MAGAZINE JUIN 2010 - 5€
Ces entreprises qui ont
de l’énergie
à revendre Jérôme Billerey Aérowatt
TOURS François Boille 9, rue Edouard Vaillant 37000 Tours Tél. 02 47 75 07 50 - Fax. 02 47 75 09 08 www.boille-immobilier.fr info@boille-immobilier.fr
Dossier
Sommaire
Points Chauds www.lettrevalloire.com Ce magazine est un hors série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Edité par MCM Presse SAS au capital de 51 000 € RCS Tours B 341 914 273. Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours Adresse postale : BP 92031 37020 Tours Cedex 1 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com
En Bref
pages 4 et 5
En Scène
pages 6 à 10
Le parti de gauche, dindon de la farce régionale
page 11
La gauche régionale face aux risques de désaccords pluriels
pages 12 et 13
Les Verts veulent clouer Ryanair au sol
page 14
Belleville-sur-Loire : l’EPR pomme de discorde ?
page 15
Les CCI se réforment dans la douleur
pages 16 et 17
Pour Jeannette Bougrab, la première des discriminations, c’est l’emploi
Dossier
Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) Aurélie Vouteau (assistante)
page 18
Ces entreprises qui ont de
l’énergie
à revendre
Ont collaboré à ce numéro : Capucine Becker Alexis Boddaert Stéphane de Laage Stéphane Frachet Odile Ménard Charles Tulibad
Révision et correction : Odile Ménard
Eau, air, déchets, soleil : la planète fait feu de tout bois pour limiter sa dépendance aux énergies fossiles et faire place à des sources renouvelables. La région Centre n’est pas restée étrangère à cette révolution culturelle. Aux champs d’éoliennes, qui se sont multipliés ces dernières années au point de susciter le courroux des défenseurs du patrimoine, ont succédé des projets de fermes photovoltaïques. Une véritable filière industrielle liée aux énergies nouvelles est en train de naître dans la région. Tous espèrent que le Grenelle II saura maintenir la flamme. pages 20 à 36
Publicité : François-Xavier Beuzon Emmanuel de Gonneville
Les PMI régionales prennent le vent de la filière verte
Maquette : Régis Beaune Stève Ankilbeau
En région Centre, nombre de PME ont trouvé des créneaux pour se reconvertir dans les énergies renouvelables. Elles sont plus d’une vingtaine et emploient au total 330 salariés, notamment dans l’éolien et le solaire. pages 24 et 25
Diffusion : Annie Coupet Crédits photographiques : Photo de Une : Jean Puyo • DR. (pages 4, 5, 6, 7, 8, 10, 13, 14, 18, 21, 24, 25, 29, 30, 31, 32, 34, 38, 39, 44, 45, 48, 52, 58) • François-Xavier Beuzon (pages 5, 6, 7, 12) • Jean-Christophe Savattier (pages 7, 9, 28, 42) • Charles Tulibad (page 11) • Greenpeace (page 15) • Didier Depoorter (page 16) • Jean Puyo (pages 22, 50, 57) • Régis Beaune (pages 23, 40, 41) • Stéphane de Laage (page 32) • Odile Ménard (page 36) • Alexis Boddaert (page 39) • Parc des Mini-Châteaux (page 43) • Stève Ankilbeau (page 45) • Stéphane Frachet (page 48) .
SES met ses panneaux à l’heure solaire La région fait sa place au soleil Energie verte : le pour, le contre
page 28 page 29 pages 32 et 33
Les déchets agricoles transformés en électricité
page 34
Le Lochois valorise ses déchets en énergie
page 36
Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) Informations légales : Abonnement annuel 2010 (23 numéros et 4 magazines hors série) : 350 € Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 420 € Prix de ce numéro : 5 € CPPAP : 0111 I 85872 ISSN : 1246-4333 Dépôt légal : juin 2010 Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon
MCM presse
Entreprises De Bourges, Sirops Monin arrose le monde entier Benoît Collomb prépare sa sortie de Siraga La Caisse des Dépôts investit la PME
pages 38 et 39 pages 40 et 41 pages 42 et 43
La Maison Savouré propose Beauce Cola
page 44
Altia sauve Démarais à Montoire-sur-Loir
page 45
Lytess mise sur le « texticament »
page 46
Jaybeam rayonne en Inde
page 48
Un groupe français sauve l’ex-Dow Chemical à Semoy
page 48
Citévolia, le nouveau quartier d’affaires orléanais
page 50
Chantiers en région Centre
Le journal de l’Aritt Centre (publi-information)
page 52 pages 53 à 56
Didier Burban fait feu de tout bois
page 57
Carnet
page 58
Points Chauds
En Bref
Salbris n’arrive plus à joindre les deux bouts L
e maire de Salbris (41) Jean-Pierre Albertini (MoDem) a fait voter par sa majorité au mois d’avril un budget primitif qui accuse un déficit d’environ 2,1 M€ sur un budget total de 11 M€, ce qui est parfaitement… illégal, les collectivités ayant pour obligation de présenter des comptes à l’équilibre. « Je souhaitais attirer l’attention sur la situation de la ville et du bassin d’emploi qui ont été éprouvés depuis une dizaine d’années par des restructurations industrielles de grande ampleur entraînant un manque à gagner en recettes d’environ 1 M€ », se justifie le maire. Certes, Jean-Pierre Albertini a bien tenté de jouer la carte du développement économique, « mais les recours engagés contre nos différents projets (plate-forme logistique Prologis, parc touristique du Bas-Boulay) ont décalé la perception des recettes que nous escomptions ». Le seul projet de plate-forme logistique Prologis aurait dû générer près de 1 M€ de recettes fiscales récurrentes et près de 650 000 € en taxe locale d’équipement, avance le maire qui souhaite placer « tout le monde devant ses responsabilités ». Dans l’attente, le budget fautif a été remis au préfet. Celui-ci l’a déféré devant la Chambre régionale des Comptes, qui devrait rendre un avis très prochainement à l’issue d’un débat contradictoire. « Soit nous trouvons ensemble des solutions qui n’amputent pas la qualité des services rendus à la population, soit la Ville sera mise sous tutelle », ajoute Jean-Pierre Albertini, qui en signe de bonne volonté… a augmenté les impôts de 15 %.
Divorce à Mardié
Trahi par les siens
Après avoir renoncé à son poste de premier adjoint à Mardié, commune à l’est d’Orléans, Hervé Bonnin, en froid avec le maire Pierre Charron, démissionne une seconde fois et rétrograde au rang de simple conseiller municipal. La teneur des négociations sur le futur plan local d’urbanisme (PLU) se trouverait au cœur de cette querelle qui signalerait un malaise profond dans l’équipe municipale. « Des intérêts personnels passent avant l’intérêt environnemental », affirme le dissident Hervé Bonnin.
On n’est jamais mieux trahi que par les siens. Jean-Michel Bodin, le vice-président du Conseil régional en charge des transports, n’a pas pu se rendre le 19 avril à la réunion du groupe communiste organisée à la Région pour cause de grève des trains. Un comble pour ce défenseur de la cause cheminote. Son collègue Marc Brynhole n’a pas assisté non plus à la réunion,
4 La Lettre Valloire - Juin 2010
à cause du nuage volcanique islandais qui empêchait les avions d’atterrir à Paris. L’élu du Loiret a dû patienter quelques jours supplémentaires à la Guadeloupe.
Vu à la télé Nicolas Perruchot a été filmé le 26 mai dans les tribunes de
Roland-Garros par les caméras du « Petit Journal » de Canal +. A cette heure précise, le député Nouveau Centre du Loir-et-Cher aurait dû se trouver sur les bancs de l’Assemblée nationale pour la séance des questions au gouvernement. Des échanges moins passionnants que sur le court central.
Trop « Cher » La commune de Thenay veut se retirer de la communauté de communes du Cher à la Loire, qui regroupe aujourd’hui douze communes et 15 000 habitants et dont le siège est à Montrichard. Comme celui de Chaumont-sur-Loire, le conseil municipal de Thenay considère que la communauté de communes est « trop tournée vers le Cher ». Si Chaumont-sur-Loire (1 100 habitants) souhaite rejoindre Agglopolys, la communauté d’agglomération de Blois, Thenay (800 habitants) désirerait plutôt se rapprocher de la communauté de communes du Controis (10 communes, 9 500 habitants).
Double démission à l’UMP du Cher Aymar de Germay, maire de Marmagne (18) et président du syndicat départemental d’énergie du Cher, a démissionné fin mars de l’UMP pour rejoindre le Nouveau Centre : « Je constate avec regret que les valeurs du gaullisme ne sont plus un marqueur de l’UMP » a-t-il ajouté en guise de commentaire. Autre démissionnaire de l’UMP et nouvel adhérent du Nouveau Centre, Philippe Bensac, maire adjoint de Bourges.
Ascension
pour qu’il reprenne des collaborateurs de Gillet. « D’autres pistes sont à l’étude », affirme Jean-Luc Brault qui a fait de ce dossier une priorité.
Homophobe, lui ? Michel Guérin, le maire communiste de Saran (45), se serait bien passé du déchaînement de passions qui a suivi ses propos maladroits sur les homosexuels. L’élu doit faire face, depuis, à une déferlante de déclarations outrées. Il a pourtant déclaré qu’il pouvait « embrasser (les homosexuels, NDLR), jouer aux cartes avec eux, etc. et sic... »
Marc Fesneau prend du galon
Jusqu’alors discrète adjointe à la Culture du maire d’Olivet (45), Catherine Soullie, élue successivement députée européenne en juin 2009 puis conseillère régionale en 2010, n’en finit plus de monter : elle vient de se voir confier par le Parlement européen un rapport sur l’amélioration des interconnexions des registres européens du commerce. Une sorte d’Infogreffe à l’échelle de l’UE, en somme.
Gillet de sauvetage Jean-Luc Brault, le maire de Contres (41), s’emploie à reclasser les salariés de la conserverie Gillet, fermée par son propriétaire, le groupe Christ. Il tanne Jean-Charles Halimi, le patron du fabricant de sushis Marco Polo Foods,
La tête de liste MoDem aux dernières élections régionales a été nommée secrétaire général du mouvement, un poste nouvellement créé, lors du conseil national du 27 mars. Marc Fesneau, 39 ans, maire de Marchenoir (41) et président de la communauté de communes
La fin des années Papon La Ville de St-AmandMontrond (18) qui eut Maurice Papon comme maire entre 1971 et 1983, veut tourner la page de ces années. Thierry Vinçon (UMP), l’actuel premier magistrat de cette souspréfecture de 11 500 habitants, a annoncé la création d’une « esplanade des Justes » en hommage aux 17 habitants du Cher qui, « au péril de leur vie, ont agi pendant l’occupation pour sauver des familles juives de la barbarie ». Lors de son intervention, Thierry Vinçon avait déploré « l’ombre de celui qui fut condamné en 1998 pour crimes contre l’humanité », dont « le passé a assombri l’histoire de notre ville ». Maurice Papon avait abandonné sa fonction de maire quelques années avant le début des procédures judiciaires engagées à son encontre ; il avait été remplacé par le sénateur Serge Vinçon, le frère de l’actuel maire, décédé en 2007. Beauce et Forêt, a été conseiller régional du Centre entre 2004 et 2010.
Cumul Nicolas Perruchot a démissionné du conseil municipal de Blois (41), où il siégeait dans l’opposition depuis sa défaite de mars 2008. Cette décision est la
SMS De Maurice Leroy, député et président du Conseil général de Loir-et-Cher, dans une tribune publiée le 8 avril par Le Figaro : « Le Centre a toujours été représenté à l’élection présidentielle depuis 1965 et il n’y a aucune raison qu’il ne le soit pas en 2012 ». De Jean Germain, à propos de l’écharpe tricolore que le maire de Tours avait emmené à Shanghaï pour marier des couples chinois : « Il n’est pas question de la vendre car elle est dure à conquérir ». De Christophe Roussat, nouveau conseiller municipal d’opposition (liste « A gauche Bourges », extrême-gauche) au maire UMP de Bourges : « La fin du pétrole, la fin des réserves d’uranium, de moins en moins de voitures, pourquoi construire encore des autoroutes ? » D’Alain Pasquer, conseiller général socialiste du Blanc (36) et membre de l’opposition départementale : « Ce n’est plus possible de continuer ainsi. L’Indre est un des départements les moins endettés de France ! Moins de 4€ par habitant ». Réponse de Franck Thomas-Richard, secrétaire de la fédération UMP du Cher, à propos des élections régionales où il était candidat sur la liste conduite par Serge Lepeltier : « On n’a pas fait la bonne campagne. Il fallait être davantage politique. A gauche, ils ont fait de la politique, ils ont fait la campagne anti-Sarkozy et ça a payé ».
conséquence de l’élection au Conseil régional, où il siège aussi dans l’opposition, de l’ancien maire de Blois et toujours député Nouveau Centre de la 1ère circonscription.
Candidat Marc Angenault, 1er adjoint UMP au maire de Loches (37) depuis 2008, a annoncé sa candidature à la succession de Jean-Jacques Descamps, maire de la ville depuis 1995. Marc Angenault, 49 ans, est également candidat à la candidature UMP sur la 3e circonscription d’Indre-etLoire, détenue depuis 2007 par la socialiste Marisol Touraine.
Congrès Tours est décidément appréciée des organisateurs de congrès nationaux des partis politiques. Le Nouveau Centre a tenu le sien les 11 et 12 juin. Quant au Front national, il a choisi aussi Tours pour ce qui sera certainement le dernier congrès de son fondateur Jean-Marie Le Pen, les 15 et 16 janvier 2010.
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Points Chauds
En Scène
Alain Rafesthain conteste le rapport Jamet A
lain Rafesthain n’aime pas être mis au piquet. Il n’a pas du tout apprécié que le rapport Jamet portant sur les finances des Départements place le Cher, la collectivité qu’il préside, dans la liste des dix départements français les plus en difficulté. Si le président socialiste du Cher reconnaît quelques mérites à cette enquête « notamment la reconnaissance de nos difficultés réelles et du problème posé par la prise en charge des dépenses sociales qui explosent », il n’hésite pas à mettre en doute l’indépendance de son auteur. « Pierre Jamet est le directeur général des services du département du Rhône présidé par Michel Mercier, ministre de l’Aménagement du territoire et de
l’Espace rural. C’est un fait ! Il y a mieux comme garantie d’indépendance. » L’exécutif départemental ne se retrouve pas non plus dans les chiffres sévères publiés par le rapport (dépenses de fonctionnement 15 % plus élevées que la moyenne nationale, dépenses de personnel plus élevées de 30 %, frais financiers supérieurs de 45 %). « Ce rapport cumule les charges administratives et certaines prestations telle que l’APA sur lesquelles nous n’exerçons aucun contrôle dans les dépenses de fonctionnement ; ce n’est pas ma faute si nous avons beaucoup plus de personnes âgées dans le Cher qu’ailleurs ! » D’autre part le président du Conseil général du Cher se
montre dubitatif quant à l’efficacité des remèdes proposés. « Suggérer d’attribuer 200 M€ sur deux ans à la dizaine de départements concernés, alors que le montant des transferts de charge non compensés à l’ensemble des départements français s’élève à plus de 4 Md€, me semble un peu cavalier. »
Aux armes et cætera
L’
affaire de « la Marseillaise » de Mondoubleau a sérieusement dérapé sur le terrain politique. Car le texte parodiant les paroles de l’hymne national, distribué par un comédien anonyme à des collégiens du Loir-et-Cher, ne méritait pas autant de célébrité. L’affaire ne serait sans doute jamais sortie du Perche Vendômois si Frédéric Maurin, président de l’association qui héberge la compagnie Cheptel Aleïkoum, auquel appartient le comédien fautif, n’était l’époux de Karine Gloanec-Maurin, vice-présidente du Conseil régional depuis mars dernier. Une élue qui a moins d’amis, y compris au sein Karine de son Gloanec-Maurin camp,
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depuis qu’elle a décroché la tête de liste PS-PRG pour le Loir-et-Cher aux dernières élections régionales. Frédéric Maurin, qui a préféré faire profil bas en présentant ses excuses tout en regrettant que cette affaire « ait pris une tournure démesurée », est également directeur de la compagnie l’Hectare, qui gère, par délégation de ser-
vice public (DSP), la programmation culturelle du Minotaure, la salle de spectacle de Vendôme. Une mission confiée la première fois par la municipalité socialiste de Daniel Chanet, renouvelée depuis, qui, elle aussi, réveille certaines rancœurs. Décidément, « la Marseillaise » aura toujours des accents guerriers.
Big Brother in Loches… Le Monde.fr et le Canard Enchaîné sont tombés à bras raccourcis sur la direction du lycée Saint-Denis de Loches, coupable d’avoir truffé son établissement de caméras de vidéosurveillance – « pas à l’intérieur des WC, mais jusque dans la partie lavabos » – et d’avoir instauré un contrôle biométrique à l’entrée de la cantine. Bienvenue dans le monde d’Orwell ! La direction se défend en invoquant des questions de sécurité et la distraction des élèves « qui oublient souvent leur carte de cantine » (sic). Une distraction qui, semble-t-il, affecte aussi les responsables du lycée lochois qui ne souviennent pas précisément d’avoir déclaré ces installations auprès de la Commission nationale informatique et libertés (CNIL)…
Angélique Delahaye cultive le pragmatisme N
uméro 2 en Indre-et-Loire de la liste emmenée par Hervé Novelli aux élections régionales de mars, l’atypique Angélique Delayahe, dirigeante d’une entreprise de maraîchage d’une quarantaine de salariés à St-Martin-le-Beau – et d’une seconde exploitation en Loir-et-Cher – a découvert les usages de l’assemblée régionale où elle siège désormais sur les bancs de l’opposition. Carrée, énergique, cette quadragénaire « non encartée », mère de trois enfants, qui préside aussi la Fédération nationale des producteurs de légumes (Légumes de France), se dit choquée par certaines attitudes de la classe politique. « J’ai notamment été surprise par l’exposition publique des désaccords au sein de la majorité régionale. Elle témoigne d’un manque de respect vis-à-vis de l’électeur ». Celle qui se demande encore, en fausse naïve, « pourquoi Hervé Novelli est venu me chercher », a adhéré à son projet parce qu’il était « marqué du sceau du pragmatisme », notamment en matière agricole. « J’ai parfois l’impression que beaucoup de nos adversaires politiques ne sont pas dans la vraie vie. » En femme de la terre, elle s’étonne des faveurs dont bénéficie l’agriculture bio : « Le bio est certes tout à fait correct politiquement mais il n’est pas toujours adapté à la situation des exploitants et à la bourse des consommateurs. » De même, l’engouement pour les fameux « circuits courts » la fait sourire. « C’est tout juste s’il ne faudrait pas préempter du foncier pour installer de force des exploitants. La réalité économique est juste un peu différente…» Vous avez dit Angélique ?
Lepeltier prêt à tourner la page ? Sitôt le scrutin régional achevé, Corinne Lepage, en partance du MoDem, annonçait la constitution d’une association réunissant les anciens ministres de l’Environnement de toute l’Europe et des anciens dirigeants internationaux de l’environnement (DIE). Serge Lepeltier, maire de Bourges, nouveau conseiller régional et vice-président du parti radical, un parti associé à l’UMP, a aussitôt rejoint cette association lancée le 25 mars, à Bruxelles. Ce rapprochement préfigure peut-être la naissance d’un courant « centriste et écologiste » que le maire de Bourges appelait de ses vœux, le 26 mars, lors de l’élection du président du Conseil régional. L’ancien ministre de l’Ecologie et du Développement durable de Jean-Pierre Raffarin serait-il prêt à écrire une nouvelle page de sa vie politique ?
