MAGAZINE MARS 2016 2014 - 5 €
Ils brisent les codes
de la formation Au centre, Anna Stépanoff, fondatrice de la Wild Code School
Les leçons du scrutin des 6 et 13 décembre
Point de vue
La modernité à l’épreuve de l’archaïsme e 9 mars, des manifestants, pour l’essentiel lycéens, retraités et agents de la fonction publique à l’écart de l’économie de marché, battaient le pavé pour dénoncer le projet de loi El Khomri. Le même jour, des agents de la RATP et de la SNCF cessaient le travail et bloquaient les déplacements de centaines de milliers de Français. Quel saisissant résumé d’une France percluse de ses conservatismes. Et pour quel combat ? Le projet de loi portant réforme du code du travail n’a rien qui puisse transformer, comme l’ont prétendu des leaders syndicaux, le salarié « en mouchoir jetable ». Le fameux barème appliqué en cas de licenciement jugé abusif prévoit certes des plafonds d’indemnité (par exemple six mois de salaire pour deux à cinq ans de présence dans l’entreprise, ce qui reste tout à fait honorable), mais aussi que le juge puisse y déroger s’il considère que l’employeur a commis une faute « d’une particulière gravité » : la loi peut donc se plier à la décision souveraine de la justice. La séparation des pouvoirs est sauve. Les précisions apportées à la définition du licenciement économique n’ont pour objectif que
L
d’éviter des décisions infondées. Est-il si difficile de comprendre que « la baisse des commandes ou du chiffre d’affaires pendant quatre trimestre consécutifs », « les pertes d’exploitation pendant un semestre » ou « la réorganisation de l’entreprise nécessaire à la sauvegarde de sa compétitivité » traduisent des difficultés ou une mutation nécessitant une réduction d’effectif ? Faut-il voir autre chose, dans cette mobilisation aux accents si convenus, qu’une lutte interne déclenchée par une gauche qui refuse l’évidence contre une gauche de gouvernement, contrainte par le principe de réalité ? La loi El Khomri, dont les semaines à venir diront ce qui a pu en être sauvé, va dans le sens d’un assouplissement des relations contractuelles entre employeur et employé, première avancée réelle depuis l’introduction de la rupture conventionnelle. Il est simplement dommage que l’audacieux projet de loi Macron sur les nouvelles opportunités économiques (Noé) soit passé à la trappe, à l’exception de quelques dispositions intégrées au texte de la ministre du Travail. Le gouvernement n’a certainement pas voulu laisser l’archaïsme ouvrir un second front contre la modernité.
zon François−Xavier Beu
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www.lettrevalloire.com Ce magazine est un hors-série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Édité par MCM Presse SAS au capital de 160 000 € RCS Tours B 450 613 591 Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours Adresse postale : BP 92031 37020 Tours Cedex 1 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) Aurélie Vouteau (édition) Ont participé à ce numéro : Olivier Collet Stéphane Messer Stéphanie Payssan Frédéric Sabourin Bruno Villeneuve
Points Chauds 6-7
En bref L’actualité du trimestre en bref.
8-9
Régionales, comment la droite a manqué l’immanquable Le ticket de la droite et du centre de l’UDI Philippe Vigier a sousestimé la capacité de mobilisation des électeurs de gauche lors du scrutin régional des 6 et 13 décembre.
Maquette : Régis Beaune Publicité : AN Média (Aline Noirot) 07 78 25 26 87
raisons du vote FN en milieu rural. 14-15
La gentrification aimante à gauche le vote urbain Le phénomène de gentrification des centres-villes permet à la gauche de limiter ses pertes, comme l’ont montré les dernières élections régionales.
16-17
Fabien Verdier, du modèle économique à la pratique Nouvel élu au conseil régional, Fabien Verdier veut miser sur l’innovation et les réseaux d’entreprises pour donner un coup de fouet à l’économie régionale.
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Où va l’agglo de Tours ? Décrocher le statut de métropole et engager le prolongement du tramway : deux ans après l’arrivée du député-maire de St-Cyr-surLoire Philippe Briand à sa tête, Tour(s) Plus a ciblé ses principaux objectifs.
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Orléans sort enfin de la rue des Carmes Après sept ans de projets, de contre-projets et de procédures, la mairie d’Orléans a mis fin au feuilleton de la rue des Carmes.
Diffusion : Nadine Gomès Crédits photographiques : Une : Arnaud Lombard DR : 6, 7, 9, 10, 11, 13, 16, 18, 20, 22, 23, 24, 27, 33, 40, 44, 47, 48, 51, 52, 54 Jean-Christophe Savattier : 7, 14, 30, 38, 50 Bruno Villeneuve : 12, 42 Stéphanie Payssan : 34 Stéphane Messer : 36, 37 Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37)
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Informations légales : Abonnement annuel 2016 (23 numéros + magazines hors-séries) : 370 € Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 470 € Prix de ce numéro : 5 € CPPAP : 0121 I 85872 ISSN : 1246-4333 Dépôt légal : mars 2016
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Malesherbois, les raisons du vote FN En Malesherbois, le FN prend racine. La faute au sentiment d’abandon de ces habitants du « Far-Nord-Est » de la région.
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Emmanuel Négrier : « Lorsque le collectif s’estompe, le vote FN explose » Le chercheur du CNRS-Cepel de Montpellier analyse les
UN ENCART PUBLICITAIRE DU GIP ALFA CENTRE FIGURE DANS CE MAGAZINE
Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon
MCM presse 4 La Lettre Valloire - Mars 2016
Nos campagnes montent au Front C’est dans les zones rurales et les petites villes que la progression du FN est la plus spectaculaire. La région CentreVal de Loire ne fait pas exception.
22-52
Sommaire
MARS 2016
32-33
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Économie 22-24
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26-27
La formation des demandeurs d’emploi devient grande cause nationale À la demande du gouvernement, chargé de mettre en œuvre la promesse faite le 31décembre aux Français par le Président de la République, les Régions piloteront le plan de formation massif de 500 000 demandeurs d’emploi, ce qui en représente environ 20 000 à l’échelle de la région Centre-Val de Loire. Romorantin va former chômeurs et salariés de l’aéronautique Le Gear a reçu 1,3 M€ de la part du programme des Investissements d’avenir. Formation professionnelle, peut-on continuer comme ça ? L’intention de former salariés et chômeurs est louable, mais elle butte sur la dispersion des moyens et les rivalités des différents organismes en charge du sujet.
36-37
Jean-Patrick Gille : « La loi a fait bouger les lignes » Rapporteur de la loi du 5 mars 2014 portant sur la réforme de la formation professionnelle, Jean-Patrick Gille vient de rendre un rapport d’évaluation de sa mise en œuvre.
Bussière forme les imprimeurs au numérique À St-Amand-Montrond (18), CPI Bussière forme les étudiants et salariés du groupe au numérique. À LA UNE La Wild Code School se développe en mode accéléré La Wild Code School, basée à La Loupe (28), va essaimer à Chartres et Orléans.
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Entre Tours et Orléans, le courant numérique va fort Même sans label national, la French Tech Loire Valley trace sa route.
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Un outil de formation pour la bioproduction L’institut de formation Bio3 Institute veut devenir la pierre angulaire de la filière biotechnologique régionale.
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42-43 30
Apprentissage, les ingénieurs aussi ! En région Centre-Val de Loire, 177 étudiants suivent une formation d’ingénieurs par apprentissage.
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Escem, année zéro L’Escem de Tours-Poitiers ne doit son salut qu’au rachat par un pool mené par l’ESC de La Rochelle. 2 000 emplois, 2 000 sourires, un succès qui s’exporte Avec 6 600 emplois pourvus en trois éditions, le salon orléanais s’apprête à exporter son modèle à Tours. En Bref L’actualité du trimestre en bref.
46-47
Les majors de l’eau ne peuvent plus fuir la concurrence Le récent succès d’Aqualter, qui vient d’évincer Veolia du marché de l’eau chartrain, démontre que les majors sont en butte à un contexte concurrentiel de plus en plus marqué.
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Un projet orléanais pour traiter l’X fragile À Orléans, des chercheurs hospitaliers sont sur le point d’engager les études cliniques d’une molécule potentiellement indiquée dans le traitement de l’X fragile, une pathologie rare.
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Axess Vision voit plus grand Le fabricant tourangeau d’endoscopes à usage unique cherche à se doter de capacités supplémentaires.
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Le façonnier pharmaceutique Famar à vendre Famar, qui emploie plus de 800 salariés sur ses deux sites d’Orléans et de St-Rémy-surAvre (28), serait à vendre.
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De belles perspectives pour Ista à Olivet Ista, qui installe des systèmes d’économie d’eau et d’énergie, veut développer son site d’Olivet (45)
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La Calhène innove et embauche L’entreprise vendômoise La Calhène, filiale du suédois Getinge, lance trois innovations en 2016.
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Les chantiers Les chantiers régionaux en prévision.
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Le carnet
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Points Chauds
En bref
ANCIEN RÉGIME L’ancien maire d’Orléans Serge Grouard (LR), qui s’était déjà signalé par un vibrant coup de gueule – ponctué du mot de Cambronne – à l’adresse de « la noblesse d’État qui n’entend plus le peuple », récidive. En toute simplicité, il vient de lancer un appel exalté à la convocation d’États généraux du peuple français: « Il y a un besoin aujourd’hui de refonder le pays, comme de Gaulle l’a fait en 1958 », affirme l’élu qui se propose de collecter lui-même les cahiers de doléances dans la perspective d’une manifestation qu’il entrevoit vers la mi-juin 2016. L’appel a suscité un communiqué du groupe des élus PS-EÉLV du conseil municipal, qui moquent la grandiloquence du propos et l’anachronisme de cette référence à l’Ancien Régime. François Bonneau, qui convoque de fin mars à début mai les États généraux du développement économique et de l’emploi, goûtera certainement l’ironie de ses amis...
DEUX DÉMISSIONS EMBLÉMATIQUES À L’UDI Il était prévisible que la défaite aux élections régionales laissât des traces : ce sont surtout les centristes qui en ont fait les frais. Écarté de la liste, Aymar de Germay, maire de Marmagne et vice-président de Bourges Plus, a attendu le soir du 2e tour pour annoncer sa démission de la présidence de la fédération UDI du Cher et sa décision de « quitter l’UDI ». L’élu, qui s’est astreint au silence durant la campagne pour ne pas la gêner « reprend sa liberté et va la savourer. » Marc Gaudet, 1er viceprésident du conseil départemental du Loiret, en fait de même : il n’a pas apprécié que
Cinquième vice-président de la Région Centre-Val de Loire en charge de l’économie, de l’agriculture et de l’économie sociale et solidaire au côté de François Bonneau (à droite ci-dessous),
municipal de la cité percheronne, s’est dégagé du temps pour se consacrer à son nouveau mandat régional. Il vient de céder le poste de responsable de la communication qu’il occupait au ministère de l’Économie de Michel Sapin pour ne conserver qu’une fonction de simple conseiller au cabinet du ministre : « Un mi-temps », a-t-il précisé, ce qui laisse supposer qu’il consacrera un autre mi-temps à ses deux mandats.
Harold Huwart, fils du maire de Nogent-le-Rotrou et lui-même conseiller
FORISSIER N’ABDIQUE PAS Lors de ses vœux, Nicolas Forissier, maire de La Châtre et président de la communauté de communes de La Châtre et Ste-Sévère, est revenu sur le dossier Fenwal : « Nous avons pas mal
Philippe Vigier choisisse de démissionner avant même de siéger au conseil régional.
HAROLD HUWART, DU TEMPS POUR LA RÉGION
remonté la pente. Aujourd’hui, nous sommes à une prévision de 280 suppressions de postes, contre 338 initialement et avons bon espoir de voir ce chiffre se réduire encore. » Le cabinet engagé par le groupe Fresenius aurait « deux ou trois, peut-être quatre contacts sérieux. » L’objectif est de créer un cluster consacré aux dispositifs médicaux, « avec peut-être une pépinière d’entreprises sur le site Fenwal. »
LA DÉCHÉANCE SELON GALUT Le député PS du Cher Yann Galut, toujours aussi friand de médiatisation, a eu beaucoup de succès, entre la dinde et la bûche glacée, avec son opposition « farouche » à l’extension de la déchéance de la nationalité pour les citoyens binationaux. Les commentateurs ont rappelé que le même Yann Galut prônait en 2012 la déchéance de nationalité pour les exilés fiscaux, ce qui visait tout particulièrement à l’époque Gérard Depardieu. Chacun jugera qui, du Cyrano de Châteauroux ou du terroriste brandissant sa Kalachnikov, est le plus dangereux pour la République et pour les Français.
Du maire (UDI) de Bourges Pascal Blanc, pas peu fier des efforts d’embellissement de sa ville : « Je ne veux pas que Bourges ressemble à Vierzon ». De Nicolas Sansu, députémaire (PCF) de Vierzon, en réponse à cette attaque gratuite : « Et si Bourges ressemblait à Vierzon en regagnant des habitants ? Et si Bourges ressemblait à Vierzon en ouvrant un bowling ? Et si Bourges ressemblait à Vierzon en n’augmentant pas les impôts ? » De Maurice Leroy, député et président (UDI) du conseil départemental du Loir-et-Cher, citant l’écrivain Milan Kundera pour qualifier les orientations budgétaires de la collectivité : « Une impasse est le lieu de mes plus belles inspirations».
6 La Lettre Valloire - Mars 2016
CHARTRES MÉTROPOLE, LA MARQUE
Symbole de la réussite de la 3e agglomération régionale, Chartres Métropole forme désormais un ensemble de 47 communes et de 125 000 habitants, riche de 8 600 entreprises. Afin de renforcer son identité et accentuer sa visibilité, la communauté s’est dotée à son tour d’une marque de territoire : « C’est Chartres ». Elle a été présentée à Chartrexpo, lundi 25 janvier, lors des vœux aux forces économiques de son président Jean-Pierre Gorges, également député-maire de la ville centre. Environ 800 acteurs (chefs d’entreprise, représentants d’associations, élus) ont été associés, pendant huit mois, à l’élaboration de cette identité, illustrée notamment par un logo bleu faisant référence à la couleur des vitraux de la cathédrale. « Tout le monde doit s’emparer de notre marque », a conclu Jean-Pierre Gorges.
LE PS FRÉDÉRIC THOMAS RECASÉ L’ascenseur social(iste) fonctionne encore. Privé de mandats, Frédéric Thomas, ancien adjoint PS au maire de Tours et président du conseil général d’Indre-et-Loire de 2012 à 2015, professeur d’histoire dans un lycée professionnel avant de se consacrer à la vie publique, a été promu au tour extérieur – c’està-dire sur nomination du gouvernement – inspecteur général de l’administration de l’Éducation nationale et de la Recherche. Les inspecteurs de l’IGAÉNR de 1ère classe – en bon élève, Frédéric Thomas a sauté la 2e classe – perçoivent des rémunérations comprises entre 3 800 € et 5 900 € bruts mensuels,
CHIFFRE
TÊTUS
DU TRIMESTRE
41 714 C’est le nombre de mètres carrés de bureaux transactés en 2015 à Tours. Un record depuis la création des statistiques. auxquelles peut s’additionner, depuis un arrêté signé par Vincent Peillon, jusqu’à 55 200 € de prime annuelle « de fonctions et de résultats ».
LES FRONDEURS SE MOBILISENT Nos frondeurs régionaux s’agitent. À l’invitation de
de « Notre Primaire », du nom de l’initiative lancée par un collège de personnalités visant à organiser une « primaire des gauches et des écologistes », s’est tenue à Tours le 23 février. Quelques vieilles gloires, comme Pierre Larrouturou, précurseur des 35 h, ou Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives Économiques, sont venues débattre avec un parterre de supporters socialistes excédés par les dispositions de la loi El Khomri.
