5€ MAGAZINE N°55 - JUIN 2021
FAISEUR DE RÊVES Rodolphe Delord, président du ZooParc de Beauval
Point de vue Redécollage près quinze mois de pandémie, le trafic aérien se réveille peu à peu de sa torpeur : les trois quarts des appareils cloués au sol durant plusieurs mois ont redécollé. Fragilisées, surtout lorsqu’elles étaient très dépendantes de l’aviation civile, les plateformes aéroportuaires cherchent à se repositionner en espérant que les vols commerciaux, le fret et l’aviation d’affaires puissent retrouver rapidement une activité normale. L’aéroport Marcel-Dassault de Châteauroux possède des atouts importants. Avec sa longue piste de 3 500 m et prochainement son hangar géant, l’équipement aspire à devenir une base arrière essentielle pour la maintenance des avions. Pour survivre dans la compétition des aéroports français, trop nombreux et trop peu rentables, Tours devra de son côté impérativement proposer d’autres destinations aux touristes entrant et sortant. Avec St-Denis-de-l’Hôtel et Bourges, dédiés à l’aviation d’affaires, et l’ancienne base aérienne de Châteaudun, en pleine reconversion, le territoire offre un dispositif aéroportuaire très complémentaire. Mais pour concrétiser ces espoirs, les collectivités doivent s’impliquer financièrement. Une fois les conséquences de la crise surmontées, l’avion reprendra sa forte croissance, c’est une certitude. Et le Centre-Val de Loire ne doit pas louper l’embarquement. Notre reportage sur les aéroports régionaux dans les pages qui suivent.
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Ce magazine est un hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Édité par MCM Presse - SAS au capital de 100 000 € - RCS Tours B 450 613 591 - Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours - Adresse postale : BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com - Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) - Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) - Aurélie Vouteau (édition) Ont participé à ce numéro : Johan Galy, Mathieu Letierce - Maquette : Régis Beaune - Diffusion : Nadine Gomès - Crédits photographiques : Cyril Chigot : Une, 40, 42, 45, 48 - DR : 13, 18, 20, 22, 23, 26, 27, 29, 33, 36, 53, 54, 56, 58, 59, 60, 61, 62 - Aéroport de Châteauroux : 11, 12, 15 - Johan Galy : 25 - Jean-Christophe Savattier : 30, 50 - Ville de Tours (V. Liorit) : 32 - François-Xavier Beuzon : 46, 47, 48, 49 - Caves Ambacia : 49 - Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) - Informations légales : Abonnement annuel 2021 (23 numéros + magazines hors-séries) : 385 € - Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 485 € - Prix de ce numéro : 5 € - CPPAP : 0126 I 85872 - ISSN : 1246-4333 - Dépôt légal : Juin 2021 - Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon.
La Lettre Valloire - Juin 2021
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SOMMAIRE Juin
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Points chauds L’actualité du trimestre en bref.
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Reportage La région Centre-Val de Loire ne dispose pas d’un aéroport international comme plusieurs de ses voisines, mais de plusieurs équipements à vocation différente. Chacun devra se spécialiser et se renforcer dans le créneau choisi.
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Reportage Le 1er juillet, l’Armée de l’air remet les clés de l’aéroport de Tours-Val de Loire au civil qui récupère au passage 210 ha d’anciens terrains militaires. Après la crise Covid-19, l’aéroport se cherche un avenir pour redécoller.
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Rodolphe Delord a fait du parc zoologique de Beauval une institution. Passionné, visionnaire, cet autodidacte a donné vie au rêve d’une mère qui a quitté les planches de Bobino pour s’installer à St-Aignan par passion pour les oiseaux.
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Entreprises
Le constructeur tourangeau d’équipements ferroviaires Socofer travaille à la mise au point d’un train électrique ultraléger autonome qui pourrait s’imposer sur les mobilités péri-urbaines de courte distance.
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Reportage En place depuis le début de l’année 2020, la direction de l’aéroport de Châteauroux piaffe de donner à l’équipement la place qu’il mérite sur les marchés du fret et de la maintenance aéronautiques.
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Politique À Tours, l’écologiste Emmanuel Denis et son équipe ont nourri plusieurs polémiques en début de mandat. Sans dévier des objectifs de la campagne, les nouveaux élus découvrent les réalités gestionnaires.
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Territoires Les entreprises du Controis et de la vallée du Cher ont plutôt bien résisté à la crise. Mais le manque de main d’œuvre ainsi que la rareté du foncier artisanal et industriel font craindre pour l’avenir de ce territoire.
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En vue
L’actualité des dernières nominations de responsables et acteurs de la vie économique de la région Centre-Val de Loire
La Lettre Valloire - Juin 2021 La Lettre Valloire - Septembre 2020 5 5
LE CARRÉ
POINTS CHAUDS
VIP
BATAILLE EN VUE Édouard Philippe, Ancien Premier ministre
C’est peu dire que les visites à Tours – ici sous les Halles – et Orléans de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, le 4 juin dernier, auront été remarquées. Venu soutenir le candidat-ministre MoDem aux régionales Marc Fesneau – ce qui n’aura pas suffi à faire élire le poulain de François Bayrou et de Jacqueline Gourault – l’actuel maire du Havre n’a pas ménagé ses soutiens et ses encouragements à celui en qui il voyait « le meilleur président (de Région, NDLR !) possible ». Il a d’ailleurs consacré un passage élogieux à l’ancien maire de Marchenoir dans l’ouvrage qu’il a écrit à quatre mains avec le député européen Gilles Boyer (« Impressions et lignes claires », Jean-Claude Lattès). « Marc a été ministre de mon gouvernement. Ce fut une belle rencontre comme il y en a parfois en politique », a expliqué Édouard Philippe… dont on a parfois eu l’impression – claire, elle aussi – qu’il volait la vedette à son protégé. Car ce n’est pas tout d’appeler des célébrités à sa rescousse, il faut aussi veiller à ce qu’elles ne prennent pas toute la lumière.
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cours duquel le collaborateur lui avait fait part de la dégradation du climat interne et des multiples pressions subies par les agents. « Management par la terreur », « harcèlement organisé » : les langues se déliaient et des agents évincés ou poussés vers la sortie – une vingtaine de cadres auraient quitté le navire depuis un an – se répandaient sur les pratiques managériales « insupportables » de Wilfried Schwartz et de sa garde rapprochée. Le 12 juin, déjà, le président de
habituel. Après Marie-Noëlle Amiot, directrice générale de Thiolat Packaging, Paul Seignolle (ci-dessus), président du Medef 41 et ancien co-dirigeant de Sidamo, s’est mis sur les rangs. Ce dernier s’est donné un objectif : « Les baisses de dotation nous obligent à faire mieux avec moins de moyens (…) Des mutualisations sont possibles, qui permettront de dégager des moyens pour des nouvelles initiatives », citant le partenariat entre les CCI de l’Indre et de Loir-et-Cher autour de la formation post-bac.
À VOTRE BON CŒUR
NOIR C’EST NOIR C’est un coup de tonnerre dans le ciel déjà chargé de la vie publique tourangelle. Accusé d’avoir frappé son directeur de cabinet Albin Herbette, Wilfried Schwartz a annoncé le 23 juin qu’il démissionnait de ses fonctions de président de Tours Métropole Val de Loire : son départ devrait être acté le 8 juillet lors d’un conseil métropolitain qui aura pour tâche d’élire un nouveau président. L’altercation a eu lieu dans la matinée du 23, au terme d’un échange houleux au
En Loir-et-Cher, il y aura – au moins – deux candidats à la succession du président en exercice de la CCI, Yvan Saumet, ce qui n’est guère
la Métropole s’en était pris brutalement à sa chargée de communication Elsa Steward, en arrêt maladie depuis cette date.
Le conseiller régional Valentino Gambuto quittera cet été les locaux qu’occupe son entreprise Gambuto Bois et Emballage, au nord-ouest de Dreux. Il aura fallu que la Saedel, aménageur de la nouvelle ZAC des Fenots, lance une procédure d’expulsion de cette société familiale pour que son gérant se résolve à déménager. Entretemps, Valentino Gambuto, adversaire politique de Gérard Hamel, puis de son successeur à la mairie de Dreux Pierre-Frédéric Billet, devra se rapprocher de son vainqueur de juin 2020 pour négocier ses quelque vingt mois de loyers de retard et l’astreinte, fixée à 300 € par jour depuis… juin dernier. Une addition qui s’élève ce jour à près de 200 000 € ! Bon prince, le maire de Dreux a promis de plaider la cause de son ancien adversaire auprès de la Saedel à condition que celui-ci ait quitté les lieux en août, comme promis. Heureusement, le maire n’est pas de bois…
LES PIEDS DANS LE PLAT Gilles Clément, président de la communauté de communes du Grand Chambord, est un élu généreux : il a tiré au sort 600 de ses concitoyens pour leur offrir à chacun deux bons d’achat de 10 €, à valoir dans un bar ou un restaurant du territoire communautaire : une addition de 12 000 € aux frais du contribuable. Les bons d’achat étaient à retirer en mairie jusqu’au 19 juin, comme par hasard la veille du premier tour du scrutin où Gilles Clément tentait de se faire réélire conseiller départemental de Loiret-Cher en compagnie de sa colistière Hélène Pailloux, maire de Bracieux, une autre commune
CASSATION Le 10 mars dernier, la cour de cassation a donné raison à la Ville de Châteauroux dans le contentieux qui l’oppose depuis 2004 à des syndicats, dont la CGT. L’arrêt, qui devrait mettre un terme à un feuilleton juridique ayant déjà conduit à quatre arrêts de cours d’appel et autant de cassation, confirme que la Ville était dans son bon droit en demandant aux syndicats un loyer pour le local municipal situé rue d’Aquitaine et de diligenter une expulsion en cas de refus. En 2008, le tribunal de Châteauroux avait estimé le manque à gagner pour les finances municipales à plus de 6 600 € par mois, et cela depuis le 15 mars 2004, soit une somme de 1,35 M€ à ce jour. La dernière étape est le renvoi devant la cour d’appel de Paris qui devrait confirmer la Ville dans ses droits.
bénéficiaire des largesses du Grand Chambord. On a si souvent accusé les élus d’aller à la gamelle qu’on ne va pas se plaindre d’en tenir un qui sert la soupe… Espérons aussi que personne n’aura la fâcheuse idée de faire tout un plat de ce beau geste désintéressé.
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TWEETS AGAIN
De François Bonneau, président sortant et tête de liste de l’union PS-PCF aux élections régionales en Centre-Val de Loire : « Les fonds européens, c’était 114 € par habitant, ce sera 160 €. L’Europe est trop compliquée mais importante, elle doit être rapprochée du citoyen. » De Marc Fesneau, tête de liste MoDem-LaRem aux élections régionales en Centre-Val de Loire : « Il faut de la simplification. Le Feder (fonds européen de développement régional, NDLR) est massif (…) et ce sont les plus gros qui en bénéficient. Il faut que l’ensemble des territoires puissent y accéder, ce qui n’est pas le cas. »
BOULES PUANTES Depuis la rentrée, les boules puantes infestent la vie publique loir-etchérienne. Après l’affaire du terrain en Corse de Nicolas Perruchot, exhumée par Le Canard Enchaîné, Mediapart s’est intéressé aux frais de bouche de Jeanny Lorgeoux. Une âme bienveillante a remis
au site d’information polémique, et à quelques autres médias, copie des factures réglées ces trois dernières années au Lion d’Or, le restaurant étoilé de la ville, par la mairie de Romorantin et sa communauté de communes : 66 000 € au total. On apprend que Guillaume Peltier et Élodie Péan, nouvelle conseillère départementale, en auraient croqué : 850 € pour un repas à quatre les associant en mai 2019. L’informateur de Mediapart n’a manifestement pas digéré ce déjeuner entre le maire mitterrandiste de Romorantin et le vice-président des Républicains. Aurait-il l’impression d’avoir fait les frais de ces agapes complices ?
De Nicolas Forissier, tête de liste LR-UDI aux élections régionales en Centre-Val de Loire : « La question, c’est comment on fait pour avoir plus de fonds européens (et) c’est d’avoir une équipe à Bruxelles pour aller chercher de l’argent comme le font d’autres régions. » De Charles Fournier, tête de liste des Verts et de LFI aux élections régionales en Centre-Val de Loire : « Il y a les fonds structurels (européens, NDLR) et les autres. C’est ceux-là qu’il faut mobiliser pour aider de petits projets car beaucoup de petits porteurs sont exclus. » De Farida Megdoud, tête de liste Lutte Ouvrière aux élections régionales en Centre-Val de Loire : « Les fonds européens constituent une immense machinerie qui siphonne l’argent public pour l’injecter vers le secteur privé. » D’Aleksandar Nikolic, tête de liste du Rassemblement national aux élections régionales en Centre-Val de Loire : « Les fonds européens, c’est déjà de l’argent français. On perd 10 milliards entre ce qu’on donne et ce qu’on reçoit. »
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POINTS CHAUDS
BURN OUT !
GUERRE DES TERRASSES La guerre des terrasses aura-t-elle lieu ? Marc Gricourt, maire PS de Blois et 1er vice-président de la Région Centre-Val de Loire, a publié sur son profil facebook un instantané où l’on voit les ministres Marc Fesneau – chef de file de la majorité présidentielle aux élections régionales – et Jacqueline Gourault deviser et partager le verre de l’amitié avec le député MoDem Stéphane Baudu et quelques autres convives. La tablée ne semblait guère respecter la jauge et la distanciation imposées durant la crise sanitaire par le chef du gouvernement Jean Castex. « Incroyable », a aussitôt persiflé le maire de Blois, qui dit avoir été « alerté (sic) par des restaurateurs » n’écoutant sûrement que leur sens civique. « Quel exemple pour des ministres et candidats ! », a conclu l’élu.
BLANC À L’INTÉRIEUR Après avoir récusé ses alliés républicains des municipales de 2014, puis sollicité – et obtenu – le soutien des macronistes pour celles de 2020, l’ancien maire de Bourges Pascal Blanc a lancé ses filets du côté de François Bonneau pour lequel, a-t-il déclaré au Berry Républicain, « il a toujours eu beaucoup d’estime ». Membre du mouvement radical, qui a vécu une sale année 2020 avec la perte des mairies de Nancy, Tours et Bourges, Pascal Blanc reste donc fidèle à l’image de ce petit parti dont on disait jadis qu’il était comme les radis, « rouge à l’extérieur, blanc à l’intérieur, et toujours près de l’assiette au beurre ».
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DITES-LE AVEC DES FLEURS Le 13e adjoint du maire d’Orléans Jean-Paul Imbault, en charge des délicats dossiers de la ville-jardin et des manifestations horticoles, n’aurait jamais dû jouer les narcisses et se prétendre Meilleur ouvrier de France (MOF), plutôt que ce qu’il était réellement, à savoir « meilleur jeune ouvrier de France » ou bien « meilleur jeune horticulteur de France », l’intéressé ne s’en souvient plus très bien… La belle affaire. Après l’invraisemblable polémique autour de la voix du documentaire sur Jeanne d’Arc, la ville se paie un autre scandale sur la distinction qu’aurait ou non obtenue il y a plus d’un demi-siècle ce paisible grand-père, par ailleurs président de la Corporation Saint-Fiacre et chroniqueur jardin sur France Bleu (Bleuet ?) Orléans. L’opposition au maire d’Orléans a aussitôt exigé la tête du jardinier sur un pic. Le maire les a tout aussitôt envoyés sur les roses.
LE B U GDU TRIMESTRE
ORANGE, VERTE, JAUNE… PUIS MARRON
Vice-présidente déléguée au tourisme lors du dernier mandat régional, Christelle de Crémiers ne figurait pas sur la liste EELV lors du scrutin des 20 et 27 juin : elle aurait refusé la 7e place – non éligible – proposée par ses amis écolos. Cette rétrogradation, en forme de désaveu, serait la conséquence des relations difficiles qu’entretenait Christelle de Crémiers avec les membres du groupe EELV, mais aussi avec l’exécutif de François Bonneau. La relation s’était également « compliquée » avec les services ; c’est d’ailleurs l’une des raisons qui aurait poussé au départ Vincent Garnier, l’ancien directeur du comité régional du tourisme, aujourd’hui patron de Clermont Auvergne Tourisme. La conseillère municipale de Gien, conseillère MoDem du XVIIe arrondissement par le passé, s’est finalement alliée avec le Gilet jaune montargois Jérémy Clément, ancien candidat aux élections europénnes, pour tenter de conserver un siège dans la nouvelle assemblée. Leur liste Démocratie ÉcoLogique a fait alliance avec La France Autrement (LaFRA) de Gildas Vieira. Après être passée par l’orange du MoDem, le vert des écolos et le jaune des gilets, Christelle de Crémiers aura été marron à l’issue du scrutin régional. Sa liste n’a, en effet, réuni que 23 171 voix, soit 4,07 % des suffrages exprimés, soit au-dessous du seuil des 5 % permettant de se faire rembourser une partie des frais de campagne. Marron jusqu’au bout…
DIOT JALOUNEIX CENTRE LOIRE : LE SPÉCIALISTE DE PROXIMITÉ DES ASSURANCES DE L’ENTREPRISE Le groupe DIOT BURRUS, courtier national à l’expertise réputée en assurance d’entreprises, avec plus de 1 400 collaborateurs répartis entre le siège parisien et ses entités en régions, a eu l’opportunité d’acquérir en 2019 plusieurs cabinets de courtage sur Orléans dont le plus emblématique : JALOUNEIX & ASSOCIÉS. Le Cabinet orléanais DIOT Jalouneix Centre Loire est composé de 23 collaborateurs. Il a vocation à accompagner les entreprises de la région de toute taille et toute activité pour les conseiller dans leurs problématiques assurantielles. L’immense majorité de nos clients (plus de 800 professionnels et entreprises) est localisée en région Centre Val de Loire et en région parisienne. Le négoce agricole, une de nos activités principales, nécessite quant à lui un rayonnement national puisque les 80 entreprises de ce secteur qui nous font confiance sont réparties sur tout le territoire métropolitain. Notre objectif pour les prochaines années est de conforter notre position d’acteur incontournable de la région en nous appuyant sur le savoir et les compétences de nos équipes locales – ancienneté moyenne des collaborateurs supérieure à 15 ans – tout en bénéficiant de l’expérience du Groupe.
Une nouvelle adresse pour vous accueillir Le mois d’avril 2021 a été consacré à l’aménagement du nouveau siège régional situé à deux pas de la place du Martroi : 10 rue d’Illiers à Orléans. Les locaux d’une superficie de 750 m2 offrent
Jean François Maurice et Samuel Dionisio
un confort et un espace de travail propices à l’épanouissement des collaborateurs. Jean François Maurice et Samuel Dionisio, les deux dirigeants du cabinet, apprécient cet environnement, à l’image des ambitions commerciale du Groupe, moderne et fonctionnel, disposant par ailleurs d’une grande capacité d’accueil.
Une grande salle de réunion permet d’organiser facilement des rencontres avec nos clients. Très prochainement des réunions seront planifiées sur des thématiques d’actualités économiques générales ou propres à l’assurance. Nous y recevrons le plus grand nombre avec plaisir !
