Magazine de septembre 2018

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MAGAZINE MARS 2018 2014 -5€ 5€ MAGAZINE N°45 - SEPTEMBRE

Pourquoi

jettent-ils l’écharpe ? Daniel Chaufton, le maire démissionnaire de Donnery



Point de vue

Marianne blues est une sorte d’effacement, une révolte à bas bruit qui traduit un ressentiment enfoui dans les profondeurs de la Nation : jadis si fiers de se draper dans l’écharpe tricolore, de s’inscrire dans le récit national qui faisait d’eux les serviteurs zélés de la République reconnaissante, les maires des petites et moyennes communes se détournent de leur charge. Comme nous l’indiquons dans l’enquête de cette édition automnale, un bon millier d’entre eux ont abandonné leur fauteuil depuis les élections municipales de 2014. Le chiffre n’est pas anodin : il a été multiplié par deux si on le compare avec celui relevé à la même période de la précédente mandature. La région Centre-Val de Loire n’est pas en reste. Elle doit, elle aussi, faire face à une épidémie de démissions. Les préfectures que nous avons contactées confirment et regrettent cette « dynamique » du renoncement. Plus grave, elles redoutent que s’amorce une inquiétante crise des vocations dans la perspective du scrutin de 2020.

C’

Un véritable hiver républicain pourrait s’abattre sur le tissu des communes rurales, toujours aussi nombreuses (plus de la moitié des 35 000 communes françaises comptent moins de 500 habitants). Espérons néanmoins que les sortants, après mûre réflexion, consentent à reprendre du service ou qu’une nouvelle génération accepte de relever le défi. Mais comment accabler du moindre reproche ces élus désemparés ? Qu’il faut avoir le cuir épais pour devenir aujourd’hui le premier magistrat de sa commune ! La pression normative et réglementaire, l’accumulation des incivilités, la réduction des moyens octroyés par l’État, la crainte de s’exposer au risque pénal et l’opprobre de concitoyens devenus des censeurs permanents constituent de puissantes raisons de s’écarter des frontons municipaux. Il fallait s’y attendre. Le rabaissement des fonctions électives, dommage collatéral de la dégradation du rapport à l’autorité, a fini par saper les meilleures volontés. On doit désormais en convenir : Marianne ne fait plus recette.

avattier Jean−Christophe S

La Lettre Valloire - Septembre 2018 3


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www.lettrevalloire.com Ce magazine est un hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Édité par MCM Presse SAS au capital de 100 000 € RCS Tours B 450 613 591 Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours Adresse postale : BP 92031 37020 Tours Cedex 1 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) Aurélie Vouteau (édition) Ont participé à ce numéro : Serge Daniel Anthony Gautier Stéphanie Payssan Bruno Villeneuve

Points Chauds 6-7

En bref L’actualité du trimestre en bref.

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À LA UNE Le blues des maires Confrontés à des complexités inextricables, exposés aux reproches parfois virulents des administrés, mal rémunérés, les maires des petites communes sont nombreux à regretter leur engagement. Certains n’hésitent plus à rendre leur écharpe avant la fin de leur mandat. Beaucoup hésiteraient à se représenter devant leurs électeurs en 2020.

Maquette : Régis Beaune Publicité : AN Média (Aline Noirot) 07 78 25 26 87 Diffusion : Nadine Gomès Crédits photographiques : Cyril Chigot : Une, 14 DR : 6, 7, 10, 20, 21, 22, 26, 27, 31, 32, 34, 35, 36, 38, 41, 44, 46 Jean-Christophe Savattier : 12, 18, 30 Anthony Gautier : 8, 16, 42 Serge Daniel : 40 Bruno Villeneuve : 28, 43

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Le maire aux abois, les caravanes passent… Le maire de Donnery (45) Daniel Chaufton a présenté sa démission au préfet cet été. Ce dernier l’a refusée.

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Damien François : « Depuis ma démission, ça va beaucoup mieux » Après deux ans de mandat à Poupry (28), petite commune de 100 âmes, Damien François est retourné aux champs.

Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) Informations légales : Abonnement annuel 2017 (23 numéros + magazines hors-séries) : 375 € Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 475 € Prix de ce numéro : 5 € CPPAP : 0121 I 85872 ISSN : 1246-4333 Dépôt légal : septembre 2018 Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon

MCM presse 4 La Lettre Valloire - Septembre 2018

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Sébastien Marais : « Pour que je puisse voir aboutir les projets » Le maire de la Membrolle-sur-Choisille (37) a dû essuyer, tant de la part de ses adversaires que d’une partie de sa majorité, des attaques qui l’ont beaucoup marqué.

20-21

Fusions de communes au point mort La perspective des prochaines élections municipales dissuadent désormais les élus de s’engager dans des processus de fusions diversement appréciés par la population.

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Elisabeth Barrault : « Ça risque d’être la panique » À compter du 1er octobre, les marchés publics se dématérialisent. Les collectivités y sont prêtes, les petites entreprises sans doute un peu moins…


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Sommaire SEPTEMBRE 2018

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Économie 26

En bref L’actualité du trimestre en bref.

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La CCI du Loiret dans ses murs en mars Citévolia est en cours de construction dans le quartier d’affaires Interives.

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Des startups très spéciales investissent le Lab’O Spécialisées dans la sécurisation des liaisons militaires et les drones, cinq startups occupent un étage de l’incubateur orléanais.

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Decomatic reprend de l’altitude L’industriel Philippe Tréhoux vient de reprendre à la barre du tribunal de commerce Decomatic à Ste-Maure-de-Touraine. Dreux est redevenue une place forte d’Ipsen Au bord du gouffre en 2012, l’usine drouaise des laboratoires Ipsen a repris une place de choix au sein du dispositif industriel de la pharma française.

L’affaire est dans le sac pour Vuitton à Vendôme Le leader mondial de la maroquinerie de luxe Louis Vuitton va installer un atelier de confection en plein cœur de Vendôme.

Bataille de chiffonniers au sud de Tours La bataille sera longue pour imposer le projet de village des marques de Sorigny.

Michel Kremer avalé par Mademoiselle Desserts Le spécialiste argentonnais de la chouquette et du gâteau au chocolat Michel Kremer est vendu au groupe Mademoiselle Desserts.

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Le burger américain se digitalise dans l’Indre Merim et AB Prod ont conçu l’environnement digital des restaurants français d’un géant américain du fast food.

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Quand se former devient un jeu L’entreprise tourangelle My Serious Game, spécialisée dans la création de jeux vidéo destinés à la formation, est en plein essor.

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La CCI du Loiret coache les nouveaux entrepreneurs Pour multiplier les chances de réussite des créateurs et repreneurs d’entreprises, la CCI du Loiret a mis en place un programme de coaching.

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Intelligence artificielle, mais déjà essentielle … Au 1er forum européen d’intelligence artificielle, experts et acteurs économiques régionaux ont décrypté les ressources immenses de ces outils digitaux.

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Chantiers

Viaduc Village voit enfin le bout du tunnel Après une féroce bataille de douze ans, l’outlet Viaduc Village, à quelques kilomètres du viaduc de Millau, ouvrira en 2019.

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La CCI de l’Indre renforce son pôle formation La CCI l’Indre a repris la gestion des offres de formation de sa consœur de Loir-et-Cher. La Châtre veut former les vigiles du web Créer la première école de cybersécurité française à La Châtre ? C’est le pari de Nicolas Forissier.

Nos Infos Services 48

Paroles d’experts à permettre Le travail social vise à l'accès des personnes l'ensemble des droits iliter leur fondamentaux, à fac notre inclusion sociale. Avec ntre. partenaire Focsie Ce

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Points Chauds

En bref LE CHOIX DES ARMES

FRÈRES ENNEMIS

Co-listiers lors des élections régionales de 2015, le député MoDem de la 1ère circonscription de Loir-et-Cher Marc Fesneau et celui de la 2e circonscription, le vice-président des Républicains Guillaume Peltier (entourant ci-dessous Philippe Vigier) ne sont plus sur la même longueur d’onde. Répondant aux critiques adressées à Jacqueline Gourault, la seule ministre MoDem du gouvernement, Marc Fesneau a traité son voisin solognot « d’intermittent » qui a « une présence moyenne de quatre ans dans les différents territoires où il est passé (...) Au passage, il ferait mieux de s’occuper du Loir-et-Cher à l’Assemblée nationale où on le voit très peu ». Revenant sur 2015, le président du groupe MoDem à l’assemblée affirme que « si Guillaume Peltier n’a pas été tête de liste, c’est à ma demande ». On ignorait que les états-majors des Républicains et de l’UDI avaient pris conseil auprès de Marc Fesneau pour composer leur liste d’union. Au vu du résultat, il n’y a d’ailleurs pas de quoi s’en vanter....

AU CAS OÙ... Philippe Chalumeau, le député LREM de la 1ère circonscription d’Indre-etLoire, ne « pense pas à la mairie de Tours lorsqu’il se rase le matin », mais souhaite « peser sur le débat municipal en 2020 ». L’ex-socialiste, qui veut sonder la population sur la gestion municipale de ces dernières années, se prépare au cas où... On l’a d’ailleurs beaucoup vu au côté du Premier ministre Edouard Philippe lors du séminaire des députés LREM à Tours (10 et 11 septembre). En attendant de se mettre – peut-être – en marche pour conquérir l’Hôtel de Ville, le député de Tours égratigne l’actuel maire, le centriste Christophe

Bouchet – « il a commis une erreur majeure de méthode en annonçant le gel des travaux du haut de la rue Nationale » – et son prédécesseur de droite Serge Babary qui, selon lui, a fait perdre « trois années à la ville ».

PAS D’ATOME CROCHU Claude de Ganay, député LR du Loiret et ancien maire de Dampierre-en-Burly, petite commune du Giennois qui doit sa notoriété et son autonomie financière à sa centrale nucléaire, a traité « d’imposture » le rapport de la commission d’enquête parlementaire, dont il était pourtant membre, sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires. Le travail de la commission « a été largement

biaisé par les à priori antinucléaires du rapporteur, Barbara Pompili (ancienne élue écologiste passée dans les rangs de LREM. Elle a récemment brigué l’investiture du mouvement pour la succession de François de Rugy à la présidence de l’Assemblée nationale, NDLR), qui s’est plus attaché à défendre ses convictions qu’à faire un état des lieux honnête de ce secteur stratégique », s’est-il ému dans un communiqué.

Le maire de Chartres JeanPierre Gorges exerce un leadership qui n’est guère contesté sur son territoire. Cela lui donne toute la latitude pour établir la liste des personnalités qui, selon lui, oseront le défier lors des prochaines municipales. C’est ainsi qu’il voit bien Hugues Villemade, un « garçon assez sympathique », représenter contre lui les couleurs communistes. Son traditionnel opposant, le socialiste David Lebon, ne lui semble pas présenter une menace crédible. Le maire de Chartres « voterait » plutôt en faveur de Stéphane Cordier, le premier secrétaire départemental du PS en Eure-et-Loir.

ENTRE AMIES Geneviève Fioraso, secrétaire d’État à la Recherche dans le gouvernement Valls, vient de rendre un hommage vibrant à Agnès Buzyn, l’actuelle ministre de la Santé, en ne perdant pas l’occasion d’égratigner, au passage, Marisol Touraine qui l’a précédée dans les mêmes fonctions : « Agnès sait analyser des situations complexes. Elle est beaucoup moins raide… ». L’ex-députée de la 3e circonscription d’Indre-et-Loire aura sûrement apprécié la pique de son ancienne collègue.

De Jean-Pierre Gorges, maire de Chartres, à propos des candidats d’opposition qui l’attendront en 2020 en vue de sa réélection à la mairie : « LREM se cherche une tête de liste. C’est 36.15 qui n’en veut ! » De Michel Autissier, président (LR) du conseil départemental du Cher, à propos d’une alliance avec des candidats de la République en marche (LREM), y compris pour les municipales : « Il ne s’agit pas de vendre son âme, nous ne sommes pas très loin

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Le député (LR) de la 2e circonscription CONVERGENCE DES LUTTES d’Eure-et-Loir Olivier Marleix s’est rendu à Marseille le 25 août pour participer à une table-ronde sur « l’affaire » de la vente d’Alstom à Siemens lors des AMFiS d’été de la France Insoumise. « J’accepte l’invitation de Jean-Luc Mélenchon car je ne refuse jamais le débat, confiait l’élu eurélien. JeanLuc n’a pas le monopole de la critique de la mondialisation financière. J’oppose, au système que La République En Marche veut imposer à tous, un capitalisme qui respecte le travail et l’esprit d’entreprise. » Olivier Marleix, président de la commission d’enquête sur la politique industrielle de l’État, a révélé que le démembrement d’Alstom avait été programmé dès 2012 par Emmanuel Macron, alors secrétaire général adjoint de l’Élysée. Il suggère l’idée « de mettre du contrôle parlementaire dans la procédure d’autorisation de vente d’entreprises stratégiques. »

RÉFUGIÉE Nadia Essayan, députée MoDem de la 2e circonscription du Cher, n’en démord pas. Elle a voté en seconde lecture contre le projet de loi asile et immigration du gouvernement. En avril dernier, elle avait été la seule députée de la majorité avec le LREM Jean Michel Clément, élu sur la 3e circonscription de la Vienne, à s’opposer à ce texte lors de sa présentation en première lecture. Regrettant « un durcissement global de la loi », la parlementaire a évoqué à la tribune son propre parcours de fille de réfugiés palestiniens – son nom de naissance est Nadia Jahchan – et insisté sur les « conséquences physiques et psychiques » qui découlent de cette situation.

CHIFFRE

DU TRIMESTRE

0,5% C’est le recul du marché de l’intérim en région Centre-Val de Loire, entre juillet 2017 et juillet 2018. Si la région n’est pas la plus mal lotie (Bretagne – 5,3 %, Normandie – 2,8 %), ce chiffre est inquiétant, d’autant que si les services et le commerce continuent de bien se porter, l’industrie (– 0,7 %) et surtout les transports (– 18,1 %) reculent sensiblement. La reprise s’essoufle.