Jean-Patrick Gille, député PS de la 1ère circonscription d’Indre-et-Loire, une étape
Il s’étaient quittés le 22 juin à l’issue d’une conférence où s’étaient exprimés leurs désaccords profonds avec la Région sur les priorités de l’action publique territoriale, mais ils reviennent à la charge. Les six présidents de conseils départementaux, tous élus de droite et du centre, ont demandé à François Bonneau, le président socialiste du conseil régional, de les rencontrer. Cette fois pour parler de développement économique, d’investissements dans les infrastructures et des besoins spécifiques des départements ruraux. Selon nos informations, la rencontre aura lieu le 8 avril.
De Guillaume Peltier, maire (LR) de Neung-sur-Beuvron, président du groupe d’opposition au conseil régional et porteparole national des Républicains, lors de l’émission Le Supplément sur Canal + : « Les États ont besoin d’hommes du peuple ; les peuples ont besoin d’hommes d’État. ». D’Aymar de Germay, maire (DVD) de Marmagne, à propos de la classe politique : « Les politiques au Salon de l’agriculture ! Certains découvrent la ruralité comme l’on va au musée ». De Marisol Touraine, ministre de la Santé, en visite sur son fief de la 3e circonscription d’Indre-et-Loire, à propos du remaniement ministériel : « Je ne vois pas très bien l’intérêt pour les femmes et pour les familles de réunir les secrétariats d’État à la Famille et aux Droits des Femmes dans un même ministère, mais passons ! »
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Points Chauds
Politique
Régionales, comment la droi Le ticket de la droite et du centre de l’UDI Philippe Vigier a sous-estimé la capacité de mobilisation des électeurs de gauche lors du scrutin régional des 6 et 13 décembre. Et surestimé sa capacité à rassembler son électorat, attiré par les sirènes frontistes. Surtout, l’équipe n’a pas réussi à répondre à l’angoisse de l’opinion, montée de plusieurs crans suite aux tragiques attentats terroristes parisiens.
T
rop sûrs d’eux ? Certains de tenir la martingale, les candidats de la droite et du centre n’émettaient guère de doute, jusqu’au dernier moment, sur leur succès aux élections régionales des 6 et 13 décembre derniers en région Centre-Val de Loire. Et pourtant… Faisant mentir une fois de plus les sondeurs, la majorité régionale de gauche – délestée de son allié communiste – a donc rempilé pour un nouveau bail en raflant la première place et 35,42 % des suffrages exprimés. Certes, il s’en est fallu de peu (8 736 voix exactement !) pour que le ticket Philippe Vigier-Guillaume Peltier fasse tomber le socialiste François Bonneau qui ne s’attendait pas à être invité à semblable fête. Mais l’improbable a eu lieu. C’est bien l’attelage LR-UDI-MoDem, emmené par le représentant de l’UDI, qui a brutalement versé dans le fossé, avec 34,58 % des suffrages, un plus mauvais score en pourcentage que celui obtenu par Hervé Novelli en 2010 (36,46 %). La contre-performance ne laisse pas d’interroger les observateurs et les prin-
cipaux acteurs. Certes, les analyses post-scrutins de l’Ifop évaluent la perte de suffrages due aux attentats du 13 novembre à près de trois points pour l’union de la droite et du centre, une quasi-neutralité pour le PS et un
“ L’IFOP SOULIGNANT QUE 18 % DE CEUX QUI AVAIENT VOTÉ NICOLAS SARKOZY AU 1ER TOUR DES PRÉSIDENTIELLES DE 2012 ONT OPTÉ POUR LE FN AUX RÉGIONALES ? gain d’au moins deux points pour le FN. En gommant l’effet électoral du 13 novembre, le rapport de forces se rapprocherait donc de celui de notre sondage de début mai (LR-UDI à 38, PSVerts à 35 et FN à 27). À droite, on ne se contente pas d’incriminer les attentats, objectant à raison qu’ils n’ont pas empêché sept Régions sur treize de basculer dans son escarcelle. La question du casting est encore aujourd’hui sur toutes les lèvres. Le député-maire centriste de Cloyes-sur-le-Loir, choisi pour sa capacité à défendre une ligne « rassembleuse », censée mieux convenir à une
50% L’assemblée issue du scrutin des 6 et 13 décembre 2015
PS et alliés 40
UDC 20
FN 17
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région « modérée », avait-il, au final, la légitimité nécessaire pour mener à la victoire une famille politique attirée par les lueurs crépusculaires du parti frontiste ? Et le choix de ramener, coûte que coûte, le MoDem dans l’union n’a t-il
”
pas agacé les électeurs Républicains, l’Ifop soulignant que 18 % de ceux qui avaient voté Nicolas Sarkozy au 1er tour des Présidentielles de 2012 ont opté pour le FN aux Régionales ? « Il ne s’agit pas de faire le procès a posteriori de Philippe Vigier, mais davantage celui d’une ligne politique et surtout d’un style qui ne convenaient pas », estime ce proche de Guillaume Peltier qui enrage d’avoir assisté à une « campagne louis-philipparde de notables n’ayant tout simplement pas entendu la désespérance, la colère et les peurs des électeurs. » Dans le Cher, où la liste LR-UDI-MoDem est arrivée dernière au second tour avec 31,47 % des voix, 500 de moins que le FN, la parole se libère. Le secrétaire de la fédération des Républicains, Wladimir d’Ormesson, n’a pas été tendre avec le chef de file régional : « Notre tête de liste Laurence Rénier a dû faire face aux mauvais choix de Philippe Vigier. Outre l’éviction brutale du président de la fédération UDI, Aymar de Germay, qui a été terrible et dévastatrice, il a également fait sans cesse un tour de piste
te a manqué l’immanquable en se voyant déjà élu à la présidence pour finir par annoncer qu’il ne siégerait pas au conseil régional ». Mais, au-delà des questions de personnes, un mois après les attentats, «les gens avaient envie de réponses et d’actes de la part de leurs élus et des candidats qui correspondaient à ces événements dramatiques. Y compris de candidats aux régionales… », souligne un membre – désabusé – de l’équipe de campagne Vigier-PeltierFesneau. Scrutin hybride mi-local, mi-national, l’élection régionale se prête bien – beaucoup plus que les Départementales – à la nationalisation des débats. C’est bien ce qu’a compris Laurent Wauquiez qui a pimenté sa fin de campagne en Auvergne-Rhône-Alpes de quelques propositions-chocs. « On entend déjà les belles âmes s’insurger contre des propositions qu’ils qualifieront immédiatement de cyniques ou de démagogiques. Mais c’est aussi cela la politique : il faut savoir proposer des réponses aux attentes sans hystériser la vie publique. C’est un art et tout le monde n’est pas artiste… », estime cet observateur très impliqué dans la campagne. « Il n’est pas question de revenir sur le programme de la droite et du centre qui était de qualité, reprend notre interlocuteur. Il faut juste admettre qu’on aurait dû lui donner davantage de coffre. Et surtout, le re-contextualiser, compte tenu de circonstances tragiques qui imposaient un changement de ton. Ce qui ne veut pas dire virer à droite toute ! » Un exercice auquel était sans toute mal préparé Philippe Vigier. « Surtout, il ne fallait pas croire que l’affaire était gagnée d’avance », s’étrangle Thibault Coulon (LR), l’adjoint au maire de Tours évincé de la liste des Régionales qui, « sans aucun esprit de revanche », pointe certaines in-
suffisances – voire une certaine suffisance – dans la conduite de la campagne. « À Tours, l’équipe n’a pas été suffisamment présente, alors que c’est peut être ici que le sort du scrutin s’est joué », affirme Thibault Coulon. Représentée par son seul premier adjoint, dont la notoriété est quasi inexistante chez ses concitoyens, la municipalité tourangelle a fait le service minimum durant la campagne, vingt mois après avoir ravi la mairie à Jean Germain. De 8 points d’avance sur la gauche en mars 2014, cet abandon de poste s’est traduit par 16 points de retard en décembre 2015. La gentrification boboïsante des centres urbains n’explique pas tout. « On peut, de façon générale, faire l’hypothèse que le sursaut de mobilisation au second tour devant l’épouvantail frontiste, notamment des abstentionnistes, a probablement davantage profité à la gauche qu’à la droite, explique ce spécialiste de sociologie électorale. Et comme dans le même temps, les reports des électeurs FN vers la liste de droite se sont avé-
rés faibles, la gauche l’a emporté mécaniquement. » Les chiffres sont têtus : en région Centre-Val de Loire, le FN a globalement réussi à maintenir son score au deuxième tour (30 % contre 30,48 % au premier), tandis que pour reprendre l’exemple rhônalpin, le FN a dévissé de trois points entre les deux tours (22,55 % au second). Ce qui faisait dire à Laurent Wauquiez au lendemain de son triomphe qu’il « avait fait reculer le FN en assumant mes valeurs, en défendant la baisse des impôts, le travail contre l’assistanat, l’exemplarité des élus et une République ferme contre le communautarisme. Nos électeurs en ont assez des fausses pudeurs. Face à la défiance qui s’est exprimée au premier tour, la droite doit retrouver une colonne vertébrale ». Une colonne vertébrale que ne pouvait – et ne voulait pas – assumer Philippe Vigier. Et à la fin, c’est la gauche qui gagne…
Le trio de l’union de la droite et du centre était composé (de gauche à droite), de Marc Fesneau, Philippe Vigier et Guillaume Peltier.
Jean-Christophe Savattier et François-Xavier Beuzon
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Points Chauds
Politique
Nos campagnes montent au C’est dans les zones rurales et les petites villes que la progression du parti de Marine Le Pen est la plus spectaculaire. La région Centre-Val de Loire ne fait pas exception comme l’illustre la poussée frontiste dans le Loir-et-Cher. Le recul des solidarités paysannes et l’influence des néo-ruraux en proie à des mobilités résidentielles subies expliquent ce vote refuge.
L
e bonheur n’est pas toujours dans le pré. Certes, le malaise paysan et les difficultés de la ruralité ne sont pas choses nouvelles. Mais ils s’accentuent au point que beaucoup d’habitants des territoires ruraux s’estiment aujourd’hui définitivement délaissés, voire méprisés par les pouvoirs publics. Désertification médicale, problèmes de mobilités, sous-emploi chronique, crise de l’agriculture, vieillissement de la population, disparition inexorable des services publics : la vie à la campagne est devenue un fardeau pour beaucoup de nos concitoyens qui se plaignent de surcroît que leur détresse ne soit que très épisodiquement entendue par les dirigeants politiques. Souvent silencieuse – si l’on excepte les traditionnels coups de force du syndicalisme agricole –, cette souffrance s’exprime dans les urnes. Aux dernières régionales, c’est le plus souvent dans les bureaux de vote
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champêtres ou dans les petites villes que les candidats « Bleu Marine » ont enregistré leurs plus fortes progressions. La région Centre-Val de Loire n’a pas fait exception. Le Loir-et-Cher, terre de ruralité s’il en est, a apporté au pre-
sière du parc naturel de la Brenne, la liste Loiseau a obtenu 47,80 % des suffrages. « La rupture est remarquable, analyse Nonna Mayer, directrice de recherche à Sciences Po et spécialise de l’extrémisme de droite. Si au début de l’his-
“ LA PEUR DE LA CONTAGION DES PROBLÈMES SÉCURITAIRES QUI FONT TACHE D’HUILE DANS LES ZONES PÉRIURBAINES A GAGNÉ LES CAMPAGNES mier tour 32,34 % de ses suffrages au FN et l’a même placé en tête. Avec 32,20 % au second tour, il emporte même la palme régionale du vote frontiste devant le bastion historique que représentait jusqu’alors l’Eure-etLoir. Une première qui tranche avec la tradition de modération politique qui collait jusqu’alors à ce fief centriste. Dans de nombreuses communes loir-et-chériennes, comme à Châtillon-sur-Cher (40,68 %), Gy-en-Sologne (42,50 %), Selles-sur-Cher (36,41 %), le parti frontiste « sur-performe » et devance très largement au second tour les socialistes et la droite républicaine. Pour la modération, il conviendra donc de repasser… Mais le Loir-et-Cher n’est pas le seul département où le Front national trace son sillon. Dans l’Indre, la poussée a été tout aussi exceptionnelle puisqu’il est arrivé aussi en tête au premier tour avec 30,21 % des voix, contre 13,16 % au premier tour des régionales 2010. A St-Genou, une bourgade de quelque 800 habitants à la li-
”
toire du Front national, son leader a peu convaincu un monde agricole encadré par l’Église, fortement organisé et entretenant des relations avec des élus locaux principalement de droite, depuis une dizaine d’années la tendance s’inverse ». Selon la politologue, un premier déclic s’est produit le 21 avril 2002 au premier tour des élections présidentielles : « À l’occasion de ce scrutin, c’est chez les agriculteurs que Jean-Marie Le Pen a progressé le plus, ceux-ci étant pour la première fois aussi nombreux à voter pour lui que les ouvriers, les employés et les petits patrons ». Et comme le révèlent des études qualitatives, c’est notamment sur la question sécuritaire que la forte progression frontiste a été observée dans les communes rurales. « La peur de la contagion des problèmes qui font tache d’huile dans les zones périurbaines a gagné les campagnes », observe Nonna Mayer, qui remarque que la tendance s’affirme derechef aux élections présidentielles de 2012 « où le score de Marine Le Pen dépasse 20 %
Front dans la strate des communes de moins de 2 000 habitants, soit le double de son score dans l’agglomération parisienne. » Cette angoisse rurale se nourrit aussi et peut-être encore davantage « de
ter les ruraux comme des êtres à part et arrêter de les renvoyer sans cesse à une sorte d’identité spécifique largement mythologique. « La ville, ce n’est pas le pêché, la campagne, ce n’est pas la vertu et réciproquement.
mière ou deuxième couronne, acquièrent un bien immobilier à la campagne, parfois de qualité médiocre, qu’elles ont du mal à rembourser. Elles prennent conscience de la cherté des déplacements. Rapide-
l’effondrement des pratiques agricoles coopératives qui est à l’œuvre, et qui conduit à ce que je nomme une impasse territoriale » estime Emmanuel Négrier, chercheur au CNRS-Cepel à Montpellier et spécialiste du vote FN dans les territoires, qui a mis en évidence le lien très étroit « entre l’écroulement du collectif et l’explosion du vote FN en milieu rural » (lire son interview page 13). « Il ne faut pas s’étonner de voir le FN progresser dans nos campagnes, juge Vanik Berberian, le président de l’association des maires ruraux (AMRF) et maire de Gargilesse, dans l’Indre. Les dirigeants frontistes, et en particulier Marine le Pen, sont les seuls qui parlent de la ruralité. Les autres responsables ne s’intéressent que de très loin à ces questions et de préférence juste avant les élections. En oubliant que la ruralité, c’est près de 23 millions d’habitants très divers ». Selon le maire de Gargilesse, il faut rapidement en finir avec les visions « idylliques et passéistes » de la ruralité. Nos dirigeants doivent cesser de trai-
Aujourd’hui, les gens qui vivent à la campagne sont tout à fait semblables culturellement aux gens des villes. Ils aspirent à des services publics de qualité et ressentent comme une agression toute inégalité de traitement. Ils ne veulent pas vivre la ruralité comme un retrait du monde. » D’autant que le retour à la campagne des néo-ruraux ne constitue pas un itinéraire semé de roses. Comme l’a déjà démontré le géographe Christophe Guilluy dans ses fameuses études sur les territoires périurbains, l’éloignement résidentiel par rapport au cœur des villes, qui résulte du prix de l’immobilier et de la gentrification des cœurs urbains, provoque une crainte du déclassement social chez les habitants de ces nouvelles banlieues, au sens moderne de ce qui a été mis « au ban » des villes. Ce sentiment favorise bien souvent le vote en faveur des extrêmes. Et il semble bien que l’on puisse extrapoler ce raisonnement aux néo-ruraux. « L’enchaînement est connu : ces nouvelles populations, qui habitaient en pre-
ment, elles ont du mal à joindre les deux bouts. Elles s’isolent, se désocialisent, ressentent la vacuité de leur existence et s’installent dans la souffrance et le sentiment de relégation », décrit avec justesse Emmanuel Négrier. Le cumul de ces trajectoires individuelles et de ces parcours résidentiels désenchantés forme naturellement un humus favorable à la poussée du vote FN. Ce tropisme serait corrélé avec l’ancienneté de l’implantation. « Lorsque les variables liées à l’âge, au sexe, à l’orientation religieuse sont neutralisées, les chances de voter pour Marine Le Pen semblent d’autant plus élevées que l’installation en zone rurale est récente, avance Nonna Mayer. Il faudra creuser cette piste de recherche dans l’explication du vote FN et sans doute vérifier si ces mobilités résidentielles récentes ont été volontaires ou contraintes. Ce dernier critère constituant peut être l’explication clef du transfert vers la droite extrême. »
L’élu Vanik Berberian et la politcologue Nonna Mayer observent l’un et l’autre la montée inexorable du Front national dans les campagnes.