Ambitieux Tayeb Touazi, adjoint au maire de Dreux, a annoncé tout début mai son intention de présenter sa candidature à la présidence du Nouveau Centre, lors du congrès national des 11 et 12 juin, à Tours. Estimant que le Nouveau Centre est trop inféodé à l’UMP, il comptait profiter de la tribune offerte pour faire entendre sa voix.
Triple démission au MoDem Trois élus euréliens ont rendu publique leur démission du MoDem dans la semaine suivant le scrutin des 14 et 21 mars. Michel Scicluna, maire d’Auneau (ci-dessous), Jean-Jacques Raux, maire de Moinville-la-Jeulin, et Christophe Caplain, adjoint au maire de Châteaudun, reprochent à François Bayrou son exercice solitaire du pouvoir, reproche étendu au président du MoDem 28 Eric Chevée qui, selon eux, « décide de tout ». Les démissionnaires n’envisagent pas, pour autant, de rejoindre le nouveau mouvement Terre Démocrate de Corine Lepage, pas plus que le Nouveau Centre de Philippe Vigier.
Vert contre rose à Dreux-Sud Mohamed Bougafer, n°5 de la liste Europe-Ecologie en Eure-et-Loir au premier tour du scrutin régional, a annoncé son intention de se présenter aux élections cantonales de 2011 sur le canton de Dreux-Sud. Le titulaire du siège est le socialiste Daniel Frard, maire de Vernouillet.
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Points Chauds
En Scène
Michelle Rivet, la nouvelle venue E
xploitante agricole bio – une pionnière ! – et maire de la petite commune de Marçais (18), au cœur du Boischaut Sud, Michelle Rivet est devenue en mars dernier et à 56 ans viceprésidente Europe-Ecologie du Conseil régional. « Je ne suis pas encartée chez les Verts, mais j’ai toujours eu des convictions environnementales fortes et une conscience de gauche », indique celle qui fut à l’origine de la création de la fédération du Cher de la Confédération paysanne et qui a pris en charge, depuis mars, le développement rural régional. Michèle Rivet, vraie femme des champs, « se dit un peu sur une autre planète lorsqu’elle se retrouve à Orléans ». Pour autant, pas question de se laisser distraire par le rythme trépidant de la capitale régionale, cette militante syndicale et associative souhaite œuvrer au service de la résorption des manques qui frappent les territoires ruraux « en matière d’économie, mais aussi dans le domaine de la culture ». Exemple de cet engagement : Michelle Rivet suit de très près l’expérience, initiée dans son département, de création d’une Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) « bois déchiqueté » ; elle vise à mettre sur pied une filière de gestion du bocage : « L’idée étant de maintenir les haies dans nos paysages tout en fournissant un revenu aux agriculteurs ». Mais pas question pour cette éleveuse d’ovins de devenir un mouton de Panurge. Elle souhaite se conformer à une méthode expérimentale « et ne pas imposer des modèles pré-établis ».
Lot de consolation
A défaut de décrocher comme il l’espérait la vice-présidence régionale à la Culture, attribuée à la socialiste Carole Canette, le PC – sous sa nouvelle marque, le groupe communiste-Front de gauche – a obtenu la présidence de la commission Culture et de l’association Culture O Centre. C’est Marc Brynhole, président du groupe, qui a été démocratiquement désigné.
Paris-Dreux à moitié prix ? Tiendront-ils leurs engagements de campagne ? Début mars, Marie-Madeleine Mialot avait promis que la Région « mettrait en place un système » pour que l’abonnement mensuel du trajet en train de Paris à Dreux passe de 292€ à 150€. Le passe Navigo s’arrête, en effet, à Houdan, commune des Yvelines située à une vingtaine de kilomètres de Dreux. L’abonnement mensuel coûte, au 1 er juillet 2009, 123,60€ pour un usager de la ligne Houdan-Paris. Les négociations avec la SNCF sont au point mort depuis des années.
Mon maire à New-York L’escapade new-yorkaise de Franck Demaumont, le maire communiste de Châlette-sur-Loing (45), a beaucoup fait couler d’encre dans le Loiret. Surtout depuis que l’ancien préfet, Bernard Fragneau, a obtenu du juge des référés la suspension de la délibération du 29 mars autorisant la prise en charge par la municipalité des 4 000 € correspondant aux frais de voyage et de séjour de son maire à Big Apple (29 avril - 8 mai). Franck Demaumont a pourtant justifié sa participation à la 8e conférence de révision du traité de non-prolifération nucléaire par son « engagement pour la paix » ; il a d’ailleurs écrit à Bernard Kouchner et a obtenu le soutien du maire… d’Hiroshima. Autant d’arguments et de cautions qui ont laissé le magistrat administratif de marbre, le voyage ne présentant pas, pour lui, « un intérêt pour les affaires communales ».
8 La Lettre Valloire - Juin 2010
Bonneau à l’ARF François Bonneau, président du Conseil régional du Centre, vient d’être désigné vice-président en charge de l’éducation au sein de l’Association des Régions de France (ARF). Il succède à Jacques Auxiette, son homologue des Pays de la Loire. François Bonneau, ancien chef d’établissement, travaillera notamment à la réforme des lycées.
Guillaume Peltier :
Amabilités post-électorales
le candidat « anti-bobos »
Louis Cosyns, le président de la Fédération UMP du Cher, et Franck Thomas-Richard, son secrétaire fédéral, ont mal digéré les critiques du député-maire d’Aubigny-sur-Nère Yves Fromion, à propos de l’insuffisante mobilisation de l’UMP et du faible score enregistré dans le Cher par la liste conduite par Serge Lepeltier aux élections régionales. « Nous avons autre chose à faire que nous déchirer sur des questions de personne », lui a répondu Franck Thomas-Richard.
I
l ne lâche rien ! Guillaume Peltier, qui fut le bras droit de Philippe de Villiers et l’un des piliers du MPF, nourrit de grandes ambitions tourangelles. Candidat malheureux aux dernières municipales à Tours, le bad boy s’est assagi sans rien perdre de son panache. A 33 ans, l’ex-prof de géo devenu chef d’entreprise – il vient de fonder une prometteuse agence de sondages et de conseil en géo-influence – annonce qu’il sera candidat aux cantonales sur Tours Sud détenu aujourd’hui par Claude-Pierre Chauveau, l’un des plus fidèles soutiens de la présidente socialiste du Conseil général Claude Roiron. « C’est elle, mon principal adversaire. Je considère qu’elle se fourvoie, qu’elle abîme l’image de la ville et du département et qu’elle discrédite la politique ». Jamais avare d’une formule, le responsable de la communication de l’UMP 37 distille : « Claude Roiron, c’est le poids des impôts, le choc des egos ! ». Après une intronisation délicate par la famille gaulliste tourangelle, le jeune homme pressé, désormais « très bien accepté » par ses pairs, entend être le représentant des jeunes, des classes populaires et des entrepreneurs, « enfin, tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans les valeurs des bourgeois de gauche ». S’il ne souhaite pas courir plusieurs lièvres à la fois, Guillaume Peltier n’exclut pas de briguer en 2012 la 1ère circonscription occupée par le socialiste Jean-Patrick Gille, « un élu pour lequel j’ai de l’estime. Beau duel en perspective ! ». Il brûle aussi de « former un ticket avec Philippe Briand qui serait un très bon candidat contre Jean Germain en 2014… »
Un préfet qui fait feu de tout bois Le préfet d’Indre-et-Loire Joël Fily a proposé une mesure originale afin de favoriser la croissance verte en Touraine : « Pourquoi ne pas profiter du foncier offert par les délaissés des tracés autoroutiers pour y déployer des fermes photovoltaïques ? » suggère-til. Plus discrètes et moins controversées que les fermes d’éoliennes…
Des Départements exangues
Ardoise
Le 27 mai, à Chartres (28) où ils s’étaient réunis à l’initiative d’Albéric de Montgolfier, les présidents de conseils généraux et de groupe d’opposition départementale de la droite et du centre ont suggéré la création d’une nouvelle journée de solidarité pour financer les dépenses sociales à la charge des Départements. A l’instar de leurs collègues de gauche, ils dénoncent l’insuffisance des ressources affectées par l’Etat aux allocations de solidarité (RSA, dépendance, handicap), l’écart sur près de dix ans s’établissant à environ 4 Md€. Comprenant « la nécessité de geler les concours financiers de l’Etat », ils réclament aussi « un gel des dépenses liées aux allocations universelles » et, en attendant la réforme de la dépendance, ils demandent qu’un fonds d’urgence soit mis en place pour le bouclage des budgets 2011.
590 000 € : c’est le montant des travaux engagés à l’Hôtel du Département d’Indre-et-Loire par la présidente actuelle du Conseil général. Claude Roiron a confirmé le chiffre lors d’une séance houleuse où elle avait été interpellée sur la question par un de ses opposants, le maire de Chédigny et conseiller général du canton de Loches Pierre Louault (Nouveau Centre).
La Lettre Valloire - Juin 2010 9
Points Chauds
En Scène
Jean-Vincent Valliès veut garder Chécy lu conseiller régional en mars, Jean-Vincent Valliès est l’homme qui monte au PS dans le Loiret. Il tient même la corde pour porter les couleurs socialistes en 2012 sur la toute nouvelle 6e circonscription. A 55 ans, ce papa de deux enfants s’est créé « de vraies racines à Chécy », bourgade ligérienne de 8 000 habitants dont il est maire depuis deux ans. Une année faste où la partie orientale de la banlieue orléanaise est tombée presque entièrement dans l’escarcelle rose, avec St-Jean-de-Braye (David Thiberge) et Châteauneuf-sur-Loire (Loïs Lamoine). Aux dires de JeanVincent Valliès, son prédécesseur de droite Francis Duchet lui a laissé une situation « catastrophique ». Avec sa nouvelle piscine et ses nombreux investissements, Chécy serait même devenue la commune la plus endettée du Loiret. « Nous avons joué la transparence », raconte Jean-Vincent Valliès qui a multiplié les réunions publiques pour expliquer son projet. Comme son collègue et allié d’Europe-Ecologie, Jean Delavergne, cet ancien directeur de centre médico-social a vu le jour en Algérie, à Batna. Après avoir sillonné la région Centre, il a adhéré à la fédération PS du Loiret au temps où JeanPierre Sueur y régnait en maître. Mais son éclosion ne plaît pas à tout le monde, même chez ses amis politiques, et certains le taxent « d’apparatchik ambitieux ». Mais s’il fallait choisir entre l’écharpe de député et celle de maire pour cause de cumul, le maire de Chécy n’hésiterait pas une seconde : « Je garderais ma mairie », assure-t-il. Rendezvous dans deux ans.
E
Désaccord de façade Le préfet d’Indre-et-Loire Joël Fily, qui entretient des relations difficiles avec sa voisine Claude Roiron, présidente socialiste du Conseil général, a décidé de refaire la magnifique façade de la préfecture qui surplombe le non moins magnifique jardin décrit par Honoré de Balzac dans « le Lys dans la Vallée ». Près de 1 M€ vont être investis dans ce programme qui prévoit aussi la rénovation des voûtes XVIIe du sous-sol. Mais l’Etat, s’il financera les travaux, « ne prendra pas en charge la rénovation de la partie occupée par le Conseil général ». « A chacun sa charge et ses responsabilités », indique le préfet, qui souligne au passage que le département d’Indre-et-Loire a été classé par le rapport Jamet dans la catégorie des 30 départements les plus riches de France. 10 La Lettre Valloire - Juin 2010
Agacement Alain Beignet, maire PS de Lamotte-Beuvron (41), n’a pas apprécié d’avoir été informé au dernier moment de la visite du Président de la République dans sa commune, le 3 juin, et a tenu à le faire savoir : « A chaque fois, c’est pareil, les élus locaux, on est pris pour la cinquième roue du carrosse ». L’ancien conseiller régional a, en tout cas, profité de l’occasion pour s’offrir un bon coup de buzz médiatique.
Suppression Jean-Pierre Gorges, député et maire UMP de Chartres (28), a l’intention de proposer la suppression de la TVA à 5,5 % dans la restauration, un an après le vote à l’Assemblée du projet de loi déposé par le secrétaire d’Etat en charge de l’Artisanat Hervé Novelli.
Mission Laure de La Raudière, députée d’Eure-et-Loir, vient d’être chargée « d’identifier les simplifications du droit applicables aux entreprises industrielles françaises, susceptibles de faciliter leur activité et d’améliorer leur compétitivité ».
Le Parti de gauche, dindon de la farce régionale Les communistes ont trusté les 8 sièges de conseillers régionaux attribués au Front de gauche. Revenus bredouilles, les candidats du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, pourtant alliés des communistes, ont payé leur inexpérience politique.
F
rançois Bonneau a été repris de volée par Marc Brynhole lors de la première session du Conseil régional : « Le groupe communiste a voté favorablement… », avait conclu hâtivement le président socialiste du Conseil régional. « Non, Monsieur le Président. Le groupe Front de gauche… », a derechef rectifié l’élu communiste du Loiret. Le lapsus du président Bonneau vient de loin. De fait, malgré l’accord signé avant les élections entre les deux principaux partenaires du Front de gauche – Parti communiste et Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon – ,
“
et Jean-Michel Bodin, à oublier l’accord passé avec les amis de Jean-Luc Mélenchon. Dans le Loiret en particulier, le réveil a été difficile et des noms d’oiseau, du genre « stalinien », ont fusé. Avec le PC, François Bonneau et ses amis socialistes savent où ils vont. Les amis de Jean-Luc Mélenchon, le dissident du PS, auraient été des partenaires autrement plus imprévisibles… « C’est un couac », tempère Laurent Bordeau (Parti de gauche Eure-etLoir) qui aurait dû siéger à la Région. « Des intérêts personnels sont passés avant les accords », lance t-il en
C’EST VRAI QUE NOUS AVONS ÉTÉ FRUSTRÉS, MAIS JE COMPRENDS CE QUI S’EST PASSÉ… ”
aucun candidat de ce dernier ne s’est retrouvé en position éligible après la fusion, entre les deux tours, des trois listes de la « bande à Bonneau » : PSPRG, Europe-Ecologie et Front de gauche. A l’arrivée, quarante-neuf sièges pour la gauche, dont huit Front de gauche, mais tous… membres du Parti communiste ! Cherchez l’erreur. A l’origine, le Parti de gauche devait obtenir 25 % des sièges de la maison commune. « Piètres négociateurs, bleus de la politique, ses membres se sont fait ramasser par les vieux renards du PC », commente un observateur. Pas si simple. Dans la nuit fébrile de l’entre-deux tours, le 15 mars, il semble bien que ce soit le Parti socialiste qui ait poussé les barons communistes, en particulier François Dumon
direction des barons du PC. Pour autant en Eure-et-Loir, comme dans le Loiret, « la dynamique continue, la sauce prend ». Enseignantechercheuse, archétype de la jeune militante, Karine Fisher, 37 ans, pardonne : « C’est vrai que nous avons été frustrés, mais je comprends ce qui s’est passé… ». Numéro deux derrière Marc Brynhole dans le Loiret, Karine Fischer a ses convictions chevillées au corps. Adhérente dès la création du Parti de gauche du trublion et dissident JeanLuc Mélenchon, parce que déçue des positions du PS sur l’Europe, Karine Fischer continue de croire dans ce Front de gauche, « trait d’union » entre le Parti communiste et le Parti de gauche, comme le décrit Laurent Bordeau.
Que ce soit sur les retraites, la Grèce ou d’autres luttes plus locales, dans les manifestations comme celle du 27 mai, de banderoles en réunions, le Front de gauche vit et s’élargit même jusqu’au NPA. Le Parti communiste peut-il continuer à être soluble dans un « Front populaire » à la gauche du PS ? « Nous en discuterons le 12 juin lors de notre congrès départemental », répond Marc Brynhole, secrétaire fédéral du PC dans le Loiret, qui a été l’un des premiers à cautionner ces alliances. Dans les autres départements de la région ? Plus compliqué de digérer les loupés des régionales, avec des vice-présidents PC qui ont failli partir avec le PS au premier tour des régionales. Au Front de gauche, le rouge est mis. Pas le rose. Charles Tulibad
Karine Fischer
La Lettre Valloire - Juin 2010 11
Points Chauds
Politique
La gauche régionale face aux risques
de désaccords pluriels Victorieuse haut la main des élections régionales, la nouvelle gauche plurielle part pour un mandat qui sera vraisemblablement écourté par la réforme des collectivités territoriales en cours d’examen. Qu’il soit de quatre ou six ans, le bail de l’exécutif que conduira le socialiste François Bonneau suscite quelques interrogations. L’influence exacte du courant écologiste n’est pas une des moindres.
