Magazine Lettre Valloire de septembre 2021

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UN DUO EN BÉTON

Marie-Anne Lingard-Jalicon et Charles Jalicon (Exia)



Point de vue France first ieux vaut tard que jamais. Après avoir assisté sans trop s'émouvoir au démantèlement de pans entiers de l’industrie française, les pouvoirs publics ont pris conscience qu'elle assurait non seulement la prospérité des territoires, mais aussi qu'elle contribuait à l'indépendance nationale. Il aura fallu une pandémie mondiale et une désorganisation massive des chaînes d’approvisionnement pour que cette vérité première éclate. Un totem chasse l’autre ! Il y a encore quelques mois, le chœur chantait les louanges de la mondialisation la plus débridée. Il entonne aujourd’hui avec la même fougue le refrain du Made in France. Comme l’illustre l’enquête que nous consacrons à cette thématique, cette sollicitude, marquée de l’empreinte d’une certaine culpabilité, a amené l’État à soutenir une trentaine de projets de relocalisation en Centre-Val de Loire. Tous ne sont pas exemplaires, certains s'apparentent à des projets de réinternalisation au détriment de sous-traitants français. Mais qu’importe le flacon ! La nouvelle doxa du circuit court et du « France first » tend à s’imposer. Il faudra cependant plus qu’une collection d’aides directes pour que cet heureux retournement idéologique s’enracine dans la durée.

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Ce magazine est un hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Édité par MCM Presse - SAS au capital de 100 000 € - RCS Tours B 450 613 591 - Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours - Adresse postale : BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com - Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) - Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) - Aurélie Vouteau (édition) A participé à ce numéro : Johann Galy - Maquette : Régis Beaune - Diffusion : Nadine Gomès - Crédits photographiques : Cyril Chigot : Une, 32-33, 38, 47 - DR : 6, 7 ,8, 12, 15, 16, 20, 23, 25, 26, 27, 40, 42, 44, 48, 50, 51, 54, 55, 56, 57, 58 - MBDA/Adrien Daste : 11 - Alain Canon/Région Centre-Val de Loire : 13 - Jean-Christophe Savattier : 14, 57 - Johann Galy : 18, 36 - L.Alvarez : 22 - Exia : 34 - Amazon : 46 - Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) - Informations légales : Abonnement annuel 2021 (23 numéros + magazines hors-séries) : 385 € - Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 485 € - Prix de ce numéro : 5 € - CPPAP : 0126 I 85872 - ISSN : 1246-4333 - Dépôt légal : Septembre 2021 - Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon.

La Lettre Valloire - Septembre 2021

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SOMMAIRE Septembre

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Points chauds L’actualité du trimestre en bref.

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Reportage Le made in France fait recette. Près d’un quart des projets industriels régionaux soutenus par les dispositifs de relance s’adossaient à un programme de relocalisation d’activité.

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Politique Depuis un an, l’ambiance s’est considérablement dégradée dans le Loir-etCher où le débat public fut, par le passé, réputé pour sa modération. Récit de douze mois de règlements de comptes et de coups bas.

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Chantal Pichon, chercheuse au centre de biophysique moléculaire du CNRS d’Orléans, a été pionnière en France de l’ARN messager. Ses recherches suscitent aujourd’hui un intérêt soudain.

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Entreprises

Amazon est devenu un contributeur essentiel de l’économie du pays. Pourtant, le géant américain du commerce en ligne essuie une pluie de critiques. Malgré les attaques, Amazon.fr prospère et ses partenaires avec elle.

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Reportage Installé à Baugy (18), le chocolatier Mercier va réinternaliser une activité de torréfaction et de broyage de fèves de cacao. Ce programme pourrait générer la création d’une trentaine d’emplois.

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Zoom

Génération après génération, la famille Jalicon ajoute des étages à une construction familiale née en 1919 à Clermont-Ferrand. Depuis 2017, Charles et Marie-Anne ont pris en main les rênes de l’entreprise.

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Territoires BeLC, l’agence d’attractivité de Loir-et-Cher créée il y a un an par le conseil départemental avec le concours d’acteurs privés, s’est fixé pour objectif de faire rayonner son territoire.

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En vue

L’actualité des dernières nominations de responsables et acteurs de la vie économique de la région Centre-Val de Loire

LaLa Lettre Valloire - Septembre 2021 Lettre Valloire - Septembre 2020 5 5


LE CARRÉ

POINTS CHAUDS

VIP

L’APPEL DE BLOIS Xavier Bertrand, Candidat aux élections présidentielles

Candidat – on aurait du mal à l’ignorer – à la présidence de la République, Xavier Bertrand était de passage à Chinon et dans le village martyr de Maillé à la fin du mois d’août. Désireux de prendre la hauteur qui sied à la fonction briguée, le président de la Région Hauts-de-France a balayé avec lyrisme l’histoire récente, opposant « le choix du déshonneur de Pétain » à « la grandeur du général De Gaulle », ainsi que la plus ancienne, évoquant Jeanne d’Arc rencontrant Charles VII à Chinon, « portée par le plus beau des sentiments, l’espérance… ». Il n’a pas manqué de caresser dans le sens du poil ses hôtes du Val de Vienne : « Chinon, la ville de Rabelais, de son humanisme, de sa foi dans l’homme et dans sa capacité à s’élever ». La Nouvelle République nous a appris que la visite devait tout à Jean-Luc Dupont, le maire de la ville, qui a mis dans le coup Pierre Lellouche, un ancien secrétaire d’État du gouvernement Fillon, « qui n’habite pas loin », d’après le maire de Chinon. La semaine suivante, Xavier Bertrand arpentait le Loir-et-Cher, soulevant le même enthousiasme chez les élus ruraux de droite.

TÊTES À TARTES Impayable Wilfried Schwartz ! Poussé à descendre de son siège présidentiel suite à une gifle généreusement donnée à son directeur de cabinet, l’ex-président de la Métropole a posé quelques jours après l’altercation, attablé à une terrasse avec Stéphane Delebarre, son second directeur de cabinet… cette fois à la mairie de La Riche. Sur le cliché posté sur le profil facebook de David Chaumin, un autre collaborateur de la mairie de La Riche, on peut voir Stéphane Delebarre déguster une part de

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tarte au côté du maire, hilare. Le commentaire est édifiant : « Et c’est au tour du directeur de cabinet de La Riche de prendre une tarte ! ». Les syndicats des salariés de la Métropole,

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très remontés contre leur ancien patron, n’auront sans doute pas manqué d’apprécier ce trait d’humour potache. Depuis, la publication a été retirée du profil de David Chaumin.

Ne l’appelez plus jamais université d’été du parti socialiste… mais plutôt CamPus 21. Cet ex-grand rendez-vous de la rentrée politique nationale, qui se tenait habituellement à La Rochelle, a, pour la seconde fois, élu domicile à Blois. Accueillie en vedette américaine, Anne Hildago a finalement réservé l’annonce de sa candidature présidentielle à Rouen, quinze jours plus tard. Frédéric Orain, premier secrétaire fédéral de Loir-et-Cher, ne se sentait plus de joie. Selon lui, cette manifestation a constitué une occasion « formidable pour la ville parce qu’il y a une émulation intellectuelle pendant plusieurs jours, et parce que cela fait vivre nos commerces, hôtels et restaurants ». Au PS, les nourritures terrestres ne sont jamais très éloignées de celles de l’esprit.

AU TOUR DE CHÂTEAU-RENAULT Les élus tourangeaux ne sont pas épargnés. Brigitte Dupuis, maire de Château-Renault réélue conseillère départementale le 27 juin, a été accusée d’autoritarisme par trois de ses adjoints. À l’origine de la crise, l’abstention du trio lors du vote du budget au mois d’avril dernier, en raison « d’incohérences lourdes ». De son côté, la maire de cette ville enlevée aux communistes l’an passé se dit « sereine » après que les coupables ont déposé sur la table l’abandon de leurs délégations respectives, dont celle à la cohésion sociale, ce qui, de facto, n’aura pas contribué à renforcer la cohésion municipale : « Ces trois élus se sont rapprochés de l’opposition (…) Ils m’avaient promis de faire un coup d’éclat avant les élections », justifie Brigitte Dupuis.


INCISIF ALLO DOCTEUR ! Le 16 août, lendemain de la fête de l’Assomption, un élu blésois s’est élevé vers les cieux de la République. Gildas Vieira, récemment candidat aux élections régionales avec l’ancien Gilet jaune Jérémy Clément et notre nouvelle amie Madame de Crémiers (lire son droit de réponse cidessous), a annoncé tout de go qu’il était candidat à la présidence de

CAVALIER SEUL La Région Centre-Val de Loire, qui s’est saisie de la mobilité ferroviaire à hydrogène, essuie un revers cuisant. Elle, qui s’apprêtait au mois de septembre à tester sur la ligne Tours-Loches le train ILint conçu en Allemagne par Alstom, a dû repousser en juin 2022 cet essai pourtant présenté comme une première nationale. Il faudra, en effet, attendre l’achèvement des lourds travaux de rénovation de la desserte. À la SNCF, on craint que cette nouvelle échéance soit encore retardée. Le matériel choisi par la Région génère d’importantes complexités d’exploitation et d’homologation, au contraire des rames Régiolis H2bi bi-mode qui viennent d’être commandées au duo SNCF/Alstom par quatre autres collectivités régionales. On ne gagne pas toujours à faire cavalier seul.

la République, toutefois bien conscient que 500 parrainages de parlementaires, maires, conseillers régionaux ou départementaux lui seront nécessaires pour se présenter. Opposé au passe sanitaire mais pas à la vaccination contre la Covid-19, celui qui se présente comme docteur en santé publique – il aurait, en fait, soutenu une thèse de doctorat de psychologie sur la promotion de la santé pour les populations d’Afrique subsaharienne en France – veut, s’il est élu, organiser un référendum dès le mois de juin 2022, pour « lutter contre les incivilités et les idées extrémistes » et promouvoir une alimentation saine et locale. Les paris sont ouverts.

« On ne va pas nous la faire à l’envers en 2022 » : c’est peu dire que François Bonneau, le président socialiste de la Région, n’a pas apprécié le refus qu’ont opposé les autorités médicales à son projet d’installer une faculté d’odontologie à Tours afin de faire face au cruel manque de dentistes sur le territoire. Incisif, il entend bien retenter sa chance l’an prochain. Il se targue, en revanche, d’avoir contribué, par la pression politique qu’il a exercée, à accroître le numerus clausus de la faculté de médecine de Tours, passée de 234 à 300 places en trois ans : « C’est une belle augmentation qui nous permettra juste de faire face aux besoins actuels de médecins, pas de rattraper le temps perdu ».

DROIT DE RÉPONSE Christelle de Crémiers, citée dans le billet « Le Bug du Trimestre » de notre édition du mois de juin, nous a fait parvenir le texte suivant : Monsieur le directeur de la publication, Vous avez omis de consulter la presse, ainsi que moi-même, pour vérifier vos sources : la décision de quitter la candidature d’EELV a été prise avant tout classement hypothétique. Si vous aviez interrogé les services et l’exécutif de la région, vous auriez appris que la transition écologique du tourisme et la marque alimentaire régionale, entre autres, ont forcément été le fruit d’une collaboration étroite et harmonieuse de longue haleine. Le directeur que vous citez a quitté la région en début de mandat après plus de neuf ans au même poste. Le score réalisé par la liste Démocratie EcoLogique menée par Jérémy Clément et moi-même est dix fois supérieur au score réservé habituellement aux listes régionales indépendantes des partis. Ce n’est pas un hasard. Le rejet des appareils politiques accompagne l'abstention et le sentiment de ne plus se sentir représenté. Nous traversons une crise démocratique. Au lieu d’en rigoler, nous invitons vos lecteurs à signer la pétition : https://www.assembleeregionale-citoyenne.fr La réconciliation des citoyens avec la politique ne se fera ni par la moquerie ni par la langue de bois, mais par le respect des actions citoyennes indépendantes des appareils politiques. Nous laisserons nos lecteurs apprécier qui de Madame de Crémiers ou de son ancienne liste a pris l'initiative de la rupture. Enfin, nos lecteurs jugeront si "le respect des actions citoyennes indépendantes des appareils politiques" relève, ou non, de la langue de bois.

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POINTS CHAUDS

BURN OUT !

NAUFRAGE La trêve estivale n’aura pas permis aux élus tourangeaux de revenir à la raison. En dépit de quelques gestes d’ouverture, la séance du conseil métropolitain du 7 septembre aura maintenu le statu quo ante en s’enlisant dans des palabres de couloirs théâtrales et inutiles. Résultat des courses : le maire de Tours et sa majorité s’excluent eux-mêmes et n’obtiennent aucune vice-présidence. Mieux, la ville-centre ne sera représentée au bureau que par les opposants au maire : Thibault Coulon et Benoist Pierre sont, en effet, confirmés dans leurs mandats de vice-présidents. Emmanuel Denis, à qui l’on avait proposé une deuxième vice-présidence avec quelques postes pour sa sensibilité politique, a tenté sans succès de dépouiller ses adversaires de compétences (développement économique et politique de la ville) qu’ils n’entendaient aucunement lâcher.

PANDI PANDA Sur sa page facebook, Guillaume Peltier, député de la 2e circonscription de Loir-et-Cher, s’est prévalu d’être aussi le député du ZooParc de Beauval où Huan Huan a accouché au début du mois d’août de jumelles pandas, Fleur de coton et Petite neige. L’une des abonnées à la page du vice-président des Républicains s’est aussi félicitée de cet heureux événement en y allant de son petit commentaire : elle souhaite que le droit du sol s’applique avec la plus grande rigueur et que les deux demoiselles pandas deviennent citoyennes françaises sans être restituées à la Chine…

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CHARYBDE EN SYLLA Rien ne va plus pour Frank Supplisson, ancien président de l’agglomération de Montargis. Déjà sous le coup d’une mise en examen à la suite de la reprise d’Ascométal en 2014 et dans l’attente du jugement pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics dans deux affaires à Montargis, il serait visé par une enquête pour escroquerie au jugement et abus de faiblesse après la reprise à la barre du tribunal de l’usine Alpine Aluminium de Cran-Gevier (74), en décembre 2019 : Frank Supplisson est accusé d’avoir versé 12 500 € à des salariés pour qu’ils acceptent d’être licenciés pour faute grave, cela afin d’éviter la pénalité fixée par la justice pour chaque licenciement économique intervenant postérieurement à la reprise. Frank Supplisson s’était justifié en arguant de la durée des travaux de dépollution et de radioactivité sur le site : sur les 49 salariés repris, entre 25 et 30 avaient accepté l’accord.

LE B U GDU TRIMESTRE

LES CLÉS DE L’ENFER

La saison chaude aura été torride à St-Pierre-des-Corps, fief déchu du communisme municipal. Après la démission de la directrice générale des services le 1er juin, succédant à celle du directeur de cabinet au mois de décembre, le premier adjoint Matthieu Lambert a jeté l’éponge au début de l’été. Sa fille Marilou, conseillère municipale, a suivi le mouvement. Tous reprochent au maire Emmanuel François de s’enfoncer dans une gestion hasardeuse de la commune banlieusarde, d’être « sans filtre » et de « ne pas supporter les codes », ce que l’intéressé reconnaît à demi-mot, plaidant l’inexpérience. « Très vite, je me suis aperçu qu’il (le maire, NDLR) avait une propension à changer d’avis et qu’il ne supportait pas l’adversité », ajoute l’expremier adjoint. Pourtant, l’adversité se déchaîne contre le nouvel élu. Cet été, un rapport sur la gestion de la municipalité, commandé par la majorité, est tombé dans les mains de l’opposition qui en a fait ses choux gras. Tout au long des 215 pages, le maire en prend de nouveau pour son grade : « Parfaite méconnaissance du fonctionnement territorial », « choix arbitraires », services « sous pression »… Le document, qui aurait été remis à l’opposition par l’ancienne dgs, a alimenté les débats du conseil municipal du 8 septembre. Une nouvelle patronne des services, en poste dans un département voisin, devait être nommée au moment où nous écrivons ces lignes. Elle devra tenter de remettre de l’ordre dans la boutique : on lui souhaite bonne chance.



