5€ MAGAZINE N°54 - MARS 2021
L’ARTISANAT JOUE COLLECTIF
Gérard Bobier, président de la CMA Centre-Val de Loire
Société archéologique de Touraine Fondée en 1840 - Reconnue d’utilité publique en 1872
Laissez votre nom dans notre histoire !
PARTICIPEZ à la restauration d’un bâtiment royal du XV siècle e
pour l’installation de la Bibliothèque d’Histoire de la Touraine 2 rue des Maures à Tours (angle avenue Malraux) La Société archéologique de Touraine a restauré la chapelle Saint-Libert (2011-2015) et l’a aménagée pour créer un nouveau lieu culturel dans la ville de Tours. Aujourd’hui, la SAT est amenée à réinstaller sa bibliothèque et elle saisit cette opportunité pour : restaurer un bâtiment royal du 15e siècle (situé près du château de Tours), le long de la Loire, l’adapter aux fonctions d’une bibliothèque, donner une meilleure visibilité à la « Bibliothèque d’Histoire de la Touraine » gérée par la SAT mais largement ouverte au public. Dans tous les cas, ces bâtiments historiques restaurés par la SAT, sont utilisés pour ses activités propres mais également ouverts au grand public.
NOUS RECHERCHONS DES ENTREPRISES MÉCÈNES, POUR NOUS SOUTENIR DANS CE PROJET Le budget total de restauration et d’adaptation du bâtiment s’élève à la somme de 516 000 € TTC et une importante partie du financement repose sur le mécénat, attendu à hauteur de 150 000 €. La Fondation du Patrimoine, pour sa part, a ouvert une souscription publique, active durant toutes les étapes du projet. Les dons des entreprises mécènes ouvrent droit à la déductibilité fiscale puisque la SAT est reconnue d’utilité publique. Bien entendu, les relations entre donateur et bénéficiaire se poursuivent au travers de contreparties qui peuvent prendre des formes très diverses grâce à la richesse intellectuelle et matérielle de la SAT. Toutes les autorisations administratives étant obtenues, les travaux sont en cours depuis janvier 2021.
CONTACT : Yves Cogoluègnes, Président de la SAT, yves.cogoluegnes@orange.fr 06 07 27 35 01 Société archéologique de Touraine BP 11105 - 37011 Tours Cedex 1 Association Loi 1901 - SIRET 775 345 945 Siège : Ancienne chapelle Saint-Libert 37 avenue André-Malraux - 37000 Tours Le bâtiment au moment du diagnostic archéologique (septembre 2019)
Coupe intérieure nord sud de la bibliothèque après finitions et installation
DEMANDEZ NOTRE DOSSIER COMPLET DE PRÉSENTATION DU PROJET
Point de vue Au son du canon
S
i vis pacem, para bellum. Jamais cet adage romain, qui invite à se préparer à la guerre pour mieux l’éviter, n’aura eu autant de pertinence qu’à notre époque de grands troubles. La France, la seule en Europe à payer « le prix du sang », pour reprendre la forte expression du député Jean-Louis Thiériot, que nous avons rencontré dans le cadre de notre reportage sur l’industrie de l’armement, doit se préparer à la montée des menaces. L’émergence, partout dans le monde, de régimes illibéraux et la contestation hystérique de notre modèle démocratique par l’islamisme radical nous obligent à renforcer la garde. La loi de programmation militaire a intégré ces enjeux. Elle prévoit un effort sans précédent en faveur de notre armée, mais aussi de notre industrie de défense. Bonne nouvelle : cette filière très représentée sur le territoire régional bénéficie pleinement du renouvellement des programmes d’armement. Avec des créations d’emplois à la clé. La région Centre-Val de Loire accueille aussi plusieurs contingents d’élite comme les forces spéciales air de la BA 123 d’Orléans-Bricy. Nous avons eu le privilège d’assister à l’un des entraînements de ces sentinelles de la République, défenseurs infatigables de notre idéal de liberté.
Ce magazine est un hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Édité par MCM Presse - SAS au capital de 100 000 € - RCS Tours B 450 613 591 - Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours - Adresse postale : BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com - Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) - Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) - Aurélie Vouteau (édition) Ont participé à ce numéro : Serge Daniel - Johann Galy - Maquette : Régis Beaune - Diffusion : Nadine Gomès - Crédits photographiques : Cyril Chigot: Une, 7, 36 DR: 6, 7, 8, 12, 13, 14, 22, 24, 32, 33, 34, 38, 40, 42, 45, 46, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54 - François Christophe : 6 - Jean-Christophe Savattier: 11, 26, 31 - MBDA: 16, 17 - ASB: 19 Assemblée nationale: 20 - Sirpa air : 28, 29, 30 - Louise Jean-Baptiste : 44 - Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) - Informations légales : Abonnement annuel 2021 (23 numéros + magazines hors-séries) : 385 € - Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 485 € - Prix de ce numéro : 5 € - CPPAP : 0121I 85872 - ISSN : 1246-4333 - Dépôt légal : mars 2021 - Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon.
La Lettre Valloire - Mars 2021
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SOMMAIRE Mars
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Points chauds L’actualité du trimestre en bref.
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Reportage
La filière armement, synonyme de restructurations durant les années quatrevingt-dix, connaît un fort regain d’activité. Berceau de la filière, le territoire régional profite de ce renversement de tendance.
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Politique Trois maires d’Indre-et-Loire ont lancé « l’appel des 36 000 », une pétition destinée à interpeller les candidats aux prochaines élections présidentielles sur le mal-être des maires ruraux.
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Territoires Christophe Hay, le meilleur cuisinier de France en 2021, va s’installer dans un ensemble immobilier du XVIIIe siècle sur la rive gauche de la Loire, à Blois.
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Entreprises
L’équipementier de premier rang Rafaut, positionné sur les marchés de l’aéronautique civile et de la défense, entend consolider l’activité de son atelier de Salbris.
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Reportage L’usine solognote du missilier MBDA bénéficie de l’amélioration significative des marchés de la Défense.
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Zoom
Gérard Bobier, le président de la CMA du Centre-Val de Loire, est un homme de terrain qui a « embrassé la cause de l’artisanat » comme on lie une amitié indéfectible.
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Entreprises L’équipementier ferroviaire Faiveley Transport, qui emploie 850 salariés en Touraine, va consacrer 6 M€ en 2021 au développement de ses activités de R&D.
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Entreprises Dans les cartons depuis 2008, le programme logistique du parc des Buis à Boisseaux, vient de démarrer : Quartus Logistique a lancé les travaux de la première tranche.
La Lettre Valloire - Mars 2021 La Lettre Valloire - Septembre 2020 5 5
LE CARRÉ
POINTS CHAUDS
VIP
PIQUOUSE Laure de La Raudière , Présidente de l’Arcep
Sur proposition du président de la République, Laure de la Raudière, députée (ex-UMP, puis LR, désormais Agir) de la 3e circonscription d’Eure-et-Loir et conseillère départementale d’Illiers-Combray, a été nommée au mois de janvier et pour cinq ans présidente de l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), après l'adoption de sa candidature par l'Assemblée nationale et le Sénat ; elle succède à Sébastien Soriano. Diplômée de Normale Sup’ et de Télécom Paris, ancienne cadre de France Télécom et spécialiste de l’économie numérique, Laure de La Raudière avait le profil adéquat pour diriger cette autorité administrative indépendante qui assure la régulation des secteurs des communications électroniques et des postes, au nom de l’État. Son suppléant Luc Lamirault, conseiller général et maire de la commune de Saintigny, issue il y a deux ans de la fusion de St-Denis-d’Authou – dont il était le premier magistrat depuis 1989 – et de Frétigny, lui succède à l’Assemblée nationale. Il devra naturellement abandonner son fauteuil de maire.
Infirmier de profession, le maire socialiste de Blois Marc Gricourt ne pouvait pas rater le grand rendezvous de la vaccination contre la Covid-19. Il a tenu à assurer aux côtés des agents des collectivités et des personnels de santé une matinée de permanence au sein d’un centre de vaccination blésois. « Si une infirmière avait manqué, j’aurais piqué », a affirmé le maire de Blois sur son compte facebook. Répondant au commentaire de l’un de ses followers qui l’invitait à la plus grande des prudences compte tenu de son manque de pratique, il a indiqué qu’il n’avait pas pu perdre la main : « C’est comme la bicyclette (une autre de ses passions, NDLR…) ».
NOËL SANS DINDE
TAGADA… VOILÀ LES DALTON La photo (ci-dessous) de la triplette réunie le 20 janvier au ministère de l’Intérieur pour « acter le renforcement des effectifs de sécurité publique de Bourges » a certainement évoqué des souvenirs aux amateurs de la bande dessinée Lucky Luke. Avec les masques, il ne manquait plus que des costumes
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rayés au maire de Bourges Yann Galut, au ministre Gérald Darmanin et au député du Cher François CormierBouligeon (de gauche à droite) pour poser devant le crayon du dessinateur Morris. Pour compléter l’immortelle fratrie, il manquait à l’appel soit Averell, soit Joe, c’est selon...
Suite aux images de volailles vivantes filmées par un ouvrier du site et diffusées juste avant Noël par l’association de défense des animaux L214, l’abattoir de Blancafort (18) et ses 350 salariés ont risqué pendant quelques jours la suspension de leur agrément sanitaire. La préfecture du Cher avait vivement réagi à la publication de cette vidéo de deux minutes montrant des dindes entassées dans des caisses métalliques et enjoint la direction de procéder à des mesures correctives dans un délai très court. Le préfet aurait même eu l’intention de « judiciariser l’affaire » en transmettant le dossier au procureur de la République. Les relations entre le représentant de l’État et le monde agricole local avaient pourtant bien commencé. Juste après sa prise de fonction, le préfet Bouvier avait demandé à Arnaud Lespagnol, président de la FNSEA du Cher, de lui organiser la visite d’une exploitation « pour se faire présenter les problématiques agricoles du département ». La sauvegarde des emplois n’en faisait peut-être pas partie.
DISPARITION Vanik Berberian, maire de Gargilesse-Dampierre (36), s’est éteint le 9 mars à l’âge de 65 ans des suites « d’une longue maladie ». Il aura consacré la moitié de son existence à la vie publique, d’abord dans sa commune de
À TABLE Son dernier combat – victorieux – a été de sauver le camembert au lait cru qui est désormais le seul, grâce à lui, à se prévaloir de l’origine « de Normandie ». Richard Ramos, le bouillant député MoDem du Loiret, vient de s’attaquer à la réouverture des restaurants à midi : pour une fois, lui et ses 31 collègues députés, signataires d’une tribune dans Le Parisien, se sont fait griller par 65 sénateurs qui avaient écrit juste avant à Emmanuel Macron : « Vous nous dites baser vos décisions sur des avis scientifiques. Pourtant, quelle étude sérieuse a démontré que les contaminations se faisaient principalement dans les restaurants ? Si tel était le cas, pourquoi autoriser la réouverture des restaurants pour les ouvriers durant le temps de midi ? », interrogeaient les parlementaires.
l’Indre, dont il était le maire sans interruption depuis 1989, et comme président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) durant près de treize ans. En novembre dernier, ses problèmes de santé l’avaient obigé à passer le témoin au vosgien Michel Fournier. Le moment de gloire de Vanik Berberian, centriste qui avait fini par quitter le MoDem, aura été la venue du président de la République à Gargilesse, le jour de la Saint-Valentin 2019, en pleine crise des gilets jaunes. « La situation du pays est particulière, assez inédite, et il est important que le gouvernement écoute ce que les citoyens ont à dire », avait-il déclaré ce jour-là.
ENTROUVERTES L’agriculture pour l’un, la culture pour l’autre. Si Richard Ramos s’intéresse à la réouverture des restaurants (lire ci-contre), André Laignel pencherait plutôt pour celle des musées. Le maire d’Issoudun, qui a été précédé dans la démarche par son collègue de
Perpignan – il ne partage que ce combat avec l’élu du Rassemblement national ! –, a décidé d’ouvir le 13 février le musée de la ville, aménagé dans l’ancien hospice Saint-Roch, bravant le décret ministériel pris face à l’épidémie de Covid-19. Le préfet de l’Indre a immédiatement saisi le tribunal administratif en référé pour faire respecter la loi ; il a obtenu gain de cause cinq jours plus tard. Et Saint-Roch a refermé ses portes, entrouvertes le temps d’un long week-end …
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TWEETS AGAIN
De François Bonneau, président de la Région Centre-Val de Loire, à propos de la désignation du candidat des Républicains aux élections régionales : « Je prends acte de la candidature de M. Forissier. Mais j’avais cru comprendre qu’avec M. Peltier, on allait voir ce qu’on allait voir… » . De Max Besnard, maire de Dierre (37), co-auteur de « L’appel des 36 000 » parti en croisade contre la haute fonction publique : « On en a ras le toit de tous ces bureaux d’études qui font une montagne du plus simple projet et accouchent d’une souris, de ces flanquées de gars dans l’administration qui n’ont aucun intérêt à faire simple car sinon, qu’est-ce qu’ils feraient ? ». De Philippe Briand, maire de St-Cyrsur-Loire (37), à propos de l’affaire Bygmalion jugée depuis le 17 mars : « Je passe mon temps, depuis des mois, à lire et relire les 18 000 pages de procédure pour m’en imprégner : 18 000 pages… ». De Pierre-Frédéric Billet, maire de Dreux (28), ville où un promoteur a lancé la construction de 25 maisons de ville entre les deux confinements : « À la fin de la première journée de commercialisation, tous les lots avaient été vendus. Les gens faisaient déjà la queue aux premières heures de la matinée. ». De Harold Huwart, maire de Nogentle-Rotrou (28) et vice-président de la Région Centre-Val de Loire en charge du développement économique : « En économie de guerre, on aurait réquisitionné des industries stratégiques. Ce n’est pas possible que la France soit à la traîne pendant la pandémie ». De Philippe Fournié, vice-président de la Région Centre-Val de Loire en charge des transports, à propos de la réquisition des trains Remi TER Centre-Val de Loire pour rapatrier 3 000 voyageurs d’un TGV « naufragé » : « Avec la SNCF, on peut s’attendre à tout, même au pire. Je demande des excuses à SNCF et à son pdg, toujours prompt à donner des leçons. »
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POINTS CHAUDS
BURN OUT !
LAGARDE À LA MAISON Pressenti, jusqu’à récemment encore, pour être le directeur de cabinet du maire d’Orléans Serge Grouard, François Lagarde, 42 ans, ancien conseiller municipal et vice-président de l’agglomération d’Orléans, restera finalement fidèle à sa région, l’Hérault, et à sa profession, magistrat au tribunal administratif de Montpellier. Bien qu'éloigné d'Orléans, François Lagarde avait été actif durant la dernière campagne des municipales pour promouvoir la candidature de Serge Grouard, sur les réseaux sociaux particulièrement. Finalement, il ne rejoindra donc pas le cabinet du maire de la ville qui semble toujours à la recherche de la personne idoine. Pour François Lagarde, cela signifie aussi la mise entre parenthèses d’une ambition politique qu’il n’avait jamais dissimulée : celle de porter une candidature LR pour les prochaines élections législatives dans le Loiret.
