MAGAZINE SEPTEMBRE 2010 - 5 â‚Ź
Outiror retrouve sa route La logistique emprunte de nouvelles voies
Dossier
Sommaire
Points Chauds www.lettrevalloire.com
En Bref
pages 4 et 5
En Scène Ce magazine est un hors série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Edité par MCM Presse SAS au capital de 51 000 € RCS Tours B 341 914 273. Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours
pages 6 à 9
Charles-Eric Lemaignen : “La capacité financière des collectivités évoluera avec la richesse des territoires” pages 10 et 11 Les organisations patronales ont du mal à dialoguer pages 12 et 13 Les touristes étrangers sont de retour
pages 14 et 15
Jean Germain taxe le privé et exempte les bailleurs sociaux
Dossier
Adresse postale : BP 92031 37020 Tours Cedex 1 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com
page 16
La logistique emprunte
Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) Aurélie Vouteau (assistante)
de nouvelles voies La région Centre n’est pas devenue le maillon faible de la supply chain. Pour autant, les opérateurs et les investisseurs doivent ajuster leurs pratiques en se calquant sur les besoins de leurs clients. Les pages 18 à 31 modèles d’affaires de la logistique changent
Ont collaboré à ce numéro : Christian Bidault Alexis Boddaert Emmanuel Danielou Stéphane Frachet Odile Ménard Bruno Villeneuve
Outiror retrouve sa route Outiror se redresse. La logistique et les tournées des camions bleu et jaune ont été entièrement revues pages 30 et 31
L’immobilier logistique ébranlé par la crise
Maquette : Régis Beaune Stève Ankilbeau
pages 20 et 21
Transgourmet, l’entrepôt nouvelle donne Transporter, avec du service en plus
Révision et correction : Odile Ménard
page 26
Terminal : Brétigny plutôt qu’Artenay ?
Diffusion : Annie Coupet
Entreprises
Crédits photographiques :
Croissance externe : il est temps de profiter des soldes
Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) Informations légales : Abonnement annuel 2010 (23 numéros et 4 magazines hors série) : 350 € Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 420 € Prix de ce numéro : 5 € CPPAP : 0111 I 85872 ISSN : 1246-4333 Dépôt légal : septembre 2010 Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon
MCM presse
pages 24 et 25
Les camions prendront le train en région Centre
Publicité : François-Xavier Beuzon Emmanuel de Gonneville
Photo de Une : Régis Beaune • DR. (pages 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 12, 16, 19, 21, 22, 28, 33, 42, 50, 52, 54, 58, 65, 66) • François-Xavier Beuzon (pages 20, 40, 45, 48, 57) • Jean-Christophe Savattier (pages 8, 17, 31) • Christian Bidault (pages 9, 14,15) • Deret (page 24) • Cédric Bosquet (page 13) • Jean Puyo (page 34) • Régis Beaune (pages 56) • Bruno Villeneuve (pages 38, 46) • EDF (page 57) • Application de l’Electrolyse (page 53) • JeanLuc Péchinot (page 59) • Emmanuel Danielou (pages 6, 60).
page 22
page 28
La crise aura été aussi celle des opérations de fusions-acquisitions. Après l’écroulement du marché en 2009 et l’amorce d’une reprise en 2010, c’est peut-être l’occasion ou jamais de faire des bonnes affaires. pages 32 à 37
Les bémols du virtuose Warren Buffet
page 38
Cédric Troussard reconditionne la Cecaf
page 40
Sanitaire Equipement prend du volume
page 40
Arpeggio à la rescousse des entreprises régionales
page 42
Sidamo, objectif acquisitions
Les nouvelles ambitions de Mr. Bricolage
page 45 pages 46 et 47
Treca réveille les querelles de voisinage
page 48
Europe Aviation en atterrissage forcé
page 50
Steco Power dévoile ses batteries
page 52
PDG Plastiques joue l’innovation à Malesherbes
page 52
Projets pour Applications de l’Electrolyse
page 53
Loiselet revient au nid
page 54
Immobilier d’entreprises
pages 56 et 56
La Femme Loire, le défi de Michel Audiard
pages 58 et 59
Jack Gamard laisse Dactyl Buro en ordre de marche
page 60
Le journal de l’Aritt Centre (publi-information)
pages 61 à 64
Chantiers en région Centre
page 65
Carnet
page 66
Points Chauds
En Bref
Allocation de rentrée salée pour le Conseil régional P
lus de 1,2 M€ : c’est le montant de l’ardoise que le Conseil régional du Centre va devoir verser à différentes entreprises – dont le cabinet d’architecte berruyer Gauchery-Radigue – évincées en 2002 de l’appel d’offres portant sur la construction du lycée agricole du Subdray, près de Bourges. Un marché portant sur plus de 30 M€, l’équipement ayant coûté au total 74 M€. Le scénario de ce loupé est édifiant. Un projet avait été primitivement retenu par un jury constitué d’architectes et d’élus. Mais à la surprise générale, l’exécutif de l’assemblée régionale désavouait ce choix initial pour lui préférer la proposition concurrente du groupement parisien Art’hur. « Une collectivité n’est pas obligatoirement engagée par le choix d’un jury. Mais elle doit nécessairement motiver son choix si elle décide de s’opposer à sa décision », nous indique une source proche du dossier. Ce qui, manifestement, n’était pas le cas. Les juges – à savoir le tribunal administratif d’Orléans, puis la Cour administrative d’appel de Nantes – ont d’abord considéré que la commission technique dont l’avis avait été suivi par la Région n’avait pas « d’existence légale ». Il ne restait plus aux plaideurs, « systématiquement écartés de tous les appels d’offres régionaux depuis 2002 », qu’à présenter une demande d’indemnisation… reconnue valide par la justice à l’issue d’un second procès. « Ce dossier, marqué par l’amateurisme et la soumission obstinée des élus aux choix des techniciens, a été géré en dépit du bon sens et ce, du début jusqu’à la fin », estime Alain Tanton (MoDem), président de la communauté d’agglomération Bourges Plus et ancien conseiller régional.
Suspension Dans notre dernière édition, nous annoncions que l’aéroport Tours–Val de Loire risquait de connaître des turbulences. Effectivement. Irritée par le retard pris par le Conseil général à régler une facture de… 438 570 €, la compagnie low cost résidente Ryanair a tout simplement décidé de suspendre les réservations à partir de sa plateforme tourangelle. Une « prise d’otage des usagers », dénoncée avec force par les Verts, qui aura eu le mérite de remuer le comptable départemental. Le chèque a été envoyé illico.
4 La Lettre Valloire - Septembre 2010
Au bureau
de presse de Maurice Leroy et désormais collaborateur d’André Santini, et Thibaut Grillon, du Loiret, sont désormais membres du bureau national.
Président La première assemblée générale de la fédération du Cher du
En marge du Congrès du Nouveau Centre à Tours, les 12 et 13 juin derniers, les Jeunes centristes renouvelaient aussi leurs instances nationales. Deux représentants régionaux du mouvement ont été élus sur la liste du nouveau président, Jérémy Coste. Le Vendômois Thomas Hantz, ancien attaché
Nouveau Centre s’est déroulée le 25 juin à St-Doulchard. Sur les 95 membres inscrits, 65 étaient présents ou représentés. Aymar de Germay, maire de Marmagne, a été élu président. Le délégué départemental est Joël Badoux et Philippe Bensac, maire adjoint à Bourges, est un des cinq vice-présidents.
Les radicaux bougent Début juin, la fédération du Loiret du Parti radical a renouvelé Pascal Vilain à sa présidence. Le Parti radical, dit valoisien, associé à l’UMP depuis la création de cette dernière, revendique 110 adhérents dans le Loiret. Dans le département voisin d’Eure-et-Loir, le mouvement présidé au plan national par Jean-Louis Borloo a confié à Franck Bonnet la mission de réactiver la fédération départementale, disparue en 2005. Il sera épaulé par Philippe Masson, maire de Brou et seul élu d’Eure-et-Loir à porter l’étiquette du Parti radical.
Reçu
Stop et Encore
Christophe Degruelle, président PS de la communauté d’agglomération de Blois, a été admis au concours d’inspecteur d’académie (IA-IPR) au mois de juillet. Il a ainsi régularisé sa situation, après avoir été nommé inspecteur de l’académie de Paris en avril 2002 sans être passé par la voie du concours, alors qu’il était membre du cabinet ministériel de Jack Lang. On est, en revanche, sans nouvelles de Claude Roiron, la présidente du Conseil général d’Indre-et-Loire, qui se trouvait dans la même situation. De méchantes langues disent qu’elle aurait été recalée. Elle retentera peut-être sa chance.
Jean-Paul Chanteguet, député-maire PS du Blanc (36), voudrait bien poursuivre sa carrière parlementaire et entamer un 4e mandat au Palais-Bourbon en 2012. Le hic est que la réforme de la carte électorale a supprimé un siège dans l’Indre et qu’il sera en concurrence avec Michel Sapin pour l’investiture socialiste. L’élu, qui se range parmi les strauss-kahniens, renoncera en revanche à briguer un nouveau mandat municipal en 2014.
Chine Deux sénateurs régionaux ont choisi de consacrer quelques jours de vacances à la Chine. Jean-François Mayet, sénateur-maire UMP de Châteauroux, est allé fin août plaider la cause de son aéroport auprès des entreprises, dont certaines pourraient s’y implanter. Jean-Pierre Sueur, sénateur PS du Loiret, s’y est rendu à peu près à la même époque avec une délégation officielle de parlementaires français. Il prépare un rapport sur les villes du futur.
Ile Maurice Jean-Pierre Door, députémaire de Montargis et président du groupe Amitié France-Maurice, vient de rentrer de l’Ile Maurice où il représentait le président de la République dans le cadre des cérémonies commémoratives du bicentenaire de la bataille du Vieux-Grand-Port, où la flotte française est venue à bout des Anglais. De quoi mêler l’utile à l’agréable avant la rentrée !
Oxymore Les Roms auront inspiré les élus régionaux cet été. Avec son « les mecs ne savent plus quoi inventer », qui s’adressait aux maires de Chartres et de Dreux, Eric Chevée, conseiller municipal MoDem de Chartres, aura donné un ton trivial à son admonestation. Plus littéraire, Nicolas Perruchot, le député Nouveau Centre de Loir-etCher, aura préféré manier l’oxymore – à ne pas confondre avec l’oxyrom – pour réclamer une clarification de la loi les concernant. Le député a judicieusement rappelé dans un communiqué en date du 6 septembre que « si l’attention s’est focalisée sur les Roms, il ne faut pas oublier que Saint-Aignan a été assiégé par des gens du voyage sédentaires (sic) ». Au moins, personne ne pourra reprocher à Nicolas Perruchot son « silence assourdissant (re-sic) » sur le sujet des Roms.
Candidate Jacqueline Gourault, sénatrice et maire de La ChausséeSt-Victor (41), sera candidate à sa succession aux sénatoriales de la rentrée 2011. L’autre sénateur de Loir-et-Cher, Pierre Fauchon (Nouveau Centre), qui aura 82 ans au moment du scrutin, ne se représentera pas. Maurice Leroy, député et président du
Conseil général, également Nouveau Centre, sera candidat. Pour le second siège, c’est plus ouvert et Jacqueline Gourault aura une forte concurrence.
Binôme
SMS De Christophe Roussat, le conseiller municipal de « A Gauche Bourges », en passe de devenir notre chouchou : « Pour le déversement des eaux pluviales dans les eaux communales, elles viennent d’où ces eaux pluviales ? ». Un témoin de la scène nous a rapporté que le maire de Bourges, qui n’est pas né de la dernière pluie, aurait levé les yeux au ciel. De François Bonneau, président socialiste du Conseil régional, qui s’est prononcé dans une interview accordée au Berry Républicain en faveur d’un « aéroport régional à Tours, atout important de développement du tourisme ». Les Verts en pensent quoi ? De Gérard Moisselin, préfet du Loiret et de la région Centre, lors d’un déplacement dans le Loir-et-Cher : « Je ne suis pas l’oncle Picsou (…) Mais je le dis aux élus de Blois, de grâce, faites en sorte d’utiliser ces fonds communautaires, vite et bien. » De Maurice Leroy, député et président du Conseil général de Loir-et-Cher, qui se confiait au site web du Télégramme de Brest : « Si la candidature d’Hervé Morin ne décollait pas et se situait à 2 % dans trois ou six mois, la question (de son maintien, NDLR) se poserait. »
Isabelle Maincion, maire DVD de La Ville-aux-Clercs (41) et conseillère régionale, a été élue présidente du Pays Vendômois par 60 voix contre 14 à la vice-présidente de la Région, Karine Gloanec-Maurin (PS). Elle succède à Maurice Leroy, député et président Nouveau Centre du Conseil général de Loir-et-Cher, qui devient premier vice-président. Le Pays Vendômois regroupe 105 communes et 69 000 habitants du nord du Loir-et-Cher.
La Lettre Valloire - Septembre 2010 5
Points Chauds
En Scène
Irène Félix pense à 2014 «J
e suis une austère qui sait aussi se marrer ! » : perçue souvent comme rigoureuse, voire rigoriste, Irène Félix (PS), vice-présidente du Conseil général du Cher et chef de file de l’opposition au maire UMP de Bourges, tient à afficher un visage souriant. Un quart de siècle de politique et autant de combats qui n’ont entamé ni sa détermination, ni sa bonne humeur. Elle raconte volontiers ses premiers pas dans la vie publique : « J’avais 22 ans et venais de trouver un premier emploi. J’ai rejoint ce parti pour prendre des responsabilités. » C’est chose faite en 1998, où elle devient conseillère générale à Bourges. Dix ans plus tard, la tête de liste socialiste perd les élections municipales contre le sortant Serge Lepeltier. Mais elle reste mobilisée pour 2014. « A Bourges, le temps de l’alternance est venu. Il faut faire aboutir un certain nombre de dossiers : technopole de Lahitolle, développement universitaire, maison de la culture. Cette ville a besoin de dynamisme. » La conseillère municipale envisage deux axes de travail : « Penser la ville, en terme d’urbanisme et d’aménagement, pour redonner sa place au collectif. Et aussi travailler sur les réseaux de déplacements avant l’arrivée du TGV. » Sur sa relation avec le monde économique, Irène Félix affirme discuter régulièrement avec les chefs d’entreprise du département : « Avec Alain Brunaud – candidat à la présidence de la CCI du Cher, NDLR –, nous avons des convergences d’analyse sur la question du territoire. Nous avons au PS plusieurs chefs d’entreprise militants. »
Maires ruraux Le Cher va se doter d’une association des maires ruraux : il était le seul département de la région Centre à ne pas posséder une telle association, qui fédère les maires des communes de moins de 3 500 habitants. Denis Durand, maire de Bengy-sur-Craon, fait office, pour le moment, de « correspondant » de l’AMRF (Association des maires ruraux de France), présidée, au plan national, par Vanik Berberian, le maire MoDem de Gargilesse (36).
Opportuniste Valentino Gambuto, le secrétaire de la section PS de Dreux et leader de l’opposition au maire UMP Gérard Hamel, s’écharpe avec sa colistière Nora Husson, chargée par le maire d’établir un diagnostic social dans les différents secteurs de la ville. Si l’élue socialiste se défend au nom du « pragmatisme » et se réclame de soutiens au PS, son leader l’accuse d’être surtout « opportuniste » .
Crise du logement La question de la mise à disposition de l’hôtel particulier de 450 m2 au profit de la préfecture par le Conseil général d’Indre-et-Loire, propriétaire des lieux, titille toujours Claude Roiron, la présidente socialiste du Département, qui cherche à récupérer tout ou partie du bien. Il est vrai que les fins de mois de la collectivité sont réputées difficiles... Imperturbable, le préfet Joël Fily, sûr de son bon droit, fait remarquer que l’Etat assure toutes les charges de ses locaux, « y compris de coûteuses remises aux normes ». Au moins peut-il escompter que sa propriétaire difficile ne saisira pas les services préfectoraux pour l’expulser. 6 La Lettre Valloire - Septembre 2010
Parenté
Le nouveau directeur de l’Agence de Participation de l’Etat, JeanDominique Comolli, n’est autre que l’époux de Françoise Delmas-Comolli, préfète du Cher depuis deux ans. Cet énarque de 64 ans fut conseiller ministériel de Laurent Fabius et de Michel Charasse avant de diriger les Douanes, puis la Seita, devenue Altadis en 2000.
Tayeb Touazi défie Hervé Morin A
djoint au maire UMP de Dreux depuis 1995, Tayeb Touazi, qui porte les couleurs du Nouveau Centre depuis sa création en 2007, est en désaccord avec la ligne défendue par Hervé Morin, le président du parti centriste reconduit tout récemment à Tours. « J’observe que, sur beaucoup de sujets tels que le bouclier fiscal, la dette publique, l’interdiction de la burka ou la présence de soldats français en Afghanistan, Hervé Morin n’arrive pas à faire valoir les différences d’appréciation des centristes avec l’UMP qui sont réelles. » Ce consultant en informatique de 50 ans, natif de petite Kabylie et spécialiste, dans le cadre
de son mandat municipal drouais, des questions d’aménagement urbain, a donc décidé de jouer une petite musique dissidente. Il n’a pas hésité en juin dernier à briguer la présidence lors du congrès du Nouveau Centre et à affronter devant les militants l’actuel ministre de la Défense. Certes, il n’a réussi à recueillir que 6,6 % des suffrages mais l’homme, pondéré et « pragmatique », s’est fait connaître en interne… et a pris date pour l’avenir. « J’ai été rassuré par la teneur du discours de clôture tenu par Hervé Morin. Il a retrouvé des accents centristes qui avaient disparu, mais je reste vigilant. » Tayeb Touazi dit avoir réuni autour de lui des militants
qui partagent sa vision du centrisme. « Bien sûr, il n’est pas facile de faire exister nos valeurs dans la configuration actuelle de la majorité mais c’est pourtant une exigence qui doit nous réunir. » Sans animosité, Tayeb Touazi taille sa route…
Ils ont tout faux ! es 200 faucheurs volontaires, qui ont L décimé le 24 juillet dernier le demihectare de tournesol de deux agriculteurs tourangeaux, ont été bien mal inspirés. Car les variétés ciblées par ces illuminés, émules de José Bové, « n’ont pas été obtenues par des technologies de transgénèse (OGM) », indique ainsi le Centre technique des oléagineux métropolitains (Cetiom), monté au créneau sur une affaire qui a profondément choqué le monde agricole. Ces tournesols ont, au contraire, « été développés de manière
conventionnelle par croisements successifs, en utilisant la technique de la mutagénèse ». Une technique bien connue et utilisée depuis… plus d’un demi-siècle dans de nombreux programmes de sélection de plantes cultivées… mais qui est contestée par les faucheurs toujours prompts à semer la confusion. Les faux vengeresses des écolo-vandales auront réussi
la prouesse d’anéantir des parcelles expérimentales dont la généralisation permettrait « de moins recourir aux herbicides ! » explique-t-on au Cetiom. Naturellement, note l’un des agriculteurs vandalisés, l’opération commando a été montée et exécutée « sans qu’aucun dialogue préalable n’ait été recherché ». Plainte a été déposée contre ces fous de la faux.
Salbris à la diète Salbris va devoir se mettre au régime. Conformément au rapport de la Chambre régionale des comptes saisie par le préfet suite au vote d’un budget déficitaire le 1er avril dernier – un acte provocateur assumé dernièrement jusque dans nos colonnes par le maire Jean-Pierre Albertini (MoDem) –, le conseil municipal vient d’adopter un budget primitif – à l’équilibre – qui s’inscrit dans un plan de redressement quinquennal drastique. Si les élus ont échappé à l’infâmante mise sous tutelle, d’importantes hausses d’impôts sont à craindre. L’opposition aurait préféré pour sa part « une mise sous tutelle avec la certitude de parvenir à des résultats ». Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que Prologis puisse aller au bout de son projet de zone d’activité logistique. Salbris a besoin de regarnir sa trésorerie.