RENTRÉE Reposé après avoir pêché le bar au large de l’île d’Yeu, Michel Sapin a décidé de se lancer dans la pêche au gros pour sa rentrée médiatique, jeudi 23 août. Invité sur les plateaux de France 2 puis de

des crédits à l’emploi, « au moment où le chômage avait baissé ». Mais, pour l’ancien maire d’Argenton-sur-Creuse, « le coeur du sujet, c’est les 7 Md€ qu’on a accordés au “premiers de cordée” (...) C’est un cadeau qui ne sert à rien du point de vue économique... »

SERGE GROUARD SE LIVRE Le 18 octobre prochain paraîtra chez Corsaire Éditions un livre d’entretien entre Serge Grouard – maire d’Orléans de 2001 à 2015 et député du Loiret de 2002 à 2017 – et le journaliste et collaborateur de La Lettre Valloire Anthony Gautier, intitulé « Ce que je voulais vous dire ». Dans cet ouvrage, l’ancien maire d’Orléans, le seul de l’histoire de la ville à avoir obtenu trois mandats consécutifs, se livre sur les ressorts de son engagement politique, les passions qui l’animent, les combats qu’il a portés et les regrets qui l’habitent. Un ouvrage qui tourne, dans la coulisse, les pages de vingtcinq ans de vie politique, locale et nationale.

LCI, l’ex-ministre de l’Économie a dénoncé « les mauvaises décisions » du gouvernement, comme la hausse de la CSG « qui n’a pas été compensée pour les retraités », la baisse des aides au logement et la diminution

dans l’esprit, même si nous ne partageons pas tout. » De Vanik Berberian, maire de Gargilesses (36) et président de l’association des maires ruraux de France, interrogé sur la difficulté de l’exercice du mandat de maire : « Le choix du maire rural est simple : il est soit dans l’illégalité, soit dans l’inertie. » D’André Laignel, maire (PS) d’Issoudun (36), à propos de la mission que vient de lui confier son parti : « Je suis le genre de personne à qui on s’adresse lorsque les choses sont compliquées. »

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Points Chauds

Politique

Le blues

À 83 ans, Guy Grivot, doyen des maires du Loiret a donné sa démission en janvier dernier. « Mais maintenant je ne sais pas où aller », confesse désœuvré l’ancien maire de Bondaroy.

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des maires Qui peut les blâmer ? Confrontés à des complexités inextricables, exposés aux reproches parfois virulents des administrés, mal rémunérés, les maires des petites communes sont nombreux à regretter leur engagement. Certains n’hésitent plus à rendre leur écharpe avant la fin de leur mandat. Beaucoup hésiteraient à se représenter devant leurs électeurs en 2020. Le malaise n’est pas nouveau, mais il prend de l’épaisseur dans un contexte de divorce consommé entre le pouvoir central et les élus des territoires qui s’estiment méprisés.

L

es maires des petites communes ont le blues. Confrontés à la complexité et à la rigueur de la réglementation, effrayés par la pénalisation de la vie publique, parfois désarmés face à l’aigreur de leurs concitoyens, ils sont de plus en plus nombreux à jeter l’éponge avant la fin de leur bail municipal. « Le phénomène est bien installé mais il ne date pas de la dernière pluie », nous indique la préfecture. Ce qui est plus neuf, « c’est que l’avancée dans l’âge n’explique pas tout. La lassitude d’élus plus jeunes et plus récemment entrés dans la vie publique est observée. » Le constat effectué au plan national ne laisse pas de place au doute : 1 024 maires ont rendu leur écharpe depuis les élections de 2014. Un chiffre qui a quasiment doublé si on le compare avec celui relevé à la même période de la précédente mandature. Et la région Centre-

Val de Loire ne fait pas exception ! Ainsi en Eure-et-Loir, 25 communes ont déjà changé de premier magistrat sur le mandat en cours. Si 4 de ces changements s’expliquent par des décès et 4 autres par l’application de la loi sur le cumul, 17 sont liés à des raisons de santé ou à des motivations plus « personnelles ». Lors de la mandature précédente, 33 municipalités euréliennes avaient dû trouver un nouvel édile avant terme, consécutivement à des démissions et à quelques décès. Dans le Loiret, une dizaine de communes ont été confrontées depuis 2014 à des départs anticipés, dont 2 seulement (Montargis et Ascoux) pour que leurs maires se confor-

ment à la loi sur le cumul. Dans l’Indre, 11 maires ont lâché prise depuis le début de l’actuel mandat, soit un peu moins que dans le Cher voisin où l’on a recensé 14 départs anticipés, dont 2 pour décès. Selon la préfecture du Cher, c’est dans la tranche des communes de 200 à 499 habitants que se concentre le plus grand nombre des démissions (64 %), suivie des communes de plus de 1 000 habitants (14 %) : « C’est assez logique, nous indique la préfecture, c’est dans ce segment que surgissent beaucoup de difficultés. Les élus doivent assumer de multiples tâches avec des moyens de plus en plus limités. » « Une génération moins rompue à la vie municipale a pris les manettes en 2014. Et le désenchantement a souvent pris le dessus sur l’enthousiasme initial. C’est une La Lettre Valloire - Septembre 2018 9


Points Chauds

Politique ciation des maires ruraux de France (AMRF). Bardés de bonnes intentions mais rarement préparés à la charge – et parfois désignés à la faveur de concours de circonstances –, ces débutants ont découvert que l’écharpe municipale avait un revers moins reluisant. Comme le souligne le maire de Gargilesse-Dampierre, « beaucoup d’entre eux sont arrivés aux responsabilités avec de belles idées. Ils

auront, de toutes façons, beaucoup de mal à financer. Et c’est cet écart avec la réalité qui provoque de la frustration ». D’autant que comme beaucoup d’institutions, la fonction municipale souffre d’une certaine dégradation du rapport à l’autorité publique. Le maire est certes la personnalité politique préférée des Français, mais c’est aussi l’échelon « qui est le plus à portée d’engueulade », comme aime à le rappeler

“ BEAUCOUP DE MAIRES, SANS DOUTE PLUS QUE D’HABITUDE, NE SE REPRESENTERONT PAS EN 2020

Vanik Berberian

évolution qui s’aggrave à chaque nouvelle élection », note Vanik Berberian, maire de Gargilesse-Dampierre (36) et président de l’Asso-

entretenaient des grands projets, mais ils doivent rapidement se rendre à l’évidence. Ils vont devoir d’abord s’occuper des disputes de voisinage avant de s’attaquer à des programmes d’équipements qu’ils

Le regard des Français sur leur maire se dégrade Traditionnellement, l’échelon municipal se tenait à l’écart de l’opprobre qui frappe la classe politique. Aimés, voire plébiscités par leurs concitoyens, les maires des communes, petites ou grandes, bénéficiaient d’une cote de confiance que leurs enviaient les députés, voire les conseillers régionaux et départementaux. Cette impunité n’est aujourd’hui plus de mise. Selon un sondage Ifop publié en novembre 2017 à l’occasion du 100e Congrès des maires, il apparaît que les Français ne sont plus aussi indulgents envers leur maire : à l’issue du mandat 2001-2008, 72 % des électeurs en moyenne se disaient satisfaits de son action. Ils n’étaient plus que 63 % à la fin du mandat suivant (2008-2014). À mi-chemin du mandat 2014-2020, la jauge est à 61 %. Indice majeur de cette dégradation, la part des administrés « plutôt mécontents » a quasiment doublé – de 16 à 30 % –, alors que seule la moitié du mandat s’est écoulée. Selon les rédacteurs de cette étude, l’impatience croissante des Français vis-à-vis de la classe politique nationale déteint désormais sur le local. Par ailleurs, comme en témoignent de nombreux élus, le degré d’exigence relative à la qualité des services publics locaux a monté d’un cran. Les temps de réalisation des équipements locaux qui, souvent, ne se concrétisent qu’en fin de mandat, constituent probablement l’une des explications de ce trou d’air dans l’opinion. Ce sont les habitants des villes de plus de 100 000 habitants (47 %), mais aussi des communes rurales (46 %), et des villes de banlieue à niveau modeste (50 %) qui ont le plus à redire sur l’action de leur maire.

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Maurice Leroy, le député de Loir-etCher, ex-ministre de la Ville et ancien maire du village percheron du Poislay (189 habitants au dernier recensement). Nos concitoyens apprécient le dévouement de leur maire mais n’hésitent pas à l’interpeller, et parfois avec beaucoup d’acrimonie, lorsque les affaires de la commune ne sont pas diligentées assez rapidement. De plus en plus fréquemment, les remises en cause s’effectuent au sein même des équipes municipales, au cœur des majorités dont une partie est devenue frondeuse. Elles provoquent des crises violentes qui conduisent dans quelques cas à l’éviction du premier magistrat, comme on a pu l’observer à Monts (37). Élue avec plus de 60 % des voix en 2014, Valérie Guillermic, le maire divers gauche de cette commune de la banlieue tourangelle, a été renversée par son propre camp puis battue par son ancien premier adjoint, à l’occasion de l’élection partielle de juin dernier. En Touraine, c’est même une véritable épidémie de crises municipales qui a sévi ces derniers mois à la Membrolle-sur-Choisille (lire, à ce sujet, page 18), à l’Île-Bouchard… Ces épisodes ont parfois donné lieu à des altercations physiques comme à Chanceaux-sur-Choisille où le maire


CĂŠdric de Oliveira

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Points Chauds

Politique

et son premier adjoint se sont physiquement écharpés : « Une fois en place, certains maires s’installent en terrain conquis et adoptent des postures très autoritaires. L’amateurisme et la peur de mal faire sont souvent à l’origine de ces épisodes électriques », juge, désabusé , cet ancien adjoint au maire. Il faut se rendre à l’évidence, sauf pour quelques passionnés qui se dévouent à la chose publique, la fonction municipale, lorsqu’elle est exercée dans la strate des petites communes, ne fait plus vraiment recette : « Beaucoup de maires, sans doute plus que d’habitude, ne se représenteront pas en 2020 ! », lâche ainsi Vanik Berberian. Ce sentiment est corroboré par une consultation menée en début d’année par un groupe de travail sénatorial. Au total, 9 800 élus communaux, dont 4 200 maires, ont été sondés. Les résultats sont édifiants : 45,04 % des répondants envisagent de quitter l’action publique à l’issue du mandat. Parmi les raisons les plus fréquemment évoquées figure le temps accordé à

Cédric de Oliveira, maire de Fondettes (37)

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Combien gagnent-ils ? La question de la rémunération des élus est un sujet qui nourrit tous les fantasmes et toutes les approximations. Une chose semble toutefois attestée à l’analyse de la grille fixée par le code général des collectivités territoriales, ce n’est sûrement pas l’appât du gain qui guide les vocations des élus locaux, en particulier ceux des plus petites communes. L’indemnité des maires s’échelonne de 658 € bruts pour les communes de moins de 500 habitants à 5 612 € bruts pour les maires des très grandes villes françaises comme Lyon, Marseille ou Paris. La France ne comptant que 910 communes de plus de 10 000 habitants, seuls les maires de ces dernières dépassent le seuil indemnitaire des 2 128 € bruts mensuels. Pour les communes de la strate 500 à 999 habitants – sans doute celle où se concentrent le plus de difficultés évoquées dans notre enquête –, le montant de l’indemnité s’établit à 1 199,89 € bruts mensuel. Pas de quoi pavoiser. Le montant attribué aux adjoints n’est guère plus attractif : 255,46 € pour les communes de moins de 500 habitants, 319,33 € pour les adjoints de la strate comprise entre 500 et 999 habitants. Les conseillers municipaux sont soumis au régime sec. Seuls ceux qui ont été élus dans les villes de plus de 100 000 habitants perçoivent un peu de la manne publique, soit 232,24 €.

la politique au détriment de la vie privée (27,10 %). Le degré d’exigence des citoyens (13,38 %), la conciliation du mandat avec la vie professionnelle (13,64 %), le risque juridique et pénal (12,65 %) et le poids des responsabilités (12,29 %) constituent les autres motifs de démobilisation, cités. « Je vous confirme mon inquiétude pour le prochain mandat », nous indique Cédric de Oliveira, élu maire de Fondettes à vingt-sept ans et président de l’Association des maires d’Indre-et-Loire trois ans plus tard : « Beaucoup d’élus de territoires ruraux me confient, en effet, qu’ils envisagent de jeter l’éponge en 2020. Nous allons être confrontés à un problème de renouvellement des équipes. » Selon le benjamin des maires d’Indre-et-Loire, « la faute en revient largement aux politiques gouvernementales qui se sont évertuées, ces dernières années, à réduire les moyens des municipalités en baissant régulièrement la dotation globale de fonctionnement (DGF). Pour le cas de Fondettes (11 000 habitants), cela a correspondu à une diminution de 1,4 M€ en quatre ans pour un budget

d’une vingtaine de millions d’euros ». C’est une donnée que répètent à l’envi les représentants des élus : nos collectivités, et notamment les plus fragiles d’entre elles, seraient « à l’os » ! Et cette situation suscite beaucoup de désarroi. Les maires, particulièrement ceux des territoires ruraux, doivent assumer auprès de leurs concitoyens la dégradation des services publics de proximité. « La simple réduction de l’amplitude horaire des mairies est un crèvecœur », souligne le maire de Fondettes. À la pusillanimité de l’État s’ajoute la modicité des indemnités accordées aux élus des petites communes (voir ci-dessus). La logique qui les anime « est celle d’un sacerdoce laïque. Ils ne s’impliquent pas dans ce job pour arrondir leurs fins de mois. Ils se mettent avant tout au service de l’intérêt général et de leurs voisins ». L’engagement personnel est souvent très intense et s’accommode mal avec les remises en cause, surtout si elles sont formulées avec un peu trop de vivacité. Malheureusement, la modicité de la rémunération des maires constitue un bien mauvais


argument pour les citoyens de base. Pour ces derniers, l’engagement municipal est « par essence désintéressé », explique Rémy Le Saout, maître de conférences en sociologie à l’université de Nantes. Et toute revendication à cet égard est vécue comme une forme de trahison. De nombreux élus auraient aussi très mal vécu la réorganisation de la carte territoriale, certaines petites communes se sentant noyées dans des intercommunalités renforcées. « On a imposé les choses d’en haut. Cette réforme s’est parfois traduite par une politisation des intercommunalités, ce qui ne correspond pas du tout aux attentes des élus de terrain qui sont, avant tout, des gens de bon sens », soutient Cédric de Oliveira. « Je suis atterré d’entendre des députés LREM demander le regroupement de communes car des maires démissionneraient en masse », indiquait ainsi début août le député et ancien maire d’Alfortville (94) Luc Carvounas dans un tweet exaspéré : « Ils le font car Macron leur enlève des moyens. LREM a décidé de changer la carte de France sur son seul caprice. » « Au final, il faut redonner de la capacité d’agir aux maires des petites communes en desserrant la contrainte financière, mais aussi en allégeant la pression réglementaire et normative qui pèse sur leurs épaules de façon insupportable », soutient Vanik Berberian. Sinon, frustrés, privés de ressources

ou sommés de sacrifier leur identité et leur autonomie, les maires vont perdre définitivement la foi. Verra-t-on une forme de vacance municipale s’ajouter à d’autres formes de déshérence ? Déjà privés de médecins, les habitants des territoires vont ils peiner à se doter d’élus motivés et impliqués ? « Il ne faut pas non plus exagérer le phénomène, tempère Cédric de Oliveira. La réalité est plus nuancée. Une grande majorité de maires continuent à agir au quotidien avec dévouement. Le registre, c’est en effet celui de la vocation. Et je suis la preuve qu’elle continue à susciter de beaux parcours municipaux. » Mais encore faut-il que les élus se préparent techniquement et psychologiquement aux missions qui

leur incomberont. La plupart des représentants des maisons des maires estiment ainsi que les futurs premiers magistrats « s’engagent encore trop souvent la fleur au fusil. » Le métier de maire « est celui d’un manager territorial dont il faut comprendre tous les leviers et les ressorts. Il passe avant toute chose par la conception d’un véritable projet et d’un contrat de mandature avec ses électeurs et ses concitoyens ». Par ailleurs, on ne recommandera jamais suffisamment aux maires et aux élus de s’accorder du temps pour se former – des droits et des financements leur sont attribués en la matière – aux arcanes d’une gestion municipale marquée par la complexité et la technicité. Jean-Christophe Savattier