S Même élu à la majorité absolue, François Bonneau, devra composer avec sa gauche.
ans contestation. En dépassant tout juste la barre des 50 % de votants, mais loin devant le bloc des droites conduit par Hervé Novelli (36,46 %), la liste constituée du rassemblement, entre les deux tours, du Parti socialiste, des écolos et du Front de gauche, a réussi son pari. Et François Bonneau, président par d é f a u t
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depuis trente mois, a conquis une légitimité le 21 mars en devenant le premier président de gauche élu à la majorité absolue en région Centre. Mieux que Michel Sapin, élu deux fois (1998 et 2004) à la majorité relative. Bien sûr, on pourra gloser sur la faible participation du scrutin des 14 et 21 mars, qui fait que la liste Bonneau de 2010 recueille près de 75 000 voix de moins que la liste Sapin de 2004. Mais la vraie question que se posent les observateurs est celle de la gouvernance. Si le ticket qu’il forme depuis 2007 avec le premier vice-président et maire de Tours Jean Germain a été reconduit à la tête de l’exécutif, François Bonneau devra probablement composer un peu plus avec Europe-Ecologie, voire avec le Front de gauche, qui ont, à eux deux, fourni 40 % des électeurs de sa liste le 21 mars. Si Europe-Ecologie pouvait s’estimer déçue de ses 11,66 % par rapport aux estimations
qui la créditaient plutôt de 13, voire de 14 % des suffrages, le Front de gauche a consolidé son résultat des élections européennes de l’an passé (7,53 % cette fois, contre 7,12 % aux Européennes, et surtout 9 000 électeurs de plus). Le Parti communiste a d’ailleurs parfaitement réussi son pari, en marginalisant l’extrême-gauche, réduite à la portion congrue au premier tour, et en interdisant au MoDem l’entrée de la liste commune. Entre les deux tours, les communistes se sont d’ailleurs habilement débarrassés de leurs alliés issus des rangs de Jean-Luc Mélenchon pour s’accaparer les places allouées au Front de gauche. Seule déconvenue, ils perdent cinq sièges dans la nouvelle assemblée, passant de treize à huit et, surtout, laissent en route deux de leurs quatre vice-présidences. L’allié écolo offre beaucoup moins de garanties d’homogénéité que le Front de gauche. L’union pourra-t-elle d’ailleurs tenir entre les courants, issus des biotopes parfois très différents représentés dans l’hémicycle régional ? Les vieux routiers de l’écologie politique et les jeunes loups du combat pour la protection des espèces, les négociateurs rompus à
la dialectique des gauches et les adeptes des opérations coup de poing seront-ils solubles dans la nouvelle gauche plurielle ? Car les douze élus, qui ont porté quatre des leurs à une vice-présidence, devront apprendre à composer avec les autres membres de la majorité et aussi entre eux. Pas gagné... Dès la séance d’installation du nouveau bureau, le 26 mars, leur leader Jean Delavergne rappelait l’opposition des Verts à toutes subventions aux compagnies aériennes, surtout quand elles sont low-cost et irlandaises. Il avertissait aussi qu’il serait particulièrement vigilant aux subventions déguisées. Clin d’œil au maire de Tours et premier vice-président de la Région, devenu spécialiste des tours de passe-passe budgétaires pour servir son aéroport. Le 22 avril, en tout début de séance, l’avocate Sandra Renda, toute jeune élue des Verts en Eure-et-Loir, ouvrait les hostilités en présentant un amendement aboutissant à restreindre la délégation de compétences du président du Conseil régional. A l’issue de son argumentation un peu absconse, le maire de Tours lui rétorquait : « Nous sommes dans une collectivité territoriale, pas dans un prétoire. » Les vingt et un élus du groupe UPRC d’Hervé Novelli joignaient leurs suffrages à ceux des douze écologistes pour voter l’amendement, finalement rejeté par une majorité relative de trente-sept voix socialistes et communistes. L’abstention des sept élus du Front national faisait capoter ce qui aurait pu être le premier camouflet du nouvel exécutif. Un avertissement sans frais pour François Bonneau. L’inexpérience politique et la candeur affichée par certains des nouveaux venus, qui représentent les deux tiers des élus d’Europe-Ecologie, serviront aussi bien leurs alliés que leurs adversaires. Le Parti socialiste a souhaité modérer les promesses de campagne des Verts au moment de l’établissement de la plate-forme et des listes communes, entre les deux tours. Les 10 000 emplois verts promis se sont ainsi transformés après la fusion des
listes « en soutien aux emplois non délocalisables », dont une bonne part pourrait, en effet, relever « de l’économie générée par la prise en compte des enjeux environnementaux ». On remarquera que le chiffrage de ces ex-emplois verts a prudemment disparu des propositions finales. Le principe de réalité –
tier d’Orléans ou de Tours… au grand dam de leurs camarades socialistes. D’autres programmes d’aménagements routiers urgents en Eure-et-Loir ou en Indre-et-Loire devraient également être source de tensions. Enfin, dans le secteur de l’énergie, les perspectives – très incertaines –
“ L’UNION POURRA-T-ELLE D’AILLEURS TENIR
”
ENTRE LES COURANTS, ISSUS DES BIOTOPES PARFOIS TRÈS DIFFÉRENTS REPRÉSENTÉS DANS L’HÉMICYCLE RÉGIONAL ? et de précaution – l’a emporté sur les grandes envolées de la campagne du premier tour ! Pour autant, l’équipe de François Bonneau va sans doute devoir louvoyer pendant tout le mandat afin de rendre compatible la plate-forme programmatique socialiste avec les positions souvent divergentes de ses alliés écologistes. Deux domaines majeurs, comme en témoignent les exemples spécifiques que nous proposons dans ce dossier, risquent de faire tanguer l’attelage : les transports et la politique énergétique. Pour le premier thème, la question du soutien aux aéroports régionaux a déjà plombé l’ambiance. Comme l’on sait, les écologistes s’opposent farouchement à toute forme de soutien de la Région aux plates-formes aéroportuaires et à leurs opérateurs, notamment aux compagnies à bas prix. Leurs alliés socialistes – et notamment Jean Germain, le maire de Tours, qui se félicite de l’essor de l’aéroport Tours Val-de-Loire – affichent des convictions exactement contraires. La même opposition idéologique se retrouve dans le domaine routier. Les écologistes sont hostiles à tout projet de c o n t o u rnement autorou-
d’implantation d’un réacteur de troisième génération à Belleville-surLoire, soutenues par un conseiller général socialiste, donnent des boutons au camp écologiste qui a fait du projet l’un des symboles locaux de sa résistance au lobby nucléaire. Et les Verts surveilleront de près l’éventualité d’un soutien de l’exécutif régional – même consenti du bout des lèvres – à l’initiative.
François-Xavier Beuzon et Jean-Christophe Savattier
Sortis renforcés du dernier scrutin, Jean Delavergne et les Verts n’hésiteront pas à faire entendre leurs différences.
La Lettre Valloire - Juin 2010 13
Points Chauds
Politique
Les Verts veulent
clouer Ryanair au sol
Si les socialistes régionaux soutiennent à bout de bras l’aéroport Tours Val-de-Loire, leurs alliés écologistes y sont réfractaires. Le 1er juillet, la Région entre à son conseil d’administration. Les débats promettent d’être de haut vol.
L’
aéroport de Tours Val-deLoire se trouve au cœur d’un différend idéologique entre les élus socialistes et leurs alliés Verts qui nourrit l’inquiétude des promoteurs d’une plate-forme parvenue à sortir de sa torpeur depuis l’installation de la très controversée compagnie low-cost Ryanair. L’aéroport du quartier Saint-Symphorien a, en effet, beaucoup progressé puisqu’il draine aujourd’hui 110 000 voyageurs par an… contre à peine 3 000 en 2003. Si Jean Germain, maire socialiste de Tours et président de Tour(s) Plus – également vice-président de la Région Centre – a bruyamment fait part de son soutien à l’aéroport tourangeau, il devra sans aucun doute justifier cette position à Orléans devant ses « amis » écologistes qui répugnent, quant à eux, à lui accorder leur soutien. Problème : le 1er juillet, une nouvelle société d’économie mixte, la Smadait, viendra se substituer à l’actuelle Semaval pour la gestion de l’aéroport. Et la nouvelle société aura à son tour de table le Conseil régional
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– qui fait son entrée –, le Conseil général et Tour(s) Plus, chacun à hauteur de 28,5 %, la CCI Touraine conservant 14,5 % du capital. La Sem transfèrera immédiatement la gestion de l’aéroport au groupe québécois d’ingénierie SNC-Lavalin dans le cadre d’une délégation de service public (DSP) ; celui-ci s’est engagé à investir 3 M€ . Mais gare au crash ! Car on compte, parmi les représentants de la Région Centre, deux éminents mem-
Localement, le consensus qui présidait à la gestion de l’infrastructure est aussi sur le point de voler en éclats. La CCI Touraine affirme avoir toutes les peines à obtenir du Conseil général – présidé par la socialiste Claude Roiron –, le respect de ses engagements financiers. « La présidente du Conseil général, qui doit composer avec ses amis écologistes hostiles au transport aérien, est entrée en campagne électorale »,
“ LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL GÉNÉRAL,
”
QUI DOIT COMPOSER AVEC SES AMIS ÉCOLOGISTES HOSTILES AU TRANSPORT AÉRIEN, EST ENTRÉE EN CAMPAGNE ÉLECTORALE bres d’Europe Ecologie : le vice-président de l’assemblée régionale Gilles Deguet, ainsi que Christophe Rossignol en tant que suppléant. Farouchement hostiles au transport aérien, ces réfractaires ne devraient pas manquer d’afficher leur opposition au soutien à la compagnie Ryanair. Sous la dénomination pudique de participation aux « frais de marketing », les subventions publiques s’élèvent, aujourd’hui, à quelque 10 € par billet vendu. Mais pour ne pas trop froisser les susceptibilités, les promoteurs de l’aéroport utiliseront à l’avenir un subterfuge. Une subvention d’équilibre sera versée à l’opérateur… qui se chargera dans un second temps de « défrayer » la compagnie low-cost. Le coût reste identique… mais tout change en matière de postures politiques !
persifle Roger Mahoudeau, président de la CCI et conseiller régional UMP. « Si Claude Roiron est entrée dans la campagne des cantonales, Roger Mahoudeau a du mal à sortir de la campagne des Régionales », ironise en retour Alain Dayan, le délégué socialiste de Tour(s) Plus qui préside la Semaval. « Pour ma part, je préfère m’en tenir aux délibérations budgétaires du conseil d’administration de la Semaval… votées par le représentant du Département ». La présidente aurait fait savoir que le Département « tiendrait ses engagements », mais elle a aussi fait comprendre qu’elle souhaitait diminuer sa participation au capital de la Smadait et obtenir de la CCI qu’elle augmente la sienne. Les élus saurontils prendre un peu d’altitude ? Affaire à suivre… JCS
Belleville-sur-Loire : l’EPR pomme de discorde ? Le maire UMP de Belleville-sur-Loire, Vincent Fregeai, appuyé par le conseiller général socialiste, est candidat pour accueillir la troisième génération des centrales nucléaires. Seuls les écologistes sont contre. Jean Delavergne, le leader régional d’Europe-Ecologie, rappelle qu’un accord signé avec les socialistes prévoit la réduction d’ici à 2020 – hors nucléaire – des gaz à effet de serre.
L
a centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (18) accueillera-t-elle un jour le nouveau réacteur de troisième génération baptisé EPR (European pressurized reactor) ? S’il en est un qui le souhaite plus que d’autres, c’est bien le maire UMP de cette ville d’un millier d’âmes, Vincent Fregeai. Ce chirurgien-dentiste ne voit guère d’autre possibilité pour développer ce nord du Cher sinistré. Son idée remonte à cinq ans : la centrale de Flamanville, dans la Manche, venait tout juste d’être choisie pour accueillir la tête de série du nouveau réacteur.
“
« La centrale actuelle, ajoute Vincent Fregeai, emploie 680 agents EDF et s’avère être un donneur d’ordre important pour la sous-traitance. Avec l’EPR, je vois une opportunité pour pérenniser le site. On a ici tous les avantages : de la place pour deux nouveaux réacteurs sur un terrain déjà exhaussé pour faire face aux crues de la Loire, une position centrale sur le réseau pas loin du grand marché francilien, un captage existant sur le fleuve pour assurer le refroidissement ». Version évoluée des réacteurs à eau pressurisée, l’EPR est présenté par ses concepteurs comme plus sûr en cas
EN HAUT LIEU, ILS SAVENT QU’IL Y A CHEZ NOUS UN CONSENSUS DES ÉLUS ET DE LA POPULATION ”
Une association « EPR Belleville Cap 2015 » a réuni une centaine de communes du Cher, du Loiret et de la Nièvre. Pas plus pro-nucléaires que ça, les maires sont surtout alléchés par la manne financière promise par EDF. En juin 2009, la CCI du Cher a mis sur pied une opération de lobbying pour montrer la détermination du département. Toutes les forces vives économiques viennent de s’y associer dans un comité de coordination. « L’EPR, assure Alain Brunaud, l’élu en charge du dossier à la CCI, est l’un des projets structurants du Cher avec le TGV Grand Centre ».
de fonte du réacteur et moins gourmand en combustible. Après Flamanville, suivront Penly, près de Dieppe, et Tricastin, dans la Drôme. Le maire de Belleville se positionne comme quatrième site. « En haut lieu, assure-t-il, ils savent qu’il y a chez nous un consensus des élus et de la population ». Le socialiste Pascal Viguié, conseiller général du canton et maire de Sury-près-Léré, fait effectivement partie de l’association. « Avec l’EPR, on repartirait dans une nouvelle dynamique qui nous a déjà apporté de nombreuses infrastructures ». Pour autant, l’EPR ne fait pas
l’unanimité. Europe-Ecologie estime que la filière des énergies renouvelables est créatrice de bien plus d’emplois que le nucléaire non maîtrisé. Le
conseiller régional Jean Delavergne indique qu’un accord programmatique avec le PS prévoit, d’ici à 2020, 40 % de gaz à effet de serre en moins, mais hors nucléaire. Précisons tout de même que ce n’est pas à la Région mais à l’Etat que revient la décision d’implanter un EPR. En mars 2007, douze militants de Greenpeace avaient choisi Belleville pour une action spectaculaire qui les avait conduits à peindre sur les tours de refroidissement : « EPR=danger ». Beau joueur, Vincent Fregeai y a vu une action pacifique montrant la potentialité du site. « Cette intrusion, fait-il remarquer, a accéléré la prochaine implantation, sur place, d’un peloton de surveillance de gendarmerie d’une quarantaine d’hommes ». C’est déjà autant d’emplois de gagné ! Alexis Boddaert La Lettre Valloire - Juin 2010 15
Points Chauds
Politique
Les CCI se réforment dans la douleur De tous les chantiers entamés par le gouvernement de François Fillon, celui de la réforme des chambres de commerce aura probablement été le plus long à mener. Après moult discussions, et près d’un an après le dépôt du projet de loi, un texte de compromis devrait être voté par le Parlement avant les vacances. amen-dé qui a été adopté le 4 mai par l’Assemblée nationale en première lecture. Le Sénat devait se saisir du texte début juin pour le voter avant les vacances et pour que les élections consulaires, initialement prévues en novembre 2009, puissent se tenir d’ici à la fin de l’année. En pratique, les chambres de commerce et d’industrie de région (CCIR), qui devraient remplacer les
chambres régionales. Pour éviter que la discussion ne traîne, l’Elysée a même dû convoquer certains des présidents de chambres pour taper du poing sur la table et hâter la conclusion des discussions. Peut-être dans le but de forcer les plus coriaces à céder leur siège aux prochaines élections consulaires, le gouvernement a même ajouté au dernier moment un alinéa à l’article six
“ LE CANDIDAT NE PEUT ÊTRE ÂGÉ DE PLUS DE
”
SOIXANTE-CINQ ANS AU 1ER JANVIER DE L’ANNÉE DE L’ÉLECTION
Pour Yves Broussoux, président de la CCI du Loiret et de la CRCI Centre, “le principe de régionalisation est acquis”
F
in avril, les députés ont remis sur le métier l’ouvrage de la réforme des chambres consulaires pour commencer à discuter le texte d’un projet de loi présenté le… 29 juillet 2009. Ces neuf mois auront été mis à profit pour recueillir les avis et aboutir à des propositions qui ménagent certaines susceptibilités… et notamment les prérogatives des CCI. C’est finalement un texte très
16 La Lettre Valloire - Juin 2010
chambres régionales de commerce et d’industrie (CRCI), n’exerceront pas la tutelle que souhaitait leur confier le premier texte instituant également des chambres de commerce et d’industrie territoriales (CCIT), nouvelle dénomination pour les quelque cent cinquante CCI d’échelon départemental ou infradépartemental. Celles-ci ne devraient d’ailleurs plus qu’être que cent vingtcinq à la fin de l’année. Yves Broussoux, président de la CCI du Loiret et nouveau président de la CRCI Centre (lire ci-contre), a beau souligner que « le principe de régionalisation est acquis », il est clair que le lobbying des grandes CCI a quand même infléchi un projet gouvernemental qui était, initialement, de s’appuyer sur un réseau de vingt et une
du projet de loi, précisant que le candidat à la présidence d’une CCIT « ne peut être âgé de plus de soixante cinq ans au 1er janvier de l’année de l’élection ». En région Centre, cette mesure exclut de facto du bénéfice d’un nouveau mandat Pierre Ferrand (Cher), Alain Courtois (Loiret-Cher) et Roger Mahoudeau (Touraine), qui de toutes façons n’avaient pas l’intention de se représenter, mais aussi Yves Broussoux qui devrait pouvoir rester président de CCIR, mais pas président de la CCIT du Loiret. Côté finances, le gouvernement n’a pas cédé. Les chambres régionales collecteront l’impôt qui ne sera plus une imposition additionnelle à la taxe professionnelle, mais un hybride assis sur la taxe foncière et sur la valeur
ajoutée, avant d’en répartir le produit entre les CCIT. Si, à cette heure, la composition de la potion est encore incertaine, il est acquis que son rendement devra décroître.
Le gouvernement, et on doute qu’il soit déjugé par ses successeurs, est intransigeant sur la question. De 1,2 Md€, les recettes fiscales de l’ensemble du réseau devront baisser de
Des élections au couteau Provoquée le 25 mars par la démission de Paulette Picard, élue quelques jours plus tôt conseillère régionale sur la liste d’Hervé Novelli, la dernière élection du président de la Chambre régionale de commerce et d’industrie du Centre s’est jouée à très peu de chose. Yves Broussoux, président de la CCI du Loiret, a réuni au 1er tour de scrutin seize des trente et un suffrages, contre quatorze à Yvan Saumet, représentant de la CCI de Loir-et-Cher. Ce nouvel avatar de « la guerre » des CCI, avec d’un côté les deux « grosses » du Loiret (huit représentants au conseil d’administration de la CRCI) et Touraine (sept représentants) et de l’autre les « petites » d’Eureet-Loir (cinq représentants), du Cher et de Loir-et-Cher (quatre représentants chacune), aura finalement été arbitré par la plus petite d’entre elles, l’Indre (trois représentants), dont les suffrages se seront partagés. Les cartes seront de nouveau redistribuées début 2011, après les élections consulaires de fin d’année. Il est probable que la « pesée » économique, corrigée, donne cette fois une majorité absolue de sièges au conseil d’administration aux deux CCIT du Loiret et Touraine. Qui devront toutefois continuer à s’entendre pour exercer le pouvoir dans la future CCIR.
15 % en trois ans pour les ramener à 1 Md€. Le réseau consulaire devra se serrer la ceinture. Ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose : « Le tour de vis financier est un aiguillon qui oblige à se poser les questions de fond », juge Bruno Jacquemin, directeur général de la CCI du Loiret. Position identique de Roger Mahoudeau qui souligne que « c’est à nous, les entrepreneurs, de donner l’exemple ». Sur les compétences de chaque échelon, le flou règne encore. D’accord pour mutualiser le backoffice chaque fois qu’il est possible de le faire, mais « il faut nous laisser une capacité d’investir localement », avertit Yves Broussoux. Si elles ont consenti, de gré ou de force, à s’en remettre à la tutelle financière régionale, les chambres territoriales veulent faire savoir qu’elles comptent bien rester patronnes dans leur boutique. François-Xavier Beuzon
La Poste
La Lettre Valloire - Juin 2010 17
Points Chauds
Politique
Pour Jeannette Bougrab, la première des discriminations,
c’est l’emploi Originaire de Déols, près de Châteauroux, la fille de harki a subi bien des discriminations. En prenant la tête de la Halde, elle veut les empêcher en portant le plus possible les dossiers au pénal.