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Points Chauds
En Scène
Jacques Sauret en piste à Fondettes A
vec Laurent Baumel, le maire PS de Ballan-Miré, il est l’autre valeur montante de la gauche tourangelle. « Même s’il me paraît difficile d’embrasser à cinquante ans une grande carrière politique ! », ajoute-t-il en souriant. Pourtant, Jacques Sauret, haut fonctionnaire du ministère de la Santé passé par l’Ena – promo 1995, la même que celle d’Emmanuelle Mignon, le cerveau de la campagne de Nicolas Sarkozy… – et entré tardivement – en 2007 – au PS, sera bien candidat à la candidature pour le prochain renouvellement au Conseil général sur le canton de Luynes-Fondettes. Un fauteuil occupé aujourd’hui par l’ancien maire de Fondettes, Joseph Masbernat. Cet ex-athlète de haut-niveau – Jacques Sauret fut membre de l’équipe de France d’aviron en 1985 – se réjouit à l’avance de cette joute démocratique qu’il devra d’abord mener dans son propre camp, le maire actuel de Fondettes, Gérard Garrido, briguant aussi le canton. « Encore dernièrement, il n’était pas encarté au PS » ironise-t-il, façon de rappeler que, de son côté, il occupe le poste de porte-parole de la Fédé 37 rue de Solférino. « Soyons clair, j’ai exercé et j’exerce encore de très hautes responsabilités au sein de l’administration centrale, affirme Jacques Sauret. Le statut social inhérent au mandat de conseiller général ne constitue pas une motivation. J’ai juste envie d’œuvrer au service du bien public », décoche cet ancien vétérinaire, visiblement très au fait de la psychologie de « l’animalus politicus ».
TGV à Bourges
Après avoir pris connaissance des scénarios de tracés du futur TGV Paris-Lyon par le Centre et le Massif central, le maire de Bourges a dévoilé les hypothèses d’implantation de la gare TGV : ce sera soit au sud de la ville, pour assurer la liaison avec Montluçon, soit entre Bourges et St-Florent-sur-Cher. Il semble en tout cas acquis que les rames à grande vitesse passeront par la capitale berruyère.
Marianne d’Or Le 16 juin, le président du Conseil constitutionnel JeanLouis Debré a remis à Michel Sapin une Marianne d’Or pour sa « ténacité » dans l’aménagement du complexe sportif des Marais, sur sa commune d’Argenton-sur-Creuse (36). Créé en 1984, le concours national de la Marianne d’Or récompense chaque année le dévouement, la rigueur, la créativité et la passion des élus pour la démocratie de proximité.
Le Cher, l’Allier et la Nièvre se rapprochent Les trois Conseils généraux du Cher, de la Nièvre et de l’Allier, qui ont pour point commun d’avoir des majorités de gauche (PS pour les deux premiers, PCF pour l’Allier) mais pour particularité d’appartenir à trois régions administratives différentes (Centre, 18 58 CHER NIÈVRE Bourgogne et Auvergne), ont engagé une démarche visant à mutualiser certaines actions et autant de moyens Nevers techniques. Deux d’entre eux, le Cher et la Nièvre, se sont Bourges d’ailleurs déjà associés pour l’achat de véhicules destinés aux sapeurs-pompiers. Les trois collectivités, qui réunissent un peu moins de 900 000 habitants, veulent s’unir Moulins pour faire entendre leur voix jusqu’à Paris. Des fois que ce 03 gouvernement, qu’ils ne portent guère dans leur cœur, ALLIER fasse la sourde oreille.
8 La Lettre Valloire - Septembre 2010
Bosseur
L’infatigable Jean-Pierre Sueur, ancien maire socialiste d’Orléans, a été désigné comme « le plus bosseur » des 343 sénateurs siégeant au sein de la vénérable institution du Palais du Luxembourg. Sans cacher sa satisfaction, le lauréat a toutefois mis un bémol à ce classement quantitatif. « Il n’aborde pas le côté qualitatif de notre travail », at-il regretté.
Catherine Mauroy adoubée à Orléans-Bourgogne «J
e connais bien le canton, les attentes de ses habitants, leurs aspirations » : Catherine Mauroy se veut légitime à la succession de Jean-Louis Bernard, le conseiller général sortant du canton orléanais de Bourgogne et député du Loiret. A 72 ans, ce chirurgien, pilier des radicaux valoisiens, veut passer le relais. Au moins au Conseil général. Le jour des fêtes johanniques, le 8 mai dernier, il a officiellement adoubé Catherine Mauroy. A 41 ans, cette Berrichonne, prof de français et d’histoire géo, est l’une des « Grouard girls » que le maire veut lancer aux cantonales.
Radicale valoisienne depuis vingt ans, pour « défendre mes valeurs », dit-elle, comme « l’égalité des chances, le respect des personnes, la tolérance ». Elue avec Serge Grouard (UMP) depuis 2001, elle préfère éviter toute confrontation dans son propre camp : « Nous ne parlons pas de politique au conseil municipal ». Femme de terrain, elle estime que conseiller général, « c’est aussi un mandat de proximité… J’ai le sentiment d’être une bonne candidate ». Adjointe chargée du centre-ville et présidente du conseil de quartier Bourgogne-République, le cœur
d’Orléans, Catherine Mauroy bénéficie de soutiens. D’abord celui de son mentor Jean-Louis Bernard : « Elle a fait ses preuves. Pour moi, avec sa fibre politique modérée, c’est le successeur idéal », confiaitil récemment. Reste à obtenir le feu vert du patron de l’UMP Loiret, Eric Doligé, pour ce mandat écourté de trois ans.
Forissier dépasse Madelin e député-maire UMP de La Châtre L (36) Nicolas Forissier a déposé cet été une proposition de loi qui ferait passer Alain Madelin, son ancien chef de file du parti républicain et chantre du libéralisme, pour un adepte du Gosplan. Il soumet, en effet, au vote du Parlement le renouvellement et un renforcement significatif de la réduction d’impôt dite « Madelin » qui permet depuis 1994 aux particuliers de déduire 25 % de leur investissement dans une PME et ce, dans la limite de 20 000 € pour un célibataire et de 40 000 € pour les couples. En 2008,
ces deux plafonds avaient été remontés à respectivement 50 000 € et 100 000 € pour les entreprises de moins de 50 salariés. Le maire de La Châtre n’y va pas de main morte : il suggère d’étendre le dispositif jusqu’au 31 décembre 2015 (il expire en fin d’année) et de porter la limite d’exonération à 400 000 € pour un couple (moitié moins pour un célibataire), tou-
jours déductible à 25 % et réservée aux entreprises de moins de 50 salariés et dont le total du bilan n’excède pas 10 M€. Cumulé au dispositif ISF de la loi Tepa (déduction de 75 % des sommes investies, dans la limite de 50 000 €), cela donnerait de toute évidence un grand coup d’accélérateur aux fonds propres des PME.
A deux pour la deuxième chance Les luttes intestines autour du projet de l’école de la deuxième chance orléanaise ne sont plus que (mauvais) souvenir. Le maire d’Orléans, celui de St-Jean-de-la-Ruelle et le président de Région ont trouvé un accord pour que la communauté d’agglomération porte le projet qui verra le jour sur le site de l’ancien collège Etienne-Dolet, à Orléans, et sera financé à parité par l’Etat, la Région et les collectivités locales. « La localisation du site n’est pas importante, ce qui compte, c’est que ce soit du ressort de l’AgglO », a commenté Christophe Chaillou, le maire socialiste de St-Jean-la-Ruelle. « Tout le monde a su faire preuve d’intelligence. Il fallait faire passer les jeunes avant les considérations politiques », a ajouté Florent Montillot, adjoint Nouveau Centre au maire UMP d’Orléans.
La Lettre Valloire - Septembre 2010 9
Points Chauds
Finances locales
Réforme de la taxe professionnelle
Charles-Eric Lemaignen : « La capa évoluera avec la richesse des terri A mi-chemin d’une réforme controversée de la taxe professionnelle, Charles-Eric Lemaignen, président UMP de l’AgglO d’Orléans, mais aussi président délégué de l’AdCF (association qui regroupe plus de 1 100 communautés de communes et d’agglomération françaises) et responsable de sa commission des finances, analyse les conséquences de la nouvelle mesure, plutôt favorable aux entreprises puisqu’elles auront déboursé en 2010 quelque 5 Md€ de moins que l’année précédente. Quant aux collectivités, que la réforme n’impactera directement qu’à partir du 1er janvier 2011, elles disposeront d’un impôt plus moderne et plus évolutif, mais au détriment de leur autonomie fiscale. La Lettre Valloire : La réforme de la taxe professionnelle (TP) entraîne-t-elle une diminution des recettes des collectivités locales ? Charles-Eric Lemaignen : Tous, à droite comme à gauche, considéraient la TP comme un impôt à la fois injuste, complexe et inefficace. Depuis sa création en 1976, elle a été modifiée 59 fois. On parle de supprimer cet impôt « imbécile » depuis une vingtaine d’années : ce gouvernement l’a fait. Certains instrumentalisent l'inquiétude réelle des élus locaux sur l'avenir de leurs finances. Il est bien évident qu'un impôt économique dépend... de la conjoncture ! Qu'il y ait eu ou non réforme de la TP, la crise économique aura eu des conséquences sur les recettes des collectivités. Il est déraisonnable de demander toujours plus à l'Etat pour financer les politiques locales, alors qu’il a perçu 53 Md€ de recettes fiscales en moins l’an passé, du seul fait de la conjoncture ! Oui, il va falloir contenir la dépense locale et hiérarchiser les priorités, mais la réforme de la TP n'a 10 La Lettre Valloire - Septembre 2010
rien à voir avec cette nécessité absolue ! Les principales demandes des associations d'élus, gauche et droite confondues, peuvent être résumées en quatre points : • Etre sûrs que, globalement, les collectivités aient autant de recettes après qu'avant, hors phénomène conjoncturel ; • Etre sûrs que, collectivité par collectivité, le fonds de garantie permette durablement le maintien des recettes, sachant que les premières moutures du texte prévoyaient une dégressivité de 5% par an ; • Disposer d’une nouvelle assiette fiscale, dynamique et évolutive. Depuis 2004, il y a consensus pour l’asseoir sur la valeur ajoutée créée par les entreprises plutôt que sur les seuls investissements ; • Préserver un lien fort entre le territoire et ses entreprises, afin que les élus soient intéressés aux implantations d’entreprises sur leur sol. Ces quatre points majeurs sont garantis par la loi du 30 décembre 2009. Peu de textes ont fait l'objet d'une telle concertation. La décision de
cité financière des collectivités toires » déconnecter la prise d’effet de la réforme pour les entreprises (1er janvier 2010) et pour les collectivités (1er janvier 2011) et celle de créer des « clauses de revoyure » pour ajuster la réforme sont des mesures judicieuses. Pour les intercommunalités, qui percevaient 43 % du produit de la TP, la réforme conduit, de fait, à une généralisation de la fiscalité mixte. Désormais, les intercommunalités vont moins percevoir de ressources en provenance des entreprises et plus de la part des ménages. Tout n'est peut-être pas parfait et reste à poursuivre le difficile chantier d'une réforme complète de la fiscalité locale. Mais cette première étape avait été depuis trop longtemps repoussée pour qu'on ne se réjouisse pas de la voir aboutir ! La Lettre Valloire : Un rapport datant du printemps, supervisé par un inspecteur général des finances, Bruno Durieux, a évalué les premiers effets de la réforme et de la suppression de la taxe professionnelle. Quelles sont ses principales conclusions ? C.E.-L. : Selon ce rapport, la réforme répondrait bien aux objectifs fixés et ne nécessite donc pas de modifications majeures. Il indique que l’allègement de la charge fiscale des entreprises serait globalement de 7,5 Md€, soit environ 5 Md€ nets si l’on prend en compte l’impact de l’impôt société. Le fonds de garantie assurerait la neutralité de la réforme pour toutes les collectivités, sachant que la progression des nouvelles bases fiscales serait en moyenne annuelle
de 3,7 %, ce qui est plus favorable qu’avec l’ancienne TP. La répartition de l’impôt sur la valeur ajoutée entre le bloc local (communes et communautés de communes ou d’agglomération, NDLR), les Départements et les Régions ne devrait pas être modifiée et correspondrait au renforcement nécessaire de la spécialisation fiscale. Enfin, le rapport insiste et fait des propositions sur la péréquation qui doit inéluctablement accompagner la réforme fiscale. Dans sa partie prospective, le rapport se fonde sur des hypothèses économiques. Celles qui sont utilisées sont cohérentes mais anticipent une reprise économique encore incertaine. La croissance du produit fiscal des collectivités locales n’est donc pas assurée, mais c’est la même chose avec ou sans la réforme de la TP. La Lettre Valloire : Les contraintes pesant sur le budget de l’Etat ne risquent-elles pas d’entraîner, à terme, une réduction de l’enveloppe de compensation financière accordée aux collectivités ? C.E.-L. : A l’évidence, c’est la crainte des élus. Une dotation de l’Etat apporte, bien sûr, moins de garantie qu’un impôt décidé par la collectivité elle-même. Quelle que soit sa couleur politique, le gouvernement n’a pas toujours respecté ses engagements antérieurs. Par ailleurs, on sait bien que la crise des finances publiques est structurelle et que la recette transférée par l’Etat aux collectivités peut être utilisée comme levier pour contraindre les collectivités à réduire leurs dépenses…
La Lettre Valloire : Des quatre grandes familles de collectivités (Régions, Départements, communes, intercommunalités), lesquelles ressortiront avantagées du dispositif ? C.E.-L. : Les collectivités, par le biais du FNGIR (fonds national de garantie individuelle des ressources, NDLR) percevront autant de recettes après qu’avant la réforme. Les plus industrielles toucheront une dotation du FNGIR, tandis que les plus résidentielles seront contributrices au FNGIR. Mais cette dotation est figée, ce qui signifie que l’évolutivité des ressources des premières sera plus faible que celles des secondes. Régions et Départements reçoivent 73,5% de la contribution sur la valeur ajoutée. Cela leur permet d’avoir une assiette plus moderne et plus évolutive que par le passé. Mais il est vrai que leur autonomie fiscale est réduite, voire annulée, puisque le taux de cet impôt est national et figé. Entre un impôt à taux fixe qui évolue au rythme de la richesse créée par le territoire et un autre impôt qui laisserait aux élus locaux l’impopularité d’augmenter chaque année le taux d’imposition pour maintenir leur produit fiscal, le choix est pourtant facile. Ce qui est essentiel, c’est bien l’autonomie financière. D’ailleurs, des pays très décentralisés, comme l’Allemagne, ont choisi pour leurs collectivités locales une autonomie fiscale bien inférieure à celle de la France. Propos recueillis par François-Xavier Beuzon
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Points Chauds
Social
Les organisations patronales
ont du mal à dialoguer Les principales organisations patronales n’ont pas réussi à s’entendre sur le dialogue social dans les TPE. L’UPA, qui représente les artisans, avait joint sa voix à celles de la CFDT et de la CGT, favorables à la création de commissions paritaires territoriales dans les entreprises de moins de onze salariés. Le gouvernement était pour. Mais les députés UMP ne veulent pas d’une disposition contre laquelle militent activement le Medef et la CGPME.
«C
’ est la première fois depuis trois ans que je vais voter contre une disposition gouvernementale. C’est une responsabilité que je prends et que j’assume », avait prévenu, le 7 juillet dernier, l’influent JeanFrançois Copé, à la tête d’une fronde des députés UMP contre un amendement gouvernemental qui voulait rétablir l’article 6 du projet de loi sur le dialogue social dans les très petites entreprises (TPE), soit celles employant moins de 11 salariés. Celui-ci visait à compléter la loi du 20 août 2008 réformant la représentativité syndicale. L’article retoqué proposait de créer des commissions paritaires territoriales chargées d’assurer un suivi de l’application des conventions et accords collectifs et d’apporter une aide en matière de dialogue social dans les TPE. En réalité ces 12 La Lettre Valloire - Septembre 2010
commissions, dont les représentants devaient être élus, étaient facultatives et sans pouvoir de contrôle sur la vie des entreprises. Elles n’étaient censées qu’« apporter un appui collectif aux salariés et aux employeurs ». Pour ses défenseurs, il s’agissait surtout d’instances de résolution des
rié privé. A plus de 70 %, elles appartiennent au secteur tertiaire, qui va du bâtiment au service à la personne. Mais alors qu’elles emploient 4 millions de salariés, elles sont privées de toute forme d’organisation collective. Le projet de loi sur la modernisation sociale dans les TPE a déjà fait cou-
”
“ LES TPE EMPLOIENT 4 MILLIONS DE SALARIÉS, MAIS ELLES SONT PRIVÉES DE TOUTE FORME D’ORGANISATION COLLECTIVE
conflits destinées, notamment, à éviter les longues procédures prud’homales. Il n’empêche, le souci de compromis du gouvernement pour amadouer sa majorité n’a pas été suffisant : l’amendement défendu par Eric Woerth a été refusé par 70 voix, celles de l’UMP qui détient la majorité absolue au Palais-Bourbon, contre 25 de l’opposition et du Nouveau Centre. Que redoutaient les députés UMP ? « Des nouvelles contraintes pour les TPE, acteurs majeurs de la croissance et de la création d’emploi », indique-t-on au bureau de l’assemblée. Un argument repris à la suite d’un intense lobbying des syndicats patronaux Medef et CGPME. Les députés ont-ils eu peur d’une sanction électorale si jamais ils votaient un texte introduisant le loup syndical dans la bergerie TPE ? C’est probable. Les 2,6 millions de TPE françaises représentent 37 % de l’emploi sala-
ler beaucoup d’encre. Dès 2002, l’Union professionnelle artisanale (UPA) avait signé un accord avec les syndicats pour organiser des modalités de représentation des salariés. Mais l’organisation représentative des artisans avait été attaquée en justice par le Medef qui avait été cependant débouté. Lors de la préparation de la loi Démocratie sociale qui révisait les critères de représentativité des syndicats, le gouvernement avait donné un an aux partenaires sociaux pour se mettre d’accord. Le délai a été repoussé deux fois à la suite des interventions du Medef et de la CGPME et ce, malgré un nouveau texte de position commune des syndicats de salariés et de l’UPA, début 2010, appelant à un dialogue social externalisé dans les TPE. Le Sénat a amendé le texte en stipulant que les fameuses commissions paritaires territoriales ne pourraient pas pénétrer dans les locaux sans l’accord du patron.
Ces assurances n’ont pas suffi aux organisations patronales. Le président du Medef Centre, Serge Richard, considère ainsi que le dialogue social se pratique tous les jours dans les TPE et qu’il n’est nul besoin de faire appel à des commissions extérieures qui vont mettre leur nez dans leurs affaires. « Ce que fait Sarkozy, assure le patron du CERB, un laboratoire de recherche pharmaceutique installé à Baugy (18), un gouvernement de gauche n’aurait pas osé. » Oui, reconnaît-il, le Medef chasse sur le territoire des TPE, car « il veut représenter toutes les entreprises ». Même son de cloche pour la CGPME qui s’est félicitée « du triomphe de l’opposition à une nouvelle bureaucratie qui aurait été pénalisante pour les TPE ». Son président régional, Patrice Duceau, ancien garagiste à Cour-Cheverny (41), assure que le gouvernement a voulu faire un coup de troc avec les syndicats pour avoir la paix sur la réforme des retraites. « Il suffit, clame-t-il, d’introduire des syndicats dans des TPE pour que la paix sociale devienne la guerre » et d’ajouter : « Les conflits sur les conventions collectives sont du ressort de l’Inspection du travail et ce que les salariés réclament avant tout, ce sont de bons accords sur les salaires, la santé et les retraites. » Ce n’est pas du tout l’avis de l’UPA pour qui les dites commissions auraient eu le mérite de désengorger les prud’hommes, dont 80 % des affaires relèvent de litiges dans les TPE. Le président de la section Touraine de cette union des artisans, Bernard Beauchet, en sait quelque
chose puisqu’il y a siégé. Ce charcutier-traiteur de Tours considère que « le Medef veut tout régenter en récupérant les petites entreprises ». Cet automne se profilent les élections dans les Chambres de Métiers et l’on sait que la Fédération française du bâtiment (FFB), soutenue par la
peu d’instances paritaires. Quant à Nicolas Forissier, député UMP de l’Indre, il ne se trouvait pas dans l’hémicycle au moment du vote mais il s’est prononcé, par délégation, pour la proposition de son groupe politique. Il s’explique ainsi : « Avec la création des commissions paritaires
Jean-Patrick Gille et Marisol Touraine dans l’hémicycle à l’assemblée nationale.