L’AMF demande un fonds d’urgence Devant la baisse des ressources publiques et notamment de la dotation globale de fonctionnement (DGF) qui a impacté 16 745 communes (47 % du total), à laquelle s’est ajoutée la baisse des dotations de péréquation (8 000 communes touchées), l’Association des maires de France (AMF) tire la sonnette d’alarme. Elle a demandé à la mi-juillet la création d’un fonds spécial d’urgence qui s’adressera en priorité aux 3 523 communes les plus en difficultés, « majoritairement des communes rurales, de petite taille et à faible potentiel financier », précise l’AMF qui souligne le profond décalage entre les mesures gouvernementales et « les messages diffusés depuis plusieurs mois par l’État sur l’arrêt des baisses de dotations et la préservation de communes rurales ». L’AMF a également demandé une étude d’impact pour mesurer les conséquences de la modification de la carte intercommunale sur la répartition de la DGF 2019.

La Lettre Valloire - Septembre 2018 13


Points Chauds

Politique

Le maire aux abois les Impuissant à empêcher l’installation répétée de gens du voyage sur sa commune, le maire de Donnery (45) Daniel Chaufton a présenté sa démission au préfet cet été. Ce dernier l’a refusée.

U

n fort sentiment d’impuissance mêlé à de la colère. Voilà ce qui a décidé Daniel Chaufton, maire de Donnery, à remettre son écharpe tricolore au préfet du Loiret, le 6 août dernier. Le sujet sur lequel le maire de cette commune de 2 800 habitants s’est cassé les dents remplit régulièrement les colonnes de la presse locale : l’installation illégale des gens du voyage sur des terrains communaux. En l’occurrence, c’est sur le stade de foot municipal que des dizaines de caravanes prennent régulièrement place, sans que le maire ne puisse s’y opposer. Du moins d’une manière efficace. « Il y a eu une première vague en mai avec 65 caravanes. Une deuxieme en juin avec 5 de plus et une troisième en août avec 150 caravanes cette fois », explique Daniel Chaufton, 69 ans, devenu en 2014 maire de cette bourgade située à une demi-heure d’Orléans « pour donner un coup de main ». Recours en justice, demandes d’intervention des forces de l’ordre, installation de blocs de béton d’une tonne et demi à l’entrée du stade, rien n’y a fait. « Quand on a installé les blocs de bé-

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ton, les caravanes sont entrées par les champs d’à côté. C’était aussi une manière de me narguer. » Puis les caravanes sont revenues en août, plus nombreuses encore. Et le bras de fer a, cette fois, tourné à la capitulation. Cette troisième renonciation a en-

traîné la démission immédiate du maire : « J’avais mis ma voiture au travers de la route pour empêcher l’entrée des caravanes. J’étais en colère, amer, démuni. Plusieurs kilomètres d’embouteillage se sont formés. J’appelais la préfecture toutes les demiheures sans savoir quoi faire. Et je n’avais pas de soutien. Il faisait très chaud et je ne pouvais pas laisser les enfants et les personnes âgées pendant des heures dans les caravanes. En fin d’après-midi, je les ai laissé entrer. Le lendemain, je démissionnais », se souvient Daniel Chaufton. Le maire de Donnery a tenté à plusieurs reprises de trouver des solutions, d’entamer un dialogue constructif avec le pasteur qui fait office de responsable de la communauté des gens du voyage. Sans grand succès. « Il m’est arrivé de signer une convention avec

À 83 ans, le maire de Bondaroy raccroche l’écharpe En janvier, Guy Grivot, 83 ans, s’est séparé de deux titres : celui de maire de la commune de Bondaroy, un îlot rural de 400 habitants encerclé par les grandes plaines céréalières et betteravières de Beauce, et celui de doyen des maires du Loiret. Du coup, seul dans sa cuisine au cœur de l’été, le maire « historique » de Bondaroy trouve le temps bien long. Sa démission, il l’a signée manifestement un peu à contrecœur. « C’est mon deuxième fils qui m’a dit qu’il fallait que j’arrête avec les problèmes de santé de ma femme. Mais maintenant, je ne sais pas où aller », confesse, désœuvré, Guy Grivot. Il faut dire que depuis 1971, cet agriculteur de profession tient les rênes du village et qu’il y a pris goût. « Le téléphone, il tournait. On m’appelait tout le temps », s’amuse-t-il à raconter alors qu’il égrène la longue liste des élus qu’il a vu défiler. Une longévité exceptionnelle qui s’explique par la grande difficulté à trouver une relève. Même ses fils n’ont pas voulu l’assumer. Alors il a « continué à rendre service » parce que « personne ne voulait y aller ». Depuis sa démission, sa première adjointe a pris le relais. Mais Guy Grivot est resté conseiller municipal. Histoire de continuer à « rendre service » et peut-être aussi de « savoir où aller »...


caravanes passent… une date d’arrivée et une date de départ, et afin qu’ils payent les 450 € pour une benne à ordure de 30 m3. ». Pour autant, les installations successives, et de plus en plus rapprochées, ont eu raison de ces éphémères accords à l’amiable. « Tant que les trois aires de grands passages ne seront pas ouvertes – elles devraient l’être sous peu, NDLR –, nous serons totalement démunis », lâche Daniel Chaufton. Confronté à la désapprobation grandissante de ses administrés qui lui rapportaient les nuisances occasionnées par la présence des gens du voyage, le maire a été placé devant sa propre impuissance. Avec la crainte de passer pour pusillanime aux yeux des habitants : « Je n’avais pas envie de raser les murs. Les gens pouvaient croire

que je cautionnais finalement leur venue et que je leur racontais des blagues. Et puis je ne voulais pas que les choses s’enveniment avec les gens du voyage. J’étais seul avec mon adjoint face à un problème qui nous dépassait. »

devant une problématique qui relève pourtant de sa compétence. À Donnery, une pétition en ligne de soutien a recueilli plus de 200 signatures en quelques jours seulement. Et puis, début septembre, comme il s’y attendait un peu, le maire de Donnery a

“ J’APPELAIS LA PRÉFECTURE TOUTES LES DEMI-HEURES SANS SAVOIR QUOI FAIRE Après avoir posé sa démission sur le bureau du préfet, le maire de Donnery a reçu de nombreux témoignages de solidarité de la part d’autres élus placés, un jour ou l’autre, devant la même impasse. Le président des maires du Loiret lui a également fait part de son soutien, dénonçant l’inertie de l’État

reçu une fin de non-recevoir de la part du préfet. En clair, il doit conserver son fauteuil de maire. Une décision que l’intéressé prend comme un encouragement à poursuivre son action locale : « Il reste de beaux projets à mener, alors… », lâche-t-il, sourire aux lèvres. Anthony Gautier

Jean-Luc Gary (SNCF Réseau)

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Points Chauds

Politique

« Depuis ma démission

ça va beaucoup mieux »

Après deux ans de mandat à Poupry, petite commune de 100 âmes en Eure-et-Loir, Damien François est retourné aux champs. Depuis, il revit.

D

amien François décrit un cauchemar. Un cauchemar qui a duré deux ans, de mars 2014 à mars 2016. « Depuis ma démission, ça va beaucoup mieux, je revis. Je commençais à déprimer et toute ma famille allait mal. Je ne voyais presque plus ma femme et mon fils. J’avais la boule au ventre quand j’allais à la mairie », témoigne ce solide agriculteur de 43 ans, marié et père d’un petit garçon. Élu maire du village de Poupry, au cœur de la Beauce eurélienne, faute d’autres candidatures et sans jamais l’avoir souhaité, il a eu le sentiment petit à petit de se retrouver piégé dans un rôle aucunement fait pour lui : « Je ne suis pas quel-qu’un q u i

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aime le pouvoir. Après avoir été conseiller municipal, j’avais accepté d’être maire pour dépanner et à condition d’avoir trois adjoints pour m’aider car j’ai ma ferme et 140 hectares à cultiver ». Si, durant les premiers mois de son mandat, Damien François a eu à cœur de faire œuvre utile et l’impression de pouvoir concilier son activité professionnelle et ses responsabilités électives, la réalité du terrain l’a rapidement rattrapé. Et de manière implacable. « C’est devenu conflictuel avec une adjointe, elle était prof, elle avait plus de temps que moi. Elle faisait beaucoup de choses, c’est vrai, mais dès que j’avais une idée, elle était contre. À la fin, j’avais honte d’être de Poupry au conseil intercommunal car elle était virulente avec tout le monde », lâche Damien François. Au-delà de ces difficultés d’ordre relationnel, il s’est rendu compte que les impératifs de son métier ne pouvaient pas s’accorder avec son mandat de premier magistrat de la commune. Et les quelque 550 € d’indemnités mensuelles n’y changeaient rien. « Cela me prenait trop de temps, deux à trois réunions par semaine à des heures où moi je suis dans les champs. Quand on est agriculteur, les activités dépendent de la météo. Je me souviens d’un repas avec le conseiller départemental qui a fini à 15 h : quand nous sommes sortis du restaurant,

il pleuvait des cordes. J’ai dû faire mon orge deux semaines plus tard ». Au fil des mois, le quadragénaire s’est senti « dépassé » par l’ampleur de la tâche et la nature de celle-ci. « C’était un monde nouveau. On avait un permis de construire pour un bâtiment de stockage avec un tas de normes. C’était des pages et des pages d’écriture. Je n’étais pas formé et mes adjoints non plus. C’était affolant. La première année, on a fait un PLU (Plan local d’urbanisme) avec l’aide de la DDT (Direction départementale des territoires). On a réussi à faire des choses même si la DDT voulait qu’on arrête tout. » Au sentiment de ne pas être à la hauteur des exigences de son mandat se sont donc ajoutées d’importantes difficultés à mener à bien son métier : « J’avais pris un apprenti mais même avec cette aide, je n’y arrivais plus. Pas plus dans les champs qu’avec mes papiers administratifs qui s’entassaient. J’étais perdu », assure Damien François. Et ce, malgré des semaines de plus de 50 heures de labeur. N’y pouvant plus, l’agriculteur a jeté l’éponge après deux ans d’exercice. « J’ai écrit une lettre recommandée au préfet pour lui annoncer ma démission pour des raisons personnelles. Il ne m’a jamais répondu. Je suis resté conseiller municipal pour ne pas embêter les autres mais je ne suis jamais retourné à la mairie. Ça m’a quand même dégoûté », conclut Damien François qui se dit à nouveau « heureux » depuis son retrait complet de la vie politique locale. AG


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Points Chauds

Politique

« Pour que je puisse voir aboutir les projets » Le maire de la Membrolle-sur-Choisille, une commune moyenne du nord de l’agglomération tourangelle, a dû essuyer, tant de la part de ses adversaires que d’une partie de sa majorité, des attaques ad hominem qui l’ont beaucoup marqué. Sébastien Marais envisage néanmoins de se représenter en 2020.

