Magazine Lettre Valloire de décembre 2020

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5€ MAGAZINE N°53 - DÉC. 2020

LA DAME DU TRAM

Régine Charvet-Pello (RCP Design)



Point de vue La France de la défiance

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erre de naissance du positivisme et d’Auguste Comte, qui prêtaient toutes les vertus à la science et au progrès au mitan du XIXe siècle, la France est devenue, moins de deux siècles plus tard, le pays de la défiance vis-à-vis des avancées technologiques. D’abord, il y a cette incroyable hostilité nationale contre la vaccination, une découverte qui a pourtant permis d’éradiquer nombre de maladies mortelles. Ensuite, il y a le sujet 5G, auquel nous consacrons plusieurs pages dans cette édition hivernale de La Lettre Valloire. On peut certes comprendre une certaine réticence, manifestée dans le courant du printemps, à se jeter dans les bras du géant chinois Huawei, suspecté d’être le cheval de Troie du gouvernement de son pays. Et on ne peut qu’être en accord avec la nécessité de s’entourer de toutes les garanties sanitaires nécessaires. Mais on regrettera que l’opposition à la 5G soit devenue un marqueur politique et sépare, de manière factice, le camp des sauveurs de l’humanité de celui des technophiles irresponsables. Le nouveau réseau de téléphonie mobile doit aussi permettre de mieux gérer nos mobilités, d’améliorer nos process industriels, de faciliter les soins des personnes isolées et de rendre la ville et les campagnes plus intelligentes et plus attractives. Bref, d’avancer sur le chemin du progrès et du mieux-vivre.

Ce magazine est un hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Édité par MCM Presse - SAS au capital de 100 000 € - RCS Tours B 450 613 591 - Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours - Adresse postale : BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com - Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) - Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) - Morgan Boëdec - Philie Marcangelo-Leos - Aurélie Vouteau (édition) - Ont participé à ce numéro : Serge Daniel - Johann Galy - Maquette : Régis Beaune - Diffusion : Nadine Gomès - Crédits photographiques : Cyril Chigot : Une, 12, 22 - DR : 10, 11, 12, 13, 14, 16, 20, 24, 27, 34, 35, 36, 38, 40, 44, 46, 47, 48, 50, 51,52, 54, 56, 57, 58 - Laurence Mary : 18 - Ville de Blois – François Christophe : 26 - Jean-Christophe Savattier : 32 - François-Xavier Beuzon : 42 - Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) - Informations légales : Abonnement annuel 2021 (23 numéros + magazines hors-séries) : 385 € - Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 485 € - Prix de ce numéro : 5 € - CPPAP : 0121 I 85872 - ISSN : 1246-4333 - Dépôt légal : décembre 2020 - Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon.

La Lettre Valloire - Décembre 2020

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SOMMAIRE Décembre

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Points chauds

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Reportage Plusieurs dispositifs du plan de relance visant à soutenir le secteur industriel devraient bénéficier à quelques projets régionaux. Selon l’agence économique régionale Dev’Up, une soixantaine sont à l’étude.

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Politique La fraude aux prestations sociales est par nature difficile à évaluer, selon le député de Loir-et-Cher Pascal Brindeau, rapporteur de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale réunie sur le sujet.

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Territoires Plusieurs maires de la région ont appelé cet automne à un moratoire sur le déploiement de la dernière génération de réseau mobile à haut débit (5G).

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Entreprises

Covid-19 ou pas, l’usine de La Selle-sur-leBied de Pierre Martinet produit 27 000 tonnes de crudités chaque année. Entre février et août, les recrutements d’intérimaires s’emballent.

L’actualité du trimestre en bref.

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Reportage La PME A2V Mécatronique va bénéficier d’une subvention dans le cadre de France Relance. Elle accompagnera un projet d’extension à Vendôme.

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Zoom

Créatrice à Tours d’un cabinet de design industriel devenu une référence nationale, Régine Charvet Pello achève le design des rames des futures lignes du Grand Paris Express.

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Entreprises Grâce à l’aéroponie, Les Crudettes pourront relocaliser dans leurs propres serres la production d’une bonne partie des 24 000 tonnes de légumes que la filiale du groupe LSDH conditionne chaque année.

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Entreprises C’est d’une ferme d’Orbigny, à deux pas du Zoo Parc de Beauval, que Jean-Michel Mauger conçoit ses claviers d’ordinateur en verre, entièrement désinfectables. LaLa Lettre Valloire - Décembre 2020 Lettre Valloire - Septembre 2020 5 5


LE CARRÉ

POINTS CHAUDS

VIP

La Touraine Insoumise

On se croirait revenu au bon vieux temps du soviétisme triomphant où tout ce qui refusait de marcher au pas de l’oie était éliminé. Le politburo de La France Insoumise (LFI) a décidé cet automne une purge au sein de la section Indre-et-Loire. Une quinzaine de militant.e.s, dont Claude Bourdin (ci-dessous), chef de file dissident aux municipales à Tours avec sa liste La Touraine Insoumise, ont été priés de quitter la Datcha commune. Qu’on se le dise, les victimes de l’épuration ne sont pas près de faire leur autocritique ! Au contraire, ils accusent les six jeunes insoumis.e.s siégeant au conseil municipal d’avoir fait alliance avec le maire écologiste de Tours. L’un d’entre eux, Bertrand Renaud, qui s’est réjoui avec une franchise déconcertante de cette « purge nécessaire », est particulièrement visé. Qualifiant au passage ces « traîtres » de « minables petits bureaucrates réformistes », de « technocrates » tout juste bons à voter « des mesurettes », les purgés leur reprochent d’avoir voulu « se faire une place au soleil ». Il est vrai que LFI 37, c’est un peu Cuba sans le soleil…

ÇA SERT D’AVOIR DES MINISTRES Il est toujours préférable d’avoir un ministre, et même deux, à portée de main. Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et donc en charge du programme Petites Villes de Demain, a particulièrement soigné le Centre-Val de Loire en rendant éligibles 99 communes de la région. Le même jour, le programme retenait seulement 60 communes de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, pourtant deux fois plus peuplée que le Centre-Val de Loire. Ce label, précieux, permettra de distribuer 3 Md€ sur cinq ans à environ 1 000 communes lauréates. On peut espérer qu’élus et concitoyens de

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Claude Bourdin,

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ces heureuses gagnantes sauront exprimer leur gratitude. Une bonne façon pour la ministre de préparer la candidature de son ancien attaché parlementaire Marc Fesneau – luimême ministre de Jean Castex – aux élections régionales du mois de juin.

LE TEMPS D’UNE ÉLECTION Les fiançailles entre Fabier Verdier, le nouveau maire de Châteaudun, et l’ancien, Didier Huguet (2008-2014), auront duré à peu près ce qu’a duré le flirt d’Anne Hidalgo et des écologistes : le temps d’une élection. Si la maire de Paris règle ses comptes en demandant à ses alliés d’hier « de clarifier leur rapport à la République », Fabien Verdier règle les siens de manière plus expéditive : il a retiré toutes ses délégations à son adjoint en charge des finances et de la valorisation des anciens combattants (sic). Cette décharge ne signifie pas que le pharmacien a l’intention de déposer les armes et de faire valoir ses droits à la retraite. S’il reste « mobilisé et impliqué » au sein du conseil municipal et à la communauté des communes, il n’oublie pas de souligner, avec juste ce qu’il faut de perfidie, « le malaise profond qui règne depuis plusieurs semaines à la mairie ».

SUR DU BILLARD Les deux maires homonymes de Bonneval (5 000 habitants) et du Favril (350 habitants), Joël Billard et John Billard, ont été réélus respectivement, et à quelques jours d’intervalle, président de l’association des maires d’Eure-et-Loir et président de l’association des maires ruraux d’Eure-et-Loir. Maire de la « petite Venise de la Beauce » depuis 1995 et président de la communauté de communes depuis 2002, le premier, âgé de 67 ans, a été sénateur d’Eure-et-Loir entre 2001 et 2014 ; il est également conseiller départemental, président de la commission finances. Le second, âgé de 55 ans, est vice-président national de l’AMRF en charge du numérique.


TIR SPORTIF Si le scrutin régional a bien lieu en juin, il est désormais improbable que la liste écologiste et celle de LaRem-MoDem conduite par Marc Fesneau se rapprochent entre les deux tours. Le ministre des Relations avec le Parlement, dont on apprend qu’il est fine gâchette mais qu’il pratique aussi la chasse à l’arc, se serait confié à l’hebdomadaire Challenges pour tirer à l’arme lourde sur « les végans et les antispécistes, ceux qui comparent les élevages de poulets à des camps de concentrations SS. Ce sont des fous dangereux qui ont perdu le sens commun et vont

RÉINTÉGRÉE Cet automne, les femmes du conseil départemental de Loir-et-Cher sont décidément à l’honneur. Pas du tout confinées et même en première ligne. Après les controverses à droite, c’est Geneviève Barabant qui met un terme à celles nées à gauche en annonçant sa réintégration au parti socialiste. La commission nationale des conflits du PS a annulé la décision du conseil fédéral du PS 41 qui avait exclu au mois de juin, et à l’unanimité, l’élue du canton de Blois-1 et présidente du groupe Loiret-Cher Autrement pour avoir voté le budget présenté par le président Perruchot. L’exclusion avait été prononcée sans que l’accusée ait pu seulement s’expliquer, ce qui en dit long sur la gestion de la fédération locale. Geneviève Barabant a quand même reçu un blâme de Paris pour avoir voté le budget d’un président de droite : dans certaines circonstances, il est préférable de s’abstenir…

fabriquer de l’électorat trumpiste en allant emmerder les chasseurs, les pêcheurs à la ligne ou les éleveurs. » Après des mots pareils, ce ne sera pas facile de s’entendre pour le partage du gibier.

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TWEETS AGAIN

De François Bonneau, président PS de la Région Centre-Val de Loire, à propos de sa candidature pour un nouveau mandat en juin 2021 : « Je suis challenger de moi-même ». De Guillaume Peltier, député de Loiret-Cher et vice-président délégué des Républicains : « Il faut offrir beaucoup plus de liberté aux entrepreneurs et beaucoup plus de protection aux travailleurs ».

LAGARDE NE SE REND PAS Où on reparle de François Lagarde. Discret depuis la réélection de Serge Grouard et pour cause – il a quitté la région –, l’ancien conseiller municipal délégué à la lutte contre l’immigration clandestine pourrait faire son retour très prochainement dans le jeu politique orléanais. Si La République du Centre lui prête des intentions législatives, ce

que l’intéressé dément vigoureusement, il se dit que Serge Grouard pense à lui pour prendre la direction de son cabinet. Cette nomination, qui ferait de l’énarque François Lagarde une sorte de fondé de pouvoir du maire d’Orléans, pourrait permettre à Serge Grouard de se dégager des contingences locales et d’investir la scène nationale : on le voit d’ailleurs beaucoup sur les chaînes d’info en continu.

De Charles Fournier, vice-président EELV de la Région Centre-Val de Loire, à propos de la crise subie par les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique : « J’appelle à des états généraux de ces deux filières. Il faut accompagner les entreprises impactées. Mais disons-le aussi, certaines de ces activités ne peuvent durer en l’état parce qu’elles sont incompatibles avec les enjeux du climat ». De Marc Gricourt, maire de Blois, à propos des violences policières : « Abandonner le terme forces de l’ordre pour revenir à gardiens de la paix changerait beaucoup dans la perception des choses, l’image et l’esprit de la mission de la police ». Jean-Patrick Gille, 17e vice-président PS de Tours Métropole, qualifie dans les colonnes de La Nouvelle République le nouveau maire écologiste de Tours « d’humaniste », et se réjouit « sincèrement » de « ce vrai renouvellement » à la tête de la municipalité. La candidature avortée à la présidence de la Métropole de l’ancien député et 1er adjoint de Jean Germain, torpillée par la coalition de ses amis socialistes et des écolos, appartient manifestement déjà au passé… De Christophe Boulanger, viceprésident de la Métropole de Tours délégué à la politique des mobilités à l’occasion de la présentation d’une étude sur les déplacements : « L’ennemi, ce n’est pas la voiture individuelle, l’ennemi, c’est l’autosolisme ! ».

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POINTS CHAUDS

UN CONSEILLER ÉCONOME Le président du Conseil économique social et environnemental régional (Ceser) est oublieux… ou atteint de phobie administrative, comme l’était un ancien secrétaire d’État de François Hollande. L’Écho Républicain daté du 13 octobre nous apprend qu’Éric Chevée a été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Chartres pour 260 000 € de TVA impayée sur un peu plus de deux ans, au titre de son activité de commerçant de meubles à Barjouville ; la dette est assortie de 135 000 € de pénalités. L’ancien opposant – farouche – de Jean-Pierre Gorges au conseil municipal de Chartres plaide un simple retard et rejette toute volonté de frauder le fisc. Le procureur adjoint semble d’un autre avis : « Il s’agit d’une déclaration mensongère et de dissimulation de TVA. Il avait déjà été rappelé à l’ordre il y a quelques années ». L’affaire sera plaidée le 22 avril.

FLORENT MONTILLOT REMET LE KÉPI Premier adjoint du maire d’Orléans aux multiples casquettes, dont celles relatives à la prévention et à la sécurité, Florent Montillot a annoncé au micro de France Bleu Orléans qu’il comptait bien remettre de l’ordre devant le centre commercial de la Place d’Arc, à côté de la gare, où plusieurs agressions et voies de fait ont eu lieu ces dernières semaines. N’oubliant pas au passage d’égratigner la précédente municipalité et tout particulièrement Olivier Geffroy, qui lui avait succédé en 2014 comme adjoint en charge de la sécurité, le bras droit de Serge Grouard va remettre le képi et demander aux polices – la municipale, comme la nationale – de renforcer leur présence dans le secteur.

