Magazine Lettre Valloire de décembre 2019

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5€ MAGAZINE N°50 - DÉCEMBRE 2019

MARTIN POURET REDONNE DU PIQUANT AU VINAIGRE



Point de vue Du neuf pour l’an neuf ouvelle décennie, nouvelle maquette pour La Lettre Valloire. Dans cette formule repensée, nous inaugurons la rubrique Reportage, un récit long qui structurera désormais votre magazine trimestriel, par un vaste panorama de la filière numérique régionale. En incontestables têtes de pont, les deux rivales du Lab’O orléanais et de Mame, à Tours, sont auscultées tout au long de la vingtaine de pages consacrées à cet épais dossier. Orléans a opté pour la voie de la performance et de l’inclusion, Tours pour celle de la foisonnance et de la diversité. Pour qui connaît bien les deux cités ligériennes, ces choix stratégiques correspondent de façon assez juste à leur ADN respectif. Mais au sud aussi, on digitalise l’économie et on le montre de belle façon : c’est le cas à Châteauroux avec son Village by CA, tout comme à Vierzon, qui ouvre notre rubrique Territoires avec sa pépite Ledger. Deux portraits, ceux du constructeur Dominique Lavallée et du nouveau président de l’Udel-Medef du Loiret Valentin Doligé, ainsi que les habituels sujets d’actualité sur les entreprises régionales, complètent ce cinquantième numéro du magazine de La Lettre Valloire. Une nouvelle étape pour cette formule, née en 2008 afin d’enrichir l’offre éditoriale proposée tous les quinze jours aux abonnés de la lettre bimensuelle.

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euzon B r e i v a X s i Fr anço Ce magazine est un hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Édité par MCM Presse - SAS au capital de 100 000 € - RCS Tours B 450 613 591 - Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours - Adresse postale : BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com - Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) - Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) - Aurélie Vouteau (édition) Ont participé à ce numéro : Guillaume Fischer - Anthony Gautier - Bruno Goupille - Maquette : Régis Beaune - Diffusion : Nadine Gomès - Crédits photographiques : Cyril Chigot : Une, 46, 48 - DR : 11, 14, 20, 25, 26, 27, 34, 36, 37, 38, 39, 41, 42, 54, 55, 56, 57, 58 - Jean-Christophe Savattier : 10, 12, 16, 28, 29, 30, 32, 44 - Anthony Gautier : 40, 50 – Jean Puyo : 40 - Jean-Marc Pettina : 43 – Bruno Goupille : 23, 47, 52 – Pascal Foulon (Dev’up) : 22 - Philippe Dobrowolska : 23 - Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) - Informations légales : Abonnement annuel 2019 (23 numéros + magazines hors-séries) : 385 € - Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 485 € Prix de ce numéro : 5 € - CPPAP : 0121 I 85872 - ISSN : 1246-4333 - Dépôt légal : décembre 2019 - Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon.

La Lettre Valloire - Décembre 2019

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CHEZ WARSEMANN, À BRACIEUX, LE SUCCÈS SE PÉRENNISE Pour la huitième année consécutive, la société Warsemann Bracieux, concession du groupe L. Warsemann dirigé par Laurence Deletang-Warsemann, a reçu au mois d’avril le titre de Dealer of the Year, qui récompense les meilleurs vendeurs du réseau de concessionnaires Renault. Le trophée a été remis au Stade de France par Olivier Murguet, directeur commerce et régions du groupe Renault, à Didier Huard, le directeur de la concession de Bracieux. Recettes d’un succès qui ne se dément pas. La Lettre Valloire : En quoi consiste cette récompense de Dealer of the Year, DOTY en abrégé ? Didier Huard : Le DOTY a été créé en 2009 par Renault. Tous les concessionnaires de la planète y concourent et des récompenses sont remises aux 72 nominés, chaque année au printemps ; la nôtre correspond au territoire de la direction régionale Paris-Île-de-France du constructeur.

La Lettre Valloire : Quels sont les critères de sélection retenus par Renault ? Didier Huard : Le premier critère, c’est celui de la performance commerciale. Nous l’atteignons haut la main, puisque nous dépassons régulièrement les objectifs de ventes de véhicules fixés par le constructeur. Le deuxième critère, c’est celui de la qualité du service rendu, établi par une enquête de Renault auprès de nos clients qui sont invités à nous noter, de 1 à 10. Bien sûr, Renault s’assure que les standards de représentation de la marque sont bien respectés. Enfin, le troisième critère est celui de la rentabilité de l’entreprise. La Lettre Valloire : Quelle est votre méthode pour rester en haut du classement ? Didier Huard : La méthode est la même que celle impulsée à l’origine par Bernard Warsemann, le fondateur du groupe. Une présence quotidienne auprès des équipes et l’envie d’inculquer les principes de la maison à tout nouveau collaborateur. De la bonne humeur, toujours. Un soin particulier donné à l’accueil, physique, comme téléphonique. Une attention toute particulière donnée au prospect qu’il nous appartient de conquérir pour qu’il devienne un utilisateur de véhicules Renault. De la réactivité pour répondre aux demandes de nos clients, notamment dans le service après-vente et l’entretien. Et tout cela n’est possible qu’en raison de notre proximité et de la qualité de la relation avec le constructeur. La Lettre Valloire : Avez-vous vos propres mesures de la satisfaction de vos clients ? Didier Huard : Nous avons mis en place nos propres enquêtes de satisfaction, complémentaires de celles du constructeur. Par ce biais, nous essayons aussi de mieux connaître les attentes de nos clients et de les accompagner dans leurs choix. Cette démarche nous permet de nous améliorer de façon constante.

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SOMMAIRE 06

Points chauds

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Reportage

Les deux incubateurs ligériens, le Lab’O à Orléans et Mame à Tours, piliers de la candidature des deux villes au label French Tech empruntent des chemins qui divergent.

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Reportage

Attendue au printemps 2020, la future cité du numérique de Châteauroux hébergera un village de startups labellisé by CA du Crédit Agricole.

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Zoom

L’actualité du trimestre en bref.

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Reportage La relation entre élèves et professeurs se numérise. AltEtude et Cood, deux entreprises incubées au Lab’O, se lancent dans cette nouvelle aventure.

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Territoires Soumis depuis des lustres au déclin de son industrie, le territoire vierzonnais engage son rebond grâce à la nouvelle économie, stimulée par l’installation d’une unité de Ledger.

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De la direction canadienne du réassureur Scor à la construction de maisons individuelles, le parcours de Dominique Lavallée est frappé du sceau de l’audace.

Politique

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Entreprises Les deux repreneurs de la dernière vinaigrerie orléanaise Martin Pouret débordent de projets pour doubler le chiffre d’affaires en cinq ans.

A Tours et Orléans, les élections municipales seront très disputées. Cela sera à priori plus simple pour les maires de Blois, Châteauroux et Chartres.

En vue

L’actualité des dernières nominations de responsables et acteurs de la vie économique de la région Centre-Val de Loire. La Lettre Valloire - Décembre 2019

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LE CARRÉ

POINTS CHAUDS

VIP

Nicolas Perruchot président du conseil départemental de Loir-et-Cher

Le président du Département de Loir-et-Cher Nicolas Perruchot vient d’être nommé au Conseil d’orientation pour l’emploi (COE), une instance d’expertise et de concertation pour l’ensemble des questions d’emploi qui est placée auprès du Premier ministre. Il représentera l’Assemblée des Départements de France (ADF). Constitué de 35 membres, le COE rassemble les représentants des partenaires sociaux, les directeurs généraux des institutions du service public de l’emploi, les directeurs des administrations intervenant dans le champ du travail et de l’emploi ainsi que des experts de ces questions, des représentants des collectivités territoriales et du Parlement. L’élu est devenu une référence en matière d’emploi auprès de ses collègues présidents de Départements grâce à la mise en œuvre de Job 41, une plateforme de mise en relation des entreprises et des allocataires du RSA. Désormais déclinée dans une vingtaine de départements, cette plateforme web a été mise au point par la startup blésoise Neolink, récemment rachetée par le groupe Berger-Levrault.

FRANC-TIREUSE À Bourges, Irène Félix, l’une des figures fortes de la gauche berruyère, a décidé de faire cavalier seul aux municipales. Le 21 novembre, l’opposante a officialisé sa candidature en souhaitant, dit-elle, « s’affranchir des carcans des vieux partis ». L’initiative isolée de cette ex-

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RIVAUX

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membre du parti socialiste tranche naturellement avec la démarche collective engagée localement par son ancien parti, rejoint par le PCF et la France Insoumise, qui se sont choisi pour héraut Yann Galut. Selon nos sources, Irène Félix aurait pourtant tenté de négocier « jusqu’au dernier moment » une place sur la liste de ce cartel berruyer des gauches, mais sa proposition « de partage des responsabilités » – en fait de place en haut de la liste – n’aurait pas été retenue. Il est vrai qu’Irène Félix entretient des relations compliquées avec Yann Galut, son rival historique, et franchement mauvaises avec Guillaume Crépin, le secrétaire fédéral du PS.

À St-Amand-Montrond (18), le retrait après deux mandats de Thierry Vinçon suscite des vocations : Marie Blasquez, directrice d’un petit groupe d’auto-écoles, a officialisé sa candidature quelques jours après l’annonce du maire, qui la soutiendra. Simple conseillère municipale au sein de la majorité, elle affrontera l’un de ses collègues, Emmanuel Riotte, ancien directeur de cabinet de Thierry Vinçon (2008-2014) et conseiller départemental du Cher. Investi par Les Républicains, il dit avoir déjà sa liste en tête mais n’a divulgué qu’un nom, celui de Geoffroy Cantat, adjoint sans délégations depuis que celles-ci lui ont été retirées par le maire.

DÉCORÉ Le 18 novembre au Palais de l’Élysée, le président de la République a remis l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur à Vanik Berberian, maire de Gargilesse-Dampierre (36) et président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF). Ému aux larmes, affaibli et privé de la parole par la maladie contre laquelle il combat depuis

plusieurs mois, l’élu indrien a exprimé par le regard et les gestes sa reconnaissance à Emmanuel Macron. Les deux hommes avaient longuement échangé le 14 février dernier, lors de la visite présidentielle à Gargilesse, tout en cheminant côte à côte dans la campagne berrichonne. Au mois de janvier, à la tête d’une délégation d’élus ruraux, Vanik Berberian avait remis au chef de l’État les cahiers de doléances de petites communes, compilés dans une clé USB.


RÉSISTANCE

Selon l’édition du 20 novembre du Canard Enchaîné, Sabine Thillaye, députée LeREM d’Indre-et-Loire, refuse toujours obstinément de démissionner de la présidence de la commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale. Les macronistes,

qui souhaitent des présidences tournantes, ont pourtant élu au mois de juillet Pieyre-Alexandre Anglade, député des Français à l’étranger, comme successeur de la députée franco-allemande. Mais, objectant que les dispositions de l’Assemblée n’obligent en rien les présidents et membres des commissions, élus pour cinq ans, à démissionner, Sabine Thillaye continue à faire de la résistance. Elle aurait promis de remettre sa fonction en jeu au mois de décembre. Mais à remettre au lendemain… En attendant, les députés ont déserté la commission : lors d’une table-ronde organisée le 14 novembre, seuls 4 de ses 48 membres étaient présents.

CLAP DE FIN

ÉCOLO-BASHING Dans une tribune publiée par L’Opinion, le député UDI de Loir-et-Cher Pascal Brindeau s’en prend au communiste Christian Favier, le président du Département du Val-de-Marne qui vient d’interdire le glyphosate sur son territoire. « Facile, pour une région beaucoup moins agricole que le Loir-et-Cher, de prendre une telle décision », s’agace l’ex-maire de Vendôme qui estime qu’une interdiction du jour au lendemain de l’herbicide « reviendrait à menacer de mort à court terme des centaines d’exploitation ». Selon Pascal Brindeau, « l’écologisme inquisitoire » de certains « Khmers verts » ne conduit qu’à « nous monter les uns contre les autres ».

David Faucon (LaREM), qui avait succédé en 2014 au socialiste Claude Bourdin comme maire de Beaugency (45), a annoncé courant octobre qu’il ne briguerait pas un second mandat. S’il affirme vouloir « donner une plus grande place à ses proches (…) et se consacrer davantage à son parcours professionnel », assurant que sa décision était prise depuis le mois de juillet, on ne peut s’empêcher de rapprocher celle-ci de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet d’Orléans sur plainte de l’association Anticor 45. L’élu est, en effet, soupçonné de détournement de fonds publics en raison des quelque 5 000 € de frais de mandat engagés annuellement depuis son élection pour des dépenses de coiffeurs, costumes, cravates, places de spectacle ou entretien d’un véhicule personnel.

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TWEETS AGAIN

De Jean-Pierre Gorges, maire (DVD) de Chartres, à propos de l’annonce de candidature, retirée depuis, de Vincent Bouteleux, premier adjoint au maire de Luisant, comme tête de pont d’une liste soutenue par LaREM aux municipales : « Si Vincent Bouteleux est en Marche et se déplace de Luisant vers Chartres, alors, il marche en crabe ! » De Christian Bouleau, maire de Gien, à propos de la candidature de son premier adjoint Francis Cammal aux prochaines municipales : « On est en démocratie et il est libre de faire ce qu’il veut. » De Pascal Blanc, maire radical de Bourges, à son ancien adjoint Philippe Mousny (LR) lors d’un conseil municipal : « Votre médiocrité n’a d’égale que votre égocentrisme ! » De Muriel Sauvegrain, première adjointe d’Olivier Carré à Orléans, à François Lagarde, conseiller municipal et soutien de Serge Grouard : « C’est nouveau que tu joues ton rôle d’élu après tant d’absences en conseil municipal. Moi je pars préparer le comité technique avec les syndicats puis faire le point sur le nouveau cimetière de La Source. Bref, un vrai travail d’élue. » De Hugo Lefelle, conseiller municipal (PS) à Bourges, a cité le général de Gaulle lors de son annonce de quitter le groupe d’opposition conduit par Irène Félix : « L’ambition individuelle est passion enfantine » De Philippe Fournié, adjoint au maire de Vierzon et vice-président (PS) de la Région, invité à inaugurer le magasin d’un hard-discounter à Vierzon, projet auquel il s’était opposé avec force : « Ce soir-là, j’ai piscine ». De Guillaume Peltier, député (LR) du Loir-et-Cher et vice-président national des Républicains, venu rencontrer des militants à Bourges pour la sortie de son livre « Milieu de cordée » et pour qui l’élection du nouvel exécutif LR est le signe que « la famille s’est remise autour de la table ».

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POINTS CHAUDS

BURN OUT

PASSES D’ARMES Les passes d’armes entre les deux anciens amis de vingt ans, Olivier Carré et Serge Grouard, continuent d’animer les séances du conseil municipal orléanais. Dernier avatar, le retrait de la délégation d’adjoint à l’éducation qui avait été confiée en 2014 à Florent Montillot. Ce dernier s’est rendu coupable, aux yeux du maire Olivier Carré, d’avoir obtenu que le parti dont il dirige la fédération du Loiret, l’UDI, soutienne la candidature de Serge Grouard. « La confiance qui existait entre nous était en train de se rompre », a justifié Olivier Carré. Son prédécesseur dans le fauteuil de maire a aussitôt volé au secours de son ami et ancien adjoint : « Florent Montillot a-t-il nui à la bonne marche de la ville ? C’est le seul sujet qui vaille. C’est un adjoint travailleur, exemplaire (…) Olivier, je ne vous reconnais plus. Vous êtes un héritier et vous ne respectez pas l’héritage ». Quant à Florent Montillot, «ému, touché, bouleversé par certains messages », la séquence, dit-il, lui « donne du carburant supplémentaire ».