Jean-Christophe Savattier
La Lettre Valloire - Mars 2016 11
Points Chauds
Politique
Malesherbois, les raisons du vote FN En Malesherbois, le Front national prend racine. La faute au sentiment d’abandon de ces habitants du « Far-Nord-Est » de la région, avec tous les inconvénients d’une très grande banlieue parisienne sans aucun des avantages.
Seule voie piétonnière du centre-bourg de Malesherbes, la rue Saint-Martin perd de son attractivité commerciale.
alesherbes serait-elle en passe de renouer avec son origine toponymique, celui du pays des « mauvaises herbes », là où pousse un sentiment d’amertume et de rejet ? Le vote extrême semble le confirmer au fil des scrutins, et singulièrement lors des élections régionales de décembre dernier avec plus de 40% de votes frontistes au deuxième tour. Déjà, au premier tour de la présidentielle de 2012, Marine Le Pen devançait Nicolas Sarkozy avec plus de 25 % des suffrages. Nichée dans sa cuvette, entre Pithiviers
M
Certes, mais dans nombre de villages de la périphérie, le vote frontiste a atteint, voire dépassé, les 50 % d’électeurs. Une attitude que l’on peut difficilement mettre sur le compte de la peur de l’étranger ou des troubles à l’ordre public dans ces communes sans histoires. « Le vote était traditionnellement partagé entre la droite traditionnelle et le Parti communiste. Il y avait une sensibilité ouvrière issue des exploitations agricoles et des entreprises locales du secteur de l’imprimerie, poursuit notre observateur. Depuis une dizaine d’an-
et Fontainebleau, à quelques encablures des départements franciliens de l’Essonne et de la Seine-et-Marne, cette commune nouvelle – depuis le 1er janvier 2016 – du Malesherbois, forte de 8 100 âmes, a-t-elle vocation à être le terreau du FN ? « Il faut relativiser, tempère un observateur local. Avec une participation totale de 46 % au second tour des régionales, les 711 électeurs du Front national ne représentent qu’à peine 18% des inscrits. »
nées, le vote communiste a basculé vers le Front national en même temps qu’une partie de l’électorat de droite. » Notre interlocuteur souligne que toute vie collective n’a pas disparu : « Il y a toujours une vie associative dans les villages, des moments de rencontre, mais il faut bien reconnaître que les nouveaux arrivants n’y participent pas. » Les entreprises se portent plutôt bien dans le Malesherbois, en dépit d’un taux de chômage élevé (près de 15 %).
12 La Lettre Valloire - Mars 2016
Cette jeune chef d’entreprise, qui participe régulièrement, avec une quarantaine d’autres dirigeants, aux réunions du réseau MSP (Malesherbes-Sermaises-Puiseaux), estime que « le tissu économique est plutôt actif et porteur sur notre territoire. Mais nous travaillons surtout avec le bassin Parisien. On n’a pas le sentiment de faire partie de la région Centre-Val de Loire. » Du sentiment de non-appartenance à celui d’abandon, il n’y a qu’un pas vite franchi au regard de l’accumulation des frustrations de toute nature : une offre médicale indigente, une carte scolaire qui s’obstine à orienter les élèves et étudiants vers Orléans ou Tours alors qu’Évry et la nouvelle agglomération de Grand Paris Sud sont à une demiheure de route, l’absence de réseau haut débit… L’amertume se transforme aussi rapidement en exaspération face à des phénomènes d’incivilité répétés et des attitudes de repli communautariste. « Il y a des demandes de création de salles de prière de la part de trois communautés musulmanes différentes qui ne parviennent pas à s’entendre», s’insurgent aussi nos interlocuteurs. Beaucoup montrent du doigt ce qu’ils considèrent comme l’origine du problème de ce territoire malmené : le RER. La gare de Malesherbes, terminus de la ligne D du RER, met le centre de Paris à 1 h 20 et a surtout fait venir une population désargentée à la recherche de conditions de logement moins onéreuses. Un phénomène qu’exploiteraient même des marchands de sommeil et qui s’accompagne de trafics divers et variés… Bruno Villeneuve
EMMANUEL NÉGRIER, CHERCHEUR AU CNRS-CEPEL À MONTPELLIER
« Lorsque le collectif s’estompe, le vote FN explose » Selon le chercheur, qui a participé à l’ouvrage collectif « Les faux-semblants du Front national » (Presses de Sciences Po), l’inexorable progression du vote FN en milieu rural se nourrit principalement de la disparition des pratiques sociales collectives et coopératives.
L
a Lettre Valloire : Quels sont les ressorts du vote FN en milieu rural ? Emmanuel Négrier : L’accélération de la dynamique électorale du FN en milieu rural peut s’observer à partir des régionales de 2010. Une multiplicité de facteurs explique le phénomène qui se nourrit de ce que je nommerai l’impasse territoriale. Elle se caractérise par un sentiment d’abandon vécu, ou du moins perçu, par des franges de plus en plus importantes de la population rurale s’estimant injustement reléguées. Mais il est intéressant de s’apercevoir, lorsqu’on cartographie finement les comportements électoraux, que l’amplification du vote FN n’est pas géographiquement homogène. Dans les territoires où subsiste la culture des luttes politiques, comme par exemple dans le Vercors, les Cévennes gardoises, et dans les zones où les formes collectives et coopératives du travail agricole perdurent, l’expansion du vote FN n’est pas significative. Partout, en revanche, où l’on observe l’écroulement du collectif, le vote FN explose. C’est ainsi flagrant dans la ruralité viticole frappée par le net recul des pratiques coopératives.
La Lettre Valloire : Quel est le mécanisme psychologique de ce vote aux extrêmes ? Emmanuel Négrier : La rupture avec des traditions collectives historiques qui permettaient d’aborder en groupe les problèmes quotidiens de la vie rurale et du travail paysan, crée un stress individuel ravageur. Les gens ont l’impression qu’ils ne maîtrisent plus du tout le cours de leur vie. Qu’on les isole dans un destin incertain face à un monde devenu hostile. Cette angoisse se fixe sur des représentations politiques et des thématiques de l’abandon, de la relégation, de l’exclusion qui sont habilement portées par les candidats du Front national. Par ailleurs, ce stress est aussi alimenté par les tensions qui naissent de la cohabitation avec les néo-ruraux résidants de lotissements construits sur des terres en friche cédées par des propriétaires de foncier agricole. Les populations se regardent bien souvent en chiens de faïence. Cette confrontation silencieuse s’articule autour des thèmes de la nostalgie d’une ruralité traditionnelle, de la dépossession, de l’invasion qui sont les thèmes fétiches des candidats frontistes.
La Lettre Valloire : Aucune autre forme de solidarité rurale n’est-elle en passe d’émerger ? Emmanuel Négrier : Pour l’instant, dans ces zones où sévit le sentiment d’impasse territoriale, aucune pratique sociale collective n’a émergé avec suffisamment de force pour remédier au ressentiment individuel. À l’exception, peut-être, des sociétés de chasse qui peuvent constituer des vecteurs de socialisation et de structuration de la vie rurale. Mais les valeurs qui y sont portées ont alimenté le vote en faveur des candidats du CPNT (Chasse, pêche, nature et traditions). Et lorsque ces derniers ne sont plus là, on note un fort report de voix vers le Front national. Par ailleurs, hormis en Bretagne et en Alsace, l’affaiblissement de la pratique religieuse en milieu rural est un facteur d’amplification du vote frontiste. Lorsqu’on regarde le vote FN enregistré par les bureaux de vote-tests que nous suivons depuis la fin des années 80, on est frappé par la linéarité et le caractère inexorable de cette progression. Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier
Chercheur au centre d’études politiques de l’Europe latine (Cepel) à l’université de Montpellier 1, Emmanuel Négrier est un spécialiste de l’analyse de l’action territoriale et des politiques culturelles comparées en France et en Europe du Sud. On lui doit notamment les ouvrages suivants : « La question métropolitaine. Les politiques à l’épreuve des changements d’échelle territoriale » (Presses Universitaires de Grenoble, 2005), « La fin des cultures nationales ? » (Éditions Khartala, 2007). Il s’est récemment intéressé aux racines du vote Front national, notamment dans le Languedoc-Roussillon, apportant une contribution à l’ouvrage collectif : « Les faux-semblants du Front National » (Presses de Sciences Po, octobre 2015), réalisé sous la direction de Sylvain Crépon, Alexandre Dézé et Nonna Mayer.
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Points Chauds
Politique
La gentrification aimante à Les dernières élections régionales ont montré que les électeurs des grandes villes de la région résistaient à l’emprise du FN. Et permettaient à la gauche de limiter ses pertes. Ce phénomène s’explique par la gentrification des centres-villes et l’éloignement des classes populaires au profit des classes moyennes supérieures éduquées, les fameux bobos !
L
Le quartier Velpeau, à Tours, illustre le phénomène de gentrification des centres-villes.
ors des dernières Régionales, les villes les plus importantes de la région Centre-Val de Loire ne se sont pas offertes au Front national avec la même ferveur que les campagnes et les petites villes. En dépit d’une très ferme progression – en pourcentage, les scores du FN ont plus ou moins doublé par rapport au second tour des régionales 2010 dans les principales agglomérations régionales –, l’emprise métropolitaine du parti de Marine Le Pen a finalement été cantonnée. Alors que 30 % des électeurs de la région ont voté pour la liste de Philippe Loiseau, seuls 18,57 % des Tourangeaux l’ont choisie ; idem à Orléans où elle dépasse tout juste les 17 %. Dans le même temps, la gauche fait ses meilleurs scores dans les villes : à Blois, Tours et Orléans, la liste
14 La Lettre Valloire - Mars 2016
PS-EÉLV recueille respectivement 49,27 %, 48,84 % et 44,13 % des suffrages au second tour. Cette résistance urbaine au vote FN est la conséquence des modifications de la sociologie des centres-
frontiste », explique Max Rousseau, docteur en sciences politiques et chercheur au Cirad à Montpellier, qui a participé à la rédaction de l’ouvrage collectif « Gentrifications » publié en avril prochain.
“ LA GENTRIFICATION EST SOUVENT L’OBJECTIF PLUS OU MOINS AVOUÉ DES POLITIQUES PUBLIQUES MENÉES DANS LE DOMAINE DU LOGEMENT, DU TRANSPORT OU DE LA CULTURE
villes. « La gentrification des tissus urbains centraux, qui se caractérise par le départ des classes populaires, auxquelles se substituent des classes moyennes supérieures éduquées, à fort capital économique et culturel, constitue la principale explication de cette moindre attirance pour le vote
”
« Ces populations, assimilées aux fameux bobos, sont à la fois favorables aux évolutions sociétales (mariage pour tous, gestation pour autrui, multiculturalisme) et aux idées libérales sur le plan économique. C’est ce qui les rapproche d’une offre politique libérale-libertaire relayée par Anne Hidalgo à Paris. Et qui les rend dans le même temps tout à fait allergiques à l’offre du Front national », poursuit Max Rousseau. En dépit de quelques contorsions conceptuelles, le corpus idéologique frontiste est quand même marqué par un évident conservatisme sociétal et le rejet du reaganisme ou du thatchérisme – chers à Jean-Marie Le Pen – au profit d’un véritable engagement social, quasi-ouvriériste. Cette gentrification s’effectue de façon quasi-naturelle dans les grandes agglomérations (Paris, Lille, Marseille). « Elle est même remplacée par une super-gentrification dans les métropoles : des personnalités ou des dirigeants fortunés, souvent des non-nationaux issus du monde du
gauche le vote urbain spectacle ou de la finance, viennent à leur tour chasser les cadres supérieurs précédemment installés qui ne peuvent plus suivre le rythme de l’augmentation des prix de l’immobilier », analyse Max Rousseau. « Dans les villes moyennes, la gentrification est souvent l’objectif plus ou moins avoué des politiques publiques menées dans le domaine du logement, du transport ou de la culture », avance le chercheur. Les élus, en particulier ceux de gauche , inspirés par la théorie élitiste de la « classe créative » du sociologue américain Richard Florida, considèrent que l’apport de populations très éduquées constitue un vecteur majeur d’amélioration de la compétitivité économique de leur territoire. Designers, graphistes, journalistes, consultants, professionnels du spectacle composeraient ainsi le capital humain indispensable à l’amélioration de l’attractivité des ensembles urbains. Ainsi qu’une ressource électorale qui permet aux maires de se maintenir au pouvoir, compte tenu des sensibilités politiques de ces néo-citoyens dont ils se disputent les faveurs ! « Les élus vont parfois très loin dans la réorientation de leurs politiques, en constituant par exemple des échantillons-témoins de bobos qui font part de leurs doléances et de leurs besoins en matière d’équipements scolaires, sportifs, culturels, de logement et de transport », affirme ce consultant qui accompagne les politiques urbaines des collectivités. « Tout ceci se fait au nom de la mixité sociale, mais ces politiques peuvent parfois prendre une tournure ségrégative, affirme Max Rousseau. Les riches s’installent chez les pauvres, mais l’inverse est rarement vérifié. » Et lorsque les « gentries » ont investi la place et repoussé à la périphérie
une grande part des classes populaires, les nouveaux arrivants s’ingénient à favoriser un « entre-soi » qui passe par des stratégies d’éviction et une sorte de « séparatisme soft », selon la forte expression du géographe Christophe Guilluy, spécialiste des phénomènes de relégation territoriale. Tout en prônant des valeurs d’ouverture et de tolérance, les bobos pratiquent l’évitement résidentiel et scolaire qui bâtit des « frontières invisibles » au delà desquelles sont rejetés les plus modestes. Cette logique de préservation de « véritables intérêts de classe » s’exprime, par exemple, « dans les demandes de pistes cyclables et de modes de déplacement doux qui sont autant d’obstacles aux mobilités des catégories popu-
laires reléguées », soutient Max Rousseau. Dans le même temps, les populations renvoyées aux communes périurbaines lointaines ou en zone rurale découvrent que la puissance publique a délibérément déserté ces territoires. « Les grandes politiques de rééquilibrage et d’aménagement du territoire façon Datar sont derrière nous. L’État n’en a plus les moyens », estime Max Rousseau. Ces différences criantes dans le traitement des populations et des territoires alimentent naturellement un ressentiment, voire une rage, qui s’expriment dans le vote frontiste et contribuent à la fragmentation de la société française. Jean-Christophe Savattier
Velpeau, terre de bobos Situé à quelques centaines de mètres de la gare de Tours et bordé à l’est par le tronçon urbain de l’A10, le quartier Velpeau illustre à merveille le phénomène de gentrification décrit plus haut. Auparavant habité par des représentants des classes populaires qui avaient rejoint la classe moyenne en accédant à la propriété, ce quartier a été progressivement investi depuis la fin des années 90 par des CSP +. Pas étonnant que le taux de logements sociaux (14 %) y soit beaucoup moins élevé que la moyenne de la ville (27 %). Professeurs, chercheurs, journalistes, cadres supérieurs, professions libérales ont eu un véritable coup de cœur pour ce faubourg un peu canaille, plus vivant que les bourgeoises Prébendes. « La proximité avec la gare de Tours a constitué un accélérateur, indique cet agent immobilier, beaucoup d’habitants de Velpeau travaillant à Paris et se rendant à leur travail en TGV. » Cette sociologie se traduit naturellement sur le terrain politique ; aux dernières élections départementales, le nouveau canton de Tours 2, auquel appartient le quartier Velpeau, a donné la victoire à un duo composé d’une socialiste et d’un écologiste, succédant à Christophe Boulanger, élu en 2011 sous l’étiquette EÉLV avec… 61,17 % des suffrages sur le canton de Tours Est, presque exclusivement composé du quartier Velpeau.
