Lettre Valloire juin 2013

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MAGAZINE JUIN 2013 - 5 €

L’aéroportuaire décolle

en région Centre

Armelle Maréchal-Guichard (Usimat Sermees à Nogent-le-Roi)

TLD choisit la Touraine pour son Taxibot



Point de vue

Résilience annonce de la suppression de 730 emplois sur le site Michelin de Joué-lès-Tours n’aura finalement suscité que quelques cris d’orfraie poussés par des élus locaux qui n’en peuvent mais… L’information habilement ébruitée, puis officialisée et contrebalancée dans le même temps par un vaste programme d’investissement de 800 M€, n’aura même pas incité notre impayable ministre du Redressement productif à sauter dans une berline ministérielle pour plastronner aux grilles de l’usine jocondienne et distiller ses fameux conseils de stratégie industrielle. Le Don Quichotte du plan social ne profèrera pas son lot habituel de promesses intenables et n’aura pas à distribuer les croissants consolateurs. Qui s’en plaindrait ? Au plus haut niveau de l’Etat, les commentaires n’auront pas dépassé le seuil d’une indignation de faible intensité. Une sorte de minimum syndical, si l’on ose dire ! Un tel profil bas est révélateur. Les syndicats, justement, appelés à entrer dans le grand jeu de la négociation – c’est plutôt récent chez Michelin et date de l’arrivée de Jean-Dominique Senard à la tête du groupe –, ont accueilli la triste nouvelle avec beaucoup de gravité et d’esprit de responsabilité. Ils n’auront évidemment pas manqué de faire le parallèle entre cette réduction des

L’

capacités de production dans les poids lourds et la très bonne santé financière affichée par Bibendum. Mais sans en faire trop. Comme si, en dépit des quelques pneus qui ne manqueront probablement pas de brûler dans les semaines à venir, la conscience syndicale avait admis le caractère inéluctable d’une décision sans doute déjà trop retardée. Car, déjà, l’enjeu s’est déplacé. Il ne s’agit plus de savoir s’il fallait ou non fermer un site vieillissant et qui affichait le ratio de productivité (IPI, pour indice de production industrielle) le plus bas des usines Michelin en Europe. Aujourd’hui, ce qui se joue sous nos yeux est l’aptitude de ce groupe mondialisé, qui tire sa croissance du dynamisme des pays émergents, à maintenir sur le Vieux Continent un appareil de production qui représente encore 40 % de ses capacités totales. Rien de moins. Dans cette bataille féroce, comme pour les prochaines à venir, et sans exempter ce grand industriel français des responsabilités sociales qui lui incombent, on ne saurait, en effet, que trop recommander aux économistes de comptoir de garder leurs commentaires pour la prochaine tournée d’apéro…

avattier Jean−Christophe S


6-14

www.lettrevalloire.com Ce magazine est un hors série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Edité par MCM Presse SAS au capital de 51 000 € RCS Tours B 341 914 273. Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours Adresse postale : BP 92031 37020 Tours Cedex 1 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) Elise Pierre (journaliste) Aurélie Vouteau (édition)

Serge Lepeltier, maire de Bourges

Points Chauds 6-7

A participé à ce numéro : Jacques Huguenin 8

Maquette : Régis Beaune Révision et corrections : Odile Ménard Publicité : Au support

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Diffusion : Nadine Gomès Crédits photographiques : Cyril Chigot : Une, 19 - DR : 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 16, 17, 24, 28, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 40, 42, 43, 50 - Jean-Christophe Savattier : 14, 41, 42, 44, 45, 48 - Elise Pierre : 22, 28 - D.Lépissier: 46, 47 - Alstef : 18 - TLD : 20 - Nypro France : 24 - Skywork : 26 - JP Emball : 26 - AdStellam: 30 - Château de Chargé : 49. Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37)

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Informations légales : Abonnement annuel 2013 (23 numéros et magazines hors série) : 360 € Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 450 € Prix de ce numéro : 5 € CPPAP : 0116 I 85872 ISSN : 1246-4333 Dépôt légal : juin 2013 Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon

MCM presse 4 La Lettre Valloire - Juin 2013

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En Bref L’actualité du trimestre en bref.

11

Alain Venot, le retour ? L’ancien maire de Châteaudun (28) veut tenter le come back.

Lepeltier, l’appel du large Après trois mandats de maire de Bourges, Serge Lepeltier prend le large et renonce à se présenter en 2014.

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Mutualisez, il en restera toujours quelque chose Les départements du Loiret, de Loir-et-Cher et d’Eure-et-Loir ont jeté les bases de la mise en commun de moyens généraux.

12

Si on veut chinoiser... Dans l’affaire des « mariages chinois » du maire de Tours, le Procureur a conduit une stratégie particulière.

« Un changement de méthode » Irène Félix, la cheftaine de la gauche berruyère, ne crie pas victoire suite à l’annonce du retrait de Serge Lepeltier des affaires municipales. Gil Averous veut garder Châteauroux à droite Le directeur de cabinet du maire de Châteauroux Jean-François Mayet va tenter de succéder à son mentor qui a décidé de se retirer à l’issue de deux mandats. Manuel Flam fait long feu à Châteauroux Longtemps présenté comme l’espoir de la gauche castelroussine, Manuel Flam a quitté la scène politique locale.

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Le TGV tourangeau vers une voie de garage La ligne TGV Tours-Paris subit une consternante dégradation de la qualité de service, qui pèse sur l’attractivité de l’agglomération tourangelle. A quand une réaction des élus ?


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Sommaire JUIN 2013

machines-outils jocondien Farman. C’est le groupe bourguignon Galilé qui a finalement été choisi. 24

24

Nypro France recrute à Fontenay-sur-Eure Nypro France monte en puissance à Fontenay-sur-Eure (28). La production d’inhalateurs pour Novartis et AstraZeneca va nécessiter des recrutements. Pourquoi Michelin a désespéré Joué-lès-Tours... La direction de Michelin a décidé de faire de La Roche-sur-Yon son unique site français de production de pneus pour poids lourds. En sacrifiant Joué-lès-Tours...

28

Les glaces à la ferme A Droué (41), le Gaec de la Pierre-Cochée produit des crèmes glacées à la ferme comme aux Pays-Bas.

30

Une addi+ion plus légère AdStellam a mis au point une nouvelle génération de caisses enregistreuses sur tablettes, L’addi+ion.

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Vactec invente le sprinkler écolo Le berruyer Vactec a inventé une solution anti-incendie très innovante. Sofimac Partners vient d’entrer à son capital.

32-33

Immobilier d’entreprises Les installations récentes d’entreprises régionales.

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Les chantiers Les chantiers régionaux en prévision.

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La lettre de l’innovation

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Le carnet

Armelle Maréchal-Guichard (Usimat Sermees)

Economie 16-17

En Bref L’actualité du trimestre en bref.

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A LA UNE L’aéroportuaire décolle en région Centre Le prix national obtenu par TLD pour son tracteur d’avion Taxibot pourrait permettre l’éclosion d’une filière régionale d’équipementiers aéroportuaires, dont Usimat Sermees à Nogent-le-Roi (28), mais aussi les Orléanais Alstef et Guinault sont de dignes représentants.

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TLD choisit la Touraine pour son Taxibot L’entreprise TLD, installée à Montlouis-sur-Loire (37), a obtenu le prix national de l’innovation industrielle pour son tracteur d’avion Taxibot et a choisi de le construire sur Isoparc, à Sorigny (37). Une nouvelle chance pour Farman Trois candidats se disputaient la reprise du fabricant de

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Les acrobates de Skywork sur les éoliennes Spécialiste de la sécurité en hauteur, la société orléanaise Skywork va créer une filiale afin de répondre aux besoins du secteur éolien.

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Le luxe made in Loiret A St-Ay (45), JP Emball a inventé un concept d’espaces de vie luxueux qu’il exporte au Moyen-Orient… et bientôt en Russie.

28

L’idée lumineuse de Sysplug La société chartraine Sysplug conçoit des passerelles électroniques de communication qui utilisent le réseau d’éclairage public.

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Escapades ine fin de magaz Retrouvez en s e u iq m es écono nos itinérair es. et touristiqu

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Points Chauds

En bref

PERRUCHOT VISERAIT BRUXELLES ancien maire (2001-2008) et député (2002-2012) de Blois et de Loir-et-Cher Nicolas Perruchot, qui a enjambé d’un pas décidé, l’an passé, le fleuve séparant le Nouveau Centre de la Droite Forte, fait de nouveau parler de lui. Il a signé, le 15 mars, une tribune dans Le Figaro, s’insurgeant contre la loi d’amnistie des délits commis par des syndicalistes. Après son rapport parlementaire de 2011 sur le financement des syndicats, interdit de publication, cette nouvelle fronde conforte bien sa nouvelle posture droitière. Désormais plus proche – au moins politiquement – de son nouveau voisin de Loir-et-Cher Sud, Guillaume Peltier, que de son voisin de Loir-et-Cher Nord, Maurice Leroy, Nicolas Perruchot ne souhaite pas, pour autant, faire son retour à Blois. S’il avertit que « toutes les élections l’intéressent », et notamment les régionales de 2015, il regarde particulièrement du côté de Bruxelles où un siège de député européen ne serait pas pour lui déplaire. Et son ralliement à la Droite Forte, premier courant de l’UMP à l’issue des dernières élections internes, lui donne des atouts supplémentaires pour briguer un des fauteuils mis en jeu.

L’

NOVINTEC AU BAN DES VERTS Le 15 mars, les écologistes du Conseil régional du Centre ont bien failli jouer un sale coup à Arnaud Montebourg, l’avocat des entreprises innovantes et exportatrices. Les élus Verts représentés à la commission permanente ont, en effet, voté contre la subvention de 130 000 € accordée à Novintec au motif que cette société de Sully-sur-Loire (45) « travaille étroitement avec des entreprises du secteur nucléaire et de l’armement ». Pourtant,

celle-ci se proposait de se développer à l’export et de créer 5 emplois. Heureusement, la majorité n’a pas suivi cet avis et a finalement accordé la subvention, au grand soulagement du ministère du Redressement productif…

LES HLM DROUAIS SANS TÊTE

Le maire de Dreux a débarqué le directeur général d’Habitat Drouais Philippe Drujon lors du conseil d’administration du 12 avril. « Nous ne sommes plus en phase, lui et moi »,

s’est justifié Gérard Hamel qui a dispensé l’intéressé de son préavis. Philippe Drujon a réfuté tous les arguments de son maire et président, notamment le mécontentement des locataires de cette société d’HLM : « On peut s’étonner lorsqu’on obtient un taux de satisfaction supérieur à 90 % », a-t-il souligné, ajoutant que le résultat de 2012 devrait dépasser 2,5 M€, alors qu’à son arrivée les pertes cumulées étaient supérieures à 5 M€.

CAHUZAC L’INQUISITEUR De l’avis de certains parlementaires régionaux, Jérôme Cahuzac, le détenteur de comptes offshore le plus connu de France, manifestait un zèle remarquable lorsque, président de la Commission des finances à l’Assemblée, il s’agissait de traquer les fraudeurs. Ils se souviennent de la « hargne » qui accompagna ses tentatives d’obtenir, dès 2010, la fameuse liste des 3 000 évadés fiscaux arrivée un an plus tôt sur le bureau d’Eric Woerth, alors ministre du Budget. « Comme s’il souhaitait enquêter sur… son propre compte », confie l’un de ses anciens collègues de l’Assemblée nationale.

De Marie-Madeleine Mialot, vice-présidente PS de la Région, au sujet de Corinne Leveleux-Teixeira, élue chef de file socialiste pour les municipales orléanaises de 2014 : « Qu’une femme veuille assumer des responsabilités politiques et, tout de suite, les qualificatifs tombent : dame de fer, tueuse. » Comme un écho au propos précédent, lemonde.fr du 22 mai rapportait la sentence couperet – « Virons-le ! » – qu’aurait lâchée Claude Greff au bureau politique de l’UMP à propos de Guillaume Peltier, coupable d’avoir souhaité la défaite de Nathalie Kosciusko-Morizet aux

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LES YEUX PLUS GRANDS QUE LE VENTRE L’hôpital de Chartres a dépensé 3,7 M€ pour agrandir de 820 m2 sa maternité. Mais faute d’un taux de natalité suffisant, les nouveaux locaux du pôle femme-enfant ne seront pas mis en service ! Les trois étages flambant neufs resteront fermés « du fait de la stabilisation de l’activité entre 2011 et 2012 », explique à notre confrère L’Echo Républicain Sandrine Loiseau-Melin, chef de cabinet de l’Agence régionale de santé (ARS). Certes, ces quatre dernières années, l’activité du service avait augmenté de 12 %, passant à 2 821 naissances en 2012. Mais le seuil des 3 000 naissances, critère retenu, n’a pas été franchi. « Un nouveau pic de naissances pourrait justifier l’utilisation du bâtiment. Mais nous n’en sommes pas là », justifie Yvon Le Tilly, directeur adjoint des hôpitaux de Chartres. La direction n’exclut pas d’utiliser l’espace à d’autres fins.

LE MARIAGE HOMO REND SOURD

CHIFFRE

DU TRIMESTRE

Le 8 avril, alors qu’il était venu en Touraine pour visiter l’entreprise TLD à Montlouis-sur-Loire (lire, à ce sujet, page 20), le Premier ministre a été accueilli en héros par les opposants au mariage homosexuel. Une Manif pour tous improvisée s’est répandue au centre-ville de Tours, obligeant les forces de l’ordre à bloquer les accès à la préfecture, comme ici à l’angle de la rue des Minimes et de la rue de Buffon. Les quelque 500 manifestants faisaient tellement de boucan qu’ils ont empêché l’auditoire trié sur le volet d’entendre le discours du chef du gouvernement.

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C’est le nombre d’entreprises que l’Agence de développement économique du Loiret (Adel) aura accompagnées en trente ans d’existence (1983-2013). Ce qui correspond, selon son décompte, à 26 000 emplois créés.

CUMULARD Ce n’est plus le cumul des mandats mais plutôt celui des mises en examen qui préoccupe Renaud Donnedieu de Vabres. Après avoir été mis en examen une première fois en décembre 2011 pour « complicité d’abus de biens sociaux », l’ancien ministre de la Culture et député d’Indre-et-Loire

l’a été de nouveau à la mi-avril pour « recel d’abus de biens sociaux ». Les juges sont toujours sur la piste d’un détournement de commissions en marge de la vente de sous-marins au Pakistan et de frégates à l’Arabie Saoudite, des marchés qui cumulaient (encore) la somme de 300 M€.

CONDAMNÉ

Voici une affaire qui intervient au plus mauvais moment ! Eric Maginiau (PRG, ex-Gauche Moderne), adjoint à la politique de la ville du maire (UDI) de Bourges Serge Lepeltier, vient d’être condamné à une interdiction de gérer de dix ans et à prendre en charge (à hauteur de 100 000 €) le comblement du passif de sa société de bâtiment (A3T), liquidée en 2010. Le mandataire avait reproché au chef d’entreprise son manque de collaboration et la confusion de son patrimoine personnel avec celui de la société, ce qui est démenti par l’intéressé.

