, nous indique Simon Karleskind, le souspréfet à la relance en région Centre-Val de Loire. Ces sites sont commercialisés à l’échelle mondiale par Business France, c’est un changement d’échelle majeur », poursuit le haut fonctionnaire qui nous annonce vouloir prolonger la démarche : « Je souhaite élargir cette offre foncière premium. Nous allons lancer une réflexion avec les services de l’État, notamment avec la Dréal et la Drac, ainsi qu’avec Dev’Up, afin de labelliser au niveau régional entre 10 et 20 sites d’accueil VIP ». Une procédure qui sera complémentaire du dispositif « clés en main » lancé par l’État dans le cadre du plan de relance. Ces sites auront été, eux aussi, délestés des procédures administratives. Ils seront gérés par la préfecture de Région et Dev’Up, en appui des intercommunalités : « Cette labellisation VIP représente un gros travail d’identification et de cartographie qui, idéalement, devrait être abouti d’ici à la fin de l’année. Mais le jeu en vaut la chandelle », estime Simon Karleskind. Il est encore trop tôt pour évaluer le dispositif national mais, selon les services de la ministre déléguée à l’Industrie Agnès PannierRunacher, une dizaine d’implantations – aucune en région Centre-Val de Loire à ce stade – auraient été annoncées, dont plusieurs étaient dans les tuyaux avant la labellisation. JCS et FXB

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L’ATOME CROCHU DE CHINON POUR LE NUCLÉAIRE Le territoire chinonais prépare l’avènement des futurs small modular reactors (SMR) appelés à se substituer aux réacteurs nucléaires de la filière graphite-gaz. Cette technologie pourrait être soutenue par le programme d’investissement France 2030. a communauté de communes Chinon Vienne et Loire abrite déjà d’importantes capacités électronucléaires, la centrale de ChinonAvoine employant près de 1 500 salariés et délivrant, avec ses deux tranches, 4 % de la production électrique nationale. Mais ce n’est probablement pas fini : EDF prépare l’émergence de la nouvelle génération de réacteurs nucléaires voués à se substituer aux équipements actuels. Jean-Luc Dupont, maire de Chinon et président de cette intercommunalité de 24 000 habitants, nous indique que près de 130 ha ont été réservés, dans le cadre du PLU communautaire, pour l’éventuelle construction et

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installation des small modular reactors (SMR), ces petits réacteurs à eau pressurisée d’une puissance unitaire d’environ 170 MWh. Susceptibles d’être utilisés en grappe et pouvant être industrialisés de façon standardisée et simplifiée, les SMR présentent beaucoup d’avantages par rapport à la technologie des EPR. Ils ont obtenu le soutien d’Emmanuel Macron qui devait annoncer d’importants investissements en leur faveur à l’occasion de la présentation du programme France 2030. « Compte tenu de la durée de vie des tranches actuelles, le début de ce projet n’est pas envisagé avant 2035, mais nous avons dé-

La centrale nucléaire de Chinon-Avoine emploie près de 1 500 salariés

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cidé de nous positionner immédiatement », nous indique JeanLuc Dupont qui ne ménage pas ses efforts en faveur de la filière. La communauté de communes de Chinon Vienne et Loire va, en effet, mettre à disposition du GIE Intra (pour Intervention Robotique sur Accident) environ 700 m2 de locaux et 1 000 m2 de locaux de stockage déployés sur le parc d’activités du Véron ; cette brigade d’intervention a notamment pour mission de maintenir une flotte d’engins de chantiers robotisés et de drones télé-opérés en capacités d’intervenir 24 h sur 24 h à la place de l’homme en cas d’accident nucléaire de grande ampleur. Cette brigade, actuellement logée dans des locaux provisoires, emploie entre 20 et 30 salariés. Les futurs locaux d’Intra – qui font l’objet d’une opération de crédit-bail – seront situés en face du bâtiment de grand gabarit qu’EDF et Veolia sont en train de construire. Ils abriteront le démonstrateur qui permettra à des équipes du monde entier de s’exercer au démantèlement des réacteurs nucléaires de la filière graphite-gaz. JCS



TERRITOIRES

CONSTRUIRE PLUS, UN DÉFI POUR LES PROMOTEURS Les ventes de logements neufs sont au plus haut en région Centre-Val de Loire, où le marché est tiré par les deux principales agglomérations d’Orléans et de Tours. Mais les mises en vente ont du mal à rattraper le rythme de commercialisation. Les promoteurs déplorent une offre contrainte et « trop peu de permis de construire ».

Le 5 octobre, lors de la remise des Pyramides d’Argent à Orléans, les promoteurs immobiliers étaient unanimes pour réclamer « plus de constructibilité ».

ardi 5 octobre à Orléans, la traditionnelle remise des Pyramides d’Argent, destinées à récompenser les meilleurs programmes immobiliers régionaux, a été l’occasion pour les promoteurs de présenter les chiffres clés de leur activité en 2021 et de faire un point sur la situation du logement à Orléans, Tours et Chartres. Premier constat : la reprise du marché est là et la décrue des ventes, redoutée « par certains » après la crise sanitaire, n’a pas eu lieu. Les ventes ont même atteint un pic dans la région au 1er semestre

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2021, avec 1 414 ventes nettes, contre 1 360 au 2e trimestre 2019, avant la chute du 1er semestre 2020 et ses trois mois de confinement où seulement 1 023 ventes avaient été enregistrées. La santé du marché est telle que, depuis un an, les ventes dépassent les mises en vente. Logiquement, le stock de logements neufs se dégonfle. Sur la zone d’emploi orléanaise, on construit un peu moins de 2 900 logements chaque année pour une demande globale de plus de 40 000 logements, intégrant le mal logement (9 000) et la besoins de décohabitation (7 600).

Comment répondre à ce besoin non satisfait ou, pour le moins, tenter d’augmenter une offre contrainte ? « Trop peu de permis de construire sont accordés avec trop peu de constructibilité », expliquent les professionnels. À cette supposée « panne de stylo » des maires au moment de signer le permis, Christophe Chaillou, maire de St-Jean-de-laRuelle, rappelle que « chaque projet est contesté (…), que les recours contre les nouveaux programmes immobiliers sont systématiques et qu’il y a une forte contradiction entre les aspirations des citoyens à disposer de nouveaux logements et leur aversion à la densification urbaine et à l’artificialisation des terres ». En corollaire, les prix augmentent (3 851 € en moyenne le m2, parking inclus, soit une hausse de 5,6 % en un an), plus en raison du renchérissement du coup de la construction (passé de 1 400 € HT/m2 en 2007 à plus de 1 800 € HT/m2 aujourd’hui) et de la répercussion de l’inflation normative que de la pression de la demande.


Les deux principaux marchés régionaux, le bassin d’Orléans et celui de Tours, ont des physionomies assez proches. Dans celui de la capitale régionale, les mises en vente (339 lots) équilibrent presque le nombre des ventes (317 au 2e trimestre 2021) et le nombre de logements disponibles baisse (600, contre 813 en début d’année). Sur son équivalent tourangeau, les mises en vente du trimestre (352 lots) sont également très légèrement supérieures aux ventes effectives (330) avec un stock supérieur (921 lots). Dans les deux agglomérations, les prix de vente s’envolent (+ 6 % en un an). À Chartres, troisième marché régional (la zone d’emploi compte environ 210 000 habitants, contre

435 000 à Orléans et 515 000 à Tours, NDLR), les mises en vente sont nettement supérieures aux ventes, avec une proportion plus importante d’occupants (45 % des

Les T1 et les T5 et plus représentent à peine 5 % de l’offre comme de la demande. Celle-ci émane principalement des moins de 30 ans (40 %), dont une forte proportion

LES RECOURS CONTRE LES NOUVEAUX PROGRAMMES IMMOBILIERS SONT SYSTÉMATIQUES ” ventes) que les deux principales villes régionales, où les investisseurs sont deux fois plus nombreux que les occupants. Pour l’ensemble des personnes qui emménagent dans la région, la demande de logements porte principalement sur les T2 et les T3 (75 à 80 % des transactions), les ventes de T4 (13 %) restant en deçà de l’offre disponible (21 %).

de décohabitation, les moins de 45 ans représentant 32 % des achats immobiliers. Le nombre de locataires « libres » représente, quant à lui, tout juste la moitié du marché, les propriétaires assurant un quart du marché, le dernier quart se répartissant entre locataires du parc HLM, locataires en meublé ou à titre gracieux. FXB

