Magazine de mars 2019

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MAGAZINE MARS2019 2014 -5€ 5€ MAGAZINE N°47 - MARS

L’homme qui murmure à l’oreille du président Jean-François Piaulet, président d’Egide

Formation pro : une réforme qui peine à prendre forme



Point de vue

Stabilité versus réforme n ces temps de confusion, où la vindicte et l’anathème s’imposent dans le débat public, la figure rassurante du maire devient un point de ralliement. Le président de la République ne s’y trompe pas. Il a fait de ces élus de proximité des piliers du Grand Débat qui devait s’achever à l’heure où nous écrivons ces lignes. Il vient même se ressourcer en leur compagnie, comme l’illustre le reportage que nous consacrons dans cette édition à l’escapade présidentielle effectuée dans le Berry. Ce moment de grâce républicaine n’est pas sans conséquence politique. Comme nous le démontrons dans notre séquence consacrée aux municipales 2020, les sortants devraient bénéficier en région Centre-Val de Loire d’une surprime dont les créditeront des électeurs en quête de stabilité et de consensus. Le climat insurrectionnel de ces derniers mois, sauf à ce que de nouvelles colères viennent prendre le relais, a suscité une demande d’autorité et d’ordre. Dont le maire installé est symboliquement le garant. Si une certaine forme de conservatisme devrait prévaloir dans les affaires publiques, il

E

n’en est pas de même en matière de formation professionnelle et d’apprentissage. Une nouvelle réforme, conduite avec un certain panache par le gouvernement, vient percuter les habitudes et tente de libérer un système sclérosé par un paritarisme à bout de souffle. Les minorités agissantes, promptes comme toujours à préserver leurs prés carrés, crient au loup. Mais qu’importent ces adhérences crépusculaires, la réforme est sur les rails, avec ses atouts et ses imperfections. Surtout, l’utilisation d’outils numériques est en passe de profondément transformer une offre trop souvent figée sur des réflexes anciens, comme nous le rappellent dans les pages qui suivent les professionnels du secteur. L’utilisation des MOOC, des serious games, ainsi que le besoin d’acquisition de compétences transversales très appréciées des employeurs, vont radicalement modifier les pratiques et les process. Gare à ceux qui n’auront pas su anticiper la révolution qui vient… même si là comme ailleurs, le nouveau monde doit régénérer l’ancien en intégrant les acquis de l’expérience.

avattier Jean−Christophe S

La Lettre Valloire - Mars 2019 3


14-16

www.lettrevalloire.com Ce magazine est un hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre-Val de Loire Édité par MCM Presse SAS au capital de 100 000 € RCS Tours B 450 613 591 Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours Adresse postale : BP 92031 37020 Tours Cedex 1 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) Aurélie Vouteau (édition) Ont participé à ce numéro : Morgan Boëdec Serge Daniel Guillaume Fischer Anthony Gautier Isabelle L’Hopitault Alexia Mellier Bruno Villeneuve

Points Chauds 6-7

En bref L’actualité du trimestre en bref.

8-9

Le dégagisme à l’épreuve des municipales de 2020 Ecartelés entre leurs aspirations au renouvellement et la volonté de revenir au calme d’une République apaisée, les électeurs auront à élire leurs équipes municipales dans tout juste un an. Il paraît fort improbable que le scrutin de mars 2020 s’achève par un grand chambardement.

Maquette : Régis Beaune Publicité : AN Média (Aline Noirot) 07 78 25 26 87 Diffusion : Nadine Gomès Edyta Jurek Crédits photographiques : Cyril Chigot : Une, 14, 15, 16, 34, 35 DR : 6, 7, 10, 12, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 33, 38, 41, 42, 44, 46 Mairie d’Orléans : 11 Mairie de Fercé-sur-Sarthe : 17 Anthony Gautier : 8, 30, 36 Jean-Christophe Savattier : 28 Alexia Mellier : 40

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Pause présidentielle dans le Berry À l’invitation de Vanik Berberian, maire de Gargilesse-Dampierre, le chef de l’État a parcouru les rues du village berrichon et s’est entretenu avec les maires ruraux.

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« Avec leurs mots, pas avec leurs poings » Dominique Dhumeaux, maire du village de Fercé-sur-Sarthe (72), est l'un des premiers à avoir ouvert un cahier de doléances.

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Yves Dauge « Avec Action cœur de ville, on marche sur la tête ! » En 2017, Yves Dauge avait rédigé un rapport sur la revitalisation des centres anciens des villes moyennes, document qui a servi de base de travail au programme Action cœur de ville.

Crédits photographiques supplément St-Amand-Montrond : DR : Une, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14 Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) 10

Tours : prime au demi-sortant ? Après un début de saison 20172018 hésitant, Christophe Bouchet a trouvé peu à peu ses marques.

11

Qui face à Olivier Carré à Orléans ? Faisant taire les rumeurs, Olivier Carré a affirmé qu’il serait bien candidat à sa succession en 2020.

Informations légales : Abonnement annuel 2019 (23 numéros + magazines hors-séries) : 385 € Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 485 € Prix de ce numéro : 5 € CPPAP : 0121 I 85872 ISSN : 1246-4333 Dépôt légal : mars 2019 Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon

MCM presse 4 La Lettre Valloire - Mars 2019

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À Châteaudun, la succession d’Alain Venot aiguise les appétits À mesure que les candidatures se multiplient, le débat politique se durcit à Châteaudun.


St-Amand-Montrond, une ville intelligente Maire de St-Amand et président de la communauté de communes Cœur de France, Thierry Vinçon mise sur un territoire smart, green et safe : « Ce n’est pas parce que nous sommes petits que nous ne pouvons pas le faire. »

Sommaire MARS 2019

27-28

Employeurs, il faut cultiver les soft skills ! Difficiles à identifier, les soft skills seraient au cœur de la performance économique.

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Cyfac entretient la légende Fignon, Virenque, Roux… de nombreux champions cyclistes ont roulé sur des vélos Méral et Cyfac.

30-31

Le digital bouscule les acteurs de la formation Percutée de plein fouet par la révolution numérique, la formation professionnelle s’interroge sur l’utilisation pertinente des outils digitaux.

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SKF, des roulements et des vélos Sur son site de St-Cyr-sur-Loire (37), le groupe suédois SKF favorise la mobilité douce de ses quelque 1 300 salariés.

41 31

Christophe Dupont (FFP) « Les apprentis souhaitent des contenus digitaux » La digitalisation va contraindre les organismes de formation à se transformer, les apprenants souhaitant des contenus digitaux.

À Châteauroux, Renov 2CV passe la surmultipliée Changement de vitesse au mois de mai pour Renov 2CV, un négociant de pièces de 2CV et autres véhicules vintage.

32-33

Orléans retourne à l’école Trois grandes écoles de commerce et d’ingénierie vont s’installer à Orléans d’ici à deux ans. 42

L’éolien prend son deuxième souffle La région Centre-Val de Loire pourrait voir son nombre de pylônes augmenter de 1 600 unités d’ici à 2050.

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Chantiers

45

Wattway fait sa place au soleil ! Wattway poursuit son expérimentation de routes solaires équipées de cellules photovoltaïques.

46

Carnet

Économie 34-35 19

Source renouvelle les pratiques du recrutement Le cabinet de recrutement tourangeau Source propose une approche originale fondée sur l’utilisation d’outils numériques.

20-21

En bref L’actualité du trimestre en bref.

22-25

Une réforme qui peine à prendre forme Placée au cœur des ambitions présidentielles, la énième réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage propose et déploie depuis l’été 2018 des changements radicaux.

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26-27

Les Cordées au secours de la formation Cordées du territoire, un dispositif clef du Plan Investissement Compétences porté par la Région, vise à répondre à des besoins inassouvis de qualification.

À LA UNE L’homme qui murmure à l’oreille du président Le 14 février, Jean-François Piaulet, président de la société de maintenance aéronautique castelroussine Egide, a accueilli dans ses locaux les échanges entre le chef de l’État et des entrepreneurs de l’Indre.

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L’industrie du futur au Lab’O L’Industry Lab a pour vocation de fabriquer des prototypes industriels viables avant de les lancer sur le marché.

Le vendômois Caire est sur un nuage La PME vendômoise Caire vient d’ouvrir un bureau à Tours Nord et augmentera cet été sa surface de production. Croissance externe en vue pour Toutenkamion Après avoir racheté Brevet, l’entreprise Toutenkamion, de Ladon (45), va acquérir une société bretonne de 40 salariés.

Nos Infos Services 33

Paroles d’experts el au Le harcèlement sexu change i qu e t-c ’es Qu il. trava elles Qu ? au 1er janvier 2019 t tan en ns tio sont vos obliga tre no ec Av ? ur ye qu’emplo ntre. partenaire Focsie Ce La Lettre Valloire - Mars 2019 5


Points Chauds

En bref

PAROLE CONTRE PAROLE

Voilà une histoire dont se serait bien passé la mairie de Blois. L’un de ses conseillers municipaux, Alexis Bouchou, 23 ans, est accusé de viol – les faits se seraient produits il y a deux ans et demi – par une camarade, membre comme lui des jeunes communistes. La jeune femme relate dans Le Point l’agression dont elle aurait été victime à la sortie d’un bal de l’Union des étudiants communistes, le mis en cause étant alors ivre. En dépit de ses dénégations, Alexis Bouchou a déjà été exclu fin 2017 du Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF). Un an plus tard, la victime s’est résolue à porter plainte. Reçu par le maire de Blois, l’accusé conteste le viol « et tout autre agression » ; Marc Gricourt, qui a rappelé au passage le droit de chacun au respect de la présomption d’innocence, a suspendu – avec l’accord de l’intéressé – son appartenance au groupe majoritaire et ses représentations municipales jusqu’à la décision judiciaire.

REVANCHARD Joël Billard ne fait plus bande à part. Le conseiller départemental LR de Châteaudun, candidat malheureux au fauteuil de président du conseil départemental d’Eure-etLoir en octobre 2017, a décidé au début du mois de janvier de rejoindre le groupe Républicains et territoires qui soutient Claude Térouinard, l’actuel président de la collectivité. « Ça n’avait plus de sens de rester seul », indique l’élu. Joël Billard avait claqué la porte du groupe UPE (Union pour les euréliens), à l’époque présidé par Jacques Lemare. Le maire de Bonneval estimait avoir été victime d’un complot ourdi par ce dernier lors de l’élection au perchoir départemental. Il lui tient

d’ailleurs toujours rigueur de cet affront : « Tant que je serai au Département, Jacques Lemare n’en sera pas le président ».

UN SÉNATEUR S’EN VA... À bientôt 67 ans et après vingt-cinq ans de vie parlementaire, quatre en tant que député de la 1ère circonscription d’Eure-et-Loir (1993-1997), un peu plus de vingt en tant que sénateur (1998-2018), Gérard Cornu a décidé de se retirer de la vie publique et de céder son fauteuil au Palais du Luxembourg à Françoise Ramond, sa suivante sur la liste qu’ils avaient conjointement présentée en 2014. En raison des obligations de la loi du 14 février 2014, la nouvelle sénatrice d’Eure-et-Loir a

démissionné de son mandat de maire d’Épernon, qu’elle occupait depuis 2001, tout en restant conseillère municipale. Son successeur, François Belhomme, a été élu le 14 janvier.

UN DÉPUTÉ AUSSI... Entré pour la seconde fois de sa carrière au PalaisBourbon suite à la démission de Maurice Leroy Pascal Brindeau a laissé mairie de Vendôme et communauté

d’agglomération Territoires Vendômois à Laurent Brillard, jusqu’alors conseiller municipal délégué aux affaires administratives, conseiller communautaire aux transports urbains et président du syndicat Téa, qui regroupe les compétences transports en commun, eau et assainissement de quatre communes, dont Vendôme. Âgé de 46 ans, le nouveau maire de Vendôme est orthophoniste ; il était en 23e position sur la liste « Résolument Vendôme » conduite par Pascal Brindeau en 2014.

MAILLON FAIBLE François Jolivet, député LREM de la 1ère circonscription de l’Indre, n’y est pas allé avec le dos de la cuiller en traitant la ministre de la Santé Agnès Buzyn de « maillon faible de ce gouvernement ». Il tient la ministre de responsable de la fermeture de la maternité du Blanc, cause qui mobilise l’ensemble des élus de l’Indre, tous bords confondus. « Il n’est pas supportable d’avoir une ministre dans une tour de verre. Attention, celles-ci sont celles qui s’effondrent le plus facilement », a poursuivi l’ancien maire de St-Maur qui en veut aussi aux Agences régionales de santé (ARS). Il veut rien moins que les supprimer car, reprend-il, « ce sont des administrations en échec, qui ne servent à rien et sont éloignées du terrain ».

De Charles-Éric Lemaignen à propos de l’action d’Olivier Carré, maire et président de la métropole orléanaise : « Il y a des choses que je trouve bien, et d’autres non ». L’ancien président de l’AgglO d’Orléans ajoute qu’il est « hors de question d’être candidat à la mairie ou à la présidence de la métropole, mais (qu’il) peut aider à une transition. » De François Belhomme, élu maire d’Epernon (28) à la place de Françoise Ramond, devenue sénatrice d’Eure-et-Loir : « J’ai tourné en rond la nuit suivant mon élection. Je suis un sentimental. »

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Quelques ministres échappent à la tourmente gilets jaunes. Si Jacqueline Gourault a été chahutée par quelques énergumènes lors du déplacement présidentiel de Souillac (46), elle fait un tabac devant les parlementaires. La ministre de la Cohésion des territoires a présenté son projet d’« agenda rural » à l’Assemblée nationale et confirmé qu’après le plan Action cœur de ville fléché vers les villes moyennes, un programme similaire allait cibler les centres-bourgs et les petites villes. Elle répondait ainsi aux demandes des représentants de l’AMRF (maires ruraux), présidée par le maire de Gargilesse (36) Vanik Berberian, et de l’APVF (petites villes), présidée par le député socialiste Christophe Bouillon. « Nous allons nous tourner vers d’autres bourgs-centres, des villes plus petites comme Sancerre ou PontMousson », a souligné l’ancienne conseillère régionale du Centre.

JACQUELINE LES EMBALLE

lors de l’affaire dite des mariages chinois. Ancien conseiller municipal de Tours, président durant quelques années du Football Club de Tours, Gérard Chautemps égrène ses souvenirs et brosse le portrait de sa profession, « dernier rempart de la liberté », émaillant son récit de nombreuses anecdotes, parfois des plus surprenantes.

IL N’EN DÉMORD PAS Jean-Pierre Gorges veut son train rapide entre Chartres et Paris. Il a demandé au président de Région et au directeur général de TER d’étudier la possibilité de rétablir ces trains, juste avant et juste après les heures de pointe. À l’appui de sa demande, le maire de Chartres et président de Chartres Métropole a lancé une grande consultation des utilisateurs de la liaison entre le chef-lieu de l’Eure-et-Loir et la capitale – un peu moins de 1 h pour les plus rapides, 1 h 15 pour les plus lentes – pour les sonder sur l’intérêt de trains directs ChartresParis, avant 7 h ou après 9 h, avec un retour avant 17 h ou après 20 h ; on se souvient que Jean-Pierre Gorges avait évoqué la possibilité d’un trajet d’une demi-heure. Les

CHIFFRE

DU TRIMESTRE

320 M€ C’est le montant – approximatif – des travaux prévus pour le regroupement et l’extension des capacités immobilières de l’hôpital Trousseau, sur les communes de Chambray-lès-Tours et St-Avertin, au sud de Tours. Pourraient s’y ajouter des tranches conditionnelles estimées à 70 M€, estime la directrice générale Marie-Noëlle Gerain Breuzard.

résultats de l’enquête devaient être publiés dans le magazine de mars de Chartres Métropole.

SOUVENIRS L’avocat tourangeau Gérard Chautemps vient de publier

aux Éditions La Simarre « Le Rempart et la Défense », où il balaie une carrière de quarante-cinq ans, riche de quelque 20 000 plaidoiries, du dossier Elf jusqu’à l’un des derniers, et des plus médiatisés, celui de Lise Hann

MARIE-PIERRE RICHER AU SÉNAT Marie-Pierre Richer est devenue ces jours derniers la nouvelle sénatrice du Cher. Elle succède à François Pillet, dont elle était la suppléante, celui-ci ayant été désigné par Gérard Larcher pour siéger au Conseil constitutionnel ; Alain Juppé et Jacques Mézard, prédécesseur de Jacqueline Gourault au ministère de la Cohésion des territoires, font également leur entrée au sein de la prestigieuse juridiction. Marie-Pierre Richer a été première adjointe du maire de Dunsur-Auron puis présidente de la communauté de communes Le Dunois.

De Michel Autissier, président LR du conseil départemental du Cher : « Les LR n’ont plus rien à voir avec ce que j’ai pu connaître, mais pour tout vous dire, je ne sais pas vraiment où je pourrais aller si je me barre ! » D’André Laignel, maire d’Issoudun, lors de la venue dans l’Indre d’Emmanuel Macron, le 14 février : « C’est la Saint-Valentin et j’espère que le président de la République déclarera sa flamme à la ruralité et aux maires de France. » De Philippe Briand, président de Tours Métropole Val de Loire : « Si vous voulez que Tours ressemble à Bourges et Châteauroux, il faut le dire et je m’en irai. »

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Points Chauds

Politique

Le dégagisme à l’épreuve des Ecartelés entre leurs aspirations au renouvellement et la volonté de revenir au calme d’une République apaisée, les électeurs auront à désigner leurs équipes municipales dans un an. Il paraît fort improbable que le scrutin de mars 2020 s’achève par un grand chambardement. Les accords d’appareils et les bilans satisfaisants de la plupart des sortants plaident plutôt en faveur d’un statu quo...

Les élus de proximité ont été appelés à la rescousse pour devenir les piliers du Grand Débat, ouvert à la suite du mouvement des gilets jaunes.

L

es municipales de 2020 vontelles ouvrir une nouvelle séquence du dégagisme qui, depuis l’élection d’Emmanuel Macron, semble constituer le ressort majeur du corps électoral ? Ou, au contraire, nos concitoyens auront-ils à cœur de jouer la carte de l’apaisement, du retour à une certaine stabilité républicaine malmenée depuis plusieurs mois par le climat insurrectionnel entretenu par le mouvement des gilets jaunes ? Si le premier scénario l’emporte, aucun des maires sortants des grandes villes de la région Centre-Val de Loire ne saurait se sentir à l’abri. Le prurit populiste qui s’est attaqué aux fondements de la démocratie représentative, s’il se déchaîne dans les urnes, est de nature à rebattre profondément les cartes. La seconde hypothèse, sans doute la plus probable,

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serait plutôt de nature à préserver les positions acquises.

rarement autant été salué par la Nation. Personnalité politique préférée des Français, échappant encore à la vindicte qui frappe d’indignité toutes les élites, le maire est vécu comme le ravaudeur inlassable du consensus républicain. « Les gens sont convaincus, à tort ou à raison, qu’il existe des solutions locales à certaines grandes préoccupations nationales, notamment dans le domaine des transports ou de l’habitat. Et que le maire en place est l’interlocuteur infaillible », estime notre chercheur. Effet collatéral de la crise des gilets jaunes et de la gentrification des métropoles régionales, les électeurs pourraient manifester leur attachement aux équipes municipales en place, confrontées chaque samedi depuis fin novembre à des scènes de guérilla urbaine. « C’est un phéno-

“ LA SÉQUENCE GILETS JAUNES A PARADOXALEMENT REMIS LA FIGURE DU MAIRE AU CENTRE DU JEU

Selon ce chercheur en sciences politiques, « la séquence gilets jaunes, qui est à la fois une crise sociale et une crise de la démocratie représentative, a paradoxalement remis la figure du maire au centre du jeu ». Snobés par l’exécutif au début du mandat d’Emmanuel Macron, les élus de proximité ont été appelés à la rescousse pour devenir les piliers du Grand Débat souhaité par le chef de l’Etat. C’est un autre paradoxe, alors que beaucoup d’édiles songeraient à rendre leur écharpe, leur intérêt social a

mène de transfert et d’identification classique, une sorte de réflexe territorial. On fait bloc avec le chef», précise notre interlocuteur. Pour autant, nos concitoyens se comportent aussi en consommateurs lorsqu’il s’agit de choisir leurs élus. « On n’est pas élu sur un bilan, mais si le bilan est mauvais, on ne gagne pas », disait un ancien Premier ministre, jeune retraité de la vie publique. « C’est d’autant plus déterminant lorsque la légitimité du maire sortant n’est pas très assurée.