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Points Chauds
Développement économique
Fabien Verdier, du modèle économique à la pratique Nouvel élu au conseil régional, président de sa commission aménagement du territoire et bientôt de Centreco, Fabien Verdier veut miser sur l’innovation et les réseaux d’entreprises pour donner un coup de fouet à l’économie régionale.
L
e CV de Fabien Verdier plaide pour lui. Normale Sup Cachan ponctuée par une agrégation d’économie-gestion, Sciences Po, l’EHESP de Rennes – passage
président en charge du développement économique, et Pierre-Alain Roiron, président du comité régional du tourisme, il constitue un trio ambitieux, bien décidé à enrayer la spirale du dé-
“ LA RÉGION A DES AVANTAGES COMPARATIFS RECONNUS : LA COSMÉTIQUE, L’AÉRONAUTIQUE, LE MÉDICAMENT... IL FAUT CONTINUER DE TRAVAILLER SUR SES POINTS FORTS
Fabien Verdier
16 La Lettre Valloire - Mars 2016
obligé de tous les futurs directeurs d’hôpitaux – une mission d’étude sur la Silicon Valley pour le compte du consulat général de France, du contrôle de gestion chez Total et à la Société Générale, une direction de service à l’hôpital de Poissy, du cabinet ministériel (Michèle Delaunay aux Personnes Âgées et à l’Autonomie, de 2012 à 2014)… Les diplômes et le parcours du nouveau conseiller régional, conseiller municipal socialiste à Châteaudun depuis 2014, ne manquent pas d’impressionner. Forcément, un tel pedigree, obtenu à seulement 34 ans – il est né quelques jours avant l’élection de François Mitterrand–, donne le goût des responsabilités. La nouvelle majorité de François Bonneau au conseil régional vient de lui donner l’occasion de les exercer et de passer de la modélisation économique à la pratique du changement. Avec François Huwart, vice-
”
clin économique d’une région qui a plus souffert que d’autres ces dernières années. Président de la commission aménagement du territoire depuis fin janvier, vraisemblablement élu président de Centreco à l’issue de l’assemblée générale du 8 avril, cet observateur attentif du fonctionnement des grandes organisations, privées comme publiques, a fixé ses priorités. L’innovation, comme l’a rappelé François Bonneau durant la campagne des régionales, sera la grande cause du mandat. Pas d’économie dynamique sans équipes de recherche créatives ou entreprises capables de mettre régulièrement sur le marché des produits et services de plus en plus performants. La fusion annoncée de l’Aritt Centre, l’agence d’aide à l’innovation, et de Centreco, l’agence de développement et de promotion économiques de la Région, permettra à cette dernière de concentrer ses moyens sur les entreprises les plus novatrices. Le probable futur président de la grande agence régionale croit aux vertus des écosystèmes, à leur agilité
et à la culture de réseau : « Un des grands enseignements de la réussite de la Silicon Valley, c’est le décloisonnement entre les fonctions. Là-bas, un chercheur n’a pas fini son PhD qu’il crée déjà sa startup. Trois ans après, il peut l’avoir vendue et lancer avec des associés un fonds d’investissement». Il explique le succès planétaire du pôle industriel californien par trois facteurs clés : l’existence d’un environnement favorable à la recherche, avec la présence depuis la fin du XIXe siècle d’un département spécialisé dans les communications électriques à l’université de Stanford dont sont issues
nombre des découvertes numériques qui ont marqué ces quarante dernières années, l’abondance de venture capital pour financer les prises de risque et la fertilisation croisée du tissu économique par les trois composantes chercheurs-financiers-entrepreneurs. Bien sûr, le Centre-Val de Loire ne peut prétendre rivaliser, mais s’inspirer... « Nous avons des atouts, est persuadé Fabien Verdier. La Région a des avantages comparatifs reconnus : la cosmétique, l’aéronautique, le médicament... Il faut continuer de travailler sur ses points forts. » Tout cela ne peut fonctionner et créer
des richesses et de l’emploi que grâce aux réseaux. « L’économie du XXIe siècle sera réticulaire, assure le futur président de Centreco. À nous de favoriser les clubs d’entreprises, l’échange et le partage d’informations entre entrepreneurs. » Aux services de Centreco, il assignera la tâche de détecter les pépites et d’accompagner leur croissance. Pour faire naître les champions de demain, « il faudra screener les PME performantes et de les aider à devenir des ETI », souligne-t-il. Un enjeu qui prendra tout de même quelques années. Raison de plus pour ne pas perdre de temps. François-Xavier Beuzon
La Région se donne l’année 2016 La Région s’est donné jusqu’à la fin de l’année pour définir les orientations de sa politique économique. Les interco, les consulaires et les financeurs seront associés. Les Départements beaucoup moins… D’ici à la fin de l’année, la Région aura tracé la feuille de route de sa politique économique, conformément aux nouvelles responsabilités que lui a confiées la loi NOTRe. Neuf mois où elle va consulter, échanger et proposer avant de soumettre aux voix de l’assemblée, courant décembre, un schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII). Pour alimenter le contenu de celui-ci, elle organisera au printemps six forums thématiques dans chacun des chefs-lieux de départements, suivis d’un septième, de synthèse, qui se tiendra probablement à Orléans dans le courant du mois de juin. Le législateur a clairement fixé les prérogatives de chaque niveau de collectivité et la Région Centre-Val de Loire a l’intention d’exercer pleinement les siennes. Exit les Départements, qui ne pourront intervenir que dans les domaines agricoles et, par délégation des intercommunalités, en accompagnement du foncier et de l’immobilier d’entreprises.
Le transfert de compétences pose naturellement la question de l’avenir du GIP Loire&Orléans Éco, qui possède une seule véritable faiblesse, mais de taille, son particularisme. Car, si on excepte l’ADEI dans l’Indre et l’AD2T dans le Cher, aux emprises beaucoup plus modestes, le terrain du développement économique a été peu à peu déserté par les Départements : le Loir-et-Cher et l’Indre-etLoire ont dissous leurs agences et l’Eure-et-Loir a sonné le glas de la sienne le 31 décembre dernier. Le GIP du Loiret pourra-t-il exister sans les subsides départementaux, théoriquement proscrits à partir du 1er janvier 2017 ? Probablement oui, mais avec une portée et un effectif réduits. « On ne fera pas de politique régionale avec six politiques départementales », a redit Harold Huwart, le nouveau vice-président en charge du développement économique. Si la Région envisage, comme l’a souligné le président Bonneau, une gouvernance élargie « aux intercommunalités, aux
chambres consulaires et aux acteurs du financement comme la BPI ou la Caisse des Dépôts », aucune allusion n’est faite à une éventuelle coopération avec les Départements. D’ici au vote du SRDEII, la Région devra s’atteler à la mise en place des nouveaux outils. La fusion de l’Aritt Centre et de Centreco est acquise (lire plus haut). Le maquis des aides, que nous dénoncions dans notre édition de septembre, sera revu dans le sens d’une « simplification » et d’une « mise en cohérence » des dispositifs, les maîtres-mots de la nouvelle politique économique régionale. Il faudra faire converger les très (trop ?) nombreuses aides CAP de la Région et les aides distribuées par les autres acteurs. Le chantier demandera du temps et de la diplomatie. Mais le mouvement est inéluctable et la Région, associée aux intercommunalités, sera le décideur en dernier ressort de la politique économique sur son territoire. François-Xavier Beuzon
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Points Chauds
Aménagement urbain
Tours bientôt métropole ? Décrocher le statut de métropole et engager le prolongement du tramway : deux ans après l’arrivée du député-maire de St-Cyr-sur-Loire Philippe Briand à sa tête, Tour(s) Plus a ciblé ses principaux objectifs.
C’
Tout le monde attend la deuxième ligne du tramway tourangeau ou du moins le prolongement de la première.
est le gros dossier du moment : et si Tour(s)Plus, aujourd’hui simple communauté d’agglomération, devenait une métropole ? Ces derniers mois, c’était plutôt une évolution vers le statut de communauté urbaine qui était évoqué, mais sans grand enthousiasme. Un seul exemple : de nombreuses communes, comme Tours ou St-Pierre-des-Corps, ont entamé une révision de leur plan local d’urbanisme (PLU) afin d’éviter de subir trop vite les effets d’un plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI), dont les règles sont identiques pour les 22 communes. Le mot métropole suscite, lui, plus d’envies. Tours rejoindrait alors le club des plus grandes villes de France (Nantes, Bordeaux, Rennes…), coiffant Orléans au poteau, peut-être dès 2017. Le souci est, que pour devenir une métropole, il faut réunir 400 000 habitants. Et actuellement l’agglo tourangelle est autour des 300 000. Mais on peut aussi accéder au statut de métropole avec 400 000 habitants dans l’aire urbaine ; et de ce côté-là, celle de Tours est largement excédentaire (487 000 habitants au recensement de 2012).
18 La Lettre Valloire - Mars 2016
Le président Philippe Briand et de nombreux élus sont favorables à ce scénario, mais ils n’ont pas le pouvoir de décision : c’est dans le bureau du Premier ministre que ça va se jouer. Ensuite, il faudra séduire l’ensemble des conseils municipaux, leur prouver qu’ils ont un intérêt à abandonner la
véritable dynamique. Clairement, ce que tout le monde attend c’est une deuxième ligne de tramway, ou au moins un prolongement de la première. Philippe Briand promet un début des travaux avant 2020 alors que les études commencent à peine. Plusieurs options sont sur la table : un
”
“ PHILIPPE BRIAND PROMET UN DÉBUT DES TRAVAUX D’UNE NOUVELLE SECTION DU TRAMWAY AVANT 2020 gestion des dossiers les plus importants, ce qui promet quelques remous… Pour mériter le statut de métropole, Tours et son agglo doivent aussi montrer qu’elles ont de l’ambition. Les comptes de la collectivité sont dans le vert (capacité de désendettement inférieure à huit ans, investissements autofinancés à hauteur de 18 M€ en 2016) ce qui devrait permettre de voir de grands projets sortir de terre, comme le futur centre de traitement des ordures ménagères de Joué-lès-Tours, à 60 M€. Très utile, mais pas suffisant pour engager une
axe qui irait du carrefour de Verdun vers l’hôpital Trousseau de Chambraylès-Tours, via le quartier des Fontaines et le campus Grandmont, ou un investissement plus lourd avec une desserte de l’hôpital Bretonneau, de La Riche, des facs des Tanneurs ou du quartier des casernes. On parle aussi d’un prolongement jusqu’à l’aéroport de Tours, mais le chantier s’annoncerait complexe pour une rentabilité limitée (une navette aurait en revanche de l’intérêt). Ce qui est sûr, c’est que le tram à StPierre-des-Corps n’est plus du tout d’actualité et que le retour de la navette ferroviaire vers Tours paraît une solution plus avantageuse. Sauf qu’en face, la SNCF traîne des pieds, idem d’ailleurs pour la construction d’une halte ferroviaire au carrefour de Verdun qui assurerait une meilleure desserte de la deuxième couronne de l’agglo. Côté desserte routière, le projet de bouclage du périphérique semble de plus en plus compromis, seules des améliorations de la voirie existante sont proposées pour éviter les bouchons, comme cette année à St-Cyr-sur-Loire. Les serpents de mer devraient donc encore rester dans les cartons pendant Olivier Collet cinq à dix ans.
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Points Chauds
Aménagement urbain
Orléans sort enfin de la rue des Carmes Après sept ans de projets, de contre-projets et de procédures, la mairie d’Orléans a mis fin au feuilleton de la rue des Carmes. La rénovation sera achevée en 2018. Celle de la ZAC CarmesMadeleine en 2020.
O
livier Carré aura réussi à boucler un dossier qui empoisonnait la municipalité orléanaise depuis fin 2008, date du premier projet de rénovation de la rue des Carmes, porté à l’époque par Serge Grouard.
arrêt rendu par la cour d’appel de Nantes et un arbitrage du Conseil d’État pour arriver à ce compromis. L’îlot de la rue des Carmes sera tout de même transformé en profondeur. Un nouvel immeuble sera construit en lieu et place des bâtiments détruits.
Les travaux d’aménagement du quartier vont se poursuivre en direction de la Porte Madeleine. Dès cette année, le site de l’ancien hôpital fera l’objet d’un diagnostic archéologique. L’année prochaine sera consacrée à la démolition, aux fouilles et, si aucun re-
“ UN DES OBJECTIFS DE CETTE RESTRUCTURATION COMPLÈTE EST DE PERMETTRE LE RETOUR DE LA TRANQUILLITÉ PUBLIQUE
La mairie d’Orléans a renoncé à l’alignement de la rue des Carmes par destruction de dix-sept immeubles.
Au final, seul trois bâtiments contigus – aux 75, 77 et 77bis de la rue, à l’angle formé avec la rue Stanislas-Julien – seront détruits pour élargir la place de la Croix-Morin vers la rue Porte Madeleine. On est loin du projet combattu dès l’origine par l’association Aux Carmes citoyens et l’opposition socialiste, qui prévoyait la démolition de dix-sept immeubles et l’alignement de la rue des Carmes. Il aura fallu l’intervention en juillet 2012 d’Aurélie Filippetti, alors ministre de la Culture, plaçant les immeubles menacés « en instance de classement au titre des monuments historiques », une décision du TA d’Orléans, un
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Les cours arrières de ceux situés en prolongement, en direction de la place Général De Gaulle, seront végétalisées. Les façades des deux côtés, nord et sud, seront rénovées et il est même prévu une mise en lumière de la rue. Tout devrait être achevé en 2018, après un début des travaux au second semestre. Un soin tout particulier sera porté à trois des rues perpendiculaires, côté sud (rues des Charretiers, de l’Ange, Stanislas-Julien). Des bâtiments insalubres seront détruits – « environ 80 % de l’existant », précise Olivier Carré – et des logements neufs les remplaceront. Un des objectifs de cette restructuration complète, qui constitue l’un des maillons de la ZAC Carmes-Madeleine, est de permettre le retour de la tranquillité publique. Une motivation qui fait consensus, tant à droite qu’à gauche, la rue des Carmes étant devenue le repaire de trafics en tous genres. « Les vainqueurs, ce sont les Orléanais », a souligné Olivier Marchant, le président de l’association Aux Carmes citoyens, qui s’est battue sans relâche pour faire valoir ses vues.