HABEMUS PAPAM La fumée blanche est enfin sortie. Après six élections infructueuses et deux mois de blocage, Éric Blond – vice-président sortant de l’université d’Orléans – en a été élu président à une voix près, face à Gérard Poisson, enseignant à l’IUT de Bourges. Éric Blond succède à Ary Bruand, qui avait lui-même succédé au controversé Youssoufi Touré, condamné en première instance à 15 000 € d’amende et douze mois de prison avec sursis pour détournement de fonds publics. On espère le retour au calme et une Pax Aureliana après ces mois et années de turbulence.
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Le procès de l’affaire Bygmalion, en fait celui du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy aux élections présidentielles de 2012, commence le 17 mars, veille de la parution de cette édition. Parmi les quatorze prévenus, outre l’ancien président de la République, figurera Philippe Briand, maire de St-Cyr-sur-Loire, qui fut en 2012 le président de l’association de financement pour la campagne de Nicolas Sarkozy (AFCNS). Presque dix ans après les faits, celui qui signait les chèques et encaissait les dons pour les besoins de la campagne, dont le budget officiel était de 22,5 M€ mais le réel pratiquement du double, persiste et signe : il n’était pas l’ordonnateur des dépenses et les experts-comptables qui l’entouraient l’ont toujours assuré que celles-ci restaient en deçà du plafond autorisé par la loi. L’ancien président de Tours Métropole s’est mis en retrait de ses activités professionnelles depuis le début de l’année pour mieux préparer sa défense. Le procès en correctionnel se déroulera jusqu’à la mi-avril.
LE B U GDU TRIMESTRE
DE QUOI SE FAIRE CHAMBRER
Le 17 novembre, un policier de la DGSI (direction générale de la sécurité intérieure) a été interpellé par ses collègues après une rocambolesque coursepoursuite, succédant à un accident de la circulation qu’il avait provoqué. Arrêté à Rueil-Malmaison, il aurait traversé Courbevoie, Nanterre et Puteaux à vive allure et sans répondre aux sommations. On comprend son refus d’obtempérer : le condé circulait sous l’emprise de l’alcool et des stupéfiants au volant d’un véhicule appartenant à la préfecture d’Eure-et-Loir. Placé sous contrôle judiciaire, il s’expliquera devant le tribunal correctionnel de Nanterre le 4 mai prochain. Son permis de conduire lui a bien sûr été retiré après son rodéo altoséquanais. Le chauffard connaissait, il est vrai, très bien la maison, puisqu’à la ville, il est le compagnon de celle qui exerçait depuis octobre 2019 et jusqu’au mois de janvier dernier, la fonction de préfète d’Eure-et-Loir, Fadela Benrabia. « Meurtrie » par le comportement désolant du policier, celle-ci a démissionné le 6 janvier de ses fonctions « pour raisons personnelles », précisant qu’elle prendrait en charge tous les dégâts matériels « pour que la préfecture et l’État ne perdent rien ». Le conseil des ministres a entériné quelques jours plus tard le remplacement de Fadela Benrabia par Françoise Souliman, préfète de l’Ardèche. Il va sans dire qu’aucun pot n’a été organisé pour le départ de la préfète et de son compagnon.
REPORTAGE
LES INDUSTRIELS RÉGIONAUX DE LA DÉFENSE SUR TOUS LES FRONTS La filière armement, qui fut synonyme de douloureuses restructurations durant les années quatre-vingt-dix, connaît un fort regain d’activité. Dopés par les commandes prévues au titre d’une généreuse loi de programmation militaire 2019-2025 et la montée de la conflictualité mondiale, les industriels renouvellent leurs compétences et procèdent à des investissements capacitaires. Berceau de la filière, le territoire régional, et notamment son fief berruyer, profite de ce renversement de tendance.
es industriels de l’armement sont aux anges. Après avoir été exposés pendant les années quatre-vingtdix à la réduction des crédits militaires, ils bénéficient aujourd’hui de l’inversion de la tendance. Comme l’indiquait à l’automne dernier à Bourges le président de l’exécutif régional François Bonneau lors de la présentation de l’étude intitulée « le Centre-Val de Loire, berceau et avant-poste technologique de l’industrie de défense », « la filière défense ne faisait parler d’elle qu’à travers le prisme d’incessantes réorganisa-
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tions et restructurations. Aujourd’hui, elle est synonyme d’innovation, d’investissements… et de création d’emplois ».
l’industrie régionale qui jouit, de surcroît, d’une forte solidarité entre les grands donneurs d’ordre que sont MBDA, Nexter Systems, Sa-
LES DÉPENSES MILITAIRES, SONT EN CONSTANTE AUGMENTATION DEPUIS 2015. ELLES ONT ATTEINT UN HAUT NIVEAU HISTORIQUE EN 2019, LE PIC LE PLUS ELEVÉ DEPUIS 1988 ” Employant plus de 20 000 salariés, dont 3 500 à Bourges, le secteur constitue, en effet, l’un des piliers les plus robustes de
fran Aerosystems et leurs soustraitants. « C’est une aubaine pour des dizaines de TPE et de PMI locales, observe l’un des rédacteurs
BOURGES NE REND PAS LES ARMES de l’étude signée par l’agence Dev’Up. Celles-ci devraient largement profiter du regain d’activité anticipé. » Le député de Seine-et-Marne JeanLouis Thiériot, expert des questions de défense et co-rapporteur d’une mission flash sur la contribution de la filière défense au plan de relance (lire, aux pages 20 à 24, l’interview qu’il nous accordée), douche cet enthousiasme : « La crise sanitaire a quasiment stoppé l’activité export dans le secteur de l’armement. Par ailleurs, beaucoup de soustraitants travaillent aussi pour le
secteur aéronautique qui est, on le sait, en proie à une crise profonde. Les mois à venir risquent d’être difficiles… » L’humeur guerrière de la planète fournit néanmoins un terreau favorable à la prise de commandes. Comme le souligne cet analyste de l’Ifri, « les dépenses militaires sont en constante augmentation depuis 2015 après avoir régulièrement reculé sur la période 20112015. Elles ont atteint un haut niveau historique en 2019 ; il s’agit d’ailleurs du pic le plus élevé depuis 1988 ». Elles se sont établies à 1 917 Md$, ce qui représente 249 $
Avec près de 17 établissements actifs dans le secteur de la défense, qui emploient au total 3 470 salariés, soit 18 % des effectifs de la filière, la ville de Bourges et son environnement proche représentent la plus importante concentration européenne de ressources dédiées à cette industrie, estime le Centre de ressources des industries de défense (CID). MBDA, qui compte deux sites (Le Subdray et Bourges Aéroport), et Nexter, présent à Bourges et à La ChapelleSt-Ursin où est implantée son unité Nexter Munitions (ex-Luchaire), forment les contingents les plus importants au côté de toute une noria de sous-traitants, parmi lesquels Auxitrol Advanced Sensors (capteurs de mesures) et ASB (piles thermiques).
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REPORTAGE
L’Exocet version 2020 est l’héritier du missile qui, en 1982, a envoyé par le fond le destroyer britannique HMS Sheffield durant la guerre des Malouines
par habitant et 2,2 % du PIB mondial, mentionne le Sipri (Institut national de recherche sur la paix
soit d’origine étatique ou non-étatique. Trois conflits majeurs se déroulent en Syrie, au Yémen et en Afghanistan. Les deux premiers ont provoqué le décès de plus de 100 000 personnes ». A ces épisodes belliqueux à forte létalité toujours en cours sont venus s’additionner une quinzaine de conflits à haute intensité et trente-trois autres plus discrets. C’est dans cette perspective menaçante qu’a été adoptée la loi de programmation militaire (LPM) sur la période 2019-2025. Elle a été marquée par des inflexions majeures par rapport aux programmations précédentes. « La permanence du risque terroriste, le retour des politiques de puissance comme celle de la Turquie et de
CE SONT PRÈS DE 800 NOUVEAUX SALARIÉS QUI ONT REJOINT MBDA SUR LA PÉRIODE 2015-2020 ”
La LPM 2019-2025 se caractérise par un effort inédit de 198 Md€ au profit des armées.
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de Stockholm) dans l’édition 2020 de son traditionnel rapport. Partant, la CA cumulé réalisé dans la production d’armement par les 100 principaux industriels a été évalué à 420 Md$ pour l’exercice 2018, hausse de 4,6 % sur un an. Certes, cette performance du Top 100 doit être corrélée avec l’impressionnante augmentation des seules dépenses de l’US Army, elle aussi l’une des conséquences de l’indéniable accroissement de la conflictualité. Ainsi, selon Alexandre Mirlicourtois, directeur de la prévision à l’Institut Xerfi, « on observe depuis plusieurs mois un haut niveau d’affrontement guerrier, qu’il
son leader Recep Erdogan, l’affaiblissement des coopérations internationales ont globalement rendu le monde beaucoup plus incertain et menaçant, estime cet expert des questions géostratégiques. Cela a conduit la France à muscler ses dispositifs de défense et de projection. Cette ambition impacte bien sûr très favorablement l’appareil militaro-industriel. » Conformément aux engagements d’Emmanuel Macron, la LPM 20192025 se caractérise par un effort inédit de 198 Md€ au profit des armées. Jusqu’en 2022, le budget augmentera chaque année de
Loïc Kervran, député du Cher, suit les dossiers des industriels de la défense présents sur son territoire
1,7 Md€, puis de 3 Md€ en 2023, ce qui portera le budget annuel moyen des armées (hors pensions) à 39,6 Md€, soit 7,4 Md€ de plus que durant la LPM 2014-2019. « C’est un effort considérable qui n’a pas d’équivalent dans notre histoire récente, se félicite Loïc Kervran, le député LaRem du Cher. Globalement, les crédits vont augmenter de presque un quart. » Et manifestement, ces apports ne vont pas servir uniquement à améliorer l’ordinaire des troupes. « Cette LPM confirme et sécurise de nombreux programmes industriels. Partant, elle procure beaucoup de visibilité aux opérateurs et à leurs partenaires », poursuit Loïc Kevran. L’effort spécifique de la LPM en faveur des programmes industriels s’élèvera ainsi sur le papier à 58,6 Md€ sur la période, soit une hausse de 30 % par rapport à la LPM précédente. Pour l’armement terrestre, on notera l’accélération du programme Scorpion et les commandes de trois types de nouveaux blindés : le VMBR lourd Griffon, le VBMR léger Serval et l’engin blindé de reconnaissance
et de combat (EBRC) Jaguar. De quoi naturellement venir conforter le plan de charge de Nexter (exGiat Industries). Le champion tricolore de l’armement terrestre, toujours solidement enraciné en terre berruyère où il emploie plus de mille personnes, a été retenu en fin d’année avec son co-traitant Texelis – un spécialiste des liaisons au sol basé à Limoges (87) – pour la fabrication du nouveau véhicule blindé multirôles (VBMR) Serval, un blindé léger 4x4 de 15 tonnes qui sera décliné en quatre versions (patrouille, renseignement et reconnaissance, relais de communication et guerre électronique). La LPM prévoit la constitution d’un parc d’environ 2 000 VBRM à l’horizon 2030, dont 689 seront livrés d’ici à 2025. Nexter est naturellement très engagé dans la rénovation du char Leclerc dont il est le constructeur et sur les autres volets du programme Scorpion, notamment, ceux afférents aux programmes Griffon et Jaguar. D’ailleurs, Nexter devrait « réaliser en 2020 sa meilleure performance commerciale depuis trente ans grâce aux commandes de l’armée de terre », nous indique une source interne. Un second donneur d’ordre, dont l’empreinte industrielle est majeure en région Centre-Val de Loire, va aussi pleinement bénéficier des commandes de l’état-major au cours des mois et années à venir. La ministre des Armées Florence Parly a même fait le déplacement à Bourges afin d’annoncer en personne la bonne nouvelle au personnel de MBDA. Les pouvoirs
ont, en effet, validé le lancement du nouveau missile sol haut de trame (MHT) qui doit équiper dès 2028 les hélicoptères d’attaque Tigre. « Nous sommes encore au début de ce contrat qui va bien sûr contribuer à la consolidation de la charge de nos sites de Bourges et de Selles-St-Denis, qui est l’unité d’intégration des différents sous-ensembles qui sont fabriqués à Bourges », nous indique un porte-parole du missilier français. Ce dernier se met d’ailleurs en ordre de marche pour faire face à cette augmentation de la charge qui ne devrait pas faiblir durant les prochaines années. Le groupe, qui emploie déjà 2 100 salariés sur le territoire régional (1 800 à Bourges et 300 à Selles-St-Denis), compte recruter 120 personnes.
Florence Parly, ministre des Armées, le 1er février en visite sur la base de Bricy, à côté d’Orléans
Ce programme est engagé après une campagne équivalente d’embauches effectuée en 2020. Selon la direction du missilier codétenu par Airbus, le britannique BAE Systems et l’italien Leonardo, l’embellissement de la conjoncture depuis 2015 l’a conduit à renouveler 45 % de ses effectifs écornés na-
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REPORTAGE
L’armée française doit être livrée d’ici à 2030 de quelque 300 engins blindés de reconnaissance et de combat (EBRC) Jaguar
LA DGA À LA RESCOUSSE DE DAHER Dans ces temps de grande difficulté pour le secteur de l’aéronautique civile, la Direction générale de l’armement (DGA) ne lésine pas sur les moyens pour venir en aide aux sous-traitants et aux équipementiers dont l’activité est duale (civil/défense). Elle a ainsi commandé en fin d’année dernière quatre aéronefs de type TBM940 à Daher Aerospace, l’entité du groupe éponyme qui exploite d’importantes capacités en région Centre-Val de Loire, notamment à Montrichard (41). Ce marché représente un montant de 21,8 M€ ; il devrait permettre de préserver une trentaine d’emplois directs, a annoncé la DGA.
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turellement par des départs à la retraite. Au total, ce sont près de 800 nouveaux salariés qui l’ont rejoint sur la période 2015-2020. Selon la responsable des ressources humaines, les postes pourvus ou qui le seront cette année « ont tous un profil technique. Ce sont des postes d’ingénieurs pour 30 %, d’opérateurs et techniciens pour 40 % et des postes de support pour 30 % ». Chez Nexter, les nouvelles commandes devraient permettre de stabiliser les effectifs régionaux, ce qui n’exclut pas des embauches, « car comme beaucoup de donneurs d’ordre de l’armement, le sujet du renouvellement des effectifs d’une filière dont la moyenne d’âge est élevée se pose parfois avec une certaine intensité », rappelle-t-on chez Nexter. « Nous sommes très conscients de ces difficultés, c’est naturellement un enjeu majeur de nos politiques de formation », estime François Bonneau qui rappelle que la collectivité vient en appui de plusieurs cursus régionaux de formation, comme ceux dispensés par le
lycée Henri Brisson de Vierzon ou le lycée Thérèse Planiol de Loches. « Ces formations bénéficient d’un label aéronautique mais elles sont aussi tout à fait adaptées aux prérequis des industriels de la défense », poursuit François Bonneau. Les diplômés de l’Insa (pour Instituts Nationaux des Sciences Appliquées), une école d’ingénieurs qui compte deux établissements à Blois et à Bourges, peuvent également répondre à ce besoin. Fin 2019, l’unité berruyère de l’Insa a bénéficié d’une extension de 2 500 m2 réalisée sur le site de la salle d’armes de Bourges. Ces nouvelles capacités immobilières (8 M€ d’investissement) vont permettre à l’école de développer un laboratoire informatique axé sur la défense et la sécurisation des données, en lien étroit avec les industriels de l’armement et des PME locales. A l’issue de cette extension et de divers aménagements, l’Insa se disait en mesure d’accueillir un millier d’élèves à Bourges. « L’écosystème lié aux métiers de la défense est très favorable », corrobore poliment Jérôme Somaini, le directeur de l’usine MBDA de Selles-St-Denis, spécialisée dans l’intégration des missiles (cf. page 16 de cette édition) qui pense toutefois qu’en matière de formation, on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même : « Les spécificités de nos métiers et de nos savoirfaire ne sont transmissibles qu’en interne. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes équipés d’un véritable pôle de formation interne ». À la guerre, comme à la guerre… JCS
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REPORTAGE
MBDA SUR LA BONNE TRAJECTOIRE À SELLES-ST-DENIS L’usine solognote du missilier MBDA, qui procède chaque année à l’intégration et au parachèvement d’un millier de missiles, bénéfice de l’amélioration significative des marchés de la Défense. Depuis 2018, une trentaine de millions d’euros ont été engagés dans la rénovation de ses installations. peu excentrée de l’usine MDBA. Le groupe français, qui détient 20 % du marché mondial des missiles – et plus du tiers du marché hors États-Unis –, exploite depuis maintenant quarante ans cette unité de 300 salariés, nichée en pleine forêt, entre Romorantin et Vierzon.