municipales de 2020 L’élu doit faire valoir des réalisations et des projets qui viennent masquer sa faible assise politique », poursuit notre expert. Jugés à cette aune, les sortants régionaux ne partent pas avec des chances identiques. À Tours, le maire Christophe Bouchet doit se débattre avec une majorité éparpillée. Et faire pièce à ceux qui lui reprochent ses hésitations dans la conduite des projets urbanistiques. À Orléans, son homologue Olivier Carré pourra sans doute faire valoir un niveau de réalisations bien supérieur : la transformation de la ville engagée depuis plusieurs mandats est une réussite éclatante. Les deux principales cités régionales partagent un double point commun : des maires élus en cours de mandat – en juin 2015 pour Olivier Carré, en octobre 2017 pour Christophe Bouchet – qui s’appuieront principalement sur la droite républicaine sans pour autant s’en réclamer. A Tours, le radical Christophe Bouchet aurait d’ores et déjà passé un accord avec le président LR de la métropole Philippe Briand (« à toi la métropole, à moi la mairie »), tandis qu’à Orléans, Olivier Carré, s’il siège sans étiquette depuis sa démission des Républicains, aura pour principal soutien les forces de droite et du centre. Une alliance d’autant plus indispensable que les tentatives des deux élus de se rapprocher de La République en Marche se sont soldées par autant d’échecs. À Chartres, on ne voit pas qui empêchera Jean-Pierre Gorges d’entamer un quatrième mandat. La gauche est aux abonnés absents et LREM y va sur la pointe des pieds, à tel point que l’animateur de son comité local déclarait cet automne : « Notre projet (municipal) ne s’inscrit pas en opposition avec la majorité. » Idem à Châteauroux, où le jeune maire Gil Avérous, figure montante des Républicains, semble s’acheminer

tout droit vers un deuxième mandat, et à Blois, où le socialiste Marc Gricourt ne semble guère menacé par une droite qui peinera une fois de plus à recoller les morceaux. Le MoDem, qui représente localement la majorité présidentielle, ne s’y risquera pas frontalement : Stéphane Baudu, dé-

grandes villes régionales. Philippe Rabier, ex-candidat socialiste aux élections départementales de 2015 à Orléans, a lancé CiTLab, qui se veut « un collectif ouvert de citoyens de la métropole orléanaise, désirant participer à l’émergence de nouvelles pratiques démocratiques par une ci-

“ ON N’EST PAS ÉLU SUR UN BILAN, MAIS SI LE BILAN EST MAUVAIS, ON NE GAGNE PAS

puté de la 1ère circonscription depuis l’entrée de Marc Fesneau au gouvernement, lorgne plutôt du côté d’Agglopolys, tenue depuis 2008 par Christophe Degruelle. À Bourges, ce sera plus compliqué pour le radical Pascal Blanc : contesté par une partie de sa majorité, notamment l’aile droite, il devra affronter une gauche qui rêve de revanche dans une ville qu’elle a dirigée pendant dix-huit ans, et un parti présidentiel qui voudrait pousser la candidature le député François CormierBouligeon... avec le probable assentiment de certains membres de la majorité municipale. Selon de nombreux observateurs, la démocratie participative sera l’une des thématiques centrales de la prochaine campagne. Elle correspond sans aucun doute à une aspiration profonde de la population et peut constituer un atout maître à l’heure où, comme l’affirme Martial Foucault, le directeur du Cevipof, « les politiques municipales tendent à se standardiser, sauf dans le domaine du logement où les clivages perdurent ». De façon générale, la quête de propositions innovantes dans le domaine des transports et des mobilités, de l’accès aux services publics, devrait fortement imprégner l’atmosphère de la campagne. Les challengers ne s’y sont pas trompés, notamment dans les deux

toyenneté active et créative, force de propositions mobilisant l’intelligence collective. » Toujours à Orléans, le conseiller municipal et régional JeanPhilippe Grand, qui devrait représenter la mouvance écologiste en 2020, a créé avec quelques proches un forum participatif via le site web ddorleans.org (pour développement durable Orléans). Benoist Pierre, un universitaire qui portera l’étendard de La République En Marche à Tours, conduit la même démarche avec Citynov, « club citoyen de l’innovation » et « laboratoire d’idées » pour travailler sur les grands projets de la ville, « dans tous les domaines » et préparer ainsi une alternative à l’équipe municipale en place. Mais il est très hypothétique que la démocratie collective et participative, que CiTLab qualifie plaisamment de « démocratie de comptoir », soit mûre pour balayer « l’ancien monde » dès 2020. Dans une région Centre-Val de Loire encore très traditionnaliste, qui ne compte qu’une seule femme – MarieAgnès Linguet, à Fleury-les-Aubrais – comme maire d’une ville de plus de 20 000 habitants, il y a fort à parier qu’on prendra quasiment les mêmes pour recommencer. Jean-Christophe Savattier et François-Xavier Beuzon

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Points Chauds

Politique

Tours : prime au demi-sortant ? Après un début de saison 2017-2018 hésitant, faisant suite à son élection rocambolesque au fauteuil de maire de Tours, Christophe Bouchet a trouvé peu à peu ses marques. Un an avant de se présenter aux suffrages de ses concitoyens, mais cette fois en tête de gondole, l’ancien président de l’OM peut compter sur la faible notoriété de ses adversaires et les divisions de la gauche.

«C

hristophe Bouchet a la baraka. C’est peut-être ce qui le sauvera en 2020!», avance mi-figue, mi-raisin, l’un des adversaires de l’actuel maire de Tours. Mais la chance ne fait pas tout ! Élu d’un cheveu blanc – au bénéfice de l’âge ! – lors d’une improbable primaire interne, l’ancien journaliste s’est aussi révélé fin manœuvrier en négociant pied à pied les ralliements des conseillers municipaux lors de ce scrutin très disputé. Les plus récalcitrants se sont laissés convaincre, pris « dans un jeu d’intrigues complexes… qu’il a du mal à assumer aujourd’hui », estime JeanPatrick Gille, l’ex-député PS de la 1ère circonscription d’Indre-et-Loire. Ce dernier, qui fut le premier adjoint de Jean Germain, bat le rappel d’une gauche tourangelle éparpillée façon puzzle, tout en fustigeant « l’absence de vision et de projets » du maire en place, le temps perdu dans la conduite approximative du réaménagement du haut de la rue Nationale et le spectacle navrant d’une majorité qui se déchire. Il est vrai que Christophe Bouchet peine à maintenir le calme dans les

Cathy MÜNSCH-MASSET (PS)

rangs de l’équipe municipale dont certains ressassent toujours espoirs déçus et vaines ambitions. « L’ambiance est souvent lourde », reconnaît un habitué du conseil municipal. Deux adjointes ont claqué la porte en raison de désaccords politiques, mais aussi

cordé plus de 14 % des voix aux dernières législatives. Quant au Front national, qui pâtit de l’absence d’un leader local, il peut espérer, au mieux, se maintenir au second tour pour décrocher deux ou trois élus. La République en Marche, dont le

“ CHRISTOPHE BOUCHET A LA BARAKA. C’EST PEUT-ÊTRE CE QUI LE SAUVERA EN 2020 ! parce que s’estimant insultées par des propos… que le maire nie avoir tenus. En coulisse, Xavier Dateu, l’adversaire malheureux d’octobre 2017, attise les braises et dit préparer sa propre liste. Sans être vraiment pris au sérieux. La liste socialiste « d’ouverture » sera vraisemblablement conduite par la vice-présidente de la Région Cathy Münsch-Masset. Peu connue localement, la candidate aura à affronter la double concurrence de l’écologiste Emmanuel Denis (11,3 % au 1er tour de 2014) et du candidat de la gauche extrême, dans une ville qui lui a ac-

Christophe BOUCHET (MR)

maire pensait s’être assuré la neutralité, lui opposera bien un candidat. « On considère à Paris que Tours est une ville prenable », nous confirment ses responsables locaux. Selon toute vraisemblance, c’est l’universitaire Benoist Pierre, directeur du centre d’études supérieures de la Renaissance (CESR), qui devrait porter l’étendard macroniste, sans doute aux côtés du député de Tours Philippe Chalumeau. « Benoist est une personnalité remarquable, mais il va falloir écrire son histoire », assumet-on dans les rangs de LREM. « Un parfait inconnu ; Christophe Bouchet peut dormir tranquille », ironise-t-on chez les Républicains, où l’on se dit prêt à se mobiliser en faveur du sortant, ce dernier n’ayant pas l’intention de contester le fauteuil de président de la métropole confortablement occupé par Philippe Briand, l’inexpugnable patron de la droite locale. Une partie de la majorité indocile du maire de Tours pourrait-elle, le moment venu, lui faire défaut ? « Il y a quelques velléitaires, finalement très isolés. Ils n’auront pas le cran », prédit Christophe Bouchet. Jean-Christophe Savattier

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Qui face à Olivier Carré à Orléans ? Faisant taire les rumeurs, Olivier Carré a affirmé qu’il serait bien candidat à sa succession en 2020. En face, quelques initiatives individuelles, dont celle de Serge Grouard, élu maire en 2014 avant de démissionner un an plus tard, et les ambitions, à formaliser, des élues de La République en Marche.

O

rléans, ville des rumeurs. À un an des élections municipales, la sphère politique n’échappe pas aux murmures partagés sous cape, aux bruissements sans source et aux pavés anonymes jetés dans la mare publique afin d’observer les échos produits. Dernière rumeur en date relayée par la presse locale, la

chaines municipales. Le Vert Jean-Philippe Grand, actuel élu d’opposition, a également annoncé qu’il avait 2020 en ligne de mire. L’émergence d’une liste socialiste étant improbable, les militants PS œuvrent à un rassemblement « des forces progressistes de gauche et du centre », selon l’expression du séna-

“ J’AI DÉCLARÉ QUE JE SERAI CANDIDAT À MA SUCCESSION EN 2020, PARCE QUE JE N’AI QU’UN PARTI, LES ORLÉANAIS ET ORLÉANS prétendue décision d’Olivier Carré, maire sans étiquette, de ne pas briguer un second mandat. Des tensions au sein de l’exécutif municipal, associées à une candidature éventuelle – et fratricide – de Serge Grouard de retour dans les affaires municipales, quatre ans après sa démission, pousseraient Olivier Carré à renoncer à repartir à la conquête de la ville et à convoiter, comme porte de sortie, un portefeuille ministériel. Une hypothèse fermement écartée par l’élu. « Je démens formellement la rumeur selon laquelle j’hésiterais à me présenter en 2020 au motif que notre équipe serait divisée. (…) J’ai déclaré que je serai candidat à ma succession en 2020, parce que je n’ai qu’un parti, les Orléanais et Orléans », a-til ainsi réagi. Si la candidature du maire actuel est derechef officialisée, ses adversaires tardent à sortir du bois. À gauche, Philippe Rabier, porte-parole de l’association CITLab, travaille à la constitution d’une liste citoyenne baptisée «Orléans ensemble » qui sera présente à coup sûr au premier tour des pro-

teur socialiste et ancien maire d’Orléans Jean-Pierre Sueur. Elle réunirait les sympathisants de LREM qui excluent toute alliance avec Olivier Carré, lequel leur ouvre pourtant grand les bras. Ainsi, les deux députées LREM du Loiret, Stéphanie Rist et Caroline Janvier, qui ne cachent pas leurs désaccords avec la gouvernance du maire, prennent part à l’élaboration d’un programme municipal et métropolitain pour 2020. Ce groupe de travail parviendra-t-il à faire liste commune avec le PS et différentes forces centristes locales ? Et avec qui en tête de liste ? Le nom de Nathalie Kerrien, adjointe au maire en charge de la culture et ralliée désormais aux rangs macroniens, circule sans que l’intéressée ne valide cette éventualité. Aux extrêmes, à gauche comme à droite, la possibilité de trouver cinquante-cinq noms relève de la gageure. Reste une inconnue dans cette équation orléanaise : le choix de Serge Grouard de constituer une liste qui concurrencerait frontalement celle d’Olivier Carré, son bras droit durant

quinze ans. Si cette hypothèse était incongrue il y a quelques mois encore, elle prend de l’épaisseur petit à petit, le prédécesseur d’Olivier Carré estimant, notamment, que les engagements pris devant les Orléanais en 2014 ne sont pas respectés. Le maire, quant à lui, multiplie les entretiens avec les membres de sa majorité et les acteurs de la vie locale en vue de rassembler, le moment venu, « une large majorité de projet dans l’intérêt exclusif d’Orléans et de sa métropole ». Ce qui, derechef, fait naître bon nombre de commentaires, plus ou moins informés, sur les visages de celles et ceux qui pourraient incarner ce grand renouvellement politique annoncé pour 2020. Et Cédric là encore, de Oliveirales rumeurs vont bon train… Anthony Gautier La Lettre Valloire - Mars 2019 11


Points Chauds

Politique

À Châteaudun, la succession d’Alain Venot aiguise les appétits À Châteaudun, à mesure que les candidatures se multiplient, le débat politique se durcit. Dans le viseur de tous les prétendants, le bilan du maire sortant. qu’il ait anticipé la violence des attaques dont son bilan serait la cible. Quand elles ne sont pas ad hominem. Et si Philippe Duprieu, flanqué de l’actuel premier adjoint Sid-Ahmed Rouldi, est missionné pour reprendre le flambeau, d’autres ne songent qu’à l’éteindre, et au plus vite. Le premier à avoir déclaré ses intentions est l’ancien maire et actuel conseiller municipal d’opposition, Didier Huguet, 52 ans. Après un succès (en 2008) et

litique revendiquée pour 2020, mais une liste citoyenne en cours d’élaboration. « Il faut sortir la ville du marasme dans laquelle elle se trouve. Elle végète et n’est pas loin de toucher le fond », a lâché avec sévérité Michel Guerton. Mais les attaques les plus vives viennent de Fabien Verdier, conseiller municipal d'opposition (DVG), qui travaille lui aussi à la constitution d’une liste. Lors d’un conseil municipal de

“ JE NE REDOUTE PAS LE VIDE APRÈS MOI MAIS LE TROP PLEIN. IL Y A UN PULLULEMENT DE CANDIDATS AVEC DES MOTIVATIONS DIFFÉRENTES

E

n novembre 2018, Alain Venot, maire (DVD) de Châteaudun, a fait une double annonce : celle, à 73 ans bientôt, de son retrait de la vie politique locale et celle du nom de son successeur pour le scrutin municipal de 2020, en l’occurrence son adjoint au développement économique, Philippe Duprieu, 63 ans. « J'ai toujours la même envie mais il est temps de m'arrêter », avait indiqué le maire de la ville, dont le premier mandat remonte à... 1983. Lucide sur les ambitions politiques des uns et des autres, il avait deviné l’appel d’air électoral que son départ allait susciter : « Je ne redoute pas le vide après moi mais le trop plein. Il y a un pullulement de candidats avec des motivations différentes. J'espère que les Dunois feront le bon choix ». Des candidats déclarés ou en passe de l’être, Châteaudun n’en manque pas. De ce point de vue-là, Alain Venot a vu juste. En revanche, on peut douter

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un échec (en 2014), ce pharmacien rallié à LREM fait déjà campagne sur le constat d’une dégradation de l’état de la ville et l’absence d’esprit de concertation de l’actuel pensionnaire de l’Hôtel de ville. Également positionné sur la ligne de départ pour 2020, Christophe Seigneuret, 44 ans, ancien responsable de la communication de Didier Huguet durant son mandat, assure ne pas trahir son ancien employeur. « Je respecte l'homme, mais se présenter n'est pas lui faire un petit dans le dos », assure-t-il. Lui aussi se montre particulièrement critique face aux « insuffisances » de l’actuelle majorité. Autre candidature, bicéphale pour l’heure, celle de Michel Guerton, 66 ans, industriel et président de la CCI, et de Jérôme Philippot, 54 ans, candidat malheureux en 2014 (sous la bannière UMP) à une petite centaine de suffrages près. Pas d’étiquette po-

février, les critiques ont tourné à l’affrontement. Avec une virulence qui a laissé Alain Venot abasourdi. « En trente ans de vie politique, je n’ai jamais connu une telle violence », a-til confié à nos confrères de L’Écho Républicain à l’issue de la séance. « Nous avons la double peine : une dette de plus de 23 M€ et des infrastructures municipales extrêmement vieillissantes. Châteaudun se meurt. Vous avez fait du mal, beaucoup de mal », a fustigé Fabien Verdier. « Vous êtes dangereux. Vos propos sont affligeants, troublants et vous portez malheur. Mais on ne vous laissera pas faire. Les Dunois ne sont pas stupides », a rétorqué le maire en place. La teneur de ces premiers débats électoraux annonce une campagne municipale âpre et agressive. Une arène qu’Alain Venot a choisi de laisAG ser à d’autres combattants.


La Lettre Valloire - Septembre 2018 13


Points Chauds

Politique

Pause présidentielle dans « Monsieur le Président est en tournée. Cocher devant, laquais derrière… » Le 14 février, ce n’est pas à Alphonse Daudet, mais à George Sand qu’Emmanuel Macron rendait hommage. À l’invitation de Vanik Berberian, maire de Gargilesse-Dampierre, le chef de l’État a parcouru les rues du village berrichon cher à l’auteur de La Mare au diable et s’est entretenu avec les habitants avant de rencontrer plus de deux heures durant les maires ruraux.

«T

u as du réseau, toi ? » : cette question d’un journaliste parisien à son confrère venu avec le cortège présidentiel, résume le fossé entre le monde rural et les métropoles. Ici, à Gargilesse-Dampierre, tout au sud de l’Indre, dans l’un des plus beaux villages de France, la modernité a quelques ratés et le débit est souvent au plus bas. C’est le lot de cette commune de 300 habitants, bâtie « au fond d’un entonnoir de collines ro-

14 La Lettre Valloire - Mars 2019

cheuses » et où « vingt sources courant dans les plis du rocher ou surgissant dans les enclos herbus entretiennent la beauté de la végétation environnante », comme l’écrivait George Sand qui y coula des jours heureux. Son maire Vanik Berberian, par ailleurs président des maires ruraux de France, a voulu que le président de la République s’imprègne des beautés champêtres de ce coin du Berry. La visite a été complète, des ruelles au châ-

teau, en passant par les maisons du peintre Léon Detroy et la villa d’Argila, offerte à George Sand par son amant Alexandre Manceau. Cheminant côte à côte, le président et son guide ont fait quelques haltes : pour échanger sur les vicissitudes de la vie publique ou profiter des beautés du paysage ? Nul ne le sait puisque la presse était tenue à bonne distance des deux promeneurs. La déambulation a été aussi entrecoupée de discussions avec les habi-


le Berry tants, croisés au hasard des rues. Comme cette Anglaise, naturalisée française, qui s’inquiète des conséquences du Brexit. « On va trouver une solution pour les gens comme vous », lui a répondu Emmanuel Macron. Ou cet habitant, agacé d’avoir été bloqué lors de manifestations des gilets jaunes : « C’est pas possible,

pouvoir accoucher à moins de soixante kilomètres de chez elle ». Les maires ont aussi évoqué le manque de médecins, cruel dans le monde rural. Sans d’ailleurs faire émerger de solutions miracles, le chef de l’État se montrant sceptique sur l’efficacité de mesures coercitives obligeant les jeunes praticiens à

“ J’AI BEAUCOUP DE RESPECT POUR LE COMBAT QUE VOUS MENEZ, MAIS CE NE SERAIT PAS RESPONSABLE DE DIRE, AUJOURD’HUI, QUE LA MATERNITÉ VA ROUVRIR

on doit pouvoir circuler librement », s’est-il plaint auprès de l’hôte de l’Elysée. Face aux maires du département, réunis au château de Gargilesse, l’ambiance a été moins détendue. Le chef de l’État a d’abord dû affronter Annick Gombert, maire socialiste du Blanc, la sous-préfecture de l’arrondissement voisin. La maternité de cette petite ville de 6 500 habitants, à mi-chemin de Châteauroux et de Poitiers, vient de fermer. Devant le président, sa première magistrate s’est montrée offensive, défendant farouchement la réouverture de l’établissement : « Je suis de nature optimiste. Notre combat est juste ». Pourtant, Emmanuel Macron ne lui a guère laissé d’espoirs : « Je connais le cas de cette maternité et je sais l’émotion que cela a pu susciter (…) J’ai beaucoup de respect pour le combat que vous menez, mais ce ne serait pas responsable de dire, aujourd’hui, que la maternité va rouvrir. » La seule avancée obtenue est la promesse d’un centre de périnatalité. Une perspective qui n’a pas ravi l’élue : « Un centre de périnatalité, ce n’est qu’une maternité sans les accouchements. Les femmes doivent

s’installer un temps dans les déserts médicaux. Reste les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP). « Il faut inciter les médecins à y aller en terme de rémunération, avec du personnel. Il faut aussi repenser le financement des soins. Mieux rémunérer par une politique de prévention, et pas seulement le paiement à l’acte », a argumenté le président. En revanche, la gare d’Argenton-sur-

Creuse, à dix kilomètres à peine de Gargilesse, va sauver au moins un arrêt du train provenant de ParisAusterlitz. Le 19 h 38, arrivant à Châteauroux à 21 h 44, pousserait jusqu’à

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Points Chauds

Politique Argenton et une ou deux autres liaisons seraient en passe d’être sauvées. Le comité de défense, qui réclame une arrivée sur Paris avant 9 h et des trains directs l’après-midi et le soir, pourrait être partiellement exaucé. Si Emmanuel Macron garde un bon souvenir de son passage dans la vallée de la Creuse, ce ne sera pas à André Laignel qu’il le devra. Le maire socialiste d’Issoudun, l’autre sous-préfecture de l’Indre, a retrouvé pour l’occasion toute sa pugnacité : « Après dix-huit mois de stigmatisation des maires, il faut enfin un véritable dialogue », a lâché celui qui est aussi premier vice-président de l’Association des maires de France, réclamant une hausse des dotations de fonctionnement aux communes. « Quand on dit la moitié de la vérité, on ne dit pas toute la vérité », lui a rétorqué le président de la République, rappelant à l’élu que sa ville était l’une des bénéficiaires du programme Action cœur de ville. François-Xavier Beuzon

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« Avec leurs mots,

pas avec leurs poings »

Dominique Dhumeaux, maire du village de Fercé-sur-Sarthe (72), est l'un des premiers à avoir ouvert un cahier de doléances. Confronté aux revendications des gilets jaunes, il a voulu donner la parole à celles et ceux qui ne la prennent jamais.