C’
est une femme à l’expérience riche et diversifiée et un clin d’œil discret à la capacité intégratrice de notre pays » : c’est ainsi que Gérard Longuet avait salué, en avril dernier, la nomination de Jeannette Bougrab à la présidence de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Le chef de file des sénateurs UMP semblait s’en satisfaire, lui qui avait pourtant déclaré que, pour succéder à Louis Schweitzer, il valait mieux choisir quelqu’un « issu du corps français traditionnel » plutôt que le socialiste Malek Boutih, alors pressenti. Native de Déols, près de Châteauroux, Jeannette Bougrab, 36 ans, est une fille de harki qui a milité à SOS Racisme lorsqu’elle était lycéenne. Après des études de droit à Orléans, sanctionnées par un DEA
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en 1997, elle a obtenu un doctorat en droit public à la Sorbonne. Juriste au Conseil constitutionnel avant de devenir maître de conférence en droit public, elle est remarquée par Pierre Mazeaud. Elle s’engage à l’UMP alors qu’Alain Juppé en est le président. Secrétaire nationale, elle est chargée d’un rapport sur « les discriminations de l’accès au marché de l’emploi ». Elle préconise alors la création d’une haute autorité aux pouvoirs juridictionnels. Cinq ans après, la boucle est bouclée. La voici à sa tête. Depuis sa création en 2004, la Halde a contribué à faire évoluer la jurisprudence en matière de discrimination, traitant par exemple dix mille réclamations l’an dernier. Plutôt que de stigmatiser les entreprises, Jeannette Bougrab compte s’appuyer sur elles pour lutter contre les discriminations raciales, sexistes et touchant au handicap. Sa formation doit y être pour quelque chose : elle souhaite « juridictionnaliser » la Halde, des sanctions pénales étant susceptibles, à son avis, d’agir comme un rappel à la loi. Pour l’heure, seuls douze dossiers sont allés au pénal, la difficulté résultant du fait que la victime doit rassembler les preuves pour établir les discriminations. Jeannette Bougrab les a, à peu près, toutes subies. Tels les contrôles d’identité au faciès, malgré son brushing. Son grand-père algérien est mort pour la France en 1956 et
son père, un ouvrier métallo illettré, a été banni d’Algérie et pas vraiment bien accueilli en France. « La Halde, a déclaré Jeannette Bougrab lors de son audition à l’Assemblée nationale, ne doit pas être un outil de revanche d’une minorité sur la majorité ou une caisse de résonance des communautarismes ». Pour elle, « la première des discriminations, c’est l’emploi, avec un écart de salaire de 21% entre les femmes et les hommes ». L’apparence physique joue aussi et elle considère que seules les aptitudes doivent prévaloir pour occuper un poste. Elle se dit hostile aux quotas ethniques et à la discrimination positive. Un temps au secrétariat national des nouvelles adhésions de l’UMP, la maître de requêtes au Conseil d’Etat avait tâté de la politique en se présentant aux législatives de 2007 dans la 18e circonscription de Paris, un bastion socialiste. Largement battue, elle avait manifesté sa déception d’avoir été cantonnée à « un rôle d’animatrice de réunions communautaires ». Celle qui se réclame du gaullisme social s’éloigne alors de la politique partisane et ne milite plus dans un parti. Elle a compris qu’elle était plus à l’aise dans les raisonnements juridiques que dans l’affrontement sur les estrades. Alexis Boddaert
Dossier
Nouvelles énergies
Ces entreprises qui ont de
l’énergie
à revendre
Eau, air, déchets, soleil : la planète fait feu de tout bois pour limiter sa dépendance aux énergies fossiles et faire place à des sources renouvelables. La région Centre n’est pas restée étrangère à cette révolution culturelle. Aux champs d’éoliennes, qui se sont multipliés ces dernières années au point de susciter le courroux des défenseurs du patrimoine, ont succédé des projets de fermes photovoltaïques, comme à Crucey-lès-Villages, près de Dreux, ou à Chaillac, tout au sud de la région. L’utilisation de la biomasse à des fins énergétiques est parfois décriée. Nous confronterons le point de vue de deux représentants du monde agricole : Xavier Beulin, le président de la Chambre d’agriculture du Loiret, et Didier Auger, le porte-parole de la Confédération paysanne. Pragmatique, Mathieu Breusse, un céréalier du Sancerrois, préfère quant à lui transformer les déchets agricoles en biogaz. Même démarche pour la Coved, une filiale de la Saur, qui utilise ce biogaz pour produire de l’électricité. Une véritable filière industrielle liée aux énergies nouvelles est en train de naître dans la région. L’orléanais Vergnet, pionnier de la construction d’éoliennes, en est l’illustre ancêtre et son voisin Aérowatt un de ses plus solides espoirs. Tous espèrent que le Grenelle II saura maintenir la flamme. Il ne faudrait surtout pas que tout cela ne soit qu’un feu de paille.
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Jérôme Billerey. Mais les modèles d’activités sont bien différents. Vergnet appartient à la catégorie – dont il est le seul représentant en France – des constructeurs d’aérogénérateurs de moyenne puissance utilisables notam-
De son côté, Vergnet n’a pas grandchose à craindre du Grenelle II. Il a vu son CA progresser de 40 % en 2009, à 29 M€ – après avoir accusé un sérieux recul en 2008… – et, pour l’heure, il conduit exclusivement ses
“ SUR LE PLAN CAPITALISTIQUE, LES DEUX SOCIÉTÉS SONT TOTALEMENT DÉLIÉES, CE QUI NE NOUS EMPÊCHE PAS DE COLLABORER SUR DES PROJETS COMMUNS
ment en zone cyclonique. Aérowatt se définit comme un aménageur et un exploitant de fermes éoliennes, se rétribuant par la vente de l’électricité produite à l’opérateur national. « Notre business s’apparente davantage à celui d’un bureau d’études capable d’assumer toutes les phases techniques et réglementaires d’installation et d’exploitation d’infrastructures de production d’électricité d’origine éolienne ou solaire », explique son pdg.
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L
es pionniers des énergies renouvelables se sentent floués par la volte-face des pouvoirs publics. La loi dite Grenelle II prévoit en effet un ensemble de mesures qui, inspirées par certains lobbies antiéoliens, constituent « tout simplement, et sans le déclarer franchement, un moratoire sur le développement de notre activité », affirme ainsi Jérôme Billerey, le président d’Aérowatt, le spécialiste orléanais de la gestion de fermes d’éoliennes et solaires. « Nous sommes d’abord un producteur d’électricité », indique le dirigeant d’une société qui fut jusqu’en 2002 dans le giron de Vergnet, l’autre grande signature régionale des énergies renouvelables, avant de s’en éloigner pour prendre son envol. Sans, pour autant, couper totalement les ponts. « Sur le plan capitalistique, les deux sociétés sont totalement déliées, ce qui ne nous empêche pas de collaborer sur des projets communs, notamment outre-mer », précise
opérations à l’export où il a récemment remporté de fort belles affaires. Grâce à un méga-contrat signé en Ethiopie fin 2008 prévoyant la livraison de 120 aérogénérateurs, mais aussi suite à des projets gagnés au Japon, à Taïwan ou en NouvelleZélande, le carnet de commandes est bien rempli avec près de 170 machines représentant un CA potentiel de 250 M€. Avec près de 107 MW exploités – dont 97 MW pour le seul éolien –, Aérowatt La Lettre Valloire - Juin 2010 21
Dossier
Nouvelles énergies affiche aussi de très belles perspectives. Au premier trimestre de cette année, l’entreprise a encaissé 3,2 M€ et ce n’est pas fini. « Notre portefeuille de projets à l’étude ou en cours d’instruction est aujourd’hui compris entre 400 et 500 MW », poursuit Jérôme Billerey. Les différents projets se situent à des niveaux d’avancement très différents mais, en 2010, au fur et à mesure de l’obtention des autorisations, il devrait installer – comme en 2009 – environ 30 MW. L’impact défavorable des dis-
Jérôme Billerey (Aérowatt)
Le volet éolien du Grenelle II contesté… Inspiré des recommandations du rapport de la mission parlementaire présidée par Patrick Ollier, l’un des plus tenaces représentants des lobbies anti-éoliens, l’un des volets de la loi dite Grenelle II prévoit un durcissement des conditions d’installations des futurs champs d’éoliennes. Les aérogénérateurs de plus de 50 m de haut devront ainsi être soumis au régime des ICPE (Installations classées pour la protection de l’environnement) et s’inscrire dans ses schémas régionaux de développement éolien qui listeront de manière restrictive les lieux d’implantation. Par ailleurs, ces nouvelles dispositions prévoyaient un seuil plancher de 15 MW, au dessous duquel les projets ne seront pas autorisés. De facto, l’adoption d’un tel seuil entraînerait l’arrêt de près de la moitié des projets en cours d’instruction. A l’heure où nous écrivons ces lignes, l’abandon de cette disposition semblait acquis.
positions gouvernementales « ne devrait pas être ressenti dans l’immédiat ». Marc Vergnet et ses éoliennes regardent plutôt vers les DOM-TOM, où le gouvernement prépare un nouvel appel d’offres pour une puissance à installer de 150 MW. La société a réussi à placer plusieurs dizaines de machines depuis quelques années avant de faire les frais de l’engouement de l’outre-mer pour le solaire. Les zones tropicales fréquemment traversées par des cyclones sont en effet les cibles privilégiées des équipes commerciales de l’industriel, ce dernier ayant développé des aérogénérateurs de moyenne
puissance rabattables, susceptibles d’être préservés du mauvais temps en un temps record. Les marchés éloignés intéressent aussi Aérowatt. « Nous avons déjà une filiale à l’Ile Maurice où nous engageons un projet d’installation d’un programme éolien de 20 MW qui pourrait être doublé à terme. Nous sommes aussi très intéressés par les perspectives offertes par le marché marocain », confirme Jérôme Billerey qui nourrit quelques inquiétudes sur le marché intérieur. « Il me paraît improbable, compte tenu de la tournure prise par les événements, que la France soit en mesure de respecter ses engagements en 2020, c'est-à-dire 20 % d’électricité produite à partir d’énergies renouvelables. Cela impliquerait que nous passions de 5 000 MW éoliens installés à … 25 000 MW en à peine dix ans, soit un doublement du rythme actuel de l’installation de nouveaux projets éoliens. » Entre la France et l’outre-mer, il y a… l’Europe. Marc Vergnet n’entend plus faire l’impasse sur ces marchés proches. Dans sa ligne de mire, figurent aujourd’hui des pays comme l’Italie, la Lituanie ou le Royaume-Uni qui s’intéressent à ses machines de moyenne puissance (200 à 250 KW). Les Etats-Unis, vaste marché soumis à une concurrence intense, pourraient aussi devenir l’un des terrains de jeu de la maison Vergnet. Jean-Christophe Savattier
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RECRUTEMENT & APPROCHE DIRECTE - CONSEIL & FORMATION - EMPLOI & MOBILITÉ
t a lt u s é R e d ie g é t a r t la S Savoir utiliser les nouveaux outils du recrutement a pénurie de certains profils, la désertification de certaines zones géographiques, la surenchère et le désistement de candidats toujours plus volatils sont autant d’éléments auxquels l’entreprise est de plus en plus confrontée.
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Aujourd’hui, l’entreprise prend conscience quotidiennement de l’importance de son Image - Recruteur et se tourne vers les outils du marketing social afin d’attirer et de séduire les talents. Face à ces nouvelles tendances, notre cabinet conseil en ressources humaines a mis au point des outils et des méthodologies de recherche et de marketing social appropriés à toutes tailles de structures et secteurs d’activité. Devant la diversité des outils de sourcing disponibles sur le marché, il devient difficile de s’y retrouver. Notre métier consiste à cibler avec pertinence ceux qui répondent à la fonction recrutée. Disposant d’une candidathèque fournie et mise à jour en permanence, associée à des outils faisant appel aux nouvelles technologies web 2.0, nous sommes à
même d’identifier et de vous proposer les meilleurs profils dans les meilleurs délais. Notre connaissance approfondie de la région Centre et de ses acteurs économiques, nos 20 ans d’expérience et le relais de nos agences basées à Orléans, Blois, Bourges et Poitiers, nous positionnent comme un acteur majeur dans les activités de recrutement et approche directe. Nos études de bassins économiques nous permettent de conseiller et de proposer des outils de benchmarking sur les fonctions, les rémunérations et l’attractivité des secteurs afin d’optimiser la réussite des recrutements de nos clients. Dans un marché complexe et diffus, nous accompagnons également nos clients dans leur approche en créant des stratégies sur-mesure adaptées à leurs problématiques d’évolution de potentiels internes ou de recrutements externes. Si vous souhaitez être accompagné dans la mise en place de ces process au sein de votre organisation, si vous souhaitez bénéficier de notre expérience, si vous souhaitez en savoir plus sur nos nouvelles formules contractuelles, notre équipe de consultants est à votre disposition pour répondre à vos besoins en matière de marketing social, benchmarking, coaching, recrutement, approche directe, validations et assessment center.
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Bureaux POITIERS 05 49 49 42 95
Bureaux BOURGES 02 48 21 28 25
Dossier
Nouvelles énergies
Les PMI régionales prennent le vent
de la filière verte En région Centre, nombre de PME ont trouvé des créneaux pour se reconvertir dans les énergies renouvelables. Elles sont plus d’une vingtaine et emploient au total 330 salariés, notamment dans l’éolien et le solaire.
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n pleine croissance, le marché des énergies re€ nouvelables – 50 Md nationalement en 2008 – a subi, on l’a vu, quelques vents contraires avec le Grenelle II. Néanmoins, les pales n’ont pas été complètement coupées et le développement de la filière verte est toujours d’actualité, même si les écologistes craignent que la France ne puisse tenir l’objectif des 20 % d’énergies renouvelables en 2020. Mais plus que l’éolien, c’est le solaire photovoltaïque, porté par des tarifs favorables pour le rachat d’électricité, qui a enregistré l’évolution la plus spectaculaire. Après une longue période durant laquelle, suite au premier choc pétrolier, seules quelques entreprises avaient continué à investir sur ce créneau des économies d’énergie, de nombreuses PME sont en train de prendre un virage en reconvertissant leur production. Relativement nouveau, le secteur de l’éolien emploie 10 000 personnes en France et il était question que ce nombre soit multiplié par six dans les dix ans, avant que les députés ne donnent un coup de frein à la multiplication des mâts, jugée par eux anarchique. A part la société orléanaise Vergnet, spécialisée dans les aérogénérateurs 24 La Lettre Valloire - Juin 2010
de moyenne puissance, il n’y avait guère de production en France. Celle-ci rattrape tout doucement son retard (4,6 MW installés fin 2009) et une filière nationale est en train de se mettre en place pour fabriquer des éléments d’éoliennes : 300 industriels
de 300 000 € dans des potences de soudage. Il a commencé par fabriquer une centaine d’embases pour la société danoise Vestas, numéro 1 mondial, qui a ouvert un centre de maintenance, non loin de là, à Orgères-en-Beauce. Les coûts de
“ GUERTON VIENT DE REMPORTER UN MARCHÉ D’UNE DIZAINE D’EMBASES POUR UN DEUXIÈME CLIENT : L’ALLEMAND REPOWER ont été identifiés. Ils sont 24 dans le Centre à faire travailler 330 salariés. Pas étonnant, car la région se positionne dans le trio de tête pour la puissance installée. Ainsi Guerton, une société de Bonneval (28) spécialisée dans la fabrication des silos industriels, s’est– elle diversifiée, depuis le début 2007, dans l’embase, cette pièce maîtresse d’une vingtaine de tonnes scellée dans le béton pour soutenir le mât qui peut culminer à plus de cent mètres. « C’est un travail qui demande de grandes qualités de soudage », indique le responsable d’un atelier qui emploie 8 personnes sur un effectif de 80 salariés : 4 jeunes sont en formation. Après avoir démarché les grands constructeurs, le pdg Michel Guerton a investi près
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transport étant onéreux pour des pièces de métal très lourdes, il est apparu plus opportun de construire sur place pour le marché français, l’un des plus dynamiques d’Europe. L’atout de Guerton, c’est son savoirfaire dans la chaudronnerie lourde. L’entreprise beauceronne fabrique, en effet, des grosses pièces comme les échangeurs de chaleur pour les centrales nucléaires. Sur sa lancée, elle vient de remporter un marché d’une dizaine d’embases pour un deuxième client : l’allemand Repower. Quant à Baudin-Châteauneuf, entreprise connue pour ses ponts métalliques, elle a usiné, depuis deux ans, 33 mâts avec leurs échelles et platesformes pour Vergnet, Ripower, Nordex et Vestas. Les tronçons d’une
trentaine de mètres sont emmenés par convois exceptionnels par sa filiale, la Stex, qui transporte également des pales fabriquées par d’autres constructeurs. Si l’on ajoute 120 embases, l’éolien représente un CA de 2 à 4 M€ pour l’entreprise de Châteauneuf-sur-Loire (45) : cette activité contribue à l’emploi d’une vingtaine de chaudronniers. Ces éoliennes font aussi travailler des entreprises de levage. Verlinde, basée depuis 1858 à Vernouillet (28), a construit 10 000 palans en cinq ans. Ils servent à hisser du matériel lors des opérations de maintenance. Verlinde a travaillé pour à peu près tous les constructeurs, y compris dernièrement pour un chinois. Le développement de l’éolien en région Centre est tel que le groupe allemand Reetec a installé sa filiale française à Monts (37), près de Tours. La société de Brême, qui est l’un des principaux prestataires des parcs éoliens, a même conçu son propre balisage aérien à partir de lampes LED fonctionnant jour et nuit. Dans une éolienne, tout ne se voit pas. Il en est ainsi des systèmes de freinage du rotor et de la nacelle, qui sont pourtant essentiels pour assurer une production optimale d’électricité. C’est la spécialité de Sime-Stromag, filiale d’un groupe allemand qui possède une unité de fabrication à la Guerche-sur-l’Aubois
(18). Le leader mondial du freinage industriel a commencé à travailler pour l’éolien au début des années 1980 avec un frein à disque électromagnétique. Trente ans après, il
“ A LA GUERCHE-SUR-L’AUBOIS, SIME-STROMAG FABRIQUE DE PLUS EN PLUS DE PINCES QUI CONTRÔLENT LA GIRATION DE MILLIERS DE TURBINES
fabrique de plus en plus de pinces qui contrôlent la giration de milliers de turbines. Les efforts radiaux et axiaux engendrés par l’instabilité des vents exigent une technologie éprouvée. Une éolienne, c’est encore tout un équipement électrique et, là, c’est l’affaire d’Ainelec, implantée dans la ZI de La Boîtardière, à Amboise (37). Cette PME travaille depuis 1990 sur les onduleurs, chargeurs, régula-
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A Bonneval (28), Guerton s’est diversifiée dans les mâts d’éoliennes.
teurs, redresseurs, convertisseurs et autres survolteurs. Ses ingénieurs ont mis au point des systèmes de contrôle commande. A chaque projet, un algorithme est développé pour permettre aux éoliennes de fonctionner au maximum de leur puissance. Dans le domaine solaire, Ainelec a développé un onduleur intelligent 100 % français qui adapte une stratégie différente suivant l’ensoleillement de la journée. Son repreneur, Alain Patrice, naguère associé à un Américain dans les postes à soudure, n’a pas hésité à se reconvertir, dès 2006, en créant Sun’One, une marque de kits solaires, à Ballan-Miré (37), que nous avons largement évoquée dans notre magazine de septembre. L’entreprise d’électricité Sorelec de St-Jean-de-Braye (45) a
cédé toutes ses activités pour se concentrer uniquement sur le solaire. Transformer la lumière du jour en électricité, la stocker dans des batteries et la restituer la nuit pour l’éclairage, le rêve de son pdg, Salah Djelouh, est devenu réalité. Ses lampadaires de rue connaissent un beau succès. Si les composants viennent de Chine ou d’Allemagne, l’assemblage se fait dans le Loiret. Alexis Boddaert
LED et citernes pour la pluie En matière d’énergies renouvelables, il y aussi des niches. Neolux, à Cour-Cheverny (41), un spécialiste des diodes électroluminescentes (LED), a réalisé une première mondiale en installant à Abu Dhabi, pour une salle de réception, un système d’éclairage en plafond de 4 200 lumens consommant l’équivalent de 60 W. Plus modestement, Citerneo, à St-Martin-le-Beau (37), fabrique des citernes souples pour récupérer l’eau de pluie : 5 salariés ici, 9 là : la baisse du gaspillage peut faire monter la création d’emplois.