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“ IL SUFFIT D’INTRODUIRE DES SYNDICATS DANS DES TPE POUR QUE LA PAIX SOCIALE DEVIENNE LA GUERRE
CGPME et le Medef, a déjà empiété sur le pré carré de l’UPA. Une fois n’est pas coutume, le PS se trouvait d’accord avec le gouvernement. En séance, le député d’Indreet-Loire Jean-Patrick Gille a dénoncé une manipulation du Medef qu’il juge « surreprésenté » au sein du mouvement patronal alors que les tenants de l’économie sociale siègent dans
Audience syndicale Aucune représentation du personnel n'existe actuellement dans les très petites entreprises (TPE), l'élection de délégués du personnel étant obligatoire à partir de 11 salariés. Les employés des TPE n'ont donc ni élu, ni représentant pour les défendre. Sauf dans quelques régions où l’UPA a créé des commissions paritaires avec les syndicats. Un autre volet du texte de loi a été, quant à lui, adopté : il prévoit l’organisation, tous les quatre ans, d’un scrutin régional pour mesurer l’audience syndicale, par internet ou par correspondance, dans les entreprises de moins de 11 salariés.
territoriales, il y avait le risque de déséquilibrer un dialogue social qui fonctionne en direct dans les TPE. J’en parle en connaissance de cause puisque j’ai repris, à La Châtre, la gérance d’une imprimerie qui compte 11 personnes. Le dialogue y est obligatoire et l’introduction de la syndicalisation ne pourrait que l’alourdir. Les salariés, d’ailleurs, ne sont pas demandeurs ». Après savoir subi un camouflet, le ministère du Travail avait tout de même la possibilité de réintroduire l’article supprimé par le biais d’une commission mixte paritaire de parlementaires (7 députés et 7 sénateurs), chargée d’élaborer un texte de compromis. Celle-ci devrait se tenir dans les prochaines semaines. Rien n’est donc joué. Alexis Boddaert
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Points Chauds
Tourisme
Les touristes étrangers sont de retour La saison a été sauvée par les visiteurs étrangers. C’est une bonne nouvelle dans une région où l’activité touristique est une industrie à fort potentiel : 800 M€ de chiffre d’affaires pour la seule Touraine.
E
Henri Carvallo, propriétaire du château de Villandry, surfe sur la mode verte grâce à la mosaïque végétale de ses célèbres jardins. Il accueille entre 320 000 et 340 000 visiteurs l’an.
partements : chute sensible des Britanniques, retour remarqué des Américains et des Espagnols, malgré
n cette fin d’été 2010, le bilan de la saison touristique régionale ressemble comme deux gouttes d’eau à la météo : pas folichon. Dès le mois de juin, la tendance semblait se dessiner. « Une saison pourrie », lançait, à l’époque, l’agent d’accueil d’un des plus beaux villages de France : Lavardin, au nord du Loir-et-Cher. « Certains petits sites ont connu des difficultés », modère Samuel Buchwalder, du Comité départemental du tourisme d’Indre-
le chaos économique persistant. Samuel Buchwalder dresse le constat : « On commence à voir des Aus-
et-Loire. « De nombreux visiteurs étrangers se sont concentrés sur les fondamentaux : un tour par les grands châteaux, Chambord, Chenonceau, Villandry, une ou deux visites de caves et on repart ». A la fin de la saison, la tendance s’est un peu redressée, grâce aux visiteurs étrangers, les hexagonaux étant en repli. Même bilan dans tous les dé-
traliens, des Néo-Zélandais. Les Brésiliens arrivent vraiment et les pays d’Europe centrale se risquent au tourisme individuel ». Catherine et Jean-François Andro confirment, eux qui ont ouvert, en janvier 2008, trois belles chambres d’hôtes quatre épis (de 75 à 95 € la nuit) à la Boissière, dans le Vendômois. Grâce à la magie d’internet, les premiers
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clients ont débarqué d’Australie, de Russie et d’Espagne ! Alors que les petits hôtels indépen-
“ ON COMMENCE À VOIR DES AUSTRALIENS, DES NÉO-ZÉLANDAIS. LES BRÉSILIENS ARRIVENT VRAIMENT ET LES PAYS D’EUROPE CENTRALE SE RISQUENT AU TOURISME INDIVIDUEL
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dants deux étoiles continuent de fermer les uns après les autres, à Bourges, les chambres d’hôtes se multiplient : pas moins de douze foyers berruyers proposent des chambres dans la cité de Jacques Cœur. Pour ceux qui en ont fait une vraie passion, comme la propriétaire du Cèdre bleu, le remplissage est lissé tout au long de l’année. Mais avec une clientèle volatile : « Des Bretons qui vont dans les Alpes et font une escale en hiver, des parents qui viennent installer leur enfant dans une école d’ingénieurs… La cathédrale n’est pas la seule attraction. » Dans toute la région, la crise se ressent surtout dans la restauration. « Il y a eu en 2010 une baisse du panier moyen. Pour faire le même chiffre d’affaires, il me faut plus de clients », affirme un restaurateur
Quelques chiffres • Près de 3 Md€ de consommation annuelle générée par les touristes ; • 26 000 emplois salariés liés au tourisme, soit 3 % de l’emploi salarié régional ; • 129 000 lits touristiques en hébergements marchands et 412 000 lits en résidences secondaires.
de Chinon. En Touraine, les dépenses touristiques représentent, bon an, mal an, plus de 800 M€. Ce n’est pas rien. Henri Carvallo, propriétaire de Villandry et président de l’association Châteaux de la Loire, Vallée des Rois (59 monuments), se refuse à distinguer public-privé : « Le succès des uns rejaillit sur les autres ». Il se réjouit de la rénovation des remparts de Chinon, chantier qui a pris dix ans et coûté 18 M € à la puissance publique : « Cela profite à tous », ajoute Henri Carvallo qui, de son côté, « finance seul à 100 % les grands travaux, sans l’aide de l’Etat ». Chaque année, Villandry consacre 400 000 € à la rénovation ou à l’embellissement du château et de ses superbes jardins. Une somme importante pour ce site qui accueille chaque année entre 320 000 et 340 000 visiteurs.
Et Dieu veille sur la cathédrale… La Loire à vélo, le produit phare du Comité régional de tourisme, commence à passer le grand braquet. « On parlait toutes les langues dans les pelotons touristiques de cet été », raconte un acteur du tourisme tourangeau. A l’autre bout de la région Centre, l’Eure-et-Loir cultive, en plus de son blé, ses particularismes touristiques. Les deux flèches de la cathédrale de Chartres chères à Péguy attirent toujours pèlerins et touristes. Un million de visiteurs annuels ? « Seul Dieu connaît le chiffre exact », rétorque avec humour Dominique Guilleux, le patron du comité départemental du tourisme. Quoi qu’il en soit, les retombées sont toujours essentielles à l’économie locale. Environ 50 M€ ont été investis dans la rénovation des divers hébergements et 150 chambres neuves ont ouvert au centre de Chartres (dont 66 à l’hôtel Mercure). Partout, les nouveaux concepts très tendances de l’hôtellerie de plein air font fureur. A Senonches, dans le Perche, malgré le temps maussade du mois d’août, Huttopia et ses chalets ont affiché complet avec 80 % de clientèle internationale. Des chiffres régionaux qui correspondent grosso modo à la tendance nationale. Fin août, Hervé Novelli, qui vient lui aussi de rénover l’accueil de « sa » ville de Richelieu, estimait que « l’été 2010 marque pour la France une véritable sortie de crise avec un niveau supérieur à 2008 », grâce en particulier aux clientèles étrangères, en hausse de 10 % sur juillet et août.
Christian Bidault
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Points Chauds
Logement
Jean Germain taxe le privé et exempte les bailleurs sociaux Une nouvelle taxe sur les logements vacants est instaurée à Tours. Sur plus de 6 000 logements vides, seuls 600 seront imposés, ceux du parc privé. Les HLM sont exonérées.
V
oulue par Jean-Louis Borloo en juin 2006 pour libérer des logements, une nouvelle taxe d'habitation sur les logements vacants (THLV) entrera en vigueur le 1er janvier prochain à Tours. Objectif louable : faire payer les propriétaires qui conservent leurs appartements ou maisons vides, parfaitement viables, alors que le marché de l'immobilier se tend, notamment pour les revenus les plus faibles. « Quand l'investissement immobilier est amorti, beaucoup de propriétaires ne prennent plus la peine de s'embêter avec des locataires », admet un expert. A Tours, l'Insee a dénombré 5 208 logements vacants en 2007, et potentiellement imposables. Parmi ces biens, « beaucoup de logements neufs, livrés mais non vendus à cause de la crise », poursuit-il. Et les étudiants, présents de septembre à mai, amplifient le phénomène. Globalement, avec un taux de 6,6 %, Tours n'a pas à rougir face à des villes comme Orléans (8,4 %) ou Le Mans
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(7,6 %). Sauf qu'il y a un hic. Fiscaliste averti, Jean Germain sait parfois faire des entorses au sacro-saint principe de l'égalité devant l'impôt. Le maire PS de Tours, par ailleurs président de la communauté d’agglomération Tour(s) Plus et vice-président de la
Pourtant, le premier chiffre était bien le plus proche de la réalité, comme le clament régulièrement les associations comme Droit au Logement. Il y a trois ans, les militants et une poignée de SDF avaient squatté des locaux vides de La Tourangelle, une
“ LA DÉLIBÉRATION MENTIONNE 6 750 LOGEMENTS VACANTS À TOURS, DONT MOINS DE 10 % APPARTIENNENT AU PRIVÉ. OR, SEULS CES DERNIERS SERONT TAXÉS
Région en charge des finances, en a fourni une belle démonstration lors du conseil municipal du 12 juillet dernier. Le premier magistrat a fait valider à l'unanimité cette nouvelle THLV. « La recette, environ 200 000 €, n'est pas le sujet », a reconnu le maire. Sauf que le conseil municipal a introduit une très grosse exception à ce nouvel impôt : les bailleurs sociaux sont exonérés, soit plus de 90 % du parc concerné. Lors de son exposé, Jean Germain s'est même emmêlé les pinceaux à la lecture des chiffres, sans que l'opposition ne s'en alerte. La délibération, rédigée par les services municipaux, mentionne 6 750 logements vacants imposables à Tours, dont moins de 10 % appartiennent au privé. Or, seuls ces derniers seront taxés, soit 608 selon les prévisions. Peut-être surpris par ce décalage, le maire a voulu préciser qu'il s'agissait bien sûr de 600 logements sans occupants à Tours, « en tout et pour tout ». A droite, on s'était préparé à ferrailler sur le tramway, les mariages chinois et la dette. Personne n'a réagi.
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société de HLM de la Ville, afin de dénoncer cette politique du logement vide pratiquée par les bailleurs sociaux. Certes, ces derniers n'ont pas intérêt à laisser des logements inoccupés, mais ils s'y résignent pour éviter les locataires précaires… et parfois impécunieux. Et puis, la rénovation coûte cher, dans les HLM aussi. Pourtant, si leurs missions sont placées sous le sceau de la solidarité, cela ne les empêche pas d'afficher de très beaux résultats. Lors de cette même séance du conseil municipal, on a appris que la Semivit, une société d'économie mixte contrôlée par la Ville, dégageait 3 M€ de bénéfice pour un CA de 20 M€. Elle n’a pourtant rien inscrit à son budget pour les travaux de grosse rénovation de son parc de 4 000 logements, dont plus de 3 % sont déjà vacants. La Semivit se borne à un « entretien courant » de ces constructions des années soixante, tout juste toilettées entre deux locataires. En attendant d’être vacantes à leur tour. Stéphane Frachet
LES RENDEZ-VOUS ROGER MAHOUDEAU, PRÉSIDENT DE LA CCI TOURAINE
Le président de la CCI Touraine, qui termine son mandat à la fin de l’année 2010, dresse le bilan des dix années qu’il a passées à la tête d’un organisme au service de tous les entrepreneurs.
Quelles sont les réalisations du mandat dont vous êtes le plus fier ?
ROGER MAHOUDEAU : Tout d’abord, d’avoir réussi avec toutes nos équipes à amener l’Escem (Ecole supérieure de commerce et de management) au 12e rang du classement des meilleures écoles de commerce… alors qu’elle était plutôt en mauvaise posture en 2002. L’Escem a étoffé son offre avec l’Iseme, une formation européenne bac+3 qui remporte un grand succès notamment auprès des étudiants originaires de la région. Les deux cursus Escem et Iseme accueillent 700 élèves par promotion, 2 500 au total. Pendant ce mandat, nous avons aussi fait décoller l’aéroport Tours-Val de Loire qui, fort de ses cinq dessertes et de sa compagnie résidente Ryanair, accueille aujourd’hui plus de 120 000 passagers par an. Le fait d’avoir confié récemment son exploitation à un opérateur privé, le groupe SNC-Lavalin, devrait faire taire toutes les mauvaises querelles que certain(e)s ont cru bon d’engager ces dernières semaines au sujet des indispensables soutiens publics à ce projet.
« Nous avons redressé l’image économique de la Touraine »
Je suis aussi heureux d’avoir anticipé la réforme des chambres consulaires en mutualisant un certain nombre de services avec la CCI du Loiret qui est, et doit rester, notre partenaire privilégié. Enfin, et ce n’est pas la moindre de mes fiertés, je constate qu’au cours de ce dernier mandat, les effectifs salariés ont augmenté de 3,4 % en Indre-et-Loire alors qu’ils ont décru dans tous les autres départements de la région Centre (– 1,2 % pour l’ensemble de la région).
La Touraine est-elle devenue plus attractive aux yeux des entrepreneurs ?
ROGER MAHOUDEAU : Oui, je le pense et je crois que la CCI Touraine a très fortement contribué depuis dix ans au redressement incontestable de son image auprès des milieux d’affaires. Mais elle peut encore mieux faire. L’un de mes regrets est de ne pas avoir réussi à fédérer toutes les bonnes volontés autour de l’animation d’une véritable structure de développement économique au service du territoire. Je suis convaincu que l’un des défis que devra relever la prochaine équipe dirigeante de la CCI sera de mettre sur pied une structure de ce type, très légère mais dotée de réels moyens d’intervention et ouverte à tous ceux qui souhaiteront la rejoindre. Mais je tiens à ce qu’elle soit d’abord une émanation spécifique de la Chambre. C’est du moins ce que je vais proposer à mon successeur.
Dossier
Logistique
La logistique emprunte
de nouvelles voies La région Centre n’est pas devenue le maillon faible de la supply chain. Mais les projets de plates-formes logistiques, qui fleurissaient avant la crise, ont connu un sévère coup d’arrêt. Cette correction n’a pas compromis le potentiel de développement du territoire régional et son attractivité. Pour autant, les opérateurs et les investisseurs doivent ajuster leurs pratiques en se calquant sur les besoins fluctuants de leurs clients. La gestion des flux ne peut plus se cantonner au seul transport « physique » des colis. Aujourd’hui, les questions de traçabilité, le management de milliers de références et l’engagement sur la qualité de service deviennent les atouts maîtres des logisticiens. Ces évolutions marquantes ont naturellement été dictées par le développement de l’e-commerce qui impose le raccourcissement des délais et la diminution des stocks. Evidemment, cette mutation des modèles d’affaires et des pratiques de la filière que nous explorons dans ce dossier s’effectue en intégrant les contraintes environnementales. La logistique sera décidément durable… ou ne sera pas.
18 La Lettre Valloire - Septembre 2010
Dossier
Logistique
L’immobilier logistique ébranlé par la crise Le marché de l’immobilier logistique a fortement reculé en 2009. Cette correction a entraîné une augmentation significative de la vacance et une baisse de la valeur locative moyenne.
Schenker à Mer.
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bilières qui ne présentaient pas d’emblée des critères de rentabilité et de sécurité », souligne Jean-Marie Guillet, le directeur de la logistique France chez Jones Lang LaSalle. Cette crise conjoncturelle a été renforcée par un phénomène plus structurel : « Beaucoup de baux locatifs signés en 2002 sont arrivés à échéance en 2008 ou 2009. De nombreux entrepôts se sont retrouvés sans… exploitant », poursuit Jean-Marie Guillet.
Comme souvent, en cas de crise, les programmes les moins convaincants, de seconde main, comme dans le neuf ont été impitoyablement sanctionnés par le marché. Il suffit de parcourir certaines zones d’activité en périphérie des grandes agglomérations pour s’en convaincre : à ces endroits, les bâtiments vieillissants et inoccupés sont légion. « En fonction des sites et des régions, la sur-offre de m2 d’entrepôts que nous constatons
“ LA CRISE A DISSUADÉ LES INVESTISSEURS DE S’ENGAGER DANS DES OPÉRATIONS IMMOBILIÈRES QUI NE PRÉSENTAIENT PAS D’EMBLÉE DES CRITÈRES DE RENTABILITÉ ET DE SÉCURITÉ Du coup, le taux de vacance « s’est accru de 33 % en 2009 », ajoute Caroline Ceccaldi. Et les valeurs locatives dites de présentation – c’est-àdire avant négociation – ont trinqué. « En région parisienne, le prix HT au m2, hors charges, se situe entre 48 et 53 €. En région Centre et dans le Val de Loire, on est plutôt autour de 45 à 46 € le m2 », relève le dirigeant de Jones Lang LaSalle. « Dans le neuf, les prix dans le Loiret se situent autour de 44/45 € contre… 49 € il y a seulement deux ans. Mais pour les entrepôts de seconde main, nous ne sommes pas au dessus de 40 € le m2 », précise Eric Lecomte. Des entrepôts de seconde main qui, comme le souligne la dernière étude trimestrielle de BNP Paribas Real Estate, composent une offre parfois « disqualifiée, car ils ne correspondent plus en termes techniques aux exigences de la supply chain actuelle ».
