MAGAZINE SEPTEMBRE 2011 - 5 €
Christophe Villemain une âme de bâtisseur Querelle de clochers sur fond de réforme
Point de vue
Réforme des collectivités : le citoyen-consommateur seul juge
L
a réforme de l’organisation politique territoriale qui doit, dans les prochains mois, redessiner la trame des communautés de communes et d’agglomération se fera-t-elle contre les élus ? « Hors sujet », s’insurge-t-on dans les préfectures où l’on jure, la main sur le cœur, que l’avis des édiles comptera. Pourtant, les premières copies rendues département par département ont déjà suscité, ici ou là, des poches de protestation. Paradoxe : dans un pays où le jacobinisme tient lieu de religion nationale, nos villes et nos villages ont appris à s’affranchir de la férule de l’Etat. Et lorsque celle-ci s’avise de redessiner les périmètres des prés carrés, c’est la levée de boucliers ! De telles jacqueries s’inscrivent dans l’histoire politique récente de ce pays. Les lois de décentralisation ont donné l’opportunité aux élus de proximité de prendre la main sur des compétences fondamentales, de lever l’impôt et de s’associer avec leurs voisins dans des structures intercommunales devenues autant de chefferies. Légitimes auprès des citoyens qu’ils administrent, souvent avec dévouement, ces potentats se sont parfois dotés de petites administrations autonomes et rechignent à rejoindre de plus grands ensembles. Ils vivent mal – comme à Tours – les velléités d’annexion des agglomé-
rations tentaculaires ; pour refuser la fusion qu’on leur propose, ils invoquent le cours des rivières ou les différences fondamentales entre Tourangeaux et Solognots (sic). Ils en appellent au respect des paysages menacés – c’est d’ailleurs assez fréquemment le cas… – par une urbanisation à marche forcée. Certains, pour lesquels le small est indéfectiblement resté beautiful, craignent que la massification des structures intercommunales prévue par la loi… et par le sens de l’histoire compromette leur identité. Une telle hostilité, feinte ou sincère, constitue probablement l’une des manifestations de la fameuse crispation-exception culturelle française qui s’effraie de la mondialisation et loue l’âge d’or d’un bien-vivre où les frontons et les clochers protégeaient du vent du large. Mais les indignés de l’intercommunalité ont-ils bien mesuré le soutien de la population à leurs combats ? Qu’on s’en félicite ou qu’on le regrette, le citoyen-consommateur, aussi soucieux d’identité soit-il, s’intéresse prioritairement au montant de sa taxe d’ordures ménagères ou au coût du ramassage scolaire. Et c’est bien en consommateur de services publics qu’il jugera, au final, si la recomposition territoriale qui s’annonce sert la cause de l’intérêt général.
avattier Jean−Christophe S
6-17
www.lettrevalloire.com Ce magazine est un hors série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Edité par MCM Presse SAS au capital de 51 000 € RCS Tours B 341 914 273. Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours Adresse postale : BP 92031 37020 Tours Cedex 1 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) Aurélie Vouteau (assistante)
Points Chauds 6-7
8-9
Révision et correction : Odile Ménard Publicité : Au support Diffusion : Annie Coupet Crédits photographiques : Jean Puyo (Une, 24), DR (6, 10, 12, 15, 18, 21, 26, 33, 41, 42, 44, 52, 53, 54, 55, 60, 61, 62), Jean-Christophe Savattier (7, 11, 13, 16, 28, 38, 47, 48), François-Xavier Beuzon (17, 22, 23, 30), Secrétariat d’Etat en charge de la Famille (8), ROC (25), Somava (32), Stéphane Frachet (34, 42), Clen (34, 35), Euro Piscines (58, 59)
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En Eure-et-Loir, seul le Perche renâcle Le projet doit pallier l’isolement d’une vingtaine de communes rurales.
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Montrichard veut revenir en Touraine La CC du Cher à la Loire plaide son appartenance à la Touraine et un rattachement à la CC de Bléré Val-de-Cher.
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Région bien sous tous rapports cherche médecins désespérément Les élus locaux interpellent les pouvoirs publics sur la faible densité médicale de la région Centre.
L’actualité du trimestre en bref. Jean Germain pointé du doigt par le Canard Enchaîné à propos des mariages chinois.
Ont collaboré à ce numéro : Capucine Becker Christian Bidault Stéphane Frachet Jacques Huguenin Stéphanie Payssan Bruno Villeneuve Maquette : Régis Beaune Stève Ankilbeau
En Bref
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Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37)
Claude Greff veut valoriser les acquis de la politique familiale La nouvelle secrétaire d’Etat veut promouvoir l’action du gouvernement en faveur de la famille. A LA UNE Querelle de clochers sur fond de réforme La nouvelle carte de l’intercommunalité est loin de satisfaire tout le monde.
Informations légales : Abonnement annuel 2011 (23 numéros et 4 magazines hors série) : 350 € Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 430 € Prix de ce numéro : 5 € CPPAP : 0111 I 85872 ISSN : 1246-4333 Dépôt légal : septembre 2011 Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon
MCM presse 4 La Lettre Valloire - Juin 2011
10-11
Bras de fer entre le Vouvrillon et la voisine tourangelle La CC du Vouvrillon pourrait perdre trois communes au profit de Tour(s) Plus.
GEZ, éraux ËL RO lib RAPHA médecins
at des syndic ent du présid
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16-17
Regards croisés sur les remèdes anti-désertification Deux experts s’expriment sur les moyens de lutter contre la désertification médicale.
20-59
Sommaire
SEPTEMBRE 2011
Economie 20-21
22-23
24-25
La transmission souffrira-t-elle de la crise ? Après un été mouvementé, les entreprises connaîtrontelles un automne apaisé ? L’Eure-et-Loir met de l’huile dans les rouages de la transmission La CCI a mis en place une véritable ingénierie pour faciliter la transmission des entreprises euréliennes. A LA UNE Christophe Villemain, l’âme du bâtisseur Après des débuts de tailleur de pierre, Christophe Villemain est aujourd’hui à la tête d’un groupe de 700 salariés.
26
L’art moderne et le mécénat au secours des cathédrales
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Mediprema accouche d’un rachat dans la douleur Mediprema vient de prendre le contrôle du belge Beldico.
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Somava, une reprise dans la tempête Pierre-Yves Bourgeois a repris l’entreprise de Puiseaux au plus fort de la crise.
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Idealex, trois ans pour céder L’entreprise vendômoise est sur le marché.
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Clen, une histoire de famille Stéphane et Xavier Catelas ont repris le flambeau de l’entreprise.
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Merim grossit avec McDo L’entreprise prospère grâce à un important contrat avec la chaîne de restauration rapide.
« Les arbres ne grimpent jamais jusqu’au ciel » Jean Dumont, nouveau président de la banque Tarneaud, ne croit pas à l’efficacité d’un nouveau plan de relance.
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La lettre du club RH
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Maisoning revient aux sources Repris l’an passé par Prunay, le tourangeau Maisoning est revenu à la source de son modèle économique.
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Tours réaménage le Plat d’Etain Recherche et enseignement seront accueillis dans les anciennes casernes.
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Immobilier d’entreprises
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Les chantiers
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La lettre de l’innovation Le carnet
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57-61 38
Mercier invente les macarons salés Le nouveau produit du biscuitier de Baugy sera lancé en 2012.
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Les pralines Mazet mettent Tokyo en boîte Le confiseur espère ouvrir au Japon en 2013.
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42-43
Airsec passe la frontière suisse La société romorantinaise Airsec change de main. Pôle S2E2, un recrutement déphasé Pas toujours facile de recruter pour une PME
Escapades ine fin de magaz Retrouvez en s e u iq es économ nos itinérair x. es régionau et touristiqu
La Lettre Valloire - Juin 2011 5
Points Chauds
En Bref DROITE AU BUT
TINTIN ET FILOU L
e Canard Enchaîné s’est intéressé de près, dans son édition du 3 août, aux « chinoiseries financières du maire de Tours ». Les mariages entre jeunes Chinois orchestrés par Lifang (dite Lise) Han, une collaboratrice de la mairie, profiteraient avant tout, en effet, à une société dénommée « Lotus Bleu », dont l’époux de l’employée municipale serait l’actionnaire majoritaire. Une société qui aurait réussi, selon l’hebdomadaire satirique, à facturer 445 000 € de prestations diverses à la municipalité tourangelle depuis 2009. Le Lotus Bleu, établissement qui hébergeait une fumerie d’opium dans un célèbre album de Tintin, aurait-il enfumé le maire de Tours au point que celui-ci ne s’aperçoive pas de la supercherie ? Jean Germain semble, en tout cas, décidé à éclaircir sa position sur ce mystérieux lotus. On ignorait que le maire de Tours était à ce point féru des aventures du héros inventé par Hergé. Après avoir tâté du « Tintin au pays des Soviets » au début de sa carrière politique, le maire de Tours donnerait donc plutôt aujourd’hui dans le « Lotus Bleu » : espérons pour les finances du contribuable tourangeau qu’il ne s’avise pas, un jour prochain, de renifler du côté de « Coke en stock ».
AMBITION Arnaud Dassier, qui avait conçu en 2002 le site web de Jacques Chirac pour les élections présidentielles puis celui de Nicolas Sarkozy cinq ans plus tard, s’est déclaré candidat à la candidature pour l’UMP aux prochaines législatives sur la 3e circonscription du Loiret. L’ambition du fils de l’ancien directeur de TF1 et président de l’Olympique de Marseille Jean-Claude Dassier a été plutôt
fraîchement accueillie par l’actuel titulaire du fauteuil, Jean-Louis Bernard (parti radical valoisien) qui n’a pas encore officialisé son retrait.
RÉPONSE Cet été, dans les colonnes du Berry Républicain, le maire de Bourges Serge Lepeltier a répondu à ses concitoyens qui se plaignent des travaux que « si l’on veut faire évoluer une ville, il faut aller vite ». Et le plan de renouvellement urbain, qui permet à la Ville de ne débourser que 30 M€ sur un montant total de travaux de 350 M€, est soumis à des délais d’obtention des subventions.
L’ambiance est plutôt fraîche entre l’UMP et les centristes dans le Cher. Franck Thomas-Richard, dont on connaît la liberté de ton, a assaisonné par voie de presse les centristes Philippe Bensac et Aymar de Germay, coupables, selon lui, d’attaques sans fondement contre le parti présidentiel qu’ils accusent de ne pas faire assez place à la diversité. D’ailleurs, souligne l’ancien député de la 2e circonscription du Cher (1993-1997) et aujourd’hui conseiller général, « de très nombreux adhérents sont issus d’autres courants que le RPR, comme moi-même venant du courant libéral de l’UDF ».
TOUT COMPTE FAIT Interviewé par L’Echo Républicain, le députémaire UMP de Dreux Gérard Hamel, 66 ans, est convenu d’avoir fait une erreur en annonçant que le mandat de maire en cours serait son dernier : « Un mandat local peut me permettre de continuer une vie publique tout en disposant de temps pour moi et mes proches », a-t-il ajouté. Il a, en revanche, refusé de s’exprimer sur les législatives de 2012.
De Benoist Apparu, secrétaire d’Etat en charge du Logement, lors d’un passage à Orléans au mois de juin : « Ce qui est chic, quand on est ministre, c’est qu’on s’exprime le dernier. Ce qui est moins chic, c’est que tout a déjà été dit ». De Serge Grouard, député-maire UMP d’Orléans, s’adressant à l’opposition lors d’un conseil municipal de juin : « Vous mettez la tête dans le mur sans jamais mettre de casque ». De François Pillet, sénateur-maire DVD de Mehun-sur-Yèvre (18), à propos des candidats aux élections présidentielles de 2012 :
6 La Lettre Valloire - Septembre 2011
RETROUVAILLES L’heure des retrouvailles a sonné. Une quinzaine d’années après s’être côtoyés au cabinet d’Eric Raoult, alors ministre délégué à la Ville et à l’Intégration (1995-1997), Maurice Leroy et Joël Fily vont de nouveau collaborer au ministère de la Ville. Le premier, simple chargé de mission entre 1995 et 1997, est devenu ministre de plein exercice et François Fillon a même ajouté le Grand Paris à ses attributions. Le second, qui quitte le poste de préfet d’Indre-et-Loire qu’il occupait depuis juin 2009, retrouve celui de directeur de cabinet du ministre de la Ville, fonction qu’il avait déjà exercée auprès d’Eric Raoult. Joël Fily, 58 ans, est issu de la fameuse promotion Voltaire de l’Ena, comme Ségolène Royal, François Hollande, Michel Sapin, Dominique de Villepin et Renaud Donnedieu de Vabres pour ne citer que les plus connus ; il a exercé plusieurs postes importants dans la fonction publique, dont celui de directeur de l’administration de la police nationale, poste qu’il occupait avant de rejoindre Tours il y a deux ans. Maurice Leroy, 52 ans, est ministre de la Ville et du Grand Paris depuis novembre 2010 et président du Conseil général de Loir-et-Cher depuis avril 2004.
Dans le rang Le Conseil général du Cher s’est finalement résolu à voter un budget à l’équilibre : on se souvient que la collectivité présidée par le socialiste Alain Rafesthain avait présenté un budget où figurait dans la colonne recettes une dotation virtuelle de 10,5 M€ de l’Etat. Devant la double opposition de la préfète et de la chambre régionale des comptes de valider un budget en déséquilibre, les élus de la majorité départementale ont donc adopté fin juin, mais à contre-cœur, un budget raboté de 10,5 M€ mais équilibrant recettes et dépenses.
CHIFFRE
DU TRIMESTRE
103 M€ c’est le budget nécessaire à la construction de l’Arena, la grande salle de sports qui doit être construite à Orléans, et des 1 400 places de parking couvertes et aménagements de desserte.
RECRUES Deux élus PS de la région Centre ont intégré le staff de campagne de Martine Aubry pour la primaire socialiste précédant les présidentielles de 2012. Le président du Conseil
régional François Bonneau prendra en charge les dossiers territoires et décentralisation tandis que le sénateur du Loiret Jean-Pierre Sueur aura à charge les relations avec le Sénat.
INVESTITURE Sur la 1ère circonscription d’Indre-et-Loire, ravie en 2007 par le socialiste Jean-Patrick Gille à l’ancien ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, l’hypothèse d’une investiture de Guillaume Peltier comme candidat de l’UMP prend corps. Devenu l’officieux « M. Sondages » du parti présidentiel, l’éditeur de La Lettre de l’Opinion a été très présent dans les médias durant l’été, Le Point lui consacrant même un long papier dans son édition du 28 juillet, le taxant de « nouvelle boîte à idées de l’UMP ». Celui qui fut battu d’une courte tête par le candidat sortant lors des dernières élections cantonales, sur Tours Sud, sera le président du comité de soutien tourangeau du candidat Sarkozy ; il serait même pressenti pour rejoindre le staff de campagne présidentiel, qui sera dirigé par l’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux.
« Je souhaite que nous ayons le choix entre de vrais hommes d’Etat. Et, depuis De Gaulle, je suis un peu en manque… ». Crêpage de chignon entre Claude Roiron (PS), évincée par les siens de la présidence du Conseil général en mars dernier, et sa successeure Marisol Touraine : « Je vis à Tours, dans mon quartier, j’y achète mon pain, m’y fais coiffer (…) ce qui n’est pas le cas de Marisol Touraine, d’ailleurs. » Décidément, ces deux-là ne sont pas de mèche. De Arnaud Montebourg (PS), de passage à Tours, à propos de sa campagne électorale : « On est au cul du camion, sur les bottes de foin à la campagne et dans les cafés à la ville ».
La Lettre Valloire - Septembre 2011 7
Points Chauds
Politique
L’ancienne députée d’Indre-et-Loire est membre du gouvernement depuis le
Claude Greff : « Je veux valoriser les L’ancienne députée UMP de la 2e circonscription d’Indre-et-Loire a été nommée le 29 juin secrétaire d’Etat à la Famille et à la Petite Enfance. Claude Greff entend promouvoir jusqu’aux présidentielles les chantiers lancés par le président de la République dans un domaine essentiel à l’équilibre des Français. La Lettre Valloire : La France a historiquement développé une politique familiale ambitieuse. La crise financière peut-elle remettre en cause ces acquis ? Claude Greff : Notre pays est, en effet, leader en matière de politique d’aides aux familles. Je rappelle que les différents dispositifs mobilisent
plus de 100 Md€ (103 Md€ en 2011), soit environ 5 % du PIB. C’est deux fois plus que la moyenne recensée dans les autres pays industrialisés. Cette politique volontariste a produit ses effets : avec plus de deux enfants par femme, la natalité française est en pleine forme. Et le taux d’activité des femmes est l’un des plus forts
d’Europe. Je dis et redis avec force que conformément aux engagements du président de la République et de Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités, cet effort ne sera pas compromis. La famille est un élément structurant de nos sociétés et un volet essentiel des politiques publiques engagées par le gouvernement. Et je vais avoir à cœur de relayer le message et amplifier cette politique sur le terrain auprès des familles, des associations, de la Caf (Caisse d’allocations familiales) de l’Unaf (Union nationale des associations familiales) et des collectivités. La Lettre Valloire : A quelques mois d’échéances politiques décisives, vous allez en quelque sorte assurer la promotion de la politique familiale gouvernementale ? C. G. : Il faut rendre plus visible ces politiques qui contribuent grandement à la qualité de vie des familles de notre pays. J’ajoute qu’elles ont leur dynamique propre et qu’elles ne se substituent pas à d’autres types d’aides. J’entends surtout poursuivre et amplifier le programme de création de 200 000 solutions de garde supplémentaires qui vont venir accroître le taux actuel de couverture des besoins. En dépit des efforts déjà accomplis, celui-ci n’est pas suffisant, notamment en milieu rural. Rançon de notre succès, notre pays compte 2,4 millions d’enfants de moins de trois ans. Je rappelle que la mise en œuvre des 35 h a contribué à généraliser les horaires atypiques, ce qui
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début de l’été
acquis de la politique familiale » pose parfois de très sérieux problèmes aux femmes engagées dans la vie active. Ces nouveaux modes de garde, ce sont notamment les microcrèches, les crèches familiales, les crèches d’entreprises dont le financement peut être aidé par le crédit d’impôt famille ainsi que les maisons d’assistantes maternelles (MAM). La Lettre Valloire : En Indre-etLoire, les collectivités locales sont-elles en phase avec cette politique ? C. G. : Très majoritairement oui. Si l’on excepte le Conseil général qui, sous la houlette de son ex-présidente Claude Roiron, n’a pas souhaité participer à la création de micro-crèches, sans doute parce qu’elles ne relèvent
pas systématiquement du service public. J’espère que Marisol Touraine, qui lui a succédé et qui suit de près les questions sociales au parti socialiste, saura revenir sur cette position qui nuit bien sûr aux familles tourangelles. La Lettre Valloire : Une récente étude de Terra Nova, un think tank proche de la gauche, a critiqué le principe du quotient familial au prétexte qu’il favorisait principalement les familles nombreuses et pénalisait les foyers les plus fragiles ? C. G. : Je ne tiens pas à polémiquer avec les rédacteurs de cette étude. Je veux tout simplement dire qu’il n’est pas question de revenir,
comme l’a réaffirmé le président de la République, sur le principe du quotient familial qui a démontré toute son efficacité. Il va de soi que nous allons poursuivre nos efforts en faveurs des familles les plus fragiles et notamment des foyers monoparentaux qui représentent désormais 19 % des familles françaises et 85 % des parents isolés sont des femmes. Ils vont bénéficier d’une augmentation importante des aides en 2012. Voici qui devrait rassurer ceux qui s’inquiètent de notre capacité à accompagner les familles défavorisées.
Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier
Une élue qui impose sa griffe Claude Greff, qui a défait en 2002 le socialiste Jean-Jacques Filleul sur la 2e circonscription d’Indre-et-Loire, a réussi un parcours sans faute en s’appuyant sur ses qualités de battante, un profil de militante associative… et un sens politique que lui déniaient ses détracteurs. Atypique ! Claude Greff ne répond décidément pas aux standards de la politique. Cette Lorraine énergique, mère de quatre enfants, a démarré sa vie professionnelle comme infirmière. « Je sais ce que c’est de travailler lorsqu’on est une femme et qu’on s’occupe d’une famille nombreuse. Je sais aussi ce que c’est de s’arrêter de travailler et d’éduquer ses enfants avec un seul salaire ! », rappelle celle qui est venue « par hasard en politique et sans l’avoir vraiment cherché ». Figure locale du monde associatif – elle fut responsable départementale de l’Association des parents d’élèves de l’enseignement libre (APEL) – Claude Greff fait une première tentative à Tours, aux municipales de 1995, à la demande de la regrettée Michèle Beuzelin, « une amie ». En 2001, elle devient conseillère municipale d’opposition à Tours dans le sillage de Renaud Donnedieu de Vabres. C’est suite à l’insistance de Philippe Briand, le patron local de l’UMP et son « mentor en politique », qu’elle accepte en 2002, aidée « d’une petite équipe de fidèles », de briguer le mandat de député de la 2e circonscription d’Indre-et-Loire. A l’issue d’une campagne opiniâtre – au cours de laquelle elle découvre l’âpreté de la joute politique – elle parvient à défaire le sortant socialiste Jean-
Jacques Filleul avec 53,25 % des suffrages. Elle est réélue en 2007 avec 53,95 % des voix. Claude Greff est une femme de convictions. « Je suis de droite », dit-elle sans complexes. Sur la question du mariage homosexuel, par exemple, elle « s’en tient à la décision du Parlement » mais affirme comprendre « la volonté de ces hommes et de ces femmes de s’unir symboliquement. Il faut en débattre calmement en évitant de choquer toutes les consciences ». Même pragmatisme sur le dossier de la fraude aux aides sociales : « Dans mon domaine de compétences, c’est 0,01 % des dossiers. Pas plus de 20 000 cas ! Et 88 % du montant des sommes détournées est recouvré ». Pas de quoi fouetter un chat ou appeler au fichage des contrevenants ! Au tableau d’honneur de Claude Greff figure la proposition de loi sur la création du service civique, une idée reprise par Martin Hirsch ; elle s’est également fortement investie dans le management du Plan Cancer. Enfin, elle fut l’une des premières parlementaires à organiser un débat sur l’identité nationale en 2010. De quoi être repérée par l’Elysée et propulsée en juin dernier dans l’un des bureaux de l’avenue de Ségur, précédemment occupé par Fadela Amara.
La Lettre Valloire - Septembre 2011 9
Points Chauds
Politique
Querelle de clochers sur La carte de l’intercommunalité va bouger. Dans le cadre de la réforme des collectivités territoriales (loi du 16 décembre 2010), les préfets, département par département, sont tenus de proposer un nouveau schéma de coopération intercommunale (SDCI). La consigne est simple : pour favoriser les économies d’échelle dans la gestion publique, éviter l’isolement des
collectivités et certains chevauchements de compétences, les communautés de communes – et tout particulièrement celles qui comptent mois de 5 000 habitants – vont être invitées à fusionner. « Il n’y a pas de schéma régional », précise-ton à la préfecture de région. « Les préfets ont toute latitude pour apprécier la situation locale en se fondant in fine sur l’avis des commissions départementales de coopération intercommunale qui ont été installées et qui comprennent de nombreux élus ». Au 1er juin 2013, le nouveau redécoupage devra avoir été approuvé par les principaux intéressés. A défaut, c’est au préfet de chaque département qu’il conviendra de
Bras de fer entre le Vouvrillon et la voisine tourangelle Au titre du nouveau schéma départemental de cohérence intercommunale, la CC du Vouvrillon pourrait perdre trois de ses huit communes au profit de Tour(s) Plus. Une proposition jugée inacceptable par la majorité des élus qui craignent que la collectivité ne survive pas à cette amputation.
«T
our(s) Plus veut nous dépouiller » : la majorité des élus de la communauté de communes (CC) du Vouvrillon, composée de Vouvray, Vernou-sur-Brenne, Chançay, Chanceaux-sur-Choisille, Reugny, Monnaie, Parçay-Meslay et Rochecorbon, soit 21 000 habitants, n’acceptent pas le projet de nouveau schéma départemental de cohérence intercommunal (SDCI) que lui proposent les services de la préfecture ; ils n’ont d’ailleurs pas de mots assez durs pour le qualifier. 10 La Lettre Valloire - Septembre 2011
Celui-ci prévoit que trois communes (Chanceaux, Parçay-Meslay et Rochecorbon) quittent la CC pour rejoindre la puissante communauté d’agglomération de Tours. Un schéma qui, bien sûr, ravit son président, le maire de Tours Jean Germain (PS), qui ne fait pas mystère de sa volonté d’agréger d’autres communes – d’annexer, disent les mauvaises langues – à Tour(s) Plus… qui se rapprocherait ainsi des 300 000 habitants. « Il n’est pas question de nier l’intérêt et l’attractivité de l’agglomération tourangelle, indique Pierre
Darragon, président de la CC du Vouvrillon et maire de Vouvray. Mais ce redécoupage remet en cause la cohérence de notre bassin de vie et la politique de développement économique et touristique que nous menons avec succès depuis la création de la communauté de communes en 2001 ». Il est vrai que l’absorption des collectivités précitées permettrait à Tour(s) Plus de faire main basse sur les florissantes zones d’activité du Papillon et du Cassentin (1 000 ha et près de 3 000 emplois), toutes
fond de réforme trancher. Les copies déjà rendues augurentelles d’un big bang de grande ampleur ? « La situation est très contrastée », estime-t-on à la préfecture régionale. Dans certains départements comme l’Indre-et-Loire ou le Loir-et-Cher où l’intercommunalité est très avancée et structure la vie publique, la révision est profonde : en Indreet-Loire, il est ainsi prévu de ramener le nombre de communautés de vingt-trois à une dizaine. En Loir-et-Cher, la réduction sera de la même ampleur. En revanche, dans le Loiret où les communes n’avaient pas adhéré au concept d’intercommunalité avec la même ardeur, le solde du jeu de la création/disparition de collectivités devrait être à « somme nulle ». Pour les dépardeux situées à Parçay-Meslay. « C’est très simple : le retrait de ces trois communes nous ôterait 65 % de nos recettes, chiffre Pierre Darragon qui prévient que la CC du Vouvrillon ne saurait survivre à cette purge ». D’autant que la collectivité s’est habituée à un train de vie peu compatible avec une telle mise à la diète… Le budget de fonctionnement du Vouvrillon s’élève à près de 6,6 M€, dont une part importante est affectée aux salaires de ses 19 collaborateurs. Le projet de réorganisation a, quoi qu’il en soit, semé le doute… et la zizanie ! La majorité du conseil communautaire a contesté dans deux délibérations le schéma qui lui était proposé. Mais cette prise de position est en butte à la volonté des élus de Parçay-Meslay, de Chanceaux et de Rochecorbon qui, au contraire, ont voté en faveur du rattachement à la communauté d’agglomération tourangelle. Du coup, les relations se sont un peu tendues entre les alliés d’hier. « Ce serait tout de mê-
tements du Cher, de l’Indre, les modifications seraient cosmétiques. En Eure-et-Loir, on s’attachera notamment à rattacher vingt-deux communes isolées – l’un des objectifs de la loi – à des ensembles préexistants. Naturellement, certaines propositions de redécoupage sont en butte à l’hostilité des élus : crainte du « dépeçage » aux portes de Tours, contestation d’un rapprochement en Sologne peu respectueux du « continuum culturel et économique ». Des poches de résistance à la férule préfectorale sont apparues : nous en évoquons quelques-unes dans les pages qui suivent. Il ne reste plus que quelques mois aux parties prenantes pour faire valoir leurs points de vue.
me étrange que l’Etat fonde sa décision sur les motivations individuelles des communes et ne se réfère pas à l’avis majoritaire de la communauté », plaide Pierre Darragon qui préconise une modification homéopathique du périmètre. Les partisans du statu quo admettent que Chanceaux-sur-Choisille, très tournée vers l’agglomération tou-
rangelle, puisse la rejoindre. « Il serait plus judicieux de mutualiser d’abord certaines compétences des communautés en touchant au périmètre des syndicats mixtes sans pour autant compromettre les entités politiques », suggère le président de la CC du Vouvrillon qui juge que la « cause n’est pas encore perdue… ». Jean-Christophe Savattier
Pierre Darragon, président de la CC du Vouvrillon et maire de Vouvray
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Points Chauds
Politique
En Eure-et-Loir, seul le Perche renâcle C’est dans un climat plutôt apaisé que les élus d’Eure-et-Loir ont, dans l’ensemble, reçu le projet de nouveau schéma départemental intercommunal. Un schéma qui vise à pallier l’isolement d’une bonne vingtaine de communes rurales et à renforcer les agglomérations chartraine et drouaise.
La Ferté-Vidame fait partie de la CC de l’Orée du Perche.
E
n Eure-et-Loir, la réforme de la carte territoriale ne déchaînera pas les passions. Pour autant, un chargé de mission préfectoral réfute d’attribuer le qualificatif de « cosmétique » à la copie qui a été rendue par les services de l’Etat. « Il s’agit au contraire d’un chantier d’assez grande ampleur qui répond parfaitement aux objectifs de la loi, notamment sur le volet du rattachement des collectivités isolées ». En effet, en dépit d’une activité intercommunale assez forte, bien que tardive – depuis 2006, le processus s’est accéléré puisque quarante-quatre communes ont intégré une communauté –, pas moins de vingt-deux communes continuent à faire cavalier seul. « Seize d’entre elles se situent principalement sur le canton d’Auneau, à l’est du département, et elles vont toutes être conviées à rejoindre un ensemble plus large », précise un porte-parole du préfet d’Eure-et-Loir.
12 La Lettre Valloire - Septembre 2011
Parmi les six autres, la commune de Barjouville sera invitée à rallier la communauté d’agglomération de Chartres Métropole, déjà forte de ses… trente-deux communes membres (112 000 habitants). « Si les modifications apparaissent peut-être moins spectaculaires qu’ailleurs, c’est que le big bang… a déjà eu lieu avec l’élargissement de Chartres Métropole dont le périmètre est passé de sept à trente-deux communes au 1er janvier 2011 », note toujours le responsable préfectoral. Une opération jugée « structurante » qui a été effectuée avant la redéfinition du schéma départemental. « Le renforcement des deux communautés d’agglomération articulées autour de Chartres et de Dreux constitue l’une des pierres de touche de la politique de l’Etat », poursuit-il. Qui se félicite de la volonté affichée par les élus des communes de Tremblaylès-Villages et de Sérazeux de rejoindre la collectivité drouaise. A l’issue de ce rapprochement, Dreux Agglomération comptabiliserait près de 60 000 habitants, un chiffre qui continuera cependant à la placer largement en dessous de la moyenne des communautés nationales (122 513 habitants). La réforme de la carte territoriale eurélienne serait-elle totalement indolore ? Les élus beaucerons accepteraient-ils sans mouvement d’humeur que l’on redimensionne leurs territoires ? Les remontées du terrain et l’examen des délibérations laissent augurer d’une appropriation correcte du schéma proposé par les édiles. Avec certaines nuances ! Ainsi, les élus de la CC de l’Orée du Perche – centrée autour de la Ferté-Vidame – et leurs 2 600 concitoyens rechignent à
accepter le rapprochement qui leur est proposé avec la CC de la Perche Senonchoise (5 584 habitants). L’opération ne semble pourtant pas heurter le sens commun : les deux communautés sont mitoyennes et membres du Pays Perche « qui dispose d’une forte identité culturelle ». De surcroît, la loi prévoit un rattachement – sauf cas particulier dérogatoire – à une collectivité de plus grande taille pour les CC de moins de 5 000 habitants. « Mais les histoires particulières des hommes et des territoires expliquent ces réticences, soupire-t-on du côté des services de l’Etat, et il faut en tenir compte avec souplesse ». Jean-Christophe Savattier
Jean-Pierre Gorges, maire de Chartres
Montrichard veut revenir en Touraine Situés en Loir-et-Cher, Montrichard et la CC du Cher à la Loire devraient fusionner avec des communes solognotes. Mais les élus plaident leur appartenance à la Touraine et un rattachement à la CC de Bléré-Val de Cher, en Indre-et-Loire.
J
ean-François Marinier, le président de la CC du Cher à la Loire, n’en démord pas. La collectivité qu’il dirige, forte de ses 12 communes – environ 16 000 habitants – « n’a aucun intérêt à se rapprocher avec les communes solognotes de la CC de Selles-sur-Cher ». Dans le cadre de la procédure de redécoupage territorial qui vise à ramener dans ce département le nombre de communautés de communes de vingt-deux à douze, le préfet de Loir-et-Cher a proposé aux élus de la CC du Cher à la Loire de fusionner avec la voisine de Val de Cher, centrée autour de St-Aignan, et la CC du CherSologne organisée autour de Sellessur-Cher (41). De quoi former un ensemble de 40 000 habitants. Mais le tracé de frontière administrative est un art délicat… L’offre a immédiatement déclenché une levée de boucliers. Si Jean-François Marinier ne voit pas d’objection à se rapprocher de St-Aignan, il réfute la légitimité « d’une fusion avec Sellessur-Cher. Notre bassin de vie qui se
déploie autour de la commune de Montrichard a des complémentarités fortes avec la Touraine, et notamment avec la CC Bléré-Val de Cher tant sur le plan économique, culturel que touristique. La Sologne, c’est autre chose » plaide l’élu. Du côté de la CC de Cher-Sologne, les élus ne se formalisent pas du rejet. « Pour réussir un mariage, il est effectivement indispensable de s’appuyer sur un bassin de vie qui soit homogène. Notre collectivité est culturellement plus proche du Berry que de la Touraine » souligne Alain Persillet, président de la CC de Cher-Sologne (12 200 habitants, 9 communes) et maire de Meusnes. « Certes, l’idéal serait de s’appuyer sur un document comme le Scot (Schéma de cohérence territoriale) mais nous n’en avons pas sous la main », poursuit l’élu qui estime que la meilleure solution… serait de ne pas toucher au périmètre de la collectivité : « Le texte gouvernemental prévoit que seules les communautés de moins de 5 000 habitants doivent obligatoirement
Syndicats : du toilettage à la grande lessive La réorganisation du maquis des syndicats de gestion à compétence unique ou multiple est l’une des facettes, et non la moindre, de la réforme territoriale. Dans le Loiret, le projet s’est attaché à réduire leur nombre en s’attaquant « aux syndicats à faible activité » ainsi qu’aux syndicats scolaires. Ces derniers sont au nombre de soixante-huit sur les deux cent vingtquatre que compte le Loiret. « Certains sont exclusivement organisateurs du transport scolaire alors même que cette compétence est prise en charge par le département », justifie-t-on à la préfecture. Les services de l’Etat considèrent « qu’au moins quarante-sept syndicats devront obligatoirement faire l’objet d’une dissolution ». In fine, quatre-vingt-quatorze de ces structures pourraient passer à la trappe. A noter que les dissolutions des syndicats scolaires « ne seront que suggérées, sachant que l’intérêt de cette rationalisation est parfois contrecarré par des difficultés techniques ou pratiques ».
opérer des rapprochements. Alors pourquoi vouloir se focaliser sur notre cas ? ».
En attendant les décisions finales, les élus peaufinent leurs arguments. Un document de 80 pages vantant les mérites d’une fusion entre les collectivités de Bléré et de Montrichard a ainsi été rendu public. Les conseils des CC du Cher à la Loire et de BléréVal de Cher, cette dernière étant présidée par Jocelyne Cochin, maire de La Croix-en-Touraine, ont d’ores et déjà délibéré en faveur de ce projet « qui a été approuvé à 80 % par les élus ». Pour faire bonne mesure et prévenir les pressions de lobbies locaux, « notamment certains syndicats intercommunaux qui luttent pour leur pré carré et le statu quo », les deux présidents ont écrit à leurs députés et à la commission départementale en charge du redécoupage. « Une communauté construite contre le gré de ses participants ne peut pas fonctionner », prévient Jean-François Marinier. Du côté de l’Etat, on indique que les rapprochements interdépartementaux, et a fortiori interrégionaux, ne sont pas aisés à organiser, « notamment parce qu’il est nécessaire d’harmoniser au préalable les procédures de recouvrement de la fiscalité locale ».
Jean-François Marinier, président de la CC du Cher à la Loire.
JCS
La Lettre Valloire - Septembre 2011 13
Points Chauds
Santé
Région bien sous tous rap cherche médecins… « Région bien sous tous rapports recherche d’urgence médecins libéraux, désespérément… Offre larges facilités de maintien ou installation : aide des collectivités locales, soutien financier de l’Etat, etc. S’adresser à l’Union régionale des professions de santé ou à l’Agence régionale de santé du Centre ». A quand ce genre de petite annonce ?
L
es élus locaux n’en finissent plus d’interpeller les pouvoirs publics sur la densité médicale famélique de la région Centre. Le député UMP du Loiret Marianne Dubois a ainsi demandé cet hiver au ministre en charge de la Santé ce qu’il comptait faire pour remédier à la pénurie de l’offre de soins dans le Pithiverais. En experts rompus au maniement de la langue de bois, les services du ministre ont répondu que la situation de la démographie médicale dans le Loiret appelait « une vigilance particulière » et proposé la création de maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) comme panacée contre la pénurie de stéthoscopes… La désertification médicale avance à la vitesse d’un cheval au galop non
Territoires
Source : « Inégalités cantonales de santé en région Centre », ORS Centre (07/2010). Site : www.orscentre.org.
seulement dans le Berry, mais aussi à une heure de Paris, en Eure-et-Loir et dans le Nord Loiret, et même dans le Lochois que l’on aurait pu croire épargné en raison de la proximité de la faculté de Tours.
”
“ UNE FAUSSE BONNE IDÉE QUI N’A PAS RÉTABLI LES COMPTES SOCIAUX MAIS A FAVORISÉ LA DÉSERTIFICATION Si les solutions envisagées pour attirer ou maintenir des médecins libéraux capotent, la situation actuelle, qui est déjà critique (86 généralistes libéraux pour 100 000 habitants, contre près de 100 en moyenne nationale), risque de devenir très vite intenable : près de la moitié des géné-
Densité pour 100 000 habitants
Cher (18)
78,2
Eure-et-Loir (28)
76,5
Indre (36)
79,4
Indre-et-Loire (37)
102,5
Loir-et-Cher (41)
89,8
Loiret (45)
81,5
Région Centre
86,0
France (hors outremer)
99,9
Densité en médecins généralistes libéraux (fin 2009)
14 La Lettre Valloire - Septembre 2011
ralistes du Centre ont aujourd’hui plus de 55 ans et pour dix départs en retraite on ne dénombre qu’une seule installation… Cette désertification tient à un cocktail de facteurs explosif. Le numerus
clausus, d’abord, est resté trop bas trop longtemps. « On croyait à l’époque qu’en restreignant le nombre de médecins, on résorberait le déficit de la Sécu, rappelle Jacques Laisné, directeur général de l’ARS Centre. Ce fut une fausse bonne idée qui n’a pas rétabli les comptes sociaux mais a, en revanche, favorisé la désertification ». « En région Centre où vit 4 % de la population française, la faculté de médecine de Tours n’a formé pendant longtemps que 2 % des étudiants en médecine de France, commente le Dr Raphaël Rogez, président de l’URPS médecins. Or 80 % des généralistes s’installent dans leur région d’études, là où ils possèdent un réseau relationnel pour affronter ce métier anxiogène ». Par chance, le desserrement du numerus clausus (près de 70 étudiants admis en 2e année de médecine il y a dix ans, contre 238 précisément à la
ports
désespérément
rentrée 2011) devrait arranger les choses : « Le nombre de places de médecins hospitaliers étant encadré, les autres médecins, plus nombreux, devront choisir l’exercice libéral », analyse le Dr Rogez. « La désertification ne concerne pas que la médecine, constate Jacques Laisné. Les régions périphériques de l’Ile-de-France attirent moins que les autres, pour cause de problème d’identité. Cela vaut pour les magistrats, les enseignants et bien d’autres métiers ». La liberté d’installation incite à choisir en priorité la région parisienne, des provinces maritimes ou des terres ensoleillées… Autre constat qui ne plaide pas en faveur de l’exercice libéral : trois étudiants sur quatre sont des femmes qui réclament davantage de souplesse dans leur emploi du temps pour s’occuper de leurs enfants, notamment. Par ailleurs, les futurs médecins refuseront de travailler dans les conditions des générations
précédentes. Le modèle du généraliste taillable et corvéable à merci est révolu. Les jeunes générations rechignent à se déplacer au domicile des patients, à assurer des gardes ou à
affronter une salle d’attente bondée. En région Centre comme ailleurs, « la médecine générale n’a pas la place qu’elle mérite en faculté, esSuite page 18
Le Loiret fait feu de tout bois… Constatant « la maigre réussite des actions antérieurement entreprises », le Conseil général du Loiret a voté fin 2009 neuf types d’aides en faveur du maintien des généralistes. Son dispositif comprend : une subvention aux communes ayant un projet de MSP dans le cadre du Contrat de plan Etat-Région 2007–2013 ; une aide à l’investissement ou au rachat d’un cabinet par une commune ; un soutien à la création de maison médicale de garde (MMG) ; une participation aux frais de transport de patients isolés vers une MMG ; des coups de pouce à l’installation d’un professionnel de santé (équipement, local, recrutement d’un assistant de gestion…) en zone prioritaire ; des bourses d’études et de projet professionnel pour des étudiants en médecine de 3e cycle acceptant de s’installer pendant au moins cinq ans en zone déficitaire et de participer à la permanence des soins ; enfin des indemnités de déplacement et d’hébergement pour les stages effectués par des internes (3e cycle) ou des externes (2e cycle) auprès de médecins généralistes installés dans le Loiret.