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BURN OUT « Police partout, Emmanuel Denis nulle part », aurait pu scander le syndicat de policiers Alternative Police CFDT 37. Dans un communiqué musclé, il a jugé que la présence du maire écolo de Tours dans les rangs de la manifestation contre le projet de loi Sécurité globale constituait une « honte ». Il est vrai que les oreilles des policiers ont dû siffler au moment où la foule reprenait l’antienne : « Tout le monde déteste la police ». Piqué au vif, Emmanuel Denis, qui dirige un bataillon d’une centaine de policiers municipaux, a estimé que les assertions d’Alternative Police CFDT 37 relevaient de la « diffamation ». Oui, il a bien participé à cette manifestation, « mais ce n’était pas une manif anti-police. Certains ont pu avoir des slogans inadaptés (sic). Pour autant, je ne les partage pas ». Il aura beau matraquer ses arguments, les policiers lui gardent un chien de leur chienne…

LE B U GDU TRIMESTRE DIVORCE EN LOIR-ET-CHER

À l’origine de l’affaire, l’enregistrement, en date du 7 septembre, d’une réunion du groupe majoritaire du conseil départemental de Loir-et-Cher, où Nicolas Perruchot aurait parlé des électeurs en terme peu amènes… Le cas n’a rien d’unique. On se souvient de l’ancien maire de Montpellier Georges Frêche et de son célèbre : « Les c… sont majoritaires et j’ai toujours été élu par une majorité de c… (…). Craignant que les c… soient également sourds, il avait récidivé à la campagne suivante : « Je fais campagne auprès des c… et là, je ramasse des voix en masse ». Mais si personne n’a reproché au truculent Georges Frêche ses écarts de langage, le verbatim de la réunion blésoise est tombé dans les plumes du Canard Enchaîné qui en a fait des gorges chaudes deux semaines après la commission des faits. Un mois plus tard, le groupe UPLC excluait Christina Brown, la conseillère suspectée d’avoir été à l’origine de l’enregistrement. Mais cette sanction banale s’est vite transformée en scandale. Mise en congé le lendemain du secrétariat départemental des Républicains, l’élue contre-attaquait en accusant un collègue masculin d’agression sexuelle ; les faits se seraient déroulés il y a cinq ans. Une autre conseillère départementale, Isabelle Gasselin, rapportait alors avoir été victime des agissements du même élu le 28 août dernier. Si le parquet de Blois a lancé une enquête préliminaire, l’identité de l’auteur présumé des faits reste inconnue. En tout cas, le divorce avec ses collègues féminines est prononcé.


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REPORTAGE

LES POUVOIRS PUBLICS TENTENT DE RÉARMER L’INDUSTRIE Plusieurs dispositifs du plan de relance visant à soutenir le secteur industriel devraient bénéficier à quelques projets régionaux. Selon l’agence économique régionale Dev’Up, une soixantaine de projets, dont une vingtaine de relocalisations, sont à l’étude. Mais ce sursaut sera-t-il en capacité de juguler une tendance très négative ?

a crise sanitaire a eu plusieurs vertus. Comme par exemple de souligner les vulnérabilités de l’industrie française, mais aussi de faire ressortir sa capacité de rebond et d’adaptation, en un mot son coefficient encore assez élevé de résilience. Comme un Janus biface, la pan-

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qui permettent d’entretenir l’espoir. Selon Jean-Louis Garcia, le directeur général de Dev’Up, l’agence de développement économique régionale, « plus de 300 industriels locaux se sont inscrits sur la plateforme https://equipements-protection-centre-valdeloire.fr/ que nous avons créée en mars dernier.

SELON FRANCE STRATÉGIE, L’INDUSTRIE TRICOLORE A PERDU PRÈS DE LA MOITIÉ DE SES EFFECTIFS DEPUIS 1980 ” démie aura révélé notre impossibilité originelle à produire des masques de protection individuelle ou à nous approvisionner en médicaments, parfois de première nécessité. Mais elle a aussi fourni le prétexte à quelques ripostes individuelles et collectives

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Elle vise à recenser les capacités des uns et des autres à produire des masques au prix d’une éventuelle transformation de leur process. Aujourd’hui, nous sommes également sollicités par quelques acteurs régionaux du dispositif médical qui souhaitent s’organiser

en filière, voire en cluster. C’est tout de même très réconfortant. La mobilisation et les attentes sont très fortes ». À Nazelles-Négron (37), le soustraitant aéronautique Reorev a été frappé de plein fouet par l’arrêt brutal de la filière et contraint de licencier une vingtaine de ses 250 salariés, dont 175 travaillent en Touraine. Mais il veut redécoller. En dépit des difficultés, la société dirigée par Hervé Gilbertini a décidé d’investir 1,8 M€ dans la numérisation et l’automatisation de


COUP DE POUCE POUR ASTRONICS PGA

ses équipements de production. L’objectif est de gagner en compétences et de pouvoir se hisser au rang d’équipementier aéronautique de premier rang. Cette ambition a été saluée par l’État qui a retenu le projet dans le cadre du programme spécifique de soutien à la filière aéronautique. Ce qui permettra à Reorev de glaner une subvention de 873 000 € en provenance du fonds de modernisation de la filière. Cette fois-ci, plus question de laisser les industriels sombrer corps

et biens. Les pouvoirs publics ne peuvent plus se contenter d’accompagner le déclin de l’activité industrielle tricolore, minée par le poids des normes, d’une fiscalité et de coûts sociaux dissuasifs. Ils ont décidé de réagir. Avec le risque que ce sursaut s’apparente à un baroud d’honneur dicté par les circonstances. La pente sera difficile à remonter tant la dégringolade de l’appareil productif a été spectaculaire. Selon France Stratégie, l’industrie tricolore a perdu près de la moitié de

Après une année difficile, marquée par une baisse d’activité de 70 % et une réduction de l’effectif de 247 à 190 salariés sur le site de Montierchaume (36), Astronics PGA va recevoir une aide de 800 000 € du Fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires. Celle-ci lui permettra de financer une partie de l’achat (1,3 M€) de nouveaux équipements de production, de tests et de contrôle de la prochaine génération de système d’actionnement intégré aux sièges (New Seat System, NSS) et de la future gamme d’éclairages pour sièges et cabines d’avions. Selon son directeur, Fabrice Berthelot, l’activité conception prendra le pas jusqu’en 2023 sur une production au ralenti depuis le début de la crise sanitaire.

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REPORTAGE

ses effectifs depuis 1980. Et la part de l’industrie dans le PIB a reculé de 10 points pour s’établir à 13,4 % en 2018, contre 22,5 % en Allemagne, 19,7 % en Italie et 16,1 % en Espagne.

raineté économique, principalement de relocalisation. La santé, l’aéronautique, l’automobile, le numérique avec le volet 5G, l’agroalimentaire, mais aussi les « intrants » essentiels à l’industrie (chimie, ma-

À LA MI-NOVEMBRE, UNE LISTE DE 31 PROJETS NATIONAUX A ÉTÉ DEVOILÉE ”

Près de 600 M€ de soutiens publics seront mobilisés jusqu’en 2022.

Le constat de France Stratégie est sans appel. Même en intégrant le poids des services liés à l’industrie, la France « est bien devenue l’économie la plus désindustrialisée du G7, juste devant le Royaume-Uni ». Dans le cadre du plan de relance décidé par le gouvernement – 100 Md€ sur deux ans –, ce sont près de 600 M€ de soutiens publics qui seront mobilisés jusqu’en 2022 pour des projets de souve-

Davis Simonnet (Axyntis)

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tériaux, métaux) seront aux premières loges de l’action publique au cours des prochains mois. À la mi-novembre, une liste de 31 projets nationaux correspondant à une première salve a été dévoilée. Au total, les aides devraient générer des investissements de 680 M€ qui faciliteront le maintien ou la création de quelques centaines d’emplois. Toutefois, à l’exception du castelroussin Map & Skin Cartons Packaging (lire à la page 13), aucun autre industriel régional n’a passé la barre de ce premier appel d’offres. Ce qui n’inquiète pas outre mesure les responsables de Dev’Up qui affirment avoir identifié « une soixantaine de programmes d’investissement, dont une vingtaine liés à des projets de relocalisation, susceptibles d’être accompagnés par l’un ou l’autre des dispositifs publics de relance en vigueur ». L’équipementier automobile Faurecia à Nogent-surVernisson (45), le spécialiste de la chimie fine thérapeutique Axyntis à Pithiviers (45) et un fabricant de circuits imprimés sont ainsi sur le point d’étoffer ou de moderniser leurs capacités de production. À St-Rémy-sur-Avre (28), le sous-


traitant pharmaceutique Delpharm a annoncé qu’il allait produire (lire page 14) plusieurs dizaines de millions de doses du futur vaccin contre la Covid-19 de la big pharma américaine Pfizer. Ce projet très médiatisé pourrait également être accompagné par les pouvoirs publics. « Il faut noter que d’ores et déjà, quatorze projets régionaux pour un montant d’aides de 9,5 M€ ont été retenus dans le cadre de France Relance, le fonds public d’accélération des investissements industriels dans les territoires, nous indiquait à la fin octobre le préfet de Région Pierre Pouëssel.

Ils correspondent à un montant d’investissement cumulé de 61 M€, avec à la clé la création de 460 emplois ». Onze de ces quatorze projets s’inscrivent dans le périmètre des Territoires d’Industrie, dispositif promu il y a deux ans par le gouvernement. Pour autant, beaucoup d’observateurs et d’économistes redoutent que ces aides publiques ponctuelles ne soient pas à la hauteur des enjeux. Même si cer-

taines sont de nature à précipiter la décision d’investir, « le risque est de collectionner les effets d’aubaine », estime ainsi le Pr. El Mouhoub Mouhoud, professeur d’économie à Paris Dauphine et fin connaisseur des ressorts des délocalisations. Selon le consensus des experts, seule la restauration de sa compétitivité pourra sauver le manufacturing tricolore de son irréfutable phase de déclin. JCS

MAP & SKIN CARTONS PRIMÉE Seule régionale de l’étape choisie pour être attributaire des aides aux filières d’avenir, Map & Skin Cartons ouvre un atelier de fabrication de barquettes alimentaires recyclables à Montierchaume (36). Une seule entreprise de la région Centre-Val de Loire figure dans la première liste des projets industriels aidés par l’État. Il s’agit de Map & Skin Cartons Packaging, une société récemment créée à Montierchaume sur le site de Covepa-Michels. Les deux sociétés

appartiennent au groupe ASV Packaging, renforcé l’an passé par le rachat de la Compagnie européenne de cartonnages (CEC) à la barre du tribunal de commerce de Romans-sur-Isère. Le projet de Map (pour Modified atmosphere packaging) & Skin Cartons consiste à exploiter la licence Halopack® de la société néerlandaise Packable afin de fabriquer des barquettes éco-responsables et recyclables, alternatives au 100 % plastique ; composées à 85 % de carton renouvelable ou recyclé et d’un liner plastique thermoformé sans additif, elle sont utilisables par l’industrie

l’agroalimentaire. Des produits favorisant la transition écologique qui rentrent parfaitement dans les filières d’avenir que souhaite promouvoir le gouvernement. Le groupe ASV Packaging, dirigé par Philippe Desveronnieres, a investi plus de 1 M€ pour créer l’atelier de formage des barquettes, en fonction depuis quelques semaines. Après la mise en service d’un second atelier sur l’un des anciens sites de CEC dans la Sarthe – mais pas avant l’été 2021 – les barquettes écoresponsables devraient permettre de créer entre 20 et 30 emplois. SD

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REPORTAGE

DELPHARM ET RECIPHARM DANS LA COURSE AU VACCIN Parfaits exemples du potentiel de la sous-traitance pharmaceutique régionale, les sites régionaux de Delpharm et de Recipharm viennent d’être retenus par deux grands laboratoires pour la production de leurs vaccins contre la Covid-19. lyophilisés que le façonnier a reprise il y a un an. Selon un porteparole du groupe, Delpharm a consacré une dizaine de millions d’euros pour traiter ce nouveau contrat. Une partie de l’enveloppe a servi à acquérir des équipements de stockage froid à base de gaz carbonique, le vaccin BTN 162b2

e sous-traitant pharmaceutique Delpharm, qui exploite trois sites de production dans la région, à Chambray-lèsTours (37), Orléans (45) et St-Rémysur-Avre (28), va prendre toute sa part à la lutte contre la Covid-19. La CDMO présidée par Sébastien Aguettant a, en effet, été retenue par le géant pharmaceutique Pfizer et la biopharm allemande BioNTech pour le conditionnement d’une partie des unités du vaccin à ARN messager BTN 162b2. La production devrait débuter dès le mois d’avril 2021 et mobilisera les capacités de St-Rémy-sur-Avre (28), une ex-usine Famar spécialisée dans les formes stériles et les

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par l’un des fabricants du vaccin Covid-19 qui se disputent aujourd’hui la primeur des lancements commerciaux. L’usine du suédois Recipharm à Monts (37), près de Tours, a été choisie par l’américain Moderna Therapeutics pour assurer le remplissage et le conditionnement de son vaccin

DELPHARM A CONSACRÉ UNE DIZAINE DE MILLIONS D’EUROS POUR TRAITER CE NOUVEAU CONTRAT ” devant être conservé à – 70°. Le programme sera bénéfique sur le plan de l’emploi puisque entre 40 et 60 embauches devraient prochainement renforcer le site eurélien qui emploie actuellement quelque 240 personnes. Il pourrait être aussi soutenu par le gouvernement dans le cadre d’un des dispositifs du plan de relance visant à construire ou reconstruire des capacités mises à défaut pendant la crise sanitaire. Un autre sous-traitant pharmaceutique, installé cette fois-ci en Touraine, va être mis à contribution

également à ARN messager (mRNA-1273). La fabrication pourrait débuter dès le début de l’année prochaine à une cadence d’environ deux millions d’unités/flacons par mois. Paradoxalement, cette ancienne usine AstraZeneca ne produira pas le vaccin de son ex-maison mère, également engagée au côté de l’université d’Oxford dans cette course contre la montre vaccinale. Le programme devrait générer la création d’une soixantaine de postes à Monts, où Recipharm emploie environ 200 salariés. . JCS


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REPORTAGE

A2V MÉCATRONIQUE ÉTOFFE SON UNITÉ DE VENDÔME La PME, spécialisée dans les solutions de pilotage des moteurs électriques utilisés en robotique, va bénéficier d’une subvention dans le cadre de France Relance. Elle accompagnera un projet d’extension à Vendôme. auréat de la première promotion d’entreprises industrielles soutenues par France Relance, A2V Mécatronique ne tardera pas à engager le projet défendu auprès des pouvoirs publics qui lui vaut une subvention dont son dirigeant préfère cacher le montant. « Nous allons augmenter la surface de notre site vendômois de 600 à 2 000 m2 et acquérir de nouveaux équipements industriels pour un montant global de 1 M€ », nous dévoile toutefois Éric Régnard, patron d’une entreprise qu’il a rachetée en 2004. Spécialisée dans la conception de solutions de pilotages de moteurs électriques utilisés en robotique, A2V Mécatronique (6,7 M€ de CA, une quinzaine de salariés) est installée à Rambouillet, où elle exploite une unité dédiée à la conception et à l’étude, et plus récemment à Vendôme, où elle possède un atelier de production de circuits imprimés. « Une fois achevée, l’extension pourra étoffer nos capacités de production et réintégrer des activités comme le câblage, poursuit Éric Régnard. Nous ne sommes pas très nombreux à maîtriser les technologies de la mécatronique.