Ce double succès remporté par le missile alors fabriqué par l’Aérospatiale, ancêtre de MBDA, et l’avion sorti des usines Dassault provoqua malheureusement la mort d’une vingtaine de marins britanniques et ne contribua guère au réchauffement des relations entre Margaret Thatcher et Fran-
LES COMMANDES DE L’ÉTAT-MAJOR FRANÇAIS ET DES GRANDS CLIENTS EXPORTS S’INSCRIVENT DANS LE TEMPS LONG ”
Jérôme Somaini, directeur de l’usine MBDA de Selles-St-Denis, envisage d’autres investissements sur ce site abritant une trentaine de bâtiments
n ce matin d’hiver frisquet, les flèches pivotantes de deux grues de grande hauteur rayent le ciel solognot. À quelques kilomètres de SellesSt-Denis, le chantier de construction de cinq soutes de stockage pyrotechnique bat son plein sur une réserve foncière quelque
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Elle intègre et conditionne chaque année un bon millier de missiles dans les différents formats adaptés à tous les théâtres d’opérations (sol-sol, sol-air, air-mer, missile antinavire, air-sol, missiles d’interception et de combat aérien) dont le fameux Exocet. Le même – ou presque – qui fut employé en mai 1982 pendant la guerre des Malouines par l’aviation argentine contre le HMS Sheffield, un destroyer de la Royal Navy envoyé par le fond suite à l’attaque d’un Super-Étendard argentin.
çois Mitterrand. Depuis, l’Exocet, qu’il soit tiré depuis un sous-marin, un navire ou un avion, collectionne les versions et n’a jamais quitté le catalogue du missilier tricolore. Il est toujours produit à Selles-St-Denis aux côtés d’autres bolides emplis de charge militaire (non nucléaire), dont le Scalp, un redoutable missile franco -britannique de croisière au look « james bondien » capable de frapper l’ennemi dans la profondeur. Viennent s’ajouter à cette longue
liste l’Aster, un missile anti-aérien et balistique, le Mistral ou le Mica qui équipe les Mirage 2000 et les Rafale pour le combat aérien. L’usine de Selles-St-Denis va aussi produire et donner la touche finale au MH-T, un missile air-sol de moyenne portée qui sera embarqué sur l’hélicoptère d’attaque Tigre. « On peut dire, en effet, que l’activité est bien orientée et la charge consolidée pour les années à venir. Nous bénéficions d’une dynamique favorable. Depuis 2018, notre croissance est de l’ordre de 5 ou 6 % par an, estime Jérôme Somaini, le directeur de l’usine. La construction en cours de 2 000 m2 de nouvelles soutes de stockage, qui correspond à un investissement de 13 M€, traduit d’ailleurs la confiance que le groupe porte à l’évidence à cette usine ». D’autant que ces nouvelles capacités de stockage fait suite à
celle, il y a trois ans, de deux bâtiments de préparation et d’intégration qui ont déjà requis un investissement de 13 M€. « Ces programmes majeurs s’ajoutent à nos investissements récurrents d’entretien des installations qui sont de l’ordre de 4 à 5 M€ par an », poursuit Jérôme Somaini. Et ce n’est sans doute pas fini. Les commandes de l’état-major français, ainsi que celles prises auprès de grands clients exports – dont l’identité est farouchement tenue secrète par les dirigeants de l’usine loir-et-chérienne –, s’inscrivent dans le temps long. Une perspective qui incite ces derniers à faire preuve de sérénité et d’audace. « Nous envisageons à ce stade d’autres investissements qui participeront à cette logique de rénovation des équipements. Le site, qui se déploie sur 270 ha, exploite à ce jour une trentaine de bâtiments (120 ha) disséminés pour
MBDA détient 20 % du marché mondial des missiles et plus du tiers du marché hors États-Unis
GROSSE COMMANDE DE L’ARMÉE POUR MBDA La ministre des Armées Florence Parly était le 13 novembre dernier à Bourges pour annoncer la commande de 500 missiles airsol MHT, destinés à équiper les hélicoptères d’attaque Tigre construits par Airbus Helicopters. Cette méga-commande de plusieurs centaines de millions d’euros « représente 600 équivalents temps plein (ETP), avec dans l’immédiat 350 personnes qui vont se consacrer au développement », explique un porte-parole de l’entreprise. La phase amont de développement mobilisera aussi les sous-traitants, pour 30 à 40 % de la valeur. Quant à la phase aval de fabrication, qui se déroulera essentiellement à Selles-St-Denis, elle mobilisera 250 ETP, dont une bonne moitié chez les sous-traitants. Les premières livraisons sont prévues en 2026.
des raisons de sécurité. Rien n’est encore arrêté mais des projets sont à l’étude », nous confirme Jerôme Somaini. Pas question de laisser dépérir le dispositif industriel qui fait de l’usine de Selles-St-Denis un pôle majeur d’intégration et certification qualité à partir de pièces et de sous-ensembles fabriqués à Bourges par les équipes des usines MBDA du Subdray et de Bourges Aéroport. « C’est un modèle productif très efficace qui a été dupliqué par le groupe dans d’autres pays où nous sommes actifs sur le plan in-
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REPORTAGE
dustriel », précise Jerôme Somaini. Il exige de s’appuyer sur une main d’œuvre de grande qualité. « Il faut beaucoup de temps, parfois près de deux ans, pour former pleinement un opérateur. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous portons une très grande attention au renouvellement et à la transmission des sa-
voir-faire. Nous recrutons nos salariés sur la base de leurs habiletés spécifiques, mais aussi sur leurs qualités comportementales, notamment leur aptitude à la concentration, la vigilance et au respect de procédures complexes dans des environnements contraints », explique l’un des managers du site. En dépit d’un très faible turn-
over, les dirigeants de l’unité de Selles-St-Denis doivent chaque année recruter une trentaine de personnes afin de faire face aux départs à le retrai-te et aux besoins d’un process faiblement automatisé. « Ce volant d’embauches nous permet de maintenir un solde d’emplois positif », conclut notre interlocuteur. Jean-Christophe Savattier
ASB TOMBE PILE À BOURGES À Trouy, près de Bourges, le fabricant de piles thermiques destinées à la défense ASB va engager plusieurs investissements capacitaires au cours des prochains mois. Cette filiale d’Airbus et de Saft illustre parfaitement le rebond d’une filière confortée par la loi de programmation militaire. Celle-ci emploie plus de 20 000 salariés en région Centre-Val de Loire. e discret fabricant de piles thermiques pour la défense ASB se développe tous azimuts à Trouy, près de Bourges. Et fournit « l’une des plus belles illustrations du regain de la filière armement et défense en région Centre-Val de Loire, après des années 19801990 qui furent difficiles », notait cet automne le président de l’exécutif régional François Bonneau, lors de la présentation d’une étude de l’agence économique régionale Dev’Up consacrée au sujet. En effet, la filiale à 50/50 d’Airbus
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et de Saft tire profit du rebond des dépenses militaires, qui constituent encore 90 % de son CA, ainsi que d’une habile diversification vers le spatial et l’aéronautique civile. Si la société produit toujours des piles thermiques propulsant les missiles, elle conçoit également des piles utilisées par les lanceurs spatiaux (Ariane 6) ou exploitées comme systèmes énergétiques de secours sur les hélicoptères monomoteurs. « En quatre ans, nous avons doublé notre CA, qui va s’établir l’an prochain à 74,2 M€ (hors contribution de la filiale indienne,
NDLR) et sans doute à près de 100 M€ d’ici à deux ou trois ans », nous indique Michel Hainaut, le directeur général délégué d’ASB. Sur la même période, les effectifs ont progressé de 85 % : la société emploie aujourd’hui 360 salariés, dont 165 à Trouy où se situent le siège et les activités de R&D. C’est justement pour accueillir dans de meilleures conditions cet afflux de jeunes ingénieurs – abrités jusqu’alors, pour certains d’entre eux, dans des préfabriqués – que la société vient d’engager la construction d’un bâtiment de
1 500 m2 qui hébergera le bureau d’études. Environ 3,5 M€ seront consacrés à la facette immobilière de ce programme. L’investissement sera soutenu par le dispositif Territoires d’industrie au même titre que deux autres projets capacitaires sur lesquels Christophe Nicolas, responsable des programmes commerciaux, lève le voile : « Nous allons rapatrier une activité de dépose de lithium sur anode (LAN) qui est opérée aujourd’hui par une unité écossaise – merci le Brexit, NDLR – au prix d’un investissement qui sera de 1,27 M€ ». Il est également prévu d’engager 1,14 M€ dans l’acquisition de matériels de laboratoires, notamment de plateaux chauffants. ASB ne devrait pas se cantonner à ces enveloppes initiales qui bénéficieront d’aides publiques :
et va d’ailleurs pleinement être associée à cette opération industrielle.
ASB DEVRAIT CONTINUER À RECRUTER ENTRE 10 ET 20 PERSONNES CHAQUE ANNÉE ” « Rien n’est encore arrêté mais nous devrions engager entre 4 et 5 M€ dans la construction d’une unité sur notre site. Elle produira notamment des poudres à base de composés ferreux entrant dans la composition de nos piles thermiques ». ASB s’approvisionne aujourd’hui auprès du sous-traitant français Marion Technologies. Cette entreprise, basée à Verniolle (09), détient un savoir-faire spécifique en matière de composé ferreux
« De manière générale, nous nous efforçons de réduire notre dépendance à des sources extraeuropéennes dans nos achats de matières premières, indique Bruno Tardiveau, le directeur de l’usine berruyère. Ce n’est pas toujours possible pour certains composants comme le lithium que nous allons chercher au Chili, mais c’est l’une de nos priorités ». Partant, le groupe envisage d’investir entre 1,5 et 2 M€ dans un nouveau process industriel per-
mettant de synthétiser le cobalt : Des discussions sont en cours avec les collectivités et notamment avec Bourges Plus qui devrait accompagner les volets foncier et immobilier de ces différents projets, dont la concrétisation est attendue pour 2022. Il est encore trop tôt pour estimer l’impact de ces différents développements industriels sur l’emploi, mais « quoi qu’il en soit, ASB devrait continuer à recruter entre 10 et 20 personnes chaque année ». De quoi étoffer les rangs de la filière défense en région CentreVal de Loire qui, selon l’étude Dev’Up, compte 20 562 salariés répartis entre 229 établissements. « Le travail des métaux et la mécanique constituent les principales spécialités avec 31 % des effectifs », précise l’un de ses rédacteurs. Jean-Christophe Savattier
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REPORTAGE
Jean-Louis Thiériot, député de Seine-et-Marne, membre de la commission défense
« LE QUOI QU’IL EN COÛTE DOIT AUSSI S’APPLIQUER À LA DÉFENSE » Pour le député de Seine-et-Marne Jean-Louis Thiériot, co-auteur avec Benjamin Griveaux d’une mission flash sur le rôle de l’industrie de défense dans la politique de relance, il est urgent de créer un fonds de souveraineté pour renforcer les fonds propres et aider la consolidation des industriels du secteur, notamment les sous-traitants.
Pour Jean-Louis Thiériot, l’idée n’était pas de changer le format de la loi de programmation militaire, mais de l’accélérer de manière massive
La Lettre Valloire : Au côté de Benjamin Griveaux, vous avez peint en juillet dernier un tableau particulièrement sombre de la filière industrielle française de défense. Depuis, la situation s’estelle aggravée ou améliorée ? Jean-Louis Thiériot : Cette pre20
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mière mission avait pour ambition d’identifier les forces et les faiblesses de la filière défense. Et de comprendre dans quelle mesure elle pouvait contribuer au plan de relance. On le sait, la France peut compter sur une industrie de qualité qui s’appuie sur 4 500 entreprises réparties sur tout le territoire national, mais avec de véritables fiefs comme celui de la région Centre-Val de Loire. Nous avons mis en évidence plusieurs vulnérabilités structurelles. La principale, c’est le caractère dual de l’activité. Beaucoup de ces entreprises sont très liées à l’aéronautique. Le sous-traitant d’Airbus qui produit un peu de pièces pour la défense, mais beaucoup pour Airbus, se trouve dans l’embarras lorsque Airbus vend moins d’avions comme c’est le cas aujourd’hui. Si on regarde les principaux don-
neurs d’ordre tricolores, on s’aperçoit rapidement que se pose un problème de taille critique, en particulier dans la construction navale. Sur ce marché, il n’y a qu’un ou deux acteurs chinois et
mande récente par la Grèce de douze Rafale, mais il en faudrait dix ou vingt de plus pour arriver à tenir dans la durée. Nous avons aussi identifié des fragilités liées au financement,
À MOINS D’UNE VINGTAINE D’AVIONS PRODUITS PAR AN, LA SUPPLY CHAIN DES RAFALE DE DASSAULT NE PEUT PLUS BIEN FONCTIONNER ” deux ou trois américains qui sont des acteurs mondiaux. Et nous avons en Europe une quinzaine de chantiers navals ! Il y a un évident besoin de consolidation pour peser dans cette industrie. Malheureusement, les acteurs se heurtent au droit communautaire de la concurrence qui empêche l’émergence de vrais champions européens. La seconde vulnérabilité dévoilée par la crise Covid, c’est le caractère mixte de l’industrie française de défense qui dépend à la fois des commandes d’État et des marchés extérieurs. Aujourd’hui, l’export est au point mort. Mais ce qui est supportable pour un donneur d’ordre comme Dassault ne l’est pas forcément pour ses soustraitants. Les plans de charge doivent être assurés pour les préserver économiquement, mais aussi pour maintenir des compétences critiques et stratégiques. À moins d’une vingtaine d’avions produits par an, la supply chain des Rafale de Dassault ne peut plus bien fonctionner ; alors, oui, on doit se féliciter de la com-
notamment une fragilité bancaire et une insuffisance de fonds propres que nous analysons précisément dans une seconde mission flash qui m’a été confiée. Cette vulnérabilité bancaire résulte des nouvelles règles de compliance et d’extra-territorialité prévues au titre de la loi Sapin II, des labellisations ISR (investissement socialement responsable, NDLR), ainsi que de la pression des ONG. Les banques sont plus que réticentes à financer l’activité défense, qu’il s’agisse du crédit bancaire classique, du crédit export couvrant les fonds de roulement ou de la garantie export. Nous avons une deuxième préoccupation avec les fonds propres en capital-investissement. Le risque de réputation, les questions d’extraterritorialité font des ravages et empêchent par exemple les fonds, notamment les fonds éthiques, d’investir dans le secteur. Les caractéristiques du cycle de vie des produits n’aident pas. Quand vous lancez un programme d’armement, c’est pour quinze ans, ce n’est pas très compatible avec
LA FRANCE EN RETARD DANS L’ESPACE La première mission flash conduite par Jean-Louis Thiériot et Benjamin Griveaux n’a pas identifié de véritable lacune technologique, sauf dans le secteur de l’espace « où l’Europe et la France sont exposés à un risque de décrochage », déplore Jean-Louis Thiériot. Selon le député de Seine-et-Marne, Le Cnes ne croit pas à l’industrie spatiale « et ne jure que par Arianespace ». Les Chinois, quant à eux, veulent créer « d’ici à 2035 des centrales solaires spatiales qui pourront produire des quantités d’énergie illimitées, gratuites, et non polluantes ». Seulement, l’exploitation de ces centrales spatiales va créer un espace de conflictualité. Un jour, on fera peut-être la guerre pour obtenir le contrôle de ces infrastructures stratégiques : « les Américains mettent vraiment de l’argent làdedans, nous autres Européens, la France y compris, ça patauge… »
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REPORTAGE
l’agenda d’un fonds qui, en règle générale, souhaite valoriser sa participation à l’issue d’une période de cinq ans. À ces éléments vient se greffer le sujet du contrôle par les pouvoirs publics des investissements étrangers en France (IEF). Les fonds se demandent s’ils pourront avoir des acheteurs lorsque l’entreprise ou le produit auront atteint la maturité souhaitée. Il va bien falloir que l’on installe un jour ou l’autre un fonds de souveraineté sous pilotage étatique qui puisse drainer de l’épargne de long terme. Je pense par exemple à de l’épargne salariale, ce qu’ont expérimenté les salariés du Québec (qui sont ainsi présents au capital de Mecachrome, NDLR).
