MAGAZINE MARS 2014 - 5 €
IL BA À R DE CÉ
Municipales
La crise des vocations Le maquis de la formation bientôt défriché
Point de vue
Désertification municipale e 6 mars à 18 heures, 64 petites communes françaises, dont 2 en région Centre (Crouysur-Cosson dans le Loir-et-Cher et Lion-enBeauce dans le Loiret), n’avaient toujours pas trouvé de postulant au fauteuil de maire. Cet événement sans précédent dans la vie publique française, dont nous décrivons les causes aux pages 8 et 9 de cette édition, pose clairement la question de la modernisation des institutions du pays. À la clôture des inscriptions, les préfectures avaient enregistré 926 068 candidatures pour composer les listes présentées dans 36 617 communes, une fois retranchées les 64 n’ayant trouvé aucun volontaire. Ce qui signifie qu’un électeur sur 48 est, en 2014, disposé à siéger dans un conseil municipal. Pas si mal pour un pays qu’on décrit volontiers comme individualiste. La loi sur le non-cumul des mandats, plébiscitée par les Français, aurait dû s’accompagner d’une réduction drastique du nombre des mandats électifs et des communes. La France croule sous ses 600 000 élus, dont plus de 90 % appartiennent à un conseil municipal. Et si une réforme récente a abaissé de 9 à 7 le nombre de conseillers pour les communes de moins de 100 habitants, ce qui supprime plus de 7 000 sièges, il faut toujours réunir 11 noms dans les communes de moins de 500 habitants et 15 dans celles de moins de 1 500 habitants.
L
En France, un élu représente en moyenne 110 habitants. Aux États-Unis, la plus grande démocratie du monde, le ratio est de 1 pour 500 : le New York City Council, qui gère une cité de 8,1 millions d’habitants, compte 51 membres, moins que de conseillers municipaux à Tours ou Orléans. Le pays aux 36 600 communes, qui aura mis quarante ans pour en fusionner à peine 5 %, est entouré de voisins qui ont déjà opéré les rationalisations nécessaires : l’Allemagne, à l’époque fédérale, est passée en moins de deux décennies de 24 000 à 8 500 communes. Depuis le rattachement avec l’exRDA, ce pays de 82 millions d’habitants possède 12196 communes. Aux Pays-Bas, dont la population approche les 17 millions d’habitants, la méthode autoritaire a prévalu pour créer 441 communes. En France, durant les six prochaines années, des citoyens, mal rémunérés (les maires des 27 000 communes françaises de moins de 1 000 habitants perçoivent un traitement mensuel compris entre 646 € et 1178 €), donneront leur temps sans compter pour exercer une fonction de plus en plus exigeante. Ne serait-il pas temps de transférer leurs pouvoirs aux quelque 2 500 structures intercommunales qui regroupent la quasi-totalité des communes françaises ? Ce serait le moyen le plus efficace de lutter contre la crise des vocations… et de réaliser des économies considérables de fonctionnement.
zon François−Xavier Beu
6-14
www.lettrevalloire.com Ce magazine est un hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Édité par MCM Presse SAS au capital de 51 000 € RCS Tours B 341 914 273. Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours Adresse postale : BP 92031 37020 Tours Cedex 1 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com
Points Chauds À LA UNE
8-9
A participé à ce numéro : Capucine Becker Jacques Huguenin Sarah Louis Didier Morazin Émilie Rencien
IL BA
Maquette : Régis Beaune
À R DE CÉ
Révision et corrections : Florence Augustine Publicité : Au support Diffusion : Nadine Gomès 10
Crédits photographiques : DR : 6, 7, 8, 12, 17, 30, 31, 32, 34, 38, 40, 46 Richard Ode : 10 - FXB : 14 - JCS : 21 - Jacques Huguenin : 20, 22, 24, 41, 42, 43, 44, 45 - Opcalia : 27 - Assemblée nationale : Une, 28 - Émilie Rencien: 34 - Scoma : 35 - ABL : 36 - Sup’Édition : 38 Invite1chef : 39 Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) Informations légales : Abonnement annuel 2013 (23 numéros et magazines hors-série) : 360 € Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 450 € Prix de ce numéro : 5 €
Les mairies menacées par la crise de vocation Plusieurs communes de la région Centre, surtout parmi les plus petites, n’ont pas pu réunir suffisamment de candidats pour constituer une liste. La faute en revient au durcissement des règles d’inscription et de validation des listes. Mais le phénomène traduit aussi une crise de la mobilisation politique.
Les élus ruraux du Loir-et-Cher se liguent contre le charcutage des cantons Maurice Leroy, président du conseil général du Loir-et-Cher, fustige un « charcutage »
16-29
L’Indre-et-Loire et le Cher font fibre commune Les départements du Cher et de l’Indre-et-Loire ont décidé de faire cause commune.
12
Châteauroux transporte ses habitants à l’œil Le maire UMP de Châteauroux a imposé la gratuité du transport collectif.
14
Les CCI rugissent contre « l’OPA hostile » du pouvoir Un projet de loi prévoit la mise sous tutelle des CCI par les conseils régionaux. Les consulaires hurlent à « l’OPA hostile » du pouvoir.
18-20
les maîtres mots de la réforme, versus entreprises. Le législateur a souhaité alléger les contraintes pesant sur les employeurs.
À LA UNE Le maquis de la formation pro bientôt défriché La réforme de la formation professionnelle a bien été adoptée avant les élections municipales. La loi simplifie ce qui s’apparentait jusqu’à présent à une véritable usine à gaz…
Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon
CE QUI CHANGE POUR L’ENTREPRISE
Inciter et non plus obliger Simplification et incitation sont
4 La Lettre Valloire - Mars 2014
11
Économie
CPPAP : 0116 I 85872 ISSN : 1246-4333 Dépôt légal : mars 2014
MCM presse
des cantons orchestré par le ministère de l’Intérieur.
En Bref L’actualité du trimestre en bref.
6-7
Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) Aurélie Vouteau (édition)
22-23
CE QUI CHANGE POUR LE SALARIÉ
Un compte formation pour toute la vie Le Compte personnel de formation (CPF), institué par la nouvelle loi, permettra au salarié de se former durant toute sa vie professionnelle.
16-29
Sommaire MARS 2014
28-29
24
26
30-31
En Bref L’actualité du trimestre en bref.
32
Bpifrance s’enracine en région Le 17 février, la direction régionale Centre de Bpifrance présentait les résultats obtenus lors de sa première année d’existence.
34
Les bons tuyaux de Métaplast La société blésoise Métaplast a augmenté son CA de 20 % en 2013 et ne compte pas s’arrêter là.
CE QUI CHANGE POUR LE MONDE DE LA FORMATION
Attention aux fraudeurs Les vérifications du service ad hoc de la Direccte seront renforcées. Entreprises mais aussi organismes de formation seront soumis à une surveillance accrue.
Le rôle des Opca sera renforcé Après la réforme, les Opca ne pourront plus se contenter de faire de la collecte ; ils devront se positionner en offreurs de services complets aux entreprises.
Jean-Patrick Gille : « On passe d’une obligation fiscale à une obligation de former » Rapporteur de la loi sur la formation professionnelle, le député d’Indre-et-Loire considère que ce texte réformateur amplifie les droits des salariés et des demandeurs d’emploi.
34
Traven Technology ajoute une corde à son arc Le fabricant de colonnes de direction pour les engins de manutention étoffe son offre.
35
Scoma a sécurisé les bus de Sotchi Installé à La Loupe, Scoma a équipé les bus qui ont desservi les installations des JO de Sotchi.
36
Avec la 3D, Bernard Lanchais joue dans la cour des grands Le designer castelroussin de jouets Bernard Lanchais vient d’améliorer ses phases de prototypage en s’équipant d’un parc d’imprimantes 3D.
38
Gourmetsir.com fait voyager les saveurs La start-up d’Amboise livre en 48 heures des coffrets-repas dédiés aux spécialités des terroirs.
38
Sup’Édition, la petite école qui défie les grandes Dernière-née des écoles de multimédia, la Tourangelle Sup’Édition forme à la conception de plaquettes, d’applis mobiles ou d’e-books.
39
Invite1chef.com met sa recette sur le web Grâce à Internet, Julien Nguyen fait venir des chefs à domicile.
40
Les chantiers Les chantiers régionaux en prévision.
46
Le carnet
42-45
Escapades ine fin de magaz Retrouvez en s e u iq m o es écon nos itinérair es. et touristiqu
La Lettre Valloire - Mars 2014 5
Points Chauds
En Bref
DES COURBES RENVERSANTES l est dans Lui et il aime ça ! Michel Sapin, ex-président du conseil régional du Centre et ci-devant ministre du Travail et de l’Emploi, a accordé une interview « politique » au mensuel masculin Lui, relancé avec succès par l’écrivain et journaliste Frédéric Beigbeder. Cet entretien cool, d’une profondeur sans égal, a été publié en février dernier. « Michel Rocard l’avait bien fait », s’est défendu l’ancien maire d’Argenton-sur-Creuse. Qui, déçu par son échec sur le terrain du chômage, aura voulu contenter ses (é)lecteurs en leur offrant les courbes avantageuses des pages centrales du magazine de l’homme moderne. Dans le même temps – et sans que ces deux événements soient liés – Closer, dans son édition du 21 février, nous affirmait à la rubrique récurrente des affaires familiales socialistes, que Michel Sapin se serait séparé de son épouse, la journaliste Valérie de Senneville, une amie proche de Valérie Trierweiler. François Hollande fut d’ailleurs le témoin des mariés lors de noces célébrées à Argenton-sur-Creuse en décembre 2011.
I
INT ERVIE
IQU W PO LIT
E
AU MO N BE PIN SA (M IC HE L)
PLUS TARD Pour protester contre la baisse des dotations de l’État et son mécontentement contre le sort réservé aux collectivités locales par le gouvernement Ayrault, le conseil général du Loiret n’a pas voté son budget, comme prévu, lors de sa session de mi-décembre. Le vote a été repoussé à la dernière session de l’hiver ou la première du printemps 2014, en tout cas après le bouclage de cette édition. En réponse au conseiller général socialiste David Thiberge, qui faisait référence à l’héritage du précédent président de la République, Éric Doligé, patron du Loiret, a vertement répondu : « Fillon a augmenté la dette de 500 Md€ en cinq
ans, le gouvernement Ayrault de 258 Md€ en dix-huit mois. ».
PIERRE BAUCHET FAIT LE SHOW Tour à tour slameur, harmoniciste, et… transformiste (il a fini son show déguisé en Walkyrie, juché sur une trottinette et interprétant le célèbre prélude de l’opéra
de Wagner), Pierre Bauchet, le maire de Fleury-lèsAubrais,
a pour le moins surpris le public invité à la traditionnelle cérémonie des vœux de janvier dernier. Il est vrai que l’édile, qui ne brigue pas un nouveau mandat, fêtait en quelque sorte sa sortie. Si cette improbable débauche d’excentricité n’a pas participé à la revalorisation de la politique, elle aura au moins permis à son auteur d’obtenir un petit quart d’heure de célébrité.
PASCAL BLANC S’ASSOIT SUR LES ASSISES Pascal Blanc, le candidat UDI à la mairie de Bourges, serait-il distrait ? Toujours est-il que le dauphin contesté de Serge Lepeltier
a omis de se rendre, en novembre dernier, à l’audience de révision de la liste des jurés d’assises. Une convocation à laquelle tout citoyen doit obligatoirement se soumettre. « Je me suis trompé de jour », explique, avec une franchise désarmante, Pascal Blanc. Les proches de l’étourdi, qui a dû acquitter une amende de 350€, lui auront-ils recommandé de faire un nœud à son mouchoir pour ne pas louper le premier tour des municipales ?
SIMPLE MINDS « Orléans tout simplement » et « Tours, tout simplement »: les maires sortants des deux principales villes régionales ont choisi de décliner le même slogan de campagne. Serge Grouard (UMP) s’est déclaré le 7 décembre à Orléans, un bon mois avant que le socialiste Jean Germain ne se lance, à son tour, officiellement en course pour un quatrième mandat. On vérifiera les 23 et 30 mars si cette « simplicité tranquille », un brin condescendante vis-àvis de la concurrence, avait des raisons d’être, dans un cas comme dans l’autre.
Gérard Hamel, maire UMP de Dreux, candidat à sa réélection, à propos de son parcours en politique : « Je ne m’excuserai pas d’être honnête. ». Gérard Pont, président de C2G, à propos de son entreprise et du Printemps de Bourges qu’il vient de racheter : « Nous sommes exactement pareils. ». Philippe Vigier, député UDI de la 4e circonscription d’Eure-et-Loir, à propos de la carte médicale en région Centre : « Les prévisions à cinq ans sont dramatiques, tous les départs en retraite ne seront pas comblés. Ou avec des médecins
6 La Lettre Valloire - Mars 2014
HAMEL NE TIENT PAS À ÉCOPER
La société Bygmalion, qui a défrayé la chronique dans une affaire récente de surfacturation mettant directement en cause Jean-François Copé, a nourri les échanges de la campagne des municipales drouaises. Le socialiste Valentino Gambuto, principal opposant de Gérard Hamel (UMP), le maire sortant, a aimablement rappelé que cette entreprise sulfureuse avait passé un marché avec la Ville de Dreux en 2012 dans le cadre de l’organisation d’une manifestation (UnieCité). Sur son site de campagne, Valentino Gambuto, qui rappelle qu’il avait « dénoncé les coûts de cette mascarade », n’a pas hésité à apparenter ce marché à « l’arrivée du Copégate de Dreux » et qualifié la société « de pompe à fric de l’UMP ». Gérard Hamel aurait donc été la créature de Bygmalion ? En tout cas, cette perspective ne l’a pas laissé de marbre. A la lecture de la prose dénuée de tout début de preuve de son adversaire, le sang du maire n’a fait qu’un tour. « Petite polémique » venant « d’un petit candidat », a-t-il rétorqué, affirmant que la société avait été retenue à l’issue « d’un appel d’offres parfaitement légal aux conditions connues de tous ». Gérard Hamel a déposé plainte pour diffamation.
CANDIDAT LIBRE Digne des tontons flingueurs ! « C’est le maire sortant qui est mis en examen, pas le candidat » : pour cette réplique désormais culte, l’un des porte-paroles dévoué du maire de Tours, le socialiste Jean Germain, en
CHIFFRE
DU TRIMESTRE
43 254 Le nombre de candidats au 1er tour des municipales 2014 en région Centre.
délicatesse avec la justice dans l’affaire des « mariages chinois », s’est vu attribuer la noix d’honneur par le Canard Enchaîné dans son édition du 19 février. La saillie rejoint au Panthéon des plus belles perles politiques le célèbre « responsable, mais pas coupable » et le non moins fameux « je suis un élu du peuple, j’ai le droit de dire n’importe quoi ». On ne devrait jamais quitter Montauban !
VOITURE-BALAI L’ancien suppléant de Renaud Donnedieu de Vabres à l’Assemblée nationale, le charismatique Pascal Ménage, a causé une petite sensation en acceptant de figurer à la 25e place de la liste conduite par le maire socialiste de Tours. Une
sortie de la vie publique en voiture-balai pour Pascal Ménage qui, selon certaines sources, aurait mal vécu que la liste de la droite et du centre lui ait refusé la place qu’il imaginait lui être due. Le neurologue, démissionnaire de l’UMP en 2012, a définitivement tourné le dos à sa famille politique pour un
plat de lentilles dont le comble serait qu’il lui soit retiré entre le 23 et le 30 mars, par exemple pour faire place à un représentant de la liste EELV, si celle-ci est admise à fusionner avec la liste Germain.
MARIAGE HOULEUX DANS LE CONTROIS Il n’y aura pas eu de lune de miel après le mariage des communautés de communes du Controis et du Val de Cher St-Aignan qui a donné naissance à la communauté du Val de Cher-Controis. Le président du nouvel ensemble, JeanLuc Brault (ci-dessous), par ailleurs maire de Contres, a mis en cause la gestion des dirigeants du Val de Cher St-Aignan. Les élus concernés, notamment l’ancien président Michel Chadenas, défendent bec et ongles leur gestion et brandissent le résultat de clôture de leur intercommunalité, aujourd’hui dissoute, positif de 1,7 M€. Un remueménage qui augure mal du scrutin municipal des 23 et 30 mars.