« J’

ai beaucoup souffert et pourtant j’ai le cuir robuste ! » : Sébastien Marais, maire de la Membrolle-sur-Choisille depuis 2014, ne pensait pas être confronté à un climat aussi empoisonné. Ce parfait inconnu du microcosme politique tourangeau, fonctionnaire de police dans une CRS, a réussi à déboulonner le pourtant indéboulonnable Jacques Mérel, premier magistrat de cette comm u n e moyenne (3 200 habitants) du nord de l’agglomération tourangelle depuis… trenteet-un ans. Mais, depuis, il a subi les assauts sans concession de son adversaire direct et de ses partisans… puis ceux, tout aussi violents, d’une partie de sa majorité. Arrivé second au pre-

mier tour en 2014, Sébastien Marais, qui affiche sans détours une sensibilité de droite – et un tempérament très affirmé –, avait passé alliance avec la liste de gauche afin de terrasser le maire en place : « Sans aucune expérience politique, j’ai fait du Macron à mon échelle. Je me situais dans une logique de rassemblement. Nous avons accueilli cinq représentants de cette liste de gauche qui, une fois élus, se sont conduits comme de parfaits opposants en contestant tout ce que nous mettions en place. L’idéologie a repris le dessus. » N’est pas Jupiter qui veut ! Cette crise politique permanente s’est traduite par une succession de démissions individuelles au sein du conseil municipal qui a abouti à l’organisation de nouvelles élections organisées en janvier 2018 : « Mes concitoyens ont tranché puisque j’ai été réélu au premier tour avec plus de 52 % des voix, mais je n’avais pas anticipé la dureté de cette seconde campagne qui intervenait après un début de mandat compliqué. » Les trois camps en lice – celui du maire sortant, les supporters de Jacques Merel qui avait passé le témoin à son fils et la liste de gauche reconstituée – se sont livrés à un combat sans merci où tous les coups ont été portés. « J’ai eu droit à une campagne de diffamation sur ma vie privée, puis sur celle de ma femme à laquelle on a prêté des mœurs légères. La réputation de ma famille a été attaquée, mes enfants

en ont pris pour leur grade. On a détérioré plusieurs fois mon véhicule, j’ai reçu des menaces. Ce fut un tourbillon d’une violence morale et symbolique inouïe », égrène Sébastien Marais qui affirme avoir été profondément marqué par ces épreuves. Tout en reconnaissant avoir « sans doute commis des erreurs », il déplore que l’honneur de sa famille ait été mis dans la balance : « Cela a été très difficile à supporter. Et pourtant mon épouse connaît la musique puisqu’elle occupe les fonctions de directrice générale des services d’une collectivité. » C’est d’ailleurs en accord avec cette supportrice de la première heure qu’il envisage, malgré tout, de briguer un nouveau mandat en 2020. « Je suis peut-être un peu masochiste. Ma famille a été très touchée par ces événements mais c’est elle qui m’encourage aujourd’hui à continuer, ne serait-ce que pour que je puisse voir aboutir les projets que nous sommes en train de lancer. Et puis, il y a tous ces concitoyens qui m’ont soutenu dans ces épreuves… » Sébastien Marais n’en ferait-il pas un peu trop ? Ne serait-il pas tenté de jouer la carte de la victimisation ? « J’en ai gros sur le cœur mais ce n’est pas le sujet », rétorque le premier magistrat de la Membrolle qui assure ne pas rechercher le règlement de comptes : « Je méprise ceux qui m’ont attaqué ad hominem mais je ne leur ferai pas ce plaisir. » Jean-Christophe Savattier



Points Chauds

Politique

Fusions de communes En quatre ans, la pression budgétaire et la loi NOTRe ont réduit le nombre de communes françaises d’un bon millier. Mais la perspective des prochaines élections municipales dissuadent désormais les élus, même les plus téméraires, de s’engager dans des processus de fusions diversement appréciés par la population. Sans compter celles qui tournent au vinaigre, comme à AuneauBleury-St-Symphorien (28).

C

Patrick Michaud, maire de Veigné (37), renonce à une fusion avec sa voisine Montbazon qui semblait pourtant bien engagée.

onséquence de la loi NOTRe et de la pression budgétaire exercée par l’État sur les finances locales, le mouvement initié en 2014 de fusion de communes marque le pas. Il aura néanmoins permis de réduire de 3,6 % le nombre de communes françaises, passé de 36 681 il y a quatre ans à 35 357 aujourd’hui. Néanmoins, à dix-huit mois des prochaines échéances municipales, les élus rechignent à s’engager dans des processus longs, souvent contestés par la population et, parfois, par les conseils municipaux eux-mêmes. Ainsi, dans le Cher, plusieurs projets sont en stand-by : La Celle et BruèreAllichamps, dans le sud du départe-

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ment, veulent attendre le mandat prochain. «Nous avons été élus en 2014 sans parler de fusion », justifie le maire de La Celle (347 habitants). « Ça aurait pu se faire plus tôt, mais tout le monde n’était pas prêt au

Il n’y a pas qu’en milieu rural que les affaires capotent. En Indre-et-Loire, la fusion entre deux communes du sud de l’agglomération tourangelle, Veigné et Montbazon, semblait bien partie pour constituer un ensemble de

“ LES GENS NE SONT PAS PRÊTS. ILS ONT L’IMPRESSION QU’ILS VONT PERDRE L’IDENTITE DE LA COMMUNE

même moment », ajoute celui de Bruère-Allichamps (566 habitants). Plus au sud, à la limite du Cher et de l’Allier, le maire de St-Vitte (134 habitants) est beaucoup moins enclin qu’auparavant à fusionner avec son voisin d’Épineuil-le-Fleuriel (459 habitants) : « Les gens ne sont pas prêts (...) Ils ont l’impression qu’ils vont perdre l’identité de la commune. Et je ne suis peut-être pas prêt moi non plus ». Courageusement, le maire de Châteauneuf-sur-Cher vient pourtant de lancer le processus de fusion avec quatre communes voisines (Venesmes, Chavannes, Serruelles et StSymphorien) pour créer une commune nouvelle de 2 700 habitants. William Pelletier, maire de Châteauneuf, déjà siège de la communauté de communes Arnon Boischaut Cher, dont le bourg représenterait plus de la moitié de la population de la nouvelle collectivité, veut aller vite. Mais ses collègues sont moins pressés et il est peu probable que le projet aboutisse d’ici à 2020.

plus de 10 000 habitants. Mais, désavoué par une partie de son conseil municipal, le maire de la seconde, l’ancien chef d’entreprise Bernard Revêche, a jeté l’éponge fin juin, ajournant la consultation de la population prévue au mois de septembre et reportant le projet à 2020, après des élections municipales où il ne se représentera pas. La décision a suscité le désarroi du maire de la première, l’UDI Patrick Michaud : « Il ne restait plus qu’à finaliser. Tous les chiffres faisaient apparaître un impact minime sur le contribuable. » Pour se marier, il faut être deux. Si le regroupement de Cheverny et CourCheverny au sein d’une commune nouvelle de près de 4 000 habitants aurait du sens, le conseil municipal de la première, qui représente le tiers de la population de la seconde, a émis au mois de mars un avis défavorable, « à l’unanimité », souligne le maire Lionella Gallard, mettant en avant une hausse sensible des taxes sur le foncier et le foncier bâti. Pour-


au point mort tant, à Cour-Cheverny, dont les élus étaient plutôt favorables au projet, on rappelait que vingt-six communes du Loir-et-Cher s’étaient déjà regroupées.

été créée après accord des conseils municipaux de Cloyes-sur-le-Loir et de pas moins de huit communes. Un exemple qui doit beaucoup au volontarisme politique du député Phi-

“ IL N’Y A PAS QU’EN MILIEU RURAL QUE LES AFFAIRES CAPOTENT En Indre-et-Loire, Amboise et Lussault ont rompu leurs fiançailles également en mars, après que leur voisine St-Ouen-les-Vignes eut coupé court au projet engagé avec Montreuil-en-Touraine quelques mois auparavant. En attendant une éventuelle reprise des discussions en 2020... Heureusement, de nombreuses fusions vont à leur terme, comme celle des sept communes du Malesherbois (45). Le Loir-et-Cher est, on l’a vu, l’un des plus actifs dans ce domaine, avec Montrichard et Bourré et la création de Beauce-la-Romaine dès 2016 ou celle, un an plus tard, de Valloire-sur-Cisse, par regroupement de Chouzy-sur-Cisse, Coulanges et Seillac. Forte de dix communes nouvelles, issues de la fusion de trente-quatre communes, l’Eure-et-Loir n’est pas en reste : Cloyes-les-Trois-Rivières a

lippe Vigier, ancien maire de Cloyessur-le-Loir. Les fusions abouties peuvent aussi tourner au pugilat. À Auneau-BleurySt-Symphorien, créée le 1er janvier 2016 par le regroupement d’Auneau (4 200 habitants) et de Bleury-StSymphorien (1 300 habitants), déjà issue de la fusion, quatre ans auparavant, des deux communes éponymes, le torchon brûle entre Michel Scicluna, maire de la commune nouvelle et ancien maire d’Auneau, et une partie de son conseil municipal. Pour une voix (la nouvelle collectivité compte trente-neuf élus), le bloc des vingt « putchistes », qui réunit l’opposition alnéloise et les élus de la commune déléguée de Bleury-StSymphorien, mené par le conseil départemental (LR) Stéphane Lemoine, a mis le maire en minorité sur le vote du budget à deux reprises au mois

d’avril, avant de le priver de ses délégations de pouvoir au mois de juin. La situation semble inextricable, ni le maire, ni le camp majoritaire n’étant disposés à démissionner pour convoquer de nouvelles élections. Un cas de figure heureusement improbable, mais qui n’est pas de nature à rassurer les candidats au regroupement. François-Xavier Beuzon

Michel Scicluna, maire de la nouvelle commune d’AuneauBleury-St-Symphorien (28), a dû adopter profil bas face à une coalition d’opposants devenus majoritaires au conseil municipal.

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Points Chauds

Gestion locale

« Ça risque d’être la panique » À compter du 1er octobre, les marchés publics se dématérialisent. Les collectivités y sont prêtes, les petites entreprises sans doute un peu moins… « À l’échelle de Chartres Métropole, nous avons mis en 2015 une plateforme de dématérialisation pour que les entreprises se familiarisent avec ce fonctionnement. Le site est beaucoup consulté mais les réponses sous forme papier restent encore majoritaires », poursuit Élisabeth Barrault. Pour repère, une ville comme Orléans attribue plus de 500 marchés publics par an, dont la moitié pour la métropole, et reçoit quelque 1 200 candidatures, seulement la moitié sous

la métropole, nous estimons les économies de papier à 170 000 pages en moyenne par an, soit l’équivalent de 340 ramettes et à 100 000 pages pour les entreprises », précise Muriel Sauvegrain. La seule réelle contrainte pour les soumissionnaires, outre celles qui consistent à se créer un compte et se familiariser avec son fonctionnement, réside dans l’acquisition d’une signature électronique et du certificat qui garantit l’identité de l’utilisateur. Et celui-ci coûte entre 70 et 150 € par an. « Il est

“ NOUS DEVONS RASSURER LES ENTREPRISES QUANT À DES BUGS POSSIBLES

Elisabeth Barrault, adjointe au maire de Chartres en charge de la commande publique.

É

lisabeth Barrault, élue de la Ville de Chartres en charge de la commande publique, ne se fait aucune illusion. « Ça risque tout de même d’être la panique », lâchet-elle, réaliste, et ce en dépit de tout ce que la municipalité met en place pour éviter que les chefs d’entreprise ne perdent pied … et patience. Tous néanmoins le savent : à partir du 1er octobre, les marchés publics supérieurs à 25 000 € seront entièrement dématérialisés, autant dire leur quasi totalité. Exit les plis sur support papier pour faire acte de candidature. Ils finiront irrémédiablement à la corbeille.

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forme électronique. Sous peu, elles devront donc toutes l’être. « Pour les petites entreprises, cela risque d’être un peu compliqué au départ, concède Muriel Sauvegrain, adjointe au maire d’Orléans et vice-présidente d’Orléans Métropole. Et ces petites entreprises, généralement du bâtiment, sont indispensables. L’été, nous ne pourrions pas repeindre nos écoles sans tous ces artisans ». Pour les deux élues, les avantages de cette dématérialisation imposée sont nombreux. « Ce sera simple de mettre en ligne les attestations fiscales et sociales », explique Muriel Sauvegrain. « La plateforme est gratuite, et les entreprises feront l’économie des frais d’impression, de livraison ou d’affranchissement », complète Élisabeth Barrault. Sans compter les économies de papier, y compris pour les collectivités. « On réimprime certains documents, comme un plan d’architecte ou de voirie. Mais, globalement, les économies sont importantes : pour la Ville d’Orléans et

important d’anticiper car il faut compter de quinze jours à un mois pour l’obtenir, prévient Élisabeth Barrault. Mais notre plateforme offre la possibilité de commander en ligne le certificat et de le retirer ensuite aux différents greffes de tribunaux de commerce. » Si les deux élues sont persuadées que cette dématérialisation va simplifier à terme la vie des entreprises, elles savent que les collectivités auront à faire œuvre de pédagogie : « Nous devons les rassurer quant à des bugs possibles ou des délais de téléchargement, car c’est l’heure de téléchargement qui vaudra dépôt de l’offre. Nous avons mis en place un espace d’échanges et une hotline pour répondre à toutes les questions », explique l’élue chartraine. « Ça marche bien, c’est sécurisé, les plateformes sont fonctionnelles, mais il faut que les entreprises aient des ordinateurs de qualité », conclut l’adjointe au maire d’Orléans. Rien n’arrête la révolution numérique… Anthony Gautier


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Économie

En bref

NOVO NORDISK CONTINUE À CROÎTRE À CHARTRES L’usine chartraine de la pharma danoise Novo Nordisk, spécialiste du traitement du diabète, a lancé une campagne de recrutement d’une centaine de salariés qui viendront s’ajouter à ses 1 200 collaborateurs. Une première vague s’attachera à recruter une cinquantaine d’opérateurs, tandis que la seconde sera dédiée à l’embauche d’ingénieurs spécialisés dans le traitement de l’air, les process, le bâtiment et l’informatique. Ces ressources accompagneront le développement capacitaire de l’usine. Le groupe a aussi mis à l’étude un projet d’extension qui permettra d’accueillir deux nouvelles lignes. Le gabarit exact de ce programme, dont la mise en service est prévue pour 2021, n’est pas encore arrêté.

GUYARD PRÉVOIT DE S’ÉTENDRE À VILLEDIEU-SUR-INDRE La société Guyard, un fabricant et négociant de vêtements de protection installé aujourd’hui à Moulins-sur-Céphons, près de Châteauroux (36), engage un programme de transfert-extension. L’entreprise (environ 10 M€ de CA, une vingtaine de salariés) vient d’acquérir un terrain sur la ZA de Villedieu-Niherne, distante d’une dizaine de kilomètres, où elle prévoit de lancer la construction d’un bâtiment d’environ 4 000 m². Le transfert des activités ne sera pas achevé avant le premier semestre 2020.

ISA GROUPE VA CONDITIONNER DES LÉGUMES À AUBIGNY Le groupement d’économie solidaire (GES) et d’insertion par l’emploi Isa Groupe (une vingtaine de permanents), à Aubigny-sur-Nère (18), envisage de se doter d’une unité de transformation et de conditionnement de légumes anciens qui viendrait en appui de ses activités de maraîchage abritées au sein d’Isa Entraide, l’une des composantes du GES. L’unité s’installerait sur la ZA du

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Guidon à Aubigny-sur-Nère ; l’investissement devrait s’élever à 1,5 M€ et susciter la création d’une vingtaine d’emplois.

sur le nouveau pôle économique Cosmetic Park de Boigny-sur-Bionne (45). La filiale du groupe LVMH a lancé au printemps une importante campagne de recrutement avec 250 postes à pourvoir.

salariés appartenant à l’ex-cellule de R&D de Philips Eclairage à LamotteBeuvron (41), va s’installer sur la ZA de la commune solognote dans l’ancien bâtiment de Sologne Graphic. Sammode, qui vient de reprendre l’allemand Hoffmeister et ses 125 salariés de Schalksmühle et de Berlin, est spécialisé dans les éclairages techniques et industriels en milieu extrême.