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TERRITOIRES

Ivain Leroy-Liberge, président de la FPI Centre-Val de Loire

« LA PROBLÉMATIQUE DE NOS PROJETS, C’EST LEUR DURÉE » Président de la fédération régionale des promoteurs immobiliers et directeur général de Sully Promotion, Ivain Leroy-Liberge s’inquiète des délais de réalisation des projets immobiliers, ralentis par les concertations en amont – qu’il ne conteste pas – l’inflation normative et législative et la timidité de certains maires, plus enclins à promouvoir la ville verte que la construction de logements. Il souhaite que l’État se donne le moyens de provoquer « un choc d’offre » pour répondre aux besoins grandissants des Français. La Lettre Valloire : Les prix de l’immobilier sont à la hausse dans la région, comme à peu près partout en France. Cette augmentation importante des prix, déconnectée de celle du pouvoir d’achat, ne risque-t-elle pas de dissuader les acquéreurs potentiels ? Ivain Leroy-Liberge : En un an, les prix ont augmenté en moyenne de 6,5 % sur les trois métropoles de notre territoire (Orléans, Tours et Chartres). On assiste également à une forte baisse des mises en vente : sur l’année, nous sommes en moyenne à – 10 %. En comparant les 3e trimestres 2020 et 2021, on note le redémarrage d’Orléans, avec une hausse d’environ 10 %, mais après une année 2020 qui a subi le double coup d’arrêt de la crise Covid et des élections municipales. Tours chute sur la même période de 50 %, mais le précédent maire avait signé beaucoup d’opérations avant d’être

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battu. À Chartres, il n’y a eu aucune mise en vente cet été ; le marché y est très fluctuant, et même sinusoïdal. Aujourd’hui, la problématique de nos projets immobiliers, c’est leur durée. Avant, on mettait trois ou quatre ans à sortir un projet. Aujourd’hui, on est plutôt sur des cycles de cinq à huit ans, suivant la complexité de l’opération. Notre enjeu, c’est d’aller plus vite. Tours a mis en place des ateliers en amont pour définir ce qu’on peut

opérations de 10 logements ou plus n’est-elle pas un facteur d’augmentation des prix ? Où en sont les discussions du PLUm à Orléans sur ce point ? Ivain Leroy-Liberge : C’est un sujet compliqué. Chaque année, les bailleurs sociaux achètent aux promoteurs privés 56 % de la production totale des logements sociaux (selon le principe de la Vefa-HLM, né au début des années 2000, NDLR). Nos programmes en comprennent systématique-

LES ÉLUS DOIVENT ADMETTRE QUE DENSIFIER, CE N’EST PAS MAL CONSTRUIRE ” faire, c’est bien, mais il ne faut pas que ça ralentisse le projet : on ne peut pas se permettre d’avoir des rendez-vous à six mois. À Orléans, la mairie est très ouverte. Elle reçoit les promoteurs, travaille avec nous en amont : du coup, l’instruction du permis est plus rapide. Et puis, je crois beaucoup au permis numérique. Nous, les promoteurs, nous sommes en avance parce que nos architectes sont déjà en mode BIM (Building Information Modeling, NDLR) ; l’administration, elle, a encore une culture du papier. La loi Elan prévoit la dématérialisation des demandes de permis de construire à partir du 1er janvier 2022. On n’y sera pas, mais c’est comme cela que nous pourrons gagner du temps. La Lettre Valloire : L’obligation de réserver une part de logements sociaux dans toutes les

ment, mais j’ai eu des cas où les bailleurs ont refusé d’acheter parce qu’il n’y avait pas de cage d’escalier dédiée. Cela veut dire que faire du logement social dans un programme de moins de dix logements, c’est compliqué parce que les bailleurs veulent être chez eux. Il faut toutefois nuancer. Pour les logements PLAI, attribués aux locataires en situation de grande précarité, les bailleurs sociaux préfèrent avoir des cages d’escalier séparées. Pour le PLS, qui est un niveau intermédiaire de logement entre le parc « très » social et le privé, il est possible de proposer du mitage. D’ailleurs, au temps de la loi Robien, beaucoup de promoteurs avaient fait du mitage entre le privé et le PLS. Désormais, nous avons aussi les dispositifs BRS (bail réel solidaire) et OFS (organismes de foncier solidaire), créés par la loi Alur, où il est pos-

sible de mixer du social à l’unité dans des opérations privées. Les prix augmentent dans le privé, mais ceux des logements que nous achètent les bailleurs sociaux n’augmentent pas. Et cela depuis un certain nombre d’années. Du coup, la péréquation se fait au détriment du privé. Dans une opération où il y a 20 % de logements sociaux, de facto, c’est le privé qui paie la différence et supporte la hausse du prix du foncier et des coûts de construction. On discute d’ailleurs de ce sujet avec la Métropole d’Orléans dans la préparation du PLUm. Mais l’État doit prendre conscience qu’il faut une revalorisation du prix des logements sociaux en Vefa-HLM. La Lettre Valloire : La loi Climat et Résilience enjoint aux collectivités de réduire encore leur consommation foncière. Quelle pourrait être, pour les promoteurs, la parade à la zéro artificialisation nette (ZAN) des sols ? Ivain Leroy-Liberge : Dans la ZAN, il ne faut pas oublier la dernière lettre , le « n » de nette. Il faut bien comprendre qu’en construisant à la place de l’existant, on peut gagner sur l’artificialisation des sols et qu’il est nécessaire de dissocier le logement du reste, car l’artificialisation est aussi provoquée par la voirie ou les ouvrages d’art. Le sujet de la densification est important : les élus doivent admettre que densifier, ce n’est pas mal construire. On se rend compte qu’en densifiant, on peut avoir des espaces verts qui sont plus grands. Le problème, c’est que beaucoup

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de maires ont été élus l’an passé pour faire une ville verte, pas pour construire. Il y a bien cette prime à la densification prévue par le plan de relance (100 € versé aux communes par m2 construit au-delà du seuil de densité moyenne de la commune, NDLR), mais encore une fois, ces dispositifs sont compliqués à mettre en place et on les voit encore peu.

Dans les crises précédentes, des entreprises ont fait faillite et du coup, toute la remontée en puissance des sociétés a été très longue. Il faut mettre la question du logement au cœur de la campagne électorale qui s’ouvre : il représente 30 % du pouvoir d’achat des Français et le mal logement, ça existe. On critique beaucoup le système de défiscalisation. Oui, il y a eu des abus, mais ils ont été

IL FAUT METTRE LA QUESTION DU LOGEMENT AU CŒUR DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE QUI S’OUVRE ”

SUS AUX RECOURS ABUSIFS Les recours contentieux contre les permis de construire sont un véritable fléau pour les promoteurs immobiliers. On estime que 50 000 sont actuellement à l’instruction. Récemment, un marchand de biens marseillais a été condamné à trois ans de prison ferme et à verser 3,4 M€ de dommages et intérêts pour avoir déposé une vingtaine de recours, dont la plupart abusifs, qui lui avaient rapporté 2,2 M€ après des négociations « forcées » avec les promoteurs. Un rapport récent, remis à la ministre du Logement, préconise de réduire encore le délai maximal de jugement d’un recours contentieux contre les permis de construire – il a déjà été ramené à dix mois en 2018 – et recommande de relever le montant maximal de l’amende pour recours abusif, aujourd’hui fixé à 10 000 €.