étrangers moins bien formés. ». Josette Blanchet (PC), en 14e position sur la liste de Jean Germain, maire socialiste sortant de Tours, à propos du ralliement de Pascal Ménage, l’ex-député UMP de la 1re circonscription d’Indre-et-Loire : « Ça ne me dérange pas, Pascal Ménage est un humaniste… il a quitté l’UMP ! ». Christophe Magnier, conseiller municipal UMP écarté de la liste de Serge Grouard, le maire UMP sortant d’Orléans, lors du dernier conseil municipal de la mandature : « L’école est finie, mais ce soir, ce n’est pas : vous les copains, je ne vous oublierai jamais… ».
La Lettre Valloire - Mars 2014 7
Points Chauds
Politique
Les mairies menacées par Plusieurs communes de la région Centre, surtout parmi les plus petites, n’ont pas pu réunir suffisamment de candidats pour constituer une liste. La faute en revient au durcissement des règles d’inscription et de validation des listes. Mais le phénomène traduit aussi une crise de la mobilisation politique.
L
es municipales ne font plus recette. Pourtant considéré comme l’échelon politique le plus apprécié – ou le moins honni – des Français, le mandat de maire n’attire plus les vocations en
dépit des 926 068 candidats inscrits afin de pourvoir quelque 36 600 sièges de maire et plus de 500 000 de conseillers municipaux. Le phénomène se cristallise, certes, sur les communes de moins de 1 000 habitants et en particulier
IL BA À R DE CÉ
8 La Lettre Valloire - Mars 2014
sur les plus petites d’entre elles où l’ampleur de la charge dissuade les meilleures volontés. Mais globalement, cette crise de l’engagement citoyen est aussi palpable aux niveaux supérieurs. Sauf, sans doute, à celui des plus grandes villes où les équipes sortantes comme les challengers n’ont guère eu de mal à boucler leurs listes. « C’est plutôt l’embouteillage qui fut la règle et les responsables des équipes ont dû se livrer à des arbitrages parfois douloureux pour les ego… et qui ont laissé des traces », indique, goguenard, le proche d’un candidat à la mairie de Tours… Cette désaffection a conduit le ministère de l’Intérieur à demander aux préfectures qu’elles communiquent, à quelques jours de la date-butoir fixée au 6 mars à 18 heures, sur l’obligation faite aux candidats de déclarer leurs listes et de les composer selon les règles de l’art. Il est vrai que la situation laissait plutôt à désirer ! En Indre-etLoire, il manquait encore 35 % des candidats à l’appel le 25 février. Dans le Loiret, à la même date, 26 % des communes n’avaient toujours pas de listes déclarées en préfecture ou en sous-préfecture. Dans l’Indre, 22 communes de plus de 1 000 habitants sur 44 répondaient aux abonnés absents, alors que 87 communes de moins de 1 000 habitants – sur 203 – n’avaient enregistré aucune candidature. Dans le Cher, si 40 communes de plus de 1 000 habitants sur 59 étaient bien en ordre de marche, seulement 153 communes de moins de 1 000 habitants – sur 231 – étaient à jour. « Il ne faut pas s’alarmer inutilement. Ce que nous craignons, c’est davantage un effet d’entonnoir au dernier
la crise des vocations moment que l’écran noir », indiquait-on à quelques jours de la clôture au bureau des élections de la préfecture de l’Indre. Il est vrai que la modification de certaines règles d’enrôlement a provoqué un phénomène de démobilisation « qu’il est cependant difficile de mesurer puisqu’il n’est pas possible de comparer cette période avec les scrutins antérieurs ». La loi du 17 mai 2013 oblige désormais les candidats des communes de moins de 1 000 habitants à se déclarer – y compris à titre individuel – dans les délais requis, alors qu’il suffisait auparavant d’écrire un simple nom sur un bulletin. De même, les têtes de listes des communes de plus de 1 000 habitants devaient déposer avant le 6 mars des listes complètes. De quoi désarmer des candidats qui ont dû déployer des trésors de conviction… et de stress pour s’assurer de l’engagement dans les temps de leurs concitoyens. Ce durcissement réglementaire et administratif était l’un des principaux motifs de retard dans le Loiret où la commune de Lion-en-Beauce (à l’ouest de Pithiviers) est finalement restée sans candidat dûment désigné. « Certains d’entre eux ont eu du mal à obtenir les justificatifs d’éligibilité, notamment les attestations d’attache fiscale pour ceux qui n’étaient pas inscrits sur les listes électorales des communes où ils envisageaient de se présenter », observait-on à la préfecture du Loiret. Une autre contrainte a été pointée par les participants : celle relative à la parité homme-femme, abaissée aux communes de plus de 1 000 habitants. Encore une fois, de grandes inégalités ont été constatées entre les villes et les campagnes. « En zone “bobo”, des femmes actives dotées d’un niveau d’études supérieur peuvent probablement plus aisément s’engager dans la vie municipale que dans les
milieux plus ruraux ou périurbains où les femmes sont littéralement happées par leur travail, leur foyer et des déplacements domicile-travail épuisants », juge cette habituée de la vie publique tourangelle qui fut adjointe au maire d’une commune de plus de 10 000 habitants. La réglette paritaire a parfois conduit les chefs de file à jouer au jeu des 7 familles ! Pas rare de noter la présence dans certaines listes d’un ou de plusieurs couples, d’une fratrie ou… de cousins germains. À La Riche (37), la liste soutenue par l’UDI a accueilli l’oncle, flanqué de son épouse, du neveu aux côtés de sa propre épouse, sans oublier sa nièce pour faire bonne mesure ! Pour autant, et au-delà de ces évidents freins réglementaires, c’est bien une certaine fatigue républicaine qui a gagné la population. Combien de maires de petites communes, parfois âgés, harassés par des mandats à répétition et exposés aux récriminations de citoyens-consommateurs, ont-ils jeté l’éponge... sans qu’un successeur se
soit fait connaître ? À Crouy-surCosson (41), une petite commune solognote de 500 âmes, la mairie devrait rester porte close lors du premier tour des municipales, aucun candidat ne s’étant présenté dans les délais pour reprendre l’écharpe du maire sortant, Christian Robert, qui l’a remise en jeu après une vingtaine d’années de bons et loyaux services (cf. encadré). « Cette situation est le symptôme d’un mandat de plus en plus complexe, avec des moyens financiers en baisse constante », estimait récemment Vanik Berberian, le maire de Gargilesse-Dampierre (36) et président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF). Cette crise des vocations incite certains candidats à user d’expédients. Ainsi à Orléans, alors que s’ouvrait la campagne officielle du premier tour, la polémique enflait sur la présence d’une nonagénaire… atteinte de la maladie d’Alzheimer sur la liste du candidat frontiste Philippe Lecoq. Jean-Christophe Savattier
Écharpe en berne à Crouy-sur-Cosson Le 23 mars prochain, l’effervescence du vote républicain épargnera la petite commune de Crouy-sur-Cosson (41) et ses quelque 500 habitants. Le maire sortant Christian Robert a décidé de raccrocher après vingt ans de mandat, laissant derrière lui un grand vide. Deux adjoints auraient pu reprendre le flambeau mais ils ont dû quitter la commune. Et aucun des conseillers municipaux restants ne s’est senti suffisamment « costaud » pour prendre la suite. Pour de nombreux habitants de Crouy-sur-Cosson, cette affaire ne se réduit pas à la défaillance de quelques personnes. Elle est le symptôme d’un mal plus profond qui se traduit par le désengagement et la démobilisation des citoyens. Dans un pays qui compte pourtant plus de 600 000 élus, pour l’écrasante majorité d’entre eux des élus municipaux (voir ci-dessus) – record mondial –, le village solognot est tenaillé par un individualisme qui gagne aussi le monde rural. Il y a bien eu de nouvelles têtes, des pavillons ont été construits mais « personne ne souhaite s’engager », déplore cet habitant. En attendant, Christian Robert bat le rappel. Afin d’éviter la tutelle préfectorale au soir du second tour… et la honteuse dissolution de la commune qui serait alors rattachée à l’une de ses voisines.
La Lettre Valloire - Mars 2014 9
Points Chauds
Territoires
Les élus ruraux du Loir-et-Cher se liguent contre le charcutage
des cantons
Maurice Leroy, le président du conseil général du Loir-et-Cher, considère qu'un bon principe, la parité, ne peut masquer un mauvais coup... Il fustige un « charcutage » des cantons orchestré par le ministère de l’Intérieur.
P
eut-être en raison de sa tradition de département rural et, à coup sûr, grâce à la personnalité de son président Maurice Leroy, le Loir-et-Cher alimente un débat passionné. Plus de la moitié des conseils généraux, dont un certain nombre dirigés par la gauche, ont rejeté le redécoupage des cantons du ministère de l’Intérieur. Fer de lance de la contestation, rejoint depuis peu et de façon spectaculaire par Bernadette Chirac, Maurice Leroy a fait rejeter le projet par sa majorité départementale le 10 janvier. À la suite du vote, les conseillers généraux – appelés à devenir « départementaux » à l’issue de la réforme – ont manifesté devant la préfecture : des ciseaux d’or ont même été remis au préfet. Le 16 février, plus de 600 personnes, dont une grande partie des maires ruraux du Loir-et-Cher, se sont retrouvées sous un beau soleil pour défiler dans les rues de la ville aux cris
10 La Lettre Valloire - Mars 2014
de « cantons redécoupés, ruralité sacrifiée » : 30 gerbes symboliques, représentant les 30 anciens cantons, ont été accrochées aux grilles de la préfecture, tandis que résonnait la Marche funèbre de Chopin ! « Oui, il fallait redessiner la carte des cantons, il n’y a aucune contestation là-dessus, reconnaît Maurice Leroy. Mais il fallait tenir compte des bassins de vie en s'appuyant sur la carte des intercommunalités (...) Malheureusement, au lieu de réaliser cette simplification, le gouvernement socialiste a choisi le charcutage et le tripatouillage. Si le souci est celui de la parité, alors le gouvernement, pour être juste et démocratique, aurait dû proposer des listes départementales à la représentation proportionnelle majoritaire, comme pour le mode de scrutin régional. On nous annonçait un rééquilibrage, mais les territoires ruraux sont sous-représentés et massacrés. Le Cher, qui a 10 000 habitants
de moins que le Loir-et-Cher, va disposer de quatre cantons de plus. Cherchez l'erreur ! Voilà pourquoi, le mercredi 26 février, j'ai interpellé à l'Assemblée nationale le meilleur ouvrier de France, celui en charge du charcutage des cantons. J'ai nommé M. Manuel Valls. » Certes, et Maurice Leroy le rappelle volontiers, ce n'est pas la première fois qu’un camp s’élève contre les charcutages de l’autre. Le terme même de « charcutage » a été inventé par le parti communiste qui avait caricaturé Jacques Chirac et Charles Pasqua en garçons bouchers sur une affiche de propagande, après le redécoupage des circonscriptions électorales de 1986. Mais si la plupart des élus étaient conscients qu’une refonte générale de la carte des cantons s’imposait, la disparition des chefs-lieux de cantons au profit d'une entité indéterminée, le « bureau centralisateur », ne passe pas. Exemple symbolique pour le Loir-et-Cher : celui de Contres (3 500 habitants) qui se retrouve avalé par le canton du bureau centralisateur de Montrichard, alors même que la commune de Contres est l'une des plus actives du département, tant sur le plan démographique qu’économique. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait pris l'engagement « que les avantages des actuels chefs-lieux de cantons, c'est-à-dire le versement de la dotation de solidarité rurale et le régime indemnitaire des élus, seront maintenus. ». Apparemment, cela n'a pas suffi à calmer leurs inquiétudes. Didier Morazin
L’Indre-et-Loire et le Cher
font fibre commune
De même couleur politique, les départements du Cher et de l’Indre-et-Loire ont décidé de faire cause commune dans le domaine du numérique, de l’analyse sanitaire et du tourisme.
«I
l ne s’agit pas de constituer un contrepoids politique »: Frédéric Thomas, le président socialiste du conseil général d’Indre-et-Loire, rejette tout procès d’intention. Le rapprochement avec le Conseil général du Cher présidé par Jean-Pierre Saulnier, de même couleur politique que le sien, « n’est pas une réponse » à la création de la centrale d’achats commune annoncée en novembre dernier par l’Eure-et-Loir, le Loiret-Cher et le Loiret, trois collectivités dirigées par le camp adverse. « Nous n’avons pas été conviés à rejoindre cette démarche », semble d’ailleurs regretter Frédéric Thomas. Pour preuve de cette volonté de mutualisation, les dis-
cussions avec le Département du Cher « sont en cours depuis trois ans ! ». Elles viennent cependant de prendre un tour nouveau puisque le Conseil général d’Indre-et-Loire va rejoindre le syndicat mixte créé par la collectivité de Jean-Pierre Saulnier pour accompagner le déploiement de la fibre optique et du haut débit, un programme d’environ 91 M€ sur dix ans, qui a son exact pendant en Touraine (100 M€ sur dix ans également). « Nous allons pouvoir mutualiser et massifier les achats, et surtout prendre de l’avance sur notre propre agenda puisque les délais requis pour la création d’un syndicat sont toujours assez longs », estime Frédéric Thomas. Le Loir-et-Cher, présidé
par l’UDI Maurice Leroy, pourrait s’y associer. Second volet de ce flirt interdépartemental, le Cher et l’Indre-et-Loire vont mutualiser un certain nombre de missions (analyse, collecte) de leurs laboratoires départementaux d’analyse, lourdement déficitaires, auxquels les collectivités versent d’importantes subventions d’équilibre (2,3 M€ pour l’Indre-et-Loire pour un budget total de 7 M€, 0,8 M€ pour le Cher sur un budget de 1,7 M€). Le Loir-et-Cher pourrait aussi faire cause commune avec cette initiative « qui n’est pas encore une démarche d’unification », prévient Frédéric Thomas. Jean-Christophe Savattier
La Lettre Valloire - Mars 2014 11
Points Chauds
Territoires
Châteauroux transporte
ses habitants à l’œil
Le maire UMP de Châteauroux Jean-François Mayet a imposé la gratuité du transport collectif. La fréquentation a explosé au prix du versement d’une subvention d’équilibre annuelle de 1,6 M€. Châteauroux, la gratuité des transports collectifs ne sera pas l’un des sujets « clivants » de la campagne des municipales. À droite, comme à gauche, on s’est approprié le bilan positif d’une décision du maire UMP Jean-François Mayet, prise en 2001. Et qui pourtant fut loin de faire l’unanimité à l’époque. «Qu’avons-nous entendu ! », soupire
À
telroussine (CaC) en charge du transport, égrène les chiffres : « La fréquentation a augmenté de façon remarquable, de 22 voyages par habitant et par an en 2001, ce qui était très faible, elle est passée à 69 voyages en 2013, ce qui est très satisfaisant ! ». Les esprits chagrins, hostiles au principe de la gratuité et prompts à en dé-
Gil Averous, le directeur de cabinet du maire qui briguera sa succession fin mars. « Il ne faut pas oublier que l’opposition de gauche n’avait pas hésité à attaquer cette décision devant le tribunal administratif », ajoute-t-il. Aujourd’hui, les proches de JeanFrançois Mayet savourent le succès obtenu. La mise en gratuité du réseau – dont l’exploitation a été confiée à Keolis dans le cadre d’une délégation de service public (DSP) partielle, puisque les bus appartiennent à la collectivité – , a tenu toutes ses promesses. Paul Pluviaud, vice-président de la Communauté d’agglomération cas-
noncer le coût exorbitant, en restentils pour leur frais ? « On peut toujours faire mieux, mais j’estime que le rapport coût-service rendu de la gratuité est excellent », plaide JeanFrançois Mayet. Qui rappelle que les faibles recettes de la billetterie n’avaient jamais couvert les dépenses d’exploitation du réseau. Aujourd’hui, le montant du contrat Keolis (4,5 M€ annuel sur cinq ans) n’est financé qu’à hauteur de 80 % par les recettes du versement transport acquitté par les entreprises et dont le taux a été porté à 0,6 %. Il est donc nécessaire que la CaC s’acquitte chaque année d’une
12 La Lettre Valloire - Mars 2014
subvention d’équilibre de 1,6 M€. Pour autant, si plus personne ne songe à revenir sur le principe de la gratuité, on songe à améliorer la qualité du service rendu. Ce sera « d’ailleurs l’un des enjeux du renouvellement de la DSP qui interviendra début 2015 », indique Paul Pluviaud. Victime de son succès, le réseau patine aux heures de pointe ; retards et bus bondés irritent les usagers. « Le prochain délégataire devra se pencher sur l’optimisation des dessertes », admet le vice-président de la CaC qui confirme la préparation d’un prochain cahier des charges en s’appuyant sur les services du cabinet d’études spécialisé Olivier Darmon. Pour sa part, Mark Bottemine, qui conduit la liste socialiste, souhaite, s’il est élu, « réfléchir à l’optimisation de la ligne 1, saturée à certaines heures ». Les résidents de certains quartiers populaires se plaindraient aussi de la quasi-disparition dominicale du service. Enfin, il souhaite créer de nouvelles dessertes interquartiers sans le passage obligatoire en centre-ville. La gratuité serait donc la panacée aux problèmes de mobilité des villes moyennes. Pas si sûr ! « À très court terme, la gratuité des transports en commun peut faire exploser la fréquentation qui diminue ensuite », notait ainsi en 2006 le rapport d’un organisme spécialisé qui relevait aussi qu’il n’y a pas « de corrélation directe entre niveau de prix et usage ». La gratuité ne fonctionnerait qu’au prix d’une amélioration forte de l’offre et de la mise en place de mesures d’accompagnement, comme l’amélioration du stationnement. Jean-Christophe Savattier
La Lettre Valloire - Mars 2014 13
Points Chauds
Territoires
Les CCI rugissent contre « l’OPA hostile » du pouvoir Un projet de loi sur la décentralisation prévoit la mise sous tutelle des CCI par les conseils régionaux. Les consulaires s’indignent et hurlent à « l’OPA hostile » du pouvoir.