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C’est pourtant un savoir-faire très transversal que l’on retrouve dans de nombreux secteurs applicatifs. » Les systèmes développés par A2V Mécatronique équipent ainsi des

réalisés par des entreprises françaises », précise le dirigeant qui s’enorgueillit de participer à la reconstitution du patrimoine industriel tricolore : « Je rappelle que

NOUS AVONS RÉALISÉ LE SYSTÈME QUI PILOTE LE PHARE DE LA TOUR EIFFEL ” exosquelettes, ces systèmes robotisés qui facilitent la rééducation ou la mobilité de personnes en situation de handicap. « Nous avons réalisé le système qui pilote le phare de la Tour Eiffel. Nos applications sont également en mesure de piloter les hélices des sous-marins de poche. Nous sommes aussi très attentifs à ce que tous les composants de nos projets soient Eric Régnard (A2V Mécatronique)

nous avons déjà engagé un programme d’investissement l’an passé, également pour un montant de 1 M€, qui nous a permis de réinternaliser de l’activité qui s’était échappée vers la Slovénie. » L’extension des capacités vendômoises devrait permettre la création de 4 à 5 emplois, ce qui porterait l’effectif loir-et-chérien à une dizaine de personnes. .JCS


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POLITIQUE

Pascal Brindeau, député de Loir-et-Cher, rapporteur de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la lutte contre les fraudes aux prestations sociales

« LA FRAUDE SOCIALE N’EST PAS LA FRAUDE DU PAUVRE » La fraude aux prestations sociales, par nature difficile à évaluer, serait de 14 à 45 Md€ par an, selon le député de Loir-et-Cher Pascal Brindeau, rapporteur de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale réunie sur le sujet. Le parlementaire, qui liste 55 mesures pour réduire l’impact de la fraude sur les finances publiques, déplore que le gouvernement fasse la sourde oreille. La Lettre Valloire : À combien estimez-vous le montant des fraudes aux prestations sociales chaque année en France ? Qui en sont les principaux bénéficiaires ?

Pascal Brindeau : La question de l’évaluation est un sujet de débat, voire de polémique. Si on suit, et c’est plutôt l’avis de la commission d’enquête, les travaux de l’université de Portsmouth qui

a étudié une dizaine de pays de l’Union européenne dont le système de protection est comparable au nôtre, la fraude sociale peut être évaluée entre 3 et 10 % du montant des prestations versées. Rapporté à leur montant – de l’ordre de 450 Md€ hors assurance-chômage – on est donc dans une fourchette de 14 Md€ et 45 Md€ : c’est une hypothèse crédible, que confirme la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), la seule aujourd’hui à se livrer à une évaluation de sa propre fraude, comprise entre 1,9 Md€ et 2,6 Md€ par an, soit 3 à 4 % du montant des prestations qu’elle verse chaque année. La Lettre Valloire : La fraude sociale serait-elle, comme le disent certains, celle des pauvres, qui s’opposerait à une fraude fiscale qui serait celle des riches ? En 2017, ATD Quart Monde esti-

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mait la première à guère plus de 1 Md€ et affirmait que « la fraude des pauvres et une pauvre fraude ». Qui dit vrai ? Pascal Brindeau : La fraude sociale n’est pas plus une fraude de pauvres que la fraude fiscale ne serait une fraude de riches.

çaises ou pas. Et, on l’a vu à travers nos investigations, il existe pas mal de failles dans ce processus d’immatriculation. Une de nos recommandations a fait l’objet d’un amendement que j’ai déposé au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) ; il

ON SAIT QUE LES DROITS “ D’ABOU ALLOC ” SONT OUVERTS ALORS QU’IL EST, DEPUIS 2013, EN SYRIE ” Le fraudeur au RSA qui va travailler quelques heures au noir pour vivre un peu mieux, ce n’est pas ce qui nous préoccupe. Le problème, c’est la fraude de réseau et massive, comme les millions d’euros qui partent chaque année de la caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) pour des milliers de centenaires ou de nonagénaires dont beaucoup sont déjà décédés. La lutte doit se concentrer sur cette fraude-là. La Lettre Valloire : À l’issue de votre rapport de 215 pages, vous listez 55 recommandations pour lutter plus efficacement contre le phénomène. Lesquelles vous semblent-elles les plus rapides à mettre en place ? Pascal Brindeau : Nous nous sommes beaucoup intéressés à la fraude documentaire qui est une clé d’entrée à l’immatriculation à la Sécurité sociale, les fameux NIR (numéro d’identification au répertoire, NDLR). C’est le Sandia, une direction de la Cnav qui le délivre pour les personnes nées à l’étranger, qu’elles soient fran-

a été adopté par la commission des affaires sociales. Cet amendement dit qu’il ne peut y avoir de NIR définitif tant que les documents d’identité présentés ne sont pas authentifiés. Autre exemple, celui des cartes Vitale dont le nombre en circulation est déjà en surnuméraire à hauteur d’environ 1,8 million. Mais au-delà de leur nombre, il y a un problème de durée de vie de la carte qui est délivrée ad vitam aeternam. Nous disons qu’il faut que la carte soit délivrée pour la durée des droits : si c’est un étudiant étranger qui vient pour trois ou quatre ans, la carte doit être active pour cette durée. La Lettre Valloire : Vous dites que l’une des principales portes d’entrée des fraudeurs, c’est la falsification de documents d’identité. Comment peut-on sécuriser cette porte ? Pascal Brindeau : Falsification, mais aussi utilisation frauduleuse de documents authentiques, comme les trafics de passeport. La direction centrale de la police

CIRCULEZ, Y’A RIEN À VOIR Suivant le texte de l'Assemblée nationale, la commission mixte paritaire a maintenu courant octobre la suppression de l'article 34 bis A du projet de loi d’accélération et de simplification de l’action publique (Asap) introduit par le Sénat, qui prévoyait, pour lutter contre la fraude, que la carte Vitale soit valable non plus « tout au long de la vie » de son titulaire mais « durant la validité des droits ». L'argument selon lequel une telle mesure est inutile du fait des vérifications et des mises à jour périodiques de la carte Vitale a manifestement convaincu la commission constituée de députés et de sénateurs. Pascal Brindeau semble d’un tout autre avis.

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POLITIQUE

aux frontières (DCPAF) nous a alertés sur la professionnalisation de la fraude documentaire. Aujourd’hui, non seulement les documents sont de mieux en mieux imités, mais on achète des passeports français à l’étranger sur le darknet : 200 000 personnes se font voler leur identité chaque année. Il faut intensifier les moyens donnés à la DCPAF et permettre aux organismes sociaux d’avoir des contrôleurs mieux formés à l’évolution de la fraude. Nous préconisons la création d’une agence nationale anti-fraude. La Lettre Valloire : Certains pays voisins ont obtenu des résultats probants dans cette lutte contre les fraudeurs. Qui sont ces pays et quelles dispositions ont-ils mises en place ? Pascal Brindeau : Des pays se sont effectivement dotés d’instruments pour lutter contre la

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fraude. L’Espagne dématérialise ses ordonnances médicales, tandis que les caisses d’allocations vieillesses portugaises vérifient que les retraites versées à l’étranger le sont à bon droit. La Belgique pratique le croisement des données entre les organismes de prestation sociale dans le respect du RGPD : c’est donc à priori possible chez nous. En France, quand l’Agirc-Arrco mandate une société comme Resocom pour contrôler à qui sont versées les retraites complémentaires, elle trouve des taux de fraude très élevés dans certains pays. La Cnav refuse ce type de contrôle. La Lettre Valloire : La fraude serait l’un des modes de financement du terrorisme islamiste. Vous auriez même identifié, je crois, l’un des fondateurs de Daesh comme bénéficiaire d’allocations de la Caf ? Pascal Brindeau : Nous avons effectivement identifié le cas de Zakaria Asbai, né au Maroc mais possédant une carte d’identité belge qui était, selon plusieurs sources, présent lors de la réunion de fondation de l’État islamique en 2013. Cet individu, que les services ont surnommé « Abou Alloc », s’est fait immatriculer par la Sécurité sociale en France, puisque nous avons un NIR. Il perçoit des allocations familiales de la Caf de l’Essonne, pour un montant que nous n’avons pas réussi à obtenir. On sait que ses droits sont ouverts alors qu’il est, depuis 2013, en Syrie. On dispose

d’un rapport de l’ONU qui évalue à 6 % la part de la fraude sociale dans le financement international du terrorisme. La Lettre Valloire : Votre rapport a été enregistré par le bureau de l’Assemblée nationale le même jour qu’un autre rapport sur la fraude aux prestations sociales, commandé par le Sénat à la Cour des Comptes. Un an plus tôt, Édouard Philippe avait missionné deux parlementaires sur le sujet. Un magistrat, Charles Prats, vient de publier un ouvrage au titre évocateur : « Le Cartel des Fraudes ». Les textes s’empilent. L’État va-t-il enfin de s’emparer du sujet ? En avezvous obtenu la confirmation auprès du gouvernement ? Pascal Brindeau : Non, dans la mesure où le gouvernement semble demeurer dans le déni. D’ailleurs, Olivier Dussopt a récemment répondu à une députée des AlpesMaritimes qui citait des passages de notre rapport, qu’il ne fallait surtout pas « nourrir polémique » sur le sujet. On a dû déposer en commission 35 amendements au PLFSS : il y en a eu seulement 3 de retenus et d’adoptés, tous les autres ont été déclarés irrecevables : nous considérons que les arguments qui nous ont été opposés sont des détournements de la procédure parlementaire. En clair, le gouvernement et le bureau de l’Assemblée nationale ne veulent pas qu’on parle de l’importance de la fraude sociale. Propos recueillis par François-Xavier Beuzon


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ZOOM

Régine Charvet Pello, créatrice du cabinet de design tourangeau RCP

LA DAME DU TRAM Créatrice à Tours d’un cabinet de design industriel devenue une référence nationale, Régine Charvet Pello a signé les robes intérieures et extérieures de plusieurs rames de transport public, dont celles du tram de Tours, des métros de Rennes, Marseille ou de Lille. RCP est aussi sur le point de concrétiser le projet de design des rames des futures lignes 15, 16 et 17 du Grand Paris Express.

«D

éjà 30 ans, je n’en reviens pas ! » : C’est au début des années 90 que Régine Charvet Pello a fondé, à Tours, le cabinet de design industriel RCP. Celui-ci est devenu l’une des plus belles signatures nationales – voire internationales – pour les projets de transport public. RCP n’est-il pas sur le point de concrétiser le design du futur métro du Grand Paris Express, dont l’exploitation com-merciale est prévue pour 2025 ? Auparavant, RCP avait conçu et dessiné les robes intérieures des métros de Rennes, de Marseille, de Lille et bien sûr du tram de Tours. Tout récemment, le cabinet s’est attaqué au design intérieur et extérieur du nouveau tram nantais, « avec une approche très innovante, y compris sur le plan sensoriel », explique celle qui fut lauréate de l’école Boulle. « La crise sanitaire est passée par là. Les pratiques de distanciation sociale vont nous obliger, peut-être pour longtemps, à éviter le contact

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avec autrui dans l’espace public. L’homme a pourtant besoin d’interactions rassurantes, il faut donc inventer de nouvelles expériences sociales en utilisant des matériaux qui permettent de réduire le stress pendant ces temps de mobilité collective », estime Régine Charvet Pello. Cette démarche s’adosse à Certesens, un centre de design sensoriel – d’initiative public-privé – dont elle est à l’origine. Cette plateforme, installée comme RCP au cœur du quartier des DeuxLions, devrait prochainement se transformer en association et en profiter pour adopter le nom de Valesens. Une de ses nombreuses originalités est d’exploiter une matériauthèque unique, composée de 5 000 échantillons. « Certains ont beaucoup ironisé sur Certesens. L’histoire récente a toutefois

montré que nous étions visionnaires, juge, un brin revancharde, la pétillante sexagénaire. On peut tout tester chez Certesens, le moelleux des crèmes cosmétiques


comme le grain des billets de banque. Ce que ne se privent pas de faire des clients prestigieux. » Pourtant, Régine Charvet Pello ne se sentait pas initialement faite pour le design et le business : « Enfant et adolescente, j’étais très littéraire. J’écrivais sans cesse des nouvelles et de récits ». Mais par esprit de contradiction, « ou plutôt par volonté de sortir de ma zone de confort, une discipline que je pratique avec assiduité », Régine Charvet Pello choisit d’emprunter une voie différente. Issue d’une famille de rapatriés d’Afrique du Nord, cette travailleuse obstinée manie en continu l’art du contre-pied avec un naturel désarmant. « Ma première entreprise de design, créée à Paris avec quelques copains, s’appellait ArchiNana. Et notre premier et principal client était basé en Arabie Saoudite. Vous vous rendez compte ? ArchiNana… en Arabie Saoudite ! », s’étrangle Régine Charvet Pello. Plus tard, cette féministe convaincue décide de tout plaquer pour suivre son mari, contraint de rallier la Touraine pour des raisons

professionnelles. « Je n’ai pas mis beaucoup de temps à créer RCP. Je commençais à m’ennuyer ferme », se souvient l’entrepreneuse qui dit ne jamais s’être trop éloignée de ses penchants naturels pour l’écriture. « Lorsque nous travaillons sur ces grands projets de design, notamment lorsqu’il s’agit de projets de transport publics, nous écrivons un récit spécifique qui s’inscrit dans une histoire, une géographie et une sociologie locales », juge celle qui estime « avoir toujours le goût des autres, et en

le design du tram de Tours. « Ma position d’adjointe n’a rien eu à voir dans cette attribution, nous étions simplement les meilleurs. Mais la campagne de calomnies qui a entouré la procédure judiciaire a été très violente », s’exclame-t-elle, les yeux embués. « Le tram tourangeau, c’est à la fois l’une de mes plus importantes réussites professionnelles et l’un de mes pires souvenirs personnels ». On ne l’y reprendra plus… Les reproches dont l’accablèrent certaines personnalités locales n’ont jamais empêché Régine