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La Lettre Valloire : Quelles devront être les priorités du pouvoir qui se mettra en place au printemps prochain pour libérer la production de logements neufs ? Les mesures attendues du Pinel + vont-elles dans le bon sens ? Ivain Leroy-Liberge : Premièrement, il faut une prise de conscience des élus. Le BTP, c’est 10 % du produit intérieur brut. Dans dix ans, il y aura 4 millions de Français supplémentaires, avec les besoins de logements correspondants ; il y a aujourd’hui moins de deux personnes par foyer. Le logement évolue, le récent rapport Girometti-Leclercq le montre bien (rendu public au mois de septembre, il préconise des logements plus grands, plus hauts sous plafond et dotés d’annexes de type balcons, NDLR). Si jamais on casse l’outil de production du logement, pour le redémarrer, ça va être compliqué.

corrigés. Ces outils de défiscalisation représentent un gain pour l’État et les investisseurs. Et puis ce sont des logements à loyer encadré, qui ne lèsent par les occupants. Enfin, je crois qu’il faudrait un ministère de plein exercice, regroupant l’aménagement du territoire et le logement (les deux dernières ministres du Logement de plein exercice, Sylvia Pinel et Emmanuelle Cosse, ont été nommées par Manuel Valls entre 2014 et 2016, NDLR). Nous sommes à 300 000 logements produits chaque année en France, l’objectif est à 500 000. On en est loin. Nous n’avons pas d’offre disponible, ce qui génère une tension sur les prix. Il faudrait aussi appliquer la RE 2020 (nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs, NDLR) par paliers. Le logement a impérativement besoin que se produise un « choc d’offre ». Propos receuillis par François-Xavier Beuzon


TOURS, LA VILLE OÙ ON SE LOGE PAS TROP CHER L’observatoire local des loyers du parc privé de la métropole tourangelle (OLL37) considère que Tours reste une ville où on peut se loger pour un loyer abordable, autour de 10 €/m2. On aimerait comparer à Orléans, mais l’équivalent n’existe pas. vec la réserve que l’étude concernée remonte à près de trois ans, Tours reste une ville où on peut se loger pour un loyer abordable. Au 1 er janvier 2019, le loyer médian était de 10 €/m2 sur le territoire métropolitain (22 communes et 300 000 habitants), soit un montant moyen de 500 € par mois, hors charges. C’est plus qu’à Clermont-Ferrand (8,90 €/m2), mais moins qu’à Nantes (11 €/m2, mais en 2020) ou qu’à Rennes (10,60 €/m2, également en 2020). On aimerait comparer avec d’autres agglomérations de la région, mais aucune ne s’est dotée d’un observatoire local des loyers (OLL), même pas Orléans, où les professionnels de l’immo-

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bilier auraient été incapables se s’entendre. On se contentera donc des données fournies par le site SeLoger, qui donne un loyer moyen de 12 €/m2 dans la capitale régionale ; le site du groupe Axel Springer le fixe au même niveau que celui de Tours, donc 2 €/m2 au-dessus de celui de l’OLL37. Il faudra donc se contenter de jauger Tours et la cinquantaine d’autres territoires dotés d’un OLL, tous situés en dehors du CentreVal de Loire ; leurs chiffres sont consultables sur le site observatoire-des-loyers.org. Autre enseignement : louer un appartement (10,2 €/m2) coûte sensiblement plus cher que louer une maison, et même 13 % de plus. À Tours, les T1 et les T2 se louent vite, les T3 et T4 un peu moins

Une pierre dans le jardinet de la ministre du Logement Emmanuelle Wargon qui jugeait récemment que « le modèle du pavillon avec jardin » était « un non-sens écolologique, économique et social ». Vu de St-Mandé, où la ministre réside dans une maison individuelle, c’est facile à dire. On est loin d’y payer le même prix qu’en banlieue pavillonnaire ou en province : le loyer moyen y est de 29 €/m2, trois fois plus qu’à Tours. Le nombre de pièces fait évidemment varier le montant acquitté chaque mois à son propriétaire. Un studio est en moyenne 5 € plus cher qu’un logement de cinq pièces ou plus. Les T1 et T2 restent toutefois le cœur du marché ; avec 23 400 logements loués, ils représentent 56 % de l’offre privée. Les promoteurs ont suivi la demande, avec un fort dynamisme de la construction de T1 entre 1991 et 2005, avant que les T2 ne preinent le relais durant les quinze dernières années. Les T1, principalement occupés par des étudiants vivant seuls, se louent 12,8 €/m2, soit 2 € de plus qu’un T2 qui, lui, séduit les jeunes actifs. FXB

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LES ATOUTS D’UNE GRANDE L’entreprise orléanaise Thévenin a conçu le Lodj, un concept innovant de petite maison de 20 m2, tout confort, qui offre une nouvelle pièce de vie tout en s’intégrant parfaitement dans l’espace d’un jardin. Une manière de répondre à de nouveaux modes de vie. e parlez surtout pas d’une « cabane au fond du jardin ». D’autant moins que ce n’en est pas une. Le Lodj, c’est son nom de baptême, est une maisonnette de 20 m2 conçue par l’entreprise Thévenin, de StCyr-en-Val (45), un spécialiste reconnu de la rénovation de l’habitat. Fabriquée avec un assemblage de panneaux en bois prégrisés, solidement ancrée dans le sol grâce à une technique de pieux, isolé thermiquement – on peut y séjourner été comme hiver – et acoustiquement, le Lodj a tout d’une grande. Cette maison miniature, une « tiny house » à l’anglo-saxonne mais sans les roues, répond à des aspirations de plus en plus partagées, et que la Covid-19 a largement répandues : celles d’être en prise directe avec la nature, l’espace extérieur dans tous les cas – une baie vitrée coulissante le permet –, doublées du besoin de profiter d’une pièce de vie supplémentaire, pour télétravailler, faire du sport, loger des amis, s’adonner à une activité créative ou tout simplement offrir une nouvelle autonomie à un enfant devenu grand. « On a commencé à travailler sur le projet Lodj pendant la période Covid : nous étions à l’arrêt forcé

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et on s’est demandé à quoi ressemblerait l’après-confinement, explique Nicolas Soucier, directeur général de Thévenin (460 salariés et 60 M€ de CA). On souhaitait faire évoluer notre base clientèle, et pourquoi pas l’élargir en allant chercher les quadras qui aspirent à un nouveau mode de vie. Le Lodj répond à ces nouvelles attentes. Et on a été capable de sortir ce projet en dix-huit mois en s’appuyant sur nos compétences techniques historiques. » Le Lodj, qui ne sera commercialisé qu’au début du mois de janvier, est proposé en trois niveaux de finition – original, confort et exclusif – avec des prix qui vont de

55 000 € à 78 000 € pour le modèle avec salle de bains, douche à l’italienne, toilettes, lit encastrable et espace cuisine. Un studio posé à quelques mètres de la maison. « Il n’y a pas besoin de permis de construire, juste une déclaration préalable », explique Arthur Cleach, responsable des opérations de développement. « L’assemblage de la maison est réalisé en dix jours chez le client avec des techniques sèches. » À compter du mois de janvier, trente modèles de Lodj sortiront chaque mois des usines de Thévenin. La fréquence pourrait augmenter en fonction du succès… JG Le Lodj est proposé en trois niveaux de finition avec des prix qui vont de 55 000 € à 78 000 €


Le 27 octobre dernier, le Comité régional Action Logement Centre-Val de Loire a tenu sa Convention annuelle à la Cité du numérique de Châteauroux. Après deux années sans pouvoir se réunir, les acteurs locaux du logement ont pu échanger lors de tables rondes réunissant partenaires, collectivités et entreprises. Au cœur des débats, 3 thèmes : l’accompagnement des bénéficiaires, bailleurs et salariés, le soutien au développement des territoires, et les solutions pour répondre aux nouvelles formes de travail.

Les représentants du groupe paritaire Action Logement ont évoqué devant les 130 participants, les enjeux du territoire et ont présenté les dispositifs mis en œuvre en faveur de l’habitat abordable. « Comment imaginer une politique du logement ambitieuse, un accompagnement efficace des salariés, sans partir des réalités de terrain, sans tenir compte des spécificités de chaque territoire et sans axer nos travaux sur la proximité » explique Philippe LENGRAND, Vice-président du groupe Action Logement. De gauche à droite : Philippe LENGRAND, Vice-président d’Action Logement Groupe, Gil AVEROUS, Les échanges ont notamment porté sur Maire de Châteauroux et Président de Châteauroux Métropole, Dominique DHENNE et Yves CLEMENT, les impacts de la crise sanitaire sur l’emploi respectivement Président et Vice-président du Comité régional Action Logement Centre-Val de Loire. et l’attractivité du territoire, l’évolution de l’offre de l’habitat, ainsi que les solutions pour développer la production de logements, accompagner la relance, faciliter l’accès au logement pour favoriser l’emploi, soutenir la performance des entreprises, et contribuer ainsi au développement de l’attractivité des territoires. « Nous sortons de la crise sanitaire, mais pas de la crise du logement ! Il nous faut, collectivement, poursuivre nos efforts pour produire plus et mieux » s’engage Dominique DHENNE, Président du Comité régional Action Logement Centre-Val de Loire. Dans ce contexte, il a été rappelé qu’une convention a été signée entre Action Logement, l’État et la Région, pour la construction de 5 000 logements en deux ans. Le Centre-Val de Loire, étant à ce jour, l’unique région à s’être engagée dans un tel plan. «L’accès et le maintien dans le logement est notre priorité, rappelle le Vice-président, Yves CLEMENT, l’année dernière plus de 2 400 aides ont À PROPOS D’ACTION LOGEMENT été déployées sur la région en soutien aux ménages qui Depuis plus de 65 ans, la vocation d’Action Logement, acteur de rencontraient des difficultés à payer leur loyer, dans le référence du logement social et intermédiaire en France, est de cadre de la mise en place du chômage partiel. » faciliter l’accès au logement pour favoriser l’emploi. L’événement a aussi été l’occasion pour Action Logement Action Logement gère paritairement la Participation des Employeurs et Châteauroux Métropole de signer un partenariat à l’Effort de Construction (PEEC) en faveur du logement des salariés, de la performance des entreprises et de l’attractivité des visant à apporter une meilleure réponse aux besoins territoires. Grâce à son implantation territoriale, au plus près des en logements des salariés, à accompagner le entreprises et de leurs salariés, ses 18 000 collaborateurs mènent, développement économique, et à renforcer l’attracsur le terrain, deux missions principales. tivité du territoire. « Action Logement est un partenaire Construire et financer des logements sociaux et intermédiaires, prioincontournable. Les régimes d’accompagnements, ritairement dans les zones tendues, en contribuant aux enjeux d’écoles aides sous forme de subventions, sont détermihabitat, de renouvellement urbain et de mixité sociale. Le groupe Action Logement compte 46 ESH et un patrimoine d’un million de lonantes pour bon nombre d’opérations immobilières, gements sociaux et intermédiaires. à l’instar du dispositif Action Cœur de Ville » salue Sa deuxième mission est d’accompagner les salariés dans leur mobilité Gil AVEROUS. résidentielle et professionnelle. Le Groupe s’attache particulièrement à proposer des services et des aides financières qui facilitent l’accès au logement, et donc à l’emploi, des bénéficiaires, qu’ils soient jeunes actifs, salariés en mobilité ou en difficulté.