”
tard n’est pris d’ici là, à la viabilisation du site. En 2018, la municipalité lancera la construction des premiers bâtiments, les logements sortiront de terre en 2019, ainsi que les équipements publics ; l’implantation du conservatoire, réunissant l’existant sur un seul site, est décidée, un regroupement scolaire et peut-être une auberge de jeunesse sont à l’étude... L’année 2020 marquera l’arrivée des premiers étudiants. Ils seront 2 000 à terme dans l’ancien hospice général qui sera restauré pour l’occasion ; la création d’un Learning center de l’université et l’installation d’autres établissements d’enseignement supérieur sont aussi à l’étude. En parallèle, dans la partie nord de la ZAC, les rues de Limare, Notre-Dame de Recouvrance, d’Illiers, des BonsÉtats, du Pot de Fer, Chappon et Anatole Bailly seront progressivement requalifiées. Ce grand chantier de voirie devrait s’achever en 2020 par la requalification de la rue Porte SaintJean, seconde grande ouverture sur les mails. François-Xavier Beuzon
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Économie
Formation
La formation des demandeurs
devient À la demande du gouvernement, chargé de mettre en œuvre la promesse faite le 31 décembre aux Français par le Président de la République, les Régions piloteront le plan de formation massif de 500 000 demandeurs d’emploi, ce qui en représente environ 20 000 à l’échelle de la région Centre-Val de Loire. Un objectif que la plupart des observateurs juge irréaliste, d’autant que plus de deux mois viennent de s’écouler sans que grand chose n’ait été entrepris.
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d’emploi
grande cause nationale
L
e 18 janvier, le Président de la République a donné quelques précisons sur le plan de formation « massif » de 500 000 demandeurs d’emplois, annoncé lors de ses vœux aux Français, le 31 décembre au soir. Difficile de ne pas interpréter ce chantier démesuré, qui sera conduit sur la seule année 2016 – les deux années précédentes, le plan avait concerné 100 000 chômeurs, soit… cinq fois moins – comme une pure manœuvre cosmétique. Il est, en effet, tentant de dégonfler le nombre de demandeurs d’emplois inscrits par Pôle Emploi dans les
trois catégories A, B et C (environ 5,5 millions de personnes en France à fin février), les seules observées à chaque livraison mensuelle, en les transférant en catégorie D, celle des quelque 280 000 chômeurs en formation « non tenus d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi », comme le précise le jargon administratif. L’économiste Éric Heyer estimait, début janvier, que le nombre de chômeurs en formation devrait augmenter de 25 % (environ 70 000), diminuant d’autant ceux des catégories A, B et C. La ministre du Travail n’a pas tardé à couper court aux critiques, tant syn-
dicales que des leaders de l’opposition : « Nous ne sommes pas dans le traitement statistique du chômage, mais dans un enjeu d’investissement humain pour améliorer la compétitivité. » Voire, même si, pour des raisons de mise en place du dispositif et de financement, les résultats statistiques ne peuvent pas être immédiats. En tout cas, tout le monde s’accorde à reconnaître l’efficacité de la mesure : selon une étude récente de Pôle Emploi, près de 51 % des chômeurs ayant suivi une formation prescrite par ses conseillers retrouvent un emploi dans les six mois qui suivent.
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Économie
Formation
La nouveauté, c’est bien sûr l’orientation de ces formations vers les métiers d’avenir. Selon la ministre du Travail, « 30 000 à 50 000 postes » peuvent être créés en deux ans dans le secteur de l’économie numérique et 100 000 emplois dans la rénovation thermique. Pour le reste, le plan de formation devrait aussi s’intéresser aux « 150 000 à 200 000 emplois non pourvus chaque année » dans des métiers plus traditionnels. Enfin, les demandeurs d’emplois seront orientés plus systématiquement vers des contrats de professionnalisation, l’objectif étant de passer de 8 000 à 50 000 contrats par an. Mais ces grandes lignes doivent être détaillées ; elles le seront par les Régions puisque celles-ci se sont vues confier le pilotage du dispositif par Myriam El Khomri, le 29 février dernier. Par la voie de l’ARF, dont François Bonneau est le président délégué, les Régions ont tout de même tenu à ouvrir le parapluie, précisant que pour qu’il soit réussi, le plan devait les associer d’un bout à l’autre de la chaîne, notamment sur le diagnostic des besoins et des places vacantes, qui doit être fait en partenariat avec elles, « et non uniquement piloté par les Direccte et la DGEFP ». Autre demande, le renforcement de leur rôle dans l’accompagnement des PME et des ETI 24 La Lettre Valloire - Mars 2016
afin de créer « des emplois durables et non délocalisables ». La Région Centre-Val de Loire dispose déjà du fonds Réactif emploi-formation, proposé à des personnes qui veulent se réorienter ou augmenter leur qualification et bénéficier rapidement d’un financement et d’un accompagnement. Doté de 8 M€ en 2014 et 2015, il sera porté à 10 M€ en 2016 « pour former vite dans des secteurs qui embauchent ». Il est probable que les demandeurs d’emploi seront, pour cette fois, tout particulièrement fléchés. De son côté, l’État souhaite que le volume de formations soit, bien entendu, significativement augmenté par rapport à l’an passé et qu’un conventionnement puisse être signé avec Pôle Emploi dans chaque région : un dernier point qui va demander que chacune des parties fasse un effort
que coûtera le plan d’urgence contre le chômage dévoilé par le Président de la République – reste en grande partie en suspens. L’État peut compter sur 80 M€ apportés par les partenaires sociaux et il lui faudra redéployer des crédits pour le reste, puisque l’ensemble des mesures du plan d’urgence « seront financées sans prélèvement supplémentaire d’aucune sorte. » Le soutien des Régions gérées par la gauche est acquis… Pour les autres, il faudra négocier, en sachant que certaines, comme Auvergne-Rhône-Alpes, ont déjà fermé la porte. « Je ne suis pas le sous-traitant du gouvernement », a déclaré sèchement Laurent Wauquiez (LR), ancien secrétaire d’État à l’Emploi de François Fillon. L’Afpa, qui forme entre 80 000 et 100 000 demandeurs d’emploi, a prévu, selon les propos tenus par son
“ NOUS NE SOMMES PAS DANS LE TRAITEMENT STATISTIQUE DU CHÔMAGE, MAIS DANS UN ENJEU D’INVESTISSEMENT HUMAIN POUR AMÉLIORER LA COMPÉTITIVITÉ pour accepter un partage de responsabilités. Et mette de côté certaines susceptibilités… Pour les professionnels de la formation, l’objectif fixé par François Hollande est tout bonnement irréaliste. Pour l’atteindre, il faudrait passer de quelque 600 000 chômeurs formés chaque année à un million… Sachant que pour une bonne partie d’entre eux, il sera indispensable d’engager des formations longues, de quatre à cinq mois, pour espérer un retour à l’emploi dans le contexte de faible croissance que l’on connaît. Il faudra aussi tenir compte de l’engorgement que risquent de subir les services de Pôle Emploi, porte d’entrée obligatoire pour les chômeurs. Ensuite, il faudra qu’une offre de formation de qualité ait le temps de se constituer dans un délai très court. La question du financement – estimé à quelque 1 Md€, soit la moitié de ce
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président Yves Barou, « de former 80 000 demandeurs d’emplois supplémentaires en 2016, et 80 000 de plus en 2017 ». Il s’agit d’un véritable défi pour l’Afpa, qui a failli disparaître en 2012 et qui vient de vivre une restructuration douloureuse avec un millier d’emplois supprimés. Néanmoins, les retours à l’emploi des chômeurs formés par l’organisme sont supérieurs à la moyenne et atteignent près de 70 %. Même en additionnant moyens et bonne volonté de tous ces acteurs, il sera difficile de tenir l’objectif. Encore plus d’ouvrir les portes des entreprises à un nombre significatif de demandeurs d’emploi. Quant à faire bouger les statistiques, pour enfin réussir à inverser la courbe du chômage… Rendez-vous dans un an pour savoir si tout cela aura servi à quelque chose. François-Xavier Beuzon
Romorantin va former chômeurs et salariés de l’aéronautique Le groupement des entreprises du pôle aéro-défense de Romorantin a reçu 1,3 M€ au titre des investissements d’avenir pour former demandeurs d’emploi et salariés de la filière.
L
a formation professionnelle et l’emploi sont également éligibles au programme d’investissements d’avenir (PIA). Pas sûr que Michel Rocard et Alain Juppé aient vraiment envisagé de doter ce secteur lorsqu’ils ont rédigé le rapport qui a servi de fondation au PIA, lancé officiellement en décembre 2009. Leur idée était plutôt de financer l’enseignement supérieur et la recherche d’une part, l’innovation dans les entreprises d’autre part en ciblant les biotechnologies, les énergies décarbonées, la société numérique et la ville du futur. Mais 2012 est passé par là et le gouvernement a décidé de ré-
orienter partiellement le ciblage de ce programme pourvu de 47 Md€, les 35 Md€ initiaux, débloqués en 2010, ayant été complétés d’une enveloppe supplémentaire de 12 Md€ en 2013. Placé en 2014 sous la houlette de Louis Schweitzer, nommé dans la foulée commissaire général à l’investissement, le PIA a lancé en novembre 2014 un appel à projets « Partenariats pour la formation professionnelle et l’emploi (PFPE) » doté de 126 M€ et ouvert jusqu’à fin février 2017. Le 14 janvier dernier, quatorze mois plus tard, la ministre du Travail Myriam El Khomri et Louis Schweit-
zer annonçaient les six premiers lauréats devant se partager 20 M€. Parmi ces lauréats, le groupement des entreprises du pôle aéro-défense de Romorantin (GEAR) qui a reçu 1,3 M€ pour, « en anticipation des besoins des entreprises de l’aéronautique », qualifier et professionnaliser les demandeurs d’emploi et les salariés de la filière, accroître l’attractivité des métiers de l’industrie auprès du jeune publics et développer « une culture partenariale sur le territoire entre entreprises, organismes de formation, institutions scolaires et décideurs publics. » FXB
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Économie
Formation
Formation professionnelle Afin de redonner un second souffle à leur politique de l’emploi, les pouvoirs publics misent beaucoup sur la formation professionnelle des chômeurs et des salariés. L’intention est louable mais elle butte sur la dispersion des moyens et les rivalités des différents organismes en charge du sujet. Ces handicaps n’ont manifestement pas suffisamment été compensés par la réforme entraînée par la loi du 5 mars 2014.
L
es pouvoirs publics viennent d’avoir une révélation : la formation, et en particulier la formation professionnelle continue, pourrait guérir, presque à elle seule, le mal endémique du chômage ! Selon cette nouvelle religion, qui s’est propagée jusqu’au sommet de l’État – le Président de la République n’a-t-il pas annoncé un objectif, intenable selon les spécialistes, de 500 000 demandeurs d’emploi en formation d’ici à la fin du mandat ! (lire, à ce sujet, pages 22 à 25) –, la distorsion entre les besoins des entreprises et les qualifications des demandeurs d’emploi expliquerait de manière quasi-exclusive l’échec français sur le front du chômage. Une conversion subite, dont on ne peut que se féliciter, mais tient-on là réellement la panacée ? L’exigence « de se former tout au long de la vie » est-elle à la portée des plus petites des entreprises et de leurs salariés et, surtout, l’offre de formation correspond-elle réellement aux besoins ? Bien sûr, comme l’admet volontiers Bruno Gonzague, le président du cabinet tourangeau Actiforces, le spécialiste régional incontournable de la gestion des ressources humaines, « le principe du renforcement des qualifications et des compétences pour les demandeurs d’emploi, sans oublier les salariés en poste, ne se discute pas. Pour autant, il n’épuise pas, à lui seul, le sujet de l’emploi ». L’inadéquation entre le système de formation et les besoins de ses utilisateurs, la pertinence contestable 26 La Lettre Valloire - Mars 2016
des offres « et les difficultés rencontrées dans la généralisation de l’utilisation du compte personnel de formation (CPF), qui a remplacé l’ancien droit individuel à la formation (DIF), constituent le vrai nœud du
formations validées (209 670) reste encore très en-deçà des objectifs. « Il faut se mettre dans la peau d’un patron de TPE ou de PME et de ses salariés, explique Bruno Gonzague. Comment peuvent-ils s’y re-
“ NOUS NE SOMMES PAS DANS LE TRAITEMENT STATISTIQUE DU CHÔMAGE, MAIS DANS UN ENJEU D’INVESTISSEMENT HUMAIN POUR AMÉLIORER LA COMPÉTITIVITÉ problème », indique ce syndicaliste. Destinée à favoriser l’exercice du droit à la formation, notamment celui des salariés des plus petites entreprises, la réforme engagée par le gouvernement, qui s’est traduite par la loi du 5 mars 2014, patine et suscite de nombreux mécontentements. Après un démarrage poussif, le nombre d’ouvertures de CPF s’est accéléré en fin d’année dernière pour culminer à 2,48 millions de comptes ouverts au 1er janvier 2016. Mais le nombre de
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trouver dans le maquis des formations ? Par ailleurs, beaucoup de chefs d’entreprises, déjà occupés à faire survivre leur affaire dans une période difficile, ont assez mal reçu l’obligation d’organiser tous les deux ans un entretien professionnel pour faire le point sur l’évolution des compétences de leurs salariés, un rendez-vous qui vient s’ajouter à l’entretien individuel annuel préexistant. » Un tel formalisme, certes pavé de
Formation pro : le top des formations Selon les informations fournies par le ministère de l’Emploi, une petite dizaine de formations mobilise le plus gros des demandes effectuées par les salariés au titre du compte personnel de formation (CPF). Il s’agit notamment de l’acquisition du socle de compétences, des tests TOEIC (Test of English for International Communication), des stages de préparation à l’installation, du diplôme d’État d’aide-soignant, du titre professionnel d’aide-cariste d’entrepôt, de conducteur du transport routier de marchandises, du diplôme d’Etat d’infirmier ainsi que les différents modules permettant la valorisation des acquis de l’expérience (VAE). La durée médiane des formations validées et financées s’établit à 210 h.