REPORTAGE

RELOCALISATIONS INDUSTRIELLES : IL RESTE À TRANSFORMER L’ESSAI Le made in France fait recette. Près d’un quart des projets industriels régionaux soutenus par les dispositifs de relance actionnés pendant la crise sanitaire s'adossaient à un programme de relocalisation d’activité. Les entrepreneurs et les investisseurs jouent plus nettement la carte de la sécurisation des approvisionnements quitte à devoir accepter un renchérissement des coûts de production. Mais une fois que s’estompera l’effet des incitations financières directes, que restera-t-il de ce mouvement ?

«C’

est une tendance assez franche. Beaucoup de projets d’investissement que nous avons accompagnés dans le cadre des dispositifs de relance comportaient une facette relocalisation », se félicite Simon Karleskind, souspréfet à la relance auprès du préfet de la Région Centre-Val de Loire. Depuis près de deux ans, les pouvoirs publics ne ménagent pas leurs efforts pour ravauder le tissu industriel érodé par la crise sanitaire.

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Certes, on n’observe pas encore de retour massif des capacités de production externalisées au fil des années. D’ailleurs, « faut-il vraiment le souhaiter ? Sauf à vouloir déstabiliser les chaînes d’approvisionnement mondiales déjà bien fragilisées », estime ce consultant spécialisé dans la supply chain. Toutefois, « des retours de charges sont engagés ou sur le point de l’être, notamment en provenance d’Europe centrale, comme l’illustre par exemple le programme d’in-


Le missilier MBDA se dote à Bourges d’un bâtiment de 7 000 m2 pour regrouper ses activités logistiques et de reconditionnement

vestissement amorcé par l’équipementier automobile Faurecia à Nogent-sur-Vernisson, à l’est du

Jean-Louis Garcia, le directeur de Dev’Up, partage le diagnostic : « Je dois dire que nous avons été

AU DÉPART, NOUS PENSIONS POUVOIR IDENTIFIER ENTRE DIX ET QUINZE PROJETS DE RELOCALISATION, ON EST PLUTÔT ENTRE VINGT ET VINGT-CINQ ” Loiret. En revanche, les relocalisations émanant de l’Asie du SudEst sont beaucoup plus rares », poursuit Simon Karleskind.

surpris. Au départ, nous pensions pouvoir identifier entre dix et quinze projets de relocalisation, on est plutôt entre vingt et vingt-

cinq. C’est un vrai mouvement. Aujourd’hui, les chefs d’entreprise mettent tout sur la table. Ils s’aperçoivent que la sécurisation de l’approvisionnement peut justifier une légère augmentation des coûts. De ce point de vue, il y aura bien un avant et un après Covid ! ». Et cet empressement à rapatrier des maillons de la chaîne de production touche tous les secteurs. Parmi les derniers projets de relocalisation financés par les dispositifs d’accompagnement, figu-

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REPORTAGE

rent aussi bien celui du fabricant de canapés Pole Position à Bourges, que celui du spécialiste des alternateurs Nidec Leroy Somer à St-Jean-de-Braye ou encore de KE France, qui assemble des pergolas et des stores à Tremblay-les-Villages, en Eure-et-Loir. Un véritable inventaire à la Prévert… Les responsables publics restent conscients des limites de l’exercice. Bien sûr, leurs soutiens sonnants et trébuchants, et notamment les subventions directes ciblées qui n’ont jamais fait défaut, ont « produit un déclic mais tout l’enjeu va être désormais d’enraciner la tendance dans la durée ». Selon le sous-préfet à la relance, « il faut donner de la visibilité aux entreprises. C’est délicat de fonder des stratégies de relocalisation exclusivement sur des aides one-shot ». C’est la raison pour laquelle il fonde beaucoup d’espoirs sur les 250 M€ de baisse sur les impôts de production dont doivent bénéficier les entreprises régionales en 2021 et les années suivantes puisque cette mesure a vocation à être prolongée. Pour autant, sur les 500 M€ des dispositifs de relance et d’aides diverses (1,2 Md€ au total) qui ont été déversés sur la période 2021-2022 au bénéfice des entreprises régionales, 36 M€ ont été directement attribués à une soixantaine de projets industriels, dont un bon quart comportait un volet relocalisation. « Il s’agissait le plus souvent de ré-internaliser de la charge qui

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était confiée à des sous-traitants. Nous n’avons pourtant pas conditionné l’octroi de ces aides à ce seul critère. L’emploi, la contribution à la transition écologique, l’intégration de nouvelles technologies ont aussi été les déterminants de nos choix », estime Simon Karleskind au risque de s’exposer au reproche d’avoir succombé au saupoudrage : « Nous avons visé large. Nous ne souhaitions pas susciter de trop fortes frustrations. Mais les projets

dans le cadre d’une huitième et dernière vague. » Les programmes nationaux d’aides aux filières jugées stratégiques ont aussi accompagné des projets de très belle facture. Les industriels de la région y ont souscrit : « il y a eu de très belles choses dans l’aéronautique, mais aussi dans la pharmacie industrielle avec la création de capacités de production et de conditionnement de vaccins chez Delpharm à St-Rémy-sur-Avre (Eure-

IDENTIFIER DES FOURNISSEURS ET DES SOUS-TRAITANTS RÉGIONAUX APTES À DEVENIR DES MAILLONS DE LA SUPPLY CHAIN ” industriels que nous avons sélectionnés sont tous de très bons projets qui génèrent d’importants effets de leviers sur l’investissement et l’emploi ». Selon les calculs effectués par les services de l’État, cette enveloppe de 36 M€, attribuée en sept vagues qui se sont succédé jusqu’en septembre 2021, aurait ainsi contribué à déclencher plus de 250 M€ d’investissements, soit un coefficient multiplicateur d’un peu moins de 8, alors « que la moyenne nationale se situe entre 5 et 6 ». Au total, ces projets devraient générer la création nette de plus de 2 000 emplois. « C’est un bon bilan qui nous positionne de façon flatteuse par rapport à d’autres régions. Il va nous conduire à retenir d’autres projets

et-Loir) ou chez Recipharm à Monts (Indre-et-Loire). Ce n’est pas rien ». Autre sujet de fierté, quelques dossiers soutenus par la manne publique ont fait la part belle « à des projets collectifs, parfois dans

La filiale française de l’italien KE va fabriquer à Tremblay-les-Villages des pergolas jusqu’alors conçues et assemblées en Italie.


L’équipementier automobile Faurecia investit à Nogent-sur-Vernisson. François Bonneau est venu annoncer au mois de décembre que la Région allait contribuer à financer un plan de formation des nouveaux opérateurs.

une logique territoriale ». C’est notamment le cas de celui mené par le missilier MBDA implanté à Bourges (Cher) et à Selles-StDenis (Loir-et-Cher) ; la société européenne s’est lancée avec plusieurs de ses sous-traitants dans le développement d’une imprimante 3D de dernière génération. Comme le relève avec une pointe d’ironie cet industriel régional qui

a bénéficié, lui aussi, des aides gouvernementales, « les meilleures relocalisations, ce sont les délocalisations qui n’auront pas lieu. À la faveur de cette crise, les pouvoirs publics ont découvert, un peu ébahis, que des patrons de PMI se battaient depuis des années pour préserver contre vents et marées des capacités productives sur leurs territoires. Mieux, ils ont pris conscience que ces activités pouvaient revêtir un caractère stratégique. C’est un éclair de lucidité tardif, mais salutaire ». Certains observateurs plus critiques estiment, au contraire, que ces soutiens publics ont été distribués avec beaucoup de générosité. Les chefs d’entreprises auraient, dans de nombreux cas, profité des opportunités qui leur étaient offertes pour recycler des projets et des investissements qu’ils entendaient mener avec ou sans l’apport des subsides publics. Le spectre de l’effet d’aubaine pla-

LES PROJETS DE LEROY SOMER Vendu il y a cinq ans au japonais Nidec par l’américain Emerson, qui l’avait lui-même racheté en 1990 à l’ancien ministre et maire d’Angoulême Georges Chavanes, le fabricant d’alternateurs Leroy Somer a des projets pour son unité de St-Jean-de-Braye, qui emploie 350 personnes. Avec le soutien des pouvoirs publics, l’entreprise abraysienne a l’intention de relocaliser dans le Loiret la production d’une partie des composants qui lui sont nécessaires pour faire croître son activité, notamment en direction du secteur nucléaire. « En relocalisant, on devient maître de ses délais et des coûts », justifie son directeur.

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REPORTAGE

UN SOUTIEN PRUDENT Si la Région Centre-Val de Loire a contribué à la soixantaine de projets retenus par le fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires, il aura fallu attendre le septième tour de ce dispositif pour voir la collectivité s’engager plus nettement, en apportant 7 M€ sur les 14 M€ d’aides directes mobilisées, une contribution décisive pour la poursuite de ce dispositif qui pourrait connaître une huitième et dernière édition. Il est vrai que sa sollicitude ne s’est pas cantonnée au tissu industriel. Une grande attention a été portée aux entreprises de moins de 20 salariés avec le fonds de solidarité régional Renaissance créé avec la Banque des Territoires et doté de 12 M€. Les aides, accordées sous la forme d’avances remboursables, ont représenté un montant de 9,14 M€ : elles auraient permis de conforter 1 898 emplois.

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nerait au-dessus des dispositifs France Relance… « Sur ce point, nous avons été très vigilants », réplique Simon Karleskind qui concède que dans 50 % des cas, les industriels projetaient, en effet, de réaliser leur projet avec ou sans aide publique . Seulement, ils ont « accéléré sa mise en œuvre, et parfois, ce coup de pouce leur a permis de revoir à la hausse leurs ambitions ». Dans quelques dossiers instruits, « les entrepreneurs évoquaient un horizon de deux ou trois ans pour la réalisation de leur projet de relocalisation ou d’extension capacitaire. Là, on leur a dit, c’est tout de suite ! On peut toujours tout remettre en question. Mais l’effet d’accélération et de levier généré par les dispositifs France Relance ne peut pas être contesté ». Reste, comme le reconnaissent les autorités, que ces premiers acquis, qui correspondent à un contexte de crise très particulier, doivent être pérennisés. Qu’adviendra-t-il lorsque ce régime d’appel à projets sanctionné par l’octroi d’aides directes non remboursables – qui s'est temporairement affranchi des règles européennes limitant le montant individuel des aides directes – ne sera plus en vigueur ? « Il faut que le cadre réglementaire, fiscal, les aides en matière de ressources humaines et l'accès à l’innovation soient performants, y compris et peut-être surtout à l’échelle territoriale. C’est ce à quoi s’emploient les collectivités territoriales avec le soutien de

L’urgence de la production de vaccins contre la Covid-19 a permis de renforcer des unités régionales, comme celle du suédois Recipharm à Monts, près de Tours.

l’exécutif qui prépare un grand plan d’investissements. Il sera annoncé d’ici à la fin du mois de septembre par le président de la République ». Dans les services dépendant de la Région, on affine aussi le suivi d’une tendance qui reste à confirmer : « Au sein de Dev’Up, nous allons consacrer des ressources à cette thématique de la relocalisation. L’idée, c’est d’aider les chefs d’entreprise à cartographier et à identifier des fournisseurs et des sous-traitants régionaux aptes à devenir des maillons de leur supply chain. C’est l’un des enjeux majeurs de notre action » explique Jean-Louis Garcia. Jean-Christophe Savattier


MERCIER RAMÈNE SES FÈVES À BAUGY Installé à Baugy, dans le Cher, le chocolatier Mercier va réinternaliser une activité industrielle de torréfaction et de broyage de fèves de cacao. Ce programme pourrait générer la création d’une trentaine d’emplois. ceux qui prétendent que les relocalisations doivent se cantonner aux produits industriels ou pharmaceutiques destinés à assurer la souveraineté sanitaire française, les chocolats Mercier viennent d’opposer un démenti flagrant. Cette vénérable maison, créée en 1912, porte aujourd’hui un projet original de relocalisation d’activités de torréfaction et de broyage de fèves de cacao, jusqu’alors confiées à des soustraitants. « C’est un projet ambitieux qui représente un investissement de 2 M€ », nous indique Daniel Mercier, le patron éponyme d’une entreprise qui s’est taillée une belle réputation de qualité et dont les secrets de fabrication se transmettent de père en fils. « Nous allons le décliner en deux étapes », poursuit cet infatigable voyageur, toujours en quête des meilleures sources d’approvisionnement de matières premières aux quatre coins du monde. « Tout d’abord, en doublant nos capacités de Baugy où se situent le siège et le cœur de l’entreprise », ce qui devrait se traduire par l’aménagement d’un bâtiment de

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2 000 m2. « Par ailleurs, et en étroite coopération avec les dirigeants des Sirops Monin – une autre dynastie entrepreneuriale berruyère (NDLR ) –, nous allons aménager un espace de 1 500 m2 à Bourges. Olivier Monin et son fils sont de vieilles connaissances et ce projet commun nous permettra de valoriser nos produits qui contribuent à l’excellence et à la réputation du patrimoine gastronomique berrichon. » Le dossier a retenu l’attention des pouvoirs publics qui contribueront à hauteur de 200 000 € à un investissement qui, et ce n’est pas la moindre de ses qualités, pourrait générer à terme la création d’une trentaine d’emplois. « C’est un pari un peu fou que j’assume totalement », souligne Daniel Mercier. Si la taille de son entreprise reste modeste, l’entrepreneur a, en effet, l’habitude des défis, comme celui qui l’a conduit à investir dans une plantation de cacaoyers au Mexique. Daniel Mercier préside d’ailleurs les Chocolatiers Engagés, un club qui regroupe des confrères prestigieux, comme Thierry Lalet ou Christophe Bertrand : « Nous souhaitons changer les règles de la

Daniel Mercier contribue à l’excellence et à la réputation du patrimoine gastronomique berrichon.

production et du commerce du cacao en favorisant l’installation de jeunes exploitants. Il s’agit de réduire au maximum les intermédiaires et d’établir un prix d’achat décidé par le producteur en fonction de ses coûts de revient et de ses besoins. C’est une logique nouvelle, y compris pour des filières qui se réclament du commerce éthique. » JCS

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REPORTAGE

AB MEDICA À LA CONQUÊTE DE L’AMÉRIQUE La société berrichonne AB Medica, qui conçoit et fabrique des instruments chirurgicaux, va se doter d’une machine à commande numérique dernier cri. Ce qui va lui permettre de ré-internaliser de la charge et de doper ses ventes à l’export.

pécialisée dans la conception et la fabrication d’instruments chirurgicaux utilisés lors d’interventions cœlioscopiques ou en chirurgie orthopédique, la société AB Medica consolide son empreinte industrielle dans le Cher, où elle emploie 63 salariés répartis sur les sites de Méry-sur-Cher – où est installé le siège social – et de Vignouxsur-Barangeon. « Nous allons investir plus de 500 000 € dans une machine à commande numérique dernier

S

cri qui sera installée à Vignouxsur-Barangeon, un site qui abrite nos capacités d’usinage », nous indique Alexandre Blanc, le président de l’entreprise. Cet équipement ultra-performant permettra aux équipes d’AB de gagner en expertise et en précision ; il servira également de support à la ré-internalisation d’une partie de la charge – environ 40 % – confiée jusqu’à présent à des sous-traitants français et allemands. Cette initiative a immédiatement séduit les autorités préfectorales qui ont accordé une subvention de 140 000 € à ce projet dans le cadre des dispositifs de relance post-Covid. « Nous n’avions pas été identifiés dans un premier temps ; il a fallu mobiliser les élus pour obtenir gain de cause », précise Alexandre Blanc qui reconnaît « qu’il aurait, avec ou sans subventions, investi dans ce type de machines ». Pour autant, ajoutet-il, ce coup de pouce public « nous a donné les moyens de retenir un équipement haut-degamme. Partant, il va nous donner l’opportunité d’accélérer la mise au point de nouveaux produits ».