DIOT JALOUNEIX CENTRE LOIRE 10 rue d’Illiers • 45012 ORLEANS cedex 1
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REPORTAGE
LA RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE VEUT SA PLACE DANS LE CIEL FRANÇAIS La région Centre-Val de Loire ne dispose pas d’un aéroport international comme plusieurs de ses voisines, mais de plusieurs équipements à vocation différente : à Châteauroux l’activité industrielle et le fret, à Tours les passagers, à Orléans les vols d’affaires, à Châteaudun les espoirs… Chacun devra se spécialiser et se renforcer dans le créneau choisi. Le développement sur ces marchés disputés de l’activité aéroportuaire passe par l’implication financière des collectivités territoriales, et notamment de l’échelon régional. Le débat sur le soutien public était au cœur des élections qui viennent de se dérouler.
i la crise appartient déjà depuis un petit moment au passé pour le fret aérien, l’activité de transport passagers, encore à l’arrêt ou presque, devrait pouvoir redécoller après quinze mois de fortes turbulences. Pour les spécialistes, il faudra du temps pour que les vols longcourriers reviennent à un niveau d’avant-crise. Pour les courts et moyen-courriers, ceux dont les trajets sont inférieurs à 2 000 km, le redémarrage sera probablement plus rapide ; il faudra toutefois patienter jusqu’en 2023 pour que la crise soit digérée. Ce n’est pas tout de faire voler des avions, il faut aussi des pistes pour qu’ils décollent et qu’ils atterrissent. Et de ce côté, le marasme risque de durer : l’associa-
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tion des aéroports européens (ACI Europe) n’escompte pas de retour à la normale avant 2032. La chute du trafic a asséché les trésoreries et il manquerait, au plan européen, quelque 10 Md€ pour financer les indispensables investissements à consentir dans les dix ans à venir pour atteindre l’objectif de zéro émission de CO2. En région Centre-Val de Loire, on anticipe la reprise du marché et le défi des années à venir avec des espoirs différents selon les plateformes. Châteauroux, la plus richement dotée, a mieux vécu la crise que les autres grâce à la large palette de ses activités : parcage d’avions et fret ont même permis à l’aéroport Marcel-Dassault d’afficher des revenus 2020
record. L’importante réserve foncière dont dispose l’équipement lui permet d’envisager la suite sereinement, en axant son développement sur celui des activités de maintenance et de fret.
complémentaires pour limiter les subventions des collectivités, dans le viseur de Bruxelles. Pour cela, une seule solution : attirer des compagnies prêtes à prendre le pari de nouvelles destinations,
LES PLATEFORMES AÉROPORTUAIRES RÉGIONALES ANTICIPENT LA REPRISE DU MARCHÉ ET LE DÉFI DES ANNÉES À VENIR AVEC DES ESPOIRS DIFFÉRENTS ” Tours et Châteaudun vont devoir vivre sans la protection de l’armée de l’air, envolée pour d’autres cieux. Dans la plus grande ville régionale, qui abrite le seul aéroport passager du territoire, la gageure sera de trouver des revenus
tant pour faire venir des touristes étrangers que pour faire voyager les Tourangeaux. La sous-préfecture d’Eure-et-Loir n’a aujourd’hui que des perspectives à offrir, car tout est à faire : un projet privé pharaonique, porté
par l’homme d’affaires loirétain Benoît Lonceint, est dans les tuyaux. À St-Denis-de-l’Hôtel, Orléans Loire Valley a des ambitions plus modestes : proposer des vols d’affaires au service du développement économique du Loiret. Le sentiment est partagé par tous les exploitants : le trafic aérien va reprendre le cours de sa croissance dans les trois à quatre ans qui viennent. Et les collectivités territoriales, notamment la Région, ont un rôle important à jouer pour aider les plateformes aéroportuaires à se frayer une place dans le ciel français. Leurs atouts et leurs projets sont largement exposés et commentés dans les pages qui suivent. François-Xavier Beuzon
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REPORTAGE
CHÂTEAUROUX PREND DE L’ALTITUDE Sa piste de 3 500 m – la 8e de France pour la longueur –, ses exceptionnelles installations aéroportuaires qui s’enrichiront bientôt du hangar géant tant attendu et d’une nouvelle tour de contrôle, confèrent à Châteauroux une place de choix. En place depuis le début de l’année 2020, la direction piaffe de donner à l’équipement la place qu’il mérite sur les marchés du fret et de la maintenance aéronautiques.
Au plus fort de la pandémie, on dénombrait une cinquantaine d’appareils sur les 25 ha de parking dédié et deux des taxiways qui ceinturent la piste de l’aéroport de Châteauroux Centre
e vrombissement des moteurs d’Airbus est un signe qui ne trompe pas. En cette début juin grise et humide, l’aéroport de Châteauroux-Centre reprend progressivement une activité normale après les longs mois de crise sanitaire. Mais le trou d’air de plusieurs activités de la plateforme durant le pic épidémique, notamment celle d’entraînement des pilotes, aura été largement compensé par une ressource inattendue.
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Toutes les compagnies, dès l’arrêt des vols du printemps 2020, ont cherché des surfaces pour parquer leurs avions : fin mars, 2 800 appareils étaient répartis sur quelque 200 aéroports européens. Et Châteauroux a pris sa part dans cet effort : British Airways a été la première grande compagnie à appeler au secours pour entreposer sa flotte d’Airbus A380. D’autres ont suivi, comme l’espagnol Volotea, le cambodgien Sky Angkor, Egyptair, Air Madagascar ou Air Caraïbes.
Au plus fort de la pandémie, on dénombrait une cinquantaine d’appareils sur les 25 ha de parking dédié et deux des taxiways qui ceinturent la piste. Une gageure, rappelle Didier Lefresne, qui a pris la direction de l’aéroport le 1er janvier 2020, après avoir gravi tous les échelons de la hiérarchie depuis son embauche en 2004 comme agent Afis, à la tour de contrôle : « Il faut 1 ha pour stocker un Airbus A380, dont l’envergure est de
80 m et la longueur de 73 m. Nous avons réquisitionné deux voies de circulations pour nos clients. Aujourd’hui, nous avons encore quarante-deux appareils stationnés. » Par manque de place à Toulouse, Airbus Industries a également décidé d’utiliser l’équipement castelroussin pour entreposer une
qui auront évité l’engorgement des aéroports franciliens. Le développement du fret est espéré (lire ci-contre). Il faut dire que tous les atouts sont réunis, l’échangeur de l’autoroute A85 est situé à 1 500 m de l’entrée de l’aéroport et la bretelle ferroviaire ITE (installation terminale embranchée) de 3 km, rénovée il y a deux ans, le
BRITISH AIRWAYS A ÉTÉ LA PREMIÈRE GRANDE COMPAGNIE À APPELER AU SECOURS POUR ENTREPOSER SA FLOTTE D’AIRBUS A 380 ” partie des A330 (64 m de long et 60 m d’envergure) qui sortent de ses chaînes d’assemblage : de six aujourd’hui, ils devraient passer à vingt-six appareils. Cette activité de stockage génère des recettes puisqu’il faut en moyenne 20 h de maintenance par semaine d’immobilisation. « L’avion doit être protégé des aléas climatiques, de la poussière et les pièces régulièrement lubrifiées », explique un technicien. Si les compagnies délèguent souvent leurs propres collaborateurs pour assurer ces tâches, d’autres ont recours aux sociétés de maintenance aéronautique installées sur place. Les quelques acteurs présents sur l’aéroport ont largement profité de cet arrêt forcé des vols commerciaux. Le fret sanitaire aura aussi soutenu l’activité aéroportuaire. Au début de la crise, beaucoup de livraisons de masques made in China seront passées par Châteauroux, à la grande satisfaction des affrêteurs
relie à la ligne Paris-Toulouse et à la zone industrielle de la Martinerie. Reste à donner un nouveau souffle à la politique commerciale, un peu en sommeil ces derniers temps. Lors du départ de l’armée de l’air, en fin d’année, le site disposera d’un hangar de 3 000 m2 et d’une dizaine de bureaux fraîchement rénovés. Des travaux ont été engagés à la demande des militaires pour accueillir les deux E-3F Awacs déplacés de la base aérienne 702 d’Avord, dans le Cher. Celle-ci a attaqué le chantier de réfection de ses pistes fin 2019 ; lorsqu’il sera achevé, Avord pourra récupérer les Airbus A330 MRTT Phénix des forces aériennes stratégiques et Châteauroux ses installations. Finalement, et contre toute attente, la crise aura propulsé le chiffre d’affaires de l’aéroport de 4 M€ en 2019 à 5 M€ en 2020. Et la progression devrait se poursuivre cette année, quoique à un rythme
UN FRET STRATÉGIQUE « C’est notre cœur de métier. En 2020, on a réalisé un CA légèrement supérieur à celui de 2019, mais avec un volume concentré sur quasiment trois mois » : Didier
Lefresne n’oublie pas l’importance du fret pour la plateforme castelroussine. Cette activité a revêtu un caractère stratégique au cours du printemps 2020, où 37 avions sont venus livrer 143 millions de masques. Il a fallu réquisitionner à la va-vite des avions de ligne : « Les cartons de masques étaient entassés sur les sièges. Il a été nécessaire de s’organiser dans l’urgence, de monter des équipes et de recruter des intérimaires pour assurer le déchargement des avions et le reconditionnement des lots. » Le fret est parfois « sensible », mais aussi insolite : il n’est pas rare que des vaches soient embarquées pour la Mongolie, des moutons pour l’Iran… Dans les années à venir, des parts de marché seront à gagner auprès d’intégrateurs comme DHL ou UPS.
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plus lent : à fin mai, plus de la moitié des revenus provenaient du stockage qui rapporte, hors remise commerciale, 5 000 € par appareil et par mois. « Nous avons de réels atouts grâce à la taille de nos installations, reprend Didier Lefresne. Nous disposons, en effet, d’une emprise au sol de 357 ha clôturés. » En optimisant ses capacités, Châteauroux peut accueillir jusqu’à soixante appareils. Au-delà, c’est plus compliqué, sauf à s’étendre sur une partie des prairies situées autour de la piste. Didier Lefresne et Jean-Édouard Bigrat, son directeur d’exploitation, réfléchissent tout haut : « Avec un investissement minimum, de l’ordre de 900 000 €, il est possible de couler des bandes de béton qui nous permettraient de stocker huit appareils supplémentaires. La capacité maximale avoisinerait alors les soixante-dix appareils. » Outre ces aménagements, l’aéroport castelroussin possède encore 40 ha de foncier disponible dans le prolongement de l’aérogare. Ce trésor de guerre, le conseil d’administration de l’aéroport a décidé de l’exploiter. Les diagnostics archéologiques vont être lancés sur une première tranche de 10 ha. Si l’Inrap le juge nécessaire, des fouilles seront engagées à la suite. Le délai de ce type de chantier qui, par le passé, a bloqué beaucoup de travaux d’aménagement, a heureusement été considérablement raccourci ; les terrains devraient donc être disponibles à la commercialisation dès l’an prochain. Reste à connaître leur destination : ouvrir
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des surfaces supplémentaires pour les stockage d’avions ou les réserver à des constructions industrielles ? À ce jour, la seconde option tient la corde. Les activités industrielles sont, en effet, essentielles pour l’aéroport. Ce qui est finalement un retour aux sources puisque Marcel Dassault, qui s’appelait encore Bloch, avait acheté dans les années
ment : les usines de la SNCASO reprennent les plans de Marcel Bloch pour construire des avions de chasse monomoteurs MB 150, ainsi que le bombardier bimoteur MB 170. Mais les commandes arriveront trop tard pour enrayer la supériorité dans les airs de la Luftwaffe et de ses Messerschmitt, Heinkel et autres Junkers. Marcel Bloch
L’AÉROPORT CASTELROUSSIN DISPOSE ENCORE D’UNE SURFACE DE 40 HA DE FONCIER DISPONIBLE DANS LE PROLONGEMENT DE L’AÉROGARE ” trente une centaine d’hectares à Coings, le long de la route nationale 20, pour bâtir son usine de construction aéronautique ; celleci était destinée à assembler les aéronefs vedettes de l’époque, l’avion sanitaire monomoteur MB 80, le MB 220, qui fut le prototype des avions civils, et bien sûr des appareils de combat destinés à l’armée de l’air. La même année, en juillet, le Front populaire fait adopter par la chambre des députés une loi de nationalisation de l’industrie de l’armement. Au mois de janvier suivant, elle entre en vigueur et la Société des Avions Marcel Bloch passe sous la coupe de l’État. Ses quatre usines, dont celle de Châteauroux, constituent l’essentiel d’une société à capitaux publics, la Société nationale de constructions aéronautiques du Sud-Ouest (SNCASO). Le gouvernement français lance alors une politique de réarme-
refuse de collaborer avec l’occupant. Il sera déporté à Buchenwald, dont il sortira le 11 avril 1945 pour reprendre, pratiquement immédiatement, ses activités industrielles. C’est dans la droite ligne de cette riche histoire que Châteauroux abrite plusieurs sociétés spécialisées dans la maintenance, la transformation ou la déconstruction d’avions. L’une d’elles, Vallair Industry, sera l’occupante du hangar géant qui a déjà fait tant couler d’encre. Cet immense édifice, « cathédrale » de 8 500 m2 au sol,
Le hangar géant pourra abriter un gros porteur type A380 ou quatre avions monocouloirs type A320
haut de 38 m, sera achevé au début de l’automne. L’opération aura coûté un peu plus de 20 M€ au Conseil régional du Centre-Val de Loire, dont 3 M€ pour la nouvelle tour de contrôle, haute de 42 m. Vallair Industry aura ajouté 5 M€ pour les aménagements intérieurs. La PME dirigée par Grégoire Lebigot prendra ensuite possession des lieux pour convertir des avions de ligne en avions de fret. Les dimensions gigantesques du hangar – il n’en existe aujourd’hui qu’une vingtaine de ce gabarit dans le monde – lui permettront d’abriter simultanément un très gros porteur de type A 380 ou quatre avions monocouloirs de type A320, deux fois plus petits (38 m de longueur pour 36 m d’envergure) que le géant des airs du consortium européen. D’autres entreprises, des spécialistes de la maintenance comme Dale Aviation ou Égide Aviation (avions légers et hélicoptères), mais aussi Satys (peinture) et Veolia Aero Recycling, qui démantèle les avions en fin de vie et assure recyclage et dépollution des éléments récupérés, confortent ce pôle industriel qui va se renforcer
avec l’arrivée des employés affectés à la « cathédrale » : Vallair Industry escompte que plus de 150 personnes y travailleront à l’échéance 2025, une moitié étant ses propres collaborateurs, l’autre moitié des emplois induits. La photographie de l’aéroport Marcel-Dassault ne serait pas complète sans évoquer le trafic passagers. Après la fermeture des quelques lignes estivales régulières (Ajaccio, Nice, Toulouse, Biarritz…), due pour certaines à un taux de remplissage insuffisant, pour d’autres aux déboires des compagnies qui assuraient les liaisons, Châteauroux veut repartir du bon pied. D’abord, la plateforme attend la reprise de la quinzaine de vols vacances affrêtés par des agences de voyages, comme Top of Travel ou Terre d’Ailleurs. Didier Lefresne travaille à la réouverture de vols réguliers : un dossier serait sur le point d’aboutir pour une destination hors Europe. La réouverture de la liaison vers Nice est également à l’étude : les deux vols hebdomadaires opérés durant trois ans en saison (juin à septembre) par la compagnie polonaise IG Avion sur un Saab de 34 places affichaient un taux de remplissage très correct. L’objectif serait d’ailleurs autant de fournir une destination à des Castelroussins que d’attirer des Niçois dans le Berry. D’autres liaisons sont envisagées, même si, dans ce domaine, les ambitions de Châteauroux sont mesurées, à la dimension d’une zone de chalandise modeste, mais prête à saisir des opportunités de niche. François-Xavier Beuzon
CAP SUR L’AVIATION D’AFFAIRES Châteauroux veut développer l’aviation d’affaires. « Nous avons réuni un groupe de travail avec des chefs d’entreprises régionaux », indique Didier Lefresne qui croit qu’une activité d’aviation à la demande peut intéresser le tissu économique local : « Nous avons déjà sur l’aéroport un Cessna 6 places privé que le propriétaire est prêt à mettre à disposition des personnes intéressées. Dans les environs, il y a plusieurs pilotes professionnels qui peuvent répondre à la demande. » La crise sanitaire a mis ces perspectives entre parenthèses. Mais le dossier sera très vite rouvert avec une prospection active auprès des entreprises régionales.
« Si nous parvenons à réunir suffisamment de candidats, la seconde étape sera de constituer un GIE avec l’objectif d’acheter un appareil », explique le directeur de l’aéroport.
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Publi-reportage
AVEC © DU CENTRE E U Q R A M É D E S N IO G É R LA La riche production agroalimentaire de la région Centre-Val de Loire possède désormais sa propre marque. Baptisée © du Centre, celle-ci offre l’assurance de consommer sain et local.
L
es produits alimentaires du Centre-Val de Loire ont leur marque : Produit en région © du Centre. Ce qui fut d’abord une simple signature est, depuis le 1er janvier, une marque qui, le 28 mai 2021, référençait déjà plus de 1 250 produits provenant de 94 entreprises régionales dont quelques-unes à forte notoriété, comme la coopérative Covifruit, qui embouteille la célèbre poire d’Olivet (Loiret), ou la chips artisanale Belsia, fabriquée à partir des pommes de terre de la ferme de Létourville, à Boisville-la-Saint-Père (Eure-et-Loir). Dès lors qu’ils respectent trois critères de provenance, de composition et de bonnes pratiques environnementales, les produits issus de l’agriculture régionale peuvent apposer le nouvel estampillage sur leur emballage. Si elle apporte une plus grande visibilité aux artisans, producteurs et entrepreneurs de la région, la marque © du Centre permet aussi de renforcer la notoriété du patrimoine gastronomique, culinaire et agricole d’un territoire dont « l’attractivité touristique ne pouvait pas s’exprimer pleinement sans une marque », souligne le président de la Région Centre-Val de Loire. Miel, confiserie, chocolat, huile, farine, pâtes, légumes secs, produits laitiers, viande, charcuterie, bières, vins, jus de fruit et boissons alcoolisées… représentent une offre régionale très diversifiée pour le plus grand plaisir des consommateurs. En attendant, la mise en rayon des produits aux couleurs de la marque va s’effectuer progressivement auprès des différents circuits de production pour « répondre aux attentes grandissantes des consommateurs de manger sain, local, responsable, tout en soutenant l’économie régionale ». Destinée à apporter une véritable garantie au consommateur, la marque doit prouver l’authenticité et la qualité du produit final, nécessairement cultivé ou fabriqué sur le territoire régional, les matières premières entrant dans sa composition provenant également majoritairement du Centre-Val de Loire, bien entendu lorsqu’elles sont disponibles. Pour être reconnue © du Centre, il faut aussi que l’entreprise productrice soit engagée dans une démarche vertueuse de protection de l’environnement en répondant au moins à un de ces critères : la commercialisation via un circuit de proximité, une certification environnementale (Bio, Haute Valeur environnementale etc.) ou l’engagement de réduire son empreinte écologique.
LA MARQUE DOIT PROUVER L’AUTHENTICITÉ ET LA QUALITÉ DU PRODUIT FINAL
Entièrement repensé, le site Internet de la marque alimentaire www.cducentre.com offre une nouvelle expérience de navigation aux internautes qui peuvent retrouver tous les produits référencés © du Centre par typologie, marque commerciale et localisation. Une carte interactive permet de géolocaliser les entreprises situées à proximité de chez eux. Le site sert également de vitrine pour les adhérents qui partagent les valeurs et l’éthique prônées par la marque.