“
L
e secteur de la logistique n’a pas été épargné par la crise. Succédant à une période faste qui, de 1999 à 2007, avait vu se multiplier les projets en région Centre – à l’instar de ce qui s’est passé sur l’ensemble du territoire national –, le marché a subi dès 2008 une sévère correction, les investisseurs et les opérateurs préférant retarder leurs initiatives dans l’attente d’un retour à meilleure fortune. « En 2009, le marché a reculé de 34 % sur le plan national », indique Caroline Ceccaldi, le directeur d’Afilog, l’association qui fédère la plupart des opérateurs du secteur. La région Centre a aussi plié. « En 2010 comme en 2009, le nombre d’opérations dans l’immobilier logistique supérieures à 5 000 m2 s’est compté sur les doigts d’une main. Et nous n’avons pas enregistré de frémissement sur le premier semestre 2010 », confirme Eric Lecomte, le directeur associé de l’agence orléanaise de BNP Paribas Real Estate. « Tout d’abord, la crise a eu un impact sur les volumes traités, baisse de la consommation oblige, mais elle a aussi dissuadé les investisseurs de s’engager dans des opérations immo-
va mettre entre douze et vingt-quatre mois à se résorber », estime JeanMarie Guillet. Ces crispations ont eu un impact sur les pratiques immobilières des opérateurs. « Les changements de comportement sont patents, explique Bruno Rousselet, le directeur de l’Agence de développement économique du Loiret (Adel), les projets « en blanc » (dont la construction a été lancée sans vente ou location fermes, NDLR) ont quasiment disparu, et les opérations « grises » se comptent aujourd’hui sur les doigts d’une main », poursuit-il. Deux projets « en gris » (l’ensemble des démarches administratives ont été réalisées préalablement et parfois de longue date, NDLR) sont toutefois engagés sur l’agglomération orléanaise : le premier à Saran par le transporteur Deret, le second à StCyr-en-Val par l’investisseur Good-
ceutiques) de s’installer sur 30 000 m2 à St-Cyr-en-Val (opération AffineConcerto) « validait le positionnement stratégique de l’agglomération orléanaise en tant que pôle logistique national ». Par ailleurs, l’offre régionale va s’étoffer dans les mois à venir grâce aux 60 000 m2 prévus sur
les caractères des futurs entrepôts seront désormais définis en fonction des besoins des utilisateurs. Le spécifique est de retour » prévient JeanMarie Guillet. Plates-formes à atmosphère dirigée, prise en compte des normes environnementales (HQE) les plus dra-
“ DANS LES FONDAMENTAUX GÉOGRAPHIQUES DE LA LOGISTIQUE FRANÇAISE, ON TROUVE LA PRÉDILECTION POUR LA GRANDE DORSALE LILLE-PARIS-LYON-MARSEILLE. UN AXE QUI INTÈGRE LA RÉGION CENTRE les Portes de Chambord, le long du tracé de l’A 10 entre Orléans et Blois, ou à Artenay-Poupry, zone d’activité à cheval sur le Loiret et l’Eure-et-Loir qui profitera sans nul doute de la récente ouverture de l’A 19. « Mais
“
man. « C’est un fait, l’immobilier logistique spéculatif est tombé en sommeil, corrobore Jean-Marie Guillet, les projets ne sont lancés qu’avec la certitude d’accueillir un exploitant et sur une durée suffisamment longue ». Et le retour des grands programmes lancés la fleur au fusil n’est pas pour demain, « comme dans la région lyonnaise où l’on a construit en treize ans 2,5 millions de m2, dont 2,2 millions de m2 spéculatifs », cite-t-il en exemple. Si la région Centre, qui se targue de figurer – comme, d’ailleurs, beaucoup d’autres régions françaises – « au barycentre de l’activité économique nationale », a réussi à se doter de pôles d’activités logistiques majeurs, principalement dans le Loiret (Pôle 45 et ses 6 500 salariés, Synergie Val de Loire à Meung-sur-Loire, Artenay et Boigny-sur-Bionne pour un total dépassant les 2 millions de m2), estelle en mesure de préserver ses positions ? « En temps de crise, les opérateurs et les investisseurs retournent à leurs fondamentaux. Et dans les fondamentaux géographiques de la logistique française, on trouve la prédilection des acteurs de la filière pour la grande dorsale, c’est-à-dire l’axe Lille-Paris-Lyon-Marseille. Un axe qui intègre la région Centre », tient à rassurer Jean-Marie Guillet. Les analystes de BNP Paribas Real Estate rappellent, pour leur part, dans leur dernière livraison que l’annonce en 2010 de la décision de Movianto (distribution de produits pharma-
coniennes, entrepôts urbains susceptibles d’accueillir des véhicules électriques : la logistique doit se réinventer en région Centre comme ailleurs. Jean-Christophe Savattier
Vers des entrepôts durables ? Le développement durable est-il le nouveau cap qui doit orienter les investisseurs du secteur de la logistique ? Certains opérateurs se sont déjà engagés dans cette brèche. Ainsi, le groupe Gazeley, l’un des plus importants développeurs de parcs logistiques au monde, a reçu en mars dernier le trophée « Performance Environnementale » lors de la 6e édition des Trophées des « Meilleures plates-formes logistiques européennes », organisés par notre confrère le Journal de la logistique. Il récompense spécifiquement son site de G. Park Blue Planet à Chatterley Valley, près de Birmingham (Royaume-Uni). La plate-forme de 35 000 m2 certifiée selon le référentiel Breeam réalise des performances environnementales exceptionnelles (100 % de l’énergie consommée est issue de sources renouvelables, 60 % d’économies sur la consommation d’eau). Les économies réalisées sur l’exploitation annuelle s’élèvent à 300 000 €, soit 39 % de moins en moyenne qu’un bâtiment classique.
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Logistique
Transgourmet, l’entrepôt nouvelle donne Le grossiste alimentaire TransGourmet renforce Châteauroux et plusieurs autres bases en France. A terme, ce spécialiste de la distribution de produits frais pour la restauration collective ne conservera que la moitié de ses installations.
E
clairages à détection de mouvement, ampoules basse tension, pompes à chaleur au-dessus des bureaux surchauffés par les ordinateurs : à Velles, près de Châteauroux, la nouvelle plate-forme de TransGourmet, opérationnelle depuis ce printemps, mise sur « 20 à 30 % d'économie d'énergie », espère son directeur Eric Danger. Tous ces efforts ont été rendus nécessaires par l'augmentation de la surface réservée aux produits frais, plus énergivore, soit 7 000 m², surgelés compris. Ainsi, près de la moitié de la superficie totale (17 000 m²) abrite des produits pour lesquels une température fraîche est requise. « Des parois invisibles d'air séparent les différents stockages et jouent un rôle de barrière de température afin d'éviter les variations et d'assècher l'air », détaille par exemple le dirigeant du site castelroussin, qui devrait ainsi s'épargner les coûteuses périodes de dégivrage des chambres froides. Autre astuce :
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le maintien entre 0 et 2° de tous les quais de chargement. Le but : éviter les ruptures dans la chaîne du froid. Environ 8 000 m² sont dédiés à l'épicerie en température ambiante et au non alimentaire. Le reliquat (1 200 m²) est occupé par l'administration et les services commerciaux de cette nouvelle base régionale, qui couvre les régions Centre, Limousin et PoitouCharentes mais aussi les confins des régions voisines. A noter que le renforcement de Velles entraîne la fermeture du site de Poitiers, qui employait quelque quarante personnes. Dans l'Indre, l'effectif va doubler pour atteindre 200 salariés d'ici à la fin de l'année. La flotte de camions double également, pour atteindre une quarantaine de véhicules. Pour construire ce nouveau bâtiment, cette filiale de l'allemand Rewe et du suisse Coop – issue de la fusion des distributeurs Aldis, Prodirest et Comptoir des Artisans en juin 2008 – a investi 13,5 M€. Les collectivités locales
ont dépensé 600 000 € dans l'aménagement de la zone d'activités. L'entrepôt de Velles devient l'un des fers de lance de TransGourmet en France. Distributeur pour la restauration collective (hôpitaux, maisons de retraites, entreprises, cantines scolaires...), les traiteurs et les professionnels de l'alimentation, le grossiste alimentaire cherchait à rationaliser ses tournées. « Les entrepôts de Châteauroux et Poitiers livraient parfois les mêmes départements », raconte Eric Danger, directeur de la nouvelle entité. Malgré la baisse de la consommation en France, le chiffre d'affaires de Transgourmet progresse régulièrement, mais pas sa rentabilité ; la société affiche même des pertes récurrentes depuis trois ans. Pour inverser cette tendance, la carte de France a été revue à travers un plan « géostratégique », qui a fait appel à des logiciels de géolocalisation à plusieurs paramètres. Châteauroux a été ainsi préférée à Poitiers en raison de la gratuité de l'A 20, de la proximité de l'A 71 vers Clermont et Paris et de l'A 85 vers Tours et Lyon. Autre exemple de cette rationalisation : la réalisation d'une nouvelle plate-forme de 22 000 m² l'an passé à Carquefou, près de Nantes, et la fermeture de celle de Sautron (44), en direction de Rennes et Laval. En perte depuis trois ans, Transgourmet (3 800 collaborateurs, 1,3 Md€ de CA) a prévu de diviser par deux le nombre de ses entrepôts, d'autres ne seront plus que des relais. Il ne restera alors qu'une vingtaine de points de stockage dans tout l'Hexagone, dont Stéphane Frachet 14 sont rénovés.
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Logistique
Transporter avec du service
en plus
Grâce au développement du web, les transporteurs peuvent assurer la traçabilité des colis jusqu’à la livraison chez le client. Et le développement de l’e-commerce, qui banalise l’achat à distance, a favorisé les considérables progrès de la logistique.
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Atelier de préparation à la pièce chez Deret.
ongtemps, la logistique est restée une activité mal identifiée en tant que support de la production et de l’acheminement des produits. La méthode des flux tendus, avec sa réduction a minima des stocks – une méthode venue du Japon – a quelque peu bouleversé la donne. Le logisticien cherche aujourd’hui, en permanence, à simplifier et à améliorer les processus d’approvisionnement et de distribution pour réduire les coûts. La chaîne logistique est devenue une donnée cruciale dans la stratégie de l’entreprise. Etre logisticien ou transporteur, ce n’est donc plus seulement stocker ou livrer de la marchandise dans les délais. C’est apporter un véritable service. Exemple avec l’entreprise orléanaise Deret (1 450 collaborateurs) qui analyse d’abord les flux de ses clients pour ensuite répondre à leurs exigences en termes de gestion d’entrepôts, de préparation
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des colis et de suivi en temps réel jusqu’à la livraison finale. La spécialité de Deret, qui exploite 442 000 m2 de surfaces logistiques en région Centre, est la préparation à la pièce des fabrications à forte valeur ajoutée. Cela va donc plus loin que le débardage de palettes. C’est ainsi que tous les produits cos-
Un travail minutieux qui va même jusqu’à l’emballage des cadeaux avec ajout d’un petit mot personnalisé. Un service identique est fourni à Kenzo, une autre marque du groupe LVMH, dont les flacons de parfum et les vêtements prêt-à-porter sont préparés à Montbazon, au sud de Tours.
“ ON A MÊME EN INTERNE DES COUTURIERS ET DES STYLISTES QUI ASSURENT LE CONTRÔLE QUALITÉ POUR DES MARQUES DE LUXE métiques de l’enseigne Sephora passent par les mains de ses employés avant d’être expédiés dans les 1 400 magasins du monde entier. L’enjeu est de gérer les 35 000 références de la filiale de LVMH et d’assurer le réapprovisionnement au jour le jour des boutiques, qu’elles soient situées à Guéret ou… à Hong-Kong.
”
« On a même en interne des couturiers et des stylistes qui assurent le contrôle qualité pour des marques de luxe », indique Jean-Luc Fournier, le chargé de communication de l’entreprise. Répondant à une nouvelle exigence, celle de l’environnement, le transporteur orléanais est le premier à s’être intéressé à la livraison en camions électriques dans les centres-villes. L’expérience a commencé pour Sephora à Orléans et s’est étendue à vingt-deux autres agglomérations, comme nos lecteurs ont pu le découvrir dans notre magazine du mois de mars (pages 34 et 35). Tours est la dernière agence à s’être équipée pour assurer le service propre depuis son hub de La Ville-auxDames. « Deret, ajoute Jean-Luc Fournier, milite pour une extension des horaires de tournée au-delà de la matinée, comme cela se fait à Paris et à Orléans ». La généralisation des échanges électroniques et de la traçabilité des
envois par code-barres dans la supply chain a incité les transporteurs à proposer des stations d’expédition permettant à leurs clients chargeurs de gérer les envois, étiqueter les colis, produire les documents de transport et dématérialiser les commandes. La majorité des solutions d’expédition étaient naguère fondées sur des logiciels installés dans des PC équipés d’imprimantes à étiquettes et à bordereaux. Depuis, grâce au web, les transporteurs ont généralisé l’usage des solutions d’expédition à tous leurs clients, qu’ils envoient 10 colis par semaine ou 1 000 par jour. C’est ainsi que Mory Team a installé une station chargeur Néopost – le premier fabricant français dans ce domaine – chez Caroll, l’enseigne de prêt-à-porter féminin qui a déménagé en 2006 sa plate-forme logistique nationale de Pithiviers (45) vers la commune voisine d’Ascoux :
c’est de là qu’elle approvisionne ses 270 boutiques. La station permet une grande fluidité des expéditions et un suivi des envois. Une fois le colis arrivé à destination, le responsable du magasin doit apposer sa signature électronique. L’information remonte immédiatement au transporteur qui reçoit ainsi la preuve de la livraison à bon port. L’outil électronique réduit tout litige alors que, dans la période tout papier, 30 % seulement des bons de livraison étaient validés par les destinataires. La mondialisation des échanges a exigé des moyens techniques modernes de communication et de gestion des flux. Et le développement de l’e-commerce, qui banalise l’achat à distance, a favorisé les considérables progrès de la logistique en assurant la sécurisation de la livraison au client par un suivi à la trace des commandes. Le Loiret a, quelque part,
bénéficié de cette nouvelle donne avec l’installation au nord d’Orléans d’Amazon.fr. La logistique commence à l’intérieur de l’entreprise elle-même. Pour optimiser ses flux internes, le fabricant régional de machines spéciales Redex a revu entièrement la réception et l’expédition des productions de ses usines de Ferrièresen-Gâtinais (45) et de Senonches (28). « Nous avons pris exemple sur nos partenaires allemands, ce qui nous a conduits à former dix employés aux méthodes d’organisation industrielle », souligne Bruno Grandjean, président du directoire et petit-fils du fondateur, inventeur d’une géniale poulie, en 1949. Autant être bien structuré, de l’amont à l’aval, quand on exporte à 90 % sa production.
Alexis Boddaert
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Logistique
En 2011, les camions prendront le train en région Centre Des semi-remorques vont bientôt être acheminés sur des wagons, de Lille à Hendaye, en passant par Orléans, Blois et Tours. En 2020, ils seront 100 000 par an à s’extraire du trafic routier de l’A 10 et de la RN 10.
S parties nord et sud de Lille à Hendaye section spécifique de l’itinéraire alternatif de la partie sud par Niort et Saintes site de plate-forme de transbordement (à l’étude)
i le fret, au niveau mondial, a le mal de mer avec une crise qui ralentit la cadence des porte-conteneurs, il a, en France, surtout le mal de fer. Alors que de l’autre côté de la Manche il offre des perspectives favorables pour une vingtaine d’opérateurs, il n’est pas loin d’être considéré comme un cas désespéré au pays du TGV. L’activité a fait perdre, en 2009, la bagatelle de 307 M€ à la SNCF. Trop de locomotives et de wagons inutilisés et, surtout, pas assez de sillons dédiés dans un réseau ferroviaire tourné avant tout vers le transport des voyageurs. Lille Arras Amiens
Paris Brétigny Orléans
Artenay
Tours
Niort
Poitiers
Saintes
Angoulême Bordeaux
Projet d’Autoroute Ferroviaire Atlantique Eco-Fret
Hendaye
Pendant ce temps, la route bénéficie, elle, d’une toile sans cesse plus dense. Ce retard, très préjudiciable à l’économie nationale, n’a pas échappé aux participants du Grenelle de l’Envi26 La Lettre Valloire - Septembre 2010
ronnement et le gouvernement s’est engagé à développer les infrastructures ferroviaires dédiées au fret. L’enjeu est de taille : il s’agit de reporter 500 000 camions par an sur le fer d’ici à 2020, ce qui correspond à une économie de 620 000 tonnes de CO2. Sur une manne de 7 Md€, 1 Md€ sera investi dans le fret à grande vitesse et les autoroutes ferroviaires. Depuis 2007, il en existe déjà une entre Perpignan et le Luxembourg qui voit passer six trains par semaine. Un deuxième corridor vers l’Espagne est prévu pour 2011. Baptisée Atlantique-Eco Fret, cette ligne verra passer, dans un premier temps entre Lille et Hendaye, des camions sur des wagons surbaissés pour faciliter leur accès sans avoir à manipuler la cargaison. Seule la remorque sera du voyage, l’embarquement avec le chauffeur s’avérant trop coûteux sur de longues distances. Entre 2011 et 2016, quatre à cinq trains par jour, comprenant chacun une trentaine de semiremorques, circuleront sur cette « autoroute de fer » qui empruntera la ligne classique actuelle de Bordeaux à Tours, puis vers Blois et Orléans. Pour cela, il va falloir mettre au gabarit, entre Bordeaux et Poitiers, plusieurs tunnels ni assez hauts ni assez larges. Les travaux pilotés par Réseau Ferré de France (RFF) et financés par l’Etat et les régions concernées (190 M€) vont commencer en 2011 et le démarrage du service à l’automne de cette année-là oblige à un passage par
un itinéraire alternatif, via Niort et Saintes. Et ce dans la perspective d’une montée en charge progressive pour le besoin des transporteurs et des chargeurs. L’augmentation du cadencement est conditionnée par la mise en service du Y basque en 2013 et de la nouvelle ligne à grande vitesse (LGV) Tours-Bordeaux qui, trois ans plus tard, libérera un sillon de la ligne classique pour le fret. A l’horizon 2020, vingt trains quotidiens dans les deux sens – certains feront… mille mètres de long ! – permettront d’acheminer 100 000 poids lourds. Autant de moins à supporter pour la RN 10 et l’A10, des axes particulièrement saturés. L’Etat a lancé une consultation pour désigner un opérateur pour cette autoroute, et le 5 octobre 2009, trois candidats ont été retenus dans le cadre de la concession : Lorry-Rail (la SNCF, deux sociétés d’autoroute et le constructeur alsacien Modalohr), déjà exploitante de la ligne PerpignanLuxembourg, OptiCapital (fonds d’investissement présidé par Philippe Mangeard de Modalohr) et Combi Ouest (Euro Cargo Rail, une filiale de la Deutsche Bahn, associée à des groupements coopératifs agricoles et agroalimentaires du grand Ouest). Dans la croissance des modes de transport plus respectueux de l’environnement sur au moins mille kilomètres, c’est le ferroutage qui va prendre la part prépondérante. Plus de wagons et moins de camions sur le bitume : on ne demande qu’à y croire dur comme fer. AB
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Logistique
Terminal : Brétigny plutôt qu’Artenay ? Pour l’accueil du terminal de chargement et de déchargement des camions sur les convois ferroviaires, l’Essonne et Brétigny-sur-Orge semblent mieux partis que le Loiret et Artenay.
L
es Conseils généraux du Loiret et de l’Eure-et-Loir aimeraient bien décrocher l’implantation du futur terminal qui verra embarquer et débarquer les camions des convois de l’Atlantique Eco-Fret à proximité de Paris ; les deux collectivités ont d’ailleurs lancé l’étude de faisabilité d’une plate-forme à Artenay, au nord d’Orléans. Mais Réseau Ferré de France semble préférer Brétigny-surOrge, dans l’Essonne voisine, et l’a d’ailleurs fait inscrire dans le contrat de projets Etat-Région Ile-de-France. Il faut dire que le foncier appartient déjà à RFF et que le coût de l’équipement serait inférieur de 33 % aux 25 M€ que requérerait Artenay. Le Ministère des Transports tranchera, en principe d’ici à la fin de l’année.
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Considérant que l’affaire est mal engagée, les deux collectivités de la région Centre proposent déjà qu’Artenay soit retenu dans l’optique d’un terminal secondaire qui ne verrait pas le jour avant une dizaine d’années, sorte de service à haute fréquence qui pourrait desservir plusieurs terminaux « en Ile-de-France et ses environs ». A noter que parmi les cinq constructeurs de matériel ferroviaire retenus, figure la PME tourangelle Socofer qui a conçu un concept de wagons à tiroirs se déchargeant latéralement. En Indre-et-Loire comme dans le Berry, c’est une autre liaison de fret ferroviaire, Nantes-Lyon, qui mobilise les énergies. Surtout avec l’électrification des lignes qui doit être prolongée jusqu’à Chagny, en Saône-
et-Loire. Cette infrastructure pourrait être une alternative aux flux maritimes internationaux qui ont des difficultés à passer les rails d’Ouessant et du Pasde-Calais. A partir du port de NantesSt-Nazaire, un trafic pourrait se faire vers l’Europe centrale qui bénéficierait – enfin – à Vierzon et son fameux « port sec », surnommée « l’Arlésienne en Berry » par les plus dubitatifs. AB
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Logistique
retrouve sa Repris à la barre du tribunal de commerce en 2007, Outiror se redresse grâce à une nouvelle équipe de direction et à un nouvel actionnaire, Sisu Capital. Le destin de la PME tourangelle est désormais lié à son ancien concurrent, le normand Direct Delta. La logistique et les tournées des camions bleu et jaune ont été entièrement revues.