Alexandre Blanc

AB Medica mène depuis plusieurs années une intense politique d’innovation qui est en passe de porter ses fruits. « Nous avons mis au point un nouveau dispositif de cœlioscopie par soufflerie. Il permet à un chirurgien de disséquer des plans anatomiques avec une précision accrue et sans saignements intempestifs. Nous allons également proposer un système vis/boulon autorisant la pose d’implants dans le rachis avec une précision d’un dizième de millimètre ». Cette nouvelle offre va être particulièrement utile pour l’export, et notamment la conquête de l’exigeant marché américain. Les États-Unis ont déjà été approchés par AB Medica qui a réussi à homologuer plusieurs de ses produits auprès de la FDA. « Mais nous avons été malheureusement ralentis par la crise sanitaire », note Alexandre Blanc. L’export ne représente aujourd’hui qu’une faible part du chiffre d’affaires de l’entreprise berrichonne (1,5 M€ sur une facturation annuelle d’environ 10 M€) ; elle vise un CA de 12 M€ en 2021. JCS


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REPORTAGE

SCAVI REMET L’OUVRAGE SUR LE MÉTIER L’entreprise française de lingerie poursuit, malgré les difficultés de formation de nouveaux salariés, la relocalisation d’une partie de sa production de sous-vêtements à Saran. Un parcours du combattant.

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as après pas. Pierre Fournier, directeur de Scavi (exCorèle), entreprise française de lingerie qui fabrique des sous-vêtements et des masques pour une soixantaine de grandes marques, mesure toute la difficulté de redonner vie à une industrie qui avait totalement disparu de France. Au point qu’il était même impossible de former des salariés puisque les organismes ne pro-

P

revenir, même en partie, dans la région. Et pourtant. Grâce à un financement de la Région et une convention avec le Greta et l’Afpi sous l’égide de Pôle Emploi, la production se remet progressivement en route. « C’est une relocalisation progressive. Il faudra être patient pour reconstruire un outil industriel en France, nuance Pierre Fournier. Il faut repartir à la case départ ; et c’est très compliqué. »

posaient plus les métiers de la confection à leurs catalogues. Toute la production était partie depuis belle lurette, principalement au Vietnam et au Laos, et il semblait bien ambitieux de la faire

Une première session de formation en début d’année dernière a permis d’embaucher vingt opératrices en CDI, « des femmes qui, pour la très grande majorité, étaient inscrites à Pôle Emploi », précise

La Lettre Valloire - Septembre 2021

Pierre Fournier. Depuis septembre, une seconde session a l’objectif de doubler – au minimum – cet effectif. « L’entreprise a la capacité d’intégrer cette deuxième vague. La formation se terminera le 15 décembre », poursuit le patron de Scavi qui espère recruter entre 100 et 200 opératrices de production d’ici à 2022. À cette fin, Scavi a quitté La Chapelle-Saint-Mesmin pour Saran et des locaux de 2 600 m2 susceptibles d’accueillir cette relocalisation industrielle et les salariés qui la rendent possible. « Nous avons aujourd’hui 17 000 salariés, essentiellement en Asie. L’objectif n’est pas, bien sûr, de relocaliser toute notre production », complète Pierre Fournier qui évoque sa double responsabilité, sociale et environnementale. « Redonner de l’emploi à des gens qui n’en avaient plus, cela fait partie de notre responsabilité sociale. Et, puis d’un point de vue environnemental, relocaliser de la production ici, c’est notre petit apport à la protection de la planète », conclut-il, bien conscient que le label made in France a aujourd’hui un avenir… Johann Galy


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REPORTAGE

POLE POSITION FAIT LA COURSE EN TÊTE Installé à La Chapelle-St-Ursin, le fabricant-importateur de canapés Pole Position étoffe ses capacités afin de répondre au plus vite à la demande de ses donneurs d’ordre en produits made in France. la Chapelle-St-Ursin, près de Bourges, le fabricant et distributeur de canapés Pole Position surfe avec succès sur la dynamique des relocalisations. « C’est un fait établi. La crise sanitaire a fragilisé la supply chain dans notre secteur, comme dans bien d’autres domaines. Et les confinements successifs amènent les consommateurs à renouveler leur intérieur. D’où un impact fort sur les marchés de l’équipement de la maison », nous indique Pascal Symaniak, le directeur général

À

France, les distributeurs spécialisés (But, Alinea, Maisons du Monde, etc.), qui sont nos clients, sont en quête de fabrications locales ». Seulement, la grande vague de délocalisations subie par la filière meuble dans les années quatrevingt-dix a affaibli les capacités tricolores de production… Il faut donc aujourd’hui les reconstruire. La société berruyère, qui compte quelque 250 salariés en banlieue berruyère, s’y emploie avec une force inédite depuis plusieurs mois. Pole Position, qui a déjà accru ses capacités de 30 % en dix-

Pole Position aura augmenté de moitié sa production de canapés en deux ans

du groupe français Home and Furniture (H&F), la maison-mère de Pole Position. « Afin de sécuriser leurs approvisionnements dans une logique de circuit court et répondre à la demande de produits made in

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La Lettre Valloire - Septembre 2021

huit mois en recrutant près de 30 salariés, va de nouveau augmenter sa production de 20 % d’ici à la fin 2021. « Cette tendance va se poursuivre dans les années à venir avec l’embauche programmée de 15 à 20 collaborateurs par an », nous ex-

plique Pascal Symaniak. L’accroissement d’un process peu mécanisé et automatisé ne devrait pas requérir d’investissements en machines trop lourds. Toutefois, une enveloppe de 200 000 € à 300 000 € a été prévue à cet effet. Un bonheur n’arrivant jamais seul, l’entreprise va aussi diversifier son portefeuille d’activité. Le board du groupe portugais Aquinos (environ 300 M€ de CA), propriétaire d’H&F depuis 2019 et acteur majeur des marchés européens du meuble et de l’équipement de la maison, souhaite que sa filiale se lance dans la fabrication de matelas. La société prévoit donc de consacrer entre 600 000 € et 1 M€ à l’installation au cœur de son unité berruyère d’une ligne de fabrication de matelas. Le projet devrait être opérationnel au second semestre 2022 avec, à la clé, la création de 15 à 20 emplois. « Ce nouveau métier sera logé au sein de notre filiale Sofibo France dédiée à la logistique. Cette activité est plutôt orientée à la baisse, nos donneurs d’ordre ayant tendance à ré-internaliser ce maillon de la supply chain ». JCS


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POLITIQUE

CES CORBEAUX QUI PLANENT SUR LE LOIR-ET-CHER Depuis un an, l’ambiance s’est considérablement dégradée dans un département où le débat public fut, par le passé, réputé pour sa modération. Des articles de presse, alimentés la plupart du temps par des corbeaux dont l’identité est connue, sinon officielle, ont allumé une série d’incendies qu’il sera bien difficile d’éteindre. Récit de douze mois de règlements de comptes et de coups bas qui ont signé la fin du fameux consensus loir-et-chérien.

Nicolas Perruchot

e département le plus central de la région Centre-Val de Loire a eu longtemps une réputation de modération… toute centriste. On vantait alors le calme de la vie publique et la sérénité des débats. Les premiers remous sont survenus en 2007, lors de l’implosion

L

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de l’UDF, le mouvement politique créé par le plus illustre des Loiret-Chériens d’adoption : Valéry Giscard d’Estaing. Le MoDem de Jacqueline Gourault et le Nouveau Centre – devenu UDI – de Maurice Leroy se regardent depuis en chiens de faïence. Mais les escarmouches et les chausse-trappes qui se sont ensuivies n’étaient rien à côté de ce qui se passe depuis un an. Depuis la rentrée 2020, un vent de folie souffle sur le Loir-et-Cher, attisé par des courriers anonymes adressés aux médias. Tout a commencé le 12 septembre, avec un entrefilet du Canard enchaîné relatant une réunion de l’UPLC, groupe majoritaire de centre-droit au conseil départemental, qui s’était tenue quelques jours plus tôt. Sur l’enregistrement sonore de la réunion, que se seraient procurés le plumitif et d’autres médias dont l’hebdomadaire Marianne, Nicolas Perruchot, alors président du Département, aurait glosé sur la stupidité de ses concitoyens, alertant ses collègues élus, à

quelques mois de la campagne pour le renouvellement des instances départementales, sur la crédulité de leurs électeurs et la nécessité de leur donner des informations « de la manière la plus simple ou la plus simpliste possible ». Deux plaintes ont été déposées dans les jours suivants par la collectivité pour captation et transmission de propos prononcés « à titre privé ou confidentiel ». À ce jour, aucune suite n’a été donnée à ces plaintes. Finalement, la seule victime des révélations canardesques aura été une conseillère départementale, soupçonnée d’être à l’origine de l’enregistrement. Exclue du groupe UPLC puis mise en congé du secrétariat départemental des Républicains, l’élue a été sévèrement battue lors des élections départementales de juin dernier, où elle se présentait sans étiquette. Cette première affaire à peine estompée, un site américain révélait au mois d’octobre suivant qu’une fondation dirigée par le milliardaire américain Jeffrey Epstein – re-


trouvé pendu dans sa cellule new yorkaise en août 2019, dans l’attente de son procès pour « trafic de personnes mineures » – avait donné près de 58 000 $ en 2018 à une association présidée par Christophe Degruelle, actuel président de la communauté d’agglomération de Blois et proche de l’ancien maire de la ville Jack Lang. Ce dernier, interrogé par Paul de Villepin, journaliste du site américain Politico, justifie alors ce don par les besoins de financement d’un film, alors « en cours de finalisation, je crois », selon les propres termes de l’ancien ministre de la Culture. Neuf mois plus tard, nous a appris fin juin le compte twitter du journaliste Paul de Villepin, « aucune trace du film prétendument financé par le don » encaissé par l’association pompeusement dédiée à « la promotion de la politique culturelle nationale menée dans les années 80 et 90 du XXe siècle », n’a encore été retrouvée. Mais on cherche quand même… Le 30 décembre, le Canard enchaîné se rappelle au mauvais souvenir de Nicolas Perruchot. Instruit par un lourd dossier, très détaillé, envoyé anonymement à plusieurs rédactions, l’hebdomadaire satirique révèle que le président du conseil départemental se fait construire une villa de 240 m2 à Lumio, dans le nord de la Corse, pour un montant de 1,27 M€, financé en grande partie par un prêt bancaire obtenu auprès d’une banque de la place. Pour se justifier, Nicolas Perruchot

explique qu’il augmentera son indemnité, s’il est réélu président du Département, pour rembourser intérêts et principal de ce prêt manifestement trop important au regard de ses revenus. La banque vole à son secours en affirmant

part publie une longue enquête sur les frais de bouche de Jeanny Lorgeoux, l’inamovible maire de Romorantin. De 2017 à 2019, l’élu aurait tenu table ouverte au Lion d’Or, le restaurant étoilé de la ville, y dépensant plus de 60 000 €

FINALEMENT, LA SEULE VICTIME DES RÉVÉLATIONS CANARDESQUES AURA ÉTÉ UNE CONSEILLÈRE DÉPARTEMENTALE ” qu’elle a pris en considération les futurs revenus locatifs du bien avant d’accorder le prêt. Le mal est fait. Au début du mois de janvier, Nicolas Perruchot décide de jeter l’éponge et annonce son retrait de la vie publique à l’issue du mandat achevé au mois de juin, avec le double scrutin départemental et régional. Changement de lieu, changement de décor. Le 1er mai 2021, Media-

en mets délicats, naturellement aux frais du contribuable : 24 factures seraient malencontreusement tombées entre les mains du site fondé par Edwy Plenel. Curieusement, la recension des agapes débute au 1er janvier 2017. Il est vrai qu’en 2016, Jeanny Lorgeoux avait convié à sa table une ministre du gouvernement Castex, figure bien connue du Loir-etCher… Ces choses-là ne se disent

Christophe Degruelle


POLITIQUE

pas. Pour certains, l’omission désigne le coupable, un conseiller départemental proche de la ministre. Par une sorte de justice immanente, l’élu en question a, comme la présumée coupable de l’enregistrement du mois de septembre, été battu lors du scru-

assistante parlementaire de l’époque Élodie Péan, mieux disposée qu’aujourd’hui envers le vice-président de LR. Début juin, c’est au tour du Monde d’y aller de sa petite enquête. « Plongée dans les micropartis de Guillaume Peltier » titre le quotidien.

LA HAINE DES FAIBLES N’EST PAS SI DANGEREUSE QUE LEUR AMITIÉ ” Vauvenargues

UN FAUTEUIL SAUVÉ D’UN RIEN Philippe Gouet, le nouveau président UDI du Département, n’a dû son élection qu’au ralliement chèrement disputé du binôme de Romorantin, Tania André et Bruno Harnois, proches de Jeanny Lorgeoux, le maire mitterrandiste de la ville. Cette majorité de droite et du centre-droit, « élargie » à deux élus de gauche, faisait face à un attelage non moins aussi hétéroclite, allant d’une gauche très peu modérée (Blois 1) jusqu’à Élodie Péan (Montrichard), ancienne proche collaboratrice de Guillaume Peltier, le tout fédéré par le député MoDem Stéphane Baudu et consolidé par le maire de Lamotte-Beuvron Pascal Bioulac, passé de l’UMP à un œcuménisme très militant. Amours déçus, jalousies et coups bas auront marqué ce renouvellement des instances départementales où les départs successifs de deux fortes personnalités, Maurice Leroy et Nicolas Perruchot, auront créé sinon une dépression, au moins un vide.

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tin des 20 et 27 juin. Le crime ne paie pas, c’est bien connu. Grillée par Mediapart, La Nouvelle République en remet une louche le lendemain 2 mai sur l’affaire romorantinaise. À en croire le quotidien, ce ne sont plus 60 000 € qui auraient été avalés par le maire et ses invités, mais 102 000 €, dont les additions ont été réglées par la mairie ou la communauté de communes, présidée par Jeanny Lorgeoux. Cela représente près de 3 000 € par gueuleton si on retranche les 35 000 € payés pour les nuitées et les repas de délégations étrangères venues à l’occasion d’un jumelage, en mai 2018. Le quotidien local se pourlèche les babines en détaillant les menus : chaud et froid de homard à l’américaine, pigeon farci façon babylonienne, bouteilles de HautMarbuzet… Et se régale en listant les convives de l’un de ces repas pantagruéliques : le journaliste Xavier Couture et son épouse, mais aussi Guillaume Peltier, député de la circonscription, et son

En fait, contraitement aux invités de Jeanny Lorgeoux, on reste un peu sur sa faim à la lecture du long papier de Yann Bouchez. Les 26 700 € collectés en 2018 et les 37 101 € récoltés l’année suivante par l’Association de financement des amis de Guillaume Peltier (AFAGP) font cheap. On est loin, très loin des 313 000 € versés en 2015 par les adhérents des Amis du maire de Nice Christian Estrosi, ou des 315 000 € de dons de personnes physiques encaissés également en 2015 par Action île-de-France, le microparti de Valérie Pécresse (source Le Monde du 22 février 2017). Comme la délation n’est plus un délit, et quoique la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) s’interdise de dévoiler l’identité des donateurs, le journaliste les cite, probablement grâce à d’anciens amis du député ayant eu accès aux comptes de l’association : deux architectes romorantinais en font partie – pour 2 500 € chacun ! – le patron d’un zoo, le propriétaire


d’un château et aussi un industriel au nom célèbre, héritier d’un laboratoire pharmaceutique. Rien d’illégal dans ces dons, qui ont parfaitement respecté les règles et le plafond annuel de 7 500 €. Mais pour rendre les choses un peu plus piquantes, l’enquêteur souligne que la CNCCFP a rejeté début 2021 les comptes de l’AFAGP pour l’année 2019. Essentiellement parce qu’ils ont été remis hors délai. Passons rapidement sur le deuxième volet de l’enquête du Monde sur Guillaume Peltier, paru le même jour et cette fois consacré aux états d’âme des anciennes collaboratrices du député. Deux d’entre elles se répandent sur les cadences infernales subies par un député qui exigerait de son entourage d’être « pro-Peltier »,

Guillaume Peltier

Mais on n’en avait pas encore fini avec les dénonciations. Le 9 juillet, la « cellule investigation » de Radio France, alliée à France 3, s’en donne à cœur joie pour

CELA REPRÉSENTE PRÈS DE 3 000 € PAR GUEULETON SI ON RETRANCHE LES 35 000 € PAYÉS POUR LES NUITÉES ET LES REPAS DE DÉLÉGATIONS ETRANGÈRES ” ce qui est, en effet, assez déroutant. Il faut, reprend cette interlocutrice experte en chose politique, « louer ce qu’il fait, même si c’est nul ». Des deux collaboratrices interrogées, l’une a pris ses distances, un peu contrainte et forcée, l’autre, blanche colombe qui a pris le doux pseudonyme de Marie, a trouvé refuge à la Préfecture de Police où ses employeurs sont certainement plus enclins à tenir compte de ses avis.

clouer de nouveau au pilori le pauvre Nicolas Perruchot. Le Canard enchaîné, arrivé cette fois dans l’affaire comme le marquis de Couille-Verte, remet le couvert trois semaines plus tard, histoire de se joindre à l’indignation générale. En cause, le financement par des entreprises privées d’une association créée par Nicolas Perruchot, l’Observatoire du dialogue social. Les dons en question restent modestes –

20 000 € octroyés par la Fédération française du bâtiment en 2018, la même somme par TDF l’année suivante – mais les transferts d’une partie des fonds sur le compte personnel de Nicolas Perruchot posent question. Les sommes, qui étaient censées servir à financer la création d’un site internet, ont été depuis intégralement reversées sur le compte de l’association. Comme dans les autres affaires, l’identité de l’informateur du quarteron d’investigateurs de la radiodiffusion et de l’audiovisuel publics n’est pas très difficile à deviner, d’autant que France 3 a cru bon de l’interroger, probablement dans le but de noyer le poisson et de sauver le corbeau. La source s’est toutefois tarie à partir de l’été 2019, au moment où le corvidé-délateur a été évincé de son perchoir privilégié. François-Xavier Beuzon

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POLITIQUE

TOURS DE PASSE-PASSE À LA MÉTROPOLE En juillet, l’élection de Frédéric Augis (LR) à la présidence de la métropole de Tours Val de Loire, face au maire écologiste de Tours Emmanuel Denis, constitue l’acte de décès du consensus politique tourangeau. Mortifiés, les élus de gauche ont démissionné des vice-présidences qui leur avait été accordées à la portion congrue. La Ville de Tours devra désormais assister en spectatrice à la gouvernance métropolitaine. Mais un tel modèle politique, marqué par la marginalisation de la majorité élue de la ville-centre, est-il soutenable dans la durée ?