L’ANCIEN DIRCAB À DREUX C’était dans les tuyaux depuis plusieurs mois. Pierre-Frédéric Billet, directeur de cabinet de Gérard Hamel à la mairie de Dreux de 2008 à 2012, puis directeur général de la Maison de l’habitat depuis cette date, a annoncé sa candidature fin novembre à la succession de son ancien patron Gérard Hamel qui bouclera en mars 2020 un bail de vingt-cinq ans à la tête de la cité drouaise. Ancien attaché parlementaire de Claude Greff, alors députée d’Indre-et-Loire, PierreFrédéric Billet a eu le temps de préparer son projet. S’il est élu, ses deux mesures fortes seront la gratuité des transports urbains et le renforcement de la police municipale.

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Parti sans doute trop tôt et la fleur au fusil dans la course aux municipales à Joué-lèsTours (37), le socialiste Vincent Tison – l’un des leaders de l’opposition à Frédéric Augis, le maire sortant LR – a finalement refusé l’obstacle quatre mois avant le scrutin, semant le désarroi parmi ses camarades. Victime d’un début de campagne calamiteux et en proie « à un très gros coup de fatigue » selon son entourage, il a préféré arrêter les frais plutôt que de connaître le cuisant revers qui s’annonçait. Il sera remplacé par Francis Gérard, un ex-premier secrétaire fédéral du PS défait par Vincent Tison lors d’une primaire interne qui sera à la tête d’une liste « de rassemblement de la gauche et des écologistes ».

LE B U GDU TRIMESTRE CHARIVARI A MONTARGIS

Frank Supplisson a craqué. Attaqué de toute part, acculé à démissionner de ses mandats, le président de l’Agglomération montargoise et Rives du Loing (AME) a vivement réagi courant octobre aux propos de son opposant communiste qui a affirmé en conseil municipal, puis en conseil communautaire, que « des enquêtes étaient lancées par le tribunal » contre l’ancien directeur de cabinet d’Éric Besson. Si Frank Supplisson a immédiatement démenti être sous le coup d’enquêtes, le procureur de la République confirme que l’élu est cité dans trois enquêtes préliminaires ouvertes contre X, deux pour « prise illégale d’intérêts » et une pour « harcèlement » après le dépôt de plainte d’une employée du musée Girodet, géré par la collectivité. Le 21 novembre, l’élu devait présider sa dernière séance du conseil communautaire. Mais Frank Supplisson a décidé de poursuivre sa mission encore quelques semaines : « J’ai quelques dossiers qui me tiennent à cœur, que je ne peux pas abandonner, ensuite je partirai, en décembre – le prochain conseil communautaire aura lieu le 19 décembre, jour de la sortie de cette édition, NDLR –, je quitterai la vie politique locale et la vie politique en général, comme je l’ai dit, avec le sentiment du devoir accompli ». Mais aussi avec un réel sentiment de gâchis ! Cet élu, concerné, brillant et doté d’un formidable carnet d’adresses, aurait pu énormément apporter à une ville et une agglomération qu’il aime profondément. Ourdie par de bien médiocres desseins, cette lamentable affaire, qui porte sur des sommes dérisoires, n’aura finalement fait qu’une seule perdante : Montargis.


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REPORTAGE

Les incubateurs Ligériens font CHAMBRE À PART Les chemins des deux incubateurs numériques ligériens, piliers des candidatures de Tours et Orléans au label French Tech, se séparent. À Tours, le site Mame s’écarte du tout-digital et devient peu à peu un tiers-lieu aux activités foisonnantes. À Orléans, le succès rend les promoteurs du Lab’O de plus en plus sourcilleux sur le modèle d’affaires des nouveaux arrivants.

«M

ame n’est pas la Station F – du nom du gigantesque incubateur parisien créé par Xavier Niel, NDLR – et nous ne souhaitons pas du tout nous concentrer sur le seul volet entrepreneurial. Mame est bien plus qu’un hôtel d’entreprises numériques innovantes. C’est un lieu où foisonnent beaucoup d’initiatives dans le domaine de la recherche, de la formation et de la culture », précise d’emblée Thibault Coulon, le vice-président de Tours Métropole Val de Loire en charge de l’économie et des nouvelles tech10

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nologies ; cet élu incarne plus que tout autre le bastion tourangeau de l’innovation dont il est l’infatigable promoteur... et défenseur. Aménagés dans la douleur sur l’ancien site classé de l’imprimerie Mame, construit au début des années cinquante sur les plans de l’architecte Bernard Zehrfuss – Grand Prix de Rome en 1939 – , les 15 000 m2 du hub techno présentent certes de très bons taux d’occupation, soit entre 80 % et 100 % selon les modules proposés, mais des voix s’interrogent à quelques mois des prochaines élections municipales :

Thibault Coulon


l’usage quotidien qu’en font les quelque 500 « Mamers », toutes catégories d’activités confondues, et le nombre d’emplois créés par les startups (160 au dernier comptage), justifient-ils les 22 M€ engagés depuis 2015 par la collectivité ? Cette enveloppe, déjà épaisse, doit être complétée de 3 ou 4 M€ qui vont financer la réhabilitation du pavillon Jean Prouvé, une casemate en aluminium percée de hublots, plantée sur le toit de l’immeuble en sheds du célèbre architecte et designer industriel. « On ne comprend pas trop ce qui s’y passe. Les travaux sont incessants, l’animation du lieu ne me paraît pas à la hauteur des promesses. Le site, qui devait être le temple tourangeau de l’innovation, semble plutôt être celui

juste et sans aucun rapport avec la dynamique qui se met en place et qui a déjà produit des effets

auJourD’Hui, MaMe est pLutÔt UN SUJET CONSENSUEL. nous aVons gagné La bataiLLe De La créDibiLité de l’immobilisme. C’est d’ailleurs une sorte de symbole des politiques menées pendant le dernier mandat », persifle Jean-Patrick Gille, l’un des leaders socialistes locaux qui entend faire du dossier un des sujets de controverse de la campagne de 2020. « Faux, in-

bénéfiques, rétorque Thibault Coulon. Je m’étonne d’ailleurs de ces voix discordantes. Aujourd’hui, Mame est plutôt un sujet consensuel. Nous avons gagné la bataille de la crédibilité ». En 2015, Thibault Coulon propose à Philippe Briand, le président de

la future métropole – qui était encore une communauté d’agglomération –, d’engager la collectivité dans un projet de rénovation de l’ancienne imprimerie. « Cette intervention publique me paraissait opportune et urgente. D’une part, nous avions sur les bras une friche industrielle en pleine ville, dont le potentiel immobilier semblait évident. D’autre part, l’absence de structures d’accueil ad hoc faisait que beaucoup de jeunes entreprises numériques innovantes nées à Tours risquaient de nous faire faux bond. Je rappelle que contrairement à Orléans, nous n’avions ni pépinière, ni technopole … ». Selon l’élu en charge du développement économique La Lettre Valloire - Décembre 2019

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REPORTAGE

Mame est un lieu où foisonnent beaucoup d’initiatives.

à Tours Métropole, le président ne s’est pas fait prier, « et depuis, son soutien ne nous a jamais manqué ». Les élus décidèrent alors de franchir le Rubicon et de transformer l’ex-site Mame en un lieu totem. Quelques mois plus tard, il était l’un des piliers de la candidature tourangelle à la labellisation French Tech. « J’assume tout en bloc, poursuit Thibault Coulon. Oui, nous avons procédé à l’envers en commençant à installer des entreprises tout en engageant des travaux. Oui, ce fut dur, âpre et nous avons subi des épreuves et des imprévus. Mais ces difficultés ont contribué à forger une communauté, presque un esprit de corps. » 12

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Le bruit des perceuses, le grondement des bétonneuses et le va-et-vient des artisans ont, en effet, accompagné le quotidien des « Mamers » qui ont, pour la plupart, accepté ces désagréments sans trop se plaindre. « Nous n’avons pas seulement essuyé les plâtres, nous en avons bouffé aussi », se souvient l’un de ces pionniers. L’architecte des Bâtiments de France (ABF) poussa même le bouchon jusqu’à exiger la rénovation des façades classées de l’immeuble, ce qui a nécessité l’installation d’une coque de protection. « C’est la difficulté de mener des opérations de réhabilitation dans ce type d’environnement classé », convient Thibault Coulon avec philosophie. Surtout que dans le même temps, le hall central, un restaurant avec cuisine intégrée et des travaux d’aménagement du sous-sol autorisant de nouvelles capacités d’accueil étaient engagés. Le timing a mis les nerfs des occupants à rude épreuve. « Ils ont sans doute voulu tester nos facultés ultimes de résistance », plaisante Manysinn Thin, le cofondateur et CEO de Prototyper, une entreprise numérique qui propose des solutions et des applications informatiques aux TPE (300 000 € de CA et cinq salariés). La société, qui fut l’une des premières à s’installer sur le site de l’ancienne imprimerie, a préféré quitter les lieux, vaincue par le tintamarre et la poussière. « Définitivement, la scie circulaire qui


tranche le béton, ce n’est pas du Mozart », grince Manysinn Thin qui ne regrette néanmoins pas d’être passé par la case Mame : « Ce site est un tremplin. Les entreprises résidentes n’ont d’ailleurs pas vocation à y rester plus de trois ans. Pour ma part, je dois beaucoup à l’écosystème dont ce site est la vitrine ». Ironie de l’histoire, l’équipe de Prototyper a dû revenir temporairement chez Mame au sortir de la trêve estivale, les locaux acquis par la startup près du château de Tours n’étant plus praticables pendant quelques mois… en raison de travaux ! « C’est tout le paradoxe de la situation, commente Thibault Coulon. Les gens ont légitimement

râlé mais au final, nous n’avons enregistré qu’un nombre limité de défections, une dizaine. Il faut dire que nous avions accordé à nos résidents de très substantielles baisses de loyer ». La détermination d’une communauté, totalement en symbiose avec l’association Palo Altours qui la met en mouvement avec beaucoup de conviction, a été le principal ciment du projet Mame. Elle a contribué à ce que les entrepreneurs rongent leur frein dans l’attente de jours meilleurs… Mais cette indéniable dynamique n’a pas encore conduit au développement d’une pépite. « L’écurie Mame entraîne quelques poulains prometteurs mais aucun d’entre eux ne peut encore prétendre à

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REPORTAGE

la victoire au Grand Prix d’Amérique », estime cet industriel tourangeau du numérique qui confesse un certain scepticisme. C’est, en effet, l’une des critiques les plus communes formulées par ses détracteurs : Mame peine à revendiquer une success story entrepreneuriale de niveau national. Aucune des startups qui a investi les lieux n’a été propulsée sur le devant de la scène. Certes, le parcours de Norsys, une société qui déploie des projets informatiques haut-de-gamme, passée de 2 à 50 salariés, mérite d’être salué. De la même façon, les premiers pas très réussis de Strat&Growth, la jeune pousse fondée par Anatole Darasse pour développer

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des applications web et mobile, de Clearnox, un éditeur de logiciels de recouvrement de créance, ou du concepteur d’applications Code-Troopers, qui emploie une quinzaine de collaborateurs, constituent de légitimes motifs de satisfaction. Mais ces faits d’armes ne contribuent pas à forger une légende ! « On reste sur notre faim et des modèles finalement assez classiques. Il s’agit, pour la plupart d’entre elles, d’ESN (entreprises de services numériques, NDLR) positionnées sur des niches parfois très actives. Mais ces jeunes sociétés ne portent pas des logiques disruptives, du moins pas à ma connaissance », expose un bon connaisseur touran-


geau des marchés du numérique. D’ailleurs, comme l’observe justement Manyssin Thin, « la piste du full numérique n’était certainement pas la bonne. Le potentiel local en la matière ne correspond pas aux attentes initiales. Du coup, la politique d’accueil de Mame s’est orientée vers d’autres types de boîtes et d’activités. Et c’est très bien ainsi ! Ce lieu doit être le reflet de la diversité du territoire ». C’est ainsi que quelques sympathiques Géo Trouvetou se sont invités sur le plateau de Mame, bardés de projets low tech. Benjamin Rimajou, le lauréat du concours Lépine 2018, appartient à cette catégorie. Son projet se résume à un ingénieux dispositif permettant d’enfiler une

couette dans sa housse – une épreuve cauchemardesque comme chacun a pu l’expérimenter – en moins d’une minute. Mais il n’est aujourd’hui que l’unique salarié de sa société au nom évocateur (Hopoli) qui vit surtout

autour des équipements installés sur le plateau du Fab Lab. Côté recherche, le site tourangeau peut s’enorgueillir d’abriter l’équipe de recherche Intelligence des Patrimoines (Ipat) dirigée par l’universitaire Benoist Pierre, par ail-

iL est eXact Que LE MODÈLE DE MAME A PIVOTÉ. ces tÂtonneMents font partie Du Jeu » des espoirs fondés sur les millions de vues enregistrées sur YouTube par l’une de ses vidéos promotionnelles. « Même s’il est encore trop tôt pour faire le bilan, il est exact que le modèle de Mame a pivoté. Ces tâtonnements font partie du jeu», concède Thibault Coulon. Aujourd’hui, l’accueil d’entreprises numériques « n’est bien qu’une facette de notre politique. Mame est aussi un site qui doit accueillir de la recherche, des entrepreneurs culturels, de la formation. Je tiens aussi à ce que cette plateforme favorise l’inclusion, et pas seulement l’inclusion numérique. Nous voulons être un acteur de l’intégration des publics vulnérables et défavorisés. Ce lieu est un lieu de mixité ». Un Fab Lab installé au cœur de Mame permet ainsi aux entrepreneurs de concevoir des prototypes, mais aussi à des populations éloignées du marché de l’emploi de se familiariser avec l’industrie 2.0. Le jour de notre visite, des jeunes issus de l’École de la deuxième chance se pressaient

leurs candidat LaREM aux prochaines élections municipales. Ce programme, soutenu par la Région Centre-Val de Loire et porté par le Centre d’études supérieures de la Renaissance (CESR), vise à mieux comprendre et valoriser les patrimoines naturels et culturels. À l’heure où nous écrivions ces lignes, Mame s’apprêtait à accueillir une unité de recherche et de soins de CHRU : il s’agit d’une antenne du centre de pédopsychiatrie de l’hôpital Bretonneau voisin, dirigé par le Pr. Frédérique Bonnet-Brilhault, qui vise à améliorer la prise en charge et le quotidien des jeunes patients autistes. Les responsables de ce programme attendent beaucoup des collaborations susceptibles de s’instaurer avec le Living Lab, l’un des tout premiers laboratoires français d’intelligence artificielle dédiés à la santé. « Ce foisonnement, nous le revendiquons, conclut Thibault Coulon. Nous avons sans doute dévié par rapport à notre ambition initiale et La Lettre Valloire - Décembre 2019

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REPORTAGE

Benjamin Rimajou, lauréat du concours Lépine 2019 pour son système Hopoli de déhoussage des couettes, est hébergé chez Mame.