Plus d’informations sur : www.actionlogement.fr - @ActionLogement


TERRITOIRES

ORLÉANS AURA BIENTÔT DES ÉTUDIANTS EN VILLE Les plans du futur campus orléanais sont désormais connus. Plus de 4 000 étudiants y feront leur rentrée en septembre 2025, ce qui marque un tournant dans l’histoire et l’ambition universitaire de la ville.

Le futur campus de la Porte-Madeleine s’intègrera dans le paysage urbain orléanais, en bordure du boulevard Jean-Jaurès

epuis des décennies, Orléans regardait Tours avec envie. Elle lui jalousait cette vie estudiantine qui irrigue son centre-ville et le rend, à l’extérieur, si attractif. Certes, la cité johannique possède une belle université, mais elle n’était pas une ville universitaire au sens strict du terme. La faute à un campus implanté depuis les années soixante dans le quartier de La Source, à plus de 10 km de la place du Martroi. Trop loin pour que le souffle tonifiant de la jeunesse ne fasse vibrer le bout de l’épée de la statue de Jeanne. À la rentrée 2025, Orléans n’aura plus rien à envier à sa voisine tourangelle : un nouveau campus de 18 000 m2, implanté sur le site de l’ancien hôpital de la Porte-Madeleine, en centre-ville, accueillera les étudiants de la faculté de droitéconomie-gestion (DEG) ainsi que ceux de l’ESPT (l’école des travaux

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publics, du bâtiment et de l’industrie). Quelque 4 000 étudiants poseront ainsi leurs cartables et ordinateurs dans les six amphithéâtres et les

versité, au moment où les plans du futur Campus Madeleine étaient projetés dans l’hémicycle du conseil municipal : « Il va nous permettre de garder notre jeunesse, de lui donner les moyens de travailler avec les entreprises du territoire. Ce campus offrira aux étudiants des conditions de vie et d’études remarquables, par ses espaces, ses transparences, son patio, son lien avec le patrimoine historique du site. » Serge Grouard, maire de la ville et nouveau président de la Métropole,

C’EST BEAUCOUP PLUS QU’UN PROJET, C’EST UNE RÉVOLUTION ” multiples salles de cours dont le geste architectural a été signé par l’Atelier d’architecture Vincent Parreira, lauréat du concours de maîtrise d’œuvre. Une école de la data (formation aux métiers de la donnée) et un learning center (bibliothèque connectée et adaptée aux nouveaux apprentissages) y seront également ouverts. « C’est beaucoup plus qu’un projet, c’est une révolution », lance Florent Montillot, premier adjoint au maire en charge des relations avec l’uni-

parle de « vision stratégique ». « Il n’y a pas de développement possible sans un enseignement supérieur fort », a-t-il ajouté, regrettant au passage le manque d’investissements de l’État et de la Région, alors même que la compétence de la formation universitaire leur revient. Sur le coût global de 72,4 M€, la Région et l’État apportent respectivement 8,9 M€ et 8,5 M€. Une copie bien insuffisante par le premier magistrat de la ville. JG


LA DEUXIÈME VIE DU SITE JOCONDIEN DE MICHELIN Le futur quartier d’affaires de la métropole tourangelle va se développer sur la friche Michelin, à Joué-lès-Tours : les aménageurs prévoient d’y construire 180 000 m2 de bureaux et divers équipements sur quinze ans. Joué-lès-Tours, les quelque vingt hectares anciennement occupés par la gigantesque usine de pneumatiques Michelin – elle a employé jusqu’à 4 000 salariés – vont connaître une deuxième vie. Associé à la société d’équipement de la Touraine (Set), le promoteur et aménageur orléanais Exia va acquérir cette emprise foncière pour lancer le futur quartier d’affaires de la métropole tourangelle. On devrait en savoir plus sur le dessein urbanistique et architectural avant l’été, mais les projections tablent sur 230 000 m2 à 280 000 m2 de surface de plancher, dont 180 000 m2 de bureaux, 30 000 m2 de locaux d’activité, de l’hôtellerie, des commerces et des services, un restaurant inter-entreprises et des équipements de loisirs. Sans sembler particulièrement pressé de le faire, Frédéric Augis, maire de Jouélès-Tours et président de la Métropole, suggère qu’à terme, une grande salle sportive pourrait être construite, Tours en manquant cruellement en dépit de ses deux clubs d’élite (le volley-ball en Ligue A, le basket en ProB). À ce stade, il n’est pas prévu de logements, mais l’architecte et

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Le futur quartier d’affaires tourangeau sera un lieu de vie, articulé autour d’une place paysagère.

urbaniste Clément Blanchet, en charge du projet d’aménagement, estime « que l’hypothèse pourrait être travaillée » et que, pour le moins, « la réversibilité » des surfaces permettrait que, demain, « des bureaux puissent devenir des logements. »

d’offre neuve. En respectant les ratios d’utilisation en vigueur, les surfaces construites correspondent à environ 5 000 emplois créés. Le projet urbanistique, qui s’articulera autour d’une place paysagère, devra aussi « retisser, réparer,

DÉBUT DES TRAVAUX EN 2023 ET DES PREMIÈRES LIVRAISONS DEUX ANS PLUS TARD ” L’aménagement devrait s’étaler sur une quinzaine d’années, avec un début des travaux en 2023 et de premières livraisons en 2025. Au rythme actuel de quelque 30 000 m2 de bureaux transactés chaque année sur le territoire métropolitain – plus de 35 000 m2 avant la crise – l’écoulement de 180 000 m2 tertiaires sur la durée ne semble guère inquiéter les promoteurs, d’autant que le marché se caractérise par une pénurie

lier et connecter des territoires préexistants de Joué-lès-Tours ». L’objectif, souligne Clément Blanchet, est bien de « tendre une main vers la ville »… et aussi vers la base de loisirs et le lac des Bretonnières qui seront reliés au nouveau quartier par une passerelle jetée au-dessus du boulevard périphérique. La promesse de vente du terrain a été signée par les parties le 12 octobre dernier. FXB


ENTREPRISES

MARCO POLO FOODS LA RECETTE DU SUCCÈS Après des années difficiles, la société du Controis-en-Sologne a retrouvé les recettes qui ont fait le succès en grande surface de ses barquettes de sushis. Une extension est en vue pour renforcer les capacités de l’usine. En attendant des opérations de croissance externe pourraient conforter le groupe de Baptiste Bayart. Marco Polo Foods cherche à recruter pour faire face à l’augmentation de la production, mais aussi pour réduire le recours à l’intérim

est un pari un peu fou, un vrai pari d’entrepreneur. À l’automne 2015, le fabricant allemand de sushis Natsu Foods, qui a racheté quelques mois plus tôt son concurrent français Marco Polo, contacte son principal distributeur français, Baptiste Bayart. En quatre ans, sa société 2B’Fresh est devenue un partenaire essentiel des frères Tim et Tom Hörnemann, fondateurs de Nastu. De son fief lillois, Baptiste Bayart livre des sushis et autres plats japonais de Natsu dans les rayons de 700 supermarchés. Les Allemands, empêtrés avec cette acquisition française et son