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un Castorama. Et puis les outils d'Outiror étaient devenus « cheap » et traînaient une réputation de mauvaise qualité. La fabrication en Chine avait déçu les clients. Mise en place par le fonds d'investissement anglo-saxon Sisu Capital,
seurs asiatiques, moins nombreux. Preuve de cette inversion de tendance : un accord vient d'être passé avec Phone and Phone, le leader du mobile sur internet, qui transforme les camions Outiror en mini-boutiques de téléphonie. « Nous avons
“ NOUS DISPOSONS D'UN RÉSEAU DE 49 SEMI-REMORQUES, QUI SONT AUTANT DE POINTS DE VENTE. NOUS ALLONS VALORISER CETTE PRÉSENCE l'équipe actuelle est en train de renverser cette image. « Nous vendons des produits simples, astucieux et pas chers et ça correspond bien aux attentes des consommateurs », définit Thierry Fournier, qui a renforcé les normes de qualité avec ses fournis-
“
«S
avoir qu'il faut douze yaourtières et trois tondeuses, sélectionner le nombre exact d'unités parmi quelques 600 références, cela relève de la ruse de Sioux », s'émerveille Thierry Fournier, le nouveau président de Trucks and Stores, le holding qui chapeaute Outiror depuis trois ans. Ce travail « magique », à mi-chemin entre l'analyse géomarketing et la gestion du stock, fait désormais partie du quotidien chez Outiror. « Tout le catalogue doit rentrer dans un camion de 38 tonnes qui part cinq jours sillonner la France avec 5 400 produits. Autant être précis », indique le dirigeant d'Outiror, en poste depuis un an. On croyait le modèle d'Outiror révolu. Peu de Français sont à plus d'une demi-heure de route d'une zone commerciale, où l'on trouve forcément un Leroy Merlin, un Mr. Bricolage – lire aux pages 46 et 47 de ce numéro la saga de l’entreprise née à Orléans – Un Bricomarché, un Brico Dépôt ou
sélectionné une formule pratique et économique avec l’opérateur Simplissime », assure Thierry Fournier, qui engage sa société sur une voie inconnue, celle des services. « Nous disposons d'un réseau de 49 semiremorques, qui sont autant de points
La solution géomarketing Le logiciel de géomarketing Innovia définissait les tournées des camions Outiror et Direct Delta. Mais il était devenu « sclérosant », de l'aveu même de Thierry Fournier, président de Trucks and Stores. Trop de critères bloquaient le système. « On parvenait à des aberrations telles que des tournées évitaient le samedi matin sur un marché. Alors que c'est le meilleur jour de vente », dit Charles Boussion, directeur logistique, qui devait se résoudre à concevoir les dessertes « à l'ancienne », avec une carte routière et un crayon de bois. Revu en interne avec la SSII Ortec, le logiciel a été simplifié pour optimiser la couverture du territoire français. Où doit passer tel camion et avec quels produits ? Des parasols dans le sud plutôt qu'à l'ouest, où le vent les fait décoller ? Des barbecues sauf en PACA où ils sont dangereux ? « On évite le Tour de France en juillet, les retours de vacances fin août... 3 500 villes sont référencées en sept catégories en fonction du pouvoir d'achat, de la population... On croise ces données avec des contraintes comme les heures de marché, les distances entre deux étapes, le coût au km, les horaires de travail... », détaille Thierry Fournier. Aujourd'hui, les 49 camions d'Outiror assurent 37 tournées, contre 29 en 2008.
route de vente. Nous allons valoriser cette présence. Après la téléphonie, d'autres enseignes de services pourraient s'intéresser à ce déploiement », évoque-t-il. Elargissement de la gamme, resserrement du nombre de fournisseurs, rationalisation des tournées et chasse aux coûts cachés : Outiror vit une révolution tranquille. Et la logistique n'échappe pas à ce bouleversement. Dans le vaste hangar de St-Cyr-surLoire, les véhicules d'Outiror sont rechargés dès leur arrivée. Les caisses sont reliées au siège quand le camion est en vadrouille et l'inventaire est accéléré au retour. Si le produit a manqué pendant la tournée, il a été commandé au nouveau service vente à distance. Plus besoin de reprendre l'état de caisse et de vérifier, tout est enregistré. Outre le gain de temps, l'entreprise « évite les démarques », dit sobrement Thierry Fournier, autrement dit les risques de vols. Sous la houlette d'un nouveau directeur logistique, Charles Boussion, débauché de La Maison de Valérie fin 2008, les manutentionnaires ont aussi décortiqué leurs gestes. Double objectif : réduire les tâches dangereuses et surtout le temps de chargement. Un an et demi après, il faut 14 heures pour remplir un camion-magasin, contre 21 auparavant. « Sans ajouter de camions, nous sommes parvenus à augmenter le nombre de tournées », relève Thierry Fournier. De 29 parcours en 2008, Outiror est parvenu à 37 aujourd'hui, sans véhicule supplémentaire. Ce gain de rendement a aussi été obtenu grâce à la refonte du logiciel de géomarketing (voir ci-contre). Charles Boussion a aussi réorganisé l'entrepôt de 12 000 m².
Il a tout d'abord fusionné les services expédition et réception. Puis supprimé les monceaux de palettes et acheté pour 50 000 € de racks. Pour parvenir à tout caser sur ces nouvelles étagères géantes, Outiror a normalisé les cartons envoyés par ses fournisseurs, afin de mieux les empiler. Résultat spectaculaire : « Nous stockions 7 000 palettes chez trois logisticiens extérieurs. Nous avons tout réintégré », se félicite Thierry Fournier, qui a donc économisé plusieurs centaines de milliers d'euros de frais de fonctionnement. Ensuite, pour aller des racks de stockage jusqu'à l'intérieur du camion, des chariots transportent les produits, qui passaient autrefois par des tapis roulants. Le nombre d'intermédiaires jusqu'au rangement final dans le camion a diminué de 4 à 2. « Il nous reste encore des chantiers. Nous pourrions par exemple installer le WiFi pour communiquer entre le lieu de chargement et celui du stockage », envisage Charles Boussion. Stéphane Frachet
La résurrection d’Outiror Sous la houlette de leur actionnaire commun, le fonds d'investissement anglo-saxon Sisu Capital, le tourangeau Outiror et le caennais Direct Delta ont fusionné en début d'année au sein du holding Trucks and Stores (T&S). Une troisième société complète cet ensemble de 110 M€ de CA et 350 salariés, Oyé Oyé dans les DOM TOM. Ce regroupement leur assure une position de leader en France avec 78 % des parts de marché. Sisu, financé par des fonds de pension d'universités américaines notamment, avait repris Outiror en 2007 à la barre du tribunal de commerce de Tours. Après un conflit social retentissant, tout le monde avait tiré un trait sur le distributeur de produits de bricolage. L'effectif, qui avait atteint 250 salariés dans les années 90, a fondu à 138 lors de la reprise. Il est remonté à 150 salariés. « Nous recrutons de nouveau et nous ouvrons des magasins », assure Thierry Fournier, qui s'appuie sur un retour à l'équilibre depuis un an.
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Dossier
Reprise d’entreprises
Croissance externe Il est temps de profiter des
soldes
La crise aura été aussi celle des opérations de fusions-acquisitions. Après l’écroulement du marché en 2009, et l’amorce d’une reprise en 2010, c’est peut-être l’occasion ou jamais de faire des bonnes affaires. Les valorisations ont baissé et rendu les acquisitions plus abordables. Certes, banquiers et gestionnaires de fonds sont plus sélectifs et quelques cédants attendent le retour des vaches grasses pour mettre leur entreprise sur le marché. Mais la période est plutôt considérée comme propice pour se lancer et, de l’avis unanime de ceux qui s’y sont essayés, la croissance externe est un formidable accélérateur de développement.
L
a crise aura-t-elle favorisé les opérations de croissance externe ? Pas vraiment, affirment en chœur les spécialistes que nous avons interrogés. En 2009, les opérations de fusions-acquisitions ont représenté, au plan mondial, 2 400 Md$, un plus bas historique depuis... trente ans. En 2007, où l’activité était à son plus haut niveau, on avait atteint 4 400 Md$. C’est d’ailleurs durant cette même année 2007, au mois d’octobre, que la plus grosse opération jamais enregistrée a été signée, avec le rachat d’ABN Amro pour 68,5 Md€ (97 Md$ de l’époque) par le consortium formé par RBS, Fortis et Banco Santander. Ce sont les deals mettant en jeu les plus fortes sommes qui ont le plus souffert du ralentissement de l’économie : entre 2009 et 2008, les LBO supérieurs à 150 Md$ ont reculé de... 94 % ! L’an passé, le marché français n’a pas dérogé à la tendance, quoique dans des proportions moindres : 89,5 Md€ (128 Md$), soit - 35 % par rapport à 2008. Loin de ces montants faramineux, où les grandes banques d’affaires américaines se taillent la part du lion (dans l’ordre, l’an passé, les trois premiers intermé-
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Antoine Roué-Lecuyer. Un tiers d’entre eux ont déjà mis en place une solution interne en confiant le contrôle capitalistique et opérationnel de l’affaire à des héritiers ou à des salariés. Pour le reste, seules 15 % des entreprises sont considérées comme réellement cessibles.
le candidat doit avoir une idée précise de la cible et être patient. On ne déniche pas à tous les coups une pépite. « Avant de réussir une opération de croissance externe, il faut étudier plusieurs dossiers », résume Vincent Morel, patron de la société de tôlerie pour électronique profes-
“ SEULES 15 % DES ENTREPRISES SONT CONSIDÉRÉES COMME RÉELLEMENT CESSIBLES. CELA REPRÉSENTE 6 500 SOCIÉTÉS QUI CHANGENT DE MAINS CHAQUE ANNÉE. Cela représente 6 500 sociétés qui changent de mains chaque année, dont seulement 500 ont plus de 10 salariés. » S’il y a beaucoup de concurrents sur la ligne de départ – près de la moitié des dirigeants envisagent de recourir au rachat d’une société au cours des cinq prochaines années, selon une étude menée en 2008 par l’Ifop pour le compte de Grant Thornton –, peu atteignent la ligne d’arrivée. Pour se donner toutes les chances,
“
diaires mondiaux étaient Morgan Stanley, Goldman Sachs et JP Morgan), les PME cherchent aussi les bonnes opportunités. Côté positif, les repreneurs peuvent tabler sur des ratios de valorisation des cibles plus raisonnables : « En 2009, la moyenne des LBO se traitait à 6 fois l’Ebitda (équivalent à l’excédent brut d’exploitation, NDLR), relevait récemment Antoine RouéLecuyer, d’Edmond de Rothschild Entreprises Patrimoniales, lors d’une conférence sur la transmission d’entreprises co-organisée avec le cabinet Fidal). Sur la période 2006-2007, on a connu des pointes à 10 fois l’Ebitda ». Versant négatif, les fonds sont plus difficiles à mobiliser, banques et investisseurs devenant beaucoup plus sélectifs. Quels sont les pièges à éviter ? Tout d’abord, un candidat repreneur doit se défier d’un mythe : celui de la richesse du gisement d’entreprises à transmettre. « En France, 70 000 chefs d’entreprises partent à la retraite tous les ans, ce qui reste le principal motif de cession, explique
sionnelle (Step), à Romorantin (41), et – heureux – acquéreur d’une entreprise des environs d’Amboise (37). Un marché de plus en plus disputé pour des cibles de plus en plus petites... et de plus en plus chères. Selon une étude du CRA portant sur les PME de moins de 100 salariés et d’une valorisation comprise entre 300 000 € et 5 M€, l’effectif moyen des entreprises cédées ne cesse de chuter. Entre 1996 et 2006, il est ainsi passé de 20 à 14 salariés. En revanche, toujours en 2006, la La Lettre Valloire - Septembre 2010 33
Dossier
Didier Burban a construit son groupe sur la reprise d’entreprises.
Reprise d’entreprises
valeur de transaction moyenne, en hausse continue depuis dix ans, atteignait 880 000 € pour un CA moyen de 1,9 M€.
“
TOUTES LES ENTREPRISES QUE NOUS AVONS RACHETÉES AVAIENT UN POINT COMMUN : L’ADHÉSION DU PERSONNEL À NOTRE PROJET. ”
Autre piège, vouloir se lancer seul à l’assaut, sans préparation. Les conseils sont naturellement les bienvenus lorsqu’on prépare une opération de croissance externe. Audits en tous genres, négociations et... optimisation fiscale de la transmission ne s’improvisent pas, que l’on soit cédant ou repreneur. Mais il faut avant tout avoir des idées bien claires sur le sujet. Après avoir piloté de multiples rachats, Anne Chavigny, co-dirigeante du groupe vendômois éponyme, souligne l’importance de bien définir ses objectifs, ses critères de choix et aussi de se fixer des étapes. « La croissance externe, c’est d’abord une stratégie », résume-t-elle d’une formule. Alors, pourquoi se lancer tout de même dans cette course de longue haleine, hérissée de chausse-trapes. « Pour gagner du temps », nous disait il y a deux ans Michel Hervé, fondateur et patron d’Hervé Thermique, une entreprise de Joué-lès-Tours qui Jérôme Billerey (Aérowatt) emploie plus de 2 000 salariés et
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dépasse les 300 M€ de CA. C’est d’ailleurs la même démarche qui a conduit Jack Gamard, le patron du distributeur berruyer de matériel de
bureau Dactyl Buro, à quadrupler le CA de la société en vingt ans – pour l’amener à 100 M€ – en procédant à pas moins de… 45 opérations de croissance externe. Didier Burban, qui a créé un groupe
de 300 personnes autour d’un métier, la valorisation de palettes, a démarré en 1989, tout seul avec sa camionnette. Dix ans après, il employait déjà une centaine de personnes et avait signé deux opérations de croissance externe, l’une à Ormes (45), l’autre à Orval (18). Pas rassasié, il s’apprête à reprendre une société angevine du même métier. Alors, quels sont les secrets de ces « serial repreneurs » ? A l’entendre, Christophe Villemain, qui a repris une bonne douzaine de sociétés principalement dans le bâtiment, n’avait pas trop le choix. « En 1993, au début de l’entreprise, nous étions en pleine crise (déjà ! NDLR). J’avais besoin de bras. Le seul moyen d’en trouver, c’était de racheter des affaires. » Mais, en plus de quinze ans, ce travailleur boulimique, qui trouve le temps de diriger un parc de loisirs (Fantasy Forest), un complexe hôtelier (le Domaine des Thômeaux) et d’occuper le fauteuil de maire de Mosnes, village entre Amboise et Blois, applique une règle d’or : « Toutes les entreprises que nous avons rachetées avaient un point commun : l’adhésion du personnel à notre projet. » Ce souci de l’humain est partagé par Emmanuel Vasseneix qui nous rappelait, il y a aussi deux ans, que la
PIII additionne les reprises Un bel exemple de croissance par rachat d’entreprises que celui du groupe Production Industrielle Intégrée Intensive, appelé aussi PIII, ce qui est plus simple. Créé l’an passé par Jean-Marie Rudent, PIII a repris successivement le spécialiste du prototypage industriel EFOPC, à Herblay (95), puis le mécanicien de précision de Romorantin (41), Kopec Verloes (25 salariés, 2,5 M€ de CA), et enfin, tout récemment, la société de tôlerie fine Cerem (4 M€ de CA, 40 salariés), installée à Gasville-Oisème, près de Chartres (28). Les services administratifs de PIII (6 salariés) devaient d’ailleurs être transférés sur le site chartrain. Afin de compléter son offre de service global, Jean-Marie Rudent, riche de son expérience d’industriel et de manager de transition, s’apprête à acquérir dans les prochains mois deux à trois nouvelles unités de production, dont certaines pourraient être implantées en région Centre. PIII, qui compte déjà une centaine de salariés et avoisine les 12 M€ de CA, n’a pas fini de grandir.
Dossier
Reprise d’entreprises
Emmanuel Vasseneix
Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel, dont il préside aux destinées, n’était pas « en quête de croissance externe
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à tout prix », mais qu’elle cherchait « plutôt à créer des richesses et de la valeur pour ses collaborateurs ». Une autre façon de soigner ses collaborateurs, c’est de les associer à la reprise. C’est la voie qui a été choisie, ces dernières années, par plusieurs cédants. Jean Lorillard, le patron de l’entreprise chartraine de menuiserie bois et PVC, a préféré remettre les clés de la boutique (480 salariés et 76,5 M€ de CA en 2006, juste avant la transmission conclue début 2007) à son directeur général Loïc Bréhu et aux cadres qui ont bien voulu l’accompagner. L’opération s’est concrétisée par la création d’une société holding au capital de 4,5 M€, détenue par Loïc Bréhu (21 %), une trentaine de cadres (20 %), Jean Lorillard lui-même (10 %), le solde étant propriété d’une société de capital-développement, MFGI (26 %), et de cinq investisseurs particuliers (23 %). Opération réussie puisque deux ans après l’accord, Lorillard avoisinait les 100 M€ de CA.
C’est un peu la même logique qui a conduit, en 2006, à la reprise d’Alstef Automation, à Boigny-sur-Bionne (45), par le directeur de l’usine Pierre Marol (50 % du tour de table), un collège de cinq cadres (25 %) et… quelque 80 salariés qui se sont partagé les 25 % restants. « Au moins la moitié d’entre eux ont investi entre 450 et 1 000 € », se félicite le pdg d’Alstef qui a mené pour tout le monde la négociation avec le groupe britannique Babcock. Le facteur psychologique est également essentiel dans la relation avec le cédant. En 2007, Vincent Morel a racheté Sotoleco, une société de tôlerie fine de Nazelles-Négron, dans un contexte délicat : les propriétaires de cette PME familiale d’une vingtaine de personnes avaient des problèmes de santé. « Il a fallu faire preuve de doigté, indique le repreneur. D’autres candidats n’ont pas eu la faveur des cédants à cause de leur maladresse. » Bien lui a pris de s’accrocher. Trois ans après, la reprise de
Sotoleco par le patron de Step est une réussite. « Cela m’a personnellement dynamisé et permis de retrouver un élan, reconnaît Vincent Morel. Aujourd’hui, j’ai envie d’en faire d’autres. » Ces belles réussites ne doivent pas faire oublier que toutes les tentatives ne sont pas couronnées de succès. Des déconvenues, Yves George, pdg de Sky Accès, en a connues depuis 1987, année où son entreprise d’installation d’échafaudages et de plates-formes suspendues a réellement démarré après son rachat par la société Lardier. « J’ai négocié trois ans avec une société du Sud-Ouest. Pour m’apercevoir, après tout ce temps, que le chef d’entreprise ne voulait pas lâcher son bébé », se souvient-il. Mais comme Christophe Villemain, Yves George ne se pose même pas la question de la croissance externe. C’est une obligation : « Nous avons un métier de service et donc de proximité. Nous devons suivre nos clients et posséder une agence à moins de deux heures
de leurs chantiers. » L’échec récent d’une opération de croissance externe n’a pas rebuté non plus Patrice Veneault, le patron de Sidamo, à la Chaussée-St-Victor (41). Au dernier moment, il a renoncé à signer le protocole d’accord, alors que tout était prêt. Certains points, restés obscurs, l’inquiétaient. Il a eu raison. Le groupe qui a arraché le morceau n’a
pas eu son flair et la reprise s’est transformée en cauchemar. Le nouveau président du Medef 41 a signé en début d’année une acquisition, d’une taille plus modeste, et en étudie d’autres… On dit qu’il faut tout de suite remonter après une chute de cheval. C’est ce qu’a fait Patrice Veneault (lire page 45). François-Xavier Beuzon
Montage financier pour Dubois Plusieurs fonds d’investissement nationaux et régionaux ont participé au tour de table constitué pour la reprise de la Menuiserie Dubois (110 salariés, 13,3 M€ de CA), de Sepmes (37), par la holding Favotte, majoritairement détenue par Guillaume d’Ocagne : il s’agit de Naxicap Partners, filiale de Natixis Private Equity, de Financière Vecteur, une filiale de la Banque Populaire Val de France, et de trois structures d’investissement filiales du Crédit Agricole. En complément de cet apport, un emprunt a été levé auprès du Crédit Agricole Touraine Poitou, de la Banque Populaire Val de France, du Crédit Lyonnais et d’Oséo. Le repreneur, qui possède des attaches lochoises, est âgé de 46 ans : par le passé, il a fait partie de l’équipe dirigeante de grands groupes, comme Autodistribution.