NOUS ÉCRIVONS UN RÉCIT SPÉCIFIQUE QUI S’INSCRIT DANS UNE HISTOIRE, UNE GÉOGRAPHIE ET UNE SOCIOLOGIE LOCALES ” particulier de mes contemporains. Je pratique le design du quotidien. J’adapte les objets aux besoins et au vécu-ressenti des gens. » C’est sans doute ce goût des autres qui a conduit Régine Charvet Pello à s’aventurer en politique pour être l’adjointe à l’éducation du socialiste Jean Germain à la mairie de Tours. « Je ne regrette pas. L’expérience a été magnifique. J’ai beaucoup appris auprès de Jean Germain. Même si j’ai encore du mal à supporter l’idée que ma famille a gravement souffert, y compris physiquement, de cet engagement ». L’opposition municipale et des associations déposèrent en effet plainte pour prise illégale d’intérêt lorsque RCP obtint, à l’issue d’un appel d’offres tout à fait régulier,

Charvet Pello de se mettre au service du territoire. « Je peux à la fois réfléchir avec l’un des plus importants cabinets de design chinois aux futurs bus électriques en Chine… et concevoir une dizaine de bancs publics à Rochecorbon pour le compte de mon ami Bernard Plat, l’ancien maire de la commune ». RCP a aussi contribué à la réhabilitation du bâtiment Mame, chef d’œuvre tourangeau de l’architecture industrielle du XXe siècle, devenu un incubateur d’entreprises high tech : « Mais aujourd’hui, ce qui m’importe, c’est la transmission de mon savoirfaire et de mon expérience. Je réfléchis à la meilleure façon ». Toujours le goût des autres… Jean-Christophe Savattier

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ZOOM

RCP SUR LES RAILS DU GRAND PARIS EXPRESS RCP accumule les succès et les références de prestige dans le domaine des transports urbains collectifs. L’équipe dirigée par Régine Charvet Pello met la dernière main au design des futures rames du Grand Paris Express avant de finaliser le nouveau tram de Nantes. e cabinet de design de Régine Charvet Pello s’est forgé une très forte expertise dans le domaine du transport collectif public. Plusieurs projets tels que le design de la ligne T3 du tramway de Paris en 2002 et, bien sûr, la réalisation du design intérieur et de la robe – ainsi que de sa signalétique – du tram de Tours en 2013, ont permis à l’équipe des Deux Lions de se faire une réputation. Celle-ci a naturellement contribué à ce que RCP soit retenu pour concevoir le design des lignes 15, 16 et 17 du Grand Paris Express. « Bien sûr, c’est une forme de consécration, indique la dirigeante. Il s’agit tout de même du plus grand chantier urbain d’Europe dans le domaine du transport. Ce

L

projet marque surtout notre capacité à nous inscrire dans des projets complexes qui se déploient dans le temps long ». Et de rappeler que si les premiers tours de roues du nouveau métro

par la Société du Grand Paris et dédié à l’aventure du Grand Paris Express. « L’aventure n’est pas forcément synonyme d’une forte croissance économique de l’entreprise. Ces

HUIT ANNÉES D’ÉTUDES POUR ABOUTIR À LA PRÉSENTATION D’UNE MAQUETTE DE LA RAME ” francilien sont prévus pour 2024 ou 2025, c’est en… 2012 que la société a contracté avec la Société du Grand Paris dans les bagages d’Alstom, client et partenaire de longue date. Il aura donc fallu huit années d’études pour aboutir à la présentation au public, le 3 octobre dernier, d’une maquette de la rame à l’échelle 1 installée au sein de la Fabrique du métro, un lieu voulu Une maquette de la rame présentée le 3 octobre

projets au long cours mobilisent nos ressources internes – environ 12 salariés – et externes – jusqu’à 50 personnes au total, NDLR – mais n’ont pas toujours un impact immédiat sur la facturation. » En fonction des années, le CA de RCP oscille entre 0,8 et 1,5 M€. Mais déjà, sans perdre le fil du chantier du Grand Paris, RCP dirige son attention vers d’autres horizons. Le cabinet met la dernière touche au projet de design du tramway de Nantes qui sera mis en circulation en 2022 (61 rames doivent venir renouveler la moitié des 91 exploitées à ce jour) : « La thématique, c’est le voyage respirant, un concept de tram ouvert permettant de contempler la ville, une fenêtre mouvante. » JCS


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TERRITOIRES

5G : LES MAIRES ÉMETTENT DES ONDES NÉGATIVES Plusieurs maires de la région ont appelé cet automne à un moratoire sur le déploiement de la dernière génération de réseau mobile à haut débit (5G). Ils contestent l’utilité sociétale de cette technologie et redoutent un risque sanitaire qui leur paraît sous-évalué. La 5G pourrait pourtant participer au développement de la télémédecine et de l’agriculture, de précision très attendues par les territoires.

e déploiement de la 5G ne pas de soi ! Les premières autorisations de fréquence utilisées par le réseau mobile de dernière génération ont été délivrées par l’Arcep après la réussite de la mise aux enchères d’une partie des créneaux hertziens. Celle-ci a permis à l’Etat d’engranger 2,8 Md€. Mais ces premiers pas ne donnent pas lieu à des effusions de joie, en particulier chez certains élus locaux qui émettent d’importantes réserves sur l’utilité sociétale et environnementale, ainsi

L

que sur l’impact sanitaire de cette technologie. Pour preuve, Emmanuel Denis, le maire EELV de Tours, et le maire socialiste de Blois Marc Gricourt ont signé un appel à un

L’INNOCUITÉ SUR LA SANTÉ DU RAYONNEMENT ÉLECTROMAGNÉTIQUE DE LA 5G N’EST PAS DÉMONTRÉE ” moratoire sur le déploiement de la 5G, publié le 13 septembre dernier dans les colonnes du Journal

Marc Gricourt aurait souhaité attendre le rapport de l'Anses

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du Dimanche. Le texte a été cosigné par près de 70 maires essentiellement de grandes villes, plutôt écolos, et pour une bonne part d’entre eux fraîchement élus. « Les premiers enseignements

post-déploiement qui proviennent de Corée du Sud ne sont pas encourageants, justifie Emmanuel Denis. Sur le papier, la 5G semble moins énergivore que la 4G mais en réalité, le bilan n’est pas bon du tout parce que cette technologie suscite des pratiques et des usages nouveaux. C’est le fameux effet rebond de la 5G dont l’intérêt sociétal, par ailleurs, ne me paraît pas du tout évident », poursuit l’édile tourangeau, par ailleurs salarié de STMicroelectronics, l’un des principaux fournisseurs mondiaux de puces électroniques pour mobiles…


Le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle, reçu à Tours en juillet dernier avec tout un aréopage de maires « progressistes » est sur la même longueur d’ondes puisque, selon lui, « la 5G ne servira qu’à visionner des films pornos dans les ascenseurs ». On ne peut pas dire que la saillie venant d’un élu « progressiste » soit passée inaperçue… Marc Gricourt n’a pas découvert « la problématique lors des dernières élections municipales ». Il a depuis longtemps placé son opposition à la 5G sur le terrain sanitaire : « L’innocuité du rayonnement électromagnétique de la 5G sur la santé n’est pas scientifiquement démontrée. J’ai beaucoup travaillé depuis 2008 sur le sujet, notamment avec des ONG du type Robin des Toits, et je me pose en effet beaucoup de questions. Pourquoi ne pas avoir attendu le rapport de l’A nses (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, NDLR) dont la publication est attendue pour le début de l’année 2021 ? Etait-il aussi urgent de lancer ce déploiement ? On nous rebat les oreilles avec les usages, certes très attendus, en télémédecine ou en télétravail. Mais la fibre, dont le déploiement progresse à bonne allure, pourrait très bien servir d’infrastructure à ces pratiques. » Pour la majorité des élus de petites villes et les maires ruraux, le dossier de la 5G s’apparenterait même « à un non-sujet », soutient

John Billard, le maire du Favril, une commune eurélienne de 300 habitants. John Billard, qui préside l’association départementale des maires ruraux, est également le référent numérique de cette instance à l’échelon national. Selon lui, « ce que les maires ruraux attendent prioritairement en matière numérique, c’est la couverture des territoires par la 4G, aujourd’hui très insuffisant. Un dispositif national de rattrapage, le New Deal Mobile, a été engagé par les opérateurs à la demande de l’État et sous le contrôle plus strict des collectivités. Les choses avancent, mais naturellement pas assez vite à notre goût ». Il est vrai que, si l’on en croit les opérateurs, la 5G a d’abord vocation à se déployer dans les territoires urbains les plus denses, « là où la 5G va en priorité pouvoir pallier la saturation des réseaux 4G actuels », nous indique une porte-parole d’Orange qui égrène quelques chiffres clés : « 77 % des Français possèdent un portable, 55 % des connexions internet proviennent d’un téléphone mobile. En un an, la consommation a augmenté de 50 %. C’est un fait, les capacités des fréquences 4G seront saturées dès 2022 et la 5G est indispensable pour éviter cette congestion. » Elle devait être disponible le 18 novembre chez l’opérateur historique. Elle ne l'a été en fait que le 3 décembre dans les premières villes. Mais comme le proclame Michel Sauvade, le maire du village au-

vergnat de Marsac-en-Livradois et référent numérique de l’Association des Maires de France (AMF), « la 5G n’est ni des villes, ni des champs. Elle va d’abord être déployée dans les territoires les plus urbains, mais s’en tenir à cet objectif constituerait une grave erreur en matière d’aménagement du territoire. On évoque souvent le sujet de la télémédecine ou du télétravail, mais je rappelle que la 5G est aussi très attendue pour favoriser le développement de l’agriculture de précision, sans évoquer tous les autres usages qui ne se sont pas encore révélés et seront demain indispensables à l’attractivité de tous les territoires, y


TERRITOIRES

compris des territoires ruraux ». Le gouvernement ne s’y est d’ailleurs pas trompé puisqu’il a assorti les enchères d’une clause qui stipule qu’un quart des futurs déploiements prévus jusqu’en 2024 doivent concerner des espaces

ce délai : « Nous voulons aller plus loin en rendant obligatoire au titre du DIM les mesures d’exposition des populations aux ondes électromagnétiques qui sont aujourd’hui facultatives », précise Michel Sauvade.

LA 5G N’EST NI DES VILLES, NI DES CHAMPS. ELLE EST AUSSI TRÈS ATTENDUE DES TERRITOIRES RURAUX ”

LES MAIRES SANS PRISE SUR LES ANTENNES 5G La marge de manœuvre des maires en matière de déploiement des antennes 5G est extrêmement réduite. Pour une raison simple, la compétence ne relève pas de la commune, mais de l’État. Dès 2011, le Conseil d’État a clairement précisé les règles : les maires ne peuvent brandir leur pouvoir de police générale pour réglementer par arrêté l’implantation des antennes relais sur leur territoire. L’invocation du principe de précaution, en dépit de sa valeur constitutionnelle, bute là encore sur une jurisprudence bien établie. Le non-respect du plan local d’urbanisme (PLU) ou l'atteinte aux paysages naturels et urbains ainsi qu’aux monuments font donc office de derniers garde-fous pour s’opposer aux projets d’implantation.

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ruraux. « Le sujet, c’est d’associer les maires à ces projets, poursuit Michel Sauvade. Initialement, ce n’était pas prévu. Les opérateurs nous avaient fait savoir que le déploiement était national et que nous n’avions pas les moyens de nous y opposer. Ils sont depuis revenus à de meilleures intentions parce qu’ils ont compris que les maires étaient les mieux placés pour organiser les concertations avec les populations. On ne peut pas déployer la 5G sous le manteau. » L’un des outils essentiels devant concourir à une meilleure implication des élus est le dossier d’information mairie (DIM) qui doit présenter au maire le schéma d’installation des antennes 5G sur le territoire de sa commune. La loi Elan prévoyait de le rendre inopérant en supprimant le délai d’un mois entre l’envoi du DIM par l’opérateur et le dépôt de la demande de travaux, ce qui réduisait à néant les temps de concertation. Mais les associations d’élus ont réussi à réintroduire

Certains veulent aller encore plus loin. Sans transformer les collectivités en autorités organisatrices du numérique, « on peut très bien concevoir que celles-ci s’emparent résolument du sujet, avance Christophe Bouillon, le président de l’Association des Petites Villes de France (APVF), les intercommunalités notamment me paraissent bien placées pour être l’échelon de référence ». Charles Fournier, le vice-président EELV de la Région Centre-Val de Loire, enfonce le clou : « Je pense qu’il faut proposer à la population une cartographie précise et documentée des expositions cumulées. Il me semble que les Régions seraient légitimes pour assumer cette mission en collectant les données auprès des opérateurs et de l’Arcep. » Cette proposition pourrait constituer l’une de mesures du volet numérique du programme qui sera porté par les écologistes lors du prochain scrutin régional. JCS


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« IL NE FAUT PAS POLITISER LE SUJET DE LA 5G » Pionnier du numérique en Touraine, Julien Dargaisse estime que les élus ne peuvent ignorer la révolution technologique constituée par la 5G. La Lettre Valloire : Ces oppositions de certains élus au déploiement de la 5G vous semblent-elles fondées ? Julien Dargaisse : On peut comprendre que les élus s’interrogent pour des raisons sanitaires. C’est légitime, c’est dans leur champ de compétences. Mais ce sont les mêmes qui devront expliquer à leurs concitoyens, qui sont aussi des citoyens du numérique et utilisateurs de mobiles à titre privé et professionnel, qu’ils ne pourront pas utiliser telle ou telle application requérant la 5G, ou que leur con-nexion 4G ne sera plus accessible parce que le réseau est saturé. La 5G n’est pas un gadget, elle est un élément clé des développements dans notre industrie du numérique. C’est une révolution technologique majeure qui va ouvrir beaucoup de champs, encore insoupçonnés, dans les usages et les pratiques. Je comprends que l’on évalue les risques. Je pense qu’il n’est pas judicieux d’instrumentaliser le sujet et d’en faire un totem politique.