DE ST-BRISSON À GIEN Emule de Jean-Marc Ayrault, élu maire de Nantes en 1989 après avoir été celui de la commune banlieusarde de St-Herblain durant douze ans, Christian Bouleau, maire de la petite commune de St-Brissonsur-Loire, veut devenir le prochain maire de la ville voisine, Gien (14 700 habitants). L’actuel président de la communauté des communes giennoises (26 000 habitants) s’est déclaré fin avril et partira sous l’étiquette UMP. Il affrontera probablement le maire sortant Patrick Chierico et deux listes de gauche, celle-ci n’ayant pas réussi à s’accorder.

primaires du parti pour les municipales à Paris. De Nicolas Perruchot à propos de l’arrivée du même Guillaume Peltier dans son département : « Le Loir-et-Cher n’est pas qu’une terre de conquête. Guillaume a un destin national. » De Jean-Pierre Gorges, député-maire de Chartres, à propos du refus de la Cour d’appel de Versailles de lui accorder le droit de devenir avocat : « Je n’ai plus d’alternative professionnelle maintenant. Je vais être obligé de me représenter aux municipales de 2014 ! » De Serge Grouard, maire d’Orléans, à propos des 14 réunions nécessaires pour finaliser la convention de distribution d’électricité entre la mairie et ErDF : « C’est vrai que nous sommes parfois casse-pieds ! »

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Points Chauds

Politique

Lepeltier, l’appel du large Après trois mandats de maire de Bourges, Serge Lepeltier prend le large et renonce à se présenter en 2014. C’est probablement Alain Tanton, son premier adjoint, qui tentera de repousser les assauts de la socialiste Irène Félix.

U

nanimes. Proches et adversaires de Serge Lepeltier avouent leur surprise lorsqu’ils ont appris que le maire de Bourges renonçait à briguer un quatrième mandat. « Lassitude », « volonté de changer de cap », sont les explications le plus souvent avancées pour expliquer sa décision. Plutôt avare de confidences, l’ancien ministre de l’Ecologie, qui a exercé pratiquement toutes les responsabilités que réserve la vie publique, a quand même lâché qu’il ne se sentait « plus en phase avec la politique ». Déjà, en 2008, son entourage reconnaît qu’il s’est présenté par devoir plus que par conviction. Est-ce l’impression défavorable laissée par deux enquêtes d’opinion réalisées au début de cette année qui l’aurait décidé, cette fois, à définitivement jeter l’éponge ? Depuis un moment, il avait la tête ailleurs. Ancien ambassadeur du climat, ses centres d’intérêt sont aujourd’hui très éloignés de Bourges. Serge Lepeltier préfère manifestement répondre à l’appel du large, plus précisément de la haute mer, que des Berruyers. Et préserver les océans du pillage halieutique en s’engageant au côté de personnalités comme Yann ArthusBertrand ou Nicolas Hulot. Une mission qui, quoiqu’il s’en défende dans le Berry

Républicain, l’exalte beaucoup plus que son quotidien à la mairie. Pour lui succéder, on retrouvera la candidate malheureuse de 2008, Irène Félix (PS) – lire son interview ci-contre –, face, probablement, à Alain Tanton, premier adjoint au maire depuis 2001 et président de

membre du parti dirigé par JeanFrançois Copé, offrant une garantie assez solide, même si des caciques locaux, comme Franck Thomas-Richard, font encore planer le doute sur leur décision. L’UDI devra trancher entre deux de ses membres, Alain Tanton – transfuge du MoDem – et

“ LE CŒUR GROS DE RANCUNE ET DE DÉSIRS AMERS, ET NOUS ALLONS, SUIVANT LE RYTHME DE LA LAME, BERÇANT NOTRE INFINI SUR LE FINI DES MERS CHARLES BAUDELAIRE

la communauté d’agglomération Bourges Plus depuis 2008. Sauf à ce que Pascal Blanc, adjoint aux travaux du maire de Bourges et membre du parti radical comme ce dernier, décide de maintenir sa candidature et réussisse à coucher 49 noms sur une liste. Après « de multiples rencontres » avec ses co-listiers, Alain Tanton s’est déclaré candidat à la double investiture UMP-UDI. Réponse des instances nationales attendue pour la fin du mois de juin. L’UMP ne devrait pas faire trop de difficultés, la présence à la deuxième place de la future liste de droite-centre droit de Véronique Fenoll,

Pascal Blanc, considéré comme l’homme lige de Serge Lepeltier : mais l’expérience et les soutiens de l’avocat berruyer le placent en position de favori. Succession oui, passage de témoin peut-être pas. « Ma conviction profonde est qu’après trois mandats, un renouvellement peut être bénéfique», a déclaré le maire en place au Berry Républicain qui lui demandait s’il ne craignait pas que sa majorité perde la mairie. Une petite phrase dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle en a froissé plus d’un dans son camp. «Je crois qu’il n’adhère pas à ma candidature », a conclu, piqué au vif, Alain Tanton. Du coup, le premier adjoint est déjà en pré-campagne et fait entendre ses petites différences : « J’aurai mon propre style ; je suis plus sur le mode consensuel que sur le mode rupture ». Le message est clair. Fidèle à sa culture, le centriste veut rassembler. Une stratégie indispensable pour une élection municipale qui se joue traditionnellement à quelques voix. François-Xavier Beuzon

Alain Tanton

Serge Lepeltier


IRÈNE FÉLIX (PS), CANDIDATE À LA MAIRIE DE BOURGES

« Un changement de méthode » La cheftaine de la gauche berruyère ne crie pas victoire suite à l’annonce du retrait de Serge Lepeltier des affaires municipales. La Lettre Valloire : Le jet d’éponge de Serge Lepeltier dope-t-il vos ambitions municipales ? Irène Félix : Je ne suis ni soulagée, ni déçue. Je regrette toutefois la manière adoptée par Serge Lepeltier pour manifester son désintérêt vis-à-vis des affaires municipales, ce qui devrait susciter beaucoup d’amertume chez les Berruyers. Pour autant, je m’étais préparée à affronter l’actuel maire de Bourges dans un duel pacifique. Il est peut-être plus difficile d’être confrontée à un adversaire dont on ne sait pas grandchose et qui n’est pas très connu. La Lettre Valloire : Quel serait votre adversaire de prédilection ? Irène Félix : Ce n’est pas à moi de le dire. Je porterai avant tout mon projet, qui est surtout un changement de méthode. J’observe que la personnalité publique, semble-t-il défendue par le maire pour lui succéder, n’est pas tout à fait acceptée par la droite locale qui bruisse de beaucoup d’autres ambitions ; ce que je crois, c’est que ma candidature, qui est une candidature de changement, est aussi une proposition de nature à rassurer les électeurs berruyers. Ils me connaissent et connaissent mes engagements. A l’évidence, cette ville peut valoriser ses atouts de ville moyenne si l’on parvient à fédérer les énergies et les forces vives autour d’un projet commun. Un projet commun qui s’inscrira dans un cadre financier forcément contraint. C’est naturellement l’échec du maire actuel de ne pas avoir réussi à réunir ces forces aujourd’hui très dispersées. Je ne prétends pas proposer un recours au vide laissé par Serge Lepeltier. Pour autant, je peux me présenter comme un recours s’opposant à d’autres choix plus marqués du sceau de l’aventure. Ma candidature est de nature à rassurer la population berruyère. La Lettre Valloire : Mais aurez-vous les coudées franches dans votre propre camp ? Irène Félix : Vous avez pu constater que Yann Galut,

présenté parfois comme un rival, avait décidé de se consacrer à son mandat de député afin de se conformer, avec un peu d’avance, à la future loi sur le cumul des mandats. Avec loyauté et esprit de responsabilité, il a donc décidé d’abandonner son mandat de vice-président du Conseil général et de ne pas briguer la mairie de Bourges. Il a également publiquement annoncé qu’il me soutiendrait. Cet acte de loyauté clarifie évidemment la situation. La Lettre Valloire : Il vous faudra aussi le soutien de la gauche non gouvernementale. Pensez-vous pouvoir associer ces forces dès le premier tour des élections municipales ? Irène Félix : Ce que je constate, c’est que nos partenaires de gauche n’ont pas achevé ce débat interne. Ils doivent, je pense, décider s’ils comptent faire ou non des prochaines élections municipales un référendum anti-gouvernemental ou s’associer à une proposition locale de rassemblement de la gauche autour de valeurs communes. Je préfère, pour ma part, une démarche politique fondée sur l’esprit de solidarité plutôt que sur l’individualisme. La Lettre Valloire : Quels sont, selon vous, les échecs les plus saillants de l’équipe municipale ? Irène Félix : Trois dossiers récents me semblent révélateurs du pilotage approximatif de l’action municipale : le report du projet de rénovation de la Maison de la Culture, une affaire traitée avec beaucoup de légèreté par Serge Lepeltier, l’extension du Palais des Sports qui va être quasi-exclusivement portée financièrement par la collectivité et l’enlisement du projet de centre commercial Avaricum. Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier

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Points Chauds

Politique

Gil Averous veut garder

Châteauroux à droite

Le directeur de cabinet du maire de Châteauroux Jean-François Mayet va tenter de succéder à son mentor qui a décidé de se retirer à l’issue de deux mandats.

C’

est en « enfant du pays » que Gil Averous, 39 ans, l’actuel directeur de cabinet du maire UMP de Châteauroux, JeanFrançois Mayet, tentera de succéder en 2014 à son patron qui a souhaité « raccrocher » à l’issue de son second mandat (2001-2014). Ce bon connaisseur du fonctionnement des collectivités locales – il fut directeur général des services de la communauté de communes de Valençay, puis de la Ville de St-Maur, avant de rejoindre le cabinet de Jean-François Mayet – est en effet natif d’Issoudun et a accompli l’essentiel de sa jeune carrière en terre berrichonne. Benjamin d’une famille de sept enfants, l’homme qui n’est pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche – papa était chef d’atelier et maman mécanicienne de confection – ne veut surtout pas passer pour un technocrate. « Je peux capitaliser sur une

Gil Averous

carrière d’élu », précise d’emblée ce quasi-quadra qui fut adjoint au maire de 1995 à 2001 puis maire de Fontguenand (250 habitants) de 2001 à 2008. Des états de service qui lui ont permis de valider ses prédispositions au job.

remporté lors de ce scrutin interne n’a pas éteint toutes les ambitions dans son propre camp. Et qu’il aura besoin d’une bonne dose d’esprit unitaire pour l’emporter. « On le voit aux élections nationales – François Hollande a glané 59,38%

“ CHÂTEAUROUX DONNE SOUVENT À GAUCHE. CE QUI N’A PAS EMPÊCHÉ JEAN-FRANÇOIS DE REMPORTER DEUX FOIS LA MAIRIE !

Jean-François Mayet qui, selon Gilles Averous, « n’avait pas d’idées derrière la tête » lorsqu’il l’appela à ses côtés en 2008, a donc été séduit par le calme et l’énergie de son directeur de cabinet. Au point d’en faire son dauphin, au nez et à la barbe de certains membres de l’équipe qui piaffaient d’impatience dans son ombre. Il se dit ainsi dans les couloirs que plusieurs adjoints dont Jean-Yves Hugon, en charge des sports, Régis Tellier ou Arnaud Clément, respectivement en charge du développement durable et des affaires sociales, n’auraient que très modérément apprécié de se faire « doubler » par le dircab du sénateurmaire. Afin de ne pas souffrir du procès permanent d’illégitimité, Gil Averous a accepté de se soumettre à une élection primaire à laquelle furent conviés les 33 élus de la majorité. « J’ai obtenu 16 voix, soit la majorité absolue de suffrages exprimés. On peut toujours faire mieux mais c’est un bon début », commente sobrement le protégé de Jean-François Mayet. Aucune fanfaronnade n’est, en effet, de mise. Le futur héraut de la droite castelroussine sait que le succès

aux présidentielles –, Châteauroux donne souvent à gauche. J’estime qu’aux municipales, le candidat de droite part avec quelques points de handicap. Ce qui n’a pas empêché Jean-François de remporter deux fois la mairie ! ». D’autant qu’au PS local, les camarades semblent rencontrer des difficultés à s’accorder. Manuel Flam, l’actuel directeur de cabinet de la ministre du Logement Cécile Duflot, (ancien ?) protégé de Michel Sapin, a renoncé à imposer sa personnalité brillante, mais aussi, dit-on, « parfois cassante » au sein de la Fédé socialiste. Du coup, Mark Bottemine, le directeur de l’aéroport de Châteauroux, s’est senti autorisé à présenter sa candidature à l’investiture, avec le soutien officiel des caciques locaux de la gauche, du moins la branche « Sapin ». Les socialistes devraient choisir leur candidat le 10 octobre prochain. En face, Gil Averous, qui affiche sa double proximité avec Jean-Louis Borloo… et Jean-François Copé, devra s’employer à combler son déficit de notoriété pour espérer assurer la continuité politique à Châteauroux. Jean-Christophe Savattier


Manuel Flam a fait long feu à Châteauroux Longtemps présenté comme l’espoir de la gauche castelroussine, Manuel Flam a quitté la scène politique locale. Mark Bottemine devrait être le candidat PS aux municipales de 2014.

S

ouvent présenté comme le candidat officiel du parti socialiste – et de Michel Sapin – pour les municipales à Châteauroux, l’énarque Manuel Flam… a fait long feu ! « Trop Parisien, trop arrogant… trop énarque », maugréent les vieux socialistes castelroussins qui déplorent les manières qu’ils jugent « hautaines » du directeur de cabinet de Cécile Duflot. « Il nous prenait pour des provinciaux demeurés », estime une militante locale proche du courant Aubry. Après avoir appuyé sa promotion auprès de la ministre de l’Egalité des Territoires et du Logement, les anciens mentors de Manuel Flam lui ont déniché un remplaçant pour le scrutin de 2014. C’est Mark Bottemine, le directeur de l’aéroport de Châteauroux, qui fera le job. Le député JeanPaul Chanteguet et Michel Sapin ont apporté illico leur soutien à leur nouveau champion… « plutôt à leur

pion ! », persifle l’une des cadres de la section. La situation ne serait donc pas totalement normalisée au PS de Châteauroux ? Mais comment pourraitil en être autrement alors que prévaut encore la vieille animosité entre Michel Sapin et le maire d’Issoudun André Laignel, à l’origine de « Châ-

Alain Venot, le retour ?

Si on veut chinoiser…

L’ancien maire de Châteaudun (28) veut tenter le come back.