La Lettre Valloire - Septembre 2011 15
Points Chauds
Santé
Regards croisés sur les remè Nous avons invité Raphaël Rogez, président du principal syndicat des médecins libéraux (URPSMédecins du Centre), et Jacques Laisné, directeur de l’Agence régionale de santé (ARS), à s’exprimer sur les différentes solutions à la désertification médicale. 1 – LE RECOURS AUX MÉDECINS ÉTRANGERS : Dr. Rogez : Il y a eu beaucoup d’articles sur les installations, mais peu sur les départs précipités. Les différences dans la façon de pratiquer la médecine et d’aborder le patient, le médiocre accueil qu’on leur réserve, la qualité de leurs études médicales, tout cela fait que c’est une solution qui ne marche pas.
interrégional. On ne peut pas forcer des médecins d’autres régions à s’installer ici. Jacques Laisné : C’est un choix politique qui appartient au gouvernement et au parlement. A titre personnel, je crois plus aux mécanismes incitatifs qu’aux systèmes coercitifs.
3 - DONNER PLUS D’IMPORTANCE AU PHARMACIEN ET À LA TÉLÉMÉDECINE : Dr. Rogez : On peut imaginer une délégation de tâches dans le cadre d’un travail en commun harmonieux avec le pharmacien. Ce n’est pas toujours le cas, car médecins et pharmaciens n’ont pas le même langage. On court le risque de troubler le malade avec la multiplicité des avis et discours tenus. La télémédecine, elle, peut avoir de l’intérêt à condi, tion qu’existe une cotaEZ x L ROG ecins libérau Ë A H P tion pour rémunérer les RA méd at des ic d n y actes à distance. s ent du
présid
Jacques Laisné : Cette solution a été décevante. Elle n’est pas généralisable, car ces médecins ont des problèmes d’adaptation et repartent souvent assez vite. De plus, je tiens à m’assurer de la qualité de leurs diplômes. 2 - LA FIN DE LA LIBERTÉ D’INSTALLATION : Dr. Rogez : C’est une mesure inapplicable, parce que le schéma d’organisation sanitaire est régional, pas 16 La Lettre Valloire - Septembre 2011
Jacques Laisné : La télé-expertise d’imagerie médicale fonctionne déjà. Il faut aller plus loin avec le télédiagnostic, qui permet au patient de bénéficier d’une consultation là où n’existe pas le spécialiste voulu. La télémédecine suppose un contact humain localement, grâce aux infirmières ou aux pharmaciens, dont le réseau reste dense et représente un gisement de compétences. L’ARS va réaliser des expériences de télémédecine en milieu pénitentiaire et en EHPAD (établissement d’héberge-
ment pour personnes âgées dépendantes) du Loir-et-Cher. Il ne faut pas la refuser parce qu’elle perturbe les habitudes. 4 - MULTIPLIER LES MAISONS DE SANTÉ PLURI-PROFESSIONNELLES (MSP) : Dr. Rogez : Très peu voient le jour. En 2010, il n’en existe qu’une à Avoine (37) et une à Châtillon-sur-Indre (36). Les 17 projets actés représentent 48 généralistes sur les 2 000 de la région et 187 professionnels de santé ! C’est marginal. Il s’écoule une dizaine d’années entre l’idée et la réalisation, à cause du problème du partage des informations entre intervenants et de la diversité de leurs cadres légaux de travail. Surtout, on met souvent la charrue avant les bœufs : une collectivité décide de créer une MSP sans qu’existe préalablement, nécessairement, un projet et une équipe de santé pluridisciplinaires. Or le projet, certes intéressant sur le plan de la continuité des soins, doit précéder les locaux… Jacques Laisné : Je crois aux MSP parce qu’elles proposent un mode d’exercice différent : 250 devraient voir le jour en France d’ici à 2013. Chaque MSP reçoit une subvention d’investissement dans le cadre du contrat de plan Etat-Région et une aide de l’ARS pour le fonctionnement. 5 - QUELLES SOLUTIONS VOUS PARAISSENT LES PLUS EFFICACES ? Dr. Rogez : Il faut avant tout libérer du temps de soin pour les médecins,
des anti-désertification en simplifiant et en diminuant leurs contraintes ou charges administratives, et faciliter leur maintien en activité le plus longtemps possible pour leur permettre d’assurer le relais avec les jeunes, en favorisant le cumul emploi-retraite ou les installations tardives. On doit aussi régler le problème de la permanence des soins afin de laisser aux médecins libéraux le plus de temps possible pour soigner. Les vraies urgences, de nuit comme de jour, ne relèvent pas du cabinet libéral, mais d’une structure hospitalière équipée. Enfin, il est essentiel d’éduquer les patients pour qu’ils sachent ne pas déranger le médecin pour rien et apprennent le bon usage de la médecine. Jacques Laisné : Parce que le pire est devant nous et qu’il n’y aura plus jamais au moins un médecin de famille par canton, il faut mettre en œuvre tout un panel de solutions. Je crois beaucoup aux contrats d’enga-
gement de service public, qui permettent d’accorder 1 200 € par mois, dès la 2 e année d’études, à un étudiant qui s’engage à s’installer en zone défavorisée : 15 contrats ont été conclus dans la région pour 2010-2011. Il faut aussi sortir les médecins de Tours : je soutiens le projet de 1ère année de médecine à Orléans, car la direc JA teur Faculté de Tours de l’ CQUES A L genc manque de places e Ré AISNÉ gion ale d et de professeurs. Il est e Sa nté ( également nécessaire de déveARS) lopper le nombre de médecins libéraux maîtres de stages, ce qui impli- donner la posque un nouveau mode de rémuné- sibilité à des médecins ration pour sortir du tout à l’acte et retraités de faire des vacations quelfinancer du temps pour l’éducation ques heures par semaine dans des thérapeutique du patient et le tutorat MSP ou ailleurs, comme le permet la de futurs médecins. Enfin, il est indis- loi HPST. pensable d’alléger le poids des Propos recueillis par Jacques Huguenin contraintes sur les médecins et de
Les remèdes du Dr. de Germay A Tours, le Dr. Edouard de Germay, 33 ans, exerce l’art d’Hippocrate au fil des remplacements. Ancien étudiant de la faculté de médecine de sa ville natale, ex-interne de l’hôpital de Bourges, la démographie médicale le préoccupe et il a consacré sa thèse au problème du choix de la médecine générale. Pour attirer des médecins dans la région, il faut selon lui que les collectivités territoriales communiquent davantage sur les attraits du Centre qu’on ne doit plus considérer comme « un trou », en dépit de l’absence de mer et de montagne. Il suggère aussi d’imposer deux ans et demi d’internat dans une seule ville, autre que Tours pour les étudiants de la fac du boulevard Tonnelé, à l’issue des six
mois obligatoires au CHU. But : faciliter « l’ancrage local » des nouveaux médecins. Enfin, il plaide pour une incitation financière à l’installation
« conséquente et durable » pour les internes de 3e cycle, de sorte que leurs revenus soient doublés et qu’ils n’aient plus envie de déserter la région.
De l’humanitaire à la Sologne Seul médecin encore en exercice à Chaumont-sur-Tharonne (41), le Dr. Marie-Thérèse Jung-Chassot aura du mal à raccrocher le stéthoscope. A 65 ans, elle garde intact l’amour de ce métier « que plus personne ne veut faire à cause du stress et du manque de reconnaissance », en dépit du temps qu’elle lui consacre chaque jour de 8 heures à 20 heures. Ce généraliste s’apprête à partager, puis transmettre sa clientèle à une consœur allemande issue de la médecine humanitaire, le Dr Katja Bourne, épouse de sujet britannique et mère de trois enfants, que la commune a réussi à convaincre de s’installer au cœur de la Sologne. « Elle fera l’affaire si on l’aide à se lancer, si on la conseille bien, si les horaires de travail ne lui font pas peur et si elle ne s’imagine pas faire fortune ici, estime le Dr Jung-Chassot. Mais surtout, il faudra que les gens d’ici apprennent à la connaître et l’apprécier, en sachant qu’une clientèle se forge en 35 ans ».
La Lettre Valloire - Septembre 2011 17
Points Chauds
Santé
time Jacques Laisné. Elle n’est pas assez valorisée par rapport aux fonctions hospitalières et aux spécialités médicales ». « De plus, les honoraires des généralistes ont peu ou pas augmenté, et la pression des patients pour obtenir un rendez-vous a entraîné une augmentation du nombre de patients vus, à la fois pour répondre à leurs demandes et pour maintenir un niveau de revenu, complète le Dr Rogez. Mais le niveau d'activité est tel qu'augmenter le nombre de patients vus risque de produire une médecine "à la chaîne", ce qui ex-plique que de nombreux médecins refusent de prendre en charge de nouveaux patients ». Dans l’attente des effets du desserrement du numerus clausus d’ici à dix ans, l’heure est au branle-bas de combat, avec l’expérimentation de solutions diverses et variées pour tenter de stopper l’hémorragie de médecins. Parmi les divers remèdes testés, l’importation de médecins étrangers semble avoir fait « pschitt », en dépit du travail accompli par des cabinets conseil comme Revitalis, à Tours, qui s’était donné pour mission de rechercher
Des étudiants en médecine à Orléans ? Répondant à une demande, l’Agence régionale de santé (ARS) et le Conseil régional ont co-financé l’acquisition d’un immeuble destiné à loger les quelque 80 internes qui exercent à l’hôpital d’Orléans. A l’occasion de son inauguration, fin novembre, la création d’un enseignement de première année de médecine à Orléans a de nouveau été évoquée : on sait qu’aujourd’hui, les jeunes Orléanais sont obligés de partir à Tours ou à Paris pour y faire leurs études de médecine. Le directeur général de l’ARS, Jacques Laisné, s’affirme favorable au projet (lire, à ce sujet, l’interview des pages 16 et 17). Son directeur de l’offre sanitaire et médico-sociale, le Dr André Ochmann, semblait plus mesuré, soulignant que « la création d’un première année à Orléans n’est pas simple ; il faut réfléchir à l’ensemble du cursus de formation ». Quant à l’augmentation du numerus clausus d’étudiants admis en deuxième année (actuellement de 238 à Tours), chacun est d’accord pour reconnaître qu’il faudra l’augmenter si Orléans ouvre une première année.
et d’installer des médecins en zone rurale. Or, en avril dernier, Revitalis a déposé le bilan, « malgré quelque 80 installations en cinq ans dans toute la France, réussies dans 85 % des cas », déplore Xavier de Penfentenyo, gérant de l’entreprise. La méthode proposée par Revitalis (conventionnement avec la commune, évaluation du candidat médecin étranger dans son pays d’origine, séjour-découverte pour celui-ci dans le pays d’accueil…) n’a pas suffi pour pérenniser le concept et sup-
La télémédecine : demain, peut-être ? La loi Hôpital Patients Santé et Territoires votée en Juillet 2009 donne un cadre légal à la télémédecine, définie comme « une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication ». Mais elle implique toujours l’intervention d’un médecin et, le cas échéant, d’autres professionnels des soins. La télémédecine permet en théorie d’établir un diagnostic, de surveiller l’état d’un malade, d’assurer le suivi d’un patient à risque, de requérir un avis spécialisé, de préparer une décision thérapeutique, ou encore de prescrire des produits, des prestations ou des actes. Le décret du 19 octobre 2010 décline la notion de télémédecine en « téléconsultation » (permettre à un médecin de donner une consultation à distance à un patient), de « télé-expertise » (solliciter à distance l’avis d’un ou de plusieurs médecins experts), « télésurveillance » (interpréter, enregistrer et transmettre à distance les données nécessaires au suivi médical d’un patient) et « téléassistance » (assister à distance un autre professionnel de santé au cours de la réalisation d’un acte). Elle implique des moyens financiers pour acheter les équipements sophistiqués nécessaires et rémunérer les médecins ou professionnels de santé qui réalisent ces actes ou prestations à distance… C’est là que le bât blesse !
18 La Lettre Valloire - Septembre 2011
porter la concurrence de la recherche directe sur le web de praticiens étrangers par certaines collectivités… Faute de solutions applicables immédiatement, nombre de communes rurales, en particulier, vivent déjà sous la menace d’un dramatique « déménagement » du territoire. Car un chef-lieu de canton sans médecin est un bourg qui se meurt et ne peut assurer le maintien à domicile de ses citoyens âgés. Jacques Huguenin
Dossier
Reprise d’entreprises
La transmission souffrira-t-elle de la
la crise ?
Après un été 2011 mouvementé, sur fond de crise des finances publiques et de nouvelle dégringolade des valeurs boursières, les entreprises connaîtront-elles un automne apaisé ? Le passage de l’ouragan Standard & Poor’s sur la note des Etats-Unis aura-t-il des conséquences sur l’activité mondiale ? Chacun s’interroge et notamment les spécialistes de la transmission d’entreprises, baromètre de la santé économique des pays développés. Une étude HSBC de mars 2011 confirmait la nette reprise en 2010 du marché du private equity, moteur des acquisitions par LBO. De leur côté, le Bodacc et Altares enregistraient un frémissement du volume des opérations de cession sur le marché français pour la même année 2010. Cette remontée du courant ne demande qu’à se poursuivre… si les financeurs veulent bien continuer à financer.
E
t si la crise estivale venait remettre en cause la reprise du marché de la transmission d’entreprises ? La banque britannique HSBC se félicitait, dans une étude parue en mars dernier, du décollage des private equity, en progression de… 143 % par rapport à 2009, certes année désastreuse. Les rachats par LBO – l’effet de levier est très souvent apporté par les private equity – ont quant à eux, bondi de 169 % en Europe l’an passé. Décalage dans le temps pour les plus petites entreprises ou signe que le marasme est durable en France ? L’embellie semblait beaucoup moins spectaculaire pour le Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (Bodacc) et la société de renseignement commercial Altares, qui ne relevaient dans une étude rendue publique au printemps qu’un très léger frémissement (+ 0,9 %) du volume des opérations de cession de commerces ou d’entreprises industrielles entre 2009 – où il s’était effondré de 18 % – et 2010. Une épaisseur de
20 La Lettre Valloire - Septembre 2011
hauteur du très bon chiffre de 2008. L’analyse régionale permet de mettre en évidence « le dynamisme économique de l’Ouest de la France ». Certes, si « le leadership économique de l’Ile-de-France reste in-
Un autre indicateur permet d’évaluer l’état d’esprit des dirigeants d’entreprises familiales. Selon l’étude du cabinet d’audit et de conseil PwC, réalisée en collaboration avec l’association Family Business Network,
“ L’ANALYSE RÉGIONALE PERMET DE METTRE EN ÉVIDENCE LE DYNAMISME ÉCONOMIQUE DE L’OUEST DE LA FRANCE
contestable, c’est dans le quart Nord-Ouest que les valeurs d’entreprises sont les plus fortes, exception faite de l’extrême Sud-Est et de l’Aquitaine ». Globalement, c’est le secteur du commerce qui attire les plus fortes valorisations avec un prix moyen de cession stable (- 0,2 %) de 236 352 € en 2010, devant l’industrie (194 840 €) en baisse de 1,2 % et les services en hausse de 1,5 %, à 144 807 €. On remarquera l’effondrement du prix moyen de cession (102 035 €) dans la construction qui recule de 9,1 %.
“
trait de crayon qui succède au coup de gomme (- 18 %) enregistré en 2009. Toujours selon le Bodacc et Altares, les cédants ont réussi à préserver la valeur de leurs biens. Ainsi, le prix moyen d’une transaction s’est établi à 176 017 € en 2010, contre 174 509 € en 2009 et 176 002 € en 2008. Le constat réjouira les partants, mais moins les acquéreurs qui avaient pu croire que la crise allait générer de bonnes affaires. Pour autant, la région Centre apparaît quelque peu en demi-teinte dans ce tableau général plutôt favorable. Le prix moyen des transactions a reculé de 2,5 % en 2010, à 160 334 €, donc sensiblement en dessous de la moyenne nationale, mais largement au-delà de la valorisation moyenne constatée en 2008, à 154 396 € . Cette performance s’établit dans un contexte de progression de 3,9 %, qui surperforme nettement la moyenne nationale du nombre de transactions, mais qui ne parvient tout de même pas à revenir à la
58 % des dirigeants d’entreprises familiales souhaitent transmettre le flambeau à la prochaine génération. Mais la réglementation est considérée comme insuffisante et inadaptée. Le marché a donc besoin d’être stimulé pour repartir. Et on ne peut qu’applaudir à l’initiative de la CCI d’Eure-et-Loir qui s’est fortement impliquée, comme on pourra le lire dans les pages qui suivent, dans le rapprochement des cédants et des candidats acquéreurs. FXB et JCS
La Lettre Valloire - Septembre 2011 21
Dossier
Reprise d’entreprises
L’Eure-et-Loir met de l’huile dans les rouages
de la transmission Recensement systématique des entreprises dont le dirigeant approche de l’âge de la retraite, accompagnement des futurs cédants comme des candidats repreneurs : la CCI d’Eure-et-Loir a mis en place une véritable ingénierie pour faciliter la transmission des entreprises sur son territoire. Et les résultats sont probants.
L
a transmission d’entreprises est, depuis de nombreuses années, au cœur des préoccupations de la CCI d’Eure-et-Loir.