La direction générale de la gendarmerie nationale a annoncé qu’il y aurait au moins 70 blindés neufs livrés et 45 commandés sur l’exercice budgétaire 2021
changer le format de la LPM, mais de l’accélérer, et de l’accélérer de manière massive. Nous n’avons pas du tout été entendus. Sauf sur le sujet des blindés de la gen-
NOUS N’EXCLUONS PAS DE PROPOSER LA CRÉATION D’UNE BANQUE DE LA DÉFENSE QUI POURRAIT ÊTRE ADOSSÉE AUX PRINCIPAUX INDUSTRIELS DU SECTEUR ” La Lettre Valloire : Vous préconisiez d’accélérer l’exécution de la loi de programmation militaire ? Avez-vous été entendus ? Jean-Louis Thiériot : En dehors du programme de renouvellement des blindés légers de la gendarmerie, les propositions de ce rapport sont restées lettre morte. Pour le gouvernement, il s’agissait de produire un plan de relance politiquement séduisant : l’écologie, c’est sexy, pas les canons ! L’idée, c’était de ne pas
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darmerie qui était d’ailleurs autant un sujet industriel qu’un sujet sécuritaire. Pour maintenir ses capacités opérationnelles, notre groupement blindé de gendarmerie nationale doit s’appuyer sur 130 blindés ; il n’en a plus que 70. La direction générale de la gendarmerie nationale a finalement annoncé qu’il y aurait au moins 70 blindés neufs livrés et 45 commandés sur l’exercice budgétaire 2021. Et il s’agira probablement de blindés qui seront
construits par le français Arquus (qui appartient au suédois Volvo, NDLR), même s’il faut encore attendre les résultats de l’appel d’offres européen. La Lettre Valloire : Quelles sont les autres propositions phares de votre seconde mission flash ? Jean-Louis Thiériot : L’idée, c’est d’inciter les banques et les fonds à investir dans le secteur de la défense. Nous allons proposer la création d’un médiateur du crédit sectoriel défense. Il sera possible de le saisir lorsqu’une entreprise de défense ne pourra pas financer son projet auprès d’une banque. Nous souhaitons aussi pousser la BPI à augmenter ses seuils de garantie. Nous n’excluons pas de proposer la création d’une banque de la Défense qui pourrait être adossée aux principaux industriels du secteur. Sur ces sujets, on ne pourra pas échapper à un retour de l’État qui, par le truchement de Bpi-
france, pourra faciliter l’octroi des prêts ou des garanties. On est dans le registre des rapports de puissance et il faut les assumer. La Lettre Valloire : Vous déploriez le risque de voir disparaître entre 8 et 10 % des sous-traitants travaillant pour la défense. Peut-on encore éviter la catastrophe ?
La Lettre Valloire : Selon vous, est-il nécessaire d’améliorer les dispositifs de soutien à l’innovation ? La France n’est-elle pas exposée à un risque majeur de décrochage technologique ? Jean-Louis Thiériot : Nous sommes confrontés à un problème qui, hélas, dépasse la problématique défense. Pour autant,
NOTRE GRANDE DIFFICULTÉ, C’EST LE SPATIAL OÙ L’ON NE PREND PAS EN COMPTE L’IMPORTANCE DES ENJEUX STRATÉGIQUES QUI SONT IMMENSES ” Jean-Louis Thiériot : Je m’attendais à des conséquences immédiates sans doute un peu plus graves à court terme. La DGA a fait un travail remarquable de cartographie de toutes les entreprises. Elle a pu identifier celles qui pouvaient éprouver des difficultés. Je pense toutefois que le problème va se poser avec acuité dans les deux à trois ans qui viennent. Si l’export ne repart pas assez vite, on n’aura pas forcément de dépôts de bilan. Mais ces PMI et ces ETI vont faire face à un besoin de restructuration et de consolidation. Cela signifie que nous aurons besoin d’investisseurs, ce qui nous fait retomber sur notre sujet. Dans ce contexte, il est indispensable que soit produit un effort de clarification publique des règles des IEF inspirées de la réglementation américaine. Sinon, on ne trouvera plus un investisseur pour venir conforter une opération de reprise d’une PMI française de défense.
dans ce domaine, la France n’est pas mauvaise en matière d’innovation, à une exception près, celle du spatial. L’agence de l’innovation de défense (AID) fait un très bon travail. Elle s’appuie sur l’Innovation Défense Lab doté d’environ 50 M€. On peut aussi compter sur l’ex-Definnov, devenu le Fonds innovation défense (FID), désormais doté d’une taille cible de 400 M€. Les outils sont là, c’est indéniable. Notre grande difficulté, c’est le spatial, où l’on ne prend pas en compte l’importance des enjeux stratégiques qui sont immenses. Je pense que certaines expériences malheureuses dans le domaine des drones nous ont servi de leçon. La France a d’ailleurs fait le choix d’investir dans le programme de la nouvelle génération Eurodrone porté par Airbus et Dassault. Le prix de la souveraineté, dans cette affaire, c’est 2,7 Md€.
LA DÉFENSE, LA MAL AIMÉE DES FONDS EUROPÉENS Selon Jean-Louis Thiériot, les industriels ne doivent pas trop compter sur les subsides européens. « On nous parle d’une grande avancée que constituerait le fonds européen de défense. Dans la version initiale de la commission, c’était 13 Md€ de dotations… qui ont été ramenées à 7 Md€. La contrepartie de l’acceptation du plan de relance était que la France entérine cette réduction. Et je souhaite bon courage aux PME qui souhaiteraient accéder à cette usine à gaz ». Le député de Seine-etMarne rap-pelle au passage que le fonds de capital-investissement de la BEI n’a pas le droit d’investir dans la défense : « Les protestants des pays du Nord, alliés des Allemands, ne le veulent pas… ».
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REPORTAGE
La France est le seul pays de l’Union européenne à avoir une armée capable de faire la guerre et de payer le prix du sang
La Lettre Valloire : Dans le domaine de la défense, la doctrine du « quoi qu’il en coûte » peutelle s’appliquer sans limite ? Jean-Louis Thiériot : S’il y a bien un domaine où la doctrine présidentielle du « quoi qu’il en coûte » mérite de s’appliquer sans réserve, c’est bien celui de la sécurité nationale. Cela nous a coûté plus cher d’avoir les chars allemands à Dunkerque que de prolonger la ligne Maginot. Honnêtement, sur des sujets aussi stratégiques, sachant que le coefficient multiplicateur des investissements dans la défense varie entre 1,7 et 2,3 selon les modèles, c’est un domaine où cela a vraiment du sens. Il faut se préparer à vivre dans un monde de conflictualité accrue et de menaces multiformes. Ma conviction profonde, c’est que si
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on veut être à la hauteur des défis, il ne faudra pas que le budget de la LPM augmente de 5 % par an, mais de 10 ou 15 %... simplement pour tenir notre rang. Il y a encore des trous capacitaires réels. Je pense, par exemple, aux hélicoptères lourds. Pour prendre l’exemple de la force Barkhane, cela risque de devenir très compliqué pour nous si on perd les trois hélicoptères Chinook mis à notre disposition par la Royal Air Force et les deux AW Merlin prêtés par les Danois. Il va nous falloir faire des efforts si nous souhaitons obtenir notre autonomie stratégique. Je ne suis pas sûr d’ailleurs que, de ce point de vue, l’élection de Joe Biden soit une bonne nouvelle. Là où Donald Trump était le président le moins interventionniste du monde, Biden signera sans doute le retour d’une forme de néoconservatisme. Pour ma part, je défends sans réserve la volonté d’Emmanuel Macron d’aller vers une autonomie
stratégique. L’Europe puissance ne se fera pas sans ! Mais nos amis allemands, eux, n’ont qu’un rêve, c’est le parapluie militaire américain. La France est un peu esseulée dans ce combat. Il faut travailler avec les Allemands sur des projets industriels coopératifs, comme sur le char de combat du futur mais sans faire preuve de naïveté parce que nos objectifs et nos intérêts industriels ne sont pas les mêmes. Et ne perdons jamais de vue la réalité opérationnelle : aujourd’hui, le seul pays militaire de l’Union européenne, c’est la France. Nous, nous payons l’impôt du sang. Nous sommes le seul pays d’Europe continentale à avoir la dissuasion nucléaire, le seul à avoir un siège permanent au conseil de sécurité et nous sommes le seul pays de l’Union européenne à avoir une armée capable de faire la guerre et de payer le prix du sang. Oui ça a un coût et c’est « quoi qu’il en coûte » ! Propos recueillis par JCS
La Royal Air Force met trois Chinook à disposition de la force Barkhane, dépourvue d’hélicoptères lourds
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AU CŒUR DE L’ACTION AVEC LES FORCES SPÉCIALES D’ORLÉANS-BRICY Les hommes du commando parachutiste de l’air n°10 (CPA 10) basé à Orléans-Bricy forment l’élite de l’armée française. Minutieusement préparés, ces soldats pratiquent un métier de sacrifice sur des théâtres d’opération extérieurs particulièrement hostiles. Reportage au cœur d’une simulation d’exfiltration conduite par ces forces spéciales air.
Les hommes du CPA 10 repartent dans la direction d’où ils sont venus, emportant au passage un captif soigneusement ligoté
e lundi 1er février 2020, un Transall-C160 de l’armée de l’air française bourdonne sur le tarmac de la base
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aérienne 123 d’Orléans-Bricy. L’aéronef qui vient de se poser derrière une butte de terrain gazonnée achève d’ouvrir ses trappes arrières.
Soudain, deux blindés légers équipés de filets de camouflage bondissent de l’appareil et filent à vive allure vers une casemate vitrée qui flanque un hangar de l’aérodrome militaire ; les véhicules stoppent à mi-chemin, libérant une grappe d’hommes casqués, masqués et brandissant des fusils d’assaut. Les hommes du commando parachutiste de l’air n°10 (CPA 10), les fameuses forces spéciales, sont en action. Devant la ministre des Armées Florence Parly, le général François Lecointre, chef d’état-major des armées, et le patron de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) Bernard Emié, cette escouade d’élite va faire la démonstration de sa proverbiale efficacité. Le détachement, protégé par des boucliers et accompagné de plusieurs chiens d’assaut, se faufile jusqu’à la porte d’entrée
du bâtiment où sont reclus des terroristes fictifs. Les gonds des portes ne résistent pas longtemps, des grenades assourdissantes et fumigènes sont projetées à l’intérieur des locaux, les ordres et les sommations fusent. Avec calme et méthode, les commandos air se fraient un chemin dans le réduit en faisant usage de leurs armes, pendant que leurs adversaires acculés
Le prisonnier est embarqué rapidement dans l’appareil pour être transféré vers un lieu secret où il sera débriefé par les renseignements militaires ou la DGSI. Le Transall C-160 décolle et s’enfonce dans la couverture nuageuse orléanaise après avoir récupéré sa précieuse cargaison humaine cuirassée. Le CPA 10, une nouvelle fois, a honoré sa devise « sicut aquila ». Comme
LE CPA 10, UNE NOUVELLE FOIS, A HONORÉ SA DEVISE « SICUT AQUILA ». COMME UN AIGLE, IL A FONDU SUR SA PROIE ! ” tentent de répliquer aux tirs. Les culasses des semi-automatiques Glock 17 à visée infrarouge et des fusils d’assaut HK 416 claquent sans relâche. Un homme cagoulé, vêtu d’un treillis sommaire, gît déjà dans un recoin : l’un des terroristes a été « neutralisé ». La chorégraphie de l’assaut est millimétrée. Il n'aura duré que quelques minutes. Probablement sans aucune perte directe ou collatérale, les hommes du CPA 10 repartent dans la direction d’où ils sont venus emportant au passage – ou plutôt soulevant – un captif soigneusement ligoté. Il s’agit de l’un des chefs du commando terroriste qu’il faut exfiltrer. La mission touche à sa fin. Un petit avion blanc banalisé, un DHC-6 Twin Otter, très agile et réputé pour ses atterrissages et décollages sur une très courte distance, vient de « toucher ».