A

lors que les gilets jaunes avaient pris possession depuis plusieurs semaines des ronds-points et des chaînes d’infos en continu, Dominique Dhumeaux, maire de Fercé-sur-Sarthe, un village à mi-chemin du Mans et de La Flèche, a souhaité prendre le pouls de cette grogne citoyenne inclassable que personne n’avait vu venir. Pas même les élus locaux. « Fin novembre, quand j’ai vu l’ampleur du mouvement dans nos campagnes, je me suis dit qu’il était utile de permettre à ces gens d’avoir la parole. C’était une solution pour qu’ils puissent s’exprimer avec leurs mots, pas avec leurs poings », explique l’élu. Le 8 décembre, Dominique Dhumeaux ouvre donc un cahier de doléances et, dans le même élan participatif, les portes de sa mairie. Une sorte de catharsis citoyenne proposée aux 600 âmes de sa commune et à l’ensemble des villages voisins. Le débat est ainsi lancé sur un mode inédit d’une consultation

populaire tous azimuts. Avec un succès immédiat. « La surprise a été totale sur le nombre de participants, mais aussi sur le profil des personnes qui se sont déplacées. On a vu des gens qui jusqu’alors ne venaient pas en mairie et qu’on ne voyait pas non plus aller voter. Des gens en difficulté qui avaient, pour certains, peu l’habitude d’écrire et faisaient un effort pour exprimer leurs souf-

mêmes revendications. « Il y a un seul sujet qui évolue selon les villages, c’est celui de la mobilité, car les besoins ne sont pas les mêmes d’un endroit à l’autre. Pour le reste, on a été surpris de voir que, dans toutes nos communes, c’était les mêmes mots, les mêmes sentiments », commente le maire. Des mots pour réaffirmer un besoin urgent de justice sociale. « On paie tous nos impôts, on a la même TVA,

“ ON A VU DES GENS QUI JUSQU’ALORS NE VENAIENT PAS EN MAIRIE ET QU’ON NE VOYAIT PAS NON PLUS ALLER VOTER

frances. Cela a été un magnifique moment de démocratie », se félicite Dominique Dhumeaux, par ailleurs vice-président de l’association des maires ruraux de France (AMRF) au côté de Vanik Berberian. Le premier jour, quelque « quarante familles » du village ont noirci les pages du cahier de doléances municipal. La médiatisation nationale de cette initiative locale, qui anticipait le grand débat national porté par l’Élysée, a renforcé encore l’élan populaire. « On a reçu des doléances de toute la France, poursuit l’édile. On a souhaité qu’il y ait une transition, mais pas de confusion avec le débat national. Le 11 janvier, nous avons donc remis officiellement au préfet et à l’ensemble des parlementaires du département toutes les doléances reçues dans les mairies de la Sarthe.» D’une mairie à une autre, les habitants de cette partie rurale du département ont exprimé les mêmes colères et les

on doit donc avoir les mêmes droits, voilà ce que nous ont dit nos concitoyens. Il y avait beaucoup de sagesse dans les expressions et les excès étaient plutôt rares. Le gens ne demandent pas la lune, juste ce qui est raisonnable et honnête d’attendre », résume Dominique Dhumeaux. Sans réclamer que « des têtes tombent », mais en prenant néanmoins pour exemple « Jérôme Cahuzac, Carlos Ghosn ou le président de la République », les cahiers de doléances réclament la fin de « privilèges excessifs », devenus insupportables. « Tout le monde en prend pour son grade, mais les gens ne demandent que des choses qu’il est difficile de contester », conclut Dominique Dhumeaux qui restera « très attentif » aux conclusions du grand débat. Et à leurs traductions dans les faits. Anthony Gautier pour le Journal des Communes

Juin 2019 2018 17 La LaLettre LettreValloire Valloire--Mars


Points Chauds

Politique

YVES DAUGE, ANCIEN SÉNATEUR ET MAIRE DE CHINON

« Avec Action cœur de ville,

on marche sur la tête ! »

En 2017, Yves Dauge avait rédigé un rapport sur la revitalisation des centres anciens des villes moyennes, document qui a servi de base de travail au programme Action cœur de ville. Mais, selon lui, son approche et ses préconisations ont été dénaturées. La Lettre Valloire : Quelles étaient vos préconisations pour ces petites communes en souffrance ? Yves Dauge : La première était de créer des alliances entre ces petites communes abandonnées et les villes dites « fortes ». Il faut mettre en œuvre des dynamiques de développement sur les fonctions urbaines essentielles. Ce sont des sujets que tout le monde connaît : mobilité, justice, culture, santé, etc. Rendez-vous compte : 150 tribunaux ont été fermés par Rachida Dati. Ils avaient une vraie symbolique de représentation et on y traitait les conflits quotidiens. Il faut faire des alliances dans le domaine de la santé aussi. Dans le domaine de la culture, idem, nous devons créer des liens avec les grandes institutions. Mon plan repose sur cette idée fondamentale des alliances. La Lettre Valloire : Le rapport sur la revitalisation des centres des villes petites et moyennes remis à Bernard Cazeneuve en 2017 a inspiré l’opération Action cœur de ville. Le programme est-il fidèle à vos préconisations ? Yves Dauge : Non, mon rapport a été dénaturé, même s’il y a de bonnes choses dans ce programme. La Lettre Valloire : Pourquoi ? Yves Dauge : J’étais en désaccord avec le ministre qui l’a lancé (Jacques Mézard, NDLR) sur plusieurs points : j’avais demandé que l’on démarre un programme à partir du terrain et que l’on n’affiche pas une liste de villes depuis le ministère. J’avais également dit qu’il fallait un programme expérimental avec quelques villes et en travaillant en étroite collaboration avec les Régions, car on ne fera rien sans elles. Jacques Mézard a tourné le dos aux Régions. C’est mon premier désaccord. Mon second tient à la taille des villes choisies. On a tourné le dos aux petites communes en nous expliquant que les villes moyennes comptaient 20 000 habitants et plus. On a donc mis dans cette liste Chartres, Besançon, Troyes ou Bayonne qui n’avaient pas besoin de ce soutien. Avec ces villes, on dépensera le peu d’argent que l’on a. Du coup, on a laissé tomber La Châtre, Lorette ou Pont-Saint-Esprit, etc. On marche sur la tête : on fait un programme qui prend en compte les villes qui n’en n’ont pas besoin et délaisse celles en détresse. 18 La Lettre Valloire - Mars 2019

La Lettre Valloire : Et concernant le commerce dont l’absence pèse sur l’attractivité des centres-villes ? Yves Dauge : On ne peut plus parachuter des mètres carrés le long des routes. J’ai demandé un moratoire sur ce sujet. J’avais proposé que la commission départementale d’équipement commercial soit transférée à la Région. Les grandes surfaces doivent payer un fonds d’intervention pour financer le commerce en centre-ville. Elles en ont les moyens. Tout cela a été refusé. On ne veut pas arrêter cette machine infernale qui tue les villes. Et j’ai dit la même chose pour les logements : on continue à financer les pavillons sur les terres agricoles mais on refuse de traiter la question de l’accession à la propriété et de la réhabilitation dans les centres-villes. Il faut renverser ces politiques. Propos recueillis par AG

Âgé de 84 ans, Yves Dauge a été maire PS de Chinon (37) pendant seize ans, député d’Indreet-Loire entre 1997 et 2001, puis sénateur jusqu’en 2011. Il continue à œuvrer au sein de différents organismes sur les sujets qui ont traversé l’ensemble de ses mandats, à savoir la préservation du patrimoine culturel et la défense d’un urbanisme intégré à son environnement.


SUPPLÉMENT AU MAGAZINE DE MARS 2019

St-Amand-Montrond une ville intelligente



Spécial St-Amand-Montrond SERGE VINÇON, MAIRE DE ST-AMAND-MONTROND ET PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES CŒUR DE FRANCE

« Nous voulons attirer l’excellence » Maire de St-Amand et président de la communauté de communes Cœur de France depuis 2008, Thierry Vinçon présente la ville et le territoire intercommunal qui est particulièrement bien connecté. de smart city nous avons réalisé 55 % d’économie d’eau et 16 % d’économie d’électricité l’an dernier. Pour la partie safe city, nous nous engageons dans la modernisation avec, par exemple, des téléphones talkie-walkie mis au point par Orange et utilisés en test par la police municipale. Ce n’est pas parce que l’on est petit que l’on ne peut rien faire.

La Lettre Valloire : Comment décririez-vous votre ville ? Thierry Vinçon : St-Amand-Montrond est un pôle de service public dans le sud du Cher, qui est reconnu comme tel par l’État et la population. Je souhaite que la ville soit aussi reconnue pour son dynamisme économique. Celuici est réel mais plusieurs de nos entreprises sont liées aux secteurs du luxe, de l’aéronautique, de la défense et de la sécurité et sont donc astreintes à une grande discrétion. La population du Saint-Amandois s’inscrit bien dans ces valeurs. Elle a un réel savoir-faire dans différents domaines, mais elle est discrète et reste fidèle à ses employeurs. Et n’oublions pas que si le tissu industriel est riche, 36 % des entreprises sont artisanales. La Lettre Valloire : Pourquoi avoir voulu que St-Amand devienne une smart city ? Thierry Vinçon : J’ai voulu que le territoire soit pilote dans des domaines innovants. Nous l’étendons aussi à la gestion du domaine public, où nous appliquons la règle du 5 en 1. Lorsque nous réalisons des rénovations de rue, nous enfouissons et rénovons en même temps les cinq réseaux (eau, électricité, gaz, assainissement et télécommunications) en anticipant l’arrivée de la fibre et de la 5G. Les partenaires travaillent sur le même projet pour que tous les travaux soient réalisés en une seule fois. Grâce au concept

La Lettre Valloire : Que faut-il faire pour attirer des entreprises sur le territoire ? Thierry Vinçon : L’amélioration de la formation est indispensable pour assurer la transition vers les nouveaux métiers et la modernisation des outils. Cela permettra d’implanter de nouvelles entreprises. Notre territoire est privilégié en matière de sécurité, d’activités, de loisirs, de qualité de vie et cela intéresse certaines entreprises. Nous travaillons avec la Région Centre-Val de Loire pour créer, ici même, un pôle d’excellence régional tourné vers les usines et les métiers du futur. La transition numérique est importante. Notre territoire est un territoire d’expérimentation disposant de toutes les qualités humaines pour anticiper les transformations des métiers de demain. Nous voulons attirer l’excellence. La Lettre Valloire : Êtes-vous inquiet sur les ressources de la collectivité ? Thierry Vinçon : En dépit de l’inquiétude que nous inspire le projet de suppression de la taxe d’habitation, nous réalisons nos projets. Nous avons un budget municipal de 24 M€, dont 17 en fonctionnement et 7 en investissement. Depuis 2009, nous avons réduit le fonctionnement de 21 M€ à 17 M€. Nous avons réalisé notre cure interne. On nous demande aujourd’hui d’appliquer une Règle d’or afin de diminuer le fonctionnement et de maîtriser les dépenses, mais nous le faisons déjà depuis dix ans. Nous avons baissé de 5 % la part communale des impôts locaux en 2017 et 2018, ce qui a entraîné 500 000 € de ressources en moins pour chacune de ces deux années. Étant donné la baisse des dotations, nous serons obligés d’augmenter les taux cette année. Si l’État, qui affiche un dérapage budgétaire énorme, avait fait sa part, nous n’en serions pas là. En 2008, la dette municipale était de 29,5 M€, elle sera de 16 M€ en 2020. Propos recueillis par Isabelle l’Hopitault

Supplément à La Lettre Valloire - Mars 2019 3


Spécial St-Amand-Montrond

St-Amand-Montrond,

une ville intelligente

En s’équipant de capteurs, de sondes et de compteurs communicants, St-Amand-Montrond s’est convertie à la smart city. Un privilège qu’elle partage avec Lyon ou Issy-les-Moulineaux.

En décembre 2017, St-Amand a été récompensée de ses efforts par un label d’argent des territoires innovants décerné lors du 14e Forum des Interconnectés.

L

e 20 décembre 2012, StAmand-Montrond signait une charte avec M20 City (aujourd’hui Birdz), une filiale de Veolia, pour devenir une smart city, autrement dit en bon français « une ville intelligente ». La communauté de communes Cœur de France et le Sivu d’eau potable de St-Amand-Orval étaient les co-signataires de cette charte que testent aussi trois autres collectivités, beaucoup plus peuplées que la sous-préfecture du Cher : Lyon, Quimper et Issy-les-Moulineaux. Depuis, St-Amand a truffé ses réseaux et ses bâtiments de compteurs, de capteurs communicants et autres balises, jalonnant sa voirie de places de stationnement connectées… « Nous souhaitons réaliser des économies et préserver les ressources, souligne le maire Thierry Vinçon. C’est une quête de la ville idéale. » Des pré-localisateurs acoustiques ont

4 Supplément à La Lettre Valloire - Mars 2019

été positionnés sur le réseau d’eau potable pour détecter les fuites, tandis que 89 compteurs communicants étaient déployés, « ce qui permet d’intervenir très rapidement en cas de problème ». De la même façon, l’arrosage des stades est piloté par des sondes mesurant le taux d’humidité de l’air et ne déclenchant l’aspersion que si nécessaire. Sur le plan de l’énergie, 22 sondes gérées par la Ville traquent en permanence les sept bâtiments communaux les plus énergivores et 62 autres sondes sont gérées par Veolia. « Au départ, la Ville consacrait 1,2 M€ aux fluides, insiste le maire. Nous avons investi 95 000 € dans des capteurs pour économiser en moyenne 150 000 € par an. » Toutes les mesures collectées sont analysées. La Ville utilise un Urban board qui « permet de synthétiser l’ensemble des éléments collectés via les smart solutions pour faciliter la lecture et l’échange de données ». La municipalité est aussi en passe de signer une éco-charte afin de fixer des objectifs à chacun de ses services pour

la production de déchets, les consommations d’énergie et d’eau et les déplacements. Il n’y a pas que les bâtiments municipaux qui bénéficient de ces nouvelles techniques d’information et de communication. Les Saint-Amandois peuvent aussi scruter leurs consommations via Internet puisque des compteurs d’électricité, d’eau et de gaz communicants équipent les habitations. Même les poubelles du Syndicat mixte intercommunal de ramassage et de traitement des ordures ménagères (Smirtom) du SaintAmandois sont munies de puces électroniques depuis la mise en place de la redevance incitative. En décembre 2017, St-Amand a été récompensée de ces efforts par un label d’argent des territoires innovants décerné lors du 14e Forum des Interconnectés. Et cette année, la sous-préfecture du Cher et la métropole lyonnaise se rapprocheront pour dresser un bilan des actions qui fonctionnent et qui pourraient être mises en œuvre chez l’autre. Isabelle l’Hopitault

Une centrale photovoltaïque en projet St-Amand-Montrond et EDF Renouvelables ont lancé un projet de construction d’une centrale de panneaux photovoltaïques qui devrait entrer en service au premier semestre 2020. L’investissement – 5 M€ – sera à la charge d’EDF Renouvelables qui proposera un financement participatif aux habitants du territoire. La centrale de 7 ha devrait produire 5 MW, ce qui représente la consommation de 1 250 foyers quand St-Amand en compte 6 309. La commune percevra un loyer annuel de 16 000 € durant vingt-deux ans et 62 000 € seront partagés chaque année entre St-Amand, la communauté de communes Cœur de France, le Département et la Région.


Des herbes, des abeilles…

et des hommes La capitale du Boischaut veut être un « laboratoire du bien-vivre ». Pour rester en contact avec la nature, la Ville s’est dotée de ruches et produit désormais son propre miel.

S

t-Amand-Montrond s’est résolument engagée dans une démarche de développement durable. Thierry Vinçon, maire de la commune depuis onze ans, aimerait en faire une green city. « Je veux que St-Amand soit un living lab, c’est-àdire un laboratoire du bien-vivre », répète-t-il à l’envi. La première charte Objectif zéro pesticide, signée avec Nature 18, association départementale d’étude et de protection de la nature et de l’environnement dans le Cher, ainsi qu’avec la Fédération régionale d’étude des organismes nuisibles, remonte à 2011. A l’époque, le but était de réduire progressivement l’utilisation des produits phytosanitaires de synthèse par le service espaces verts de la Ville et d’inciter les habitants à faire de même. La loi Labbé est passée par là, interdisant depuis le 1er janvier 2017 l’utilisation de pesticides par les collectivités et, depuis le 1er janvier de cette année, la vente de pesticides chimiques de synthèse aux particuliers. « Il n’est pas facile de faire accepter par les habitants la présence d’herbes sur la voirie, souligne Thierry Vinçon. Pourtant, ce n’est pas parce qu’il y a de l’herbe le long des trottoirs que la ville est sale. Certains habitants ont encore du mal avec cela mais il n’est pas interdit d’entretenir la bordure devant chez soi ! » Par ailleurs, St-Amand a été labellisée APIcité 2 abeilles par l’Union nationale des apiculteurs de France (Unaf) en 2017 pour sa « démarche remarquable » en faveur de la préservation des abeilles et de la biodiversité. Depuis bientôt cinq ans, la municipalité

travaille avec l’association apicole saint-amandoise ; elle a acquis dix ruches qu’elle a installées dans cinq quartiers pour produire des miels spécifiques, tout en incitant les habitants à planter des fleurs mellifères. Résultat : 55 kg de miel ont été récoltés en 2018 et vendus par le biais de l’office de tourisme. L’année précédente, la Ville et la même association avaient mené une campagne d’éradication des frelons asiatiques, co-responsables de la disparition des abeilles. Le premier magistrat aimerait maintenant lancer une campagne de protection des petits oiseaux et des hérissons. La Ville devrait aussi emboîter le pas de Val de Berry, l’office public de l’habitat du Cher, qui a installé sur l’un de ses immeubles le premier hôtel à chauvesouris saint-amandois. « Nous allons disposer ces gîtes dans d’autres quartiers afin de favoriser le développe-

ment des colonies de ces chiroptères qui ont un rôle écologique important », annonce le maire. De son côté, dans le cadre de l’opération « Si On Plantait ? », le Pays Berry-SaintAmandois participe à l’acquisition de plants pour favoriser la préservation des haies champêtres et des vergers. IH

Un parcours scientifique autour du lac Se balader avec son smartphone pour mieux comprendre la faune et la flore autour de soi. Cette idée originale, mêlant nouvelles technologies et nature, a été mise en place par plusieurs établissements scolaires saint-amandois sur le site du lac de Virlay, à l’entrée ouest de la ville. C’est du projet « Génome à l’École » que tout est parti pour aboutir à la création d’un parcours scientifique et à l’installation de quinze panneaux expliquant les espèces végétales, animales et la géologie du site. Les panneaux jalonnent ce plan d’eau de 30 ha, dont une partie est classée Natura 2000, et renvoient à des explications plus détaillées ou des documents audio accessibles par des QRcodes. Un livret de jeux intitulé « À la découverte de Virlay et de sa biodiversité » a même été imaginé par les collégiens.

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Spécial St-Amand-Montrond

La fibre optique

sera là l’an prochain

Les travaux d’installation de la fibre optique débuteront cette année dans la communauté de communes Cœur de France : 91 % des foyers du territoire devraient en bénéficier dès l’an prochain.

S

urfer sur le web avec un débit pouvant atteindre 1 000 mégabytes contre 20 actuellement : la révolution de la fibre optique est pour demain. La vitesse de navigation va, en effet, s’envoler d’ici à 2020 pour la plupart des foyers et l’ensemble des entreprises de la communauté de communes Cœur de France. En 2021, 70 % des foyers du Cher pourront bénéficier du très haut débit Internet via la fibre optique. C’est en tous cas l’objectif que s’est fixé le syndicat départemental Berry Numérique qui organise le déploiement pour les intercommunalités adhérentes. Sur le territoire de la communauté de communes, le but est de proposer la Fiber to the Home (FTTH) à 91 % des foyers. Les travaux d’installation devraient commencer cette année pour se terminer en 2020. Thierry Vinçon, président de l’EPCI, avait espéré que le Saint-Amandois, comme Bourges et Vierzon, soit relié à la fibre gratuitement par Orange mais cela n’a pas semblé assez rentable à l’opérateur. La structure intercommunale, qui a élargi ses compétences à l’établissement et l’exploitation d’in-

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frastructures et de réseaux de communications électroniques, a donc dû adhérer à Berry Numérique et mettre la main à la poche. « Nous allons investir 1,2 M€, annonce Thierry Vinçon. Les fourreaux destinés à passer les câbles sont déjà installés sur la plupart du territoire. Lorsque nous engageons la réfection de la voirie, nous prévoyons les gaines nécessaires au passage de la fibre optique qui pourront d’ailleurs être ultérieurement utilisées pour le passage de la 5G. » Dans les communes où le passage souterrain s’avérerait trop coûteux, le réseau sera tiré en aérien. « C’est bien d’avoir la fibre, reprend Thierry Vinçon, mais il faut des opé-

rateurs qui proposent des offres. Le jour où les travaux seront terminés, notamment à St-Amand-Montrond et à Orval, nous disposerons d’une offre pour les habitants. » Pour le président de Cœur de France, le très haut débit ne sera pas forcément « un avantage » pour attirer de nouvelles entreprises, puisque « tout le monde va l’avoir (...) Mais la fibre est indispensable notamment pour le centre hospitalier, la télémédecine, les services municipaux, le monde économique local, le tourisme et le télétravail. » Les entreprises du territoire, comme les particuliers, y gagneront beaucoup en IH confort d’utilisation.