À Neuville-aux-Bois (45), le fabricant de papier ondulé et de carton compact DS

SAMMODE S’INSTALLE CHEZ SOLOGNE GRAPHIC À LAMOTTE DS SMITH Le vosgien Sammode, S’ÉTEND À NEUVILLEqui avait repris en janvier AUX-BOIS dernier une dizaine de

DIOR S’AGRANDIT À ST-JEAN-DE-BRAYE Les Parfums Christian Dior vont engager une extension de 6 000 m² de leurs installations de production sur le site de St-Jean-deBraye (45), permettant ainsi de doubler la surface des ateliers parfumants et de la cave à parfums. Une partie du stock sera transférée

Smith Packaging Consumer devrait prochainement engager une extension de ses locaux et donc de ses capacités productives. Les dirigeants de ce site de 16 000 m², qui emploie environ 110 salariés, viennent de déposer une demande de permis de construire portant sur une extension de 1 800 m² des locaux de production.

PORTE DE TOURAINE S’ÉTEND À AUTRÈCHE

Après un démarrage timide, le parc d’activités Porte de Touraine, à Autrèche (37), décolle enfin. Pas moins de quatre projets totalisant 4,5 ha d’emprise foncière vont sortir de terre, dont celui de l’entreprise Cogir (groupe Exacompta) de Château-Renault (37) pour une base logistique. Du coup, la communauté de communes du Castelrenaudais va lancer une procédure de ZAC pour une extension de 16 ha cessibles à proximité de l’échangeur autoroutier de l’A10.

LEDGER CAPITALISE À VIERZON

Ledger (solutions de sécurisation des cryptomonnaies) a obtenu le permis de construire d’un bâtiment de 4 000 m² sur le parc technologique de Vierzon (18). Cet investissement de quelque 7 M€ permettra à l’entreprise (120 salariés) d’étoffer rapidement son effectif. À court terme, Ledger pourrait rapidement créer une quarantaine d’emplois sur le site berrichon. Le fondateur de Ledger Éric Larchevêque (notre photo) dispose d’une réserve foncière de plus de 2 ha, ce qui lui permet d’envisager sereinement d’autres agrandissements. Ces projets seraient susceptibles de créer une centaine d’emplois supplémentaires.


La CCI du Loiret

dans ses murs en mars

L’immeuble Citévolia est en cours de construction dans le quartier d’affaires Interives.

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itévolia, le futur siège social de la CCI du Loiret, sera le premier bâtiment du quartier d’affaires Interives de Fleury-les-Aubrais à sortir de terre. Alain Jumeau, le président de l’établissement consulaire, n’est d’ailleurs pas mécontent d’ouvrir ainsi la voie. « Alors que certains remettent en cause notre rôle, il était important de démontrer que la CCI a un rôle de tout premier plan à jouer dans la naissance d’un quartier au cœur du développement économique métropolitain », confie-t-il. « Et puis vous savez que la zone Rivierre-Casalis, où Interives s’implante, était la première zone industrielle française conçue par une CCI. Historiquement, le relais est donc passé aussi », souligne-t-il en-

core. La livraison de cet immeuble de 7 000 m2 en forme de U, dont les surfaces sont réparties sur cinq étages et les deux ailes reliées par des passerelles vitrées, aura lieu le 31 mars 2019 ; son coût est estimé à 15 M€. La CCI du Loiret et ses partenaires, la CCI régionale et Loire&Orléans Éco, occuperont 5 000 m2 de l’ensemble. « Nous serons une centaine de personnes à travailler dans le même bâtiment avec une mutualisation de l’accueil », précise Alain Jumeau qui a proposé cet été au personnel qui le souhaitait une visite guidée du chantier avant que le gros œuvre ne soit achevé. « Les réactions ont été très positives et le bâtiment s’annonce comme la tête de pont de ce nouveau quartier », assure Alain Jumeau. Un

quartier qui, d’ici à quatre ans, devrait accueillir quelque 400 logements, un hôtel, 40 000 m2 de bureaux et 2 500 m2 de commerces. « L’implantation va séduire les entreprises régionales mais aussi, on l’espère, celles de la région parisienne », conclut, optimiste, le président de la CCI du Loiret.

Alain Jumeau, MarieAgnès Linguet et Olivier Carré à la pose de la première pierre de Citévolia.

AG

La Lettre Valloire - Septembre 2018 27


Économie

Industrie

Des startups très spéciales investissent le Lab’O

Spécialisées dans la sécurisation des liaisons militaires et les drones, cinq startups créées par d’anciens membres des forces spéciales occupent un étage de l’incubateur orléanais.

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Un responsable d’Extrem Drone présente deux appareils à Olivier Carré, président d’Orléans Métropole, Olivier Taprest, major général de l’Armée de l’air et Gilles Rouby, président du Lorias.

aché derrière ses lunettes noires, le général Gilles Rouby avait tout l’air d’un agent secret en accueillant le major général de l’Armée de l’air sur le site du Lab’O, l’incubateur numérique orléanais. Involontairement (il s’agissait d’une gêne oculaire passagère), l’ancien représentant de la France auprès de l’Otan et de l’Union européenne créait l’ambiance d’une visite consacrée à des activités de haute technologie militaire, classées « confidentiel défense ». Depuis le début de l’année, une plateforme de 400 m2 du Lab’O abrite cinq startups qui ont toutes la particularité d’avoir été créées par des anciens membres des forces spéciales. La proximité de la base aérienne de Bricy, où est stationnée une unité de ces militaires d’élite, n’y est pas étrangère. Leur commandant, celui de Bricy et de nombreux officiers de l’État-major de l’Armée de l’air accompagnaient d’ailleurs la délégation. Ces cinq jeunes pousses très spé-

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ciales ont été regroupées au sein d’une structure administrative portant un acronyme dont les militaires ont le secret : Lorias pour Laboratoire opérationnel de recherche sur l’intégration des données air-surface. En clair, il s’agit de concevoir et développer des dispositifs permettant d’assurer l’efficacité, la fiabilité et la sécurité des liaisons entre les troupes

le d’accès de bâtiment, de surveillance de température et de déplacements. Le rapprochement de ces deux structures a déjà donné lieu à des synergies avec la création d’un modèle de serrure électronique connectée pour les vitrines de bijouterie. Même si elles sont prioritairement à vocation militaire, les startups du Lo-

“ CONCEVOIR DES DISPOSITIFS DE LIAISON ENTRE LES TROUPES AU SOL ET LE SOUTIEN AÉRIEN d’action au sol et le soutien aérien. C’est le métier des trois sociétés fondatrices du Lorias : Impact, Geoide Crypto&Com et Extrem Drone. Impact développe des systèmes de communication de pointe et notamment le logiciel de cartographie dynamique Delta Suite. Geoide s’intéresse plus particulièrement aux solutions de cryptage et de création de réseaux de sécurité intelligente. Comme son nom le laisse supposer, Extrem Drone élabore des engins aériens capables de surveiller, de créer une modélisation en trois dimensions, de voir sous une épaisse végétation ou d’emporter des charges lourdes. Les trois fondateurs ont été rejoints par Aderanet et 3ZA Engineering. Aderanet est spécialisée dans les solutions globales de sécurité pour sites sensibles. Elle équipe notamment les parloirs de prison et les greffes des tribunaux. De son côté, 3ZA intervient dans le domaine de la sécurité avec des systèmes de contrô-

rias ne s’interdisent pas de travailler pour le civil. Ainsi, le logiciel Delta Suite intéresse les pompiers et ce sont des appareils d’Extrem Drone qui ont surveillé le dernier concert des Rolling Stones au Stade de France. « Les écosystèmes ouverts sont les plus innovants et les plus productifs », a estimé Olivier Carré, président d’Orléans Métropole, en annonçant qu’il était possible d’étendre la surface mise à disposition jusqu’à 1 400 m2. « Nous avons besoin de startups pour bousculer nos modèles et créer des solutions originales », a souligné de son côté Olivier Taprest, major général de l’Armée de l’air, en ouvrant la porte à des partenariats avec les PME. Le général Rouby, qui préside le Lorias, a indiqué qu’une réflexion était en cours pour l’intégration de « briques supplémentaires » dédiées à l’intelligence artificielle. Un Lab’O aux allures de CIA ? Peut-être pour Bruno Villeneuve demain… !


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Industrie

Économie

Decomatic

reprend de l’altitude

L’industriel Philippe Tréhoux, qui fut l’artisan du développement de Metrotech à Vendôme et du redémarrage de DEC à Cormenon, vient de reprendre à la barre du tribunal de commerce Decomatic à Ste-Maure-de-Touraine. Le redressement de ce fabricant de pièces de fixation pour l’aéronautique et le spatial est déjà engagé.

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nstallé à Ste-Maure-de-Touraine (37), le fabricant de visserie et de pièces de fixation pour les donneurs d’ordre de l’aéronautique, de la défense et du spatial Decomatic a bien failli… définitivement dévisser. Frappée par le retournement du marché de l’hélicoptère militaire qui représentait 70 % de son CA, la société, qui compte Airbus Helicopters parmi ses principaux clients, s’est trouvée dans une situation délicate et n’a pu échapper au redressement judiciaire en octobre 2017. Heureusement, elle s’est trouvée un sauveur providentiel en la personne de Philippe Tréhoux. Le 29 juin, ce dernier faisait adopter par le tribunal un plan de cession des actifs et la reprise de 37 des 44 salariés. La confiance des juges consulaires se comprend. Le CV du repreneur a de quoi impressionner ! Philippe Tréhoux collectionne les succès comme le développement fulgurant de la société vendômoise Métrotech, devenue Trescal après avoir été Philippe Tréhoux

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cédée au groupe Air Liquide. « C’est aujourd’hui, avec 3 500 salariés, l’un des leaders mondiaux du marché des instruments de contrôle et d’étalonnage », rappelle Philipe Tréhoux avec une légitime fierté.

En outre, « Decomatic est positionnée sur un marché atomisé où une nécessaire consolidation devra être menée », se réjouit Philippe Tréhoux qui a déjà mis à l’étude des projets d’acquisition.

“ J’AVAIS QUITTÉ AALBERTS POUR PRENDRE UN PEU DE RECUL… MAIS JE COMMENÇAIS A M’ENNUYER Après son départ de Trescal et à l’issue d’un congé sabbatique, il a été aussi l’artisan en 2007 de la renaissance de la DEC (Dépôts Electrolytiques et Chimiques) à Cormenon (41), une entreprise de traitement de surface qu’il a revendu en 2011 à Aalberts Industrie, devenant au passage directeur des opérations pour l’Europe du groupe néerlandais. « J’avais quitté Aalberts en 2016 pour prendre un peu de recul… mais je commençais à m’ennuyer », sourit Philippe Tréhoux qui, à 57 ans, a donc décidé « de rependre du service ». À ses yeux, Decomatic possède tous les atouts permettant d’anticiper un redressement rapide : « L’entreprise avait été malmenée par les aléas du marché, mais elle dispose d’une expertise forte sur des métiers et des marchés différenciants. Son crédit n’était pas entamé auprès de ses clients, parmi lesquels tous les grands du secteur (Airbus, Safran, Dassault, MBDA, Thalès, etc.) pour lesquels elle intervient parfois en tant qu’opérateur de rang 1 ».

Mais chaque chose en son temps. Après avoir engagé quelque 2 M€ dans cette nouvelle aventure (1 M€ pour faire aux besoins de trésorerie et autant dans l’achat de nouveaux équipements), il souhaite engager une profonde réorganisation : « Nous devons travailler sur les flux industriels, être irréprochables sur les délais. Il faut aussi finaliser le paramétrage de l’ERP qui a été déployé. » Le nouveau propriétaire va également s’employer à rassurer définitivement les clients qui semblent déjà avoir très favorablement apprécié l’arrivée de cette figure de l’industrie aéronautique aux manettes. « Nous avons réussi l’un des meilleurs mois d’août de ces dernières années », se félicite Ludovic Fouillard, le directeur du site auquel Philippe Tréhoux a confié la direction de l’entreprise : « L’objectif, c’est de revenir d’ici à trois ans à un niveau de CA avoisinant les 7 M€. Avant de viser sans doute beaucoup plus haut. » Jean-Christophe Savattier


Dreux est redevenue

une place forte d’Ipsen

Au bord du gouffre en 2012, l’usine drouaise des laboratoires Ipsen a repris une place de choix au sein du dispositif industriel de la pharma française. Le site vient d’accroître ses capacités de développement d’un tiers au prix d’un investissement de 25 M€. Le programme a généré la création d’une cinquantaine d’emplois.

L’

usine drouaise des laboratoires Ipsen revient de loin ! Ce site de 500 salariés qui a failli être cédé – ou fermé ! – en 2012 en raison de l’atonie de l’activité de la division médecine générale de la pharma française, a de nouveau fière allure. Sauvé par le regain des ventes sur les marchés émergents, l’établissement est manifestement devenu une place forte de son dispositif industriel. Il produit chaque année

Opérationnel depuis la fin de l’année dernière et accueilli dans un nouveau bâtiment de 2 000 m2, ce centre a requis un investissement de quelque 25 M€. « Ce n’est pas une unité de recherche et de découverte de nouvelles molécules, explique Didier Véron. La plateforme se consacre au développement de produits de spécialités qui composent aujourd’hui le principal gisement de croissance d’Ipsen. »

“ OPÉRATIONNEL DEPUIS LA FIN DE L’ANNÉE DERNIÈRE, LE CENTRE DE DÉVELOPPEMENT A REQUIS UN INVESTISSEMENT DE QUELQUE 25 M€. 65 millions de boîtes de médicament, soit la quasi totalité de la gamme de santé familiale sous forme orale, dont le fameux Smecta. « Aussi importantes soient-elles, ces capacités de production ne constituent pas le seul atout de notre plateforme », précise Didier Véron, senior vice-president d’Ipsen en charge des affaires publiques. « Cette dernière, très orientée vers l’export (80 % des volumes), est aussi et peut-être avant tout un centre mondial de développement de nos nouveaux produits » : c’est ce qu’a constaté en juillet dernier la ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal, invitée à l’inauguration des nouvelles capacités d’une unité spécifique qui emploie aujourd’hui une petite centaine de collaborateurs.