I
ls se disent apolitiques. Et jaugent souvent sans aménité ceux de leurs pairs – en région Centre, c’est plutôt une spécialité tourangelle – qui se risquent à briguer un mandat local. Mais cette fois, les élus des chambres de commerce et d’industrie (CCI) sont prêts à se jeter dans l’arène. La raison ? Un projet de loi sur la décentralisation, qui sera présenté au Conseil des ministres du 9 avril,
14 La Lettre Valloire - Mars 2014
dont l’objet principal est de renforcer les compétences des Régions, notamment sur le terrain économique. « Nous ne sommes pas opposés à une nouvelle étape de décentralisation », prévient d’emblée Nicolas Chiloff, président de la CCI Centre et porteparole du réseau. À condition toutefois que les CCI ne tombent pas sous la tutelle des conseils régionaux, comme semble le prévoir le texte qui sera défendu début avril par Marylise Lebranchu. Car c’est bien la perspective de s’en remettre à l’arbitrage de l’exécutif régional qui inquiète ces chefs d’entreprises, tous bénévoles, gestionnaires, au travers de leurs 132 CCI territoriales et 22 CCI régionales, d’une manne de 3,9 Md€. Modestement, les 7 CCI de la région Centre investissent chaque année « entre 10 et 15 M€ dans l’économie régionale » qui ne doivent pas devenir une ligne supplémentaire du budget d’investissement – environ 300 M€ – de la collectivité présidée par le socialiste François Bonneau. Mais que faire, si ce n’est rugir et avancer des contre-propositions dont on se doute qu’elles ne pèseront pas lourd face au lobbying d’un autre socialiste, Alain Rousset, président de la région Aquitaine et de l’Association des régions de France (ARF). Qu’importe ! Dans une sorte de baroud d’honneur, les consulaires, soutenus par le Medef et la CGPME, proposent que les conseils régionaux leur délèguent la mise en place et l’animation d’un guichet unique TPE-PME, destiné à accueillir et orienter les chefs d’entreprises. Une
autre idée, dont on imagine qu’elle sera fraîchement accueillie par les élus locaux, serait de confier au réseau des CCI les agences de développement – représentées, au plan régional, par Centreco – et celles pour l’international (Centrexport en région Centre) et l’innovation (Aritt Centre, financée aujourd’hui à parité par l’État et le conseil régional du Centre). S’aventurant encore plus loin sur le terrain de l’action publique, les CCI proposent de supprimer purement et simplement la clause générale de compétence qui permet à chaque niveau de collectivité, composant le désormais célèbre mille-feuille administratif et territorial français, d’intervenir comme bon lui semble. Ces propositions, un rien provoquantes, veulent associer les représentants des entreprises à l’élaboration des politiques publiques. Leurs auteurs savent qu’elles n’ont aucune chance d’être retenues. Car, réduites à jouer les utilités au conseil d’administration de Bpifrance (3 sièges sur 15), les Régions tiennent leur revanche. Il semble acquis qu’elles piloteront de manière exclusive, comme le réclamait l’ARF depuis des lustres, « l’innovation, l’aide aux entreprises et l’accompagnement des PME », récupérant, dans ce domaine, ce qui reste des prérogatives de l’État. Et le schéma régional de développement économique, social et d’innovation (ouf !) deviendrait prescriptif, octroyant aux Régions un vrai pouvoir réglementaire. La décentralisation sera autoritaire ou ne sera pas.
François-Xavier Beuzon
La Lettre Valloire - Mars 2014 13
Dossier
Formation
Le maquis
16 La Lettre Valloire - Mars 2014
de la formation pro bientôt défriché La réforme de la formation professionnelle a bien été adoptée avant les élections municipales, comme prévu par le Parlement. Cette loi, qui entérine l’accord intervenu entre les partenaires sociaux le 14 décembre, simplifie ce qui s’apparentait jusqu’à présent à une véritable usine à gaz…
L
a formation professionnelle repose sur un énorme magot : 32 Md € , dont 14 étaient jusqu’à présent à la seule charge des entreprises, à travers les trois contributions qu’elles devaient acquitter pour permettre à ce « mammouth » de se mouvoir. La donne devrait enfin changer grâce à l’Accord national interprofessionnel (ANI) signé en décembre 2013 entre deux organisations patronales (UPA et Medef, mais pas la CGPME) et quatre syndicats de salariés (CFTC, FO, CFDT, CGC-CFE, mais pas la CGT !), validé en Conseil des ministres le 22 janvier 2014, puis devenu une loi réformant la formation professionnelle. Cette dernière a été adoptée en février au Parlement. À partir de janvier 2015, cet ANI qui se veut « historique » et la loi qui en découle doivent permettre, à la fois, d’améliorer l’employabilité des salariés et des demandeurs d’emploi, notamment grâce à la création du Compte personnel de formation (CPF), innovation principale du texte, et de favoriser la compétitivité des entreprises en les allégeant notam-
ment d’une collection de contraintes financières et administratives. Elle constitue, selon le Medef, « qui a quelque peu tenu la plume », comme le prétend un responsable politique proche du gouvernement, un vrai pas en avant vers une relation gagnant/gagnant entre l’entreprise et le salarié. « C’est la première fois depuis bien longtemps que l’on va dans le bon sens, estime ainsi Bruno Boussel, délégué général du Medef Centre. Le dispositif permet d’accompagner l’entreprise dans l’identification des compétences dont elle et ses collaborateurs ont besoin. Elle met aussi en place une ingénierie de formation au service de ces compétences. La réforme fait entrer la formation professionnelle dans un cercle vertueux. » Public par public, vous trouverez, dans les pages qui suivent, les principales innovations introduites par la réforme : nous avons choisi de les classer par catégories (entreprises, salariés et demandeurs d’emplois, partenaires sociaux, organismes paritaires). Dossier réalisé par Jacques Huguenin
La Lettre Valloire - Mars 2014 17
Dossier
Formation
CE QUI CHANGE POUR L’ENTREPRISE
Inciter et non plus obliger Simplification et incitation sont les maîtres mots de la réforme, versus entreprises. Le législateur a souhaité alléger les contraintes pesant sur les employeurs pour les convaincre que la formation de leurs salariés était dans l’intérêt de tous.
L
es entreprises vont souffler ; elles ne verseront plus qu’une seule contribution au lieu de trois actuellement (lire ci-dessous). La réforme vise à les faire évoluer d’une logique les obligeant à payer une cotisation ou une taxe formation à une logique qui les incitera à investir dans des formations qualifiantes, et cela en concertation avec leurs salariés, comme le précise dans l’interview qui suit, Jean-Patrick Gille, député PS d’Indre-et-Loire et rapporteur de la loi à l’Assemblée nationale. La formation ne devra plus être considérée « comme une contrainte mais comme une responsabilité », com-
AVANT
mente Bruno Boussel (Medef Centre). Quelle que soit sa taille, l’entreprise devra obligatoirement organiser tous les deux ans un entretien professionnel avec chaque salarié en vue d’étudier ses perspectives d’évolution. « Cet entretien est une très bonne chose », estime Bruno Gonzague, du cabinet Actiforces, qui met en garde contre le risque de pénalité (100 heures de plus créditées au CPF) si aucun rendezvous n’a lieu durant six ans. « Tout chef d’entreprise normalement constitué est conscient de la nécessité de bien former ses collaborateurs, de les faire “ grandir ” et de faire de la gestion prévisionnelle des emplois
et des carrières (GPEC) », assure-t-il. Le nouveau dispositif vise également à simplifier la paperasserie afférente à la formation qui pèse sur l’entreprise. Il n’y aura plus qu’un seul bordereau de versement de cotisation à compléter, destiné à un seul organisme collecteur, alors que jusqu’à présent il y avait autant de bordereaux que d’Opca concernés par une formation (deux organismes ou même, parfois, trois). Il est aussi prévu de supprimer la déclaration fiscale 2483 et les redoutables contraintes administratives liées au DIF (décompte et suivi des heures des droits à formation (suite page 20)
MUTUALISATION DES FONDS DE LA FORMATION, UN EFFORT SUBSTANTIEL EN FAVEUR DES TPE (-10 SALARIÉS)
CONTRIBUTIONS DES PME DE 10 À 299 SALARIÉS
CONTRIBUTIONS DES ENTREPRISES DE 300 SALARIÉS ET +
Versement entreprise à l’Opca*
Versement entreprise à l’Opca
Versement entreprise unique à l’Opca
0,15 % professionnalisation
+120 M€
0,40 % plan formation
+330 M€
10 à 19 salariés / 1,05% MS
20 salariés et + / 1,60% MS
0,15 % professionnalisation
0,50 % professionnalisation
0,90 % plan formation
0,50 % professionnalisation 0,90 % plan formation
*Organisme paritaire collecteur agréé
0,20 % CIF* 10 à 49 salariés / 1% MS
APRÈS
50 à 299 salariés / 1% MS
*Congé individuel de formation
0,40 % professionnalisation
0,15 % professionnalisation
+120 M€
0,40 % plan formation
+330 M€
0,20 % plan formation
0,10% plan formation
Plan formation libre
Contribution du FPSPP* 20 % fonds disponibles en faveur des TPE
+170 M€
0,15 % FPSPP
0,20% FPSPP
0,20 % FPSPP
0,15 % CIF
0,20% CIF
0,20 % CIF
*Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels
0,30 % professionnalisation
0,20 % CPF* *Compte personnel de formation
18 La Lettre Valloire - Mars 2014
0,20 % CPF
Dossier
Formation acquis, information du salarié et solde du du Droit individuel à la formation (DIF) à porter sur le certificat de travail à chaque départ de salarié). « Le système va rester complexe, mais il ne sera plus géré par l’utilisateur final, c’est-à-dire l’entreprise, mais par les Opca dans le cadre d’une mission de back office », précise Bruno Boussel. Enfin, pour les sociétés de 50 salariés ou plus, la consultation du comité d'entreprise sur le plan de formation
sera élargie. Dans celles de plus de 300 salariés, les objectifs du plan de formation et les abondements au CPF devront être intégrés à la négociation obligatoire sur la GPEC. « Attention, la qualité a un coût, un prix juste », plaide Cédric Ménindes, responsable du Cesi Ile-de-France Centre et président en exercice de la FFP (Fédération de la formation professionnelle) pour la région Centre. « Les organismes de formation sérieux ne sont pas prêts
à brader leur offre, quel que soit le financeur. Ceux qui vont souffrir de la réforme sont les organismes qui ne produisent pas suffisamment de formations de qualité et ne sont pas en mesure de contribuer à la validation de compétences. Depuis l’ANI de 2009, toute journée de formation doit en principe faire l’objet d’une évaluation-validation de compétences. Or, ce n’est pas systématique ; il faut maintenant que cela le devienne. » JH
Une seule contribution au lieu de trois La rationalisation des contributions des entreprises devrait faire baisser légèrement les montants prélevés. Une disposition complexe que conteste la CGPME.
Gérard Gautier
L
a contribution unique que vont devoir acquitter les entreprises sera progressive : de 0,55 % de la masse salariale pour les entreprises de moins de 10 salariés à 1 % pour celles de plus de 50 salariés (au lieu de 1,6 %), dont 0,2 % sera dédié au Compte personnel de formation (CPF). Cette contribution servira à financer le plan de formation de l’entreprise, le Congé individuel de formation (CIF) et le le Fonds de sécurisation des parcours professionnels (FSPP) destiné aux demandeurs d’emploi.
20 La Lettre Valloire - Mars 2014
Cette contribution unique remplacera les trois en vigueur jusqu’à présent : celle de 0,9 % pour le plan de formation, celle, variable, de 0,2 % pour le CIF CDI et de 1 % pour le CIF CDD et celle liée à la professionnalisation, fixée à 0,5 %. Le nouveau système pourrait aboutir à une légère baisse du montant total des ressources issues des entreprises. Par ailleurs, une partie des fonds collectés sera mutualisée au bénéfice des petites entreprises. Ainsi, les TPE n’auront plus à rémunérer un salarié parti suivre une formation, c’est l’Opca qui le prendra intégralement en charge dans la limite d’un Smic horaire par heure de formation. L’ANI prévoyait d’augmenter de 34 % les moyens affectés à la formation des
salariés de TPE grâce au nouveau mécanisme de solidarité interprofessionnelle (qui devait passer de 488 à 650 M€) sans que cela coûte un centime de plus aux employeurs. C’est justement ce que conteste la CGPME. « Les grosses entreprises ne payant plus que 1 % de contribution au lieu de 1,6 %, le produit de ces 0,6 % va faire défaut dans les caisses de la formation professionnelle, s’inquiète Gérard Gautier, président de la CGPME du Loiret. La mutualisation va s’en trouver diminuée et les entreprises de 10 à 299 salariés vont être pénalisées pour leurs actions de formation professionnelle. La CGPME va donc continuer à se battre contre ce volet de la réJH forme. »
Des comités d’entreprises plus transparents Obligation sera faite aux grands comités d’entreprises (dont le budget dépasse 153 000 €) de présenter des comptes certifiés et de mettre en place une commission des marchés publics chargée de procéder par appel d’offres pour choisir fournisseurs et prestataires. Les comités d’entreprises de plus petites tailles présenteront des comptes simplifiés ou ultra-simplifiés. « L’objectif est d’en finir avec les dérives, de faire preuve de transparence », commente Bruno Boussel.