COMMENT OBTENIR L’ESTAMPILLE « PRODUIT EN © DU CENTRE ? » Tout producteur, artisan des métiers de bouche ou entreprise de l’agroalimentaire, basé en Centre-Val de Loire, et dont le produit répond aux exigences du règlement d’usage (ou s’engage à le respecter sous deux ans), peut prétendre à la marque et bénéficier du logo © du Centre à apposer sur son packaging et dans l’environnement promotionnel de son produit. L’obtention de la marque collective est délivrée pour une durée de 3 ans (renouvelable par période de 3 ans) par la Commission d’agrément. Cette obtention implique : • d’adhérer à la démarche, • de respecter le règlement d’usage, • de se soumettre à un contrôle réalisé par un organisme certificateur indépendant, • de renouveler la demande d’agrément tous les trois ans. Envie de rejoindre la marque ? Contactez DEV’UP pour recevoir le dossier d’adhésion. À réception des documents, une visite de préadmission sera programmée dans les meilleurs délais. Renseignement : contact@cducentre.com ou 06 14 22 25 90
REPORTAGE
AÉROPORT DE TOURS QUEL AVENIR AU BOUT DE LA PISTE ? Le 1er juillet, l’Armée de l’air remet les clés de l’aéroport de Tours-Val de Loire au civil, un syndicat mixte financé par les collectivités locales qui récupère au passage 210 ha d’anciens terrains militaires. Après la crise Covid-19, l’aéroport se cherche un avenir pour redécoller.
près le départ de l’école de chasse de la base aérienne 705 de Tours en juin 2020, l’aéroport arrive à un moment crucial de son histoire : sa reconversion civile. Le 1er juillet, les militaires remettront les clés
A
de la structure au Syndicat mixte pour l’aménagement et le développement de l’aéroport international de Tours-Val de Loire (Smadait). Tours constitue un cas unique car, contrairement aux exemples d’autres pistes militaires définiti-
Les subventions versées à la compagnie irlandaise à bas prix Ryanair divisent les élus
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vement abandonnées (Dijon, qui est l’exemple d’une reconversion réussie, ou Creil, au devenir plus compliqué), l’armée reste présente, mais sur un périmètre restreint. En effet, la base aérienne 705 n’occupera plus que 90 ha, avec
un effectif de 1 500 personnes promis à augmenter. Plusieurs services restent sur place, dont la direction des ressources humaines de l’Armée de l’air et de l’espace (près de 41 000 militaires et un peu plus de 5 000 civils) et
avec 450 arrivants, dont 200 à Tours-Nord et 250 dans les casernes Rannes et Barangey, au centre de Tours. La BA 705 commande aussi toujours le centre de détection et de contrôle enfoui sous terre dans une ancienne
LE PRÉSIDENT DE LA MÉTROPOLE A PLUSIEURS FOIS REDIT SA VOLONTÉ DE DÉVELOPPER LA PLATEFORME ” des « centres experts » pour la sélection, la formation, les études psychologiques, l’apprentissage de l’anglais aéronautique, des administrations de soutien et le service de santé des armées. Cet été, de nouvelles petites unités s’installeront, mais un important mouvement de décentralisation aura lieu à horizon 2024 ou 2025
carrière à Cinq-Mars-la-Pile, à une vingtaine de kilomètres de Tours. Depuis février 2021, l’armée et le civil ont entrepris de grands travaux sur la base pour un redécoupage des deux espaces. Des clôtures sont posées, les réseaux d’eau, d’électricité et la fibre sont séparés. L’armée a fermé son dépôt d’essence utilisé pour alimenter les Alphajet : le kérosène arrivait en train à Monnaie, passait dans un pipeline à Parçay-Meslay, puis sous l’A 10, pour arriver dans les cuves de la BA 705. Les soldats font tout pour être prêts comme prévu le 1er juillet, mais ils ont prévu sept « zones à jouissance différée » pour démanteler, après coup, des structures imposantes comme le radar panoramique à 360° Centaure, les barrières d’arrêt pour chasseurs en bout de piste ou la tour de contrôle militaire, qui sera vidée de ses systèmes. Mi-juin, la piste sera fermée deux semaines pour des travaux de maintenance. À partir de juillet, l’armée n’assurera plus le contrôle aérien, ni les risques incendies et le péril aviaire.
L’AVION ÉLECTRIQUE PREND SON ENVOL L’avenir se trouve peut-être à Brest, où la société Green Aerolease vient de passer commande de 50 appareils biplaces du premier modèle d’avion électrique, le Pipistrel Velis Electro. Son bruit ne dépasse pas les 60 décibels et il n’émet pas de dioxyde de carbone. Le créateur de Green Aerolease, Charles Cabillic (fondateur du site AlloVoisins, utilisé par 3,6 millions de personnes), y croit dur comme fer : « Demain, les vols décarbonnés seront la règle, au moins pour l’aviation d’affaires et les vols régionaux. » En 2020, il a racheté la compagnie Finistair et passé un accord avec la fédération française d’aéronautique pour former de jeunes pilotes. Green Aerolease a aussi noué un partenariat avec Green Motion pour développer une technologie de recharge universelle d’avions électriques et mis sur orbite une plateforme digitale de location d’avions privés, OpenFly.
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REPORTAGE
Le risque incendie sera assumé par Edeis après le départ des militaires
Le Smadait récupère à titre gracieux un trésor avec 210 ha bien situés de part et d’autre de la piste de 2 404 mètres. Une réflexion est même menée, notamment par l’agence d’urbanisme de l’agglomération de Tours (ATU),
lonté de développer la plateforme. Le civil récupère donc de nouvelles obligations. Mais aussi des coûts, dénoncés par des opposants à l’aéroport, comme des élus régionaux écologistes et un collectif appelé Gardons les pieds
DÉSORMAIS, LES FINANCEMENTS DES AÉROPORTS SUR FONDS PUBLICS NE PEUVENT ÊTRE QU’EXCEPTIONS ET NON LA RÈGLE ” pour penser à long terme l’aménagement des 600 ha, dont des terres agricoles, qui entourent la base. L’aéroport se retrouve donc face à son destin avec une question en suspens : continuera-t-il à avoir une vocation internationale et à se développer ? Un premier élément semble indiquer que oui : sa connexion prochaine au réseau de tramway, extension programmée de la toute proche première ligne. Aéroport, tramway et TGV seraient ainsi connectés, le président de la métropole, Wilfried Schwartz, ayant plusieurs fois redit sa vo-
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sur terre (Greenpeace, Extinction Rébellion, Résistance climatique, les désobéissants, ANV-21) qui parle d’une « aberration climatique et sociale, qui gaspille l’argent dans un mode de transport touristique de l’ancien monde. » Ce collectif a dans le viseur Ryanair, la compagnie irlandaise à bas prix qui assure des vols pour Porto, Dublin, Londres, Marrakech et Marseille, la seule liaison restée ouverte pendant le dernier confinement avec deux vols hebdomadaires. Les opposants pointent du doigt le coût des subventions publi-
ques : 3,6 M€, dont 2,3 M€ pour Ryanair. Et un surcoût de 9 M€ pour conserver l’homologation et mener des travaux obligatoires (séparation des réseaux, sécurité incendie). Les trois collectivités partenaires, Région, Département et métropole, se sont engagées à mettre au pot : 3 M€ chacune, sur trois ans, pour ces frais exceptionnels, plus 1 M€ par an pour le fonctionnement. Le 21 décembre 2020, le maire écologiste de Tours Emmanuel Denis démissionnait à la surprise générale de la présidence du Smadait ; le maire divers droite de Parçay-Meslay, Bruno Fenet, lui succédait. Décision est alors prise de prolonger de six mois, jusqu’au 31 décembre 2022, la délégation de gestion à Edeis, qui prendra à sa charge le service incendie. Un nouvel avenant à la convention change aussi les règles : désormais seuls sont subventionnés les vols de Ryanair réalisés. Ryanair, tout le monde n’en dit pas que du mal. « Heureusement que nous l’avons, se réjouit Bruno Fenet. Que serait aujourd’hui l’activité sans elle ? Le taux de remplissage des appareils dépasse 80 % pour les cinq lignes, avec 95 % pour Porto. Les filiales d’Air France ne viennent pas gratuitement non plus. Bien sûr qu’il faut faire venir des compagnies, ce travail a déjà commencé. Notre projet reste le même que celui défini voilà quelques années : atteindre les 500 000 passagers par an, avec des lignes vers l’Europe du Nord, et générer des flux
de touristes entrants pour contribuer au développement de l’économie. Mais nous savons qu’il y a un avant et un après Covid. Il faut voir quelles compagnies lui survivront. » Un rapport établi en 2017 à la demande du Conseil supérieur de l’aviation civile fait le point sur les aéroports français et leur maillage du territoire. En dehors des deux grands aéroports parisiens (Roissy et Orly), trois seulement dépassaient les dix millions de passagers en 2019, avant la crise : Nice-Côte d’Azur, Lyon-Saint-Exupéry et Marseille-Provence. Quatre autres s’en approchaient : Toulouse-Blagnac, Bâle-Mulhouse-Fribourg, Bordeaux-Mérignac et Nantes Atlantique. Les autres sont décrochés. L’équilibre budgétaire est impossible à moins de 200 000 passagers par an. Et « incertain » sous la barre des 500 000… Le rapport mettait aussi sévèrement en garde les gestionnaires : « Désormais, les financements des aéroports sur fonds publics ne peuvent être qu’exceptions et non la règle. Il est attendu que les subventions de fonctionnement s’éteignent d’ici à 2024 (…) Les aides des aéroports aux compagnies aériennes s’inscrivent dans les mêmes logiques, seuls les soutiens justifiés au préalable par une analyse de rentabilité pouvant échapper à la qualification d’aides d’État. » Plusieurs préconisations sont formulées : la mutualisation avec un ou plusieurs aéroports proches (comme entre Dinard et Quimper), la mise en place d’un Schéma
TOURS, BIEN LOIN DE LA TÊTE Crise oblige, les chiffres de 2020 ont créé un sérieux trou d’air du trafic aéronautique. Tours n’a enregistré que 49 387 passagers. En 2019, il se classait à la 36e place des aéroports français avec 197 109 voyageurs. La barre des 200 000, qui permet de passer en classe 4 (jusqu’à 1 million de passagers), n’a jamais été atteinte. Trop d’aéroports en France ? Pourtant, des plateformes comme Clermont-Ferrand ont connu de belles croissances. Privé de TGV mais à tire-d’aile de Lyon-Saint-Exupéry, l’aéroport auvergnat (24e du classement) a atteint 431 180 passagers avant la crise grâce à la multiplication de destinations vers le sud (Tunisie, Grèce), mais aussi Amsterdam et Paris. Caen (28e) et Limoges (29e) font aussi beaucoup mieux que Tours. Faute de destinations, beaucoup de Tourangeaux s’envolent de Nantes, le 9e aéroport français, pourtant saturé avec ses 7,2 millions de passagers.
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REPORTAGE
L’ABANDON DU T4 FAIT RÊVER En mettant fin au projet de Terminal 4 de l’aéroport de Paris-CDG, le gouvernement a réveillé les espoirs de plusieurs plateformes qui espèrent capter une partie de la croissance du trafic francilien. Mais ce terminal avorté, qui devait faire passer Roissy de quelque 76 millions de passagers accueillis en 2019 à 120 millions, peut-il être absorbé par un site français ? Non, bien sûr. Un aéroport à 1 h de Paris peut, à la rigueur, récupérer quelques vols détournés de Roissy ou d’Orly lors de circonstances exceptionnelles (aléas climatiques, accidents de pistes ou attentats), mais cela ne peut concerner que quelques centaines de passagers par an. Tours pourrait, bien sûr, candidater auprès d’ADP pour endosser ce rôle. Sauf, bien sûr, à relancer le projet vieux de vingt-cinq ans de troisième aéroport du bassin parisien. Châteaudun aurait alors tous les atouts en mains, sachant qu’il y a cinq ans, une commission de l’Assemblée nationale s’était penchée sur le site de Césarville-Dossainville, au nord de Pithiviers, en vue d’y créer une plateforme à l’horizon 2035.
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d’intérêt économique général (Sieg). Des régions ont aussi engagé une réflexion aéroportuaire, comme en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine. Bordeaux a ainsi convaincu Turkish Airlines d’ouvrir l’accès à l’un de ses hubs. En période haute, cinq vols hebdomadaires reliaient Bordeaux et Istanbul. L’un des éléments sur lequel insiste le rapport concerne le rôle des Régions, la loi NOTRe renforçant ses compétences, ainsi que celles des métropoles, en matière de développement économique. Tours attend avec impatience le décret d’application qui fournira des réponses aux formes juridiques à adopter. Le rôle de la Région apparaît donc essentiel. Pour mener à bien l’ambition, les candidats au scrutin des 20 et 27 juin devaient se positionner clairement. Celui de la droite et du centre, Nicolas Forissier, veut mettre en avant les aéroports pour « rendre cette région attirante, qu’elle agisse sur l’emploi tout en conservant son cadre de vie. » Il veut mettre « enfin » sur pied une réflexion stratégique aéronautique « volontariste » à l’échelle de la région, avec Tours, Châteauroux et Châteaudun. Une fois cette offre construite, il ira voir l’État et la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) pour proposer l’utilisation de ces plateformes : « En 2019, avant la crise Covid, nous avons atteint 4,5 milliards de passagers dans le monde. Le trafic reprendra, peut-être pas tout de suite, mais vite, avec des perspectives expo-
nentielles. Des projections font état de 8 milliards de passagers ! À Tours ou dans la région, il ne s’agit pas de multiplier le trafic par un facteur cent, mais de l’augmenter tout en gardant un cadre de vie. Les structures existent déjà, alors pas besoin d’artificialiser les sols du bassin parisien, qui compte quelques-unes des meilleures terres arables d’Europe. Il faut mettre en place une intermodalité intelligente. Lorsque l’extension de Notre-Dame-desLandes a été arrêtée, je suis allé voir le Premier ministre, Edouard Philippe à l’époque. Il fallait marquer le coup. L’idée était d’intégrer la région Centre-Val de Loire à une réflexion portant sur tout le Grand Ouest. Elle est encore plus vraie maintenant que l’annonce de l’arrêt de l’extension de Roissy
Augustin de Romanet, président du groupe Aéroports de Paris, pourrait s’intéresser au sort de l’aéroport de Tours, ville où il a passé sa jeunesse
a été faite. Il n’y aura pas de Terminal 4. Nous sommes pour une logique écologique : favoriser l’intermodalité avec le train et pas la peine de dépenser des milliards lorsque des plateformes existent déjà. » Le candidat veut travailler avec Orly et Roissy et a déjà échangé à ce sujet avec Augustin de Romanet, le pdg d’Aéroports de Paris, qui connaît bien Tours pour y avoir passé sa jeunesse. Augustin de Romanet a pris conscience de la transition énergétique attendue dans le secteur de l’aéronautique. Il pense qu’elle mettra une quinzaine d’années à se faire, avec un prix un peu plus élevé des sièges d’avion pour la financer. « Attention, il ne s’agit
Seule la tour de contrôle civile sera opérationnelle ; elle sera vidée de ses systèmes militaires
pour les triples fonctions de l’aéroport : le tourisme, les vols d’affaire et le sanitaire. Nous avons besoin de cette infrastructure. Il faut permettre aux habitants de ne pas aller chercher ailleurs. Pour cela, on doit mettre les moyens
ATTENTION, IL NE S’AGIT PAS DE REFAIRE ORLY À TOURS. L’ENVIRONNEMENT ET LA QUALITÉ DE VIE DOIVENT ÊTRE PRÉSERVÉS ” pas de refaire Orly à Tours, poursuit Nicolas Forissier. L’environnement et la qualité de vie doivent être préservés. » Mais avec la saturation de ces plateformes, il pense que des compagnies pourraient être intéressées par la région Centre-Val de Loire. Ministre et lui aussi candidat à la présidence de la Région, Marc Fesneau (MoDem) plaide aussi pour une stratégie régionale claire. « La Région vote une subvention d’équilibre depuis des années. L’aide à l’investissement, c’est bien, mais insuffisant. L’engagement des collectivités est nécessaire
de le développer, trouver des compagnies, des tour-operators, faire du marketing touristique pour des destinations entrantes et sortantes. Il s’agit du seul aéroport à vocation touristique de la région. Il n’a pas vocation à devenir un mastodonte, mais la progression reste possible et nécessaire pour une offre complémentaire. La part de l’aérien dans la pollution est de 2,5 %, très faible par rapport à l’activité industrielle. Beaucoup d’entreprises travaillent pour la réduire, comme je l’ai vu en visitant Safran, à Moissy-Cramayel. En quinze ans, ils ont fait baisser de
50 % la consommation de carburant des avions. Et ce n’est pas fini. Il ne faut pas tuer l’aéronautique. » Ryanair ? « Si on bannit de France cette compagnie, le nombre de rotations sur les plateformes baissera. Cela n’empêche pas d’en chercher d’autres. » Le candidat écologiste, Charles Fournier, ne partage pas vraiment cette vision. De façon générale, il s’intéresse à l’impact du transport aérien sur les gaz à effets de serre et aux objectifs fixés par la loi pour respecter la Cop 21. « L’aviation a son rôle à jouer, nous disons oui aux déplacements en avion vers les autres continents. Sinon, incitons à la maîtrise de ce type de transport. » Il reprend des chiffres sur le maillage : un aéroport pour 358 000 personnes en France, contre un pour 2 millions en Angleterre et un pour 4 millions en Allemagne. « Il y a trop d’aéroports : il faudrait une gestion nationale et pas régionale. Ils se font concurrence et peu tirent leur épingle du jeu. » Il ne comprend pas non plus pourquoi il n’existe pas de taxe kérosène.
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REPORTAGE
UN RAPPORT REDOUTÉ Nuage noir au-dessus de l’aéroport, le rapport de la chambre régionale des comptes est aussi attendu que redouté. Il ne serait pas pour rien dans le départ du maire de Tours de la présidence du Smadait. En novembre 2019, la chambre régionale des comptes Occitanie épinglait la gestion de l’aéroport de Nîmes par son syndicat mixte et le délégataire retenu, Edeis (le même qu’à Tours). « Alors que l’aérodrome disposait d’un tissu industriel aéronautique créateur de valeur, le syndicat mixte a privilégié un modèle axé sur le trafic aérien et les retombées du tourisme. Ce modèle, dépendant du trafic à bas coût, est porteur de risques car soumis à une forte concurrence », écrivait la juridiction qui souhaitait que « soient redéfinies les modalités d’exploitation, au terme d’une concertation entre l’État et les collectivités locales ». Des préconisations qui pourraient aussi s’appliquer à Tours.