14 000 M2 360 personnes

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La Lettre Valloire - Décembre 2019

emprunté une route différente de celle suivie par notre homologue orléanais, le Lab’O, qui fut notre partenaire dans l’aventure de la labellisation French Tech Loire Valley. Mais c’est un chemin en accord avec notre biotope. Il faut l’assumer. » À Orléans justement, ce fameux Lab’O, l’incubateur miroir de Mame, a lui aussi un peu dévié par rapport à sa trajectoire initiale. Pour autant, il est un signe qui ne trompe pas. À trois mois des élections municipales, le Lab’O fait consensus. À droite comme à gauche, personne n’oserait aujourd’hui remettre en cause la réussite de ce village « totem » labellisé Village by CA – une marque du Crédit Agricole – et dédié à l’accompagnement des entreprises innovantes. En l’espace de trois ans seulement, la pépinière numérique aménagée sur l’ancien site du laboratoire pharmaceutique Famar, sur la rive sud de la Loire, est devenue un lieu clé de la vie économique orléanaise. Rachetés par la Ville

8,5 M€, puis revendus à la communauté d’agglomération avant qu’elle devienne métropole, les 14 000 m2 de locaux accueillent une cinquantaine d’entreprises et quelque 360 personnes. En juin 2016, au moment de son ouverture, le Lab’O s’affichait en lettres rouges comme un « incubateur numérique ». Trois ans plus tard, ses concepteurs préfèrent l’appeler « accélérateur d’innovation ». Un changement de paradigme qui en dit long sur cette success story en cours d’écriture : exit le temps où les doux rêveurs et les startupers inspirés pouvaient installer leur boîte à idées au sein du Lab’O. Depuis quelques mois, l’entrée est devenue sélective. « Le bilan tiré de ces premières années nous a fait évoluer dans la structuration du lieu. Désormais, les entreprises sont obligées de rentrer dans un parcours et de franchir différentes étapes. Si elles n'y parviennent pas, on leur accorde un délai supplémentaire, mais elles doivent quitter le parcours en cas d’échec », explique Stéphanie Hublin-Besson, responsable de la cellule opérationnelle du Lab’O. Ce dernier s’est appuyé dès son ouverture sur deux associations, Orléans Pépinières et Orléans Val de Loire Technopole – inexistantes à Tours – pour en structurer le fonctionnement et accompagner, jour après jour, les entreprises innovantes qui s’installaient. Le Lab’O n’a pas été dessiné à partir d’une page blanche. « Ce fut vraiment une volonté politique de procéder ainsi, argue Jérôme-


La Lettre Valloire - DĂŠcembre 2019

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REPORTAGE

LE HQ FAIT RECETTE Créée en plein cœur de Tours par Julien Dargaisse, une figure de l’économie numérique tourangelle, la station de coworking HQ fait carton plein. Ce hub de 1 000 m2 aménagé à l’étage du bâtiment de La Poste, boulevard Béranger, « affiche fréquemment un taux de remplissage de 100 %», se félicite l’entrepreneur. Les 65 postes de coworking ultra-ergonomiques sont occupés « à 95 % par des entrepreneurs individuels résidents qui bénéficient de nos services et d’un emplacement exceptionnel ». Mais le HQ, qui a ouvert ses portes en mars 2018, n’est pas réservé à ces petites structures unipersonnelles : « Nous accueillons également des salariés de grands groupes, comme Ricoh ou EDF, qui utilisent le site dans le cadre de sessions de télétravail ». Virtuo, une startup spécialisée dans la location digitale de véhicules Mercedes, est également familière du lieu. Cette réussite encourage évidemment Julien Dargaisse à récidiver et à voir plus grand. Il ne cache pas ses intentions d’aménager « à un endroit clé de l’agglomération une seconde station de coworking de 2 500m2», en reprenant les recettes qui ont fait le succès de sa première réalisation. Affaire à suivre…

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Richard, conseiller spécial délégué au numérique pour Orléans Métropole. Nous avons réussi à garder l’état d’esprit initial et à conserver les personnes avec lesquelles on avait construit ce projet. Nous aurions pu faire tout autrement mais Orléans Pépinières a gagné l’appel d’offres en répondant totalement à notre cahier des charges. Notre ADN a été ainsi préservé. » Il constate, lui aussi, que le Lab’O et Mame n’ont pas suivi la même trajectoire : « Nous avons fait des choix politiques forts. C’était les bonnes recettes pour réussir », poursuit-il. D’un point de vue strictement comptable, le Lab’O est « quasi à l’équilibre sur le plan du fonctionnement », grâce aux loyers – 600 € par mois durant

reste. La volonté politique été très forte également avec l’appui du Crédit Agricole. Et puis, tout était prêt sur le plan logistique pour accueillir les premières startups dans de bonnes conditions. Ce qui, semble-t-il, n’a pas été le cas à Tours ». Après trois ans de fonctionnement, le Lab’O est-il allé au bout de ses ambitions ? « Pendant trois ans, nous avons travaillé tous azimuts pour que ça marche et aujourd’hui, le Lab’O est incontestablement une marque, connue bien au-delà de la région. Nous voulons maintenant changer de dimension et nous positionner davantage sur la performance. Pour cela, nous avons mis en place un parcours sélectif et instauré un filtre financier qui autorise

au Lab’o, DésorMais, Les entreprises sont obLigées De RENTRER DANS UN PARCOURS » quatre ans au maximum – et au large éventail de services et de conseils facturés autour de 650 € la journée. « La métropole réinjecte 1,2 M€ par an pour rembourser les emprunts souscrits pour financer les travaux », complète Jérôme Richard. Pour Frédéric Ros, directeur d’Orléans Val de Loire Technopole, la réussite du lieu est d’abord liée à une phase de démarrage décisive. « La pépinière était rodée à cela et la technopole s’est chargée du

ou non une entreprise à candidater », souligne Frédéric Ros. Même appréciation du côté des élus. « Oui, nous avons rempli les ambitions du départ mais nous voulons aller beaucoup plus loin. Après la réussite de la phase de lancement, nous entrons dans la phase 2 qui consiste à favoriser l’émergence de belles réussites, à faire croître des champions. Nous avons recruté un Lab’O Manager pour détecter les entreprises et leur donner les


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REPORTAGE

Mathieu Proux, co-fondateur de G-Keep, un des pensionnaires du Lab’O.

moyens de grandir au cœur de la plateforme », répond Jérôme Richard. Sur le nombre de startups et d’entreprises à avoir posé leur valise innovante depuis trois ans, toutes n’ont pas connu des réussites éclatantes. Loin s’en faut. « Il y a eu des accidents et des dépôts de bilan, c’est normal, et pas mal d’entreprises continuent à survivre même si elles ne décollent pas, d’autres se sont transformées. Ça reste fragile », commente Filipe Franco, le patron de l’Industry Lab, le laboratoire qui permet aux jeunes entreprises de produire et d’expérimenter sur leur marché de petites séries : « Pour autant, trois ou quatre pépites ont fait de belles levées de fonds et poursuivent aujourd’hui leur ascension ». Parmi elles, PayTrip, 20

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une fintech de neuf salariés qui a lancé, en février dernier, son eportefeuille familial grâce auquel les membres d’une même communauté peuvent réaliser des virements au bénéfice des uns et des autres, et cela instantanément et quel que soit le pays. Elle a levé deux fois 1 M€ pour commercialiser et développer son produit et est déjà assurée d’une troisième levée de fonds pour une enveloppe comprise entre « 3 et 5 M€ ». Autre pépite à avoir pris son envol au Lab’O, G-Keep, une startup créée en 2013 pour mettre au point des capteurs connectés capables de prévenir les vols de carburants et d’analyser la consommation des véhicules, que ce soit à l’arrêt, moteur tournant ou en circulation. La jeune pousse


FORMATION

orléanaise a levé 1,5 M€ en 2018 auprès du fonds d’investissement Loire Valley Invest et de trois investisseurs privés. D’autres startups ont grandi à un rythme régulier et pris leur envol au bout de deux ou trois ans. « Nous sommes sortis il y a trois mois », confie Julie Richard, cofondatrice de Nuoo, une société qui s’est imposée comme le leader des box beauté en France. « Cela a constitué une expérience déterminante car on y a gagné l’accès à de nombreux réseaux, en B2B et B2C. Nous avons été ac-

piloter et animer la vie du site et faire en sorte qu’il soit encore davantage un accélérateur d’innovation dans le domaine numérique. Mais pas exclusivement, car l’innovation touche tous les domaines. Pour cela, nous allons travailler de manière plus serrée sur l’accompagnement, la création de synergies avec le tissu économique régional et l’ouverture du Lab’O vers l’extérieur », précise Julien Goujon. Aujourd’hui, la plateforme orléanaise voit converger beaucoup d’entreprises et d’organismes di-

trois ou Quatre pépites ont fait DE BELLES LEVÉES DE FONDS et poursuiVent Leur ascension » compagnés par des professionnels avec lesquels nous continuons à travailler : avocat, banque, assureur. L’entreprise a été approchée par de grands groupes grâce au label Village by CA, Sephora par exemple qui est partenaire du Lab’O, et tout cela nous a permis de grandir. » En trois ans, l’équipe de Nuoo est passée de quatre à treize personnes et la logistique a pris ses aises dans un entrepôt de 300 m2. Davantage de sélection pour davantage de performances : la feuille de route de Julien Goujon, recruté il y tout juste un mois comme Lab’O Manager, est limpide. « C’est une mission très opérationnelle », explique la nouvelle recrue du village totem. « Je dois

vers. « Des structures privées, publiques ou semi-publiques, l’université, le BRGM, des délégataires de service public comme Engie ou Keolis sont au Lab’O. Nous devons œuvrer pour que ce lieu soit le catalyseur de l’innovation au niveau de la métropole. » Pour Frédéric Ros, il manque encore une brique pour que les jeunes pousses puissent croître plus rapidement : il faudrait un instrument de financement privé. « Il nous faut trouver des business angels proches du Lab’O et qui participent pleinement à notre écosystème. » On le sait, le Lab’O doit beaucoup à la patte personnelle d’Olivier Carré : conférences de presse, présentations, séminaires, officia-

lisations de levées de fonds s’y déroulent sous le regard protecteur du maire et président d’Orléans Métropole qui se sent ici comme chez lui. En cas de changement de majorité, et éventuellement d’une attention moins soutenue de la force publique, le Lab’O poursuivra-t-il sa trajectoire ascensionnelle ? À interroger les acteurs de cet écosystème encore très jeune, la question est sur toutes les lèvres… Jean Christophe Savattier et Anthony Gautier

DIGITAL LOIRE VALLEY BIENTÔT À PIED D’ŒUVRE Le label French Tech Loire Valley, obtenu au forceps par les acteurs régionaux de l’économie numérique au printemps dernier, était resté depuis lors à l’état gazeux. Il va prochainement bénéficier d’une infrastructure et d’une gouvernance ad hoc. À la suite des guichets Digital Innovation Hubs promus par Dev’Up, une association dénommée Digital Loire Valley devrait être portée sur les fonts baptismaux en janvier prochain. Regroupant une centaine de membres répartis sur l’ensemble du territoire régional, elle sera vraisemblablement présidée par… Julien Dargaisse, la figure de proue de l’écosytème numérique tourangeau.

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PUBLI-REPORTAGE

Dev’Up conjugue LE DÉVELOPPEMENT au plus-que-futur

L’innovation, la recherche, la prospective constituaient le menu des Rencontres Économiques de l’agence régionale de développement économique Dev’Up, le 9 décembre dernier à Orléans. Avec Joël de Rosnay, les regards se sont tournés vers… 2519.

A gauche : Jean-Louis Garcia, Directeur général DEV'UP. Les cinq chercheurs régionaux, et Joël de Rosnay au centre.

«L

e futur se construit au présent » : C’est en tirant ce fil conducteur que se sont déroulées les troisièmes Rencontres Économiques organisées par Dev’Up le 9 décembre au centre de conférences d’Orléans. Environ 400 personnes ont participé aux différentes formules d’échanges proposées tout au long de l’aprèsmidi. L’agence de développement économique, présidée par François Bonneau aussi président de la Région Centre-Val de Loire, proposait pas moins de 26 tables-rondes sur des thèmes très marqués par la transition numérique et l’innovation comme « Protéger ses innovations et créations », ou « Industrie du futur : quelle réalité sur le terrain pour les PME ? ». L’innovation et la façon de

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la financer par des fonds européens figuraient également au programme de l’une des deux mini-conférences, l’autre étant consacrée aux clés pour réussir sa participation à un salon professionnel. Lors de la séance plénière, c’est à un exercice de haute synthèse que se sont livrés cinq chercheurs en exposant, dans un pitch de cinq minutes chrono chacun, l’avancée de leurs travaux et leurs applications économiques futures. Pascal Brault, directeur de recherche au CNRS, a ainsi mis en perspective le potentiel de l’hydrogène qui fournit l’énergie d’un prototype d’ascenseur chez Otis à Gien. Anne Poupon, de l’INRA de Tours, a expliqué comment on pouvait réduire par 10 le temps de validation d’un biomédicament. Ridha Hambli, de Polytech Orléans,

a fait entrevoir la manière dont l’intelligence artificielle allait se généraliser dans les entreprises et permettrait d’augmenter la productivité de 40 % d’ici à 2035. En conclusion de ces rencontres économiques, Joël de Rosnay (lire ci-contre) s’est placé dans une perspective encore plus lointaine en imaginant la société de 2519, un millénaire après le début de la Renaissance dont la Région célébrait le 500e anniversaire cette année. Le prospectiviste a dit sa foi dans l’intelligence « augmentée » pour faciliter la tâche de l’entrepreneur. Il ne doute pas que l’intelligence artificielle viendra un jour à bout de la stupidité naturelle. Bruno Goupille


Présidé par François Bonneau, Dev’Up fédère les représentants de l’État, des collectivités territoriales et du monde économique.

Réunis en assemblée générale le même jour, les membres de Dev’Up – État, Région, collectivités territoriales et représentants du monde économique – ont présenté de nouveaux projets pour 2020.

ATTIRER LES CADRES Fort du succès du stand de la Région au salon Compétences Cadres à Paris le 3 décembre dernier (3 100 visiteurs), l’offre de recrutement de cadres sera renforcée sur d’autres salons et un soutien à l’accueil de cadres proposé en lien avec les intercommunalités.

UNIVERSITÉ DES ÉLUS A l’intention des futurs élus municipaux en charge du développement économique, dolor sit Dev’Up proposera desLorem ateliersipsum spécifiques via Ssanctus Lorem ipsum dolor son université desest élus et organisera unelitr, coleros diam sed diam nonumy loque en automne. ipsum dolor sit ame stet clita kasd gubergren, no sea takimata

UNE MARQUE RÉGIONALE Stet clita kasd gubergren

Dans la lignée de signature « C du Centre Elitr,lased diam nonumy eirmod», dont l’accompagnement renforcé, une tempor invidunt sera ut labore et dolore marque collective régionale pour leserat produits magna aliquyam dias. alimentaires fabriqués en Centre-Val de Loire. est en cours de création.