peut-on continuer comme ça ? bonnes intentions, ne s’attaque pas à l’essentiel : le manque de visibilité et d’évaluation des formations disponibles qui se sont pourtant multipliées ces dernières années. Ayant vite compris que le filon pouvait être exploité, beaucoup d’opérateurs publics et privés jouent des coudes sur un marché très encombré. « Oui, nombre d’établissements pratiquent la politique de la chaise vide… surtout celle des apprenants », note cruellement un intervenant en formation qui, à mots couverts, estime que l’une des ambitions de la réforme de la formation professionnelle « a surtout été de faire survivre des structures publiques qui peinent à s’adapter aux besoins des entreprises et des salariés. » L’État et les Régions – ces dernières ont vu leurs compétences se renforcer sur le sujet – ont d’ailleurs beaucoup de mal à y retrouver leurs petits ! Ainsi, à l’Observatoire régional sur la formation et l’emploi, qui dépend du GIP Alfa Centre, on reconnaît ne pas avoir mené d’enquête qualitative sur les besoins des entreprises « parce qu’aucune commande politique ne nous a été adressée ». Ne faudrait-il pas, pourtant, commencer par là ? De la même façon, il semble très compliqué d’obtenir une cartographie régionale précise des filières de formation professionnelle. « Le dispositif public d’accompagnement de la formation continue compose un univers kafkaïen, au sein duquel sont entretenues des rivalités obscures entre des structures concurrentes aux missions mal définies. La réforme de 2014 n’y a pas changé grand chose », indique cette autre source interne. La création du SPRO (Service public régional de l’orientation), une des dispositions de la loi sur la formation
professionnelle, devait pallier ces lacunes dans la coordination des différentes structures en place et l’accueil des publics. Le moins que l’on puisse dire est qu’il peine à assumer cette double mission. Mais comment pourrait-il en être autrement lorsque l’on sait que, dans le seul domaine de l’orientation, 8 000 organismes concourent – et rivalisent – à l’orientation des jeunes et des adultes salariés ou demandeurs d’emploi (CIO, Onisep, Pôle Emploi, missions locales, associations). Une telle profusion a son pendant du côté de la formation : le portail interrégional formation emploi du réseau des Carif-Oref, consultable sur le net – et d’ailleurs plutôt très bien fait – recensait à la date du 28 janvier 2016 la bagatelle de 236 744 formations dispensées sur le territoire national par 27 560 organismes. N’en je-
tez plus ! « Si l’on ajoute à ce chaos la sourde lutte d’influence qui opposent les grands acteurs pour le contrôle intégral et sans partage de la formation professionnelle, il n’est pas étonnant que cette dernière peine à se conformer aux attentes légitimes de ses différents publics », juge l’un des responsables d’une structure publique de formation. Privée de boussole, confrontée à une incroyable dispersion de moyens, livrée aux appétits de technostructures rivales, la formation professionnelle (apprentissage y compris), véritable tarte à la crème des politiques en mal de légitimation, ne peut que continuer dans de telles conditions à absorber pour une efficacité limitée les 32 Md€ que lui accordent annuellement les Français. Jean-Christophe Savattier
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Économie
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Économie
Formation
JEAN-PATRICK GILLE, DÉPUTÉ PS D’INDRE-ET-LOIRE
« La loi a fait bouger les lignes » Rapporteur de la loi du 5 mars 2014 portant réforme de la formation professionnelle, Jean-Patrick Gille vient de rendre un rapport d’évaluation de sa mise en œuvre. La Lettre Valloire : Quels sont les points qui peuvent être améliorés ? Jean-Patrick Gille : Il faut déjà admettre que nous avons réussi à engager la migration d’une obligation fiscale à une obligation de former. Par ailleurs, les entreprises doivent aussi se rendre compte que leur taux de contribution est passé de 1,6 % de la masse salariale à un taux unique de 1 %. Pour autant, je vais faire un certain nombre de propositions afin d’améliorer le dispositif. Je proposerai, par exemple, d’inciter fiscalement les salariés à compléter les formations par des cursus qu’ils pourraient financer eux-mêmes. Il faut aussi beaucoup simplifier l’offre de qualifications et de certifications. Je souhaite également que l’on se dirige vers une modularisation des certifications qui permettront, un peu sur le modèle des unités de valeur à l’université, d’étaler dans le temps les cursus de formation.
La Lettre Valloire : Vous avez été le rapporteur de la loi du 5 mars 2014. Quel premier bilan en tirezvous ? Jean-Patrick Gille : Tout d’abord, il faut bien admettre que tous ceux qui avaient qualifié cette loi de réformette se sont trompés ! Il s’agissait bien d’une réforme systémique qui a déjà fait bouger beaucoup de lignes. Même si je vous accorde qu’il va falloir aller plus loin et ajuster certaines dispositions. La mise en place de la réforme a conduit à une baisse modérée des montants engagés dans la formation continue en 2015, mais contrairement à ce qu’avaient annoncé nos adversaires, les nouveaux circuits de financements ont été correctement installés et fonctionnent. Le programme de formation de 500 000 demandeurs d’emploi annoncé par le Président de la République devrait permettre de relancer la machine. Je conviens que le nombre d’ouvertures de comptes personnels de formation (2,6 millions à ce jour) reste insuffisant. Il faut très probablement que le gouvernement produise de nouvelles actions de communication pour mieux « vendre » les acquis de la réforme aux salariés. 30 La Lettre Valloire - Mars 2016
La Lettre Valloire : La gouvernance qui a été installée devrait donner beaucoup de pouvoir aux Régions. Quel est votre sentiment sur cette question délicate ? Jean-Patrick Gille : Il faut se réjouir de la mise en place d’une première gouvernance multipartite, via la création du conseil national de l’emploi, de la formation, de l’emploi, de l’orientation (Cnefop) et de ses déclinaisons régionales (Crefop). Les bureaux de ces organismes ne sont pas totalement exécutifs mais ils peuvent prendre certaines décisions. C’est, en tout cas, la première fois depuis vingt-cinq ans que l’on traite à la fois d’emploi et de formation dans des instances uniques. La loi NOTRe donne de nouvelles compétences aux Régions dans le domaine de la formation continue, sans pour autant être totalement précise et définitive sur ce point. La Région Centre-Val de Loire va expérimenter le rôle d’organisateur et de coordinateur, ce qui va naturellement remettre en question les périmètres d’intervention d’autres acteurs tels que Pôle Emploi ou le réseau des missions locales que j’ai d’ailleurs l’honneur de présider au plan national. Je n’ai pas d’avis tranché sur le sujet : je ne sais pas si l’unité de commandement s’impose dans tous les domaines. Mais je pense que nous devons oser des expérimentations ; elles seules pourront nous renseigner sur le bien-fondé des gouvernances en devenir. Propos recueillis par Jean-Christophe Savattier
CEM ERTUR, doyen de l’UFR Droit Économie Gestion d’Orléans
« Nous rivalisons avec les Business Schools » Quel est l’atout majeur de l’offre de formations proposée par l’UFR de Droit Économie Gestion d’Orléans ? L’indicateur qui me paraît le plus emblématique de la qualité de notre offre pédagogique et de la mobilisation de nos équipes, me semble être celui de l’insertion professionnelle de nos étudiants. Selon l’évaluation indépendante récente réalisée par notre autorité de tutelle, le pourcentage d’étudiants ayant obtenu l’un de nos masters et se trouvant en poste en entreprise en CDI s’élevait à 85 % à douze mois et à 90 % à trente mois. Ce chiffre tout à fait édifiant démontre que nos 3 700 étudiants qui se déploient sur trois sites (Orléans, Bourges et Châteauroux) bénéficient des relations très structurées par des conventions de partenariat (BNP Paribas, Crédit Agricole, Banque Populaire, Maquet, Ordre des Experts-Comptables, Ariac, Orcom... ), ainsi que de la pro- ximité que nous entretenons de manière générale avec le monde de l’entreprise. C’est une évidence, les acquisitions de compétences que nous développons sont tout à fait ajustées aux besoins des entrepreneurs. C’est notre marque de fabrique ! Elles sont aussi revivifiées par la contribution de 120 enseignants chercheurs et des 350 intervenants contractuels qui sont tous en poste dans des juridictions ou en entreprise. C’est ce dialogue vertueux, ce décloisonnement auquel nous travaillons chaque jour qui expliquent la qualité du taux d’insertion de nos jeunes. Et qui nous permettent aujourd’hui de rivaliser sans complexes avec les Business Schools privées.
Les formations en alternance participent-elles aussi à cette performance ? Naturellement, nous avons développé une offre de formations en alternance (10 en master, une licence pro dédiée aux métiers de la banque en coordination avec le CFPB (Centre de Formation de la Profession Bancaire) et une seconde licence pro dédiée aux marchés publics) qui rencontre un franc succès auprès de nos étudiants et des entreprises partenaires. Aujourd’hui, ce sont près de 165 étudiants qui sont simultanément engagés dans ces formations dotées naturellement d’un très fort taux d’insertion. Ce succès nous incite à tenter une expérience pilote de formation en alternance sur les deux années de master (M1 et M2) en finance et contrôle de gestion.
Quel est l’axe de développement majeur de l’UFR en direction des entreprises ? Nous souhaitons élargir notre offre en matière de formation continue qualifiante non diplômante. Nous avons déjà bâti des modules sur-mesure dans le domaine du management qui nous ont amenés à accueillir une quarantaine de cadres du Crédit Agricole. Ces formations très pointues qui s’appuient sur des méthodologies issues de la recherche ont été très appréciées. Il nous faut aller plus loin. Nous allons étoffer notre offre en bâtissant des modules de formation continue spécifiques qui seront d’ailleurs aussi proposés à nos étudiants en initiale mais qui seront susceptibles d’être ajustés aux besoins spécifiques d’entreprises clientes.
Économie
Formation
Apprentissage, les ingénieurs En région Centre-Val de Loire, 177 étudiants suivent une formation d’ingénieurs par apprentissage. Un parcours en trois ans très exigeant, mais avec la certitude d’être embauchés.
«L
a formation des ingénieurs par l’apprentissage est loin d’être une formation au rabais », prévient-on d’emblée à l’ITII (Institut des techniques d’ingénieurs de l’industrie) du Centre, à la Chapelle-St-Mesmin (45). Il est vrai que pour le sens commun, le terme d’apprenti renvoie plutôt aux taches d’exécution et celui d’ingénieur aux métiers de conception. Une représentation qui ne devrait plus avoir cours aujourd’hui, alors même que 15 % des ingénieurs sont issus d’une formation par alternance. La tendance est d’ailleurs au renforcement des parcours associant théorie et
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pratique avec une offre élargie à plus de 200 spécialités différentes. Quelque 60 % des écoles d’ingénieurs dites classiques proposent des formations par alternance, en partenariat avec des établissements spécialisés comme les ITII ou les centres de formation d’apprentis (CFA). Car la particularité des formations d’ingénieur par apprentissage est d’être accessibles aux étudiants de niveau bac+2. Tel est le cas en région Centre-Val de Loire où trois diplômes sont proposés : management de la production et intelligence du bâtiment, en partenariat avec Polytech Orléans, et informatique industrielle, en partenariat avec Polytech Tours.
« Le processus de recrutement est rigoureux, précise Philippe Petitjean, le directeur du CFA Industrie de la Chapelle St-Mesmin. Les candidats, qui doivent être titulaires d’un BTS ou d’un DUT technique ou scientifique, passent devant un jury de professionnels, de membres du CFAI Centre et de professeurs des deux Polytechs. Leurs cursus et leurs motivations sont passés au peigne fin. » De la motivation, les apprentis ingénieurs doivent en avoir tout au long des trois années de leur formation. L’alternance n’y est pas un vain mot, elle est bien réelle avec un partage par moitié égale entre cours théorique et tra-
aussi ! vail pratique en entreprise. Autre différence fondamentale avec une formation classique, les apprentis ingénieurs sont salariés de l’entreprise qui les accueille. « Cela comporte des avantages, comme le fait d’être rémunérés, mais aussi des obligations en terme d’horaires et de congés car ils ne bénéficient pas des vacances scolaires », explique Guy Lamarque, directeur de la spécialité intelligence du bâtiment à Polytech Orléans. Une dizaine d’apprentis ingénieurs suivent ce parcours centré sur les équipements électroniques et informatiques qui constituent les réseaux « intelligents» des constructions : « Le partage du temps entre école et entreprise s’inscrit dans une progression croissante, ajoute-t-il. Au début on alterne deux semaines à l’école et deux
semaines en entreprise, puis on passe à un un mois alterné, deux mois, trois mois jusqu’à cinq mois en dernière année. C’est un rythme assez intensif mais très profitable », estime-t-il. La recherche des entreprises d’accueil se réalise en association avec le CFA Industrie qui dispose d’un réseau auprès des industriels de toute la région. « Les entreprises renouvellent régulièrement leurs demandes d’apprentis », se félicite Philippe Petitjean. Forts de leur double bagage théori-
que et pratique, les apprentis ingénieurs n’ont pas de difficulté pour trouver un emploi au sortir de leurs trois années de formation-action. « Les employeurs apprécient ces profils car ils sont directement opérationnels », ajoute Guy Lamarque. Ils accèdent aussi plus rapidement à des responsabilités. Une enquête de l’IESF (Ingénieurs et Scientifiques de France) indiquait que les ingénieurs issus de l’apprentissage devenaient plus vite chefs Bruno Villeneuve de projet.
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Économie
Formation
Bussière forme les imprimeurs au numérique À St-Amand-Montrond (18), CPI Bussière forme étudiants et salariés européens du groupe aux technologies numériques d’impression.
L’
imprimerie CPI Bussière a ouvert en octobre le centre de formation aux métiers de l’impression numérique qu’elle s’était engagée à créer en 2014, à l’is-
sue de la restructuration de son site de St-Amand-Montrond (18). « Nous avons besoin de former nos collaborateurs et partenaires aux nouveaux procédés, indique Céline Couët-Charvet, directrice du centre. Notre secteur industriel connaît un tournant. Le site saint-amandois de CPI est le pôle numérique du groupe et nous avons l’ambition d’en faire un pôle d’excellence. » En 2016, l’objectif est d’accueillir 200 étudiants spécialisés dans la communication et le design graphiques, les métiers du livre, le pré-presse… Le centre a d’ailleurs déjà organisé deux sessions pour l’école de la communication imprimée Pagora, à Grenoble, et la célèbre école Estienne, à Paris. « Nous proposons une partie théorique assurée par des intervenants de CPI
et un partie pratique d’observation sur machines », commente Céline Couët-Charvet. Le centre formera bien sûr l’ensemble des salariés du groupe (3 200 personnes, réparties sur dix-sept sites de production en Europe) et même, à terme, les clients, « pour leur montrer les enjeux du numérique. » Le premier imprimeur européen, qui travaille en partenariat avec Hewlett-Packard (HP), souhaite que le centre saint-amandois devienne « le pôle européen de formation numérique HP », ce qui éviterait aux salariés des imprimeries clientes de HP de se déplacer à Corvallis, dans l’Oregon, où le géant américain possède son principal centre de formation. Un bel enjeu pour l’avenir du bassin d’emploi berrichon. Stéphanie Payssan
Un campus à la centrale de Belleville Les 780 employés de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (18) vont disposer d’un véritable campus pour se former.
L
a construction du campus de formation de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire, qui va entrer dans sa période de grand carénage – 2 Md€ de travaux pour les deux réacteurs – , est achevée depuis décembre dernier. « Il est destiné à former exclusivement nos 780 salariés, note le directeur de la centrale, Jean-Marie Boursier. En 2015, le nombre d’heures de formation s’est élevé à 132 000 heures soit 170 par personne. Tout le monde bénéficie d’une formation annuelle que ce soit pour le recyclage dans la sécurité ou la prévention des risques.
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Nos prestataires industriels y auront aussi accès mais il nous est interdit d’assurer leur formation. » La centrale disposait déjà d’un chantier-école, mais vieillissant, et les salariés devaient se former à la centrale nucléaire du Bugey, dans l’Ain. Les nouvelles installations de Belleville ont coûté 5 M€. Trois parties ont été aménagées dans ce bâtiment neuf de 2 500 m2 : la première pour les cours, la deuxième pour le chantier-école, qui permet de simuler ce qui se passe en zone contrôlée, notamment en matière de radioprotection et de pré-
vention des incendies, et la troisième pour l’espace maquettes, où sont reconstituées des pièces utilisées dans le process et où sont enseignées la soudure, l’électricité… « Les salariés seront formés en conditions réelles, précise le directeur. Ainsi, l’espace réservé aux maquettes permet de répéter les gammes pour assurer les gestes à effectuer sur le terrain. » Pour l’heure, seules les salles de formation sont ouvertes, le chantierécole et l’espace maquettes sont en cours d’aménagement. Le campus sera inauguré le 21 juin. SP
4 MÉTIERS POUR ACCOMPAGNER VOS RESSOURCES HUMAINES
ET VOTRE “STRATÉGIE DE RÉSULTAT”
L’approche directe : un « terrain de chasse » souvent méconnu pour détecter les potentiels et attirer les talents en région Centre - Val de Loire ! Dans quels cas utilisez-vous cette démarche de recrutement ?