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Dossier
Nouvelles énergies
SES met ses panneaux
à l’heure solaire
Le spécialiste tourangeau des panneaux de signalisation routière vient de développer un panneau à message variable (PMV) de pleine voie fonctionnant à l’énergie solaire. Ce produit, conçu en collaboration avec le pôle de compétitivité S2E2, l’Institut national de l’énergie solaire et le CEA de Grenoble, devrait lui permettre de ravir de nouvelles parts à l’export.
C’
est une première mondiale. Le groupe SES (550 salariés, dont environ 250 salariés à Tours Nord où se situe le siège social, 78 M€ de CA en 2009), a présenté ce printemps lors d’un salon professionnel le panneau routier à message variable (PMV) Optima ; ce dernier est muni d’un panneau photovoltaïque, de systèmes de communication sans fil et fonctionnant à la lumière du jour. « Il existait déjà des panneaux routiers dont l’alimentation est fournie par des panneaux photovoltaïques mais il s’agissait de produits de petit gabarit », explique Lionel Couche, le pdg de SES. « Le produit que nous sortons est d’une tout autre nature et nous permet un avantage différenciateur. » L’Optima, appelé à séduire les exploitants d’infrastructures routières isolées ou de com-
Lionel Couche, président de SES.
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plexes routiers intra-urbains, a été développé par le bureau d’études de SES (une quarantaine de personnes à Tours) dans le cadre d’un programme de recherche qui a sollicité les ressources du pôle de compétitivité régional S2E2 (Sciences et systèmes de l’Energie Electrique), de l’INES (Institut national de l’énergie solaire) et du CEA de Grenoble (38). « Ce PMV de nouvelle génération a nécessité près de deux ans de recherche et un budget d’environ 1,6 M€ (dont 60 % financés par SES).
sent toute la gamme des technologies radio du marché (wi-fi, GPD, GPRS) », indique l’un des responsables du programme. Par ailleurs, l’Optima disposera de plusieurs types de panneaux – de plus ou moindre grande taille – lui permettant ainsi d’être implanté dans des zones à plus ou moins grande luminosité. SES entend bien profiter de ce lancement pour emporter de nouvelles affaires à l’export. En 2009, d’importants contrats remportés hors France – et notamment au Royaume-Uni – ont
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“ NOUS SOUHAITONS PORTER À TERME LA PART
À L’EXPORT À PRÈS DU TIERS DE L’ACTIVITÉ Il présente de nombreux avantages pour les exploitants. Ces derniers peuvent en effet s’affranchir d’importants travaux de génie civil (raccordement au réseau électrique), diminuer leur empreinte environnementale et réduire leurs coûts d’exploitation », assure Lionel Couche. De plus, cette application peut accueillir d’autres équipements, par exemple de la vidéosurveillance, et fonctionne en parfaite autonomie avec un pool de batteries à combustible renouvelable d’une durée de vie de plus d’une vingtaine d’années. « La facilité d’utilisation de ces panneaux qui utilisent des diodes électroluminescentes à faible consommation est accrue par les modes de télécommunication proposés qui utili-
déjà permis au groupe de sauver l’exercice. « Nous souhaitons porter à terme la part à l’export à près du tiers de l’activité », annonce le pdg qui souligne que les prises de commandes sur les premiers mois de 2010 se situaient sensiblement au même niveau que l’an dernier. C’est-à-dire à un niveau assez bas... « L’investissement des collectivités publiques françaises n’a pas redémarré », constate Lionel Couche qui rappelle que le contrat remporté au Royaume-Uni a été financé par... le plan de relance britannique ! Dans ce contexte, SES, qui a déjà investi en 2009 près de 2,6 M€ sur son usine de Chambourg-sur-Indre (37), entend commencer à produire l’Optima à Tours Nord en s’appuyant sur les ressources industrielles actuelles. Jean-Christophe Savattier
La région fait sa place au soleil Les projets de fermes photovoltaïques abondent. En quelques mois, le soleil a pris la place du vent et des champs d’éoliennes. La région Centre n’échappe pas au phénomène.
A
Chaillac, village du Boischaut Sud abandonné par ses mines de barytine, on ne parle que d’énergie solaire. La friche de l’ancienne exploitation minière du groupe belge Solvay devrait, effectivement, accueillir une ferme photovoltaïque de 196 000 panneaux, nécessitant un investissement de 50 M€. La crise a un peu retardé le projet du groupe Eco Delta Développement mais Gérard Mayaud, le maire de la commune, croit toujours dur comme fer à sa réalisation. La ferme, si elle se construit, permettrait d’approvisionner en électricité 25 000 foyers en période de pointe. Dans l’Eure-et-Loir, tout au nord de la région, on n’est pas en reste. Après les éoliennes, qui couvrent déjà une bonne partie de la
Beauce, c’est le tour des panneaux solaires. Albéric de Montgolfier, le président du Conseil général, vient d’annoncer son intention de faire du département le premier producteur français d’énergie électrique photovoltaïque. Il l’a dévoilé lors de la présentation du projet de méga-parc photovoltaïque (puissance envisagée de 80 MWc) qui doit être déployé sur l’ex-base militaire de Crucey-Villages (250 ha), près de Brézolles. Le parc du Perche représenterait à lui seul l’équivalent de la puissance actuellement installée sur le territoire métropolitain. Toujours en Eure-et-Loir, mais à Château-
dun, le groupe GDF Suez vient de mettre à l’étude l’installation d’une plateforme photovoltaïque sur la friche de 76 ha de l’Etamat (Etablissement de stockage de munitions de l’armée de terre). Le programme occuperait 25 ha et devrait représenter une production annuelle de 10 GW. Plus à l’est, dans le Montargois, un parc de 6,7 ha est en projet sur les communes de GondreFXB ville et de Corquilleroy.
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Nous avons deux objecti
la Pierre Louault, Président de Loches Développement
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Comment expliquez-vous le succès de Node Park Touraine auprès des entreprises ?
Node Park Touraine a fait le plein en quelques années, créant 1 000 emplois, notamment dans des secteurs innovants, comme en témoigne le Laboratoire des applications numériques (LAN) du groupe HF Company. Le succès de ce parc d’activité tient à sa proximité de l’agglomération tourangelle, à sa qualité paysagère, aux services offerts aux entreprises et à leurs collaborateurs : restaurant, maison de la petite enfance, supérette, service postal, etc. Disposez-vous de nouveaux espaces d’accueil des entreprises ? Nous ouvrons actuellement une extension de 10 ha, sur une réserve foncière de 40 ha. Une partie est réservée aux entreprises artisanales, qui apprécient, comme les grands groupes, ce vaste parc d’activité qui ne manque pas d’allure ! Nous sommes allés beaucoup plus loin encore dans l’aménagement des nouveaux espaces disponibles : le site se distingue par sa haute qualité environnementale. Nous avons retenu des principes d’aménagement innovants : par exemple, le traitement des eaux par des méthodes naturelles. Les entreprises et leurs salariés sont aujourd’hui sensibles à cette démarche. Cette dynamique se poursuit-elle sur l’ensemble du Lochois ? Une forte augmentation du nombre d’emplois sur le Lochois a été constatée sur les cinq dernières années, plus importante qu’ailleurs. Elle montre la pertinence de nos investissements pour faciliter l’implantation d’entreprises, tant en termes de coût d’installation que de services offerts, du nord au sud du Lochois. Ce dynamisme profite à l’ensemble des habitants qui trouvent des emplois sur le territoire et peuvent bénéficier de nouveaux équipements sportifs ou de loisirs, notamment. Ici, l’art de vivre se pratique en effet au quotidien.
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Loches Développement, c’est une équipe qui vous accompagne, des partenariats forts avec l’université François-Rabelais de To commerce et d’industrie de Touraine, la Chambre de métiers et de l’artisanat, la MEETS (Maison de l’emploi et des entreprises de
fs communs :
a qualité et l'efficacité La croissance, avec vous
1000 emplois créés en 10 ans sur Node Park Touraine, site d’activité emblématique de la dynamique du Lochois : partagez notre réussite ! Ce parc d'activité est doté des équipements réseaux les plus performants. Il est aménagé au cœur d'un paysage rare et protégé aux portes de l'agglomération tourangelle. Il offre aux chefs d'entreprise et à tous leurs collaborateurs les services qui facilitent leur vie quotidienne : restaurant et crèche inter-entreprises, supérette, garage et services postaux. Node Park Touraine a notamment séduit le groupe mondial HF Company et ses filiales Métronic, Avidsen et le laboratoire des applications numériques (LAN), le centre d'appel Laser Contact et ses 600 salariés, le géant Partner Jouet, le groupe de chimie AMI, la société Reals et bien d’autres entreprises innovantes. L'extension de 10 ha, aménagée selon des critères de haute qualité environnementale, est désormais ouverte à vos nouvelles exigences.
On travaille mieux au vert A Loches et alentour, de vastes et beaux espaces répondent à d'autres besoins : parmi la centaine d’entreprises implantées sur les parcs d’activité de Loches Développement, Aérazur (aéronautique) et P4X (ingénierie de travaux), par exemple, ont choisi l'éclat de la ville d'Agnès Sorel et de son patrimoine époustouflant. A Perrusson, l’entrée sud de la ville, Savebag (bagagerie) poursuit son développement dans le secteur du luxe. A Chédigny, les Ets Laval (fournitures pour la bijouterie), comme la Fromagerie de Fierbois, ont préféré s’étendre au grand air. De nombreux artisans ont investi la zone de Reignac-sur-Indre, facile à vivre, tandis que les Constructions Métalliques Piot se sont enracinées à Bridoré : en bordure de la D 943 réaménagée et sécurisée, et à mi-chemin de Tours et de Châteauroux.
Des services en plus Tout l’art du bien-vivre au quotidien ! Crèche et restaurant interentreprises à Tauxigny, golf naturel à Verneuil-sur-Indre, centre aquatique en construction à Loches, réhabilitation d’une halle industrielle et aménagement d’un centre d’innovation à Beaulieu-lès-Loches avec vue sur la verte vallée de l’Indre et ses monuments somptueux, tennis couverts et salle de musculation à deux pas… Et pour dynamiser vos équipes, sollicitez Loches Développement qui a
ours, la Chambre de la Touraine Côté Sud).
aménagé au-dessus de l’Indre, en plein centre-ville de Loches, une salle de séminaire sur le site du Moulin des Cordeliers. Le groupe Pierre & Vacances a d’ailleurs choisi ce lieu d’exception pour accueillir les touristes au cœur des châteaux de la Loire. • Deux échangeurs autoroutiers : quatre parcs d’activité du Lochois sont à moins de 15 mn de l’un des deux échangeurs sur l’A85, à Esvres et à Bléré. Cette nouvelle transversale ( Nantes-Vierzon) donne aussi un accès immédiat à l’A10 (Paris-Bordeaux-Espagne). • Deux aéroports à proximité : Tours Val de Loire pour les passagers et Châteauroux pour le fret.
Service de développement économique de la communauté de communes : 02 47 91 19 20 – www.lochesdeveloppement.com
Dossier
Nouvelles énergies
Energie verte
le pour le contre
En réponse à la pénurie prévisible des ressources d'énergies fossiles, l'agriculture s'est, pour une part, consacrée à la production de bioénergies (biodiesel ou biogaz), issues de la culture de colza et de tournesol, ou à l'exploitation de la biomasse. Si 5 % seulement des terres agricoles mondiales sont dédiées à ces productions non alimentaires, le débat sur leur bien-fondé est ouvert. Didier Auger, porteparole de la Confédération paysanne, et Xavier Beulin, président de la Chambre d'agriculture du Loiret, ont des appréciations différentes. Xavier Beulin
Didier Auger
le pour
le contre
La Lettre Valloire : Vous semble-t-il raisonnable d'utiliser les terres agricoles autrement que pour nourrir les hommes ? Didier Auger : Non, évidemment pas. L'agriculture a pour but de nourrir. Exploiter des millions d'hectares pour la culture de biocarburants est une catastrophe, tant écologique qu'économique. N'oubliez pas que demain, nous devrons subvenir aux besoins alimentaires de 7 milliards de personnes. Xavier Beulin : Le premier rôle de l'agriculteur est bien sûr nourricier, et le restera. Mais précisons que l'Europe ne consacre que 3 à 4 % de ses surfaces agricoles à des fins non alimentaires, un peu plus aux Etats-Unis et au Brésil. De plus, sur 1 kg de graines de colza ou de tour-
nesol, 400 g donneront du carburant et 600 g de la nourriture animale sous forme de tourteau. Par ailleurs, certains pays de l'hémisphère sud, dont ceux d’Afrique, défendent dans les débats de l'OMC le droit à une importation de produits agricoles bon marché pour utiliser les terres à d'autres fins. Arabie Saoudite, Chine, Inde, Corée et Japon y achètent des terres par millions d'hectares en prévision de temps plus difficiles.
32 La Lettre Valloire - Juin 2010
LV : Qu'est-ce qui incite certains agriculteurs à exploiter leurs terres à des fins énergétiques et non plus alimentaires ? Didier Auger : Dans bien des cas, les agriculteurs cultivent sans même connaître la destination finale de leurs produits, alimentaire
ou énergétique. Ils n'ont que quelques opérateurs face à eux, groupes coopératifs ou négociants, pour acheter leur production. Depuis cinquante ans, nous tendons à modéliser les pratiques d'agriculture pour que tous les agriculteurs travaillent de la même façon, dans une même logique, pour s'inscrire dans le même circuit économique. Et cela pour des raisons d'organisation plus facile de filières. Nous sommes contre l'idée que l'on massifie des procédures. Xavier Beulin : Pourtant, ce qui fait la force de l'agriculture française, c'est bien son organisation en filières qui permet de faire en sorte qu'à partir d'exploitations familiales, de contractualisations et de schémas interprofessionnels, les agriculteurs puissent avoir une assurance de revenus en vendant leurs productions à une organisation économique, tout en fournissant un marché local. Rappelons que 25 % de la consommation de produits alimentaires se fait à travers des filières labellisées, AOC, bio ou produits du terroir. On ne peut donc pas fonder une politique agricole mondiale sur 25 % de la demande qui s'exprime par des marchés de proximité.
LV : Il y a plus de 20 000 agriculteurs qui touchent le RSA. L'agriculture énergétique n'estelle pas une alternative à l'agriculture vivrière dont on voit qu'elle ne suffit pas à faire tourner les exploitations agricoles, même les plus grandes ? Xavier Beulin : Depuis quelques années, grâce au développement du biodiesel, on s'est affranchi du marché mondial dominé par le soja américain. La diversification de ces marchés, alimentaires et énergétiques, nous permet de mieux vivre de nos productions. Dans le même temps, la recherche scientifique a fait progresser la valorisation des coproduits, notamment au bénéfice de la pharmacie, de la cosmétique ou de la chimie, au point que l'on peut aujourd'hui parler de matière première. Grâce à cela, un colza français devient mieux-disant sur le marché mondial de l'ordre de 15 à 20 %. Didier Auger : Pourtant, le blé, l'orge et le colza sont vendus à des prix catastrophiques. On dit que le prix est dicté par la loi de l'offre et de la demande. Or les stocks mondiaux ne sont pas très importants ; à peine plus de trois mois d'avance à l'échelle de la planète : c'est peu et suffisant à la fois. De 2007 à 2010, les stocks, en pourcentage de la production mondiale, n'ont pas notablement changé, alors que les prix ont été divisés par deux. C'est donc bien la spéculation qui fait le prix, soit à la hausse comme en 2007 et 2008, soit à la baisse en ce moment. Pour fonctionner, l'économie libérale doit tourner à plein avec une matière première pas chère. Les produits de l'agriculture sont aujourd'hui aussi peu considérés que les produits du sous-sol africain durant la première moitié du XX e siècle. Grâce à quoi, l'industrie agroalimentaire est prospère, à telle enseigne qu'une augmentation de 15 % du prix du blé n'aurait une incidence que de 1 % sur celui de la baguette.
LV : L'agriculture peut-elle produire de l'énergie sans être détournée de sa vocation première ? Didier Auger : Oui, à l'échelle d'une exploitation agricole, et seulement à ce niveau, il est raisonnable d'utiliser les co-produits de l'agriculture dont on optimise l'utilisation. L'huile de colza par exemple me sert de carburant pour mon tracteur, et le tourteau de colza sert de nourriture pour mes animaux. De même, utiliser un digesteur pour produire du biogaz à partir d'un élevage de porcs me semble intelligent, dès lors qu'il rend la ferme autonome en énergie. Mais le procédé ne doit pas être modélisé pour en faire un business qui aura évidemment un impact écologique énorme et pour effet de diminuer les surfaces de terres cultivables. L'agriculture que nous préconisons suggère davantage la microéconomie que l'exploitation de millions d'hectares de colza à des fins énergétiques. Xavier Beulin : Souvenons-nous que l'idée de l'exploitation des terres à des fins énergétiques avait été en partie incitée par la politique des jachères (jusqu'à 17 % en 1995). Aujourd'hui, diversifier sa production a des effets évidemment bénéfiques. Cela permet d'équilibrer les marchés et de pérenniser une exploitation en ne mettant pas tous nos œufs dans le même panier. C'est donc une façon de gérer les risques de production et de vente.
que des pays comme le Brésil se positionnent sur ces productions. Mais même pour le colza, qui offre un bon rendement, les coûts de production sont encore trop chers. La question est donc économique. Il vaut mieux produire peu à un bon prix que beaucoup à faible coût. On utilise moins d'intrants et c'est mieux pour l'environnement. Mais une fois encore, si on ampute la production alimentaire de dizaines de millions d'hectares en Europe, cela signifie que l'on importera à grands frais des produits alimentaires. Xavier Beulin : La directive "Energies renouvelables" prévoit qu'à l'horizon 2020, 20 % de l'énergie consommée en Europe devra être d'origine renouvelable. La moitié devra être d'origine végétale. Une autre directive sert, quant à elle, de garde-fou aux excès. Applicable dès décembre 2010, elle cartographie les surfaces sensibles comme les zones Natura 2000, sur lesquelles l'agriculteur ne pourra pas exploiter. Enfin, redisons clairement que l'agriculture énergétique n'est plus subventionnée. Propos recueillis par Stéphane de Laage
LV : Ne risquet-on pas de s’engager dans une course au rendement ? Didier Auger : Pour la production de bioéthanol, le rendement énergétique de la canne à sucre est dix fois plus intéressant que le blé. Les choix stratégiques sont donc essentiels, et l'on peut comprendre La Lettre Valloire - Juin 2010 33
Dossier
Nouvelles énergies
Les déchets agricoles
transformés en électricité Un agriculteur de 36 ans, Mathieu Breusse, construit une unité de méthanisation de déchets agricoles pour fournir de l’électricité verte à la moitié des habitants du canton de Sancerre. Un investissement de 5 M€ avec un retour de sept à huit ans. produisant de la chaleur et de l’électricité. Un procédé écologiquement vertueux, puisque ce recyclage en anaérobie évite de disperser dans l’atmosphère un gaz considéré comme un puissant contributeur de l’effet de serre. Seulement, il fallait un coup de pouce à ceux qui voulaient se lancer dans l’électricité bio. Il est venu, en 2006, avec l’instauration d’un prix de rachat majoré par EDF. Ce tarif est aujourd’hui d’environ 16 centimes par kWh produit sur des contrats de quinze ans.