UN CLUB DES ETI Encouragée par Philippe d’Ornano, patron du groupe de cosmétiques Sisley dont une unité est implantée à Blois, la création d’un club ETI régional est annoncé. Il aura pour but de favoriser les échanges entre entreprises de taille intermédiaire (250 à 5 000 salariés).

JOËL DE ROSNAY :

« L’homme du troisième millénaire sera symbiotique » Le futur est son présent. Biologiste, prospectiviste, chercheur, Joël de Rosnay explore depuis toujours les couloirs du futur. Il a conclu les troisièmes rencontres Dev’Up en portant un regard vers l’an 2500. La Lettre Valloire : Quels enseignements pouvons-nous tirer de l’époque de la Renaissance dont nous célébrons le 500e anniversaire ? Joël de Rosnay : L’enseignement principal, c’est que tout est possible. Tout est ouvert à l’imagination créatrice et à la cocréation. Le futur est sans cesse à inventer. Vive l’utopie pour construire sans entrave le monde de demain ! LV : Sur quelles bases pourrait être construit le monde dans 500 ans ? JdR : Pour moi, le futur reposera sur cinq bases : le partage des connaissances, la tolérance vis-à-vis des idées nouvelles, le respect de l’autre en tant que personne, la réduction des inégalités et la coéducation à tous les niveaux. LV : Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste pour notre avenir ? JdR : Ni pessimiste, ni optimiste, je suis positif. J’essaie de comprendre comment réduire les problèmes du futur. Comme disait Antonio Gramsci, fondateur du parti communiste italien : « Il faut se méfier du pessimiste de l’intelligence et choisir l’optimisme de la volonté. » LV : Imaginez-vous une quatrième révolution industrielle après celle du numérique ? JdR : La quatrième révolution est déjà en marche. C’est celle que je décris dans « L’homme symbiotique, regard sur le troisième millénaire » *. Il s’agit de l’émergence de l’intelligence auxiliaire qui décuple les capacités intellectuelles humaines. Les assistants connectés, comme Alexa ou Google Home, nous en montrent déjà le chemin.

La Lettre Valloire - Décembre 2019

*Seuil, 1995.

NOUVELLES PERSPECTIVES POUR 2020

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REPORTAGE

AU LAB’O Les saLLes De cours, sont nuMériQues La relation entre élèves et professeurs se numérise. AltEtude et Cood, deux entreprises incubées au Lab’O, se lancent dans cette nouvelle aventure – prometteuse – du EdTech (Educational Technology). Portrait croisé.

i Charlemagne a eu un jour cette idée folle d’inventer l’école, le numérique est en train d’inventer, lui, une nouvelle manière d’enseigner. Alors certes, la classe reste – encore – le sanctuaire de la transmission de savoirs, pour autant elle est concur-

S

numérique ; l’élève travaille sur papier, en condition réelle, et partage sa copie avec son professeur via une simple photo prise depuis un téléphone ou une tablette. Les premiers bilans sont encourageants. « Nous avons commercialisé un produit de salle de cours

L’éLèVe traVaiLLe sur papier ET PARTAGE SA COPIE AVEC SON PROFESSEUR Via une siMpLe pHoto »

rencée par les nouvelles technologies mises au service de l’élève comme de l’enseignant. Cette nouvelle approche pédagogique a un acronyme : EdTech pour Educational Technology. Incubée au Lab’O, soutenue par Bpifrance, une startup baptisée AltEtude propose des cours individuels dans un espace de cours 24

La Lettre Valloire - Décembre 2019

en novembre 2018 auprès d’une trentaine d’utilisateurs payants et le retour a été très bon. On a néanmoins mis en place des correctifs techniques et une nouvelle version est disponible depuis trois semaines sur notre plateforme », explique Pierre Trovero, co-fondateur de l’entreprise et enseignant lui-même.

L’EdTech videra-t-elle les salles de cours ?


« Nous avons besoin de financement et prévoyons une levée de fonds de 500 000 € pour recruter un deuxième développeur et un ou une commercial(e). Nous sommes rentrés dans la phase de recrutement de notre clientèle et misons sur un millier d’élèves d’ici à un an », ajoute le créateur d’AltEtude, sachant que le tarif pratiqué est de 14 € de l’heure pour les collégiens et de 18 € pour les lycéens. Une autre entreprise, dont le siège social est installé depuis le printemps au Lab’O, est en plein développement. Cood, c’est son nom, a réalisé une levée de fonds de 1,6 M€ auprès de Sofimac et de Bpifrance, la plus importante en amorçage jamais enregistrée dans le domaine de l’EdTech. Une somme qui lui permettra « de renforcer son équipe de développeurs et de game designers pour développer et diversifier le contenu de sa plateforme », explique l’équipe dirigeante. Dans un premier temps, Cood s’est adressé aux jeunes de 9 à 17 ans en commercialisant une

plateforme d’éducation au numérique par le jeu. Aujourd’hui, elle se tourne vers les enseignants eux-mêmes et leur propose une formation aux nouvelles pédagogies numériques. Au travers de Canopé, réseau d’accompagnement pédagogique de l’Éducation nationale, Cood forme actuellement plus de 1 000 enseignants. Par ailleurs, l’entreprise participe, en partenariat avec Nathan, à la conception des premiers manuels augmentés Sciences Numériques et Technologie (SNT) lesquels seront enrichis de centaines de ressources numériques via l’application gratuite Nathan Live ! « Cood ambitionne de devenir un acteur structurant dans l’écosystème scolaire », affirme Gaëlle Girardeau, co-fondatrice de Cood. Le Lab’O deviendrait-il l’antichambre de cette révolution pédagogique par le numérique ? Avec Cood, AltEtude mais aussi le campus de la Wild Code School, qui forme développeurs web, data analysts et analystes en cybersécurité, l’incubateur orléanais est particulièrement bien équipé en matière de nouvelles pédagogies. Anthony Gautier

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REPORTAGE

CHÂTEAUROUX aura aussi son Hub DigitaL Attendue au printemps 2020, la future cité du numérique castelroussine hébergera un village de startups labellisé by CA du Crédit Agricole. es métropoles, comme Tours et Orléans, ne sont pas les seules à se doter d’un incubateur pour jeunes pousses numériques. Châteauroux a choisi une partie de l’ancienne usine de vêtements Balsan pour créer la sienne sur 2 500 m2. Elle sera achevée d’ici à quelques mois.

L

Mêlant le style industriel et le design dernier cri, le cabinet d’architecture tourangeau Chevalier + Guillemot a prévu un bâtiment à la fois beau et fonctionnel. En son sein seront hébergés le TechLab de la CCI de l’Indre et l’auditorium de 44 places de Châteauroux Métropole. Le trente-cin-

quième Village by CA occupera 1 500 m2, soit plus de la moitié de l’espace. À l’instar des autres villages installés dans l’Hexagone depuis 2014, le Crédit Agricole prévoit d’accueillir une trentaine d’entreprises en herbe et d’offrir au total 90 postes de travail. À la clé, et

La future cité numérique castelroussine, actuellement en travaux, sera achevée et livrée à ses occupants au printemps prochain.

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pour un loyer mensuel modique – moins de 200 € –, les locataires pourront bénéficier de formations et d’accompagnement. « Nous n’avons pas vocation à gagner de l’argent avec ces villages, assure Gilles de Jacquelot, responsable du marché des entreprises au Crédit Agricole du CentreOuest. Pour la banque coopérative, il s’agit avant tout de participer au développement économique du territoire ». Châteauroux Métropole, qui a financé la rénovation de ce bâtiment du XIXe siècle à hauteur de 7 M€, retrouvera une partie de son investissement grâce au loyer versé par le Crédit Agricole. La collectivité mise aussi sur l’effet vertueux des startups et des 90 emplois attendus.

Au sein de l’ancien site Balsan, abandonné depuis 1973, la cité du numérique s’intègrera dans un cadre reconverti en Écocampus. Le Centre d’études supérieures de Châteauroux – une antenne de l’université d’Orléans – et ses quelque 600 étudiants, l’IUT de l’Indre, l’école d’ingénieurs HEI, le campus de la CCI de l’Indre, des antennes du Cnam et du Cesi y sont déjà installés. L’école d’infirmières de la ville rejoindra également Balsan en 2022. Cette proximité avec les étudiants permettra en principe de leur offrir des débouchés professionnels, assurant ainsi le maintien d’une partie d’entre eux sur la métropole castelroussine. Reste à la cité numérique, et notamment au Village By CA qui

en constitue le navire amiral, à mesurer l’accueil réservé par les startups. Si l’appel à candidatures sera lancé au premier trimestre 2020, Michel Georgeon, l’adjoint au maire délégué aux projets structurants, espère qu’il permettra de séduire hors du département. L’objectif d’améliorer l’attractivité de Châteauroux est également omniprésent dans la démarche du maire de la ville Gil Avérous… qui pourrait même devenir un modèle pour sa grande voisine Limoges, également en demande d’étudiants ; le Crédit Agricole du Centre-Ouest pourrait y ouvrir un nouveau Village by CA. Guillaume Fischer

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TERRITOIRES

VIERZON FUTURE MECQUE RÉGIONALE Du nuMériQue ? Soumis depuis des lustres au déclin de son industrie, le territoire vierzonnais engage son rebond grâce à la nouvelle économie. Stimulés par l’installation d’une unité de Ledger, une startup vedette des marchés de la cryptomonnaie dirigée par des enfants du pays, les élus et les responsables économiques s’efforcent de bâtir un écosytème dédié au numérique. Ce bastion communiste va-t-il faire sauter la banque ?

Ledger fabrique et assemble ses kits de sécurité pour utilisateurs de bitcoins à Vierzon

ui l’aurait cru ! Longtemps symbole de la crise industrielle, Vierzon s’offre une cure de jouvence numérique. Certes, la sous-préfecture du Cher souffre encore de la comparaison avec la Silicon Valley, mais le développement local de l’activité de Ledger, la star tricolore des solutions de sécurisation des échanges de cryptomonnaie, a indéniablement « changé le regard sur notre territoire », souligne David Fagueret, le

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directeur des services économiques de la communauté de communes Vierzon Sologne Berry : « Nous sommes aujourd’hui pris au sérieux par les investisseurs, les porteurs de projets et plus souvent short listés qu’auparavant. » Présidée par Eric Larchevêque, un enfant du pays descendant du porcelainier Marc Larchevêque, Ledger s’est en effet récemment offert une unité ultra-moderne (Ledger Plex) de 3 700 m2 ; elle a été édifiée sur


le Parc technologique de Sologne, l’écrin des ambitions numériques de de la collectivité. Le site, qui emploie aujourd’hui une quarantaine de salariés – les 120 autres collaborateurs travaillent au siège parisien –, accueille des activités de support logistique, du back office commercial, ainsi que la fabrication et l’assemblage des kits de sécurité (smart keys USB Nano X et Nano S) appréciés par les utilisateurs de bitcoins. « Nous avons surdimensionné la plateforme en anticipant des développements futurs », explique David Balland, le directeur de la plateforme et créateur d’une startup vierzonnaise qui a fusionné avec deux autres jeunes pousses pour créer Ledger en 2014. Cette précaution semble sage, tant la société a poussé à vitesse grand V ces dernières années. Cette croissance champignon a rapidement épuisé les capacités immobilières que pouvait lui offrir le centre d’innovation, puis l’hôtel d’entreprises, tous deux mis à disposition par la communauté de communes. « Le soutien des élus et des collectivités ne nous a jamais manqué, affirme David Balland. Ce n’était pourtant pas toujours facile de nous suivre. Ma première startup, RadioceRos, était dédiée au streaming musical en haute définition, ce qui est tout de même assez éloigné de la cryptomonnaie. Pour autant, les politiques ont toujours eu foi en nous et ne se sont pas can-

Les poLitiQues ont touJours eu foi en nous (...) À un MoMent cLé De notre DéVeLoppeMent, ils n’ont pas hésité à déménager cinq entreprises pour nous laisser la place »

tonnés à participer financièrement au projet immobilier Ledger Plex (730 000 € de contribution pour un investissement total d’environ 8 M€, NDLR). À un moment clé de notre développement, ils n’ont pas hésité à déménager cinq entreprises pour nous laisser la place... » « Je me régale », nous confie François Dumon, le président de la CdC Vierzon Berry Sologne, qui entend exploiter « au maximum l’atout considérable que représente la présence de Ledger ». Les yeux pétillants, l’élu communiste, pourtant un peu old school – il

L’EUROPE PROPULSE PICASOFT-YENA À Vierzon, la société Picasoft-Yena (8 salariés, environ 2 M€ de CA), qui développe des logiciels de FAO et commercialise des machines d’usinage pour les prothésistes dentaires, devrait prochainement proposer la licence d’un logiciel qu’elle a développé dans le cadre du programme de recherche européen Open Hybrid. « Aux côtés de très grosses sociétés comme Siemens, mon équipe a mis au point un produit qui permet de faciliter des opérations de maintenance industrielle, notamment sur les rotors et turbines », nous indique Nicolas Lardeau, le président de Picasoft-Yena. Selon ce dernier, cette licence pourrait contribuer à hisser le CA à 3 M€ d’ici quatre ou cinq ans.

Lorem ipsum dolor sit Ssanctus est Lorem ipsum dolor elitr, eros diam sed diam nonumy ipsum dolor sit ame stet clita kasd gubergren, no sea takimata clita kasd gubergren CÉDRICElitr,OStet sed diam nonumy eirmod tempor invidunt ut labore et dolore LANCE ALGOSUP magna aliquyam erat dias. Le secrétaire d’Etat au numérique Cédric O. était à Vierzon le 15 octobre pour lancer l’école de développeurs informatiques AlgoSup, largement évoquée dans notre édition de septembre dernier. L’établissement, qui formera 20 et 25 élèves par promotion à partir de la rentrée 2020, s’adressera à des diplômés bac ou bac + 2. L’antenne vierzonnaise du Cnam dispensera aussi des formations en alternance aux nouvelles technologies numériques mais plutôt à destination de décrocheurs ou de personnes en reconversion professionnelle.