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Dossier
Reprise d’entreprises
Les bémols du virtuose
Warren Buffet
Après des dizaines d’opérations de fusions-acquisitions menées par sa compagnie Berkshire Hathaway, le milliardaire américain Warren Buffet a forcément un avis autorisé sur la question. Qui contredit d’ailleurs pas mal de points de la doxa en vigueur chez les experts auto-proclamés. Extraits choisis.
V
oilà qui va à rebours de l’idée communément admise : Warren Buffet, selon les écrits qu’a soigneusement organisés Lawrence Cunningham*, considère que « la plupart des fusionsacquisitions détruisent de la valeur ». Et vlan ! Les candidats à une opération de croissance externe sont prévenus. Pourquoi ne pas miser plutôt sur une participation minoritaire et sur la compétence des dirigeants en place ? « Paradoxalement, reprend le patron de Berkshire, les dirigeants, obsédés par les effets de synergie et de taille, ignorent cette alternative. » Les comptables, du moins américains, ne trouvent pas grâce non plus aux yeux du milliardaire, tout juste 80 ans, plutôt proche du parti démocrate. La troisième fortune mondiale, estimée à 47 Md$ au début 2010, dont l’essentiel devrait être distribué à des œuvres caritatives – notamment la Fondation Bill-et-MelindaGates – après son décès, considère que la valeur comptable ne traduit pas la valeur « intrinsèque » d’une entre38 La Lettre Valloire - Septembre 2010
prise. Il critique notamment les normes GAAP en vigueur outreAtlantique, qui ignore les résultats « authentiques ». Ainsi, lorsqu’une entreprise possède entre 20 et 50 % d’une autre, les résultats de la société détenue sont consolidés dans la détentrice au prorata de sa participation. Au-dessous du seuil de 20 %, seuls les bénéfices distribués sont consolidés. Warren Buffet estime anormal que la part non distribuée, qui représente une part significative de la valeur de la société détentrice, ne se retrouve pas dans les états comptables. Comme Esope qui disait « qu’un oiseau dans le creux de la main en vaut plus de deux dans un fourré », version poétique du « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras » de Jean de La Fontaine, Warren Buffet préfère compter des espèces sonnantes et trébuchantes plutôt que de miser sur des espoirs et des rêves. Autant dire qu’il n’est pas tombé dans le pan-
neau de la bulle Internet. L’oracle d’Omaha – du nom de la ville du Nebraska qui l’a vu naître – a une grande méfiance aussi pour les consultants. Il cite un dirigeant d’entreprise qui avait acquis en une décennie plusieurs sociétés après des études d’opportunité facturées grassement par un cabinet conseil : « Au départ, 100 % de notre bénéfice se faisait sur nos activités de base. Dix ans plus tard, c’était 150 % ». Mais qu’on ne se trompe pas, Warren Buffet dénigre un sport qu’il pratique… et à haut niveau. La psychologie des cédants n’a pas de secret pour lui et il sait déclarer sa flamme, pour mieux séduire, au dirigeant d’une entreprise qu’il veut acheter : « Vous avez, vous et votre famille, une entreprise extraordinaire, comparable à aucune autre ». François-Xavier Beuzon * Les Ecrits de Warren Buffet, les seuls conseils donnés par Warren Buffet aux investisseurs et aux managers (Valor Editions, 2009)
Fusions-acquisitions, mode d’emploi Publiée l’an passé chez Dunod*, la 3e édition de l’ouvrage sur les fusionsacquisitions co-rédigé par Olivier Meier et Guillaume Schier – ce dernier est enseignant-chercheur à l’Escem de Tours-Poitiers –, analyse les étapes cruciales d’une opération de croissance externe, dans une approche qui se veut pragmatique, avec des exemples et des illustrations. Les quelque 300 pages du livre offrent, au praticien comme à l’étudiant, les concepts de base essentiels en vue de construire une transaction sur des fondements économiques et stratégiques. * Fusions Acquisitions, stratégie, finance, management (Dunod, 2009).
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Reprise d’entreprises
Cédric Troussard reconditionne la Cecaf Le repreneur de la Cecaf à St-Jean-de-Braye et de SND à Saran, deux sociétés orléanaises positionnées sur les marchés du conditionnement pour les cosmétiques, a l’intention d’étoffer son offre de services.
«N
otre leitmotiv commercial, c’est la recherche constante de solutions pour nos clients. Nous sommes plus que jamais une force de proposition » : Cédric Troussard, qui a repris en mars 2010 la société d’emballage Cecaf à St-Jeande Braye (45), a manifestement placé la notion de service au cœur de sa politique de développement. La société a acquis un savoir-faire réputé dans le domaine du conditionnement secondaire – essentiellement la mise sous étuis – pour l’industrie pharmaceu-
tique et cosmétique. « Mais, si les fondamentaux sont bons, elle a souffert de la crise. Les clients n’ont pas fait faux bond. En revanche, les volumes ont beaucoup baissé », indique le dirigeant. Du coup, la Cecaf (49 salariés) qui affichait, les belles années, une facturation d’environ 2,7 M€ a perdu 35 % de son chiffre d’affaires sans pour autant « se résoudre à licencier. Les compétences internes ont été préservées », se félicite Cédric Troussard. Cet entrepreneur de 32 ans, qui a dirigé la filiale d’un grand groupe de multiservices, entend désormais bâtir d’importantes synergies avec SND (Société Nouvelle Deresco), une entreprise de conditionnement primaire (remplissage de formes liquides et pâteuses) reprise à la barre du tribunal de commerce d’Orléans. Rebaptisée Ateliers Cosmétiques du Loiret (ACL), l’entreprise installée à
Saran (45) emploie déjà une vingtaine de personnes, contre treize au moment de la reprise. « ACL, positionnée sur les petites et moyennes séries dans une logique de grande flexibilité et de réactivité, est évidemment très complémentaire de la Cecaf », poursuit Cédric Troussard qui, d’ores et déjà, a décidé d’étoffer ses ressources internes en se dotant prochainement d’un bureau d’études. Ce dernier devra se pencher sur les questions de développement durable et de productivité. Par ailleurs, le dirigeant envisage de doter les deux sites de capacités logistiques qui pourraient être installées sur le site de St-Jean-deBraye. « Nous sommes également engagés dans une logique de certification environnementale qui devrait se traduire par l’obtention du label Ecocert ». Jean-Christophe Savattier
Sanitaire Equipement prend du volume Le fabricant tourangeau de cabines de douche Sanitaire Equipement a repris une branche d’activité d’un de ses concurrents. Et s’est doté d’une nouvelle unité de production à Ussel (19).
C’
est une belle opération de croissance externe qu’a conclue en début d’année le fabricant tourangeau d’équipement sanitaire (cabines et accessoires de douche) Sanitaire Equipement (environ 19 M€ de CA, 105 salariés). L’entreprise de la famille Bolze, qui exploite notamment l’unité Sanitec de Tours Nord (environ 60 collaborateurs), a racheté récemment l’activité de cabines et de cloisonnements pour collectivités (douche, WC) de son principal concurrent Polirey.
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L’acquisition, qui représente un CA de 5 M€, a été effectuée via une filiale (Sanidis Collectivités) qui devient ainsi le leader français sur ce segment de marché. Afin d’accueillir l’activité de fabrication de cloisonnements sanitaires pour collectivités rachetée à son concurrent Polirey et installée à Ussel (19), Sanitaire Equipement a engagé la construction d’un site de production sur le territoire de la commune corrézienne. Le projet, qui représente un
investissement de 2 M€, nous indique Bernard Bolze, le président du conseil de surveillance, s’est traduit par la construction d’un bâtiment de 2 000 m2. Le nouveau site va accueillir une quinzaine de collaborateurs. Rappelons que Sanitaire Equipement détient deux autres sociétés : Pareo, spécialisée à Tours dans les équipements d’hydrothérapie, et Fabalu, à Seclin (59), dédiée à la fabrication de cloisons sanitaires pour collectivités. JCS
Entreprises
Reprise d’entreprises
Arpeggio à la rescousse des entreprises régionales Le fonds de retournement orléanais Arpeggio se propose d’accompagner et de financer le redressement d’entreprises régionales en difficulté.
A
Orléans, une initiative originale visant à accompagner le sauvetage d’entreprises en difficulté vient de voir le jour. Sylvain Camus, un jeune dirigeant – il conduisit les destinées du site d’un équipementier automobile – a ainsi créé fin 2009 la société Arpeggio. « Notre fonds de retournement vise à aider les entreprises régionales traversant une phase difficile en établissant un premier diagnostic sur leur savoir-faire et un bilan de leur positionnement sur le marché », explique-t-il. Une fois effectué l’audit, Arpeggio peut proposer de financer
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le redressement de la société, « ce qui, le cas échéant, peut se traduire par de l’apport en trésorerie, voire par une prise de participation majoritaire au capital ». Ainsi, au printemps dernier, le fonds porté par une structure baptisée Arpeggio Conseil a pris 100 % du capital de K-Zymex, un fabricant d’emballages plastiques qui se trouvait en liquidation judiciaire. « Nous avons repositionné cette société – qui emploie une dizaine de salariés à Malesherbes (45) – en privilégiant un modèle très réactif, détaille Sylvain Camus. K-Zymex est désormais capa-
ble de produire et de livrer des petites séries dans un délai de seulement quatre jours alors que ses principaux concurrents placés sur la moyenne et la grande séries sont incapables d’une telle flexibilité ». Ce projet de retournement a requis un investissement d’environ 200 000 €. « Nous disposons aujourd’hui d’une capacité de financement d’environ 1,5 M€ », poursuit le dirigeant d’Arpeggio. Cette dernière a été constituée par un pool d’une quinzaine d’entrepreneurs régionaux qui souhaitent contribuer au développeJCS ment de l’économie locale.
Sidamo, objectif acquisitions Bien implanté sur ses marchés traditionnels, le spécialiste des outils abrasifs Sidamo a choisi de croître par rachat d’entreprises. L’acquisition de Mecabois bouclée, la société de la ChausséeSt-Victor est à la recherche de nouvelles cibles.
L
e rachat de Mecabois, un concepteur et négociant d’outillages pour le travail du bois, a mis Patrice Veneault et sa société Sidamo en appétit. L’accueil des machines et des stocks de cette société provençale – son siège, désormais abandonné, était installé à Apt, dans le Lubéron – est bouclé et il est temps de songer à une nouvelle opération de croissance externe. « J’ai un dossier sur mon bureau », dévoile Patrice Veneault, président et co-actionnaire (à parité avec Paul Seignolle, le directeur commercial de Sidamo, et le fonds Synergie Finances, chacun détenant peu ou prou un tiers du capital) dans le bâtiment de 1 000 m2 qu’il a achevé de construire sur son site de la Chaussée-St-Victor, près de Blois. La fin du déménagement était programmée pour cet été. Seuls un ou deux salariés devaient suivre le transfert des actifs de l’entreprise provençale, dont l’activité avait fortement chuté ces dernières années pour tomber, au moment de la reprise, à une facturation annuelle d’environ 1 M€. Un montant modeste, dû au déréfé-
rencement de ses produits par les grandes surfaces de bricolage. Patrice Veneault, président de Sidamo, va recruter un cadre pour l’épauler à la direction de cette nouvelle filiale. L’objectif est de repositionner la gamme des outils Mecabois (scies, perceuses, ponceuses, etc.) dans le réseau des négociants de matériaux et de produits destinés au BTP et à l’industrie, qui distribue déjà les outils abrasifs de Sidamo (14 M € de CA en 2009) : Mecabois devrait afficher, si le plan d’affaires est respecté, 3,5 M € de ventes d’ici deux à trois ans. Echaudé par une expérience malheureuse (lire page 39), Patrice Veneault veut se concentrer sur la reprise de sociétés installées dans des niches, à la stratégie lisible. Mecabois est une première étape. « Dans notre métier, la croissance interne devient plus difficile, explique-t-il. Nous regardons donc des cibles liées à nos deux marchés : le négoce de matériaux pour le bâtiment et celui pour l’industrie. » Et la priorité ira aux sociétés « in bonis », le redressement des canards
boiteux prenant trop de temps. Et s’il lui en reste un peu, le patron de Sidamo pourra le consacrer à Eskape (19 salariés, 1,8 M€ de CA), la société d’informatique tourangelle dont il est actionnaire. Cette dernière, dirigée par Laurent Fontenit, vient de prendre le contrôle de Resologic, une petite structure de 5 personnes spécialisée dans le déploiement d’infrastructures réseau et… voisine d’Eskape à l’aéroport de Tours-Val de Loire. Et, comme chez Sidamo, l’appétit vient en mangeant… FXB
Patrice Veneault
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Entreprises
Stratégie
Les nouvelles ambitions de Après s’être hissé à la troisième place du marché français en absorbant les Briconautes l’an dernier, Mr. Bricolage mise sur l’extension de son réseau et sur l’international. Depuis le siège de La Chapelle-St-Mesmin, en banlieue orléanaise, le pdg Jean-François Boucher expose les nouvelles ambitions du groupe coté en Bourse.
U
n gros cœur rouge en forme de B accueille le visiteur au siège social du Groupe Mr. Bricolage à La Chapelle-St-Mesmin, aux portes d’Orléans. « Nous l’appelons le B-cœur. Il célèbre notre trentième anniversaire », explique Jean-François Boucher, qui compte seulement dix années de plus que l’entreprise qu’il dirige. Président et directeur général du groupe Mr. Bricolage depuis 2007, Jean-François Boucher est le vivant
exemple de l’ascension professionnelle au sein d’une société qui a érigé le commerce indépendant et les valeurs coopératives en principes fondateurs. Fils de commerçants du Pas-de-Calais à l’enseigne de Mr. Bricolage, il a ouvert son premier magasin à 18 ans, trois mois avant de passer le bac et d’entamer des études commerciales. Diplôme en poche, il rejoint ensuite l’entreprise familiale de trois magasins alors en difficulté. « Mon père m’a demandé de l’aider à redresser la situation, se souvient-il. C’était un terrible challenge mais je suis parvenu à le relever en réduisant les frais et en restaurant les marges. J’ai fini par racheter les magasins et je suis toujours propriétaire de quatre points de vente dans le Nord ». Se qualifiant lui-même d’enfant de Mr. Bricolage, Jean-François Boucher a été, à 27 ans, le plus jeune administrateur de l’Association nationale des promoteurs du Faites-le-vous-même (ANPF), le groupement d’indépendants fondé en 1965 par treize commerçants
Les grandes dates de Mr. Bricolage 1965 : Création de l’Association nationale des promoteurs du Faites-le-vous-même (ANPF). 1980 : Création de l’enseigne Mr. Bricolage. 1995 : Constitution de MBSA (Mr. Bricolage Société Anonyme). 2000 : Entrée en Bourse de MBSA. 2001 : Acquisition du groupe Tabur (enseignes Catena et Bricogite). 2009 : Acquisition du groupe Le Club (enseignes Briconautes et Jardinautes).
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spécialisés en bricolage. A leur tête, un Orléanais visionnaire, Bernard Isermel, qui tiendra les rênes de cette coopérative du tournevis pendant vingt ans. L’ANPF sera au bricolage ce que la Fnac (Fédération nationale d’achat des cadres) est aux biens culturels : un engagement quasi philosophique au service d’une cause commerciale. « Nous avons le sens du commerce indépendant inscrit dans nos gènes, explique Jean-François Boucher. L’esprit coopératif nous a permis de nous développer en toute autonomie et en préservant nos valeurs ».
2 à 4 %, du moins jusqu’à l’année dernière. » La réduction des délais de paiement imposée par la Loi de modernisation de l’économie (LME) a, en effet, donné un coup de frein sensible à cette belle progression en contraignant les magasins de bricolage à limiter le nombre de leurs références. Et cela, afin de faire tourner leurs stocks plus rapidement. « Le groupe Mr. Bricolage a moins souffert de l’effet conjoncturel que d’autres, se félicite son président. D’autant moins que nous avons franchi une nouvelle étape en 2009
Les acquisitions nous ont permis d’accéder à la troisième place nationale sur le marché du bricolage, avec deux ans d’avance sur notre plan stratégique ” Après la création de la marque Mr. Bricolage en 1980, le groupe finira par quitter le statut coopératif en 1995 pour se constituer en société anonyme, avec l’appui du fonds d’investissement 3i, jusqu’à l’entrée en Bourse au printemps de l’an 2000. « Nous sommes une entreprise cotée, précise Jean-François Boucher, mais nous conservons notre fonctionnement mutualiste. Aujourd’hui, 41 % du capital appartient aux indépendants et les choix stratégiques sont toujours collégiaux. C’est ce qui fait notre différence par rapport à nos grands concurrents succursalistes Kingfischer (Castorama) et Adeo (Leroy-Merlin). » L’autre grande différence de Mr. Bricolage réside dans son positionnement spécifique sur le marché du bricolage. « J’ai coutume de dire qu’il y a deux marchés du bricolage en France, explique Jean-François Boucher. Celui des grandes surfaces dans les centres urbains et celui de proximité avec des zones de chalandise de 10 à 40 000 foyers où nous occupons une place de leader. C’est un marché que l’on dit mature, mais qui pèse 21 Md € et qui était en croissance régulière de
avec l’acquisition du réseau Briconautes et Jardinautes du groupe Le Club. Cette deuxième acquisition, après celle des magasins Catena et Bricogite au groupe Tabur en 2001, nous a permis d’accéder à la troisième place nationale sur le marché du bricolage, avec deux ans d’avance sur notre plan stratégique. » Cette stratégie de développement par croissance externe est-elle appelée à se poursuivre ? « Nous devons d’abord digérer ces étapes récentes pour reconstituer nos possibilités d’investissement, répond Jean-François Boucher. Notre
objectif est désormais d’enrichir nos enseignes et nos offres afin de devenir la référence du bricolage en France pour les créateurs de magasins. Nous pouvons leur offrir la notoriété d’un grand groupe spécialisé, le choix entre plusieurs enseignes, ou encore de devenir affiliés en bénéficiant de notre centrale d’achat et de notre expertise. » L’autre axe de développement s’appuie sur une présence internationale qui dégage aujourd’hui un montant de 200 M €, avec 51 points de vente dans dix pays, essentiellement européens. « Notre volonté est de nous renforcer en Europe centrale et orientale et de nous implanter sur le pourtour méditerranéen », précise Jean-François Boucher. Parallèlement, le groupe conduit une réflexion sur son positionnement et sur son rôle social. « Nous voulons aller plus loin dans la définition du conseil et du service, en cohérence avec notre place et notre époque. Nous travaillons sur le développement des compétences pour faire émerger une nouvelle génération de vendeurs, et sur l’emploi des seniors qui sont une véritable valeur ajoutée dans notre métier. » Enfin, et plus symboliquement, Mr. Bricolage prévoit d’ouvrir prochainement un magasin à son enseigne sur l’agglomération orléanaise où il était absent jusqu’à ce jour. Nul n’est prophète… ! Bruno Villeneuve
Le groupe Mr. Bricolage en chiffres CA 2009 : 2,1 Md €. 12 000 collaborateurs. 1 600 000 m2 de surfaces commerciales. Trois enseignes : • Mr. Bricolage : 433 magasins, dont 51 à l’étranger dans 10 pays (Belgique, Bulgarie, Espagne, Maroc, Madagascar, Andorre, Roumanie, Serbie, Uruguay, Maurice). • Catena : 66 magasins. • Les Briconautes : 154 magasins. 250 magasins indépendants affiliés (centrale Briconautes).