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usine de Contres, proposent à Baptiste Bayart d’en prendre la présidence. Le nordiste ne connaît pas le monde de l’industrie et n’a jamais mis les pieds dans le Loir-et-Cher. Mais qu’à cela ne tienne ; il relève le défi, au grand désespoir de son père, qui le conjure de renoncer. Avant de donner son accord, Baptiste Bayart pose une condition : prendre la majorité du capital. Les Allemands acceptent de lui céder 50,5 % des actions et conservent le reste. « J’ai signé vendredi 4 décembre 2015 ; le lundi, j’étais dans l’usine », se rappelle le jeune (36 ans) patron. Marco Polo n’a alors plus rien à voir avec la société florissante por-

tée par Jean-Charles Halimi, débarqué sans ménagement trois ans plus tôt par le fonds auquel il avait cédé le contrôle de l’entreprise. La CA s’est écroulé – moins de 18 M€, contre 32 € en 2012 – et il ne reste que 130 salariés désabusés après le PSE. Il est temps de se retrousser les manches et de remettre tout le monde au travail. Baptiste Bayart apprend en un temps record le métier d’industriel, aidé par ses cadres qui reprennent espoir. Le nouveau venu investit dans la chaîne du froid, rationalise la production, retrouve la confiance des grandes enseignes mais augmente ses prix, notoirement trop bas. Marci Polo est rentable au début de l’année 2017, après quatorze mois de disette. En 2018, l’entreprise réembauche ; l’année suivante, le CA dépasse les 22 M€. Début 2020, la crise sanitaire stoppe les machines. Dès la fin du printemps, les commandes reprennent à un rythme jamais atteint : la fermeture des restaurants poussent les Français à se fournir dans les supermarchés, où les sushis et les makis made in Loir-et-Cher cartonnent. Marco Polo produit plus


de 40 000 barquettes par jour. Au début de cette année, l’outil industriel controis, qui n’a pas beaucoup évolué depuis sa mise en service vingt ans plus tôt, est proche de la saturation. L’usine emploie 177 CDI et 130 intérimaires. Il est temps de pousser les murs. Cet automne, Marco Polo a encore grossi : 197 CDI qui travaillent 4

de réorganiser la production et les flux dans une usine qui en profitera pour se doter de deux lignes supplémentaires pour rouler les makis. Une partie des stocks entrants sera confiée à un tiers stockeur et un parking sera aménagé sur le terrain concédé par une entreprise voisine. Livraison du tout fin 2022 ou début 2023.

BAPTISTE BAYART APPREND EN UN TEMPS RECORD LE MÉTIER D’INDUSTRIEL, AIDÉ PAR SES CADRES ” jours sur 7, mais 8 h 45 par jour, effectif que complètent 150 intérimaires. « Nous cherchons à recruter 80 salariés, ajoute Baptiste Bayart. Pour faire face à l’augmentation de la production, mais aussi pour réduire le recours à l’intérim. » En fin d’année, le CA sera de 45 M€. Jamais l’entreprise n’aura produit autant : « Notre record, c’est 67 000 barquettes quotidiennes, ce qui correspond à 670 000 pièces. Mais la moyenne, aujourd’hui, est de 55 000 barquettes par jour. » Engagé parallèlement dans une restructuration de son capital autour de Foodiz, appelé à devenir la holding qui contrôle Marco Polo Foods, 2B’Fresh, Deli + et Le Petit Cuisinier, une usine de plats préparés rachetée fin 2018 à Vitry-enArtois (62), Baptiste Bayart compte investir « entre 6 et 7 M€ » au Controis-en-Sologne. La première étape est la construction d’une halle d’environ 1 200 m2, à l’arrière de l’usine. Elle abritera une ligne de cuisson pour le riz. Cette extension sera aussi l’occasion

« Nous nous mettons en situation de générer sur le site un CA de l’ordre de 60 à 70 M€, justifie Baptiste Bayart qui reconnaît qu’il sera difficile d’aller au-delà pour des raisons tant de disponibilité foncière que de capacité de recrutemement sur un bassin controis qui plafonne à 5 % de taux de chômage, situation qui se rapproche du plein d’emploi. Mais l’objectif est aussi de sortir du « tout sushi » pour devenir « le leader européen de l’ultrafraîcheur ». Déjà, Le Petit Cuisinier concocte des woks et des bowls vendus par 2B’Fresh. Demain, Marco Polo devra être capable de produire des poke bowls mélangeant quinoa, légumes et poisson cru et de proposer des ceviches ou des tartares de poisson. Forcément, Baptiste Bayart songe à des opérations de croissance externe, plutôt en Europe du Sud : « Mais je privilégierai des sociétés en bonne santé ; les redressements, j’ai assez donné. ».

LE PIONNIER DES SUSHIS En 2004, Tim Hörnemann rentre de Californie. Impressionné par ces comptoirs qui proposent du poisson cru sur une boule de riz, il décide de lancer le sushi en Allemagne. Avec son frère Tom, il ouvre le Tsunami Sushi Bar. Succès mitigé, car « personne ne savait ce que le mot signifiait à l’époque ». Aujourd’hui, les frères Hörnemann sont à la tête de Natsu Foods, une société qui réalise près de 150 M€ de CA avec des sushis, sandwichs, wraps, « lunch pots » et soupes à réchauffer vendus en grande surface. En 1998, six ans avant eux, JeanCharles Halimi a créé Marco Polo et une première unité de production de sushis à Athée-sur-Cher, près de Tours. En 2001, alors qu’il emploie une trentaine de personnes pour un CA de 17 M€ (2,6 M€), Jean-Charles Halimi déménage dans sa nouvelle usine de Contres. En 2004, les frères Hörnemann démarrent : Marco Polo Foods réalise déjà 10 M€ de CA.

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ENTREPRISES

INNOVA ÉLARGIT L’HORIZON D’ORGAPHARM La startup californienne Innova Medical Group va confier à l’usine Orgapharm de Pithiviers la production de tests de détection de la Covid-19 pour l’ensemble des marchés européens. Ce programme devrait générer la création de 250 emplois. Les nouvelles capacités seront installées dans les ex-locaux de l’ex-usine 3M Santé, rachetée par Orgapharm en 2016.

Xavier Guérin, président d’Innova Medical Group, veut se positionner comme un partenaire de long terme d’Orgapharm

ésilience et obstination. Lorsqu’il racheta en 2016 les vastes locaux de 3M Santé à Pithiviers (45), qui étaient situés juste à côté de son usine de chimie fine Orgapharm, David Simonnet, patron du groupe Axyntis, n’imaginait pas à quoi il des-

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tinerait cette usine quelques années plus tard. « J’avais l’intuition qu’un actif de cette catégorie recélait un potentiel important et qu’il convenait de le maintenir en état de fonctionnement, notamment ses infrastructures de traitement de l’air. Mais je concède que cette conviction n’était pas totalement partagée par mes pairs, plutôt enclins à se désengager de l’industrie ! » À l’époque, les usines n’avaient guère la cote. Pour ce grognard de l’industrie française, chantre des politiques de souveraineté sanitaire, il n’était pas envisageable de démanteler ou de brader un tel site, classé établissement pharmaceutique, qui abrite 2 500 m2 de salles blanches et a employé, dans ses riches heures, jusqu’à 200 salariés. Il s’est donc efforcé, tout au long de ces dernières années, d’identifier un projet susceptible de nourrir l’activité de l’usine. Tout vient à point à qui sait attendre ! C’est avec la satisfaction du devoir accompli que David Simonnet a accueilli la confirmation du contrat majeur signé avec la so-

ciété californienne Innova Medical Group ; le closing est intervenu courant octobre, à l’issue de plusieurs mois de discussion. Émanation récente et très opportuniste du fonds d’investissement Pasaca Capital, cette entreprise s’est spécialisée dans la fabrication de dispositifs médicaux liés à la lutte contre la Covid-19, et notamment de tests et d’autotests antigéniques. « Nous cherchions une tête de pont industrielle qui nous permettrait d’approvisionner les marchés d’Europe continentale. Nous avons été mis en contact avec les dirigeants d’Axyntis qui nous ont convaincus que leur proposition industrielle répondait à l’ensemble de nos critères. Mais nous répondons aussi aux préoccupations des États qui souhaitent préserver leur indépendance industrielle dans le domaine des produits de santé », nous indique Xavier Guérin, le président d’Innova Medical Group Europe. La startup californienne, qui dispose déjà d’une force de frappe industrielle impressionnante avec plus d’un milliard de tests antigéniques produits aux Pays de Galles


et en Chine, va faire faire fabriquer des tests lateral flow antigéniques à prélèvement nasal ou nasopharyngé par l’ex-usine 3M Santé. Et ce sont les équipes d’Orgapharm qui vont assurer cette charge dans le cadre d’un contrat de sous-traitance. « Ce contrat ne correspond pas à un changement de modèle, ni de métier. Nous avons l’expérience de la sous-traitance, que ce soit dans le domaine de la chimie fine