C’

est à la demande « amicale » d’un collectif – l’association Châteaudun Action Renouveau –, qu’Alain Venot (UMP) a décidé, à 67 ans, de briguer en 2014 le mandat de maire d’une ville qu’il a dirigée... pendant 25 ans. « Ce n’est pas la volonté de faire carrière qui m’anime », affirme cet ex-journaliste, député d’Eure-et-Loir de 2002 à 2007 – après avoir battu de justesse Philippe Vigier, le frère ennemi centriste avec lequel il s’est réconcilié depuis – et ancien conseiller général et régional : « J’ai goûté de toutes ces charges. J’ai même décidé, en avance sur le débat sur le cumul des mandats, d’aban-

teauroux à gauche », une association qui aura durement bataillé contre Manuel Flam et qui pourrait présenter un candidat lors des primaires internes, le 10 octobre. La conseillère régionale Kaltoum Benmansour est pressentie : « Rien n’est fait ; ce sera une décision collective », nous inJCS dique cette dernière.

donner mon fauteuil de député pour me consacrer à Châteaudun ». Reprenant ses réflexes d’habitué des estrades, Alain Venot dresse un sévère réquisitoire contre Didier Huguet, qui l’a battu en 2008 : « Le chômage caracole à 10,2 %, nous perdons des habitants et les impôts augmentent. La ville est engagée dans la spirale du déclin ». Pour autant, son come back s’annonce difficile, à défaut d’accord avec d’autres candidats. « Rien n’est perdu, veut se convaincre Alain Venot, mais plus le temps passe, plus les conditions seront difficiles à réunir. »

Depuis le refus du bureau du Sénat de lever l’immunité parlementaire du maire de Tours, « considérant que les mesures de garde à vue et de contrôle judiciaire envisagées à (son) égard n’apparaissent pas suffisamment motivées », tout le monde attend l’audition et la mise en examen de Jean Germain. Mais on peut s’interroger sur la stratégie du Procureur de la République. Pourquoi ne pas avoir d’abord entendu le maire de Tours, qui a toujours indiqué qu’il se rendrait devant les juges, avant d’engager contre lui des mesures contraignantes ? Il est tout aussi surprenant que le procureur Varin ait confirmé à l’un de nos confrères, plusieurs jours avant la réunion du 29 mai, qu’il avait adressé sa demande au Sénat il y a plusieurs mois. Alors qu’une telle démarche est théoriquement couverte par le secret FXB de l’instruction…

JCS

La Lettre Valloire - Juin 2013 11


Points Chauds

Territoires

Mutualisez, il en restera

toujours quelque chose

Si les Alsaciens ont échoué à constituer une collectivité territoriale unique là où il y en avait trois, les départements du Loiret, de Loir-et-Cher et d’Eure-et-Loir ont préféré jeter des bases plus modestes en mettant des moyens généraux en commun. En attendant le jour où, peut-être…

Eric Doligé, Maurice Leroy et Albéric de Montgolfier.

es Alsaciens ont joué un sale tour aux trois présidents de Conseils généraux venus, lundi 8 avril à Romorantin (41), célébrer les vertus de l’union. Eric Doligé, président (UMP) du Conseil général du Loiret, Maurice Leroy (UDI) et Albéric de Montgolfier

L

donc de mandats. En attendant cette petite révolution des institutions, les trois présidents de Conseils généraux, réunis tant par une connivence politique que par une proximité géographique et historique (leur territoire reconstitue la Généralité de l’Orléa-

(UMP), ses homologues de Loir-etCher et d’Eure-et-Loir, ont dû se passer du témoignage de Philippe Richert, président du Conseil régional d’Alsace et initiateur du projet de collectivité territoriale unique. Alors qu’il était annoncé, ce dernier avait finalement préféré rester dans ses terres au lendemain du « non » des électeurs alsaciens au projet de fusion entre la Région et les deux Départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. L’argumentaire des trois présidents ne pouvait qu’être affaibli par le verdict du 7 avril. Car, si comme l’a rappelé Albéric de Montgolfier, « ce qui est institutionnel n’est pas l’essentiel de la démarche », l’objectif est bien, à terme, de réduire le nombre de collectivités territoriales… D’ailleurs, certains estiment qu’avant de s’en prendre au cumul des mandats, les pouvoirs publics seraient bien inspirés de réduire d’abord le nombre de collectivités… et

nais de l’Ancien Régime, NDLR), ont plaidé pour la mise en commun de moyens généraux, l’enjeu, rappelait Maurice Leroy, « étant aussi bien de faire des économies d’échelle que de maintenir des services de qualité dans les territoires ». L’Eure-et-Loir pourrait ainsi proposer son service d’archéologie préventive aux deux autres, tandis

12 La Lettre Valloire - Juin 2013

que le Loir-et-Cher mettrait à disposition son Observatoire économique et le Loiret sa future centrale d’achats. Pour montrer que la démarche n’est pas réservée à un « club » d’élus de droite, Maurice Leroy a même jeté un pont vers l’Indre-et-Loire socialiste voisine pour une promotion commune des grands sites touristiques du Val de Loire, de Chambord à Azay-le-Rideau. Frédéric Thomas n’aurait pas écarté cette main tendue…. Il faudra quand même résister à la tentation de mettre dans le pot commun les serpents de mer, comme la gare TGV au milieu des champs de blé, vœu pieu du député d’Eure-et-Loir Philippe Vigier… Mais à l’heure où les dépenses sociales – le premier poste budgétaire des Départements – explosent et où les recettes se tassent, toutes les tentatives de maintenir l’équilibre des comptes sont bonnes à prendre. Et quand l’exemple ne vient pas d’en haut et du très décevant projet d’acte III de la décentralisation, il faut qu’il prenne vie en bas, grâce à l’initiative locale. François-Xavier Beuzon

Les raisons de l’échec alsacien « Agitation des peurs et effet Cahuzac sur la participation » : les commentateurs n’exprimaient pas autrement les causes du refus opposé par les électeurs au projet de Conseil d’Alsace unique. Le maire UMP de Colmar (Haut-Rhin) a mis tout son poids dans la balance pour faire capoter ce que plus de 80 % des élus alsaciens avaient déjà approuvé en soulignant les risques de faire « de Colmar une annexe de Strasbourg ». Résultat : les électeurs Haut-Rhinois ont dit « non » à 55,7 % quand leurs voisins du Bas-Rhin répondaient « oui » à 67,5 % avec, dans les deux cas, des participations excessivement faibles (respectivement 38 et 35 %).


L’OBO D’ENTREPRISE OU L’OPTIMISATION DE VOTRE PATRIMOINE ENTREPRENEURIAL Entretien avec Maître Pascal OLIVIER et Monsieur Nicolas DUVIVIER du Cabinet d’Avocats DUVIVIER ET ASSOCIÉS (Paris, Tours, Blois, Rennes) Pouvez-vous nous expliquer les objectifs poursuivis dans le cadre d’un OBO d’entreprise ? Ce montage a pour objectifs : • la réduction de la fiscalité personnelle et des charges sociales du chef d’entreprise, • la perception de liquidités immédiates pour les personnes physiques figurant au capital de la société dont les titres sont cédés, • la reconstitution de la valeur de la société au terme de l’opération d’OBO, • la transmission éventuelle progressive de l’entreprise à des membres de la famille. En quoi consiste-t-il ? Il est fréquent de trouver des sociétés familiales qui dégagent un résultat net significatif. Compte tenu des nouvelles règles applicables depuis le 1er janvier 2013, il n’est plus possible pour les associés, et notamment les dirigeants, de s’octroyer des dividendes sans alourdir leur fiscalité (suppression du prélèvement forfaitaire libératoire, assujettissement des dividendes au barème progressif de l’impôt sur le revenu et aux cotisations RSI pour les gérants majoritaires de SARL). L’OBO d’entreprise consiste, pour les animateurs de la société, à vendre leurs titres à une structure de type SARL. L’acquisition se ferait moyennant le recours à un emprunt bancaire et à un crédit vendeur. La technique du crédit vendeur est particulièrement intéressante pour le chef d’entreprise qui cè-de ses titres. Il s’agit d’un paiement de prix différé et non d’un reAVANT O.B.O.

venu qui lui permettra de réduire sa rémunération et donc de réduire très sensiblement sa fiscalité. Pour la société d’exploitation, les économies de charges et de rémunération permettront d’améliorer son résultat courant avant impôt et donc d’améliorer le résultat net qui sera distribué en quasi franchise d’impôt (hormis une quote part de frais et charges) à la société holding constituée afin de lui permettre de rembourser l’emprunt contracté pour l’acquisition des titres et le remboursement du crédit vendeur. Outre la réduction de sa fiscalité personnelle, le chef d’entreprise, après avoir cédé ses titres à la holding et après paiement de l’éventuelle plus-value sur cession de titres, disposera de liquidités qu’il pourra investir immédiatement par exemple dans sa résidence principale, un investissement locatif ou encore sur un contrat d’assurance-vie. Au terme de l’OBO, le chef d’entreprise aura reconstitué la valeur de la société. L’OBO d’entreprise permet également de transmettre progressivement l’entreprise aux enfants en quasi franchise de droits de succession. Dans un premier temps, les enfants lors de la constitution de la holding rentrent au capital de cette dernière. Dans un deuxième temps, les parents, qui figurent au capital de la holding, cèdent progressivement la nue-propriété de leurs parts. Dans la mesure où la holding s’est endettée pour l’acquisition des titres, la nue-propriété des parts à une valeur très faible. Au décès des parents, l’usufruit cesse et les enfants deviennent propriétaires des parts en quasi franchise de droits de succession.

APRÈS O.B.O.

SYNTHÈSE O.B.O.

Traitements et salaires : Dividendes : Nombre de parts : Taux d’imposition : IRPP : Prélèvements sociaux : Total imposition :

107 000 € 113 000 € 3 41 % 34 500 € 17 515 € 52 015 €

Traitements et salaires : Crédit vendeur : Dividendes bruts : Nombre de parts : Taux d’imposition : IRPP : Prélèvements sociaux : Total imposition :

54 065 € 43 080 € 106 353 € 3 14 % 17 138 € 16 288 € 34 091 €

Produit de cession :

590 000 €

Revenus nets d’impôts :

167 985 €

Revenus nets d’impôts :

169 507 €

Reconstitution valeur société : 1 311 000 €

Revenus nets supplémentaires sur 7 ans :

99 000 €

Economie minimum d’impôt sur 7 ans :

119 966 €

Economie maximum d’impôt : sur 7 ans 343 000 €

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La Lettre Valloire - Juin 2013 13


Points Chauds

Territoires

Le TGV tourangeau

vers une voie de garage

Les 4 000 abonnés de la ligne TGV Tours-Paris subissent une consternante dégradation de la qualité de service. Une situation qui pèse sur l’attractivité de l’agglomération tourangelle.

«T

ours ne fait plus partie des villes à moins d’une heure de Paris.» Selon David Charretier, le président de l’association des abonnés de la ligne TGV Paris-Tours, la desserte, plombée par des retards à répétition, une vétusté non compensée par des investissements et la systématisation de l’arrêt vendômois, souffre cruellement de la comparaison avec la

David Charretier

14 La Lettre Valloire - Juin 2013

liaison mancelle. « Les nouveaux horaires prévus au titre du cadencement, qui intègrent la halte de 7 minutes à Vendôme, tablent désormais sur un trajet de 1 h 15, voir de 1 h 25. On est très loin de la performance initiale qui se situait à environ 1 h », estime le président d’une association qui rassemble 1 000 des 4 000 abonnés tourangeaux. Ainsi, la vitesse moyenne sur le tronçon ToursParis – une ligne déclarée « malade » par Thierry Mariani, alors ministre des Transports – ne s’élèverait plus qu’à 170 km/h… contre 220 km/h sur la ligne TGV Le Mans-Paris. « Il ne faut plus parler de très grande vitesse et surtout ne pas appliquer des tarifs (120 € en moyenne pour un A/R Tours-Paris) qui ont augmenté de 30 % en une petite dizaine d’années ! » En dépit des dénégations de la SNCF, le problème de régularité n’est pas du tout réglé. Selon les chiffres de l’Observatoire ad hoc créé par l’association, un abonné à la desserte tourangelle aura, sur la base de 200 allersretours, cumulé près de… 32 h de retard en 2012. Et la situation est loin de s’être améliorée en ce début d’année 2013 : « Le taux de ponctualité sur la desserte partant à 7 h 30, l’un des trains les plus fréquentés, s’élève sur les trois premiers mois à seulement 71 % », note David Charretier. Loin, très loin du taux global officiel de 92 % fourni par le transporteur qui mélange dans cette statistique tous les trains de la desserte. « Les élus tourangeaux – hormis Jean-Patrick Gille, le député PS de la 1e circonscription de Tours, très actif sur le sujet, comme Marie-France Beaufils, la sénatrice maire PCF de St-Pierre-des-Corps et les représen-

tants de la CCI Touraine – n’ont pas pris la mesure de la situation. C’est inquiétant parce que cette situation de non-compétitivité pèse sur l’attractivité tourangelle » affirme David Charretier. D’autant que d’autres lacunes accablent le voyageur tourangeau : « Désormais, la desserte TGV qui rallie Roissy via Massy-Palaiseau ne permet plus d’accéder à Roissy-Charles de Gaulle avant midi. Impossible de prendre en partant de Tours les long-courriers et une partie des moyen-courriers qui décollent plutôt dans la matinée ». Et le pire est peutêtre à venir. L’exploitation de la future LGV Paris-Bordeaux risque, dès 2017, de réduire la fréquence des liaisons entre Tours et la gare Montparnasse. « Une éventualité que n’ont pas démentie les conseillers du ministre qui ont été reçus début avril », explique David Charretier. A l’occasion de cette réunion organisée à l’initiative de Jean-Patrick Gille, l’association a pu présenter des revendications immédiates : notamment le rétablissement de liaisons directes (au moins 50 % des dessertes), surtout le matin et le soir, et le gel de tarifs. « Le profil sociologique des abonnés a évolué. Beaucoup sont des Tourangeaux qui ont perdu leur job et retrouvé une situation sur la région parisienne. Ce ne sont pas des nantis ! » A plus long terme – mais peut-être aurait-il fallu se réveiller avant que le deal entre les partenaires de la future LGV (SNCF, Vinci, RFF) soit bouclé ! – les décideurs tourangeaux devront se bouger pour préserver une qualité de service minimum. Jean-Christophe Savattier


La Lettre Valloire - Juin 2013 15


Economie

En bref

SPURGIN MET LES BOUCHÉES DOUBLES À MIGNIÈRES e fabricant alsacien de composants préfabriqués en béton armé pour la construction Spurgin (environ 160 salariés), dont le siège est à Sélestat (67), souhaite produire 500000 m² de prémurs (voir ci-contre) à l’horizon 2015 grâce à son unité de production de Mignières, au sud de Chartres (28). « Nous espérons également doubler les effectifs sur le site d’ici à deux ans », précise Marc Faure-Malan, directeur régional du groupe. Depuis l’ouverture de cette unité de production ultramoderne en 2011, qui a requis un investissement de 18 M€, 55 salariés ont été embauchés. Ce site, le 4e du groupe après Sélestat (2 usines) et Lyon, a été ouvert « afin de couvrir la région Centre, le Nord et surtout la région parisienne où la demande est forte », précise le directeur, qui n’exclut pas à l’avenir d’ouvrir un site supplémentaire dans le sud de la France.

L

INNOLATION ARRIVE À AMILLY Le projet de reprise par le groupe allemand Innolation de l’ex-usine ThyssenKrupp Sofedit, annoncé en avantpremière dans l’une de nos éditions bimensuelles de mars dernier, se confirme. Le groupe, spécialisé dans la fabrication de matériaux isolants, investira environ 15 M€ dans ce programme industriel qui devrait susciter une vingtaine d’emplois directs. Cette installation entrerait dans une phase opérationnelle dès cet été.