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Pour Tours, il s’attaque surtout au subventionnement de Ryanair. « Tout cet argent public versé pourrait servir à développer d’autres types de mobilités, comme le ferroviaire. » Le candidat voudrait disposer d’études : sur le transport de greffes pour le CHU, auquel il reste favorable, et sur les vols d’affaires. « Le vrai sujet, pour moi, concerne la liaison vers les aéroports existants : 85 % des déplacements des Français se font dans un rayon de moins de 50 km. De Tours, il faut développer le barreau sud pour accéder facilement à Orly. Développer la plateforme de Tours et parler d’un objectif de 500 000 passagers me semble illusoire, surtout à une époque où des gens continuent à se déplacer difficilement, et demandeur de beaucoup d’investissement. » Il est, en revanche, favorable à des projets portés par la métropole pour la production d’énergie verte ou la gestion de déchets. Ces projets séduisent aussi le président sortant, François Bonneau, candidat à sa réélection : « Le foncier devient une denrée de plus en plus rare. Les hectares offerts doivent être considérés comme une ressource précieuse pour installer des productions alternatives à l’énergie fossile ou pour les déchets. » Sa position a toujours été de considérer que l’aéroport de Tours avait une vocation touristique : « Tours reste l’aéroport passager de notre région. Il garde son utilité dès lors qu’il n’offre pas de des-
tination proposée par des solutions ferroviaires à moindre production de CO2. Nous avons développé le tourisme lors du mandat et nous ne pouvons pas aller dans ce sens sans que le segment de l’aéroport soit pris en compte. La région développe son potentiel avec des échanges de chercheurs, d’ingénieurs, de commerciaux, dans le domaine du médicament et de la cosmétique. La nécessité de l’aéroport existe. On dit qu’il existe trop d’aéroports en France, mais celui de Tours reste le seul de la région pour le tourisme. C’est pourquoi nous avons participé aux investissements. » Comme beaucoup, Ryanair ne le satisfait pas : « Je pense qu’à la fin de la convention, il faudra chercher des modalités plus justes, plus équilibrées et adaptées. Les conditions sociales sont remises en cause par les salariés. » En contrepartie des 210 ha de la BA 705 concédés à la métropole, celle-ci devra s’engager à se développer dans le domaine de l’aéronautique. Elle a déjà commencé avec la présence de APA (Air Paris Academy) Training, une école privée de pilotes de ligne créée en novembre 2018. Cette dernière a déjà investi plus de 6 M€ à Tours, possède une flotte de neufs appareils, parmi lesquels des Tecman, et des simulateurs de vols ; elle a fait construire un hangar et occupe de nombreux espaces pour former 77 pilotes. Les premiers brevetés sont déjà sortis. Mathieu Letierce
ORLÉANS LOIRE-VALLEY MISE SUR LA CLASSE BUSINESS L’aéroport loirétain, déficitaire comme la plupart des aéroports français, privilégie les vols d’affaires à ceux de loisirs. aéroport de St-Denis-del’Hôtel, rebaptisé Orléans Loire-Valley, commence à voir le bout du tunnel. Le premier confinement a été plutôt rude même si la piste est restée ouverte aux vols sanitaires et aux transports de malades de la Covid. « Pendant le premier confinement, on a enregistré 86 mouvements, contre 6 000 durant la même période de 2018, notre année de référence », explique son directeur Jean-François Vassal. Le seul avantage de ce coup d’arrêt brutal, et il est maigre, est que l’aéroport a fait des économies importantes en termes de fonctionnement. Du coup, la subvention d’équilibre du Département
L’
rizon se dégager progressivement. « Avec l’Europe, l’étau s’est desserré. Ce qui nous fait défaut, ce sont les vols avec l'Angleterre, la Grèce, la Roumanie. Il nous manque encore 40 % d’activités pour retrou-
IL NOUS MANQUE ENCORE 40 % D’ACTIVITÉS POUR RETROUVER LA COURBE DE 2019 ” du Loiret, qui finance 100 % du budget d’investissement et 95 % de celui de fonctionnement (900 000 € annuels), n’a pas été sollicitée. « En temps normal, on enregistre 32 000 rotations par an. En 2020, nous sommes tombés à 25 000 », résume le directeur qui regarde néanmoins avec optimisme l’ho-
ver la courbe de 2019. En revanche, c’est bien reparti pour les vols intérieurs, mais aussi avec la Suisse, le Luxembourg et même l’Espagne, qui demande pourtant des tests Covid au départ et au retour de chaque vol. » À la sortie de cette crise, JeanFrançois Vassal réaffirme ses ambitions. « Sur les 178 aéroports en
France, seulement 13 gagnent de l’argent. Les autres, y compris nous, s’inscrivent dans une logique de participation au développement économique du territoire. Il est donc plus intéressant stratégiquement de développer l’aviation d’affaires plutôt que celle de loisirs.» Et d’un point de vue financier également puisque l’aéroport, qui emploie 8 salariés pour un CA de 1,3 M€, encaisse 7 € pour l’atterrissage d’un vol de loisirs contre 90 € pour celui d’un vol d’affaires. Les calculs sont donc vite faits, d’autant que les clients sont fidèles : « Dix avions d’affaires appartenant à de grandes entreprises d’Orléans sont stationnés ici. Elles gagnent un temps précieux dans leurs déplacements. » Johann Galy
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REPORTAGE
CHÂTEAUDUN VEUT VOLER DE SES PROPRES AILES La fermeture de la BA 279 ouvre une opportunité historique de reconversion en aéroport civil. Le maire et président du Grand Châteaudun Fabien Verdier y voit un outil de désenclavement et de reconquête économique. Autour du chef d’entreprise Benoît Lonceint, une petite équipe travaille à ce projet très ambitieux. n vol aller-retour Châteaudun-Marrakech à l’horizon 2026 ? C’est le projet que pilote aujourd’hui le
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chef d’entreprise et ancien président de l’Udel-Medef du Loiret, Benoît Lonceint, qui croit au formidable potentiel aéronautique
de la sous-préfecture d’Eure-etLoir. Pourtant, la base aérienne fermera ses portes à la fin de l’année, clôturant ainsi plus de
La base aérienne 279 de Châteaudun fermera en fin d’année. À cette date, les 2 300 mètres de sa piste seront à la disposition d’activités civiles.
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quatre-vingt-cinq ans d’histoire militaire à Châteaudun. Son plan de vol est couché sur papier : faire décoller quotidiennement, en 2026-2027, une dizaine de moyen-courriers de type Airbus A320 et Boeing 737, à destination des grandes villes européennes et méditerranéennes. Fabien Verdier, maire de Châteaudun, président du Grand Châteaudun et conseiller régional, est persuadé, lui aussi, que la reconversion de l’ancienne base militaire en un « petit aéroport civil » représente une opportunité historique pour désenclaver son territoire et le doter d’une attractivité qui lui fait défaut : « Si vous dites à un entre-
preneur, un médecin, une famille, que toutes les capitales européennes sont à un peu moins de deux heures, ça change le cours de l’histoire. Vous donnez l’envie de venir s’installer ici », plaide l’élu qui, son carnet d’adresses en main, s’efforce aux côtés de Benoît Lonceint de mobiliser les exécutifs de l’ensemble des collectivités voisines pour les amener à soutenir financièrement le projet. Sans conteste, un aéroport desservant les grandes destinations européennes qui ne sont couvertes aujourd’hui qu’à 30 % par Orly et très peu par Tours Val de Loire, pourrait donner des envies de voyage aux 12 millions de Franciliens et aux 2,5 millions d’habitants du Centre-Val de Loire. Reste que la piste est loin d’être encore dégagée pour l’ouverture d’un premier vol commercial. « Nous avons une piste de 2 300 m, une piste secondaire, une tour de contrôle, des installations aéroportuaires, tout est là », énumère Benoît Lonceint. Les crédits du contrat de redynamisation de site de Défense (CRSD) doté de 13 M€ et signé fin 2019, serviront « à remettre en état la piste, le balisage, le marquage au sol ». Le premier objectif est d’ouvrir l’aéroport à l’aviation d’affaires et à des jets d’une vingtaine de places d’ici à fin 2022. Cinq ans plus tard, une fois l’ensemble des équipements réalisés, la tour de contrôle mise ad hoc, les contrôleurs recrutés, les premiers vols moyencourriers de 200 passagers pourraient s’inviter. « Nous avons commencé à prendre des contacts
BENOÎT LONCEINT, JAMAIS RASSASIÉ À 61 ans, Benoît Lonceint est une personnalité bien connue du Loiret. Passionné d’aviation, pilote émérite, il a créé en 2010 la petite compagnie d’aviation d’affaires Air PME, devenue flight.fr sept ans plus tard. En 2015, le chef d’entreprise multicartes, alors président de l'Udel-Medef 45, se fait un nom en transformant ses six restaurants Quick en Burger King. Aujourd’hui, son groupe de restauration compte 450 salariés. En septembre 2019, il fonde un supermarché coopératif, La Gabarre, à Olivet, qui « sera à l’équilibre l’année prochaine ». Après deux mandats de maire (2001-2014) du village de Sully-la-Chapelle (Loiret),
il veut tenter sa chance aux élections législatives de 2017 sous l’étiquette En Marche. Mais c’est finalement Caroline Janvier qui sera investie… et élue. Amer, le chef d’entreprise dénoncera un « déni de démocratie ». Une déconvenue qui le fera renoncer à aller plus loin en politique. « Je suis à distance de tout cela », conclut-il.
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REPORTAGE
LE SUD EURÉLIEN TERRE DE PROJETS Depuis vingt-cinq ans, le sud de l’Eure-et-Loir défraie la chronique avec ses projets d’aménagement. Au milieu des années quatrevingt-dix, la commune de Beauvilliers, à une trentaine de kilomètres à vol d’oiseau de la BA de Châteaudun, devait accueillir le « troisième aéroport de l’agglomération parisienne ». Poussée par la Région Centre et son président d’alors, le projet n’aura pas résisté au retour de la gauche au pouvoir, en 1997, et à l’élection de la députée écologiste Marie-Hélène Aubert, farouche opposante aux avions dans la plaine de Beauce. Ces dernières années, Philippe Vigier, député de cette même circonscription, a défendu mordicus son projet de gare TGV à Courtalain, à l’intersection des branches des TGV Bretagne et Atlantique. Une première hypothèse, en 2010, l’évaluait, tout compris, entre 65 à 75 M€. On peut imaginer ce qu’il en est en 2021… Sans qu’elle soit totalement enterrée, la gare de Courtalain semble sur une voie de garage.
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avec trois compagnies aériennes. Il faut leur apporter maintenant des éléments de mise en œuvre », précise le chef d’entreprise loiretain. Cette seule partie aéronautique du projet proposé par Benoît Lonceint représente un coût de l’ordre de 100 M€. « Les statuts de la SPL – Société publique locale – sont finalisés. Nous faisons actuellement un tour de table. On veut atteindre 25 M€ d’actifs pour l’entrée au capital sachant que la valorisation foncière du site de 400 ha qui appartient au Grand Châteaudun est
ments réalisés, les ressources de l’activité aéronautique et celles créées autour feront rentrer de l’argent dans les caisses. « Les redevances, les taxes, les loyers des entreprises qui s’installeront vont nous amener jusqu’à 2025 et l’arrivée de l’exploitant aéroportuaire retenu. On table d’abord sur 200 000 passagers à l’année puis 1 million, avec une dizaine de vols par jour. Il y a 300 décollages quotidiens à Orly ! », précise le chef d’entreprise qui assure que l’activité s’envolera à cette échéance.
NOUS AVONS UNE PISTE DE 2 300 MÈTRES, UNE PISTE SECONDAIRE, UNE TOUR DE CONTRÔLE, DES INSTALLATIONS AÉROPORTUAIRES, TOUT EST LÀ ” estimée entre 15 et 20 M€. Le reste du chemin n’est donc pas si grand. Ensuite, la Banque des territoires va participer jusqu’à hauteur de 75 % sur trente à quarante ans », argumente le chef d’entreprise qui admet que le business plan en cours de constitution prévoit « deux années de vaches maigres ». Ainsi, depuis plus d’un an, les étatsmajors des exécutifs des grandes villes et métropoles voisines – Orléans, Chartres, Le Mans, Tours – sont venus constater in situ le potentiel du site. Le temps presse, 5 M€ restent à trouver. « Ce qui est bon pour Châteaudun, le sera aussi pour Orléans, Chartres, Le Mans, la Touraine et l’ensemble de la région Centre-Val de Loire », soutient, volontariste, Benoît Lonceint. Une fois les premiers investisse-
Pour le maire de Châteaudun, cet aéroport représenterait un formidable outil de développement économique. Sur le site de la base elle-même, on compte 12 000 m2 de bureaux, 75 000 m2 de hangar et 8 000 m2 de bâtiments techniques, mais pas seulement. « Pensez que 10 500 emplois à moins de 50 km autour de Châteaudun sont liés à la Cosmetic Valley. On peut aller beaucoup plus loin encore », lâche-t-il. Selon Benoît Lonceint, la reconversion de la base est en mesure de créer 950 emplois directs et 3 000 indirects, à condition de mettre en place les liaisons entre le futur aéroport et le monde extérieur. « Pas moins de 28 entreprises ont déjà candidaté à une installation dans et autour de l’aé-
roport. L’activité aéroportuaire, ajoutée à tout ce qui touche au tourisme, va faire venir des familles et des entreprises. Cela va créer des emplois dans les services publics, la restauration, les écoles, etc. », garantit-il, confiant. Cette reconversion portée politiquement par Fabien Verdier n’est qu’une partie d’un projet plus vaste sur lequel planche depuis deux ans Benoît Lonceint et qu’il a baptisé « Revivisco Châteaudun 2030 » inspiré de la fameuse devise de la capitale du Dunois « extincta, revivisco » (éteinte, je revis). Les deux hommes savent pertinemment que la transformation de la BA en aéroport civil doit, a minima, s’accompagner d’une modernisation de la ligne SNCF entre Châteaudun et Paris-Austerlitz. Aujourd’hui, les deux gares sont distantes de 1 h 24 et le maire de Châteaudun se bat pour que le délai soit réduit à 1 h seulement d’ici à 2028 au plus tard. « C’est une perspective de désenclavement global, train route, air sur laquelle il nous faut avancer », lâche Fabien Verdier. Benoît Lonceint lui a déjà rendu sa copie. Par
À la fin des années quatre-vingt, la base de Châteaudun hébergeait des Mirage III, un des plus beaux succès de Dassault Aviation.
la route, sur la D955 entre Orléans et Châteaudun et la N10 entre Châteaudun et Chartres avec des contournements de village et la généralisation du deux fois deux voies : « Sur dix ans, cela représente 350 M€, deux tiers pour le département d’Eure-et-Loir et un tiers pour le Loiret. Ce sont des lignes budgétaires acceptables ». Par le train ensuite, avec ce projet d’un TER express Paris-Châteaudun, prolongé par la remise en état sur 2,5 km d’une ancienne ligne de marchandises qui conduirait les voyageurs au pied de la piste : « On estime à 350 M€ ces travaux qui relèvent des prérogatives de la région ». Et puis, projet « futuriste », le chef d’entreprise évoque la construction d’une halte TGV à Bonneval qui serait connectée au tronçon commun des lignes TGV Bretagne et Atlantique : 220 M€ devraient être mis à nouveau sur la table. Même en écartant la construction de cette haite TGV, le projet « Revivisco 2030 » tangente les 700 M€ et repose, pour l’essentiel, sur l’engagement financier des collectivités départementales et régionales. « Les deux lignes de tram à Orléans, c’est 650 M€. Notre projet ne représente pas des sommes hors de proportion », se défend le chef d’entreprise qui compte également ouvrir une société à capital variable pour fédérer particuliers, entreprises et banques. Le rêve de renaissance est là, immense, historique pour le Dunois. Mais ne plane-t-il pas à des hauteurs qui le rendent difficile d’accès ? Johann Galy
LES CINQ EXPERTS DU REVIVISCO Benoît Lonceint s’est entouré d’une équipe « d’experts » pour porter son projet de reconversion de la base aérienne militaire de Châteaudun. On retrouve ainsi Yves Pleindoux, ex-directeur marketing du groupe Casino Restauration puis de Quick en France, par ailleurs ancien président du Comité de développement de l’aérodrome d’Aix-en-Provence et consultant chez Aerospace Consulting ; Philippe Rogeon, viceprésident ventes et marketing chez TDK Electronics Europe ; Damien Colombot, entrepreneur dans le BTP, spécialiste des infrastructures de transport et membre fondateur du Réseau Entreprendre en région Centre ; Daniel Bonneval, qui a fait toute sa carrière au sein du ministère de l’Équipement ; et, enfin, Gilles Rouby, général de corps d’armée, ancien patron de la base aérienne de Bricy et actuellement directeur général de l’Institut Themiis basé à Paris.
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LA BA 123 D’ORLÉANS-BRICY A PRIS DU GALON Véritable bastion du soutien logistique au transport aérien militaire tricolore, la BA 123 d’Orléans-Bricy accueille aussi la fine fleur des forces spéciales air qui se déploient aux quatre coins de la planète.
La ministre des Armées Florence Parly a inauguré le nouveau bâtiment de la BA 123 d’Orléans-Bricy au mois de février dernier
ituée à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest d’Orléans, la base aérienne 123 d’Orléans-Bricy est l’une des pièces fortes de l’échiquier logistique d’appui au transport aérien militaire français. Fort de ses 2 200 hommes, ce site stratégique – comme nous l’évoquions dans l’édition de mars 2021 de La Lettre Valloire – est aussi la plateforme d’accueil des fameuses forces spéciales air – les CPA 10 et CPA 30 –, composés de commandos qui se distinguent aux quatre coins de la planète lors de missions d’exfiltration ou de neutralisation d’adversaires de la République. « Globalement, l’activité de la BA
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123 s’organise autour de trois missions principales : le transport aérien militaire tactique, dont Orléans-Bricy est la base historique, le soutien et l’entraînement des commandos de l’air et de l’espace des forces spéciales ou conventionnelles, mais aussi le renseignement et la guerre électronique », nous indique un porte-parole. La base d’Orléans-Bricy accueille deux escadres de transport, la 61e et la 62e, qui sont en charge de missions spécifiques et, partant, dotées d’aéronefs adaptés à leur spectre d’activités. La première assure la mise en œuvre opérationnelle des avions de transport A400M Atlas qui réalisent « des missions d’aérotrans-
port de passagers, de fret et de matériel roulant ou volant au plus près des troupes ». L’arrivée du premier A400M Atlas, en 2013, a conféré à la base loirétaine une dimension internationale, renforcée par l’installation d’un centre de formation dédié. À terme, toute la flotte d’A400M commandée par la France y sera stationnée. La 62e, équipée pour sa part d’Hercules C-130, de Transall C-160 et de Twin-Otter DH-C6, se consacre à l’accompagnement des missions sensibles d’aérotransport et d’aérolargage, parfois sur des terrains sommaires… ou hostiles. Au cœur du dispositif stratégique des forces françaises, la base connaît une croissance notable de son activité : elle a d’ailleurs inauguré en février dernier, en présence de la ministre des Armées, le nouveau bâtiment de 6 500 m2 en forme d’aile delta du CPA 30 ; cet escadron va monter en puissance et s’enrichir de nouvelles expertises. Les locaux devraient abriter 170 personnes. Et afin de faire face aux besoins de tous ses services, la BA 123 va recruter 115 personnes de plus… dont 17 équipiers parachutistes. Avis aux amateurs ! JCS
POLITIQUE
CHANGEMENT DE CLIMAT À LA MAIRIE DE TOURS ? À Tours, l’écologiste Emmanuel Denis et son équipe ont nourri plusieurs polémiques en début de mandat. Mais ces bégaiements idéologiques, plus ou moins bien utilisés par l’opposition, apparaissent aujourd’hui mieux maîtrisés. Sans dévier des objectifs de la campagne, les nouveaux élus découvrent les réalités gestionnaires. Au risque de l’apparition de tensions au sein de la majorité ?
t si le principe de réalité devenait le bréviaire d’Emmanuel Denis ? Pourtant, le maire de Tours et ses colistiers ont collectionné les foucades en tout début de mandat. On se souvient des polémiques provoquées par l’abandon du traditionnel sapin de Noël géant sur la place Jean
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Jaurès, la décision hâtive et peu concertée de fermer définitivement à la circulation automobile le pont Wilson, la signature d’une tribune dans Le Journal du Dimanche pour demander un moratoire sur le déploiement de la 5G ou la surprenante participation d’Emmanuel Denis, pourtant pa-
tron de sa police municipale, à une manifestation contre les violences policières. Tout semblait bon pour faire le buzz. Dans l’emballement de la victoire, il était certainement utile de brandir l’attirail des marqueurs idéologiques comme autant de trophées. Rassemblant sous le leadership des écologistes plusieurs composantes, des caciques de l’ex-gauche plurielle à des mouvements et personnalités au profil plus radical, la nouvelle municipalité a jeté sa gourme durant les premiers mois du mandat, payant son inexpérience de quelques bordées venues du camp d’en face. Mais la vague est retombée. Aujourd’hui, c’est manifestement à une gestion plus apaisée des affaires de la cité que semble aspirer l’équipe qui s’est installée fin juin 2020 à la mairie de Tours. N’en déplaise aux partisans du grand soir écologique et aux adeptes de la cancel culture, le maire, élu sur fond d’abstention record avec près de 55 % de suffrages exprimés mais moins de 20 % des
inscrits, n’entend pas – ou plus – renverser la table. Au risque de froisser certains alliés qui rêvent encore d’en découdre. « Certains Tourangeaux découvrent que nous ne sommes pas les dangereux illuminés que d’aucuns, notamment notre opposition, dépeignent avec beaucoup de mauvaise foi », juge le maire qui, s’il n’a pas été vraiment surpris de la virulence des attaques, s’étonne de n’avoir jamais bénéficié « du moindre délai de grâce. J’ai conscience que l’écolo-bashing est à la mode, mais c’est à croire que mon prédécesseur Christophe Bouchet et son carré de fidèles n’ont pas compris qu’ils avaient perdu la mairie. Je ne suis pas certain que ce systématisme dans la critique soit bien perçu par l’opinion », ironise-t-il. Certes, l’impératif écologique est toujours central, et le maire égrène des objectifs qui n’ont pas varié depuis la campagne électorale, notamment dans le domaine des mobilités : « Nous allons continuer chaque année à créer entre 7 et 10 km de pistes cyclables pour atteindre au moins 40 km à la fin du mandat. Le projet de seconde ligne de tramway, porté par la Métropole, sera aussi la grande affaire des années à venir ». De même, Emmanuel Denis veut s’attaquer à la rénovation du patrimoine immobilier de la ville, selon lui très dégradé, en insistant sur les écoles. Il entend accélérer le rythme de cette rénovation – déjà initiée par l’équipe précédente – en conduisant « au moins trois chantiers d’écoles par an » ;
ces programmes respecteront naturellement les canons de la transition écologique et énergétique, des canons auxquels devront aussi se conformer, de façon générale, les aménageurs et les promoteurs immobiliers.