Ses équipes, qui bénéficient d’équipements de très haut niveau, notamment dans le domaine de la chromatographie – une technologie qui permet de séparer et de caractériser des substances chimiques – mènent en parallèle une dizaine de projets, notamment dans le domaine de l’oncologie et des maladies rares. Les travaux viennent en support des études cliniques (essais des candidats médicaments sur l’homme, NDLR) afin d’obtenir les précieuses autorisations de mise sur le marché : « Le centre de développement drouais a acquis une forte expertise dans les autogels, une forme injectable spécifique que nous employons pour la Somatuline, un traitement de l’acromégalie et de certaines tumeurs neuroendrocrines. Mais il est aussi très

engagé dans le développement de formes galéniques plus classiques comme les injectables stériles, les produits topiques ou lyophilisés », ajoute Didier Véron. Après avoir permis une augmentation des capacités de développement de plus de 30 %, l’unité, qui accompagne également la gestion du cycle de vie des produits de santé familiale d’Ipsen, constitue un élément majeur de différenciation et d’attractivité de l’usine au sein de l’appareil industriel du groupe. L’unité drouaise dispose d’un profil plutôt polyvalent : elle s’appuie sur d’importantes activités de sous-traitance en production et développement qui représentent environ 20 % de ses ventes. Le site accueille également un hub de distribution qui dessert l’ensemble des marchés internationaux. De quoi faire de cet ensemble industriel le premier employeur privé de l’agglomération drouaise.

Les dirigeants de l’usine Ipsen de Dreux (Didier Véron est à gauche) aux côtés de la ministre Frédérique Vidal et de la préfète d’Eure-et-Loir Sophie Brocas.

JCS

- Septembre - Juin 2018 31 La Lettre La Lettre Valloire Valloire


Économie

Industrie

L’affaire est dans le sac pour Vuitton à Vendôme Le leader mondial de la maroquinerie de luxe Louis Vuitton va installer un atelier de confection en plein cœur de Vendôme.

L’immeuble de la Maison Louis Vuitton inauguré en octobre 2017 au 2 de la prestigieuse place Vendôme, dans le 1er arrondissement parisien.

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n ne dira jamais à quel point la marque de territoire est devenue un atout incontournable du développement économique. Vendôme vient de le prouver en annonçant l’arrivée du prestigieux maroquinier Vuitton sur son sol. C’est en début d’année que cette société, à l’origine du n°1 mondial des industries du luxe LVMH (pour Louis Vuitton Moët Hennessy), a pris contact avec la commune afin d’y installer des ateliers de production et des bureaux. Et jouer ainsi sur l’homonymie entre Vendôme et l’adresse de la plus prestigieuse de ses boutiques parisiennes, au 2 de la place Vendôme. Son choix s’est porté sur deux bâtiments du quartier Rochambeau, en plein cœur de la cité loir-et-chérienne. Dans un premier bâtiment (A), classé à l’inventaire des monuments historiques, il a opté pour 2 557 m2 abritant une partie du musée de la ville ainsi que des services de la communauté d’agglomération Territoires Vendômois. Le groupe a

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ajouté l’intégralité d’un second bâtiment (D), en cours d’inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, pour une surface de 853 m2. Le tout sera vendu, sous réserve des clauses suspensives propres à tout bien relevant du domaine public, un peu plus de 1 M€. Lors d’une seconde vente, Louis Vuitton acquerra pour ses besoins futurs la partie restante du bâtiment A, soit environ 880 m2 actuellement occupés par le musée, ainsi que le passage public reliant la cour du cloître au quartier Rochambeau ; le tout, estimé à 670 000 €, devra être libéré lorsque le musée sera relocalisé dans un bâtiment proche. Les promesses de vente seront signées concomitamment, le maroquinier conditionnant la première vente à la seconde. En parallèle, la commune de Vendôme s’est engagée à réaliser un parking à l’usage exclusif du personnel

de la filiale de LVMH, réalisé par Marmion Travaux Publics (lire ci-dessous). Et à céder, pour 10 000 €, une partie de la propriété de la marque « Vendôme », celle correspondant à la classe 18 de l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi) qui couvre tous les produits liés au travail du cuir. Si la Fabrique de Maroquinerie Louis Vuitton – « la plus grande marque de luxe au monde », selon son pdg Bernard Arnault – se veut très discrète sur ses intentions à Vendôme, on peut imaginer qu’elle n’achète pas près de 4 500 m2 pour y faire de la figuration. Installé dans le Berry depuis la fin des années quatre-vingt et le rachat de La Maroquinerie de l’Indre et de ses usines d’Issoudun et de Condé – environ 500 salariés au total –, Louis Vuitton consolide ainsi sa présence régionale. François-Xavier Beuzon

Vuitton donne du travail aux entreprises vendômoises L’arrivée du géant du luxe a déjà des effets positifs sur le tissu économique vendômois. L’entreprise Marmion Travaux Publics a remporté en début d’année le marché d’aménagement extérieur du bâtiment Régence qu’occupera Louis Vuitton. Les travaux de terrassement, construction du parking et d’aménagement des espaces verts ont débuté au printemps et se termineront dans le courant de l’automne. Le petit groupe d’entreprises dirigées par Éric Marmion, constitué des Transports Marmion (35 salariés) et de Marmion Travaux Publics (20 salariés) va quitter d’ici un à deux ans ses locaux de l’avenue Ronsard, à Vendôme, pour s’installer à Naveil. L’entreprise va, en effet, acquérir une parcelle de 5 ha sur la ZA de La Bourchardière ; elle y transfèrera, après les travaux de construction, l’ensemble de ses activités.


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Économie

Commerce

Bataille de chiffonniers Le projet de village des marques de Sorigny, au sud de Tours, n’a pas réussi son premier examen de passage en commission départementale d’aménagement commercial (CDAC), le 16 juillet. Un recours a été déposé par l’investisseur devant la commission nationale. La bataille sera longue et indécise pour imposer une idée qui n’est pas aussi néfaste pour le commerce existant qu’on le prétend.

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McArthurGlen a dû batailler six ans avant d’ouvrir son village de Miramas (13).

ouvé par Alain Esnault, le président de la communauté de communes Touraine Vallée de l’Indre, le projet de village des marques porté par la filiale européenne de l’opérateur américain Torg (pour The Outlet Resource Group) n’a pas réussi son premier examen de passage. Le 16 juillet, le dossier Val de Loire Market (150 à 200 boutiques sur la zone d’activités Isoparc de Sorigny, au sud de Tours) était rejeté – de justesse – en commission départementale d’aménagement commercial (CDAC) par 9 voix contre, 7 pour et 1 absention. Le 23 août, l’investisseur déposait un recours en commission nationale (CNAC), qui a un délai de quatre mois pour trancher. En cas d’avis contraire à celui de la CDAC, le permis de construire court aussi le risque d’être attaqué devant la cour administrative d’appel puis, le cas échéant, devant le Conseil d’État. La bataille est donc loin d’être terminée. Premier à monter au créneau, le maire de Tours Christophe Bouchet s’est « fermement opposé » au projet

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de Sorigny. Pouvait-il réagir autrement ? En dépit de l’appréciation flatteuse de la fédération Procos, qui le place parmi les plus dynamiques de France, le centre-ville de Tours souffre et la perspective de cette nouvelle concurrence, aux portes de la ville, a

consœur tourangelle, on est formel. Les villages des marques, ou outlets, ne bouleversent pas le paysage commercial. « Plusieurs années après l’installation de Marques Avenue et McArthurGlen dans la périphérie de Troyes, une étude indépendante a

“ IL FAUT COMPRENDRE QUE LE PROJET PEUT TRÈS BIEN PARTIR VERS LE POITOU. NOUS SUBIRIONS SA CONCURRENCE SANS BÉNÉFICIER DE SES AVANTAGES immédiatement fédéré les 1 500 commerçants de la FDUC qui se sont empressés de faire part de leur « indignation » face à un projet « préparé dans le plus grand secret. ». Le maire, qui prépare déjà les prochaines municipales, ne pouvait que se désolidariser de ce projet anxiogène pour une partie de ses électeurs. Tours vaut bien un outlet ! La levée de boucliers a porté ses fruits : le 15 juin, à l’issue d’une séance houleuse et un mois avant la réunion de la CDAC, le syndicat mixte de l’agglomération tourangelle (Smat) se prononçait à quelques voix près en défaveur du projet. Pourtant, selon Alain Esnault, la création de Val de Loire Market pourrait attirer chaque année 2,5 millions de chalands et générer la création de 700 emplois. Quant à l’effet destructeur pour le commerce avoisinant, n’en déplaise au maire de Tours, il est très relatif. À la CCI de Troyes, chargée d’une étude d’impact du projet par sa

conclu que si l’ouverture des deux centres avait occasionné la fermeture de 15 boutiques, qui seraient de toutes façons intervenues tôt ou tard, le tourisme commercial avait augmenté de 10 % au centre-ville et les hôtels accru leur fréquentation de 7 % », explique Didier Moret, de l’observatoire économique aubois. Deux missions interministérielles ont été créées, en 2004 et 2010, pour étudier l’impact des outlets sur le tissu commercial alentour. « Leurs rapports n’ont jamais été publiés parce que les conclusions n’allaient pas dans le sens qu’on voulait leur donner », assure Didier Moret. Mieux, l’ancien secrétaire d’État en charge du commerce Frédéric Lefebvre, à l’origine de la seconde, a préfacé en 2016 un livre blanc sur les villages de marques en affirmant qu’il était temps « d’exploiter au mieux (leur) potentiel touristique et économique », à condition « de sélectionner les projets les plus porteurs ». D’ailleurs, comment freiner l’essor du


au sud de Tours commerce en ligne sans redonner un coup de fouet aux magasins physiques ? Après l’échec du Carré des Marques de Romorantin, le Val de Loire fait partie des régions visées en premier lieu par les nombreux opérateurs qui se pressent sur le marché. Sur les 21 outlets recensés sur le territoire national, aucun n’est implanté dans le Centre de la France, les plus proches étant le Marques Avenue de Cholet et les villages parisiens et troyens. Mais attention, des projets concurrents s’activent et il n’y aura pas de place pour tout le monde : si McArthurGlen a dû renoncer l’an passé à un projet à Douains (27), au nord de Dreux, pourtant autorisé par la CNAC en 2015, trois centres ont ouvert depuis

En attendant le village des marques, Isoparc, à Sorigny (37), accueille déjà plusieurs entreprises logistiques et industrielles.

dix-huit mois : Miramas, Honfleur et Villefontaine, près de Lyon. Le Viaduc Village de La Cavalerie, près du viaduc de Millau (12), devrait enfin ouvrir en 2019 (lire page 36). Et Vinci a un projet au nord-est de Bordeaux. « Il faut comprendre que le projet peut très bien partir vers le Poitou. Nous subirions alors sa concurrence sans bénéficier de ses avantages », souligne Alain Esnault. Le verdict de

la CNAC sera déterminant. En cas de refus confirmé, le dossier sera refermé. Mais si la décision est contraire, tous les espoirs sont permis. McArthurGlen a fini par avoir gain de cause au Conseil d’État, après un rejet initial par la CDAC des Bouches-du-Rhône et six ans de procédures, pour son projet de Miramas (13), inauguré en 2017. FXB et JCS

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Économie

Commerce

Viaduc Village

voit enfin le bout du tunnel

Après une féroce bataille de douze ans, marquée par des recours successifs et des retards dans les travaux, l’outlet Viaduc Village, à quelques kilomètres du viaduc de Millau, devrait ouvrir ses portes à l’été 2019. fati et Marlène Martret se résoudront en novembre 2016 à céder au groupe Idec le foncier, les droits et la SCI Tommy adossée au projet, tout en restant impliqués à des degrés divers dans le programme. « Depuis, nous avons eu, nous aussi, notre lot de soucis », sourit Lionel Mary, le directeur général d’Idec Invest, groupe bien connu des milieux d’affaires de la région Centre-Val de Loire puisqu’il s’est développé à parViaduc Village devrait ouvrir ses quarante premières boutiques l’an prochain .

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l aura fallu pas moins de douze ans pour que le projet de village des marques Viaduc Village aboutisse. Que le combat fut rude ! De multiples obstacles politiques, juridiques et techniques ont été dressés sans relâche contre ce projet situé sur la commune de la Cavalerie, à quelques portées de hauban du prestigieux viaduc de Millau et à une heure de route de Montpellier. Plusieurs associations de commerçants, quelques maires du territoire et des chambres de commerce de départements limitrophes se sont immédiatement ligués pour faire capoter le dossier. La bataille des approbations et des recours déclenchée en 2007 par la première autorisation accordée par ce qui était encore la CDEC (commission départementale d’équipement commercial) de l’Aveyron, ne sera finalement remportée… qu’en juin 2015, suite à une décision favorable du Conseil d’État. Mais cette éprouvante guerre de tranchées a épuisé les promoteurs du départ : Michel Troupel, Belhassen Nef-

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potentiel touristique, Viaduc Village compte bien valoriser le patrimoine industriel et culturel local : « Nous devrions, par exemple, accueillir une boutique de la créatrice Anne Delaigle, spécialisée dans les vêtements en cuir et les fourrures, qui travaille beaucoup avec des artisans locaux », ajoute Marlène Martret. Selon Lionel Mary, les perspectives du centre sont considérables : « Idéalement situé au bord de l’A 75, point de passage du

“ IDÉALEMENT SITUÉ AU BORD DE L’A 75, LE SITE JOUIT D’UN EMPLACEMENT EXCEPTIONNEL tir de sa base historique de La Chaussée-St-Victor (41), près de Blois : «Durant l’hiver dernier, nos équipes ont découvert des cavités souterraines, ce qui nous a obligés à repousser l’ouverture », poursuit Lionel Mary. Mais le rendez-vous semble définitivement fixé : sauf nouvel aléa, l’outlet aveyronnais accueillera ses premiers clients à l’été 2019. « La première tranche se déploiera sur 6 000 m2 de surface de vente et comprendra entre 35 et 40 boutiques positionnées sur le créneau des marques premium », poursuit Lionel Mary. Selon Marlène Martret, en charge du développement commercial, plus de la moitié des surfaces ont déjà trouvé preneurs : « Des enseignes comme American Vintage, Ugg et Mac Douglas ont donné leur accord. Nous n’aurons aucun problème à remplir nos points de vente. » Installé au cœur d’une région à fort

nord de l’Europe vers le sud sur lequel transitent chaque année près de 25 millions de personnes, le site jouit d’un emplacement exceptionnel. » D’ailleurs, la demande d’autorisation pour une seconde tranche devrait être déposée dès l’ouverture : elle portera sur une surface de vente plus importante, « l’objectif étant de porter l’ensemble à 15 000 m2 avec une centaine de boutiques », précise Lionel Mary. Les oppositions locales semblent aujourd’hui s’être tues. La perspective de 150 à 200 emplois créés par la première tranche met de l’huile dans les rouages : « Certains commerçants locaux, qui voient aujourd’hui une bonne part de leur clientèle fuir vers Montpellier, nous demandent même avec inquiétude si la date d’ouverture annoncée sera respectée ! », se félicite Lionel Mary. Jean-Christophe Savattier


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Économie

Agroalimentaire

Michel Kremer avalé

par Mademoiselle Desserts

Le spécialiste argentonnais de la chouquette et du gâteau au chocolat Michel Kremer est vendu au groupe Mademoiselle Desserts, cinq fois plus gros que lui.