Frédéric Augis, le patron de droite d’une majorité de gauche

«N

aufrage », « suicide collectif », « farce ubuesque » : beaucoup d’élus qui ont assisté le dimanche 11 juillet à l’élection du maire de Joué-lès-Tours Frédéric Augis à la présidence de la Métropole de Tours Val de Loire, et à la défaite cuisante de son adversaire, le maire écologiste de Tours Emmanuel Denis, ont rivalisé d’imagination sémantique pour qualifier ce qui se jouait sous leurs yeux.

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Si certains ont exagéré sans doute la portée « historique » de cette « tragi-comédie », il faut toutefois admettre que les équilibres politiques vulnérables issus de cette éprouvante séance menacent désormais l’efficacité et la stabilité d’une institution déjà fragilisée par la démission de Wilfried Schwartz. Cet ancien socialiste, maire de la commune surburbaine de La Riche, avait dû abandonner sans gloire le fauteuil métropolitain après avoir

molesté l’un de ses collaborateurs. Furieux que la majorité municipale de gauche ne se voit attribuer que trois vice-présidences sur les vingt disponibles, le maire de Tours et ses obligés ont théâtralement quitté le conseil métropolitain et démissionné du bureau, jugeant que cette proposition ne « respectait ni le poids politique de ma sensibilité politique, ni celui de la Ville de Tours, notoirement sous-représentée ». Des démissions qui ont été validées par la préfète d’Indre-et-Loire à la miaoût. Surtout, Emmanuel Denis n’a pas supporté que deux de ses principaux opposants au conseil municipal, Thibault Coulon et Benoist Pierre, obtiennent chacun une vice-présidence, respectivement au développement économique et à l’enseignement supérieur et à la recherche. « C’est le coup de pied de l’âne», estime un proche du maire de Tours qui estime « que ces nominations ne visaient qu’à blesser


inutilement la majorité municipale ». Le sujet a été d’ailleurs au cœur des discussions qui ont suivi ce coup d’éclat. Car après avoir claqué la porte, la gauche tourangelle a toqué à la fenêtre ! « Emmanuel Denis a réclamé auprès de Frédéric Augis la tête de Thibault Coulon et de Benoist Pierre. Il a

siers aussi importants que la seconde ligne de tramway en s’opposant à la majorité de la villecentre. C’est juste injouable !» estime le cacique socialiste JeanPatrick Gille. Ce dernier, qui fut avec Philippe Briand – le dernier président de la communauté d’agglomération Tours Plus et le premier de Tours

LE MAIRE DE TOURS REVENDIQUAIT NEUF VICE-PRÉSIDENCES. MAIS IL N’A RIEN OBTENU, COMME D’HABITUDE ” aussi revendiqué neuf vice-présidences. Mais il n’a rien obtenu, comme d’habitude » ironise-t-on dans le camp du nouveau président de Tours Métropole. Une fois que se sera définitivement retirée l’écume de cette joute picrocholine, il faudra bien en tirer les conséquences politiques. « Ce qui se révèle malheureusement derrière cette crise, c’est la sourde et historique opposition des élus des petites communes et de la ville-centre. D’ailleurs, Frédéric Augis et son équipe n’ont eu de cesse pendant les jours qui ont précédé l’élection de chauffer les maires sur cette thématique. Selon eux, voter pour Emmanuel Denis, c’était voter pour l’hégémonie de Tours. Mais il ne faut pas s’y méprendre. Cette victoire de la droite, c’est une victoire à la Pyrrhus. On hérite d’une Métropole dotée d’une assise politique croupion. Son exécutif veut dérouler des dos-

Métropole Val de Loire – l’un des artisans de l’accession au statut métropolitain en mars 2017, enrage de voir cette œuvre commune remise en question : « C’est la fin du fameux consensus politique tourangeau qui avait pourtant permis cette consécration. C’est peut-être aussi la fin programmée d’une certaine ambition métropolitaine ». Il est vrai que Philippe Briand, en

baron de la droite tourangelle, s’est beaucoup employé pour faciliter la victoire de Frédéric Augis. « Il était à la manœuvre ; il rameutait et haranguait ses troupes aux interruptions de séance, c’est lui l’artificier, voire le pyromane », blêmit de rage un conseiller communautaire écologiste. « Mais qui a souhaité rompre ce consensus tourangeau si ce n’est Emmanuel Denis lui-même ? Pourquoi a-t-il maintenu une candidature qui a été le détonateur de cette crise, lui qui avait juré pendant la campagne des municipales qu’il ne briguerait pas la présidence de la Métropole pour ne pas apparaître comme un cumulard, relève Thibault Coulon. Il est exact qu’aujourd’hui la Ville de Tours est exposée à un risque de perte d’influence. Mais c’est de la seule responsabilité du maire de Tours et de sa gestion marquée par l’idéologie. Les absents ont toujours tort. Ce n’est pas en claquant les portes que l’on fait avancer les dossiers ». Par ailleurs, « il est faux de pré-

Emmanuel Denis restera-t-il sur sa ligne ou devra-t-il apprendre à louvoyer ?

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POLITIQUE

COMPRENNE QUI PEUT… Les nouveaux équilibres politiques en place à la Métropole de Tours Val de Loire ont parfois des conséquences curieuses dans les communes membres. Ainsi, le maire de Chambray-lès-Tours Christian Gatard, en rupture de ban avec le parti socialiste, passé – plus ou moins – dans les rangs de La République en Marche, est un soutien enthousiaste du nouvel exécutif métropolitain présidé par Frédéric Augis. Grand argentier de la collectivité, également en charge des politiques d’urbanisme, il a d’ailleurs décroché le poste de 6e vice-président à l’issue de l’élection du 11 juillet. Pourtant, son premier adjoint à Chambray-lès-Tours, l’écologiste Didier Vallée, est un proche… d’Emmanuel Denis. Il l’a d’ailleurs accompagné avec ferveur dans sa candidature au fauteuil métropolitain. Logiquement, Didier Vallée s’est installé aujourd’hui résolument dans l’opposition métropolitaine. Avec Christian Gatard à la ville, et contre lui à la campagne : l’important, c’est que les électeurs s’y retrouvent !

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tendre que la Métropole soit désormais condamnée à l’inaction. Elle peut s’adosser à une majorité, ses élus sont au travail, poursuit Thibault Coulon. J’ai fait l’inventaire des sujets qui relèvent de ma compétence. L’avancée d’aucun d’entre eux, y compris la gestion de l’incubateur numérique Mame, ne me paraît devoir être compromise par une éventuelle mauvaise volonté de la municipalité tourangelle ». Le son de cloche est identique dans l’entourage de Frédéric Augis où l’on concède toutefois que « les choses ne sont pas toujours fluides et ne le seront peut-être pas davantage dans les mois à venir. Mais on avance sur la seconde ligne de tram, on avance sur le sujet du traitement des déchets, une thématique majeure pour la Métropole. Et on ne voit pas comment une équipe municipale tourangelle animée par le souci de l’écologie pourrait se mobiliser pour faire capoter ce que nous bâtissons dans ces deux domaines ». Mezzo voce, certains élus préfèrent insister sur l’isolement et la « cornerisation » d’Emmanuel Denis. « Depuis qu’il a pris la mairie de Tours, il s’est pris au jeu du pouvoir. Il a tenté plusieurs coups, mais il les a tous ratés » juge sévèrement l’un de ses principaux opposants. Il est vrai que les revers se sont accumulés. Il y a un an, à peine élu, le maire de Tours échouait à faire élire son adjointe Cathy Savourey, alors première vice-présidente de la Métropole, à la tête

du Syndicat mixte de l’agglomération tourangelle (Smat), une instance stratégique dont la présidence a été conquise par Benoist Pierre, leader du groupe macroniste à la mairie. Quelques semaines plus tard, un autre élu écologiste tourangeau, Martin Cohen, était battu par un élu rural du Loir-et-Cher à la présidence de la société publique locale (SPL) Tri Val de Loire, en charge de la construction et de l’exploitation du futur centre interdépartemental de tri des déchets de Parcay-Meslay. Enfin, juste avant Noël, ne réussissant pas à imposer sa vision décroissante de l’avenir de l’aéroport de Tours Val de Loire, Emmanuel Denis n’a rien trouvé de mieux que de démissionner avec fracas de la présidence du syndicat mixte (Smadait) qui le gère. « C’est une évidence, le maire de Tours et sa garde rapprochée ont du mal à s’affranchir de leur culture politique marquée par la radicalité et l’opposition. D’où un bilan politique qui est finalement très décevant à ce stade », déplore ce conseiller socialiste. Une Métropole bancale exposée à un risque d’impotence, un maire de la ville-centre assiégé et réduit au rôle d’opposant… Qui peut prétendre que l’intelligence collective se soit manifestée ces derniers temps en bord de Loire ? Les élus sauront-ils se reprendre et enfin assumer pleinement les responsabilités qu’un corps électoral épuisé leur a déléguées ? Réponse dans les prochains mois … Jean-Christophe Savattier


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POLITIQUE

PROPAGANDE ÉLECTORALE : ÇA N’A PAS FAIT UN PLI Exit Adrexo. Et retour de La Poste. Les dysfonctionnements massifs de la distribution de la propagande électorale lors des derniers scrutins départementaux et régionaux ont été sanctionnés. L’État, qui ne pouvait pas faire moins, a résilié le contrat qu’il avait signé avec l’opérateur privé. On ne badine avec ce sujet brûlant, à quelques mois des élections présidentielles ! En juin, la région Centre Val-de-Loire n’a pas été épargnée par Adrexo, le taux d’erreur ayant très largement dépassé le chiffre officiel de 30 %.

«I

ncurie », « mascarade » : les qualificatifs peu amènes fleurissent dans la bouche des élus de la région lorsqu’on évoque les dysfonctionnements de la distribution de la propagande électorale et des professions de foi lors des élections départementales et régionales. Pourtant, les signaux d’alarme se sont allumés précocement. « Dès les premières réunions du comité de suivi des élections mis en place par le gouvernement, j’ai prévenu que nous allions dans le mur suite au choix d’un prestataire qui, manifestement, n’était pas en mesure d’assurer correctement cette mission », témoigne John Billard, maire du Favril (28) et secrétaire général de l’Association des maires ruraux de France (AMRF). C’est la société Adrexo, spécialisée dans le routage et la distribution d’imprimés publicitaires, qui a été retenue le 16 décembre pour assurer sur une durée de quatre ans cette mission stratégique sur sept régions et cinquanteet-un départements, La Poste

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conservant la distribution sur les cinq autres régions : Bretagne, Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Sud et Corse. Le choix était des plus osés, si l’on considère la seule situation financière de l’entreprise. Cette filiale du groupe Hopps connaît de graves difficultés et ne doit sa survie qu’aux apports de sa société mère… et à une ardoise fis-

cale et sociale qu’elle peine à éponger. « On connaît les conditions de travail très difficiles des salariés d’Adrexo qui n’ont pas du tout la même expertise que les facteurs. On courait à l’échec » estime John Billard. « Quelle mouche a bien pu piquer l’État ? Quelle idée saugrenue de confier cette mission effectuée d’ordinaire par La Poste à un opé-

Les salariés du groupe Adrexo ont dû assumer un surplus d’activité auquel ils n’étaient pas préparés


rateur privé à l’issue d’un appel d’offres, comme s’il s’agissait d’une banale distribution de colis. Quelle erreur de ne pas avoir suffisamment vérifié si cette entreprise avait bien les capacités d’assurer la prestation ! Et quelle désinvolture. On parle quand même d’une fonction régalienne », s’étonne pour sa part Christophe Bouillon, maire de Barentin, près de Rouen, et président de l’Association des petites villes de France (APVF). Les 16 000 salariés du groupe Adrexo, qui ne travaillent qu’à temps partiel (6 500 équivalents temps plein) ont dû assumer dans les régions retenues un surplus d’activité auquel ils n'étaient pas du tout préparés. Et avec une seule semaine d’intervalle entre les deux tours. « La plupart du temps, les collaborateurs d’Adrexo n’avaient pas les passes d’entrée des immeubles pour accéder aux boîtes à lettres. Ils étaient totalement désemparés », témoigne cet élu tourangeau. Du coup, les bugs se sont multipliés. « Certains électeurs ont reçu les professions de foi trois semaines avant le scrutin alors que cellesci doivent être boîtées deux ou trois jours avant l’élection pour rafraîchir la mémoire des futurs votants et leur rappeler leur devoir citoyen. D’autres les ont reçues le lendemain du second tour. Beaucoup les attendent encore. J’ai vu, de mes yeux, des piles de professions de foi abandonnées devant des halls d’immeuble. Et l’on s’étonne que l’abstention ait été massive », tempête Jean-Fran-

çois Debat, maire de Bourg-enBresse et vice-président de Villes de France, qui regroupe les villes moyennes. L’élu estime que le taux d’incident dans la distribution de la propagande électorale a probablement dépassé les 30 %. Selon un audit réalisé par La Poste et Adrexo, ce taux s’établirait à 26 % en moyenne nationale. « En région Centre-Val de Loire, on a très largement dépassé cet

de juillet le contrat de 160 M€ qui le liait à Adrexo. Il n’était pas question d’exposer les présiden-

QUELLE IDÉE SAUGRENUE DE CONFIER CETTE MISSION EFFECTUÉE D’ORDINAIRE PAR LA POSTE À UN OPÉRATEUR PRIVÉ ? ” indicateur pour sans doute flirter avec les 50 %. Sur certains territoires, comme dans le Lochois, on est dans le 100 % d’erreur… », nous indique un cadre du groupe La Poste. Peut-être pas de quoi compromettre la sincérité et les résultats du scrutin, « mais sûrement alimenter considérablement la démobilisation et compromettre la crédibilité de l’État » se lamente John Billard. « Au moins, ou aura compris que la connaissance intime du terrain et la capillarité d’un réseau ne s’improvise pas à l’occasion d’un appel d’offres » poursuit notre contact du groupe La Poste qui, au passage et selon l’expression consacrée, « boit du petit lait ». L’État semble en tous cas avoir retenu la leçon. Le ministère de l’Intérieur a résilié dès le mois

tielles, élection reine du système politique français, à un bug de même nature. L’histoire ne dit pas encore si le groupe La Poste récupèrera le contrat, « mais on ne voit pas trop comment il pourrait en être autrement » estime-t-on chez l’opérateur historique où l’on préfère toutefois se montrer prudent. Mais pour l’écrasante majorité des élus, il ne fait aucun doute que la logistique électorale doit revenir dans le giron des missions de service public. D’autant que Jean Castex vient d’annoncer que l’État allait verser une dotation annuelle de 500 M€ à La Poste pour compenser le déficit grandissant occasionné par le service universel postal. Quitte à payer, autant que ce soit pour quelque chose. JCS