RECRUTEMENT & APPROCHE DIRECTE - CONSEIL & FORMATION - EMPLOI & MOBILITÉ
3 départements pour optimiser
votre Stratégie de Résultat
Sommes-nous tous bien orientés client ? LETTRE VALLOIRE : Pourquoi choisir de nous parler de nos clients, qu’y a-t-il de nouveau ? ANGÉLIQUE CAFFY : Les consultants de notre département « EFFICACITÉ COMMERCIALE » le constatent chaque jour : « 5 % de temps de face à face client supplémentaire augmentent en moyenne le CA de 10 % à la fin de l’année ». Dès lors, partant du principe qu’au sein de l’entreprise nombre d’acteurs autres que les vendeurs sont des contributeurs potentiels à l’effort commercial, il devient indispensable de mettre les clients au centre des organisations. À titre d’exemple, dans une véritable logique collaborative, plusieurs de nos clients utilisent avec succès les systèmes d’enquêtes sur le web pour associer leurs clients tant au développement de leurs nouveaux produits qu’à l’amélioration de leurs process commerciaux. Par ailleurs, la notion même de « contact client » a été bouleversée et le temps de présence en face à face (salons, rendez-vous, etc.) n’est plus le seul temps de contact depuis qu’internet, l’utilisation massive des mails, et plus récemment les réseaux sociaux sont apparus. Qu’il s’agisse de commerce B to B ou B to C, une analyse de notre présence sur ces nouveaux supports s’impose car ces temps de contact sont trop souvent négligés par nos clients alors qu’ils sont pourtant très peu onéreux, faciles à mettre en place et générateurs de forte valeur ajoutée. LETTRE VALLOIRE : Oui, bien sûr, mais pour cela comment faut-il procéder ? DOMINIQUE LIJOUR : Notre approche consiste à associer à la démarche d’amélioration de la qualité de service, tous les acteurs qui véhiculent notre image au quotidien auprès de nos clients et nos prospects. Qu’il s’agisse de nos hôtesses d’accueil, de nos assistantes, de nos chauffeurs livreurs, de nos techniciens après-vente qui ont souvent, au quotidien, plus de contacts clients que les forces de vente elles-mêmes. Une analyse simple de notre environnement (organisation, méthodes, outils motivationnels) et des forces en présence, permet d’optimiser le «combien » (de contacts, de rendez-vous, etc.) ainsi que le « comment » (qualité de la prise en charge, de la réponse et du suivi). Angélique Caffy
LETTRE VALLOIRE : Et qu’en est-il de l’évolution des méthodes et techniques de vente dites traditionnelles ? ANGÉLIQUE CAFFY : Là encore, même si les basiques perdurent, les outils liés aux savoir être et aux comportements acheteurs/vendeurs ont énormément évolué ces dernières années. Les exigences accrues des clients en matière de qualité de service et le besoin de se différencier imposent aux commerciaux de maîtriser les nouveaux outils de la vente comportementale. Ne négligeons pas le fait que la relation commerciale est avant tout une relation de confiance généralement inscrite dans la durée et que la dimension humaine y tient un rôle majeur. LETTRE VALLOIRE : La formation est-elle toujours d’actualité pour ces populations ? DOMINIQUE LIJOUR : Absolument ! Nous observons sans équivoque que les équipes qui sont régulièrement formées sont réellement plus performantes que celles qui ne le sont pas. Gérer une relation commerciale est un véritable métier et cela s’apprend. Ce qui évolue en revanche ce sont les modes pédagogiques mis en œuvre pour former les acteurs de la relation commerciale. Par exemple, nous disposons aujourd’hui d’outils de mesure de la performance individuelle ou collective tels que les évaluations 360° afin d’aider les équipes à prendre conscience de leurs forces et faiblesses sur ce plan et d’identifier leurs axes de progrès (notons que certains des 360° que nous proposons associent les clients à l’évaluation des performances commerciales de leur interlocuteur). Les formations sont également plus individualisées avec des objectifs affichés en matière de gain de performance.
Dominique Lijour
LETTRE VALLOIRE : Et tout cela, combien ça coûte ? DOMINIQUE LIJOUR : Toute la question est de savoir comment l’on conçoit la formation…. Est-ce un coût ? Alors c’est toujours trop cher. Ou est-ce un investissement productif ? Et alors la question devrait plutôt être « combien cela va-t-il me rapporter ? ». Je crois qu’au travers de nos échanges vous avez pu percevoir notre position !
Bureaux PARIS 01 45 39 14 66
Bureaux TOURS 02 47 48 04 00
Bureaux ORLÉANS 02 38 54 10 52
Bureaux BLOIS 02 54 58 95 41
Bureaux POITIERS 05 49 49 42 95
Bureaux CHÂTEAUROUX 02 54 61 23 73
Bureaux CHARTRES 02 37 35 82 42
Bureaux BORDEAUX 05 56 34 74 01
Bureaux BOURGES 02 48 21 28 25 LaBureaux NIORT
05 49 24 84 54
Dossier
Formation
CE QUI CHANGE POUR LE SALARIÉ
Un compte formation pour toute la vie Le Compte personnel de formation (CPF), institué par la nouvelle loi, permettra au salarié de se former durant toute sa vie professionnelle, les droits à formation lui étant acquis s’il change d’entreprise. Une avancée par rapport au Droit individuel à la formation (DIF), qui était insuffisamment utilisé.
À
compter du 1er janvier 2015, le salarié disposera d’un Compte personnel de formation (CPF), qui pourra être ouvert dès l’âge de 16 ans et le suivra tout au long de sa vie active, y compris durant des périodes de chômage ou après un changement d’emploi. Ce n’était pas le cas avec le Droit individuel à la formation (DIF) que le CPF va remplacer. Ce compte sera crédité de 24 heures par an pendant cinq ans, puis ensuite de 12 heures par an, de façon à atteindre le plafond de 150 heures en sept ans et demi. Au-delà, des abondements pourront compléter le CPF, versés par l’employeur, le salarié, Pôle Emploi ou le Conseil régional, collectivité désormais pleinement responsable de la formation professionnelle et de la coordination de l’achat public de formations. À la différence du DIF, le CPF sera attaché à la personne et non plus à l’emploi : en cas de changement d’entreprise, un employeur ne pourra pas refuser à son salarié l’utilisation du quota d’heures acquis précédemment. Le salarié ne repartira pas de zéro. De plus, il pourra s’inscrire en formation, hors temps de travail, sans en demander l’autorisation à son patron, mais dans certains cas précis : si un accord d’entreprise ou de branche le prévoit ; s’il appartient à une entreprise de plus de 50 salariés et n’a pas bénéficié de trois actions parmi quatre prévues par les textes (formation, entretien professionnel, VAE même partielle, augmentation de sa22 La Lettre Valloire - Mars 2014
laire) durant six années consécutives, ou encore s’il est illettré. L’objectif du CPF sera de faciliter l’acquisition de compétences « attestées, en lien avec les besoins de l’économie», en puisant dans une liste de formations amenant à une qualification reconnue, assurées par un organisme détenteur d’une certification qualité, et en étant guidé par un conseil en évolution professionnelle (issu de l’Apec, Pôle Emploi, Cap Emploi, une mission locale ou le Fongecif). La création du CPF est bien accueillie, notamment par la Fédération de la formation professionnelle (FFP), qui «avait poussé le projet », rappelle son président régional Cédric Ménindes. « Mais il faudra que ce CPF devienne réellement opérationnel, que les entreprises aient la volonté de faire réfléchir leurs salariés à son bon usage. Les PME, en particulier, devront s’impliquer davantage qu’autrefois dans la construction des parcours professionnels », ajoute-t-il.
Cédric Ménindes
Pour Bruno Gonzague, président du cabinet Actiforces (10 agences, dont 6 en région Centre), « le DIF était insuffisamment utilisé par les salariés (seulement 5 % en France en 2012) et, comme il était ouvert à tout type de formation il ne correspondait pas forcément à l’employabilité des personnes. Avec le CPF, la formation devra être liée à l’employabilité et
Le demandeur d’emploi ne sera pas oublié Pour gagner du temps et espérer retrouver plus vite un emploi, le demandeur d’emploi aura désormais la possibilité d’activer son CPF et de choisir une formation sur des listes amenant à une qualification reconnue et correspondant aux besoins des entreprises de sa région, sans attendre l’autorisation de son conseiller Pôle Emploi. De plus, même des CDD courts alternant avec des périodes de chômage lui permettront d’acquérir des droits à formation. Les sommes affectées à la formation des demandeurs d’emploi, via le Fonds de sécurisation des parcours professionnels (FSPP), devraient, quant à elles, passer de 600 à 900 M€.
devra être liée à l’employabilité et aux attentes de l’entreprise et du bassin d’emploi. Mais il reste à répondre à plusieurs questions. Qu’entendon par formation qualifiante ? Quelle place sera laissée aux formations de
courte ou très courte durée, aux formations orientées sur le savoir-être et le comportemental (développement personnel, gestion du stress, expression écrite et orale) ? Comment les bilans de compétence, qui ne
sont ni qualifiants ni certifiants, mais s’apparentent à de simples arrêts sur image d’une carrière, serontils financés ? ». Jacques Huguenin
Une gouvernance toujours complexe Si la réforme est censée tailler dans le maquis des organismes de gouvernance, on se perd encore un peu dans le nouveau dispositif.
L
e CPF permettra de suivre des formations qualifiantes, puisées dans des listes correspondant aux besoins des entreprises, ce qui est « une évolution pour ne pas dire une révolution, selon Bruno Boussel. Les partenaires sociaux, le conseil régional et l’État vont devoir travailler ensemble encore mieux qu’auparavant pour établir ces listes, dans lesquelles on retrouvera les besoins régionaux prioritaires en compétences : métallurgie, hôtellerie-restauration, métiers de bouche... Mais comme les besoins évoluent en permanence, les acteurs de la formation devront être en veille »… notamment pour proposer des formations dans le sanitaire et social, le numérique, la pharmacie-cosmétologie ou encore le BTP, comme l’explique Cédric Ménindes (Cesi et FFP Centre), partie prenante des observatoires des métiers pilotés par le GIP Alfa Centre. La réforme est censée « simplifier la gouvernance nationale et régionale de la formation professionnelle et de l’emploi », en fusionnant le CNE
(Conseil national de l’emploi) et le CNFPTLV (Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie), réunis en un Cnefop (Conseil national de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle) et en supprimant le DIO (Délégué à l'information et à l'orientation). Ouf !!! A l’échelon régional, le Cnefop se déclinera en Crefop (Comités régionaux de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles) chargés « d’assurer la coordination entre les acteurs des politiques d'orientation, de formation professionnelle et d'emploi et la cohérence des programmes de formations dans la région ». Ce Crefop sera co-présidé par le préfet et le président du conseil régional et sa vice-présidence sera assurée par les partenaires sociaux. « Le bureau du Crefop sera le lieu stratégique, structurant, de l’emploi et de la formation professionnelle où se retrouveront les acteurs régionaux de l’État, de la Région et des partenaires sociaux représentatifs pour établir des listes », confirme
Bruno Boussel. La réforme prévoit aussi la création d’un… Copinef (Comité paritaire interprofessionnel national pour l’emploi et la formation), constitué des organisations syndicales et patronales représentatives au niveau national et interprofessionnel, chargé de définir les orientations politiques paritaires en matière de formation et d’emploi, d’assurer leur suivi et leur coordination avec les politiques menées par les autres acteurs. Ce Comité devra aussi élaborer la liste nationale des formations éligibles au CPF au niveau national et interprofessionnel. Le Copinef sera relayé en région par les Copiref (Comités paritaires interprofessionnels régionaux pour l’emploi et la formation, ne réunissant que les partenaires sociaux), les exCopire, responsables du déploiement des politiques paritaires en matière d’emploi et de formation, qui seront consultés sur la carte régionale des formations professionnelles initiales et établiront des listes régionales des JH formations éligibles au CPF.
La Lettre Valloire - Mars 2014 23
Dossier
Formation
CE QUI CHANGE POUR LE MONDE DE LA FORMATION
Attention aux fraudeurs Les vérifications du service ad hoc de la Direccte seront renforcées. Entreprises mais aussi organismes de formation seront soumis à une surveillance accrue. Thierry François
L
a réforme de la formation professionnelle doit déboucher sur « une vigilance accrue des services en charge du contrôle des conditions de réalisation des actions de formation professionnelle et un durcissement de la réglementation et des sanctions à l’encontre des organismes de formation se livrant à des manœuvres frauduleuses », rappelle Thierry François, chef du service régional de contrôle de la formation professionnelle à la Direccte Centre (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation et de l’emploi). La mission de ce service composé notamment de trois inspecteurs et un contrôleur du travail, est aujourd’hui de délivrer un numéro d’enregistrement à tous les organismes de formation professionnelle (on en comp-
24 La Lettre Valloire - Mars 2014
te précisément 2 599 en région Centre, qui réalisent une facturation cumulée de 305 M€). « Nous ne nous positionnons pas sur la qualité et la pertinence des formations délivrées, précise-t-il, mais plus particulièrement, pour ce qui concerne les organismes de formation, sur des vérifications administratives (respect de la réglementation, par exemple sur les contrats passés avec des particuliers pour bien valider leur rédaction selon les règles de l’art, avec les prérequis nécessaires pour suivre la formation) et financières (contrôles visant à s’assurer que les fonds sont bien engagés au titre de la formation ou que les prestations facturées ont bien été réalisées), avec des redressements lourds en cas d’inobservance des règles ou de fraude avérée. Mais la Direccte vérifie aussi que les
prestations rentrent bien dans le champ de la formation professionnelle. « Nous contrôlons aussi les organismes qui proposent des prestations de bien-être, de développement personnel ou bien encore des actions touchant à des pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique ne relevant pas de la formation professionnelle. Le service est également en charge de vérifier que les entreprises sont en règle avec leur obligation de financer la formation professionnelle, des Opca et des Octa régionaux. Soit au total, plus de 6 500 entités contrôlables au plan régional pour une masse financière totale contrôlable de 560 M€ ». En 2013, ce service a vérifié l’équivalent de 14,5 M€ de cette masse financière lors de 146 contrôles donnant lieu à 460 000 € de sanctions. JH
La Fédération de la formation professionnelle en quelques chiffres Au plan national, la FFP, organisation créée en 1991, fédère et représente plus de 400 organismes privés de formation professionnelle et leurs 2 000 établissements, qui réalisent 1,5 Md€ de CA et accueillent 3 millions d’apprenants par an. Acteur majeur du secteur, elle agit depuis vingt ans au service de la représentation et de la promotion de l’offre privée de formation, qui couvre les trois quarts des besoins du marché. En région Centre, la FFP compte 25 adhérents (46 établissements), pour 30 M€ de CA et 75 000 apprenants. « Nous tenons au respect de la libre concurrence sur un marché qui se veut ouvert, précise Cédric Ménindes, son président régional, et nos adhérents sont tous engagés dans une démarche de qualité de formation certifiée par la qualification OPQF. » L’ANI du 14 décembre 2013 entre, selon la FFP, dans la logique d’un plan destiné à « aider les entreprises à mieux valoriser les dépenses affectées aux ressources humaines en leur permettant de les considérer comme des investissements qui doivent notamment pouvoir faire l’objet d’amortissements comptables » et à « mettre en évidence le lien entre formation et performance économique des entreprises ».
La Lettre Valloire - DĂŠcembre 2013 45
Dossier
Formation
Le rôle des Opca sera renforcé Après la réforme, les Opca ne pourront plus se contenter de faire de la collecte ; ils devront se positionner en offreurs de services complets aux entreprises... à condition qu’ils en aient les moyens et que les montants de la collecte suivent.
L
es Opca vont basculer du métier de collecteur des fonds de l’entreprise à celui de véritable prestataire de services et de partenaire formation, chargé de l’aider à optimiser ses coûts et de vérifier la qualité des formations suivies par ses salariés. Une révolution ! « Les Opca ne pourront plus se contenter de faire de la collecte, ils auront des missions renforcées de conseil et d’ingénierie, en priorité orientées vers les PME », précise Bruno Boussel, délégué général du Medef Centre. « Les Opca devront se positionner en offreurs de services complets aux entreprises, confirme Bruno Gonzague, du cabinet Actiforces, à condition qu’ils en aient les moyens et que les montants de la collecte suivent. » Or c’est bien ce que craint Gérard Gautier, président de la CGPME du Loiret : « Tous les Opca vont être pénalisés, car ils vont perdre 30 à 50 % de ressources et pourront ainsi moins aider les PME dans leurs plans de formation. ». Le nombre des organismes collecteurs doit passer de 193 à 46, en vertu de la fusion des Opca et des organismes collecteurs de la taxe d’apprentissage (Octa), ce qui entraînera
26 La Lettre Valloire - Mars 2014
une importante économie d’échelle au niveau de la collecte. Il n’y aura plus que 20 Opca et Octa nationaux et 26 Octa régionaux, au lieu des actuels 54 Octa nationaux, 93 Octa régionaux, 20 Opca et 26 Fongecif régionaux (qui perdent la collecte des fonds pour le CIF). « L’ANI et le projet de loi donnent comme missions nouvelles aux Fon-
gecif de délivrer des conseils professionnels aux salariés et aux demandeurs d’emploi, et de s’assurer de la qualité des formations dispensées par les organismes de formation », précise Didier Petit, viceprésident (Medef) du Fongecif, institution qui fait pleinement partie du service public régional de l’orienJH tation.