Le maire se félicite de la qualité exemplaire du programme conduit par Bouygues Immobilier sur la friche Gelco, à Tours-Nord, où est prévue la construction de 400 à 500 logements sur un peu plus de 5 ha : « C’est un pro-
CERTAINS TOURANGEAUX DÉCOUVRENT QUE NOUS NE SOMMES PAS LES DANGEREUX ILLUMINÉS QUE D’AUCUNS DÉPEIGNENT AVEC BEAUCOUP DE MAUVAISE FOI ” Pour autant, il n’est pas question de procéder par oukases et de rompre le dialogue avec ces acteurs clés de la production de logements. D’ailleurs, le maire de Tours tente de les apprivoiser : « Je rencontre individuellement les promoteurs. J’ai passé du temps avec les représentants de la Fédération nationale du bâtiment. Comme moi, ce sont des gens pragmatiques. Je comprends leurs contraintes et pour la très grande majorité d’entre eux, ils comprennent nos objectifs politiques. »
jet co-construit avec les habitants qui s’inscrit dans une logique de transition écologique. Rien à redire ! ». D’ailleurs, il n’entend pas choisir entre ceux qui applaudissent et ceux qui rejettent la densification de l’habitat : « Ce n’est pas un point doctrinal. Il faut loger les Tourangeaux ou ceux qui aspirent à le devenir ». Conscient du regain d’attractivité dont bénéficie la ville, la municipalité entend se conformer, le doigt sur la couture du pantalon, aux préconisations du PLUH qui recommande la production de
POLITIQUE
650 logements par an : « L’important, c’est que soit respectée la répartition suivante : un tiers de logements sociaux, un tiers d’accession à la propriété et un tiers pour le secteur libre. » Sur les sujets régaliens, comme par exemple ceux relatifs à la sécurité – pardon, la tranquillité publique ! – le maire n’entend plus prêter le flanc aux critiques : « C’est évidemment une question majeure que notre opposition, et no-
CACHEZ CE BLANC QUE JE NE SAURAIS VOIR Une petite rechute ? Suite à la polémique lancée sur les réseaux sociaux avant une manifestation du centre LGBTI de Touraine pour « dénoncer l’homophobie » et que certains des participants voulaient interdire à « toute personne blanche qui essaiera de s’inscruster dans ce cortège », au risque de se faire « cordialement (ou non) dégager », Emmanuel Denis a eu l’assez fâcheuse idée de tweeter que « face à la polémique instrumentalisée par l’extrême-droite et relayée par la droite locale, je renouvelle toute ma confiance au @clgbt_touraine et dénonce les menaces de mort dont il est l’objet ». L’affaire n’en est pas restée là et elle a rebondi lors du conseil municipal suivant. Confronté aux attaques et à l’indignation de son opposition, le maire de Tours est resté droit dans ses bottes, dénonçant « une campagne attisée par l’extrême-droite », tout en se résignant au service minimum d’une condamnation du « principe de non-mixité ». La manifestation tant décriée a finalement été annulée.
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nationale. Et la Ville s’apprête à ouvrir plusieurs nouveaux postes de policiers municipaux. » Mais pour s’imposer sur le sujet sécuritaire, beaucoup pensent, et notamment les syndicats de policiers, « qu’il y avait probablement d’autres chemins à emprunter que de défiler le 28 novembre dernier contre les violences policières aux côtés d’ultras ». Certains péchés de jeunesse sont indélébiles…
LA DENSIFICATION N’EST PAS UN POINT DOCTRINAL. IL FAUT LOGER LES TOURANGEAUX OU CEUX QUI ASPIRENT À LE DEVENIR ” tamment Olivier Lebreton, l’ancien adjoint à la sécurité de Christophe Bouchet, instrumentalise avec beaucoup de constance. Je ne trouve pas cette attitude très responsable. On n’est jamais obligé de mettre de l’huile sur le feu. » L’allusion à la pluie de reproches qui s’est déversée sur la municipalité à la suite des deux nuits de violence urbaine ayant embrasé le quartier populaire du Sanitas, les 1er et 2 avril derniers, est à peine voilée. « C’est justement parce qu’une opération de police menée contre les trafics de stupéfiants et coordonnée par la préfecture a été menée que nous avons eu droit à cette riposte musclée, souligne Emmanuel Denis. On nous accuse d’impuissance mais c’est tout le contraire. Nous allons d’ailleurs, dans le cadre d’une demande que j’ai appuyée, recevoir des renforts de police
Pour l’ancien maire et ses proches,, rien n’y fait ! La Ville « est totalement à l’arrêt. Il ne se passe rien. Il n’y a plus de projets. Ils sont juste en train de déconstruire les éléments d’attractivité que nous avions patiemment empilés et qui, heureusement, continuent vaille que vaille à produire des effets bénéfiques », s’irrite Christophe Bouchet. Mais le déplacement du discours de l’opposition est significatif : on est passé des cris d’orfraies devant les provocations idéologiques au procès de l’immobilisme et de soumission au leadership de la Métropole, « au sein de laquelle les élus de la Ville de Tours ne pèsent pas assez », assène l’ancien maire. Des arguments somme toute classiques qui augurent, sans doute, d’une forme de normalisation des rapports. Jean-Christophe Savattier
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POLITIQUE
LE CHANT DU CYGNE DU COMMUNISME MUNICIPAL La commune tourangelle de St-Pierre-des Corps, bastion communiste depuis 1920 et le congrès… de Tours, a élu l’an passé un maire divers droite. En dépit de tentatives de rénovation, le communisme municipal peine à résister aux évolutions sociétales et culturelles.
ood bye Lénine ! Après trente-sept ans de règne sans partage, la maire communiste de St-Pierre-desCorps Marie-France Beaufils, qui ne se représentait pas, à dû abandonner son siège à un élu d’une autre couleur politique, une première depuis… 1920. Le dauphin qu’elle avait désigné n’a pas résisté aux assauts d’Em-
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Sans renier ses fondamentaux, Marie-Christine Baudoin, « prête probablement davantage attention aux créateurs de richesse sur les territoires »
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manuel François, un médecin de 53 ans installé dans le quartier sensible de la Rabaterie où prospèrent trafics en tous genres, rodéos motorisés et communautarisme islamique. « Ce fut bien
À la veille du scrutin de juin 2020, il ne restait plus que 700 municipalités se réclamant du PCF, soit un réservoir d’environ 7 000 élus. Mais plusieurs bastions ont chuté au printemps dernier, dont l’em-
LE PCF N’EXERCE PLUS LA FONCTION PROTESTATAIRE ET TRIBUNICIENNE, DÉSORMAIS ASSURÉE PAR DES LEADERS POPULISTES DE DROITE ” sûr un mini-séisme, affirme ce cacique socialiste tourangeau. Le coup a été d’autant plus rude que cette enclave rouge dans la métropole tourangelle s’apprêtait à fêter le centième anniversaire du Congrès de Tours, prélude à la naissance, un an plus tard, du parti communiste français. » Mais ce basculement constitue-t-il une réelle surprise ? La chute de la maison Beaufils s’inscrit dans une tendance socio-politique lourde : l’inexorable déclin du communisme municipal. Banlieue parisienne, pourtour méditerranéen et du Massif central, bassins miniers du Nord : ces territoires acquis à la cause prolétarienne perdent tour à tour la couleur rouge.
blématique St-Denis (93), mais aussi Aubervilliers (93), Champigny-sur-Marne (94) – la ville de Georges Marchais –, Choisy-leRoi (94), Seclin (59), Givors (69) ou Arles (13), gagnée par l’ancien patron de France Télévision Patrick de Carolis. La région Centre-Val de Loire n’a pas fait exception. Outre St-Pierredes-Corps, Château-Renault a été gagnée par la conseillère départementale LR Brigitte Dupuis après dix-neuf ans de gestion d’un apparenté communiste, Michel Cosnier. À St-Florent-sur-Cher (18), la mairie a également viré de bord, la centriste Nicolas Progin ayant profité des divisions à gauche après le
retrait de Roger Jacquet, maire communiste durant dix-huit ans avec un intermède divers droite entre 2001 et 2008. Les successions difficiles sont souvent à l’origine d’échecs qui trouvent aussi leur racine dans les mouvements de fond de la société française : désindustrialisation, droitisation du corps électoral, prise de distance des populations musulmanes avec la laïcité. Tout se conjugue pour limiter l’influence des élus communistes : « Le PCF n’exerce plus la fonction protestataire et tribunicienne désormais assurée par des leaders populistes de droite », explique ce doctorant en sciences politiques. Et puis, « les maires communistes et leurs alliés ont un problème avec le concept de management, estime un proche d’Emmanuel François. Ils ont tendance à vassaliser les associations locales qui doivent impérativement graviter dans leur système de pensée. Ils sont aussi très conciliants avec celles qui relaient les thématiques internationales du parti, comme par exemple le soutien à la cause palestinienne », poursuit notre interlocuteur. L’emploi public est pratiqué à grande échelle. « C’est presque un devoir. Du coup, les budgets de fonctionnement explosent au détriment de l’investissement. C’est un cercle vicieux qui entraîne la collectivité vers la paupérisation. » Pour autant, certains élus n’entendent rejeter ni leur conviction, ni le parti de Maurice Thorez. « On se modernise, on s’ouvre à
d’autres franges de la population qui ne partagent pas forcément nos convictions, comme par exemple les commerçants et les entrepreneurs. On sort du dogme. Cela passe, entre autres, par le recours à des pratiques fortes de démocratie participative. Mais ce n’est pas un communisme light, c’est un communisme rénové », estime ainsi Marie-Christine Baudouin, la maire communiste de St-Germain-du-Puy. En juin 2017, lors d’une élection municipale partielle, cette élue a défié les héritiers du vieux baron rouge Maxime Camuzat – qui venait de démissionner pour raisons de santé après quarante ans dans le fauteuil de maire – et réussi à l’emporter à la tête d’une liste de « rupture et de renouvellement », soutenue par le PCF. Trois ans ont passé et les stigmates de ce duel fratricide se sont estompés. Seule en lice l’an passé, la liste « Saint-Germain Ensemble » conduite par MarieChristine Baudoin a été réélue le 15 mars 2020 avec 100 % des suffrages exprimés, mais seulement 25 % des inscrits, le taux d’abstention frôlant les 70 %. En place pour encore six ans, la maire est formelle : « Il n’est pas question de renier nos fondamentaux qui consistent à porter une attention particulière aux populations plus vulnérables. Mais on prête probablement davantage attention aux créateurs de richesse sur les territoires ». Du passé faisons (presque) table rase…
ENTRE LE MARTEAU ET L’ENCLUME… On ne biffe pas un siècle de gestion communiste d’un trait de plume. Surtout en bougeant les lignes avec la délicatesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. C’est ce qu’est en train d’apprendre à ses dépens Emmanuel François, le maire divers droite de St-Pierre-des-Corps. Ce médecin, sorti vainqueur en juin 2020 d’une quadrangulaire qui l’opposait à trois candidats se réclamant de la gauche, multiplie les coups d’éclats depuis le début de son mandat, au risque de voir s’effriter une légitimité qu’il considère luimême comme assez fragile. En retirant leurs délégations à deux de ses adjoints, aux affaires sociales et à l’emploi, il a créé un groupe dissident au sein de son conseil municipal. En théâtralisant les difficultés financières, réelles, de la commune et en faisant voter un budget en déséquilibre, il s’est exposé à un risque de mise sous tutelle. Enfin, en ne renouvelant pas la DSP accordée au Patronage laïque, une vache sacrée de l’ancienne municipalité, il a ouvert un nouveau front contre ses opposants. Le mandat risque d’être long…
Jean-Christophe Savattier
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... ET À LA FIN, C’EST BONNEAU QUI GAGNE Lors du scrutin régional, la gauche rassemblée a triomphé avec un écart d’un peu plus de 16 points de son adversaire le mieux placé, Nicolas Forissier, qui n’a pas réussi à s’entendre entre les deux tours avec le centriste Marc Fesneau. Comme dans le reste du pays, la faiblesse de la participation a favorisé les partis traditionnels et leurs réseaux d’affiliés, au détriment du nouveau monde qui a payé cash l’absence d’une base militante. Les raisons de la soudaine baisse d’influence du Rassemblement national restent à analyser et la tendance à confirmer. Mais c’était sans compter sur le labourage aux quatre coins du territoire entamé dès la fin de l’hiver par le président de Région et la capacité de mobilisation d’une
plus de 22 % au second tour, est aussi à rechercher du côté de la mobilisation : selon une enquête réalisée par OpinionWay pour le compte des Echos, 70 % des élec-
LA GAUCHE FAIT SES PLUS GROS SCORES EN VILLE, POUSSÉE PAR L’ÉLECTORAT DES QUARTIERS EN VOIE DE GENTRIFICATION ”
est finalement haut la main que François Bonneau a remporté le scrutin des 20 et 27 juin. L’élu socialiste, qui aura 68 ans cet automne, ne partait pourtant pas favori. La piste semblait dégagée pour le centriste Marc Fesneau, tout auréolé des lauriers ministériels, ou pour le candidat de la droite Nicolas Forissier qui cochait toutes les cases de l’acceptabilité par une frange importante de l’électorat de droite et du centre.
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gauche qui démontre, une fois de plus, qu’elle peut compter sur le marketing d’affiliation sans faille de ses militants et du réseau associatif. Car la grande faiblesse de LaRem et, quoiqu’à un degré moindre, du MoDem, reste son incapacité à mobiliser des troupes : « On n’a pas de militants, on a des cliqueurs », ironise François Patriat, l’ancien président socialiste de la Région Bourgogne, désormais rallié à Emmanuel Macron. La contre-performance du Rassemblement national, attendu dans la région aux alentours de 30 % pour n’obtenir au final qu’à peine
teurs de Marine Le Pen au 1er tour des élections présidentielles ne sont pas rendus aux urnes le 20 juin, contre 57 % de ceux d’Emmanuel Macron. L’électeur lepéniste boude-t-il les consultations intermédiaires, conscient du plafond de verre qui interdit à ses candidats de briguer les exécutifs locaux ? Le niveau indigent de la participation est bien une prime aux partis structurés et à l’implication des élus de terrain. Cela se confirme à Nogent-le-Rotrou, où François Bonneau a recueilli 56,9 % des voix au second tour dans la ville qu’administre Harold
Huwart, sa tête de liste en Eure-etLoir, ou bien à Salbris, où Alexandre Avril, maire depuis seulement un an, a réussi à convaincre 45 % des électeurs de voter le 27 juin pour la liste Forissier dont il était le chef de file dans le Loir-et-Cher. Dans le match urbain-rural, l’urbain l’aura emporté à plate couture. La gauche fait ses plus gros scores en ville, poussée par l’électorat des quartiers en voie de gentrification : le 27 juin, François Bonneau a réussi à capter 51 % des suffrages exprimés à Tours, 50,4 % à Blois et à Bourges et 48 % à Orléans. Le même jour, Nicolas Forissier ne réunissait que 25,6 % des voix à Chartres et 22,6 % à Orléans, villes pourtant tenues par des maires qui l’avaient soutenu. À Blois, solidement enracinée à gauche, le député LR de l’Indre n’a recueilli que… 11,7 % des voix. Une misère. Même à Châteauroux, la ville de Gil Avérous, le maire de droite le moins économe de ses efforts en faveur du candidat de son camp, Nicolas Forissier arrivait le 27 juin derrière François Bonneau (42,65 % contre 29,5 %). L’attelage de gauche doit aussi sa victoire à l’incapacité des familles de droite et du centre à se rassembler entre les deux tours. Dès le lendemain de l’élection, à 16 h, Marc Fesneau publiait un communiqué annonçant sa décision de se maintenir. Les discussions entre les deux têtes de liste, sans chaleur, ont vite tourné court. Une partie des colistiers de Nicolas Forissier, notamment ceux issus de l’UDI, pro-
posaient « un aménagement technique » permettant l’intégration de quelques-uns des colistiers de Marc Fesneau : on évoquait cinq ou six noms. Les élus républicains, et notamment les maires des grandes villes, ne voulaient ni fusion, ni « aménagement technique ». Christian Jacob, consulté, non plus. Mais toute négociation aurait été vaine : après en avoir référé à Paris, Marc Fesneau s’est refusé à tout compromis. Il n’est d’ailleurs pas certain qu’une liste unique co-brandée LR-UDIMoDem-LaRem aurait changé quelque chose à la donne. La dynamique enclenchée par François Bonneau et Charles Fournier, dont la fusion des listes était bouclée dès lundi 21 dans la matinée, leur donnait une bonne longueur d’avance sur l’adversaire. La menace d’un Rassemblement national à 30 % ou plus écartée, il ne restait plus qu’à maintenir l’effort de mobilisation encore une semaine. Les sept ans qui viennent – le mandat régional sera allongé d’un an pour ne pas interférer avec le couple présidentielles-législatives du printemps 2027 – seront donc à l’épreuve d’une gauche reconstituée le temps d’une élection, mais qui n’en a pas oublié ses rivalités, voire ses divisions. Socialistes, communistes, écologistes et mélenchonistes devront gouverner ensemble et oublier les querelles qui ne manqueront pas de surgir dans le cours du mandat ou à l’occasion de scrutins nationaux. Et ce ne sera pas toujours simple à résoudre.
FAIBLES REVENUS, FORTE ABSTENTION Pour dresser le portrait-robot des abstentionnistes du 20 juin, l’enquête OpinionWay ne relève pas seulement des écarts suivant les âges (72 % des moins de cinquante ans ne sont pas allés voter au 1er tour) et les appartenances politiques, mais aussi selon les revenus. Les ménages les plus modestes (moins de 1 000 € de revenus mensuels) ont été 84 % à ne pas se rendre dans les bureaux de vote, contre 74 % pour la strate supérieure (moins de 2 000 € mensuels) et 67 % – peu ou prou le taux d’abstention national – pour les foyers ayant moins de 3 500 € de revenus mensuels. En revanche, ceux qui dépassent ce seuil ne sont que 56 % à s’être abstenus. La Ve République finissante réhabilite donc une forme dégradée de suffrage censitaire.