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UN DUO EN BÉTON Génération après génération, la famille Jalicon ajoute des étages à une construction familiale née modestement en 1919 à Clermont-Ferrand. Aujourd’hui, Charles et Marie-Anne, les deux enfants de Michel, ont repris le flambeau et donné une dimension nationale à Exia en l’enrichissant de nouveaux métiers. Portrait croisé. ans la famille Jalicon, je demande le fils, Charles ! Et la fille, Marie-Anne ! Depuis 2017, la fratrie a pris en main les rênes d’une saga familiale dont les premières pages se sont écrites en 1919, à Clermont-Ferrand. « Mon arrière-grand père était artisan en maçonnerie ; il avait deux ou trois salariés », confie Charles Jalicon qui reçoit à son siège social, à Ingré, près d’Orléans, un lieu dont il a reconfiguré les espaces et revu entièrement la décoration. À bientôt 41 ans, ce père de deux jeunes enfants, jovial, sans fard et au tutoiement facile, est devenu vice-président du groupe, rebaptisé Exia Jalicon, qu’il codirige « dans une totale confiance » avec Marie-Anne, sa sœur cadette de trois ans. « On est indissociable, elle m’amène la promotion, je lui amène la gestion et le commerce », assure-t-il, soucieux d’impliquer sa sœur dans chaque étape de croissance de l’entreprise. « On est comme des jumeaux. Être deux, c’est plus facile face aux obstacles. On n’est jamais tout seul. On a cette force », complète celle-ci. « Mon grand-père a repris la boîte

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à l’âge de 18 ans. Il s’est installé dans le nord d’Orléans durant l’après-guerre. Le travail ne manquait pas dans la reconstruction. Il a eu jusqu’à une trentaine de salariés. En 1980, il a cédé la société à mon père qui l’a développée ; celui-ci est monté à une soixantaine de salariés, avant de revenir à une vingtaine de maçons. Puis il est vite parti sur un autre volet, à forte valeur ajoutée, qui est la foncière », poursuit Charles Jalicon, qui tourne les pages d’un album familial centenaire. Et c’est à ce moment-là que l’actuelle génération prend toute sa part dans le récit familial. « Un jour, mon père me dit : « Tu rentres ! ». Je ne m’y attendais pas, je n’étais pas prêt, et ça été un échec total. Il y avait dix personnes ici, dans les bureaux, et vingt maçons dehors. Mon père passait deux fois par semaine, j’étais pourtant le patron, j’occupais son bureau, mais je ne savais pas du tout quelle était ma place », se souvient Charles Jalicon. Passé cinq ans par Bouygues où il « s’éclate et apprend le métier », après un diplôme en gestion des entreprises et des administrations qu’il consolide avec un CAP en maçonnerie, Charles Jalicon, 30


ans alors, pose ses valises à Ingré et se déleste aussi de ses quelques prétentions d’héritier. « Après Bouygues, j’ai eu du mal à m’adapter à la PME familiale. J’étais considéré comme « le fils de » et je rentrais en conflit avec tout le monde. » Quelques années plus tôt, Marie-

Anne, diplômée d’une école d’immobilier, l’ICH, fait ses armes à la demande de son père à Cavalières (Var), où Michel Jalicon explore avec gourmandise une autre facette du métier : la promotion résidentielle. Un programme de 40 logements que Marie-Anne est chargée de mettre en œuvre.

Pour avoir les coudées franches, la fratrie rachète l’entreprise familiale, ce qui implique nécessairement une rupture avec la tutelle paternelle et son patronyme. « C’était dur avec mon père. Il a fallu lui expliquer que les décisions, c’était nous qui les prenions. Il fallait qu’il lâche le

APRÈS BOUYGUES, J’AI EU DU MAL À M’ADAPTER À LA PME FAMILIALE ” La période d’apprentissage passée, Charles et Marie-Anne ont de nouvelles ambitions. Ils sont tous les deux maintenant à Ingré. La brouette et la bétonnière, c’est noble, mais ça ne rapporte pas beaucoup. Ils ont les compétences et la vision stratégique pour constituer un attelage bien plus lucratif. « J’ai commencé à développer le clé en main. Ici, on a quatre métiers : le gros œuvre, les chantiers jusqu’à 500 000 €, le clé en main jusqu’à 5 M€ et la promotion jusqu’à 10 M€ et au-delà. Quand je suis arrivé, il n’y avait que le gros œuvre », résume Charles Jalicon. Avec sa sœur pour asseoir le volet juridique, de nouveaux horizons financiers se dégagent. « On a apporté l’aménagement, qui est un nouveau métier. On prend de grosses emprises foncières, on travaille avec les villes sur des ZAC et on apporte de la promotion multi-produits : hôtellerie, résidence seniors, résidence étudiante, logements sociaux et résidentiels. Avant, on ne faisait que de la promotion. »

bébé », explique Charles. Trouver une place à un père auquel ils doivent beaucoup, sans l’évincer, la marge de manœuvre pouvait sembler étroite. « Une grosse branche appartient entièrement à Michel Jalicon, celle du développement immobilier. Il a ses équipes, ses bureaux, et on s’entend très bien », assure le fils. D’ailleurs, à la question de savoir si le père est fier de la réussite de ses deux enfants, Charles reste laconique. « Ce n’est pas quelqu’un qui s’exprime trop, je n’ai pas de compliments, mais je sais que la direction que nous avons prise lui plaît », lâche-t-il. Le frère et la sœur ne comptent pas en rester là. Le marché français leur tend les bras. « Personne ne nous voit venir, on attaque la France pleine balle », se réjouit Charles qui se frotte les yeux quand il constate la progression du chiffre d'affaires. La saga familiale se poursuit. Et à deux, on est plus fort. Johann Galy

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« PERSONNE NE NOUS VOIT VENIR » De 7 M€ en 2017 à 55 M€ en 2021, une progression à deux chiffres annoncée pour les années à venir, Exia connaît une croissance tout à fait exceptionnelle qui va jusqu’à surprendre Charles Jalicon et sa sœur Marie-Anne, qui co-dirigent la société familiale depuis 2017. Focus sur une entreprise qui ne connaît pas la crise.

L’Écrin, une résidence de 23 logements promue par Exia à Orléans

l se frotte les mains, et même les yeux tant il n’ose croire à une telle ascension. Si fulgurante. « On a racheté la boîte en 2017, le groupe réalisait un CA de 7 M€. En 2021, on va passer à 55 M€ et enregistrer à la suite une progression à deux chiffres, tout est signé », explique Charles Jalicon qui cherche, malgré tout, en dépit du flot d’opportunités qui s’ouvrent aujourd’hui à lui, des raisons de rester prudent. Il n’en trouve guère. « Je fais at-

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tention. Je sais que la roue tourne et s’il y avait une crise financière, ce serait catastrophique. Mais la Covid-19, dans tous les cas, a eu un effet d’accélérateur. Je suis vraiment désolé de le dire quand je pense à tous ceux qui continuent d’en souffrir. » Soixante salariés dans le groupe, cinq personnes de plus à embaucher au bas mot dans les six prochains mois, un bureau de 110 m2 ouvert récemment à Paris : Exia s’étend, se diversifie… et se

fait un nom. « Il y a un développement énorme. Dans les affaires, je n’ai jamais connu ça. Personne ne nous voit venir, on attaque la France pleine balle. On est sur les talons d’Idec. D’ailleurs, à Tours, on a un chantier de 11 000 m2 », annonce Charles Jalicon. Tours, mais également Orléans, où Exia construit 25 000 m2 , idem à Meung-sur-Loire, 2 000 m2 de bureaux à Paris avec BNP Paribas, un autre immeuble de bureau au Havre, un à Toulouse clé en


main, des projets à Blagnac, Montélimar, Lille, Châlons-en-Champagne, mais aussi en Bretagne, etc. La liste des chantiers qui s’ouvrent semble inépuisable. Et d’autres opportunités sont à portée de signature. À qui ou à quoi attribuer cette réussite exceptionnelle, à rebours de la situation de nombreuses entreprises dans cette période

et 180 locataires », résume son fils. Bien sûr, ce développement exceptionnel de l’entreprise Exia est à mettre au compte d’une très opportune diversification des métiers, dont deux sont à forte valeur ajoutée : la promotion immobilière et résidentielle d’une part, l’aménagement clé en main d’autre part. Les expertises associées et

IL Y A UN DÉVELOPPEMENT ÉNORME. DANS LES AFFAIRES, JE N’AI JAMAIS CONNU ÇA ” post-Covid ? « Il y a deux choses, répond Charles Jalicon. On a structuré l’entreprise et on a embauché des talents qui nous apportent du business. Ils mangent tous les jours du Exia, ça leur plaît, ils aiment la boîte ! Tout le monde participe au décollage. Et puis, les références arrivent, elles sont acquises, et quand on montre ce dont nous sommes capables, ça va très vite ensuite. » Pour ne pas être en concurrence avec son père qui s’est spécialisé dans l’achat de foncier et d’immobilier, principalement à Orléans, Charles Jalicon et sa sœur Marie-Anne ont créé Exia REIM, une structure dédiée à l’immobilier résidentiel, à l’immobilier d’entreprise et à l’aménagement clé en main (logistique, tertiaire, activités) qui intervient sur tout le territoire national. « L’activité de Michel Jalicon, elle, se fait à 70 % à Orléans. Il a une dizaine de salariés, 270 000 m2, surtout des bâtiments industriels,

complémentaires de la fratrie Jalicon ont aussi permis cette extension des possibles. « J’ai une formation juridique, Charles est plus technique, il est versé davantage dans la finance et la gestion. Être ensemble est une force », confie Marie-Anne, par ailleurs vice-présidente de la CCI du Loiret, adjointe à l’urbanisme à la mairie de Marcilly-en-Villette et élue communautaire. Un ancrage local qu’elle revendique et qu’elle souhaite renforcer toujours davantage. « Pour moi, c’est très important de s’investir sur son territoire. En tant qu’élue, je travaille

Exia Promotion réaménage les 5,6 ha d’une ancienne plateforme logistique à Saran en prévoyant près de 300 logements

avec une équipe qui va façonner ces villages dans les années à venir ; il faut rendre au territoire ce qu’il nous donne. On sponsorise également beaucoup de jeunes et d’associations sportives et culturelles », assure Marie-Anne. De son côté, Charles Jalicon a endossé un nouveau rôle au sein de l’entreprise familiale, à la mesure de son statut de co-président d’Exia et de ses nouvelles ambitions. « À la limite, si je ne suis pas là, la société tourne toujours. Je marche beaucoup à la confiance. Mon rôle, aujourd’hui, est d’amener de nouveaux business, j’ai un rôle commercial important, celui de trouver de l’argent aussi pour financer les projets, pour accompagner le développement et manager les directeurs dont certains sont entrés au capital de l’entreprise », précise-t-il. Aujourd’hui, Exia embrasse un nouveau destin, national cette fois. Il est loin le temps où l’arrière-grand-père de Charles et de Marie-Anne s’installait dans le nord d’Orléans et participait, avec une équipe de maçons, à la reconstruction de la ville, en partie soufflée par la fureur de la guerre. JG


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LA PIONNIÈRE ORLÉANAISE DE L’ARN MESSAGER Chantal Pichon, chercheuse au centre de biophysique moléculaire du CNRS d’Orléans, a été pionnière en France dans les travaux menés sur l’ARN messager. Ignorées par les laboratoires, boudées par un certain nombre de ses confrères, ses recherches suscitent aujourd’hui un intérêt soudain. La pandémie du Covid-19 est passée par là. hantal Pichon nous reçoit dans son bureau du Centre de biophysique moléculaire, l’une des nombreuses unités que compte l’immense site du CNRS d’Orléans. Souriante, affable, détendue, cette chercheuse qui a été pionnière dans les travaux menés sur l’acide ribonucléique messager – plus connu par le sigle ARN messager, ou encore ARNm – observe, plus qu’elle ne savoure, ce qui peut s’apparenter à une consécration. Pas personnelle, mais scientifique et collégiale. Le succès mondial des vaccins contre la Covid-19 qui utilisent cette technologie a propulsé sur le devant de la scène une découverte longtemps ignorée, tant dans ses acquis que dans ses promesses thérapeutiques. « En 2005, quand j‘ai commencé à travailler sur l’ARNm, nous étions une poignée dans le monde à croire en ce que nous faisions. D’ailleurs, moi, à l’époque, je ne travaillais pas seulement l’ARNm, car je n’avais pas suffisamment de budget pour cela, je travaillais aussi sur l’ADN pour mettre en place

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de nouvelles stratégies thérapeutiques », se souvient Chantal Pichon. Depuis que la pandémie du Covid-19 s’est abattue sur la planète, l’ARN messager suscite tous les espoirs. Les laboratoires, comme la communauté scientifique, se tournent enfin vers celles et ceux qui vivotaient dans l’ombre des recherches consacrées à l’ADN,

la grande rivale de l’ARNm, et qui devaient se contenter de lignes budgétaires souvent faméliques. « On avait des petits contrats, de 30 000 € parfois, pour aller plus loin dans nos recherches. Certaines subventions n’ont pas été renouvelées, comme celle de la Région par exemple. Les labos nous trouvaient trop ambitieux. J’ai continué pourtant à travailler.


Puis on a publié quatre articles sur l'ARNm et déposé deux brevets. Ça a donné à nos recherches une expertise internationale à la suite de quoi on a participé en 2014 à un projet européen contre la grippe avec l’utilisation de l’ARNm, se souvient Chantal Pichon. À partir de là, on a pu aller encore plus loin et j’ai décidé alors de me consacrer exclusivement à l’ARNm. »

le cancer, c’était le choix que mon équipe a fait », précise-t-elle. Les budgets restent difficiles à trouver et la technique de l’ARN messager montre des limites. « En 2005, Katalin Kariko – la biochimiste hongroise qui, la première, a développé des thérapies géniques fondées sur l’ARNm – démontre que si l’on veut gagner en efficacité, il faut utiliser une astuce qui consiste à distinguer l’ARN des microbes de celui de la cellule, sinon la cellule va se dégrader elle-même », détaille Chantal Pichon.

soires. Chantal Pichon n’en démord pas : il va ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques. « Les ARN messagers ne permettront pas de tout traiter, mais leur potentiel est immense. Je travaille actuellement sur la régénération tissulaire qui va connaître des avancées majeures avec l’ARNm. La cellule fabrique elle-même ce dont elle a besoin. C’est un dosage très subtil et très fragile. On peut utiliser le même procédé pour le cartilage. Depuis la Covid-19, les investissements s’ouvrent, il y a un effet de booster impressionnant », se réjouit-elle.