Stéphane Lenain et Hervé Salmon (Mécanique du Plateau)
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Dans ce département où les PME abondent – les entreprises de 10 à 250 salariés représentent près des deux tiers des emplois ! – le départ à la retraite des dirigeants est devenu un véritable enjeu économique. On rappellera qu’au plan national, 55 000 entreprises sont transmises chaque année : 10 % d’entre elles sont des PME et elles représentent un peu moins de la moitié des 331 000 emplois concernés par une reprise. Ne se contentant pas d’enregistrer les appels entrants, le service ad hoc de la CCI a une véritable démarche proactive. « Nous rencontrons plus de 130 repreneurs chaque année », confirme Jean-Marie Schott, son responsable. Mais la démarche va audelà d’une simple visite de courtoisie. Deux types de formation sont proposés aux candidats à l’entrepreneuriat : le cercle des repreneurs les aide, en une dizaine de matinées, à construire leur projet et à maîtriser les étapes de reprise, et l’école des managers – une des deux existant en région Centre avec Orléans – dispense 57 journées de cours sur une année pour que repreneurs familiaux ou collaborateurs d’entreprises aient le loisir d’apprendre leur nouveau métier. En outre, plusieurs manifestations et réunions techniques se tiennent chaque année afin de sensibiliser le
public à la reprise d’entreprises ou les entrepreneurs déjà en exercice à la croissance externe. Pour proposer aux candidats repreneurs l’entreprise idéale, il faut bien connaître son panel de cédants. Cet été, les 222 PME du département dont le dirigeant est âgé de plus de 55 ans ont été contactées : ce recensement va permettre de réactualiser une cible jugée « prioritaire » et de maintenir l’excellent niveau de résultat de ces dernières années. Depuis 2006, 190 mises en relation entre des cédants et des repreneurs ont été organisées : dans tout juste la moitié des cas, le rendez-vous initial s’est soldé par une transmission réussie. Et grâce à cela, plus de 1 800 emplois ont été pérennisés. Si le départ à la retraite motive le plus souvent la démarche, il est préférable de se préparer très en amont au passage de témoin. « Entre six mois et cinq ans peuvent s’écouler entre le premier contact et le début du processus de transmission », confirme Didier Ducrocq, chargé de mission à la CCI. Hervé Salmon, qui s’était donné trois ans pour se trouver un successeur à la tête de Mécanique du Plateau, à Gasville-Oisème, n’a finalement eu besoin que de six mois pour trouver l’oiseau rare, identifié grâce à la cellule transmission de la CCI. « Le
déclic s’est produit dès la première rencontre », assure le cédant qui avait lui-même racheté la société neuf ans auparavant. C’est ainsi qu’au mois d’avril dernier, Stéphane Lenain, un technico-commercial de 37 ans, est devenu le patron de cette TPE de 7 salariés installée dans un bâtiment pimpant, construit en 2008. Entre les deux hommes, dont l’un pourrait être le fils de l’autre, « une amitié est même en train de naître ». Quand aucun repreneur familial, ou collaborateur, n’est en vue, le chef d’entreprise doit se tourner vers l’extérieur. Hervé Lucas a racheté le cintreur de tubes TIMT à l’occasion du départ à la retraite de son dirigeant. « L’idée de devenir patron est apparue après un bilan de compétences », justifie cet ancien directeur commercial d’une entreprise de chaudronnerie-tôlerie qui employait 150 personnes au moment de son départ. Dans ces conditions, prendre les rênes d’une société qui dépasse à peine la dizaine de salariés demande un certain travail sur soi. Mais Hervé Lucas a transformé ce challenge en atout : grâce à son expérience, mais aussi à un peu de bon sens, il a mis en place une organisation « plus claire », aménagé des espaces de rangement dans l’atelier de Châteauneuf-en-Thymerais et ainsi libéré des surfaces pour la production. Une reprise réussie en appelle une autre et, deux ans après TIMT (14 salariés pour 1,3 M€ de CA), Hervé Lucas vient de boucler le rachat d’une petite entreprise de tôlerie (5 salariés pour 0,6 M€ de CA) située à une vingtaine de kilomètres de Châteauneuf-en-Thymerais. Les cédants ont parfois une idée précise sur l’identité de leur successeur, même quand il faut aller le chercher en dehors du cercle familial. « Ce sont les anciens propriétaires qui m’ont choisi », assure Philippe Sandrin, repreneur en 2004 du carrossier pour véhicules spéciaux TIB, de Brezolles. Pour autant, il a fallu un an de négociation entre les parties avant de
trouver un terrain d’entente : « L’entreprise était chère, commente l’acquéreur. J’ai dû emprunter, mais quand l’entreprise est de qualité, on trouve toujours des banques pour débloquer des fonds. » Sept ans
conseillers transmission de la CCI d’Eure-et-Loir n’auront pas besoin d’intervenir. Ils pourront se consacrer à d’autres cédants et à d’autres repreneurs. Selon les statistiques de la maison, 91 % des entreprises trans-
“ ENTRE SIX MOIS ET CINQ ANS PEUVENT S’ÉCOULER ENTRE LE PREMIER CONTACT ET LE DÉBUT DU PROCESSUS DE TRANSMISSION
après, le chiffre d’affaires de ce spécialiste des véhicules de secours et d’assistance (ambulances, pompiers…) a été multiplié par trois (de 3,7 M€ à 11 M€) et le moment est venu de songer à une nouvelle transmission, familiale cette fois. « Dans trois ans, mes deux fils prendront le relais », indique Philippe Sandrin. Pour assurer la continuité de cette pépite de 87 salariés, les deux
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mises depuis 2006 avec leur appui sont pérennes. Un taux d’échec de seulement 9 %, à rapprocher de l’étude d’Oséo sur la transmission des PME qui situe entre 20 et 32 % le taux d’échec sur le plan national. Un écart qui se passe de commentaires. François-Xavier Beuzon
Vingt ans après, il remet ça En 1989, Thierry Cousin quitte son employeur pour créer sa propre entreprise de mécanique de précision. Il a tout juste 30 ans et démarre tout seul, dans un local de 50 m2. En 2005, Absalon est devenue une belle PME qui emploie 72 personnes à Ménars, près de Blois (41), et frôle les 9 M€ de CA. Elle s’est installée dans une niche prospère : les prothèses et implants chirurgicaux en métal. C’est à ce moment que Thierry Cousin vend au groupe britannique Stellite. Durant trois ans, il reste salarié de son ancienne entreprise. Mais le cœur n’y est plus. Ce défricheur, qui a entamé entre-temps une formation de psychothérapeute, a besoin d’un nouveau challenge. C’est à Nogent-le-Rotrou (28) qu’il va se relancer en rachetant, début 2010, le fabricant de ressorts et de pièces en fil cambré Sefard à la famille Dupé. En dix-huit mois, le créateur devenu repreneur s’est fixé un objectif : toucher des donneurs d’ordre d’un niveau supérieur et doper l’activité. Il s’est attaché à structurer l’entreprise en renforçant le bureau des méthodes, les services qualité, maintenance, mais aussi les ressources humaines et le service commercial. De 50 salariés, Sefard est passé à 57 : dans trois ans, la société devrait compter 80 collaborateurs. Les salariés n’auront pas à patienter tout ce temps pour déménager. Les travaux d’une nouvelle usine de 6 000 m2 ont débuté sur la ZA de l’Aunay ; elle devrait être livrée tout début 2012.
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Dossier
Reprise d’entreprises
Christophe Villemain, une Apprenti maçon et tailleur de pierre à 14 ans, Christophe Villemain est, à 46 ans et vingt-quatre reprises d’entreprises plus tard, patron d’un groupe spécialisé dans la restauration du patrimoine qui compte 700 salariés. Et, pour occuper son temps libre, ce père de quatre enfants gère un parc de loisirs et la municipalité du village tourangeau de Mosnes. Quand on a une âme de bâtisseur…
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sa liquidation judiciaire, en mars dernier. Plus de mille édifices religieux, civils ou militaires, hôtels particuliers et demeures privées ont été restaurés par l’entreprise de Rueil-Malmaison (92), dont les plus récents ont pour noms – prestigieux – le Petit et le Grand Palais ou l’église Saint–Sulpice.
seur social est passé par les tours des cathédrales et les escaliers monumentaux. Apprenti à 14 ans après avoir quitté le collège en cinquième, le petit tailleur de pierre, âgé aujourd’hui de 46 ans, est désormais le patron d’un groupe de 700 salariés. Une saga entrepreneuriale dont la crois-
“ RACHETER, C’EST TOUJOURS UN DÉFI, UN CHALLENGE… DANS LE GROUPE, ON RESTE HUMAIN, C’EST UN ÉTAT D’ESPRIT Avec Quélin, Christophe Villemain a repris sa vingt-quatrième entreprise : pour ce self made man qui s’est taillé une réputation dans la pierre bien faite et la tête pleine d’idées, l’ascen-
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hristophe Villemain n’aime ni les ronds de jambes, ni les dîners en ville. Mais il s’affiche aux frontons des plus beaux monuments. Le patrimoine et les vieilles pierres, c’est sa vitrine, son fonds de commerce. Sous son acronyme historique ROC (pour Restauration Orléanaise de Construction) ou sous ses autres enseignes : Turbat, Fédrigo, Delestre, Pavi, Gueble, Menet, Sarpa… En juillet dernier, l’entrepreneur, installé près d’Orléans, a franchi une étape capitale en reprenant Quélin. Cette société née en 1904, spécialisée dans la sauvegarde et la restauration du patrimoine historique, employait encore 250 personnes (pour 24 M€ de CA) au moment de
sance régulière impressionne : de 100 000 € en 1993, son chiffre d’affaires passe à 15 M€ en 2004 et à 44 M€ en 2010… avant la reprise de Quélin qui le fait croître encore de moitié ! Christophe Villemain a posé la première pierre de son groupe à l’âge de 22 ans. Avec, en poche, son CAP de maçon et de tailleur de pierre et un BTS de dessinateur en bâtiment, il est embauché comme maçon chez Gueble à Blois. Tour à tour métreur, puis conducteur de travaux, il devient directeur de l’agence d’Orléans à tout juste 25 ans. En 1993, il prend son indépendance, fonde ROC et achète l’agence Gueble d’Orléans. Quatre ans plus tard, il crée RCM à Tours avant de reprendre Viquing, toujours en Indre-et-Loire. Encore quelques années et deux entreprises de la région parisienne, Sertis et Erma, passent sous sa coupe : et c’est au tour de Turbat, une vieille société de l’Orléanais, puis de Pavy (Sarthe) et Fonteneau (Mai-neet-Loire). D’Orléans à Quimper, de Caen à
âme de bâtisseur Bordeaux, de Périgueux à Paris, en passant par Montoire, Poitiers, Nantes, Le Mans, Loches, Blois, Châteauroux et Bourges, l’empire couvre un large triangle Centre-Ouest dans l’Hexagone : il est présent dans « tous les métiers du bâtiment clos couvert ». Christophe Villemain parcourt 140 000 km chaque année au volant de sa voiture. Qu’est-ce qui fait courir ce passionné de marathon, un de ses hobbies avec le saxophone ? Pourquoi est-il devenu ce « serial repreneur » qui déploie une impressionnante panoplie de savoir-faire dans le domaine de la construction ? Plus seulement dans la rénovation des églises et châteaux, son métier historique, mais aussi dans les bâtiments industriels, l’aménagement urbain et bientôt dans l’hôtellerie… ? L’argent ? « Non. Je gagnerais plus en n’ayant qu’une seule entreprise », répond-il. Les valeurs de celui qui se définit d’abord comme un ouvrier sont taillées comme lui : l’homme, le travail bien fait, la bonne gestion. Il est artisan amoureux de la belle ouvrage lorsqu’il s’agit de tailler des pierres ou de restaurer des vitraux : « Un mélange d’esprit, de matière, de culture et d’action. Sculpteur, tailleur de pierre, ce sont des métiers tellement spécifiques ; les compagnons qui les exercent ont de l’or dans les mains. Comment pourraiton les laisser ne rien faire ? ». Car Christophe Villemain redevient patron lorsqu’il dénonce les incertitudes qui planent sur la restauration du patrimoine… jusqu’à en quitter son habituelle réserve : « Nous n’avons aucune visibilité », s’agacet-il en évoquant ces marchés soumis au régime sec par les grands donneurs d’ordre que sont l’Etat et les collectivités locales. Pour le groupe, la commande publique représente 10 M€ en année pleine. Le plan de relance, avec les quelque 5 ou 6 M€
injectés pour toiletter les cathédrales, a tout juste permis de maintenir le marché du patrimoine à un niveau acceptable. L’avenir serait-il au mécénat, comme à Versailles ? « Si les touristes viennent si nombreux en France, c’est pour visiter notre patrimoine, alors il faut le préserver », plaide ce professionnel exigeant qui fait le triste constat que « les cathédrales se détériorent plus vite qu’elles ne sont réhabilitées. » En région Centre, heureusement, l’Etat a pris les choses en main et la direction régionale des affaires culturelles (Drac) a lancé un appel au mécénat pour financer le « plan cathédrales » (lire à la page suivante). En ce moment, ROC travaille à la restauration de la façade sud de la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans. A Tours, le groupe va bientôt s’attaquer à la charpente et à la couverture… de la cathédrale Saint-Gatien. Dans un contexte aussi tendu, pourquoi reprendre encore une entreprise comme Quélin ? « J’adore rebâtir
une entreprise en difficulté », dit ce bosseur, sur la brèche de 7 h à 21 h. Exemple : Sarpa, d’Angers, rachetée en 2007 avec 20 salariés ; elle en compte 40. « Je n’ai pas hérité… Racheter, c’est toujours un défi, un challenge… Certaines fois, ce sont les salariés comme chez Gouffault (maître-verrier orléanais) qui viennent me chercher. Dans le groupe, on reste humain, c’est un état d’esprit. » L’ancien tailleur de pierre aime gérer au carré : les quinze salariés de sa holding orléanaise supervisent la paye, la comptabilité et la gestion des sociétés du groupe. Le bâtisseur aime s’appuyer sur des fondations solides comme le ROC.
L'entreprise ROC rénove actuellement la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans.
Christian Bidault
Les petites fantaisies de l’entrepreneur Le parc de loisirs Fantasy Forest (50 000 visiteurs) devrait équilibrer ses comptes en 2011. C’est la petite fantaisie de Christophe Villemain. Alors conseiller municipal de Mosnes (37), son village d’origine, il l’a créé en 2002 sur un terrain racheté à l’Etat. Parcours dans les arbres, paintball, canoë sur la Loire, ce concept loisirs nature à deux coups de rame de Chaumont-sur-Loire va encore se développer à la prochaine saison avec des sports de glisse. Jouxtant le parc, Christophe Villemain a rénové au cœur de sa commune le petit château des Thômeaux, transformé en hôtel trois étoiles. Des chambres qui font le tour du monde, décorées dans les styles de 25 pays, de Bali à Madras, de Santiago à Shanghai, le domaine des Thômeaux bénéficie maintenant d’un spa et d’une bonne table et accueille surtout des séminaires. Et sans doute parce qu’il restait quelques trous dans son emploi du temps, en 2008, Christophe Villemain s’est fait élire maire de son village de Mosnes. Le challenge lui a plu : c’était la commune la plus endettée d’Indre-et-Loire. Beau chantier de rénovation !
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Dossier
L’art moderne et le mécénat
au secours des cathédrales
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Pour épauler l’ambitieux « plan cathédrales » en région Centre, la direction régionale des affaires culturelles lance un appel au mécénat d’entreprise. Les donateurs pourront associer leur nom aux créations d’artistes contemporains sur des bâches monumentales.
D La cathédrale Sainte-Croix d’Orléans sera décorée par des dessins figurant l’écorce de bouleau.
es dessins répétitifs figurant l’écorce du bouleau plaqués sur la cathédrale d’Orléans, des motifs floraux asiatiques s’épanouissant sur celle de Bourges et des enluminures médiévales constellant la façade de la cathédrale de Chartres, telle est la vision insolite qui devrait s’offrir au regard des habitants de la région Centre en cette fin d’année 2011. Qui devrait… si toutefois la grâce du mécénat touche ces hauts lieux de spiritualité dont le rayonnement dépasse largement les frontières régionales. Car ce projet ne pourra prendre corps que si des entreprises mécènes acceptent d’y associer leur nom et d’y consacrer des fonds. Le budget est à la hauteur des plus hautes flèches d e s trois
cathédrales : 60 000 €, soit 20 000 € par monument. Il est vrai que les mécènes bénéficieront de contreparties sans commune mesure avec celles d’une campagne publicitaire dans les abribus. D’abord et avant tout, le prestige
dont le budget prévisionnel est à l’échelle des monuments : 42 M€ jusqu’en 2014. Pour le CCC, l’objectif est avant tout de faire entrer l’art contemporain dans l’espace urbain en utilisant les
“ CE PROJET NE POURRA PRENDRE CORPS QUE SI DES ENTREPRISES MÉCÈNES ACCEPTENT D’Y CONSACRER DES FONDS d’attacher leur marque à des créations artistiques monumentales ornant de hauts lieux du patrimoine architectural national, voire planétaire, puisque deux des trois cathédrales, Bourges et Chartres, sont inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco. Ensuite, et non moins accessoirement, le fait de bénéficier d’une réduction d’impôts équivalente à 60 % des sommes engagées (voir encadré). A l’origine de ce projet grandiose, les intérêts croisés de la direction régionale des affaires culturelles (Drac) et du centre de création contemporaine (CCC) de Tours. Côté Drac, il s’agit de donner plus d’ampleur et de visibilité au colossal « plan cathédrales » de la région Centre initié dans la mouvance du plan de relance de 2009 et qui vise à accélérer la restauration des cathédrales de Tours, Orléans, Blois, Chartres et Bourges. Un programme
cathédrales comme des toiles géantes. Le CCC a sélectionné les artistes en leur demandant de travailler sur le thème du motif pour trois des cinq cathédrales. C’est ainsi que Michel François a choisi le bouleau pour Orléans, Michael Lin les fleurs asiatiques pour Bourges et Nalimi Malani les dessins médiévaux pour Chartres. Fort à propos, le projet artistique s’intitule « Cent motifs apparents » car son principe repose sur la répétition d’un même élément visuel. Une agence spécialisée, « l’Art en direct », a été mandatée pour recruter des mécènes. Des contacts sont en cours mais les temps ne sont guère favorables à la générosité entrepreneuriale d’autant que rien ne garantit que les bienheureux donateurs bénéficieront d’indulgences plénières. L’Eglise serait-elle moins magnanime que Bruno Villeneuve l’Etat ?
60 % de réduction d’impôt En vertu de la loi du 1er août 2003, les entreprises mécènes bénéficient d’une réduction d’impôt de 60 % de leur don effectué en numéraire, en compétence ou en nature, dans la limite de 0,5 % du CA HT. En cas de dépassement de ce plafond, l’excédent peut être reporté sur les cinq exercices suivants. Les contreparties en terme de communication sont admises à hauteur de 25 % du montant du don, sans plafonnement.
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LES RENDEZ-VOUS SERGE BABARY, PRÉSIDENT CCI TOURAINE La CCI Touraine multiplie les initiatives pour animer la douzaine de communautés Ecobiz qui réunissent 2 500 entreprises du département.
Les communautés d’entreprises peuvent désormais échanger lors de Networking organisés par la CCI Touraine. Pouvez-vous nous en décrire le fonctionnement ?
SERGE BABARY : Ce sont des rendez-vous très rapides où les entreprises font connaissance et échangent leurs contacts par groupes de sept ou huit. Quand chaque membre s’est présenté aux autres, on change la composition des groupes. A l’issue de la réunion, qui dure environ une heure et demie, chaque participant se sera présenté à une bonne cinquantaine d’entreprises différentes.
Et les conventions d’affaires ?
SERGE BABARY : Cette fois, les participants, sur une liste d’entreprises présentes, choisissent celles avec lesquelles ils veulent prendre rendez-vous : ceux-ci durent, en moyenne, une vingtaine de minutes. Là aussi, dans une après-midi, on peut rencontrer sept, huit ou dix entreprises en approfondissant les contacts. Pour la quatrième année consécutive, nous organisons une convention d’affaires interrégionale, le 17 novembre prochain à l’Espace Malraux de Joué-lès-Tours.
Dossier
Reprise d’entreprises
Mediprema accouche d’un ra Le fabricant tourangeau d’incubateurs néonataux et d’accessoires de radiologie racheté par Eric Menanteau en 2005 vient de prendre le contrôle du belge Beldico, spécialisé dans les équipements de nursing et les consommables de laboratoire. Une opération menée dans un contexte de baisse des marchés hospitaliers et de guerre des prix.