P
ermettre aux agriculteurs, aux industriels et aux collectivités locales de monter des projets de bio-méthanisation pour valoriser leurs déchets organiques et ainsi produire de l’énergie verte : telle est l’ambition de Ledjo Energie, un jeune bureau d’études de 8 personnes dont le siège se trouve à Bourges. « La France, explique son pdg Mathieu Breusse, a le potentiel le plus important d’Europe en valorisation de la biomasse. Mais elle a accumulé du retard par rapport à l’Allemagne ». L’homme est d’autant plus impliqué que, céréalier à Feux, dans le Sancerrois, il n’a eu de cesse d’utiliser cet or vert produit à domicile. La méthanisation transforme les déchets agricoles ou urbains en ressource énergétique. Dans des enceintes confinées, appelées digesteurs, les réactions de fermentation sont optimisées pour donner un biogaz qui alimentera des moteurs, lesquels feront tourner des turbines
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de jus de distillation du vignoble sancerrois, 2 500 tonnes de fumier, 1 000 tonnes de résidus de choux et 2 500 m3 de petit lait provenant des élevages de chèvres voisins. Les 22 000 tonnes de digestat, épandables comme engrais organique, seront séchées par la chaleur produite par l’usine de co-génération. Pour bénéficier du rachat majoré de l’électricité, il faut en effet valoriser 75 % de l’énergie produite. L’investissement est de 5 M€ pour une unité qui enverra sur le réseau 1 MWh. Mathieu Breusse, qui détient
“ LE TARIF DE RACHAT DE L’ÉLECTRICITÉ VERTE
”
PRODUITE EST AUJOURD’HUI D’ENVIRON 16 CENTIMES PAR KWH SUR DES CONTRATS DE QUINZE ANS.
Pour lancer le mouvement, Mathieu Breusse a initié, sur ses terres, un premier projet qui produira de l’électricité au printemps 2011. Ce sont 5 000 personnes, soit l’équivalent de la moitié de la population du canton de Sancerre, qui pourront ainsi être approvisionnées en énergie. Mais il aura fallu pas moins de trois ans pour obtenir le permis de construire pour cette installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE). Autour de la commune de Feux où est implanté Marnay Energie, il a trouvé suffisamment de matières premières organiques dans un rayon de 30 km, à une distance raisonnable de sa ferme. Cela donne annuellement 5 000 tonnes de déchets verts, 8 000 tonnes de marc de raisin et 8 000 m3
51% du capital, a fait appel, pour compléter le tour de table, au producteur d’énergie verte Holding Verte (34 %) et à la Caisse des dépôts (15 %). Ledjo Energie est prestataire de service pour une autre unité de biogaz, près du Blanc, dans l’Indre. Cette fois, il s’agit de transformer du fumier de vache, des déchets verts et d’abattoirs et le lactosérum des élevages de chèvres autour de Pouligny-St-Pierre. « Aujourd’hui, la méthanisation est rentable avec un retour sur investissement de l’ordre de sept à huit ans », assure Mathieu Breusse qui reste agriculteur, tout en étant porteur d’une dizaine de projets en France. Alexis Boddaert
Dossier
Nouvelles énergies
Le Lochois valorise
ses déchets en énergie En déposant un brevet pour améliorer la transformation du biogaz des déchets ultimes en électricité, Coved valorise ce qui ne pouvait plus l’être et offre un début d’alternative à l’incinération.
C
oved a produit 0,8 MWh d’électricité depuis la mi-2009 à partir du biogaz généré par les déchets ultimes enfouis sur son site de Chanceaux-près-Loches (37) : c’est le premier site en France autorisé par la Drire à utiliser un bioréacteur en mode d’exploitation. Sa production représente la consommation annuelle d’énergie (hors chauffage) de 6 000 foyers. Filiale du groupe Saur, spécialisée dans la collecte et le traitement des déchets, Coved revend cette énergie à EDF selon un contrat de quinze ans. Ce qui lui a permis de facturer 260 000 € en un an, soit 2,5 % de l’activité (10 M€) du site, toutes prestations confondues. L’investissement dans la recherche et le développement du bioréacteur, pour lequel Coved a déposé un brevet, a atteint 2 M€ : « Le rapport est suffisant pour rentabiliser la dépense », estime Guillaume Pépin, directeur des exploita-
Guillaume Pépin (Coved)
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tions Touraine Berry Limousin (135 collaborateurs). Le process consiste à remplir de déchets ultimes des alvéoles de stockage étanches, chacune sur 5 000 m2 et 10 m de hauteur, exploitées l’une après l’autre. Une fois complète, l’alvéole est fermée, la pression, la température et l’humidité sont contrôlées. Le lixiviat (liquide qui
de certains voisins, plus ou moins gênés par les odeurs, et des élus qui aimeraient que l’on stocke les déchets ailleurs que sur leur territoire. « Nous avons mis des moyens énormes pour capter le gaz et installé des « nez » électroniques qui aident à identifier les odeurs, leur origine et à prendre les mesures pour les traiter, explique
“ LE SITE DEVIENT ZÉRO REJET. NOTRE CONTRIBUTION POSITIVE AU BILAN CARBONE AINSI QUE TOUTES CES ACTIONS DE VALORISATION FONT ABAISSER LE COÛT DE LA TGAP s’écoule des déchets) est injecté, humidifié à température optimale : la transformation en gaz est ainsi accélérée. Ce biogaz (du méthane, essentiellement) est aspiré et envoyé vers un moteur thermique qui fait tourner un alternateur et produit de l’électricité. Une seconde tranche est prévue d’ici deux à trois ans, objet d’un nouvel investissement de 1 M€, annonce Guillaume Pépin : « Nous n’exploitons actuellement que 100 000 tonnes de déchets ultimes, alors que nous avons une autorisation pour 150 000 tonnes par an qui produiront 1 MWh supplémentaire ». Ces gros volumes permettent à l’entreprise « d’avoir la taille critique nécessaire afin de mener des recherches pour l’avenir ». Mais l’expérience attise la grogne
”
Guillaume Pépin. Depuis, les plaintes ont considérablement diminué et les relations avec les politiques sont plus détendues ». D’autant que le site est devenu « vertueux » pour l’environnement. Un système de cogénération permet de récupérer la chaleur qui assurera le chauffage de locaux qui seront construits « d’ici à la fin de l’année ». Même le lixiviat est traité : « Le site devient zéro rejet. Notre contribution positive au bilan carbone ainsi que toutes ces actions de valorisation font abaisser le coût de la TGAP (une taxe sur les activités polluantes que collecte la Coved chez son client et qu’elle reverse à l’Etat, NDLR) jusqu’à parvenir un jour à 0 €. » Il reste à enfouir la fraction non minérale de ces déchets. « Si, aujourd’hui, le bioréacteur constitue une bonne solution, dans vingt ans d’autres procédés encore à inventer nous permettront d’aller plus loin », conclut Guillaume Pépin. Odile Ménard
Entreprises
Stratégie
De Bourges,
Sirops Monin arrose le monde entier
Lancée en 1912, Monin est devenu le leader mondial des sirops pour les professionnels de la boisson et de la restauration. Vingt-six ans après son entrée sur le marché américain, l’entreprise berruyère a ouvert, l’an dernier, une usine en Malaisie pour arroser le marché asiatique.
U Olivier Monin, le petit-fils du fondateur à la tête de l’entreprise
ne référence mondiale dans le monde des sirops pour professionnels des bars et restaurants ! C’est ce qu’est devenue, en presque cent ans, Monin, une PME qui a son siège à Bourges. Et toujours au même endroit, place des Marronniers. Son histoire commence, en effet, en 1912 lorsqu’un certain Georges Mo-
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nin se lance, à dix-neuf ans, dans une activité de liquoriste. Il crée tout de suite le « Monin original », une liqueur à base de lime-citron vert et de plantes tropicales. En 1924, l’entreprise prend l’appellation de « distillerie à vapeur et fabrique de liqueurs surfines et extrafines ». Des alambics en cuivre rappellent à l’entrée du siège de l’entreprise, ce passé qui sent bon la quintessence
du fruit. La mort du pionnier, en 1944, n’arrête pas l’expansion d’une société qui passe le cap des trois millions de bouteilles trois ans plus tard. Paul, le fils, reprend le flambeau et propulse les sirops auprès des professionnels de la boisson. En 1952, apparaît le guignolet-kirsch, baptisé Guignot, car élaboré avec des guignes, une variété de cerises macérées dans l’alcool. Puis, en 1954, c’est la sortie de Glasco, un sirop à base de jus de citron concentré pouvant supporter une dilution de huit à dix fois son volume, ce qui à l’époque était unique. Menant une politique continue d’investissement, l’héritier va s’ingénier à parcourir les pays producteurs de fruits pour sélectionner les meilleurs fournisseurs. Ce diplômé d’HEC, qui fut président de la CCI du Cher, est décédé à 86 ans, fin 2008. C’est son fils Olivier, à la tête de l’entreprise en 1992, qui s’attachera à développer l’exportation. Après avoir absorbé Vanot pour entrer dans la grande distribution, Monin pénètre sur le marché américain en créant une unité de production à Clearwater, en Floride. Un nom prédestiné que cette eau claire qui va entraîner la production de dix millions de bouteilles de sirop. Le lancement à l’international du « Monin’s original triple lime », liqueur
complexe à base de Cognac, de citron vert et d’épices, va être la porte d’entrée vers de nombreux marchés étrangers. La présence dans les rayons des hypermarchés se renforce en 2007 avec le rachat d’un concurrent, Guiot, qui fait tourner son usine à Fresnes-sur-Escaut, près de Valenciennes (59). Monin, c’est donc aujourd’hui un grand panier de 35 millions de bouteilles, un CA de 80 M €, réalisé à 75 % à l’export dans 122 pays, et 260 salariés, dont 145 en France. A Bourges, ils sont encore 110, en intégrant
Il y a loin de la menthe à l’eau et de la grenadine de notre enfance. La tendance aux cocktails non alcoolisés a vu apparaître les saveurs de gin, de rhum, de tequila, après celles du curaçao triple sec, de l’irish mojito mint, de la la pina-colada et de la sangria. Dès 2008, l’entreprise berrichonne a surfé sur la vague des smoothies (purées de fruits, de yaourts et de glaçons) et des middle drinks, en créant le Jus de Monin, boisson aux fruits mixés à partir d’une essence naturelle. Au choix : banane, mangue, pêche, passion, fruits rouges, fraise
Tout comme à Dubaï, Monin dispose de bureaux commerciaux à Shangaï pour attaquer l’immense marché chinois ” l’entrepôt logistique que l’on peut apercevoir depuis l’autoroute A 71. La nouveauté de l’an dernier a été l’ouverture d’une usine à Kuala Lumpur, en Malaisie, qui emploie une trentaine de personnes. Il ne s’agit pas d’une délocalisation mais d’un ponton ouvert sur le marché asiatique. Tout comme à Dubaï, Monin dispose de bureaux commerciaux à Shangaï pour attaquer l’immense marché chinois. C’est un peu comme avec le CocaCola : un automate permet de faire la même recette de sirop sur tous les continents à partir de sucre de betterave, de jus de fruit, d’arômes, de colorants naturels et d’acide citrique. On mélange et on chauffe dans des cuves en inox et on pasteurise. Sur la carte, on trouve 115 parfums. Au citron vert, au cassis, au chocolat menthe, au litchi, à l’amaretto, au concombre, se sont ajoutés tout dernièrement le basilic, la cardamone, le spéculoos, la cerise griotte et la pêche blanche. Le sirop de pastèque est, par exemple, aussi bien apprécié en limonade avec de la glace pilée qu’avec de la vodka. Des références pour les pros du shaker qui n’ont que l’embarras du choix pour faire preuve d’originalité.
et framboise. De quoi composer un mango daiquiri, une strawberry margarita ou un raspberry iced tea. Les sirops et sauces de Monin entrent encore dans la composition des cafés à l’italienne comme le latte, le cappucino, le mocha ou le macchiato ou servent pour le nappage des glaces, des gaufres et des crêpes. Le chocolat
noir ou blanc et le caramel servent à aromatiser des boissons chaudes. Branchée, Monin l’est encore avec ses perles issues de la cuisine moléculaire. Il s’agit de petites billes d’alginate qui libèrent des couleurs et des arômes. A la violette, elles peuvent accompagner le Champagne dans une flûte. Au pamplemousse, elles subliment un Martini. Avec un bocal en verre de 350 perles, on peut réaliser ainsi quinze mélanges perlants. Qu’est-ce qui fait le succès de Monin ? Un cocktail de puissance aromatique du fruit et d’innovation permanente. Ajoutons-y un zeste de tour de main jalousement protégé.
L’embouteillage des sirops Monin s’effectue toujours à l’usine de Bourges
Alexis Boddaert
Les jus cuisinés prêts à l’emploi de Thierry Finet Du bar à la cuisine, il n’y avait qu’un pas que Monin a franchi avec Thierry Finet, l’un des deux restaurateurs étoilés Michelin de Bourges dans son Piet à Terre, boulevard Lahitolle. Devenu conseiller culinaire de la société, cet amateur de produits acidulés et herbacés a concocté des jus cuisinés qui constituent, pour lui, une véritable révolution. « Ces jus, assure-t-il, sont des produits pur sucre qui ne contiennent pas de matière grasse et peuvent aussi bien être utilisés à chaud ou à froid pour assaisonner des entrées ou des salades, napper, mariner ou déglacer des plats .» Sous un poisson blanc, il vous invite ainsi à déposer 40 grammes de jus cuisiné épinard-rose-menthe ou de carottepamplemousse rose-gingembre. Une pièce de bœuf sera accommodée de framboiselitchi-rose, voire de cerise-balsamique-piment-cannelle. Quatre cocktails parfumés qui vont bientôt être suivis de huit autres, dont un à base de légumes potagers de la région. Ce sont des textures prêtes à l’emploi, à l’usage aussi bien de la ménagère que des grands chefs. « Le pâtissier Hermé utilise le jus Monin à la rose pour son Ispahan et le chef de La Tour d’Argent, celui au thé vert Matcha pour son financier » se régale Thierry Finet. Ces jus commencent à être exportés et leur inventeur voit déjà plus loin : « Je vais utiliser des crèmes de sirop comme fourrage des recettes pâtissières. Cela donnera moins de calories et plus de goût dans l’assiette du consommateur ».
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Entreprises
Stratégie
Benoît Collomb
prépare sa sortie de Siraga
L'équipementier Siraga, à Buzançais (36), devrait changer de main dans les prochains mois. Le pdg Benoît Collomb négocie actuellement la transmission de cette belle affaire industrielle qui résiste à la crise. Plusieurs pistes sont évoquées, notamment la partition de Siraga et Sovam, la filiale aéroportuaire de Parthenay (79).
E
n présentant Vendis, une nouvelle machine automatique de distribution de bouteilles de gaz en cours d'assemblage dans l'usine de Buzançais (36), Benoît Collomb a les yeux qui pétillent. Ce sont les miret-
tes de l'ingénieur fier d'avoir mis au point un produit complexe, qui répond à un vaste marché. Marché embryonnaire pour l'instant, puisque
ces distributeurs. Nos premiers essais sont concluants. Nous serons là quand les deux mille grandes surfaces françaises prendront la déci-
“ EN CE MOMENT, TOUT LE MONDE ACHÈTE
”
TOUT LE MONDE, MAIS LES ANALYSTES BOURSIERS N'AIMENT PAS LES CONGLOMÉRATS SANS COHÉRENCE, ÇA LES EFFRAIE Siraga n'a fourni que quatre prototypes, financés avec l'aide d'Oseo. « C'est la première fois dans ma carrière que je ressens cet emballement des clients. Habituellement, une usine d'emplissage de gaz réclame des autorisations, des accords des uns et des autres, on a souvent plusieurs mois de délais. Là, ça pourrait aller vite. Confrontées à des problèmes de stockage et de sécurité aux caisses des stations services, les chaînes de grande distribution vont devoir investir dans
sion d'étendre l'expérience», jubile le pdg de Siraga, l'un des deux acteurs mondiaux de cette niche : l'équipement pour la distribution des bouteilles de gaz. L'autre concurrent est un danois, Kosan Crisplant, et tous les deux se partagent un gâteau annuel inférieur à 100 M€. Comment Siraga a réussi à maintenir ses positions sur ce créneau industriel à priori délocalisable, d'autant que les trois quarts de la production sont exportés ? « En misant sur une fiabilité absolue », répond l'ingénieur des arts et métiers, patron de cette PME où les fers à souder et la tôle côtoient des instruments de mesure
Siraga en chiffres Siraga a réalisé 48 M€ de CA en 2009-2010, dont 72 % à l'export. La capitalisation boursière actuelle est de 11,2 M€. Le carnet de commandes assure près d'un an de facturation. A Buzançais (36), l’entreprise emploie 250 salariés. Benoît Collomb, 61 ans, contrôle 65 % du capital et 80 % des droits de vote.