L

a Lettre Valloire l’a publié en exclusivité dans son édition bihebdomadaire du 3 septembre dernier. La pâtisserie industrielle Michel Kremer, l’une des plus belles success stories indriennes de ces dernières années, change de mains. L’entreprise d’Argenton-sur-Creuse est, en effet, cédée au groupe Mademoiselle Desserts, dont le siège se trouve à Condat-sur-Trincou, au nord

de Périgueux (24). Mademoiselle Desserts, qui s’appelait jadis l’Européenne de Desserts, est devenue, suite à plusieurs acquisitions de concurrents, dont trois sociétés britanniques (Speciality Desserts, The Handmade Cake Company et Ministry of Cake) ainsi que le néerlandais Quality Pastries, « la » véritable référence de la pâtisserie industrielle sur les marchés du Vieux Continent. La moitié de ses produits est écoulée par le canal de la grande distribution, le reste par la restauration hors foyer. C’est justement pour accompagner cette stratégie volontariste de croissance externe que le fonds IK VIII du britannique IK Investment Partners a pris cet été une participation majoritaire dans Mademoiselle Desserts (220 M€ de CA), qui emploie 1 400 sa-

lariés et exploite neuf sites industriels (cinq en France, trois en Angleterre et un aux Pays-Bas) ; selon la presse financière, le montant de la transaction aurait avoisiné les 330 M€. Michel Kremer (près de 40 M€ de CA selon ses dirigeants), spécialisé à l’origine dans les chouquettes et les gâteaux au chocolat et qui a complété progressivement sa gamme par des produits de snacking salé, adresse également les marchés de la grande distribution et de la restauration hors foyer, mais aussi celui des boulangeries-pâtisseries industrielles et du catering. Michel Kremer a quitté l’entreprise qu’il avait fondée en 1994 dès l’annonce de sa cession, en laissant les rênes à son fils Guillaume qui intègre par la même occasion l’équipe diriFXB geante du repreneur.

Le burger américain se digitalise dans l’Indre Merim et AB Prod, deux entreprises de l’Indre, ont conçu l’environnement digital des restaurants français d’un géant américain du fast food.

L’

esprit d’innovation à la française a séduit l’un des géants de la restauration rapide – qui ne souhaite pas que son nom soit diffusé –, de retour en France après plusieurs années d’absence. Deux entreprises de l’Indre, Merim Digital Média, qui emploie 25 personnes à St-Gaultier, et l’agence de communication castelroussine AB Prod ont, en effet, réussi à répondre à ses besoins avec une solution globale et innovante, du logiciel à la borne en passant par la gestion de la produc-

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tion en cuisine et les commandes du drive, toutes fonctions primordiales pour apporter une expérience client différente sur ce marché très concurrencé et dominé en France par son grand concurrent de Chicago. « Avec Merim Digital Média, leader du projet, nous avons su présenter un écosystème digital permettant à tous les appareils de communiquer entre eux », explique Arnaud Boutin, pdg d’AB Prod. Le premier démonstrateur a été réalisé fin 2015 en un temps record d’un mois. A suivi un

travail de mise au point qui s’est traduit par l’équipement du premier restaurant en novembre 2016 à Metz, avant deux autres à Paris-Bastille et à Torcy (77). Depuis, plus de 100 restaurants ont suivi, Ajaccio ayant été au mois de juin le dernier équipé. « Nous avons encore beaucoup d’innovations déjà planifiées à mettre en place », indique le dirigeant d’AB Prod qui précise que toutes les bornes sont made in Berry, de leur conception à leur fabrication. SD


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Économie

Formation

La CCI de l’Indre renforce son pôle formation

La Chambre de commerce et d’industrie de l’Indre a repris la gestion des offres de formation de sa consœur de Loir-et-Cher, dispensées par l’ETIC (école d’art et de design) et l’ECSVL (école de commerce et services du Val de Loire). Une mutualisation justifiée par l’expertise indrienne en la matière.

A

Christophe Martin, directeur général de la CCI de l’Indre.

u 1er janvier 2019, la Chambre de commerce et d’industrie de l’Indre prendra en main l’offre de formation de son homologue du Loir-et-Cher : « C’est une opération gagnant-gagnant pour tout le monde, résume Christophe Martin, directeur général de la CCI castelroussine. Elle fait suite à une discussion entre les présidents Yvan Saumet pour le Loir-et-Cher et Jérôme Gernais pour l’Indre. Comme nous avons ici des savoir-faire reconnus, en terme notamment de formation continue, le rapprochement a semblé évident. » L’établissement de Châteauroux, qui

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regroupe 300 apprentis et 300 stagiaires en formation diplômante, en plus des 250 personnes en accompagnement bilan de compétences et VAE, est effectivement le seul établissement de l’Indre à proposer sur son territoire des formations niveau I, au travers des diplômes d’ingénieur décernés sur son site de Balsan. Si la CCI de l’Indre sera le pilote, elle aura pour partenaires pédagogiques ses consœurs du Cher et de l’Eure-etLoir. Elle s’appuiera sur l’équipe en place à Blois dont la connaissance de terrain est un précieux atout, l’établissement consulaire de Loir-et-Cher accompagnant financièrement ce transfert. « Notre but est de consolider l’offre existante et d’y apporter des développements pour répondre aux besoins des entreprises locales. Nous souhaitons également faciliter l’accès à la formation tout au long de la vie. On ne fera pas de la formation pour faire de la formation », ajoute celui qui cumulera, aux premiers jours de 2019, sa fonction à Châteauroux avec celle de directeur des établissements de formation dans le Loir-et-Cher. « À Blois et autour de son agglomération, il y a beaucoup de potentiel. Il suffit de voir le poids économique du département dans la région (13,5 %) par rapport à celui de l’Indre (7,9 %) pour le comprendre. Nous avions fait le choix stratégique fort, il y a déjà de nombreuses années, d’axer nos efforts sur la formation qui représente aujourd’hui

6,5 M€ de recettes – sur un budget annuel global de 8,5 M€, NDLR –. Blois était sur une autre dynamique. En mutualisant nos services, nous espérons faire en sorte que nos deux départements puissent continuer à exister par rapport aux métropoles de Tours et Orléans. » Dès septembre, en marge des enseignements en design graphique et en commerce prodigués à près de 140 élèves par l’ETIC (école d’art et de design) et l’ECSVL (école de commerce et services du Val de Loire), une nouvelle formation de conseiller relation clients ouvre ses portes à Blois dans le cadre du Plan d’Investissement Compétences (PIC). Elle concernera 12 à 16 personnes, demandeurs d’emploi ou personnes en reconversion. Pour la rentrée suivante, des projets de bachelor commercial et distribution ont été proposés au niveau régional. Pour Christophe Martin, « le développement de l’activité formation est cruciale parce qu’il s’agit d’une excellente façon d’apporter du service (et de le maintenir) aux entreprises et aux territoires. » Enfin, en parallèle, la CCI de l’Indre envisage de faire de l’aéronautique le marqueur économique de son territoire d’origine. Une option aéronautique va ainsi accueillir ses premiers étudiants (une quarantaine) à la rentrée au sein de l’antenne HEI Campus Centre (Hautes Études d’Ingénieur), en complément de la filière mécatronique déjà bien rodée. Serge Daniel


La Châtre veut former

les vigiles du web

Créer la première école de cybersécurité française à La Châtre ? C’est le pari de Nicolas Forissier, député de la 2e circonscription de l’Indre et ancien maire de cette ville de 4 000 habitants. Il envisage l’ouverture à la rentrée 2020. La Lettre Valloire : Comment a émergé ce projet d’école, qui serait une première en France ? Nicolas Forissier : On peut construire à La Châtre un modèle qui deviendra une référence nationale en matière de reconquête des territoires ruraux. Il y a deux conditions : mettre en valeur son patrimoine et se moderniser. On y est arrivé à La Châtre, notamment avec l’installation récente de la fibre optique. Nous avons le très haut débit comme dans n’importe quelle grande ville. Nous devons trouver des éléments qui rendent notre territoire attractif, y compris pour des jeunes. J’ai rencontré un industriel, expert de cybersécurité, qui m’a expliqué qu’il n’existe pas de formation initiale ni de centre de formation continue permanent dans ce domaine. J’ai proposé de le créer à La Châtre. Il n’y a aucune raison de s’interdire quoique ce soit dans une ville comme La Châtre qui est une ville calme, au cœur de la France, offrant des conditions propices à l’enseignement. Dans ce pays, il faut comprendre que nous ne pouvons pas tout concentrer dans les métropoles. La Lettre Valloire : Comment avance le projet depuis son annonce en juillet ? Nicolas Forissier : Ce sera une école internationale créée pour l’essentiel avec des financements privés. C’est l’intérêt des entreprises de toutes tailles et des institutions nationales de voir ce genre d’école se mettre en place. Il faut donc qu’elles y contribuent. Les entreprises ont besoin de plus en plus de cadres formés aux techniques de l’informatique défensive et même offensive. Il n’y aura pas de professeurs permanents mais des spécialistes intervenant dans le cadre d’une master class. L’école, dont l’entrée se fera sur concours et entretien, proposera une formation initiale bac+2. Elle sera aussi un centre permanent de formation continue pour les professionnels. Pour réussir le projet, nous avons créé un comité de pilotage de huit à dix personnes. Nous sommes en train d’intégrer des personnes spécialistes de la cybersécurité, de la communication, et des personnes liées à l’armée ou aux services de renseignements. L’ancien palais de justice de La Châtre, une fois que nous l’aurons rénové, abritera les locaux d’enseignement et le siège de l’école.

La Lettre Valloire : Pourquoi avoir choisi d’aller chercher des fonds privés plutôt que de solliciter des fonds publics ? Nicolas Forissier : Nous devons mettre sur pied les projets les plus autonomes possibles. Je peux envisager qu’il y ait un peu d’argent public dans les aménagements urbains et la rénovation de bâtiments qui seront ensuite loués à l’école, mais le fonctionnement sera privé. Dans ce projet, j’ai une logique d’entrepreneur. La première enveloppe estimative est de 10 à 12 M€. Je souhaite pouvoir trouver des partenaires financiers, notamment des entreprises de notre région, car la cybersécurité les concerne. La Lettre Valloire : Quel est le calendrier ? Nicolas Forissier : D’ici à Noël, mon objectif est que l’on ait définitivement calé le dossier, choisi un opérateur, établi les partenariats et trouvé le maximum de financement. Je veux que tout soit bouclé fin 2019 pour que l’on puisse ouvrir les sessions de formation continue professionnelle pour les entreprises à la rentrée 2020, avant de lancer la formation initiale. Si ça marche, ce sera formidable, si ça ne marche pas, tant pis, mais on ne pourra pas se reprocher de ne pas avoir essayé. Propos recueillis par Stéphanie Payssan

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Économie

Formation

Quand se former

devient un jeu

L’entreprise tourangelle My Serious Game, spécialisée dans la création de jeux vidéo destinés à la formation, est en plein essor. Le ministère de l’Intérieur vient de lui confier un ambitieux marché. ressources permettant de convertir n’importe quel contenu pédagogique en un scénario de jeu sur-mesure, distrayant et interactif. « Le développement rapide de l'intelligence artificielle fait que les jeux s'adaptent au joueur comme un professeur s'adapte aux réactions de ses élèves», assure-t-il. Dans le jargon numérique, ce savoirfaire qui consiste à transposer les mécaniques du jeu dans les domaines « sérieux » afin de résoudre des pro-

réaliste, différent en fonction des postes occupés. À chaque étape, on propose à celui qui joue de choisir entre plusieurs options. Et à chaque fois que la personne fait un choix, cela déclenche des conséquences auxquelles elle est à nouveau confrontée. Et nous avons associé une musique qui génère un degré de stress qui va croissant, car la capacité à gérer son stress est primordiale dans ce contexte », détaille Frédéric Kuntzmann.

“ LES JEUX S'ADAPTENT AU JOUEUR COMME UN PROFESSEUR S'ADAPTE AUX RÉACTIONS DE SES ÉLÈVES Frédéric Kuntzmann, pdg de My Serious Game.

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n ignore si Frédéric Kuntzmann était un élève dissipé et s’il avait du mal à soutenir son attention en classe, toujours est-il que le fondateur de l’entreprise My Serious Game, basée à Tours, a trouvé la recette pour transformer une séance de formation laborieuse en un jeu de rôle interactif et enthousiasmant. « Comme vous, certainement, je me suis ennuyé lors de sessions de formation. J’ai donc réfléchi à ce qui pouvait les améliorer et nous avons pu vérifier que notre mémoire est stimulée par les émotions », sourit le jeune chef d’entreprise avec cette décontraction amusée de l’élève qui sait qu’il a supplanté son professeur. Du moins en terme de méthode d’apprentissage… Pour mener à bien ses « aventures pédagogiques », comme il les nomme, Frédéric Kuntzmann a puisé dans l’intelligence artificielle toutes les

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blèmes de la vie réelle a un nom : la « gamification ». Et c’est très exactement le terrain de Frédéric Kuntzmann et de ses équipes : jeux vidéo, web séries, bédés interactives, etc. My Serious Game joue la carte de la formation sur tous les supports digitaux possibles. Après avoir séduit de grands groupes industriels, dont la SNCF et Bouygues, la jeune entreprise tourangelle – 40 salariés et 150 prestataires – vient de décrocher un nouveau marché auprès du ministère de l’Intérieur : elle formera, à compter du début de l’année 2019, l’ensemble des cadres de toutes les préfectures de France à la bonne gestion d’une situation de crise, particulièrement en cas d’attaque terroriste. « Pour répondre à la demande du ministère, nous avons créé un jeu d’une durée d’une heure au maximum qui déroule un scénario très

Pour créer un jeu vidéo sur-mesure, les équipes de My Serious Game mettent en moyenne six mois. « Un quart du temps est consacré à recueillir le contenu pédagogique, un autre quart à trouver le bon format et le reste est utilisé à la réalisation technique », explique Frédéric Kuntzmann. Aujourd’hui, My Serious Game peut proposer un jeu vidéo pour 30 000 € environ, voire un peu moins : « Les coûts baissent d'année en année, les PME peuvent très bien avoir recours à nos services aujourd’hui même si cela a plus d’intérêt à partir de 100 personnes », souligne Frédéric Kuntzmann. En l’espace de quatre années, My Serious Game a révolutionné la formation professionnelle. Est-ce à dire que le fameux paperboad et les marqueurs de couleur sont désormais obsolètes ? En tout cas, ils commencent AG à dater sérieusement.