François-Xavier Beuzon
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Rodolphe Delord, Directeur général du parc zoologique de Beauval
FAISEUR DE RÊVES À 50 ans, Rodolphe Delord a fait du parc zoologique de Beauval une institution. Passionné, visionnaire, cet autodidacte a donné vie au rêve d’une mère qui a quitté les planches de Bobino pour s’installer à St-Aignan, au sud du Loir-et-Cher, par passion pour les oiseaux.
uand il arrive en 1977 à St-Aignan-sur-Cher, Rodolphe Delord, alors âgé de six ans, doit se demander quelle mouche a bien pu piquer sa mère. La première ville, Blois, est à 35 km à vol d’oiseau. Pour le petit Parisien qu’il est, la campagne française des années 70 devait avoir des contours bien abstraits. Pas sûr que la savane au Kenya lui soit alors plus étrangère : « Ma grand-
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mère maternelle avait dit à sa fille : tu ne tiendras pas six mois là-bas ! » Il est vrai qu’il y avait de quoi douter. Quitter Paris et un métier de présentatrice de spectacles à Bobino qui lui avait permis de fréquenter Brassens, Brel, Mireille Darc et où elle avait assisté à l’éclosion de Johnny Hallyday, pour se retrouver dans une ferme isolée de 5 ha, avec mari et enfants, il fallait croire en sa bonne étoile. « Mes parents
venaient tous les deux du musichall, mon père était un magicien connu. On a vendu notre appartement, on a fait un crédit-relais, et on est venu s’installer à St-Aignan », se souvient Rodolphe Delord. Qui pourrait aujourd’hui l’imaginer ? Le parc zoologique de Beauval, qui fait rêver des millions d’enfants et déplacer les présidents de la République, est né d’une passion aussi dévorante qu’inattendue de Françoise Delord, la mère de Rodolphe et Delphine, pour les oiseaux. Un jour, en contrepartie d’un abonnement à un fanzine, elle gagne un couple de capucins bec-d’argent tout droit débarqué d'Afrique. Le coup de cœur est total. La cage à oiseaux est rapidement trop petite pour accueillir les pensionnaires suivants, deux diamants mandarins gris, puis deux mandarins blancs. Au fil des mois, la petite chambre parisienne de Rodolphe n’y suffit plus à son tour. La collection maternelle compte quelque trois cents volatiles. Il est temps de se mettre au vert. « À Paris, je vivais au milieu des oiseaux », s’amuse Rodolphe. À St-Aignan, Françoise Delord ouvre donc un petit parc ornithologique au lieu-dit Beauval. Pour elle, il ne
s’agit pas seulement d’exposer les oiseaux, mais aussi de militer pour leur protection. « De mon côté, je ne supportais pas la vie scolaire, se souvient son fils. J’avais une passion pour les poissons exotiques, les serpents, les tortues. Dès que je rentrais de l’école, je posais mon cartable et je faisais de la peinture, de la soudure, de la maçonnerie, tout ce que je pouvais pour aider ma mère. » Au parc ornithologique, le travail ne manque pas mais les affaires ne sont guère florissantes. « Le premier prêt de 400 000 francs a été très difficile à obtenir. En 1988, nous n’avons accueilli que 40 000 visiteurs. Il y avait trois salariés. On se demandait si on allait passer l’hiver. » Le parc est au bord du dépôt de bilan. Le rêve maternel a du plomb dans l’aile. Cette même année, Rodolphe Delord prend en main son destin et celui du parc. « J’ai toujours dit qu’à 16 ans, j’arrêterais l’école. Et c’est ce que j’ai fait. » Fonceur, bosseur, passionné par la biodiversité autant que par l’esprit d’entreprendre, le jeune homme a un seul désir : « Faire rêver les enfants ». Développement, investissements, communication, il impose sa patte et amorce les changements. Un an plus tard, le parc devient zoologique et accueille ses premiers singes. Deux ans plus tard, deux ours lui donnent une visibilité inédite. Ce sont les stars du film éponyme de Jean-Jacques Annaud qui connaît alors un succès retentissant. Beauval se fait enfin un nom. « La même année, nous sommes allés chercher des tigres blancs en Floride ; à l’époque, ils étaient uniques en Europe ».
Les affaires sont bonnes et la famille Delord fait le choix de réinvestir le moindre euro gagné dans l’agrandissement du parc et le confort des animaux. « Je vis Beauval, je rêve Beauval. J’ai acheté une propriété mais il n’y a pas une journée où je ne viens pas au parc », assure-t-il. Sa femme, Sophie, rencontrée en 1992 alors qu’elle vendait des crêpes dans le parc, est devenue la directrice des ressources humaines. Delphine, la sœur de Rodolphe, est en charge de la communication. Le clan Delord couve l’héritage maternel.
Huan Huan (la femelle) et de Yuan Zi (le mâle). « Je lui ai encore envoyé des photos il y a deux jours », lâche Rodolphe Delord, non sans fierté. Au sommet de son œuvre, le patron du ZooParc de Beauval, où 1 600 000 visiteurs se sont pressés en 2019, avant la crise Covid, n’a pas oublié ses passions d’enfant. La préservation des espèces en fait partie. Quand il n’est pas dans
DÈS QUE JE RENTRAIS DE L’ÉCOLE, JE POSAIS MON CARTABLE ET JE FAISAIS DE LA PEINTURE, DE LA SOUDURE, DE LA MAÇONNERIE ” Un rêve restait encore à accrocher au frontispice du parc : « Ma mère rêvait d’accueillir des pandas ». Fidèle à son tempérament, Rodolphe Delord s’y emploie. La France découvre alors que cet ursidé peut être le vecteur d’une diplomatie parallèle avec la Chine. « J’avais sensibilisé Jacques Chirac, mais c’est Nicolas Sarkozy qui s’est directement impliqué. Localement, Patrice Martin-Lalande (l’ancien député de la circonscription, NDLR) a joué un rôle décisif au point qu’il est surnommé encore Monsieur Panda », s’amuse Rodolphe Delord. Le 15 janvier 2012, au terme de cinq années de négociations, les pandas géants débarquent à Beauval. C’est l’effervescence. Tout le monde se presse pour les voir. En août 2017, Brigitte Macron devient la marraine du premier bébé de
le parc, il va prêter main forte à l’association Help Congo, dont il est devenu président et pour les besoins de laquelle il a dépensé 500 000 €. Il soutient une cinquantaine d’associations qui œuvrent pour la protection de la faune sauvage. « Tous les animaux présentés à Beauval sont nés en captivité. Ils n’ont pas été capturés dans la nature », tient-il à préciser. L’heure de la transmission n’est pas encore arrivée mais Rodolphe Delord imagine mal que ses trois enfants, investis aujourd’hui dans leurs études, se tiennent longtemps éloignés du parc. « Beauval doit rester familial », assure-t-il. Mieux que personne, il sait qu’une telle réussite attisera les appétits des grands fauves. Johann Galy
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BEAUVAL A UN APPÉTIT DE LION Le ZooParc de Beauval a perdu 40 % de son chiffre d’affaires durant la crise. Pour autant, il n’y a pas péril en la demeure. Rodolphe Delord a joué de ses relations au plus haut sommet de l’État pour défendre les intérêts de la profession. Et prévoit déjà d’investir 40 M€ dans les trois ans à venir, notamment pour aménager un cinquième hôtel.
un coup, le silence est tombé sur Beauval. « Les animaux semblaient surpris de ne plus voir de public. Quand je me promenais dans le parc, ils étaient contents de venir à mon contact. Nous avons aussi enregistré des naissances d'antilopes, de singes, de rapaces, de perroquets. La vie a continué », raconte Rodolphe Delord. La vie a certes continué pour les animaux, mais elle s’est arrêtée brusquement autour d’eux. Par le
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passé, Beauval n’avait dû fermer ses portes qu’à de très rares occasions, et pour de courtes périodes. Une tempête de neige par ici, une inondation par là, mais jamais rien de bien grave. Le 14 mars, premier confinement. Le rideau se baisse sans perspective de réouverture. Le dôme équatorial, le « projet le plus fou du parc » qui a coûté 40 M€, est ouvert depuis un mois seulement. « C’était hallucinant. Je me suis battu. J’ai fait une visio de 3 h 30 avec Emmanuel Macron afin d’obtenir une aide pour l’ensemble des parcs zoologiques et, bien sûr, pour rouvrir au plus vite », explique Rodolphe Delord, qui est aussi le président de l'association française des parcs zoologiques. Virus ou pas, il fallait bien continuer à nourrir et à soigner les 35 000 animaux : 575 personnes sont placées en chômage partiel, mais 210 continuent à s’occuper des pensionnaires du zoo. Ce sont 100 000 € qui sont dépensés chaque jour. Une charge incompressible ! Heureusement, le parc fait le plein durant l’été 2020. « Les Français
doivent continuer à redécouvrir leur France », plaide le directeur du ZooParc, défenseur pragmatique du patriotisme économique. « La clientèle de Beauval, c'est 98 % de visiteurs français, à la différence des châteaux de la Loire », rappelle-t-il. Le 29 octobre, deuxième confinement. « C’était un jeudi soir, on avait 10 000 visiteurs dans le parc. Et nous en attendions autant les jours suivants », se souvient Rodolphe Delord. Sept mois d’inactivité, et 40 % du chiffre d’affaires engloutis. Maintenant, il faut remonter la pente. Premier site touristique de la région et douzième le plus visité de France, Beauval emploie jusqu’à 1 000 personnes en pleine saison, avec la perspective réactualisée d’une cinquantaine d’emplois supplémentaires chaque année. Une locomotive touristique qui draine toute une économie. « Le parc est un écosystème qui génère 2 500 emplois sur le territoire », explique son directeur. Pour preuve, la seule construction du dôme équatorial a nécessité l’intervention de 27 entreprises locales.
Optimiste par tempérament, fonceur par nature, Rodolphe Delord n’est pas inquiet pour l’avenir du parc. « Nos gros investissements ont été réalisés. Entre 2012 et 2020, nous avons investi 105 M€, avec la terre des lions, la télécabine et le dôme. Et nous avons pu encaisser de la trésorerie avant la fermeture », précise-t-il. Fidèle à la ligne de conduite adoptée depuis qu’il a pris les rênes du parc, le patron de Beauval prévoit même d’investir à nouveau 40 M€ dans les trois prochaines années. « Si on avait écouté les banquiers, on aurait été beaucoup plus prudents dès le départ », poursuit-il. Une partie de cette enveloppe sera consacrée à la construction d’un cinquième hôtel, les Rivages de Beauval (150 lits), en lieu et place de l’ancien hôpital de SaintAignan. Quatorze ans après le premier. « En 2008, en pleine crise économique, on accueillait 400 000 visiteurs. On a choisi d’ouvrir un hôtel, avec piscine et spa, et encore contre l’avis des banquiers. Grâce à cet investissement, on a fait du parc une destination. »
chambres et 1 500 lits sont proposés aux visiteurs, avec des ambiances très différentes d’un établissement à l’autre. On ne visite plus seulement Beauval, on y séjourne. En 2019, le parc a accueilli 1,6 million de visiteurs. Il est classé quatrième plus beau zoo du monde. Une réussite « à la française » à laquelle, politiquement, il est naturellement bon de s’associer. Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron l’ont bien compris. Déplacements officiels ou visites privées, ils n’ont jamais manqué de témoigner leur fidélité à Beauval, mâtinée d’une forme d’admiration pour cet accomplissement familial hors normes. « J’ai de nombreux liens au gouvernement », lâche le patron du ZooParc qui a accompagné Emmanuel Macron lors d’un voyage officiel en Chine en novembre 2019. « Je me bats pour la profession et il reste beaucoup de textes et de réglementations à faire évoluer », poursuit celui qui murmure à l’oreille du chef de l’État. « Je suis optimiste, les réservations
Au fil des années, l’offre hôtelière s’est étoffée. Des restaurants ont ouvert. Aujourd’hui, quelque 400
sont là », assure-t-il. Les cris des enfants résonnent à nouveau à Beauval. JG
ÉQUATORIAL Il imagine les installations, les rêves et les dessine. Le dôme équatorial n’a pas dérogé à la règle. Rodolphe Delord le qualifie de « projet le plus fou du parc ». Ce voyage « en immersion totale dans la forêt tropicale » a nécessité un investissement de 40 M€. D’une superficie de près de 1 ha, cette demi-sphère entièrement vitrée de plus de 38 mètres de haut représente la Terre coupée en deux au niveau de l’équateur. À l’intérieur, c’est l’été toute l’année : une température constante de 26°C pour recréer le biotope des animaux hébergés. Sous la voûte, des plantes et des arbres à foison (plus de 10 000), et une vingtaine de bassins et d’aquariums où cohabitent pacifiquement quelque 200 espèces, dont 24 000 poissons. Niché au cœur du dôme, le « Bivouac Beauval Nature » ouvre les coulisses du travail quotidien des chercheurs et membres d’associations qui œuvrent dans le domaine de la conservation des espèces. Une autre aventure, pédagogique cette fois.
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CONTROIS ET VALLÉE DU CHER, UNE PETITE VENDÉE Les entreprises du Controis et de la vallée du Cher ont plutôt bien résisté à la crise, si l’on excepte le point noir de Daher à St-Julien-de-Chédon. Mais le manque de main d’œuvre, et notamment d’apprentis motivés, ainsi que la rareté du foncier artisanal et industriel font craindre pour l’avenir de ce territoire à l’incontestable dynamisme économique.
ontres et et sa communauté de communes donnent toutes les apparences d’une santé florissante. Ce territoire de 48 000 habitants, qui s’étend des portes de Blois à la vallée du Cher, est une petite Vendée à lui tout seul. Des locomotives industrielles, avec les biscuits Saint-Michel en figure de proue, un taux de chômage à 6,3 % (un point de moins que le moyenne régionale), un emploi pour trois habitants, des entreprises qui embauchent encore et encore, des carnets de commandes pleins, des projets d’implantation… On ne dirait pas que la crise est passée par là. Mais derrière le sourire, les visages se crispent. « Si on ne forme pas des apprentis, on court à la catastrophe », s’inquiète Jean-Luc Brault, maire depuis 1995 de Contres, devenu il y a deux ans Le Controis-en-Sologne, et président de la communauté de communes du Val de Cher Controis. Lui-même issu de l’apprentissage, il ne ménage pas ses efforts pour
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trouver des solutions. La collectivité consacre 850 000 € chaque année à doter les entreprises ayant recours à la formation en alternance : cela gomme presque intégralement le reste à charge pour les employeurs de quelque
d’après : « Je vais demander à chacun des 35 maires de la comcom de me trouver un jeune en difficulté. On le formera aux métiers qui font défaut aux entreprises : serrurier, chaudronnier, soudeur… ».
SI ON NE FORME PAS DES APPRENTIS, ON COURT À LA CATASTROPHE ” 300 apprentis. C’est bien, mais ce n'est pas suffisant pour renouveler les générations d’employés atteints par la limite d’âge. L’ancien patron de Climatelec aimerait bien reproduire ce qu’il vient de réussir avec Goyer, le fabricant de panneaux de façade de Fougères-sur-Bièvre, filiale du géant du BTP Eiffage. « L’entreprise a recruté 12 personnes qui étaient en recherche d’emploi, de 18 à 53 ans. Elle s’est engagée à les former, avec un contrat de dixhuit mois à la clé ». Ce maire qui raisonne comme un patron pense déjà au coup
Le manque de main d’œuvre est tellement cruel que l’entreprise de son fils Gregory, Cisénergie, est obligé d’aller chercher à l’étranger les bras qui lui manquent : un quart de l’effectif de cet installateur de systèmes énergétiques provient de pays de l’Union européenne : ces travailleurs détachés trouvent en France un salaire bien supérieur à ce qu’ils pourraient espérer dans leurs pays respectifs, où ils rentrent une ou deux fois chaque trimestre avant de repartir au boulot, hébergés dans des lieux de vie souvent montés de toutes pièces par leur
Jean-Luc Brault
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LA SEPTEM PENSE À L’APRÈS-COVID Ce n’est jamais le moment pour une crise. Fin 2019, Pascal Courtault, fondateur avec son épouse Aline et gérant de la Septem, une
PME de 15 salariés spécialisée dans le décolletage et la mécanique de précision à Montrichard, rachète sa voisine Mécaéro (5 salariés), dont le dirigeant souhaitait prendre sa retraite. Une opération sans risque, réalisée par la holding familiale constituée pour l’occasion, qui permet de compléter le portefeuille client de la Septem. Mais la crise sanitaire devient très vite – aussi – une crise de l’industrie aéronautique, « qui représente 100 % de l’activité de Mécaéro ». Le chiffre d’affaires s’effondre (– 80 % pour Mécaéro, – 50 % pour Septem). Mais la seconde a la chance de fabriquer des pièces en acier pour plusieurs secteurs d’activité ; elle donne même de la sous-traitance à Mécaéro. En fin d’année dernière, ça va déjà mieux, et le petit groupe retrouve dès la fin de l’hiver ses niveaux de charge de 2019, soit près de 2 M€ de CA cumulé. Pascal Courtault envisage même de regrouper les deux unités sur le site de Septem, rue des Bois, dont il veut doubler la surface construite.
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employeur français. Il est loin le temps où le plombier polonais venait manger le pain des Français : aujourd’hui, on ne peut plus se passer de lui. Jean-Luc Brault laisse toutefois poindre une certaine amertume quand il évoque ce besoin de main d’œuvre extérieure : « Les gens sont devenus difficiles. Avant d’avoir du travail, ils cherchent d’abord un confort de vie. L’argent n’est plus le moteur. Il faut remonter une bonne dizaine d’années en arrière pour voir la naissance de tout ça. » Pour les travaux agricoles, le marché est tenu par les Bulgares. Des agences d’intérim se sont même créées à Sofia et dans les principales villes du pays pour approvisionner les exploitations agricoles du Controis et du Val de Loire de l’hiver à la fin du printemps, où les travaux ne manquent pas : taille des vignes, butée puis récolte des asperges, cueillette des fraises au printemps… Après la coupure estivale, ils reviennent, avec d’autres, pour les vendanges… Le logement de ces saisonniers venus de l’Est est plus précaire, parfois dans des mobil-homes, au mieux dans des gîtes touristiques, vides à la morte saison. Marc, le frère de Grégory et fils cadet de Jean-Luc Brault, ne ressent pas la question des ressources humaines de manière aussi vive. Dans son entreprise de travaux publics spécialisée dans les réseaux, il a cinq ou six apprentis en permanence et la filière de formation aux CAP, BEP ou bac pro fonctionne bien. « Pour 60 % d’entre eux, ils vont rester
dans le métier », précise Marc Brault, rappelant que les salaires proposés sont plutôt incitatifs : « Entre 1 800 € et 2 200 € nets par mois, pour 40 h par semaine ». Mais pour assurer le renouvellement des générations de ces professions rudes, où il faut travailler en extérieur par tous les temps, « il faut absolument former. Nos chefs d’équipes vont partir à la retraite ». Bien sûr, il y a le point noir de l’usine Daher de St-Julien-de-Chédon, qui semblait vouée à une fermeture certaine, avant qu’une entreprise du Blanc, Centrair, ait été sélectionnée par Patrick Daher et son dg Didier Kayat pour reprendre le flambeau. Si le projet se concrétise, Centrair et son patron Didier Beninca conserveraient entre 55 à 60, peut-être encore un peu plus, des quelque 300 salariés de cette usine un peu « old fashion », située en bordure de la D976. Avec les muta« Il faut absolument former. Nos chefs d’équipes vont partir à la retraite », s’inquiète Marc Brault
tions et les départs volontaires, Jean-Luc Brault fait le calcul qu’il pourrait, au final, ne rester que 50 personnes sur le carreau. Une situation qui ne l’inquiète pas, confiant qu’il est dans les entreprises locales pour proposer des reconversions. L’autre sujet qui préoccupe le président de la comcom est la rareté
à quelques encâblures de la sortie de l’A85, la CCI doit lancer l’aménagement de 8 ha. Jean-Luc Brault aimerait bien disposer de surfaces viabilisées rapidement : « Il faut entre cinq et huit ans pour créer une zone industrielle. Il est impératif d’anticiper, comme je l’ai fait il y a plusieurs années à Contres en achetant des terres agricoles ».
IL FAUT ENTRE CINQ ET HUIT ANS POUR CRÉER UNE ZONE INDUSTRIELLE. IL EST IMPÉRATIF D’ANTICIPER ” du foncier disponible pour implanter des entreprises : « On n’a plus beaucoup de place dans la vallée du Cher, sauf peut-être sur le parc Cher-Sologne de Sellessur-Cher. Mais on n’a plus rien à St-Aignan et l’extension de la zone d’activités de St-Georges-sur-Cher est réservée à 70 % ». À Chémery,
Il faut dire qu’il a vu large : à Contres, 150 ha sont consacrés aux activités industrielles, artisanales et commerciales. Il reste encore quelques parcelles libres, mais les surfaces disponibles se raréfient. La biscuiterie Saint-Michel, en perpétuel développement, est vorace. Et Marco Polo Foods va s’étendre à son tour. Le fabricant de sushis a plus que doublé son activité durant la crise sanitaire et il doit pousser les murs de cette usine construite il y a tout juste vingt ans pour produire 100 000 unités par jour… soit six fois moins qu’aujourd’hui. Et il faudra peut-être compter sur une des pépites de l’incubateur Food Val de Loire, installé rue des Entrepreneurs, juste en face du siège de la communauté de communes : les chaudrons de petits pots bio pour bébés de Comme des Papas ou de NBread Process concoctent peut-être les recettes industrielles de demain.