un aigle, il a fondu sur sa proie ! L’opération de communication préparée par les équipes du Service d’informations et de relations publiques des armées – le Sirpa – est un succès… Selon les responsables de l’escadron de transport Poitou, installé sur la BA 123 qui héberge aussi le CPA 10, les quelques centaines d’opérateurs commandos qui le composent « ne sont pas des surhommes, ni des têtes brûlées, encore moins des chiens de guerre. Nous avons affaire à des techniciens ultra-entraînés, triés sur le volet, qui partagent des valeurs très fortes d’engagement et de solidarité entre frères d’armes. Ils pratiquent avec passion un métier de sacrifice avec une impressionnante force mentale et morale ». Leurs opérations « discrètes, mais pas clandestines » visent le plus souvent à réaliser des
LAOS, LE CHIEN VOLANT DU CPA 10 C’est une première mondiale. L’un des chiens d’assaut du CPA 10, dénommé Laos, a été parachuté à plusieurs reprises, sanglé à son maître à plus de 9 000 mètres d’altitude. « Il ne s’agit pas d’un essai one-shot mais d’un véritable programme militaire qui a requis plus de deux ans de développement et de préparation », souligne l’un des responsables des forces spéciales. Il a naturellement fallu vérifier les aptitudes du robuste Malinois à effectuer ce saut très physique. Puis, bien sûr, concevoir et adapter la combinaison et le masque à oxygène – indispensable à cette altitude – à son anatomie : « Les sauts à cette altitude sont destinés à des missions de repérage et de balisage sans rompre le mur de silence. Et la présence de chiens capables de détecter des explosifs est toujours très utile. »
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REPORTAGE
exfiltrations d’otages ou d’ennemis à forte valeur tactique ou politique, les high value target. Parfois, ces commandos sont chargés des missions les plus sensibles de sabotage ou de « neutralisation » d’ennemis de la République française. Toujours protégées par un très haut niveau de confidentialité, les actions sont commandées par le chef d’état-major des armées (CEMA) et planifiées par le commandement des opérations spéciales (COS), une unité qui a autorité sur les forces spéciales des trois armes (terre-airmer). Par nature, les opérations spéciales ne sont connues que d’une boucle de décision politico-militaire très étroite qui
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remonte souvent jusqu’au chef de l’État. Dans un contexte où le secretdéfense est la règle, il est bien sûr difficile d’arracher aux responsables du CPA 10 des informations sur la fréquence ou la nature de leurs missions, et en-
particulière. Il s’agit de frapper l’ennemi dans la profondeur, sans appuis logistiques de proximité. L’effet de surprise, la création d’un rapport de force très favorable, même s’il est momentané… et la possibilité d’annuler la mission in extremis en cas d’imprévu
CE SONT NOS YEUX ET NOS OREILLES. ILS NOUS GUIDENT, MAIS UNE FOIS AU CONTACT, NOUS SOMMES SEULS ” core moins sur leur localisation. Combien d’interventions leur sont-elles confiées ? Entre vingt et trente par an, comme le prétendent certains ? Les zones de projection des armées françaises, comme le Sahel, le Levant ou les territoires irako-syriens, fournissent probablement les plus fréquentes, sans que l’on en sache plus. Tout juste obtiendrat-on des hauts gradés l’affirmation que le contingent de choc est « toujours maintenu dans des conditions de disponibilité permanente ». Et que les lieux où se déroulent ces opérations discrètes sont situés « sur l’arc des crises politico-militaires qui mettent en jeu les intérêts de la France et la sécurité des citoyens français. » Fermez le ban… On comprend aisément que ces assauts à haut risque ne donnent pas beaucoup de place à l’improvisation : « Ils font l’objet d’une préparation minutieuse au cours de laquelle la qualité du renseignement revêt une importance
ou de mauvaise surprise sont les prérequis de ce type d’actions, nous indique Damien G., l’un des solides gaillards de cette troupe d’élite. Il y a une grande pertinence à ce que le CPA 10 soit intégré au sein de l’escadron de transport Poitou, Ce dernier apporte toute la logistique nécessaire, tant pour les phases de contact avec l’ennemi que pour les phases de reconnaissance et de balisage amont. » Quelques heures avant la mission, les hommes de l’escadron sont souvent parachutés en toute discrétion, souvent à plus de 9 000 mètres d’altitude. Une fois au sol, ils procéderont au repérage et au balisage du théâtre de la mission : « Ce sont nos yeux et nos oreilles. Ils nous guident, mais une fois au contact, nous sommes seuls. » Sans faire de rapprochement direct avec certaines opérations de « neutralisation » menées au Sahel dans le cadre de l’OPEX Barkane – comme l’élimination
Le DHC-6 Twin Otter, très agile et réputé pour ses atterrissages et décollages sur une très courte distance, vient de « toucher ». Le prisonnier est embarqué rapidement dans l’appareil pour être transféré vers un lieu secret où il sera débriefé par les renseignements militaires ou la DGSI
Les hommes du CPA 10 ne sont pas des surhommes, ni des têtes brûlées, mais des techniciens ultra-entraînés, triés sur le volet, qui partagent des valeurs très fortes d’engagement et de solidarité entre frères d’armes. Ils pratiquent avec passion un métier de sacrifice avec une impressionnante force mentale et morale
en juin 2020 d’Abdelmalek Droukdel, alias Abou Moussab Abdelwadoud, un ancien du GIA algérien devenu émir d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) – Bernard Emié n’a pas omis de souligner le rôle « potentiellement décisif que peuvent jouer les forces spéciales dans notre stratégie d’élimination des hiérarques sanguinaires qui mènent le Djihad au Sahel ». Venu à Orléans, sans doute à la demande du président de la République, pour convaincre son auditoire de la légitimité et de l’efficacité de Barkhane, il a désigné Iyad Ag Ghali, le touareg qui dirige Al-Qaïda au Sahel, comme le nouvel ennemi public n°1 de la France dans cette région. Fils spirituel d’Oussama Ben Laden, le chef de guerre a été dépeint comme un ennemi
brutal, un tortionnaire endurci qui n’hésite pas à participer personnellement aux pires exactions. Le patron du renseignement extérieur n’a pas hésité à présenter une vidéo hallucinante – filmée par l’un des agents infiltré – au cours de laquelle Iyad Ag Ghali aurait fomenté avec d’autres émirs sahéliens un programme d’attentats ciblant notamment des bases militaires et des intérêts français. En novembre 2020, son adjoint Bag Ag Moussa a d’ailleurs été liquidé par un commando français, a rappelé Bernard Emié. La journée se termine. Les hommes du CPA 10 rangent minutieusement leurs armes et refont leurs sacs. Quelques sourires furtifs sont échangés. Le message a été reçu 5 sur 5…
UN NOUVEAU COMMANDO À ORLÉANS-BRICY À l’issue de la spectaculaire démonstration du CPA 10 organisée le 1er février, la ministre des Armées a inauguré un bâtiment de 6 800 m2 dans l’enceinte de la BA 123 d’Orléans-Bricy. De forme triangulaire – rappelant la forme de la voilure d’un Mirage –, cet ensemble doit accueillir les 170 hommes du CPA 30, un commando spécialisé dans l’appui aérien et le sauvetage au combat. Jusqu’alors, le CPA 30 faisait partie du second cercle des forces spéciales ; il en est aujourd’hui une composante à part entière. Le CPA 30 a aussi développé une expertise dans le guidage des aéronefs pour l’appui aérien, la reconnaissance en milieu hostile et la recherche-détection d’explosifs.
Jean-Christophe Savattier
La ministre des Armées Florence Parly était à Orléans-Bricy le 1er février. À sa droite le chef d’état-major des Armées et à sa gauche le patron de la DGSE (en civil).
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POLITIQUE
DES ÉLECTIONS RÉGIONALES À HAUT RISQUE Au mois de juin, la gauche devra se rassembler sans arrières-pensées pour conserver la majorité au conseil régional du Centre-Val de Loire. La droite de Nicolas Forissier et la liste pro-gouvernementale de Marc Fesneau pourraient s’entendre entre les deux tours pour l’emporter, la menace d’un RN à plus de 30 % rendant les aventures solitaires particulièrement risquées.
À 67 ans, François Bonneau reste le favori, dans un contexte politique qui a beaucoup évolué en cinq ans
auf nouveau plongeon dans la crise sanitaire, le scrutin régional aura bien lieu les 13 et 20 juin prochains, six mois après la limite prévue du mandat entamé en décembre 2015. François Bonneau, à la tête d’une liste essentiellement composée d’élus du parti socialiste, briguera pour la troisième fois une présidence qu’il occupe – et c’est un record – depuis près de quatorze ans. À 67 ans, il en reste le favori, dans un contexte politique qui a
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pourtant beaucoup évolué en cinq ans. Le poids électoral du parti socialiste a chuté et les alliés de 2015 se sont dispersés : le MDP, l’UDE et Cap21 ont rejoint la mouvance écologiste et les « cousins » des radicaux de gauche ont splitté entre le Mouvement radical fondé avec les radicaux valoisiens, qui s’est placé dans l’orbite de la galaxie macroniste, et le nouveau PRG-le centre gauche. Comme en 2015, Charles Fournier et les écologistes feront liste à part, avec la ferme volonté d’améliorer nettement le score de l’époque (6,60 %) qui ne les avait toutefois pas empêchés d’obtenir, après fusion des listes, trois viceprésidences dans le nouvel exécutif. Les deux listes qui se réclament de la gauche se réuniront au second tour, cela ne fait pas de doute, mais l’écart observé le 13 juin déterminera la répartition des rôles. On ignorait encore, à l’heure où nous écrivons ces lignes, les intentions de La France Insoumise, dont le binôme formé de Karin
Fischer et d’Aymeric Compain sillonne la région depuis quelques semaines en ne ménageant pas ses critiques contre la politique de François Bonneau : un rapprochement avec les Verts serait à l’étude. Le parti communiste n’a pas non plus dévoilé ses intentions. Le dilemme est cornélien : la liste conduite par Nicolas Sansu avait réuni 4,59 % des suffrages au premier tour en 2015, ce qui lui fermait la porte d’une fusion avec la liste de François Bonneau. Sylvie Dubois devra trancher entre une nouvelle aventure solitaire et l’union avec les socialistes dès le premier tour, solution que son parti avait adoptée lors des scrutins précédant celui de 2015. Cette dernière serait privilégiée avec, à la clé et en cas de victoire, une ou deux vice-présidences, dont celle des Transports. Le Rassemblement national se présente dans des conditions au moins aussi favorables qu’en 2015, où il avait réuni 30,49 % des suffrages au premier tour et 30 % au second ; la liste conduite par
Philippe Loiseau, un agriculteur eurélien, avait réalisé seulement 56 000 voix de moins que celle de François Bonneau, soit 3 % des inscrits. C’est un autre eurélien, le jeune Alexsandar Nikolic, 34 ans, qui sera cette fois la tête de liste du parti de Marine Le Pen. Le conseiller municipal de St-Rémy-sur-Avre (28) est en mesure de troubler le jeu politique voire, surtout en cas de quadrangulaire, devenir le prochain président de Région. Un cas de figure qu’il ne faut pas écarter. Pour mémoire, citons la candidature du tourangeau Guillaume Lapaque, un ancien colistier d’Hervé Novelli en 2010, qui a rejoint un autre candidat déclaré, Gildas Vieira, qui fut l’adjoint du socialiste Marc Gricourt à la mairie de Blois avant de créer un mouvement baptisé La France Autrement (LaFRA). À droite et au centre, deux anciens alliés de 2015 se retrouveront face à face. Nicolas Forissier, député de l’Indre et ancien maire de La Châtre, a été désigné tête de liste par la commission nationale d’investiture des Républicains, en accord avec Guillaume Peltier, n°2 du parti et candidat initialement pressenti. Le profil « rassurant » de l’ancien secrétaire d’État à l’Agriculture (2004-2005) devrait lui permettre d’élargir son audience à
un électorat modéré, au-delà même de l’UDI et des Centristes d’Hervé Morin. Marc Fesneau, qui faisait liste commune avec Philippe Vigier, Guillaume Peltier et Nicolas Forissier
avec des listes défendant la politique d’Emmanuel Macron, les résultats du premier tour dicteront les conduites au second. En Îlede-France, sept conseillers régionaux du MoDem, membres de
LE RASSEMBLEMENT NATIONAL SE PRÉSENTE DANS DES CONDITIONS AU MOINS AUSSI FAVORABLES QU’EN 2015 ” en 2015, prendra la tête d’une liste d’union entre le MoDem et LaRem, même si le ministre des Relations avec le Parlement et ancien maire de Marchenoir (41) n’avait pas encore officialisé son engagement à la mi-mars. Son espace politique est réduit, entre une gauche soudée contre le gouvernement auquel il appartient et un candidat de droite dont peu de choses le séparent sur le plan des idées. Si le parti dirigé par Christian Jacob a d’ores et déjà prévenu les candidats portant ses couleurs qu’il n’était pas question de fusionner
la majorité de Valérie Pécresse, ont déjà décliné l’offre du candidat de LaRem, Laurent Saint-Martin, et déclaré « souhaiter clairement la réélection de Valérie Pécresse ». En Région Sud, où quatre élus du MoDem siégeaient dans la majorité de Christian Estrosi, puis Renaud Muselier, il faudra également bien réfléchir aux alliances dans un contexte où le Rassemblement national conduit par Thierry Mariani était crédité par un sondage de l’Ifop réalisé juste avant Noël de 30 % au premier tour et de 34 à 37 %, selon les cas de figure, au second. En juin, il ne faudra pas se tromper d’adversaire… François-Xavier Beuzon
Le profil rassurant de Nicolas Forissier devrait lui permettre d’élargir son audience à un électorat modéré
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POLITIQUE
LES TRUBLIONS DE LA RÉPUBLIQUE Trois maires d’Indre-et-Loire ont lancé « l’appel des 36 000 », une pétition destinée à interpeller les candidats aux prochaines élections présidentielles sur le mal-être des maires ruraux, en butte à une administration qui « n’a trop souvent d’autre réponse que de brandir des arrêtés ». ls voudraient bien paraphraser Corneille (« Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort… »). « Ils », ce sont trois maires ruraux d’Indre-et-Loire : Vincent Louault, maire de Cigogné et président de la communauté de communes Blé-ré-Val de Cher, Jacques Duvivier, maire de Céré-
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», à tel point qu’ils ont l’impression d’être devenus « les trublions de la République quand nous en étions le ciment ». « Notre appel est parti d’une conférence des maires de la communauté de communes, explique Vincent Louault. Lorsque nous avons abordé le sujet de nos relations
Vincent Louault et Jacques Duvivier (de gauche à droite), deux des initiateurs de l’appel des 36 000.
la-Ronde et Max Besnard, maire de Dierre, représentant à peine plus de 1 500 habitants à eux trois. S’ils sont partis cet automne, flamberge au vent, pour lancer « l’appel des 36 000 », c’est parce qu’ils ont face à eux une administration qui finit « par asphyxier toute belle initiative et tout projet
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avec l’État, la salle s’est enflammée et tout le monde était d’accord, les anciens comme les nouveaux, sur le fait que les grandes politiques régaliennes étaient en totale contradiction avec la ruralité que nous voulons pour nos territoires ». Le maire de Cigogné est particulièrement remonté contre « cette
bien-pensance parisienne qui nous explique que ce n’est pas moderne de prendre sa voiture tous les jours et que « the place to be », c’est la métropole. » Les tentatives du gouvernement de redonner la parole aux élus de terrain le laissent sceptique : « Il a fallu les gilets jaunes et les cahiers de doléances de l’AMRF, qui ont d’abord été beaucoup moqués par les élites parisiennes, pour que le président de la République prenne conscience du malaise du monde rural. » Les maires ne peuvent plus attendre et, à un an des élections présidentielles, ils interpellent les candidats et cela « sans aucune visée politique », promettent-ils d’une seule voix : « Nous voulons des États généraux de la ruralité, un engagement fort pour retrouver le lien avec les maires ». Ils ne réclament rien d’autre que l’application de l’article 72 de la Constitution, tel qu’il avait été modifié en 2003 : « Les collectivités territoriales ont vocation à prendre les décisions pour l’ensemble des compétences qui peuvent le mieux être mises en œuvre à leur échelon ». Et de citer un exemple qui les a fait bondir : « Pendant la crise, qui était le
mieux placé pour rouvrir les commerces, à part le maire ? » Jacques Duvivier renchérit : « Nos gouvernants ont oublié le principe de subsidiarité qui fait que la responsabilité d’une action publique revient à celui qui est le plus proche des citoyens concernés. »
Et aussi d’un État qui n’efface pas l’échelon communal d’un trait de plume : « Le Covid nous a appris une chose, relève Vincent Louault. Avant, le préfet parlait avec les maires. Désormais, il s’adresse aux présidents d’intercommunalités. Au premier confinement, les maires
tition sur change.org, accessible en composant appeldes36000.fr. Elle est complétée d’un tract imprimable, d’un profil facebook relayant une vidéo d’une minute et d’un compte twitter @appeldes36000. Ruraux, mais connectés… Ce n’est pas encore l’engouement, mais quelque 200 maires de toute la France ont signé la pétition. On est encore loin de 36 000, d’autant qu’il n’y avait plus que 34 836 communes le 1er janvier. Un détail qui n’a pas échappé aux trois initiateurs. « L’imaginaire collectif ne connaît que les 36 000 communes », justifie Vincent Louault qui ne s’était d’ailleurs pas aperçu que l’AMRF avait son Journal des 36 000. FXB
NOUS AVONS BESOIN D’UN ÉTAT FACILITATEUR, D’UN ÉTAT ACCOMPAGNATEUR, PAS D’UN ÉTAT CONTRAIGNANT ” Foin de l’infantilisation des maires, reprend l’ancien avocat : « Nous avons besoin d’un État facilitateur, d’un État accompagnateur, mais pas d’un État systématiquement contraignant ».