La LaLettre LettreValloire Valloire -- Septembre Décembre 2019 2018

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TERRITOIRES

François Dumon, le président de la CdC Vierzon Berry Sologne

Surface de l’unité Ledger Plex

3 700 M2 Investissement total

8 M€

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avoue préférer le stylo à l’ordinateur et ne pas saisir toutes les subtilités du modèle économique de la startup – s’est pris d’affection pour ces entrepreneurs, pourtant nourris au lait le plus pur de la doxa libérale. « C’est vrai, nous misons beaucoup sur ce projet qui représente une opportunité extraordinaire pour Vierzon. Nous pouvons agréger des entreprises du numérique autour de ce socle. Mais déjà, cette installation a eu un effet psychologique tout à fait bénéfique. J’ose le dire, Vierzon va mieux », affirme-t-il, en dépit d’un taux de chômage local qui persiste à évoluer au-dessus des 12 %. À ce stade, il est difficile de mesurer l’impact de cette implantation nourricière. Certes, l’entreprise JBI, spécialisée dans la robotique et l’automatisme, s’apprête à engager la construction d’un bâtiment de 3 700 m2 sur le parc technologique. De même, le petit groupe Picasoft-Yena a élu domicile sur la zone d’activités et envisage une extension (lire page 29). Mais il est difficile d’expliquer ces initiatives en invoquant le magnétisme de Ledger. Seule la création d’AlgoSup, une école privée du développement

informatique fondée par Franck Jeannin, peut être considérée comme une conséquence directe de l’arrivée de la startup. Ô symbole, AlgoSup accueillera d’ailleurs à l’automne 2020 sa première promotion dans des locaux de 550 m2 laissés vacants par Ledger. Selon Franck Jeannin, « les besoins en développeurs informatiques bien formés, et surtout en mesure d’accompagner des évolutions technologiques permanentes, sont majeurs, y compris au sein des entreprises régionales. Nous sommes l’une des pierres qui manquait à l’édifice ». « La formation est un enjeu de première importance. Le manque de personnel qualifié constitue un handicap déploré par l’ensemble des chefs d’entreprises, et c’est encore plus criant dans le numérique », souligne François Dumon. Ce constat, étayé par une étude portant sur le développement d’un pôle d’excellence numérique vierzonnais, a incité les responsables à réagir. Une licence professionnelle informatique conçue par le Cnam Centre-Val de Loire va être proposée en alternance. Le cursus sera accueilli dès la rentrée 2020 au sein du lycée Henri Brisson à Vierzon. Le Cnam prévoit, par ailleurs, d’y déployer une offre de formation complémentaire orientée vers les marchés du numérique dans le cadre du programme Au cœur des territoires, lui-même fruit d’un partenariat avec le programme ministériel Action cœur de ville. Jean-Christophe Savattier


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TERRITOIRES

LEDGER, nouVeLLe frontière Du capitaLisMe Vierzon, vieille terre communiste, s’enthousiasme pour Ledger, le champion français des cryptomonnaies, une utopie anti-système devenue la nouvelle frontière du capitalisme.

David Balland, co-fondateur de Ledger.

est à un fascinant voyage au cœur des cryptomonnaies et de la blockchain qu’il faut se préparer avant de rencontrer les dirigeants de Ledger : cette startup, qui a installé une importante base arrière à Vierzon, fournit une part importante des solutions hardware et soft permettant de sécuriser les transactions mondiales du bitcoin. « On ne connaît pas totalement

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l’origine de ce crypto-actif. On sait qu’il a été présenté en novembre 2008 est qu’il est issu des travaux du mystérieux Satoshi Nakamoto. Mais on ne sait toujours pas si ce pseudonyme s’applique à une seule personne ou à un collectif de développeurs informatiques », explique David Balland, l’un des co-fondateurs de Ledger avec Joël Pobeda et Eric Larchevêque, le digne rejeton d’une grande famille industrielle vierzonnaise qui connut ses heures de gloire dans la porcelaine. C’est d’ailleurs avec la grâce d’un pachyderme projeté dans les vitrines des banques que s’est élancé le bitcoin. « Il faut bien comprendre que les cryptomonnaies permettent d’échanger de la valeur sans tiers de confiance. À l’origine, c’est un projet antisystème clairement dirigé contre les banques et l’État », rappelle David Balland. Depuis ces temps pionniers, les cryptomonnaies ont gommé leurs aspérités idéologiques initiales mais conservé leur aura sulfureuse : « Aucun

service étatique n’est en mesure de casser le protocole ». La croissance affichée par Ledger illustre la course folle de ce marché : « Jusqu’à ce que nous élisions domicile dans notre bâtiment actuel (Ledger Plex), nous avons vécu dans les cartons de déménagement. Nous avions prévu d’écouler quelques dizaines de milliers d’exemplaires du Nano S au moment du lancement, nous en avons commercialisé un million et demi ». Mais au fil des déménagements, les trois complices n’ont pas cherché à résister à leur tropisme vierzonnais, « le coût du foncier et l’accompagnement des collectivités ayant bien sûr été déterminants ». Surtout, l’entreprise – qui compte à ce jour une quarantaine de collaborateurs dans le Cher – n’a jamais connu de difficultés pour recruter : « Nous avons embauché des membres de nos familles, puis des amis, puis des amis des amis qui adhéraient au projet. Aujourd’hui, j’ai plus de 300 bons CV dans les cartons… » Jean-Christophe Savattier


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La petite Maison EST DEVENUE GRANDE De la direction canadienne du réassureur Scor à la construction de maisons individuelles, le parcours de Dominique Lavallée est frappé du sceau de l’audace. Portrait d’un entrepreneur qui a renoué avec ses passions de jeunesse.

ominique Lavallée n’était pas franchement destiné à diriger un constructeur de maisons individuelles. « Après des études de sciences économiques, puis un MBA Finances obtenu à Montréal, ma carrière semblait toute tracée », convient le président et fondateur du groupe tourangeau Villadim. La quarantaine venue, il se retrouve à la tête de la filiale canadienne du réassureur Scor. « C’était un poste gratifiant, très prenant et qui m’offrait des perspectives de carrière », se souvient Dominique Lavallée. La direction lui propose alors de regrouper les activités nord-américaines de Scor avant de les diriger… Mais en 2001, une crise familiale met un terme à cette ascension : « Ma première épouse décide de rentrer en France avec les enfants. Ce qui m’oblige à refuser le poste qui m’était promis pour les rejoindre ». Le président du groupe Scor se déplace même aux ÉtatsUnis pour tenter d’infléchir sa position. En vain !

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Exfiltré vers le service parisien d’analyse des risques de Scor, il comprend rapidement que ses jours sont comptés. « Je me suis aperçu que la situation du groupe n’était pas très bonne… et que je risquais de servir de fusible ». Une amie lui suggère alors d’auditer les comptes de la Mutuelle des Provinces de France (MPF), une petite compagnie d’assurances tourangelle. Auréolé de sa réputation, Dominique Lavallée s’enferme trois jours durant avec les comptes de la société. Il ressort de l’épreuve avec la conviction que la mutuelle peut être sauvée moyennant quelques ajustements… dont il doit être l’artisan. C’est du moins ce qu’il propose, au culot, à ses interlocuteurs. Ceux-ci acceptent le deal. Dominique Lavallée va diriger la mutuelle tourangelle jusqu’à son rapprochement avec Aréas Assurances, en 2006. Mais il refuse de devenir le numéro deux du nouvel ensemble, ce qui impliquait de rejoindre Paris : « J’avais reconstruit ma vie à Tours et n’avais pas envie de tout chambouler ». Celui qui voulait, dès le plus jeune âge, devenir architecte, se dit qu’il y a quelque chose à faire dans la maison individuelle : « Le marché était dynamique, mais très atomisé. J’étais persuadé qu’il était possible de le professionnaliser. » Il rencontre alors Éric Gauthier, président de Maisons Ericlor, qu’il parvient à convaincre de céder son entreprise, alors qu’il n’était pas vendeur : « Le marché se situait à un plus haut historique. Je lui ai expliqué que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ! Il a été sensible à cet argument. » Cette même année 2006, Dominique Lavallée devient le patron d’une entreprise qui réalise 8 M€

de CA en construisant 80 à 90 maisons par an. Les débuts sont difficiles : « J’avais bien anticipé le retournement du marché, mais pas la crise des subprimes. » C’est pourtant dans ce contexte de crise qu’il conduit l’ascension de l’entreprise : « Nous avons reconfiguré le modèle d’affaires en misant sur la qualité. C’est un point majeur de notre démarche ». Sélection des artisans, mise en place d’un contrôle qualité à chacune des étapes de la construction, labellisation et mesure de la satisfaction client, le nouveau patron ne va rien laisser au hasard. « Nous avons aussi travaillé le

Villadim doit devenir un pôle de consolidation du marché, Dominique Lavallée achète coup sur coup Logis de Vendée en 2013, puis le bordelais Terre Habitat en 2014, enfin le poitevin Sérénides et la nantais Mortier Construction en 2016. Tout récemment, Villadim s’est rendu acquéreur de la marque Barraco, cédée après la liquidation de ce constructeur de maisons hautde-gamme qui a eu son heure de gloire en Touraine. Dans le même temps, le groupe dirigé par Dominique Lavallée se dotait d’une filiale dédiée à l’aménagement et à la promotion.

NOUS SOUHAITONS FIGURER À TERME DANS LE TOP 10 Des acteurs Du MarcHé De La construction inDiViDueLLe cycle de vente. Entre le premier contact avec le client et la signature, il pouvait s’écouler plus de deux ans ; nous avons ramené ce délai à une dizaine de mois en équipant nos commerciaux d’un logiciel de gestion de la relation client très performant, ainsi que d’un logiciel de dessin pour les premières esquisses ». Alors que, déstabilisés par la crise, beaucoup de concurrents d’Ericlor mordent la poussière, la société, qui deviendra Villadim en 2013, ouvre au contraire des agences commerciales de proximité. Les premières s’installent à Chinon, puis à Châtellerault et à Saumur. L’entreprise se lance alors dans une politique soutenue de croissance externe. Convaincu que

Le chemin parcouru est impressionnant : en 2019, Villadim devrait réaliser un CA de 70 M€ pour plus de 800 contrats de construction. Le tout sur un marché français où le nombre de permis de construire de maisons individuelles a été divisé par deux en dix ans (90 000 en 2019). « Nous souhaitons figurer à terme dans le top 10 des acteurs du marché de la construction individuelle », avertit Dominique Lavallée. Pour soutenir ces ambitions qui passeront forcément par des acquisitions, Villadim devrait prochainement ouvrir son capital à de nouveaux investisseurs. Bpifrance regardait attentivement dossier à l’heure où nous écrivons ces lignes… Jean-Christophe Savattier

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ZOOM

L’UDEL ÉTRENNE son nouVeau boss Élu à 38 ans à la présidence de l’Udel-Medef du Loiret, Valentin Doligé veut dynamiser l’instance patronale en développant son pouvoir d’influence. u haut de son 1,93 mètre, Valentin Doligé veut voir plus loin que le bout des assemblées générales ronronnantes de l’Union des entreprises du Loiret (Udel), l’antenne loirétaine du Medef dont il a été élu président le 5 novembre dernier. Sa jeunesse, 38 ans jusqu’au 9 décembre, et son statut de dirigeant d’un cabinet d’expertise-comptable, apportent inconte s t a -

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blement une goulée d’air frais au monde patronal. Valentin Doligé annonce déjà comme fil rouge de son mandat de trois ans le rapprochement entre l’entreprise et les jeunes. Avec le bureau de l’Udel, dont les membres ont été renouvelés pour moitié, il a tracé une feuille de route autour de trois axes : représenter, influencer, former. Le deuxième sera sans doute le plus copieux : « Nous voulons porter la voix des entrepreneurs dans le débat économique et social. Par exemple, nous ferons connaître nos attentes auprès des candidats aux élections municipales dans un document de référence », explique le nouveau président. Voulant « peser à tous les niveaux », il se réjouit de la nouvelle dynamique impulsée par le regroupement des organismes économiques départementaux dans l’immeuble Citévolia, au cœur du futur quartier d’affaires de la métropole orléanaise. L’Udel y occupe toute sa place avec dix permanents et un budget annuel de quelque 1 M€, émanant pour les deux tiers des cotisations de ses 400 adhé-

rents. Et Valentin Doligé de rendre hommage à son prédécesseur, Francis Lheure, qui a su « assainir la structure financière et prendre les bonnes orientations ». Titulaire d’un DESS audit et conseil obtenu à l’IAE d’Orléans après un bac scientifique à Blois, ville dont il est originaire, le nouveau patron de l’Udel est entré en 2003 comme stagiaire au cabinet d’expertise-comptable Orcom et ne l’a pas quitté. En 2015, il est devenu l’un de ses quatre directeurs généraux, en charge du développement et chapeautant les représentations d’Orcom aux USA, en Chine et à Londres. « Notre cabinet de 850 collaborateurs est structuré comme une entreprise avec une vision et une stratégie », souligne-t-il. Lorsqu’on lui demande si son patronyme ne va pas lui faire trop d’ombre, Valentin Doligé rend, au contraire, hommage à son oncle Éric, ancien parlementaire et président du conseil général du Loiret : « Un homme d’entreprise qui a beaucoup œuvré pour le monde économique, avec une volonté de rassembler ». En somme, tout ce que son neveu entend renouveler à l’Udel. Bruno Goupille


ACTION LOGEMENT, 100 % ENGAGÉ À VOS CÔTÉS www.actionlogement.fr Gestionnaire de la participation des employeurs à l’effort de construction (PEEC), versée par les entreprises de plus de 20 salariés, Action Logement est engagé sur plusieurs fronts pour faciliter l’accès au logement des salariés. Rencontre avec Dominique Dhenne et Yves Clément, respectivement Président et Vice-président du Comité Régional Centre-Val de Loire. La Lettre Valloire : la garantie Visale connaît un succès croissant. Pouvez-vous en rappeler le fonctionnement ? Dominique Dhenne : la garantie Visale est une caution que nous accordons à tous les jeunes de 18 à 30 ans inclus (salarié du secteur privé, demandeur emploi, étudiant, alternant, fonctionnaire), et aux salariés de + 31 ans nouvellement embauchés dans une entreprise privée, ou en mutation professionnelle. Les revenus du bailleur sont sécurisés : en cas d’impayés, nous lui versons les sommes dues, et prenons contact avec le locataire pour un remboursement de sa dette. Dans le parc privé, nous prenons également en charge les dégradations locatives. La double originalité de ce dispositif qui date de trois ans, est que, d’une part, il est totalement gratuit pour le locataire comme pour le bailleur et que, d’autre part, il est digitalisé et donc à portée de quelques clics. Yves Clément : la montée en puissance est réelle. Au 30 novembre, en onze mois, nous avons signé 5 300 contrats Visale en région Centre-Val de Loire et 10 200 depuis son lancement début 2017. Les acteurs de l’immobilier sont des prescripteurs efficaces. Il faut que les entreprises, notamment les plus petites, se l’approprient et voient dans ce dispositif simple et gratuit un moyen de tranquilliser les futurs locataires et leurs propriétaires.

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La Lettre Valloire : pour Action Logement, la nouveauté de l’année est le Plan d’Investissement Volontaire (PIV). Doté d’un peu plus de 9 Md€, il vise à améliorer l’habitat et à renforcer le lien logementemploi. Quels en sont les principaux volets ? Dominique Dhenne : le PIV repose sur sept axes, dont quatre concernent plus particulièrement notre région. Le premier consiste à subventionner bailleurs et occupants pour la rénovation énergétique de leurs logements. Le deuxième permet de favoriser la mobilité des salariés en leur versant une prime qui peut atteindre individuellement 1 000 €. Le troisième est au bénéfice des personnes âgées et prévoit des subventions pour les travaux d’adaptation de logements privés. Enfin, le quatrième finance les travaux de restructuration du parc social. Yves Clément : pour ce dernier volet, rappelons que, pour la seule région Centre-Val de Loire, les bailleurs sociaux demandent à Action Logement de débloquer 17 M€ pour la démolition de 2 300 logements, souvent vacants parce que n’étant plus adaptés à la demande, et en retour, de contribuer sous forme de prêts à la construction de 465 logements. Dans ce même domaine, il faut aussi souligner un cinquième axe qui consistera à financer la lutte contre l’habitat dégradé, voire indigne. La Lettre Valloire : un point rapide sur le programme Action Cœur de Ville (ACV), qui concerne treize villes moyennes en région Centre-Val de Loire ? Dominique Dhenne : après une année 2018 de préparation et de signature des conventions entre les partenaires du programme et les différentes collectivités, à ce jour, nous avons engagé une enveloppe globale de 6 M€ au bénéfice des villes régionales bénéficiaires. Yves Clément : au total 7 dossiers ont été validés, correspondant à la rénovation de 77 logements. Et de nombreux autres projets sont en cours.