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La Lettre Valloire : Certains estiment que le tout fibre peut se substituer à la 5G ? Julien Dargaisse : C’est une erreur, signe d’une incompréhension des enjeux. Ces deux technologies ne s’opposent pas. Les usages nomades dans le numérique deviennent prédominants et le maillage par la fibre trouve ses limites. J’ajoute que certains grands projets industriels et d’aménagement comme, par exemple, le développement de la voiture autonome, ne pourront pas se faire sans la 5G. Elle seule dispose d’un temps de réponse suffisamment rapide par rapport au signal pour répondre aux exigences de la conduite autonome. La Lettre Valloire : Les entreprises du numérique ne seraient donc pas en phase avec les préoccupations écologiques de l’opinion ? Julien Dargaisse : C’est justement tout le contraire ! La plupart d’entre elles ont même intégré le souci écologique au cœur de leur projet. Nous n’avons pas attendu la crise sanitaire pour dé-

velopper le télétravail dans nos entreprises et tout un corpus de bonnes pratiques qui permettent de réduire les mobilités qui n’ont pas d’utilité. La 5G qui, à usage constant, est moins énergivore que la 4G, va probablement générer beaucoup de pratiques, y compris dans le domaine de la gestion des collectivités locales, qui auront un effet bénéfique sur l’environnement. Propos recueillis par JCS



TERRITOIRES

ORLÉANS : ATTENTION, CHANTIERS GLISSANTS ! Deux des trois projets phares de la métropole et de la ville dépassent très largement leur budget initial. Au point de mettre sous tension l’équilibre financier des deux collectivités.

Initialement de 100 M€, la facture du CO’Met s’élèvera à 130 M€

hristophe Chaillou, président PS de la métropole, et Serge Grouard, maire LR d’Orléans, le répètent d’une seule voix : les finances de la métropole sont mal en point et celles de la Ville d’Orléans à peine plus enviables. La faute à des chantiers dont les coûts se sont envolés, à

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des investissements engagés lors de la précédente mandature et, bien sûr, à la crise sanitaire qui coûtera, au bas mot, 15 M€ de recettes de fonctionnement à la métropole. Toujours à l’échelle métropolitaine, Christophe Chaillou a prévenu les maires des vingt-deux com-

munes que sur les 200 M€ de projets fléchés, seule la moitié pourra se faire. Bref, il faudra faire du tri. Et c’est ce qui a commencé à être fait. Le projet de téléphérique à 17 M€ intégré à Interives, le futur centre d’affaires entre Orléans et Fleuryles-Aubrais, qui devait permettre un accès simplifié à la gare SNCF de Fleury, a été enterré. Idem pour la flotte des 180 bus à 100 % électriques qui devait remplacer, d’ici à 2026, les actuels bus diesel. Son coût de 105 M€ est aujourd’hui inabordable. « Ce n'est pas le début d'un abandon en série de projets lancés sous la précédente mandature », tente de rassurer Christophe Chaillou, même si cela y ressemble grandement. « Il va déjà nous falloir régler la facture des 29 bus électriques achetés. On restera ensuite dans le thermique », confie un proche du président de la métropole. Bien plus préoccupants, les dérapages financiers de certains chantiers phares, à commencer par CO’Met, le colossal équipement 3 en 1, articulé autour d’une salle de 10 000 places, d’un palais des congrès et d’un parc


des expositions, dont le calendrier annonce l’ouverture en 2022. Initialement arrêtée à 100 M€, la facture s’élèvera en réalité à plus de 130 M€. Un dépassement qui a fait d’autant plus couler d’encre que les élus métropolitains semblaient le découvrir, même ceux qui siégeaient dans la collectivité lors de la précédente mandature présidée par Olivier Carré. Au premier rang desquels Michel Martin, l’indéboulonnable adjoint en charge des finances. Un dérapage qui s’explique d’abord par le fait que la salle, qui ne devait initialement accueillir que des rendez-vous sportifs avec une jauge de 8 000 places, a été repensée pour de-

Le MOBE coûtera trois fois plus cher que prévu

venir une vraie salle de spectacle. Un souci de rentabilité a justifié cette nouvelle orientation tardive. Loges, lumières, acoustique, il a fallu tout revoir à la hausse, et décaisser 10 M€ supplémentaires. Puis, d’autres dépenses sont venues s’ajouter : révision de la hauteur du plafond du parc des expositions pour l’open de tennis d’Orléans (1,5 M€), travaux de voirie avec création d’une nou-

velle station de tram (10 M€), l’assurance dommages-ouvrage (1,5 M€), etc. Le prix de CO’Met a décollé de manière vertigineuse. Et puis, il y a le MOBE, le Musée d’Orléans pour la biodiversité, chiffré à 5 M€ en 2014 lorsque Serge Grouard passe commande. Six ans plus tard, le bilan interroge : deux ans de retard dans la livraison du chantier – le MOBE n’ouvrira qu’au printemps pro-

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TERRITOIRES

chain – et 10 M€ supplémentaires ! Là encore, ancienne et nouvelle majorité se renvoient la balle. Une muséographie que le projet initial avait prévu insuffisamment ambitieuse et, au final, un bâtiment qu’il a fallu totalement remodeler expliquent cette envolée du coût. Reste un autre grand chantier dont le budget, lui, n’a pas bu la tasse. Le centre aqualudique, baptisé L’O, érigé sur le site de l’ancienne prison, coûtera bien les 18 M€ annoncés. Le chantier est, lui aussi, sur les rails : fin juin 2021, un bassin de 25 mètres, un espace ludique, un pentagliss, un simulateur de vagues et un espace bien-être accueilleront les 650 premiers nageurs et amateurs de balnéo, hors con-

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traintes sanitaires. Indispensable ou pas, l’équipement n’a pas dévié de sa trajectoire. Il lui reste à

trouver son public dès l’été prochain. Un autre défi l’attend. Johann Galy

RETOUR À LA CASE PRISON Officiellement, il ne s’agit pas d’une prison mais d’une « SAS » pour « structure d'accompagnement vers la sortie » : un lieu destiné à préparer 120 détenus en fin de détention à leur retour dans la vie civile. Prévue sur l’ancien terrain militaire des Groues, cette construction a suscité un bras de fer entre la Ville d’Orléans et la préfecture car la nouvelle équipe municipale a la volonté de faire de ce quartier un poumon vert de la ville. Difficile donc d’y caser sur 1,4 ha ce nouveau type d’établissement pénitentiaire. Sauf qu’après avoir annoncé que le projet serait abandonné, la mairie a dû y regarder d’un peu plus près. « L’État avait déjà acheté la parcelle sous la précédente mandature, les opérateurs étaient choisis et le chantier sur le point d’être lancé », explique-t-on à la préfecture. Bref, impossible de faire machine arrière. Ce qui n’empêchera pas la municipalité de mener à bien son projet d’éco-quartier sur cette friche de plus de 40 ha.


DREUX ACCÉLÈRE SES GRANDS CHANTIERS La nouvelle municipalité drouaise n’entend pas ralentir ses projets d’aménagement. Elle souhaite au contraire accélérer le rythme d’engagements des chantiers. a nouvelle équipe municipale drouaise n’est pas avare de projets : « La crise sanitaire ne doit pas nous amener à retarder nos chantiers. C’est même tout à fait le contraire. En 2021, notre budget d’investissement s’élèvera à 26 M€, ce qui constitue un record, la jauge habituelle étant plutôt comprise entre 10 et 12 M€ », souligne PierreFrédéric Billet, devenu officiellement maire le 3 juillet. Plusieurs programmes, pour la plupart éligibles au dispositif Action cœur de ville, seront engagés

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bonne dynamique commerciale « en dépit de la crise ». Dans la continuité du chantier Pôle Gare, la Ville accompagne la construction d’un hôtel Ibis Style

commerciaux « qui ont déjà trouvé preneurs », se réjouit l’élu qui souligne que « BDM est également le promoteur du projet de complexe de loisirs Otium initié par mon

BDM EST LE PROMOTEUR DU PROJET DE COMPLEXE DE LOISIRS OTIUM ” de 60 chambres, mené par trois investisseurs locaux. Toujours dans le cadre de ce projet d’aménagement du quartier de la gare, « partagé à 50/50 par la Ville et l’agglo », une offre de locaux ter-

prédécesseur Gérard Hamel et auquel j’ai naturellement contribué ». Cet ensemble comprendra sur 27 000 m2, un hôtel, cinq restaurants, un bowling, un espace de foot en salle et une patinoire. Une

Le complexe de loisirs Otium, à Dreux, espère attirer 2 millions de visiteurs par an

dès l’an prochain. L’extension de la zone piétonne du centre-ville et la refonte intégrale de plusieurs places, dont la place Rotrou, sont au menu, ainsi que la réalisation d’un nouveau parcours chaland composé de plusieurs aménagements, « le tout pour un montant de 10 M€ », estime le maire qui se félicite du maintien d’une

tiaires est développée. Le groupe Lamotte va engager dans cette zone la construction de 5 000 m2 de bureaux, avec en ligne de mire le lancement d’une seconde tranche d’une surface équivalente. Le promoteur BDM construit à proximité immédiate un immeuble de 46 logements, la résidence Pierre July, comprenant trois locaux

première tranche devrait être livrée à la fin de l’année prochaine. « Il ne faut pas omettre dans cet inventaire le réaménagement du nord de Dreux que nous menons avec l’Anru. C’est un très gros morceau, représentant au total 130 M€ d’engagements publics, qui va se déployer au moins jusqu’à la fin du mandat. » JCS

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TERRITOIRES

LOGEMENTS NEUFS : LA CRISE EST-ELLE DEVANT OU DERRIÈRE ? La crise sanitaire aura bien sûr impacté le marché des logements neufs, mais de façon modérée. C’est finalement l’avenir qui inquiète. À court terme, la forte diminution des permis de construire se fera ressentir au second semestre 2021, au moment des mises en chantier. À plus long terme, le marché risque de souffrir de tendances sociétales qui veulent plus de verdure et moins de construction.

Le prix de l’innovation industrielle a été remis à Exia Promotion pour son programme de 46 logements et surfaces commerciales à Ormes (45)

ela n’étonnera personne, les promoteurs immobiliers garderont un souvenir mitigé du millésime 2020. « Le premier confinement s’est traduit par un arrêt brutal des réservations, des actes notariés et des délivrances de permis de construire », constate Yvain Leroy-Liberge, patron de Sully Immobilier (600 logements neufs livrés l’an passé, dont le quart en région CentreVal de Loire) et président de l’antenne régionale de la fédération des promoteurs immobiliers (FPI). Pour le confinement automnal, le choc a été beaucoup moins rude, même si « pour les réservations, c’est toujours compliqué, avec l’im-

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possibilité de recevoir des clients », poursuit notre interlocuteur qui observe que l’épisode Covid-19 a été « révélateur d’une crise larvée », alimentée à la fois par le contexte électoral et un recul des réservations de logements neufs, amorcé dès 2017 après plusieurs années de forte progression. Conséquence du printemps pourri et de l’automne frisquet, les ventes ne pouvaient que baisser, avec toutefois des différences importantes suivant les marchés. Celui de la métropole tourangelle est resté dynamique : avec 861 lots vendus sur les neuf premiers mois de l’année, la baisse par rapport à la période équivalente de 2019

est contenue (– 12 %). Idem à Chartres, où 272 lots ont été réservés sur les trois premiers trimestres, presque autant (– 9 %) qu’un an auparavant (297 lots). Subsiste le mystère de la métropole orléanaise. Là, la dégringolade est spectaculaire : 365 logements ont été réservés de début janvier à fin septembre, contre 647 l’an passé (– 44 %). Tant Yvain LeroyLiberge qu’Olivier Henry, dg de Crédit Agricole Centre-Loire Immo et président de l’Observatoire régional du logement neuf (Ocelor), se perdent en conjectures sur la morosité du marché de la capitale régionale. Et du côté mise en vente, ce n’est pas mieux : 321 en


L’autre sujet de préoccupation est la pression sociétale qui pèse sur l’acte de construire, au motif

La profession, qui remettait le 24 novembre lors d’une soirée « dématérialisée » ses huit Pyramides

LE LOGEMENT NEUF EST PLUS VERTUEUX QUE L’ANCIEN, NOTAMMENT SUR LE PLAN DE LA CONSOMMATION ÉNERGÉTIQUE ! ” qu’il favoriserait l’artificialisation des terres et densifierait les centres urbains au détriment de l’espace et de la verdure. « On a beaucoup parlé de réhabilitation du parc ancien pour le rendre plus vertueux. Mais le logement neuf est plus vertueux que l’ancien, notamment sur le plan de la consommation énergétique ! », s’insurge Olivier Henry.

d’Argent régionales à des promoteurs régionaux, a d’ailleurs récompensé les projets faisant la part belle à la végétalisation des toitures, à la décarbonation, aux logements moins énergivores… Avis lancé aux élus enclins à refuser les permis de construire pour sacrifier à l’idéologie en vogue : « Pour faire une ville durable, il faut la (re)construire. » FXB

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neuf mois, contre… 1 096 côté tourangeau où, de manière aussi inexplicable, les mises en vente ont bondi de 23 % en un an ! Au-delà du bilan comptable, qui restera à affiner en sortie de crise, la profession se projette. Avec des perspectives à court terme qui inquiètent les promoteurs : la forte diminution de la délivrance de permis de construire, largement autant due à la période électorale qu’au contexte sanitaire, provoquera immanquablement une baisse des mises en chantier à partir de la mi-2021. Et, comme le rappellent les représentants des promoteurs, la construction d’un logement génère 2,5 emplois directs et indirects sur trois à cinq ans.