Est-il facile de faire venir les talents dans notre région ?
Le recours à l’approche directe, plus souvent appelée « chasse de têtes », répond à différentes problématiques d’entreprise. Tout d’abord, celle de la confidentialité lorsque l’entreprise ne souhaite pas communiquer sur son projet de recrutement ou celle de l’efficacité : la volonté d’aller au devant des « meilleurs » candidats et d’intégrer des profils aux compétences rares sur le marché, rapidement opérationnels.
Sur ce point, il est important de ne pas confondre l’attractivité du territoire et celle du projet de recrutement. Trop souvent, les entreprises qui rencontrent des difficultés de recrutement incriminent le manque d’attractivité du territoire. Ce qui est souvent un faux problème. Certes, il est moins facile de proposer aux candidats de s’installer en Centre - Val de Loire que dans une grande métropole. Toutefois, nous constatons tous les jours que les entreprises ne parviennent pas à faire ressortir les éléments d‘attractivité de leur projet de recrutement. C’est entre autres là où nous avons un rôle de facilitateur important, d’abord avec l’aide de nos outils de marketing social et ensuite en étant vigilants dans notre approche à l’équilibre projet professionnel et projet personnel du candidat.
Cette démarche de recherche est depuis ses origines, la « chasse gardée » des recrutements top management. Utilisée pour des postes de Direction Générale, nos clients nous sollicitent également sur des profils à haut potentiel, et à mobilité régionale, nationale voire même internationale. Ainsi, l’approche directe nous permet, non plus de pourvoir simplement un poste, mais d’identifier et de recruter pour le compte de nos clients les « meilleurs » profils du moment dans un secteur d’activité. Toutefois, nous sommes de plus en plus conduits à recourir à des démarches de recrutement par approche directe pour des niveaux de postes qui jusqu’à présent pouvaient être pourvus par voie d’annonces ou encore grâce aux CVthèques. La pénurie croissante de certains profils a généralisé cette démarche au recrutement « middle management », voire même à celui de techniciens et d’agents de maîtrise. Quant aux résultats, ils sont là car il s’agit très souvent pour le candidat approché de postes qui représentent une réelle évolution de carrière.
Une fois identifiée une candidature potentielle, il nous appartient de fiabiliser le recrutement en validant, au-delà des compétences et du savoir-être, l’adéquation du projet de vie du candidat avec les spécificités de notre territoire. Et sur ce registre, ne sommes-nous pas les mieux placés, en tant que cabinet conseil RH implanté depuis 25 ans en région Centre - Val de Loire, pour en connaître les atouts et en vanter les mérites auprès des talents et potentiels que recherchent les entreprises locales ? C’est dans doute pour cela que nos clients et nos candidats nous font confiance depuis tant d’années.
Siège Social Bureaux TOURS Bureaux PARIS 15-17 rue Clisson 75013 PARIS 01 49 49 42 95 Bureaux POITIERS Arobase 2 Avenue du Futuroscope - 86360 Chasseneuil-du-Poitou 05 49 49 42 95
20, avenue Marcel Dassault Quartier des 2 Lions 37200 Tours info@actiforces.com 02 47 48 04 00
Bureaux ORLÉANS 3-5 Boulevard de Verdun 45000 Orléans 02 38 54 10 52
Bureaux BLOIS 5, rue Copernic 41260 La Chaussée St Victor 02 54 58 95 41
Bureaux BOURGES 3, Rue de Séraucourt 18000 Bourges 02 48 21 28 25
Bureaux CHÂTEAUROUX 5bis rue Albert 1er - Etage 1 36000 Châteauroux 02 54 61 23 73
Bureaux CHARTRES 5 rue Louis Pasteur 28630 Le Coudray 02 37 35 82 42
Bureaux BORDEAUX 3 rue du Golf - Parc Innolin 33700 Merignac 05 56 34 74 01
Bureaux NIORT 37 rue Saint Symphorien 79000 NIORT 05 49 49 42 95
Économie
Formation
La Wild Code School se dé Un recrutement fondé sur la motivation, une méthode pédagogique innovante et une formation intensive sont les clés de la réussite de la Wild Code School de la Loupe (28) qui va essaimer à Chartres et Orléans.
D
es antennes opérationnelles à Chartres et Fontainebleau ce mois de mars, une école à Orléans en septembre et d’autres ouvertures programmées pour les mois qui viennent… La Wild Code School de la Loupe (Wcs), créée en 2014, passe en mode accéléré. « Les besoins du marché intérieur en développeurs web sont importants, explique la fondatrice Anna Stépanoff. On les estime à plus de 35 000 postes en France dans les deux ans. Et le chiffre avoisine les 900 000 à l’échelon européen à l’horizon 2020 ! » Face à cette demande exponentielle, l’école a un atout maître : une méthode intensive (cinq mois seulement), hybride, combinant « e-learning et accompagnement par des formateurs ». Pour Anna Stépanoff, ce mix est fondamental : « L’e-learning seul, tel que le permettent les MOOCs, n’est pas suffisant car le taux de décrochage est important. La présence d’un formateur, qui aide, accompagne et stimule à la fois, est essentielle. » Autre élément de différenciation de la Wcs : sa méthode de recrutement des élèves : « Nous n’avons aucune exigence de diplômes ou d’âge (entre 19 et 51 ans pour la dernière promotion, NDLR). Idem pour la provenance géographique, précise Anna Stépanoff. Mais la motivation est essentielle. Nous disons aux postulants : vous voulez apprendre le code ? Eh bien, prouvez-le ! » Rien n’est laissé au hasard. Les candidats à l’intégration doivent franchir différentes épreuves : des travaux pratiques, comme la réalisation d’une page web, une journée d’immer36 La Lettre Valloire - Mars 2016
sion à la Loupe, une rencontre avec les élèves et deux entretiens, « l’un technique et l’autre destiné à mesurer la motivation ». Une sélection rigoureuse à la mesure de l’engagement personnel exigé durant cinq mois, qui demande d’accepter « de veiller souvent tard le soir et de travailler les weekends ». L’investissement personnel est récompensé puisqu’il n’est pas rare que les élèves décrochent un stage, voire un poste, avant même d’avoir terminé leur formation ! Car le profil des futurs diplômés de la Wsc intéresse les entreprises : « Ils ont des compétences techniques en codage, sont autonomes, plutôt créatifs, et non formatés ».
« L’école est aussi un laboratoire d’expérimentation pédagogique », admet sa directrice. Avec un objectif, l’efficacité. Anna Stépanoff a eu le loisir de tester des formations universitaires ou de grandes écoles, aussi bien aux États-Unis qu’en France. Déçue par la faible valorisation de la pratique, elle a souhaité mettre au point une plateforme pédagogique numérique innovante, baptisée Odyssey, qu’elle a voulu la plus souple possible afin que les élèves apprennent et valident des connaissances tout en personnalisant leur cheminement. Ils sont tout de suite confrontés à des exercices pratiques : « Le cursus comprend quatre projets à réaliser,
De l’histoire-géo au logiciel Julien Ente, 35 ans, est content ! Après cinq mois de formation à la Loupe, il va retrouver sa famille, sa ville de Lille et un travail. « Un CDD de six mois pour commencer dans une entreprise spécialisée dans la gestion de flux audio », précise t-il. Cet ancien professeur d’histoire-géo vacataire en avait assez de la précarité du statut imposé par l’Éducation nationale. Intéressé depuis longtemps par l’univers numérique, il a postulé à l’école de La Loupe et passé les tests avec succès. Et il s’est investi à fond : « Il y a un haut niveau d’exigence », reconnaît-il. Mais il ne regrette pas son choix. Et pas uniquement parce qu’il vient de décrocher un job. Cette parenthèse a été aussi pour lui « une grande expérience humaine, avec un esprit d’équipe incroyable ». L’école a ouvert son « horizon des possibles » ; il rêve déjà à un poste faisant le lien entre ses nouvelles compétences et son attachement à la géographie et aux territoires.
veloppe en mode accéléré dont certains sont des vraies commandes rémunérées. L’argent récolté (autour de 30 000 €) sert à allouer des bourses à certains élèves de la promotion suivante. » Autre originalité : « Les exercices sont corrigés par les camarades de promo. » Un pôle recherche et développement réfléchit, par ailleurs, à la façon de libérer les formateurs de la transmission du savoir pour mieux « tutorer et motiver les élèves ». La formation est vendue 5 000 €, mais l’école assure un accompagnement pour son financement. S’ajoutent les frais d’hébergement et ceux liés à la vie au quotidien dans la commune. « Les retombées économiques dont bénéficie la Loupe sont estimées à 170 000 € par an », souligne Anna Stépanoff.
Ce mélange d’innovation et d’efficacité séduit : « Nous nouons des partenariats avec des entreprises qui recrutent directement nos développeurs web. C’est le cas de la mutuelle santé GFP ou de l’expert-comptable CER. Et nous recrutons nous-même, parmi nos élèves, pour nos propres besoins. » L’école de la Loupe, qui vient d’être labellisée « Grande École du Numérique », a ainsi remporté, avec d’autres, l’appel à projets « Culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat », impulsé par plusieurs ministères dont celui de l’Éducation nationale. La subvention d’investissement de 600 000 € va l’aider à essaimer son concept, notamment dans le sud de la France. Stéphane Messer Anna Stépanoff est très impliquée dans la formation des élèves de la Wcs
Entre Tours et Orléans,
le courant numérique va fort
Même sans label national, la French Tech Loire Valley trace sa route. Les incubateurs de Tours et d’Orléans seront inaugurés en avril et l’agenda déborde d’initiatives.
«N
ous venons tous les deux du monde de l’entreprise », a dit l’un. « Notre projet s’inscrit dans une logique partagée de technopole du bassin de la Loire », a dit l’autre. Entre Serge Babary, le maire de Tours, et Olivier Carré, celui d’Orléans, le courant numérique va fort. Ils l’ont affirmé publiquement, le 28 janvier dernier, en signant la première convention de partenariat de la French Tech Loire Valley. Même si elles ne croient plus à l’attribution du label national French Tech et ses subventions publiques, les Villes d’Orléans et de Tours poussent les feux de leurs incubateurs qui seront inaugurés en même temps, le 25
avril. Deux bâtiments de même surface, 14 000 m2, qui furent, ô symbole, des sites industriels : l’imprimerie Mame à Tours et l’usine pharmaceutique Famar (ex-Sandoz) à Orléans. A Tours, deux plateaux de 1 000 m2 sont en cours d’aménagement pour accueillir les startups et un « FunLab » (atelier de fabrication numérique), tandis qu’à Orléans, les travaux s’achèvent pour recevoir les jeunes pousses, la pépinière du centre d’innovation de La Source et la Webschool. Une vingtaine de startups, sélectionnées par un jury, sont attendues au démarrage sur chaque site. Elles pourront bénéficier du soutien technique et commercial
d’Orange qui a signé la première convention de partenariat avec la French Tech Loire Valley. L’agenda numérique des deux partenaires s’étoffe chaque jour : des Startup week-ends les 20, 21 et 22 mai à Orléans, puis à Tours au quatrième trimestre ; des conférences TEDx (enchaînement d’interventions de 18 minutes) le 3 juin à Tours et le 17 juin à Orléans ; sans oublier le forum sur l’économie numérique des États généraux du développement économique de la Région Centre-Val de Loire, le 11 mai dans les ex-locaux Mame à Tours. Bruno Villeneuve
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Économie
Formation
Un outil de formation pour la bioproduction La plateforme tourangelle de formation aux métiers de la bioproduction de médicaments et de bioactifs cosmétiques Bio3 Institute va accueillir des premiers apprenants en formation continue en mai prochain. Elle peut composer la pierre angulaire d’une filière biotechnologique régionale encore balbutiante.
L
Xavier Monjanel, président de la Fondation Maupas, Louis Le Franc, préfet d'Indre-et-Loire, et Patrick Bourdy, président du groupe IMT, inaugurent le Bio3 Institute.
es promoteurs de la plateforme de formation aux métiers de la bioproduction Bio3 Institute, inaugurée il y a quelques semaines au cœur de la ZAC du Plat d’Étain à Tours, misent beaucoup sur cette unité. Le site, appelé à être exploité pendant au moins deux ans par l’IMT de Tours – un établissement de formation aux métiers de la production pharmaceutique très prisé par les acteurs industriels –, accueillera en mai 2016 des premiers apprenants en formation continue. Avant de recevoir en septembre 2016 les promotions en formation initiale. « D’ici à dix ans, nous espérons pouvoir former 1 000 étudiants et près de 2 000 salariés », estime Patrick Hibon de Frohen, viceprésident exécutif de l’IMT. Une telle contribution était très attendue par les industriels locaux de la pharmacie qui se sont d’ailleurs engagés à financer le coût du Bio3 Ins-
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titute (9 M€) à hauteur de 1 M€ via la Fondation Philippe Maupas. « Plus de 600 000 € ont déjà été collectés », se félicite Xavier Monjanel, président du Grepic (groupement des industriels de la pharmacie) et également président de la Fondation Philippe Maupas.
mesure des petites quantités, ce qui est idéal pour des programmes précliniques mais aussi des expérimentations ultra-précoces », poursuit Hervé Wattier. MAbImprove ne sera pas la seule instance de recherche à utiliser le bâtiment du Plat d’Étain. Deux autres La-
”
“ D’ICI À DIX ANS, NOUS ESPÉRONS POUVOIR FORMER 1 000 ÉTUDIANTS ET PRÈS DE 2 000 SALARIÉS Cette mission originelle de formation est complétée par de grandes ambitions sur le front de la recherche. Non contents de former les futurs collaborateurs de l’industrie pharmaceutique aux arcanes de la fabrication des médicaments issus du vivant, les fondateurs du Bio3 Institute entendent mettre à la disposition des équipes académiques et des industriels, des capacités pilotes de filtration et de production de protéines. Et notamment de ces fameux anticorps qui, dans les prochaines années, devraient révolutionner le traitement des cancers et des maladies inflammatoires. « Cet outil tombe vraiment à pic », estime le Pr. Hervé Wattier, le coordinateur du laboratoire d’excellence (LabEx) MAbImprove dédié au développement d’anticorps monoclonaux thérapeutiques qui coordonne une vingtaine d’équipes de recherche (soit environ 200 chercheurs) basées à Tours et à Montpellier. « Les réacteurs, d’une capacité annoncée de 80 litres, vont autoriser la production sur
bEx – Iron dans le domaine de la radiopharmacie et Synorg dans celui de la synthèse de nouveaux composés pharmaceutiques – seront également autorisés à se servir de l’infrastructure tourangelle. Emportés par leur enthousiasme, d’aucuns prétendent que le Bio3 Institute composera la pierre angulaire d’une véritable filière ligérienne du biomédicament qui ne demande qu’à s’épanouir. Mais la réalité du terrain est plus contrastée. « Oui, une telle infrastructure est de nature à renforcer l’attractivité du territoire dans ce domaine, mais nous sommes encore loin de l’optimum », juge Hervé Wattier. Contrairement à Montpellier où plusieurs biotechs sont en passe ou viennent de lancer des programmes de développement clinique, le sujet reste balbutiant en Val de Loire. Quant au tissu industriel local, il est encore très focalisé sur la fabrication de médicaments chimiques classiques. Jean-Christophe Savattier
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Économie
Formation
Escem, année zéro L’école supérieure de commerce et de management de Tours-Poitiers (Escem) est au supplice. Minée par une gouvernance erratique et par les conséquences de l’implosion de France Business School (fBS), elle ne doit son salut qu’au rachat annoncé en février dernier par un pool mené par l’École supérieure de commerce (ESC) de La Rochelle. Tout est à reconstruire.