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POLITIQUE

À tours, Les Verts BROUILLENT LE JEU À Tours, l’incapacité des socialistes à fédérer la gauche et l’inexpérience du candidat LaREM font l’affaire du maire en place. Mais la faible notoriété de Christophe Bouchet et l’enthousiasme modéré qu’il suscite à droite risquent de compliquer le renouvellement de son mandat.

est à une joute à l’issue indécise que se préparent les principaux protagonistes du scrutin municipal tourangeau. Bien sûr, la traditionnelle prime accordée au sortant devrait, en principe, bénéficier à Christophe Bouchet, l’actuel occupant du fauteuil de maire. Mais les conditions de sa désignation, acquise en octobre 2017 au bénéfice de l’âge suite à un scrutin fratricide au sein de la majorité municipale, continuent à saper la légitimité de l’ancien journaliste. « Difficile de miser sur

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une prime au sortant puisqu’on ne peut pas dire qu’il soit vraiment… rentré », ironise l’un de ses adjoints, qui le soutient du bout des lèvres.

Bouchet « d’amplifier les guerres intestines ». Ce dernier relativise naturellement la portée de ces démissions : « Elles n’ont concerné aucun des

DifficiLe De Miser sur une priMe au sortant PUISQU’ON NE PEUT PAS DIRE QU’IL SOIT VRAIMENT… RENTRÉ » La succession improvisée de Serge Babary, exfiltré au Palais du Luxembourg après trente mois de tangage, a laissé des traces et fracturé davantage une majorité aux équilibres périlleux. Signe de cette instabilité, le maire a dû essuyer la défection de plusieurs membres de la majorité, passés dans le camp de son adversaire d’octobre 2017, Xavier Dateu, luimême candidat déclaré au scrutin de mars prochain. C’est le cas de deux anciennes adjointes, Barbara Darnet-Malaquin et Céline Ballesteros, la candidate LR des dernières législatives. Cette dernière a bruyamment claqué la porte de la majorité, reprochant à Christophe Christophe Bouchet, maire de Tours.

poids lourds de l’équipe – pour autant qu’elle en comporte, NDLR – et ont permis de clarifier des postures ambiguës », se félicite-til. À ces bisbilles est venue s’ajouter une déconvenue majeure. Membre du modeste mouvement radical, Christophe Bouchet comptait bien élargir sa base électorale en obtenant l’investiture de La République en Marche. Il affirmait même, depuis des mois, qu’il en avait reçu l’assurance « au plus haut niveau ». De surcroît, un accord national signé entre LaREM et les radicaux semblait le préserver de toute mauvaise surprise. C’était sans compter sur l’agitprop des instances locales et de Philippe Chalumeau, un socialiste


La candidate socialiste Catherine Münsch-Masset.

défroqué devenu député LaREM de la 1ère circonscription, celle de Tours. Ses troupes se sont ingéniées à savonner la planche de l’ancien président de l’Olympique de Marseille. Au bout du suspense, la commission nationale d’investiture du parti macroniste choisissait d’adouber Benoist Pierre, un universitaire à la tête du Centre d’études supérieures de la Renaissance (CESR). Une gageure, au vu de l’inexpérience et de la faible notoriété de l’intéressé. Selon un observateur, « il y aura un effet double lame dans cette affaire d’investiture ratée. D’abord, le maire risque une déperdition du côté des électeurs macronistes. D’autre part, les clins d’œil appuyés en direction de LaREM ont irrité les électeurs de droite qui ont tout de même installé l’équipe en place ». À cette querelle d’investiture sont venues s’ajouter les interrogations sur le bilan de l’action municipale. La remise en question, puis la relance par Christophe Bouchet du programme de rénovation du haut de la rue Nationale est ex-

ploitée par ses adversaires. « Le procès qui m’est fait est celui de l’immobilisme, alors qu’au contraire, je m’efforce de remettre cette ville en mouvement », observe le maire qui affirme « que beaucoup de ces programmes d’urbanisme n’étaient pas financés, ni sécurisés juridiquement ». La municipalité socialiste, battue en 2014 après dix-neuf ans de règne, aurait laissé ces dossiers, ainsi que bien d’autres, « dans un état déplorable. Il a fallu tout reprendre à zéro », martèle la garde rapprochée du maire. Qui prévient au passage : « Il ne faudra pas venir nous chercher sur le sujet. On a des pièces à verser à l’instruction ! Et puis, au mois de mars prochain, les grues auront poussé dans toute la ville. Ça va être difficile de prétendre que nous n’avons rien fait. » Au-delà du débat inévitable sur la qualité du bilan, la clé du scrutin réside dans la capacité de la gauche et des écologistes à s’unir. Fort des 17,91 % réalisés par la liste Jadot lors des européennes de mai 2019, les Verts tourangeaux « marchent sur l’eau et se disent que la victoire est possible », note un élu communautaire dubitatif. « Ce sera possible uniquement si les forces de gauche parviennent à converger autour du pivot écologiste », théorise JeanPatrick Gille, ancien premieradjoint et député socialiste de Tours. Très affaibli et divisé – Nicolas Gautreau, ancien adjoint de Jean Germain, partira de son côté –, le PS avait accepté de laisser la tête de la liste commune au conseiller

municipal EELV Emmanuel Denis, devant la vice-présidente socialiste de la Région Centre-Val de Loire Cathy Münsch-Masset. La gauche radicale, forte des 14,3 % des suffrages obtenus par son représentant Claude Bourdin au premier tour des élections législatives 2017 sur la circonscription de Tours, était également invitée à participer au rassemblement. Mais le fragile édifice n’aura pas résisté aux ambitieux. Fidèles à leur réputation, les Verts ont fait voler l’union en éclat. Ils auront leur propre liste et négocieront les ralliements au second tour avec les listes ayant obtenu plus de 5 % des suffrages exprimés, à condition, bien sûr, qu’eux-mêmes puissent se maintenir. L’alliance a fait pschitt au grand soulagement du maire sortant. Il faudra donc sortir les calculettes au soir du premier tour… Jean-Christophe Savattier

Population municipale (2016)

136 655 habitants Population métropole (2019)

299 177 habitants Superficie

34,67 KM

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POLITIQUE

ORLÉANS : DeuX HoMMes Dans La ViLLe Orléans s’apprête à vivre une élection municipale fratricide. Les deux anciens amis et colistiers Olivier Carré et Serge Grouard, le premier succédant au second dans le fauteuil de maire en 2015, sont devenus adversaires. Cette rivalité éclipse les autres candidatures, fragilisées depuis que la gauche, comme à Tours, a étalé ses divisions. es amis de vingt ans sont devenus ennemis farouches. Olivier Carré, maire d’Orléans depuis le 28 juin 2015 et la démission, surprise, de son futur adversaire, conduira une liste largement renouvelée. Face à lui, Serge Grouard, élu premier magistrat à trois reprises (2001, 2008 et 2014) avec Olivier Carré pour premier adjoint, s’alignera aussi, muni de l’investiture des Républicains – parti auquel il a adhéré de

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nouveau cet été après en avoir claqué la porte fin 2017 – et du soutien de l’UDI. Tandis qu’Olivier Carré sera soutenu par LaREM, avec laquelle il a fait alliance. Comment le fossé a-t-il pu se creuser à ce point entre les deux hommes ? « L’affaire » des notes de frais d’Olivier Carré, révélée par Le Canard Enchaîné au mois de juin dernier, a certes précipité le divorce mais, pour nombre d’observateurs, il était patent depuis plusieurs mois que Serge Grouard ne rêvait que d’une chose : son retour sur la scène orléanaise. Ce duel des sortants éclipse, d’ailleurs de façon injuste, les autres forces en présence. Car il faudra que les deux anciens frères d’armes se méfient. Là, comme dans d’autres grandes villes, la gauche s’emploie à retrouver les chemins de l’union pour reconquérir les fiefs perdus… même si les retrouvailles sont compliquées. Après avoir annoncé, fin octobre, qu’ils figureraient sur la liste de l’écologiste Jean-Philippe Grand, les communistes se sont ravisés

Olivier Carré tente pour la première fois d’être élu comme tête de liste.

à la mi-novembre pour convoler avec le seul parti socialiste, laissant le mouvement OSE (Orléans Solidaire et Écologique) de côté. Leur cheffe de file, la conseillère municipale Dominique Tripet, laissait pourtant entrouverte la porte à un rassemblement plus large. Une hypothèse qui laisse sceptique Jean-Philippe Grand : « Ce n’est pas le programme qui bloque, mais la façon de concevoir la liste. Avec OSE, on est dans l’état d’esprit de constituer une liste de citoyens engagés (…) Le PS et le PCF sont dans l’optique inverse, pour eux les militants encartés doivent préempter la liste, la société civile ne venant qu’après». Selon nos informations, sa volonté de propulser l’ancienne députée Valérie Corre, démissionnaire du PS, à la deuxième place de la liste commune, aurait précipité le divorce avec l’alliance rose-rouge. Autre explication de ce rendezvous raté. L’inimitié entre Baptiste Chapuis, désigné chef de file du PS pour les élections, et Corinne Leveleux-Teixeira, également


cheffe de file, mais cette fois des élus socialistes du conseil municipal et soutien affiché de JeanPhilippe Grand. Nathalie Kerrien, ancienne adjointe à la Culture de Serge Grouard puis d’Olivier Carré, fâchée avec ce dernier depuis l’affaire des notes de frais, s’est également lancée dans la course. Si l’adjointe démissionnaire, passée par l’UDI avant de rejoindre LaREM, déclare n’être « soutenue par aucun parti politique, ni même par aucun parlementaire du Loiret », elle peine aussi à réunir des co-listiers. Sa seule prise significative est Benoît Lonceint, propriétaire de

De l’autre côté du spectre politique, les épées sont sorties du fourreau. Pour répondre aux amabilités proférées par Serge Grouard en juin dernier, les amis d’Olivier Carré n’y vont pas avec le dos de la cuiller. « Ce que fait Serge, ce n’est pas clair du tout. Il est dans une logique destructrice », dit l’un d’entre eux pour qui l’ancien maire d’Orléans veut surtout revenir dans le circuit parce qu’il a tout perdu en 2017, ses espoirs de ministère et son siège de député : « Lorsqu’il a démissionné, en 2015, il était lassé de la vie municipale et misait sur la victoire de François Fillon. Les révélations du Canard En-

coMMe Dans D’autres granDes ViLLes, La gaucHe s’eMpLoie À retrouVer LES CHEMINS DE L’UNION » restaurants rapides et candidat à tout depuis une demi-décennie : à la présidence de l’Udel-Medef – le seul mandat représentatif qu’il a obtenu à ce jour, avec celui de maire du village loirétain de Sullyla-Chapelle –, à celle de la CCI du Loiret, puis aux législatives et même aux sénatoriales. Le directeur de campagne de Nathalie Kerrien, Yann Chaillou, est un ancien socialiste, ce qui brouille un peu plus l’image de cette candidature attrape-tout. Un troisième larron, Philippe Rabier, un ancien du PS également en rupture de ban, aurait tenté de se rapprocher de Nathalie Kerrien. Sans succès. Du coup, il tente de faire vivre son « mouvement citoyen » CiTLab et une candidature qui peine à convaincre.

chaîné sur l’ancien Premier ministre l’ont assommé, la défaite aux législatives l’a achevé ». Du côté de Serge Grouard, les amabilités pleuvent en retour. « Lorsque je vous ai laissé le fauteuil, je me suis trompé » a ainsi lancé l’ancien maire au nouveau, le 17 juin, en pleine séance du conseil municipal : « Monsieur Carré nous divergeons et pour ma part, c’est un long chapitre d’une vingtaine d’années qui se referme ». Dernier épisode de ce mélodrame, le retrait début novembre de la délégation d’adjoint à l’éducation de Florent Montillot, fervent soutien de Serge Grouard. « Un adjoint agit au nom du maire et il y a une confiance qui n’existe plus », s’est justifié Olivier Carré. « Florent Mon-

Serge Grouard rêve de retrouver son écharpe.

tillot a-t-il nui à la bonne marche de la ville ? Olivier, je ne vous reconnais plus. Vous êtes un héritier et vous ne respectez pas l’héritage», lui a rétorqué Serge Grouard. Qui aura le dessus ? Le maire en place, qui veut « éviter que tout cela finisse en machine à perdre », ou celui qui ne rêve que de bouter Olivier Carré et ses amis hors d’Orléans ? Réponse au soir du 15 mars, où les négociations d’entre deux-tours risquent d’être tendues comme jamais. François-Xavier Beuzon, avec Anthony Gautier

Population municipale (au 1-1-2019)

114 782 habitants Population métropole (2016)

282 828 habitants Superficie

27,48 KM

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POLITIQUE

ces Maires Qui font LA COURSE EN TÊTE À Châteauroux, Chartres et Blois, Gil Avérous, Jean-Pierre Gorges et Marc Gricourt vont briguer un nouveau mandat. Bilan flatteur, leadership reconnu, faiblesse des adversités, ils ne devraient pas avoir à trop s’employer pour l’emporter.