Plus de transparence dans le financement syndical « Il n'y aura plus besoin de faire un rapport parlementaire secret pour y voir clair » en matière de financements des syndicats et du patronat, a promis le ministre du Travail, Michel Sapin, en faisant allusion au rapport de 2011, rapidement classé, de l’ancien député-maire de Blois Nicolas Perruchot. La formation professionnelle ne pourra plus servir à financer le fonctionnement des organisations syndicales et patronales. Leur financement sera, en effet, déconnecté des fonds de la formation, avec la fin du « préciput », ce prélèvement de 1,5 % sur les collectes des Opca (65 M€ actuellement). Ces organisations fonctionneront à l’avenir grâce au produit, abondé par l’État, d’une taxe différente, comprise entre 0,014 % et 0,020 % de la masse salariale de toutes les entreprises, dont le montant devrait rapporter entre 75 et 110 M€. Et elles devront rendre compte de l’utilisation des sommes en toute transparence… Si le Medef salue « une vraie volonté de différencier le financement du paritarisme de la collecte », il rappelle aussi que « pour l'indépendance des partenaires sociaux, il est nécessaire d'asseoir leur financement sur la cotisation de leurs adhérents avant tout ».
Pascal Bailler-Geon, directeur d’Opcalia Centre
Opcalia Centre en action pour accompagner les entreprises et leurs salariés Saluant la nouvelle loi portant sur la réforme de la formation professionnelle, Pascal Bailler-Geon, directeur, affiche les ambitions d’Opcalia Centre : être un véritable ensemblier de la formation et de la gestion des compétences, afin de faciliter l’action des entreprises et des salariés de la région. OPCALIA A DÉJÀ VÉCU UNE MUTATION IMPORTANTE L’AN PASSÉ EN RAISON DU REGROUPEMENT DES OPCA. POUVEZ-VOUS EN RAPPELER LES GRANDES LIGNES ? Nous avons continué à accueillir de nouvelles branches professionnelles qui ont souhaité offrir à leurs entreprises service de proximité et accompagnement personnalisé grâce à notre présence sur l’ensemble du territoire. Ainsi, en région Centre, nous sommes présents physiquement sur tous les départements et 31 branches professionnelles plus 11 secteurs d’activité sont venus rejoindre notre réseau interprofessionnel et interbranches régional et national. QUELS SONT LES AVANTAGES POUR LES ENTREPRISES ET LES SALARIÉS DE LA FUTURE LOI SUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE ? En premier, la simplicité, puisque l’entreprise ne versera plus qu’une seule contribution unique selon sa taille. Le salarié, lui, pourra accéder directement à la gestion de son compte personnel de formation d’une manière personnelle et individuelle. Et puis, surtout, la liberté : l’entreprise dimensionnera, chaque année, son plan de formation en raison de ses besoins réels et non pas par obligation financière. Le salarié, quant à lui, pourra choisir seul des formations. QU’EST-CE QUE LA NOUVELLE LOI VA CHANGER DANS LES RELATIONS ENTRE LES ENTREPRISES ET LEURS SALARIÉS ? L’entreprise va devoir, différemment, anticiper ses besoins en emplois et en compétences pour accompagner ses salariés dans une perspective d’évolution professionnelle en termes de qualifications. Le salarié va devenir, encore plus, acteur de son parcours professionnel. Il pourra désormais le construire dans et en dehors de l’entreprise avec l’entretien professionnel, le conseil en évolution professionnellle et le compte personnel de formation. Les notions de co-investissement, de parcours tout au long de la vie vont devoir se construire d’une manière plus formalisée et dans le cadre d’une collaboration à adapter selon la taille de l’entreprise. COMMENT OPCALIA CENTRE COMPTE-T-IL RÉPONDRE À CETTE ÉVOLUTION LÉGISLATIVE ? Depuis de nombreuses années, Opcalia Centre accompagne les chefs d’entreprise et les managers dans la détection, le recensement et la formalisation des évolutions en compétences de leurs salariés. Ces missions de conseil, de mise à disposition d’outils créés par Opcalia ont été développées bien avant cette nouvelle réforme. Il s’agit plus pour Opcalia Centre d’une généralisation de sa démarche envers les entreprises et notamment les TPE-PME. Mais son action ne s’arrête pas là : le recrutement, l’alternance, les relations avec les organismes de formation, la construction de cofinancements, les démarches qualité sont autant de champs qu’Opcalia Centre développe en partenariat avec les entreprises et les acteurs régionaux de la formation. Notre objectif est d’être reconnu comme un véritable ensemblier de la formation et de la gestion des compétences afin de faciliter, au quotidien, l’action des entreprises et des salariés de notre région. Mais avant tout cela, nous n’oublions pas notre rôle d’information et d’explicitation par rapport à cette loi, et de nombreuses réunions départementales ainsi qu’une réunion régionale* sont déjà proposées sur notre territoire à toutes les entreprises qui peuvent encore OPCALIA CENTRE (siège régional) s’inscrire. 22 rue de la Vallée Maillard - BP 80008 41913 Blois Cedex 9 - 02 54 90 40 40 *le 10 avril à Blois. Inscription : www.opcalia-centre.com accueil@opcalia-centre.com
Dossier
Formation
JEAN-PATRICK GILLE, DÉPUTÉ PS DE LA 1RE CIRCONSCRIPTION D’INDRE-ET-LOIRE ET RAPPORTEUR DE
« On passe d’une obligation fiscale Rapporteur de la loi sur la formation professionnelle, Jean-Patrick Gille considère que ce texte réformateur amplifie les droits des salariés et des demandeurs d’emploi. Tout en allégeant la charge financière et administrative qui pesait sur les entreprises. La Lettre Valloire : Quels sont les enjeux de cette loi qui se trouve aujourd’hui dans le circuit de l’approbation parlementaire ? Jean-Patrick Gille : Le gouvernement s’est emparé du sujet dans une logique de clarification et de simplification pour les entreprises, d’une part, et d’amélioration de l’accès de tous les salariés à la formation professionnelle, d’autre part. On le sait bien : un cadre galonné d’un grand groupe parisien peut plus facilement faire valoir ses droits à la formation qu’une jeune femme issue de l’immigration employée par une PME de service, si on veut faire simple ! L’expérience montre donc que ce sont souvent ceux qui ont le plus besoin de formation… qui en sont le plus éloignés. Il s’agit bien d’opérer une petite révolution par rapport à la loi Delors qui date tout de même de 1971. Pour les entreprises, il convient de passer d’un modèle où elles n’avaient finalement qu’à s’affranchir d’une obligation fiscale – c'est-à-dire le versement d’une cotisation de 0,9% de la masse salariale à laquelle s’ajoute une cotisation de 0,7% au titre notamment du Congé individuel de formation (CIF) pour les plus importantes d’entre elles – à une obligation de formation proprement dite. Les entreprises doivent résolument entrer dans l’ère de la responsabilité sociale dans ce domaine, ce qui correspond d’ailleurs à l’évolution de la jurisprudence qui atteste que les
employeurs se doivent de préserver et d’améliorer les compétences de leurs salariés. La Lettre Valloire : Comment cette « petite révolution» va-t-elle se concrétiser ? Jean-Patrick Gille : Concrètement, et sur le plan du financement, les entrepreneurs ne vont plus cotiser qu’à hauteur de 1 % de la masse salariale brute ou MSB (0,55 % pour les entreprises de moins de 10 salariés). Par ailleurs, l’obligation de dépense de 0,9 % de la MSB des entreprises est supprimée. Le gouvernement et le législateur ont considéré que ces entreprises proposaient et finançaient déjà de manière significative des programmes de formation qui vont bien audelà de cette obligation. En pratique, chaque salarié disposera à partir du 1er janvier 2015 d’un Compte personnel de formation qui se substituera à l’actuel DIF (Droit individuel à la formation). Il sera abondé à hauteur de 24 heures par an jusqu’à ce qu’il atteigne un total de 120 heures. Le salarié sera incité à utiliser ce compte puisque nous avons prévu de plafonner le quota d’heures dont il disposera ; j’ajoute que les salariés ne partiront pas de zéro. Ils devraient, en effet, disposer dès 2015 des transferts des heures du DIF. La Lettre Valloire : La loi prévoit-elle des règles d’opposabilité à d’éventuelles réticences des employeurs ? Jean-Patrick Gille : Oui, bien sûr, bien que je fasse totalement confiance aux employeurs, qui financent près de 40 % du montant affecté à la formation professionnelle en France, pour prendre conscience que l’amélioration de l’employabilité de leurs salariés est un enjeu majeur. Et que celle-ci ne se fait pas contre les intérêts de l’entreprise ! Reste qu’il fallait bien organiser tout cela. Ainsi, les salariés pourront librement utiliser leur compte, sans délai et sans que soit requis un quelconque accord préalable, lorsque les formations demandées viseront à permettre l’acquisition du socle minimum de connaissances et de compétences. Cette disposition s’adresse, bien évidemment, aux salariés les plus vulnérables. Il en ira de même lorsque le projet de formation du demandeur s’inscrira dans une démarche de validation des acquis de l’expérience (VAE). Bien sûr, le succès de ce nouveau dispositif reposera sur la qualité de son appropriation par les salariés eux-mêmes.
LA LOI PORTANT SUR LA RÉFORME DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
à une obligation de former » La Lettre Valloire : La CGPME a fait part de sa très vive inquiétude, voire de sa colère, face à la suppression d’une certaine forme de mutualisation des fonds qui risque de pénaliser les plus petites entreprises. Ses craintes sont-elles justifiées ? Jean-Patrick Gille : La réaction de la CGPME a été un peu disproportionnée, et sans doute en partie alimentée par la rivalité qui l’oppose au Medef. Mais j’admets qu’il existait un risque pour que les modifications des règles de financement pénalisent les plus petites entreprises qui profitaient pleinement de la mutualisation. J’observe au passage que l’un des problèmes de fond résidait également dans l’habileté de certaines TPE à accaparer les financements au détriment de celles moins entraînées à l’exercice ! Nous avons donc prévu d’affecter une partie de la contribution acquittée par les entreprises de plus de 10 salariés au financement des plans de formation des TPE. Les fonds prélevés pour le Compte personnel de formation qui ne seront pas dépensés reviendront vers le plan de formation des entreprises de 10 à 50 salariés. Cette disposition me semble de nature à
rééquilibrer l’ensemble du système qui sera piloté par la Caisse des dépôts. La Lettre Valloire : La loi dont vous êtes le rapporteur dépasse le strict champ de la formation professionnelle ? Jean-Patrick Gille : En effet, puisque nous proposons aussi une réforme du fonctionnement de l’inspection du travail ainsi que des comités d’entreprise. Je suis d’ailleurs surpris qu’une disposition simple inscrite dans la loi, celle qui propose tout simplement de créer un mandat de trésorier au sein des comités d’entreprise – ce qui n’était pas le cas jusqu’alors –, n’ait pas été davantage commentée par vos confrères. Elle est pourtant, de mon point de vue, de nature à limiter certains excès.
Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier
La Lettre Valloire - Mars 2014 29
Économie
En bref
LSDH RACHÈTE LES CRUDETTES a direction de La Laiterie de St-Denis-de-l’Hôtel (LSDH) a racheté, en date du 27 novembre, la société Les Crudettes, une filiale du groupe Pomona. Cette dernière, qui emploie 280 personnes à Châteauneuf-sur-Loire (45) et 200 à Cabannes (13), est spécialisée dans les salades en sachets et, depuis peu, dans la transformation (« Crud’Wich », des sandwiches wraps avec une feuille de salade à la place de la galette, des salades repas et des fruits découpés à croquer, (voir ci-contre) : elle a réalisé 76 M€ de CA en 2012. La Laiterie de St-Denis-de-l’Hôtel (LSDH), dirigée par Emmanuel Vasseneix, annonce un CA de 360 M€ avec un CA consolidé, intégrant des filiales, de près de 600 M€ sur 2012. Le communiqué de la direction précise que Les Crudettes continueront à fonctionner de manière indépendante, en étroite collaboration avec LSDH (Châteauneuf-sur-Loire est distant de 5 km de St-Denis-del’Hôtel), « l’objectif étant de renforcer la fédération de PME aujourd’hui constituée d’entreprises partageant les mêmes valeurs ».
L
CHIMIREC REPREND UNE ACTIVITÉ D’ÉCOLOGISTIQUE Chimirec, qui a supprimé récemment 17 postes sur 28 à La Roche-Clermault (37) en raison de l’arrêt de la régénération de solvants, vient de racheter l’activité de valorisation d’emballages industriels du groupe Écologistique, hébergée sur le site de Courtenay (45) : celle-ci concerne 35 des 52 salariés d’une unité qui est également spécialisée dans la
30 La Lettre Valloire - Mars 2014
formulation à façon de produits de chimie verte, le conditionnement en emballages industriels et grand public de produits répondant aux chartes Ecolabel.
GRIMAUD RACHÈTE GALOR
Moins d’un an après avoir fermé le couvoir de canetons du Moulin-Brûlé, à St-Branchs (37), le groupe choletais Grimaud (300 M€ de CA) revient en Touraine. Il vient, en effet, de racheter au Breton Amice Soquet (55 M€ de CA) la société Galor France, un spécialiste de l’accouvage de pintades installé dans les communes voisines d’Amboise et Souvigny-de-Touraine : Galor regroupera les activités pintades du groupe Grimaud, qui
possède un centre à La Rivais (44) : l’ensemble va représenter une cinquantaine de salariés et 6,5 M€ de CA.
MEROT-SODEX REPRIS PAR RJG MECATRONIC Le groupe RJG Mecatronic, qui exploite notamment la société Meng (35 salariés, 3,8 M€ de CA) à Rixheim, près de Mulhouse (68), a repris à la barre du tribunal les actifs de la société lochoise Merot-Sodex, qui conçoit et fabrique des transformateurs moyenne et basse tension. Cette dernière (28 salariés, 3,1 M€ de CA en 2011) avait été placée en liquidation
judiciaire en début d’année, suite aux difficultés de sa maison mère, la Savoyarde Chappel Industries, qui avait repris la société en septembre 2011. Le projet s’appuie sur la reprise de 20 salariés et sur la spécialisation de l’unité industrielle de Loches (37) dans la fabrication de transformateurs de forte puissance.
CHANEL MET SA GRIFFE SUR BODIN-JOYEUX La célèbre marque de luxe Chanel s’est emparée du tanneur Bodin-Joyeux de Levroux (36), une entreprise créée en 1860 qui a forgé initialement sa réputation sur la fabrication de parchemins, puis est devenue, au fur et à mesure des années, un spécialiste de l’agneau plongé. Bodin-Joyeux, qui maîtrise le cycle complet du tannage, du
travail de rivière jusqu’à la teinture, emploie aujourd’hui une centaine de collaborateurs et produit 450 000 peaux par an. L’agneau plongé est notamment utilisé pour la fabrication des fameux sacs matelassés de la maison Chanel.
… ET MECI AVEC SAMSUNG Les entreprises issoldunoises sont décidément en verve. Après Zodiac, Mesure et Contrôle Industriel (Meci) a décroché un contrat de 2 M€ avec le Coréen Samsung Heavy
de l’Australie et exploité par le Japonais Inpex. Rappelons que la société Meci a été reprise en 2009 par le fonds Turenne Capital, qui l’a associée à la PME bretonne Satam, au sein de la holding Countum (20 M€ de CA, 130 salariés au total).