Même les places de parking sont connectées à St-Amand L’innovation concerne aussi le stationnement sur voirie. Dans le cadre du dispositif Smart City, et en partenariat avec Birdz (lire page 4), St-Amand-Montrond a été la première ville en France à installer, dès 2016, des capteurs placesminutes pour fluidifier le stationnement et simplifier l’accès aux commerces : une initiative qui a permis de chasser les voitures ventouses devant les commerces, mais aussi devant l’Hôtel de Ville. Vingt-et-une places ont été équipées de petits émetteurs qui décomptent le temps d’immobilisation du véhicule. Elles sont situées à des endroits stratégiques, c’est-à-dire près de boulangeries, pharmacies, tabac-presse… Sur ces emplacements matérialisés au sol par une peinture bleue, la durée maximum de stationnement est limitée à trente minutes. Au-delà, la police municipale est alertée par l’émetteur. Depuis un an, la Ville a supprimé les horodateurs. Aujourd’hui, St-Amand compte près de 650 places de parking proches du centre-ville, dont 199 en zone bleue qui permettent de stationner une heure et demie maximum.


« La sécurité, c’est la clé » À St-Amand-Montrond, la police municipale compte dix agents, contre... un seul il y a dix ans. Le maire considère que rien n’est possible sans que tous les habitants se sentent en sécurité.

S

elon Thierry Vinçon, la sécurité « c’est la clé ». En 2008, la police municipale comptait un agent, aujourd’hui elle possède six policiers et quatre agents de surveillance de la voie publique. Cela permet une présence accrue sur le terrain et l’extension des amplitudes horaires de ce service municipal. Depuis le printemps dernier, les policiers sont armés de revolvers Smith & Wesson 38 Spécial. « Les attentats nous ont conduit à prendre cette décision, indique le maire, car les policiers municipaux sont des cibles. » L’objectif du premier magistrat de la Ville est d’arriver en 2026 « à une vingtaine de personnels dans ce service.» Usant d’anglicismes, il considère « qu’il n’y a pas de smart city, ni de green city, sans safe city. » Depuis juillet 2018, la police municipale est équipée de jumelles laser pour les contrôles de vitesse : « Cela a un effet dissuasif et un réel impact sur les comportements des automobilistes, note Thierry Vinçon, comme les six radars pédagogiques fixes et mobiles

que nous avons achetés et installés. » La sécurité est une préoccupation ancienne. St-Amand-Montrond a mis en place un Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) il y a onze ans. Un an avant l’arrivée des caméras de vidéo-surveillance « qui ont permis d’augmenter le taux d’élucidation des crimes et délits et de baisser les dépenses de la collectivité liées aux dé-

gradations ». En dix ans, le nombre de caméras est passé de vingt à cinquante-deux. Un déport des images de la police municipale vers le centre opérationnel de la gendarmerie nationale du Cher, à Bourges, a été mis en place en 2011. En 2017, le taux d’élucidation des atteintes volontaires à l’intégrité physique a été de 106 %, celui des atteintes aux biens de 30,6 %, celui des vols avec effraction de 17 % et celui des infractions économiques et financières de 26 %. Les dépenses liées aux dégradations (espaces verts, bâtiments, signalisation) sont passées de 215 500 € en 2009 à 6 390 € en 2016. Derrière les écrans, aucun policier. « Je ne crois pas à l’humain qui regarde en direct, explique le maire. Je crois plus en l’intelligence artificielle qui, à l’avenir, permettra de déclencher une alerte lorsque les caméras montrent la chute d’une personne, un accident entre deux véhicules ou des bruits inhabituels. » Mais pour cela, il faut encore attendre de nouvelles avancées technologiques. IH

Des coordonnateurs famille pour faire le lien Ils sont trois et en civil. Leur tâche ? Aller au contact de la population et tenter de régler les différends. Pierre Desfougères, Philippe Stahl et Éric Tisseyre sont les coordonnateurs famille en action depuis janvier 2015. « Nous avons embauché trois officiers de gendarmerie retraités, explique Thierry Vinçon. Ils connaissent le terrain. À St-Amand, la loi est représentée par le maire, la force par la police municipale et le dialogue et l’écoute relèvent des coordonnateurs famille. » Ces préposés font remonter les doléances des habitants via les élus mais ils sont aussi « en charge des visites des personnes âgées qui en font la demande, notamment en cas de canicule » tout en étant sollicités pour désamorcer les problèmes de voisinage. « Ils sont la plus belle interface entre la population et la mairie », estime le maire. Les trois hommes sont basés dans le quartier du Vernet, quartier prioritaire de la politique de la ville, mais interviennent sur toute la commune.

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Spécial St-Amand-Montrond

Le Cœur de France dope La communauté de communes dispose de toute une batterie d’aides aux entreprises. Mais aussi d’astuces, comme les chèques cadeaux 100 % locaux destinés à freiner l’évasion commerciale. du commerce, du transport, de l’hébergement et de la restauration, 234 des services aux entreprises et 232 des services aux particuliers. À elle seule, la Ville de St-Amand-Montrond compte plus de la moitié des établissements, dont 62 industriels, 56 dans la construction, 237 dans le commerce, le transport, l’hébergement et la restauration, 160 dans les services aux entreprises et 163 dans ceux aux particuliers. La compétence économique des communes relevant désormais de l’échelon intercommunal, la communauté de communes Cœur de France vient

de publier le premier volume de l’annuaire des entreprises de son territoire, qui répertorie les industries, les artisans et les agriculteurs exerçant dans les 19 communes. « J’ai voulu cet annuaire économique car notre territoire est riche et la compétence de nos entreprises doit être mise en avant, explique Thierry Vinçon. Elles sont le fer de lance d’une activité en croissance. » Cet annuaire, imprimé à 1 500 exemplaires, est également disponible sur le site internet communautaire (www.cc-coeurdefrance.fr). « Un deuxième volume est en préparation

Un centre de formation et un Fab Lab en projets

L

a communauté de communes Cœur de France regroupe dixneuf communes depuis le 1er janvier 2013 et quelque 18 670 habitants, dont environ 10 200 pour la seule ville de St-Amand-Montrond. L’économie de cette partie du centre de la France, plutôt rurale, s’appuie notamment sur plusieurs entreprises du luxe et des métiers d’art ; elles ont suscité la création d’un Pôle d’excellence rural des métiers d’art (Perma), labellisé en 2010, qui a entraîné 3,4 M€ d’investissements. Selon l’Insee, l’intercommunalité saint-amandoise dénombrait 1 108 établissements (hors agriculture) en 2017, dont 126 relevant de l’industrie, 144 du secteur de la construction, 372

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La communauté de communes a le projet de créer un centre de formation et un Fab Lab en plein cœur de St-Amand-Montrond, sur une partie d’une friche industrielle de 24 000 m2 achetée pour l’euro symbolique à l’imprimerie CPI Bussière. Après le désamiantage et la démolition de certains bâtiments, pour un total de 800 000 €, la municipalité a imaginé, sous l’impulsion de Geoffroy Cantat, adjoint au maire en charge de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, un centre dédié aux besoins en formation des entreprises locales. Le lieu s’étendra sur 1 300 m2 et comportera six espaces : un centre de formation avec un atelier, des salles modulables et une salle informatique équipée qui pourra être louée à la carte ; un laboratoire de recherche accessible en permanence afin de tester produits et procédés de production ; un espace de coworking dont les positions peuvent être louées à la journée ou au mois ; deux bureaux “pépinières” disponibles sous bail précaire ; un local pour les Compagnons du devoir et enfin une vitrine du savoir-faire et des métiers d’art. « L’objectif est de former localement les demandeurs d’emploi, précise Thierry Vinçon. Ce site ne créera pas d’emplois en tant que tels mais il devrait permettre de répondre aux offres d’emploi non pourvues. » Des stages de formation continue pourront également y être assurés. L’estimation large du projet est de 2 M€. Les services communautaires prévoient une ouverture pour la fin de l’année ou le début de la suivante.


son économie avec les commerces, les professions libérales, les services », annonce le président de l’EPCI qui a mis en place de nouvelles subventions destinées aux entreprises. Trois types d’aides peuvent leur être accordées : la première pour l’investissement des très petites entreprises (ou micro-entreprises), la deuxième pour l’embauche de jeunes en alternance (apprentissage ou contrat de professionnalisation) et la troisième pour un investissement immobilier, à condition qu’il donne lieu à des embauches. Les plus petites des entreprises, celles employant moins de 11 salariés et réalisant moins de 1 M€ de CA, peuvent ainsi obtenir une subvention de 20 % du coût total de leur projet, sous réserve qu’il s’élève au minimum à 4 000 €. Sont pris en compte l’aménagement de locaux, la réfection de devantures, l’équipement de véhicules de tournée ou d’atelier, l’acquisition de matériel neuf apportant une plus-value à l’entreprise ou de logiciels de production. Une enveloppe supplémentaire représentant 10 % de l’investissement peut être ajoutée si le projet s’accompagne d’une création d’emploi, avec une bonification d’encore 10 % s’il s’agit de la réouverture d’un commerce du centre-ville ou du centre-bourg de chacune des 19 communes du territoire. Ensuite, la communauté de communes peut verser une subvention de 1 000 € pour un contrat d’alternance d’un an préparant à des diplômes d’un niveau minimum CAP-BEP, somme portée à 2 000 € pour un contrat de deux ans, à toutes entreprises de moins de 250 salariés dont le CA ne dépasse pas 50 M€ ou le bilan 43 M€, ce qui correspond à la définition juridique de la PME. Ces aides sont cumulables avec celles de l’État.

Enfin, des subventions à l’investissement immobilier sont prévues, également pour les TPE et PME ; elles sont accordées pour l’acquisition, la

Pour l’embauche de 1 à 4 personnes, la subvention peut atteindre au maximum 15 000 €, mais son plafond est porté à 25 000 € pour l’embauche de

“ DES AIDES PEUVENT ÊTRE ACCORDÉES À L’INVESTISSEMENT DES TPE, À L’EMBAUCHE DES JEUNES EN ALTERNANCE ET À L’INVESTISSEMENT IMMOBILIER CRÉATEUR D’EMPLOIS

construction ou la rénovation d’un bâtiment, frais et honoraires compris. L’investissement doit être d’au moins 25 000 € et le montant de l’aide ne pas dépasser 10 % des dépenses éligibles (hors taxes). Les bénéficiaires doivent, en contrepartie, créer des CDI d’au moins vingt-huit heures par semaine ou des CDD d’au moins six mois.

5 à 9 personnes, 35 000 € pour 10 à 14 emplois nouveaux et 45 000 € pour 15 emplois et plus. Ces aides sont cumulables avec celles de la Région Centre-Val de Loire et peuvent ainsi être supérieures à 100 000 € pour la création de plus de 15 emplois. Il est à noter que le cumul des aides ne peut pas dépasser 20 % du montant total IH du projet.

Des chèques cadeaux 100 % locaux

En 2014, la municipalité ouvrait l’Office municipal du commerce et de l’artisanat (Omca), le premier du Cher, afin de disposer d’un service dédié aux porteurs de projets et à la redynamisation du commerce. Début 2018, cet Omca est devenu Office de médiation du commerce et de l’artisanat puisque désormais de compétence intercommunale. Il organise, entre autres, des “Petits déjeuner en Or”, une fois par mois, à destination des chefs d’entreprise et sur des thèmes économiques variés. En 2015, l’Omca a lancé les chèques cadeaux 100 % locaux qui ont pour objectif de « développer l’économie circulaire, de soutenir le commerce local » et, partant, d’éviter l’évasion commerciale. Une véritable réussite puisque plus de 135 commerçants du territoire communautaire les acceptent. Les commerçants reversent 5 % du montant des chèques encaissés à l’Omca pour couvrir les frais d’impression et de fonctionnement. En 2019, l’objectif est d’accroître le nombre de commerçants et d’artisans acceptant ces titres de paiement. En 2017, 117 645 € de chèques cadeaux ont été vendus aux particuliers, entreprises, comités d’entreprises et associations… Le cru 2018 a été à peine inférieur, avec 100 000 € dépensés.

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Spécial St-Amand-Montrond

Avignon Ceramic, de la

porcelaine aux moteurs d’avions L’entreprise bruéroise crée désormais des noyaux céramiques pour les pièces de moteurs d’avion et de turbines à gaz. Une évolution radicale pour ce porcelainier né au XIXe siècle.

N

ée en 1870 à Bruère-Allichamps, Porcelaines Avignon a opéré un grand virage il y a une trentaine d’années en s’orientant vers la création de noyaux céramiques destinés principalement à l’industrie aéronautique (procédé à la cire perdue) : « Ce virage a été pris pour que l’entreprise ne meure pas, explique Philippe Coulon, président de la société. En 1990, nous avons acheté une licence technologique à Snecma. Nous avons investi la moitié du chiffre d’affaires dans la création d’un bâtiment, l’achat de matériel et la formation du personnel. » Cet audacieux pari a payé. Des quatre personnes employées au début de cette activité technique, ils sont désormais quatre-vingts à s’y consacrer. C’est-à-dire la très grande majorité de la centaine d’employés d’Avignon Ceramic, raison sociale apparue en 2007. « Les pièces pour le secteur

10 Supplément à La Lettre Valloire - Mars 2019

aéronautique représentent 80 % de notre CA de 7,7 M€, précise Philippe Coulon. Le reste se partage entre le matériel en porcelaine pour les laboratoires (canules, creusets, capsules) et divers objets techniques en céramique. »

nous prévoyons une accélération du chiffre d’affaires. » Avignon Ceramic teste l’impression 3D depuis dix-huit mois. « Cette technologie va nous permettre de développer des activités céramiques dans tous les secteurs. Avec notre spécia-

“ EN FRANCE, NOUS SOMMES LES SEULS À RÉALISER DES NOYAUX CÉRAMIQUES POUR L’AVIATION Avignon Ceramic a réussi à conquérir le marché de l’aéronautique civile et militaire, ainsi que le secteur de l’énergie pour les pièces de moteurs de turbines à gaz. « C’est un marché de niche, reprend Philippe Coulon. Il y a peu de clients dans le monde qui fabriquent des moteurs d’avion. Nous travaillons pour Safran Aircraft Engines, mais aussi Rolls-Royce, Pratt & Whitney, Alstom-Siemens, General Electric et Mitsubishi Motors. En France, nous sommes les seuls à réaliser des noyaux céramiques pour l’aviation. Nous avons une dizaine de concurrents à l’échelle mondiale. » L’entreprise vise un développement de son activité dans l’aéronautique civile, « car il y a de plus en plus de besoins dans le monde. » Avignon Ceramic emploie des ingénieurs, mais aussi des personnes spécialisées dans l’injection et la finition de précision qui sont formées sur place. « Pour la partie production, nous avons besoin d’employés minutieux, faisant preuve de dextérité, sans diplôme particulier. Nous envisageons de recruter cette année après trois ans de stabilité, car

lité d’injection céramique (ceramic injection moulding), nous allons pouvoir couvrir beaucoup de domaines. Nous avons prévu trois ans de recherche et de développement. Nos équipes travaillent sur ce projet avec un laboratoire universitaire d’étude de polymères. L’investissement est de 2 M€. » Il faut dire qu’Avignon Ceramic, propriété de Jean-Paul Detroyes pendant quarante-deux ans et vendue en 2018 à quatre salariés, dont Philippe Coulon, ancien directeur du site, a l’innovation dans son ADN. « L’entreprise a réalisé la partie céramique des premières bougies de voitures, rappelle le président. Nous allons chercher les innovations technologiques et les marchés de pointe. Nous sommes aujourd’hui dans l’industrie 4.0 et nous nous devons de gérer cette révolution industrielle. » Des innovations qui la conduisent aussi à travailler pour l’export : « Le seul frein est la distance avec le premier aéroport, car il faut aller à Paris quand les clients viennent nous voir », souligne Philippe Coulon. IH


Cizeta Medicali

mise sur l’innovation

Spécialiste de la compression médicale, cette société installée à St-Amand-Montrond a créé quarante orthèses en dix ans.

L

a filiale française de l’italien Cizeta Medicali, un spécialiste de la compression élastique, a vu le jour il y a onze ans à St-Amand-Montrond pour fabriquer des produits d’orthopédie. « Nous avons créé des ceintures lombaires repositionnables en fonction des pathologies et des ceintures spécifiques pour les femmes, détaille son directeur général Charles Dubourg, mais aussi des colliers cervicaux, des attelles de genou… » Depuis sa création, quarante produits ont été développés. Parmi ceux mis au point dans le Sud Berry figure l’A2T, un acronyme pour Attelle TaloTarsienne, une orthèse commercialisée depuis deux ans. « Il s’agit d’une attelle pour les entorses de la cheville, précise Charles Dubourg. Fin 2018, nous avons obtenu la certification de

la Haute autorité de santé, ce qui permet de justifier une différence de service médical apporté par l’A2T par rapport aux attelles existantes. Nous sommes en discussion avec l’armée française pour que l’A2T soit prescrite aux militaires. Nous avons commencé la commercialisation à l’international. » Cizeta Medicali France vient de créer une orthèse baptisée MI 70 qui est une attelle spécifique pour les fractures des métacarpiens. « Nous avons également développé une application, nommée Smapp, destinée aux problèmes veineux. À partir des mesures des patients, elle permet de trouver le produit le mieux adapté et de définir une meilleure observance du traitement. Smapp Observance est d’ailleurs une application accessible

aux particuliers. », détaille Charles Dubourg dont les équipes ont aussi imaginé Orthoshop, une cabine entièrement dédiée à la prise en charge des personnes ayant des problèmes veineux. Cizeta Medicali France, qui emploie soixante-dix personnes, réalise un CA de 13,5 M€, dont 11,5 M€ pour la partie compression médicale. L’entreprise table sur une augmentation de 10 % de son CA, mais son directeur général espère bien IH atteindre 20 %.

CPI Bussière s’est converti au numérique Cet imprimeur traditionnel de livres de poche s’est converti au numérique qui représente aujourd’hui 60 % de sa production.

S

pécialiste de l’impression traditionnelle de livres de poche et de littérature générale en noir et blanc, CPI Bussière, qui fait partie depuis juillet dernier du groupe Circle Printers, s’est lancé dans l’impression numérique dès 2009 et a ouvert un centre de formation aux métiers de l’impression numérique en 2015. « Le numérique permet la réactivité et l’impression de petites quantités, assure Pascal Choloux, directeur général de CPI Bussière. En tirage traditionnel, nous pouvons imprimer de

5 000 à 300 000 exemplaires, alors qu’en numérique nous nous limitons à des petits tirages, compris entre 300 à 4 000 exemplaires. » En 2014, l’entreprise a diminué de moitié ses effectifs pour se convertir à l’impression 100 % numérique : « Aujourd’hui, nous avons trois machines de finition numérique pour une seule de finition traditionnelle. Il y a trois ans, nous avons investi dans un équipement qui nous permet d’imprimer des intérieurs couleurs. Nous prévoyons environ 0,7 M€ d’in-

vestissement en 2019 pour nous équiper d’une nouvelle machine. » Aujourd’hui, chez Bussière, le numérique représente 90 % des commandes et 60 % des exemplaires imprimés. L’entreprise de St-AmandMontrond, qui emploie 68 personnes, affiche un CA de 11 M€, qui est en progression de 1 % « sur un marché qui décroît chaque année de 5 % ». Malgré l’arrivée du numérique, l’entreprise sait encore fabriquer des livres pliés, cousus et brochés à la main. IH

Supplément à La Lettre Valloire - Mars 2019 11


Spécial St-Amand-Montrond

Swisslog, du transport

de documents aux robots

L’histoire de Swisslog a commencé à St-Amand il y a cinquante ans. L’entreprise est spécialisée dans les pneumatiques, les AGV et les robots de pharmacie.

S

wisslog Healthcare, descendante de l’entreprise Arts et Techniques créée en 1969 à Orval, puis Télédoc en 1972 à StAmand-Montrond, est un groupe dont l’ADN est la logistique. Tout au long de son existence, l’entreprise a mis au point des systèmes de transports automatisés de documents, d’argent dans les supermarchés, de prélèvements médicaux dans les centres hospitaliers… Aujourd’hui, Swisslog Healthcare, dont le siège se situe à Suresnes, en banlieue parisienne, s’appuie sur son usine saint-amandoise pour la fabrication de systèmes automatisés pneumatiques, des Automatic Guided Vehicles (AGV) – ou véhicules autoguidés – et sur son unité de Cuneo, une petite commune du Piémont italien toute proche de la frontière française, pour la conception et l’assem-

12 Supplément à La Lettre Valloire - Mars 2019

blage de robots destinés aux médicaments. « La robotique a une incidence majeure dans le groupe, indique Fabien Brière, directeur commercial Europe de l’Ouest pour le secteur pharmaceutique. Nous proposons quatre grands types de produits : le transport pneumatique, les AGV, les robots avec dispensation nominative qui préparent les comprimés des prescriptions médicales, et depuis le rachat de l’entreprise italienne Tecnilab, des robots gérant les boîtes de médicaments dans les pharmacies.» Le site berrichon a des spécialités bien marquées. « Nos robots servent à la logistique des hôpitaux, explique Ange Leprat, ingénieur d’application et chef de chantier. Ils transportent des containers de linge, de déchets,

de repas, de médicaments. Il y a des gares logistiques où les robots viennent récupérer les informations sur leurs destinations et leurs missions. La partie électrique et mécanique est fabriquée à St-Amand. En 2018, nous avons mis au point un robot à fourches. » La partie pneumatique est en constante évolution. « Swisslog Healthcare propose des systèmes unidirectionnels afin de transporter les poches de prélèvements des services des hôpitaux vers les laboratoires mais pas l’inverse, ce qui évite le transport de bactéries à l’extérieur des laboratoires », souligne Jean-Paul Rolland, chef de chantier et coordinateur de projets. À St-Amand-Montrond, l’entreprise emploie aujourd’hui 120 personnes et affiche un CA de 30 M€.