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perfectionnés. « Au fil des ans, nous avons éliminé tous les autres concurrents. Sur un créneau soumis à des normes de sécurité draconiennes, à cause des risques d'explosion, les clients attendent une garantie optimale, quitte à payer un peu plus cher », résume Benoît Collomb, qui contrôle Siraga depuis 1991. Exemple marquant : la société berrichonne installe des centres d'emplissage de gaz liquide en Algérie, en Inde et au Brésil, où le tissu industriel pourrait très bien fournir des installations semblables à moindre coût. Pour parvenir à cette maîtrise, Siraga mise sur un bureau d'études interne et une quinzaine de brevets. L'effectif, autour de 250 salariés, reste stable en production. Seuls des « cols blancs » viennent renforcer l'entreprise pour concevoir et développer de nouveaux produits. Ses fournisseurs sont triés sur le volet. Reste que l'entreprise subit les aléas conjoncturels. « Nous avons d'abord encaissé la crise pétrolière avant la crise financière. Heureusement que nous ne sommes pas trop endettés », rappelle Benoît Collomb, qui s'apprête à dévoiler des résultats positifs après une année 2008-2009 déficitaire. « L'an passé, la perte d'un gros contrat au Nigéria a plombé notre rentabilité. Cette année, nous avons enfin mis en œuvre une usine en Algérie, avec Naftal, la filiale gaz de Sonatrach, pour un montant de 10 M€. Il a fallu plus d'un an pour que le contrat aboutisse. Et plusieurs autres contrats sont tombés en
Arabie Saoudite et en Amérique du Sud. C'était une belle année», commente-t-il. Les classes moyennes des pays émergents, où la crise n'a fait qu'atténuer la croissance, aspirent à un niveau de confort supérieur. Et les bouteilles de gaz liquide entrent dans les cuisines au Brésil, en Inde, en Malaisie... « A Casablanca, par exemple, il serait trop compliqué de refaire des canalisations de gaz. Les bouteilles GPL offrent une solution aux habitants », souligne Benoît Collomb pour illustrer le succès de son business. Le CA 2009-2010 a progressé de 4 %, à 48 M€, laissant entrevoir un retour à des bénéfices substantiels dès cette année après un exercice précédent qui s’était aussi terminé dans le vert, mais de peu. Si la filiale aéroportuaire Sovam, à Parthenay (79), a buté sur l'arrêt des commandes dans l'aéronautique, Siraga affiche une santé resplendissante. Un projet d'extension est même dans les cartons à Buzançais. C'est de bon augure pour Benoît Collomb, qui redresse la barre alors qu'il songe à transmettre sa société. « Je discute », élude-t-il dans
une moue peu équivoque. Tout juste consent-il à dire que dénicher un repreneur unique pour deux entreprises aussi différentes que Sovam et Siraga relèverait du miracle. On peut donc imaginer que le fabricant poitevin d'échelles, de passerelles d'embarquement et de plates-formes aéroportuaires pourrait renforcer un équipementier aéronautique. Quant à Siraga et sa niche industrielle, tout reste ouvert. « En ce moment, tout le monde achète tout le monde, mais les analystes boursiers n'aiment pas les conglomérats sans cohérence, ça les effraie », dit-il. Un fonds d'investissement est bien monté au dessus du seuil de 5 % en bourse. Mais il n'a fait aucune offre concrète aux autres actionnaires et il reste discret. « L'idéal serait sans doute de trouver une PME complémentaire qui pourrait gérer des volumes importants, en s'appuyant sur le réseau export de Siraga », définit Benoît Collomb, soucieux de ne pas lâcher cette pépite industrielle au premier venu. Aucun des deux enfants de Benoît Collomb n'est en mesure de reprendre les rênes. A 25 ans, son fils aîné vient d'entamer sa vie professionnelle chez Atos, où il s'occupe d'informatique liée à la gestion boursière. Sa fille, âgée de 18 ans, passe son bac à Paris. Autrement dit, Benoît Collomb va vendre. Il a d'ailleurs commencé par se défaire de Goavec, à Alençon (61), fin 2009 (lire ci-dessous). Le cours de bourse de Siraga valorise la société autour de 11,2 M€, soit moins d'un quart du CA. Mais Benoît Collomb, qui aura 62 ans en septembre et détient plus de 65 % du capital, va tenter bien sûr d'en obtenir davanStéphane Frachet tage.
Goavec est déjà cédé Chaudronnerie spécialisée dans l'inox, Goavec fournit des cuves, des machines automatisées, des lignes de production pour des industriels de l'agroalimentaire, de la pharmacie et de la cosmétique tels que Bongrain, William Saurin, Sanofi-Aventis, Chanel, Reckitt Benckiser... Cette société de 185 salariés est basée à Alençon (61). Benoît Collomb a cédé sa participation majoritaire (50%) au carrossier ETA, de Rians (18), qui en profite ainsi pour doubler de taille et s'offrir une diversification bienvenue. Le montant de la transaction n'a pas été divulgué.
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Entreprises
Stratégie
La Caisse des Dépôts investit la PME Connue comme la banque du service public et de l’économie mixte, la Caisse des Dépôts arrive en fanfare sur le terrain de l’entreprise. Avec le FSI et son cortège de filiales spécialisées, la vénérable institution ne fait pourtant que renouer avec la tradition colbertiste d’un Etat entrepreneur. Yves Aguiton, directeur régional de la Caisse des Dépôts et représentant du FSI en région Centre, brosse le portrait de ce nouvel instrument public au service de l’économie… privée.
L
a Lettre Valloire : La Caisse des Dépôts a un champ d’intervention dont l’ampleur est souvent insoupçonnée. Pouvez-vous nous en rappeler les contours ? Yves Aguiton : Il faut d’abord rappeler que la Caisse des Dépôts et Consignations, qui a le statut original d’établissement public placé sous le contrôle du Parlement, a été
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créée en 1816. La Caisse et ses filiales constituent un groupe au service de l’intérêt général et du développement économique du pays, remplissant des missions à l’appui des politiques publiques conduites par l’Etat et les collectivités locales. Ce groupe exerce quatre grands métiers : la gestion des retraites de la fonction publique ; le financement du logement social ; la gestion des fonds de grandes institutions, comme la sécurité sociale et de nombreuses professions de la justice (notaires, huissiers, mandataires judiciaires) ; enfin, elle concourt au développement des territoires, y compris dans des activités concurrentielles. Dans ce domaine, nous intervenons aussi bien par le biais de sociétés d’économie mixte – nous sommes actionnaires de 19 d’entre elles en région Centre – qu’en fonds propres dans des opérations d’urbanisme. Au plan national, la Caisse des Dépôts affichait en 2008 un total bilan de 221 Md € et 18 Md € de fonds propres (en comparaison, la même année le Crédit Agricole et BNP Paribas totalisaient respectivement 83 et 60 Md € de fonds propres, NDLR).
LV : La Caisse des Dépôts était jusqu’à présent peu connue du monde de l’entreprise. Qu’estce qui a changé ces dernières années ? Y. A. : La Caisse des Dépôts a toujours eu des relations avec le monde de l’entreprise, notamment par ses filiales de promotion et de construction immobilières Icade, Capri ou SNI. Il faut également citer la Compagnie des Alpes, qui détient indirectement, ici dans cette région, l’Aquarium de Touraine et le Parc des mini-châteaux. Et bien entendu la CNP, 1er assureur de personnes en France, et Transdev, 4e opérateur privé de transport public de personnes en Europe. Mais il est vrai que, depuis peu, la Caisse des Dépôts s’investit plus directement dans la vie des entreprises, tout particulièrement des PME. Elle est, au côté de l’Etat (49 %), l’actionnaire majoritaire du Fonds stratégique d’investissement (FSI), créé en 2008 par les pouvoirs publics pour répondre aux besoins en fonds propres des entreprises françaises, plus particulièrement celles porteuses de croissance et de compétitivité pour notre économie. Le FSI, qui a été doté de 20 Md € en fonds propres, a investi 1,4 Md € en 2009 et a, aujourd’hui, une capacité d’investissement annuel de 2 Md €.
LV : Ces interventions en fonds propres correspondent-elles à un besoin des entreprises françaises ? Y. A. : On le sait, les PME françaises sont sous-capitalisées. Elles sont donc moins préparées que leurs homologues étrangères à surmonter des périodes de crise, comme celle que nous vivons. Elles sont aussi moins armées lorsqu’elles doivent s’engager dans des stratégies offensives, avec des ratios fonds propres/dette souvent déséquilibrés. Mais nos PME, souvent à capitaux familiaux, répugnent à ouvrir leur capital. La tâche des organismes de capital-développement est moins aisée que dans les pays anglo-saxons. Pour toutes ces raisons, les pouvoirs publics ont décidé de créer le FSI dont le but n’est pas de dégager des plusvalues en un minimum de temps, mais de s’engager à long terme au côté des dirigeants d’entreprises françaises. LV : Comment se répartissent les investissements du FSI ? Y. A. : Les investissements du FSI sont directs au sein de PME (moins de 50 M € de CA), d’entreprises de taille intermédiaire (de 50 M € à 1,5 Md € de CA) ou de grandes entreprises (plus de 1,5 Md € de CA) ou au travers de partenariats. Le FSI est ainsi actionnaire de plusieurs fonds dédiés, dont le Fonds de modernisation des équipementiers
cia, Hutchinson et Plastic Omnium, a 5 dossiers à l’étude. Le FSI détient également 37 % d’Innobio, un fonds spécialisé dans les biotechnologies, 20 % du Fonds Bois au côté de l’ONF, d’Eiffage et du Crédit Agricole, et il a lancé au mois d’octobre le FSI-PME destiné à financer le développement ou à sécuriser le capital des petites et moyennes entreprises. LV : Comment sont instruits les dossiers en région Centre ? Y. A. : Le FSI est doté d’un maillage territorial et je suis son représentant en région Centre. Comme mes collègues directeurs régionaux de la Caisse des Dépôts dans les autres régions françaises, j’assure à la fois la communication institutionnelle du FSI auprès des représentants de
Nos PME, souvent à capitaux familiaux, répugnent à ouvrir leur capital. La tâche des organismes de capitaldéveloppement est moins aisée que dans les pays anglo-saxons ” automobiles (FMEA), qui a vocation à entrer au capital d’équipementiers de rang 1 ou de rang 2. Le premier, doté de 600 M € apportés par le FS, PSA et Renault, a investi 180 M € en 2009 dans 9 entreprises, dont Sora Composites, qui a repris l’an passé l’ex-site Ranger France de Theillay (41). Le second, créé par le FSI, le FMEA et plusieurs sous-traitants automobiles comme Valéo, Bosch, Faure-
l’Etat et un point de contact avec les entreprises. Je suis d’ailleurs chargé de transmettre les dossiers dont je suis saisi aux équipes d’investissement. Je pilote également une plate-forme régionale d’orientation financière, qui réunit les représentants du médiateur du crédit et de la Banque de France, ceux du Conseil régional, le directeur régional d’Oséo et les fonds de capital investissement régionaux,
représentés dans la région par Centre Capital Développement. LV : Dans quelles entreprises régionales est intervenu le FSI l’an passé ? Y. A. : Le dossier dont on a le plus parlé est certainement celui de Mecachrome, qui possède son siège social et une bonne partie de ses actifs industriels en région Centre. Depuis décembre dernier, Mecachrome a pour nouvel et unique actionnaire la société Meca Dev, basée à Tours et détenue à 30 % par le FSI, à 35 % par les fonds Aerofund I et II, gérés par ACE Management (groupe Caisse des Dépôts), les 35 % restant étant propriété du Fonds de solidarité des travailleurs du Québec. Ces trois actionnaires ont injecté chacun 15 M € en fonds propres, tandis que les banques apportaient 22 M € de financement. Cette opération a permis de sauver une entreprise qui emploie près de 1 300 personnes sur ses cinq sites français, dont Aubigny-sur-Nère (18), Amboise et le siège administratif de Tours (37). Le FSI a également soutenu plusieurs sociétés ayant des établissements en région Centre. Cela a été le cas chez Daher (69 M €), très présent dans le Loir-et-Cher, Gemalto (176 M €) qui possède une unité à Chambray-lèsTours (37), mais aussi de Cegedim, Valeo ou Nexans et d’un petit groupe privé comme Farinia Group, qui détient Electroforge Industries, une PME de Pont-sous-Gallardon (28).
Le parc des mini-châteaux à Lussault (37), appartient à une filiale de la Caisse des Dépôts.
Propos recueillis par François-Xavier Beuzon
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Entreprises
Industrie
La Maison Savouré propose Des Beaucerons, déjà producteurs d’une limonade beauceronne, lancent le Beauce Cola, une déclinaison locale de la fameuse boisson yankee.
A
près les Corses, les Bretons, les Auvergnats et les Alsaciens, c’est au tour des Beaucerons de se lancer dans l’aventure de la déclinaison locale d’une des boissons emblématiques de l’American Way of Life : le cola. Ainsi, la Maison Savouré, installée à Janville et spécialisée dans le négoce et la distribution de boissons, vient de lancer la fabrication et la commercialisation du Beauce Cola, u n p r o d u i t « dont nous avons conçu la recette et qui est exclusivement fabriqué à partir de produits locaux : eaux des nappes de la Beauce, sucre issus de la betterave locale. Jusqu’aux étiquettes qui sont produites par un sous-traitant local ». C’est la société des Entrepôts de la Beauce, contrôlée par la famille
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Savouré, qui a pris en charge ce projet. Celle-ci produit déjà la Limonade de Beauce qui a réussi à se faire une petite réputation sur les marchés des boissons gazeuses. « En 2008, nous nous sommes dotés de locaux (600 m2) et d’une embouteilleuse d’une capacité de 1 000 bouteilles à l’heure, ce qui nous suffit à assurer la fabrication du Beauce Cola », explique Bastien Le Baron qui se refuse à pronostiquer des volumes de vente. « Nous avons constitué un premier stock de 3 500 cols », indique-t-il en rappelant – et en rêvant un peu… – qu’en Auvergne, près de 800 000 cols ont été commercialisés en moins d’un an. Dans un premier temps, le Beauce Cola sera conditionné dans des bouteilles verre d’un litre avant sans
doute d’être décliné dans une version 33 cl. Pour l’heure, les activités de la Maison Savouré et des Entrepôts de la Beauce – qui à elles deux emploient 6 salariés – représentent un CA de 1,5 M €. « Nous avons prévu des ressources pour faire connaître le Beauce Cola en privilégiant notamment la présence à des salons ». Mais les promoteurs du Beauce Cola gardent le pied sur l’accélérateur : « Notre embouteilleuse est capable de fonctionner en 3 x 8 » prévient ainsi Bastien Le Baron. JCS
Altia sauve Démarais à Montoire-sur-Loir C’est finalement le groupe Altia qui aura à charge de redresser les derniers actifs du fabricant de cabines de machines agricoles Démarais, dont l’usine de Montoire-sur-le-Loir.
L
e tribunal de commerce de Blois a rendu son verdict. Il a finalement autorisé le groupe Altia, ex-branche française de l’équipementier allemand Halberg liquidé l’an passé, à reprendre les sociétés du groupe Démarais, un concepteur et fabricant de cabines de machines agricoles et d’engins de chantier qui avait été placé en redressement judiciaire au mois de juillet 2009. La décision a ravi les représentants du personnel puisque le projet du groupe Altia prévoit la reprise quasi intégrale des trois derniers sites de Démarais : Montoire-sur-le-Loir (41), le Mans (72) et Montreuil-Bellay (49), soit environ 280 salariés. Si l’on excepte une dizaine de cadres des fonctions support qui devraient être licenciés, l’ensemble du personnel sera donc conservé.
L’un des candidats à la reprise le mieux placé, la société HBG-Buisard, installée à Sablé-sur-Sarthe (72) – et concurrente direct de Démarais –, avait pour sa part déclaré son intention de ne reprendre que les usines du Mans et de Montreuil-Bellay. Quant au projet défendu par Pierre Masson, l’ancien patron de Démarais associé au fabricant allemand de cabines Tim (groupe Fitzmeier), il a également été écarté par les juges consulaires. Démarais, frappé de plein fouet par la crise, a vu son CA fondre de 60 % pour s’établir à environ 40 M €. Un premier plan social avait conduit la direction à supprimer 430 postes et à fermer les sites industriels de Marboué (28) et de Brie-Comte-Robert (77). Dirigé par un ex-cadre, Patrick Durand, Altia (environ 200 M € de CA, 1 700
salariés) a repris en deux ans une quinzaine de sites de décolletage à la barre des tribunaux de commerce, en France comme à l’étranger. FXB
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Entreprises
Industrie
Lytess mise sur le « texticament » Le spécialiste tourangeau du cosméto-textile, qui s’est imposé sur les marchés de l’amaigrissement et du bien-être, étudie le lancement de produits thérapeutiques indiqués, par exemple, en dermatologie. Dans cette perspective, Lytess muscle ses capacités de production et ses ressources en R&D.
V
éritable pionnier des textiles intelligents – c’est-à-dire de la conception de vêtements embarquant des principes actifs délivrés au contact de la peau –, le tourangeau Lytess engage une phase cruciale de son développement. « Jusqu’à présent, nous avons fondé notre croissance sur des offres liées à l’amincissement, au fitness, au bien-être et au sport ; nous souhaitons aujourd’hui nous projeter sur les marchés thérapeutiques », indique ainsi Philippe Andrieu, le pdg d’une entreprise d’une quarantaine de salariés qui a réalisé en 2009 un CA de
9,5 M €et table sur une facturation de 15 M €à l’issue de l’exercice 2010. Lytess, qui s’est doté d’une cellule de R&D et participe à quelques programmes clefs de recherche engagés dans le cadre du pôle de compétitivité Cosmetic Valley, a notamment pour ambition de proposer des produits « permettant de libérer des médicaments dermatologiques indiqués par exemple dans le traitement du psoriasis ou de certaines allergies ». Ces « texticaments » sont appelés à devenir l’un des principaux relais
“ L’unité de Monastir emploiera une trentaine de personnes et aura une capacité annuelle de production de 1,5 million de pièces
de croissance des cosméto-textiles, tant en France que sur les principaux marchés mondiaux, y compris ceux des pays émergents, affirment les spécialistes… sans pour autant fournir de prévisions chiffrées. Cette ambition conduit Philippe Andrieu à reformater ses capacités industrielles et sa plate-forme de R&D. Ainsi, Lytess, installé aujourd’hui à St-Avertin (37), va se doter au cours des prochains moins d’un nouveau siège auquel s’adosseront une unité de production, des capacités logistiques et une cellule de R&D. La plateforme se déploiera sur 4 000 m2 et se « focalisera en production sur les fabrications à forte valeur ajoutée », explique le dirigeant qui, à l’heure où nous écrivons ces lignes, n’avait pas encore arrêté son point de chute : « Nous hésitons encore entre une installation à Joué-lès-Tours et à la 46 La Lettre Valloire - Juin 2010
Papoterie, à cheval sur St-Avertin et Chambray-lès-Tours ». Mais si Lytess n’abandonne pas toute ambition productive en France, elle entend également utiliser le différentiel de compétitivité offert par certains pays low-cost. Philippe Andrieu nous confirme ainsi qu’il va prochainement débuter une activité de fabrication de produits de cosméto-textile à Monastir, en Tunisie. L’unité baptisée WAT (pour Worthwear Active Technology), qui représente un investissement de 400 000 €, emploiera une petite tren-
taine de salariés et aura une capacité annuelle de production de 1,5 million de pièces. « Cette usine sera dédiée à la fabrication des produits en marque propre de Lytess, mais se consacrera aussi à des activités de sous-traitance notamment pour L’Oréal. Elle s’attachera à produire notre gamme traditionnelle de produits textiles », indique Philippe Andrieu qui s’empresse de préciser que Lytess « va naturellement continuer à produire en France que ce soit directement ou via le partenariat industriel que nous maintenons avec notre sous-traitant rouennais RCP-Blondel ». Ce dernier est, en effet, l’un des spécialistes de la micro-encapsulation de principes actifs… et il serait dommage que la société tourangelle cesse sa collaboration avec cette pièce maîtresse du cosméto-textile européen. Jean-Christophe Savattier
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Entreprises
Industrie
Jaybeam rayonne en Inde Jaybeam, fabricant d’antennes téléphoniques à Amboise, filiale française du groupe américain Amphenol, tourne à plein régime. L’usine amboisienne vient d’ouvrir une ligne de production en Inde afin de répondre à la demande en Afrique et au Proche-Orient.