Pour sa part, Xavier Guérin, le président d’Innova Medical Group Europe, peu disert sur les contours économiques de ce contrat, nous indique que son entreprise a engagé « plusieurs millions d’euros dans l’acquisition des équipements industriels ». Mais le donneur d’ordre américain sera-t-il en mesure de maintenir le rythme de ses commandes dans les années à venir ? Le reflux de la pandémie risque de compromettre

NOUS CHERCHIONS UNE TÊTE DE PONT, POUR APPROVISIONNER L’EUROPE CONTINENTALE ” thérapeutique, de la chromatographie ou de la fabrication de colorants pour les industries papetière et pétrolière. Mais il s’agit d’un produit nouveau au profit duquel nous allons transposer tout notre savoir-faire industriel », annonce le président fondateur d’Axyntis. Une première ligne pilote était déjà en cours d’installation sur ce site de 5 000 m2 et devrait être rapidement opérationnelle. Le projet prévoit une montée en puissance progressive pour atteindre la production quotidienne de 1,2 million de tests. « Nous allons recruter plusieurs dizaines de collaborateurs d’ici au début de l’année 2022 », nous indique David Simonnet qui estime, comme son donneur d’ordre, que la totalité du programme nécessitera l’emploi de 250 collaborateurs. Le groupe Axyntis prévoit d’investir environ 2 M€ dans l’aménagement et la préparation des locaux.

les volumes. Sans s’avancer plus qu’il ne faut, Xavier Guérin se veut rassurant : « Nous nous positionnons comme des partenaires de long terme. Nous avons l’intention de concevoir et de produire à Pithiviers des tests de détection dans d’autres maladies infectieuses ». Cette impulsion ouvre manifestement des perspectives robustes pour l’ensemble des capacités installées d’Orgapharm qui s’apprête également à investir dans la production d’une dizaine de principes actifs, dont l’adrénaline ou des anesthésiants (propofol), matières qui ont fait cruellement défaut pendant la crise sanitaire. Ce programme d’investissement de 16 M€ d’ici à 2023 sera largement soutenu par les dispositifs gouvernementaux de relance ; il amènera l’entreprise à recruter une quarantaine de collaborateurs dans les mois à venir.

L’EUROPE EN LIGNE DE MIRE Avec plus d’un milliard d’unités commercialisées dans le monde de son test Antigen Rapide Qualitative Test, Innova Medical Group fait office de sérieux challenger sur un marché déjà très encombré, où prolifèrent les compétiteurs chinois, quelques américains et européens (Abbott, Roche) et une poignée de startups françaises. Grâce à cette première ligne de production installée en France, en partie « parce qu’Innova a été sensible à la volonté affichée par le président Macron de réindustrialiser l’Hexagone », la startup californienne se lance à la conquête du Vieux continent. Le produit, dans l’attente du marquage CE, a déjà été autorisé en France par l’ASNM pour un usage en pharmacie, « mais ne peut pas être employé en autotest pour l’obtention du pass sanitaire, modère Xavier Guérin, le président d’Innova Medical pour l’Europe. C’est pourtant le sens de l’histoire pour ce type de produit ».

Jean-Christophe Savattier

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ENTREPRISES

HEALTH TECH STATION ACCÉLÈRE À TOURS Tours aura son accélérateur dédié aux startups des sciences de la vie. La Health Tech Station pourra accueillir une quarantaine de jeunes pousses en résidence.

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ouvoir bénéficier d’une concentration de ressources technologiques, humaines, financières et d’une infrastructure de conseil de haut niveau, beaucoup de startups en rêvent : « C’est le principe de l’ac-

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système est déjà très riche, si l’on additionne les présences du laboratoire d’excellence MAbImprove dédié au développement d’anticorps thérapeutiques, de l’IMT (Institut de formation aux métiers de la production phar-

célérateur comme il en existe au sein d’écosystèmes entrepreneuriaux puissants, comme à Boston par exemple », nous indique Samuel Dominique, l’un des associés du fonds Brains Ventures. Il est à l’origine, aux côtés d’autres investisseurs comme le groupe Icade (Caisse des Dépôts), du projet de construction d’une Heath Tech Station (HTS), comprenez d’un accélérateur-incubateur totalement dédié aux sciences de la vie et aux biopharms : « La Touraine est le lieu idéal pour implanter ce type de structure. L’éco-

maceutique) et du Bio3Institute qui se consacre à l’apprentissage et à la formation aux métiers de la bioproduction. Mais il y a encore quelques trous dans la raquette… Nous sommes là pour les combler ». C’est d’ailleurs en face du Bio3Institute, sur le site de la caserne Beaumont Chauveau – qui fait l’objet d’un important programme de réaménagement urbain –, qu’il a choisi d’installer la HTS (la maquette figure ci-dessus). Après avoir été un peu snobé par les autorités locales, la cons-

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truction de ce programme « 100 % privé » débute en cette fin d’année. « L’immeuble devrait être achevé en 2023 », soutient Samuel Dominique. Le gabarit du projet est ambitieux ; il va exiger un investissement de 30 M€ pour un immeuble en R+6 de 10 000 m2. « C’est tout, sauf un hôtel d’entreprises. Ce complexe pourra accueillir en résidence une quarantaine de startups venant de tous les horizons géographiques. Elles devront répondre à des critères très précis et s’inscrire dans un parcours de développement très encadré ». Ces sociétés en devenir s’adosseront à plusieurs dizaines de modules de laboratoires de classe P2 et bénéficieront d’un data center Invidia, ainsi que d’une multitude de services juridiques, RH et technologiques. « Les entreprises sont appelées à quitter le HTS à l’issue d’une période de cinq ans maximum, après avoir été “accélérées”. C’est la raison pour laquelle je recommande aux collectivités, et notamment à Tours Métropole Val de Loire, d’anticiper sur le prolongement de leur parcours immobilier ». Jean-Christophe Savattier


UNE SOLUTION POUR ALVANCE WHEELS Le fabricant de jantes en aluminium castelroussin, qui a connu quatre propriétaires en dix ans, est en sursis. Le lyonnais Saint Jean Industries devrait être désigné repreneur le 21 décembre. Mais pour quel coût social ?

Diors (36), l’horizon d’Alvance Wheels (287 salariés) s’éclaircit lentement. Le 23 novembre, le tribunal de commerce de Paris donnait quatre semaines, jusqu’au 21 décembre, à Saint Jean Industries pour finaliser son offre de reprise du fabricant de jantes en aluminium castelroussin : le 9 novembre, les juges consulaires avaient déjà donné deux semaines de délai à l’industriel lyonnais pour parfaire son dossier. La bonne nouvelle est que Renault Group, l’un des principaux clients de la fonderie de Diors, s’est exprimé en faveur du projet de Saint Jean Industries, dont les dirigeants doivent toutefois se souvenir que le même Renault s’était engagé à commander un million de culasses par an à une autre de ses fonderies aluminium, Saint Jean Alu à Ingrandes-sur-Vienne (86). Contraint de déposer le bilan à la fin 2018 de cette société poitevine qui employait alors 330 salariés,

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Émile Di Serio, le patron de Saint Jean Industries, avait déclaré à l’époque que le constructeur automobile n’avait jamais atteint le niveau de commande prévu. Saint Jean Alu avait été repris au début de l’année suivante, en même tant que sa voisine Fonderie du Poitou, par GFG Alliance, et cela quelques mois après AR Industries, débaptisé depuis Alvance Wheels… L’histoire bégaie. Saint Jean Industries produit des jantes en aluminium avec le procédé Cobawheels, qu’elle a mis au point.