L’IMPRIMERIE CLERC SE REDRESSE
Industries afin de lui fournir un télécompteur, mêlant chromatographie et ultrasons, pour le comptage de gaz. Celui-ci permettra de certifier les volumes et la puissance fournis en gaz sur un gisement offshore situé au large
Reprise à la barre du tribunal en septembre 2013 par Pierre Monièque, l’imprimerie Clerc (6,3 M€ de CA, une cinquantaine de salariés) de St-AmandMontrond (18), a diversifié ses activités liées à l’édition en se lançant sur les marchés de l’affichage, de la PLV et des catalogues d’entreprises. Après avoir acquis une nouvelle plieuse pour un montant
À ISSOUDUN, ZODIAC SIGNE AVEC AIR FRANCE… L’usine Zodiac Seats France (ex-Sicma) d’Issoudun (36) vient de remporter un très important contrat avec Air France. Elle va, en effet, fabriquer le nouveau siège qui équipera les Business Class des 44 Boeing 777. Ce produit, qui a nécessité un investissement en R&D de près de 200M€, devrait permettre à la compagnie aérienne de remonter en niveau de service face à des concurrents comme Emirates ou Singapour Airlines. Ce siège est conçu pour se déployer à 180° et se transformer en lit de 1,96 m par 0,66 m ; il offrira tout un panel de services numériques. La commande, qui est évaluée à 105 M€, porte sur la livraison de 2 102 sièges. de 240 000 €, l’entreprise envisage d’engager près de 3 M€ fin 2014 ou début 2015 dans une nouvelle machine
d’impression ; elle conditionne cependant ce projet à la réalisation d’objectifs commerciaux.
La Lettre Valloire - Mars 2014 31
Économie
Financement
Bpifrance s’enracine en région Le 17 février, la direction régionale Centre de Bpifrance présentait les résultats obtenus lors de sa première année d’existence, un an tout juste après avoir été portée sur les fonts baptismaux. Au-delà des quelque 800 M€ engagés auprès des entreprises régionales en 2013, la banque publique d’investissement aimerait que l’horizon économique s’éclaircisse pour adopter une politique de financement plus offensive. – des entreprises, la garantie de crédits, les prêts à court terme et le soutien à l’innovation. Pour ce qui concerne le premier, elle a débloqué 185 M€ qui ont permis, en partenariat avec les banques et les investisseurs en fonds propres, la mise en
en 2005 avec la BDPME et Sofaris pour donner naissance à Oséo, Bpifrance Centre a accompagné 98 projets à hauteur de 18 M€, ce qui a généré 50 M€ de concours privés et publics. L’établissement a aussi investi en direct dans 3 PME et est intervenu
“ SELON BPIFRANCE, L’INVESTISSEMENT N’EST PAS REPARTI EN 2014 place de 593 M€ de financements. La direction régionale Centre a également garanti 2 538 prêts bancaires aux entreprises pour une somme globale de 304 M€. L’activité de prêts à court terme a été soutenue, avec pas moins de 1 168 interventions sur les trésoreries, totalisant 416 M € d’avances sur titres de créances, une activité en hausse de 22 % par rapport à 2012 (Oséo). Au titre du pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi, 30 M€ ont été utilisés pour renforcer les trésoreries et 27 M€ pour préfinancer le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) de 555 entreprises. Enfin, dans le cadre de sa mission de promotion de l’innovation, prérogative jadis de l’Anvar, fusionnée
“
H
asard du calendrier, c’est le 17 février, jour où le Président de la République tentait de convaincre les investisseurs étrangers des charmes de la France, ponctuant son plaidoyer pro domo d’une visite des installations chartraines du laboratoire pharmaceutique danois Novo-Nordisk, que la direction régionale de Bpifrance présentait les résultats de sa première année d’activité dans les locaux d’une entreprise qu’elle a aidée, absolem.com à Ormes (45). Successeur d’Oséo, de CDC Entreprises, du FSI et du FSI Régions, la banque publique d’investissement née en février 2013, il y a donc tout juste un an, s’appuie sur des directions régionales – héritées d’Oséo – qui se veulent proches du terrain. Celle d’Orléans, qui couvre le territoire de la région Centre avec l’aide de sa délégation de Tours, a distribué 812 M€ à 3 624 entreprises en 2013, déclenchant plus de 1,5 Md€ de concours privés et publics. L’an passé, Bpifrance Centre a exercé ses quatre métiers : le financement – ou co-investissement
en fonds propres dans 21 entreprises pour près de 67 M€. À fin septembre 2013, via ses fonds partenaires, Bpifrance a investi dans 10 PME et souscrit 62 M€ dans 7 fonds régionaux ou interrégionaux susceptibles d’intervenir en région Centre. Mais, dans une période toujours aussi difficile – « L’investissement n’est pas reparti en 2014 », confirme le directeur régional Hervé Bazin –, Bpifrance aimerait être plus offensif et accompagner le redémarrage du secteur productif. En attendant, le financement des trésoreries continuera d’être une préoccupation majeure de 2014 ; la banque publique devrait relever le plafond de garanties des concours bancaires accordées aux TPE, en le portant de 100 000 € à 200 000 €. Et, peut-être, recréer un outil – sur le modèle de l’ancienne Banque française du commerce extérieur (BFCE), disparue en 1996 – pour aider, sous forme de crédits de trésorerie à l’export, les entreprises françaises à la conquête des marchés étrangers. François-Xavier Beuzon
32 La Lettre Valloire - Mars 2014
LA CESSION D’USUFRUIT TEMPORAIRE DES PARTS DE SCI COMME TECHNIQUE D’OPTIMISATION DE VOTRE PATRIMOINE Rencontre avec Nicolas DUVIVIER, juriste en droit des sociétés et spécialiste en gestion de patrimoine du cabinet DUVIVIER & ASSOCIÉS. Parmi les choix les plus importants que doit faire le chef d’entreprise figure celui du mode de détention de l’immobilier d’entreprise. Très souvent l’immobilier d’entreprise est détenu soit directement par le chef d’entreprise, soit par une SCI à l’impôt sur le revenu ou à l’impôt sur les sociétés. Dans les deux premiers cas, vous ne bénéficiez pas de revenus pendant toute la durée de l’emprunt mais vous êtes néanmoins fiscalisé au taux maximal de 60,50 % (à l’impôt sur le revenu à 45 % et aux prélèvements sociaux à 15,5 %). Par ailleurs, les loyers ne vous permettront que très rarement de financer votre impôt sur le revenu. À ce titre, vous devrez utiliser une autre source de revenu pour financer cette imposition. Ce système est néfaste pendant la perception des revenus, cependant son efficacité à long terme est connue : la cession du bien immobilier ou des parts de la société après 22 ans de détention se fera en franchise d’impôt sur le revenu et au bout de 30 ans en franchise de prélèvements sociaux. La détention par une SCI à l’impôt sur les sociétés procède d’une logique inverse à la précédente ; la fiscalité sur les revenus est maîtrisée. Cependant, la fiscalité latente est confiscatoire à la sortie de l’immeuble qui aura été partiellement ou totalement amorti. En cas de revente du bien immobilier, la plus-value de cession est taxée à l’impôt sur les sociétés. En cas de revente des parts sociales, elle est taxée à l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux. Ensuite, il convient de liquider ladite SCI, ce qui entraîne une nouvelle imposition, cette fois à titre personnel ; c’est ce que l’on appelle « la cascade d’impôts » qui est extrêmement lourde (déperdition de près de 60 % du prix de vente de l’immeuble entre l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur le revenu). C’est pourquoi nous proposons à nos clients un schéma intermédiaire reposant sur le démembrement de propriété permettant de combiner les avantages des deux schémas précédents. Le démembrement de propriété est une technique issue du droit romain reposant sur deux droits réels, l’usufruit d’une part et la nue-propriété d’autre part. L’usufruit permet à son titulaire de pouvoir jouir d’un bien dont un autre a la propriété. Cette jouissance s’illustre soit directement (occupation du bien) soit indirectement (perception d’un revenu). Le nu-propriétaire possède quant à lui un droit futur à la propriété. Le démembrement de propriété peut porter sur des parts de société. L’ingénierie consiste pour des personnes physiques à céder à la société d’exploitation l’usufruit temporaire des parts d’une société civile. Cette technique peut tout d’abord s’appliquer lors de l’acquisition de l’immeuble. Ici les possibilités financières du chef d’entreprise sont souvent limitées et ne permettent pas d’acheter la nue-propriété de l’immeuble. Il est alors conseillé de constituer une SCI destinée à acquérir la pleine propriété de l’immeuble. Intervient ensuite la cession de l’usufruit temporaire des parts au profit de la société d’exploitation. La stratégie peut également s’appliquer en cours de vie de la SCI, notamment au
moment où la pression fiscale subie par les associés devient intolérable du fait de la dégressivité de la déduction fiscale des intérêts d’emprunt. 1) Intérêts pour la SCI • Le résultat sera déterminé selon les règles des bénéfices industriels et commerciaux. • Les frais d’acquisition pourront ainsi être déduits de son résultat. • Elle pourra amortir l’immeuble inscrit à son bilan. • Le résultat sera imposable entre les mains de la société d’exploitation. 2) Intérêts pour la société d’exploitation • Elle versera des loyers à la SCI qui constituent pour elle des charges déductibles. • Le droit d’usufruit des parts sociales sera inscrit à son actif et sera amorti. • La société sera, en tant qu’usufruitière, bénéficiaire des revenus de la SCI. Le résultat de la SCI sera ajouté à son propre résultat pour être imposé à l’impôt sur les sociétés. • Elle réalisera une économie importante par rapport à une situation locative classique. • Le résultat excédentaire pourra être distribué ou placé sur un contrat de capitalisation. • Elle maîtrise les droits de vote de la SCI, ce qui lui assure une pérennité d’occupation des locaux pendant le démembrement. 3) Intérêts pour les associés personnes physiques • Ils ne percevront pas de revenus fonciers pendant la durée de l’usufruit. • Ils réaliseront ainsi une économie d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux significative sur la période. • Le produit issu de la cession pourra être placé et servir de nantissement pour l’achat de l’usufruit par la société d’exploitation ou encore réinvesti en immobilier. • À l’extinction de l’usufruit temporaire, les associés nus-propriétaires retrouveront la pleine propriété des parts sociales de la SCI sans aucune incidence fiscale. • Ils pourront procéder à une donation de la nue-propriété des parts au profit de leurs enfants afin d’anticiper la transmission successorale. 4) Précautions indispensables pour la validité du montage • Une étude juridique, fiscale et financière préalable devra être effectuée par des experts. • Les statuts de la SCI devront prévoir des clauses spécifiques au démembrement. • Seule une valorisation économique précise de l’usufruit sera acceptable. SYNTHÈSE TIRÉE D’UN CAS CONCRET • Sommes nettes d’impôt capitalisées pour M. et Mme X sur cession d’usufruit temporaire
240 000 €
• Revenu net supplémentaire pour la société d’exploitation par rapport au schéma locatif classique
125 000 €
• Économie d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux sur la période pour M. et Mme X
390 000 €
• Produit net minimal sur cession immeuble au terme
700 000 €
40 COLLABORATEURS AU SERVICE ET À L’ÉCOUTE DE PRÈS DE 1 500 ENTREPRISES Cabinet DUVIVIER & ASSOCIÉS 112, rue de Boisdenier 37000 TOURS Tél. 02 47 05 79 18 E-mail : tours.boisdenier@duvivieretassocies.fr
www.duvivieretassocies.fr
Cabinet DUVIVIER & ASSOCIÉS 7, quai de la Saussaye 41000 BLOIS Tél. 02 54 74 73 61 E-mail : blois@duvivieretassocies.fr
Économie
Mécanique
Les bons tuyaux de Métaplast La société blésoise Métaplast, spécialisée depuis 1986 dans le travail du tube cintré et des raccords métalliques, a augmenté son chiffre d’affaires de 20 % en 2013 et ne compte pas s’arrêter là.
E
nviron 400 000 € : c’est la somme qui est consacrée chaque année par Métaplast à son usine de 5 200 m² de la ZA des Arpents, à Blois. Les locaux ont ainsi été agrandis et du matériel acquis. Un laMétaplast est connu pour son process ser tube, pour réaliser des protode brasage au cuivre. types ou des petites séries, des cinLes pièces sortent treuses automatiques et des « twin » étanches et robots pour la soudure sont autotalement jourd’hui à la disposition des 44 sasolidaires du four.
lariés que compte l’entreprise créée il y a 28 ans. Si son CA a progressé de 20 % en 2013, à 7,8 M€ de CA, elle vise les 9 M€ en 2014. Métaplast traite des marchés importants en France et exporte vers les États-Unis, l’Allemagne, le Mexique, l’Argentine ou encore la République tchèque. Le processus de brasage au four, qui permet d’assembler des pièces métalliques entre elles (le résultat est appelé brasure), a construit sa réputation. « Nous avons beaucoup investi depuis 2009 et nous continuons. Nous disposons d’un bureau d’études et d’un service qualité. Nous sommes en train d’automatiser nos machines pour être plus performant et avons formé notre personnel à la pratique de l’anglais, précise le directeur Frédéric Aguenier, 48 ans, qui a racheté la société en 2005. Nous travaillons actuellement sur un rythme en 3x8 et même le samedi matin pour répondre aux différentes commandes. Sinon, cela ne passerait
pas. » Les secteurs automobile et agricole, avec des clients comme Peugeot et John Deere, constituent les principaux débouchés de l’entreprise mais Métaplast, qui sous-traite aussi pour le secteur travaux publics, vise en 2014 d’autres marchés, notamment celui de la mécano-soudure et du mobilier médicalisé (lits, meubles, bureaux, etc.). « Avec la crise de 2008, l’activité automobile a reculé. Nous essayons donc de développer cette nouvelle partie. Nos investissements vont dans ce sens », ajoute Frédéric Aguenier. Loin de s’endormir sur ses acquis, Métaplast fourmille de projets. Dans les cartons, le souhait d’obtenir un produit propre. « Nous effectuons déjà bien sûr un tri sélectif mais aimerions aller plus loin, notamment en décrochant la certification ISO 14000, confie son directeur général. Nous disposons des compétences, reste à trouver l’idée ! » Émilie Rencien
Traven Technology ajoute une corde à son arc À St-Amand-Longpré, à côté de Vendôme (41), la société Traven Technology (49 salariés, environ 6 M€ de CA), qui fabrique en petite et moyenne série des colonnes de direction pour les engins de manutention – activité qui représente la moitié de son chiffre d’affaires – et l’automobile, mais aussi des cardans et transmissions industriels, étoffe son of-fre. Dirigée par Jimmy Ravenne, l’entreprise a acquis les machines de la Stamat, un fabricant italien de crémaillères de direction, qu’elle vient de rapatrier à StAmand dans un nouveau bâtiment de 600 m². Le programme a repré-
34 La Lettre Valloire - Mars 2014
senté un investissement de 2 M€, dont environ le quart consacré au volet immobilier. « Cette activité est très complémentaire de la nôtre », se félicite Jimmy Ravenne, qui estime que le CA généré pourrait assez rapidement s’établir à 2 M € . Ce process industriel sera accueilli par une socié-té ad hoc baptisée Traven Steering Rack. Rap-
pelons que Traven Technology est née en 1997 de l’essaimage de deux cadres de la Nacam, l’usine vendômoise spécialisée dans la production de colonnes de direction en grande série.
Crémaillère de direction.
Scoma a sécurisé les bus de Sotchi Implantée à La Loupe, Scoma, spécialisée dans la fabrication de pièces de direction, a équipé les bus qui ont desservi les installations des JO de Sotchi. En verve à l’international, la société prépare une extension.