Gil Avérous, maire de Châteauroux.

eurs adversaires ne partageront sûrement pas le constat… Pour autant, il semble bien que Gil Avérous (LR), JeanPierre Gorges (DVD) et le socialiste Marc Gricourt, respectivement maires de Châteauroux, Chartres et Blois, tous candidats à leur propre succession, n’auront pas trop à se dépenser pour conserver leur fauteuil municipal. A Châteauroux, Gil Avérous, de l’avis des observateurs locaux – voire de ses détracteurs – apparaît comme le grand favori du scrutin de mars prochain. Celui qui a succédé en 2014 à Jean-François

L

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Mayet dont il fut le directeur de cabinet, a indéniablement réussi à imposer son style, fait de discrétion et d’une certaine décontraction, en rompant avec les manières plus brusques de son mentor. « Jean-François Mayet était un provocateur, Gil Avérous est plutôt un pacificateur qui joue la carte du compromis sans rien renier de ses convictions », estime un proche du maire. Très présent sur les réseaux sociaux, ce jeune maire de 46 ans joue crânement la carte de la modernité, ce qui l’incite parfois à adopter des positions décalées vis-à-vis de sa famille politique. Il a ainsi été la seule personnalité LR à signer en juin dernier un appel en faveur de la libéralisation du cannabis… aux côtés de Raphaël Glucksmann et de Benoît Hamon. Mais c’est bien sur le terrain local que Gil Avérous a réussi à imprimer sa marque. Réaménagement plutôt réussi du centre-ville et de son appareil commercial, habilement mené dans le cadre du dispositif Action cœur de ville, multiples actions de rénovation urbaine, succès remportés dans le domaine du développement économique, comme la relance du projet de


parc d’activités Eurosity dédié aux investisseurs chinois, où commencent à poindre quelques projets concrets : le sortant devrait présenter un bilan plutôt flatteur qu’auront bien du mal à contester ses opposants. Premier d’entre eux, Antoine Bonneville, l’ex-président de la CCI Centre-Val de Loire, devra aligner des solides arguments pour contrarier les desseins du maire sortant. Et ce n’est pas l’investiture de LaREM qui risque de modifier la donne en dépit des 22,60 % réalisés par la liste Loiseau lors des européennes. La gauche, divisée, ne devrait pour sa part n’offrir qu’une résistance minime. Il faudra, en revanche, surveiller le score de la candidate du Rassemblement national, Mylène Wunsch, qui avait réussi à se qualifier pour le second tour des législatives 2017 avec 14 % des voix. À Chartres, le renouvellement du bail municipal de Jean-Pierre Gorges, qui briguera un quatrième mandat, pourrait s’apparenter à une promenade de santé. Cet élu atypique, en délicatesse avec les Républicains, sa famille politique

Jean-Pierre Gorges, maire de Chartres.

d’origine, incarne sa ville avec une autorité et un leadership que peu lui contestent. « Depuis sa prise de fonctions en 2001, JPG a transformé en profondeur Chartres en multipliant la réalisation d’équipements, tout en maîtrisant parfaitement les finances publiques », affirme ce proche de

tractions médiéval de 150 ha, annoncé en fanfare à l’automne 2017. N’en jetez plus ! Face au « King Gorges », les opposants peinent à s’organiser. D’autant que cet adepte du chamboule-tout s’apprête à constituer une liste « sans étiquette» assez profondément re-

face au « King gorges », LES OPPOSANTS PEINENT À S’ORGANISER » la majorité municipale chartraine. Solidement arrimé à la mairie et à la communauté d’agglomération, Jean-Pierre Gorges tient à achever au cours du prochain mandat plusieurs de ses projets, comme la construction d’un pôle administratif de 14 000 m2, regroupant services municipaux et communautaires – qui devrait être livré au premier semestre après une accumulation de retards pris par le chantier –, le pôle gare, qui devrait être achevé à la fin de l’hiver, le complexe culturel et sportif et le nouveau Chartrexpo, attendus tous deux pour 2022, sans compter le parc d’at-

nouvelée qui s’appuiera sur un noyau de fidèles. Cette logique d’ouverture très contrôlée perturbe la stratégie de LaREM, qui a peiné à identifier un candidat à la mesure du maire sortant. Un moment pressenti pour conduire une liste estampillée par le parti macroniste, Vincent Bouteleux, le premier adjoint centredroit du maire de la commune banlieusarde de Luisant, a finalement renoncé à faire le saut entre Luisant et Chartres, ne sentant pas autour de lui « des gens dans la même philosophie », notamment du côté du parti présidentiel. En outre, cet élu modéré n’était guère disposé à mener une croisade anti-Gorges, comme certains voulaient l’y pousser : « Je ne suis pas toujours d’accord avec lui, mais je lui reconnais le fait d’avoir transformé Chartres. » Ce sera finalement Gaël Garreau, l’attaché parlementaire du député LaREM Guillaume Kasbarian, qui s’est dévoué pour porter les couleurs macronistes. Quant à la gauche locale, atomisée, voire en capilotade pour ce qui concerne La Lettre Valloire - Décembre 2019

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POLITIQUE

Marc Gricourt, maire de Blois.

le parti socialiste, elle semble résignée. Le chef de file de 2014, David Lebon, tarde à sortir du bois. Aux manettes depuis 2008 à Blois, le premier à la ville, le second à la communauté d’agglomération Agglopolys, Marc Gricourt et Christophe Degruelle constituent un tandem politique redoutable. Les deux socialistes, rescapés de l’ère

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Jack Lang dont Christophe Degruelle fut le directeur de cabinet à la mairie, se sont répartis les rôles et profitent d’une réelle connivence. Ils bénéficient sans doute aussi de l’empreinte laissée par l’ancien ministre de la Culture. De surcroît, Marc Gricourt occupe depuis quatre ans le fauteuil de premier vice-président du conseil ré-

gional, en charge des finances et des fonds européens : un rôle stratégique de grand argentier, autrefois occupé à la Région par le maire de Tours Jean Germain… Très présent sur le terrain, le maire de Blois tente depuis son premier mandat (2008-2014) de retisser une sociologie blésoise clivée entre un centre-ville bourgeois, des quartiers nord populaires et le « village » du faubourg de Vienne, ce quartier atypique situé sur la rive gauche de la Loire, dont les habitants se disent « Viennois » avant d’être Blésois. De son côté, Christophe Degruelle, l’homme de dossiers en charge des grandes compétences structurantes, anime le projet de territoire de l’agglomération blésoise. « Ces deux là font le job, mais ils ont bé-


néficié de la grande faiblesse et de la division de leurs adversaires », note l’un de leurs opposants. À Blois, selon le dicton, qui tient le château – un haut lieu de fréquen-

se pressent à l’automne intellectuels et personnalités politiques de renom ? À cet activisme culturel forcené – on ne compte plus à Blois les

À bLois, seLon Le Dicton, QUI TIENT LE CHÂTEAU, TIENT LA VILLE » tation touristique – tient la ville ! Et on pourrait ajouter que ceux qui ont l’oreille des milieux culturels tiennent la mairie. C’est sur ce socle, propulsé sur le devant de la scène depuis l’ère Lang, que s’est bâtie la légitimité du duo GricourtDegruelle. Le président d’Agglopolys n’est-il pas à l’origine des Rendez-vous de l’Histoire, une manifestation de portée nationale, où

spectacles et les colloques accueillis au château ou à l’emblématique Halle aux Grains – s’ajoute le soutien clientéliste aux multiples associations qui retissent avec plus ou moins de bonheur le vivre-ensemble des quartiers nord. Ceux-ci accueillent près du quart de la population blésoise et sont aujourd’hui frappés par la montée de la précarité et du communautarisme.

Tandis que Marc Gricourt s’apprête à présenter un bilan honorable du mandat, ses adversaires tentent de s’organiser. Les Républicains ont choisi Malik Benakcha, un trentenaire patron d’une petite entreprise de communication qui fait ses premiers pas électoraux. En signe de bienvenue, des inconnus ont mitraillé sa permanence des quartiers nord, laissant derrière eux une quarantaine d’impacts de balle ! Investi par le MoDem – très influent dans le Loir-et-Cher – et soutenu par LaREM, le jeune kinésithérapeute Etienne Panchout souhaite pour sa part incarner le renouvellement « en cassant les codes ». Mais pas sûr que cela suffise à casser des briques. Jean-Christophe Savattier

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ENTREPRISES

iLs VeuLent reDonner Du piQuant au Vinaigre MARTIN POURET Les deux repreneurs de la dernière vinaigrerie orléanaise débordent de projets pour doubler en cinq ans le chiffre d’affaires de la maison. La conquête de nouveaux marchés à l’export et la diversification sont au cœur de leur stratégie.

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lus qu’une entreprise, c’est un monument historique. Un monument en péril qui menaçait de disparaître si deux aventuriers de l’économie n’étaient venus prendre la relève. A l’image de ses bâtiments vieillissants du faubourg Bannier à Fleury-les-Aubrais, la vinaigrerie Martin Pouret aurait bien pu s’éteindre doucement, faute de repreneurs. À la tête de l’entreprise depuis plus de trente ans, représentant la sixième génération d’une dynastie familiale de vinaigriers, Jean-François Martin n’entrevoyait aucune perspective de transmission à un membre de sa famille. Mais PaulOlivier Claudepierre, 45 ans, et David Matheron, 43 ans, sont venus frapper à sa porte et l’ont convaincu de céder son affaire. « Ils ont le dynamisme et des projets », se félicite Jean-François Martin qui

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d’un flacon de cognac pour la cuvée millésimée « Coup de foudre ». Jean-François Martin est aussi à l’origine de la réintroduction de la culture de la moutarde en région Centre-Val de Loire. Mais le cœur de la production demeure, bien sûr, le fameux vinaigre d’Orléans, dont 550 000 bouteilles sortent chaque année des chais de Martin Pouret. On parle bien de

ICI, LE VINAIGRE A RANG DE GRAND CRU. c’est ce Qui fait toute La Différence De La MétHoDe orLéanaise » conserve 10 % du capital et accompagne les repreneurs depuis septembre dernier. Car le cédant a beaucoup fait pour moderniser et élargir la gamme des produits de la vinaigrerie en visant le haut de gamme. Il a lancé avec succès des moutardes aromatisées, des vinaigres de cépages, des conserves de cornichons cultivés en Val de Loire, allant même jusqu’à emprunter au vocabulaire de la cosmétique pour une ligne de « Parfum de vinaigre » ou l’aspect

chais et non de cuves car, ici, le vinaigre a rang de grand cru. C’est ce qui fait toute la différence de la méthode orléanaise. Le vin, provenant de Bourgogne pour le rouge et du Val de Loire pour le blanc, subit une fermentation naturelle de surface dans des fûts de chêne pendant trois semaines avant de vieillir au calme pendant au moins un an à l’intérieur de foudres rachetées à des viticulteurs. « Martin Pouret est la dernière vinaigrerie au monde à réaliser du

vinaigre et de la moutarde selon la méthode orléanaise éprouvée depuis le Moyen-Âge », s’émerveille Paul-Olivier Claudepierre. Alsacien d’origine, c’est un spécialiste de l’agroalimentaire. Il a travaillé pendant dix ans chez Carlsberg, notamment pour relancer la marque Grimbergen, ce qui l’a curieusement conduit à diriger une filiale du brasseur à... Katmandou, puis à négocier du café en canette au Japon pour l’italien illy et Coca-Cola. Son associé, David Matheron, a le profil du gestionnaire. Il a effectué l’essentiel de sa carrière en tant que directeur financier adjoint chez le fabricant de sous-marins et porte-avions Naval Groupe. Paul-Olivier et David se sont rencontrés en suivant un parcours Executive MBA à l’Essec ; ils ont constaté qu’ils avaient chacun l’envie de quitter le salariat et de prendre en main leur destin : « Nous avons lancé une recherche de reprise sur quatre critères : secteur alimentaire, savoir-faire unique, histoire authentique et capacité d’exportation. Martin Pouret cochait toutes les cases et, après avoir rencontré JeanFrançois Martin, nous avons eu la confirmation d’acheter une pépite ». La Lettre Valloire - Décembre 2019

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ENTREPRISES

LE VINAIGRE D’ORLÉANS

550 000 bouteilles par an

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Méthodiques et organisés, les deux repreneurs se sont fixé des objectifs de développement autour de trois axes : l’enracinement local, en faisant de chaque Orléanais un ambassadeur de la marque ; l’essor à l’international en visant les pays scandinaves, le Japon et les USA ; enfin le lancement de nouveaux produits, comme des sauces à base de vinaigre, des pickles de petits légumes ou des schrubs acidulés entrant dans la composition de cocktails. « Le dénominateur commun restera toujours de valoriser le qualitatif, la noblesse des produits, la gastronomie à la française mais en la rendant accessible au plus grand nombre», ajoutent-ils. La boutique du centre-ville d’Orléans sera conservée, peut-être avec un nouveau service de vinaigre et moutarde en vrac, mais il n’est pas prévu d’en ouvrir d’autres. L’idée serait plutôt d’installer des « corners», présentoirs des produits de la marque, dans des épiceries fines. Déjà fortement investis dans la conduite de leur nouvelle affaire,

Paul-Olivier et David se sont déplacés au Japon fin octobre pour rencontrer des restaurateurs et former des équipes de revendeurs. Ils y retourneront en avril avec la chambre de commerce franco-japonaise en visant les chaînes de magasins haut de gamme. La marque Martin Pouret étant bien implantée en Norvège, devant le concurrent Maille, les deux repreneurs voudraient s’en servir de tête de pont pour s’étendre en Suède et au Danemark. Les États-Unis sont une nouvelle cible qu’ils attaqueront par la NouvelleOrléans, fraîchement jumelée avec la métropole. « Notre objectif est de doubler le CA pour atteindre 4 M€ dans les cinq ans », annoncent-ils. Un puissant coup d’accélérateur sera nécessaire, sachant que le CA 2018 de 2 M€ avait progressé de 7 % et que l’augmentation prévue cette année devrait se situer autour de 5 %. Les deux associés, qui ne sont pas propriétaires des murs, envisagent de s’installer sur un nouveau site d’ici trois à quatre ans, selon l’essor de leurs projets. Ils conservent l’effectif de quinze personnes en veillant à la transmission des savoir-faire lors des départs naturels. « Nous sommes conscients de détenir entre nos mains un élément incomparable du patrimoine économique de l’Orléanais. C’est à nous de le conserver et de le valoriser ». Ils peuvent, en tout cas, compter sur les vertus du vinaigre pour la conservation du savoir-faire. Bruno Goupille


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ENTREPRISES

ALTERPAINT prenD Des couLeurs en asie L’entreprise méroise Alterpaint, spécialisée dans la fabrication de peintures liquides pour des usages industriels très ciblés, est en quête de nouveaux marchés en Chine. Et les perspectives de développement sont bonnes.

Philippe Planeix, au premier plan, annonce son projet d’extension à Nicolas Perruchot, le président du conseil départemental de Loir-et-Cher

n définitive, fabriquer de la peinture, c’est comme faire la cuisine : tout est question de dosage et de qualité des ingrédients de base. C’est du moins l’avis, éclairé, de Philippe

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Planeix, le pdg du spécialiste de la peinture industrielle Alterpaint, de Mer (41) : « Comme en cuisine, nous avons quelques grandes familles de composants, mais la qualité de nos produits dépend

de celle des matières premières et aussi de la complexité des mélanges. Le champ des possibles est très important entre la cuisine de tous les jours et la cuisine étoilée. Et bien pour nous, c’est la même chose. L’ordre d’introduction des matières premières est capital également. » Aujourd’hui, Alterpaint fait face à un double défi : celui de la mutation progressive du marché et celui de la conquête de « parts de production en Asie ». Pas une mince affaire. « Les peintures en phase aqueuse prennent progressivement le pas sur les peintures avec solvants, au point qu’à partir de 2020, nous fabriquerons les deux à parité de volume, puis on basculera vers les peintures à phase aqueuse », explique Philippe Planeix. Chaque année, entre 3 000 et 3 500 tonnes de peintures liquides sortent de son usine avec des usages industriels variés et précis. Alterpaint vient ainsi de décrocher un marché avec SaintGobain pour peindre le dos des miroirs fabriqués par le groupe.