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haité solliciter les ressources financières de Mediprema, déjà affaiblies par une conjoncture maussade. C’est donc la holding Malpelo, renforcée par une augmentation de capital, qui a été sollicitée pour cette opération.
liers – qui constituent naturellement les principaux clients du fabricant tourangeau – sont priés de réaliser des économies sur le dos de leurs fournisseurs. « Les appels d’offres sont plus rares
“ CETTE ACQUISITION DOIT NOUS PERMETTRE D’ATTEINDRE UNE TAILLE CRITIQUE QUI NOUS FAISAIT DÉFAUT
A l’occasion, de nouveaux investisseurs – Carvest (groupe Crédit Agricole), IPO (CIC) et Naxicap (groupe BPCE) – ont rejoint les actionnaires historiques (Alliance Entreprise), diluant au passage la participation d’Eric Menanteau qui reste cependant « l’actionnaire de référence ». Le dirigeant va devoir s’atteler au développement de Beldico tout en assurant le redressement de Mediprema. « Indiscutablement, nous allons faire en 2011 l’une de nos plus mauvaises années », prévient Eric Menanteau. L’entreprise, qui a réussi depuis 2005 à hausser ses ventes de 7 M€ à 12,5 M€, aura sans doute du mal à atteindre les 10 M€ sur l’exercice en cours. « Nous sommes touchés de plein fouet par la crise financière et les difficultés des régimes sociaux », analyse sereinement le président de Mediprema. Les services hospita-
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n dépit d’un contexte de marché délicat, le fabricant tourangeau d’incubateurs néonataux Mediprema (65 salariés, 10,5 M€ de CA) vient de réaliser une opération majeure de croissance externe. Sa holding de tête Malpelo s’est emparée du belge Beldico, positionné sur deux marchés : la conception et la fabrication d’équipements de nursing (biberons à usage unique, kits de nutrition parentérale) et la distribution sur les marchés du Bénélux de consommables de laboratoires (pipettes, tubes). Beldico emploie 150 salariés et réalise un CA de 26 M€ : son siège est à Bruxelles et la société exploite une unité de 5 500 m2 à Marche-en-Famenne. Ce rachat, qui consacre une démarche engagée depuis plusieurs années et l’examen de nombreux projets d’acquisition restés lettre morte jusqu’à la trêve estivale, permet au groupe « d’intégrer un modèle d’affaires complémentaire », estime Eric Menanteau, le pdg de Mediprema. Si ce dernier, qu’il a repris en 2005, répond plutôt aux standards des entreprises innovantes – avec une cellule de R&D de 11 collaborateurs – et des séries limitées, le belge se situe davantage dans la catégorie des producteurs de gros volumes. L’acquisition ne permettra pas, à priori, de dégager des synergies commerciales – les cycles de ventes et les interlocuteurs ne se recoupant pas – mais « elle doit nous permettre d’atteindre une taille critique qui nous faisait défaut jusqu’alors, notamment vis-à-vis de nos distributeurs à l’étranger ». Prudent, Eric Menanteau n’a pas sou-
et la bataille sur les prix est féroce, poursuit-il. Et nous n’avons pas les mêmes capacités de lobbying que certains de nos grands concurrents tels que General Electric », déplore l’entrepreneur. Celui-ci garde à cet égard en travers de la gorge l’échec essuyé récemment au Kazakhstan qui a vu les responsables locaux retenir un autre compétiteur « alors que notre proposition était vraisem-
chat dans la douleur blablement la mieux-disante ». Autre illustration de ce contexte miné, la société tourangelle n’a pu récemment faire valoir ses atouts lors d’un appel d’offres organisé par l’Unesco en Albanie. « Tout simplement parce que les prix pratiqués ne couvraient pas nos coûts de revient », estime-t-il. Pour passer ce mauvais cap, Mediprema n’a d’autre choix « que de faire le gros dos, presser les coûts et surtout ne rien lâcher sur le front de l’innovation. Sinon, nous serons vite dépassés ». Ainsi, en dépit de la fonte du carnet de commandes (près de 30 %) et d’une visibilité réduite, le dirigeant va continuer d’affecter près de 15 % de la facturation à la R&D. « Nos efforts vont payer », affirme-t-il. Lors du prochain salon Medica, un rendez-vous mondial très attendu par tous les équipementiers
et les spécialistes du dispositif médical, le tourangeau devrait dévoiler deux nouveaux produits « qui feront sans doute sensation ». Eric Menanteau, qui va désormais passer son temps entre la France et la Belgique,
ne souhaite pas s’engager sur un calendrier de retour à mauvaise fortune : « L’année 2012 devrait être dans les mêmes eaux, on verra pour 2013… ». Jean-Christophe Savattier
L’innovation, planche de salut de Mediprema Pour s’imposer sur un marché dominé par des gros opérateurs, les dirigeants de Mediprema n’ont pas d’autre choix que de déployer des trésors d’imagination lors des phases de conception des machines. « Mais il ne s’agit pas seulement de faire valoir des ruptures technologiques radicales, juge Eric Menanteau. Nous travaillons aussi beaucoup sur l’ergonomie avec les utilisateurs (infirmières, sages-femmes, pédiatres). Nous avons aussi beaucoup progressé sur la qualité des matériaux qui doivent aussi, y compris sur le plan sensoriel, donner une impression de confort et de qualité ». Les équipes de Mediprema doivent également faire progresser le look et le design des machines. Il ne s’agit pas encore de faire appel à des designers automobiles, mais qui sait…
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Dossier
Reprise d’entreprises
Somava,
une reprise dans la tempête
Pierre-Yves Bourgeois a repris le chaudronnier Somava-Ercomes à l’automne 2008, au plus fort de la crise. Pas découragé, il a signé l’acquisition de la société montargoise Mecazoil au mois de juillet. Et il n’a pas envie de s’arrêter en si bon chemin.
A
près dix-huit ans passés chez Orléans Viandes, Pierre-Yves Bourgeois apprend courant 2007 le projet de fusion du groupe coopératif Sicavyl, qui détient l’usine de découpe orléanaise, avec son homologue Sicarev. « A ce jeu du rapprochement, ma fonction de directeur général était supprimée et je serais devenu un simple directeur de production du site de Fleury-lès-Aubrais », reconnaît Pierre-Yves Bourgeois. Il prend alors la décision, à 46 ans, de devenir son propre patron. Il écarte, d’emblée, une reprise d’entreprise dans l’agroalimentaire : « C’est un métier très capitalistique avec des rentabilités faibles. Je savais que ce serait difficile de trouver une bonne cible et j’avais envie de chan-
Pierre-Yves Bourgeois
ger d’air tout en restant dans le milieu industriel ». Cet Orléanais « pur jus » fixe comme second critère le lieu d’implantation, à distance raisonnable de la capitale régionale, et une taille d’entreprise qui corresponde à ses possibilités financières. Le secteur d’activité n’a que peu d’importance. Il va sélectionner sur un site internet spécialisé l’annonce de la cession de l’entreprise Somava-Ercomes, un chaudronnier de Puiseaux, au nord du Loiret, qui emploie une petite vingtaine de salariés pour 1,5 M€ de CA et un résultat bénéficiaire. Le contact avec le cédant, Jacques Malé, est noué en février 2008. « Mon prédécesseur avait 64 ans et personne à qui transmettre l’entreprise dans son entourage immédiat », raconte
Pierre-Yves Bourgeois. La cible est un acteur reconnu dans la conception et la fabrication de moules métalliques pour des ouvrages en béton. Et ses clients sont prestigieux : de grands groupes du BTP qui utilisent les moules Somava pour un seul chantier, et des industriels importants, comme Bonna Sabla ou Stradal, qui produisent en série des éléments en béton pour diverses applications (conduites, mobilier urbain, génie civil…). Vendeur et acheteur s’entendent assez vite et un compromis est signé au mois de juillet. Le 30 septembre 2008, Pierre-Yves Bourgeois devient le patron de Somava. Mais le rêve est de courte durée. Quinze jours auparavant, Lehmann Brothers a fait faillite et la crise progresse à la vitesse d’un cheval au galop. A la Toussaint, une partie du carnet de commandes s’est évanoui. A tel point que lorsqu’il présente son dossier de demande de prêt d’honneur devant le jury du Réseau Entreprendre Val de Loire, courant novembre, le business plan du nouveau patron n’est plus du tout d’actualité. « Sur les six premiers mois, j’ai perdu 50 % d’activité », se souvient-il. C’est là que les qualités du gestionnaire, aguerri par des années de direction d’entreprise, vont se révéler utiles. Première mesure : la fermeture d’un petit atelier de Somava, situé à Montluçon (03), qui n’emploie plus que quatre ou cinq personnes. Seconde mesure : une action commerciale volontariste. « J’ai démarché moimême des prospects en m’appuyant Suite page 32
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Dossier
Reprise d’entreprises
sur notre savoir-faire et l’image de l’entreprise auprès de ses clients », indique Pierre-Yves Bourgeois. L’essentiel est sauvé : à la fin du premier exercice, le 30 septembre 2009, le CA est tombé à 1,35 M€ mais les pertes sont limitées à 80 000 €. Un moindre mal. Entre-temps, Pierre-Yves Bourgeois a obtenu du Réseau Entreprendre Val de Loire un prêt d’honneur de 40 000 €, remboursable sur cinq ans avec un différé de dixhuit mois. Le bout du tunnel est proche. Les premiers signes d’amélioration se font sentir à la fin 2009. En 2010, la tendance se poursuit et Somava-Ercomes termine l’exercice avec un léger bénéfice. Le propre de l’entrepreneur est d’oublier vite les difficultés et PierreYves Bourgeois se met dès lors en chasse d’une deuxième acquisition, avec les mêmes critères de taille et de proximité géographique mais ciblant, cette fois, le travail des métaux. Mecazoil (16 salariés), une entreprise
Christian Defaut
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d’usinage de pièces mécaniques installée à Châlette-sur-Loing est identifiée au début de cette année 2011. PierreYves Bourgeois entre en contact avec les cédants, la famille Girerd (Toutenkamion) et leur conseil Jean-Marc Raza, du cabinet JCG Entreprises. L’affaire se conclut assez vite et la vente est signée le 1er juillet dernier. Une vente partielle puisque Toutenkamion reste actionnaire à 49 % pour trois ans, la holding du repreneur rachetant le solde. Pierre-Yves Bourgeois imagine déjà la suite : « Racheter d’autres sociétés du secteur mécanique qui permettront de mutualiser certaines
fonctions. Je compte embaucher rapidement un responsable qualité chez Mecazoil pour être certifié Iso 9001 d’ici à un an. Mais ce responsable qualité pourra intervenir aussi chez Socama ». Les difficultés de la première reprise sont désormais derrière lui et ce repreneur opiniâtre a encore de l’appétit. « Je suis prêt pour d’autres acquisitions », assure-t-il, pas du tout découragé par la tempête de l’auFrançois-Xavier Beuzon tomne 2008.
Le moule Somava pour galerie technique (à gauche) avec la pièce en béton qui en est issue.
Pour aider les nouveaux entrepreneurs Le Réseau Entreprendre Val de Loire réunit des chefs d’entreprises qui se sont donné pour mission d’aider des créateurs et des repreneurs d’entreprises en leur accordant conseils et soutiens financiers sous forme de prêts d’honneur : Pierre-Yves Bourgeois en a été le lauréat en 2009. Présidé par Marie-Noëlle Amiot et hébergé chez Thiolat, 5 rue Roger-Dion à Blois, le Réseau EVdL est dirigé par Bénédicte Loustalot (02 54 74 02 10).
Idealex se donne
trois ans pour céder
Le fondateur du spécialiste vendômois des équipements de radioprotection, fort de son portefeuille de clients prestigieux et de finances saines, envisage de transmettre son entreprise dans les trois ans à venir.
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nstallé dans 250 m2 de bureaux sur la ZI Sud de Vendôme (41), le bureau d'études Idealex conçoit des équipements de radioprotection. « Nous accompagnons tous les travailleurs du nucléaire dans leur quotidien », définit Christian Defaut, 62 ans, fondateur en 1995 de cette entreprise qu'il cherche aujourd’hui à céder. De la paire de gants à l'aspirateur nucléarisé, de la paroi en plomb aux filtres à air en inox, une trentaine de produits figurent au catalogue. « Très peu d'entre eux sont standardisés, puisque le milieu nucléaire ne l'est pas. Les émissions radioactives ne sont jamais identiques d'un site à l'autre. Il faut donc adapter chaque référence à chaque commande », précise-t-il. Ce qui requiert une grande souplesse d'esprit et une capacité d’adaptation. Pour ne pas alourdir son fonctionnement, Christian Defaut a misé sur une organisation allégée. L'entreprise ne
compte que trois collaborateurs : une à l'administration, une autre au technico-commercial et un troisième à l'assemblage final. Un organigramme filiforme qui tranche avec le poids de ses clients, les leaders mondiaux de l'énergie nucléaire : EDF, Bouygues,
les moteurs électriques d'Italie, la tôlerie fine et les découpes au laser sont l'œuvre des PME vendômoise TCD Laser et Dargaisse ou du castelrenaudais Duchesne, les pièces en polymère proviennent de Plastiques 2005, de Savigné-sur-Lathan (37)... Et
“ LES ÉMISSIONS RADIOACTIVES NE SONT JAMAIS IDENTIQUES D'UN SITE À L'AUTRE. IL FAUT DONC ADAPTER CHAQUE RÉFÉRENCE À CHAQUE COMMANDE Areva et le Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) passent commande auprès du bureau d'études vendômois, suivis d’une kyrielle de soustraitants intervenants dans l'entretien et le démantèlement des centrales en France, mais aussi en Belgique, aux Emirats Arabes-Unis, au Canada... Faute d'ingénieurs commerciaux à disposition, Christian Defaut n'a pas pu démarcher en Allemagne, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis, les autres grands terrains de jeu du nucléaire. « Depuis trois ans, nous avons entamé une diversification vers les métiers de la santé en fournissant des cabinets de radiologie et de cancérologie. Cela représente 10 % de notre CA. Ce secteur de l'équipement médical reste très concurrentiel », ajoute Christian Defaut. Pour satisfaire ses donneurs d'ordre malgré cette structure light, Idealex s'appuie sur une quarantaine de soustraitants. Les tabliers et les parois de plomb viennent de Marseille et d'Allemagne,
”
toute la conception assistée par ordinateur de ces produits si particuliers est confiée à un atelier indépendant à Vendôme. « Je vais peut-être intégrer cette fonction à l'entreprise », envisage toutefois Christian Defaut. A 62 ans, l'ingénieur chimiste, arrivé dans le nucléaire dès son embauche à La Calhène, en 1973, songe à céder son affaire. Les finances sont saines : 70 000 € d’EBE pour un CA de 1,3 M€ en 2010. « Nous serons dans les mêmes eaux cette année », prédit le dirigeant. Un grand équipementier nucléaire français a déjà sondé Christian Defaut. Sans donner suite pour l'instant. Comme les deux fils de l'entrepreneur vendômois sont casés à Paris, dans l'informatique, Christian Defaut a mis son destin dans les mains du cabinet spécialisé JCG Entreprises. Il s'est donné trois ans pour transmettre les rênes. « Tout reste possible, dit le cédant. Je pourrais, par exemple, conserver une fonction commerciale, voire rester actionnaire. » Stéphane Frachet
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Dossier
Reprise d’entreprises
Clen, une histoire de famille Bien avant son décès au mois de juin, Claude Catelas, l'emblématique fondateur de Clen, avait préparé sa sortie. Dès 2004, l'ancien consultant en organisation, devenu industriel spécialisé dans l’aménagement du bureau, avait transmis le témoin à ses deux fils Stéphane et Xavier.
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Xavier Catelas, le fils cadet devenu président de la société Clen.
éçu du sort réservé à Clen par les investisseurs boursiers, Claude Catelas, son fondateur décédé le 29 juin dernier, avait fini par se retirer de la cote parisienne. « Nous étions au tournant des années 2000, à l'ère de la bulle Internet, se souvient Nicolas Ollivier, directeur financier de cette PMI de St-Benoît-la-Forêt, près de Chinon (37). Je me souviens d'un salon d'investisseurs au cours duquel des start-up qui ne produisaient rien, ne vendaient rien, ne possédaient rien, levaient des centaines de milliers d'euros. Et nous, nous regardions ce spectacle, incrédules. Notre cours n'a jamais décollé ! » La faible valorisation boursière de Clen a fini de convaincre Claude Catelas qu’il fallait opter pour une transmission familiale. Dès lors, Clen a racheté les titres éparpillés dans le public. Sur un « flottant » initial de 25 %, il reste encore 4 % sur le marché. « Des petits porteurs ont cru en nous. On les chouchoute. Nous avons encore un fidèle qui nous rend visite chaque année lors de l'assemblée générale, sourit Xavier Catelas, le fils cadet devenu pdg. Mais avec 96 % des actions détenues par la famille
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et un pacte d'actionnaires, nous sommes tranquilles. » En 1999, Claude Catelas crée une société à directoire et conseil de surveillance dont il confie les commandes à son épouse, Anne-Marie, épaulée par ses deux fils, Stéphane, l’aîné,
Ollivier et moi. Sans intervenir, se rappelle Xavier Catelas. On s'est juré de tout faire pour relever le défi. » Mis en confiance par le trio, Claude et Anne-Marie Catelas prennent leurs distances progressivement, jusqu'à céder leurs dernières parts en 2010.
“ MON PÈRE NOUS A MIS À L'ÉPREUVE. MON FRÈRE ET MOI SOMMES D'ABORD ALLÉS TRAVAILLER CHEZ D'AUTRES AVANT D'INTÉGRER LA SOCIÉTÉ qui devient directeur technique, et Xavier, directeur général. C'est cette société qui va accompagner la transition jusqu'en 2004, date de la constitution d'une holding, la Financière Clen, qui englobe tous les actifs et toute la famille. « Il a su s'effacer, tout en gardant un œil sur la société », indique Xavier Catelas. Ce passage de témoin interne était loin d'être gagné d'avance. « Claude Catelas gardait un souvenir cruel des transmissions familiales ratées. Il en avait connu plusieurs lorsqu'il était consultant. Il voulait que ses enfants soient à la hauteur », se remémore Nicolas Ollivier. « Mon père nous a mis à l'épreuve. Mon frère et moi sommes d'abord allés travailler chez d'autres avant d'intégrer la société. Il a fallu gagner sa confiance », insiste Xavier Catelas, 48 ans bientôt, qui dirige aujourd'hui le n°5 français du mobilier de bureau. Après le retrait de la bourse, vient le choix de la relève. « C'était en 2004, il nous a laissés nous réunir tous les trois, mon frère Stéphane, le directeur financier Nicolas
”
Tout en résidant dans le Var, Claude Catelas restait connecté à l'entreprise chinonaise. « Mon frère Stéphane lui avait installé une application internet sur son smartphone, de telle sorte qu'il suivait quotidiennement l’évolution du chiffre d'affaires, les commandes, les achats... ». Les enfants et l'épouse de Claude Catelas viennent de simplifier la structure. La société à directoire et conseil de surveillance devient une société anonyme à conseil d'administration : Nicolas Ollivier, l'homme de confiance, entré dans la société en 1988 dès la fin de ses études à la fac de droit-économie de Tours, a été intronisé dans le
cénacle des administrateurs. Et les deux frères, aux manettes depuis près de dix ans, affichent un bilan très favorable. La société n'a quasiment pas de dettes, à peine 3,5 M€, soit seulement 20 % de ses fonds propres. Des dettes en partie générées par l’acquisition en 2008 d’un logisticien francilien, Collégien, et la prise de participation à hauteur de 49 % au capital d'un fabricant de mobilier métallique, Mobimetal. Clen emploie aujourd'hui quelque 220 salariés. Les bureaux et leurs accessoires sont fabriqués à St-Benoît-laForêt et à Roëze-sur-Sarthe, près du
Mans, et les armoires en acier à Levroux (36). L'ensemble avoisine les 35 M€ de CA depuis plusieurs années. Chaque action du groupe Clen vaut 5,5 € aujourd'hui et le dividende
versé aux actionnaires approche les 10 %. Un rendement annuel qu'apprécieraient beaucoup d'investisseurs de sociétés cotées.
Clen est un spécialiste de l’aménagement de bureau.