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Entreprises
Industrie
Treca réveille
les querelles de voisinage L’usine de fabrication de literie et de matelas Treca va prochainement quitter Beaugency pour s’installer sur la ZAC des Portes de Chambord à Mer… douze kilomètres plus loin, mais dans le département voisin. Un transfert qui ravive de vieilles rivalités entre le Loir-et-Cher et le Loiret qui crie au « coup monté ».
C
e fut le transfert de l’été ! Il n’a pas fini de faire couler l’encre et d’alimenter une guéguerre entre le Loir-et-Cher et le Loiret qui se regardent aujourd’hui en chiens de faïence. C’est d’ailleurs presque avec l’air contrit que Claude Beaufils, le viceprésident du Conseil général de Loiret-Cher, nous a confirmé la nouvelle. Oui, l’usine Treca, spécialisée dans la fabrication de literie et entrée dans le giron du groupe Cauval (537 M € de
« Un véritable casus belli », s’étrangle ainsi un proche d’Eric Doligé, le président UMP du Conseil général du Loiret. Pour les uns, ce « coup déloyal » a été ourdi et réussi avec la bénédiction de Maurice Leroy, le matois président Nouveau Centre du Conseil général de Loir-et-Cher, mais c’est clairement un « coup de trop ». Et cela risque de relancer la vaine et stérile concurrence entre des territoires qui, au contraire, « ont tout intérêt à jouer collectif ». Pour les autres, et notamment du côté
Valait-il mieux ne rien faire, au risque de laisser partir ce projet industriel majeur hors de la région Centre ? ” CA, près de 5 300 salariés), va bien quitter la commune de Beaugency dans le Loiret pour rejoindre la ZAC des Portes de Chambord, à Mer… une commune distante d’une douzaine de kilomètres, mais située dans le Loir-et-Cher. Pour les 200 salariés du site, fournisseur des marques Treca, Pirelli, Simmons, Dunlopillo, la perspective de quitter des locaux obsolètes pour rejoindre une usine flambant neuve de 15 000 m2 a été très bien accueillie. Ces collaborateurs – dont une bonne part réside dans le Loir-et-Cher – y gagneront au change et attendent donc déjà avec impatience l’achèvement des travaux qui débuteront à l’automne 2010. Mais pour les élus et les promoteurs du développement économique du Loiret, c’est une tout autre histoire. 48 La Lettre Valloire - Septembre 2010
mérois, Treca « cherchait à s’agrandir depuis des années et avait fait part de ce souhait aux responsables du développement économique du Loiret. Ceux-ci n’avaient visiblement pas réussi à proposer une solution satisfaisante ». On cherche d’abord à minimiser ses responsabilités et à faire reposer le choix de la nouvelle implantation sur les dirigeants de l’entreprise. « C’est à la demande du groupe Cauval et pour répondre à sa sollicitation que nous avons rapidement bâti une pro-
position foncière qui tenait la route », justifie Claude Beaufils qui ajoute, reconnaissant, « que tout cela a pu se faire grâce à Joël Marquet, le directeur du développement économique de la communauté de communes de la Beauce ligérienne. » Et comment ! Puisque le projet prévoit que la société d’économie mixte du département, la SELC, finance pour 10 M € la construction d’un bâtiment qui sera loué à Treca. « Est-il bien normal qu’une collectivité finance une entreprise en redressement judiciaire ? », interroge perfidement Eric Doligé, en faisant allusion à la procédure de sauvegarde (et non de redressement) dont a fait l’objet l’entreprise entre septembre 2008 et septembre 2009, mais dont elle est sortie depuis… « Valait-il mieux ne rien faire, au risque de laisser partir ce projet industriel majeur hors de la région Centre ? », rétorque Claude Beaufils qui affirme « ne rien regretter ». Un peu vexés, certains élus de Loir-et-Cher ne manquent pas d’indiquer « qu’en son temps, les développeurs orléanais n’ont pas hésité à venir faire leurs courses de ce côté-ci de la frontière ». A bon JCS entendeur…
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La Lettre Valloire - Septembre 2010 49
Entreprises
Industrie
Europe Aviation
en atterrissage forcé
La société de maintenance aéronautique Europe Aviation est en redressement judiciaire. Le site de Châteauroux, qui est maintenu, devrait toutefois perdre près de la moitié de son effectif.
P
eu d’observateurs ont été surpris de l’annonce du redressement judiciaire d’Europe Aviation, prononcé le 7 juillet dernier par le tribunal de commerce de Créteil qui l’a assorti d’une période d’observation courant jusqu’au 7 janvier. Alors que l’industrie aéronautique semble redécoller avec des commandes importantes enregistrées au salon de Farnborough, le secteur de la maintenance d’avions est encore fragile. Et la société Europe Aviation, petit nouveau d’un secteur qui comprend quelques acteurs importants en France, comme Air France-KLM (près de 3 Md € de CA dans la maintenance aéronautique) ou le tourangeau TAT (670 M € de CA en 2009), a mal vécu le retournement conjoncturel et les évolutions du métier. « Les intervalles entre chaque visite de maintenance
se sont allongés, soulignait un des dirigeants de l’entreprise après le dépôt de bilan. Pour l’Airbus A320, cet allongement atteint 25 à 40 %. » La situation s’est détériorée ces derniers mois. Jusqu’à fin 2008, la société était tout juste bénéficiaire (environ 200 000 € par exercice) avec un taux 50 La Lettre Valloire - Septembre 2010
de croissance de l’activité très important : + 45 % entre 2007 et 2008, soit 29,1 M € cette dernière année contre 20,2 M € un an plus tôt. La société dirigée par Grégoire Lebigot a donc encore quatre mois pour arrêter l’hémorragie. Le 10 août, la
toutefois rassurante : « A moyen terme la stratégie de développement d’Europe Aviation en termes de maintenance lourde et de démantèlement n’est pas remise en cause ». A Châteauroux, les milieux économiques s’interrogent sur l’avenir des
“ La stratégie de développement d’Europe Aviation en termes de maintenance lourde et de démantèlement n’est pas remise en cause direction dévoilait au personnel la deuxième mouture d’un plan de sauvegarde de l’emploi prévoyant 101 suppressions de postes, soit 18 emplois sauvés par rapport au premier projet de fin juillet. Seule vraie bonne nouvelle, le recentrage de l’activité de maintenance en base – qui nécessite l’immobilisation des avions – à Châteauroux (36), où une trentaine de postes sont néanmoins supprimés, avec l’abandon corrélatif de ce type d’activités à Orly. Avant la procédure, Europe Aviation employait 256 personnes, dont une moitié au siège d’Orly (94) et sur les deux aéroports parisiens, l’autre moitié se répartissant entre Châteauroux (63 CDI) et les escales techniques de Lyon, Marseille, Abidjan et Nantes, cette dernière ouverte en début d’année. C’est donc 40 % du personnel qui va quitter l’entreprise, provoquant une saignée et une perte de savoir-faire problématiques. La direction se veut
projets engagés par Europe Aviation et notamment celui de hangar grande hauteur de 10 000 m2 qui doit être construit sur le tarmac de l’aéroport Marcel-Dassault, avec au moins 120 créations d’emplois à la clé. Ce bâtiment estimé à 25 M € (y compris des locaux tertiaires qui pourraient être différés, ce qui réduirait le montant de la facture) devrait obtenir – enfin – son permis de construire à la fin de l’année, après les conclusions de l’enquête publique attendue pour l’automne. La livraison est envisagée pour début 2012. Mais en dépit des dénégations d’un porte-parole de l’entreprise, il est permis de s’interroger. Sortira-t-il de terre ? Quant au sort d’Europe Aviation (29 M € de CA en 2008, en hausse de 45 % par rapport à 2007), filiale du groupe Vallière Aviation dont elle est la principale composante, il devrait se décider au cours du second semestre. Les observateurs doutent qu’elle puisse se dispenser d’un partenaire industriel. Des concurrents auraient déjà manifesté leur intérêt. FXB
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Entreprises
Industrie
Steco Power dévoile ses batteries Le fabricant de batteries automobiles de seconde monte va doubler ses capacités à Outarville, près de Pithiviers… après avoir renoncé à réindustrialiser le site de son concurrent à Auxerre.
A
près avoir envisagé de participer à la réindustrialisation du site de son concurrent Exide à Auxerre (89) – les ex-batteries Fulmen – fermé depuis plus d’un an, le fabricant de batteries de seconde monte Steco Power a finalement décidé de jeter l’éponge. « Rien ne bougeait », justifie Georges Tréhoux, le directeur général de l’entreprise.
A la place, la société, qui connaît une forte croissance (49 M € de CA en 2010, soit une progression de 12 %), annonce qu’elle va doubler la capacité de son usine d’Outarville, située à proximité de Pithiviers (45), pour la porter à 2,7 millions d’unités d’ici à deux ans. « Nous devions avancer et nous adapter à l’évolution de nos marchés », indique le dirigeant qui tient à mettre en évidence la situation particulière de Steco Power, « dernier fabricant français de batteries ». Rappelons que le marché français de la batterie automobile s’élève à 9,5 millions d’unités, dont 7,5 millions pour le seul segment de la rechange (ou seconde monte). Cette augmentation capacitaire sera obtenue à l’issue d’un programme d’investissement qui sera compris
« entre 5 et 8 M € », poursuit Georges Tréhoux. Le projet pourrait se traduire par la construction de nouveaux locaux sur le site – l’usine d’Outarville est déjà installée sur environ 30 000 m2 de bâtiments – mais rien « n’est encore arrêté ». A l’occasion de cet important investissement, l’entrée au capital de nouveaux investisseurs – l’hypothèse de l’arrivée de Caisse des Dépôts ou du Fonds Stratégique d’Investissement (FSI) est évoquée – pourrait être annoncée. Steco Power est aujourd’hui détenu à 80 % par le groupe strasbourgeois Esca. Quant à l’ex-site Exide Technologies d’Auxerre, qui employait 314 salariés lors de l’arrêt de la production en 2009, il y a fort à craindre qu’il ne soit voué à devenir une friche industrielle. JCS
PDG Plastiques joue l’innovation à Malesherbes
Au nord du Loiret, PDG Plastiques va de nouveau investir sur son site de Malesherbes. L’innovation est au cœur des préoccupations de ce fabricant de préformes et de bouteilles en plastique.
S
pécialisée à Malesherbes dans l’injection plastique et le soufflage pour la fabrication de préformes, de bouteilles et de flacons plastiques principalement destinés au marché de l’agroalimentaire (environ 70 % du CA), mais aussi à celui des cosmétiques et des produits d’entretien, la société PDG Plastiques (18,6 M € de CA en 2009, 53 salariés) investit de nouveau. Son pdg François Desfretier (ci-contre) nous confirme, 52 La Lettre Valloire - Septembre 2010
en effet, qu’il devrait engager environ 1,2 M € dans l’achat de nouveaux moules et machines susceptibles d’accroître la capacité de préformes de 120 millions d’unités. Aujourd’hui, PDG Plastiques produit chaque année près de 60 millions de bouteilles et 600 millions de préformes. Ce succès est fondé sur une intense politique d’innovation. Ainsi, associée avec l’un de ses principaux donneurs d’ordre, la Laiterie de St-Denis-del’Hôtel (LSDH), PDG Plastiques a développé la première préforme en PET pour le lait UHT. Le projet – une première mondiale – a représenté
deux ans de travail et requis un investissement de 1,3 M € : le Conseil général du Loiret a contribué à ce projet via une subvention de 95 000 €, Oséo ayant de son côté accordé un prêt de 90 000 €. Aujourd’hui PDG Plastiques produit près de 40 millions de préformes PET pour le lait UHT, essentiellement commandées par LSDH. Sans révéler la teneur d’un autre projet, encore confidentiel, François Desfretier nous confie qu’il pourrait prochainement annoncer le lancement d’un second programme de R&D « tout aussi innovant ». JCS
Projets pour Applications de l’Electrolyse La société Applications de l’Electrolyse a inauguré un bâtiment neuf à Briare. Ce spécialiste du traitement de surface devrait pratiquement doubler son effectif dans les deux ans à venir.
L
e 1er juillet, en présence du président du Conseil général du Loiret Eric Doligé, du maire et du conseiller général de Briare et de la sous-préfète de Montargis, la société Applications de l’Electrolyse a inauguré sa nouvelle unité de la ZI de Vaugereau, à Briare (45). Ce bâtiment flambant neuf de 2 200 m2, dans lequel la société a emménagé dans le courant de l’hiver, abrite les 12 salariés de ce spécialiste du traitement de surface, repris en 2005 par Pascal Claverie. Selon ce dernier, Applications de l’Electrolyse devrait embaucher une dizaine de personnes dans les deux ans à venir, en récupérant progressivement de la charge, notamment celle de la société nivernaise Jourdaneau Traitement de Surface (JTS), rachetée en 2008 et fermée à la fin de l’année passée. Pascal Claverie, qui a également re-
les anciens bâtiments
pris en 2007 la société tourangelle Delpy Chromelec (zingage, chromage, argenture) et ses 16 salariés, étudie actuellement deux dossiers de reprise de sociétés en région Centre, toujours dans le secteur du traitement de surface. Si ces opérations de croissance externe réussissent, le petit groupe familial de Pascal Claverie, qui s’appuie aussi sur la société Altela, un fabricant de filets de protection de Séméac, dans l’agglomération tarbaise, grossirait de moitié. L’ensemble emploie
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aujourd’hui environ 50 salariés avec ses trois unités de Tarbes, Tours et Briare et affiche un CA de quelque 7,5 M €. Quant aux locaux de l’ancienne unité d’Applications de l’Electrolyse, dont on constate qu’ils offraient un visage pour le moins défraîchi, ils seront démolis et le sol dépollué. Le terrain se trouvant à proximité d’une zone d’habitation, il est peu probable qu’il soit rendu à une activité économique. FXB
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La Lettre Valloire - Septembre 2010 53
Entreprises
Industrie
Loiselet revient au nid La société nogentaise Loiselet a décidé de produire ses plaques de fonte en Eure-et-Loir et de cesser de s’approvisionner en Chine. Elle compte aménager les anciens locaux d’Ouest Injection, à Dreux, et créer à terme une centaine d’emplois.
N
ous avions annoncé son retour au nid dès le mois de septembre 2009 dans l’édition bimensuelle de La Lettre Valloire. La société Loiselet, qui faisait fondre ses plaques de cheminée, lampadaires, garde-corps… en Chine depuis le début de la décennie pour des raisons de coût et de réglementation, a annoncé qu’elle les produirait désormais en Eure-et-Loir. Après avoir hésité entre Nogent-le-Roi, où l’entreprise possède son siège social et ses activités commerciales, et Chartres, Sylvain Loiselet (notre photo au côté du ministre de l’Industrie Christian Estrosi) a finalement choisi de s’implanter à Dreux. Il va investir 12,4 M € d’ici à la fin de l’année et créer, à terme, une centaine d’emplois. En 2001, cette société familiale, fondée
54 La Lettre Valloire - Septembre 2010
en 1850, ferme son usine de Nogentle-Roi qui emploie alors 45 personnes. En 2003, la société Loiselet Diffusion, gérée par Sylvain Loiselet, neveu de l’ancien dirigeant de la fonderie Loiselet, reprend une partie des locaux de Nogent-le-Roi. Depuis deux ans déjà, il confie sa production à des sous-traitants chinois… et va même finir par créer deux fonderies à Tianjin, près de Pékin. Un choix qui lui a permis de se développer et de multiplier son CA par dix entre 2001 et 2009, passant de 700 000 à 7 M €. Aujourd’hui, Loiselet a décidé de revoir sa stratégie. « Le transport nous coûte 960 000 € par an, la matière première est plus chère, en partie importée. Du fait de l’importance de nos volumes actuels, il redevient rentable de pro-
duire en France », explique son gérant. La fonderie va donc s’équiper de fours électriques pour produire, à terme, 42 000 tonnes de fonte par an dans des bâtiments abandonnés courant 2009 par Ouest Injection, une filiale du groupe tourangeau Plastivaloire. Une belle histoire est, on l’espère, en train d’être (ré)écrite par la famille Loiselet en terre eurélienne. FXB
Entreprises
Immobilier
Coface Services à Tours Nord est la grosse opération immobilière de la rentrée. La société de renseignement commercial Coface Services, installée au château de Sens, à Rochecorbon (37), où elle emploie 161 salariés, va quitter cette localité pour prendre à bail un bâtiment entier (2 700 m2 sur quatre niveaux + RdC) situé dans l’immeuble Guillemet, sur le site Aéronef de TAT Industries à Tours Nord. Cette opération se limitera à l’accueil des salariés tourangeaux, les autres sites de Coface Services – la société emploie au total 750 collaborateurs pour un CA d’environ 100 M € – n’étant pas concernés par ce transfert. Les importantes capacités de stockage de données informatiques (back up) de Rochecorbon seront transférées en région parisienne auprès d’un hébergeur qui n’a pas encore été choisi. Préalable à l’opération, le site du château de Sens, propriété de Coface Services, a été cédé à Bouygues Immobilier. Ce dernier devrait engager un important projet de création de centre de vacances – sans doute dans la perspective de son exploitation par le groupe Villages Vacances Famille (VVF) – qui nécessitera le réaménagement complet du site. La transaction a été accompagnée par Arthur Loyd-Boille Immobilier.
Pôle Emploi à Tours…
P
ôle Emploi vient de signer un bail de six ans ferme pour 1 656 m2 de bureaux en R+1 dans le programme Actu Campus du quartier des Deux-Lions, à Tours. Le loyer annuel sera de 201 000 € HT, comprenant les 45 emplacements de parking. Pôle Emploi a emménagé le 1er juillet. Le conseil du bailleur (un propriétaire privé) et du preneur était le cabinet IEL Tours.
…et à Chartres
L’
agence Pôle Emploi de Chartres-Beaulieu va devoir déménager pour accueillir la cinquantaine d’agents affectés à son fonctionnement, suite à la fusion ANPE-Assédic. Un bâtiment de 1 300 m² devrait être construit d’ici à 2012, probablement rue Edmond-Isidore à Chartres. Le projet est actuellement à l’étude avec les services de Chartres Métropole.
56 La Lettre Valloire - Septembre 2010
Spheria dans ses murs orléanais EDF vend son ex-centre Depuis le 26 avril dernier, la mutuelle orléanaise Spheria Val de France est dans ses murs. C’est en effet à cette date que les quelque 200 salariés concernés ont rejoint les locaux flambant neufs du 23 boulevard JeanJaurès, à Orléans. Il aura fallu dix-huit mois pour restructurer l’ancien bâtiment des Tissus Jaurès dont seule l’ossature a été conservée. Les concepteurs l’ont doté d’équipements green tech dernier cri : matériaux écologiques, pompes à chaleur, système de régulation du chauffage et de la lumière, mur végétal. Les 9 700 m2 de cet édifice de six étages permettent de regrouper des salariés disséminés jusqu’alors sur cinq points différents de l’agglomération orléanaise. Une agence commerciale, située au 21ter du boulevard, complète l’ensemble.
informatique d’Orléans
EDF vient de relancer un appel d’offres pour la vente de son ancien centre informatique de l’avenue ClaudeGuillemin à Orléans. L’ensemble immobilier de 5 000 m² comporte des bureaux et des ateliers. Le promoteur immobilier Coutant Finances de Fleury-lès-Aubrais et un groupe financier parisien pourraient être intéressés par les locaux. Le BRGM et l’université d’Orléans ont, en effet, abandonné leur projet de pôle de recherche sur l’environnement, les bâtiments nécessitant d’importants travaux de réfection.