LES ARN MESSAGERS NE PERMETTRONT PAS DE TOUT TRAITER, MAIS LEUR POTENTIEL EST IMMENSE ”

Quand elle arrive au CNRS d’Orléans en 1993, après un doctorat en biochimie obtenu à Marseille et deux années post-doctorales passées à Cambridge, Chantal Pichon intègre une équipe de recherche mise en place par l’Institut Pasteur, qui travaille sur l’exploitation de l’ARNm comme vecteur de vaccination. « L’idée était de booster les défenses immunitaires contre

Cette découverte, qui permet de prévenir la réponse inflammatoire à l’ARN messager, est capitale et ouvre la perspective du vaccin. Les labos, dont BioNTech, regardent cette avancée avec un nouvel intérêt… De son côté, la biochimiste orléanaise poursuit ses travaux, donne des cours à l’université, participe à des colloques et consolide son équipe qui compte aujourd’hui une vingtaine de chercheurs, dont huit statutaires : « En 2017, j’avais monté un congrès, ici, à Orléans, intitulé « ARN thérapeutique ». Les labos sont venus, Sanofi, BioNTech, etc. Et on a gagné encore en visibilité ». Si l’ARNm trouve progressivement sa place dans le champ médical, les crédits ouverts pour soutenir la recherche restent souvent déri-

Ainsi, plus de 150 vaccins et produits thérapeutiques à base d’ARNm seraient aujourd’hui en cours d’évaluation, à des stades précliniques ou cliniques. Profitant de cet emballement, Chantal Pichon a déposé un projet européen de recherche sur les thérapies innovantes qui a reçu un écho plus que favorable. « Nous avons des contrats, au niveau national, européen, et avec des partenaires privés, c’est très encourageant ». Pourtant, quand on lui demande si son travail précurseur sur l’ARN messager constitue sa plus grande source de fierté, Chantal Pichon répond par la négative. « La reconnaissance, c’est quand mes élèves viennent me remercier de ce que je peux leur transmettre », sourit-elle. Johann Galy

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TERRITOIRES

LE BONHEUR EST DANS LE LOIR-ET-CHER L’agence d’attractivité de Loir-et-Cher, créée il y a un an par le conseil départemental avec le concours d’acteurs privés, s’est fixé pour objectif de faire rayonner son territoire et de favoriser l’installation ou le retour de nouveaux talents dans le département. le nom claque comme celui d’un groupe de rock. L’agence d’attractivité de Loiret-Cher – ou plutôt « de Loir & Cher », l’esperluette a donné au quarante-et-unième département français une allure plus graphique – a choisi de faire souffler le vent de la modernité sur ce territoire qui peine un peu à se défaire de son image rurale. Car si le regretté Michel Delpech a fait connaître le Loir-et-Cher à la France entière, il n’aura guère contribué à rafraîchir son image et celle de ses habitants qui « ne font pas de manières (et) passent tout l’automne à creuser des sillons, à retourner des hectares de terre… »

BeLC

Raison de plus, au moment où le confinement a redonné tout son lustre à la France des provinces, pour se montrer et donner envie de vivre sur place. Et pas pour un dimanche, comme l’idole des années 60, mais pour s’y installer… vraiment. « C’est un des piliers de notre mission, décline Karine Gourault, qui dirige l’agence depuis sa création, au début de l’été dernier. Nous devons accroître notre audience nationale, notamment pour faire venir des talents. » Et pour inspirer envie et confiance aux candidats à une installation, il faut que les habitants portent eux-mêmes l’ambition de leur territoire. C’est dans cet esprit qu’une campagne sera lancée cet automne sur le thème : « Je suis

BeLC a organisé le 5 juillet une journée de bienvenue pour une trentaine de néo-Loir-et-Chériens.

fier de travailler dans le Loir-etCher ». Le dernier pilier, mais non des moindres, est celui de la santé. Comme la plupart des territoires ruraux, le Loir-et-Cher souffre d’une raréfaction de l’offre de soins. Comme pour tous les maux, on essaie de trouver des remèdes. BeLC est aussi là pour ça. En à peine plus d’un an d’existence, l’agence a permis de trouver ou de favoriser l’accueil de cinq médecins : deux médecins du travail, un médecin salarié à la Polyclinique de Blois et deux libéraux. « Mais pour arriver à nos fins, le but est de créer une véritable communauté de professionnels de santé », explique Catherine Lhéritier, 1ère vice-présidente du conseil départemental et présidente de l’agence d’attractivité. Recenser les étudiants en médecine – qu’ils soient en fac à Tours ou en région parisienne – et les jeunes praticiens originaires du Loir-et-Cher fait partie de cette tâche. Passer des accords avec les instituts de formation des autres professionnels de santé aussi… « Nous avons pris contact avec l’école universitaire de kinésithérapie d’Orléans, cite Karine Gou-


rault. Nous leur avons présenté notre offre de postes à pourvoir et de logements pour des jeunes en stage ou tout juste diplômés ». « Le travail de maillage est essentiel, notamment en utilisant les réseaux sociaux, complète Catherine Lhéritier. D’ailleurs, le der-

adresses, des produits locaux, des idées de sortie et même des billets d’entrée gratuits dans les principaux sites touristiques. Pour une somme modique, réglée par l’employeur avec la participation du Mobili-Pass d’Action Logement, l’agence les accompagne

CETTE PETITE DIFFÉRENCE QUI VA FAIRE PRÉFÉRER UNE ENTREPRISE À UNE AUTRE ” nier jeune médecin recruté à la maison de santé d’Onzain l’a été par facebook. » Si l’offre de soins est une préoccupation majeure, et chacun est conscient qu’il faudra du temps pour résoudre le problème, BeLC a aussi vocation à favoriser l’arrivée de tous types de profils professionnels. « Il faut accompagner les entreprises pour qu’elles puissent attirer les collaboratrices et collaborateurs qui leur font défaut », souligne Catherine Lhéritier. « Nous mettons à leur disposition nos outils de communication, plaquettes ou autres, que nous n’hésitons pas à « customiser » en ajoutant une présentation de l’entreprise qui recrute », ajoute Karine Gourault. Mis à la disposition des recruteurs, Jobpack permet de valoriser la marque employeur auprès des candidats et de créer « cette petite différence » qui va faire préférer une entreprise à une autre. Au bénéfice bien sûr du territoire. Pour que ceux qui arrivent puissent se projeter dans leur nouvelle vie, BeLC leur remet un coffret de bienvenue avec les bonnes

pour la recherche d’un logement, mais aussi d’un emploi pour le conjoint. D'anciens Parisiens installés de fraîche date en Loir-et-Cher n’hésitent pas à témoigner de leur satisfaction. Arrivés durant le confinement, Pascal, son épouse et le petit Arthur ont troqué leur appartement parisien pour une maison avec un jardin à proximité de Blois. Originaire de Chaumontsur-Loire, Madelon s’est installée à Blois, dans un appartement « deux fois plus grand » que celui qu’elle avait à Paris (lire page 40). De courtes vidéos sont diffusées sur le site web loiretcherattractivite.com. Le web est bien sûr le média privilégié pour attirer d’autres candidats. Le Loir-et-Cher est présent sur le site paris-jetequitte.com dont la promesse est explicite : aider des Parisiens et des Franciliens à quitter la région capitale pour vivre en province. À moins de deux heures de Paris, trois quarts d’heure pour le Vendômois, le département ne peut que les séduire.

LE SENS DE L’ACCUEIL Accueillis comme des rois ! Le 5 juillet, BeLC a organisé une journée de bienvenue pour une trentaine de néo-Loir-et-Chériens, entourés de welcomers (résidants chargés de faciliter l’installation des nouveaux arrivants, NDLR), au Domaine de Chaumont-surLoire. « Si nous avons la chance de bénéficier d’un cadre et d’une qualité de vie incroyables, il ne faut pas oublier que l’accueil fait partie de l’atout charme des territoires de province », justifie Karine Gourault. Le programme a ravi petits et grands : des échanges entre les participants, histoire de faire naître des amitiés, la présentation du territoire et des dispositifs réservés aux arrivants avec, bien sûr une visite du Domaine et du fameux Festival international des jardins. Plusieurs participants ont immortalisé la journée sur Instagram et d’autres réseaux sociaux. Les nombreux likes prouvent que l’initiative a été largement relayée.

François-Xavier Beuzon

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TERRITOIRES

MADELON BOUDIN : RETOUR VERS LE FUTUR Madelon a laissé derrière elle Paris et ses nuisances pour retrouver le Loir-et-Cher. À 26 ans, elle parvient à conjuguer un audacieux parcours d’autoentrepreneur et une qualité de vie qu’elle juge exceptionnelle.

ative de Chaumont-surLoire, Madelon Boudin a connu, à 18 ans, l’exode francilien des jeunes souhaitant poursuivre leurs études dans des domaines très spécifiques. Six ans plus tard, cette jeune femme dynamique et entrepre-

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Madelon Boudin avait besoin de se ressourcer dans le Loir-et-Cher

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nante décrochait un master en alternance de marketing digital et se préparait à une carrière toute tracée de strategic planner dans une agence de publicité. C’était sans compter sur l’appel de sa terre natale. « La vie parisienne ne me convenait plus du tout. J’avais besoin de me ressourcer et de souffler ». Elle décide donc en octobre 2019 – quelques mois avant la crise sanitaire – de rallier le domicile familial à Chaumont à la grande satisfaction de sa famille. « J’ai ensuite envisagé plusieurs options : partir à l’étranger, retourner à Paris… J’ai finalement décidé d’essayer de trouver un job salarié sur place dans mes spécialités ». Las, après avoir envoyé plusieurs dizaines de candidatures, elle doit se rendre à l’évidence : le marché, tant à Blois qu’à Tours, est quasiment inexistant. « Je dois ma remise en selle à un coup de pouce de la chambre de métiers et de l’artisanat de Loir-et-Cher ». Celle-ci lui confie en effet la mission de former les artisans locaux aux fondamentaux du web et des réseaux sociaux. Adossée à un statut d’autoentrepreneur, elle parvient à enchaîner

les missions et devient aussi intervenante au sein d’écoles de commerces tourangelles et orléanaises (ESG, Cefim, Excelia) ainsi qu’au Cercle Digital. « Les confinements et la généralisation du télétravail ont tout changé ». À partir de son domicile blésois, elle démarche aussi des agences parisiennes, voire étrangères pour des prestations dans son domaine de prédilection : le planning stratégique sur les réseaux sociaux. « J’effectue des études de marché, des recherches diverses sur des sujets publicitaires, des recommandations. Cette activité représente désormais 70 % de mes revenus ». Madelon Boudin se dit aujourd’hui « très heureuse. Entourée de mes proches, installée dans un appartement au loyer enfin décent et bénéficiant d’une qualité de vie assez exceptionnelle. Je n’aurais jamais réussi en région parisienne le même parcours qui est loin d’être singulier ». Presque toutes ses connaissances parisiennes ont, en effet, emprunté le même chemin Paris-Province du retour au bercail… et vers leur futur. JCS


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TERRITOIRES

VENTS CONTRAIRES POUR LES ÉOLIENNES La programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit de faire passer le nombre d’éoliennes de 8 000 à 20 000 d’ici à 2028 sur le territoire national. Nombre d’élus locaux montent au front pour dénoncer le coût exorbitant de l’électricité verte et la pollution visuelle que génèrent des mâts hauts parfois de 200 m. Face à eux, les écologistes défendent mordicus ce qu’ils estiment être un passage obligé de la transition énergétique.

éolien est devenu un tel sujet de passions qu'il est difficile de tenir un discours apaisé et constant sur le sujet. Le président de la République luimême souffle le chaud et le froid. Le 14 janvier 2020, en visite à Pau, il assurait son auditoire que « de plus en plus de gens ne veulent plus voir d’éolien près de chez eux (et) considèrent que leur paysage est dégradé ». Pourtant, trois mois plus tard, le 21 avril 2020, le décret fixant la programmation pluriannuelle de l’é-

L’

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nergie (PPE) promettait de multiplier par deux et demi le nombre d’éoliennes sur le territoire national : de 8 000 aujourd’hui, elles devraient être 20 000 en 2028. À

Plus récemment, en visite en Polynésie, le chef de l’État a tenté de rassurer, reconnaissant que « des tensions naissent, parce que certaines régions ont beaucoup

DES TENSIONS NAISSENT, PARCE QUE CERTAINES RÉGIONS ONT BEAUCOUP CONSTRUIT D’ÉOLIENNES ” cette date, la part de l’éolien dans le mix énergétique devra quasiment tripler, passant de 7 % à 20 % de l’électricité produite en France.

construit d’éoliennes ». Il a souligné la nécessité « d’améliorer la concertation locale », prônant « le cas par cas ». Des industriels, comme Total, EDF ou Engie, promeuvent désormais les énergies décarbonées au côté des élus écologistes, accrochés à ce qu’ils estiment être le passage obligé de la transition énergétique, et de personnalités comme Yann Arthus-Bertrand et Nicolas Hulot. Mais du côté des territoires, le vent a franchement tourné. Dans le Montargois, la bataille est rude entre l’association Pro TG et les promoteurs VSB et Intervent qui veulent implanter quinze aérogénérateurs de 200 m de haut sur trois communes du Gâtinais :


Courtempierre, Treilles et Gondreville. Un premier projet avait été repoussé il y a une quinzaine d’années, mais celui-ci, de l’aveu même des opposants, semble mieux ficelé que le précédent. L’association ne désarme pas pour autant. Quelques kilomètres plus au sud, sur les communes de VarennesChangy et d’Oussoy-en-Gâtinais, Nordex veut implanter quatre éoliennes de 180 m de haut : les riverains sont vent debout. En revanche, le pourvoi en cassation déposé par quatre petites communes du Loiret contre le projet d’érection de cinq éoliennes de 149 m de haut à Neuville-auxBois a été rejeté début juillet par le Conseil d’État. Après sept ans de bataille judiciaire.

Dans le Loir-et-Cher, les habitants des villages de Séris et de Josnes ont réussi à faire plier le promoteur WEB Windenergie AG en décembre dernier ; celui-ci voulait installer « au moins six éoliennes » sur ces communes de la Petite Beauce, voisines du Loiret. Face aux refus des deux conseils municipaux, la société autrichienne a fini par abandonner le projet. Dans le Cher, où une centaine d’éoliennes sont en service et où une trentaine d’autres vont les rejoindre, le ras-le-bol est également perceptible : un mât de mesure installé par la société RP Global pour étudier la faisabilité d’un projet éolien a été détruit au mois de février à Vorly, au sud de Bourges. Le président de l’association Lury sans éoliennes (LSE),

du côté de Vierzon, dénonce quant à lui « un massacre, une industrialisation du paysage » et entend mener une bataille judiciaire, s’il le faut, « face à des promoteurs qui ont beaucoup plus de moyens ». Dans le Lochois, quatre maires, dont celui de la bourgade de Ligueil, se sont dit « agacés » par le démarchage incessant des promoteurs « qui veulent nous mettre des éoliennes sur des très bonnes terres agricoles, mettre du béton partout ». Toujours dans le Lochois, les maires sont furieux que le préfet ait donné son feu vert à l’érection de huit éoliennes d’une hauteur de 200 m par le belge WindVision et cela, contre les avis négatifs des élus. François-Xavier Beuzon

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TERRITOIRES

UNE EAU ADOUCIE QUI NE DURCIT PAS LA FACTURE Les procédés collectifs de décarbonatation de l’eau sont accessibles aux plus petites communes. Veolia l’a proposée à deux syndicats d’eau potable du Cher représentant chacun un millier d’abonnés. L’usager dispose désormais d’une eau adoucie pour une facture qui n’a augmenté que d’une trentaine d’euros sur l’année.

Nouvel élu, Pascal Laclémence, président du Siaep de Preuilly-St-Thorette, a totalement souscrit au projet OPAMEM de Veolia

our environ 0,30 € par m3 consommés, les abonnés de deux petits syndicats d’eau potable du Cher ont désormais une eau adoucie et, pour l’un d’entre eux, dénitratée. Cela représente moins de 30 € sur la facture d’un ménage consommant annuellement 90 m3.