A
cquise en 1968 par Jean Rédélé, le créateur de l’Alpine, Scoma, installée à La Loupe (28), ne bénéficie pas de la même notoriété que cette illustre marque automobile. Elle est pourtant l’une des meilleures références mondiales – avec près de 1 million de pièces produites chaque année – sur le marché de la conception de rotules et de biellettes de direction pour le ferroviaire et pour tout véhicule roulant civil ou militaire. « Nous nous sommes positionnés sur ces marchés afin de réduire notre exposition aux cycles que connaissent, par exemple, le ferroviaire et le militaire », indique Darius Czarnecki, le directeur général d’une so-
ciété (environ 25 M€ de CA en croissance de 8 à 10 % par an par an), dont la part à l’export s’élève à près de 8%. Récemment, cette réputation lui a permis de remporter un contrat auprès du fabricant de bus russe Gaz. Avec à la clef la fourniture de pièces de direction ultra-sécurisées pour les 450 bus qui ont transporté les athlètes et les VIP lors des récents Jeux olympiques de Sotchi « Nous avons développé un savoir-faire reconnu pour l’équipement de véhicules résistant à de très importants chocs externes, consécutifs par exemple à l’explosion de mines, et répondant à la norme MRAP (Mine Resistant Ambush Protected). » Un savoir-faire qui a aussi
autorisé Scoma à équiper de nombreux véhicules sur les théâtres irakien et afghan… Dans la perspective de l’exploitation de nouveaux brevets, la direction prévoit d’agrandir l’usine de La Loupe (6 000 m2) qui emploie environ 45 salariés, « et une trentaine de robots équivalant à près de 200 salariés », estime Darius Czarnecki. Cette extension d’environ 2000 m2 « pourrait créer une dizaine d’emplois très qualifiés », prévient le dirigeant qui ne cache pas son souhait de bénéficier de soutiens publics. Jean-Christophe Savattier
La Lettre Valloire - Mars 2014 35
Économie
Numérique
Avec la 3D, Bernard Lanchais joue dans la cour des grands Le designer castelroussin de jouets Bernard Lanchais, dont les créations sont éditées chaque année à près de 2 millions d’exemplaires, vient d’améliorer ses phases de prototypage en s’équipant d’un parc d’imprimantes 3D. tée », explique Bernard Lanchais, qui fit ses premières armes chez Hachette en tant que responsable des collections de jeux éducatifs. « Le ludique, c’est notre savoir-faire et notre culture », poursuit le créateur. Mais cet expert du jouet pourrait facilement se tourner vers le serious game industriel : « Nous maîtrisons parfaitement les techniques du pictogramme, très appréciées par les enfants mais aussi par les industriels de l’aéronautique et de l’automobile qui les utilisent pour créer certaines signalétiques. ». Afin de gagner en réactivité et en flexibilité dans le prototypage – qui jusqu’alors était exclusivement réalisé par un petit atelier de sculpture interne – ABL a investi dans l’acquisition de plusieurs imprimantes 3D, ces machines commandées par des logiciels qui permettent de fabriquer en
L
e designer castelroussin Bernard Lanchais, dirigeant du studio de création Ateliers Bernard Lanchais (ABL), est l’un des principaux créateurs de jouets sur le marché français. Mais non content d’avoir séduit les producteurs jurassiens, les Smoby, les Ecoiffier ou autres Majorette, l’équipe (6 personnes, dont 3 indépendants) a également convaincu de gros faiseurs européens et notamment le fabricant allemand Big. « Chaque année, nos créations sont éditées à près de 2 millions d’exemplaires. Nous comptons désormais 500 références, dont la moitié est expor-
36 La Lettre Valloire - Mars 2014
quelques minutes un objet en grandeur réelle. « Ces maquettes nous permettent de tester plus facilement nos créations – notamment auprès de panels d’enfants utilisateurs – tant sur le plan de l’efficacité ludique que sur celui de la sécurité », explique Bernard Lanchais. ABL perçoit environ 1 % de droits d’auteur sur le montant des ventes réalisées par ses clients, soit environ 20 M€. Une première source de revenus à laquelle s’ajoute le produit des prestations et des contrats de service one shot réalisés pour le compte de certains grands comptes. « Il faut que nous innovions sans cesse, que nous préservions une longueur d’avance sur la concurrence », ajoute Bernard Lanchais. Y compris d’ailleurs sur la concurrence déloyale qu’exercent les contrefacteurs… Jean-Christophe Savattier
Tobeca : une imprimante 3D vendômoise À Vendôme, un jeune technicien développe la Tobeca, une imprimante 3D qui séduit une clientèle de passionnés.
En Loir-et-Cher se préparent les standards technologiques de l’industrie du futur ! Adrien Grellet, un jeune « fondu » de technologie, titulaire d’un DUT en informatique industrielle, a mis au point dans son repaire vendômois une imprimante 3D portable, la Tobeca, qui permet de créer des objets dans un volume d’impression de 200x200x200 mm. « Cette machine peut être exploitée sur n’importe quel ordinateur », précise Adrien Grellet. Fonctionnant sous un logiciel intégré et fourni (Repetier Host), elle est livrée, assemblée et testée pour 899 €. Déjà vendue à 75 exemplaires, elle n’a certes pas encore totalement convaincu les professionnels mais séduit les amateurs éclairés. « Ma clientèle est majoritairement composée de particuliers et plus particulièrement de modélistes séduits par ses possibilités et sa plasticité.» La matière première utilisée pour l’impression est biosourcée, puisqu’il s’agit d’amidon de maïs ; mais le geek vendômois travaille aussi à l’utilisation d’un produit issu de la pétrochimie mais aux larges possibilités: le nylon.
La Lettre Valloire - Mars 2014 37
Économie
Énergies nouvelles
Gourmetsir.com fait voyager les saveurs La start-up d’Amboise livre en 48 heures des coffrets-repas dédiés aux spécialités des terroirs. Elle a constitué un catalogue riche de 500 références.
C
réé en novembre dernier dans la pépinière d’entreprises du Val d’Amboise par Christophe Chavalle, le site Gourmetsir.com permet aux particuliers de découvrir les saveurs de nos régions en se faisant livrer des coffretsrepas dédiés aux spécialités d’un terroir. Le but : faire connaître les produits lo-
caux avec des recettes originales et authentiques. C’est en partant du constat que l’offre proposée en magasin « ne reflétait pas la qualité et la richesse de nos régions » que Christophe Chavalle a eu l’idée de créer un site marchand. Pour établir son catalogue riche de 500 références, il a sillonné l’Hexagone à la recherche de produits authentiques et sélectionné personnellement près de 33 producteurs. Gourmetsir.com propose des produits d’épicerie fine mais aussi des formules de coffrets apéritifs ou de repas entiers classés par terroirs (onze ont été choisis) : « Apéritif dans les Calanques » ou « Soirée sur les bords de Loire » sont autant d’invitations au voyage culinaire. Une fois la destination choisie, il suffit de préciser le nombre de
convives et le vin parmi une carte établie par un œnologue. La livraison est assurée sous 48 heures, 72 heures maximum. Les coffrets sont accompagnés de fiches de conseils et d’astuces pour présenter les produits. Gourmetsir tient là la recette du succès puisqu’au moment des fêtes de fin d’année, il a livré plus de 250 coffrets. Christophe Chavalle prévoit désormais une version du site en anglais, en allemand et en néerlandais afin de convertir – si besoin est – les étrangers à la cuisine française ; des boutiques éphémères pourraient également voir le jour afin de faire goûter les produits. Gourmetsir.com n’a donc pas fini de faire voyager les gourmands ! Site web : www.gourmetsir.com/fr Aurélie Vouteau
Sup’Édition, la petite école qui défie les grandes Dernière-née des écoles de multimédia, la Tourangelle Sup’Édition forme aussi bien ses étudiants à la conception de plaquettes que d’applis mobiles ou d’e-books.
A
u début de l’aventure, en 2009, la première promotion de Sup’Édition comptait sept bacheliers. Aujourd’hui, la jeune école tourangelle d’édition multimédia du groupe Esten, hébergée dans les locaux de l’Institut de Touraine, forme sa quatrième promotion d’étudiants. Seize en sortiront diplômés cette année, prêts à postuler chez de grands éditeurs ou dans de plus petites structures (web agency, agences de comLe jeu Harry Potter munication). (Gallimard Jeunesse) Dans la jungle des formations initiales, est une création de monter une école et en assurer la léRoc Édition. gitimité auprès des professionnels n’est pas chose aisée. C’est pourtant le défi relevé par Emmanuel Roc, graphiste et créateur du Studio 38 La Lettre Valloire - Mars 2014
Roc Édition & Multimedia, installé à Tours. « Nous avons bâti un programme pédagogique après un long travail de réflexion sur les besoins des éditeurs. Nos étudiants apprennent aussi bien à concevoir flyers et plaquettes que des applis mobiles et des e-books. » À Sup’Édition, les cours sont assurés par des professionnels. En parallèle, s’ajoutent des stages et des projets éditoriaux. Pour Emmanuel Roc, il est faut coupler l’apprentissage des techniques traditionnelles de l’édition et les avancées numériques. « Grâce à ma maîtrise de notions techniques très diverses, j’ai décroché la réalisation des Petits Incollables (Éditions Play Bac), des calendriers Géo (Prisma Presse) ou du jeu Harry Potter (Gallimard). À travers le cursus Esten, mon but est de transmettre ces
Emmanuel Roc
compétences indispensables aux nouvelles générations de graphistes. Visiblement, ce type de formation plaît aux éditeurs par son caractère très opérationnel mais également aux salariés soucieux de continuer à se former ; ils peuvent suivre notre enseignement via notre organisme For’Media. » Site web : www.groupe-esten,fr Capucine Becker
Invite1chef.com met sa recette sur le web Grâce à Internet, Julien Nguyen fait venir des chefs à domicile.
L
oin des casseroles et fourneaux, Julien Nguyen se destinait, après une licence en communication multimédia à un avenir de graphiste, démarré au sein de la web agency orléanaise Oxynéo. C’était sans compter sur sa passion brûlante de la cuisine. Sa participation à l’émission Masterchef ne l’emmène pas audelà du premier épisode mais lui permet de faire le point sur ses envies professionnelles. « Quand on travaille dans le web, on a toujours plein d’idées, mais 90 % des personnes ne les concrétisent pas », constate le jeune entrepreneur. Après un premier concept de site (rendez-vous en ligne pour médecins, coiffeurs et artisans…), non abouti mais développé par d’autres qui ont reçu le prix de « start-up de l’année », Julien Nguyen ne veut
pas laisser passer une seconde fois sa chance. Il crée alors Invite1chef.com pour mettre en relation des gourmets casaniers et un réseau de chefs œuvrant à domicile. « J’ai démarré le site, courant 2013, avec deux chefs. Aujourd’hui nous sommes une vingtaine à proposer nos services sur Orléans, Tours, Paris, Montpellier, Nantes… L’objectif est d’être plus de cent d’ici à la fin de l’année », explique le fondateur qui a lui-même rejoint la brigade des chefs invités. Le chiffre d’affaires est généré par une commission sur les prestations vendues. Et même si la courbe de croissance de son entreprise n’a pas encore atteint l’inflexion désirée, la notoriété s’installe. « Nous avons 150 à 200 visiteurs uniques par jour. En décembre, nous avons
développé les cartes cadeaux qui ont bien marché. » Quand on l’interroge sur l’avenir, Julien Nguyen se dit « confiant ! C’est une start-up, on prend des risques mais c’est un projet qui a du potentiel. Rendezvous dans deux ans ! ». Site web : www.invite1chef.com
Julien Nguyen
Sarah Louis
La Lettre Valloire - Mars 2014 39
Économie
Chantiers
CHER La commission départementale d'aménagement commercial (CDAC) a répondu favorablement à la demande du promoteur porteur du projet de centre commercial Avaricum (12 000 m²), à Bourges, afin de passer de 9 505 à 9 148 m² de surface de vente purement commerciale. Les 357 m² retranchés seront transformés en restaurants.
montant prévisionnel des travaux est de 460 000 €.
LOIRET
CHER La CdC Vierzon-Sologne-Berry va lancer la réhabilitation de l'ancien site de la Société française de Vierzon, classé monument historique. Les 11 200 m² de ce bâtiment accueilleront le musée de l’histoire industrielle de Vierzon ; une partie abritera un bowling. Le chantier de 2,9 M€ devrait être terminé fin 2014.
EURE-ET-LOIR Un foyer d’hébergement comprenant 31 logements est prévu en 2015, rue Pierre et Marie Curie à Châteaudun. Le programme représente un total de 4,6 M€ cofinancé par l’Adapei 28, le Logement dunois, le conseil général, la Ville de Châteaudun et la Caisse des dépôts. Après avoir été retoqué par la Commission nationale des monuments historiques, le projet de pôle administratif de Chartres a reçu un avis favorable et le permis de construire vient d’être accordé. Près de 1 700 m² (soit 12 300 m² au total) ont été rajoutés dans la partie accueil du public et un étage a été supprimé.
40 La Lettre Valloire - Mars 2014
Un pont routier enjambant la rocade de Chartres va être mis en chantier en 2014. L’ouvrage sera construit par la SNCF et RFF pour un coût de 15 M€ pris en charge par l’État ; la mise en service est prévue pour 2015. La municipalité de Mainvilliers a voté la création de la ZAC « Les Clozeaux » qui comprendra la construction de 120 à 160 logements sur une surface plancher maximale constructible de 16 000 m².
INDRE Le prieuré du Magny va être réaménagé : il comprend une salle d’exposition, un appartement, trois ateliers et une bibliothèque. Coût de l’opération : 1,5 M€.
INDRE-ET-LOIRE La CDAC a donné son feu vert à l’extension de 693 m² du magasin Intermarché de Château-Renault, portant la surface totale de vente à 2 890 m². Le conseil général a débloqué une enveloppe de 80 000 € pour la réhabilitation de la friche industrielle Ballart, située sur la zone de Vauzelles à Loches. Le bâtiment sera recomposé de la façon suivante : une partie commerciale sur 900 m², un atelier de 300 m² et des bureaux sur 700 m².
Une extension de 12 ha de la ZA de Reignac-sur-Indre est actuellement à l’étude par a CdC qui a acquis les terrains. Une première tranche de travaux pourrait débuter en 2014 ; cette extension serait dédiée aux PME et aux activités artisanales. La CDAC a donné son accord pour la création d’un pôle marchand de 21 000 m² sur la ZAC des Courelières, à Joué-lès-Tours. Le projet prévoit, entre autres, l’arrivée d’un hypermarché Leclerc (6 000 m²), d’une galerie marchande (3 000 m²), un magasin de bricolage (5 680 m²) et 4 moyennes surfaces spécialisées dans l’équipement de la maison. La CdC Val de l’Indre a présenté son projet d’extension de la ZA d’Even Park d’Esvres avec une première phase de 6 ha (une réserve de 40 ha est prévue) ; elle est habilitée Zacom et pourra donc accueillir des commerces. Le collège Raoul-Rebout à Montlouis-sur-Loire va être agrandi et restructuré. Le coût des travaux est estimé à 6 M€ ; le calendrier n’est pas encore déterminé. Sud Indre Développement a voté l’avant-projet sommaire de construction d’une crèche sur Isoparc, à Sorigny, qui rejoindra le pôle Services ; le
La CDAC a donné son feu vert à la construction d’un magasin Ikea à Ardon, d’une surface de vente de 18 600 m². L’ouverture est programmée pour 2016. Le commissaire enquêteur a rendu un avis favorable pour le projet de village sportif Oxylane à St-Jean-de-Braye, qui devrait s’implanter d’ici à 2015 sur un site de 16 ha.
La zone commerciale des Trois-Fontaines à St-Jean-dela-Ruelle va s’agrandir : 9 000 m² de surface de vente vont s’ajouter à l’emplacement de l’ancien stade qui a été démoli. Le bâtiment accueillera sept magasins de moyenne surface dédiés à l’équipement de la maison. La société Vol’V Biomasse va lancer un projet d’unité de méthanisation dans le Montargois ; elle devrait voir le jour en 2016 sur le parc Chaumont, à cheval sur les communes de Pannes et Corquilleroy. L’unité devrait produire 17 000 tonnes de digestats par an. Le coût du projet s’élève à environ 7 M€.
42-45
États-Unis, à la conquête (des grands parcs) de l’Ouest Visiter les grands parcs de l’ouest des ÉtatsUnis fait partie de ces voyages qu’il faut absolument tenter de s’offrir au cours d’une vie. Parce qu’ils sont synonymes de paysages grandioses, de nature et de faune préservées, d’histoires de pionniers, d’Indiens et de cow-boys, de belles balades en voiture, à pied ou à cheval, et de moments de détente exceptionnels. Bienvenue au Far West !