De la maçonnerie aux panneaux photovoltaïques Olivier Boubat est maçon de métier, comme Jean, son père, qui avait créé son entreprise en 1957 à Neuilly-en-Dun. Au décès de ce dernier, Olivier, qui n’est alors âgé que de 19 ans, sa mère et ses deux sœurs sauvent l’entreprise de vingt salariés et créent ensuite deux magasins de négoce de matériaux à St-Amand et Lignières. En 2000, Olivier prend en charge la partie maçonnerie avant d’ouvrir une antenne de l’entreprise en 2003 à St-Amand. Il y a trois ans, le maçon a créé Boubat Éco-Énergie, spécialisée dans l’énergie solaire et la création de centrales photovoltaïques pour les particuliers, les agriculteurs, les industriels et les collectivités. « C’est un moyen d’accompagner la transition énergétique, souligne Olivier Boubat. Cela a aussi permis de faire entrer une entreprise traditionnelle dans l’innovation. Contrairement aux gros porteurs de projets photovoltaïques, nous employons des travailleurs locaux avec des salaires corrects. Nous nous inscrivons dans une histoire locale et formons des jeunes afin de les fixer sur le territoire. C’est de l’économie circulaire. » L’entreprise de maçonnerie emploie soixante-dix personnes et réalise un chiffre d’affaires de 6 M€ ; de son côté, Boubat Éco-Énergie compte dix salariés pour un CA de 0,8 M€.


Capitaliser sur le tourisme Les communes de Cœur de France devraient pouvoir attirer plus de touristes. Elles misent sur le tourisme vert, la randonnée à vélo et la richesse du patrimoine.

«L

e tourisme a gagné ses lettres de noblesse, il permet d’endiguer la désertification », estimait Christelle de Crémiers, vice-présidente de la Région Centre-Val de Loire, chargée du Tourisme, des Terroirs et de l’Alimentation, en visite à St-Amand-Montrond à l’automne dernier. Il est patent que le Cher, et tout particulièrement sa partie méridionale, a un potentiel touristique à exploiter autour de la nature et de la culture, sachant que la région bénéficie de surcroît d’une situation géographique privilégiée, au carrefour des autres territoires. Il est donc logique que la communauté de communes Cœur de France, dont le tourisme relève de sa compétence, travaille sur l’attractivité. Le territoire peut s’appuyer sur deux des cinq premiers sites touristiques du département : l’abbaye de Noirlac, à Bruère-Allichamps (30 000 visiteurs annuels) et le château de Meillant (15 000 visiteurs) qui font partie des onze monuments et châteaux de la Route Jacques-Cœur dont St-Amand, également située sur le chemin de StJacques-de-Compostelle, est l’une des villes-étapes.

Les élus du territoire croient dur comme fer au tourisme vert. D’ailleurs, l’intercommunalité a créé un chemin de randonnée à pied, à vélo ou à cheval, balisé de Meillant à la fo-

corder à la smart city : « Il est essentiel de posséder la fibre optique pour communiquer et mettre en réseau les acteurs. » Cette année, Cœur de France a été

Sur les chemins à bicyclette Les véloroutes sont à la mode. Le Syndicat du canal de Berry, présidé par Véronique Fenoll, par ailleurs vice-présidente du conseil départemental du Cher, l’a anticipé en aménageant un circuit baptisé canal de Berry à vélo qui s’étendra, à terme, sur quelque 190 km. Les deux premiers tronçons, entre St-Amand-Montrond et Épineuil-le-Fleuriel – le village du Grand-Meaulnes ! – et entre Plaimpied-Givaudins – aux portes de Bourges – et Thénioux, à la limite du Loir-et-Cher, devraient être définitivement ouverts en avril. « Le canal de Berry à vélo doit faire venir des touristes », insistait Véronique Fenoll lors d’une première inauguration. Le modèle à suivre est bien sûr celui de la Loire à vélo, dont le succès ne se dément pas. Mais pour rivaliser avec les 800 km de la pionnière des véloroutes régionales, le canal de Berry à vélo devra proposer des points d’arrêt possédant un réel attrait touristique. La Région a créé un tutoriel pour l’accueil des cyclotouristes. St-AmandMontrond, qui a obtenu le label Accueil vélo, a commencé à installer des arceaux de parking pour les vélos et proposera d’autres équipements à destination des touristes, comme des bornes de recharge pour vélos électriques.

rêt de Tronçais, dans l’Allier tout proche. Pour Thierry Vinçon, le tourisme est un vecteur essentiel de développement, à condition de se rac-

choisie par la Région avec trois autres intercommunalités du sud du Cher pour expérimenter une nouvelle méthode de développement touristique déjà testée dans le Gâtinais. Elle est fondée sur la mise en réseau des acteurs locaux du tourisme (restaurants, hébergements, sites patrimoniaux…), le développement de la communication par Internet, la promotion des productions locales, la création de propositions touristiques originales, comme des séjours à thème, et la professionnalisation de l’accueil et la collaboration entre collectivités. Les véloroutes (lire ci-dessus) prennent tout leur sens dans cette démarche du SaintAmandois. IH

Supplément à La Lettre Valloire - Mars 2019 13


Spécial St-Amand-Montrond

Public et privé unis dans le pôle santé Depuis quinze ans, clinique et centre hospitalier saint-amandois sont sur un site unique. Le laboratoire d’analyses vient de s’installer dans l’enceinte de l’hôpital et une MSP est en projet.

L

e pôle de santé de St-AmandMontrond fait figure de précurseur. Aujourd’hui, le centre hospitalier présente des comptes à l’équilibre, contrairement à beaucoup d’autres centres régionaux. Et il continue d’attirer des praticiens alors que d’autres n’y parviennent plus. C’est en 2004 que l’hôpital public et la clinique des Grainetières, qui fait aujourd’hui partie du groupe Elsan – deuxième groupe français d’hospitalisation privée –, se sont rapprochés pour faire naître un pôle de santé public-privé qui fait aujourd’hui référence. Cette union a sans doute permis de sauver le service des urgences qui a dénombré 15 600 passages l’an dernier, et la maternité qui a enregistré 326 naissances en 2018 ; il a aussi permis à la clinique de développer son activité. Les deux structures disposent d’un bloc opératoire commun et les prati-

14 Supplément à La Lettre Valloire - Mars 2019

ciens de la clinique interviennent en cas de nécessité aux urgences. « La préfiguration de ce rapprochement avait été initiée dès 1994 par Richard Benhaïm, directeur de la clinique, mon frère Serge qui était à l’époque maire et son adjoint Jacques Barry, qui était médecin, indique Thierry Vinçon, président du conseil de surveillance de l’hôpital. Ils ont été visionnaires et ont ainsi sauvé l’offre de soins, le territoire et les emplois. » Depuis l’automne dernier, le laboratoire d’analyses, Gen-Bio, s’est installé au pôle de santé dans l’ancien bâtiment des urgences. Il est désormais relié aux différents services par un système pneumatique qui permet d’envoyer les prélèvements des différents services vers le laboratoire et éviter ainsi les déplacements. Alors que les établissements ruraux de santé rencontrent des difficultés, l’hôpital de

St-Amand se porte bien ; il a d’ailleurs bouclé l’année avec une exploitation bénéficiaire et une trésorerie de 10 M€. « Nous allons passer des conventions avec le CHR d’Orléans et les CHU de Clermont-Ferrand et de Tours pour proposer des consultations de spécialistes sur place, indique Thierry Vinçon. Nous pourrons aussi accueillir des internes. » Le dernier projet, porté par la communauté de communes Cœur de France, est celui d’une maison de santé pluridisciplinaire (MSP) ; celleci va prendre place dans l’ancien couvent des Capucins, situé dans l’enceinte du centre hospitalier, et une douzaine de professionnels de santé (médecins, infirmiers, orthophoniste, kiné, podologue, psychologue, diététicienne et pharmacien) devraient s’y installer. IH

Un IRM en 2020 Le 12 octobre dernier, l’Agence régionale de santé (ARS) confirmait l’avis favorable de la commission spécialisée pour l’organisation des soins (CSOS) à l’installation d’un appareil d’imagerie par résonance magnétique (IRM) dans le centre hospitalier saint-amandois. Une bonne nouvelle pour le service de radiologie de l’hôpital qui avait présenté sa demande en spécifiant que l’utilisation serait conjointe avec la clinique des Grainetières. L’appareil coûtera 900 000 € et les travaux de construction du bâtiment destiné à l’accueillir, près du service actuel de radiologie, seront d’environ 700 000 €. L’établissement peut se permettre d’autofinancer l’équipement. L’arrivée de l’IRM permettra d’élargir l’offre de soins du bassin et de réduire le délai d’attente pour obtenir un rendez-vous qui oscille actuellement entre deux et trois mois, les patients étant obligés de se rendre à Bourges ou à Montluçon. Le centre hospitalier, qui dispose déjà d’un scanner, s’est fixé comme objectif de réaliser 4 500 IRM chaque année ; le service devrait être proposé dès l’an prochain.




Économie

Ressources humaines

Source renouvelle les pratiques du recrutement

La cabinet de recrutement tourangeau Source propose une approche originale fondée sur l’utilisation d’outils numériques.

C

réé il y deux ans par Gilles Roger, le cabinet tourangeau de recrutement Source a fondé son développement sur l’utilisation experte d’outils numériques. Sur un marché encombré, l’approche a permis à cette jeune pousse d’engranger ses premiers succès. « Nous avons déjà réalisé près de 150 recrutements », nous indique le dirigeant qui ajoute que les outils numériques « permettent d’objectiver l’évaluation des candidats et de partager le même référentiel avec nos clients. » L’équipe est devenue experte dans l’utilisation des réseaux sociaux, et notamment de Linkedin et de Face-

book. « Linkedin est très utile dans l’approche directe qui compose la moitié de notre activité », poursuit le dirigeant. Mais, Source s’est aussi approprié des outils numériques métiers très spécifiques. Elle exploite ainsi l’application InterviewApp, une plateforme basée sur l’utilisation d’entretiens de recrutement vidéo développée par l’entreprise dirigée par Julien Dargaisse, une personnalité bien connue de la sphère digitale locale : « Nous sommes également utilisateurs de deux autres applications. La première, MonkeyTie, nous permet d’évaluer cinq grands traits de personnalité (ouverture d’esprit, stabilité émotionnelle, conscience professionnelle, extraversion, convivialité). Le délivrable se compose d’un bref rapport, très simple à appréhender par les entrepreneurs ». La seconde, You-Trust, est une plateforme de certification des parcours professionnels des candidats. Elle donne la possibilité à d’anciens employeurs de poster des témoignages. Naturellement, ces références ne peuvent être sollicitées qu’après recueil de l’autorisation des postulants au poste à pouvoir.

Mais la soif d’innovation de Source ne se cantonne pas aux seuls aspects numériques : « Nous avons rapidement identifié que beaucoup de salariés en poste étaient assez éloignés du marché du travail », note Gilles Roger. Installés depuis trop longtemps dans une certaine routine, ils ne savent plus se vendre… ou tout simplement rédiger un CV. Et se trouvent bien dépourvus lorsque des événements extérieurs… ou une envie subite de changement vient les assaillir. « Nous avons donc décidé de bâtir une offre payante. Ce qui est tout à fait original », reconnaît le dirigeant qui justifie ce parti-pris par le succès des ruptures conventionnelles. Les salariés quittent leur entreprise avec un petit pactole qu’ils peuvent partiellement consacrer à cette remise à niveau. Disponible sous la forme de quatre modules (des basiques jusqu’à l’entretien de recrutement), le dispositif, baptisé Le Lab’Candidat, est proposé au prix de 490 €. « Si la demande suit, nous serons obligés de recruter », estime Gilles Roger qui envisage déjà de s’installer à Nantes « en dupliquant nos méthodes et nos offres ». JCS

La Lettre Valloire - Mars 2019 19


Économie

En bref AFUME S’ÉTEND À FAY-AUX-LOGES

CHRISTIAN DIOR RELANCE LE SITE PACIFIC CRÉATION L’usine de fabrication de cosmétiques Pacific Création (groupe Amore Pacific) de Chartres, qui se trouvait pratiquement à l’arrêt depuis la fin d’un contrat de sous-traitance qui la liait au parfumeur Lolita Lempicka, va connaître une seconde vie. Le groupe Christian Dior a repris ce site, qui n’employait plus que 56 salariés, pour en faire sa deuxième unité de production régionale, après St-Jeande-Braye (45) qui approche de la saturation. L’usine du Jardin d’Entreprises chartrain accueillera la fabrication et le conditionnement de produits haut-degamme. Le programme industriel entraînera la création d’une cinquantaine d’emplois en 2019, l’objectif étant de porter à terme les effectifs à 300 collaborateurs. Selon nos informations, Christian Dior pourrait également s’intéresser à une surface couverte de 20 000 m² pour ses besoins logistiques sur le Cosmetic Park de Boigny-sur-Bionne, un nouveau parc d’activité promu par la société Arefim sur l’ancien site Lexmark.

ANJAC HEALTH & BEAUTY S’ADJUGE FELTOR Le fabricant en soustraitance de produits pharmaceutiques et cosmétiques Anjac Health & Beauty, qui exploite plusieurs unités industrielles en région Centre-Val de Loire, élargit de nouveau son périmètre. Il vient de s’emparer du laboratoire catalan Feltor, spécialisé dans la dermocosmétique. L’opération lui permet d’intégrer un CA additionnel de 40 M€, ce qui devrait porter le CA total de l’entreprise à 250 M€. Il s’agit de la quatrième opération de croissance externe en deux ans.

LA SGC S’AGRANDIT À GIEN À l’étroit dans ses 4 600 m² de locaux, la Société giennoise de chaudronnerie (SGC) va engager un important programme de développement. L’entreprise (12 M€ de CA en 2018, 45 salariés en équivalent temps

20 La Lettre Valloire - Mars 2019

plein), va se doter de 1 200 m² supplémentaires au prix d’un investissement de 1,4 M€. Le projet prévoit la construction de 900 m² de surfaces de production ainsi que de 300 m² de locaux sociaux. La réception de cet agrandissement est prévue pour le mois d’octobre prochain.

LA BOURRICHE AUX APPÉTITS VA CONSTRUIRE À LA CHAUSSÉE-ST-VICTOR

La Bourriche aux Appétits, une entreprise artisanale spécialisée dans la production de conserves de poissons de Loire et de gibiers de Sologne, se dote de nouvelles capacités. La société dirigée par Julien Quesneau va engager dans les prochaines semaines la construction d’une nouvelle unité de 1 500 m² à

La société Afume, installée à Jargeau, projette de construire un bâtiment de 2 000 m² sur la ZA des Loges, à Fay-aux-Loges, pour y installer son activité de maintenance industrielle, qui compte aujourd’hui 5 salariés ; celle-ci prendrait à terme la forme d’une société autonome, Afume Maintenance, avec l’objectif de compter une dizaine de salariés. Spécialisée dans la fabrication de pièces mécaniques principalement pour des donneurs d’ordre de la région, Afume compte 32 salariés.

ORANGE REGROUPE SES SERVICES ORLÉANAIS SUR INTERIVES De la même façon qu’il avait regroupé ses services tourangeaux il y a trois ans dans le quartier des Deux-Lions, l’opérateur de téléphonie Orange va réunir une partie de ses effectifs orléanais dans un bâtiment de 6 500 m² à construire sur le nouveau quartier d’affaires Interives à Fleury-les-Aubrais ; le promoteur a été choisi par Orange, mais son nom est tenu secret en attendant la signature officielle. Quelque 470 salariés sur les 900 que compte le groupe dans la métropole devraient s’installer dans le nouveau bâtiment. Aujourd’hui Orange occupe quatre sites : la direction régionale et les ressources humaines rue Eugène Turbat à Orléans, le centre d’appel de la rue du Grenier à Sel, tandis que les équipes techniques se partagent entre la rue Eugène Vignat et un plateau technique à Fleury-les-Aubrais. La Chaussée-St-Victor, sur le parc d’activité des Châteaux. Environ 2,5 M€ seront consacrés à ce

projet. Le site, qui sera réceptionné à la fin de l’année 2019, emploiera une douzaine de salariés.


VIVARTE VA S’ÉTENDRE À ISSOUDUN À Issoudun, l’extension de 25 à 30 ha de la zone d’activités de La Limoise, qui abrite plusieurs grandes entreprises (Louis Vuitton, Zodiac…), est en bonne voie. La CdC du Pays d’Issoudun a ainsi intégré les études de ce projet dans son début d’orientation budgétaire 2019. Le groupe Vivarte-La Halle a confirmé au maire d’Issoudun André Laignel son intention d’y acquérir 5,5 ha pour agrandir son propre site en construisant de nouveaux locaux couverts de 25 000 m² à l’horizon 2020.

CDM LAVOISIER ACCROÎT SES CAPACITÉS À BLOIS

À La Chaussée St-Victor, près de Blois, l’unité

industrielle du laboratoire CDM Lavoisier, spécialisée dans la fabrication de formes stériles et solvants pour vaccins, s’apprête à engager un important investissement capacitaire. La société (125 salariés, 15 M€ de CA en 2018), qui fabrique des produits propres tout en développant une activité de sous-traitance pour tiers, va consacrer environ 4 M€ sur la période 2019-2020 à une première extension, ses dirigeants souhaitant tripler la surface de l’usine d’ici à 2030.

LES AGENCES D’INTÉRIM AUX CÔTÉS DU LOIRET-CHER

Le 17 janvier 2019, Nicolas Perruchot, président du Département de Loir-et-Cher, entouré de Christina Brown, 3e vice-présidente chargée de l’insertion et du RSA, et Paul Seignolle, président du Medef,

COVEPA-MICHELS DOUBLE DE TAILLE AVEC CEC PACKAGING Le fabricant de boîtes d’emballage pliantes en carton CovepaMichels, de Montierchaume (36), vient de racheter la Compagnie européenne de cartonnages (ou CEC Packaging) à la barre du tribunal de commerce de Romans-sur-Isère, récupérant ainsi deux sites de production, à Valence (26) et au Mans (72). Le périmètre des actifs repris représente environ 25 M€ de CA (30 M€ en 2017) et concerne 89 salariés. CEC Packaging est spécialisé dans la fabrication d’emballages principalement pour les industries agroalimentaires. Le nouvel ensemble représente près de 50 M€ de facturation pro forma cumulée. un partenaire historique du dispositif, a reçu une délégation de 30 personnes d’agence d’intérim loir-etchériennes. Objectif : saluer l’engagement de ces structures aux côtés du Département pour l’année écoulée dans la promotion de Job41 et renouveler pour 2019 les attentes en matière

de retour à l’emploi. Sur Job41.fr, près de 30 % des offres d’emploi émanent d’agences d’intérim.

La Lettre Valloire - Mars 2019 21


Économie

Formation

Une réforme qui peine Placée au cœur des ambitions présidentielles, la énième réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage propose depuis l’été 2018 des changements radicaux. Ces différentes dispositions, qui vont se déployer jusqu’en 2020-2021, peinent à convaincre les professionnels. Ils lui reprochent, pêle-mêle, le flou qui entoure la création de la future agence nationale France Compétences, la fin du pilotage paritaire régional des formations auquel se substituent désormais les branches professionnelles. En dépit de ces réserves, beaucoup de praticiens de la formation saluent les avancées de cette réforme de la réforme.