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À Preuilly, un village de quelque 400 habitants entre Vierzon et Bourges, l’installation financée par Veolia a permis de réduire le titre hydrotimétrique (TH) de 35° à un peu moins de 15° français. La proposition du délégataire a séduit Pascal Laclémence, adjoint au maire de Preuilly depuis l’an passé et président du Siaep de Preuilly-Ste-Thorette qui gère l’eau potable de quatre communes rurales (Preuilly, Ste-Thorette, Quincy et Limeux) représentant environ 2 000 habitants et moitié moins d’abonnés. C’est son prédécesseur qui avait engagé les discussions avec Veolia pour se doter de ce procédé de décarbonatation par osmose inverse basse pression (OIPB). Près de dix-huit mois de démarches administratives, une validation de l’agence régionale de santé et cinq mois de travaux ont été nécessaires pour livrer une installation qui aura coûté 400 000 € : l’investissement comprend le bâtiment d’accueil – un pré-fabriqué de 20 m2 à côté

du château d’eau – les équipements de filtration et les cuves d’acide sulfurique – composé chimique indispensable pour régénérer les membranes qui retiennent les minéraux – et de soude, pour redonner du pH à l’eau qui, sinon, serait trop acide. Depuis la mise en service de l’unité, à l’hiver 2021, le Siaep a réduit ses achats au Smaerc, le syndicat mixte de production d’eau potable du département du Cher, pour intensifier son approvisionnement dans le captage du Carroir, qui lui appartient. Celle-ci, adoucie par le procédé OPAMEM de Veolia, fournit désormais 60 % de l’eau consommée par le syndicat (environ 100 000 m3 par an), le Smaerc ne représentant plus que 40 % de l’approvisionnement. Avant l’installation, la proportion était inverse. « Je n’étais guère au fait de ces questions en devenant élu », reconnaît Pascal Laclémence, un ancien gendarme aujourd’hui jeune retraité. Les techniciens de Veolia lui ont assuré que les résultats seraient probants, avec


un surcoût pour les abonnés de 0,30 € par m3, faisant passer le prix de l’eau à 3,03 € le m3. Les premiers retours, après quelques réticences au départ, sont très positifs : le confort de l’eau adoucie est unanimement apprécié et les économies substantielles : on estime, en effet, que le calcaire représente un coût annuel d’environ 250 € pour un ménage. Autre avantage, le procédé permet de réduire la proportion de nitrate dans l’eau. A l’autre bout du département, le Siaepa de Cuffy-Cours-les-Barres, qui a les compétences eau et assainissement, s’est équipé d’un système équivalent d’adoucissement d’une eau de captage dont la problématique essentielle était le calcaire. Avant de lancer les

travaux, le syndicat a sondé les abonnés : les 400 répondants se sont prononcés « à 95 % pour l’adoucissement collectif de l’eau », précise Jean-Pierre Lesueur, pré-

trisée de longue date. Elle adoucit l’eau en retenant le calcaire dans les cuves de résine. L’équipement, plus sommaire, est complété d’une grande cuve contenant le sel des-

ON ESTIME QUE LE CALCAIRE REPRÉSENTE UN COÛT ANNUEL D’ENVIRON 250 € POUR UN MÉNAGE ” sident du Siaepa. La mise en service est intervenue au début de l’été dernier. Le procédé retenu, baptisé OPADOU – une sorte d’adoucisseur de grande dimension –, a été installé dans le château d’eau à la sortie de Cuffy ; la technologie des résines échangeuses d’ions sodium avec les ions calcium de l’eau est maî-

tiné à régénérer les résines, et d’une cuve de soude qui permet, comme à Preuilly, d’augmenter le pH de l’eau. Là aussi, le millier d’abonnés du syndicat ne constate qu’une augmentation minime de sa facture d’eau : 30 € par an, faisant passer le m3 de 2,33 € à 2,69 €. FXB

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ENTREPRISES

AMAZON, REMET LE COMMERCE EN SELLE Avec près de 15 000 emplois directs en France, sans compter les emplois induits et ceux créés ou sauvegardés chez les vendeurs tiers de la marketplace, Amazon est devenu un contributeur essentiel de l’économie du pays. Pourtant, le géant américain du commerce en ligne, qui a implanté sa première plateforme française il y a plus de vingt ans à Orléans, essuie une pluie de critiques… Mauvaise foi, méconnaissance des règles du marché, arrières-pensées politiques : les raisons de cet acharnement ne manquent pas. Mais la cible de ces attaques, souvent virulentes, n’en a cure : Amazon.fr prospère et ses partenaires avec elle.

«E

n 2006, lorsque j’ai intégré l’entreprise, nous étions 19, plus une soixantaine dans notre entrepôt de Boigny-sur-Bionne. Aujourd’hui, Amazon emploie 14 500 personnes en France » : Frédéric Duval, patron de la filiale française du n°1 mondial du e-commerce, n’en revient pas lui-même. La petite librairie en ligne fondée par Jeff Bezos en 1994 à Seattle a conquis le monde... et l’Hexagone n’est pas en reste. Quitte à susciter des jalousies et à réveiller cette vieille passion française de l’anti-américanisme. Même les plus pro-business de nos élus s’en mêlent. À peine arrivé au ministère de l’Économie, Bruno Le Maire assignait Amazon devant le tribunal de commerce de Paris : dénonçant des pratiques qu’il jugeait « abusives », le ministre voulait lui infliger une amende de 10 M€. Après deux ans de procédure, le groupe acquittera 4 M€. Depuis, les relations avec

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Bercy se sont apaisées. « Ne prenons pas Amazon comme bouc émissaire », déclarait même Bruno Le Maire l’an passé au JDD, en pleine crise sanitaire. Au mois de novembre dernier, lors de la présentation de son portail régional de vente en ligne www.localdabord.centre-valdeloire.fr (lire ci-contre « N’est pas Amazon qui veut ! »), François Bonneau y est allé franco de port : « Amazon, ça suffit ! ». Il était alors en pleines négociations pour réunir la gauche autour de sa candidature à la présidence de la Région… et s’est peut-être Frédéric Duval (Amazon) affirme que le e-commerce ne détruit pas le commerce, mais qu’il en crée.

senti obligé de donner des gages à son aile altermondialiste. C’est humain… et surtout très politique. Pourtant, la région Centre-Val de Loire doit beaucoup à Amazon. En 2000, l’américain décide d’ouvrir son premier centre français de distribution de livres, CD, DVD et cassettes vidéo ; il choisit alors Boigny-sur-Bionne, en banlieue orléanaise, et s’installe dans un bâtiment de 10 000 m2 loué au fabricant d’imprimantes Lexmark : il emploie alors une trentaine de personnes. Sept ans plus tard, le site de Boigny étant devenu trop petit, Ama-


zon déménage à Saran dans un entrepôt de 46 000 m 2 . Aujourd’hui, le site s’étend sur 70 000 m2 et compte 1 800 salariés, effectif qui double au moment des fêtes de fin d’année. Amazon a aussi créé un centre de tri à Gidy et une agence de livraison à Ormes ; cette dernière est chargée de la logistique « du dernier kilomètre » pour servir les clients à Orléans, Tours et Le Mans. Amazon, c’est aujourd’hui 2 000 emplois en CDI dans la périphérie orléanaise. « Il faut remettre un peu de raison dans tout cela, explique Frédéric Duval qui s’appuie sur une étude récente réalisée par l’université de St-Gall. Premièrement, le e-commerce ne détruit pas le commerce, il en crée. Deuxièmement, notre système de livraison groupé entraîne moins de déplacements, donc moins de pollution, et permet de faire des économies de chauffage de locaux commerciaux, donc moins de consommation d’énergie. » L’argument semble imparable. Mais le principal bénéficiaire du phénomène Amazon, plus que le climat, c’est bien le tissu éco-

nomique lui-même, et notamment les plus petites des entreprises. « Il ne fallait pas que je loupe le coche », témoigne une productrice de safran des Ardennes lors du lancement, il y a trois ans, de « la boutique des producteurs », une initiative de la filiale française du géant de Seattle. « Amazon a un potentiel énorme, ça nous donne une vraie visibilité », même si, ajoute-t-elle, « ces gigantesques plateformes font toujours peur ». Le peur est-elle justifiée ? Car l’impact sur l’économie nationale est aussi colossal que positif : « 130 000 personnes vivent de notre activité, souligne Frédéric Duval. Et 13 000 PME – contre 11 000 au mois de décembre 2020, NDLR – vendent sur notre marketplace ». Car Amazon.fr permet à des marchands tiers de vendre des produits neufs ou d’occasion, en parallèle aux offres d’Amazon. En fin d’année dernière, près de 60 % des produits du site provenaient de ces indépendants : pour 39 € HT par mois, plus une commission comprise entre 5 et 20 % de la valeur du produit, chacun peut vendre sur cinq marketplaces euro-

Aujourd’hui, le site de Saran s’étend sur 70 000 m2 et compte 1 800 salariés.

N’EST PAS AMAZON QUI VEUT ! Pour aider les petits commerçants, producteurs et artisans à surmonter la crise sanitaire, la Région Centre-Val de Loire a lancé fin 2020 son portail web « Local d’abord ! ». Le but ? Encourager les habitants à acheter en ligne des produits locaux. Les commerçants doivent s’inscrire pour bénéficier « d’un chèque numérique de 500 € » destiné à créer ou mettre à jour leur site e-commerce. Budget de l’opération : 3,5 M€. Dix mois plus tard, le site est loin de compter les 2 000 références annoncées et certains, comme Safran de Smet à Broué (28), ne sont même pas au courant de leur présence sur « Local d’abord ! » Quant aux retombées, le caviste Le Domaine Goyer à Neret (36), l’épicerie bio Biomonde à La Ferté-St-Aubin (45) ou le Dog Hôtel Resort à Saran (45) sont unanimes : « Aucun retour ».

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ENTREPRISES

péennes (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie et Espagne). Une fois la vente conclue sur le site sécurisé d’Amazon, deux options : le vendeur expédie lui-même son produit ou il le confie au service de livraison Amazon Prime. La force de frappe de l’américain est d’abord logistique. Amazon a inauguré trois méga-entrepôts ces trois dernières années : en 2019, c’était Brétigny-sur-Orge, au sud de Paris, premier site robotisé,

l’année suivante, Senlis, une plateforme proche de Roissy, et le 1er septembre dernier, Augny, près de Metz. Ces installations s’ajoutent à celles de Saran, Chalon-Sevrey (71), Montélimar (26), Lauwin-Planque (59) et Boves (80), et à une quinzaine de sites à la taille plus modeste, comme ceux d’Ormes et de Gidy. Et ce n’est pas fini ! Le groupe réfléchit à de nouvelles implantations dans le Gard et la périphérie

de Nantes, zones encore non couvertes. Des dossiers houleux, qui suscitent des controverses chez les défenseurs auto-proclamés du paysage ; ces contestations ont obligé le groupe a abandonné un projet en Alsace. Ce dispositif hors-norme procure aussi du travail « à une bonne centaine d’entreprises logistiques, dont de très petites », complète Frédéric Duval. FXB

BÉBÉALIS GAZOUILLE SUR AMAZON.FR La société blésoise de Jonathan David vend la quasi intégralité de ses produits sur la marketplace d’Amazon. Business as usual. Jonathan David vend 2 000 de ses caches prises chaque mois sur Amazon.fr

onathan David est un entrepreneur heureux. Il vend 2 000 de ses caches prises chaque mois sur Amazon.fr. La marketplace, sur laquelle il commercialise ses accessoires en plastique qui protègent les enfants du contact avec une prise électrique, assure 95 %

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de ses ventes ; les 5 % restants proviennent de son propre site marchand bebealis.com. L’itinéraire commercial de ce Blésois de 39 ans n’est pas banal. « J’avais commencé à vendre des infuseurs à thé et des pailles en inox sur Amazon.fr », raconte-t-il. Mais la concurrence farouche sur ce type de produits, le plus souvent fabriqués en Asie, l’a incité à se renouveler et « à proposer quelque chose d’original ». Ce bricoleur malin, qui se souvenait de ses angoisses de jeune papa, a donc conçu un cache prise monobloc, premier produit de la gamme Bébéalis, suivi d’un autre, automatique celui-là. Le décollage des ventes a été quasi immédiat et le volume atteint pourrait permettre à Jonathan David de vivre de son business. « Mais je préfère faire grandir la

société », explique celui qui attend maintenant, pour renforcer sa notoriété, un prix au concours Lépine, fin octobre à la Porte de Versailles. Ses projets ? Compléter la gamme Bébéalis avec des bavoirs en tissu « faciles à nettoyer » et des couverts en silicone, afin d’éviter que les plus petits se blessent en mangeant. Et puis diversifier les circuits de distribution en décrochant un référencement dans de grandes surfaces comme Leroy Merlin. Le commerce physique a encore du bon… Mais pas question de lâcher Amazon, sa plateforme de paiement sécurisée et son service de livraison hyper efficace : « Si j’expédiais mes produits moi-même, ça me coûterait 4,25 € par envoi. Amazon me le facture 2,10 €. Et c’est sans compter le temps que je passerai à faire les colis. » FXB



ENTREPRISES

PIERRE FABRE SACRIFIE CHÂTEAU-RENARD POUR RENFORCER GIEN La pharma castraise Pierre Fabre vient d’annoncer la fermeture de son usine de Château-Renard (45) spécialisée dans le conditionnement de tubes de crèmes pour la marque Eau Thermale Avène. Les 45 salariés seront reclassés au sein de l’usine de Gien (45) qui conditionne des produits d’hygiène bucco-dentaire. e groupe pharmaceutique Pierre Fabre réorganise ses capacités industrielles dans le Loiret où il exploite deux usines : Château-Renard et Gien. Pénalisée par sa taille modeste et par la modicité de la charge qui lui est confiée, l’usine de Château-Renard, qui emploie 46 salariés, va ainsi prochainement cesser son activité. La direction de l’entreprise, dont le siège se trouve à Castres (81), a présenté le 21 juillet aux représentants du personnel un projet de fermeture de ce site spécialisé dans le conditionnement de tubes de crèmes pour la marque Eau

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Thermale Avène. Selon la direction, cette activité – dont le volume a été divisé par trois depuis 2017 – « n’est plus prioritaire » et a conduit l’usine à souffrir d’une situation de « sous-utilisation structurelle ». Cette réorganisation ne prévoit aucun licenciement puisque chacun des salariés concernés se verra proposer un reclassement au sein de la seconde usine loirétaine de Pierre Fabre, située à Gien, à une quarantaine de kilomètres de distance. Celle-ci est la principale unité de production pharmaceutique de la pharma castraise ; elle est spécialisée dans les produits d’hygiène bucco-den-

taire et emploie 400 salariés. La direction indique que « toutes les opportunités de reconversion des bâtiments seront étudiées afin d’accueillir d’éventuelles activités ». L’usine de Château-Renard se déploie sur environ 30 000 m2 et « pourrait intéresser des investisseurs et des opérateurs du secteur de l’industrie comme de la logistique », nous indique un porteparole de l’entreprise. Selon la CGT, une petite partie des salariés de Château-Renard pourrait accepter de rejoindre les sites sudistes du groupe. Elle indique qu’elle se montrera très vigilante sur la qualité des reclassements qui seront proposés. Ce transfert va également fournir l’occasion d’optimiser les flux logistiques de la middle pharma castraise (2,3 Md€ de CA, dont 1 Md€ dans le médicament). Le transfert des lignes de production de Château-Renard vers les usines Pierre Fabre de Soual (81) et d’Avène (34) permettrait d’économiser plus de 1 000 tonnes de fret par an. JCS


SODECO UN MODÈLE BIEN HUILÉ… Spécialisée dans le conditionnement à façon d’huiles alimentaires, l’entreprise familiale Sodeco anticipe un triplement de son chiffre d’affaires d’ici à la fin de la décennie. Ce projet l’amène à envisager une extension sur la ZAC des Loges à Fay-aux-Loges (45).