recevaient le Flash info Covid. Au deuxième, tout avait disparu. Le préfet ne parlait plus qu’aux présidents des EPCI ». Cet appel des « élus oubliés de France » a pris la forme d’une pé-
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ZOOM
Gérard Bobier, président de la chambre de métiers et de l’artisanat Centre-Val de Loire
UN ARTISAN TOUT-TERRAIN À 62 ans, Gérard Bobier, le président de la chambre régionale de métiers et de l’artisanat Centre-Val de Loire récemment réformée par la loi Pacte, est un homme de terrain qui a « embrassé la cause de l’artisanat » comme on lie une amitié indéfectible. Avec le sens du collectif et le besoin de transmettre un héritage fragile.
l aurait rêvé d’une carrière de journaliste sportif, mais la culture artisanale familiale en a décidé autrement. À 62 ans, Gérard Bobier, président de la chambre régionale de métiers et de l’artisanat Centre-Val de Loire, y repense encore chaque fois qu’il rentre sur un plateau télé ou répond à une demande d’interview. Bavard et é n e rgique, manifestement bon
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vivant, l’homme dégage une bonhomie qu’il aurait pu, en effet, faire rayonner dans une rédaction. Ceci dit, les regrets s’évanouissent vite quand il fait le bilan – provisoire – d’une vie professionnelle qui ne lui a laissé aucun répit. « Je déteste avoir un blanc dans mon agenda », explique-t-il, assurant qu’il continue à s’imposer deux journées par mois « sur le terrain », au cours desquelles il enchaîne entre huit et dix visites d’entreprises. Le terrain, c’est son credo, son ancrage et sa légitimité, même si, par le passé, il a fréquenté assidûment les lambris de la République et qu’il connaît aussi bien l’Assemblée nationale et le Sénat que l’hôtel de Région. « Entre 2003 et 2013, j’ai été président national de la CNATP – l’organisation professionnelle des artisans des travaux publics et du paysage, NDLR –, ce qui m’a amené à prendre part à beaucoup de réunions et de
commissions, avec des ministres parfois. J’ai beaucoup reçu et beaucoup appris », confie-t-il. De son enfance à Chauvigny (Vienne) à son adolescence à Fondettes, à côté de Tours, Gérard Bobier a constaté que l’industrialisation du pays n’était pas un chapitre abstrait dans les livres d’histoire. Chez les Bobier, c’est devenu tout de suite une réalité. « Dans ma famille, tout le monde était plus ou moins agriculteur au départ. Et puis mon grandpère s’est reconverti, il est devenu carier alors que l’usine Deshoulières de Chauvigny, qu’on appelait la poterie, embauchait plus de 700 personnes. » À l’âge de 15 ans, son père, responsable d’exploitation d’un verger, l’initie aux pratiques et au vocabulaire du maraîchage. L’école de journalisme s’éloigne. Ce sera finalement celle de l’apprentissage, avec la philosophie de vie qui l’accompagne. « L’un de mes maîtres à penser disait que l’équipe est toujours plus forte que le plus fort de l’équipe. J’ai toujours ça en tête », affirme-t-il. En 1985, Gérard Bobier crée son entreprise, baptisée tout simplement Val de Loire Paysages. Elle propose à la fois l’aménagement des espaces verts et de petits travaux publics. Avec 3 000 francs investis dans une estafette, le voilà qui parcourt les routes du département d’Indre-et-Loire à l’assaut de la réussite professionnelle. L’investissement suivant, associé à une météo providentielle, assurera en quelques mois le développement de son entreprise naissante. « J’ai acheté ensuite une mini-pelle qui coûtait
100 000 francs, c’était énorme. En février 1986, il a fait un froid terrible, toutes les canalisations enfouies ont explosé. J’étais l’un des seuls à être équipé d’une mini-pelle : j’ai travaillé jour et nuit, sept jours sur sept. J’ouvrais les tranchées, les plombiers bossaient, et puis je les refermais. Et comme la chenille était passée par là, je proposais de réaménager les espaces verts. J’ai été submergé. » L’avenir devient tout de suite plus clair. Le premier salarié embauché n’est autre que son père. Joli partage familial. Avant que 24
Son agenda se remplit encore car, dans le même temps, il enchaîne les mandats municipaux dans deux villages d’Indre-etLoire, Bournan et Manthelan, toujours guidé par les mêmes principes. « J’aime m’engager, porter un message et une volonté. C’était au cœur de mon activité professionnelle », lâche-t-il. Et puis il y a la transmission. Là aussi, elle rime avec apprentissage. « Depuis 1985, à travers mes entreprises, j’ai formé 85 apprentis », se félicite-t-il. Fin 2012, il cède Val de Loire Pay-
J’AI TRAVAILLÉ JOUR ET NUIT, SEPT JOURS SUR SEPT. J’OUVRAIS LES TRANCHÉES, LES PLOMBIERS BOSSAIENT, ET PUIS JE LES REFERMAIS ” autres salariés suivent, tandis qu’une dizaine de camions rejoindront la mini-pelle bienfaitrice dans le garage. En 2002, Gérard Bobier décide de scinder ses deux activités : l’entreprise BTPME naît et se tourne vers les aménagements extérieurs et notamment ceux liés à l’accessibilité. Le créneau est libre et les affaires marchent bien. Le chef d’entreprise n’en oublie pas pour autant d’où il vient. L’apprentissage reste sa terre maternelle. En 2005, il s’investit dans les instances de la Chambre de métiers et de l’artisanat en Indreet-Loire, puis à l’échelle régionale à partir de 2013 en tant que viceprésident. Il obtient la présidence en 2016 pour cinq ans.
sages et commence à penser à sa succession à la tête de BTPME. « J’ai trois enfants, deux filles et un garçon, et aucun n’était intéressé. C’est donc l’un de mes apprentis, recruté en 1990, qui est le futur repreneur de l’entreprise. J’assure la transmission depuis cinq ans », poursuit Gérard Bobier qui garde encore une main sur la gestion de sa société. « Je fais encore des devis », rétorque-t-il à celles et ceux qui lui suggèrent qu’il s’est éloigné du terrain. « J’avais besoin de mon entreprise et de mes mandats en même temps. Les deux m’étaient indispensables », conclut-il. Les parties de golf attendront encore. Johann Galy
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ZOOM
UNE POUR TOUTES, TOUTES POUR UNE Imposée par la loi Pacte, le réunion des six chambres de métiers et de l’artisanat de la région en une seule ne devrait pas nuire à la proximité réclamée par des artisans aujourd’hui en grande souffrance. lle existait déjà mais, simple instance fédératrice, n’avait pas de moyens propres. Depuis le 11 janvier, la chambre de métiers et de l’artisanat Centre-Val de Loire est un nouvel établissement public consulaire qui mutualise l’ensemble des moyens dévolus jusqu’alors aux chambres territoriales, une par département. Une évolution imposée par la loi Pacte de mai 2019. Ce changement d’échelle entraîne de facto une modification de la gouvernance puisque les présidents départementaux deviennent des délégués auprès de la structure régionale. Au sein de ce nouveau bureau, issu de la représentation des six chambres départementales, siègeront notamment Gérard Gautier, président de la chambre du Loiret et premier vice-président de la nouvelle chambre régionale, Thierry Fruchet, son
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homologue de l’Indre qui a été nommé deuxième vice-président, ou encore Stéphane Buret, qui préside le Loir-et-Cher. Le siège
faut accompagner mieux et plus d’artisans sur le terrain », poursuit-il. Avec un budget annuel de 48 M€ qui englobe le fonctionnement
10 % DES 54 000 ENTREPRISES ARTISANALES DU TERRITOIRE AURONT DU MAL À SE RELEVER ” de la chambre de métiers et de l’artisanat de Région est, quant lui, installé à Orléans. On aurait pu penser que cette régionalisation voulue par l’État aurait pour conséquence directe d’instaurer une distance plus grande entre l’établissement consulaire et les réalités du terrain. C’est tout le contraire, selon Gérard Bobier, président de la CMA Centre-Val de Loire. « Cette mutualisation a pour objectif de dégager plus de temps pour le service de proximité. Ce service doit être renforcé ; il nous
de quatre centres de formation et 600 salariés, la chambre régionale a une feuille de route directement impactée par un contexte sanitaire aux conséquences désastreuses pour nombre des artisans que compte le territoire régional. « En plus de l’aide psychologique que nous devons leur apporter au quotidien, nous allons chercher pour eux des fonds de subvention, de la trésorerie, du développement afin qu’ils puissent se consacrer entièrement à leur activité », précise Gérard Bobier. « Trois mois de fermeture pour certains, je pense aux restaurateurs et à ceux qui travaillent dans l’événementiel, c’est terrible : 10 % des 54 000 entreprises artisanales du territoire auront du mal à se relever », conclut le président des artisans. JG
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TERRITOIRES
FORMATION : LE BERRY VEUT PASSER LA VITESSE SUPÉRIEURE Le Berry souhaite se poser en alternative crédible aux métropoles régionales en termes d’enseignement supérieur. L’arrivée à Châteauroux d’une école de commerce et marketing et le développement du campus Lahitolle à Bourges laissent présager d’un enracinement plus profond des appareils de formation supérieure dans le sud de la région Centre-Val de Loire.
Dès la rentrée prochaine, l’Istec, une école de commerce et de marketing, va rejoindre le site Balsan du CCI Campus Centre à Châteauroux
ès la rentrée prochaine, une école de commerce et marketing, l’Istec, rejoindra le site Balsan du CCI Campus Centre à Châteauroux. Pour Pierre Larrat, directeur de cette
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école parisienne dont ce sera la première délocalisation en région, l’ouverture fin septembre 2021 d’une promotion du Master Business Management à Châteauroux, mais aussi sur le campus
de la rue Anne-de-Bretagne à Blois, correspond à « un besoin de croissance externe », autant qu’à une demande des territoires. Sur les sites castelroussin et blésois, des promotions de 15 et 30 étudiants suivront en alternance 400 à 460 heures de cours donnés par des enseignants-chercheurs de l’Istec Paris ou des vacataires des CCI locales, entrecoupés de stages en entreprises. « Il n’y a pas ou peu de programmes Grandes écoles en commerce et marketing dans la région Centre-Val de Loire à destination des jeunes ayant obtenu un bac+3. Notre installation à Châteauroux et à Blois, rendue possible par le partenariat avec la CCI de l’Indre, a ce double intérêt de permettre aux jeunes d’étudier jusqu’au grade de Master dans le territoire où ils vivent et, pour nous, de lancer un développement en région », expliquait Pierre Larrat lors de la signature de convention avec la CCI indrienne. Des
contacts avec les banques et grandes entreprises du département ont d’ores et déjà été pris pour offrir des débouchés aux futurs inscrits.
des filières complètes pour répondre à la pénurie de cadres et de profils qualifiés, surtout dans les secteurs tertiaire et industriel, et inciter les jeunes diplômés à poursuivre leur
NOTRE SOUHAIT EST DE PROPOSER DES FILIÈRES COMPLÈTES POUR RÉPONDRE À LA PÉNURIE DE CADRES ET DE PROFILS QUALIFIÉS ” Pour accompagner cette arrivée, la chambre consulaire a lancé un programme d’extension de 1 000 m2 de son établissement des anciennes usines Balsan, en plein cœur de Châteauroux, soit huit salles supplémentaires pour un coût de 3 M€ avec une mise en service en septembre 2023. « Notre souhait est de proposer
cursus à Châteauroux. Concomitamment à l’arrivée de l’Istec, nous allons lancer avec le Cnam une licence Gestion des ressources humaines (GRH) option paie, une formation qui n’existait pas dans l’Indre et qui répond à des besoins exprimés par plusieurs entreprises locales », précise Christophe Martin, directeur de la CCI de l’Indre.
DROIT AU BUT POUR LES IUT Dès la rentrée 2021, le bachelor universitaire de technologie (But) remplacera le diplôme universitaire de technologie (Dut). « Cette réforme va nous permettre de rapprocher notre offre de formation des besoins des acteurs économiques. Les entreprises recherchent de plus en plus de profils bac+3 a minima et 90 % des lauréats poursuivent leurs études pour obtenir une licence pro ou un master, explique Bruno Émile, directeur de l’IUT de l’Indre (570 étudiants répartis sur Châteauroux et Issoudun). Notre challenge sera d’absorber les coûts supplémentaires de cette 3e année, avec un surplus d’étudiants et une augmentation du nombre d’heures de cours de 7 à 15 % par rapport à nos 18 000 heures annuelles. »
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TERRITOIRES
L’an passé, 900 étudiants fréquentaient les bancs de l’Insa Centre-Val de Loire à Bourges et 760 ceux de Blois
L’ALTERNATIVE CAMPUS CONNECTÉ Il peut s’avérer difficile de quitter le Berry pour aller étudier à Paris, Lille, Bordeaux, Rennes… Les agglomérations de Châteauroux et Bourges et la communauté de communes de Vierzon ont choisi la démarche du Campus connecté, un label lancé par le ministère de l’Enseignement supérieur pour rapprocher l’université des territoires. Grâce à cette alternative, l’étudiant paie son inscription auprès du Cned ou de l’université qu’il a choisie pour suivre les cours près de chez lui, dans un tiers-lieu connecté à l’accès gratuit. Il bénéficie également de l’aide d’un tuteur pour un accompagnement personnalisé et de l’accès aux services de la vie universitaire locale. Le diplôme obtenu par ce biais bénéficie de la même reconnaissance que celui d’un cursus universitaire traditionnel. D’ici à 2025, chaque campus connecté sera en capacité d’accueillir 50 étudiants.