La CCI du Loiret coache

les nouveaux entrepreneurs

Pour multiplier les chances de réussite des créateurs et repreneurs d’entreprises, la CCI du Loiret a mis en place un programme de coaching.

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Malgré ses douze années d’expérience comme ingénieur spécialisé dans les brevets et la propriété industrielle, LouisPaterne Bouan se trouva fort dépourvu à la veille d’ouvrir son propre cabinet de conseil à Orléans. Quelles sont les erreurs à éviter, comment s’y retrouver dans le maquis administratif ? Grâce au dispositif Parcours Réussite de la CCI du Loiret, il a bénéficié d’un accompagnement personnalisé qui lui a permis de franchir avec succès toutes les étapes du créateur d’entreprise. Avec l’aide d’un coach, Sébastien Charles, patron de SRMI Solutions Informatiques. Depuis 2011, une centaine de candidats

à la création d’entreprise ont suivi le Parcours Réussite de la CCI du Loiret. Un gage d’efficacité qui séduit les partenaires du dispositif, le Crédit Agricole Centre-Loire et Engie, lesquels viennent tout juste de signer pour un nouveau contrat de soutien. Le programme d’accompagnement s’articule autour d’ateliers animés par un coach, de rendez-vous avec un conseiller de la CCI et de la fourniture d’outils de développement. Moyennant une participation de 600 €, le candidat à la création ou à la reprise est suivi pendant deux à trois mois et participe ensuite à des rencontres régulières entre parrains et parrainés.

Le président de la CCI du Loiret, Alain Jumeau, souligne que 90 % des entreprises accompagnées sont toujours en activité après trois ans et que 350 emplois ont été créés ou sauvegardés depuis 2011. Quant au cabinet conseil de LouisPaterne Bouan, il pousse gentiment à l’ombre d’Orléans Pépinières et prévoit même de renforcer ses effectifs. Bruno Villeneuve

Sébastien Charles, patron de SRMI Solutions Informatiques, est l’un des parrains du dispositif.

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Économie

Numérique

Intelligence artificielle, Le 1er forum européen d’intelligence artificielle s’est tenu, lundi 3 septembre, au château de Chambord. Experts et acteurs économiques régionaux ont décrypté les ressources immenses de ces outils digitaux et regretté que les entreprises ne se les approprient pas suffisamment.

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La ministre et ex-sénatrice du Loiret-Cher Jacqueline Gourault ouvrait les débats.

e la Renaissance à l’ère digitale, s’il n’y avait finalement qu’un pas … ou qu’un clic ! En organisant, le lundi 3 septembre, le 1er forum européen d’intelligence artificielle territoriale au château de Chambord, le Centre des Hautes Études du ministère de l’Intérieur (CHEMI) a misé sur la confrontation des époques et des symboles. L’affiche de l’événement présentant un robot devant l’escalier à double révolution attribué à Léonard de Vinci donnait le ton de cette rencontre interrégionale qui « a placé l’innovation numérique au cœur de l’histoire », selon François Bonneau, président de la Région Centre-Val de Loire. Toute la journée, des chefs d’entreprise, des universitaires, des décideurs publics et des fonds d’investissement venus des régions Centre-

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Val de Loire, Bourgogne, FrancheComté, Pays de Loire et Nouvelle Aquitaine ont apporté leur expertise et leur expérience sur cette transformation progressive des économies régionales via le numérique et la digitalisation. « L’intelligence artificielle, c’est l’utilisation de systèmes de traitements de données pour

ans : ça démarre, il ne faut pas que les territoires prennent de retard. Nous sommes inquiets de voir se concentrer les 6 à 8 000 data scientists dans les sept principales villes françaises », a poursuivi Jean-Martin Jaspers. Une inquiétude partagée par Jacqueline Gourault qui ne veut pas que l’intelligence artificielle incarne

“ IL NE FAUT PAS S’IMAGINER QUE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE NE CONCERNE QUE LES CAPITALES

améliorer la connaissance », a théorisé Jean-Martin Jaspers, directeur du CHEMI, qui reconnaît l’immensité de la tâche : « Nous avons une montagne de données et on ne sait pas les traiter ». À l’échelle mondiale, le constat du retard pris par la France dans le secteur de l’intelligence artificielle a été admis par tous, « cinq ans par rapport à la Chine et dix par rapport aux États-Unis ». Et si la France est à la traîne, la responsabilité en reviendrait pour l’essentiel à l’insuffisance des crédits européens. « Les ÉtatsUnis consacrent à l’intelligence artificielle 15 Md$, la Chine 20 et l’Europe 4 », a ainsi regretté l’ancienne sénatrice de Loir-et-Cher Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, qui a ouvert les débats. Un retard français qui se cumule avec de fortes disparités régionales. « L’intelligence artificielle aujourd’hui, c’est un peu la même chose que l’arrivée du Net il y a quarante

un nouveau clivage entre des métropoles en mouvement et des territoires ruraux à l’arrêt. « Il faut veiller à irriguer l’ensemble des régions et des populations », a-t-elle prévenu. À condition, comme l’a souligné François Bonneau, que l’égalité numérique soit la règle à l’heure où certaines zones rurales sont toujours privées d’Internet. En dépit des engagements politiques pris pour y remédier… Où en est la région Centre-Val de Loire ? Les avis divergent. Alors que Jean-Martin Jaspers a estimé qu’elle était « vraiment en avance sur ces questions », les données collectées restent « peu utilisées » par les acteurs économiques régionaux. Une analyse partagée par Fabien Vidal, directeur de la société tourangelle Utélias et membre du conseil régional du numérique : « Nous devons davantage nous positionner en utilisateurs des logiciels développés par les grandes entreprises. Beaucoup d’activités gagneraient en


mais déjà essentielle compétitivité en intégrant davantage d’intelligence artificielle. Des algorithmes existent pour prendre en charge les tâches répétitives, les travaux intellectuels qui sont mécaniques et prennent beaucoup de temps. Des avocats pourraient très bien avoir recours à des machines learning pour prémâcher une partie de leur travail par exemple. » Des entreprises régionales ont toutefois bien compris le bénéfice et les ressources qu’elles pouvaient tirer de l’intelligence artificielle. C’est le cas de My Serious Game, une startup tourangelle en plein essor spécialisée dans la création de supports digitaux destinés à la formation (lire, à ce sujet, notre article en page 42). Après avoir travaillé pour Bouygues et la SNCF, elle vient de décrocher un joli contrat auprès du ministère de l’Intérieur : la formation de l’ensemble des cadres des préfectures de France à la gestion des situations de crise, via la création d’un jeu vidéo sur-mesure et interactif. Aujourd’hui, alors que les champs d’application de l’intelligence artificielle épousent tous les pans de l’activité humaine, quatre domaines d’intervention ont été mis en avant par le rapport Villani, cité par Jacqueline Gourault : la santé, les transports, l’économie et la sécurité. Des

Une école supérieure en intelligence des patrimoines Comme une passerelle entre le passé et le futur. De l’intelligence artificielle à celle des patrimoines, les siècles séparent moins qu’ils rapprochent... Le 3 septembre, alors que Chambord accueillait le 1er forum européen de l’intelligence artificielle (lire ci-dessus), l’École supérieure en intelligence des patrimoines (ÉSIPat) accueillait ses premiers étudiants en master sur le site de Tours. Impulsée par le Centre d’études supérieures de la Renaissance (CESR), en collaboration avec deux laboratoires universitaires, le LAT (archéologie) et le LIFAT (informatique), la nouvelle école propose aux 170 étudiants de sa première promotion six parcours de master 1 regroupés dans deux mentions : Histoire, Civilisation, Patrimoine (HCP) et Humanités numériques. L’objectif, qui est de répondre « aux nouvelles attentes et aux nouveaux métiers », est de former aussi bien des conservateurs et médiateurs des patrimoines, enseignants-chercheurs ou ingénieurs d’études que des créateurs d’entreprise. Le programme Intelligence des patrimoines et l’ÉSI-Pat, qui est dirigée par Benoist Pierre (cidessus), sont d’ailleurs en lien avec un incubateur d’entreprises situé dans les locaux de la pépinière numérique Mame, à Tours. FXB

registres dans lesquels la région Centre-Val de Loire a les moyens de s’illustrer davantage, sans pour autant

tourner le dos à son patrimoine historique. Une nouvelle Renaissance ? Anthony Gautier

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Économie

Chantiers EURE-ET-LOIR

La communauté d’agglomération du Pays de Dreux souhaite requalifier et étendre son offre foncière et immobilière. Les services de la collectivité viennent de lancer une étude préalable à l’extension de 40 ha de la zone d’activité des Livraindières qui constitue la principale zone du territoire communautaire : elle se déploie aujourd’hui sur 192 ha. Par ailleurs, des négociations sont engagées avec un promoteur-aménageur privé pour la construction de 7 bâtiments tertiaires pour une surface totale d’environ 15 000 m². Si ces discussions aboutissent, la construction de deux premiers bâtiments de 2 500 m² chacun pourrait rapidement démarrer. Le projet s’inscrit dans le cadre de la rénovation des abords de la gare de Dreux (programme Pôle Gare) qui prévoit la création d’un quartier d’affaires.

CHER Rachetée par les propriétaires de l’Ibis Styles situé à proximité, l’ancienne Maison de Pays de Vierzon – proche de l’échangeur de l’A71 – sera transformée en hôtel-restaurant. Ainsi, un P’tit Dej-hôtel (2*) et un restaurant de la chaîne Holly’s Diner, s’inspirant des diners américains, y ouvriront leurs portes en avril 2019 ; un gîte de 5 places sera aménagé dans une maison voisine, acquise récemment. Le montant du programme s’élève à 3,5 M€ ; une vingtaine d’emplois seront créés, dont une quinzaine pour le restaurant.

EURE-ET-LOIR Le pont de Lucé, qui surplombe la ligne SNCF Chartres-Courtalain, sera démoli et reconstruit en 2019. Datant de 1933, l’ouvrage – propriété de la SNCF – présente de nombreuses défaillances (corrosion, fissures…) ; la circulation, alternée,

y est limitée aux véhicules inférieurs à 3,5 tonnes pour des raisons de sécurité. Le coût des travaux s’élève à 1,2 M€, financés à 91,6 % par la SNCF et 8,4 % par le conseil départemental d’Eure-et-Loir. Chartres Métropole prévoit de débloquer une enveloppe de 5,1 M€ pour l’aménagement du collège Jean-Moulin, situé en centre-ville de Chartres et dont les locaux doivent être libérés en 2019 pour accueillir le siège du pôle de compétitivité Cosmetic Valley. Seul l’intérieur du bâtiment devrait être rénové ; un concours sera lancé pour la maîtrise d’œuvre.

Cette future Maison internationale de la cosmétique sera pensée comme un outil au service des entreprises de la filière mais aussi comme un espace ouvert au public.

LOIR-ET-CHER La CDAC a donné son autorisation au projet de complexe cinématographique Ciné Sologne (5 salles, puis 7 à terme) qui doit voir le jour d’ici à 2020 à Romorantin. Le dossier est porté par le gérant du cinéma Le Palace, situé en cœur de ville, qui déménagera dans le nouveau complexe. Celui-ci sera construit à côté du Brico Leclerc de l’autre côté du cours d’eau de la Nasse ; une convention a été signée avec la grande surface afin de mutualiser le parking. L’actuel local du cinéma Le Palace sera transformé en logements.

LOIRET Le promoteur Nexity a lancé la construction de deux immeubles de 41 logements (T1 et T2) à l’angle des rues Léopold Sédar Senghor et Jean d’Aulon dans le quartier de La Source, à Orléans. Des places de stationnement (45) sont prévues ainsi qu’un attique avec des terrasses qui seront aménagées au dernier étage. Parallèlement, Nexity souhaiterait acquérir des terrains appartenant à la Semdo, situés en face de ce programme, pour y construire d’autres petits appartements.

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Dans le cadre du projet de revitalisation du centre-bourg de St-Cyr-en-Val, lancé il y a plu-sieurs années, la construction de 65 logements en accession à la copropriété (du T2 au T4) débutera au premier trimestre 2019 ; leur commercialisation par l’aménageur Exia a déjà commencé et leur livraison est prévue pour fin 2020. Le projet sera accompagné de la création d’un pôle santé et de commerces. Un projet de réaménagement de la friche de la Chatonnerie (5,5 ha), à Saran, vient d’être lancé ; il est porté par le promoteur immobilier Exia et le cabinet d’architectes BDVA. Sur la partie longeant la RD2020, un hôtel, un restaurant ainsi qu’une zone d’activités verront le jour, séparés par une barrière végétale d’une partie habitation comportant 292 logements collectifs et individuels (de R+1 à R+3). La démolition de la friche est prévue pour 2019 et le chantier de construction débutera en 2020.

LOIRET Le siège administratif de la Caisse d'Épargne Loire-Centre, sur le site dit de La Montespan à St-Jean-de-la-Ruelle, va faire l'objet d'importants travaux de rénovation pendant quinze mois. L'objectif principal des travaux est de résoudre les problèmes de déperdition énergétique des bâtiments de 8 000 m² construits à la fin des années quatrevingt. Les travaux, d'un montant de 13 M € , ont été confiés à Bouygues Bâtiment Centre SudOuest.


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