Stéphane Frachet
Claude Catelas, un gentleman visionnaire Il aurait fallu pousser les murs en tuffeau de l'église tourangelle d'Avon-les-Roches lors des obsèques de Claude Catelas, le 5 juillet dernier. « Il en aurait été gêné, tellement il était pudique », dit un proche. Outre la famille et les amis, le dernier hommage au fondateur de Clen a attiré plusieurs centaines de personnes. « Il connaissait chaque employé, chaque prénom. Il prenait soin de nous », raconte une opératrice, en poste depuis une vingtaine d'années. « Il inspirait confiance », relate une autre. « Mon père nous a transmis des valeurs d'éthique, de confiance en l'avenir, de respect de la parole donnée », résume Xavier Catelas, son fils, qui lui a succédé à la tête de l'entreprise en 2004. De la force de caractère, Claude Catelas en a fait montre. Né en 1929, il perd son père, malade, dès le début de la guerre. A la fin du conflit mondial, il a quinze ans et doit concilier études et travail pour aider sa mère. Il entre au bas de l'échelle au service achats de la banque d'Indochine (devenue Indosuez). Direction le Congo, où il se frotte au monde des affaires et, déjà, à l'industrie, son dada. En Afrique, il rencontre son mentor, Claude Duval, un financier hors normes, qui est aussi passionné d'organisation du travail. A 27 ans, sous son influence, l'employé de banque décroche un diplôme d'ingénieur Arts et Métiers, tout en intégrant une star de l'époque, Singer, le fabricant de machines à coudre. La France s'équipe à tout-va, le textile est en plein boom, Claude Catelas planche sur les lignes de production des filatures. Il publie même un traité sur l'environnement du poste de travail. Puis il va fonder un cabinet de consultant. Il a trente
ans et se marie à Anne-Marie, dont il aura trois enfants (Stéphane, Xavier et Catherine). En 1963, jamais à court d'idées, Claude Catelas crée une petite usine en développant une observation simple : un rangement facile à ouvrir, adapté à la taille des documents, identifiable en un clin d'œil. Le tiroir Clen est lancé, la success story démarre. Cinq ans plus tard, l'entreprise est à l'étroit. L'armée, qui cherche à recycler les bases de l'Otan, lui propose le site de St-Benoît-la-Forêt. La famille et l'entreprise quittent la capitale pour le Chinonais. Son fait d'armes, Claude Catelas l’accomplit en 1983. Face à une dizaine de projets concurrents, Clen décroche la récompense suprême d'un concours de design de mobilier lancé par Jack Lang, alors ministre de la Culture. A la clé, la modernisation des milliers de bureaux de l'administration française. La petite PME chinonaise partage le prix avec le géant américain du secteur, StraforSteelcase. L'industriel entre en bourse pour accompagner son développement. Mais le milieu financier le décevra : l'action ne décolle pas, malgré les bons résultats. Alors que l'entreprise est courtisée, Claude Catelas transmet les commandes à ses fils, son dernier pari... Réussi.
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Entreprise
Industrie
Merim grossit avec McDo
A St-Gaultier (36), le concepteur de solutions de PLV et de signalétique commerciale prospère grâce à un important contrat signé avec le leader mondial de la restauration rapide.
N
e dites pas à Jean-Jacques Mulleris qu’il préside une entreprise de signalétique commerciale. Il vous répondra que Merim Services, créée il y a onze ans et installée sur la ZI de St-Gaultier (36), est bien davantage « une société spécialisée dans la gestion de projets ». Intégrateur de métiers et de savoir-faire divers, du pliage de tôle jusqu’à l’électronique, en passant par la soudure, la découpe au jet d’eau et l’injection plastique, Merim Services connaît une croissance spectaculaire ; elle est parvenue à se positionner comme sous-traitant de premier rang vis-à-vis de grands donneurs d’ordre de la PLV, du mobilier urbain, de l’affichage dynamique et interactif et globalement de la signalétique commerciale, qui constituent ses principaux marchés. « Nous avons aussi développé une activité connexe : la gestion et la fabrication d’équipements dédiés à la gestion des huiles alimentaires usagées ; elle participe aussi à notre réputation et à notre croissance » explique Jean-Jacques Mulleris. Cette volonté aboutie de proposer des solutions complexes et intégrées à ses clients – qui a, par exemple, conduit 36 La Lettre Valloire - Septembre 2011
Merim Services à se doter de capacités de télémaintenance – et surtout de proposer des solutions de déploiement multisites ne pouvait que séduire de grandes enseignes internationales de la restauration rapide. C’est ainsi que le développement ultra-rapide de Merim Services – qui emploie aujourd’hui 80 salariés pour un CA de 16 M€ – doit beaucoup à l’important contrat signé avec McDonald’s. « Nous avons été retenus pour fournir une partie du mobilier et la PLV dans le cadre de leur vaste programme de renouvellement des points de vente intérieurs et des aires de livraison McDrive ». Près de 4 000 restaurants en Europe vont faire l’objet de cette opération. Certes, Merim Services n’entend pas obtenir l’intégralité de cette méga commande mais la part qui semble lui être attribuée suffit à son bonheur. « Ce contrat majeur nous amène à intervenir au-delà des frontières hexagonales et double chaque année le CA à l’export (environ 5 M€) », se réjouit le pdg qui, « raisonnablement », estime que le CA de Merim Services devrait avoisiner les 18 M€ d’ici à deux ou trois ans. Naturellement, le géant américain a été séduit par les qualités de flexibilité et de réactivité d’une PMI qui a, par ailleurs, développé en
interne des capacités d’ingénierie et de bureau d’études plutôt rarissimes pour une entreprise de cette taille. « Nous consacrons près de 15 % de notre CA à la R&D », évalue Jean-Jacques Mulleris. Il indique que son entreprise est en mesure de renouveler son offre quasiment tous les deux ans. Mais elle a su préserver en interne des savoirfaire, voire de véritables tours de main qui contribuent à parfaire son image d’excellence. « Nous travaillons sur des petites et moyennes séries avec un grand souci de qualité. Des entreprises concurrentes, de taille plus importante, ont essayé de nous imiter mais sans parvenir à atteindre cette logique de sur-mesure dans leur process », se rengorge Jean-Jacques Mulleris. Une trop grande dépendance vis-à-vis d’un client ne constitue-t-elle pas une source de danger ? « Nous n’allions tout de même pas refuser cette opportunité », répond le président qui juge que la visibilité de ce contrat est suffisamment bonne pour envisager l’avenir avec optimisme… JCS
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Entreprise
Agroalimentaire
Mercier invente
les macarons salés
Les macarons salés du biscuitier et chocolatier de Baugy (18) seront commercialisés en 2012. Deux ans de recherche et de développement pour une première made in Berry. en plastique dans la main contenant, sur du coton hydrophile, un macaron, explique l’entrepreneur. C’était un macaron salé qu’elle avait mis au point avec des ingénieurs de l’université de Nancy. Elle cherchait un artisan prêt à fabriquer ces macarons et à les commercialiser ». Daniel Mercier ne se fait pas prier mais l’innovation prend du temps : « Nous avons dû travailler le processus de fabrication, les recettes, obtenir un agrément sanitaire car nous utilisons des produits carnés et du poisson, et créer une salle blanche. » Des créations et des recherches qui ont un coût : 1,2 M€ sur deux ans. Pas encore distribués, les macarons salés ont pourtant déjà la cote. A l’export notamment, la demande est forte. « Des
U
ne coque marron au cacao et un fourrage au foie gras, une autre, verte, aux épinards qui renferme du crottin de Chavignol : la biscuiterie chocolaterie Mercier de Baugy (18) a inventé les macarons entièrement salés. Une première née dans le Cher qui est aussi une prouesse technologique. Aucun pâtissier n’a encore réussi l’exploit de créer la coque emblématique des macarons sans un gramme de sucre. Problème moléculaire, question de chimie. La recette du macaron salé a été concoctée dans le secret d’un laboratoire grâce à des scientifiques. La difficulté ? Remplacer le sucre de la recette originale par du sel et obtenir la même coque gonflée, craquante et moelleuse. Un jour, il y a deux ans, Isabelle Desjardins-Lavisse, présidente de la société de recherche fondamentale Genialis, à Henrichemont (18), est entrée dans le bureau de Daniel Mercier, « une boîte 38 La Lettre Valloire - Septembre 2011
Le lancement réel se fera fin 2012. » La biscuiterie de Baugy, qui compte actuellement 34 salariés, prévoit de recruter une dizaine de personnes l’an prochain et les bâtiments seront doublés d’ici deux à trois ans. La biscuiterie chocolaterie de Baugy est une histoire de famille née en 1958 quand les parents de Daniel Mercier, Pierre et Jacqueline, ont ouvert leur boulangerie-pâtisserie à Baugy. En 1988, la famille ouvre la biscuiterie et développe la chocolaterie qui fabrique aujourd’hui de la tablette aux pièces d’exception comme des escarpins en chocolat. Aujourd’hui, l’entreprise fournit aussi bien la grande distribution que les épiceries fines ou les boutiques de l’entreprise. « Nous travaillons également
Des groupes agroalimentaires japonais, anglais, américains et allemands sont intéressés ” groupes agroalimentaires japonais, anglais, américains et allemands sont intéressés, confie Daniel Mercier. Par exemple, pour les macarons au foie gras, le groupe Euralis, leader de la fabrication de foie gras, veut l’exclusivité. Les clients nous pressent. » De la truffe au miso en passant par le piment d’Espelette, les champignons, la tapenade ou le yuzu, les saveurs seront adaptées aux marchés. La commercialisation commencera au magasin de la biscuiterie de Baugy, aux Arômes du Vieux Bourges et à la Chocolaterie Royale d’Orléans, trois points de vente appartenant à Daniel Mercier, pour se développer ensuite. « Début 2012, nous commencerons à répondre aux demandes de quelques clients.
pour LVMH, Hédiard, Fauchon, Harrods à Londres et d’autres qui veulent rester discrets. » L’entreprise transforme entre 150 et 180 tonnes de fèves de cacao par an. Le chiffre d’affaires ? « Je ne le publie pas, sourit Daniel Mercier. Nous sommes dans un milieu très concurrentiel. » Il consent juste à indiquer que, depuis vingt ans, la biscuiterie de Baugy connaît une croissance de 20 % par an. Stéphanie Payssan
Les pralines Mazet
mettent Tokyo en boîte
Après avoir investi cette année à Montargis et en région parisienne, le confiseur-chocolatier Mazet espère ouvrir en 2013 une boutique au Japon, où ses célèbres pralines sont particulièrement appréciées.
L’
année 2011 est riche pour le confiseur-chocolatier Mazet (2,8 M€ de CA, 28 salariés), qui confectionne les fameuses pralines assurant encore 40 % de son activité. La société, basée historiquement à Montargis où elle possède toujours une boutique, a investi 1 M€ dans la refonte de son atelier confiserie d’Amilly, en banlieue montargoise, qui produit pralines, chocolats, pâtes de fruits ou encore spécialités aux amandes, noisettes ou nougatine. Une partie de l’investissement a été dédiée à l’achat de machines (triage optique, tamis automatique, cuiseurs à pralines, etc.) et à la mise à la norme
Iso 22 000 relative à la sécurité alimentaire. Ce programme s’est accompagné de l’extension de son entrepôt et du relooking de l’habillage de ses produits, dont les boîtes à l’aspect vintage font toute l’identité visuelle de la marque Mazet. Mais l’entreprise ne s’est pas arrêtée là ! Elle s’apprête à ouvrir d’ici à la fin de l’année une boutique dans le quartier du Marais à Paris – ouverte 7 jours sur 7 –, dont le design a été signé par l’architecte japonais Kataoka. Cette relation privilégiée que Mazet entretient avec le designer pourrait donner lieu à l’ouverture d’une boutique à Tokyo ! « Les Japonais sont très friands de nos pralines et ont une
affection particulière pour l’ancienneté de la maison Mazet qui fait écho à leur attachement à la tradition », explique Benoît Digeon, le président de la société. Mazet exporte depuis longtemps au pays du Soleil Levant mais l’idée d’une boutique a germé lors du Salon du chocolat de Tokyo. Si tout se déroule comme prévu, l’ouverture de la boutique Mazet dans la capitale nipponne pourrait intervenir en 2013. Le confiseur exporte aujourd’hui dans 36 pays. Les pralines Mazet ne sont pas prêtes de fondre ! Aurélie Vouteau .
de cr oi ss an ce V ot re pa rt en ai re s ont, dirigeants fondateur
e Piv tion. Monsieur et Madam répondre aux attentes de nsmettre tra t tai hai su t sou on eau aur , rtin de ce groupe t et en Monsieur Jean-Luc Ma n Centre, amment en conser van bien implantée en Régio nsieur Martineau, not Mo . pro son entreprise INFINIM, IM des FIN nt d’IN e actuelle France et développa s’appuyant sur l’équip la Pays de Loire et Ile-devolonté était d’assurer Sa . lité qua uration financière, de s lier jets immobi son ser vice de struct salariés. par ses IE, de RC i CA plo ntre Loire l’em et le Crédit Agricole Ce pérennité de la société a également conseillé ge et le nta du mo ns le s gio Ré dan s eur de édit Agricole ompagner le repren acc r pou er gn Il a choisi CARCIE, Cr pa tion. treprises pour l’accom financement de l’opéra Centre Ingénierie En . eur ren rep n d’u Agricole et CARCIE che dans la recher Régionales du Crédit es iss Ca Les ssite des ix son cho de contribuer à la réu plusieurs entreprises, sont fières d’œuvrer et igeants dir , EX rs Après présentation de leu CIB l de ilia et E fam sur le groupe nomiques des PM éco s jet pro et x s’est finalement por té eau tion immobilière de bur en Région Centre. spécialiste de la promo ation d’activité ific ers div une ait rch taabi d’entrepôts, qui che d’h obilière de logements vers la promotion imm Directrice CARCIE . : 09 78 97 45 19 Sylvie Rodier Tél .fr sylvie.rodier@ca-carcie
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Economie
Industrie
Airsec passe la frontière suisse Le spécialiste de la déshumidification Airsec change de main. Son propriétaire, l’allemand Süd-Chemie, a été absorbé par le suisse Clariant, ex-Sandoz.
F
Banque Tarneaud S. A. à Directoire et Conseil de Surveillance au capital de EUR 26 529 328 - SIREN 754 500 551 - RCS Limoges - N° TVA FR69 754 500 551 Siège Social : 2 et 6 rue Turgot - 87011 Limoges Cedex - Illustration étoile : Antoine Magnien - Photos : Tetra Images/Getty Images.
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iliale de l’allemand Süd-Che- de CA et emploie 22 000 salariés. mie depuis 1997, Airsec est Airsec intègre un laboratoire à Choidevenu propriété de Cla- sy-le-Roi (94) et deux usines, l’une riant, issu du regroupement de la dédiée aux emballages pharmaceuchimie de spécialités des suisses tiques (ci-contre, le nouveau sachet Sandoz et Ciba et désiccant EQ-PAK) à Romorantin de l’allemand (41), celle de St-Mammès (77) fabriHoechst. quant des emballages pour d’autres En déboursant secteurs (optique, électronique, dé2 Md€ pour ab- fense). Le tout emploie 320 salariés, sorber le groupe ce qui ne représente qu’une goutte bavarois au mois de d’eau pour le géant suisse. février dernier, Cla- Pour autant, l’usine romorantinaise riant a pris les clés de tourne à plein régime et sa produccette belle PME fran- tion croît régulièrement de 5 à 10 % çaise fondée en 1952. par an, décrit Sébastien Boileau, Présente sur les cinq directeur Marketing-Innovation continents, la multina- d’Airsec-Süd Chemie. tionale helvétique pèse En 2010, Süd-Chemie avait restrucAP Le Lettre Valloire 166,5x112,5:Entreprendre désormais plus Entreprendre de 7 Md€ turéBT sa branche industrielle, en appli-
Entreprendre est un challenge quotidien, vous satisfaire doit l’être aussi. Rencontrons-nous à : Blois - Tél. 02 54 46 51 51 Châteauroux - Tél. 02 54 07 07 77 Joué lès Tours - Tél. 02 47 34 34 20 Tours Béranger - Tél. 02 47 70 25 00 Tours Les Halles - Tél. 02 47 31 10 30 Tours Maginot - Tél. 02 47 85 34 10 Agence Entreprises Centre 6, boulevard Béranger - Tours Tél. 02 47 70 25 30
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quant la méthode Lean d’allègement des charges de production. Bilan : deux fermetures d’usines, à New Milford (Etats-Unis) et à Romont (Suisse). A l’inverse, celle de Romorantin était citée en exemple aux investisseurs pour ses performances en matière de rendement et d’organisation, au même titre que sa consœur allemande de Heufeld. Installée depuis 1994 sur 12 500 m2 dans la zone industrielle de la Grange, à la sortie nord de Romorantin, l’usine Airsec pourrait être étendue, voire reconstruite. « Nous y réfléchissons effectivement, confirme Sébastien Boileau. Mais rien n’est acté pour l’instant. » 12/09/11
11:28 Stéphane Page Frachet 1
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Economie
Manager
Pôle de compétitivité S2E2, un recrutement déphasé
Même les entreprises de pointe ont du mal à recruter. Le pôle Sciences et Systèmes de l’Energie Electrique (S2E2) tente d’y remédier.
L’
anecdote a valeur d’exemple. Chez Systech, une PME d’assemblage de cartes électroniques de 45 salariés à Gallardon, près de Chartres (18), l’embauche d’un nouveau directeur de production a provoqué une crise interne. Le pdg, Daniel Fanon, l’admet sans ambages : « La boîte a failli péter ». Comment en est-il arrivé là ? « J’ai voulu recruter un responsable de
ver un remplaçant ». Aujourd’hui, l’entreprise Systech a repris son rythme normal et la production n’a pas souffert cet été. Mais son patron aurait aimé s’épargner cet épisode. Daniel Fanon est l’un des chefs d’entreprises qui a alerté le pôle de compétitivité Sciences et Systèmes de l’Energie Electrique (S2E2) sur le problème des ressources humaines. En 2010, le pôle a commandé
La belle vitrine technologique S2E2 n’attire pas les compétences, en particulier les ingénieurs ” production hors pair, doté d’un bagage technique excellent, mais j’ai minimisé les questions de comportement, les attentes personnelles du candidat, son intégration dans l’équipe... Or, dans une PME, chaque personne compte. Et ce cadre, très à cheval sur les procédures et les objectifs de rentabilité, a dégoûté des opératrices. » Alerté par des câbleuses en pleurs, Daniel Fanon a d’abord tenté d’arrondir les angles. Comment virer son principal collaborateur, celui qu’on a mis tant de temps à dénicher ? Le pdg a pris le taureau par les cornes lorsque des intérimaires ont refusé de venir prêter main-forte durant un pic d’activité. « Plus personne ne voulait venir chez nous. Je n’avais jamais connu ça, s’alarme le dirigeant. Je n’ai compris l’ampleur du malaise qu’au bout d’un certain temps. Je me suis fait assister par un cabinet extérieur pour licencier mon chef d’atelier et lui trou42 La Lettre Valloire - Septembre 2011
un audit au Cermat (Centre d’Etudes et de Recherche en Management de Touraine). Réalisé auprès d’un échantillon d’une trentaine d’adhérents, le document
Jérôme Finot, directeur du pôle S2E2
dresse un constat inquiétant : la belle vitrine technologique S2E2 n’attire pas les compétences, en particulier les ingénieurs. Ce n’est pas vraiment un problème pour les très grandes entreprises, comme STMicroelectronics ou Legrand, qui disposent de services de recrutement performants. Les perspectives d’évolution et les salaires qu’elles offrent n’ont rien à voir non plus. En revanche, les PME risquent gros à ne pas pouvoir renouveler leur encadrement. « Nous avons relevé plusieurs freins, précise Franck Brillet, directeur adjoint du Cermat. D’abord un déficit d’image propre à la région Centre, que beaucoup de jeunes diplômés et de jeunes actifs ne situent pas vraiment sur la carte de F r a n c e . » Pour eux, le cen-
tre de la France, c’est aussi bien Clermont-Ferrand et Limoges que Tours, OrlÊans ou Le Mans. Un secteur sans identitÊ forte, qui n’attire pas autant que la Bretagne, l’Aquitaine, Rhône-Alpes ou Paca. Le pôle S2E2 a, lui aussi, une faible notoriÊtÊ.  Nous allons accroÎtre notre prÊsence sur des salons dÊdiÊs aux Êtudiants et aux jeunes diplômÊs , annonce JÊrôme Finot, directeur du pôle S2E2. Dans les mÊtiers en Êvolution de l’efficacitÊ ÊnergÊtique, certaines PME ont des fiches de postes tellement complexes qu’elles ont du mal à cibler l’oiseau rare. Un des dirigeants interrogÊs par les enquêteurs du Cermat a patientÊ un an et demi avant d’embaucher un ingÊnieur spÊcialisÊ dans l’Ênergie Êolienne.  L’intitulÊ de l’annonce Êtait trop spÊcifique , relève Franck Brillet. Autre constat : les PME technologiques ont encore des pratiques de recrutement peu en phase avec la gÊnÊration Y, celle des 20-34 ans nourrie aux nouvelles technologies
et aux relations humaines et sociales fortes.  A la fin de certains entretiens d’embauche, on demande parfois au candidat de dÊcrire ses dÊfauts et qualitÊs. Pour un jeune adulte, c’est dÊconcertant, relève l’universitaire. Les recruteurs
pêchent souvent par maladresse sur le plan humain. Pour autant, ils renoncent à faire appel à des consultants qu’ils trouvent trop chers , dÊplore-t-il. StÊphane Frachet
La force du rÊseau L’audit du Cermat a dÊbouchÊ sur une sÊrie de recommandations.  Nous avons mis en place une formation au management pour les membres du pôle , dit JÊrôme Finot, le directeur du pôle de compÊtitivitÊ. Le programme commence en octobre, sous l’Êgide de l’universitÊ François-Rabelais. Autre action notable : la crÊation d’une plate-forme de ressources humaines avec sa dÊclinaison sur le web.  Il s’agit d’apporter une rÊponse collective à un ensemble de problÊmatiques individuelles identiques , rÊsume JÊrôme Finot, qui calque ce rÊseau sur Ecobiz, le plate-forme collaborative des CCI. OpÊrationnel en octobre, le rÊseau collectera et rassemblera les demandes et les offres d’emploi des quelque 80 acteurs du pôle. Sans oublier les formations par alternance, les stages et des fiches mÊtiers.  De l’Êolien au photovoltaïque, de la carte à puces aux smarts grids, S2E2 couvre beaucoup de domaines , constate Franck Brillet. Trop de secteurs qui nuisent à sa cohÊrence, peut-être ? A plus long terme, S2E2 envisage de mettre en place une Gestion Territoriale des Emplois et CompÊtences (GTEC) pour renforcer l’attractivitÊ des postes et fidÊliser les salariÊs. Ce qui passe, par exemple, par des accompagnements pour les conjoint(e)s, des Êvolutions de carrières... Bref, un vaste chantier pour le pôle S2E2.