Un beau motif de fierté : « C’est une très belle opportunité pour nous, la reconnaissance de notre savoir-faire. La production vient de débuter. Nous avons investi dans deux cuves de 40 tonnes

ment européenne – Allemands, Néerlandais et Français se partageant le podium dans cet ordre –, Alterpaint cherche à se développer sur le marché asiatique. « En 2018, nous avons gagné 10 % à

en asie, nous pouVons GAGNER DES PARTS DE MARCHÉ, ce Qui n’est pLus Le cas en europe » chacune pour ce marché, ce qui représente un investissement de l’ordre de 200 000 €. Les équipes sont ravies. » L’industrie chimique demeurant encore une compétence large-

l’export ; en 2019, la hausse est de 34 %. Et en 2020, nous anticipons une nouvelle augmentation de 30 %. L’Asie est le secteur le plus prometteur, c’est là où il y a la plus forte demande. En Asie,

BLOIS

nous pouvons gagner des parts de marché, ce qui n’est plus le cas en Europe », explique Philippe Planeix dont la société, après avoir connu une « stagnation entre 2014 et 2018 », enregistre aujourd’hui un CA de 14 M€. D’ailleurs, face aux perspectives de développement dues à l’export, l’agrandissement de l’usine actuelle, dont la construction remonte à 2014, est à l’étude : « On pourra gagner 1 500 m2 sans toucher à la structure. Il faudra évidemment recruter aussi », lâche le chef d’entreprise qui, sourire aux lèvres, reconnaît que les années à venir s’annoncent bien. Anthony Gautier

ementE n i a h c o r P NDR ou À VE À LOUER

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02 54 740 888 02 54 703 703 La Lettre Valloire - Décembre 2019

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ENTREPRISES

À GIEN, ESSITY Veut faire un succès sans tube Seule unité du géant suédois Essity à fabriquer les rouleaux de papier toilette Lotus sans tube, l’usine de Gien fait l’objet d’importants investissements. uelque 20 M€ pour créer une nouvelle ligne de fabrication « sans tube » en 2017 et 5 M€ pour ajouter dix quais d’expédition l’an dernier, 6 M€ l’an prochain pour changer

Q

le gigantesque cylindre d’une machine à fabriquer les bobines de papier, Essity investit à tour de bras dans son usine d’Arrabloy, près de Gien (45). Le groupe suédois, leader mondial

Le directeur de l’usine, Helder Marcelino (au centre) en pleine démonstration de déroulage de papier toilette sans tube avec le maire de Gien, Christian Bouleau (à gauche).

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des produits d’hygiène et de santé (papier toilette, essuie-tout, mouchoirs, serviettes hygiéniques, couches. etc.), qui fait travailler 47 000 personnes dans 150 pays, fonde de grands espoirs sur l’avenir du papier toilette sans tube. Il a dédié une partie de son usine du Loiret à cette seule fabrication, en exclusivité mondiale pour l’heure en attendant une déclinaison dans d’autres unités. La nouvelle ligne de fabrication a nécessité une extension de l’usine sur 5 000 m2 et l’embauche de 25 salariés, portant à 500 l’effectif total. Techniquement complexe, ce rouleau sans tube présente plusieurs avantages, dont celui d’avoir une longueur déroulée deux fois plus importante pour un même diamètre, donc d’occuper moins de place dans les camions, et de réduire de près de 60 % la production de déchets. Cette innovation a valu à Lotus Moltonel et Lotus Confort d’être classés parmi les produits de l’année 2019 et d’être reconnue comme très pratique par 90 % des consommateurs interrogés.


Pour le moment le « sans tube » représente 10 % de la production du site giennois qui compte six lignes de papier hygiénique et essuie-tout et deux pour les mouchoirs en papier. Chaque jour,

La France représente le quatrième marché mondial du groupe suédois, derrière les États-Unis, l’Allemagne et la Chine, et pèse quelque 9 % de son CA de 11,6 Md€. Fondé en 1929 sous l’appellation

La nouVeLLe Ligne De fabrication a nécessité une eXtension DE 5 000 M2 ET L’EMBAUCHE DE 25 SALARIÉS » deux millions de rouleaux de papier toilette et sept millions de mouchoirs, commercialisés sous les marques Lotus et Okay dans la grande distribution, sortent des lignes de production.

SCA par de grands propriétaires forestiers suédois, Essity a adopté ce nom, contraction de « essential » et de « necessity », il y a seulement deux ans. Mais c’est sous celui de SCA qu’a été acquis

en 2012 le site de Gien. On y a toujours fabriqué des rouleaux de papier pour le compte d’une kyrielle de propriétaires successifs: Béghin Say (1981), Kaysersberg (1986), James River (1997), Fort James (1998), Georgia Pacific (2001), Koch Industries (2005) et enfin SCA/Essity (2012). Le rythme de ces acquisitions prouve l’attractivité d’un outil industriel performant. Essity ne s’y est pas trompé et renchérit encore la valeur de son patrimoine en France où il possède six usines. Son centre de recherches alsacien a conçu le fameux rouleau sans tube dont Essity espère qu’il fera un carton. Bruno Goupille

www.100pour100fret.fr

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ENTREPRISES

RHEAWAVE Veut francHir un cap Spécialisée dans les technologies ultrasonores pour les industriels de l’agroalimentaire et de la plasturgie, la startup tourangelle Rheawave veut lever des fonds pour financer sa R&D.

L’équipe de Rheawave avec sa présidente, Marielle Defontaine, au centre.

vec une dizaine d’autres startups de la région Centre-Val de Loire, la TPE tourangelle Rheawave a intégré la seconde promotion de Scale’up, le programme d’accompagnement vers la levée de fonds de Dev’up, l’agence de développement économique régionale. Marielle Defontaine, sa présidente, table au minimum sur 100 000 € pour mener à bien ses projets de capteurs de mesure fondés sur les technologies ultrasonores. La société vise ainsi de nouveaux développements dans l’agroalimentaire, après

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avoir équipé des groupes comme Nestlé, Lactalis ou Bel (Vache

connectée. Créée en 2014 par Marielle Defontaine et Hélène Lebertre, deux chercheuses du laboratoire acoustique de l’université de Tours, Rheawave avait bénéficié à son démarrage d’une subvention du ministère de l’Enseignement supérieur ; elle lui avait permis de développer un capteur de texture, RheaOnLine, à destination de l’agroalimentaire ultrafrais. Installé sur les lignes de production de fromages, yaourts et crèmes glacées essentiellement, cet outil informe en continu les industriels sur la consistance et donc la qualité de leurs produits en les prévenant des dysfonc-

rHeawaVe Veut LeVer AU MINIMUM 100 000 € »

qui rit). Les industriels du chocolat, mais aussi ceux des texturants alimentaires (poudres issues de protéines végétales, gélatine) figurent parmi ses cibles prioritaires. Par ailleurs, Rheawave ambitionne de rendre encore plus intelligents ses capteurs. Objectif : s’inscrire dans le développement exponentiel de l’usine

tionnements sur la chaîne. Grâce à son système ultrason, le capteur n’est jamais en contact avec les produits, évitant les tests de viscosité pouvant être sources de contamination. Rheawave a également conçu le capteur Impulse, adapté à l’industrie du plastique et du caoutchouc. Guillaume Fischer


CHARTRES, capitaLe De La Data Opérationnel fin 2020, le data center chartrain d’Orange fonctionnera en tandem avec celui de Val de Reuil, en Normandie, pour traiter l’ensemble des données de l’opérateur national. es 16 000 m2 du futur data center d’Orange commencent à s’élever sur les 2 ha du site en bordure du périphérique de Chartres, à cheval sur Mainvilliers et Amilly. Fin 2020, les salles informatiques de 5 000 m2 absorberont les données numériques des quelque 23 millions d’abonnés à la téléphonie mobile et à la fibre optique de l’opérateur historique. L’énorme usine à data, qui emploiera quelque 60 personnes, travaillera en tandem avec sa sœur jumelle normande, en cours de construction au Val de Reuil, près de Rouen. Progressivement, les neuf anciens centraux numériques d’Orange vont disparaître au profit des deux mégas data center de Chartres et du Val de Reuil. De façon à fonctionner en duplication permanente, ils sont reliés par un réseau de fibre optique haute performance de 90 km de long. Malgré la puissance de son moteur numérique qui aligne 1 524 baies informatiques haute densité, le data center ne devrait pas trop chauffer en raison d’un système de ventilation naturelle – l’un des critères qui a fait choisir

L

Chartres – qui permettra de limiter à quelques semaines par an le recours à la climatisation. La moindre consommation électrique en découlant représente

Gwh, soit 5,2 % de la consommation totale de la communauté d’agglomération chartraine. Le choix du site chartrain réjouit le maire de Chartres Jean-Pierre

L’énorMe usine À Data EMPLOIERA 60 PERSONNES »

celle d’une ville de 30 000 habitants. L’usine à données beauceronne sera néanmoins énergivore. Le dossier de demande de permis d’exploiter estime la consommation annuelle électrique à 175

Gorges, qui entrevoit à l’ouest de sa ville l’émergence d’un « repère national de la data » après l’installation en 2012 des plateformes informatiques, jumelles elles aussi, du Crédit Agricole. Bruno Goupille

Le futur data center d’Orange, situé près de Chartres, sera achevé dans un an.

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EN BREF

PLASTIVALOIRE Vise Le MiLLiarD Le groupe présidé par Patrick Findeling poursuit sa croissance notamment sur le marché américain.

Patrick Findeling

LOUIS VUITTON DOUBLE LA MISE À VENDÔME Alors que les travaux d’aménagement des bâtiments A et D du quartier Rochambeau (ci-dessous), qui doivent abriter un premier atelier de maroquinerie, s’achèvent à Vendôme, Louis Vuitton jette déjà les bases d’un second atelier qui sera situé, cette fois, sur le parc technologique du Bois de l’Oratoire, au pied de la gare TGV qui relie la sous-préfecture du Loir-et-Cher à Paris en trois quarts d’heure. La filiale du groupe LVMH va acquérir un terrain de 5 ha au prin56

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e recrutement toujours… « C’est très simple, nous cherchons aujourd’hui entre 30 et 40 ingénieurs et cadres (de bac + 4 à bac + 6) que nous peinons à recruter », nous expliquait au mois d’octobre Patrick Findeling, pdg de Plastivaloire (PVL), lors d’une visite de son site de Langeais (37). Le plasturgiste tourangeau, qui a bouclé le 30 septembre son exercice annuel sur un CA record de 728,4 M€ (+ 10,5 %), venait d’achever la construction d’un plateau de 600 m² sur deux niveaux, moyennant un inves-

L

tissement d’environ 2 M€ ; cette structure flambant neuve devait permettre d’étoffer les capacités du bureau d’études… à condition de trouver des collaborateurs pour l’occuper. L’exercice 2018-2019 de PVL a été marqué par le fort développement de l’activité sur le continent américain (États-Unis et Mexique), sous l’effet de l’intégration de TransNav, acquis fin 2018, et de la montée en puissance du site de Puebla, à l’est de Mexico. Le groupe présidé par Patrick Findeling franchit « une nouvelle étape vers son ambition d’atteindre 1 Md€ de CA en septembre 2025 ».

temps prochain, avec une option sur 5 ha supplémentaires, pour implanter un atelier de 6 000 m2 qui sera destiné, à terme, à accueillir 300 personnes. Louis Vuitton possède seize ateliers en France, dont ceux d’Issoudun et de Condé (36) et leurs quelque 500 salariés. Dans le courant de 2020, la première

marque mondiale du luxe – plus de 10 Md€ de CA, devant Gucci – devrait ouvrir son dix-septième atelier dans le quartier Rochambeau de Vendôme, avec quelque 200 emplois à la clé. Avant de se doter d’une dix-huitième unité sur le parc technologique vendômois, probablement d’ici à la fin 2021.


B2A TECHNOLOGY RACHÈTE GLIDEPATH Présidé par Pierre Marol, par ailleurs président de la CCI Centre-Val de Loire, le groupe B2A Technology (120 M€ de CA, 600 salariés) de Boigny-surBionne (45) – spécialisé dans les convoyeurs automatiques et les solutions automatisées clés en main – s’apprête à acquérir le néo-zélandais Glidepath Ltd (300 salariés), un acteur mondial des systèmes intégrés de manutention de bagages et de colis. À l’issue de la transaction, le groupe loirétain comptera plus de 900 salariés répartis sur les cinq continents. Les activités de Glidepath se poursuivront sans changement avec le maintien de sa marque, de son équipe de direction et de son personnel.

APRÈS MEUNG-SUR-LOIRE, MOUNTPARK RÉCIDIVE À CÔTÉ DE CHARTRES

Le développeur et investisseur de parcs logistiques Mountpark a confirmé la construction sur 62 ha de trois plateformes XXL de respectivement 120 000 m², 110 000 m² et 36 000 m², soit près de 270 000 m² au total, sur la nouvelle zone d’activité, dite « de grande capacité » d’Illiers-Combray-Blandainville, située à la sortie de l’échangeur de l’A11 au sud-ouest de Chartres (ci-dessus). Les autorisations de construire et d’exploiter devraient être délivrées fin 2020 avec une livraison des premiers bâtiments envisagée début 2022.

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EN VUE

RÉGION Pierre Garcia a pris ses fonctions de directeur régional de la Direccte Centre-Val de Loire le 1er décembre. Après un début de carrière comme contrôleur du travail dans les AlpesMaritimes, il a été successivement inspecteur du travail, directeur du travail adjoint puis directeur régional adjoint de la Direccte Normandie (2017-2019), où il a notamment assuré le pilotage de l’intervention des services du travail suite aux accidents industriels des usines Saipol à Dieppe et Lubrizol à Rouen. Il est à noter que Pierre Garcia est natif de St-Gaultier, dans l’Indre.

LOIR-ET-CHER Le pdg du promoteur immobilier blésois Idec (350 M€ de CA, 350 salariés), Patrice Lafargue, entre au conseil d’administration du CIC Ouest, la banque régionale du groupe CIC ; elle forme un réseau de 311 agences (dont 19 agences entreprises et 10 agences CIC Banque Privée) sur 22 départements des régions Bretagne, Pays de la Loire, CentreVal de Loire, et pour partie Nouvelle-Aquitaine et Normandie.

RÉGION Gilles Lelouat vient d’être nommé directeur de l’agence Entreprise Normandie Centre-Val de Loire de l’opérateur de télécommunications Orange. L’agence, qui compte 320 collaborateurs répartis sur Tours,

Orléans, Le Havre, Rouen et Caen, accompagne ses 3 000 clients professionnels dans leur transformation numérique et leurs solutions télécoms et services.

INDRE Après douze années passées à la tête de l'aéroport castelroussin, spécialisé dans le fret et la maintenance aéronautique, Mark Bottemine s'apprête à faire valoir ses droits à la retraite. Au 1er janvier prochain, il cédera le fauteuil de directeur général à Didier Lefresne, ancien directeur technique du site, devenu directeur général adjoint le 1er octobre dernier.

LOIRET Julien Goujon a pris le poste nouvellement créé de directeur du Lab’O, l’incubateur numérique d’Orléans. Âgé de 36 ans et titulaire de deux masters en gestion des

entreprises et en commerce, il a créé et dirigé de 2010 à 2016 Imagreen, une société lilloise spécialisée dans le recrutement et l’assistance technique dans les métiers de l’environnement. Dans le cadre de ses fonctions de directeur du Lab’O, Julien Goujon sera aussi responsable des pôles animation, relation Village by CA et entrepreneuriat.

LOIR-ET-CHER Le président de la CCI de Loir-etCher, Yvan Saumet, a été élu le 9 octobre président de la Sem Territoires Développement ; il suc-

cède à Claude Beaufils, ancien vice-président du conseil départemental de Loir-et-Cher. La société d’économie mixte (Sem) Territoires Développement, créée en Loir-et-Cher, intervient à la demande des collectivités territoriales en accompagnement des projets immobiliers d’entreprise privés, portant aussi bien sur la construction, la réhabilitation ou l’extension de locaux industriels ou d’activités que sur la transformation de locaux existants.

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La Lettre Valloire - Décembre 2019

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