22 La Lettre Valloire - Mars 2019


à prendre forme

C’

est peu dire que la loi du 5 septembre 2018 portant réforme de la formation continue et de l’apprentissage suscite des réactions… contrastées. Selon Eric Fraipont, l’un des responsables de la CFDT Centre en charge de ces sujets, « on met en place de nouvelles dispositions sans avoir pris le temps d’évaluer les acquis de la précédente réforme de 2014 ; elle avait pourtant proposé des choses intéressantes. Ce n’était pas parfait mais le gouvernement a pris le risque de jeter le bébé avec l’eau du bain ». Reproche le plus fréquemment opposé aux promoteurs de cette réforme… de la réforme, il y aurait encore de nombreuses lacunes dans le

nouveau schéma institutionnel et financier qui doit se mettre en place progressivement jusqu’en 2020 : «Rien n’a encore vraiment été prévu, par exemple, pour remplacer les Coparef, une instance paritaire qua-

et d’assurer le déploiement des accords nationaux interprofessionnels (ANI) : « Pour l’instant, c’est le flou artistique. Ces tâches essentielles devraient être assurées, selon les termes de la loi, par l’agence nationale

“ LES PÉRIMÈTRES D’INTERVENTION DE L’AGENCE FRANCE COMPÉTENCES NE SONT PAS CLAIREMENT ÉTABLIS

dripartite qui joue un rôle pourtant majeur à l’échelon régional », ajoute notre interlocuteur. Cette structure avait jusqu’alors pour mission d’établir la liste régionale des formations éligibles au fameux compte personnel de formation (CPF)

France Compétences. Mais les conditions de son installation et ses périmètres d’intervention ne sont pas clairement établis ». Le sentiment dominant, poursuit Eric Fraipont, « c’est que le texte est en passe de détricoter le pilotage pariLa Lettre Valloire - Mars 2019 23


Économie

Formation

taire régional de la formation professionnelle. Et de compromettre la relation de proximité qui avait été établie entre les opérateurs locaux de la formation et les salariés ». Un péché mortel pour le syndicat réformiste ! Ces critiques liées au nouveau schéma organisationnel de la réforme sont écartées par Christophe Dupont, le président régional de la Fédération de la Formation Professionnelle (FFP). Selon lui, « ce qui doit primer, c’est l’efficacité et la facilitation de l’accès à la formation continue pour les personnes qui en ont le plus besoin. La réalité à laquelle nous sommes confrontés, c’est que seulement 36 % des adultes accèdent en France à la formation professionnelle contre 53 % en Allemagne et plus de 60 % dans les pays scandinaves. Ce sont ces très mauvaises tendances qu’il faut inverser. L’enjeu est majeur : il est tout simplement celui de l’adap-

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tation des qualifications à l’offre d’emploi disponible dont une part ne trouve pas preneurs ». « Les entrepreneurs et les salariés se fichent pas mal des évolutions des collecteurs du 1 % formation, derniers vestiges d’un paritarisme en coma dépassé », s’emporte cet industriel régional très attentif au maintien et à l’amélioration des compé-

l’acquisition de compétences transversales, comme la faculté d’organisation, l’autonomie et l’initiative ou encore la résilience – dont beaucoup appartiennent au domaine des soft skills, comme nous l’expliquons ci-dessous, NDLR –, est désormais reconnue comme une discipline à part entière de la formation professionnelle continue, se félicite Chris-

“ LES ENTREPRENEURS ET LES SALARIÉS SE FICHENT PAS MAL DES ÉVOLUTIONS DES COLLECTEURS DU 1 % FORMATION tences de ses collaborateurs : « Ce qui doit être privilégié, c’est la capacité donnée aux salariés de pouvoir maîtriser le contenu et le timing des cursus. Il faut oxygéner le système ! » Et justement, beaucoup de dispositions du nouveau cadre de la réforme professionnelle répondent à cette injonction : « Tout d’abord,

tophe Dupont. C’est un saut qualitatif très important qui était, me semble-t-il, très attendu par les entreprises comme par les salariés. Les méthodes de développement personnel constituent un gisement d’amélioration de la compétitivité des entreprises qui passe par l’épanouissement de leurs salariés. » Cette reconnaissance va permettre à des coachs spécialisés dans ces disciplines – aux contenus parfois approximatifs – d’accéder à la manne de la formation professionnelle. Mais ils devront sans doute faire l’objet d’évaluations scrupuleuses afin d’écarter les charlatans. Seconde évolution notable de la réforme, la présence physique des salariés ou des demandeurs d’emploi aux cursus de formation ne constitue plus du tout un prérequis. « On passe d’une culture de la formation où le présentiel était roi à une culture caractérisée par l’émergence de plateformes numériques d’apprentissage », observe Christophe Dupont. Cette mutation équivaut pour beaucoup d’observateurs à une véritable révolution copernicienne à laquelle les opérateurs sont loin d’être tous préparés. Les praticiens de la formation professionnelle attendent aussi – ou redoutent, c’est selon – le déploiement de l’application sur smartphone qui permettra à chaque salarié de gérer en direct son compte formation, et même de noter après usage l’organisme qu’il aura choisi. Cette application, « une sorte de Trip-


Advisor de la formation professionnelle », selon le président de la FFP Centre, pourrait être opérationnelle en septembre prochain. « Attention à ne pas céder à la tentation de la désintermédiation maximum, de l’individualisation à outrance et du tout numérique, nuance Didier Cozin, ingénieur de formation professionnelle, car la formation n’est pas l’exercice solitaire d’un travailleur devant son écran qui, seul, déciderait de son avenir professionnel ». Cette individualisation se trouve d’ailleurs renforcée par le changement d’unité comptabilisant les droits des salariés. Ceux-ci ne sont plus libellés en heures mais en espèces sonnantes et trébuchantes. La question du financement de la formation professionnelle est encore loin d’être totalement résolue. « Les changements de règles des contributions des entreprises à un fonds mutualisé ont plutôt favorisé les plus petites entreprises. Mais il y a un angle mort pour les entreprises dont

l’effectif est compris entre 50 et 250 salariés », reconnaît Christophe Dupont. Le volet apprentissage de la loi a constitué un autre morceau de résistance. En transférant aux branches professionnelles le pilotage de l’apprentissage, et en dépouillant les Ré-

gions de leurs prérogatives dans ce domaine, le gouvernement a fait trembler les colonnes du Temple jalousement gardé par les exécutifs des collectivités. D’autant que cette concession majeure aux branches s’est accompagnée d’une réforme radicale du financement : chaque centre de formation d’apprentissage sera financé au contrat. Pour les uns, on foule aux pieds le pilotage de l’apprentissage, pour les autres, le système collera enfin à la demande des entreprises. « Beaucoup de mesures concrètes comme l’aide au permis de conduire des apprentis, la possibilité de pouvoir entrer dans les cursus des CFA tout au long de l’année, l’extension de l’âge limite d’apprentissage vont dans le bon sens. Il faut laisser sa chance à cette réforme », estime pour sa part Guillaume Le Noach, le responsable conseil emploi formation du CFAI Centre-Val de Loire. « C’est sur la distance que l’on jugera ». Jean-Christophe Savattier

La Lettre Valloire - Mars 2019 25


Économie

Formation

Les Cordées au secours de la formation Plusieurs industriels de la région viennent collectivement de s’engager dans un programme de formation au métier de conducteur-régleur sur presse. Il s’agit du premier acte de la saison 2019 des Cordées du territoire, un dispositif du Plan d’investissement dans les compétences (PIC) porté par la Région ; il vise à répondre, au plus près, à des besoins inassouvis de qualification.

A

fin de pallier les difficultés qu’ils rencontrent dans leur quête de compétences et de qualifications, les industriels bénéficient parfois de dispositifs innovants patronnés et financés par les pouvoirs publics. Souvent très efficaces, ils n’entrent pas dans le champ classique de la formation professionnelle continue. Ce qui démontre, s’il en était besoin, que l’offre déployée ne parvient pas à satisfaire spontanément les principaux intéressés… en dépit des réformes qui se succèdent. Ainsi, l’équipementier automobile Faurecia, qui possède une unité in-

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dustrielle de quelque 500 salariés à Nogent-sur-Vernisson (45), n’arrivait pas à recruter des conducteurs-régleurs sur presse, un métier rare et recherché qui requiert un savoir-faire très spécifique. « Ce sont de véritables oiseaux rares, commente ce responsable des ressources humaines. On se les arrache sur le marché. » Faurecia n’a pas hésité à s’associer, dans une démarche mutualisée, à trois autres industriels de l’agglomération orléanaise (Federal Mogul et Brandt à St-Jean-de-la-Ruelle, Steva à Ingré) qui sont confrontés aux mêmes difficultés. Ces employeurs réunis viennent de dé-

buter un cursus de formation de 16 demandeurs d’emplois, préalablement identifiés par Pôle Emploi, aux arcanes du métier de conducteurs-régleurs. Ces derniers devraient être engagés sans réserve à l’issue de cette session conçue sur-mesure. « C’est la première initiative concrète d’un programme plus global qui vise à former sur le même format et sur différents bassins d’emploi du territoire régional près de 3 000 demandeurs d’emploi en 2019 », nous indique Harold Huwart, le vice-président de la Région Centre-Val de Loire délégué au développement économique, à l’éco-


nomie solidaire et à l’agriculture. Ce dispositif astucieux, baptisé Les Cordées du territoire, est une pièce essentielle du Plan d’investissement dans les compétences (PIC), une émanation de plusieurs Régions qui a été érigé en programme national. « C’est même François Bonneau, le président de la Région Centre-Val de Loire, qui a porté et négocié les modalités du PIC avec la ministre du Travail », ne

manque pas de souligner Harold Huwart. Les Cordées du territoire bénéficient de moyens importants… à la mesure des espoirs qu’elles ont fait naître. « D’ordinaire, le budget de la formation professionnelle s’élève à 40 M€, une enveloppe de laquelle nous pouvons soustraire 10 M€ pour le financement de dispositifs exceptionnels ou hors du champ clas-

sique», explique Harold Huwart. En 2019, les concours dédiés à ce seul programme s’élèveront… à 40 M€. Mais l’argent ne fait pas tout dans cette affaire : « Il y a un travail très important de cartographie en amont des besoins des entreprises et des compétences qui doit être mené par nos partenaires que sont notamment Pôle Emploi et les missions loJCS cales », précise l’élu.

Employeurs, il faut cultiver les skills ! La créativité, le leadership, la résilience sont des compétences transversales prisées par les employeurs qui ne peuvent plus se cantonner à évaluer les aptitudes techniques des candidats. Difficiles à identifier, les soft skills seraient au cœur de la performance économique.

L

es employeurs ne peuvent plus se cantonner à évaluer les seules compétences techniques et les parcours professionnels de candidats. « Aujourd’hui, l’identification des

savoir-faire relationnels qui sont attendus dans une situation professionnelle donnée est devenue centrale dans les procédures de recrutement », nous confirme Sylvie

Desqué, consultante et spécialiste de la psychologie positive. Cette dernière, qui intervient en entreprise, a animé la dernière édition du Club RH de Pôle Emploi Cen-

La Lettre Valloire - Mars 2019 27


Économie

Formation

tre consacrée aux soft skills ; cette appellation désigne dans la langue de Shakespeare les fameuses compétences transversales très recherchées par les recruteurs. « Il faut bien comprendre de quoi l’on parle, prévient Sylvie Desqué. Les soft skills ne sont pas des forces ou des qualités naturelles qui sont innées. Elles peuvent parfaitement faire l’objet d’un apprentissage car elles s’apparentent à des compétences. » Si l’on n’apprend pas la bienveillance ou la faculté à faire preuve d’empathie, on peut, en revanche, améliorer sa créativité, sa résistance au stress, son leadership, ses facultés de résistance ou son écoute d’autrui. « Il existe même des outils qui permettent d’identifier et de classer ces compétences d’un genre très spécifique sur une échelle de niveaux », précise Sylvie Desqué. Cette dernière a, elle même, développé un jeu de cartes qui aide à l’identification et à l’évaluation des soft skills de candidats ou de salariés en poste. Mais at-

2018 28 La Lettre Valloire - Mars 2019

tention aux biais et aux multiples interférences qui entravent leur identification… et leur épanouissement. Dans certains milieux professionnels où la créativité est bafouée par les employeurs et les responsables de service, il sera bien difficile de les révéler chez un salarié ou même un candidat à un poste vacant, qui auront naturellement tendance à s’autoinhiber. « Ces compétences sont en interac-

Sylvie Desqué

tion permanente avec la culture de l’entreprise. Elles peuvent s’épanouir ou au contraire être totalement retenues. C’est parfois à l’employeur ou au recruteur d’effectuer une introspection, voire une remise en question s’il ne parvient pas identifier une certaine catégorie de compétences transversales ». Jean-Christophe Savattier


La Lettre Valloire - Mars 2018 29


Économie

Formation

Le digital bouscule les acteurs de la formation

Percutée de plein fouet par la révolution numérique, la formation professionnelle s’interroge sur l’utilisation pertinente des outils digitaux. Mais la pédagogie classique n’est d’évidence pas encore enterrée.

L

e FFP Digital Tour : le nom de baptême de la campagne d’information de la Fédération de la Formation Professionnelle (FFP) lui donne des allures de tournée de popstars. Fin février, c’est au Lab’O d’Orléans que la caravane du Digital Tour a fait halte. La manifestation a pour objectif «d’accompagner la transformation digitale du secteur de la formation ». Les nouveaux outils digitaux sont, en effet, au cœur de la réforme d’une formation professionnelle frappée de plein fouet par le numérique. « Ces rencontres offrent aux dirigeants d'entreprises l'opportunité de travailler en atelier pour mesurer la vaYves Amegee, gérant leur ajoutée du digital sur leur offre, de M&G Consulting. l'organisation de leur entreprise, leur stratégie marketing », expliquet-on du côté de la FFP. Parmi les dirigeants présents, Yves Amegee, gérant de M&G Consulting, organisme orléanais qui forme chaque année quelque 250 stagiaires aux métiers de la gestion commerciale. « En terme de digital, j’essaie de me raccrocher aux wagons », concède-t-il, persuadé que le passage au digital est certes indispensable mais que le contact direct avec les stagiaires reste primordial. « On a mis en place de la vidéo dans nos formations et je vais peut-être m’adresser à une plateforme pour des contenus interactifs car mes clients sont installés partout en France. Mais ils me demandent aussi de ne pas oublier l’essentiel, le terrain », souligne Yves Amegee. La digital est-il devenu la panacée, le nouveau paradigme de la formation 30 La Lettre Valloire - Mars 2019

professionnelle ? « C’est un outil qui peut être efficace comme totalement inutile, voire contreproductif par rapport à une formation tradition-

d’engagement de l’apprenant, mais il est essentiel de ne pas confondre le côté ludique, distrayant, et la facette didactique », poursuit la responsable

“ POUR RENDRE LE PRÉSENTIEL EFFICACE, IL FAUT METTRE LES APPRENANTS EN ACTION, LES FAIRE RÉFLÉCHIR nelle fondée sur le présentiel », nuance Svetlana Meyer, spécialiste en sciences cognitives chez Didask, venue ce jour-là apporter un éclairage scientifique sur cette mutation. Et mettre en lumière un concept qui résume tous les enjeux de la formation professionnelle convertie au digital : adaptive learning. « C’est une méthode éducative qui permet d’organiser les ressources humaines et les contenus en fonction des besoins de l’apprenant », décrypte-t-elle. En d’autres termes, le digital n’est efficace pédagogiquement que s’il est ajusté sur-mesure. « Les technologies telles que les serious games ou les vidéos interactives peuvent amener un gain en terme

scientifique de Didask. « Nous avons pu constater dans une session dédiée à la logistique d’entrepôt qu’une formation basée sur un système de réalité augmentée, sous la forme d’une simulation, avait eu un impact négatif par rapport à une pédagogie traditionnelle. Les stagiaires s’intéressaient davantage à la technologie qu’au contenu. L’aspect divertissement prenait le pas. La deuxième version a eu un impact positif car les professeurs intervenaient cette fois pour déverrouiller la simulation seulement si les apprenants expliquaient pourquoi ils avaient organisé l’entrepôt de telle ou telle manière. » L’opposition entre le digital et le pré-


sentiel est-elle une nouvelle incarnation de la querelle entre les Anciens et les Modernes ? « Pour rendre le présentiel efficace, il faut mettre les apprenants en action, les faire réfléchir, et on peut le faire de manière très dif-

férente en fonction du sujet », tranche Svetlana Meyer. Comme souvent, la solution ne se trouve-t-elle pas dans un compromis, un apprentissage hybride fondé à la fois sur le digital et le présentiel ? Sans doute puisque le

concept a déjà fait son chemin : il se nomme blended learning, l’apprentissage mixte en version française. Et manifestement, il réconcilie tous les acteurs de la formation professionAnthony Gautier nelle…

CHRISTOPHE DUPONT, PRÉSIDENT RÉGIONAL DE LA FFP

« Près de deux tiers des apprenants souhaitent des contenus digitaux » La digitalisation va contraindre les organismes de formation à se transformer, les apprenants souhaitant des contenus digitaux. La Lettre Valloire : Le digital est-il en train de transformer le secteur de la formation professionnelle ? Christophe Dupont : Nous allons passer d’une offre B2B, gérée en direct par les entreprises, à une offre majoritairement B2C, gérée par les salariés eux-mêmes. C’est une évolution majeure. La monétisation du compte personnel de formation (CPF) change la donne. Chaque salarié va ainsi acquérir l’équivalent de 500 € de formation tous les ans. Il pourra gérer lui-même cette dotation sur son smartphone. Et toutes les formations proposées auront été reconnues par France Compétences.

consolidation. Il y avait 90 000 organismes de formation déclarés en 2017 et seulement 45 000 inscrits sur le DataDock, condition pour être éligibles aux fonds publics. À partir de janvier 2021, les organismes de formation devront être certifiés qualité après un audit. Si un organisme présente plus de deux non-conformités majeures, il ne pourra pas être certifié. Propos recueillis par AG

La Lettre Valloire : Sur le plan de la pédagogie, qu’apporte le digital ? Christophe Dupont : Une partie de la logistique est déjà dématérialisée. Mais certaines entreprises sont plus avancées que d’autres sur la digitalisation alors qu’il y a une demande très forte des stagiaires. Selon un sondage réalisé en 2017, près de deux tiers des apprenants souhaitaient des contenus digitaux dans leur formation. Ce pourcentage est passé à 93 % l’année suivante. La demande est plus forte que l’offre disponible. Reste le problème du coût de cette mutation pour les petits organismes. La Lettre Valloire : Existe-t-il un fonds pour soutenir cet effort ? Christophe Dupont : Oui, Opcalia a obtenu la gestion de la part du Programme d’investissements d’avenir (PIA) destinée à accompagner cette mutation. Si le projet de formation digitale présenté est cohérent, 45 % des dépenses seront prises en charge par le PIA. La Lettre Valloire : Cette réforme va-t-elle aussi réduire le nombre d’organismes de formation ? Christophe Dupont : Elle va amplifier le phénomène de La Lettre Valloire - Mars 2019 31


Économie

Formation

Orléans retourne à l’école Trois grandes écoles de commerce et d’ingénierie vont s’installer à Orléans d’ici à deux ans. D’importantes enveloppes financières ont été accordées par la métropole pour favoriser cette implantation.

L’

adage selon lequel « Orléans est une ville qui a une université, mais Orléans n’est pas une ville universitaire » est-il sur le point d’être définitivement remisé ? En tous les cas, c’est l’ambition affichée par Orléans Métropole qui a signé, en fin d’année dernière, un protocole d’entente avec trois grandes écoles françaises classées dans le top 20 du secteur du commerce et de l’ingénierie : ISC Paris Business School, ESTP Paris et AgroParisTech. Deux établissements privés et un public. « La région Centre-Val de Loire est celle dont le plus grand nombre de

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bacheliers font leurs études ailleurs. C’est un élément qui nuit à l’attractivité de notre territoire, aux besoins de nos entreprises, et même à l’équilibre des familles. Nous devons être une métropole responsable et engagée à l’heure où il faut avoir du leadership dans ce registre, argue Olivier Carré, maire d’Orléans et président de la métropole. Nous avons ciblé ces trois écoles pour répondre aux difficultés de recrutement de nos entreprises pour des postes de cadres dans le domaine de la gestion et du bâtiment », renchérit Béatrice Barruel, vice-présidente de la métropole

en charge notamment de l’enseignement supérieur. Dès la rentrée prochaine, l’ISC Paris (Institut supérieur de commerce) ouvrira ainsi ses portes à une première promotion d’une trentaine d’élèves, en cœur de ville, dans l’ancien collège Anatole-Bailly, totalement réhabilité (18 M€ de travaux prévus). L’effectif progressera au fil des années pour atteindre la barre des 700 étudiants à l’horizon 2029, de la 1ère année de Bachelor à la 2e de Master. Dès la rentrée suivante, les locaux (4 600 m2) seront agrandis pour accueillir les 36 premiers étudiants


de l’ESTP (École spéciale des travaux publics de Paris). En 2027, ils devraient être près de 300 à étudier sur ce même site. Enfin, toujours pour cette même rentrée 2020, la première promotion d’AgroParisTech, une trentaine d’étudiants également, prendra possession de son établissement, cette fois sur le campus d’Orléans-La Source. Un effectif qui devrait être multiplié par trois d’ici à quatre ans. Alors, si dans l’hémicycle de la métropole, l’annonce de l’installation de ces trois écoles de renom a reçu un accueil favorable, les subventions très élevées accordées par la collectivité pour la favoriser ont fait grincer les dents de certains élus. Une enveloppe de fonctionnement de 7 M€ (à laquelle il faut ajouter une autre de 1,4 M€ pour l’investissement) a ainsi été votée au bénéfice du seul ISC Paris sur cinq ans, dont 1,2 M€ pour la première année. « Cette délibération va dans le bon sens, je ne la vote pas avec joie mais

de façon raisonnée. C’est un mal nécessaire », a toutefois nuancé Christophe Chaillou, maire PS de StJean-de-la-Ruelle. L’ESTP Paris et AgroParisTech seront également soutenues financièrement par la métropole, respectivement à hauteur de 3,2 M€ et de 3,1 M€, fonctionnement et investissement confondus. « La question est de savoir si nous continuons à

accepter cette hémorragie de nos étudiants. Ces installations répondent à un enjeu de développement économique et d’emploi », a plaidé Florent Montillot, adjoint au maire d’Orléans et conseiller métropolitain. Après de vifs débats, les subventions ont été attribuées. Avec l’espoir d’un retour sur investissement dans la décennie à venir.

le campus de l’ISC Paris à la porte d’Asnières.