Auchan passe au vert à Blois
Le nouveau centre commercial d’Auchan à Vineuil, près de Blois, a reçu le 9 juin la certification de Haute Qualité Environnementale (HQE). La réalisation d’Immochan, promoteur et gestionnaire de cet ensemble de près de 17 000 m2 (9 385 m2 pour l’hypermarché Auchan et 7 500 m2 pour les 48 boutiques et restaurants), est en tout point exemplaire : utilisation de matériaux naturels, végétalisation du site et recours aux énergies renouvelables comme en témoigne l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit du magasin. La production d’électricité qui en découle équivaut à la consommation de 25 foyers et les panneaux thermiques permettent d’assurer 75 % des besoins d’eau chaude du centre commercial. La facture est en conséquence : elle s’élève à 51 M €.
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La Lettre Valloire - Septembre 2010 57
Entreprises
A l’affiche
La Femme Loire, le défi de Michel Audiard Le sculpteur Michel Audiard va construire une œuvre aux dimensions gigantesques sur un terrain dominant la Loire, à l’entrée de Tours. Son projet de Femme Loire, sorte de Gulliver féminin, alanguie sur le coteau comme une odalisque sur son sofa, fédère déjà une bonne partie de la Touraine.
D
éfi artistique, technique, environnemental et social, la Femme Loire prend forme. Ce sera finalement une sculpture longue de 40 mètres, haute de 17, constituée d’un millefeuille de 1 000 m2 de carton de récupération, de chaux et de plâtre posé sur une charpente en lamellé-collé, fermée d’une verrière de 223 m2. Le tout dominera la Loire sur le coteau nord de Tours, au-dessus de l’abbaye de Marmoutier : Michel Audiard réalisera la première étape de son projet « d’ici un à deux ans ». La seconde, « un lieu d’expression et d’échange artistique et culturel… On verra, le moment venu », évacue l’artiste d’un revers de main. L’essentiel, en vérité, n’est pas 58 La Lettre Valloire - Septembre 2010
là. Pour l’heure, le conseil municipal de Tours a décidé, « à l’unanimité », se réjouit le sculpteur, de conclure
Rabelais et les étudiants de Polytech. Et à trouver des fonds, rôle alloué au chargé du mécénat du projet : c’est la raison de l’édition de 100 sculptures numérotées de la Femme Loire, répliques exactes au 1/40e, longues de 1 mètre, qui sont proposées aux entreprises ; celles-ci peuvent bénéficier du dispositif sur le mécénat d’artistes vivants (lire plus loin) en acquérant un exemplaire et entrer ainsi dans le « Club des 100 », qui a déjà admis une vingtaine de membres. L’opération coûtera aux alentours de 3 M €. « Je veux que ce soit beaucoup moins et prouver que ce qui est novateur n’est pas forcément cher. Je veille aussi à ce que le millefeuille soit totalement innovant : déjà, il ne coûte rien, le carton étant récupéré en l’état et utilisé sans passer par le recyclage ; il doit aussi être plus solide que d’autres matériaux, plus isolant, non polluant et, surtout, novateur », précise Michel Audiard.
“ Les cinq salariés que je recruterai se formeront sur place. J’aimerais qu’ils puissent dire en désignant la Femme Loire : C’est moi qui l’ai faite ! avec lui un bail emphytéotique de cinquante ans pour ce terrain de près d’un demi-hectare, « au terme duquel le site reviendra à la Ville, avec tout ce qu’il y aura dessus ». Il reste à obtenir la labellisation du matériau, sur lequel travaillent à Tours les chercheurs de l’université François-
Autant de propriétés « qui se confirment » et suscitent vivement l’intérêt des milieux du bâtiment. Elles pourraient générer de la ressource, une fois le matériau abouti. « Je tiens également à ce que les cinq salariés que je recruterai pour la construction de la sculpture, en plus de ceux de la
fonderie, soient sans qualification. Ils se formeront sur place. J’aimerais qu’ils puissent dire un jour en remontant l’A10, désignant la Femme Loire : « C’est moi qui l’ai faite ! ». L’idée est née il y a 25 ans, au retour d’un voyage en Turquie : « J’avais dessiné l’esquisse d’une femme et j’ai imaginé la possibilité de la peupler de bonshommes. Puis j’ai rangé l’idée ». Elle a resurgi, il y a six ans. « Je me suis dit qu’il était temps d’aller au bout de mon rêve. Cette esquisse a évolué, en fonction des contraintes de réalisation, du matériau et des difficultés techniques rencontrées. Et j’avais gagné en crédibilité, les réactions favorables m’avaient rassuré ; les avancées permettaient maintenant de passer du rêve à la réalité ». Un beau matin, il s’est lancé le défi : « C’est maintenant ou jamais ». Des obstacles s’élèvent. « Normal, comme pour la Tour Eiffel ou Beaubourg », se console l’artiste. Mais les soutiens affluent, les réseaux s’activent, les amis – nombreux – l’encouragent et les solutions émergent : « Les résultats des études sur le matériau sont déjà extraordinaires. On va donc y arriver ! Avec mes quinze gars, à la fonderie, on a bien réussi à souder de l’or à des morceaux de météorite ! Alors… ». Les prouesses, Michel Audiard en a déjà accomplies. Comme de créer,
Michel Audiard en quelques dates 1951 : Naissance à Paris 1968 : Etudes aux Beaux-Arts 1978 : Création de sa fonderie d’art en Normandie 1992 : Installation de la fonderie à Rochecorbon 1995 : Création du 1er stylo-sculpture 2005 : Création du 1er « Passage » 2007 : Entreprise du patrimoine vivant 2001-2010 : expositions à Londres, Shanghai, Beyrouth, Dubaï, Oman Dhofar, Tours, Moscou, St-Pétersbourg, Kyoto, Rabat (rétrospective), Moscou à nouveau cette année. Contact mécénat de Michel Audiard : 06 60 61 49 61 c.erivan@audiard.com – w ww.audiard.com (www.femmeloire.com à partir d’octobre 2010)
depuis une quinzaine d’années, des stylos-sculptures remis aux principaux chefs d’Etat de la planète. Ces œuvres ont scellé la renommée de l’artiste, également créateur de bijoux, de meubles, de trophées et des « Passages », ces portraits de personnages célèbres, découpés au laser dans une tôle de métal rouillé : « Ils sont en train de constituer un parcours sculptural le long de la Loire mettant ainsi en valeur le patrimoine ligérien à travers des écrivains, des hommes politiques ou des musiciens ». D’autres « délires » réjouissent déjà l’épicurien farceur : « Lors d’un prochain salon à Tours, nous allons couler du chocolat dans les moules de mes œuvres, puis croquer les sculptures ! ».
Cependant, confesse l’artiste, redevenu sérieux, « à 59 ans, il me reste encore tout à prouver, chaque jour ». A travers la Femme Loire, « je veux montrer qu’avec trois fois rien au départ, on peut réaliser de grandes choses. Et, dans un monde en difficulté, faire rêver les jeunes, leur montrer qu’aujourd’hui on peut encore réaliser ses rêves… Sinon, à quoi bon ? » Odile Ménard
100 sculptures numérotées pour le « Club des 100 » de la Femme Loire L’acquisition d’une sculpture 1/40 e de la Femme Loire bénéficie du mécénat d’artistes vivants. Limitées à 100 exemplaires (+ 10 épreuves d’artiste), ces sculptures acquises pour 30 000 € chacune sont destinées à autant d’entreprises mécènes de la région Centre, ou y ayant une implantation. La Femme Loire offre aux entreprises la possibilité d’associer le logo de l’œuvre d’art dans leur communication, d’apposer leur nom à ses côtés et à ses événements périphériques. Les chefs d’entreprises seront les invités privilégiés d’expositions, d’animations, de conférences, de soirées privées, de rencontres d’exception, de partages, etc. Depuis le 1er août 2008, les entreprises qui achètent des œuvres originales d’artistes vivants peuvent déduire du résultat de l’année d’acquisition et des quatre années suivantes, par fractions égales, une somme égale au prix d’acquisition. Les achats d’œuvres originales d’artistes vivants sont désormais admis en déduction du résultat imposable des entreprises dans la limite du plafond de 0,5 % du chiffre d’affaires. L’œuvre d’art doit être présentée au public. Toutefois, cette obligation est limitée à la durée de l’amortissement du bien (cinq ans) et vise désormais tous les lieux accessibles au public.
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Entreprises
A l’affiche
Jack Gamard laisse Dactyl Buro en ordre de marche C’est avec le sentiment du devoir accompli que Jack Gamard, le pdg de Dactyl Buro, a cédé l’entreprise berruyère à trois de ses plus proches collaborateurs. 70 ans, et après 53 ans de bons et loyaux services, Jack Gamard, le pdg du spécialiste berruyer de la bureautique et des fournitures de bureau Dactyl Buro (environ 600 salariés, dont 200 à Bourges, plus de 100 M € de CA), passe la main. Ce dirigeant d’une trempe peu commune va céder tous les actifs de la société – qui auront été, au préalable, scindés en trois entités juridiques – à des cadres du groupe choisis parmi ses fidèles. « Il fallait bien passer la main un jour ou l’autre », explique le toujours pétulant septuagénaire qui voulait absolument « maintenir les emplois. Ce qui n’aurait pas été assuré si j’avais vendu le groupe à l’un de nos concurrents ».
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Le patron, si attaché à ses troupes et au territoire qui a vu grandir l’entreprise, a choisi de faire confiance à des proches. Laurent Debaure, un collaborateur de longue date, reprend l’activité d’aménagement de bureau qui devient Dactyl Buro Aménagement (environ 9 M € de CA). Le directeur
pour susciter l’adhésion de ses salariés au projet collectif. Notamment en effectuant des « road shows » au cours desquels il aura porté la bonne parole à ses équipes aux quatre coins de l’Hexagone. En s’appuyant sur une culture interne très forte, le groupe va réussir à se
“ Jack Gamard voulait absolument maintenir les emplois. Ce qui n’aurait pas été assuré s’il avait vendu le groupe à un concurrent général délégué Lionel Peigne récupère l’activité consommables (57 M € de CA), baptisée Dactyl Buro Office, et Michel Tatin prend possession de l’activité bureautique (37 M € de CA), dénommée Dactyl Buro Bureautique et Informatique. « Ces dirigeants ont toutes les qualités pour réussir », prédit Jack Gamard qui s’est voué « avec passion » au développement réussi d’un groupe devenu leader. Quel parcours en effet ! C’est en 1990 que Jack Gamard prend la direction de l’entreprise dans le cadre d’une opération jugée à l’époque audacieuse. « Dactyl Buro réalisait un CA de 23,6 M € et employait 180 collaborateurs », se souvient Jack Gamard qui savoure le chemin parcouru. Sous la houlette de cet organisateur né, Dactyl Buro va quasiment multiplier par cinq ses ventes en donnant la part belle à des opérations de rachat – 45 réalisées à ce jour – de distributeurs régionaux. Le pdg, féru de sport, n’a pas ménagé sa peine
hisser au 1er rang des marchés de la fourniture de bureau et de photocopieurs. « Nous sommes aussi au 5e rang de la distribution de consommables de bureau », se réjouit Jack Gamard qui insiste sur l’enracinement local de l’activité, un pré-requis sur lequel se sont engagés ses successeurs. Afin que soient préservées « les indispensables synergies », les activités « resteront dans les mêmes locaux », indique ainsi Jack Gamard. Dactyl Buro exploite cinq sites sur l’agglomération : l’unité logistique de l’A 71 – une plate-forme de 18 000 m2 bâtie à proximité de l’échangeur – une seconde plate-forme à la Chapelle-StUrsin, le siège de l’avenue de la Prospective, et deux magasins en ville. Il ne restera plus à Jack Gamard qu’à accompagner pendant quelques mois les nouveaux dirigeants, « histoire de transmettre le flambeau », assure le futur retraité qui nous indique n’avoir pas encore « réfléchi à sa nouvelle vie ». Gageons que ce dirigeant exemplaire ne tardera pas à retrouver des occupations à la hauteur de la success-story dont il fut le principal personnage. Jean-Christophe Savattier
Entreprises
Chantiers lage de commerçants ainsi que l’installation de cinq enseignes sur 8 500 m². Les travaux devraient débuter au printemps ou à l’été prochain.
LOIRET Le permis de construire de l’hôpital nord de Saran, qui regroupera toutes les activités des cliniques existantes au nord d’Orléans, devrait être délivré prochainement. Les travaux, menés par le groupe Eiffage, commenceront dès le mois d’octobre. Le projet, labellisé HQE, est évalué à 110 M€. Le futur hôpital nord comptera 500 lits, un service d’urgences générales et un plateau chirurgical complet.
CHER Bourges Habitat va engager la réhabilitation de 312 logements avenue de la Libération, rues d’Ambert, Poincaré et de la Sente aux Loups à Bourges. €, Les travaux, estimés à 1,2 M€ porteront notamment sur des remises aux normes électriques.
EURE-ET-LOIR Une quarantaine de maisons à ossature bois seront livrées fin décembre à Dreux, dans le quartier de Comteville. Le coût de l’opération s’élève à 6,3 M€. Par ailleurs, la SA d’HLM La Roseraie va construire sur le même site 56 logements indi-
L’aménagement d’un écoquartier sur la prairie de la Roseraie, à Chartres, va débuter prochainement. La construction de 20 logements est prévue pour la fin 2012. A terme, 750 logements verront le jour, dont 30 pavillons, 513 collectifs et 213 individuels groupés. Le Conseil général d’Eure-etLoir vient de lancer la création d’un centre d’art contemporain dans l’ancien arsenal, en plein centre-ville de Dreux. L’architecte Jean-Michel Poisson a été chargé de réhabiliter le bâtiment avec une première enveloppe d’1,7 M€.
viduels et semi-collectifs et 30 parcelles seront dédiées à l’accession sociale.
INDRE-ET-LOIRE
La friche de Margon, qui représente 1,6 ha, vient d’être acquise par une société civile immobilière pour y construire un bâtiment commercial de 1 000 m² qui accueillera, dès le 1er semestre 2011, un maxidiscompte Leader Price. D’autres bâtiments pourraient suivre afin de constituer un pôle commercial.
La présidence et les services centraux communs de l’université de Tours devraient déménager en 2012 dans une partie de l’ancienne caserne Beaumont. Les travaux de restructuration des 11 200 m² de locaux, évalués à 4 M € , vont démarrer en mars prochain ; les appels d’offres devraient être lancés en fin d’année.
La nouvelle zone commerciale de Châteaudun, en bordure du boulevard du 8 mai, se précise. Le promoteur AADOC-Immo prévoit un vil-
LOIR-ET-CHER Différents travaux de réhabilitation sont prévus à Blois :
création d’une passerelle pour la gare de 3,5 M€, réhabilitation du foyer des jeunes travailleurs du quartier Coty pour 2,3 M€, ainsi que de la Maison de Bégon, dont les travaux sont estimés à 2 M€.
LOIRET La construction d’un groupement scolaire de 1 727 m² (pour 150 élèves) devrait débuter au printemps 2011à Estouy ; l’ouverture est prévue pour janvier 2013. L’ensemble, qui sera construit aux normes HQE, représente un investissement de 2,7 M€. Un lotissement de 137 logements verra bientôt le jour à Patay. La société Orlim est chargée de son aménagement ; le lotissement sera construit en six tranches sur une dizaine d’années. Les premiers pavillons seront livrés à l’automne 2011. Une extension de la station d’épuration de Nogent-surVernisson, aux abords du domaine des Praslins, sera engagée d’ici à 2013 ou 2014. Des bâtiments obsolètes seront détruits. Aucun chiffrage des travaux n’a encore été annoncé. Une nouvelle station d’épuration va être construite à StHilaire-les-Andrésis afin de traiter les eaux usées de 600 équivalents habitants. Les travaux devraient débuter en octobre prochain.
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Carnet
LOIRET Michel Pébereau, président du groupe BNP Paribas (au centre ci-dessus), a inauguré, mardi 29 juin 2010, la Maison des Entrepreneurs d’Orléans, située rue des Jonquilles à Saran. Il s’agit de la 20e ouverture en France depuis le début de l’année et de la première en région Centre. L’équipe est composée de neuf collaborateurs, dont deux conseils en banque privée et sept chargés d’affaires Entreprises, et coordonnée par Laurent Dionis du Séjour (à gauche ci-dessus). La prochaine ouverture d’une Maison des Entrepreneurs en région Centre sera à Tours, au mois d’octobre. BNP Paribas prévoit d’ouvrir, en 2010 et 2011, une soixantaine de Maisons des Entrepreneurs sur l’ensemble du territoire français.
RÉGION Jacques Rollet, gérant d’une société de conseil stratégique et technique (JMR Conseils), vient d’être élu président d’Arbocentre, une association interprofessionnelle de la filière forêt bois en région Centre qui compte plus de 150 adhérents. Jacques Rollet succède à Georges Saget, président d’Arbocentre depuis 7 ans. Il est membre de la Société des Experts en Bois, chargé de mission à la CCI de Loir et Cher pour promouvoir l’innovation, administrateur et trésorier du Réseau Entreprendre Val de Loire (REVL). Stéphane Leprince a pris le 1er septembre la direction régionale Centre-Limousin du gestionnaire
des infrastructures ferroviaires RFF (Réseau ferré de France). Il succède à Richard Rousseau, qui exerçait la fonction depuis 2005. RFF emploie une trentaine de personnes au sein de sa direction régionale Centre-Limousin, installée à Orléans.
CHER Marc Garnier a pris la direction générale du groupe CPI France, propriétaire de l’imprimerie Bussière basée à St-Amand-Montrond. Il remplace Frédéric Mériot, qui avait mené récemment la modernisation de l’entreprise et un PSE.
INDRE-ET-LOIRE Le 3 juillet, l’assemblée générale du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) de Tours a élu comme président pour les deux années à
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venir Stéphan Nicolini (à droite), gérant des agences de travail temporaire Temporis de Tours et d’Amboise. Il succède à Brice Collier (à gauche), patron de la société familiale Plastiques 2005, de Savigné-sur-Lathan. Edgar Pérez a rejoint la préfecture d’Indre-et-Loire comme directeur de cabinet du préfet ; il supervisait le service militaire adapté à La Réunion. Il succède à Nicolas Chantrenne qui va désormais s’occuper des dossiers de sûreté nucléaire au ministère de l’Environnement. Bernard Roehrich, 60 ans, ancien élève de l’Ecole Nationale de la Santé publique, vient d’être nommé directeur du CHU de Tours. Celui qui succède à Hubert Garrigue-Guyonnaud dirigeait depuis 2006 l’agence régionale de l’hospitalisation du Limousin.
LOIRET L’Orléanais Philippe Gobinet, président du groupe Partnair, vient d’être réélu vice-président et trésorier du Prisme (Professionnels de l’intérim, services et métiers de l’emploi). Arnaud de la Tour a été réélu président et Gilles Lafon, vice-président.
Hilaire de Chergé a été nommé directeur général du groupe Cesi, un organisme dédié à la formation professionnelle qui possède une antenne à Orléans. Hilaire de Chergé succède à Jacques Bahry. Vincent Chas est nommé directeur général adjoint.
INDRE-ET-LOIRE Tamym Abdessemed vient d’être démis de ses fonctions de directeur général de l’Escem, l’école supérieure de commerce de Tours-Poitiers. Diplômé d’HEC et docteur en sciences de gestion, il était en poste depuis moins de deux ans. L’intérim sera assuré par Pascal Rivet, directeur général de la CCI de Tours, en attendant le recrutement d’un nouveau dg. Parallèlement, François Duvergé devient président du conseil d’administration de l’école, en remplacement d’Etienne Rouxel. Selon nos informations, l’accréditation Equis, suspendue en 2009, pourrait être réattribuée à la rentrée en attendant un nouvel audit dans le courant de l’année.