Finalement, être défendu par le fils d’un ancien président de la République aura servi aux salariés qui sont sur le point de sauver un outil de travail malmené depuis qu’il a quitté le giron de l’équipementier automobile Montupet, au printemps 2010. Il reste à l’avo-

cat du comité social et environnemental (CSE) de l’entreprise, Thomas Hollande, à négocier au mieux les indemnités de licenciement de ceux qui ne seront pas conservés par Saint Jean Industries, car on imagine mal le repreneur conserver tout le monde : le bruit a même circulé que la fonderie déoloise perdrait dans un premier temps une bonne centaine d’emplois . Les salariés auront été entendus par au moins l’un des deux grands constructeurs français. Ils réclamaient, au début de l’automne, « que l’État fasse pression sur Renault et Peugeot (Stellantis) pour que l’on ait des commandes ». Ce qui n’était pas gagné d’avance, quand on sait que les deux groupes automobiles vont lâcher Maflow, qui emploie encore pour quelques mois 97 personnes à Chartres pour fabriquer des tuyaux et des flexibles pour l’automobile : Stellantis les produira en Europe centrale et Renault en Hongrie ou au Maroc. FXB

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ENTREPRISES

LA NOUVELLE VIE DE DEMOUSSIS Moins de deux ans après avoir quitté son siège historique de Neuillé-Pont-Pierre pour Fondettes, au nord-ouest de Tours, Demoussis aborde sa nouvelle vie. Désormais au large dans la vaste usine délaissée par le suédois Sandvik Coromant, le sous-traitant en tôlerie et métallerie tourangeau compte faire rapidement croître son business.

a vie s’interrompt parfois au détour d’un virage. Le 30 avril 2016, Serge Demoussis se tue au volant de sa voiture. Depuis plusieurs mois, ce chef d’entreprise de NeuilléPont-Pierre négociait avec son neveu David Subileau et les deux associés de celui-ci, Jean-Philippe Sepchat et Jérôme Guignon, la reprise de l’entreprise éponyme, fondée en 1946 par le père de Serge et le grand-père de David. Le tragique décès du dirigeant interrompt le processus de vente.

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Mais la nécessité de transmettre l’entreprise familiale reprend ses droits. « Il a fallu convaincre ma grand-mère, bouleversée par la

Subileau, fils de l’aînée des dix enfants Demoussis. Les arguments ont dû porter. Car au mois de septembre suivant,

IL A FALLU CONVAINCRE MA GRAND-MÈRE ET LES MEMBRES DE LA FAMILLE QUE NOTRE SOLUTION ÉTAIT LA MEILLEURE ” mort de son fils, ainsi que tous les membres de la famille présents au capital, que notre solution était la meilleure pour la pérennité de l’entreprise », se souvient David

Jérôme Guignon, patron opérationnel de Demoussis, entouré de ses deux associés David Subileau (à gauche) et Jean-Philippe Sepchat (à droite)

les 27 signataires de l’acte de cession étaient tombés d’accord. Et le 1er novembre 2016, Jérôme Guignon prend la direction opérationnelle de Demoussis Industrie, au côté de David Subileau, luimême patron de l’entreprise de pose de carrelage Magalhaes (40 salariés), et de Jean-Philippe Sepchat, entrepreneur bien connu des milieux d’affaires tourangeau. Assez rapidement se pose la question des locaux historiques de Neuillé-Pont-Pierre, à la sortie du bourg. Difficile d’envisager un développement dans ce bâtiment vieillissant, agrandi au coup par coup et au fil des années pour suivre la croissance de l’entreprise. Les nouveaux patrons cherchent un site d’accueil : ils s’intéressent


Demoussis a investi dans l’acquisition de nouvelles machines

d’abord à Polaxis, la zone d’activité implantée sur le territoire de la commune, à proximité d’un échangeur de l’A 28 Tours-Le Mans-Rouen. Le projet s’avère impossible à mener. C’est alors que s’offre l’opportunité de reprendre les locaux de Sandvik Coromant, une usine de 10 000 m2 lovée au fond d’un vallon, entre Fondettes et La Membrolle, deux communes de l’agglomération tourangelle. En octobre 2018, le fabricant suédois d’outils en tungstène avait annoncé à ses 161 salariés fondettois l’arrêt définitif des activités d’ici à la fin de l’année suivante. La vente du site à Demoussis est bouclée à la mi-2019 avant un déménagement entrepris le 1er mars 2020, quinze jours avant le confinement annoncé par le président de la République. Le ralentissement de l’activité aura au moins un avantage. Il va permettre aux arrivants de prendre leur temps pour aménager la vaste halle de 8 500 m2 qui abritait l’essentiel des activités industrielles de Sandvik : le bâtiment de 1 000 m2 qui complète le site est loué à des fins de stockage. Demoussis en profite

pour investir 1,5 M€ dans l’acquisition de nouvelles machines, une pour la découpe laser, ainsi qu’un robot de soudure et une chaîne de thermolaquage, d’au-

Si ses activités sont polymorphes, le petit groupe n’a qu’une seule ambition : grandir. L’an prochain, Demoussis Laser rejoindra Demoussis Industrie pour ne former qu’une seule et même société. Si l’exercice clos au 31 octobre a permis d’afficher un CA de 3,5 M€, l’objectif est d’atteindre les 5 M€ dans les années qui viennent avec un effectif d’une cinquantaine de salariés, contre une trentaine aujourd’hui. Créa Voile évolue sur un marché captif : la société réalise aujourd’hui 500 000 € de CA. Et Créa Métal est à son aise pour

LA VASTE SURFACE DE FONDETTES A PERMIS DE RAPATRIER DES SOCIÉTÉS SŒURS ” tant plus nécessaire qu’il était périlleux de déménager le vieil équipement resté à Neuillé-PontPierre. La vaste surface de Fondettes a permis de rapatrier des sociétés sœurs, dont Créa Métal, la société jocondienne de menuiserie métallique fondée par Jérôme Guignon. Autre arrivée dans les locaux fondettois, celle de Créa Voile, une TPE issue de la reprise des actifs de Bazantay Création Architecture Textile, un fabricant de bâches, stores et pergolas de St-Cyr-sur-Loire. Enfin, le bureau d’études Innovation Concept Process (ICP) a pu s’installer dans ses meubles : fondé par deux ingénieurs, il s’est spécialisé dans l’équipement d’usines agroalimentaires et pharmaceutiques.

développer sa gamme d’escaliers, de garde-corps, de verrières et de mobilier urbain métalliques. La période de mise en route après l’arrivée des nouveaux actionnaires, la préparation du déménagement, puis la crise sanitaire « n’ont pas permis de faire du commerce », sourit David Subileau. Il est temps de prendre son bâton de pélerin pour aller démarcher les industriels de la région et leur proposer des travaux de sous-traitance : un chargé d’affaires a été embauché à cette fin. Pour améliorer encore la productivité, d’autres investissements sont programmés, notamment pour doter l’atelier d’une machine de découpe laser tube et d’une ébavureuse automatique. FXB

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ENTREPRISES

CIT VA FABRIQUER SES PISCINES DANS L’INDRE

a société audoise Génération Piscine, qui emploie une quarantaine de personnes à Villepinte, entre Carcassonne et Castelnaudary, installera une deuxième unité de production à Vineuil (36) au premier tri-

L

UN LABEL POUR LA VINAIGRERIE MARTIN POURET Le 21 septembre, Martin Pouret, la vinaigrerie emblématique de l'Orléanais rachetée il y a deux ans par les investisseurs Paul-Olivier Claudepierre et David Matheron, a été labellisée « Entreprise du Patrimoine Vivant » par Guillaume Gomez, chef cuisinier de l’Élysée durant vingt-quatre ans. La cérémonie a eu lieu à Orléans, en présence du maire Serge Grouard (ci-contre). Pour bénéficier du label, les entreprises doivent ré-

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mestre 2022. Michel Houel, le président de cette entreprise spécialisée dans la fabrication de coques de piscines en polyester, a créé une filiale baptisée CIT (Composite Industrie de Touraine) pour porter ce projet. Elle prendra possession d’un bâtiment qui sera entièrement réaménagé pour l’occasion. Une dizaine de personnes devraient assurer la production dans un premier temps, mais Michel Houel prévoit d’employer une trentaine de collaborateurs sur place, une fois que CIT aura pris son rythme de croisière. Génération Piscine, qui produit environ 2 500 coques polyester

par an, doit faire face à une forte augmentation de la demande. « Nous enregistrons une croissance à deux chiffres. Après une augmentation de 50 % en 2020, nous allons encore progresser de 70 % cette année et notre CA s’établira aux alentours de 19 M€ », précise le dirigeant. En respectant la feuille de route qu’il a tracée, Génération Piscine devrait produire un millier de coques supplémentaires à la fin de l’année prochaine et, à terme, franchir la barre des 6 000 unités annuelles. Pour cela, il ouvrira une troisième unité de production dans l’Ain dans le courant du deuxième semestre 2022.

pondre à différents critères de patrimoine économique, de maîtrise des techniques traditionnelles ou de haute technicité, d'ancrage géographique, etc. À ce jour, près de

1 400 entreprises ont été labellisées, de prestigieuses maisons qui représentent plus de 63 000 emplois et un CA cumulé d’environ 14 M€.