16 La Lettre Valloire - Juin 2013

FAPEC INNOVE POUR PAPREC Le concepteur et fabricant de PLV Fapec, d’IlliersCombray (28), a réalisé le design, les prototypes et une série de meubles pour la récupération des emballages dès la sortie des caisses de grands magasins. Son client est le groupe Paprec, un des premiers acteurs français des métiers du recyclage : depuis le 1er juillet 2011, tout établissement de vente au détail d’une superficie de plus

de 2 500 m2 doit en effet posséder, à sa sortie de caisse, un point de reprise des déchets d’emballage issus des produits achetés dans cet établissement.

IPI S’AGRANDIT À CHILLEURS-AUX-BOIS L’entreprise International Plastic Industrie (200 salariés), spécialisée dans la fabrication de vaisselle plastique, projette une extension de son unité de production à Chilleurs-aux-Bois (45) qui emploie 113 salariés. Conditionnée aux résultats obtenus en 2013 – comme l’a rappelé

son pdg Jean-Louis Revel –, cette extension comprendrait l’agrandissement de 3 900 m² de son espace de stockage et de 2 000 m² de sa surface de production, afin de disposer d’une surface totale de 18 000 m².

SOFEMA RENFORCE CHÂTEAUROUX

Le négociant de matériel de défense et d'aéronautique civil et militaire Sofema (75 salariés, 60 M€ de CA), présent depuis 2011 sur la ZI de La Martinerie à Châteauroux (36), vient d’acquérir 8,5 ha de terrain et deux hangars pour 600 000 € : deux nouveaux bâtiments d’une surface identique seront construits à proximité. « Nous confirmons notre engagement de reconvertir l’ex-site du 517e régiment du Train », précise son président Guillaume Giscard d’Estaing (ci-dessus).


ÉTIQUETTES RC À VIENNE-EN-VAL Installé aujourd’hui à Sandillon (45), le fabricant d’étiquettes adhésives en bobines Etiquettes RC a emménagé non loin de là, dans un bâtiment d’environ 600 m² de la toute nouvelle ZA St-Germain de Vienneen-Val. Ce transfertextension devrait générer la création de 2 à 3 emplois d’ici trois ou quatre ans. Etiquettes RC emploie aujourd’hui 12 salariés pour un CA d’environ 1 M€. Ses principaux marchés sont ceux de l’agroalimentaire (étiquettes destinées à la viticulture et à l’apiculture).

RCROSSMEDIA COMMUNIQUE À 360° Antoine Rollin, le gérant de l’imprimerie blésoise éponyme, a lancé une nouvelle société,

RCrossMedia, qui se définit comme un prestataire à 360° pour la communication de ses clients. Son champ d’action va de la conception de documents commerciaux (plaquette, catalogue, dépliants publicitaires, mailings…) aux produits de design commercial (stands de salons, kakémonos, bannières, PLV…) et au web (conception de sites vitrine, vente en ligne, responsive design…) : www.rcrossmedia.com

LIQUID CONTROL CHANGE DE MAINS A Mont-Près-Chambord (41), la société Liquid Control, spécialisée dans le dosage de polymères multi-composants (environ 1 M€ de CA), vient d’être reprise, suite au départ à la retraite de

CECAF SE REGROUPE À ST-CYR-EN-VAL

Le groupe de conditionnement secondaire de produits cosmétiques Cecaf (environ 120 salariés, 6,5 M€ de CA) vient de regrouper ses activités sur son site de St-Cyr-en-Val, au sud d’Orléans. Celui-ci compte désormais 70 salariés, dont 20 d’ACL (Atelier Conditionnement du Loiret) et 50 de Cecaf Maquillage. « L’unité Cecaf de Saran sera réservée au stockage et pourra constituer un atelier de réserve en cas de pic d’activité », précise son pdg Cédric Troussard. Avec une surface de 4 100 m² et une réserve foncière de 30 000 m2, le site de St-Cyr-en-Val offre des perspectives pour une nouvelle extension de 2 500 m². « Nous investirons en fonction des opportunités. Nous nous orientons vers une gamme de services plus large, de la formulation des poudres, crèmes et produits alcoolisés au conditionnement», ajoute le pdg. son dirigeant, par Fabien Santos, un ingénieur Ensam de 39 ans. Ce dernier était auparavant l’un des collaborateurs

d’une société de distribution de matériel médical. La transaction a été accompagnée par le cabinet JCG.

La Lettre Valloire - Juin 2013 17


Economie

Industrie

L’aéroportuaire décolle Le prix national obtenu par TLD pour son tracteur d’avion Taxibot pourrait permettre l’éclosion d’une filière régionale d’équipementiers aéroportuaires, dont les Orléanais Alstef et Guinault sont aussi de dignes représentants.

L

La société Alstef a équipé l’aéroport d’Orly Ouest de cinq machines d’enregistrement automatique des bagages, la dépose bagage automatique (DBA) « BAGXpress ».

e déferlement médiatique autour du Taxibot et de la société qui l’a conçu donne des ailes aux équipementiers aéroportuaires régionaux. « L’attribution de ce prix de l’innovation industrielle à TLD ouvre de belles opportunités ; nous allons réfléchir à une stratégie de fond avec les acteurs de la filière. La région Centre compte de nombreux sous-traitants et fournisseurs de l’aéronautique », souligne Jean-Michel Sanchez, le président d’AeroCentre, qui rappelle que l’aéroport de Châteauroux offre une belle plate-forme d’expérimentation pour les projets industriels. Les autres équipementiers aéroportuaires présents en région Centre se développent aussi à l’export tout en maintenant leurs unités de production localement. La société TDA Lefèbure, qui développe des systèmes d’alimentation énergétique au sol pour les avions, vient d’investir 850 000 €

18 La Lettre Valloire - Juin 2013

pour construire un nouveau bâtiment à Dreux (28) et elle prévoit une nouvelle extension. « L’Algérie a représenté cette année 40 % du CA et nous travaillons aussi vers l’Allemagne, l’Espagne et le Maroc », explique son pdg Côme Georges-Picot qui espère doubler son CA actuel de 4,2 M€ d’ici quatre à cinq ans. Pour y

le-Roi (28), qui réalise près de 50 % de son CA de 3 M€ avec son activité de servitude aéroportuaire (35 % à l’export) : Usimat Sermees fournit notamment les barres de tractage à Air France. Parmi les produits développés par l’entreprise nogentaise, partenaire de longue date de TLD, les chariots de servitude (recharge en

“ L’ATTRIBUTION DE CE PRIX À TLD OUVRE DE BELLES OPPORTUNITÉS ; NOUS ALLONS RÉFLÉCHIR À UNE STRATÉGIE DE FOND AVEC LES ACTEURS DE LA FILIÈRE

parvenir, TDA Lefèbure vient de lancer une nouvelle gamme pour alimenter les avions en air conditionné. « Sur ce secteur, les principaux leviers sont l’innovation et l’international», renchérit Armelle Maréchal-Guichard, pdg du fabricant d’équipements mécaniques Usimat Sermees, à Nogent-

eau, oxygène…), de transport de charge (bagages), mais également des matériels de maintenance qui rencontrent un succès certain. « Notre service études & innovation a conçu des escabeaux et des matériels adaptés à la hauteur et à la taille des appareils », explique Armelle Maréchal-Guichard, qui rappelle que l’avion doit rester au sol le moins longtemps possible, ce qui requiert des équipements toujours plus performants. La société vient ainsi de développer une gamme spécifique de petite dimension pour les aéroports régionaux. « Nous travaillons sur toute l’Europe, la Russie mais aussi l’Afrique et nous développons des partenariats avec le Moyen-Orient », ajoute la dirigeante qui espère que la part d’export atteindra la moitié de sa facturation d’ici à deux ans. A Boigny-sur-Bionne, près d’Orléans (45), l’équipementier aéroportuaire Alstef (200 salariés, 38,2 M€ de CA) se distingue également par son rayonnement à l’international. La société vient d’être retenue par Bouygues pour mettre en place un système de traitement des bagages sur l’aéro-


en région Centre port de Zagreb (Croatie) et elle va également installer un système de triage à l’aéroport de l’île Maurice pour le compte d’un client chinois. « Nous avons été choisis pour notre savoirfaire made in France », souligne son pdg Pierre Marol. La société présente actuellement sa dernière innovation : une machine d’enregistrement automatique des bagages, la dépose bagage automatique (DBA) BAGXpress, qui a déjà abouti à un partenariat avec les Aéroports de Paris. « Orly Ouest est déjà équipé de cinq machines et une vingtaine seront déployées sur Roissy d’ici à fin 2013 », explique Pierre Marol qui espère réaliser 5 à 10 % de son CA grâce au BAGXPress. Le marché de l’équipement aéroportuaire reste donc porteur. « Cela s’explique par la croissance du trafic aérien mondial et par le renforcement de la réglementation et des contrô-

les », témoigne le pdg d’Alstef, dont l’un des clients, l’aéroport d’Istanbul, a multiplié son trafic par… quatre en dix ans. Autre innovation d’Alstef, illustration des besoins croissants en terme de sécurité, le développement sur l’aéroport de Nice de chariots DCV (« Destination Coded Vehicle ») permettant de détecter les explosifs de façon automatique dans les bagages de soute. « Cette technologie de contrôle de standard 3 sera déployée pour la première fois en France », souligne Pierre Marol, qui caresse l’espoir de l’exporter. Autre pépite du secteur en région Centre, l’équipementier orléanais Guinault. Spécialiste des matériels d’assistance aéroportuaire pour l’alimentation et la conversion d’énergie comme les groupes électrogènes, les groupes de réchauffage ou les compresseurs de démarrage pour avions, Guinault a développé, avec le soutien

d’Oséo, une nouvelle technologie économe en énergie. Implanté à St-Cyr-enVal (45) où il emploie une centaine de salariés, Guinault facture les trois quarts de son CA de 25M€ à des clients étrangers. Pour preuve de sa présence internationale, son pdg Lionel Clermont avait, à l’heure où nous écrivons ces lignes, pris son envol pour le Moyen-Orient. C’est à tire d’aile que se nouent probablement les meilleurs contrats… Elise Pierre Armelle Maréchal-Guichard. (Usimat Sermees)

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Economie

Industrie

TLD choisit la Touraine pour son Taxibot L’entreprise TLD, installée à Montlouis-sur-Loire (37), a obtenu le prix national de l’innovation industrielle pour son tracteur d’avions Taxibot et a choisi de le construire sur Isoparc à Sorigny (37).

B

elle fierté pour la région Centre ! C’est le site TLD (exTeleflex-Lionel Dupont) de Montlouis-sur-Loire (37) qui a obtenu le prix national de l’innovation industrielle pour son tracteur d’avions Taxibot, parmi 22 lauréats régionaux. Et pour développer ce concept révolutionnaire – en coopération avec Airbus et Israel Aircraft Industry (IAI), notamment –, le leader mondial des équipements aéroportuaires a décidé de construire une usine dédiée sur le site Isoparc de Sorigny (37), où il prévoit de recruter d’emblée une centaine de personnes. « Sorigny sera notre 7 e usine française et Airbus table plutôt sur 250 créations d’emplois dans trois à quatre ans, si le Taxibot est un succès », précise Valentin Schmitt, CEO de TLD Europe. Si l’entreprise, que le fonds Axa Private Equity est en train de céder à LBO France, réalise l’essentiel de son CA à l’international, elle confirme aussi son ancrage régional. TLD a finalement préféré Isoparc et Sorigny à l’aéroport de Châteauroux pour construire son unité « pour des raisons de proximité et de synergie avec nos activités de Montlouis, où sont conçus des tracteurs ». Près de 8 hectares ont été retenus

sur Isoparc et le premier coup de pioche sera donné cet été pour une première tranche de 7 000 m2, dont la livraison est prévue en juillet 2014. « Nous pourrons lancer une seconde tranche selon nos besoins pour porter la surface de l’usine à

exemple. « Il permet de réagir en millième de seconde avec une précision inégalée, commente Valentin Schmitt. Le Taxibot est capable de lire les comportements du pilote de l’aéronef qui peut ainsi le conduire ».

“ LE TAXIBOT EST LE PREMIER ET LE SEUL ENGIN CAPABLE DE TRANSPORTER UN APPAREIL CHARGÉ ET MOTEURS ARRÊTÉS 21 000 m2 », complète-t-il. Le site sera capable de produire une centaine de Taxibot par an. Ecologique, ce Taxibot – contraction de « Taxiing Robot » – est un tracteur qui déplace les avions en attente de décollage et permet ainsi de réduire la consommation de kérosène au sol. Une économie de carburant significative, lorsque l’on sait que la consommation annuelle de kérosène pour le seul convoyage (ou « taxiage ») des avions représente une dépense de près de 8 Md$... et 23 millions de tonnes de CO2 rejeté dans l’atmosphère. Le Taxibot est le premier et le seul engin capable de transporter un appareil chargé et moteurs arrêtés, de l’embarquement à la piste de décollage, par

Pour réaliser cette merveille technologique dont le prix de revient avoisine les 2 M€, près d’une centaine d’ingénieurs ont travaillé sur le projet depuis l’automne 2009 et 60 M$ ont été investis en R&D. Oséo et les partenaires régionaux et locaux ont soutenu son développement à hauteur de près de 40 % sous forme d’avance remboursable. « Un prototype fonctionne sur l’aéroport de Châteauroux ; il est en fin de certification. Nous aurons dans quelques mois trois tracteurs à Francfort qui seront utilisés par Lufthansa », ajoute Valentin Schmitt. Les premières commercialisations sont prévues pour 2014. « Nous sommes en pourparlers avec les plus grandes compagnies internationales », ajoute Valentin Schmitt. Les pilotes de 15 compagnies internationales, venus tester l’équipement sur le tarmac berrichon, ont déjà plébiscité ce concept révolutionnaire. Ces feedback sont de bon augure pour la prochaine présentation du Taxibot à l’occasion du salon du Bourget ! Elise Pierre

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La Lettre Valloire - Juin 2013 21


Economie

Industrie

Une nouvelle chance pour Farman Trois candidats se disputaient la reprise du fabricant de machines-outils jocondien Farman. C’est le groupe bourguignon Galilé qui finalement a été choisi pour sa stratégie de diversification et de développement à l’export.