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Toujours à Balsan, la Région va investir dans le transfert de l’Institut de formation en soins infirmiers qui doublera sa capacité d’étudiants en 2024 (210 aujourd’hui, 450 à terme). La fin des travaux devrait coïncider avec l’installation d’une bibliothèque connectée, ouverte 24h/24 et 7 jours sur 7, en lieu et place de la bibliothèque universitaire classique. L’Association pour le développement de l’enseignement dans l’Indre (Adesi) œuvre aussi auprès de son université de tutelle pour obtenir l’ouverture d’une Mineure santé et d’un laboratoire de géographie afin d’accueillir des enseignants-chercheurs, le Centre d’études supérieures de Châteauroux ayant développé une licence professionnelle sur les métiers de la protection et de la gestion de l’environnement et du parcours de l’eau. Du côté du Cher, le campus La-
hitolle à Bourges est en perpétuelle évolution. Le CFSA HubertCurien et l’Estacom, toutes deux gérées par la CCI du Cher, s’y implanteront en 2024 pour renforcer le campus berruyer, l’école de communication ayant l’intention de développer ses formations en alternance « pour renforcer les liens avec les entreprises locales », selon Didier Reure, directeur de la CCI. L’Insa, qui vient de se doter d’un learning centre – un nouveau type de bibliothèque universitaire, proposant une offre de services enrichie sur plus de 2 000 m2 – et de nouvelles salles de cours, va poursuivre son développement en menant des programmes immobiliers d’ici à 2027 dans le but de former toujours plus d’ingénieurs pluridisciplinaires. L’an passé, 900 étudiants fréquentaient les bancs de l’Insa Centre-Val de Loire à Bourges et 760 ceux de Blois où des travaux
d’agrandissement ont été entrepris. L’école ambitionne très clairement de compter près de 500 étudiants supplémentaires au terme de ces nouveaux agrandissements, et donc de dépasser la barre des 2 000 apprenants. Par ailleurs, l’Agglomération de Bourges a déjà obtenu à l’horizon de la prochaine rentrée universitaire la création de deux Mineures santé pour les étudiants de Staps ou de droit qui désireraient changer d’orientation ; parallèlement, Bourges Plus espère obtenir de l’université de Tours la création d’une première année de médecine. Enfin, elle vient de se positionner auprès du ministère de la Transformation et de la Fonction publique pour accueillir une classe
de prépa Talents, destinée à préparer le concours des grandes écoles de la fonction publique. Dans les deux départements, la pérennisation de la présence de l’enseignement supérieur passe par une montée en gamme à tous les niveaux. À ce jour, le Cher compte 5 300 étudiants répartis au sein d’une petite centaine de formations sur une quarantaine d’établissements, l’Indre 2 300 apprenants dans la cinquantaine de formations dispensées dans vingtneuf établissements. L’objectif reste de pérenniser ces études post-bac et d’attirer de nouvelles écoles, en investissant sur des campus toujours plus modernes et plus connectés.
DES LOGEMENTS POUR ÉTUDIANTS Qui dit élèves supplémentaires dit besoins accrus en logements étudiants. À Châteauroux comme à Bourges, les collectivités s’efforcent de permettre aux élèves de l’enseignement supérieur de se loger décemment et à moindre coût. Des résidences sont en construction dans les deux villes pour proposer des logements de qualité. En plus des quatre résidences existantes à Bourges, un projet privé est en cours de réalisation en face du campus Lahitolle. À Châteauroux, Scalis construit à proximité de Balsan un immeuble de 24 logements, du studio au T3, alors que la communauté d’agglomération envisage l’intégration de logements étudiants dans la rénovation de l’aile des Tisserands à Balsan.
Serge Daniel
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TERRITOIRES
CHRISTOPHE HAY REMET LE COUVERT À BLOIS Le meilleur cuisinier de l’année 2021 va s’installer, après de très importants travaux, dans un ensemble immobilier du XVIIIe siècle situé sur la rive gauche de la Loire à Blois, « côté Vienne », comme disent les Blésois. Le pari est audacieux. uel pari dans cette période sanitaire si complexe ! Et quelle chance pour l’attractivité touristique ligérienne ! Élu meilleur cuisinier de l’année 2021 par le guide Gault et Millau, le chef Christophe Hay, doublement étoilé à Montlivaut, vient de lever le voile sur un ambitieux projet d’hôtel-restaurant haut-de-gamme sur les quais de Loire, à Blois. Il nous confirme avoir décidé de s’installer au cœur du programme immobilier conduit sur la rive sud du fleuve royal par Yvan Saumet,
Q
l’actuel président de la CCI de Loir-et-Cher : « Je vais prendre en location, après d’importants travaux, cet ensemble immobilier historique du XVIIIe siècle (4 500 m2 de bâti) qui jouit d’une vue magnifique et imprenable sur la Loire ». Les discussions entre les deux hommes étaient engagées depuis
UNE CHANCE HISTORIQUE POUR LE BLAISOIS, MAIS AUSSI POUR LE TERRITOIRE RÉGIONAL ” de longs mois, mais le chef audacieux a décidé de sauter le pas. « C’est bien sûr une chance historique pour le Blaisois, mais aussi plus largement pour le territoire régional. Tous les élus sont derrière nous, même si à l’origine, le maire de Blois souhaitait une localisation sur l’autre rive », explique Yvan Saumet. Christophe Hay transférera sur ce site – une ancienne maison de retraite dépendant de l’hôpital de Blois – l’activité de ses deux restaurants de Montlivault, le deux étoiles Michelin La Maison d’à Côté et Côté Bistro, un Bib Gourmand qui jouxte le précédent. Il
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conserve néanmoins La Table d’à Côté, à Ardon, au sud d’Orléans. « Nous allons opérer une transition en douceur », indique Christophe Hay, qui souhaite exploiter Fleur de Loire dès le printemps 2022. Le restaurant gastronomique proposera entre 35 et 40 couverts, tandis que l’équivalent blésois du Côté Bistro comptera près de 50
couverts (80 avec la terrasse). Fleur de Loire accueillera aussi un hôtel ***** de 44 chambres, « ce qui permettra d’étoffer l’offre hôtelière régionale de prestige qui est plutôt minimale en région Centre-Val de Loire », estime Christophe Hay. Yvan Saumet, propriétaire des murs, engage 15,5 M€ dans le programme Fleur de Loire, acquisition et travaux compris. Christophe Hay, qui décrit ce projet comme « celui d’une vie », va investir entre 5 et 6 M€ dans l’aménagement de ce complexe d’hébergement-restauration unique. JCS
LOIR-ET-CHER TERRE DE CHEFS e célèbre guide rouge a décerné cette année une étoile à une sixième table du Loir-etCher : La Vieille Tour, à Cellettes. Le département le plus central de la région Centre-Val de Loire en possède désormais huit, deux de plus que l’Indre-et-Loire – qui possède aussi six tables étoilées – et quatre de plus que le Loiret, sachant que l’une d’entre elles, La Table d’à Côté à Ardon, appartient au loir-et-chérien Christophe Hay (voir page 44). Mais qu’est-ce qui façonne le succès gastronomique du département, le seul de la région à posséder deux doubles étoilés Michelin * ? Des produits de qua-
L
lité, un patrimoine architectural, et des paysages uniques, un jene-sais-quoi de voluptueux qui flotte dans l’air… Et aussi des chefs qui savent marier terroir et excellence, comme le rappel-le le chef du Pertica, Guillaume Foucault (ci-contre) : « Nous avons engagé un travail de fond avec les éleveurs pour relancer la vache percheronne et avec des vignerons pour valoriser le poiré. » La moisson d’étoiles n’est peutêtre pas terminée : les Sources de Cheverny souhaitent que leur table gastronomique, pas encore ouverte, parte vite à la conquête d’une première étoile. Avant que la Covid-19 s’invite dans nos vies,
on parlait beaucoup de La Botte d’Asperges, à Contres, qui a obtenu un Bib Gourmand l’an passé… *La Maison d’à côté à Montlivault et les Hauts de Loire à Onzain possèdent deux étoiles au Michelin ; Le Lion d’Or à Romorantin, Assa à Blois, Pertica à Vendôme et désormais La Vieille Tour à Cellettes en possèdent une.
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ENTREPRISES
FAIVELEY VEUT SUIVRE LE TRAIN L’équipementier ferroviaire Faiveley Transport, qui emploie 850 salariés en Touraine, va consacrer 6 M€ en 2021 au développement de ses activités de R&D. Pour autant, les dirigeants de cette filiale de l’américain Wabtec regrettent d’avoir été écartés de grands appels d’offre nationaux au détriment de concurrents parfois extra-européens. Ils demandent aux pouvoirs publics de corriger le tir. n dépit d’une conjoncture difficile, marquée par un tassement prononcé de la charge, l’équipementier ferroviaire Faiveley Transport s’apprête à engager 6 M€ au bénéfice des activités de R&D et de bureau d’études de ses usines tourangelles
E
ainsi que de systèmes d’information voyageurs. « C’est un effort important et inédit. Il va se traduire par des milliers d’heures d’ingénierie », nous indiquent Gildas Rault et Franck Courcelle, respectivement président et directeur général de Faiveley
Les quais de la station Bibliothèque François Mitterrand, sur la ligne 14 du métro parisien, sont équipées de portes palières
de St-Pierre-des-Corps et de La Ville-aux-Dames. Ces deux unités, qui emploient respectivement 450 et 400 salariés – dont à peu près la moitié d’ingénieurs et techniciens –, sont spécialisées dans la fabrication de systèmes de portes de trains et de portes palières,
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Transport Tours. Ces derniers portent aussi la candidature à l’accueil en Touraine d’une plateforme de distribution de pièces de rechange, source de nouveaux emplois. La création d’une quarantaine de postes est évoquée. Pour autant, l’avenir industriel des
sites tourangeaux reste suspendu à la signature d’un contrat majeur en mesure d’assurer une charge suffisante pour les années à venir. Il s’agit du programme de renouvellement de la flotte du RER B, connu sous le nom de code MI20, qui oppose depuis plusieurs semaines la SCNF et la RATP d’une part, Alstom de l’autre. Piloté par les deux transporteurs pour le compte d’Île-de-France Mobilités, cet énorme marché de 146 rames a été attribué au mois de janvier au groupement constitué par le canadien Bombardier et l’espagnol CAF. Mais le rachat de Bombardier par Alstom a totalement rebattu les cartes, le constructeur français refusant d’honorer une commande qu’il estime « ne pas correspondre aux prix de marché ». Faiveley et les équipementiers impliqués dans ce méga-contrat de 2,5 Md€ attendent l’issue d’un contentieux qui risque fort de se prolonger, sauf à ce que les pouvoirs publics sifflent la fin de la partie et obligent les protagonistes à s’asseoir autour de la table de négociation. Et, quel que soit
l’attributaire du marché, le recours à une sous-traitance française n’est pas acquise : « C’est une source d’inquiétude parce que la tendance récente des donneurs d’ordre dans le ferroviaire n’est pas au made in France », regrette Franck Courcelle. Pour des raisons de stratégie industrielle, beaucoup de grands constructeurs répugneraient à se sourcer en France. Et préféreraient des équipementiers autrichiens, tchécoslovaques ou… chinois. Ainsi, les portes du futur métro de Lyon, mais également celles des voitures du Grand Paris Express et du métro de Toulouse seront conçues et fabriquées par le chinois Nanjing Kangni Mechanical & Electrical. Récemment, Fai-
veley Transport n’a pas été retenu à l’issue de la compétition organisée pour le remplacement des rames des lignes 3, 7, 8, 10, 12 et 13 du métro parisien (332 trains, 1 646 voitures), « et ce en dépit d’une proposition de prix qui était
alerter les décideurs sur cette situation préoccupante. En décembre, il accueilli des élus de la Métropole sur le site corpopétrussien pour leur faire passer le message. En France, Faiveley Transport réalise un CA de 400 M€ dont 35 %
L’AVENIR INDUSTRIEL DES SITES TOURANGEAUX SUSPENDU À LA SIGNATURE D’UN CONTRAT MAJEUR ” mieux disante ». « Nos élus et l’État doivent réagir. Il faut faire entendre raison aux donneurs d’ordre qui dépendent de la commande publique », estime Franck Courcelle qui se dépense aujourd’hui sans compter pour
à l’export. Le groupe emploie 1 850 salariés dans l’Hexagone répartis sur 9 sites. L’activité industrielle réalisée sur le territoire français génère plus de 2 000 emplois indirects au sein de 1 100 fournisseurs partenaires. JCS
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ENTREPRISES
RAIGI INVESTIT TOUS AZIMUTS Spécialisée à Rouvray-St-Denis (28) dans la fabrication de pièces en élastomère, la société Raigi va bénéficier du coup de pouce du dispositif France Relance. Cette aide va l’inciter à dérouler plusieurs projets d’investissement industriel d’ici à 2025. mplantée à Rouvray-St-Denis, à la lisière de l’Essonne, du Loiret et de l’Eure-et-Loir, la société Raigi (8 M€ de CA, 65 salariés) produit des élastomères ainsi que des pièces plastiques techniques complexes pour l’industrie. Portée par une conjoncture favorable, la PME dirigée par Olivier Perrier s’apprête à engager un investissement capacitaire de 1,6 M€. Ce programme, qui va s’étaler jusqu’en 2025, recevra le soutien du plan France Relance et est également éligible au dispositif Territoires d’industrie. « Nous avions prévu d’investir, reconnaît Olivier Perrier, mais les aides apportées par France Relance nous ont incités à presser le pas. » L’entreprise, qui est installée sur une confortable surface exploitée de 10 000 m2, nourrissait depuis plusieurs mois de multiples projets;
I
elle va désormais pouvoir les enchaîner. « Nous allons tout d’abord nous équiper d’une nouvelle ligne très polyvalente », explique son dirigeant qui précise que ce nouvel équipement industriel se consacrera notamment à la fabrication
très innovant qui possède des propriétés répulsives dirigées contre les rongeurs. Ce produit pourra être employé dans la protection des biens et de l’habitat. Décidément pleine de ressources, Raigi a aussi la volonté d’automa-
NOUS AVIONS PRÉVU D’INVESTIR, MAIS LES AIDES NOUS ONT INCITÉS À PRESSER LE PAS ” de jonctions de câbles en élastomère utilisées pour l’enfouissement de lignes haute tension dans le cadre d’un contrat signé avec Enedis. « Cette infrastructure sera aussi capable de produire… du gel hydro alcoolique », poursuit Olivier Perrier. La société prévoit également d’industrialiser un nouveau mastic
tiser certaines phases amont du process, notamment celles relatives aux étapes de réaction chimique : « Nous souhaitons aussi rendre améliorer un process de retrofit des bouteilles de gaz Le Cube que nous fabriquons déjà pour le compte de Butagaz. Nous effectuons ces tâches de manière très artisanale, il nous fallait passer à un stade plus industriel. » De façon globale, cet investissement pourrait générer la création d’une trentaine d’emplois sur la période. Selon l’industriel eurélien, le CA de l’exercice 2021 devrait s’établir à 9 M€, « soit un retour au CA de l’exercice 2019 ». JCS
RAFAUT NE LÂCHERA PAS SALBRIS équipementier de premier rang Rafaut (92 M€ de CA en 2019, environ 450 salariés), positionné à parité sur les marchés de l’aéronautique civile et de la défense, entend consolider l’activité de son atelier de Salbris (41), une unité d’une trentaine de salariés exclusivement dédiée à l’assemblage de pièces complexes pour l’aéronautique civile. À l’occasion de la présentationlivraison du 21 000e palonnier fabriqué sur le site solognot pour les programmes A320 d’Airbus, la direction a assuré que la fin de ce contrat – prévue pour 2023 – ne menaçait pas sa pérennité. Selon
L’
Bruno Berthet, le président du groupe, « nous sommes déjà en discussion sur des nouveaux projets et ne sommes pas inquiets ». Déjà, Rafaut a réussi à amortir la forte baisse de charge enregistrée sur le site salbrisien « sans recourir au moindre licenciement. Nous avons juste réduit à zéro le volant d’heures supplémentaires et utilisé les dispositifs de chômage partiel », poursuit le dirigeant qui n’exclut pas, à terme, d’installer à Salbris une activité industrielle pour les marchés de la défense. Rafaut est notamment spécialisé dans les équipements d’emport (charges et munitions) ainsi que
les réservoirs de carburant externe et les corps de bombe. On a appris, par ailleurs, le rachat fin janvier par Rafaut du seine-etmarnais Secapem et de sa filiale héraultaise Lun’Tech, deux spécialistes de systèmes de défense pour les forces aériennes, qui représentent un CA consolidé d’environ 5 M€.