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La Lettre Valloire - Septembre 2011 43
Economie
Finances
Jean Dumont, nouveau président de la Banque Tarneaud
« Les arbres ne grimpent jamais jusqu’au ciel » Jean Dumont est depuis cette année président du directoire de la Banque Tarneaud ; il a succédé à Jean-Loup Tarneaud, 67 ans, représentant de la sixième génération de la famille à la tête la banque, qui a pris en même temps la présidence du conseil de surveillance. Le nouveau patron de cette filiale du Crédit du Nord, présente sur 15 départements du Centre-Ouest, dont l’Indre-etLoire, l’Indre et le Loir-et-Cher, juge qu’une nouvelle relance de l’économie par la dette publique aurait des effets dévastateurs. La Lettre Valloire : Quelles leçons tirez-vous de cette nouvelle crise du système financier mondial ? Jean Dumont : Les investisseurs, et notamment les banques, envoient un message de bon sens aux Etats. On ne peut accumuler indéfiniment des déficits et je dirais, de façon imagée, « que les arbres ne grimpent jamais jusqu’au ciel ». Il faut que les gouvernements prennent à bras-le-corps la question des dettes souveraines et
donnent des signaux positifs aux marchés. Jamais il n’y a eu autant de liquidités dans le monde ; une bonne part est aujourd’hui thésaurisée et ne reviendra dans le circuit économique que si les acteurs reprennent confiance. A l’inverse, il serait inopportun que les Etats engagent un nouveau plan de relance. Cela les endetterait un peu plus et la confiance est tellement détériorée que le réflexe d’épargne jouerait au détriment de l’investissement. La Lettre Valloire : Les banques n’ont-elles pas leur part de responsabilité ? Ont-elles compris la leçon de la crise de 2008 ? J.D. : Les banques ne sont pas les seuls investisseurs de la planète. La masse des capitaux en circulation est aussi largement détenue par des fonds spéculatifs, des fonds de pension et des compagnies d’assurances. Dans la crise précédente, ils ont largement leur part de responsabilité. La situation de 2011 est différente de celle de 2008. Les accords de Bâle III, pris en fin d’année dernière, ont eu des conséquences positives sur le monde bancaire ; ils ont obligé les opérateurs à renforcer leurs fonds propres, prenant en compte les effets de levier. Globalement, la situation des banques n’est pas, en cette rentrée 2011, comparable à ce qu’elle était il y a trois ans. Et les banques françaises sont largement dans l’épu-
44 La Lettre Valloire - Septembre 2011
re. Ailleurs, on voit que l’Espagne achève la restructuration de ses caisses d’épargne et que la Grèce a entrepris la consolidation de son secteur bancaire. La Lettre Valloire : Comment la Banque Tarneaud anticipe-t-elle les résultats de l’année 2011 ? Etes-vous inquiet pour les mois à venir ? J.D. : Nous sommes une banque de réseau locale, bien éloignée des tourments de la planète financière. Et nous surperformons légèrement par rapport à nos concurrents naturels que sont les autres banques régionales. L’activité au premier semestre a été bonne, avec une progression de près de 6 % du produit net bancaire, à 64 M€, et une forte remontée du résultat. Même si on observe un léger ralentissement de l’activité depuis la seconde quinzaine de mai, la plupart de nos segments de marché sont en croissance : + 20 % pour les prêts destinés aux investissements des professionnels et des PME, par exemple. Les crédits à la consommation distribués aux particuliers sont stables, mais nous enregistrons une très forte hausse sur certains crédits immobiliers. Et il n’y a pas de signes avant-coureurs d’une chute de l’activité, comme ceux qu’on avait pu observer à la rentrée 2008. Propos recueillis par François-Xavier Beuzon
La lettre du club RH le club RH pôle emploi
Pôle emploi Centre S e p t e m b r e 2 0 11
L’occasion, pour les DRH présents, d’échanger et de partager leurs expériences, leurs difficultés et leurs solutions, pour satisfaire et réaliser de bons recrutements.
Le Club RH Pôle emploi Centre a pris son envol Une vingtaine de responsables de ressources humaines ont répondu à l’appel du Club RH Pôle emploi Centre qui tenait sa réunion inaugurale le 5 juillet dernier à Olivet (45). Le débat sur le recrutement, qui a évoqué à la fois les obstacles rencontrés et les solutions apportées, fut dense et fructueux. Organisée début juillet à Olivet (45), la première rencontre du club RH Pôle emploi Centre a réuni une vingtaine de directeurs et de responsables des ressources humaines d’entreprises régionales. « Nous espérons mieux vous comprendre pour mieux vous servir », a lancé en introduction Jean-Yves Cribier, le directeur régional de Pôle emploi, qui a rappelé que l’ambition du club RH – qui regroupe d’ores et déjà 74 responsables régionaux – est indissociable de la politique globale mise en place par les instances de Pôle emploi. Celle-ci vise « à redéfinir notre offre de services aux entreprises » et « à renouer une relation de confiance avec nos inter-
locuteurs après une période de réorganisation du Service Public de l’Emploi », a rappelé Erick Kraemer, directeur des relations entreprises et marketing de Pôle emploi Centre. D’autant que dans un contexte de regain de croissance encore fragile, le recrutement d’un collaborateur est devenu un acte de gestion critique, exposé, à fort risque d’échec, « qui doit faire place aux meilleures pratiques dans une logique de professionnalisation accrue », a mar telé Sabrina LoufraniFedida, maître de conférences à l’université de Nice et chercheur partenaire Conseil & Recherche. Dans son exposé, cette dernière a souligné que la
EDITO D'un côté des offres d'emploi, de l'autre des demandeurs ; pourtant l'équation n'est pas aussi simple. Du point de vue de l'entreprise, il s'agit de trouver le bon profil au bon moment, au bon coût, avec les bonnes compétences et expériences pour le bon poste. Et si un candidat est en mesure d'ajouter à la culture de l'établissement, il sera le bienvenu. Tout cela est d'autant plus délicat sans avoir su auparavant bien analyser les besoins et bien décrire le poste et le profil recherché… Pour le demandeur d'emploi, il convient de conjuguer des contraintes géographiques, personnelles, des ambitions, un savoir faire et des compétences avec des offres d'emploi qui ne correspondent pas toujours aux attentes… On voit bien que le marché de l'emploi est complexe ; recruter et le faire correctement est un savoir faire rare et précieux. Se rencontrer et partager entre professionnels permet d'éclairer certains paramètres de cette adéquation offre et demande et, ainsi, d'optimiser encore la qualité des recrutements pour la bonne marche de son entreprise. Jean-Yves Cribier Directeur régional Pôle emploi Centre
recherche des meilleurs talents impose aux entreprises de soigner leur image auprès des publics qu’elles visent et d’adapter les outils de recherche à leurs spécificités. « L’heure est aux politiques marketing, c’est-à-dire à la segmentation des approches dans la fonction RH ». Ainsi, les responsables du personnel les plus avisés « exploitent aujourd’hui une stratégie multicanal » qui donnent la part belle aux annonces presses, aux sites internet de recrutement généralistes et spécialisés, aux réseaux sociaux et à la cooptation par les collaborateurs de l’entreprise – parfois rémunérée – mais aussi aux dernières avancées des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication). Des groupes industriels à forte notoriété tels que L’Oréal, Google ou Cap Gemini ont développé en ligne des business games (ou serious games), c'est-à-dire des jeux vidéos de simulation de situation professionnelle permettant à des candidats de témoigner de leur aptitude ou de leurs compétences en grandeur virtuelle. « Les meilleurs d’entre eux sont retenus et se voient proposer un poste », poursuit Sabrina Loufrani-Fedida qui retient de ces exemples plusieurs enseignements. Naturellement, si ces pratiques ne sont pas à la portée de toutes les PME-PMI, elles démontrent que le recours aux nouvelles technologies, notamment à Internet (réseaux sociaux, référencement sites dédiés au recrutement) permet de capter l’attention des jeunes générations élevées au lait de la culture numérique (la fameuse génération Y) : « Une génération qui, par ailleurs, développe un rapport au travail très différent de son aînée. Les jeunes, y compris les jeunes les plus diplômés, sont encore moins mobiles que leurs parents. Et l’équilibre entre leur vie privée et leur vie professionnelle est une valeur qu’ils cultivent de manière assidue ». Par ailleurs, dans un cadre de plus Eric Bongibault, en plus concurrentiel où, d’une Pithiviers Nettoyage part, certaines entreprises se dis-
putent les talents, et où, d’autre part, des sociétés sont confrontées à une méconnaissance et une moindre affection des candidats sur leurs métiers (propreté, BTP, grande distribution, hôtellerie), l’amélioration de l’attractivité est devenue une facette essentielle de la fonction RH. « Pour pallier ces difficultés aggravées par la faible mobilité des candidats, nous devons rivaliser d’imagination avec des moyens réduits », expliquait ainsi Eric Bongibault, en charge du développement de Pithiviers Nettoyage. « Ce qui nous conduit à mieux gérer et fidéliser nos ressources internes notamment en faisant monter nos collaborateurs en compétence, à participer au maximum de nos possibilités à la vie locale et surtout à nous appuyer sur nos valeurs et sur notre culture d’entreprise » a-t-il poursuivi. Nathalie Bongibault, Cette question d’image est Parfums Christian Dior. apparue également essentielle à Nathalie Bongibault, responsable des ressources humaines des Parfums Christian Dior à St-Jean-deBraye, qui s’appuie sur l’excellent capital de sympathie dont bénéficie le secteur des cosmétiques et du luxe, « mais peine tout de même à recruter des manutentionnaires ou des opérateurs parce que le public a du mal à imaginer que nous sommes surtout une société industrielle ». Selon Jean-Yves Cribier, ces questions d’image et d’attractivité renvoient bien sûr à l’action spécifique du « secteur public de l’emploi qui peut, bien sûr, aider les entreprises exerçant leur activité dans des secteurs sous tension à faire passer des messages auprès des demandeurs d’emploi, à balayer les idées reçues et à faire valoir les atouts de tous ces métiers ». Mais, les difficultés de recrutement ne pourront être seulement résolues « par des actions de formation ou par une sélection fondée sur la seule analyse de la carrière du candidat », a-t-il souligné. « Il est nécessaire de généraliser autant que possible l’évaluation des compétences, du profil comportemental et des habiletés », concluant ainsi des échanges fructueux appelés à nourrir les futurs débats du Club RH Pôle Emploi.
L’ACTUALITÉ DU CLUB RH • En septembre, lancement d'une enquête régionale auprès de 30 000 entreprises sur les pratiques de recrutement. • Prochaine rencontre du Club RH Pôle emploi Centre prévue le 13 octobre à Tours. • Du 17 au 21 octobre, semaine du "Défi emploi", un partenariat Pôle emploi Centre et Vibration. • Fin novembre et début décembre, partenariat Pôle emploi et TF1 pour aider les entreprises dans leurs recherches de candidats.
Maisoning
revient aux sources
La société tourangelle de services à l’habitat Maisoning, reprise l’an passé par le groupe Prunay, est revenue à la source de son modèle économique, celui qui avait fait le succès de l’entreprise créée par Roger Mahoudeau. Le résultat devrait être positif cette année. d’une réorientation de son modèle économique. « Nous avons délaissé certains marchés publics peu rentables, notamment dans le domaine de la gestion de parcs pour les bailleurs publics, si l’on excepte un contrat résiduel avec Val-Touraine Habitat que nous n’avons d’ailleurs pas l’intention de dénoncer, précise Julien Véra. Dans le même temps, nous avons renoué avec la cible originelle des particuliers qui avait été délaissée ces dernières années. Une sorte de retour aux sources… » Cette réappropriation
son mère. Elle a remporté fin 2010 un appel d’offres auprès du groupement d’assurances Karéo Services (Pacifica, Generali, Aviva, Thélem Assurances) portant sur la réparation des dommages après un sinistre habitat. La prise en charge sera assurée par le centre d’appel (environ 20 positions) de StPierre-des-Corps, qui abrite également l’agence commerciale et technique de Tours ainsi que le siège social : « Cette activité devrait générer de multiples opportunités d’affaires, les assurés pouvant préférer une réparation en
Nous avons renoué avec la cible originelle des particuliers qui avait été délaissée ces dernières années ”
L
a société tourangelle Maisoning (environ 250 salariés) – l’exSTP Dépannage fondée par Roger Mahoudeau –, reprise l’an passé par le groupe Prunay, un spécialiste de l’expertise des dommages après sinistre, semble avoir tourné le dos aux années difficiles. L’entreprise, qui réalise un CA d’environ 24 M€ dans les services à l’habitat (dépannage à domicile, maintenance technique des bâtiments, assistance technique), pourrait revenir « dans le vert dès 2011 après avoir atteint le quasi-équilibre en 2010 », nous confirme Julien Véra, le directeur général. Ce redressement a été réalisé au prix
de la clientèle résidentielle s’est traduite par une remise en place de la politique qualité « qui s’était quelque peu dégradée », reconnaît le directeur général. Et Maisoning, très implantée dans le grand Ouest, l’Ile-de-France et la Normandie, a décidé de parfaire sa couverture régionale en ouvrant une onzième agence à Louveciennes (78) après s’être récemment installée à Rennes (35). « Notre cible prioritaire, ce sont les villes ou territoires de plus de 100 000 habitants », explique Julien Véra, qui rappelle que la société s’appuie un réseau d’environ 2 000 entreprises artisanales pour couvrir les zones « grises » où elle ne peut dépêcher des techniciens salariés dans les délais requis. Autre motif de satisfaction, Maisoning parvient à exploiter de très intéressantes synergies commerciales avec sa mai-
nature à un règlement financier du sinistre ». Le groupe souhaite aussi croître sur le marché de la gestion de l’urgence domestique – la fuite d’eau intempestive, le cambriolage inopiné –, « un marché qui connaît une croissance à deux chiffres et sur lequel se positionnent des assisteurs comme Mondial Assistance, Europe Assistance ou Opteven (Aviva) », complète le directeur général qui fait décidément feu de tout bois. Enfin, « suite à une prestation ponctuelle réalisée pour Mitsubishi qui souhaitait rappeler des pompes à chaleur défaillantes, nous avons décidé de développer une expertise spécifique dans la maintenance de ce type d’équipement ». Une aubaine, compte tenu des multiples problèmes que connaissent leurs utilisateurs… Jean-Christophe Savattier
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Economie
Immobilier
Tours réaménage
un ancien quartier militaire L’Institut des Biomédicaments et Cosmétiques (IBC) devrait ouvrir ses portes en 2014 sur le site de l’ancien régiment du train à Tours. Le programme comportera également un important volet résidentiel avec la construction de 160 studios qui seront gérés par le Crous.
C
’est sur l’emprise de l’ancien régiment du train (casernes Beaumont-Chauveau) de Tours que les collectivités locales tourangelles devraient engager l’un des principaux chantiers du programme de rénovation urbaine de grande ampleur envisagé dans ce quartier. Le projet va ainsi se concrétiser par l’implantation sur cet ancien site militaire de l’Institut des Biomédicaments et Cosmétiques (IBC), une plate-forme de formation par alternance aux métiers de la production biopharmaceutique de 2 200 m2. Le plateau comprenant deux étages, qui devrait ouvrir ses portes en septembre 2014 moyennant un investissement immobilier hors foncier de 6,5 M€, accueillera
à terme et ce, chaque année, plus de 340 étudiants auxquels s’ajouteront des étudiants en formation initiale, des apprentis ainsi que des salariés en formation continue, soit près de 3 000 apprenants. Compte tenu des origines géographiques très diverses des utilisateurs, il était indispensable d’adosser cet équipement à des capacités immobilières résidentielles. Ainsi, le programme porté par le Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES) Centre-Val de Loire Université, comporte aussi un important volet hébergement. Il va se traduire par la construction d’une résidence de 160 studios qui sera gérée par le CROUS.
Par ailleurs, le projet prévoit l’installation d’un restaurant universitaire et d’une offre de services divers : salles multimédias, laverie, salle de sport et de musculation en accueil 24 h / 24. La dépense afférente à ce volet logement du programme a été estimée à environ 13 M€. Lors de la présentation du dispositif, certains élus, et notamment le député socialiste Jean-Patrick Gille qui préside la plate-forme tourangelle de l’Ecole de la Deuxième Chance (EC2), a indiqué que l’emprise du quartier Beaumont-Chauveau pourrait également accueillir le transfert de cette dernière, implantée actuellement à l’étroit dans des locaux situés boulevard Preuilly. Cependant, personne parmi les personnalités présentes ne se risquait à se prononcer sur un quelconque calendrier de la mise en œuvre du projet. D’autant que la clef de répartition entre les différentes parties prenantes du seul programme IBC, qui a obtenu le soutien de l’Etat dans le cadre du dispositif Investissements d’Avenir, ne semblait ellemême pas tout à fait arrêtée à l’heure où nous écrivons ces lignes. Du côté de l’Institut du Médicament de Tours (IMT), l’un des principaux promoteurs de l’IBC, on note sobrement que « des demandes de financement sont en cours auprès de la Région Centre, du Conseil général d’Indre-et-Loire, de Tour(s) Plus, de la CCI, mais aussi des industriels de la pharmacie. Ces derniers devraient contribuer au financement de ce projet via une fondation ». JCS
48 La Lettre Valloire - Septembre 2011
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L’Immobilier d’Entreprises de la Région Centre La Lettre Valloire - Septembre 2011 49
Economie
Immobilier
EDF se pose aux Deux-Lions, à Tours
L
es lecteurs de La Lettre Valloire bimensuelle n’ont pas été surpris par la confirmation de l’implantation de services EDF dans le quartier des Deux-Lions, à Tours. Nous avons été les premiers, en effet, à annoncer que l’électricien national avait choisi le site des bords du Cher pour regrouper environ 500 de ses agents actuellement disséminés dans différents services. C’est la Société d’équipement de la Touraine (Set) qui a été retenue pour la construction de ce bâtiment BBC de 9 500 m2, qui devrait être achevé en 2013. Le programme comprendra aussi une tour d’habitations et commerces d’environ 50 mètres de hauteur et un restaurant interentreprises. La conception architecturale de l’ensemble (ci-dessous) a été confiée au cabinet parisien Jacques Ferrier. EDF a longuement hésité entre ce projet et le programme de bureaux neuf Cap 55’, promu par Centre Immo Promotion (groupe Sogeprom), sur l’îlot Galboisière, à côté de la gare de St-Pierre-des-Corps. Les surfaces libérées dans les locaux EDF du parc de Grandmont par une partie des agents transférés aux Deux-Lions sont destinées à renforcer le Cnepe, un service dédié au développement du parc de centrales nucléaires. Ce dernier, dopé par les perspectives de mises en chantier de centrales EPR – tant en France qu’à l’étranger, si l’accident de Fukushima ne ralentit pas leur rythme – devrait passer de 600 à quelque 900 agents dans les deux à trois ans à venir.