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> rubrique 'Surmonter des difficultés’

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AGROALIMENTAIRE

LES CRUDETTES INVENTE LE POTAGER DE DEMAIN Grâce à la technique de l’aéroponie, Les Crudettes pourront relocaliser dans leurs propres serres la production d’une bonne partie des 24 000 tonnes de salades, légumes et herbes aromatiques que la filiale du groupe LSDH conditionne chaque année. Ce projet, baptisé Cap Vert, va se concrétiser dès l’an prochain par une première serre à visée commerciale de 8 000 m2 dans le Loiret.

Châteauneuf-sur-Loire, le spécialiste des légumes de 4e gamme Les Crudettes, filiale du groupe LSDH, expérimente depuis plusieurs mois la production de salades et d’herbes aromatiques en aéroponie. La technologie em-

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lades et les herbes sont alignées sur des clayettes en bois et plantées dans une petite motte de substrat neutre, actuellement de la mousse polyuréthane, à terme de la matière organique. La nutrition de la plante se fait par

L’aéroponie permet huit cycles de production annuels, contre deux à quatre en plein champs.

ployée a été mise au point par CombaGroup, une startup suisse dont le groupe LDSH détient 30 % du capital. Cette technique culturale rationalise la production de plantes potagères sous serre tout en préservant l’environnement. Les sa-

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la racine, maintenue en suspension dans un milieu clos obscur où un brumisateur dispense à intervalles réguliers une solution acqueuse contenant tous les éléments nécessaires à son développement (azote, phosphore, potassium, oligoéléments).

La lumière est naturelle ou, lorsqu’elle fait défaut, provient de lampes leds, tandis que la température est maintenue à environ 25°, idéale pour le développement des végétaux. Il faut compter cinq à six semaines pour que le plant – passé au stade de jeune pousse après trois semaines dans la « nurserie » de la serre – devienne une laitue ou une batavia de 300 à 400 grammes. L’aéroponie permet huit cycles de production annuels, contre deux à quatre en plein champs ; autre avantage, la date limite de consommation est repoussée de deux à quatre jours par rapport aux standards des plantes cultivées de façon traditionnelle. Et sans préjudice de la qualité : le relatif stress hydrique auquel sont confrontés les végétaux, dont les feuilles ne sont jamais arrosées au contraire des racines, renforce leur qualité gustative et notamment leur croquant. L’impact écologique est totalement bénéfique, avec une économie d’eau de 90 % et une absence totale d’intrants (pesticides, engrais ). En outre, la production des plantes


à proximité de l’usine de conditionnement évite de longs trajets en camions entre l’Europe du Sud et l’usine loirétaine. La phase d’expérimentation s’achève dans la serre de 4 000 m2 construite à l’arrière de l’usine des Crudettes. L’an prochain, une nouvelle serre de 8 000 m2 sera bâtie à St-Denis-de-l’Hôtel, à proximité du siège de LSDH : elle sera entièrement dédiée aux herbes aromatiques (basilic, coriandre, ciboulette, menthe, aneth...).

dettes tablent sur un CA additionnel de 15 à 17 M€ à l’échéance 2023 et de 50 M€ à l’échéance 2025. Mais l’impact économique des serres high-tech conçues par CombaGroup et développées par Les Crudettes — elles sont protégées par 17 brevets – sera bien supérieur. Plusieurs concurrents de la société regardent de près l’expérience qui devrait générer un CA de 200 M€ d’ici à 2025. Une nouvelle structure commerciale, pilotée

UN BRUMISATEUR DISPENSE UNE SOLUTION CONTENANT TOUS LES ÉLÉMENTS NÉCESSAIRES À LA PLANTE ” « Je ne vendrai jamais de salades aux Américains, mais je leur vendrai peut-être mes serres », se réjouit Emmanuel Vasseneix. Le patron de LSDH envisage de créer une quinzaine d’hectares de serres à proximité des deux sites industriels des Crudettes, à Châteauneuf-surLoire et à Cabannes (13), près de Cavaillon. Ces projets, qui nécessitent un investissement important – un hectare d’une serre de ce type coûte environ 6 M€ – , seront conduits en partenariat avec des maraîchers locaux ; ils devraient générer un CA annuel compris entre 25 et 30 M€ qui viendront en moinsvalue des achats de légumes et de salades en Europe du Sud, avec une diminution de l’empreinte carbone du groupe. Grâce au label « sans pesticides » de cette nouvelle gamme, Les Cru-

LES CRUDETTES GARNISSENT LEUR CORBEILLE

par Les Crudettes, sera créée pour commercialiser l’offre technologique et les produits issus de Cap Vert. L’aspect social n’est pas neutre : 25 postes en CDI ou en CDD devraient être créés chez les maraîchers partenaires et une cinquantaine aux Crudettes, dont 40 en usine et 10 à la force de vente. Plus de la moitié de ces postes pourront être occupés par une main d’œuvre non qualifiée. « Nos serres ne consomment pas de terres agricoles, conclut Emmanuel Vasseneix. On peut très bien les créer sur des friches industrielles, en périphérie des grandes agglomérations. Les habitants et les supermarchés des environs pourraient venir s’approvisionner directement dans une démarche de circuit court. »

Quelques jours après avoir présenté sa serre expérimentale Cap Vert, Les Crudettes, filiale du groupe loirétain LSDH, a annoncé le rachat de deux sociétés sœurs, Corbeilles et Micol, toutes deux localisées à Bezons (95). Spécialisées dans la découpe fraîche de fruits à destination des traiteurs et de l’hôtellerie haut de gamme (leurs corbeilles, brochettes et billes de fruits sont notamment servies dans des palaces parisiens), leurs gammes de produits vont compléter les activités snacking et traiteur des Crudettes, n°2 français de la 4e gamme (légumes et fruits frais crus, lavés, épluchés et découpés) avec 25 % de part de marché. Les dirigeants et fondateurs de Corbeilles et de Micol (4,2 M€ de CA et 70 personnes à elles deux) cherchaient une solution pour leur succession ; l’opération leur permet « de rejoindre un groupe familial reconnu ».

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AGROALIMENTAIRE

LSDH CONTINUE D’INVESTIR La Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel (LSDH) ne se repose pas sur ses lauriers. Cette ETI de 2 000 personnes, qui table sur un CA de 900 M€ en fin d’année, investit à tour de bras sur ses différents sites de production, soit 300 M€ sur les trois ans à venir.

Le groupe LSDH va renforcer ses capacités d’embouteillage autour du site historique de St-Denis-de-l’Hôtel.

i, comme on peut le lire dans les pages qui précèdent, sa filiale Les Crudettes innove et investit, l’activité historique de conditionnement de liquides alimentaires de La Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel (LSDH) n’est pas en reste. Outre les travaux du nouveau site de conditionnement de liquides alimentaires Abeille 2 à Cholet (49), qui commenceront en début d’année prochaine – 50 000 m2 pour un investissement de 140 M€ –, le groupe dirigé par Emmanuel Vasseneix

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renforce significativement ses capacités logistiques dans le Loiret. Un magasin de stockage est en cours de construction à St-Denis-de-l’Hôtel et deux plateformes vont être mises en chantier. La première à Châteauneuf-sur-Loire (projet Fraichelog), où le groupe mutualisera le stockage, la préparation et l’expédition des produits frais. Cette plateforme, d’une capacité de stockage de 14 000 palettes et 1 000 références, sera mise en exploitation début 2022. LSDH a chargé une autre société

loirétaine, Alstef, d’équiper cet entrepôt frigorifié (2 à 4°) en transstockeurs automatisés. Un second projet, vieux de deux ans, devrait prochainement être lancé sur la zone d’activité commune à Fay-aux-Loges et Donnery, à 5 km au nord de StDenis-de-l’Hôtel : sur ce site, qui accueille déjà une usine d’embouteillage de 28 000 m2 exploitée par Orangina Suntory (190 salariés), une plateforme de 30 000 m 2 devrait être construite dans le courant de l’année prochaine. Un atelier d’extraction végétale – INOVé – complètera le dispositif industriel du groupe. Bâti sur une emprise de 17 ha jouxtant le site de St-Denis, cette unité de 20 000 m 2 , budgétée à 35 M€, permettra d’extraire des jus de soja, de riz, d’avoine ou de quinoa pour alimenter l’usine d’embouteillage voisine : les laits végétaux, dont la consommation augmente régulièrement, représente à peu près 10 % du volume produit par l’usine dyonisienne pour des marques comme Sojasun. Les travaux débuteront l’an prochain pour une livraison en 2023. FXB


AXÉRÉAL AU PAIN SEC Le groupe coopératif régional aurait l’intention de supprimer 220 postes, soit un peu plus de 5 % de son effectif. es nouvelles orientations du groupe coopératif agricole Axéréal, présentées au mois d’octobre, ont prévu de gagner 30 M€ en productivité. Les conséquences de cette roadmap stratégique ne se sont pas fait attendre. Afin d’atteindre au plus tôt l’objectif, la direction vient de présenter aux représentants du personnel un projet prévoyant la suppression de 220 postes et d’une centaine de sites, essentiellement pour le stockage des céréales. Selon la direction du

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groupe qui se déploie sur 16 départements dont ceux de la région Centre-Val de Loire, « il est encore beaucoup trop tôt pour mesurer les impacts sociaux et leur ventilation par département. Les négociations avec les délégués syndicaux viennent tout juste de débuter ». Cette réorganisation « ambitieuse » a pour but d’intégrer les nouvelles contraintes climatiques et d’approvisionnement, en une phrase « d’accélérer la transition agroécologique et digitale ».

Les trois syndicats (CFDT FGA, Sdacoopa-Solidaires et Unsa 2A), qui vont tenter « de minimiser les suppressions de postes » du futur PSE, ont une tout autre lecture de cette « ambition ». Ils redoutent, quant à eux, des modifications radicales du modèle coopératif et une « importante perte de proximité avec les agriculteurs ». Axéréal, dont le siège est installé à Olivet (45), réalise un CA de 3,2 Md€ avec 4 000 salariés, dont 3 000 en France. FXB

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AGROALIMENTAIRE

LA CRISE N’AURA PAS ÉBRANLÉ LES LAITERIES TRIBALLAT Fortes de leur ancrage local et de produits hors modes, les laiteries de Rians (800 employés en ETP dans le Cher, 1 500 au total en France) ont su faire preuve d’agilité pour s’adapter à la crise sanitaire et envisager l’avenir avec ambition. a crise due à la Covid-19 n’aura pas ébranlé les laiteries Triballat, un établissement implanté depuis quatre générations à Rians (18) et bien campé sur ses valeurs. Hugues Triballat, son pdg (ci-dessous), se dit fier d’avoir traversé deux confinements successifs sans encombre, ni pour les quelque 200 producteurs de lait de vache et de chèvre auprès desquels les laiteries s’approvisionnent, ni pour les salariés : « Nous avons su mener de front une gestion en amont, en conservant et en resserrant nos liens avec nos producteurs, et une gestion en interne, avec notamment une production adaptée à la variation des marchés. Comme la culture de la microbiologie est forte chez nous, nos salariés se sont toujours sentis en sécurité

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et fiers de pouvoir continuer à nourrir la France. » L’entreprise n’a pas eu besoin d’avoir recours au chômage partiel, au besoin en réaffectant les équipes des ateliers de pro-

le CA 2020 devrait avoisiner celui de 2019 (environ 300 M€). L’année 2021 devrait être marquée par la célébration des 120 ans de la marque Rians et le développement d’une filière chèvre bio et

NOS SALARIÉS SE SONT TOUJOURS SENTIS FIERS DE POUVOIR CONTINUER À NOURRIR LA FRANCE ” duction touchés par une baisse d’activité (produits à l’export, produits de restauration ou crémiers) vers la préparation de commandes et la distribution, ou bien en mettant au télétravail les équipes administratives et support. Il faut dire que durant les confinements, les laiteries Triballat ont pu s’appuyer sur une gamme de produits forts et indémodables (faisselle, crèmes brûlées, crottin). D’ailleurs,

de nouveaux canaux de vente (e-commerce, magasins de proximité…). Les équipes marketing et vente planchent également sur l’engagement du groupe en termes de Responsabilité sociale et environnementale (RSE). L’accent sera mis sur l’élevage (bien-être animal, durabilité, biodiversité), ses savoir-faire en matière de triage, d’affinage à la main et de moulage à la louche et la réduction de son empreinte carbone avec l’écoconception de ses emballages. Enfin, elle continuera d’acheter à des producteurs locaux sur ses AOP (Selles-surCher, Pouligny-Saint-Pierre, Rocamadour…) tout en privilégiant le volet interne (qualité de vie au travail, ancrage local et engagement social…). Serge Daniel


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AGROALIMENTAIRE

PIERRE MARTINET, RÉGLÉ COMME DU PAPIER À MUSIQUE Covid-19 ou pas, l’usine de La Selle-sur-le-Bied produit 27 000 tonnes de crudités chaque année. Entre février et août, les recrutements d’intérimaires suivent un rythme qui s’emballe. e « traiteur intraitable » Pierre Martinet ne transige pas sur les quantités. Quand la demande est là, et que la crise sanitaire ne l’affaiblit pas, tout au contraire, il faut alimenter les lignes de production de barquettes de carottes râpées, taboulé, céleri, etc. Dans l’usine de La Selle-sur-le-Bied (45), la plus grande du groupe

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française, à défaut d’être totalement local, réglé comme du papier à musique : un camion de 30 tonnes de carottes est vidé en 45 minutes et l’usine en réceptionne 4 à 5 tous les jours. « Nous travaillons avec la grande distribution. Tous les ans, les contrats sont remis en cause en période de négociations, mais nous sommes leaders et on devrait re-

confrontés aux mêmes vagues qui nous demandent d’être très réactifs », complète Denis Carbonnelle. Tout repose donc sur la bonne jauge en termes d’effectifs. En 1996, année où Pierre Martinet a acquis la société Louis Lemoine et son unité de La Selle-sur-leBied, le site loirétain employait 35 salariés. Aujourd’hui, il compte

À La-Selle-sur-le-Bied, une usine agroalimentaire au milieu des champs

Pierre Martinet avec sa surface de 23 000 m2, le rythme est soutenu : « On produit 27 000 tonnes de salades en tout genre et 2 000 tonnes de quiches », explique Denis Carbonnelle, le directeur du site. Par heure, ce sont pas moins de 10 tonnes de carottes râpées qui sortent des lignes de production, prêtes à être consommées. Avec un approvisionnement d’origine

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partir sur les mêmes bases et les mêmes effectifs pour la période saisonnière allant de février à fin août », poursuit, confiant, Denis Carbonnelle. D’autant que les deux confinements, au printemps et à l’automne, ont produit les mêmes effets : « Trois jours avant, on double nos ventes ; puis, il y a quatre ou cinq jours plus calmes, et ça repart ensuite. Nous sommes

170 salariés à temps complet et jusqu’à 250 durant la saison où l’activité se démultiplie. « On a fait rentrer une agence d’intérim dans nos murs. Elle a la priorité sur les recrutements, mais nous pouvons aller chercher ailleurs si besoin. Former quelqu’un est assez compliqué, ça prend entre trois semaines et un mois et nous apportons évidemment une im-


portance centrale à la sécurité alimentaire, il nous faut donc des gens compétents. Même si les lignes sont automatisées, quand on néglige un réglage, on perd très rapidement 10 à 15 tonnes de taboulé », détaille Denis Carbonnelle.