ATCS BOUGE SON MODÈLE Créée il y a vingt ans avec la reprise d’une branche de l’entreprise romorantinaise Mécanique de Sologne, ATCS a surfé durant des années sur le boom de la grande distribution, pour laquelle elle fabriquait du mobilier de magasin en métal. En 2008, la société fondée par Didier Perriau et Michel Sauget double même la surface de l’usine dans laquelle elle avait emmenagé trois ans plus tôt à Selles-sur-Cher. Et tout d’un coup, patatras ! À la fin de la décennie, le marché se retourne, les hypermarchés attirent moins et il faut se reconvertir. Proludic, le fabricant d’aires de jeux et de mobilier urbain de Vouvray (37), devient le premier client d’ATCS. L’entreprise se lance aussi dans les lits médicalisés pour le compte d’une autre entreprise tourangelle, Corona. Dans ce domaine, elle attend d’ailleurs les premières commandes d’un nouveau client. Aujourd’hui, ATCS compte 49 sa-
lariés et affiche un CA d’environ 5 M€, qui sera resté étal en 2020 en dépit de la crise. Seul souci, le prix de la matière première, qui a doublé en quelques mois.
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ACIAL FIDÈLE AUX ACQUIS L’entreprise de St-Aignan est l’une des nombreuses représentantes des métiers du mobilier métallique de la vallée du Cher. Si Acial
L’incubateur Food Val de Loire abrite peut-être les industries de demain
a connu des jours fastes, avec un effectif de près de 700 personnes à la fin des années quatre-vingt, les deux dernières décennies ont été plus compliquées. Désormais filiale du groupe belge Stow, luimême détenu par le fonds Blackstone, elle s’est repositionnée sur sa spécialité historique : les armoires et casiers, les rayonnages pour les entrepôts logistiques et une niche, où sa marque est reconnue, les armoires de sécurité et les coffres-forts. Acial emploie aujourd’hui 135 personnes, avec un volant d’intérimaires qui peut monter à 25, et a réalisé 27 M€ de CA en 2019, l’exercice qui a précédé la crise sanitaire. Comme ses voisines, elle doit affronter les problèmes de recrutement, accrus par son isolement « au bout du Loir-et-Cher », et la flambée du prix de l’acier. Mais l’activité reste soutenue et revient à son niveau de 2019.
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Toujours à Contres, un gros projet est en attente de signature : la base logistique et le show-room d’une entreprise de la région devraient s’approprier une bonne partie des derniers terrains disponibles. Pour optimiser l’espace, il faudrait dans l’idéal engager d’autres opérations-tiroirs, comme celle de Barat. L’équipementier ferroviaire a regroupé fin 2019 ses unités de Blois et de St-Aignan dans les 23 000 m2 que n’utilisait que très partiellement Novellini sur la ZI de Contres. Quant au fabricant de douches et de baignoires italien, il a trouvé refuge dans une partie des locaux qu’occupait l’imprimeur et sérigraphe Rabet L’Image, à Thenay, un des villages fusionnés avec Contres. Ces bâtiments désaffectés ont été achetés par la comcom pour y installer Novellini ; il reste d’ailleurs quelques surfaces à louer. L’usine Boiron de Montrichard, qui doit fermer ses portes à la fin
de l’année, n’aura pas de repreneur, la direction du groupe ayant renoncé à en trouver un : la production sera transférée en région lyonnaise, d’où est originaire ce laboratoire spécialisé dans les préparations homéopathiques. La plupart des quelque 80 salariés se retrouveront au chômage, seuls les plus âgés – 57 ans et plus – faisant l’objet de mesures d’âge. La fabricant d’armoires métalliques Acial, dont 20 des salariés de St-Aignan partent à la retraite dans les deux ans qui viennent, pourrait offrir des débouchés, comme Marco Polo Foods, qui ambitionne d’employer 350 collaborateurs d’ici à 2025. Quant aux locaux de Boiron à Montrichard, habilités à produire des médicaments, la comcom serait sur la piste d’une entreprise agroalimentaire. Il est encore trop tôt pour en connaître l’identité. Mais dans ce coin de la vallée du Cher, rien ne se perd… François-Xavier Beuzon
AMBOISE CÉLÈBRE LA BONNE CHÈRE Après quinze mois d’abstinence, l’antique capitale des Turones s’apprête à rouvrir rues et boutiques aux touristes du monde entier. Si Amboise tire sa gloire de son incroyable patrimoine historique, elle abrite aussi des pépites gourmandes. es caves Duhard ont cédé la place à Ambacia, du nom antique de l’oppidum gaulois qui dominait la Loire, à quelques centaines de mètres du château royal d’Amboise. Pascal Mineau, propriétaire des lieux depuis 2017, a transformé les longues galeries creusées dans le tuffeau en promenade œnologique. Cet ancien sommelier, qui dispose d’un impressionnant fonds de 100 000 bouteilles de Vouvray (de 1874 à nos jours ), a ouvert à la mi-mai sa belle terrasse des bords de Loire pour assouvir petites faims et grandes soifs. Le 9 juin, suivait l’Oppidum, un bistrot gastrono-
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mique pour déguster vins de Loire, dont les siens – cinq appelations, Amboise bien sûr, mais aussi Vouvray, Montlouis, Bourgueil et Chinon – et planchettes de produits locaux. Les amoureux de la dive bouteille consacreront une heure et quart et 12 € à une visite scénographiée de ses caves ou dégusteront une sélection de crus maisons. Ils ne repartiront pas les mains vides : l’épicerie propose aussi moutardes et condiments Martin-Pourret, foie gras et truffes de Touraine, caviar de Sologne, conserves de poisson et même une bière siglée Ambacia, brassée en ville par Matthieu Peraudeau.
Caves Ambacia 56 rue du Rocher des Violettes 37200 Amboise
hristophe Galland est devenu une institution à Amboise. Son épicerie fine à l’enseigne « Galland Épicerie de Terroirs », qui trône à deux pas du château de Charles VIII, propose une incroyable gamme de produits dénichés par le propriétaire des lieux aux quatre coins de France. Des cochonnailles de la ferme familiale de Betz-le-Château, mais aussi d’Auvergne et du Pays Basque, des sardines de SaintGilles-Croix-de-Vie, des chips de Beauce, des conserves en veuxtu, en voilà, des fromages de partout, une gamme incroyable
de vins et de spiritueux – 300 références, dont 200 ouvertes à la dégustation – la boutique ressemble à une caverne d’Ali Baba pour bons vivants. Derrière le comptoir, au fond de la boutique, les connaisseurs se laisseront tenter par une tartine de rillettes de la ferme Galland, une chiffonnade de jambon de la ferme Elizalda – 22 mois d’affinage – ou un morceau de fromage de chèvre, le tout arrosé d’une quille de chenin ou de côt volontiers débouchée par le patron. Galland Terroirs 24 rue Nationale 37200 Amboise
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TERRITOIRES
LE TERRITOIRE RÉGIONAL SOIGNE LES FABRICANTS DE VACCINS Trois usines régionales de façonniers pharmaceutiques ont été retenues pour assurer le remplissage, le conditionnement ou la fabrication de diluants pour les vaccins contre la Covid-19. Ce tir groupé a naturellement accru la visibilité de la filière pharmaceutique, très présente en Centre-Val de Loire. Mais les responsables de ces projets industriels, soutenus par les pouvoirs publics et les collectivités, doivent maintenant répondre à une obligation de résultat. i Sanofi ou l’Institut Pasteur ne sont pas apparus à leur avantage dans le combat contre la Covid-19 – leur incapacité à concevoir un vaccin les a obligés à jouer un rôle de supplétifs –, il n’en est pas de même des façonniers pharmaceutiques qui ont connu un quart d’heure de célébrité typiquement « warholien » à l’occasion de la crise sanitaire. Delpharm, Recipharm et Fareva, trois sous-traitants qui produisent habituellement des médicaments pour le compte de grands laboratoires pharmaceutiques, ont ainsi été retenus respectivement par Pfizer/BioNTech, Moderna Therapeutics et CureVac afin de prendre en charge la fabrication des flacons très attendus par les promoteurs de la campagne vaccinale. Hasard de la géographie industrielle ou véritable tropisme du territoire, ce trio d’opérateurs a choisi de confier la majeure partie de la confection des vaccins à trois de leurs usines qui se trou-
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Ci-dessus, la ministre Agnès Pannier-Runacher au côté de Bernard Fraisse, président du groupe Fareva
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vent en région Centre-Val de Loire. Le vaccin de Pfizer/BioNTech, dont la disponibilité a été la plus précoce, est fabriqué à St-Rémysur-Avre (28), au sein d’une exusine Famar rachetée par Delpharm en novembre 2019. Fondé lui aussi sur la technologie de l’ARN messager, celui de Moderna est délivré – au comptegoutte – par l’usine du suédois Recipharm à Monts, près de Tours. Enfin, le site industriel de Fareva de Pocé-sur-Cisse (37) – une ancienne usine Pfizer rachetée par le sous-traitant ardéchois, l’un des leaders européens du secteur – produit le diluant entrant dans la composition du vaccin de l’allemand CureVac qui n’est toutefois pas encore autorisé. Ceux-ci seront conditionnés à Val-de-Reuil (27)
et à Idron (64) où Fareva exploite deux unités de fill & finish. Ce tir groupé « ne doit rien au hasard » indique-t-on chez Dev’Up, l’agence de développement économique régionale, très impliquée dans la consolidation de la filière :
« Derrière ces choix de localisation et ces partenariats, on peut voir se profiler tout le travail de construction d’un écosystème échafaudé par le cluster de production Polepharma, en partie établi en région Centre-Val de
CE SONT DES SOUTIENS EXCEPTIONNELS QUI PEUVENT CONDUIRE À DES EFFETS D’AUBAINE ” « Notre territoire est une place forte de cette industrie où s’est forgée une réputation mondiale d’excellence, en particulier dans le domaine des formes stériles injectables, ce qui est tout à fait en ligne avec les besoins des laboratoires qui ont mis au point les vaccins. »
Loire », admet cet industriel. Ce travail de construction est relayé par le gouvernement qui tente de réarmer les capacités françaises dans le domaine de la production de médicaments. Chacune des usines régionales impliquées dans la sous-traitance des
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TERRITOIRES
CDM LAVOISIER VA PRODUIRE DES SOLVANTS DE VACCINS L’usine CDM Lavoisier de La Chaussée St-Victor, près de Blois (41), apporte également sa contribution à la mobilisation industrielle régionale. Ce site de 125 salariés, qui produit des injectables (flacons, ampoules et poches), va fabriquer et conditionner les solvants qui sont utilisés dans la fabrication de vaccins. Pour accroître ses capacités, la société (15,2 M€ de CA en 2020) engage quelque 7 M€ dans une extension de 1 100 m2 ; celle-ci permettra d’augmenter les surfaces de stockage et de libérer de la place pour l’accueil d’une nouvelle ligne de remplissage d’ampoules plastiques. Le projet a été reconnu d’intérêt stratégique par les pouvoirs publics qui ont attribué une subvention de 1,6 M€, via le dispositif Capacity Building. Ce programme capacitaire devrait générer la création de 25 emplois.
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vaccins Covid-19 a d’ailleurs été financièrement soutenue par France Relance ou via le dispositif Capacity Building prévu à cet effet. L’ampleur de ces soutiens publics a parfois surpris jusqu’aux intéressés eux-mêmes. Ainsi, le 22 avril dernier, au sortir de l’usine tourangelle de Recipharm, la ministre déléguée chargée de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher a promis que l’Etat allait participer à hauteur de 35 M€ à l’investissement d’une cinquantaine de millions d’euros que le suédois souhaite engager à Monts dans l’installation de deux nouvelles lignes. Quelques jours plus tôt, passant en revue l’usine Delpharm de StRémy-sur-Avre, Emmanuel Macron avait, pour sa part, accordé une aide d’une vingtaine de millions d’euros au programme capacitaire de 25 M€ que le façonnier entend mener à Chambraylès-Tours (37) où il exploite une unité spécialisée dans les formes injectables. « Ce sont des soutiens exceptionnels qui peuvent conduire à des effets d’aubaine, concède cet industriel du secteur. Mais il faut reconnaître que ces aides sont souvent indispensables. Les programmes de sous-traitance vaccinale sont des projets risqués. On peut redouter qu’ils soient à l’origine de futures surcapacités lorsque la pandémie aura diminué d’intensité. Et la production dictée par l’urgence peut amener les façonniers à négliger leurs donneurs d’ordre habituels. C’est la raison pour laquelle certains sous-traitants plus fragiles ont soigneuse-
ment évité de briguer l’obtention des contrats. En outre, la contrepartie de ces aides est que les industriels doivent accepter de subir la pression des pouvoirs publics, pressés de voir les doses arriver en masse dans les centres de vaccination. » Pourtant, le déroulé des étapes de qualification et de réglage des process est exposé à des aléas qu’il est toujours très difficile d’anticiper. C’est ce qu’a éprouvé Recipharm à Monts, où l’accumulation des difficultés a contraint l’industriel à repousser la mort dans l’âme son calendrier de production. « Tout d’abord, la matière première de l’ARNm-1273, fabriquée en Suisse par le chimiste Lonza, a été livrée avec parcimonie, nous indique une source interne. Ensuite, nous avons eu du mal à stabiliser un effectif qualifié – l’usine emploie 230 salariés à ce jour, NDLR – et à constituer des équipes de week-end. Nous avons rencontré d’importants problèmes sur l’une des deux lignes dédiées au contrat Moderna. Enfin, l’Agence nationale du médicament a publié un avertissement sur la conformité de cette installation avec certaines des spécificités requises ». Dans de telles conditions, les premiers lots de validation, qui devaient être initialement délivrés en mars-avril, n’ont pu être produits qu’à la mi-mai. Et les prévisions ne sont pas très encourageantes. Jusqu’à l’automne, les volumes produits devraient se hisser aux alentours de 450 000 unités par mois alors que le fa-
çonnier et son donneur d’ordre tablaient davantage sur deux millions d’unités. Ce retard à l’allumage aura déjà fait une victime. Le directeur du site tourangeau Mikael Ericson, qui veillait à la bonne marche du programme, a été rappelé en Suède et remplacé par Thibaud du Merle, un dirigeant chevronné, spécialiste du contrôle qualité et de l’organisation industrielle. Chez Fareva, le sujet industriel semble mieux maîtrisé. D’ici à la fin de l’année, le façonnier aura bien produit entre 15 et 20 millions de flacons de diluants à Pocésur-Cisse, correspondant « à environ 300 millions de doses de vaccins », nous indique le président du groupe Bernard Fraisse,
À Monts, Recipharm a du mal à stabiliser un effectif qualifié
qui se disait prêt à l’heure où nous écrivons ces lignes à démarrer le remplissage et le conditionnement sur ses sites normand et pyrénéen dès le mois de juin, au rythme de 500 000 flacons par mois. « À condition bien sûr que notre donneur d’ordre puisse nous fournir la matière première », précisait-il. Et aussi, et même surtout, que le vaccin de CureVac soit autorisé dans les délais prévus par la ré-
gulation. Cette hypothèse ne semblait pourtant pas la plus certaine en ce début du mois de juin : l’Agence européenne du médicament a douché l’enthousiasme de la biopharm allemande et de ses partenaires industriels en estimant qu’elle ne saurait prendre une décision d’autorisation de mise sur le marché de son candidat avant le mois d’août. Qu’importe le flacon… Jean-Christophe Savattier
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ENTREPRISES
RÉMI EXPRESS SE POSE À ORLÉANS Après le vaste Technicentre de St-Pierre-des-Corps, la région Centre-Val de Loire aura prochainement un deuxième centre de maintenance ferroviaire : le site d’OrléansQuébec acccueillera dans un an les nouveaux trains Rémi Express construits par Bombardier pour renouveler le parc vieillissant de voitures Corail. a maintenance des nouveaux trains Rémi Express, qui remplacent progressivement depuis la fin de l’été dernier les vieilles rames Corail sur les lignes Paris-Orléans-Tours, Paris-Bourges et Paris-MontargisNevers, sera assurée par le centre actuellement en construction à Orléans, boulevard du Québec, entre les gares d’Orléans et de Fleury-les-Aubrais. Ce sera le deuxième Technicentre SNCF en région Centre-Val de Loire après celui de St-Pierre-des-Corps. Ce site de 7,5 ha situé à un embranchement ferroviaire, qui était partiellement occupé par le transporteur DB Schenker avant le dé-
de quatre voies de 110 m chacune pour les opérations de maintenance proprement dites, une voie couverte de lavage qui permettra également le nettoyage des tags, une « station-service » pour les
part de celui-ci pour la ZAC des Loges à Fay-aux-Loges, va accueillir un complexe imposant, comprenant un bâtiment de 142 m de long, qui abritera un atelier couvert
cipation de l’État de 20 M€. Les travaux devraient être achevés à la mi-2022. C’est à cette date que les 32 nouveaux trains Omneo-Regio2N du
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constructeur Bombardier circuleront sur l’ensemble du réseau régional. Capables de rouler à 200 km/h, il auront une capacité de 370 places assises par rame, un train composé de trois rames
UN INVESTISSEMENT DE 70 M€ PORTÉ PAR LA RÉGION AVEC UNE PARTICIPATION DE L’ÉTAT DE 20 M€ ” opérations logistiques et un faisceau de six voies électrifiées en extérieur permettant la desserte de l’atelier et le remisage des rames. Au total, un investissement de 70 M€, porté par la Région Centre-Val de Loire avec une parti-
pouvant donc transporter 1 110 personnes. Construits dans l’usine de Crespin (59) de Bombardier Transport – désormais composante d’Alstom –, les nouveaux trains Rémi Express intègrent les pièces de plusieurs équipementiers et sous-traitants installés dans la région : Faiveley à StPierre-des-Corps et La Ville-auxDames (37) pour les systèmes de portes et de contrôle à bord, Barat à Contres (41) pour les systèmes de portes cabines, mais aussi Stauff à Vineuil (41) pour les équipements hydrauliques, Cooper Capri à Nouan-le-Fuzelier (41) pour des composants électriques et l’entreprise adaptée ADC de St-Cyr-sur-Loire (37) pour des convertisseurs. FXB
LA « GROSSE MACHINE » DE ST-PIERRE-DES-CORPS La commune cheminote de l’agglomération tourangelle abrite l’un des plus importants centres techniques pour la maintenance du matériel ferroviaire en France : 1 200 agents y travaillent. a région Centre-Val de Loire peut s’enorgueillir de posséder l’un des principaux centres de maintenance – Technicentre, dans le jargon cheminot – ferroviaire de France avec celui de St-Pierre-des-Corps : il figure parmi la dizaine de sites industriels français capables de rénovations importantes, comme les opérations de « mi-vie », qui interviennent généralement quinze ans après le début de
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l’exploitation commerciale du train. Il redonne des couleurs aussi bien aux TER Rémi de la Région Centre-Val de Loire qu’à ceux de Régions voisines, mais aussi aux rames du Francilien ou du métro. Fort de 1 200 collaborateurs – ce qui en fait le 1er employeur de la commune –, le Technicentre corpopétrussien regroupe un chantier central de 15 ha, dont 8 couverts, disposant de 13 voies de
350 m et d’un atelier de 4 200 m2 de 150 m de long et 13 m sous plafond, d’un centre d’ingénierie de 2 000 m2 ainsi que de l’UOM, site de maintenance s’appuyant sur trois bâtiments, deux faisceaux électriques et thermiques, une station-service et trois sites éloignés : Tours, Les Aubrais et la Vicairerie, un atelier dédié aux wagons qui se trouve au sud-est des voies, à l’autre extrémité de St-Pierre-des-Corps.
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ENTREPRISES
SOCOFER MET LE TRAIN AU RÉGIME MINCEUR Le constructeur tourangeau d’équipements ferroviaires Socofer travaille à la mise au point d’un train électrique ultraléger autonome qui pourrait s’imposer sur les mobilités péri-urbaines de courte distance.