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ENTREPRISES
LA FRICHE SATECNO REPREND VIE À VENDÔME
es quelque 17 000 m2 de l’ancienne usine ThyssenKrupp de la ZI Sud de Vendôme, occupée ces dernières années par Satecno jusqu’à sa liquidation judiciaire en avril 2019, vont être de nouveau occupés. La communauté d’agglomération Territoires Vendômois, qui a racheté cet ensemble immobilier pour 4,5 M€ à un pool bancaire, va d’abord louer 6 200 m2 à Bosch ; l’usine
L
vendômoise du géant allemand, voisine du site, va profiter de ces locaux récemment rénovés (cidessus) pour rapatrier sa logistique jusqu’à présent hébergée chez un transporteur de Parçay-Meslay, au nord de Tours. Un autre module de 5 000 m2 sera loué par le leader mondial du mobilier de magasin, HMY France (ex-ARM, ex-Hermès Metal), dont l’usine jouxte la friche Satecno.
Celui-ci va ainsi pouvoir stocker les produits destinés à un géant français de la grande distribution dont il renouvelle intégralement le parc de caisses enregistreuses. Ce contrat de deux ans lui permet de voir plus grand et d’ajouter une nouvelle unité qui aura son propre accès sur la rue Nicolas Copernic, où débouchent également les deux unités de production vendômoises de HMY. Le solde de la surface, composé d’un vaste hall de 5 000 m2 et de bureaux situés à l’avant des bâtiments, devrait être occupé par des services techniques de la communauté d’agglomération qui trouve ainsi l’occasion de les regrouper sur un site unique.
BAYTREE INVESTIT L’EX-GIAT À SALBRIS un des plus vieux serpents de mer de l’économie régionale a enfin trouvé son épilogue. L’aménageur et constructeur Baytree, créé il y a quelques années par Axa Investment Managers Real Assets, a signé le 16 décembre l’acte de vente d’un terrain de 16,5 ha sur la friche Giat de Salbris. Son directeur pour la France, Philippe Rougé, a confirmé qu’il lancera, probablement d’ici à la fin de l’hiver, les travaux de terrassement préalables à la construction d’un entrepôt logistique de
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60 000 m2. La livraison pourrait intervenir à la mi-2022 si, d’ici là, un utilisateur est identifié. Mais les clients, notamment de la grande distribution, ne devraient pas manquer pour ce site Seveso idéalement placé à quelques encablures d’un échangeur de l’A 71. L’aménageur est tellement certain du bien-fondé de son choix qu’il a déjà mis une option pour l’achat de 8 ha supplémentaires. Après le revirement de Prologis et de Deret en 2010, Baytree avait signé une promesse de vente en
juin 2017 ; il aura donc fallu plus de trois ans pour obtenir les diverses autorisations environnementales et urbanistiques et se ménager la neutralité des riverains.
C’EST PARTI À BOISSEAUX orsqu’en mars 2008, nous annoncions le lancement imminent des travaux de la première tranche du programme logistique du parc des Buis à Boisseaux, un bâtiment de 67 000 m2 qui préfigurait les 280 000 m2 de cet ambitieux programme, nous n’imaginions pas qu’ils seraient repoussés de… treize ans ! C’est pourtant seulement en ce début d’année 2021 que Quartus Logistique a lancé les travaux de la première tranche – revue à la hausse, à 74 245 m2 – de la future plateforme ; le développeur et promoteur parisien a également dévoilé la vente de ce premier lot à l’investisseur
L
Clarion Partners Europe pour 46,6 M€. La livraison de l’ensemble immobilier, dont la moitié est destinée aux besoins du groupe Safran, interviendra à la fin de cette année. Dans un second temps, deux bâtiments de 93 000 m2 chacun seront construits sur cette zone d’activité située le long de l’exRN 20 (désormais D2020), à la lisière du Loiret et de l’Eure-et-Loir et à moins de 5 km du diffuseur d’Allaines-Mervilliers sur l’A 10. À terme, ce sont donc trois bâtiments représentant une surface de 260 000 m2 qui s’élèveront sur les quelque 60 ha de ces anciennes terres agricoles.
Les travaux du carrefour giratoire entre les RD 927, RN 254 et l’A 10 viennent tout juste de s’achever : financé (à hauteur de 1,38 M€) par le conseil départemental d’Eure-et-Loir, l’État et Cofiroute, il doit à la fois sécuriser ce carrefour très accidentogène et fluidifier le surcroît de trafic qui sera généré par la future plateforme logistique de Boisseaux.
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ENEN BREF BREF
ALLTRICKS PÉRENNISE SA PRÉSENCE À CHÂTEAUDUN
n s’inquiétait des intentions d’Alltricks qui, à l’étroit dans ses locaux de Châteaudun, menaçait de quitter la région. Fabien Verdier, maire et président du Grand Châteaudun, a présenté en février au conseil communautaire le projet d’extension du spécialiste de la vente en ligne de vélos et de matériel sportif.
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DURALEX ET PYREX RÉUNIS Le 28 janvier, le tribunal de commerce d’Orléans s’est prononcé sans surprise en faveur d’International Cookware, propriétaire du verrier castelroussin Pyrex (103 M€ de CA en 2019), pour la reprise du spécialiste orléanais de la vaisselle en verre trempé Duralex (26 M€ de CA en 2019, avec 12,35 M€ de pertes). Après le retrait des frères Ioannidès, exploitants de la société depuis juillet 2008, et de l’agent commercial Pierre-Olivier Baron,
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Par la même occasion, il a fait adopter la délibération autorisant la vente de l’emprise foncière à la foncière Virtuo, qui porte l’opération et louera ensuite le bâtiment à Alltricks. Pas moins de 24 000 m2 seront cons-truits d’ici à 2023 sur le parc d’activité de la Bruyère, avec une possibilité d’extension de 6 000 m2. L’entreprise fondée en 2008 par
Gary Anssens va pouvoir recruter pour atteindre ses objectifs et répondre à l’envolée de son chiffre d’affaires. En 2018, il était estimé à 65 M€ mais devrait s’établir en 2020, après arrêté des comptes, à quasiment le double. Filiale de Decathlon, qui l’a rachetée il y a dix-huit mois, Alltricks possède 80 salariés à Châteaudun et devrait y créer « plusieurs dizaines d’emplois » dans les mois à venir. Elle devrait toutefois conserver les quelque 10 000 m2 de l’ancien site de Flextronics et les 4 000 m2 aménagés dans l’ancienne usine Mafca, situés respectivement rue de la Fosse-aux-Canes et rue des Treize-Langues, juste à côté de sa future unité.
qui ne s’est pas présenté à l’audience du 22 janvier, le propriétaire de Pyrex était le seul candidat en lice. International Cookware reprend l’intégralité des 248 salariés et dépose sur la table un chèque
de 3,55 M€ pour la reprise des actifs. Le repreneur prévoit d’investir 17,4 M€ sur le site de La Chapelle-St-Mesmin dans les trois ans à venir et d’injecter 21 M€ de fonds propres, dont 12 M€ dès cette année.
ID-LOGISTIC VA CRÉER 60 EMPLOIS À MONTIERCHAUME Lauréat de l’appel à projets porté par le fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires (France Relance) pour un montant de 200 000 €, ID-Logistic a engagé les travaux de sa nouvelle plateforme logistique de 17 000 m2 à Montierchaume. Cet investissement de 30 M€ servira, outre la partie immobilière, à installer un équipement de stockage automatisé de grande hauteur (12 m). La plateforme, qui devrait être totalement opérationnelle en mars 2022, accueillera le transfert des activités logistiques de l’exCEPL, acquis par ID-Logistic. La nouvelle unité de Montierchaume devrait, à terme, employer plus de 120 salariés, dont les 60 salariés de l’ex-CEPL. Ce programme capacitaire est directement lié à la signature d’un contrat l’enseigne de sportswear Courir.
STREETO S’EST INSTALLÉ À TOURS NORD Streeteo s’est installé à la mi-janvier rue Dora Maar, à proximité de l’aéroport de Tours-Val de Loire. Cette filiale du gestionnaire de parkings Indigo, qui contrôle le stationnement payant d’une vingtaine de villes françaises, dont Paris, a décidé d’implanter à Tours son centre de revue d’images à distance (Crid). Le site, qui compte pour son démarrage 30 agents nouvellement recrutés et assermentés mais en emploiera bientôt une centaine, analyse les photographies prises par les véhicules de la société dans toutes les villes en contrat avec Streeteo. Equipés d’un système de Lapi (lecture automatisée de plaque d’immatriculation), ils sont destinés à vérifier que les véhicules en stationnement sur voirie ont bien acquitté leurs droits et, à défaut, de leur dresser une contravention.
CÔTÉ BRICO QUITTE INGRÉ POUR LA FERTÉ-ST-AUBIN
Le site de e-commerce de matériel de bricolage Côté Brico (cotebrico.fr) va quitter ses locaux d’Ingré pour s’installer sur 6 500 m2 à La Ferté-St-Aubin. Cette société en pleine croissance a acquis l’ancienne plateforme logistique de Caillau, qui a regroupé toutes ses activités sur la ZAC de la Grange à Romorantin dans le courant 2018. Côté Brico, fondé par Adil El Messaoudi, va ainsi pouvoir répondre à la forte croissance de ses ventes par internet d’outils électroportatifs et électriques (perceuses, cloueuses-agrafeuses, meuleuses, ponceuses, scies, rabots…), ainsi que d’outils à main et de jardinage. La société devrait engager quelques travaux de rénovation pour emménager au mois de mars et embaucher des commerciaux dans le courant de l’année. BNP Paribas Real Estate Orléans était le conseil du vendeur et du preneur.
MERCK KGAA AURA INVESTI 30 M€ À SEMOY
L’usine de Semoy du laboratoire pharmaceutique allemand Merck KgaA achève un programme d’investissement de 30 M€ qui va lui permettre d’accroître significativement ses capacités de granulation et de blistérisation. Après s’être doté d’un nouvel atelier de granulation en 2019, ce site spécialisé dans la production du Glucophage (traitement du diabète de type 2) a lancé en ce début d’année un nouveau bâtiment de conditionnement de 2 000 m2 qui abritera, dès 2022, l’activité de six lignes déjà exploitées qui seront progressivement transférées. L’usine de Semoy, qui emploie 550 collaborateurs, devrait recruter une trentaine de salariés en 2021, essentiellement des opérateurs et des techniciens.
La Lettre La Lettre Valloire Valloire - Septembre - Mars 2021 2020 5353
EN VUE LOIR-ET-CHER
RÉGION Jean-Paul Duhamel est devenu directeur général adjoint du Crédit Agricole Centre Loire (CACL), implanté dans le Loiret, le Cher et la Nièvre ; il intègre également le comité de direction. Depuis vingt-et-un ans, JeanPaul Duhamel a exercé au sein des caisses régionales du Crédit Agricole du Morbihan, d’Atlantique-Vendée et de Charente-Maritime Deux-Sèvres. Il était précédemment directeur commercial, puis directeur finance risques et secrétaire général du Crédit Agricole Charente-Maritime Deux-Sèvres. Le CACL compte 2 009 collaborateurs et 1 035 administrateurs au sein de ses 154 agences de proximité et 6 agences de banque privée.
Suite aux problèmes de santé de Pierre Pouëssel, Régine Engström a été nommée préfète de la région Centre-Val de Loire. Diplômée de l’École d’ingénieurs de la Ville de Paris (EIVP), elle a notamment été à la tête des espaces verts de la Ville de Paris avant de de-
le Centre-Val de Loire depuis septembre dernier, a vu son poste s’étendre à la direction de la région Île-de-France. Précédemment, Laurent Nahon a passé 18 ans de sa carrière au sein du Fongecif Île-de-France, dont il a été le directeur entre 2011 et 2020. Après trois ans de mandature, le viceprésident du conseil régional de Bretagne chargé de l’environnement Thierry Burlot a été réélu président du comité de bassin Loire-Bretagne ; le prochain renouvellement des 190 membres du comité devrait avoir lieu en 2027. Sa première mission sera la finalisation du schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage) 2022-2027.
venir directrice générale d’Eau de Paris. Depuis fin 2019, elle était directrice des partenariats stratégiques et de la responsabilité sociale et environnementale chez Nexity. Pierre Pouëssel, en convalescence, rejoint le secrétariat général du ministère de l’Intérieur. Expert-comptable à Chartres, Éric Gernez a été élu en fin d’année président du Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables de la région CentreVal de Loire ; il succède à Olivier Nioche, en fonction depuis décembre 2016. « Nous serons à l’écoute de nos consœurs et confrères pour les accompagner dans leur transformation numérique afin qu’ils puissent anticiper les évolutions à venir », a déclaré Éric Gernez. Laurent Nahon, directeur régional de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) pour
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La Lettre Valloire - Mars 2021
François Pesneau, administrateur au ministère de l’Intérieur, est devenu le 6 janvier préfet de Loir-et-Cher en remplacement d’Yves Rousset qui a fait valoir ses droits à la retraite. Depuis 2016, François Pesneau était affecté à la direction de la modernisation et de l’administration territoriale où il était adjoint du directeur et chef de service.
LOIRET Patrice Martin vient de quitter le groupe Servier qu’il avait rejoint en 2008 ; il dirigeait depuis 2013 les sites du Loiret et notamment l’usine de Gidy. Ce dirigeant, qui a conduit d’importants investissements au bénéfice de l’usine loirétaine, est également le président du conseil d’administration de l’Institut de formations professionnelles aux métiers des industries pharmaceutiques, l’IMT, installé à Tours. Pascal Tebibel, le vice-président d’Orléans Métropole en charge de l’attractivité économique, des grands projets économiques et de l’économie numérique, a été élu président de l’association Orléans-Val de Loire Technopole. Celleci a pour mission d’accompagner la création et le développement des entreprises, l’animation des relations recherche-industrie, l’ingénierie de projets structurants et collaboratifs ainsi que la gestion d’études de prospectives.
LOIRET
EURE-ET-LOIR Lors du conseil des ministres du 6 janvier dernier, Françoise Souliman, préfète de l’Ardèche, a été nommée préfète d’Eure-et-Loir où elle succède à Fadela Benrabia, en poste depuis octobre 2019. Françoise Souliman, 60 ans, a commencé sa carrière comme chargée de mission du groupe RPR au Sénat, puis auprès du ministre de l’Intérieur de l’époque Charles Pasqua.
Thierry Dubois, directeur général des Crudettes, une filiale du groupe LSDH, a quitté l’entreprise après vingt-cinq ans de bons et loyaux services ; il avait notamment accompagné Emmanuel Vasseneix, en 2013, lors du rachat du spécialiste de la 4e gamme au groupe Pomona. Il est remplacé par Dominique Duprat, un ancien de Florette – l’un des deux grands concurrents des Crudettes avec Bonduelle – qui a aussi passé dix ans chez Delpeyrat et seulement douze mois chez Europe Snacks France, un groupe nantais spécialisé dans le produit apéritif salé vendu sous marque distributeur.