La production fait d’ailleurs l’objet d’une surveillance de tous les instants : « Toutes les deux heures, j’ai un point précis sur la situation de l’ensemble de nos lignes. Je sais dans le détail où en est l’usine. Le rythme étant soutenu, il est nécessaire d’accompagner notre personnel ». Et face à ce défi de la production intense, Denis Carbonnelle a instauré un principe de base : « Faire d’une contrainte une opportunité ». Un créneau qui est devenu une règle de conduite pour l’ensemble des salariés. Y compris pour les quelque soixante saisonniers qui, chaque année, sont positionnés en première ligne dès février.

Pierre Martinet et son épouse Nurdan, qui le seconde

PIERRE MARTINET, L’INTRAITABLE Parti en 1968 d’une boucheriecharcuterie dans l’Ain, Pierre Martinet a construit une entreprise qui affichait en 2018 un CA de 165 M€. En 1970, il développe ses ventes sur les marchés avec une salade de museau de bœuf. Puis est venu le taboulé… Un demi-siècle plus tard, Pierre Martinet, 73 ans et toujours patron d’une entreprise dont le capital est familial (84 %), vend une salade toutes les deux secondes, mais aussi des smoothies de légumes qu’il exporte jusqu’au Japon. Il emploie 700 personnes.

Johann Galy

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AGROALIMENTAIRE

MADEMOISELLE DESSERTS VA REMETTRE LE COUVERT À l’issue d’une année chaotique, le site d’Argenton-sur-Creuse du spécialiste des solutions de pâtisserie destinées aux professionnels va repartir de l’avant avec de nouveaux investissements. ans le sud de l’Indre, l’ancien site des Pâtisseries Michel Kremer, qui bat pavillon Mademoiselle Desserts depuis septembre 2018, a dû batailler ferme contre des creux de production importants. Au printemps, la crise sanitaire avait mis totalement à l’arrêt la restauration hors foyer, tandis que la grande distribution affectait son personnel à d’autres rayons que la pâtisserie. « Le confinement de mars à mai nous a fait beaucoup de mal, bien plus que celui d’octobre-novembre, avec la fermeture du secteur de l’hôtellerie-restauration et des débouchés moindres dans les GMS. En avril, notre usine de production a connu une baisse d’activité de l’ordre de 70 % », concède Thomas Dupré, directeur du site indrien (224 employés).

D

« Pour l’amortir, nous avons utilisé les soldes de congés payés et de RTT, avant d’avoir recours aux mesures de chômage partiel. Si toutes nos équipes ont été im-

Pour autant, grâce au soutien du groupe dont la trésorerie était suffisamment solide pour encaisser une telle crise, aucun licenciement n’est à prévoir.

LE GROUPE VA PROCÉDER POUR 1,5 À 2 M€ D’INVESTISSEMENTS À ARGENTON ” pactées, la production et la supply chain ont été les plus touchées », poursuit-il. Seule la ligne de production de chouquettes surgelées a continué à tourner à plein pour fournir les GMS et les boulangeries Marie Blachère. Le volume de production annuelle du site affiche ainsi une baisse de 25 à 30 % quand le CA argentonnais, qui était de 40 M€ en 2019, devrait accuser une perte de 30 à 50 % en 2020.

Le fondant au chocolat, qui a fait la réputation de la pâtisserie argentonnaise

Dans les prochains mois, Mademoiselle Desserts va procéder pour 1,5 à 2 M€ d’investissements ià Argenton ; ils seront notamment dévolus à la transformation de la chaîne du froid pour la rendre moins énergivore et moins productrice de gaz à effet de serre. D’autres chantiers, comme l’automatisation de certains postes à forte pénibilité ou de mise en sécurité d’équipements, feront évoluer le site qui restera ainsi compétitif : « Nous avons la capacité humaine et en matériel pour réappuyer sur l’accélérateur dès que possible », conclut Thomas Dupré qui espère que le secteur de l’hôtellerie-restauration pourra rouvrir rapidement en début d’année, afin que le rebond économique intervienne au plus tôt. Serge Daniel


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EYES’R GARDE UN ŒIL SUR LA SÉCURITÉ AU TRAVAIL Installée à Montargis, la startup Eyes’R a fondé son développement sur la commercialisation d’une solution d’intelligence artificielle qui permet de concevoir des stratégies de prévention des risques professionnels.

«J

e me suis aperçu que la prévention du risque professionnel n’était pas du tout digitalisée et croulait sous la paperasse » : c’est sur ce constat que Florian Ruen a fondé en 2018 sa startup Eyes’R. Cet ingénieur en informatique industrielle, passé sous les fourches caudines de l’apprentissage, s’est donc employé dès sa sortie d’études à développer une solution logicielle

La solution d’Eyes’R autorise l’analyse des données

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fondée sur l’intelligence artificielle (IA) ; elle permet aux industriels, logisticiens ou entreprises de BTP d’échafauder des politiques de prévention adaptées.

en évidence l’omission d’un équipement de sécurité par une majorité de salariés dans une situation donnée, « il est sûrement temps de lancer des actions cor-

NOTRE SOLUTION, AUTOAPPRENANTE, EST FONDÉE SUR L’ANALYSE DES IMAGES DE VIDÉOSURVEILLANCE ” « Notre solution, autoapprenante, est fondée sur l’analyse des images de vidéosurveillance », explique Florian Ruen. Elle permet de détecter et de signaler avec des temps de latence d’une vingtaine de secondes des comportements inappropriés qui mettent en danger le salarié ou l’ensemble de l’effectif : « Cela va du simple oubli du port du casque à des comportements fautifs plus complexes ». L’intérêt de cette application est de pouvoir être exploitée à un double niveau : « Elle peut être utilisée comme détecteur immédiat d’une situation dangereuse. Elle autorise aussi l’analyse des données, très utiles à l’élaboration de politiques HSE (hygiène, sécurité et environnement, NDLR) ». Par exemple, si l’application met

rectives comme, par exemple, une formation ». Disponible depuis le début de l’année, la solution d’IA d’Eyes’R, « fondée sur l’installation d’un boîtier qui peut être paramétré en une seule semaine », n’a pour l’heure séduit ... qu’un seul client. « Nous aurions pu faire mieux, mais la crise sanitaire a gelé beaucoup de projets », estime Florian Ruen qui anticipe un fort rebond commercial dès que le contexte va s'améliorer. Eyes’r, qui emploie 4 personnes dans le centre-ville de Montargis, n’a eu besoin que de love money et d’un emprunt bancaire pour ses premiers tours de roue. « Mais il est probable que nous tentions une levée de fonds en 2021. Nous allons devoir étoffer notre effectif », prévient le jeune patron. JCS


PHARMEDIGROUP VA ÉTOFFER SON RÉPERTOIRE Créé en 2017 par Antoine Laurent, Pharmedigroup développe toute une palette de services pour les pharmacies d’officine. Installée à Azay-sur-Cher, elle vient de lever 2 M€. a toute jeune société Pharmedigroup, dont le siège se trouve à Azay-sur-Cher, au sud-est de Tours, connaît une croissance étonnante qui a retenu toute l’attention des investisseurs. Elle vient d’ailleurs de réaliser une augmentation de capital de 2 M€ accompagnée par le fonds d’investissement ré g i o n a l Loire Valley Invest, au côté de plusieurs fonds et business angels, (Cel e s te Ma-

L

Pour Antoine Laurent, la pharmacie de demain sera connectée

nagement, Angelsquare, Val deFrance Business Angels...) Créée en 2017 par Antoine Lau-

L’ensemble de ces activités en forte croissance représente un CA revendiqué de quelque 10 M€

LES DIRIGEANTS PRÉVOIENT DE DOUBLER L’EFFECTIF D’ICI À LA FIN 2021 ” rent, Pharmedigroup a fondé son modèle sur la constitution d’une offre de services aux pharmaciens d’officine à partir de trois structures : Pharmedistore (marketplace BtB proposant une gamme de produits de parapharmacie), Pharmedisound (sonorisation et animation des points de vente) et Pharmed’Insight (études marketing à partir de données recueillies en pharmacie). « La pharmacie de demain sera connectée, explique Antoine Laurent. Elle doit simplifier ses processus d’approvisionnement pour libérer du temps dans le but de dispenser conseils et missions de santé publique, tâches pour lesquelles elle est de plus en plus sollicitée. Et l’officine doit valoriser et traiter ses datas afin de contribuer à la progression de notre système de santé ; elle doit aussi diversifier ses sources de revenus pour faire prospérer son activité. »

pour 12 salariés répartis entre Azay-sur-Cher (5 salariés) – où le groupe exploite un entrepôt – et Boulogne-Billancourt (92). Selon un porte-parole, le choix d’installer le siège en Touraine « tient à un coup de cœur personnel éprouvé par le fondateur. Il n’y avait à l’origine aucun lien avec un projet professionnel ». Ces concours vont permettre au groupe « d’accroître le nombre de partenaires et clients, de renforcer la collaboration avec les laboratoires et de réaliser très probablement une opération de croissance externe ». Les dirigeants prévoient également de doubler l’effectif d’ici à la fin 2021. Selon eux, toutes ces nouvelles embauches se feront sur le site d’Azay-sur-Cher. Lorsqu’un coup de cœur se transforme en coup gagnant pour le territoire… JCS

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ENTREPRISES

TACTYS, LE CLAVIER 100 % DÉSINFECTABLE C’est d’une ferme d’Orbigny, à deux pas du ZooParc de Beauval, que Jean-Michel Mauger conçoit ses claviers d’ordinateur en verre, entièrement désinfectables. ela fait un an que Jean-Michel Mauger est venu planter ses valises professionnelles à Orbigny, dans le sud Touraine, entre le village médiéval de Montrésor et le ZooParc de Beauval. Il a quitté la région parisienne pour concevoir, au vert, dans cette ferme isolée où il réside, ses claviers d’ordinateur tactiles en verre trempé, entièrement lavables et donc 100 % désinfectables. Cela ne surprendra personne qu’en pleine crise sanitaire, il s’apprête à boucler l’année 2020 avec des ventes deux fois supérieures à celles de l’an passé. Le clavier Tactys est composé d’une dalle de verre sur laquelle sont sérigraphiées des touches,

C

meurs sérigraphes sont en Normandie, les cartes électroniques conçues en région parisienne et le tout assemblé à l’Esat Les Ormeaux, à Montlouis-sur-Loire.

LE NOMBRE DE BACTÉRIES EST RÉDUIT DE 10 000 APRÈS DÉCONTAMINATION SUR UN CLAVIER TACTYS ” Le verre permet de nettoyer toute la surface plane avec une simple lingette imbibée d’une solution désinfectante, sans laisser de résidus entre les touches, comme un clavier en silicone fabriqué à l’autre bout de la planète. La laboratoire

Une simple lingette suffit à nettoyer la dalle de verre

d’une carte électronique collée sur le verre et de toutes les prises nécessaires pour relier le clavier aux différents périphériques. Rien n’est fabriqué sur place, les impri-

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Cela représente un coût, mais l’ultra-propreté a un prix : 229 € HT l’unité pour un premier modèle filaire équipé de prises USB. Il faudra compter 100 € HT de plus

Pasteur de Lille a démontré que le nombre de bactéries est réduit de 10 000 après décontamination sur un clavier Tactys, contre 100 pour un clavier en silicone.

pour ajouter un Touchpad au pavé numérique classique et encore un peu plus pour le même modèle sans fil, relié à l’ordinateur par bluetooth. Les débouchés naturels de ces produits sont naturellement les métiers nécessitant une hygiène irréprochable, comme l’industrie pharmaceutique ou le milieu hospitalier. Mais depuis le déclenchement de la crise, Tactys s’est ouvert à de nouveaux marchés, comme la RATP, qui en a équipé sa salle de contrôle où se relaient en permanence des agents de surveillance. Pour compléter sa gamme, la société développe aussi des claviers sur-mesure et des applications IHM (interface hommes machines) reposant sur le même principe. Renseignements : info@tactys.com FXB


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ENTREPRISES

FM LOGISTIC DOPÉ PAR LA COSMÉTIQUE a cosmétique continue de doper l’activité du logisticien FM Logistic qui exploite plusieurs plateformes dans le Loiret, à Escrennes, St-Cyren-Val et Neuville-aux-Bois. L’unité d’Escrennes (environ 40 000 m2 de surfaces développées), qui

L

compte déjà parmi ses clients les groupes Sephora et Cartier, va accueillir au printemps un nouveau donneur d’ordre de ce secteur. Ce contrat conduit le groupe à engager un agrandissement d’environ 50 000 m2 : ces capacités pourront assurer le stockage de 60 000 à 70 000 palettes. La réception du bâtiment est envisagée pour le début de l’année 2021. L’investissement devrait avoir un impact très bénéfique sur l’emploi puisque la direction prévoit de recruter près de 200 collaborateurs sur un site qui compte aujourd’hui une centaine de salariés. « Ce qui représente

près de la moitié des recrutements qui seront réalisés par le groupe en 2020 », nous indique un porteparole de l’entreprise. Sur son dernier exercice clos à la fin mars, marqué par le gain de plus de 150 M€ de nouveaux contrats dont une part importante dans la cosmétique-santé-beauté (en croissance de 20 %), FM Logistic a enregistré un CA de 1,4 Md€, en hausse de 8,7 %. Si la crise sanitaire a frappé le logisticien, celui-ci a réussi à traverser « cette secousse sans suspendre l’exploitation sur aucune des 30 plateformes françaises et sans recourir à des mesures de chômage partiel ».