À

Eric Michoux, président du réseau Galilé, et Christèle Cornilleau, directrice générale de Farman.

l’issue d’une période de six mois de redressement judiciaire, le tribunal de commerce de Tours a désigné le 8 mars dernier le repreneur du fabricant jocondien de machines-outils Farman. C’est Galilé, un réseau de neuf entreprises diversifiées (nucléaire, biens d’équipements automobiles, manutention), qui a finalement été retenu, de préférence au tourangeau Laffi (maison mère de Schrub, à Ballan-Miré) et au nantais Idra. « Galilé a été choisi à la fois pour la pertinence de sa stratégie industrielle et son engagement de sauver 49 emplois sur 60 », justifie l’ancienne directrice financière Christèle Cornilleau, désormais directrice générale et actionnaire minoritaire. Le nouvel actionnaire va injecter près de 1 M€ en cash afin que le spécialiste des

robots industriels et des convoyeurs à accumulation soit, « d’ici à 2015, une entreprise rentable et active à l’exportation, précise le président du réseau Eric Michoux. Elle doit retrouver sa place dans l’aéronautique et conquérir de nouveaux marchés ».

complète le vice-président JeanClaude Boyer. Au total, près de 250000 € seront investis dans la R&D d’ici à deux ans. « Farman est une société centenaire qui dispose d’un savoir-faire reconnu. A ce titre, elle conserve son indépendance, son

“ NOUS ALLONS DÉVELOPPER NOS PRODUITS PROPRES, COMME LES CONVOYEURS À ACCUMULATION, AFIN QU’ILS PASSENT DE 20 À 50 % DU CA Pour profiter des vents favorables de l’aéronautique et du nucléaire, Galilé (250 salariés pour une prévision de CA de 30 M€ en 2013) s’appuiera sur son réseau – « plusieurs de nos entreprises sont déjà présentes sur ces secteurs » – et notamment sur ses deux filiales en Inde et en Allemagne. « Nous allons créer des synergies sur les terrains de l'innovation et de l’action commerciale et développer nos gammes de produits propres afin qu’ils passent de 20 à 50 % du CA, détaille le président, qui misera sur une des spécialités de Farman, les convoyeurs à accumulation verticale, le seul concurrent sur cette niche étant à ce jour l’allemand Bleicher. Nous allons créer une cellule robotisée standard et, en interne, améliorer la GPEC et la formation, notamment en langues étrangères »,

usine, ses salariés et ses clients », a assuré Eric Michoux, qui a redressé plusieurs PMI en Bourgogne et Rhône-Alpes, dont Escofier, un autre fabricant de machines-outils pour l’automobile. Si un contentieux financier avec l’ancien propriétaire Kuka avait empêché le développement de Farman – un malentendu dans les termes du contrat de reprise chiffré à 3,5 M€ –, son CA était de 9,7 M€ en 2011, contre 5 M€ en 2009. « Les clients nous ont toujours suivis et nous n’avons accusé aucun retard : la plateforme Dacia en Roumanie sera notamment livrée dans les temps », insiste Christèle Cornilleau. Désormais, l’objectif « ne sera pas tant la course au CA que le développement de la rentabilité », conclut Eric Michoux. Elise Pierre

Les dates clés : 1911 : premiers avions des frères Farman, à Paris. Construction aérienne et automobile. Participation à Air France dès 1937. Années 60 : installation à Tours, zone du Menneton, sous le nom de Société de mécanique générale tourangelle (SMTG), systèmes de fabrication de pièces automobiles. 2007 : rachat par Kuka, concepteur de robots allemand. 2009 : reprise par l’investisseur allemand Peter Limberger, Kuka redevient Farman.

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Economie

Industrie

Nypro France recrute à Fontenay-sur-Eure Le spécialiste du conditionnement pharmaceutique Nypro France monte en puissance sur son site de Fontenay-sur-Eure (28). La production d’inhalateurs pour Novartis et AstraZeneca va nécessiter d’importants recrutements.

A

l’issue d’un vaste plan d’industrialisation initié en 2008, le spécialiste du conditionnement pharmaceutique Nypro France a lancé la production d’inhalateurs pour Novartis sur son site de Fontenay-surEure, près de Chartres (28). Afin d’accompagner la montée en cadence, la surface de l’usine est passée, en

cinq ans, de 5 000 à 10 000 m2, et les salles propres de 1 000 à 2 700 m2 pour un investissement de près de 4 M€. « Nous produisons 50 000 inhalateurs par jour en 2x8 et nous allons atteindre 75 000 unités par jour en 3x8 », précise le directeur général Thierry Picquart qui ajoute que Nypro France produira également des inhalateurs pour AstraZeneca : « Nous avons réalisé les phases pilotes et serons opérationnels en novembre 2013 ». Le démarrage de ces productions va nécessiter le recrutement de 40 salariés d’ici à juin 2013, auxquels s’ajouteront 30 autres d’ici à juin 2014. Automaticiens, conducteurs de ligne, contrôleurs qualité… « L’objectif est de passer de 115 salariés aujourd’hui à 250 dans les cinq ans »,

complète le dg. Parallèlement, Nypro France produit depuis juillet 2012 un stylo-injecteur pour Sanofi, marché attribué en mai 2011. Cette montée en puissance devrait nécessiter rapidement une extension de 5 000 m2 des locaux qui hébergent également une activité de conditionnement cosmétique (bouchons) pour l’usine blésoise de Procter & Gamble. « D’ici à novembre 2014, les deux salles propres seront saturées », estime Thierry Picquart, qui pense en créer une supplémentaire afin d’accueillir de nouveaux clients et projets. Dans les trois ans, le site eurélien devrait faire un « énorme bond en avant », ajoute le directeur qui souhaite augmenter le CA de l’usine de 11 à 30 M€ et vise les 50 M€ à l’horiElise Pierre zon 2016.

Pourquoi Michelin a désespéré Joué-lès-Tours… La direction de Michelin a décidé de faire de l’usine de la Roche-sur-Yon, souvent citée en exemple, son unique site de production de pneus poids lourds. En sacrifiant Joué-lès-Tours…

C

onfrontée à une baisse drastique de son activité poids lourds, Michelin a décidé de stopper d’ici à 2015 sa production à Joué-lès-Tours (37). La mesure va se traduire par la suppression d’au moins 730 postes sur

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926 CDI. A l’issue de cette restructuration, il ne devrait plus subsister au sein de l’usine jocondienne que les ateliers de cuisson de membranes et de calandrage à chaud, soit un effectif compris entre 180 et 200 salariés. Dans le même temps, l’usine de la Roche-sur-Yon (85), l’autre site français poids lourds du groupe (600 salariés), va bénéficier d’un programme d’investissement de 100 M€ pour accroître sa capacité de 40 %. Le projet prévoit également la création en Vendée de 170 postes. Le malheur des uns… A la Roche-sur-Yon, l’annonce ne surprend pas les responsables syndicaux. « C’est malheureux pour nos camarades de Joué, mais leur usine a

été confrontée à des problèmes de qualité qu’elle n’a pas réussi à résoudre », soutient l’un d’entre eux. Par ailleurs, l’usine vendéenne, qui bénéficie d’un plus large spectre de fabrications, a su faire preuve d’une grande flexibilité technique et organisationnelle à un moment où elle se trouvait dans le collimateur de la direction. « C’est simple, lorsque JeanDominique Senard, le pdg de Michelin, s’est rendu à La Roche-sur-Yon l’an passé pour les quarante ans de l’usine, il a souligné qu’elle était devenue un modèle pour l’ensemble du système Michelin poids lourds », se souvient ainsi le directeur de cabinet de Pierre Regnault, le maire socialiste de la Roche-sur-Yon. JCS


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Economie

Energies nouvelles

Les acrobates de Skywork sur les éoliennes Spécialiste des travaux d’accès difficile et de la sécurité en hauteur, la société orléanaise Skywork va créer une filiale afin de répondre aux besoins du secteur éolien.

P

Jérôme Fallou, le fondateur de Skywork, contrôle les pales d’une éolienne.

assionné d’escalade et d’alpinisme depuis son plus jeune âge, Jérôme Fallou, 52 ans, originaire de Patay (45), avait lu il y a longtemps « un article sur une intervention de dépannage réalisée par des alpinistes ». Ce n’est pourtant qu’une dizaine d’années plus tard que l’ingénieur en mécanique fondait sa propre entreprise de travaux d’accès difficile, Skywork, à Fleury-lès-Aubrais (45). « Mon expérience dans le secteur industriel

me permet de répondre à des chantiers complexes réclamant des compétences en ingénierie, métallurgie ou calcul de force », souligne le créateur qui a réalisé l’an passé un CA de 205 000 €, en croissance de 30 %. Les « alpinistes du bâtiment » de Skywork interviennent auprès d’une clientèle industrielle pour installer des passerelles, plate-formes et autres moyens d’accès lorsque aucun système de levage ou d’élévation usuel n’est disponible, mais aussi pour des travaux très variés, comme « le nettoyage, les travaux de peinture, de serrurerie… Avec, au cœur de toutes nos interventions, la sécurité comme priorité », témoigne Jérôme Fallou. Autres activités de Skywork, la pose,

le contrôle et l’entretien des murs d’escalade avec son partenaire historique la société française Entre-Prises et, plus récemment l’entretien et la réparation d’éoliennes, en partenariat avec la société allemande cp.max. « Nous projetons de créer une filiale dédiée cette année, car ce marché est très porteur », ajoute le créateur, qui a bénéficié pour ce projet d’un appui des collectivités locales. « Nous allons nous former à la réparation des pales d’éoliennes. J’aimerais embaucher deux salariés pour cette activité. Mon seul problème est le manque de temps ! », sourit Jérôme Fallou, qui vient de recruter une assistante. Elise Pierre

Le luxe made in Loiret A St-Ay (45), JP Emball a négocié un virage à 90 ° : son pdg Jean-Paul Bailly a inventé un concept d’espaces de vie luxueux qu’il exporte au Moyen-Orient… et bientôt en Russie.

«P

our le 60e anniversaire de JP Emball, je voulais créer un produit qui allie notre savoirfaire traditionnel, le travail du bois transmis par mon père ébéniste, et nos activités plus récentes d’emballage aluminium et polycarbonate», explique JeanPaul Bailly, qui dirige une société de charpente et d’emballage d’une vingtaine de salariés à St-Ay (45). C’est ainsi que sont nés les espaces de vie de luxe « Carène » sous 26 La Lettre Valloire - Juin 2013

la marque « Bailly Prestige Abris», mêlant des matériaux nobles comme le bois et le métal à des panneaux en polycarbonate, le tout rehaussé de finitions or 24 carats, d’insert de cristaux, de nacre… « En temps de crise, il faut viser une clientèle en quête d’excellence en lui proposant des espaces de vie luxueux dans des endroits inattendus: ouverts ou fermés, ils peuvent accueillir une piscine, une voiture de collection comme une salle de fitness ou de billard », détaille le dirigeant qui a lancé l’an passé la distribution de ces modèles via sa seconde société, située en région parisienne. Le coût unitaire des espaces varie entre 50000 € et 200000 € ; ils ne s’adressent effectivement qu’à des

clients richissimes : « Le président de la Fédération des Emirats Arabes-Unis a donné son accord pour une salle de fitness et pour la couverture d’une piscine olympique à Abu Dhabi. Et des négociations sont en cours… pour une cinquantaine de modules ! », se rengorge Jean-Paul Bailly qui escompte signer pas moins de 20 à 30 M€ de contrats d’ici à trois ans. Si la société poursuit ses activités d’emballage dans des « flight cases » et la fabrication de cabines de traduction, Jean-Paul Bailly espère beaucoup des résultats à l’export des Carène : « Nous visons le Qatar puis la Russie, où nous cherchons un distributeur, et nous étudions le marché au Brésil !» www.baillyprestige.com EP



Economie

Energies nouvelles

L’idée lumineuse de Sysplug La société chartraine Sysplug conçoit des passerelles électroniques de communication qui utilisent le réseau d’éclairage public.

L

a société Sysplug, née à Chartres fin 2012, est le fruit d’une rencontre entre Paulino Lopez, responsable d’exploitation chez un distributeur d’énergie local, et Jean-François Charbonnier, électronicien. « Nous avons réfléchi à un projet qui utilise

le réseau d’éclairage existant », se remémore-t-il. C’est ainsi qu’a germé l’idée de concevoir et d’intégrer à chaque lampadaire des modules communicants – ou passerelles électroniques – prenant la forme d’un Smart Phone, ce qui offre un vaste réseau de communication : «Chaque lampadaire représente une source d’alimentation qui fonctionne 24h/24. » Rapidement, Sysplug a acté un partenariat avec Sigrenea (cf. mag de mars) qui a ainsi trouvé l’énergie nécessaire pour alimenter son système de collecte de déchets. « Nous travaillons avec Street Light Vision, qui fournit le logiciel de télégestion, souligne le co-fondateur, même si nous souhaitons développer notre propre équipement 100 % autonome. » Cette invention, soutenue par la CCI, Oséo, Réseau Entreprendre Val de Loire et le Conseil général 28, ouvre un large champ d’applications. « Ce réseau peut alimenter des points d’ac-

cès wifi, de recharge électrique, de communication en radiofréquence, des systèmes d’affichage publicitaire ou routier, de diffusion de messages audio, de vidéosurveillance, et même un système de détection des places de parking disponibles», explique le co-fondateur, qui va installer dès juin prochain un site pilote axé sur le wi-fi pour le Conseil général et travaille avec Chartres Métropole. «L’Hexagone compte un parc de 9 millions de lampadaires. Nous allons négocier avec les gestionnaires de ces équipements, grâce auxquels nous visons un marché international », précise Jean-François Charbonnier, qui espère réaliser un CA de 6 M€ d’ici à trois ans. « L’avantage d’utiliser le réseau existant est qu’il n’y a pas de surcoût en génie civil ! », conclut le fondateur. www.sysplug.fr Elise Pierre

Les glaces à la ferme de Droué A Droué, dans le Perche Vendômois, le Gaec de la Pierre-Cochée a diversifié son exploitation laitière en produisant des crèmes glacées à la ferme sur un modèle importé des Pays-Bas.

«C’

est en cherchant une activité complémentaire que j’ai découvert le concept hollandais de glace de la ferme », explique Laëtitia Bouilly, qui exploite avec son mari, son beau-frère et sa belle-sœur le Gaec de la Pierre-Cochée et ses 90 vaches laitières, à Droué, tout au nord du Loir-et-Cher. Après avoir vi-

sité d’autres sites similaires, ces associés familiaux ont décidé, courant 2010, d’acheter le concept et de se lancer dans la production d’une quarantaine de parfums. Près de 150000 € ont été investis afin de transformer l’ancienne salle de traite en laboratoire. « Pour les glaces, nous utilisons le lait de notre exploitation ; pour les sorbets, nous récoltons des fruits comme des fraises, framboises et cassis. Et nous privilégions l’approvisionnement local pour les matières premières ou le pain d’épices », détaille Laëtitia Bouilly. En moyenne, le lait pour les glaces est valorisé à 428 € les 1 000 litres, alors que la lai-

terie les achète seulement 348 €. En 2012, le Gaec a produit 49 000 litres de glace, ce qui représente 10 % du chiffre d’affaires de l’exploitation. La vente est assurée par différents canaux: « Directement à la ferme ou sur les manifestations, mais également dans les grandes surfaces, au milieu d’autres produits du terroir », ajoute l’exploitante, qui espère doubler la quantité produite cette année. Saveurs de foie gras et châtaigne, arômes estivaux de melon, pêche ou orange… sont également déclinés en bûches glacées, verrines et pâtisseries, une activité que Laëtitia Bouilly espère développer à l’avenir. EP



Economie

Energies nouvelles

Une addi+ion plus légère La start-up AdStellam a mis au point une nouvelle génération de caisses enregistreuses sur tablettes, L’addi+ion.