AG

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Économie

Industrie

L’homme qui murmure à Le 14 février, Jean-François Piaulet, président de la société de maintenance aéronautique castelroussine Egide, a accueilli dans ses locaux, durant près de 4 heures, les échanges entre le chef de l’État et des entrepreneurs de l’Indre. Il a bien voulu nous confier ses impressions, dix ans après la visite, dans son ancienne entreprise PGA, d’un autre président de la République, Nicolas Sarkozy. Il nous a aussi livré quelques confidences.

Emmanuel Macron entouré de Jean-François Piaulet, à sa droite, et de François Bonneau, à sa gauche.

La Lettre Valloire : Comment qualifier le climat des échanges entre les entrepreneurs de l’Indre et le président de la République ? Jean-François Piaulet : D’excellents ! Le président avait prévenu son monde. Il ne voulait pas de langue de bois. Je crois qu’il a été comblé. Il a répondu au feu nourri de questions avec beaucoup d’allant, de précision et de persévérance. Il a même joué les prolongations. La réunion a débuté à 16 h et s’est terminée à 19 h 45, bien au-delà de ce qui était prévu. Parfois, nous avons pris les questions en rafale. J’ai noté qu’Emmanuel Macron les mémorisait pour y répondre avec une grande rigueur et un souci d’exhaustivité. Personne n’a été oublié ! Le ton était d’une très grande courtoisie, mais de vrais sujets ont été mis sur la table et discutés.

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La Lettre Valloire : Certaines interventions l’ont-elles décontenancé ? Jean-François Piaulet : Pour tout vous dire, je l’ai trouvé très affûté sur la plupart des dossiers. Il n’a presque jamais séché. Mais ce qui est intéressant et tout à fait à son image, c’est qu’il dit quand il ne sait pas ! Ce fut le cas notamment sur une interpellation liée aux aides accordées aux artisans pour l’apprentissage. Il a aussi découvert que certains dispositifs d’accompagnement spécifiques, utilisés avec profit par de grandes entreprises, ne pouvaient être attribués à des TPE pour des effets de seuil. Il a aussi répondu avec beaucoup d’aplomb à une question sur la filière de l’élevage, rétorquant à son interlocuteur qu’avant de revendiquer certaines choses, les éleveurs de-

vraient d’abord se mettre d’accord entre eux. Il y a eu aussi des moments touchants lorsqu’un entrepreneur atteint d’une maladie grave a évoqué les difficultés qui sont celles des chefs d’entreprise confrontés à des accidents de la vie. La Lettre Valloire : Comment avez-vous été choisi ? Comment l’échantillon d’entrepreneurs présents à cette réunion a-t-il été sélectionné ? Jean-François Piaulet : Je pense que ma renommée, qui est toutefois en baisse depuis que j’ai vendu PGA Electronic – l’équipementier aéronautique de Montierchaume cédé en 2013 à l’américain Astronics, NDLR – a été pour beaucoup dans la décision (rires). Plus sérieusement, le fait d’être installé dans l’enceinte de l’aé-


l’oreille du président roport Marcel-Dassault a facilité l’accueil du président, notamment en regard des importantes contraintes de sécurité. Les chefs d’entreprise, qui venaient d’horizons très divers, ont été choisis par les chambres consulaires et les collectivités territoriales. Au départ, une quarantaine avaient été sélectionnés ; j’en ai obtenu une dizaine de plus. La réunion n’a pas fait l’objet d’une préparation poussée, ce qui a sans doute contribué à la spontanéité des débats. La Lettre Valloire : Votre proximité avec le chef de l’État vous at-elle permis de lui faire passer des messages particuliers ? Jean-François Piaulet : J’apprécie beaucoup Emmanuel Macron, mais mon rôle de maître de cérémonie ne m’a pas permis de devenir un intime. Comme d’autres participants, j’ai toutefois réussi à faire passer des messages, notamment celui d’exonérer de charges sociales les salariés, et cela jusqu’à un montant de rémunération mensuelle de 2 000 €. Pour moi, c’est vraiment la frange de la France laborieuse, celle vers laquelle les élus de la République doivent se tourner. J’ai observé qu’il avait scrupuleusement noté ma proposition. Mais je n’ai aucune assurance qu’elle soit suivie d’effets (rires). Je lui ai dit aussi qu’il fallait impérativement relancer la filière hydrogène. C’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Je suis en effet très impliqué au sein de l’association BERHY qui milite pour le développement de l’hydrogène, notamment dans des applications de mobilité. Je dois d’ailleurs être le seul particulier à posséder en France une Kangoo dotée d’une pile à combustible à hydrogène… que j’ai beaucoup de mal à recharger à Châteauroux. J’ai dit au président que le plan Hulot de 100 M€ prévu pour le dévelop-

pement de la filière était largement insuffisant et qu’il faudrait plutôt 10 Md€ ! La Lettre Valloire : Ce moment passé avec lui a-t-il modifié votre perception du personnage ? Jean-François Piaulet : Pas vraiment. Cette visite a plutôt conforté ce que je pensais de lui. C’est un battant ! Il ne lâche rien. Et il est courageux. Il ne craint pas le débat. J’avais pu mesurer ces qualités lors d’une première rencontre à laquelle j’avais participé, au Bourget, avec des chefs d’entreprise de la filière aéronautique. La Lettre Valloire : Avez-vous eu des retours de participants ? Jean-François Piaulet : Dans leur très grande majorité, les entrepreneurs présents ont apprécié ce moment, la qualité d’écoute et la teneur des échanges. J’ai reçu du chef de cabinet de l’Elysée un message m’indiquant que le président avait beaucoup

apprécié cette réunion. Il y a toujours un peu de formalisme dans ce type de compliment, mais pour autant, je veux croire à sa sincérité. Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier

Jean-François Piaulet, le pilier de l’aéroport Marcel-Dassault Après avoir cédé en 2013 sa société PGA Electronic pour la coquette somme de 28,5 M$, Jean-François Piaulet a pu se consacrer au développement d’Egide. Cette entreprise de maintenance aéronautique est installée sur le tarmac castelroussin. « Je l’ai reprise en 2011 parce que j’ai compris à l’époque que si je ne la rachetais pas, il n’y aurait plus de maintenance aéronautique à Châteauroux », nous indique l’hôte d’Emmanuel Macron. Depuis, Egide (6 salariés, 1,2 M€ de CA) a fait son chemin : « En se spécialisant dans la maintenance des appareils de moins de 5,7 tonnes, la société s’est ouvert de belles perspectives », reprend Jean-François Piaulet qui a gagné de nouveaux clients comme l’école de pilotage Air Paris Academy tout juste implantée sur l’aéroport de Tours-StSymphorien. Après s’être découvert, à 66 ans, une véritable passion pour l’aviation légère, Jean-François Piaulet – qui a passé récemment son brevet de pilote – vient également de lancer une activité de location de petits avions d’affaires et d’hélicoptères légers. « Ce n’est pas toujours rentable, c’est un peu ma danseuse », reconnaît l’insatiable entrepreneur qui avait déjà reçu un autre président de la République : c’était en 2009, chez PGA, et il s’agissait de Nicolas Sarkozy.

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Économie

Industrie

L’industrie du futur

au Lab’O

L’Industry Lab a pour vocation de fabriquer des prototypes industriels viables avant de les lancer sur le marché. Ce laboratoire unique en France a vu le jour au sein du Lab’O orléanais. des machines high-tech qui permettent la production numérisée de pièces industrielles unitaires ou en toute petite quantité. « À partir de machines industrielles conçues pour fabriquer des milliers de pièces standard en série, nous avons créé un mode d’utilisation unique en France qui permet de faire des pièces à la demande. Nous avons ainsi inventé un nouvel usage qui n’existe nulle part ailleurs », se réjouit son directeur Filipe Franco. Sur 600 m2 au rez-de-chaussée du Lab’O, l’Industry Lab a installé ses 20

Aymeric Libeau veut remplacer en un tour de main un moteur thermique par un moteur électrique.

L’

Orléanais Aymeric Libeau a de l’enthousiasme à revendre. « Rien ne doit ralentir mon accélération », lâche avec un large sourire le créateur de Transition One, un système ingénieux qui permet de remplacer, en un tour de main, un moteur thermique par un moteur électrique. Donner un coup d’accélérateur aux projets industriels, tel est le credo de l’Industry Lab, un laboratoire unique en France installé depuis l’an passé au Lab’O orléanais. Immergé dans cet atelier connecté où un ordinateur impulse et guide les mouvements précis de lourdes machines articulées, Aymeric Libeau a transformé en quelques mois un concept totalement innovant en une réalité industrielle observée de près par les grands groupes automobiles. L’Industry Lab fonctionne sur un principe aussi astucieux qu’original : il met à disposition des entreprises, pour une adhésion de 350 à 850 € annuels,

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sions qu’il le souhaite pour tester une pièce. Si ça ne marche pas, il suffit de modifier les données d’entrée et de refaire la pièce pour un prix de revient minime », défend Filipe Franco. Les startupers ne sont pas les seuls à être séduits par cette possibilité d’avancer à tâtons : « La plupart des entreprises que nous avons accompagnées sont extérieures au Lab’O. Nous avons aujourd’hui un marché national », souligne le directeur de l’Industry Lab. « Ce laboratoire sert l’ensemble de l’innovation pour tout le bassin économique régional et pas seulement

“ NOUS AVONS CRÉÉ UN MODE D’UTILISATION UNIQUE EN FRANCE QUI PERMET DE FAIRE DES PIÈCES À LA DEMANDE

tonnes de matériel électronique et mécanique, son imprimante 3D, sa presse à injecter et son four de refusion. Et l’ensemble de cette lourde logistique fonctionne de manière connectée. « Nous parvenons à être économiquement viables parce que nous avons développé tout le processus de création autour du numérique : nous utilisons un fichier CAO pour concevoir le programme. Il est ensuite injecté directement dans les différentes machines : impression en 3D, en résine ou en plastique, puis découpe laser. Il n’y a pas de coût humain, c’est le porteur du projet qui autoproduit sa pièce », précise Filipe Franco. Pour la centaine d’entrepreneurs qui ont eu recours à l’Industry Lab, le bénéfice n’a pas de prix. « Le porteur de projet peut imaginer autant de ver-

un segment de l’économie représenté par les startups », complète Olivier Carré, maire d’Orléans et président de la métropole, qui croit dur comme fer au retour de l’industrie en France. « Cette capacité à produire une pièce unique pour la tester sur le marché va permettre de relocaliser des productions. » Filipe Franco l’assure : 2019 sera l’année de l’accélération de l’Industry Lab : « Les personnels sont formés, les machines réceptionnées, nous sommes capables d’accompagner des projets en quelques mois seulement en n’utilisant que les outils numériques que nous avons ici », résume-t-il, certain que d’autres laboratoires similaires ouvriront en Europe. En attendant, le sien semble bien parti pour tourner à plein régime. Anthony Gautier


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Économie

Industrie

Le vendômois Caire

est sur un nuage

La PME vendômoise Caire, spécialisée dans l’automatisme industriel sur mesure, vient d’ouvrir un bureau à Tours Nord et augmentera cet été sa surface de production. Les raisons d’une success story.

Lionel Astier, président de Caire Industries.

C

onception automatisme industriel et réalisation électronique (Caire) prévoit d’embaucher une dizaine de techniciens et ingénieurs d’ici à la fin de l’année 2019. Des profils difficiles à dénicher sur le bassin d’emploi vendômois pour ce constructeur de machines spéciales pour l’industrie. Caire, dont l’usine est installée sur la ZI Sud de Vendôme (41), a donc pris en janvier 120 m2 de locaux sur la zone d’activités de la Milletière, au nord de l’agglomération tourangelle. Ce bureau d’études, qui occupe trois salariés, a notamment pour objectifs de chasser de nouvelles compétences très pointues. Présidée par Lionel Astier, l’entreprise nourrit deux projets innovants qui mettront à contribution les futurs personnels embauchés. Déjà mis en œuvre, mais trouvant son aboutissement cette année, le premier concerne une solution de dévracage ro-

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botisée pour l’automobile. La technologie DPR (Double picking robot) permet notamment d’identifier, trier et déplacer des pièces mécaniques avec précision et une marge d’erreur réduite. Caire, qui réalise 60 % de son CA (16 M€ en 2018) avec les constructeurs automobiles, prévoit de démarrer au printemps la commercialisation de son nouvel outil de dévracage. Passant en direct, ou via les équipementiers Delphi et Valeo, la PME fournissait jusqu’à présent les lignes d’assemblage de phares et de radiateurs pour Peugeot et Renault, ainsi que des batteries pour les voitures électriques de l’américain Tesla. En second lieu, les ingénieurs de Caire sont en train d’achever la conception d’un nouvel engin de colorimétrie. Capable de contrôler la couleur des produits usinés, il est adaptable à l’automobile mais aussi à l’affichage, second secteur d’activité en volume d’affaires de l’entreprise

avec environ 20 %. Sur ce marché de niche, trusté par Clear Channel et JC Decaux, Caire, qui produit des outils de façonnage et de pliage d’affiches, se trouve en concurrence avec un seul acteur en Europe, la société MGPM, qui est basée dans l’Oise. Ces perspectives de développement poussent Lionel Astier à investir en ressources humaines mais aussi en immobilier. Actuellement installée sur 3 500 m2, l’usine sera agrandie de 600 m2 en juillet. Cette confiance dans l’avenir est largement appuyée par les bons résultats de l’entreprise qui connaît une progression annuelle de chiffre d’affaires de plus de 30 % depuis deux ans. Le résultat d’un contexte à nouveau porteur pour les ventes de voitures, mais aussi de la fermeture de plusieurs concurrents. Au plus fort de la crise du secteur, en 2012-2013, certaines PME du secteur n’ont pas survécu à des retards de paiements. Guillaume Fischer

Un « gadzart » à la tête de Caire Quand il débarque en 1998 de l’usine Brandt de Vendôme chez Caire, Lionel Astier quitte un bureau d’études confortable, spécialisé dans la conception de hottes aspirantes et de tables de cuisson, pour le monde plus incertain des PME. Chargé d’affaires au sein de l’entreprise de mécanique détenue par Patrice Loriot, ce diplômé de l’École des arts et métiers d’Angers en gravit tous les échelons avant de devenir pdg et actionnaire majoritaire en 2016. Associé à deux salariés, Rémy Chauveau et Stéphane Hureau, Lionel Astier, âgé aujourd’hui de 48 ans, a largement boosté en deux ans les performances de la PME vendômoise. Avec bientôt 80 salariés en 2019, la société n’exclut pas désormais de faire de la croissance externe. Histoire d’ajouter une brique supplémentaire dans son offre de machines industrielles qui n’a rien de standard.


Croissance externe en vue pour

Toutenkamion Après avoir racheté Brevet, l’entreprise Toutenkamion, de Ladon (45), va acquérir une société bretonne de 40 salariés. Et si le marché égyptien, annoncé début février, lui échappe finalement, d’autres s’ouvrent au Moyen-Orient. a conquête du marché égyptien n’est plus d’actualité pour Toutenkamion, l’entreprise installée à Ladon, dans le Montargois, et spécialisée dans l’aménagement intérieur de camions pour des activités très diverses. Pourtant, les négociations étaient achevées avec le minis-

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ans le bressan Brevet, une entreprise de même taille – 80 salariés et 8,5 M€ de CA – qui transforme, elle, les cabines de poids lourds, Toutenkamion est sur le point d’acquérir une société bretonne qui, comme à Ladon, aménage l’intérieur des camions mais en utilisant des matériaux différents.

tère de la Santé égyptien et la commande d’une bonne dizaine d’unités mobiles médicales presque effective. Mi-mars, les Egyptiens font marche arrière, laissant planer quelques points d’interrogation, pour ne pas dire de suspicion. « Selon mes informations, la décision de retenir un concurrent égyptien est remise en cause. Ce type d’appel d’offre n’était normalement ouvert qu’aux entreprises européennes et le prix auquel le marché a été attribué ne finance pas la matière première », commente, laconique, Stéphane Girerd, le président de Toutenkamion. En attendant un éventuel rebondissement dans ce dossier, l’entreprise poursuit sa mue. Ainsi, après avoir racheté il y a deux

« Nous utilisons du polyester et eux sont spécialistes de la soudure aluminium. L’entreprise compte 40 salariés et affiche un CA d’environ 5 M€ », indique Stéphane Girerd qui a, de son côté, enregistré en 2018 un CA de 18 M€, en intégrant Brevet. « Nous avons pris notre première commande associant les compétences des deux sites pour la fabrication d’une unité mobile de collecte de sang en Serbie : la partie collecte se fait à Ladon et la transformation de la cabine chez Brevet », précise Stéphane Girerd. Aujourd’hui, l’ambition affichée par la nouvelle structure – dénommée toutenkamion brevet group – est d’offrir « aux grands donneurs d’ordre fran-

çais » des camions clés en main accompagnés de toute la logistique nécessaire. « Nous voulons nous positionner comme un acteur incontournable dans le domaine de la mobilité du poids lourd, et c’est la raison pour laquelle nous nous rapprochons d’entreprises qui apportent des compléments d’offre », souligne le président de Toutenkamion qui réalise 70 % de son CA à l’international, et principalement en Afrique et au Moyen-Orient. « Pour le moment, on s‘est fixé comme règle d’essayer de rester à quatre ou cinq heures d’avion de nos zones de fabrication, mais cela peut changer, ajoute-t-il. Nous livrons une grosse unité de dons du sang au Koweït, et deux podiums ont été achetés par la loterie nationale du Burkina-Faso. Ensuite, nous avons des projets en attente avec le Qatar, le Pakistan et l’Arabie Saoudite. » Le marché français, lui, semble reprendre un peu de vitalité, et Toutenkamion travaille avec Thalès et Safran, deux entreprises auxquelles « l’accroissement des budgets militaires a redonné un peu d’air ». La croissance s’accompagne naturellement d’une politique d’embauche dynamique : « Nous avons un fort besoin de renouveler les équipes. Nous avons recruté une quinzaine de personnes et l’effet de taille nous a permis d’embaucher des profils auxquels nous n’avions pas accès économiquement. Ceci étant, nous sommes toujours en phase de recrutement et peinons toujours autant. » L’appel à candidatures ne peut être plus clair… AG La Lettre Valloire - Mars 2019 2018 39


Économie

Industrie

Cyfac entretient la légende Fignon, Virenque, Roux… de nombreux champions cyclistes ont roulé sur des vélos Méral et Cyfac. Autant de cadres de cycles fabriqués à Hommes, au nord de Tours.

Aymeric Le Brun, l’heureux patron de Cyfac, la haute couture des cadres de vélo.

À

l’instar de Karl Lagerfeld, un doute persiste sur l’âge de l’entreprise Cyfac ! « Quarante-cinq ans, si l’on considère que Cyfac est l’héritière des Cycles Méral, la marque mère, trente-cinq si l’on dissocie les deux », s’amuse Aymeric Le Brun, dirigeant de Cyfac. L’histoire de cette entreprise basée au lieu-dit La Fuye, à Hommes (37), est Cyfac en chiffres drapée de plusieurs couches. Tout com6 à 10 000 euros, c’est le coût moyen d’un mence en 1974. Alvélo sur-mesure Cyfac bert Métayer, patron de l’entreprise MéEntre 30 et 70 heures ral, spécialisée dans sont nécessaires pour la confection d’un cadran les mécanismes de canapés-lit, confie à 25 % de ventes à l’export Francis Quillon, 4 à 6 mois de délais tourneur-fraiseur et de livraison cycliste à ses heures 150 vélos sortent de l’atelier perdues, la concepchaque année (hors soustion des cycles Métraitance peinture) ral. Il s’inspire des 1,8 M€ de CA machines haut de gamme de l’épo40 La Lettre Valloire - Mars 2019

que, les Singer et autres Berthoud… Connue pour sa devise « la haute couture au prix du prêt-à-rouler », la marque sera toutefois vendue aux cycles Lejeune, basés à Paris, avant de disparaître. Bricolant toujours des vélos dans son garage, Francis Quillon décide de relancer son activité sous le nom de Cyfac, acronyme de cycle et fabrication artisanale de cadres. L’artisan travaille alors en sous-main pour des marques internationales comme Raleigh, Peugeot ou encore Maxisport. Les stars des grands Tours apprécient la qualité de ses cadrans : Laurent Fignon, Luc Leblanc, Richard Virenque… « Jusqu’à trois équipes pro ont roulé la même année avec des vélos fabriqués dans les ateliers Cyfac», poursuit le dirigeant. Si bien que Cyfac appose sa griffe en filigrane sur les bases d’abord, sur les tubes ensuite. L’équipe Jean Delatour deviendra le meilleur ambassadeur de la marque. « En 2001, Laurent Roux, qui roulait sur un Cyfac, a remporté le maillot

du meilleur grimpeur du Tour de France. L’étape a été filmée pendant 7 heures. Le soir même, Francis Quillon a reçu 20 commandes des ÉtatsUnis, par fax ! ». L’histoire de Cyfac change de braquet en 2005. Francis Quillon vend son entreprise à José Alvarès, propriétaire de 130 magasins de cycles qui est « mis en liquidation judiciaire en 2008 », se remémore Aymeric Le Brun, alors salarié de Cyfac. Mais pas question pour ce passionné de vélo de bâcher : « J’avais 28 ans quand j’ai repris Cyfac », sauvant ainsi 8 emplois : « Ensemble, nous avons créé Cyfac International et relancé l’activité ». Tant et si bien que la marque réalise actuellement 25 % de son chiffre d’affaires à l’export. Pour célébrer les dix ans de Cyfac International, l’entreprise décide l’an passé de remettre en selle la marque Méral avec la fabrication de « randonneurs » en série. Un premier couple au style épuré sort des ateliers. Leur nom – Francis en version homme et Francette en version femme – font référence à Francis Quillon et à Francette Babault, employée de l’entreprise de 1974 à 2015. « La boucle est bouclée », sourit le dirigeant qui espère la production d’une centaine de cadres Méral d’ici à 2020. Après avoir développé la fabrication de tandems, Cyfac a également fourni des compétiteurs des Jeux paralympiques de Tokyo. Bilan : cinq médailles, dont deux en or. Dans les ateliers de la Fuye, 14 personnes font revivre la devise « la haute couture au prix du prêt-à-rouler ». À en croire le label « Entreprise du Patrimoine vivant » obtenu en 2012 pour son savoir-faire national, pas de doute, ils en ont l’étoffe. Alexia Mellier


SKF, des roulements et des vélos Sur son site de St-Cyr-sur-Loire (37), le groupe suédois SKF favorise la mobilité douce de ses quelque 1 300 salariés.