Vendu !
Le Conseil général d’Indre-et-Loire cherchait depuis quelques mois un acquéreur pour les anciens locaux de France Télécom place Goya, dans le quartier des Fontaines, qu’il avait acquis en 2003 pour regrouper ses services sociaux avant de se raviser (cf. Lettre Valloire de décembre 2010). C’est finalement le bailleur social Val Touraine Habitat (ex-Opac d’Indre-et-Loire) qui va rendre ce service au Département en déboursant 3,1 M€ pour les 3 400 m2 de ce bâtiment inoccupé depuis plusieurs années.
Pôle 45 s’étend vers Ingré
Les travaux d’extension de Pôle 45, la grande zone d’activité du nord de l’agglomération orléanaise, débuteront prochainement sur la commune d’Ingré. L’aménagement de 39 ha de la ZAC des Guette a été confié au groupement constitué par Orlim, un aménageur et lotisseur filiale du Crédit Agricole Centre-Loire, et le groupe orléanais de transport et de logistique Deret. La livraison des premières parcelles, plutôt destinées aux artisans et aux TPE, est prévue pour 2013.
Bureaux neufs à louer à Tours Nord Emplacement exceptionnel
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Economie
Chantiers LOIR-ET-CHER
INDRE-ET-LOIRE Cofiroute va créer sur 8 ha une aire de services sur l’A 85 entre Druye et Cinq-Mars-la-Pile, baptisée « Aire des Jardins de Villandry ». Cet espace comprendra une offre de restauration, une boutique, un distributeur de carburants, etc. Les travaux débuteront en juin, pour une mise en service en octobre 2012.
EURE-ET-LOIR La CC du Perche va lancer un concours d’architectes en vue de la construction d’une structure multifonctions à Margon. Elle abriterait notamment sur 1 450 m² les bureaux administratifs de la CC et un relais assistantes maternelles. Aucun planning pour la réalisation n’a été donné.
INDRE-ET-LOIRE
L’école élémentaire Jean-de-laFontaine à Tours-Nord va être reconstruite. L’opération, évaluée à 4,1 M€, prévoit la construction d’un bâtiment de 1 500 m² exemplaire en matière environnementale. La conception devrait être lancée début 2012 pour une livraison prévue à la rentrée 2013.
Le Plan local d’urbanisme (PLU) de laVille de Tours a retenu le principe de la construction d’une tour de 54 mètres (hôtel, commerces et logements) et d’un immeuble de bureaux de 31 mètres à côté de la gare ; un autre immeuble de grande hauteur – on parle également de 54 mètres – verra le jour aux Deux-Lions. Le projet de réaménagement du haut de la rue Nationale à Tours intègrera la construction de deux hôtels, un 4* de 100 chambres et un 3* de 60 chambres. Selon nos informations, le groupe Accor devrait être retenu pour l’un et l’autre avec ses enseignes Sofitel et Novotel. La CDAC a donné son feu vert à l’extension de 4 350 m2 de l’ensemble commercial entourant le Super U de l’avenue VictorLaloux, à Montlouis-sur-Loire, par création de cinq moyennes surfaces pour un total de 3 790 m2 et d’un magasin de bricolage de 1 560 m2.
INDRE
52 La Lettre Valloire - Septembre 2011
L’Hospitalet de Montoire va s’agrandir. La construction d’une nouvelle unité de 1 200 m², répartie sur deux bâtiments de plain-pied et dédiée aux patients cérébrolésés, va débuter en septembre. La livraison est prévue pour la fin 2012. La municipalité de Blois vient de donner son feu vert au projet de salle multifonctionnelle à vocation sportive, culturelle et économique qui devrait voir le jour sur l’îlot Laplace. Le coût de l’opération s’élève à 25 M € . Les travaux débuteront en 2013 pour une livraison en 2015.
A Blois, 84 logements sont en construction route de ChâteauRenault (70 en collectif répartis en 4 bâtiments et 14 en individuels) par la société JacquesGabriel. Le coût total de l’opération s’élève à 11,4 M€. La livraison est prévue pour la rentrée 2012. L’enseigne de bricolage LeroyMerlin vient de recevoir le feu vert de la CDAC pour l’implantation d’un magasin de 11 300 m² de surface de vente sur la ZAC du Bout-des-Hayes, le long de la rocade nord de Blois. Cette installation devrait créer environ 150 emplois directs. Ouverture prévue en 2013.
LOIRET
La CC du pays de Chambord et la société des Bordes viennent de signer un projet urbain partenarial afin de créer un complexe golfique à St-Laurent-Nouan. Le projet comprend deux parcours de 18 trous ainsi qu’un hôtel 5*, une académie de tennis et de golf ainsi qu’un centre équestre. A Vendôme, Pôle Emploi va faire construire 950 m² de locaux avenue Gérard-Yvon, dont la livraison est prévue pour 2012. L’agence libère ainsi ses locaux actuels faubourg Chartrain.
A Châlette-sur-Loing, le collège Picasso va être reconstruit pour passer de 4 500 à 8 425 m². Environ 200 m² de panneaux photovoltaïques seront installés sur le versant sud du bâtiment d’administration. Le coût total de l’opération s’élève à 21,4 M€ ; la livraison est prévue pour la rentrée 2013.
Escapades 58-59
On en voit de toutes les couleurs chez Euro Piscines De sa base de Massay (18), Euro Piscine Services fournit les 51 points de vente de son réseau en composants et accessoires pour piscines dont les bassins colorés et les “naturelles”,à la fibre écolo, qui correspondent aux dernières tendances du marché.
Max Vauché, le chocolatier solidaire De l’île équatoriale de Sao Tomé au village de Bracieux, Max Vauché partage sa passion du cacao en ouvrant les portes de sa chocolaterie.
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Olivier Jouin révolutionne Cléry-St-André Directeur général adjoint du Conseil régional le jour, acteur et metteur en scène la nuit, Olivier Jouin concilie métier et passion avec la même foi.
Escapades
On en voit de toutes les couleurs
chez Euro Piscine Les adhérents d’Euro Piscine Services ont installé leur logistique et leur pôle technique à Massay, au nord du Cher. Ce hub fournit les 51 points de vente du réseau en produits et accessoires pour piscines : les « naturelles », à la fibre écolo, comme les colorées, qui correspondent aux dernières tendances du marché.
D
u bleu au vert. La couleur de l’eau change chez Euro Piscine Services (EPS). Ce groupement d’installateurs, devenu progressivement fabricant de ses propres composants et accessoires pour piscines, se met au bassin biologique, une nouveauté très « tendance » qui fait déjà fureur en Allemagne et en
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Autriche. La fantaisie revient quand même à près de 40 000 €. Chez Euro Piscine, on se dit « impliqués ». Au-delà du phénomène de mode autour du traitement végétal – l’épuration de l’eau se fait par une lagune remplie de plantes aquatiques qui jouxte le bassin de baignade – le réseau créé en 1994 par le berrichon Patrick Woestelandt joue franchement la carte du développement durable. Les 51 points de vente, qui maillent
pratiquement tout le territoire national, n’utilisent plus que des panneaux composites en partie fabriqués à partir de matières recyclées pour équiper le flanc des piscines. C’est l’usine Sotira (ex-Matra Automobile, ex-Ranger France), de Theillay (41), qui les fournit à EPS. « Auparavant, tous nos panneaux venaient des Etats-Unis, explique Patrick Woestelandt. Depuis quelques années, ils sont fabriqués chez Sotira, dont l’usine n’est distante
que d’une vingtaine de kilomètres de notre base de Massay (18). Aujourd’hui, nous sortons 15 km de panneaux composites par an, dont environ 30 % des matières sont issues du recyclage des rebuts de l’industrie automobile – la spécialité de Sotira, NDLR –, broyés puis reformés. » La préoccupation écologique se manifeste aussi par la généralisation des pompes à chaleur sur les nouveaux bassins – 80 % d’économie d’énergie
“
pérative dont les 40 adhérents détiennent 2,5 % du capital chacun, a racheté il y a quelques années un petit fabricant nordiste d’abris de piscines : EAP. L’atelier, qui emploie 6 personnes, est désormais installé à Massay. Pour les volets roulants de couverture, le réseau s’est adossé à un professionnel, l’ardéchois Bruno Relmont, afin de créer une unité de production de 25 personnes : Hydro-cover – c’est son nom
EURO PISCINE SERVICES EST UNE SORTE DE COOPÉRATIVE DONT LES 40 ADHÉRENTS DÉTIENNENT 2,5 % DU CAPITAL CHACUN ”
pour chauffer l’eau – la rationalisation des interventions des installateurs du réseau pour éviter les déplacements inutiles, et aussi l’intégration sur un site unique de la fabrication des produits pour piscines. C’est ainsi qu’EPS, une sorte de coo-
– explose à tel point qu’il a fallu doubler sa surface. Euro Piscine, en pointe aussi sur le handicap, s’apprête à commercialiser Solobain, un fauteuil qui permet aux personnes à mobilité réduite de goûter aux joies de la baignade. Cette innovation, développée
avec des acteurs régionaux, représente un marché de 3 000 piscines publiques à équiper d’ici à 2015. Mais la piscine doit garder son caractère ludique. Et le show room installé à Thenioux, au siège de l’entreprise de Patrick Woestelandt, propose toute une gamme de nouveaux produits : pour les sportifs, le bassin de nage à contre-courant, pour les modernes, la piscine à débordement « Greenwater » et toutes les nouvelles couleurs qui tranchent avec le classique bleu des origines : les piscines déclinent aujourd’hui des tons de blanc, de jaune, de noir, de gris et même de vert olive… On en voit décidément de toutes les couleurs chez Euro PisFXB cine.
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Escapades
Max Vauché, le chocolatier solidaire De l’île équatoriale de São Tomé au village de Bracieux, Max Vauché partage sa passion du cacao en ouvrant les portes de sa chocolaterie. Avis aux amateurs…
E
n arrivant à Bracieux, à la lisière du domaine de Chambord, on ne peut pas manquer les deux grands bâtiments de la chocolaterie Max Vauché. L’un abrite la reconstitution d’une plantation de cacao et le laboratoire de transformation des fèves en pâte de cacao, l’autre la boutique, le mini-musée et l’atelier. Ils sont tous deux ouverts aux visiteurs. Max Vauché et son équipe travaillent avec passion ce produit délicat qu’est le chocolat : « Il est capricieux et exigeant en terme de dosage et de température à respecter. Nos recettes sont ainsi calibrées au gramme et au degré près pour fabriquer un produit fini irréprochable, longue conservation », explique le chocolatier. Fort d’une équipe de 25 salariés, de trois points de vente (Bracieux, Blois et Orléans), de l’accueil de plus de 25 000 visiteurs annuels et d’un CA de 1,4 M€, Max Vauché estime avoir « réussi son pari ». Dès ses débuts à Blois, il y a plus d’un quart de siècle, ce fondu de chocolat a souhaité montrer son savoir-faire : « Ma grande
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fierté est d’expliquer aux enfants que le chocolat ne naît pas dans l’aluminium mais de seize étapes qui précèdent la confection d’une tablette ou d’un bonbon : torréfaction, broyage et conchage (affinage du chocolat par brassage, NDLR) des fèves… sont autant d’opérations indispensables à la réalisation d’une pâte de cacao fluide et prête à l’emploi. » Dans la boutique, des dizaines de cabosses en chocolat, plus vraies que nature. « Nous sommes satisfaits d’avoir recréé ce fruit du cacaoyer, symbole de notre métier et de notre volonté à travailler en direct avec plusieurs plantations ». En effet, après avoir parcouru le monde à la recherche de fèves d’exception, Max Vauché a choisi l’archipel équatorial de São Tomé et Principe, à l’ouest du Gabon. Il importe 15 tonnes de fèves par an, produites par un groupement de douze planteurs (lire ci-dessous). A Bracieux, une plantation miniature et un film relatent le parcours de ces fèves : cueillette des cabosses mûres,
extraction des graines, séchage au soleil, tri sélectif multiple, mise en sac pour l’exportation… Le visiteur a l’impression d’être transporté en pleine nature, ce qui n’étonne guère Max Vauché : « A l’instar du café, le cacao fait voyager dans le monde entier… et dans le temps. Des Aztèques aux cours royales européennes, le cacao a longtemps été consommé en breuvage salé et épicé. Il a été peu à peu transformé, travaillé, sucré pour apparaître dans ses formes actuelles ». En témoignent les nombreux ustensiles et autres moules utilisés jadis, rassemblés dans son musée. « Les Anciens avaient déjà tout inventé. Nous ne faisons qu’améliorer les techniques et les matériaux pour fabriquer nos chocolats. » Capucine Becker
Chocolaterie Max Vauché 41250 Bracieux - vente en ligne sur : www.maxvauche-chocolatier.com
En direct de São Tomé… Jadis « île Chocolat », São Tomé ne mérite plus son surnom. En trente ans, sa production annuelle est passée de 30 000 à 4 000 tonnes. Les cacaoyers ont été abandonnés au profit des ananas et du poivre. En 2007, pour tenter de relancer la production locale, Max Vauché et quelques confrères chocolatiers ont créé l’association Roça Cacao. Ils ont financé l’acquisition de matériels (machettes, séchoirs, bâches…) pour que douze planteurs santoméens gèrent intégralement les fèves, de la récolte à la vente. L’ensemble de cette « plantation cacao solidaire », étendue sur 500 hectares, fait travailler 120 personnes et offre à plusieurs enfants la possibilité d’aller à l’école.
Olivier Jouin
révolutionne Cléry-St-André Directeur général adjoint du Conseil régional le jour, acteur et metteur en scène la nuit : Olivier Jouin concilie métier et passion avec la même foi. Le son et lumière qu’il a créé à Cléry-St-André, au pied de la basilique où fut inhumé Louis XI, est devenu un must.
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février 2011 au lycée de Châteauroux (Indre) : Dixhuit heures, les trois coups. Grosse chambrée ce soir-là pour le forum « Ambitions 2020 » du Conseil régional. Le grand barnum régional prépare le SRADT (schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire) : 23 représentations dans les bassins de vie du Centre. Costume sombre et lunettes, l’allure du bon élève, Olivier Jouin lance le débat avant de donner la parole aux citoyens sur l’éducation, l’emploi, le développement durable… Il est metteur en scène de ces représentations, en tant que directeur général adjoint des services du Conseil régional en charge des Stratégies, de l’Europe, du Partenariat et de la « Transversalité » (sic), un poste fourretout,« sans rôle hiérarchique », précise l’intéressé.
30 juillet 2011 à Cléry-St-André (Loiret) : En fond de scène se découpe la basilique où fut inhumé Louis XI, en l’an de grâce 1483. Jean, chemise ouverte, orchestre le placement des spectateurs. La dernière fait
un tabac. Quelques tableaux révolutionnaires plus tard, il déclame son texte, en costume et perruque. Olivier Jouin, lui, est Mirabeau. Il est aussi le créateur, le metteur en scène, le dialoguiste et accessoirement l’acteur de « la Révolution française, le destin des femmes ». Avec près de 6 000 spectateurs en 2010 (où il n’avait pas plu), Cléry est devenu le son et lumière le plus populaire du Loiret. Après Louis XI, Dunois et Jeanne d’Arc (son préféré), la Révolution côté femmes, avec Olympe de Gouges et Anne-Josèphe Théroigne en vedettes, c’est 230 bénévoles, seulement 3 professionnels, 500 costumes, un budget de 100 à 150 000 € avec seulement 20 000 € de subventions… « Au fil des ans, c’est de plus en plus professionnel », commente un Orléanais qui a vu les quatre spectacles. Une reconstitution parfaite au plan technique (l’éclairage est un régal) qui, tout en laissant une place aux cascades à pied et à cheval, brille
par sa véracité historique et l’intelligence de ses textes. Côté cour, côté jardin : Olivier Jouin, 48 ans, marié, quatre enfants, est au service du public et de la cité la journée au Conseil régional comme les nuits d’été à Cléry. « C’est à chaque fois un challenge, il faut avoir besoin des autres », résumé ce passionné. Arrivé de Nantes à Orléans en 1993 pour prendre la direction d’Orléans Technopole, cet homme-orchestre a côtoyé Olivier Guichard au Conseil régional des Pays de la Loire puis Jean-Marc Ayrault à la Ville de Nantes. « C’est enthousiasmant de travailler avec de grands élus », dit-il. C’est Jean-Pierre Sueur qui le fait venir à Orléans, mais en 2001, il « s’entend très bien aussi » avec son successeur Serge Grouard. Michel Sapin le débauchera d’Orléans Technopole pour lui confier la « transversalité » des politiques de la Région Centre. On ne pouvait mieux choisir que cet homme à la double vie pour incarner la transChristian Bidault versalité.
L’Histoire en scène C’est à Trans-sur-Erdre, près d’Ancenis, qu’Olivier Jouin (en perruque ci-dessus) a monté son premier spectacle : « Je n’étais pas très bon comédien », concède-t-il. Arrivé dans le Loiret, il déniche une maison près de Cléry-St-André. Celui qui sait se muer en véritable historien creuse alors l’histoire de la basilique. « Cela me démangeait de faire un spectacle sur Louis XI », reconnaît-il. Il va réussir le tour de force de mobiliser 200 bénévoles pour un son et lumière qui durera quatre ans : 366 ans d’histoire de France plus tard, Olivier Jouin et ses amis continuent de révolutionner les étés de Cléry.
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Carnet
RÉGION Primagaz, maison mère de la société de distribution de gaz Liotard basée à St-Pierre-des-Corps, a nommé Massih Niazi directeur général. Ce dernier est entré chez Primagaz en 2005 comme directeur des opérations et occupait dernièrement le poste de directeur général adjoint. Il succède à Myriam Maestroni qui prend la présidence de la Société Economie d’Energie, une filiale de SHV Energy et maison mère de Primagaz, spécialisée dans le traitement et la valorisation des certificats d’énergie.
RÉGION Le maire de Tours Jean Germain a été réélu fin juin président de l’Etablissement public Loire (EPL), quelques jours avant que le maire de Bourges, Serge Lepeltier, soit réélu président du comité de bassin Loire-Bretagne. « Que d’eau, que d’eau ! », avait dit le maréchal Mac-Mahon, alors président de la République, en contemplant la Garonne en crue.
CHER Xavier Luquet vient de prendre le poste de directeur de cabinet du préfet du Cher. Il succède à
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Olivier Geffroy. Précédemment conseiller pour les affaires sociales à l’Ambassade de France en Allemagne, Xavier Luquet obtient son premier poste dans l’administration préfectorale.
INDRE-ET-LOIRE Jean Bonnie, membre du conseil de surveillance de Ligérienne-
Béton, à St-Pierre-des-Corps – dont il a été le pdg jusqu’en 2005 –, et vice-président du conseil de surveillance de Ligérienne-Granulats, a été élu président de la Fédération de l’Industrie du Béton (FIB). Agé de 67 ans, cet industriel a la particularité d’être normalien et agrégé de lettres classiques. Christophe Galland, président de l’association des commerçants d’Amboise (Amboise Commerce) prend la tête de la Fédération des unions commerciales (FUC), en remplacement de Josée Le BihanKats. Cette dernière conserve un statut de présidente d’honneur.
LOIRET Marc-Antoine Jamet, secrétaire général de LVMH qui possède, avec Christian Dior, une unité à StJean-de-Braye, remplace Alban Muller à la présidence du pôle de compétitivité Cosmetic Valley : ce dernier exerçait la fonction depuis
2005. L’autre candidat possible, le patron tourangeau de Spincontrol Patrick Beau, ne s’est finalement pas présenté.
Pascal Daniel, greffier associé au tribunal de commerce d’Orléans et ancien président du conseil national des greffiers des tribunaux de commerce (20042006), vient d’être élu président d’Infogreffe, le site qui mutualise les ressources des quelque 150 greffes.
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