À

défaut d’alléger l’addition, ils ont allégé la caisse… Olivier Repessé, Renaud Barthez et deux anciens de l’Escem Tours-Poitiers, Christophe Millot et Sébastien Constant, se sont rencontrés chez Partake Consulting (repris depuis par Ernst & Young) avant de créer la start-up AdStellam pour lancer « L’addi+ion » : « L’épouse d’Olivier (Repessé, NDLR) cherchait une caisse enregistreuse, mais vu les

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prix – 1 200 € pour un seul boîtier de télécommande –, elle a continué à prendre les commandes de mémoire. Nous avons réalisé qu’il y avait un vrai besoin ! », raconte Sébastien Constant. Les compères ont alors développé sur iPad une caisse enregistreuse mobile et tactile, facile d’utilisation. « Il existe des applications de caisse enregistreuse sur l’AppStore, mais trop généralistes et non adaptées », ajoute-t-il. Avec un investissement de 150000 €, ils ont mis au point un pack « tout en un » pour 139 €/ mois, comprenant l’application et les mises à jour, les iPad et leur support, imprimantes, tiroir caisse, le back-up et l’hébergement. « L’addi+ion s’adapte à tout type d’établissement… Le serveur prend la commande et l’édite en cuisine, le maître d’hôtel coordonne le service

en salle et répartit les réservations entre les tables disponibles… et nous assurons la maintenance et le SAV avec la société tourangelle Polysoft Services». Et les « plus » de L’addi+ion sont nombreux : des statistiques automatiques, l’envoi de photos et films par mail, SMS… Récompensée par le 1er prix du concours Accede et lauréate du concours Graine de Boss, l’équipe débute la commercialisation et espère réaliser l’an prochain un CA de 733000 €, puis 2,8 M€ l’année suivante. « Nous avons déjà été contactés par 30 restaurateurs en une dizaine de jours ! », se réjouissent les quatre jeunes créateurs d’entreprise qui vont débuter le recrutement pour développer leur réseau commercial à partir de Tours, Paris et Bordeaux. Elise Pierre


Vactec invente le sprinkler écolo Le berruyer Vactec a inventé une solution anti-incendie très innovante. Le modèle a séduit Sofimac Partners qui vient d’entrer à son capital.

C’

est à St-Florent-sur-Cher, près de Bourges (18), que s’est implantée la société Vactec, spécialisée dans le développement de solutions innovantes de sécurité incendie. Son business model repose sur une « invention » de Maurice Kadoche, le fondateur de la société : ce dernier a conçu un système de sprinkler sous vide « que les Américains tentent de mettre au point depuis vingt ans… sans succès. Jusqu’à

ce jour, il n’existe que des systèmes à base d’hydraulique ou d’aéraulique, plutôt énergivores et donc pas très écologiques ». Le projet industriel a séduit la société de capital-investissement régionale Sofimac Partners qui a annoncé son entrée, à hauteur de 26 %, au capital d’une entreprise encore dans les starting-blocks (7 salariés). Cette injection de 450 000 € d’argent frais s’effectuera via le FCPR Emergence Innovation 1, le nouveau fonds d’amorçage technologique créé dans le cadre des Investissements d’Avenir du précédent gouvernement. Ces concours vont permettre à Vactec, qui vise un CA d’au moins 1 M€ en 2015, Maurice Kadoche de mener à bien la

certification américaine de cette application auprès de la Factory Mutual Approvals – un peu l’équivalent de notre Afnor, NDLR –, « et de débuter la commercialisation auprès de grandes entreprises du CAC 40 qui ont déjà montré leur vif intérêt pour ce produit ». Le dirigeant nous indique également qu’en fonction des résultats commerciaux, il devrait mettre à l’étude le développement de capacités de production exploitées en propre, probablement en région Centre. « Les perspectives de développement peuvent s’avérer exceptionnelles, cette solution fondée sur l’exploitation du vide est très attendue par le marché », estime Maurice Kadoche. Jean-Christophe Savattier

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Economie

Immobilier

Eiffage construit un pôle tertiaire à Tours Nord A

près divers rebondissements dans l’aménagement piloté par Tour(s)Plus du site Pierre-et-Marie-Curie à Tours Nord (rue Thalès-de-Milet et avenue du Danemark) – le promoteur Lazard s’étant retiré du projet –, la Set a choisi Eiffage Immobilier Normandie Centre, qui va débuter la construction sur 11 700 m2 de cinq immeubles de bureaux en R+2 ; ils proposeront 2 630 m2 de surface utile en plateaux divisibles. Baptisé Le Nobel’A, ce programme dessiné par le cabinet tourangeau Ivars et Ballet

sera commercialisé par Boille ImmobilierArthur Loyd pour 137 € HT/m2/an à la location ou bien à la vente (hors parking). Le permis de construire étant en cours d’instruction, le premier immeuble sera livré au 3e ou 4e trimestre 2013. Ce programme a pour objectif d’attirer des activités tertiaires et notamment des laboratoires de recherche. Tour(s)Plus réfléchirait à l’implantation d’une 3e pépinière d’entreprises – après celles du Sanitas et de la Rabière – plus orientée vers la haute technologie.

L’aménagement de l’ex-site Mame se précise à Tours

S

lera des commerces en rdc sur 900 m2 de Shon. Quatro Développement prévoit toujours un programme mixte (« L’Arpège ») de 1 750 m2 de bureaux et de 23 logements (1 790 m2 de Shon), livrable en mars 2014. Le promoteur prévoit également la livraison en mars 2014 d’une résidence de 40 logements (« Carré Preuilly ») du T2 au T4 sur environ 2 600 m2 de Shon.

ur le site de l’imprimerie Mame, à Tours, le promoteur Icade prévoit, pour un coût de 10,5 M€, la construction d’un immeuble qui abritera à la fois une résidence étudiante « Jardin des Lettres » de 178 chambres (livraison août 2014) et une résidence seniors « Jardin des Arts » de 78 logements (livraison fin 2014), avec des parties communes (cafétéria, parking…). Le bâtiment accueil-

Le palais de justice de Loches devient hôtel

A

près deux ans de recherches infructueuses, le Conseil général d’Indreet-Loire a trouvé preneur pour les 823 m2 de l’ancien palais de justice de Loches. Ce bâtiment du milieu XIXe, dessiné par les architectes Gustave Guérin et Ferdinand Collet dans le style XVIIe, va devenir un hôtel*** de 43 chambres. Le promoteur François-Régis Bouyer (Bâti-Nantes Construction) va le transformer sur les plans de 32 La Lettre Valloire - Juin 2013

l’architecte lochois Jean Baillet (ARC A3 Sud Touraine). Quelque 25 emplois devraient être créés pour le service des clients de ce nouvel établissement qui comprendra également un bar-restaurant ouvert 7 jours sur 7 et proposera à une clientèle d’affaires des salles de séminaire. Le chantier de 4,5 M€ démarrera en janvier 2014 pour une livraison prévue à Pâques 2015.

Axéréal confirme son arrivée à Olivet C’était un secret de polichinelle depuis plusieurs mois, mais le groupement de coopératives céréalières Axéréal (le beauceron Agralys et le berrichon Epis-Centre) voulait que tous les obstacles soient levés avant d’annoncer la future installation de son siège social à Olivet, au sud d’Orléans. C’est le promoteur Centre Immo Promotion, filiale de Sogeprom, qui construira ce bâtiment en L de 5 500 m2 destiné à abriter 340 salariés d’Axéréal : les postes seront proposés en priorité aux 150 collaborateurs du siège d’Agralys à Châteaudun (28) et aux 150 d’Epis-Centre à Bourges (18). Les travaux ont débuté courant mai et devaient s’achever dans le courant de l’été 2014. Axéréal a été accompagné sur ce projet par BNP Real Estate.


Groupe 6 retenu à la gare de Chartres… D ans le cadre du projet de l'îlot Casanova prévu au sein du futur pôle gare de Chartres, la SPL Chartres Aménagement a fait appel à Chartres Développements Immobiliers pour aménager le terrain retenu à l’angle des rues Pierre-Nicole et Danielle- Casanova, ainsi qu'au cabinet d’architecture Groupe 6 pour y concevoir un immeuble sur 7 000 m² évoquant « de

petites maisons de ville » et réinterprétant « les codes du Chartres historique ». L’îlot Casanova comprendra, pour un investissement de 18,3 M€, 77 appartements du T1 au T5, qui seront bâtis au-dessus de 2 000 m² de bureaux ; le projet prévoit un jardin et 194 places de parking sur deux niveaux de sous-sol. La livraison est prévue pour le 1er décembre 2014.

… ainsi qu’à Blois

D

écidément choyé par la région Centre, le cabinet Groupe 6 a été retenu par la communauté d’agglomération de Blois pour la construction de la future salle multifonctions du Jeu de Paume : Paul Chemetov et Jacques Ripault concou-

raient également (lire, à ce sujet, notre édition de mars). Le bâtiment présentera une façade de plaques de zinc pour permettre les jeux de lumière et laissera une place importante au bois pour limiter le bilan carbone de cet équipement de plus de 7 400 m2 qui permettra d’accueillir 2 500 personnes pour des compétitions de basket-ball et plus de 4 000 lors de concerts. La livraison du nouvel équipement est prévue pour le printemps 2016.

Une seconde base Bricomarché à Garancières-en-Beauce L’enseigne Bricomarché (1,9 Md€ de CA) du groupement des Mousquetaires (93,1 Md€ de CA, 3 500 points de vente) a démarré le 2 mai sur une emprise de 30 ha la construction d’une seconde plate-forme logistique de 46 500 m², à Garancières-en-Beauce, à la limite des Yvelines et de l’Eure-et-Loir, afin d’alimenter 250 magasins du nord de la France. Le groupe répond à la croissance du marché du bricolage (+ 3 à 4 % par an) en complétant son premier site logistique de 70 000 m² qui emploie plus de 300 salariés sur la commune beauceronne. Cette nouvelle plateforme, qui devrait sortir de terre d’ici à la fin de l’année, débutera son activité avec une cinquantaine de salariés.

La Lettre Valloire - Juin 2013 33


Economie

Chantiers Une médiathèque de 750 m² va voir le jour dans le quartier des Courances à Chinon. Le coût de l’opération s’élève à 1,6 M€.

CHER La construction à Bourges d’une nouvelle maison de la Culture (MCB), située à quelque centaines de mètres du site actuel (voir photo ci-contre), devrait être lancée en juillet 2015. Les travaux débuteront à cette date pour une réception prévue en 2018. Ce programme représentera une dépense de 24 M€.

EURE-ET-LOIR A Dreux, une résidence de standing comprenant 60 logements, du studio au F4, sera construite par le promoteur parisien Becarré, en lieu et place de l’ancienne coopérative agricole beauceronne, rue des Rochelles. Début des travaux en 2014. La Ville de Margon lance l’aménagement de trois lotissements sur les sites de la Cour Jouvet, le Rocher et la Joletterie, qui offriront 30 parcelles d’ici à un an. La Saedel commercialisera un quatrième lotissement de 28 lots sur le site de la Maçonnerie à l’horizon 2014-2015. La société d’économie mixte Chartres Développements Immobiliers va construire une rési-

34 La Lettre Valloire - Juin 2013

dence de 56 logements, baptisée le clos Notre-Dame, sur le site

LOIR-ET-CHER

struction de 256 logements d’ici à 2019. Toujours à Dreux, dans le cadre de la réhabilitation du parc de la Radio, le dernier bâtiment, comprenant 5 000 m 2 d’ateliers et 2000m2 de bureaux, sera livré au premier trimestre 2014.

désaffecté d’un ancien établissement d’enseignement rue des Lisses. Livraison fin 2014. A Mainvilliers, un immeuble comprenant 700 m² de bureaux et 500 m² d’ateliers va être construit pour une livraison au 1er trimestre 2014 sur la zone Pôle Ouest. Le coût de l’opération s’élève à 2,6M€. Dans le cadre de l’aménagement de la ZAC des Fenots, ancienne zone industrielle de 16 ha à Dreux, la Ville a prévu la con-

Dans le cadre du futur pôle agroalimentaire de Contres, un incubateur sera construit d’ici à la fin 2013 sur 1,3 ha ; il sera composé d’une « coque industrielle » de 850 m² et de locaux de 450 m², pour un coût de 2 M€.

LOIRET

Un dojo est en projet sur le site Jeanne-d’Arc à Chartres pour 15M€. Les travaux débuteront en 2014 pour une livraison à la rentrée 2015.

INDRE-ET-LOIRE Nexity est sur les rangs, aux côtés d’Eiffage, pour le projet d’ensemble immobilier place de la Tranchée, à l’emplacement de l’ancienne mairie annexe de Tours Nord.

La commune d’Ouzouer-sur-Loire va se doter d’une nouvelle structure qui combinera une médiathèque et une école de musique sur une surface de 1 250 m². Le coût de l’opération s’élève à 3,8 M€. La construction devrait débuter prochainement et la livraison est prévue dans 18 mois.


5 novembre 2013 6e conférence régionale de l’Innovation à Orléans

La Lettre Valloire - Juin 2013 35




ARITT - page 4


Publi-reportage

Salon Professionnel


Serge Babary, président de la CCI Touraine, et Nicole Etchegoïnberry, présidente du directoire de la Caisse d’Epargne Loire-Centre, ont signé le 28 mai 2013 une convention de partenariat visant à renforcer les initiatives en faveur de la croissance et du développement économique des entreprises.

E R T N E C E R I O L E N G R A P ’E D E S S I E A N C IG S A L E L S U O S S E PARTENAIR ET LA CCI TOURAINE T DU DÉVELOPPEMENT DE LA CROISSANCE E

et la Caisse ssion, la CCI Touraine ce ré de de rio pé du tte ne de la croissance et ire provocatrice en ce vo sig le le, xa us do so ra é pa ac pl e t bl m ria rait se d’un partena D’une façon qui pour leurs efforts au travers ir un d’ é cid dé t on misme pour continuer d’Epargne Loire-Centre na dy de et es tiv tia ini faire preuve d’ us voudéveloppement. n de partenariat. « No plus difficiles qu’il faut tio nt en so nv ps co m la te r ne les sig ue sq sposition les uraine, avant de « C’est au contraire lor uvons mettre à leur di po président de la CCI To le us no ry, e ba qu Ba nt e ra rg su . Se as é r d’avancer » a estim d’Epargne Loire-Centre e efs d’entreprise en leu ch iss x Ca au t la en de e em oir ag ct ur re co s d’en ésidente du di n d’ateliers lons donner des signe le Etchegoïnberry, la pr tes comme la créatio rè co Ni nc é co m fir ns af itio a os », r sp di pe ition sur Internet d’un moyens de se dévelop un certain nombre de os sp oit di év à pr s ise ire m na la rte , es pa les deux ux organism ace des L’accord signé entre et les experts des de encore la mise en pl rs ou eu en e, pr èm tre th en ce s à de t es an ences consacré « Croissance » réuniss rganisation de confér l’o », e nc sa ois cr la « vade-mecum de treprises en 2014. Rencontres Touraine En

RETROUVEZ L’ACTUALITÉ

DES DÉCIDEURS EN RÉGION CENTRE http://www.decideursenregion.fr/loire-centre


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La Sardaigne terre de mille feux Située à une dizaine de kilomètres au sud du rivage corse, la Sardaigne, seconde plus grande île de la Méditerranée après la Sicile, offre une exceptionnelle variété de paysages et de sites culturels. La cité aragonaise d’Alghero, située au nord-ouest, constitue un excellent camp de base pour aller à la rencontre de la 46-47 magie sarde.