Escapades
Ailleurs
États-Unis, à la conquête Visiter les grands parcs de l’ouest des États-Unis fait partie de ces voyages qu’il faut absolument tenter de s’offrir au cours d’une vie. Parce qu’ils sont synonymes de paysages grandioses, de nature et de faune préservées, d’histoires de pionniers, d’Indiens et de cow-boys, de belles balades en voiture, à pied ou à cheval, et de moments de détente exceptionnels. Bienvenue au Far West ! isons-le d'emblée, en toute honnêteté : il est impossible de visiter au cours d’un seul séjour tous les grands parcs de l’Ouest américain. Ils se répartissent en effet dans une dizaine d’États et les distances d’un site à l’autre se mesurent parfois en centaines de miles. De plus, aucun
D
de rêver… Voici donc une proposition de circuit testé pour vous, qui permet d’admirer les plus beaux en une quinzaine de jours. Si vous l’entamez en partant de Los Angeles (Californie) pour rallier
à Las Vegas, histoire d’arpenter « by night », de préférence, son fameux « strip », ce boulevard d’hôtels et de casinos tous plus clinquants les uns que les autres, mettez le cap sur le Zion National Park, au sud de l’Utah. Sur la route, faites un petit détour
parc ne ressemble à un autre. Chacun est unique, très vaste, et se compose de nombreux points de vue à couper le souffle qui, tous, imposent de prendre le temps de se poser, de regarder,
Las Vegas (Nevada), porte d’entrée de tous les parcs, vous traverserez le fameux désert de Mojave où, en été, le thermomètre grimpe parfois jusqu’à 45°C. Après une étape incontournable
par la Vallée de Feu, petit parc de l’État du Nevada dans lequel on peut admirer des concrétions de grès aux formes surprenantes, des parois rocheuses recouvertes de pétroglyphes, ces inscrip-
Monument Valley
42 La Lettre Valloire - Mars 2014
(des grands parcs) de l’Ouest tions et dessins attribués aux ancêtres des Indiens Pueblos, ainsi que des troncs d’arbres pétrifiés. Le parc de Zion se caractérise par un étroit canyon de 13 km de long, au fond duquel coule la Virgin River, ceinturé de majestueuses parois de grès Navajo de plus de 900 mètres de hauteur. Le site se caractérise aussi par de magnifiques monolithes ou montagnes rouges et blanches aux noms évocateurs, donnés par les Mormons : Altar of Sacrifice (Autel du Sacrifice), Temple of the Virgins (Temple des
Vierges), Great White Throne (Grand Trône Blanc), Temple of Sinawa (Temple de Sinawa)… L’endroit est idéal pour randonner sur les sentiers des Narrows (défilés) ou directement dans
la rivière et croiser bon nombre d’écureuils et de cervidés. Bryce Canyon (16 200 hectares), à 140 km de Zion, est souvent considéré comme le plus beau parc des ÉtatsUnis. C’est un véritable chef-d’œuvre de Mère Nature, constitué d’une multitude d’étranges formations rocheuses, aux couleurs changeantes (rouge, rose, violet, ocre) au fil des heures : aiguilles, cheminées, flèches, tours, arches… La route de corniche (32 km), sur le plateau de 2 500 mètres d’altitude, qui domine l’immense amphithéâtre abritant ces sculptures géologiques, mène à des points de vue spectaculaires (Inspiration Point, Sunset Point, Rainbow Point…). Ici plus qu’ailleurs, il faut prendre le temps d’emmagasiner des images et des émotions en début de matinée et au coucher du soleil, ou en se promenant au pied des flèches sur un sentier comme le Navajo Loop Trail (2,4 km aller-retour). Après Bryce, les Highways 12 et 24 permettent de rallier très agréablement Moab en traversant le Grand Staircase Escalante National Monument, dernière belle région aride du territoire continental américain à avoir été cartographiée, et le Capitol Reef National Park, chaîne d’imposantes falaises abruptes et colorées, dont certaines parois sont ornées de pétroglyphes. La ville de Moab, au cœur de l’Utah, a pour avantage de se situer à proximité de plusieurs parcs et de proposer de multiples activités : randonnées en VTT, descentes de rivières en canoë, balades à cheval ou en 4 x 4... À ne pas manquer, le
INFORMATIONS PRATIQUES S’Y RENDRE La majorité des compagnies aériennes dessert, par vol direct ou via un hub comme celui de Francfort, San Francisco, Los Angeles, Denver et Las Vegas, villes de départ ou d’arrivée pour une tournée des grands parcs. Réservez tôt et si possible hors vacances scolaires pour obtenir les meilleurs tarifs auprès d’Air France, XL Airways, United Airlines, Delta Airlines ou encore Lufthansa. Le vol Paris - Los Angeles dure une douzaine d’heures.
FORMALITÉS Passeport en cours de validité et ESTA (Electronic System for Travel Authorization), formulaire d’autorisation d’entrée aux États-Unis avec exemption de visa, pour un séjour de 90 jours maximum, à télécharger et remplir sur le site https://esta.cbp.dhs.gov/.
DÉCALAGE HORAIRE 9 ou 8 heures avec la France selon l’État visité.
CLIMAT Chaud et sec, voire caniculaire (40 à 50°C dans la Vallée de la Mort) dans la plupart des parcs situés en région désertique, mais frais, notamment en soirée dans les parcs en altitude (comme le Grand Canyon, Bryce Canyon ou Mesa Verde).
Escapades
Ailleurs Bryce Canyon
SE LOGER L’idéal est de faire des haltes dans des motels de tarif modeste mais très confortables et souvent équipés d’une piscine. Il est facile de les réserver par soi-même, avant le départ, en se connectant au site de chaînes bien connues comme Best Western (www.bestwestern.com) ou Americas Best Value Inn (www.americasbestvalueinn.com).
SE DÉPLACER Il est facile et plutôt bon marché de louer une voiture sur place, à l’aéroport par exemple, et de circuler sur les routes et autoroutes américaines, qui sont en général gratuites. Quant au carburant, vendu au « gallon » (3,8 litres), il est bien moins cher qu’en France.
$
TARIF DE VISITE DES PARCS
Un pass valable 12 mois permet pour 80 $, à trois adultes de plus de 16 ans à bord d’un même véhicule, de visiter tous les parcs nationaux, qui sont gratuits pour moins de 15 ans. On se procure le pass à l'entrée du premier parc national visité.
44 La Lettre Valloire - Mars 2014
Arches National Park rassemble plus de 2000 arches de couleur ocrerouge. Les plus célèbres, Delicate Arch et Landcape Arch, sont accessibles uniquement par des sentiers piétonniers. Il est prudent, en plein été, de s’y aventurer bien équipé (lunettes de soleil, chapeau, bouteilles d’eau). Le peu visité Canyonlands National Park, délimité par la Green River et le fleuve Colorado, s’étend sur 1365 km² de désert, buttes, arches, dunes et autres gorges encaissées. Ses trois districts (Island in the Sky, Needles et Maze) sont difficilement accessibles en voiture. Ils se parcourent en jeep, rafting ou VTT, au départ de Moab. À 220 km au sud-est de Moab, dans le Colorado, il ne faut pas hésiter à aller visiter le plateau de Mesa Verde (2 600 mètres d’altitude). Ce parc national créé en 1906 est en soi l’un des rares monuments historiques, voire préhistoriques, des États-Unis, car il abrite à flanc de falaises les mystérieux vestiges de villages troglodytes
construits par les Anasazis, les ancêtres des Indiens Pueblos, et abandonnés au XIVe siècle. Sous la conduite d’un guide, on peut ainsi découvrir Cliff Palace ou Balcony House, sous réserve d’aimer grimper à l’échelle, se faufiler dans des boyaux étroits et de ne pas être sujet au vertige ! À partir de Cortez, non loin de Mesa Verde, il faut trois heures pour rejoindre la mythique Monument Valley et ses immenses mesas ou buttes (jusqu’à 600 mètres de hauteur) d’un rouge intense, émergeant d’un paysage désertique. Il faut vraiment être blasé de tout pour ne pas rester bouche bée face à ce magnifique décor de vrai Far West, à la frontière de l’Utah et de l’Arizona. Ce parc se visite en voiture sur un circuit de 27 km, mais aussi à cheval, sous la conduite d’Indiens Navajos, dont la tribu administre directement ce territoire emblématique des westerns de John Ford. Bien sûr, on ne doit quitter Monument Valley ni sans avoir été pris en photo sur le célèbre promontoire
La Vallé e
ni sans avoir admiré depuis le Visitor Center les grandioses Mittens (formations rocheuses en forme de mitaines) immortalisées dans le film Stagecoach, avec John Wayne. Depuis Monument Valley, le choix s’offre soit de filer vers l’ouest en direction du Lake Powell, soit de repartir vers l’est, vers un autre merveilleux site Navajo, le Canyon de Chelly, en Arizona. La corniche qui borde le Canyon de Chelly (à proximité de la ville de Chinle) offre des points de vue à couper le souffle sur les immenses falaises au sein desquelles se nichent les
South Rim. Le versant sud, le plus visité, est celui qui comporte le plus de panoramas impressionnants. Certaines des roches qui ont été érodées par le fleuve Colorado ont la moitié de l’âge de la Terre : 2 milliards d’années. La visite de ce site mythique tellement long, large et profond vous laissera soit en état de choc pour cause d’émerveillement, soit en état de frustration, le regard ayant du mal à en appréhender toute la majesté. Pour en profiter au maximum, venez en savourer les images au lever et au coucher du soleil. En voiture, sur le bord du canyon,
de la Mo rt
États-Unis (86 mètres en dessous du niveau de la mer à Badwater), se caractérise par sa chaleur intense en été (50°C), ses points de vue étonnants (Zabriskie Point, Dante’s view) et l’extraordinaire variété de couleurs de ses roches (Artist’s Palette). À 32 km au sud de ce parc on peut apercevoir le point culminant des États-Unis hors Alaska, le Mont Whitney (4 421 mètres). Enfin, Arches National Park
Capitol Reef National Park
Canyonlands Yosemite
Bryce Canyon
Kings Canyon
Le parc de Zion SAN FRANCISCO
Sequoias
Vallée de Feu
National Park GRAND STAIRCASE ESCALANTE NATIONAL MONUMENT Monument Valley
Lake Powell
Death Valley l’Antelope Canyon LAS VEGAS
Grand Canyon
Mesa Verde
Canyon de Chelly
Route 66
ruines de villages pueblos et sur des pitons rocheux impressionnants comme le Spider rock. Le Lake Powell (300 km de long, 3 200 km de côtes, 96 canyons), au cœur de la Glen Canyon National Recreation Area, est le deuxième lac artificiel des États-Unis. Il vaut pour son paysage de grès rouge et la possibilité d’y pratiquer de multiples activités nautiques. Au sud du lac et de la ville de Page, le défilé de grès de l’Antelope Canyon impressionne par ses couleurs époustouflantes. Il est inimaginable de parcourir l’Ouest américain sans passer au moins deux jours au Grand Canyon, ce gigantesque parc (450 km de long, 160 mètres à 29 kilomètres de large, jusqu’à 1 600 mètres de profondeur), aux deux versants, le North Rim et le
préférez le West Rim Drive (trajet ouest), qui offre de splendides points de vue comme The Abyss (L’Abîme), au East Rim Drive (trajet est). N’hésitez pas à monter à bord de la navette du parc, car elle seule a accès à certains panoramas, ou offrez-vous un survol en hélicoptère (à réserver à l’avance). En retournant vers Las Vegas, on peut emprunter, par exemple à Seligman, une partie de la fameuse Route 66, la Mother Road, dont le ruban d’asphalte court de Chicago à l’océan Pacifique. On peut aussi longer le Lake Mead (180 km de long) et passer sur le pont du barrage Hoover (haut de 228 mètres) qui sert quasi exclusivement à alimenter Vegas en énergie. La Death Valley (Vallée de la Mort) est l’ultime étape incontournable de ce « road trip ». Ce lieu, le plus bas des
si vous devez rejoindre San Francisco, n’oubliez pas de visiter Yosemite (cf. La Lettre Valloire de décembre 2013), mais aussi les parcs nationaux Kings Canyon et Sequoias. Ce dernier abrite les séquoias les plus grands et les plus vieux de la planète, à commencer par sa majesté le General Sherman Tree, ainsi que bon nombre d’ours en liberté. Jacques Huguenin
EN SAV OIR PLU S
: Navigue z ment dé sur www.parc s.net, s dié aux par ite exclu ricain, s s ur www cs nationaux d e l’Oues ive.nps.go Service t amév, site d américa uN in, ou en tusa.co core ww ational Park m, w.voyag cain, qu portail du voya eouesge i renvoie vers d’a dans l’Ouest a de bien m u prépare r son vo tres sites perm ériyage. ettant
La Lettre Valloire - Mars 2014 45
Carnet RÉGION Romuald de Pontbriand (Ena, Essec), l’ex-directeur de cabinet du préfet de la Région Haute-Normandie, a quitté cette fonction pour devenir directeur général de la CCI Centre depuis le 1er février dernier. Il succède à Dominique Bon, également issu de la préfectorale. Ce dernier avait quitté la CCI Centre, l’été dernier, après avoir été recruté pour le poste de directeur général quasiment un an plus tôt.
RÉGION Les entreprises du paysage de la région (Unep) Centre-Limousin ont élu Michèle Guillot présidente pour 3 ans, en remplacement de Jean-Jacques Rebeyrol. L’Unep représente 1 620 entreprises dans la région pour un CA de 285 M€. Michelle Guillot est co-gérante des entreprises Amboise Paysage et Jardiloire Services. François Huret, directeur régional d’Eurovia Centre Loire, est réélu en tant que président de la Fédération régionale des travaux publics du Centre, pour une durée de trois ans. Catherine Kraft Le Marec, présidente du directoire de Centre Capital Développement s’est vu déléguer la responsabilité du pilotage des trois SCR du groupe Sofimac Partners (Sofimac SCR, CCD et Limousin Participations).
un nouveau mandat, a été nommé conseiller de la présidence du groupe Planet Finance, qui a pour mission de favoriser l’accès aux services financiers des populations pauvres. Planet Finance a été cofondé par Jacques Attali et Arnaud Ventura. La maçonnerie Lureau (5,2 M€ de CA, 49 salariés), basée à Préveranges, change de directeur général. Philippe Lureau, 48 ans, a succédé au 1er janvier à son frère Richard, 57 ans. L’ancien DG deviendra directeur délégué.
EURE-ET-LOIR
Par ailleurs, Emmanuel Tissier (43 ans, ESC Clermont-Ferrand) devient membre du directoire de Sofimac Partners présidé par Pascal Voulton. Emmanuel Laurent devient directeur pour les régions Centre et Limousin de Réseau ferré de France (RFF). Il était précédemment directeur des ressources humaines à la SNCF.
CHER L’actuel maire de Bourges Serge Lepeltier (UDI), qui ne brigue pas
Alban Muller, P-DG de la société éponyme de Fontenay-sur-Eure, vient d’être élu président de Japan Cosmetic Center qui a pour vocation de devenir le carrefour de la filière cosmétique en Asie. Bernard Quéau a quitté le laboratoire Bailly-Creat à Vernouillet pour prendre le poste de pharmacien responsable pour la délégation des affaires pharmaceutiques d’Innothéra France.
une association internationale établie avec le soutien de l’UE pour représenter les TPE et PME au niveau européen.
LOIRET Patrick Ugarte, gérant de REC Consulting, à St-Jean-de-Braye, est le nouveau président délégué de l’Agence de développement économique du Loiret (Adel) : il succède à Claude Daillet, qui était en poste depuis 2005. Diplômée de Sciences-Po Rennes et de l’ESC Rouen, Lucile Deschamps prend le poste de directrice marketing de Mars Petcare France, basé à St-Denis-del’Hôtel ; elle succède à Pierre Camé qui devient directeur général de Mars en Roumanie.
INDRE-ET-LOIRE Gérard Bobier, président de la chambre des métiers et de l’artisanat d’Indre-et-Loire et 1er vice-président de celle de la région, a été élu vice-président de SBS (Small Business Standards),
www.lettrevalloire.com 46 La Lettre Valloire - Mars 2014