INTERSPORT CHOISIT LA TOURAINE Comme nous l’avons à plusieurs reprises souligné, la saturation progressive des zones d’activité le long de l’A 10 en partant de Paris (le parc du Buis à Boisseaux, la ZA d’Artenay-Poupry, Synergie Val de Loire, les Portes de Chambord) favorise les territoires situés en aval. C’est désormais le parc d’activité Porte de Touraine, sur la commune d’Autrèche, qui en profite. Après les 7 600 m2 logistiques de Cogir (groupe Exacompta Clairefontaine), livrés récemment, le groupe Intersport a fait le choix de ce site géré par la communauté de communes du Castelrenaudais. Le distributeur d’articles de sport, deuxième du marché français derrière Decathlon, va acquérir 22,9 ha, soit plus de la moitié de la surface disponible, pour construire une base logistique de 24 000 m2 en première tranche et de 84 000 m2 à terme. Le début des travaux est programmé pour la fin 2023 et la plateforme devrait employer à son démarrage 150 personnes (préparateurs de commande, caristes…) et 300 à terme.

CENTRAIR REPREND L’USINE DAHER DE ST-JULIEN Nous avions évoqué en mai dernier les négociations engagées entre l’équipementier aéronautique Centrair et le groupe Daher pour la cession de son site de St-Julien-de-Chédon (41) ; l’accord a été définitivement conclu à la fin du mois de septembre et entrera en vigueur le 1er janvier. Contrairement à ce qui avait été avancé au printemps, ce ne sont pas une cinquantaine de salariés de Daher qui seront conservés par le repreneur, mais seulement une trentaine sur les quelque 200 personnes actuellement employées sur le site ; en 2022, le repreneur compte ajouter une trentaine de postes ouverts aux salariés de Daher. Le site de St-Julien-de-Chédon vient compléter l’activité du site Centrair du Blanc (36) et il accueillera les fonctions support de l’entreprise (administratif et ressources humaines). En revanche, Daher conserve ses deux autres sites loir-et-chériens de Montrichard et Salbris.

EURO WIPES S’AGRANDIT À NOGENT-LE-ROTROU

QÉRYS ENCORE PLUS GRAND À BUZANÇAIS Distributeur de produits de quincaillerie, de bricolage et d’outillage, le groupe bordelais Qérys (ex-Sider) a inauguré l’extension de son site logistique de Buzançais (36). Après avoir été agrandi de 6 000 m2, ce qui a porté sa surface à 32 000 m2, le site indrien vient de bénéficier d’un investissement de 6 M€ pour la mise en place d’un système robotisé innovant. Des permis de construire pour deux nouvelles extensions de 6 000 m2 chacune ont été déposés « pour être prêts le plus vite possible », selon Jérôme Teisseire, le président du groupe.

Le fabricant de lingettes Euro Wipes (40 M€ de CA, 180 salariés), filiale du groupe Anjac Health & Beauty, investit 6 M€ sur son site de la ZA de l’Aunay à Nogent-le-Rotrou (28), notamment grâce au coup de pouce de France Relance. Un bâtiment de stockage de 10 000 m2, construit par la SEM régionale Territoires Développement et loué à Euro Wipes, sera livré à l’été 2022 ; il sera équipé de quais avec des espaces extérieurs aménagés pour les manœuvres et le stationnement. L’actuel entrepôt de stockage (6 000 m2), situé sur la ZI de la Messesselle, sera équipé de lignes de production d’ici à trois ans. Les effectifs devraient ainsi atteindre les 200 salariés en 2024 ; l’entreprise recherche des conducteurs de lignes de production et des techniciens de maintenance.

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EN VUE

RÉGION Véronique Debelvalet a pris la présidence d’EDF Commerce Grand Centre, en remplacement de Frédéric Sarrazin ; elle était depuis janvier 2019 directrice déléguée à EDF Commerce Sud-Ouest. Arrivée dans l’entreprise en février 2000, après une expérience de quatre ans au sein du groupe agroalimentaire américain Mars, elle débute parmi les équipes clientèles d’EDF-GDF Services au Mans. Elle est nommée en 2014 chargée de mission auprès du directeur exécutif Groupe en charge du pôle Clients, Services et Territoires et intègre le dispositif de gestion de crise d’EDF. Au cours de sa carrière, Véronique Debelvalet participe également à des projets majeurs de la direction Commerce combinant des enjeux métiers et SI.

Aline Mériau, la dirigeante de la société d'électricité Elicaum (Fay-aux-Loges) et ancienne présidente de la FFB du Loiret, a été élue présidente régionale de la chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) le 15 novembre ; sa liste « Fiers d’être artisans » a obtenu 15 des 18 sièges de la chambre régionale.

CHER Pierre Grosjean, conseiller départemental d’Avord, succède à Patrick Barnier, premier vice-président du conseil départemental du Cher, à la présidence de la SEM Territoria (1,5 M€ de CA, 15 salariés). Outre l’assistance à la maîtrise d’ouvrage, le cœur de métier de la structure est la construction et la restauration de bâtiments et d’espaces publics, la gestion patrimoniale de bâtiments et la réalisation d’opérations d’aménagement. Jusqu’alors directeur général adjoint (DGA) en charge des ressources et de l’aménagement du conseil départemental du Cher, Joël Martinet en assure désormais la direction générale des services (DGS) depuis le 1er octobre. La collectivité est présidée depuis le mois de juillet par Jacques Fleury (LR), qui a succédé à Michel Autissier (LR). Emmanuel Riotte, maire de St-AmandMontrond et vice-président du conseil départemental du Cher en charge du logement et de la politique de l’habitat, a été réélu à la tête de Val de Berry, l’office public de habitat du Cher. En

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fonction depuis 2015, il débute un nouveau mandat de six ans.

Sa collection prospérant, elle décide d’acheter pour l’abriter une propriété de 5 ha, à St-Aignan, dans le Loir-etCher. D’abord simple parc ornithologique, Beauval devient zoo avec l’achat des premiers félins en 1989. La renommée décolle avec l’acquisition de rarissimes tigres blancs en 1991 puis, bien sûr, l’arrivée en fanfare des pandas géants prêtés par la Chine en 2012. Le parc s’étend aujourd’hui sur 44 ha et accueille 35 000 animaux.

LOIRET Vincent Breteau, un X-Ponts de 39 ans, a rejoint à la mi-novembre la Ville d’Orléans et Orléans Métropole, pour y exercer les fonctions de directeur général des services (DGS). Il succède ainsi à Stéphanie Portier partie à la Ville de Montpellier en qualité de directrice générale déléguée. Vincent Breteau était jusqu’alors DGA du Conseil régional de Normandie, chargé des transports et de l’aménagement du territoire.

EURE-ET-LOIR Arrivé peu après l’élection de Fabien Verdier à la mairie de Châteaudun comme directeur général des services après onze ans passés à Déols, également comme DGS, Raphael Guy fait ses bagages en fin d’année pour s’installer professionnellement à Buxerolles, une commune de 10 000 habitants au nord de l’agglomération de Poitiers (86).

LOIR-ET-CHER

RÉGION

Françoise Delord, fondatrice du ZooParc de Beauval, est décédée le 3 décembre dans sa quatre-vingt-deuxième année. Après des études de théâtre qui l’ont conduite à présenter les spectacles de Bobino, la mère de Delphine et de Rodolphe Delord a commencé par collectionner des oiseaux, un couple de capucins « becs d’argent » venu tout droit d’Afrique.

Sophie Ferracci est devenue directrice régionale de la Banque des Territoires pour le Centre-Val de Loire ; elle succède à Julie-Agathe Bakalowicz. Sophie Ferracci a été directrice corporate de Dassault Systèmes en charge des fusions-acquisitions, puis cheffe de cabinet du ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, poste qu’elle a occupé ensuite auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé, avant de rejoindre la Caisse des Dépôts en 2018 où elle est devenue directrice de cabinet d’Olivier Sichel, directeur général délégué en charge de la Banque des Territoires. Depuis 2020, Sophie Ferracci était directrice territoriale pour le Val-de-Marne au sein de la direction régionale Île-deFrance de la Banque des Territoires.




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