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t si le ferroviaire léger était l’avenir des mobilités périurbaines ? Bertrand Hallé, le directeur général du constructeur
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des rails TGV, par exemple. Ce serait parfaitement adapté à une navette Tours-Loches ou ToursChinon et, de façon générale, à
tourangeau de matériel ferroviaire Socofer, y croit dur comme fer. Voici déjà plusieurs mois que ses équipes travaillent à la conception de l’Écotrain, un train électrique autonome d’une capacité d’emport d’une vingtaine de passagers « fonctionnant sur batteries électriques qui pourraient être rechargées en bout de ligne par des batteries solaires », nous indique Bertrand Hallé. « C’est un format idéal, peu coûteux en exploitation et qui ne nécessite pas des infrastructures et de la maintenance lourde comme
une utilisation sur les lignes de desserte fine du territoire et pour des liaisons de 30 à 40 km ». Socofer a déjà réuni autour de ce programme fédérateur plusieurs industriels français, comme le fabricant poitevin de batteries lithium-ion Forsee Power et le nordiste Stratiforme Industries, spécialisé dans la conception d’habitacles en matériau composite pour le ferroviaire, le médical et la défense. « Des discussions sont en cours avec différents partenaires pour la constitution d’une société de projet au sein de la-
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quelle Socofer aura sa part », poursuit Bertrand Hallé. Il prévient qu’un projet de cette envergure, qui correspond parfaitement aux canons de la transition écologique, se doit d’être soutenu par l’État : « Il faut aussi qu’il s’adosse à une collectivité régionale organisatrice de transports, typiquement à une Région dotée d’importants moyens, ainsi qu’à un opérateur coutumier de l’exploitation de programmes en délégation de service public (DSP) comme Vinci ou Eiffage ». Mais, il ne s’agit pas de mettre la charrue – aussi électrique soitelle – avant les bœufs. Socofer, dont la contribution à l’Écotrain sera de concevoir les systèmes d’intelligence et de pilotage embarqué, souhaite avant toute chose collaborer avec les autorités de sécurité ferroviaire : « Nous ne nous attendons pas à obtenir un go initial, mais simplement vérifier que nous ne faisons pas fausse route. Il s’agit d’un projet de véhicule autonome. Les sujets de sécurité sont déterminants. » Une première machine test pourrait faire ses premiers tours de roue en 2022, espère Bertrand Hallé. JCS
RENCONTRES PERFORMANCE DES CCI
« DES IDÉES À CREUSER » Le dispositif d’accompagnement de dirigeants créé par le réseau des CCI séduit Didier Ana, responsable marketing et développement de CXR. Il y a trouvé matière à faire avancer son entreprise de fabrication de matériel électronique, située en Eure-et-Loir. a peur de perdre son temps ou du moins de ne pas l’optimiser plane toujours lorsqu’on évoque des dispositifs d’accompagnement ou des sessions de formation. D’évidence, Didier Ana, responsable marketing et développement de CXR Anderson Jacobson, une société spécialisée dans la fabrication de matériel électronique à Abondant (28), a trouvé son compte dans le dispositif Rencontres Performance mis en place par le réseau des CCI régionales. Au rythme d’un atelier de travail tous les quinze jours, sur des sujets qui embrassent à peu près tous ceux auxquels un chef d’entreprise est un jour ou l’autre confronté, il y puise des ressources qu’il met en œuvre une fois de retour à ses bureaux. « Ce sont des sujets concrets, explique Didier Ana. Sur celui de l’environnement, la veille réglementaire est très importante. Il y a sans cesse de nouvelles lois, de nouveaux règlements. Impossible de tout savoir. Pour le renouvellement des labels avant de répondre à un appel d’offres, c’est indispensable. Il y a toujours des idées à creuser. »
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Son entreprise, qui compte 25 salariés pour un CA de 7 M€, intervient dans un domaine technologique pointu, utilisé dans le secteur industriel et militaire. Via ces ateliers, Didier Ana échange avec des chefs d’entreprise de tous les horizons : « Le symptôme auquel nous sommes tous confrontés est celui de l’épuisement. Nous avons besoin d’avoir des idées neuves qui viennent de l’extérieur. Il est utile aussi de remettre en cause notre façon de penser. Et avec la crise de la Covid, ça a vraiment pris une dimension supplémentaire. La pandémie a remis en cause notre manière de manager nos équipes. » Management, réseaux, développement commercial, etc., les ateliers matinaux de trois heures se suivent mais ne se ressemblent pas. « Le gros atout, c’est l’expert qui vient faire sa présentation. Et puis, l’autre grand intérêt est le renouvellement des thématiques. Il n’y a pas eu deux fois le même sujet au cours des trois dernières années », assure Didier Ana qui fait partie des 300 chefs d’entreprise fidèles à ces rendez-vous.
PROBLÉMATIQUES SOUS TENSION À l’origine, le programme Rencontres Performance était décliné de manière départementale par les CCI, selon les spécificités des territoires. Avec la crise de la Covid, un nouveau programme a été conçu pour répondre aux problématiques « sous tension » que rencontrent nécessairement tous les managers et chefs d’entreprises de la région : développer le capital humain (38 rendez-vous), améliorer la compétitivité (42 rendez-vous), préparer demain (41 rendez-vous). Ces ateliers sont proposés sur l’ensemble de la région sous forme de réunions (en présentiel ou en distanciel), à l’appui d’animations assurées par des experts. Une douzaine de sujets sont traités en un même rendez-vous et proposés en accès webinaire, simultanément avec le présentiel. Le forfait annuel est d’environ 400 € HT par entreprise.
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ENTREPRISES
SERVIER FIDÈLE AU LOIRET
e regroupement des activités de recherche des laboratoire Servier sur le plateau de Paris-Saclay va naturellement impacter les unités de R&D qui sont aujourd’hui installées à Gidy (45), où le groupe emploie environ 900 salariés dont environ 200
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#TousMobilisés #1jeune1solution
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dans la R&D, et bien sûr à Orléans. La cité johannique accueille, en effet, la société Technologie Servier qui se consacre à la recherche et au support clinique : elle emploie environ 250 salariés. Sur les 450 collaborateurs qui occupent des postes de R&D répartis sur ces deux sites, environ 280 seraient donc invités à rejoindre début 2023 la plateforme francilienne. Seule l’activité de transposition industrielle restera localisée dans le Loiret, « à proximité des capacités de production de Gidy », nous indique Claude Bertrand, le vice-président de Servier en charge de la R&D. Ce
maintien devrait permettre de préserver 170 postes. Pour autant, le groupe précise que les délimitations et la répartition de ces postes ne sont pas encore totalement arrêtées. En septembre 2020, la fédération chimie énergie de la CFDT avait fait part d’un projet de réorganisation de la R&D de la middle pharma tricolore prévoyant la suppression de 250 postes, essentiellement via des départs volontaires. Ce programme devait affecter les quatre sites actuels de recherche : Suresnes (92), Croissy-sur-Seine (78) et les deux sites loirétains.
HEALTHCARE LOIRE VALLEY, VITRINE RÉGIONALE DU DISPOSITIF MÉDICAL Les industriels régionaux du dispositif médical, qui emploient près de 3 000 salariés, veulent structurer une filière confrontée à de multiples défis. Ils viennent de se regrouper dans un association. es industriels régionaux du dispositif médical prétendent à une meilleure visibilité. A l’initiative de plusieurs d’entre eux, notamment Jean-Louis Jarry, le président du fabricant de batteries Vlad, Emmanuel Hallauer, le directeur R&D de The Surgical Company (Endovision) et Nicolas Felix, le conseiller scientifique de Vermon (échographie médicale et matériels à ultra-sons), ils viennent de se regrouper dans une association baptisée HealthCare Loire Valley. La localisation tourangelle de ces trois pères fondateurs ne constitue pas une surprise puisque, selon une enquête menée par Dev’Up, l’agence régionale de développement économique – qui apporte son soutien logistique à ce projet –, près de la moitié des 48 fabricants régionaux de dispositifs médicaux (devices), qui emploient au total 2 894 salariés, sont installés en Indre-et-Loire. Pour autant, HealthCare Loire Valley envisage bien de fédérer l’ensemble des entreprises régionales. « Plus d’une trentaine d’entreprises du Centre-Val de Loire ont déjà
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fait preuve d’un intérêt pour adhérer à ce nouveau collectif sur la centaine d’établissements que nous avons identifiés sur le territoire », précise ainsi Jean-Louis Jarry. Selon lui, des projets de structura-
maines, parce que nous avons du mal à recruter, la réglementation, parce que nous allons devoir nous soumettre à de nouveaux process d’approbation de nos produits, le concept d’industrie
tion de la filière du dispositif médical étaient en gestation depuis plusieurs mois, « mais la crise sanitaire et les problématiques de souveraineté industrielle apparues à cette occasion ont été un déclencheur. Les industriels ont pris conscience qu’ils devaient se mobiliser collectivement afin de relever ces défis », poursuit le patron de Vlad. « Nous allons, dans un premier temps, focaliser nos échanges de bonnes pratiques sur quatre thématiques clés : les ressources hu-
4.0 et l’innovation ainsi que les problématiques de sous-traitance et de supply chain, parce que ce sont les critères déterminants de nos futurs succès », complète Emmanuel Hallauer. L’association se préparait à lancer son site internet à l’heure où nous écrivons ces lignes ; celui-ci devrait permettre d’identifier les besoins des adhérents et contribuera au « développement de nouveaux partenariats dans une logique de proximité ». JCS
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ENEN BREF BREF
GAULT & FRÉMONT EMBALLÉ PAR LE FRANC-COMTOIS GUILLIN
nstallé à St-Pierre-des-Corps (37), Gault & Frémont (66 M€ de CA en 2019, 270 salariés), l’un des principaux fabricants d’emballages en papier et en carton pour les métiers de bouche, va changer de mains. Le groupe familial franc-comtois Guillin (657 M€ de CA en 2019), basé à Ornans (25), a confirmé être en
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FRANCOS INVESTIT À VILLEBAROU Francos, la filiale de production du groupe de cosmétiques haut de gamme Sisley de Philippe d’Ornano (ci-contre), va investir 3,5 M€ cette année sur son site de Villebarou (41) qui emploie 250 salariés. Les fonds seront dédiés
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négociations exclusives avec UI Investissement pour l’acquisition de 100 % du capital de la société corpopétrussienne. Fondé en 1972, le groupe Guillin, qui emploie 2 600 salariés, revendique la position de leader européen des solutions d’emballage plastique pour l’agroalimentaire, les fruits et légumes et la restau-
à l’achat de deux mélangeurs de fabrication et de deux machines de conditionnement afin de gagner en capacité de production et d’améliorer l’ergonomie au travail. Le groupe va également s’atteler à réduire son empreinte environnementale en renouvelant ses groupes de froid, pour un investissement compris entre 400 000 et 500 000 €. À plus long terme, le directeur de Francos Jean-Luc Beauvois souligne avoir « la vo-
ration collective : il avait déjà racheté fin 2018 une autre société d’emballages régionale, le blésois Thiolat Packaging. « C’est une très belle opération qui nous permet, comme nous le souhaitions, de nous adosser à un groupe industriel familial qui partage nos valeurs », nous indique Rémi Boitier, le président de Gault & Frémont. Ce dernier conservera son mandat de président de la holding de tête et de dirigeant opérationnel de l’entreprise, qui a connu ces dernières années une forte croissance, aussi bien organique qu’externe : « Nous projetons d’importants investissements, poursuit Rémi Boitier. Nous avons notamment l’intention d’implanter un centre logistique dans la première couronne tourangelle, ce qui permettrait de libérer de la place à StPierre-des-Corps pour de nouvelles capacités de production. »
lonté de poursuivre ce développement dans le Blaisois ». L’entreprise envisage, en effet, de doubler sa production à l’horizon 2030.
TAILORMADE LOGISTICS INSTALLE UNE BASE À ORMES… Présent dans l’agglomération orléanaise depuis deux ans, date du rachat de son compatriote KTO qui possède une unité rue de Montaran à Fleury-les-Aubrais (45), le belge Tailormade Logistics se dote d’une plateforme de 6 000 m2, rue des Chataigners à Ormes (45). La PME gantoise, qui possède une vingtaine de plateformes logistiques, dont sept en France, reprend une partie des bâtiments libérés l’an passé par le normand Mutual Logistics : ce dernier a préféré se faire construire une nouvelle plateforme de 31 000 m2 à Artenay-Poupry (28) dans laquelle il a emménagé au mois de juin 2020. BNP Paribas Real Estate Orléans, qui a accompagné Tailormade Logistics, cherche un utilisateur pour les 6 000 m2 restants de la rue des Chataigners.
...LA BRANCHE TRANSPORT DE XPO LOGISTICS AUSSI Outre la perte d’un important client qui assurait la charge de l’entrepôt de Châteauneuf-sur-Loire (45), ce qui va l’obliger à fermer les portes du site castelneuvien, XPO Logistics est contraint de stopper l’exploitation de sa base d’Ingré, au nord de l’agglomération orléanaise, également en raison de la perte d’un client. Du coup, la branche qui gère la flotte de camions du transporteur et logisticien américain, jusqu’alors hébergée à Ingré, a dû se replier sur un autre site de la périphérie orléanaise pour y garer ses camions et semiremorques. Elle vient de prendre à bail un terrain d’un peu plus de 6 000 m2 rue des Varennes à Ormes (45) : ses services y occuperont également 200 m2 de bureaux. La transaction a été signée par BNP Paribas Real Estate Orléans.
PHOSCAO DEVIENT BELGE Installé à Châteauneuf-sur-Loire (45), le fabricant de poudre de cacao pour le petit déjeuner Phoscao (7,4 M€ de CA en 2019) devrait prochainement passer au main du groupe familial Sweet Products. Ce dernier, qui est la maisonmère du producteur de chocolat belge Baronie, vient d’entrer en négociations exclusives avec le chocolatier catalan Cémoi, la maison-mère de Phoscao, une marque centenaire (ci-contre) créée par un pharmacien parisien. Avec 750 M€ de CA, Cémoi est le n°1 français et le n°24 mondial d’un marché dominé par des géants comme les Américains Mars, Mondelez et Herschey, les suisses Nestlé et Lindt, l’italien Ferrero et le japonais Meiji. Présidé par le néerlandais Fons Walder, Baronie possède quelque dix usines dans le monde, emploie 1 500 personnes et réalise un CA d’environ 500 M€. Ce rachat devrait permettre au nouvel ensemble d’entrer dans le Top 15 du marché planétaire, avec 24 usines, un CA de plus de 1,2 Md€ et quelque 5 000 collaborateurs.
NOISERAIE S’ÉTEND À MÉZIÈRES-EN-BRENNE
À l'étroit dans ses 1 700 m2 à Mézières-en-Brenne (36), Noiseraie Productions (15 salariés, 5 M€ de CA en 2020, CA prévisionnel de 6 M€ en 2021) va investir 4,3 M€ dans la construction d'une extension de 1 900 m2 afin d'accroître sa capacité de production de pâte à tartiner bio sans huile de palme. Le nouveau bâtiment accueillera l'atelier de broyage, le conditionnement, le stockage tampon et celui des produits finis ; le bâtiment actuel conservera l'atelier cuisson et les espaces libérés abriteront l’intégralité des matières premières dont le stockage est, faute de place, partiellement externalisé à Villedieu-surIndre (36). La livraison de l'extension est prévue pour la fin de l'année.
La Lettre Valloire - Juin 2021
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EN VUE
Arnaud Bodolec, agriculteur à Augysur-Aubois (18), a été élu le 21 avril président du Crédit Agricole Centre-Loire (CACL) ; il succède à François Thibault, un exploitant agricole de la Nièvre, atteint par la limite d’âge. Ce dernier était devenu président de la CACL (1 950 collaborateurs et un total de bilan de plus de 18,4 Md€) en 1996, un an après la fusion des caisses de Crédit Agricole du Loiret, du Cher et de la Nièvre.
RÉGION Cécile Daussin-Charpantier a été nommée le 15 mars présidente de la chambre régionale des comptes du Centre-Val de Loire ; elle succède à Catherine Renondin, en poste depuis 2016. Entre 2009 et 2019, Cécile Daussin-Charpantier a exercé les fonctions de magistrate financière puis de procureure financière à la chambre régionale des comptes du Centre-Val de Loire avant d’être nommée procureure financière à la chambre régionale des comptes d’Île-de-France. Le 1er avril, la nouvelle présidente a installé un nouveau procureur financier du ministère public de la juridiction : il s’agit de Marc Simon, qui occupait jusqu’à cette date les mêmes fonctions à la chambre régionale des comptes des Hauts-de-France.
La Caisse d’Épargne Loire-Centre vient de changer de têtes. Valérie Savani, une enseignante de Vierzon (ci-dessous), est devenue le 21 avril présidente du conseil d’orientation et de surveillance (COS). Élue pour six ans, elle succède à Jean Arondel qui occupait ces
EURE-ET-LOIR
fonctions depuis 2008. Le COS a pour mission de voter le budget et de valider les orientations stratégiques proposées par le directoire, qui sera présidé le 1er septembre par Fouad Chehady ; il succède à Nicole Etchegoïnberry, qui fait valoir ses droits à la retraite. Thomas Coutanceau prend la tête d’Harmonie Mutuelle Centre-Val de Loire, qui compte près de 400 000 assurés pour 6 000 entreprises clientes. Il a rejoint le groupe en 2013 en tant que DRH de la région SudOuest avant de devenir directeur des ressources humaines et environnement de travail et patrimoine au sein de la région Centre et Hauts-de-France.
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La Lettre Valloire - Juin 2021
INDRE-ET-LOIRE Ingénieur agronome et ingénieur général des ponts, eaux et forêts, Marc Guérin a pris la présidence de l'Institut de recherche agronomique (Inrae) de Nouzilly où il succède à Catherine Beaumont, en poste depuis 2009. Marc Guérin était depuis octobre 2015 délégué régional à la recherche et à la technologie (DRRT), puis, à partir du 1er janvier 2021, Drari (délégué régional académique à la recherche et l’innovation) du Centre-Val de Loire.
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Philippe Bléty a pris la direction générale du bailleur OPH Habitat eurélien (155 salariés) ; il succède à Denis Joliet. L’OPH Habitat eurélien gère 11 000 logements sociaux en Eure-et-Loir. Une des missions du nouveau directeur général sera de développer « la mutualisation d’actions » avec Chartres Habitat, la SA HLM d’Eure-et-Loir et l’office HLM de Nogent-le-Rotrou.
Société archéologique de Touraine Fondée en 1840 - Reconnue d’utilité publique en 1872
Laissez votre nom dans notre histoire !
PARTICIPEZ à la restauration d’un bâtiment royal du XV siècle e
pour l’installation de la Bibliothèque d’Histoire de la Touraine 2 rue des Maures à Tours (angle avenue Malraux) La Société archéologique de Touraine a restauré la chapelle Saint-Libert (2011-2015) et l’a aménagée pour créer un nouveau lieu culturel dans la ville de Tours. Aujourd’hui, la SAT est amenée à réinstaller sa bibliothèque et elle saisit cette opportunité pour : restaurer un bâtiment royal du 15e siècle (situé près du château de Tours), le long de la Loire, l’adapter aux fonctions d’une bibliothèque, donner une meilleure visibilité à la « Bibliothèque d’Histoire de la Touraine » gérée par la SAT mais largement ouverte au public. Dans tous les cas, ces bâtiments historiques restaurés par la SAT, sont utilisés pour ses activités propres mais également ouverts au grand public.
NOUS RECHERCHONS DES ENTREPRISES MÉCÈNES, POUR NOUS SOUTENIR DANS CE PROJET Le budget total de restauration et d’adaptation du bâtiment s’élève à la somme de 516 000 € TTC et une importante partie du financement repose sur le mécénat, attendu à hauteur de 150 000 €. La Fondation du Patrimoine, pour sa part, a ouvert une souscription publique, active durant toutes les étapes du projet. Les dons des entreprises mécènes ouvrent droit à la déductibilité fiscale puisque la SAT est reconnue d’utilité publique. Bien entendu, les relations entre donateur et bénéficiaire se poursuivent au travers de contreparties qui peuvent prendre des formes très diverses grâce à la richesse intellectuelle et matérielle de la SAT. Toutes les autorisations administratives étant obtenues, les travaux sont en cours depuis janvier 2021.
CONTACT : Yves Cogoluègnes, Président de la SAT, yves.cogoluegnes@orange.fr 06 07 27 35 01 Société archéologique de Touraine BP 11105 - 37011 Tours Cedex 1 Association Loi 1901 - SIRET 775 345 945 Siège : Ancienne chapelle Saint-Libert 37 avenue André-Malraux - 37000 Tours Le bâtiment au moment du diagnostic archéologique (septembre 2019)
Coupe intérieure nord sud de la bibliothèque après finitions et installation
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