APRÈS CHRISTIAN DIOR ET L’ORÉAL, COSMETIC PARK SE REMPLIT ans les derniers jours d’octobre, la foncière Arefim GE a annoncé un nouvel arrivant sur le Cosmetic Park. Le groupe Deret s’installera en effet à la fin de l’année prochaine dans un entrepôt de 28 000 m2 construit par la foncière Arefim en charge du développement de ce parc thématique de 78 ha situé entre Boigny-sur-Bionne et Vennecy (45). Selon ses promoteurs, la surface de la plateforme pourra être portée à 62 000 m2 en fonction du développement de l’activité. L’utilisateur

D

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sera un distributeur français de produits cosmétiques, probablement Sephora, déjà client de Deret. Cet accord est intervenu après l’annonce, fin septembre, du projet d’installation de L’Oréal qui va engager la construction d’une plateforme logistique de 35 000 m2, intégrant 2 300 m2 de bureaux. Elle devrait être livrée à l’automne 2021 et pourrait employer jusqu’à 250 salariés. Rappelons que les Parfums Christian Dior occupent depuis le mois d’août un bâtiment de 20 000 m2 à l’entrée du parc ;

il sert au stockage des matières premières utilisées par l’usine de St-Jean-de-Braye.


ART-TECH REPLIE LES AILES Vineuil (41), le mécanicien de précision Art-Tech a été forcé de s’adapter à la forte baisse de son activité. La société, qui conçoit et produit des pièces de précision pour les équipementiers aéronautiques, a divisé ses effectifs par deux après avoir épuisé tous les dispositifs de soutien et d’accompagnement comme le chômage partiel. « Il y a tout juste un an, Art-Tech employait 33 salariés. Après quelques départs volontaires et 6 licenciements économiques, notre effectif ne compte plus depuis cet automne que 16 collaborateurs. C’est très difficile mais nous n’avons pas eu le choix », déplore Anibal Da Silva, le prési-

À

dent de l’entreprise qui a vu une bonne part de son chiffre d’affaires partir en fumée. « Nous avons clôturé l’exercice 2019-2020 à 2 M€, contre 3,15 M€ l’année précédente », poursuit le dirigeant qui confirme avoir été surpris par la violence du choc : « Lors du dernier Salon du Bourget, les donneurs d’ordre nous avertissaient qu’il allait falloir augmenter les cadences. Ils nous ont même demandé d’investir dans la formation des salariés ». Prudent, Art-Tech avait réussi ces derniers temps à diversifier son portefeuille client puisque « l’aéronautique ne représentait plus que 54 % de notre facturation avec trois clients. Mais nous ne

Anibal da Silva, à gauche, avec le président d’Agglopolys Christophe Degruelle

pouvions pas prévoir qu’un secteur entier allait s’écrouler ».

MK AIR ÉVITE LE DÉCROCHAGE pécialisée dans la fabrication de pièces de moteurs d’hélicoptères, la société castelroussine MK Air a vu l’horizon s’éclaircir, quinze mois après son redressement judiciaire de juin 2019. Le 18 septembre, le tribunal de commerce de Châteauroux a approuvé le plan de reprise porté par Pierrick James et son associé Thierry Depond, deux cadres de l’entreprise. Le projet s’appuie sur

S

la création d’une société nouvelle, Soairtech, qui a repris 18 des 30 salariés. « Notre plan de charge anticipe un CA de 2,2 M€ en 2021, contre 2,9 M€ en 2019 et 3,4 M€ en 2018 », nous indique Pierrick James qui souhaite réorganiser les flux et gagner en qualité. « La crise sanitaire a accéléré des difficultés anciennes qui doivent faire l’objet d’actions correctives ». Soutenu par une banque de la

place, Initiative Indre et la Région Centre-Val de Loire, le dirigeant a injecté 400 000 € dans la reprise du stock et des actifs ainsi que dans la reconstitution du fonds de roulement. La société, qui réalise la moitié de son chiffre d’affaires pour le secteur de la défense, 20 % dans l’aéronautique civile et le solde réparti dans divers secteurs industriels, compte parmi ses principaux clients Safran Helicopter Engines.

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ENEN BREF BREF

LA DÉCONFITURE RÉGIONALE DE SANDVIK

e groupe suédois Sandvik (métallurgie et outillage industriel), qui possédait il y a encore peu quatre unités industrielles en région Centre-Val

L

AUXITROL DÉGRAISSE La liste des sous-traitants régionaux victimes de la crise de l’aéronautique s’allonge. La direc tion de l’équipementier Auxitrol Weston, à Bourges (18), a annoncé son intention de supprimer 124 postes sur un effectif de 437 salariés. Les détails de cette réorganisation ne sont pas encore totalement fixés, mais il semble qu’elle puisse prévoir un volet de départs volontaires. Détenu par l’équipementier aéronau tique américain TransDigm, Auxi-

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de Loire et y employait plus de 600 salariés, n’en comptera bientôt plus que la moitié. Après la fermeture de l’usine Sandvik Coromant de Fondettes (37) et la suppression de 161 postes il y a dix-huit mois, ce sont les unités d’Orléans et de Chârost (18) qui sont touchées. La première va perdre 81 postes sur 183 au printemps 2021 : le site avait bénéficié l’an passé de quelques transferts de salariés en provenance de Fondettes. Quant à la seconde (51 salariés), elle semble vouée à une fermeture en deux temps : l’activité aéronautique (tubes en acier pour moteurs, trains d’atterrissage et

ailes) n’est assurée que jusqu’au 31 mars prochain, l’activité de la division nucléaire ayant une visibilité pour seulement encore un an. Seule à échapper au naufrage, la filiale Seco Tools France (outils coupants pour l’industrie) vient d’emménager dans un siège social tout neuf, avenue de la Prospective à Bourges (18). Mais la crise de l’aéronautique est passée par là et la part de ce secteur dans le chiffre d’affaires a fondu. La direction vient de conclure un accord d’APLD pour six mois qui entraîne une réduction d’environ 20 % du temps de travail de l’ensemble des salariés.

trol conçoit et fabrique des capteurs et des sondes de pression et de température installés notamment sur les aéronefs commerciaux. Face à la baisse de la charge, l’entreprise a utilisé tous les outils et

aides mis à sa disposition (chômage partiel qui va se poursuivre jusqu’en mars, arrêt des contrats précaires), mais elle doit aller plus loin pour assurer sa pérennité. Les premiers licenciements pourraient intervenir en février.


LA SCAEL ACQUIERT BIAGRI ET CERALIM La société coopérative agricole d’Eure-etLoir (Scael), qui enregistre en CA global de 1,2 Md€ et compte 400 salariés, a bouclé récemment deux opérations de croissance externe. Elle vient tout d’abord de prendre une participation majoritaire au capital du chartrain Biagri (62 M€ de CA en 2019, 20 salariés), l’éditeur du site de négoce de produits et fournitures de l’agriculture en ligne comparateuragricole.com, installé à Chartres ; la startup avait récemment été soutenue par Loire Valley Invest. Parallèlement, la Scael a pris une participation majoritaire au capital du laboratoire orléanais Ceralim (1 M€ de CA, 17 salariés), spécialisé dans les analyses en microbiologie alimentaire, des eaux, de l’hygiène hospitalière et de la cosmétique. Il viendra en soutien du laboratoire Microsept (microbiologie), basé à Angers et également détenu par la coopérative chartraine.

MOBIVIA CHOISIT MEUNG-SUR-LOIRE POUR SA LOGISTIQUE

Le premier bâtiment de 100 000 m2 construit par Mountpark Properties sur le Parc Synergie Val de Loire a trouvé preneur. Le leader européen de l’entretien de véhicules Mobivia (Norauto, ATU, Midas, Carter Cash, Altermove, Auto5) vient de retenir cette plateforme pour y installer un centre logistique national dans le cadre de la transformation de sa supply chain. Ce déploiement devrait susciter la création de quelque 250 emplois à plein temps et environ 350 à 400 emplois saisonniers. La livraison du bâtiment est prévue pour le second trimestre 2021. Mobivia s’appuie sur un réseau commercial de 2 070 ateliers et magasins automobiles en France et à l’international. Mountpark Properties poursuit la commercialisation d’un second bâtiment de 74 000 m2, toujours sur Synergie Val de Loire.

ACQUISITION POUR DARDONVILLE PLATEFORME LOGISTIQUE À VIERZON Le développeur de sites logistiques Virtuo Industrial Property vient de dévoiler son projet de création, d’ici à 2023, d’une plateforme logistique de 80 000 m2 sur le parc technologique de Sologne, à Vierzon. La CdC Vierzon Sologne Berry s’apprête à lui céder pour 2,2 M€ une parcelle de 17 ha située en bordure de la D926, à proximité de trois autoroutes (A71, A20 et A85). Le bâtiment à construire comptera une dizaine de cellules pouvant accueillir un ou plusieurs utilisateurs mais aucun n’a encore signé. Le montant de ce programme, qui pourrait créer une centaine d’emplois, s’élève à plusieurs dizaines de millions d’euros. C’est la première implantation en région Centre-Val de Loire de Virtuo Industrial Property qui a déjà des implantations à Paris, Lyon et Marseille.

Installée à Villemandeur et St-Jean-le-Blanc (45), la société Dardonville (6,7 M€ de CA en 2019, 27 collaborateurs), spécialisée dans la fourniture de produits industriels, vient de réaliser une opération de croissance externe. Dardonville, qui appartient au holding Opale contrôlé par Jean-Charles Quensierre, a acquis le vierzonnais Barachet Mathat. Fondée en 1918, cette entreprise (1,8 M€ de CA, 6 salariés) distribue également des fournitures industrielles plutôt tournées vers le soudage, les abrasifs et les matériels électroportatifs : elle est désormais dirigée par Pierre Douche (ci-dessus). Selon Jean-Charles Quensierre, d’autres acquisitions réalisées « en ou hors de la région », pourraient venir renforcer son groupe.

La LaLettre LettreValloire Valloire--Septembre Décembre 2020

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EN VUE

RÉGION Simon Karleskind devient sous-préfet de la région Centre-Val de Loire Ingénieur des Ponts, des Eaux et des Forêts et diplômé de l’École polytechnique, Simon Karleskind a été nommé par décret du président de la République souspréfet à la relance auprès du préfet de la région Centre-Val de Loire, préfet du Loiret ; il aura pour mission de soutenir la mise en œuvre du plan France Relance sur le territoire régional. Au cours de sa carrière, il a occupé les postes de conseiller économie sociale et solidaire, puis directeur de cabinet à la Délégation interministérielle à l’accueil et à l’intégration des réfugiés.

CHER Hervé Le Breton prend la direction des sites de Bourges et La Chapelle-St-Ursin du groupe d'armement terrestre Nexter, qui emploient respectivement 623 et 381 salariés à la fabrication de munitions et d'armes de moyen et gros calibres ; il succède à Eric Perrono qui prend d’autres fonctions au sein du groupe. Hervé Le Breton dirigeait précédemment le site Nexter de Tarbes (65). José de Carvalho a pris la direction de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire, où il succède à Jean-Marie Boursier qui rejoint la centrale de Paluel (76) au même poste. José de Carvalho était précédemment directeur adjoint de la centrale de Belleville qu'il avait intégrée en 2018. Le maire de St-Loup-des-Chaumes et président de l’association des maires du Cher Philippe Moisson a été réélu président du syndicat départemental d’énergie du Cher (SDE 18) pour un mandat de six ans ; il était seul candidat à sa succession. Le SDE 18 regroupe les 290 communes du département et 16 communautés de communes.

INDRE-ET-LOIRE La société Metronic, spécialisée dans l’électronique grand public basée à Tauxigny, au sud de Tours, est dirigée depuis quelques semaines par Cyrille Mayolle. Ce dernier a succédé à Nicolas

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La Lettre Valloire - Décembre 2020

Razafinjato qui a quitté la filiale du groupe HF Company, présidé par Yves Bouget. Cyrille Mayolle, 56 ans, était auparavant président de Sigura France, société de traitement d’eau pour les piscines située à Amboise. Metronic, qui a réalisé plus de 26 M€ de CA en 2019, est positionné sur le marché porteur des accessoires et équipements pour la télévision, l’audio, le multimédia et la téléphonie. Le conseil d’administration de l’université de Tours a élu un nouveau président en la personne d’Arnaud Giacometti, jusqu’ici co-directeur de la faculté des sciences et techniques (du site de Blois principalement) ; en lice face à Claude Ophele, il a obtenu 21 voix sur 36. Son mandat aura une durée de quatre ans.

LOIR-ET-CHER François Fromet, maire de Vineuil et vice-président finances la communauté d’agglomération de Blois Agglopolys, a été réélu président de la SEM 3 Vals Aménagement pour un mandat de six ans. Cette

société d’économie mixte d’aménagement et de construction s’appuie sur une équipe de quinze collaborateurs : Agglopolys en est actionnaire à 26 %, la Ville de Blois à 12 %, le Département de Loir-et-Cher à 24 % et la Caisse des Dépôts à 15 %.

LOIRET Le 19 novembre, le conseil d’administration de la Fédération du bâtiment et des travaux publics

du Loiret (FFB 45) s’est donné pour président Erwan Croixmarie, président du groupe éponyme spécialisé dans les activités d’agencement et de menuiseries bois et métalliques à St-Jean-de-Braye. Il succède à Aline Mériau, présidente depuis 2011. Emmanuel Esnault (Chauffage Plomberie Sani & Dépannage à Pithiviers) a été élu président adjoint.

RÉGION Bruno Rodique, le directeur général de l’usine John Deere de Saran (45), qui exerce également les fonctions de président de John Deere France, est devenu président de l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) pour le Loiret et la Touraine. Il succède à Valérie Chatel, patronne de Chatel SA et de Gécélaque, à Bléré (37), qui présidait l’organisme depuis la fusion des deux groupements du Loiret et d’Indre-etLoire, en 2017. L’année précédente, les UIMM du Cher et de Loir-et-Cher avaient également fusionné.


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