Château-Renard (45), Sodeco, un assembleur et commercialisateur d’huiles alimentaires (olive, tournesol, colza, noix, mais aussi sésame, pépins de courge ou de raisins, amande), a fondé son développement sur un modèle qui

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semble fonctionner à merveille. Selon Nicolas Précy, le directeur général d’une entreprise qui a été créée par son grand-père en 1955, la société se veut un conditionneur et un assembleur sur mesure : « Nous achetons en vrac auprès de très grosses huileries, puis nous assemblons et conditionnons dans de plus petites quantités ces huiles vierges ou raffinées, des plus classiques aux plus gastronomiques, pour des donneurs d’ordre. Ceux-ci peuvent être aussi bien les centrales d’achat de la grande distribution pour les besoins de leurs marques distributeurs, que des marques propres, des distributeurs pour la restauration hors domicile (RHD) ou des magasins spécialisés. Nous nous adaptons précisément à leurs contraintes. Nous sommes ainsi en capacité de livrer en citernes de 25 tonnes, mais aussi en cuves de 1 000 litres… comme en bidons de 25 litres, voire en bouteilles plastique ou verre de 5 litres ». Et cette activité de sélection et d’assemblage n’a rien à envier à ce qui se pratique, par exemple, dans le monde du vin. « Il ne

s’agit pas d’improviser mais, tout au contraire, de se conformer à un cahier des charges aromatiques et organoleptiques très exigeant. Nous apportons notre expertise et notre parfaite connaissance des produits ». D’autant que ces huiles peuvent parfois entrer dans la composition de plats préparés. Cette faculté à s’ajuster aux besoins est plébiscitée par la clientèle. Assaillie par les commandes, Sodeco, qui affiche déjà un CA de 18,5 M€, anticipe une très forte croissance dans les années à venir. « D’ici à la fin de la décennie, nous devrions réussir à tripler nos ventes » estime Nicolas Précy. Ce qui devrait conduire l’entreprise, qui compte aujourd’hui 13 salariés, à renforcer significativement ses effectifs sur la période. Afin de mener à bien cet ambitieux programme d'expansion, l'entreprise cherche à s'étendre. Installée aujourd’hui à l’étroit sur 1 000 m2, elle devrait déménager prochainement dans un bâtiment beaucoup plus spacieux situé sur la ZAC des Loges, à Fay-auxLoges (45).. Jean-Christophe Savattier

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ENTREPRISES

LA CRÉATION D’ENTREPRISES À LA PORTÉE DE TOUS L’association Digital Loire Valley va relayer en région Centre-Val de Loire le programme French Tech Valley. Il vise à accompagner une dizaine de créateurs d’entreprises issus de publics défavorisés.

a création d’entreprises n’est pas réservée aux rejetons de bonnes familles tout juste diplômés de grandes écoles de commerce. C’est l’une des convictions de l’association Digital Loire Valley présidée par Julien Dargaisse, sur tous les fronts quand il s’agit de nouvelles technologies. Celle-ci est ainsi devenue la coordinatrice pour la région CentreVal de Loire de la seconde édition de l’opération nationale French Tech Tremplin. « Ce programme vise à favoriser la création d’entreprises au sein de milieux sociaux défavorisés et vulnérables », nous précise Guillaume Vanneste, le porte-parole de l’association. Il s’adresse notamment aux habitants des quartiers de la ville et zones de revitalisation rurale, aux allocataires de minima sociaux, aux réfugiés politiques à statut reconnu par l’Ofpra ainsi qu’aux étudiants boursiers (échelon 5 à 7). « Le nombre de dossiers retenus répond à un système de quotas, poursuit Guillaume Vanneste. Pour la région Centre-Val de Loire, nous sommes éligibles à une dizaine de candidats. »

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Le programme comprendra deux moments. « En premier lieu, nous allons passer par une phase d’identification et de mentorat qui devrait courir jusqu’au 30 septembre. Puis nous retiendrons définitivement une dizaine de lauréats qui seront accueillis dans l’un des incubateurs de la région », explique Guilllaume Vanneste. Bien sûr, le spectre des activités et des marchés choisis par ces

entrepreneurs en herbe sera le plus large possible. « Il pourra même s’agir de projets low tech, précise le porte-parole de Digital Loire Valley, mais pour autant, le numérique devra constituer l’un des piliers du projet. » Les financements seront au rendez-vous puisque chacun des candidats devrait bénéficier d’une aide de 42 000 €, dont 30 000 € pour la première partie du parcours. JCS

LA DATA POUR LES NULS utre initiative régionale, le Lab’IA Loire Valley. Créé dans le courant de l’hiver sous l’égide d’Orléans Technopole, ce centre d’intelligence artificielle a pour objectif de faire découvrir aux entreprises régionales le formidable potentiel de leurs données informatiques. Après les avoir aidées à découvrir la data, le Lab’IA peut assister et conseiller les entre-

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prises dans une démarche de valorisation. Selon Frédéric Ros, directeur d’Orléans Technopole et chercheur en intelligence artificielle, « on peut penser que pour 7 000 €, on pourra défricher une problématique ». La technopole orléanaise doit dégager des ressources et s’entourer de data scientists et d’universitaires pour tenir son pari.


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ENTREPRISES

TOUTENKAMION À FOND oids lourd de la mobilité, Toutenkamion, implanté à Ladon (45), poursuit son développement. Avec déjà trois sites industriels répartis sur le territoire national – Toutenkamion au centre, Brevet Carrosserie à l’est et Euro-Shelter dans le nordouest – le groupe étend son rayonnement au sud-ouest de la France avec l’acquisition, au début de l’été, de la Carrosserie Saint-Aubert, un carrossier constructeur polyvalent installé depuis un siècle à St-Jean-d’Angély (17). « L’acquisition de ce site industriel charentais nous permettra de pro-

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poser à nos clients un nouveau point de services pour être toujours plus proches de leurs besoins », explique un porte-parole du groupe. Avec le rachat de la Carrosserie Saint-Aubert, Toutenkamion Group se dote d’une vingtaine de techniciens supplémentaires qui vont renforcer les équipes dans ses différents métiers (ingénierie, mécano-soudure, montage et intégration de carrosseries, peinture, hydraulique, etc.) La société reprise conçoit et réalise des transformations de cabines, des carrosseries et des aménagements spécifiques adaptés à

tous types de métiers et de véhicules, dans le secteur public (centres hospitaliers, Samu-Smur, Sdis, police nationale...) et dans le secteur privé (producteurs de spiritueux, dépanneurs autoroutiers, moniteurs d’auto-écoles...). Ce savoir-faire permettra à Toutenkamion Group de compléter les gammes existantes destinées à l’export.


VORWERK À TOUTE VAPEUR e groupe allemand Vorwerk, fabricant du célèbre autocuiseur Thermomix, repart à l’offensive. La société a enregistré un CA de 221 M€ en 2020, en hausse de 25 %, et s’apprête à investir une quarantaine de millions d’euros sur les trois prochaines années ; cet investissement majeur devrait s’accompagner de la création de plus de 850 emplois. Le programme, annoncé lors du sommet Choose France, va se concrétiser par le renforcement du maillage commercial de l’entreprise (85 agences à ce jour,

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des boutiques à Paris, Lyon, Toulouse et Marseille), notamment dans le nord et l’est de la France, ainsi que par l’accroissement des capacités de l’usine de Cloyessur-le-Loir, dans le sud de l’Eureet-Loir. Cette dernière – la seule plateforme de production du groupe en France – a déjà bénéficié ces dernières années de 100 M€ d’investissements qui lui ont permis de tripler sa surface. Le site eurélien produit chaque année plus d’un million d’autocuiseurs, dont 85 % destinés à l’export. Le montant exact des crédits alloués à la

partie industrielle du programme n’a pas été révélé. Selon Thomas Stoffmehl, membre du conseil et porte-parole de Vorwerk, « la France est un pays doublement stratégique. C’est le lieu de fabrication du Thermomix depuis un demi-siècle et ce pays est le troisième marché au niveau mondial ». Le groupe de Wuppertal emploie quelque 2 000 salariés en France, dont plus de 400 à Cloyes-sur-le-Loir.

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ENTREPRISES

HF COMPANY SE SÉPARE DE METRONIC

e groupe tourangeau coté HF Company, guidé par son pdg Yves Bouget, vient d’annoncer l’ouverture du « pro-

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MECACHROME REPREND LE FRANÇAIS HITIM GROUP Le mécanicien de précision Mecachrome, qui exploite deux unités industrielles à Aubigny-sur-Nère (18) et à Amboise (37) où se situe le siège social, se renforce dans des technologies à forte valeur ajoutée. Il vient de reprendre une pépite française, la société Hitim Group ; celle-ci est spécialisée dans le traitement de surface et

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cessus de cession » de son pôle Home Digital Life, constitué de Metronic (antennes et paraboles, enceintes bluetooth, casques audio…) et de ses filiales italienne et espagnole. Ce pôle a représenté 24 M€ de CA en 2020, soit plus de 80 % du CA du groupe d’électronique en 2020 (29,15 M€). Fin août, HF Company a reçu une offre du distributeur lillois de jeux vidéo Bigben Interactive (292,8 M€ de CA pour l’exercice clos au 31 mars 2021) à hauteur de 16 M€, avec paiement immédiat de 12 M€ et complément de prix de 4 M€ : l'offre valorise les actifs à 8,4 fois l'Ebitda. En 2020, HF Company disposait d’une trésorerie nette de 15 M€, avec un endettement à long terme

relativement faible (environ 3 M€). Une fois la cession opérée, la société disposera d’une trésorerie nette de 27 M€ et potentiellement de 31 M€ si le complément de prix est reçu de Bigben. « HF Company sera alors en mesure de réinvestir sa trésorerie notamment dans le métier du Digital Broadband (filtres ADSL et VDSL, prises CPL, équipements de centraux téléphoniques… NDLR), dont il conserve les activités. Une partie de cette trésorerie pourra également être utilisée pour verser un dividende exceptionnel aux actionnaires ». Il est à noter que la valorisation boursière d’HF Company évolue autour de 23 M€ depuis l’annonce de l’opération.

la mécanique de très haute précision. Hitim exploite deux usines implantées à Annecy (74) et au Coteau (42). En 2020, Hitim Group a réalisé un CA de 11,7 M€ pour un résultat net négatif de – 576 800 €.

À cette occasion, Mecachrome a confirmé qu’il allait transférer son siège d’Amboise vers Blagnac, près de Toulouse, avec à la clé le transfert ou la création d’une soixantaine d’emplois.


FM LOGISTIC VA S’AGRANDIR À NEUVILLE-AUX-BOIS Le logisticien FM Logistic, qui exploite plusieurs plateformes loiréraines, à Escrennes, St-Cyr-en-Val et Neuville-aux-Bois, engage un nouveau projet sur cette dernière commune où il a construit il y a plusieurs années une première unité de 85 000 m2 sur la ZA du Point du Jour 1. Batilogistic, la filiale immobilière de FM Logistic, s’apprête à signer avec la CdC de la Forêt une promesse d’achat d’un terrain de 20 ha sur la ZA du Point du Jour 2 ; elle envisage d’y lancer la construction d’une plateforme de stockage et de préparation de commandes d’environ 50 000 m2. Elle ne devrait utiliser que la moitié de l’emprise foncière en cours d’acquisition, l’autre moitié étant réservée à l’installation ou au développement d’entreprises locales. Le permis d’aménager pourrait être délivré en 2022 pour un début des travaux qui s’engagerait dans la foulée. Selon le service économique de la CdC de la Forêt, ce programme pourrait générer la création de plus de 150 emplois.

NOVO NORDISK CHARTRES PREND ENCORE DU GALON L’usine chartraine de la pharma danoise Novo Nordisk (1 200 salariés), spécialisée dans la formulation et le conditionnement d’insuline, franchit un nouveau cap. L’unité, au profit de laquelle 500 M€ ont été investis depuis une vingtaine d’années, va bénéficier d’un nouveau programme capacitaire de 50 M€. Celui-ci va se concrétiser par l’installation d’un module dédié au conditionnement de l’Ozempic (sémaglutide), un médicament indiqué dans le traitement du diabète de type 2. Le groupe va, par ailleurs, regrouper sur le site de Chartres sa production mondiale (hors ÉtatsUnis) d’insuline humaine en transférant une ligne de fabrication exploitée aujourd’hui à Kalundborg, au Danemark. Selon Etienne Tichit, corporate vice-président et directeur général de Novo Nordisk France, « ce regroupement stratégique des activités de formulation, de remplissage et de conditionnement des flacons d’insuline va accroître très significativement nos capacités ».

RECIPHARM VA INVESTIR 56 M€ À MONTS DANS LE PROJET ATLAS

LA BASE DE LA CHAPELLEST-URSIN LIVRÉE FIN 2023 L’enquête publique concernant la création d’une base logistique de 81 183 m2 sur 20 ha à La Chapelle-St-Ursin, annoncée fin 2019 par le maître d’ouvrage BEG Ingénierie, vient de débuter ; les travaux pourraient démarrer à la mi-2022 pour une livraison au second semestre 2023. Cette plateforme, qui représente un investissement de 50 M€, pourrait être réalisée en plusieurs phases. BEG Ingénierie estime que ce programme, qui n’a pas encore trouvé son ou ses utilisateurs, générera entre 200 et 600 emplois à terme.

Le façonnier pharmaceutique suédois Recipharm a confirmé en interne qu’il allait investir 56 M€ dans une extension de son site industriel de Monts (37) avec l’installation d’une nouvelle ligne de fabrication de formes stériles. Ces capacités seront principalement réservées à la production de l’ARNm-1273, le vaccin anti-Covid de Moderna Therapeutics dont l’usine assure le remplissage et le conditionnement. Baptisé Atlas, ce programme d’investissement devrait être opérationnel à l’été 2022 ; ces projets capacitaires seront soutenus à hauteur de 35 M€ par les pouvoirs publics.

La Lettre Valloire - Septembre 2021

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EN VUE

d’Angers (49), plus connue sous le nom de Farmea. Le site de Pocé-sur-Cisse, une ancienne usine Pfizer, emploie près de 500 salariés.

RÉGION

Jusqu’ici directeur de la centrale de Penly, en Normandie, Stéphane Rivas a pris cet été la direction de la centrale nucléaire de Chinon, où il a débuté sa carrière en 1989 en tant qu’ingénieur ; il en a également été le directeur délégué d’exploitation entre 2013 et 2017. Il succède à Antoine Ménager, qui était en poste depuis 2018. Le prochain gros chantier de la centrale sera la visite décennale des 40 ans qui est prévue pour 2023.

Pierre Arnould, membre du directoire de la Caisse d’Épargne Loire-Centre en charge de la Banque des Décideurs en Région, a été porté à la présidence du comité régional des banques de la Fédération bancaire française (FBF) Centre-Val de Loire pour un mandat de deux ans ; il succède à Jean-Pierre Jobert, directeur commercial du Crédit Mutuel. Le comité régional FBF Centre-Val de Loire rassemble les banques adhérentes établies sur ses six départements ; la FBF représente les 337 banques françaises et étrangères qui exercent leur activité en France.

LOIR-ET-CHER Le chartrain Éric Chevée, président du Comité économique et social et environnemental régional (Ceser) Centre-Val de Loire, a été élu président de Ceser France.

Cette association rassemble les présidents des différents Ceser de la France hexagonale et des outremers. Formés de 2 500 conseillers, « les 23 Ceser représentent la société civile organisée et traduisent en permanence l’expression des forces vives régionales » Marc-Antoine Jamet, président de la Cosmectic Valley, a été réélu à l’unanimité à la tête du pôle de compétitivité pour un troisième mandat de trois ans. Maire du Val-de-Reuil (27), Marc-Antoine Jamet occupe le poste de secrétaire général du groupe LVMH. Le pôle national Cosmetic Valley, dont le siège se trouve à Chartres, rassemble 3 200 entreprises réparties sur le territoire national, dont 80 % de PME et une centaine de grandes marques. Le CA cumulé des adhérents de Cosmetic Valley est de 45 Md€.

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La Lettre Valloire - Septembre 2021

CHER Le maire de Rians Christophe Drunat a été élu président de la CdC Terres du Haut Berry, succédant à Bernard Rousseau qui a démissionné de ses mandats pour raison de santé. Maire de Rians depuis 2014, Christophe Drunat était vice-président en charge de la culture, de l’enfance et de la jeunesse dans la précédente CdC des Terroirs d’Angillon avant la fusion où il a été élu vice-président en charge de la petite enfance, de l’enfance, de la jeunesse et du sport.

Florent Colliau, directeur général du spécialiste des solutions de lumières innovantes NLX – l’ex-Neolux – à La Chapelle-Vendômoise, a pris la présidence de la plateforme de financement et d’accompagnement à la création d’entreprises Initiative Loir-et-Cher ; il succède à Marc Michaud, 74 ans, qui a choisi de ne pas se représenter et devient 1er vice-président. Philippe Duisit, responsable des partenariats chez Groupama Paris Val de Loire, est 2e viceprésident. En 2020, Initiative Loir-etCher a financé 93 entreprises avec 1 126 500 € d’aides accordées.

EURE-ET-LOIR Le conseil syndical d’Eure-et-Loir Numérique a réélu Jacques Lemare à sa présidence. L’organisation a pour mission de déployer le très haut débIt dans le département d’Eure-et-Loir ; celle-ci lui a été confiée par la Région, le Département et les communautés de communes et d’agglomération. L’objectif est que l’intégralité du territoire soit équipée en 2022.

INDRE-ET-LOIRE L’usine de Pocé-sur-Cisse du façonnier pharmaceutique Fareva change de patron. Vincent Gatineau, qui occupait le poste de directeur général depuis avril 2018, a quitté ses fonctions pour rejoindre le sous-traitant Delpharm, l’un des principaux concurrents de Fareva. Il a été remplacé par Philippe Grandin qui était depuis décembre 2018 le directeur de l’usine Fareva

LOIRET Laurent Berthier prend la succession de Sébastien Miossec à la direction de la centrale nucléaire de Dampierre-enBurly. Laurent Berthier travaille depuis 28 ans dans le secteur du nucléaire ; il a notamment rejoint en 2005 la direction parisienne d’EDF où il pilotait un projet de maîtrise du risque incendie au sein des CNPE. En 2009, il devenait directeur de la sûreté à la centrale de Chooz avant d’en prendre la direction.




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