L’
arrivée de l’iPhone puis de l’ipad d’Apple, la généralisation des smartphones gourmands en capacité, la constitution d’un quatrième réseau de téléphonie mobile par Free, tout cela concourt à une augmentation des cadences chez Jaybeam Wireless à Amboise (37). La filiale du groupe américain Amphenol – depuis janvier 2009 – fabrique des éléments de transmission en radiofréquence, c’est à dire le cœur électronique de l’antenne de téléphonie. Après une année 2009 en repli, le site amboisien vient de recruter une douzaine d’opérateurs et il s’appuie sur une soixantaine d’intérimaires, soit un total d’environ 180 salariés. « Nous développons une nouvelle ligne de production dans une usine Amphenol en Inde pour assurer notre présence en Afrique et au Proche-Orient », complète Patrick Favre-Bulle, le directeur
général de Jaybeam à Amboise, qui a réalisé 17,7 M € de CA en 2009. Cette ligne de production sera dotée de 60 opérateurs d’ici à la fin de l’année. Enfin, le laboratoire de R&D d’Amboise se dote de 2 ingénieurs supplémentaires, soit 10 personnes dédiées à ce chantier de l’antenne. Outre le recours à une large bande passante, Jaybeam doit répondre à la contrainte paysagère. Les antennes râteau laissent place à des cylindres camouflés, afin de ne pas effrayer les riverains. « Cela nous pousse à innover. Sur un site unique d’émission, les opérateurs nous demandent d’installer plusieurs antennes en partage de fréquence par exemple », décrit le dg. Malgré cette poussée de fièvre, Jaybeam, comme tous les équipementiers télécoms, sont menacés par une concurrence exacerbée, qui se traduit par une baisse des prix. « Nous lut-
tons en permanence pour maintenir notre rentabilité », explique Patrick Favre-Bulle. Stéphane Frachet
Un groupe français sauve l’ex-Dow Chemical à Semoy On croyait l’ex-usine orléanaise de Rohm and Haas définitivement condamnée. Un nouvel acteur français, Orrion Chimie, a annoncé le sauvetage du site et du tiers de ses emplois.
L’
impact social de la fermeture de l’ex-site Rohm and Haas (groupe Dow Chemical) de Semoy, près d’Orléans (45), sera quelque peu atténué. Le groupe français Orrion Chimie, associé à l’ancien directeur de l’unité, Christian Siest, annonce l’acquisition de cette unité spécialisée
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dans les adhésifs et les colles pour les marchés de l’automobile. Une nouvelle structure, baptisée Orrion Chimie Orgaform, reprend ainsi l’activité « colles pour agrafes », qui représente environ 30 % de son plan de charge initial, et continuera d’assurer une fabrication à façon d’adhésifs caoutchouc-métal pour le compte de Dow. Cette reprise permet de réduire l’impact de la fermeture du site de Semoy et contribue à préserver 27 des 90 emplois. Dans l’attente de la fin du transfert des autres activités du site, Dow maintient encore quelques salariés à Semoy. Orrion Chimie, créé par un groupe de
cadres issus de l’industrie chimique et dirigé par Jacques Lehré, un ancien de Rhodia, a repris il y a tout juste un an les activités de la Pharmacie centrale de France, à la Voulte (07), rebaptisée Orrion Chimie Metalchem : l’unité ardéchoise (notre photo) emploie aujourd’hui 20 salariés, contre 50 au moment de sa reprise. L’objectif du groupe qui, avec Semoy compte désormais une petite centaine de collaborateurs et affiche un CA pro-forma de 50 M €, est de construire un groupe par rachat d’activités ou de sites et d’atteindre, d’ici à trois ou quatre ans, un CA de 200 M €. FXB
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Entreprises
Chantiers
Citévolia, le nouveau quartier
d’affaires orléanais La CCI du Loiret veut créer un quartier d’affaires sur la friche Rivierre-Casalis, à Fleury-lès-Aubrais. En espérant que la gare des Aubrais sera retenue pour l’accueil des futurs TGV entre Paris et Lyon.
C’ Yves Broussoux et Bruno Jacquemin sont les promoteurs de Citévolia.
est parti. Le concours d’architecte du futur hôtel consulaire voulu par la CCI du Loiret sur la friche Rivierre-Casalis, à Fleury-lès-Aubrais, sera lancé cet automne. Ce grand dessein, porté à bout de bras par le président Yves Broussoux et son directeur général Bruno Jacquemin, est la première étape d’un pôle d’affaires high-tech dans le quartier Dessaux, à Fleurylès-Aubrais. A terme, ses initiateurs rêvent d’un vaste espace tertiaire, pouvant accueillir plusieurs milliers de salariés,
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qui serait relié en moins d’une heure à Paris-Austerlitz grâce à la nouvelle gare TGV des Aubrais. Encore faudra-t-il convaincre RFF et la SNCF de la nécessité de doter Orléans d’une gare sur la future LGV Paris-Lyon, dont la mise en service est prévue à l’horizon 2020. Aujourd’hui, les projets font plutôt passer la voie à l’est de l’agglomération, avec une bifurcation sur Orléans. De l’ambitieux projet Citévolia à la concrétisation, il y a encore loin. La première étape sera de construire l’hôtel consulaire, puis les locaux d’enseignement de la future branche orléanaise de l’Escem ToursPoitiers. Viendront ensuite le siège régional de la Fédération française du bâtiment (FFB), vitrine des savoir-faire locaux en matière d’éco-construction, et des immeubles de bureaux. « Nous avons des contacts avec des entrepreneurs orléanais qui sont disposés à installer leur siège social sur le site », lâche Bruno Jacquemin. En tout 25 000 m2 de plancher, sur les presque 2 ha (17 467 m2 exactement) qu’offrent les
terrains de l’ancien constructeur de machinisme agricole Rivierre-Casalis. Dans un second temps, la CCI s’attellera à l’aménagement des 10 ha dont elle est propriétaire sur ce même site Dessaux. « Il n’est pas exclu que nous fassions appel à un aménageur, par exemple une société d’économie mixte », commente son directeur général. Pour ce qui est du futur hôtel consulaire (2 à 3 000 m2 de SHON) et des locaux de l’Escem (3 à 5 000 m2), réalisations directement portées par la CCI du Loiret, l’enveloppe – encore approximative – devrait se situer entre 15 et 20 M€. Cette somme sera en partie autofinancée par la CCI, qui possède un important patrimoine foncier et immobilier. Le produit de la vente de l’imposant hôtel consulaire actuel, place du Martroi, pourrait fournir une bonne partie de l’investissement. Mais aucune décision n’est encore prise et d’autres arbitrages sont possibles. Une chose est en revanche certaine : le bureau de la CCI sera très attentif à la destination de ce bâtiment, qu’il soit vendu ou loué.
ACCESSIBILITÉ DES BÂTIMENTS EXISTANTS La loi du 11 février 2005 pour « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » s’adresse aux personnes à mobilité réduite et à tous ceux qui présentent des difficultés sensorielles et intellectuelles (déficients moteurs, visuels, auditifs, mentaux). L’accessibilité doit leur permettre d’accéder librement et en toute sécurité au cadre de vie et à tous lieux, services, produits et activités. Les bâtiments doivent obligatoirement être accessibles à tous, à compter du 1er janvier 2015. Il y a donc urgence pour les professionnels. Le marché est d’importance. On estime qu’en 2040, un français sur six aura plus de 75 ans. Face à l’ampleur du chantier, tous les professionnels, les architectes, les maîtres d’œuvre, notamment, doivent intégrer les connaissances et les méthodes qui leur permettront de prendre en compte ces nouvelles données très en amont des projets. C’est toute leur réflexion qui doit être élargie, dès la conception et les avant-projets. D’un point de vue global, c’est un véritable enjeu de société, avec toute une stratégie d’intervention et de mise en conformité du patrimoine qui doit être mise en œuvre. L’application de la loi pose cependant question pour les bâtiments qui ne peuvent être rendus accessibles.
ACTUALITÉ MANIFESTATIONS
PROCHAINES CONFÉRENCES ORGANISÉES PAR LA CCI TOURAINE LES 22 ET 23 JUIN COLLOQUE NESO “L’efficacité énergétique dans le bâtiment” Lieu : Centre de Conférences à Orléans
LES 30 JUIN ET 1ER JUILLET Les deux jours de la communauté HABITAT» (encadré)
Le réseau Touraine-Ecobiz Habitat, animé par la CCI TOURAINE, a créé un groupe « Accessibilité », afin de fédérer les professionnels et leur permettre d’échanger, de travailler en réseau et de mutualiser pratiques et expériences autour de cette problématique.
Des rencontres et conférences sont régulièrement proposées.
Dans le cadre Touraine-Ecobiz Habitat, sont prévues deux journées consacrées à l’Habitat :
LES DEUX JOURS DE LA COMMUNAUTE HABITAT • Mardi 30 Juin : Conférence Accessibilité « Accessibilité des bâtiments existants : obligations, objectifs et solutions »
• Mercredi 1er juillet : après-midi dédiée à la performance énergétique Visite de l’entreprise ECO’NRJ (conseil, vente experte en solutions énergétiques) à CHARGE Contact : CCI TOURAINE 02 47 47 20 00
COORDONNÉES
CCI Touraine 4 bis, rue Jules Favre BP 41028 37010 TOURS CEDEX 1 02 47 47 20 00
Entreprises
Chantiers
INDRE-ET-LOIRE Les 8 500 m2 de surface de vente du nouvel hypermarché Leclerc constituent une locomotive idéale pour le nouveau complexe commercial Blanc Carroi, à Chinon. Avec les 11 enseignes spécialisées en équipement de la personne (Koodza, La Halle aux Chaussures, La Halle aux Vêtements, Cache-Cache, Bonobo, Patrice Bréal, Styléco et Chauss’Expo), de la maison (GiFi), bricolage (Bricomarché) et restauration (Mc Donald’s), cet ensemble de 20 500 m2 compte accueillir 100 000 visiteurs chaque mois. L’investissement global, de 35 M€, est à la mesure du CA attendu, soit 71 M€ annuels.
Un important programme de rénovation urbaine du quartier Beaulieu va débuter à Chartres avec la construction de 360 logements. Un premier volet de 160 logements est annoncé pour 2012, suivi par deux autres en 2013 et 2015. Ce programme s’accompagnera de la reconstitution de l’offre commerciale actuelle de 2 600 m². A Bonneval, l’ancienne propriété Richallet va être démolie. Le bâtiment à construire abritera La Poste et la trésorerie et comprendra 13 appartements. Les travaux devraient débuter en 2011 pour une livraison en fin d’année. Les locaux actuels de La Poste pourraient alors être rasés en 2012 afin d’aménager un « Cœur de village ».
LOIR-ET-CHER CHER L’ancien centre commercial de La Chancellerie, actuellement en cours de destruction à Bourges, va laisser place à 4 200 m² de locaux répartis en 4 bâtiments (bureaux et services) dont la construction débutera en mai pour une livraison prévue en 2011. Le coût des travaux s’élève à 11 M€. A Bourges, le Crous va construire un nouveau restaurant universitaire de 1 400 m² sur le site de Lahitolle, à l’emplacement de l’ancien atelier Tecsem. Le resto U devrait être opérationnel début 2012.
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EURE-ET-LOIR La municipalité de Mignières s’apprête à lancer un projet de cœur de village pour redynamiser la commune. Il devrait accueillir, à l’emplacement d’un ancien corps de ferme, une école et un restaurant scolaire, la mairie - qui va ainsi déménager dans de nouveaux locaux -, une bibliothèque ainsi que plusieurs salles polyvalentes. Une quinzaine de logements sociaux sont également prévus. Les travaux, d’un montant de 9 M€, devraient commencer en septembre et s’achever aux environs de 2013.
A Blois, les installations sportives de l’AAJB vont être relocalisées en face du centre nautique. Le club devrait investir 2,3 M€ sur fonds propres dans ce projet avec une aide de 250 000 € de laVille sur 2010 et 2011.Les travaux devraient débuter en juin. La communauté urbaine de Blois vient de donner son accord pour la construction d’un dépôt pour la société des Transports urbains du Blaisois, comprenant bureaux administratifs, atelier de maintenance, station de carburant, aire de lavage. Coût des travaux : 5,4 M€. Le concours de maîtrise d’œuvre vient d’être lancé.
LOIRET La CDAC vient de donner son feu vert à un ensemble de commerces et loisirs de 10 000 m² à Fleury-lès-Aubrais. Porté par la société Arcades, le futur ensemble commercial devrait compter des enseignes liées à l’ameublement, au sport ou encore aux produits bio. Ouverture 2011. Une résidence pour seniors de 70 appartements, proposés à la vente, verra le jour en 2012 dans le quartier de l’îlot de la Râpe, à Orléans. Baptisée La Renaissance, elle proposera des services spécifiques. Des commerces et un institut de beauté s’installeront au rez-de-chaussée. Les premiers logements de la ZAC des Allées, à Orléans-La Source vont bientôt sortir de terre. Les 33 logements se répartissent en 2 îlots : 9 maisons et un immeuble collectif de 3 étages. Ce programme s’inscrit dans l’opération de renouvellement urbain menée par la Ville.
Le promoteur immobilier France-Loire prévoit la construction d’un immeuble collectif de 30 logements à Orléans, rue Maurice-Berger. Les travaux, d’une durée de seize mois, devraient débuter au 1 er trimestre 2011 après l’obtention du permis de construire.
Entreprises
A l’affiche
Didier Burban
fait feu de tout bois
Didier Burban a commencé à recycler des palettes en solo en 1989. Son entreprise Burban Palettes emploie aujourd’hui 300 salariés pour un CA de 30 M€. Et l’entrepreneur orléanais s’apprête à réaliser une nouvelle acquisition.
D
idier Burban, pdg de la société éponyme de valorisation de palettes, emploie aujourd’hui 300 salariés et affiche 30 M € de CA. Belle réussite pour quelqu’un qui a débuté « seul et avec une camionnette à l’âge de 22 ans ». C’est, en effet, en 1989, après avoir entamé une brève carrière de carrossier, que ce Breton bosseur et opiniâtre, rejeton d’une famille de neuf enfants, a entrepris de collecter des palettes sur les parkings des supermarchés et des zones industrielles pour le compte d’un semi-grossiste orléanais. « A l’époque, l’activité de recyclage n’était pas très tendance », ironise le fils de maraîchers nantais élevé à la dure. « Dès l’âge de 14 ans, j’ai commencé à manipuler de la palette, je peux vous assurer que cela forme le caractère… et les biceps ! ». Intuitif et hyper-réactif, cet autodidacte talentueux va tout simplement reprendre progressivement les activités abandonnées par ses donneurs d’ordre, semi-grossistes et grossistes, et ainsi remonter avec brio toute la chaîne de valeur. « Dix ans après la création de Burban Palettes, la société employait une centaine de salariés, réalisait 10 M€ de CA et avait déjà effectué deux opérations de croissance externe sur le centre routier à Ormes (45) et à Orval, près de StAmand-Montrond (18) ». Le parcours n’a pas toujours été tapissé de roses. A l’orée des années 2000, Didier Burban doit affronter une crise importante : « Des nouveaux acteurs, notamment des loueurs de palettes, ont attaqué le marché ». Le
manager décrète le branle-bas de combat. Il va faire le dos rond tout en s’attachant à structurer l’entreprise. « Nous sommes passés du stade artisanal au stade industriel. Cette évolution était d’autant plus nécessaire que nous avons commencé à reprendre, dès cette époque, des activités de gestion de palettes à de grands opérateurs tels Veolia. Ce qui nous a permis de prendre pied sur les marchés de l’agroalimentaire et de la cosmétique ». Didier Burban mesure-t-il le chemin parcouru, avec ses 300 salariés et sa dizaine de millions de palettes traitées chaque année ? « Je ne me retourne jamais, seuls le présent et le futur proche m’intéressent », dit-il. Mais pas question pour cet affectif « d’oublier les gens qui m’ont fait faux bond ». Notamment quelques banquiers de la place qui se sont esquivés aux premières difficultés... Pour autant, Didier Burban regorge de nouveaux projets. Il entend ainsi développer à Ormes, où la société a implanté son QG, une chaufferie à bois qui prodiguera « du complément de chaleur aux entreprises installées dans le périmètre ». Burban Palettes serait en charge de l’approvisionnement en combustible bois. Par ailleurs, il entend poursuivre une politique « maîtrisée et sélective d’acquisitions ». La société vient ainsi de racheter le site du groupe américain Chep à Neuville-au-Bois : elle pourra ainsi proposer aux industriels des prestations à forte valeur ajoutée de gestion de leurs stocks de palettes. « Nous avons l’intention de nous développer sur deux axes : le Val de Loire et la
vallée de la Seine », précise le pdg de Burban Palettes qui s’est installé récemment sur le port de Rouen et s’apprête à reprendre une société angevine (environ 3 M€ de CA) de valorisation de palettes. JCS
La Lettre Valloire - Juin 2010 57
Carnet
RÉGION Laurent Verschueren, 2,03 m et ex-joueur professionnel de basket – notamment à Tours – vient de prendre la direction régionale Centre du fabricant de chariots élévateurs et d’engins de levage Still. Basée à Saran, près d’Orléans, cette direction couvre 11 départements et s’appuie sur une équipe de 66 personnes, dont 42 techniciens SAV. A 44 ans, cet ancien sportif de haut niveau n’oublie rien de son passé : « Mon parcours est un énorme atout pour le management des équipes. Au basket, chaque joueur est indispensable pour obtenir la victoire. Ensemble, nous sommes plus performants et les efforts de chacun profitent à tous (…) Et cet esprit, je souhaite le faire partager pour que toutes nos équipes soient collectivement orientées vers la satisfaction des clients. » C’est ce qui s’appelle prendre de la hauteur.
ERRATUM Frédérique Rabier Hamon a été nommée à la direction régionale Ouest (régions Centre, Bretagne et Pays de la Loire) de BNP Paribas et non du bassin parisien comme nous l’avions indiqué par erreur dans notre précédent numéro de La Lettre Valloire.
RÉGION Dominique Latard vient d’être nommé directeur délégué TGV de la région Centre à la SNCF. Il
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succède à Philippe Rota, qui part à la direction d’entreprise ParisMontparnasse. Dominique Latard, auparavant chef de gare à LyonPart-Dieu, sera désormais le représentant TGV en région Centre pour la ligne Tours-St-Pierre-desCorps-Vendôme-Paris. Philippe Chatain vient de prendre la direction générale du Crédit Agricole Touraine-Poitou, en remplacement de Christophe Noël. Philippe Chatain était auparavant directeur général adjoint de la caisse Sud Rhône-Alpes.
CHER Christian Fontaine, directeur de l’entreprise FFDM-Pneumat à Bourges, a pris au mois de mars la présidence de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) du Cher. Il succède à Pierre-Yves Jesset.
Pascale Nicolas vient de prendre la tête de la Semitrat et de Kéolis Tours. Elle remplace Patrice Wolf qui rejoindra la direction déléguée Kéolis Centre Loire, basée à Tours, en tant que directeur des relations institutionnelles. Pascale Nicolas était auparavant directrice du pôle mobilité voyageurs de Kéolis et sera désormais chargée d’amener le dossier du tramway de Tours jusqu’à son terme.
INDRE-ET-LOIRE Pascal Bourin vient d’être nommé directeur du site Sanofi-Aventis de Tours. Il succède à Fabienne Perekrestow-Coly. Pascal Bourin a été directeur du site Sanofi-Aventis de Lisieux (14) avant de prendre la direction de la sous-traitance au siège du groupe.
LOIRET Michel Gaudron a été élu président du Syndicat de la presse gratuite. Il a fondé et dirigé le groupe orléanais de publication, d’édition et de publicité Publival, aujourd’hui rebaptisé Sopep.
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