Le château aux sept rois Venant de Paris, Blois est le premier grand château du Val de Loire. Pourtant, Louis XVI voulut détruire le chef d’œuvre des rois Valois, alors abandonné. Heureusement, le XIXe siècle sauva cet édifice qui fut siège de la couronne durant 48 toute la Renaissance.

Alain Briand fait reluire la reliure tourangelle A Tours, au cœur du quartier de la cathédrale, Alain Briand est l’un des derniers relieurs d’art de la région. Une activité entretenue par des collectionneurs passionnés.

Le château de Chargé au Top

Le site mondial TripAdvisor a distingué un petit château d’hôtes niché dans la campagne chinonaise à la 2e place nationale et 10e mondiale. Ses propriétaires, d’anciens cadres, ont choisi de se mettre au vert et de restaurer le chai pour le plus grand bonheur de leurs hôtes.

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Escapades

Ailleurs

La Sardaigne terre Située à une dizaine de kilomètres au sud du rivage corse, la Sardaigne, seconde plus grande île de la Méditerranée après la Sicile, offre une exceptionnelle variété de paysages et de sites culturels. La cité aragonaise d’Alghero, située au nord-ouest, constitue un excellent camp de base pour aller à la rencontre de la magie sarde.

M

oins tellurique et « verticale » – certes, les massifs montagneux occupent 14% de son territoire mais le Gennargentu, son point le plus haut, ne culmine qu’à 1 834 m –, la Sardaigne n’est toutefois pas esthétiquement devancée par son ombrageuse petite cousine corse dont elle n’est séparée que par les 11 km des impétueuses bouches de Bonifacio. La seconde île de Méditerranée par la taille, après la Sicile, probablement la plus industrieuse, est aussi plus riche des traces multiples qu’ont laissées ses occu-

culturels, un défilé de micro régions qui ont été organisées aux temps médiévaux en quatre judicats (giudicati), ancêtres des actuelles provinces (Cagliari, Sassari, Oristano et Nuoro). Mais la vieille dame qui rissole en été à des températures flirtant avec les 40° n’est pas toujours fréquentable. Les âmes contemplatives, ou tout simplement attirées par le calme, éviteront de s’attarder sur ses rivages au mois d’août. Notamment, ceux du NordEst, pris d’assaut à cette période par des hordes de vacanzieri, dont les

période d’avril à juin, et pourquoi pas de jeter son dévolu sur la région de Sassari située au nord-ouest de l’île, et notamment sur Alghero, une ville côtière ceinte de belles fortifications, surnommée la « petite Barcelone ». Certes, sa promenade, installée le long de la mer, évoque immédiatement les célèbres ramblas catalanes. Mais c’est dans l’histoire ancienne qu’il faut aller chercher les racines de cette dénomination. En 1354, la ville fut prise par Pierre IV d’Aragon à la tête d’une impressionnante expédition qui imposa par la suite aux Sardes une

parasols à touche-touche forment sur les plages vues du haut, une spectaculaire – et inaccessible – canopée multicolore. On ne saurait mieux conseiller pour partir à sa rencontre que de choisir la

vigoureuse politique d’assimilation. Cette empreinte linguistique est tenace et il n’est pas rare d’entendre les Algheresi pratiquer encore aujourd’hui une forme ancienne de catalan. Pour autant, Alghero et ses environs

Alghero, front de mer.

pants successifs tels les Etrusques, Phéniciens, Romains et, plus proche de nous, la brillante civilisation aragonaise. Au final, cette grande région italienne offre au visiteur une exceptionnelle variété de paysages et de sites

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de mille feux forment une exceptionnelle base de départ pour découvrir certains des plus beaux joyaux de la Nurra, de Capo Caccia, jusqu’aux plages féériques de Stintino et de l’Isola Asinara, une belle part de la côte sauvage jusqu’à Oristano, un haut-lieu de l’ouest sarde d’où l’on peut rallier les émouvantes ruines de Tharros, un comptoir établi par les Phéniciens vers la fin du VIIIe siècle av. JC dans un cadre maritime d’une très grande beauté. Mais avant de pousser plus au sud et après avoir épuisé les charmes multiples d’Alghero – notamment la dégustation à la nuit tombante d’un verre de Vermentino au Skybar, un bar lounge situé au dernier étage de l’hôtel Catalaunya offrant une vue imprenable sur le port –, cap... sur Capo Caccia ! C’est au coucher de so-

leil que l’on ne saurait que trop conseiller de rallier le belvédère, une splendide terrasse naturelle de laquelle on contemplera les altières falaises calcaires du cap, véritable « signature » visuelle de la ville et de sa

rade. Les courageux tenteront, à la droite de la plate-forme, l’Escala del S’Y RENDRE Cabirol (l’escalier du chevreuil) qui leur propose en descente… puis en On peut se rendre en Sardaigne montée 656 marches (110 mètres de en avion en ralliant les aérodénivelé) qui mènent à la Grotta di ports de Cagliari « Mario Mameli », la « caNettuno, (« la grotte de Neptune »), pitale » sarde située tout au sud, d’Olbia, au une curiosité géologique qui abrite le nord-est, ou d’Alghero. Ce dernier est naLago Lamarmora, l’un des plus grands turellement desservi par Air France et par Alilacs salés d’Europe, et une saisissante talia à partir de Paris, Nice et d’autres villes succession de stalagmites et stalactites. françaises. La cavité est également accessible A noter que la compagnie low cost via des navettes maritimes partant du Ryanair - résidente à Alghero port. Mais la formupropose notamment de rallier le aux heures d’afcette dernière dès le mois de fluence peut dissuajuin à partir de Paris-BeauOlbia der les allergiques vais. Pour un prix a miSassari au tourisme de nima de 48 €. masse… Alghero Une autre possibilité est Pour les mêmes raide se rendre en Corse sons, c’est plutôt au prin(en rejoignant notamment Bosa temps et à l’heure du laiNuoro les aéroports d’Ajaccio ou tier qu’il convient de déde Figari) puis de rallier la Tharros couvrir, tout au nord Sardaigne via les ferries de cette micro région, Oristano qui desservent l’île italienles plages fabuleuses qui ne à partir de Bonifacio ou entourent Stintino, un d’Ajaccio. village de pêcheurs qui L’auteur de ces lignes a une furent expulsés de SARDAIGNE préférence marquée pour la l’Isola Asinara lorsdesserte entre Bonifacio et Cagliari que l’Etat italien Santa Teresa de Gallura assurée décida de conspar la compagnie Moby Lines truire… un lazaret Ferries qui permet de traverser les et un bagne. Deux simagnifiques « bouches» en bénéficiant d’un tes sont à visiter d’urgence: point de vue, à l’aller comme au retour, sur d’une part, l’extraordinaire plage les magiques falaises et façades suspendues blanche et turquoise de la Pelosa, orde Bonifacio. née d’une fortification espagnole ; le http://www.mobylines.fr/ parking est payant mais des bus perPour un voyage de moins de trois mois, les mettent de la rallier à partir du village. ressortissants de l’Union européenne – la SarA compléter par la balade au belvédaigne est une région italienne à part entière – dère et jusqu’au sommet de Capo Faldevront être munis d’une carte d’identité ou cone qui offrent des panoramas exd’un passeport en cours de validité. ceptionnels sur la mer et les falaises environnantes.

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Escapades

Ailleurs

MÉTÉO Méditerranéenne, tellement méditerranéenne avec une douceur tout au long de l’année et des hivers très courts de décembre à février ! La région nordouest est plutôt pluvieuse et le climat reste sec, très sec dans le Sud. Attention en juillet-août, le thermomètre s’affole et dépasse couramment les 40°, mais le ressenti est L’Isola Asinara constitue un second atténué par la fraîcheur des brises de mer. site qu’il convient de découvrir On peut se baigner de mai à par la mer – on peut louer un accia octobre. Capo C bateau à moteur ou un voilier

à Stintino… – avant d’y accoster pour s’évader dans le parc naturel couvert de maquis ou survivent une trentaine d’espèces endémiques dont le mouflon, le sanglier, l’âne sarde et l’âne albinos. Les passionnés d’histoire pénitentiaire seront comblés par les restes du bagne ; l’Isola Asinara accueillit aussi entre 1960 et 1997 une prison de haute sécurité. A pied ou en 4 x 4

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(location possible sur place), on se rendra à la baignade – attention, certaines zones sont préservées et interdites – à la Cale d’Arena, la plus septentrionale de l’île et probablement la plus belle. Les plongeurs se rabattront sur la Punta Barbarossa, située plein est, et toute décorée d’étranges rochers roses. Plus au sud, il ne faut manquer sous aucun prétexte le village d’Argenteria. Ce dernier accueillit, de l’époque romaine jusqu’en 1963, des activités d’extraction de plomb, de zinc… et d’argent. D’où le nom de la ville. Les visiteurs d’origine tourangelle ne seront pas totalement dépaysés puisque l’un des plus illustres d’entre eux, un


paysage archéo-industriel vaguement inquiétant et mélancolique. Plus bas, et tout au long de la route, se succèdent des plages et des criques aux eaux turquoises faites pour le farniente. A voir sans tarder avant que la restauration ne transforme ce site troublant en ville-musée… Au chapitre des ruines, et la Sardaigne en regorge – de la civilisation nuragique contemporaine de l’âge de bronze, punique, carthaginoise, romaine et byzantine, jusqu’aux temps modernes (architecture aragonaise, maison de Savoie) –, l’un des temps forts d’un séjour sarde peut constituer en la visite du site de Tharros. A partir d’Alghero (comptez plus de 2 heures), il suffit de suivre, plein sud, la prestigieuse côte sauvage jusqu’à la péninsule de Sinis. On pourra sur la route faire halte et se perdre judicieusement à Bosa, un village d’aspect ligure aux façades spectaculairement colorées (connu pour la Malvasia, un vin blanc doux) qui, dans un enchevêtrement de ruelles fraîches et de placets, grimpe jusqu’à une citadelle médiévale Tharros dominant la région. Puis, bien plus loin, voici enfin Tharros. Ce mouillage phénicien sur la route maritime certain constitua une Honoré de importante escale Balzac, y vint entre Carthage et pour tenter Marseille. Nous ne d’y faire fortune sommes pas à Ephèse dans les années et il faut bien un peu de 1830. Il en revint, déçu temps pour s’imaginer la vie qui y et plumé, ne ramenant dans ses malles que quelques échantillons régna mais les vestiges sont suffisans valeur. Aujourd’hui, le village, en samment expressifs pour échauffer dépit d’un programme gouverne- l’esprit. Surtout, le cadre naturel, mental de réhabilitation en cours – d’une impressionnante beauté, n’a pas toujours heureux sur le plan archi- probablement pas beaucoup changé tectural – a des allures de ville- depuis l’Antiquité… fantôme. Les vestiges poignants du puits, des logements des ouvriers, des Jean-Christophe Savattier ateliers, du comité d’entreprise et du bureau du directeur composent un

SE LOGER Toute la gamme des hébergements est disponible en Sardaigne, des modestes Bed & Breakfast jusqu’aux hôtels et résidences plus huppés. On recommandera au visiteur la pratique des hébergements ruraux, ces fameux agriturismo qui fleurissent un peu partout tant sur le littoral que dans l’intérieur des terres (en Sardaigne, comme d’ailleurs dans le reste de l’Italie ! ). Les prix peuvent considérablement varier d’une saison et d’une région à l’autre. Ainsi, les hôteliers de la Costa Smelrada, située au nord-est, pratiquent des tarifs parfois… trois fois plus élevés qu’ailleurs. GASTRONOMIE L’on mange très bien en Sardaigne, comme du reste un peu partout en Italie. Hormis les inéluctables pizzas et les tagliolini que vous consommerez dans des trattorie ou des osterie, tentez, si vous en avez l’opportunité, la langouste à la catalane, une spécialité d’Alghero. La charcuterie (jambon, salami sarde) est excellente, ainsi que toute la gamme des fromages (pecorino, ricotta). NAUTISME La beauté de cette île méditerranéenne, la qualité de ses eaux, la douceur de son climat la prédisposent à la pratique des sports nautiques. Mais attention, les adeptes des engins à moteur ne sont pas toujours les bienvenus. Plusieurs aires marines ultra-protégées – c’est notamment le cas de Capo Caccia et d’Isola Piana, près d’Alghero – sont interdites d’approche, et encore plus de débarquement. Les propriétaires de Zodiac ou de jetskis sont priés d’aller beacher ailleurs !

Alghero

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Escapades

Le château aux Venant de Paris, Blois est le premier grand château du Val de Loire. Pourtant, Louis XVI voulut détruire le chef-d’œuvre des rois Valois, alors abandonné. Heureusement, le XIXe siècle sauva cet édifice qui fut le siège de la couronne durant toute la Renaissance.