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inq ans. C'est l'âge du plan de mobilité (ex-PDE) de l’usine tourangelle de ce leader mondial des équipements tournants – les fameux roulements à bille, Kullager en suédois, le K de SKF, NDLR – pour l’industrie et l’automobile. Son siège à Göteborg ne lui sert pas forcément d’étalon. Sa démarche de promotion des mobilités alternatives prend tout de même racine dans l’origine scandinave de l'entreprise. Sur le site de 30 ha de St-Cyr-sur-Loire, il n'est pas rare de croiser des ingénieurs et techniciens à vélo. Ils sont 230 à l'enfourcher pour aller travailler. Un résultat dont son directeur, Éric Beghini, n'est

pas peu fier : « Nous augmentons le stationnement, offrons un bon d'achat pour un kit sécurité et remboursons une partie des frais d'entretien à ceux qui s'engagent à venir à vélo au minimum 30 jours par an ». Le choix a été fait de ne pas proposer d’indemnité kilométrique vélo. Elle consisterait pour l'employeur à la verser aux salariés cyclistes. Mais l’impossibilité de la cumuler (sauf pour du rabattement) avec le remboursement par l’entreprise de la moitié de l’abonnement aux transports en commun pose problème. « Nous réfléchissons à nous doter d'une flotte de vélos électriques et fa-

vorisons le covoiturage domiciletravail entre collègues », ajoute Éric Beghini. Des avantages et places de parking leur sont d’ores et déjà réservés. Une appli de mise en relations des covoitureurs serait la bienvenue. Faut-il qu’elle soit interentreprises ? Tours Métropole y réfléchit. L'amélioration de la desserte en transports en commun reste de toutes façons un enjeu. Seuls 2 % des employés prennent le bus pour venir à l’usine. L'amplification des horaires est étudiée par Fil Bleu. Non loin de là, l'extension de la clinique de l'Alliance génère de nouveaux besoins. Qu'il faudra tôt ou tard Morgan Boëdec contenter.

Renov 2CV passe la surmultipliée Changement de vitesse au mois de mai pour Renov 2CV, un négociant de pièces de 2CV et autres véhicules vintage. Il va emménager sur les 8 000 m2 de l’ancien site d’ID Logistics à Châteauroux.

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réée par Hervé Renard en 2008, Renov 2CV s’est spécialisée dans le négoce de pièces de 2CV et dérivés (plus de 3 500 références, 3,2 M€ de CA en 2017) : 80 % de son activité s’effectue par Internet, 20 % par le biais de son magasin de 600 m² du quartier Bitray à Châteauroux. Pour accompagner une croissance exponentielle, avec plus de 100 commandes traitées par jour, la petite société (12 salariés) vient d’acquérir les 8 000 m² de l’ancien site ID Logistics, sur la ZI du Buxerioux à Châteauroux, où elle emménagera au mois de mai. La PME berrichonne va investir un peu plus de 2 M€ pour aménager ses nouveaux locaux et prévoit 4 embauches cette année. Alors que le site web sera entièrement relooké au premier trimestre, un

showroom et un magasin Libre service assisté (LSA) de 1 625 m² faciliteront l’accueil des clients et des clubs. De nouvelles gammes (4L, VW Combi, Porsche 911) seront développées. Les références les plus vendues seront accessibles en rayonnage, tandis que des véhicules disponibles à la vente pourront être mis en avant dans cet espace qu’Hervé Renard veut convivial et fonctionnel. Une partie atelier pour la préparation, le montage, la réparation et l’entretien courant sera créée, retrouvant ainsi l’ADN des débuts de la société. Tournée vers l’avenir, Renov 2CV envisage, au travers d’un partenariat avec la société castelroussine Vebrat, de construire une « Deudeuche » à moteur électrique à l’horizon du premier trimestre 2020. Une salle de réunion

et de réception de 330 m², avec coin cuisine, sera mise à disposition des clubs. Enfin, autre nouveauté à venir, un parc locatif de plusieurs 2CV et Méharis pour particuliers et professionnels, notamment ceux de l’événementiel et du tourisme. SD

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Économie

Énergie

L’éolien prend son deuxième souffle La région Centre-Val de Loire pourrait voir son nombre de pylônes augmenter de 1 600 unités d’ici à 2050. La modification de traitement des recours et une redistribution de la fiscalité plus équitable entre les collectivités vont y contribuer.

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information est passée pratiquement inaperçue au début de l’année. La compagnie d’électricité tchèque CEZ a acquis huit projets d’implantation d’éoliennes en France, auxquels s’ajoutent les neuf sites achetés en 2017. Il s’agit d’équipements en cours d’installation dont le premier à entrer en service, dès cette année, sera une « ferme à vent » du côté d’Aschères-le-Marché (45). L’ensemble des acquisitions de l’électricien tchèque représentera une puissance totale installée de plus de 215 MW. CEZ a acheté les projets au groupe allemand ABO Wind, qui en assure la construction et la maintenance, et a obtenu d’EDF un prix de rachat garanti pour quinze ans. Même si le prix de rachat n’a pas été communiqué, l’opération sera de toute façon rentable car EDF, transition énergétique oblige, rachète le kWh éolien à un prix supérieur à celui du marché. La moyenne se situe autour de 0,07 € le kWh « vert », démantèlement inclus, contre 0,04 à 0,05 € pour le kWh d’origine nucléaire, hors démantèlement. On estime qu’une éolienne d’une puissance de 2 MW, sur la base d’en-

viron 2 000 heures de production, rapporte ainsi 280 000 € par an à son propriétaire-exploitant. Les 215 MW de l’investisseur tchèque génèreront donc plus de 30 M€ de CA chaque année. À ce montant s’ajoutent des exonérations fiscales qui permettent des rentabilités de plus de 10 %, voire au-delà si les conditions clima-

tations sont fortement concentrées en Champagne berrichonne et en Beauce, dans des secteurs à faible densité d’habitat et donc moins hostiles aux forêts de mâts surmontés d’hélices. « En Beauce, il y a des tracteurs, mais pas de détracteurs », s’était amusé le président du conseil régional, François

“ POUR 2 000 HEURES DE PRODUCTION ANNUELLE, UNE ÉOLIENNE D’UNE PUISSANCE DE 2 MW RAPPORTE 280 000 € tiques sont bonnes. C’est ce qui explique que les sites éoliens français soient l’objet des convoitises d’investisseurs hexagonaux et étrangers. « Par rapport à son potentiel et aux objectifs de transition énergétique, le Centre-Val de Loire est sous-dimensionné en équipements éoliens », annonce Samuel Neuvy, le délégué pour les régions Centre et Île-de-France de l’association France Énergie Éolienne qui rassemble 80 % des parcs du territoire. La puissance installée actuellement en Centre-Val de Loire fournit 1 060 MW, avec environ 500 éoliennes réparties dans 80 parcs. Les implan-

Bonneau, en inaugurant un parc éolien beauceron il y a quelques temps. Prompts à faire leurs calculs, les agriculteurs savent qu’ils peuvent tirer de 4 000 € à 6 000 € de loyer annuel pour chaque pied d’éolienne, sans commune mesure avec le rendement d’un carré de céréales. Les collectivités locales font aussi leurs comptes. Elles peuvent tabler sur des retombées annuelles de l’ordre de 3 000 € à 4 000 € par pylône en récupérant une partie de l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER), soit 50 % pour la communauté de communes et 50 % pour la commune d’accueil, ce qui vient d’être rendu possible par la loi de finances 2019. « Cette disposition, ainsi que la nouvelle compétence en premier et dernier ressort des cours administratives d’appel pour les recours, nous donnent bon espoir pour une relance du développement de l’éolien », estime Samuel Neuvy. Le schéma régional l’a déjà anticipé en prévoyant 1 600 éoliennes supplémentaires à l’horizon 2050. Un puissant deuxième souffle en perspective. Bruno Villeneuve

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Économie

Chantiers CHER

Le bailleur social France Loire va lancer sur la période 2019-2024 un important programme de construction et de rénovation de l’habitat de 13,2 M€ à Vierzon ; le parc locatif comptera 60 nouveaux logements et 142 habitations seront réhabilitées. Le projet comprend quatre chantiers : dans le quartier du Clos-du-Roy, la réhabilitation de la résidence Bellevue et la construction d’une quinzaine de pavillons entre 2022 et 2024. La résidence Larchevêque (105 logements) sera réaménagée et une résidence de 14 logements sera construite sur l’îlot Brunet-Rollinat en centre-ville. Enfin, des travaux de rafraîchissement seront effectués à la résidence Grossous.

CHER France Seniors, la société porteuse du projet de construction d’une résidence pour seniors sur le site de l’ex-usine Monin à Bourges, envisage de réaliser 138 logements (du T1 au T3) qui seront tous destinés à la location ; environ 1 000 m² seront dédiés à des espaces communs. Le permis de construire a été déposé mi-décembre dernier ; des fouilles archéologiques sont déjà programmées et dureront environ six mois.

EURE-ET-LOIR Lors de ses vœux, le maire de Dreux Gérard Hamel a confirmé l’engagement pris par un promoteur privé de construire un nouvel immeuble de bureaux sur le Pôle Gare de Dreux. Un premier immeuble, qui devrait être rapidement suivi d’un deuxième et de plusieurs autres, sera construit à

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proximité de celui qui, depuis quelques années, accueille Pôle Emploi. A terme, le Pôle Gare comprendra 13 500 m² de bureaux et 32 000 m² d’espaces publics réaménagés (voiries, parvis, cheminements). Un investissement de 11,2 M€ porté par l’Agglo du Pays de Dreux, la Ville et les partenaires publics.

LOIR-ET-CHER Le devenir de l’hôtel-Dieu de Blois, qui accueille jusqu’à la fin 2020 la direction départementale des Territoires, est de nouveau relancé. Le projet de

le transformer en hôtel haut de gamme ayant été finalement abandonné, c’est aujourd’hui une opération mixte comprenant logements, bureaux (activité tertiaire) et espace culturel dédié au peintre Bernard Lorjou qui est envisagée. Un appel à projets vient d’être lancé pour ce programme estimé à 3,1 M€. La CdC du Romorantinais et du Monestois a présenté un projet de construction d’un bâtiment industriel de 2 000 m² sur la zone d’activités des GrandesBruyères, à Romorantin. L’espace sera divisé en plusieurs boxes de 100, 200 et 300 m² qui seront loués à des artisans et des commerçants. Le programme représente un investissement de 1,4 M€.

LOIRET La commune de Pannes a mis à l’étude un projet de transformation de son centre-bourg avec la construction de bâtiments à ossature bois qui abriteront des commerces existants à côté de la mairie et des services médicaux en face, complétés par une maison d’assistantes maternelles. Le coût du programme s’élève à

7 M€ et pourrait être livré en 2020. Parallèlement, des travaux d’aménagement du quartier de la Ronce (enfouissement de réseaux, éclairage public, voirie…) vont être réalisés pour 1,3 M€. Un investissement de 6 M€ est prévu au lycée agricole de Chesnoy afin de réhabiliter le bâtiment consacré au machinisme agricole. Le programme, effectué en deux temps, comprendra la construction d’un nouveau local et la destruction puis reconstruction d’un bâtiment actuel. La surface du lycée s’en trouvera doublée. Les travaux débuteront cet été.

INDRE-ET-LOIRE Le nouveau programme de renouvellement urbain (NPRU) du Sanitas à Tours — dont la convention doit être signée cet été — a été présenté aux habitants du quartier. Il prévoit la démolition de 472 logements sociaux et la construction de 409 logements privés, dont 136 seront proposés en accession sociale. Par ailleurs, le NPRU prévoit également la reconstruction des écoles Claude Bernard, Suzanne Kleiber et Marie Curie ainsi que la rénovation de l'école Michelet ; le centre municipal des sports (CMS) sera réhabilité, des pôles commerciaux seront également créés. Le coût du programme est estimé à 128 M€, dont 41 % (47 M€) seront financés par l'Anru. La Métropole participera à hauteur de 19 M€, le reste étant financé par la Ville de Tours, la Région CentreVal de Loire ou Tour(s) Habitat. Les premières démolitions débuteront en fin d’année.


Wattway fait sa place au soleil ! Si la filiale du groupe Colas poursuit son expérimentation de routes solaires équipées de cellules photovoltaïques pour capter l’énergie, elle diversifie son offre afin de répondre aux besoins plus modestes des collectivités.

E

n décembre 2016, la première route solaire traçait sa voie dans le bitume humide de la commune nouvelle de Tourouvreau-Perche, dans l’Orne. Les ambitions affichées par Wattway, la filiale du constructeur Colas en charge de cette expérimentation mondiale, étaient fortes : le tronçon d’un kilomètre recouvert de cellules photovoltaïques encapsulées dans la résine devait pouvoir fournir l'équivalent de la consommation en éclairage public d'une ville de 5 000 habitants. Douze mois plus tard, les résultats étaient en-deçà des attentes avec une production annuelle de l’ordre de 149,4 MWh seulement, à mi-chemin de l’objectif. Les limites techniques, parfaitement identifiées, et les conditions météorologiques défavorables expliquaient le décalage. Loin de décourager les équipes de Wattway, cette première expérience en a amené d’autres sous toutes les latitudes du globe, afin de confronter l’expérimentation à des climats différents et des températures polaires comme caniculaires : « Nous avions besoin de rentrer dans le concret, de tester notre technologie. Aujourd’hui, on a quasiment une quarantaine de sites expérimentaux, en France et à l’international. Et ce que l’on va chercher sur ces sites, c’est le retour d’expérience », explique Arnauld de Sainte Marie, directeur Business Development chez Colas, qui a présenté les nouveaux usages de cette énergie photovoltaïque captée par la route au Lab’O d’Orléans, lors d’une journée dédiée aux réseaux électriques intelligents. Sans tourner le dos à ses ambitions, Wattway s’efforce aujourd’hui de répondre à des besoins d’énergie re-

nouvelable plus modestes, mais en lien direct avec la demande des collectivités locales. Et quelques dalles recouvertes de cellules photovoltaïques y suffisent aujourd’hui : « Wattway a

ouvert aux propositions, affirme le jeune responsable de Colas. Réussir à faire circuler un poids lourd sur une cellule photovoltaïque était un défi incroyable. Il a été relevé avec

“ UN KILOMÈTRE RECOUVERT DE CELLULES PHOTOVOLTAÏQUES POUR FOURNIR L’ÉCLAIRAGE PUBLIC D’UNE VILLE DE 5 000 HABITANTS été positionné au départ sur un format de routes ou de parkings solaires de grande envergure et nous continuons de développer cette offre. Pour autant, on se rend compte que nos clients sont en demande d’autonomie pour des candélabres, des bornes de recharge pour véhicules électriques, des cheminements pour les vélos, etc. Mais avec une véritable appétence pour nos solutions techniques », poursuit Arnauld de Sainte Marie. La Ville de Montpellier a ainsi eu recours récemment à cette « innovation de rupture » pour faire fonctionner de manière autonome une caméra de vidéosurveillance située à un endroit où tout autre alimentation posait problème. Et si la commercialisation de cette offre innovante prend aujourd’hui de l’ampleur, Arnauld de Sainte Marie assure que la phase expérimentale n’est pas encore achevée : « Nous avons besoin de progresser sur de nombreux aspects. Nous travaillons à une déclinaison de petits Wattways qui nécessitent encore un certain nombre d’adaptations, en terme de stockage notamment. » Parmi la quarantaine d’expériences menées en France et aux quatre coins du monde, aucune ne s’est déroulée en région Centre-Val de Loire. « Je suis

succès. On avance progressivement», conclut-il, persuadé que les usages de Wattway vont se démultiplier à l’avenir. Et que cette route solaire éclairera de nouveaux chemins. Anthony Gautier

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Carnet

RÉGION Ludovic Provost a été nommé au poste de délégué régional du groupe La Poste en Centre-Val de Loire. Auparavant secrétaire général de la Commission supérieure du numérique et des postes (CSNP), il succède à Jacques Lemaire qui est devenu délégué régional du groupe pour la Nouvelle Aquitaine. Ludovic Provost a débuté sa carrière au siège d’Air Liquide comme chef de projet pour la logistique, la santé à domicile et la gestion de crise. En 2000, il rejoint le groupe La Poste comme chef de projet. Par décret du Premier ministre, il a été conseiller du commerce extérieur de la France de 2008 à 2015. RÉGION Bertrand Volpette a été nommé premier conseiller de la chambre régionale des comptes (CRC) où il intègre la deuxième section en charge des établissements présents dans le Cher, l’Indre-etLoire et le Loir-et-Cher. Bertrand Volpette a intégré la fonction publique en 1984 en qualité d’inspecteur des impôts au sein de directions nationales de contrôle fiscal. Après avoir rejoint les chambres régionales des comptes en 1998, il a aussi exercé les fonctions de rapporteur permanent auprès du conseil de la concurrence entre 2003 et 2005. Le mécanicien de précision Mecachrome (400 M€ de CA, 2 600 salariés), dont le siège social se trouve à Amboise (37) et qui exploite deux des plus importants de ses treize sites industriels en région Centre-Val de

Loire (Amboise et Aubigny-surNère), change de président, Christian Cornille, 56 ans, succédant à Arnaud De Ponnat, en poste depuis cinq ans. Christian Cornille, ancien directeur général d’Airbus Helicopters, prendra ses fonctions en avril prochain. CHER Directrice des affaires européennes du conseil régional d’Île-

de-France depuis 2016, Régine Leduc a pris les postes de secrétaire générale de la préfecture du Cher et sous-préfète de l’arrondissement de Bourges ; elle succède à Thibault Deloye. Régine Leduc a également été collaboratrice de Patrick Devedjian lorsque celui-ci était ministre chargé de la mise en œuvre du Plan de Relance (2009 à 2011). L’entreprise berruyère de sirops haut de gamme Monin a vu partir en fin d’année dernière plusieurs cadres importants, dont son directeur général Henri de Cugnac. Présent depuis 2004,

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cet Insead de 56 ans a quitté la PME pour divergences stratégiques avec le pdg et actionnaire unique Olivier Monin qui devrait se doter d’un nouveau n°2 au printemps. Autre départ récent dans l’état-major de Monin, celui de Denis Berthier. Le directeur commercial pour la grande distribution a quitté l’entreprise en novembre après dix ans passés au siège berruyer. EURE-ET-LOIR Le conseil d’administration de la société coopérative agricole d'Eure-et-Loir (Scael) a élu Éric Brault à sa présidence ; il succède à Philippe Voyet. Éric Brault a intégré le conseil d’administration de la coopérative en 2000 puis le bureau en 2003 avant d’en être vice-président en 2017. Agriculteur, il est également président de Jardin-Loisirs 28 (matériels pour entretien des espaces verts). INDRE-ET-LOIRE L’usine du façonnier pharmaceutique suédois Recipharm à Monts (environ 250 salariés), près de Tours, a changé de dirigeant. Michel Saudemon, qui occupait le poste de directeur de cet ex-site AstraZeneca depuis 18 ans, a été remplacé en début d’année par Mikael Ericson qui a accompli une bonne partie de sa carrière au sein du groupe après avoir travaillé chez… AstraZeneca. Maire de Chemillé-sur-Indrois et président sortant, Henry Frémont a été réélu à la tête de la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire pour un second mandat ; il était le seul candidat en lice. L’organisme consulaire emploie 65 salariés.

Ségolène Cavalière, directrice de cabinet de la préfète d'Indre-etLoire et administratrice civile détachée en qualité de sous-préfète, a cessé ses fonctions en début d’année ; elle a été remplacée par François Chazot, administrateur civil, qui a été nommé sous-préfet et directeur de cabinet de la préfète d'Indre-et-Loire. LOIR-ET-CHER Arnaud Bessé succède à Philippe Noyau à la présidence de la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher. Exploitant agricole et conseiller municipal de St-Marc-du-Cor, Arnaud Bessé entame son 4e mandat à la chambre d’agriculture, où il était précédemment premier vice-président. Philippe Noyau devient, quant à lui, premier viceprésident.

LOIR-ET-CHER Architecte et urbaniste en chef de l’État, Hélène de Kergariou vient de prendre ses fonctions de directrice de cabinet du préfet et de sous-préfète hors classe du Loir-et-Cher. Elle succède à Marie-Frédérique Whitley qui a quitté son poste fin décembre. Hélène de Kergariou était depuis avril 2017 sous-préfète de Vitry-leFrançois (51). Elle a été auparavant architecte des bâtiments de France dans le Finistère et conservateur régional des monuments historiques aux affaires culturelles de Guadeloupe.




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