B

lois est une sorte d’anti-Chambord, pourtant si proche. Là où le rêve démesuré de François Ier fut bâti pour l’essentiel d’un seul tenant, presque d’un seul coup de crayon, la construction de Blois s’étala sur quatre siècles. A l’origine forteresse médiévale des comtes de Blois, l’édifice traversa anonymement le Moyen-Âge pour se réveiller aux balbutiements de la Renaissance. Dès son accession au trône, en 1498, Louis XII décida d’ajouter la grande bâtisse aujourd’hui à l’entrée du château, face à l’esplanade, aux vestiges de la for-

teresse. De celle-ci, il nous reste la Tour du Foix, dont la terrasse offre un superbe panorama sur la ville et la Loire, et surtout la salle des Etats généraux, la plus grande salle gothique du début du XIIIe siècle visible en France. Construite par le seul roi de la lignée des Valois-Orléans pour embellir ce qui était devenu, un demi-siècle auparavant, la résidence et le salon littéraire de son père, le prince-poète Charles d’Orléans, l’aile Louis XII est à la croisée des styles et des siècles. Les ornements des grandes baies et des lucarnes, comme l’appareil de pierres de tuffeau et de briques rouges de sa façade, appartiennent encore au gothique flamboyant ; mais le printemps du Rinascimento jaillit sur les piliers de la galerie du rez-dechaussée et leurs décors exécutés par des artistes français sur le modèle des maîtres italiens. Au-dessus du grand portail d’entrée trône la statue équestre du roi, qui reçut en ces lieux le père et la mère du futur Charles Quint, auquel il désira, un temps, marier sa fille Claude. Claude, fille aînée de Louis XII et d’Anne de Bretagne, eut bien un destin de reine, mais de France. Elle épouse à 14 ans son cousin François d’Angoulême, devenu roi le 1er janvier 1515, qui décide d’embellir à son tour le château. C’est le premier chantier du jeune (20 ans) souverain, celui qui va préfigurer Chambord. A cette époque, la Renaissance est confortablement installée en bord de Loire, son représentant le plus illustre, Léonard de Vinci, y coulera même les trois dernières années de son existence (1516-1519). Le vainqueur de Marignan, un géant impulsif, mais cultivé et raffiné, fait construire

entre 1515 et 1520 l’aile qui porte son nom, au nord de la cour du château. Sa plus célèbre réalisation est l’escalier monumental à vis, dont trois des huit côtés sont encastrés dans la façade, tout entière en pierres de taille. Celle des Loges, qui domine aujourd’hui de toute sa majesté la ville et qui surplombait les jardins au XVIe siècle, s’inspire de l’architecture du Vatican. François Ier se plaît à Blois. S’il bouge beaucoup, avec toute sa cour, il fera du château royal de Louis XII sa résidence principale. La salle du trône est somptueuse, prête à recevoir ses audiences. La mort de la reine Claude en 1524 l’éloigne un peu de Blois, mais la construction de Chambord, entamée en 1519, le ramène sur les bords de la Loire et de nombreux édits royaux attestent qu’il y vint jusqu’à sa mort, en 1547. Ses descendants n’apportèrent pas – ou si peu – leur pierre à l’édifice mais, durant les quarante ans de leurs règnes, l’histoire de France se joua à maintes reprises à Blois. Henri II et son épouse, l’italienne Catherine de Médicis, adorèrent y donner des fêtes. L’austère Toscane mourut d’ailleurs à Blois. Son fils François II, monté sur le trône à l’âge de 16 ans, y passa la moitié de son court règne de 17 mois ; son frère Charles IX, roi à 10 ans et mort à 24 ans, y viendra souvent. Henri III, troisième fils d’Henri II, y organisera deux fois les Etats généraux du royaume : la seconde, fin 1588, restera dans l’histoire. Cerné par la ligue catholique, Henri III fait assassiner le duc de Guise et, pour faire bon poids, le cardinal de Lorraine, frère du duc, le lendemain. La ligue est décimée, mais ce méfait ne portera pas


sept rois Le patrimoine animé Avec ses 290 000 visiteurs annuels, le château royal de Blois se situe, en terme de fréquentation, à bonne distance des deux joyaux de Chambord et de Chenonceau et de leurs quelque 800 000 visiteurs. Mais il s’active pour rattraper son retard. Un nouveau parcours de visite a été inauguré cette année : on a ajouté une dimension pédagogique avec les six grands écrans en 3D disposés dans la Salle des Etats qui proposent une lecture chronologique du château. Le musée des Beaux-Arts, abrité dans l’aile Louis XII, bénéficie aussi d’une présentation rénovée : on peut y admirer des œuvres de Boucher, Ingres ou David d’Angers. Depuis Pâques, le Son et Lumière donné dans la cour du château a repris : tous les soirs (à 22 h 30 durant la période estivale) jusqu’au 22 septembre, il met en scène durant 45 minutes les amours, les drames et les mystères du château sur un texte d’Alain Decaux dit par de grandes voix du théâtre (Robert Hossein, Pierre Arditi, Fabrice Lucchini). De la mi-juillet à la fin août, il est complété par un spectacle quotidien d’escrime (11 h, 15 h 30, 17 h). Le jeune public n’est pas oublié avec des visites thématiques qui lui sont réservées, une signalétique adaptée et même un livret-jeux…

chance au roi, qui tombera lui-même sous le couteau du moine Clément sept mois plus tard. Henri IV, son lointain cousin et successeur, reprendra les travaux à Blois : il aménage une imposante galerie entre les jardins qui fut malheureusement détruite au XVIIIe siècle. Son fils Louis XIII ne marquera guère Blois, où il va tout de même exiler sa mère Marie de Médicis en 1617. Mais c’est son frère Gaston qui prend le relais de Louis XII et de François Ier. Il

entreprend en 1635 la construction du nouveau palais, qui va fermer la cour à l’ouest et en partie au sud. Il confie les plans à François Mansart. Mais le chantier cesse brusquement en 1638, avec la naissance d’un dauphin – le futur Louis XIV – qui brise net les espoirs de Gaston de monter sur le trône. C’est peut-être ce qui a sauvé les ailes Louis XII et François Ier de la destruction puisque l’intention du nouveau propriétaire était de les détruire pour imposer un château tout entier classique.

Gaston restera à Blois et s’éteindra en 1660 dans l’aile François Ier, préférée à l’édifice inachevé de Mansart. Louis XIV tourne la page du Val de Loire et de Blois, où il ne viendra qu’une fois. Le château des rois Valois tomba alors dans l’oubli. A la fin du XVIIIe siècle, il est dans un tel état d’abandon et de délabrement que Louis XVI ordonne sa destruction. En 1810, il échoit à la municipalité. En 1840, Prosper Mérimée l’inscrit sur la liste des Monuments Historiques : c’est l’architecte Félix Duban qui est chargé de sa restauration. Duban a déjà à son actif l’Ecole des Beaux-Arts et la Sainte-Chapelle à Paris. Il s’attelle à un vaste chantier que sa mort (1870) n’interrompra pas ; il invente plus qu’il ne copie les motifs dérivés des tissus de la Renaissance et de l’héraldique, témoin le curieux carrelage de la galerie de la Reine, dans l’aile François Ier, aux formes géométriques jaunes, blanches et bleues censées styliser des fleurs de lys. Adepte de la polychromie, Félix Duban va imaginer un décor peint pour les appartements royaux. Un siècle et demi plus tard, on est encore saisi par leur richesse. François-Xavier Beuzon

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Escapades

Alain Briand fait reluire la reliure tourangelle A Tours, au cœur du quartier de la cathédrale, Alain Briand est l’un des derniers relieurs d’art de la région. Une activité entretenue par des collectionneurs passionnés.

D

epuis 2006, Alain Briand entretient à Tours une tradition artisanale multiséculaire : il est, en effet, l’un des deux ou trois derniers relieurs de Touraine. Pour autant, cet artisan qui fut formé au lycée Paul-Cornu de Lisieux refuse d’être assimilé à « une sorte de dernier des Mohicans ». « Le métier change et évolue. La reliure de tout-venant, celle qui concerne des travaux de quelques centaines d’euros, est certes en déclin. Les gens ne s’amusent

plus à faire restaurer les livres communs. En revanche, le haut de gamme tire l’activité et ce, surtout depuis la crise de 2008», estime ce professionnel qui tient boutique en compagnie de son épouse, rue Albert-Thomas,

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à deux pas de la cathédrale. Car le livre de collection, les éditions rares ou limitées, les petites perles du XVIIe ou du XVIIIe, ainsi que certaines créations originales contemporaines, ont plus que jamais la cote et font le miel des passionnés. Qui n’hésitent pas à investir des fortunes dans la restauration de leurs « pièces » abîmées par le temps ou des accidents domestiques. « Il n’y a pas vraiment de prix moyen dans notre activité, poursuit Alain Briand, tout dépend de l’ampleur de la restauration des matières travaillées ; les reliures et les boîtiers utilisant du maroquin et de la feuille d’or peuvent atteindre des montants très élevés. Pour autant, les devis les plus fréquents sont compris dans une fourchette de 1 300 à 1 700 € . » L’artisan se souvient a i n s i d’avoir eu à restaurer – la facture avait dépassé les 10 000 € ! – un ouvrage datant de 1840 et consacré aux… coquillages. « C’est le premier livre imprimé utilisant la chromolithographie. Un véritable chef-d’œuvre ! ». Un chefd’œuvre que notre maître relieur n’a pas souhaité garder trop longtemps

en atelier pour d’évidentes raisons de sécurité… La boutique voit aussi passer de très beaux ouvrages en série limitée, illustrés par des peintres stars ou des illustrateurs de renom. Et puis, il y a les modes, qui viennent régulièrement animer le marché. Depuis plusieurs années, ce sont les Jules Verne, notamment ceux édités par les éditions Hetzel et leurs fameux dos polychromes (Dos au phare ou Dos à l’ancre) qui font l’objet de l’attention jalouse et rivale des passionnés. « On peut aussi compter sur la BD. Les collectionneurs peuvent dépenser beaucoup d’argent pour préserver et sauvegarder des albums rares » explique Alain Briand. Et puis, naturellement, s’ajoutent à ces travaux les commandes des collectivités locales qui confient au relieur des chantiers de restauration de livres de bibliothèques ou de registres d’actes officiels. « Si les organismes publics numérisent leurs données, ils ont toujours l’obligation de conserver la plupart des actes officiels sur papier ». Enfin, Alain Briand ne se satisfait pas totalement de restaurer les ouvrages des éditeurs, les plus illustres soientils. Mi-poète surréaliste, mi-émule de l’Almanach Vermot, ce sympathique artisan édite lui-même des livres-objets qui figureront bientôt en bonne place dans les cabinets de curiosité : on relèvera ainsi cet iconoclaste « L’ivre de cave » en forme de bouchon ou ce curieux ouvrage en forme d’oreiller, baptisé « Le Livre dort », sans doute rempli d’histoires à dormir debout. Jean-Christophe Savattier


Le château de Chargé au Top Le site mondial TripAdvisor a distingué un petit château d’hôtes niché dans la campagne chinonaise à la 2e place nationale et 10e mondiale. Ses propriétaires, d’anciens cadres, ont choisi de se mettre au vert et de restaurer le chai pour le plus grand bonheur de leurs hôtes.

L

e site de voyageurs TripAdvisor, qui répertorie 75 millions d’avis et opinions en ligne, a distingué dans son classement 2013, à la catégorie chambres d’hôtes, le château de Chargé – « Loire Valley Retreat » – à la 10e place mondiale, 7e place européenne et à la 2e place nationale et ce, parmi les 6 000 établissements notés dans 82 pays : 98 % des clients qui ont laissé un avis sur le site internet de cette chambre d’hôtes à 10 km de Chinon lui ont accordé la mention « excellent». « Nous sommes passés à 9 000 clics par jour », se réjouit le couple de propriétaires Jérôme et Charlotte Field (ci-des- 300000 € de travaux…», relate Jé- des touristes en proposant également la « table d’hôte » à raison de 26 euros sous), qui a pris tous les risques en 2008 rôme Field. Aujourd’hui, en proposant quatre le menu. «Après la visite de nombreux afin de restaurer suites raffinées dont deux familiales sites à proximité, comme l’abbaye de (150 à 200 € la nuitée, petit-déjeuner Fontevraud, le musée Rabelais, les inclus), le coût total des aménage- caves, les châteaux… les hôtes avaient ments s’élève plutôt à 650000 €. envie de rester dîner le soir». A raison « Tenir une chambre d’hôtes, c’est un de 600 nuitées sur l’année, la société vrai métier ! », souligne Jérôme Field, réalise un CA de 150 000 €. «Ce n’est qui a cessé comme son épouse pas suffisant pour nous payer comme toute autre activité – excepté le né- des salariés, mais le taux d’occupation goce en vins, proposé sur place – est de 95 % de juin à septembre», se réafin d’être disponible auprès de ses jouit le propriétaire. Cet engagement ce petit château du XVe siècle clients… comme du personnel (3 sa- a été également récompensé dans le caché dans la campagne chinonaise en- lariés). « Pour conserver une vie de fa- Michelin 2013 et par le Figaro Magatre les villages de Marçay et de La mille avec nos quatre enfants, il nous zine qui cite le château parmi les 200 Roche-Clermault. Précédemment ins- fallait gérer les lieux comme une plus belles chambres d’hôtes. tallés en Suisse, où Jérôme travaillait TPE et déléguer des tâches pour Elise Pierre pour un fonds d’investissement tandis conserver la même qualité d’accueil 2 rue de Chargé que la britannique Charlotte était char- et de standing », explique le proprié- 37500 La Roche-Clermault gée pour le gouvernement irlandais de taire qui s’est adapté aux désidératas www.loirevalleyretreat.com favoriser l’export des TPE au Benelux, le couple « a tout plaqué pour se ET AUSSI... mettre au vert en famille !». Tombés A seulement 3 km, le château de Marçay a été classé meilleur château romantique de amoureux de la Touraine, ils ont ciblé France et a obtenu la seconde place sur 17 hôtels à Chinon au classement TripAdvileurs recherches entre Amboise et sor, avec 102 avis « excellent » sur 183. Depuis son référencement sur TripAdvisor, Chinon, jusqu’à fondre sous le charme l’établissement est passé de 2 000 à 25 000 clics uniques. du chai de Chargé. « Nous avons investi 650000 € pour acquérir le domaine, auquel nous comptions ajouter

www.chateaudemarcay.com

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Carnet RÉGION Daniel Dubost, 54 ans, a pris au mois d’avril les fonctions de directeur du Courrier Beauce Sologne (départements du Loiret, du Loir-et-Cher et d’Eure-etLoir). Cette direction gère 73 plateformes courrier et comprend 2 700 collaborateurs dont 1 735 facteurs. La couverture de la région Centre est complétée par la direction du Courrier Touraine-Berry (Indre-et-Loire, Indre et Cher).

RÉGION Marc Sauvage vient d’être nommé directeur des achats et des services juridiques de la Région Centre. Il aura pour mission d’élaborer une nouvelle stratégie d’achat pour la collectivité. Marc Sauvage était précédemment directeur des achats du groupe Bouygues Télécom. Michel Greliche succède à Michel Derrac à la tête de la Direccte Centre. Agé de 57 ans, cet ingénieur du corps des mines était depuis trois ans à la tête de la Direccte Limousin : il était également commissaire au redressement productif de cette Région depuis l'été dernier.

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En poste à Tours depuis 2010, Laurence Eymieu, directrice régionale de la SNCF, a quitté ses fonctions le 1er juin. Elle est remplacée par Yvon Borri, actuellement directeur délégué des trains express régionaux (TER).

EURE-ET-LOIR Guillaume Clément, vice-président de Leo Pharma à Vernouillet, vient d’être élu président de

Habitat (1er bailleur social de la région Centre, 22 500 logements). Il était jusqu’alors directeur général de Métropole Habitat St-Etienne et président de l’association des maîtres d’ouvrage sociaux de la Loire (Amos 42).

LOIR-ET-CHER Polepharma, l’association qui regroupe les entreprises du médicament des régions Centre, Haute-Normandie et Ile-deFrance. Il succède à Jean-Pierre Dubuc, vice-président opérations industrielles et médecine générale du laboratoire Ipsen. Le sénateur et président du Conseil général d’Eure-et-Loir Albéric de Montgolfier siège au comité national d’orientation de la Banque publique d’investissement (BPI). Sa stratégie sera élaborée avec l’aide d’un conseil national d’orientation de 21 membres.

INDRE-ET-LOIRE Jean-Luc Triollet, un architecte DPLG âgé de 48 ans, est devenu le 4 mars dernier le nouveau directeur général de Val Touraine

Le président du Conseil général et ancien ministre de la Ville et du Grand Paris Maurice Leroy a été choisi par le maire de Moscou pour suivre le dossier du Grand Moscou sur lequel travaille deux architectes français. Lors de son mandat de ministre, Maurice Leroy avait étroitement piloté le dossier du Grand Paris qui faisait partie de ses attributions.

LOIRET Chez Thalès depuis 2006, Pierre Bénard vient d’être nommé président de TDA Armements à La Ferté-St-Aubin ; il succède à Guy Lefebvre qui est promu président de Thales Avionics Systèmes Electriques. Pierre Bénard était précédemment directeur du centre de compétences mécanique et thermique de Cannes.


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