L’
école supérieure de commerce et de management (Escem) de Tours-Poitiers peut-elle rebondir ? Après avoir appartenu, il y a encore quelques années, au Top 15 des écoles de commerce françaises grâce à ses trois accréditations (Amba, Equis, AACSB), célébré en 2006 dans le journal Challenges – il y a seulement dix ans – «pour son système de gouvernance efficace, ses valeurs d’humilité et d’intégrité », l’établissement va repartir de rien, ou presque. Déclenchée par l’implosion en avril 2015 de fBS, qui n’aura pas survécu à une stratégie hasardeuse, une gouvernance conflictuelle et l’hémorragie des effectifs étudiants, la spirale déclinante de l’école tourangelle n’a été interrompue que par son sauvetage, conclu début février, par l’école supérieure de commerce (ESC) de la Rochelle, associée avec le réseau des grandes écoles spécialisées (GES). En acceptant de reprendre in extremis l’activité de leur homologue picto-tou-
L’Escem et ses nombreux étudiants aux jours heureux, ici en février 2012 sur le parvis de la mairie de Poitiers.
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rangelle, les deux partenaires ont sauvé les derniers pans de l’édifice construit à la fin des années 90 par la fusion des écoles de Tours et de Poitiers, élargi une quinzaine d’années plus tard avec l’arrivée de l’ECG d’Orléans. Selon le protocole d’accord signé entre les Rochelais et le syndicat mixte contrôlant l’Escem, le périmètre de reprise comprendrait la totalité des cursus pédagogiques des campus tourangeau, poitevin et orléanais (Bachelor, MBM on line, Executive MBA). L’effectif, tombé à 65 salariés – contre 250 avant la création de fBS – dont une vingtaine d’enseignants – à comparer aux 170 professeurs de fBS –, sera conservé au prix, sans doute, d’un abandon du statut d’agent de droit public pour celui de salarié de droit privé. Consolation pour les anciens élèves, qui se désolent d’assister à cette descente aux enfers, le nom de leur école devrait être conservé. « Il n’y avait pas d’autre moyens pour
l’Escem que de s’adosser à une autre école. Elle n’avait ni les ressources financières, ni les moyens pédagogiques pour repartir seule du bon pied », s’attriste l’un de ses anciens responsables, un des seuls qui se risque à commenter ce sinistre industriel. Car les consulaires et les élus, comme les dirigeants et les responsables syndicaux de l’école, ont préféré éviter courageusement nos questions. Le manque de vision stratégique et les gouvernances erratiques – jusqu’à la motion de censure déposée en avril 2015 par le personnel à l’encontre de l’ancien président de la CCI du Loiret Yves Broussoux, alors président de l’Escem –, ne pouvaient que conduire à cette faillite, dont le dernier avatar a été l’humiliant avis défavorable à la demande de renouvellement de visa de grande école rendu par la commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion (CEFDG). « Il a fallu boire le calice jusqu’à la lie ! », se désole notre interlocuteur. Pourtant, la commission n’avait pas eu grand chose à redire sur la qualité des enseignements… En attendant de reconstruire un projet et une réputation, il faudra purger le passé. Ou plutôt le passif puisque, selon nos informations, les anciens dirigeants de fBS auraient laissé une ardoise comprise entre 45 et 60 M€ aux collectivités et aux chambres consulaires, dont 6 à 8 M€, selon les estimations, à la charge de celle de Tours. Un comble pour un établissement censé enseigner la gestion et le management à des futurs cadres d’entreprises. Jean-Christophe Savattier
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Économie
Emploi
2000 emplois, 2000 sourires, Avec 6 600 emplois pourvus en trois éditions, le salon orléanais « 2 000 emplois, 2 000 sourires » confirme le succès d’une formule originale et s’apprête à exporter son modèle à Tours, et peut-être au-delà de la région...
«O
n me prenait souvent pour un gars pas trop sérieux, attiré par les paillettes et la futilité. Avec 2 000 emplois, 2 000 sourires, j’ai prouvé que je pouvais être utile aux autres » : Alex Vagner tire une légitime fierté de la réussite de son initiative en faveur de l’accès des jeunes au premier emploi. En trois éditions, le salon orléanais « 2 000 emplois, 2 000 sourires » aura permis à 6 600 jeunes de signer un contrat de travail et à beaucoup d’autres d’avoir un premier contact avec la vie active. A tel point que le modèle original de ce salon de l’emploi intéresse d’autres villes de la région Centre-Val de Loire, dont celle de Tours et pourrait se dupliquer à Bordeaux et à Paris. Autant l’idée de départ était commune, favoriser l’accès des jeunes au premier emploi, autant sa mise en œuvre a été originale. Le succès repose en grande partie sur la personnalité et le charisme de son initiateur. Avec son look de rock star, lunettes fluo, foulard bariolé, jeans et baskets colorés, on n’imaginait pas Alex Vagner se lancer dans une œuvre philanthropique. C’était oublier qu’il est aussi le di-
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recteur général en charge de la communication du groupe de radios locales 1981 (Vibration, Forum, Ado FM, Radio Latina, Voltage, Wit FM) et son auditoire de jeunes, premières victimes du chômage.
ganisation de la première édition en mars 2013. Alex va transformer ce patchwork improbable en bande de copains, avec tutoiement de rigueur et joyeuses fins de réunions de travail. « J’ai tout de suite été soutenu par Daniel Guillermin, alors président de la CCI du Loiret, qui m’a apporté toute la crédibilité du monde économique », reconnaît Alex Vagner. Appuyé par cette reconnaissance, l’appel aux entreprises sera entendu. Plus de 70 employeurs et une trentaine d’organismes de formation prendront un stand pour la première édition, le 14 mars 2013 au Zénith d’Orléans. Ils proposeront au total plus de 2 300 offres d’emploi ou de stages. Mais surtout, les jeunes seront présents au rendez-vous. Attirés par le
“ J’AVAIS ENVIE DE METTRE DE LA COULEUR ET DU DYNAMISME DANS LE FORUMS DE L’EMPLOI POUR QUE LES JEUNES EN REPARTENT AVEC LA BANANE ! « Mon objectif était de donner une image positive et moderne de la recherche d’emploi pour les jeunes, explique Alex Vagner. Je trouvais l’ambiance des forums de l’emploi vraiment triste et poussiéreuse. J’avais envie d’y mettre de la couleur et du dynamisme pour que les jeunes en repartent avec la banane ! » Pour composer son cocktail vitaminé, Alex Vagner a mélangé les institutions, les entreprises, les hommes et les femmes de bonne volonté. Pas moins d’une quarantaine de personnes et d’organismes, comme la CCI, le Medef et son antenne loirétaine l’Udel, la JCE, Pôle Emploi, la mission locale, le Rectorat, etc., ont formé le comité d’or-
”
style inhabituel de ce forum du premier emploi, les couleurs jaunes et roses des affiches, les stands de maquillage et de relooking, les séances de coaching, la communication sur les réseaux sociaux, ils seront plus de 6 000 à franchir les portes du Zénith cette année là. Un succès confirmé par les deux éditions suivantes qui permettent à « 2 000 emplois, 2 000 sourires » d’afficher en trois ans le bilan respectable de 16 000 visiteurs, 10 000 emplois proposés et 6 600 postes effectivement pourvus, soit plus que les 2 000 promis à chaque édition. Ce succès de fréquentation et d’objectif se double d’une réussite économique car chaque salon s’équilibre
un succès qui s’exporte sur le plan financier. « Le budget de chaque événement est de l’ordre de 300 000 €, précise Alex Vagner. Il est alimenté par trois sources : les subventions des collectivités, les partenariats privés et la location des stands. Nous dégageons une petite marge qui est réinvestie dans la communication numérique tout au long de l’année. » La formule fonctionne et elle séduit d’autres collectivités. Le maire de Tours a été emballé par l’idée lors d’un premier rendez-vous avec l’organisateur, début février, et s’est déclaré favorable à l’accueil d’une édition de « 2 000 emplois, 2 000 sourires » dans les tous prochains mois. Des contacts ont été pris avec Bordeaux et Paris. Alex Vagner imagine déjà ses pan-
neaux roses et jaunes s’étaler sur les façades de l’AccorHotels Arena (nouveau nom du Palais Omnisports Paris Bercy). Il aura ce jour là une pensée émue pour son père disparu, un an-
cien directeur des ressources humaines qui s’était montré, toute sa vie, très attaché à l’entrée des jeunes dans la vie active. Bruno Villeneuve
Plus de 40 000 jeunes régionaux sont demandeurs d’emploi À fin décembre 2015, en région Centre-Val de Loire, quelques 42 600 jeunes de moins de 26 ans recherchaient un emploi. Ils représentent près de 20 % du nombre des demandeurs d’emploi de la région. Plus de la moitié d’entre eux (52 %) résident dans le Loiret et l’Indre-et-Loire, deux départements qui représentent pourtant un peu moins de la moitié de la population régionale. Fait inquiétant : le chômage des jeunes en région Centre-Val de Loire a progressé de 0,6 % en un an, contre 0,2 % au niveau national. Enfin, il s’accroît plus rapidement dans l’Indre (+ 3,1%) et le Cher (+ 2,2%) que dans les quatre autres départements.
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Économie
En bref
ALSTEF SIGNE UNE ANNÉE 2015 RECORD ET INVESTIT Implanté à Boigny-sur-Bionne (45), le groupe Alstef, spécialisé dans la conception de solutions automatisées de convoyage et de manutention, enregistre une année 2015 record avec un CA en hausse de 60 %, à 46 M€. Et il termine l’exercice avec un carnet de commandes de 90 M€, en augmentation de 100 % par rapport à 2014. Le mérite en revient à cinq projets d’un montant supérieur à 10 M€, dont trois concernent le secteur aéroportuaire. Il s’agit de l’installation d’équipements de tri et de manutention des bagages pour les aéroports de Lyon-Saint-Exupéry, Paris-Charles de Gaulle et MoscouSheremetyevo. Deux autres contrats sont venus compléter ce tir groupé, dont celui remporté auprès de la Banque de France pour l’équipement de son nouveau centre fiduciaire de La Courneuve. Ces perspectives vont amener Alstef à investir 3 M€ en 2016 dans l’augmentation de ses capacités de conception et de production.
ACTICALL CRÉE UNE CENTAINE DE POSTES À BLOIS Le groupe Acticall, l’une des majors françaises de la relation client, va créer 90 postes de conseillers clients, 7 postes de superviseurs et 2 postes de formateurs en CDD ; ils seront pourvus avant la fin mai 2016 sur son site de Blois (41), qui
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emploie déjà 500 collaborateurs. Le programme de recrutement vise à renforcer le pôle appels entrants, dopé par la demande de cinq des neuf donneurs d’ordre de la plateforme.
DERICHEBOURG RACHÈTE SLG RECYCLING Le groupe Derichebourg (2,4 Md€ de CA sur
l’exercice 2014-2015), a racheté SLG Recycling, l’entreprise régionale de recyclage et de valorisation de déchets industriels, qui exploite
23 plateformes de recyclage, dont 12 en région Centre‑Val de Loire. Basée à Tours, SLG Recycling (86 M€ de CA en 2014, 280 collaborateurs) sera intégrée au sein de l’activité services à l’environnement de Derichebourg.
EBLY INVESTIT À MARBOUÉ
Le producteur de blé prêt à cuire Ebly, installé à Marboué (28), près de Châteaudun, va investir 2 M€ en 2016 au profit de son unité dunoise. Le projet prévoit l’installation d’une 7e ligne de transformation qui sera dédiée à quatre nouveaux produits destinés à être commercialisés sous les marques Ebly et Uncle Ben’s. L’usine, qui emploie aujourd’hui une centaine de salariés, devrait recruter une dizaine de collaborateurs d’ici à la fin de l’année.
recruter rapidement une XPO LOGISTICS trentaine de salariés RECRUTE ET S’ÉTEND À POUPRY sur le site dunois, et Le logisticien XPO Logistics pourrait embaucher une centaine de collaborateurs sur sa plateforme de Poupry (28) qui compte aujourd’hui environ 200 salariés : ce programme est destiné à accompagner de nouveaux contrats. Parallèlement, la direction de XPO Logistics envisage de procéder à une extension de 24 000 m² de cette unité qui compte aujourd’hui 55 000 m² développés.
ALLTRICKS VEUT CRÉER 150 POSTES À CHÂTEAUDUN Spécialisée dans la vente en ligne de pièces et d’accessoires pour les vélos de route et les VTT ainsi que d’articles de running, la société Alltricks va prochainement développer à Châteaudun (28) une plateforme logistique dans les locaux de la friche industrielle laissée par Flextronics. La société prévoit de
envisage d’en compter 100 à 150 d’ici deux à trois ans.
LES ATELIERS D’ORVAL INVESTISSENT Filiale du groupe Ermewa – lui-même détenu par SNCF-Geodis depuis 2010 – le fabricant de matériel ferroviaire roulant Ateliers d’Orval (19,2 M€ de CA en 2014) va investir quelque 2 M€ sur le site de St-Amand-Montrond (18), où il emploie une centaine de salariés. Un bâtiment d’environ 1 800 m² va également être construit et servira à la fabrication d’un nouveau type de wagons citernes.
LA MAISON-MÈRE DE FARMAN RACHÈTE CORVAISIER Le groupe Galilé de l’industriel Éric Michoux, qui avait racheté l’entreprise jocondienne Farman il y a trois ans, a bissé en Touraine avec la reprise de Corvaisier (24 salariés), un spécialiste du moulage installé à Larçay, à l’est de Tours ; cette PME était en redressement judiciaire depuis l’été dernier. Doté d’un nouveau directeur général, Frédérick Richard, Corvaisier prévoit de revenir à un CA de 4 M€ cette année.
AEB, L’ETI QUI FIDÉLISE SES COLLABORATEURS Vendredi 29 janvier, les quatre dirigeants de la société AEB, Patrice Branger, aux côtés de ses frères Benoist et JeanFrançois et leur sœur Véronique ( ils se partagent de façon équitable le capital de cette société de location et de vente de matériel pour le bâtiment, les travaux publics et l’industrie) remettaient des médailles du travail – et un chèque de 1 000 € chacun ! – à 58 de leurs collaborateurs : 74 médailles, récompensant leur fidélité à une entreprise présente sur les six départements de la région Centre-Val de Loire et dans la Vienne, mais qui a toujours conservé son siège social et ses entrepôts à la sortie du village loir-et-chérien de Monthou-sur-Cher (970 habitants). Une cérémonie à l’ambiance réellement familiale, tant les équipes de cette ETI de 400 salariés (53,8 M€ de CA en 2014) semblent soudées et fières de leur appartenance aux Anciens Établissements Branger, fondés en 1961 par les parents de la fratrie. Un enracinement et un poids économique qui permettent à Patrice, l’aîné de la famille, de sélectionner les invités et de régler au passage quelques comptes avec les politiques, qu’il ne porte guère dans son cœur : « Je n’ai pas voulu de ces coupeurs de ruban qui font des promesses mais ne tiennent rien. À bon entendeur salut !»
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Économie
Services
Les majors de l’eau ne peuvent Le récent succès d’Aqualter, qui vient d’évincer Veolia du marché de l’eau potable de l’agglomération chartraine, démontre que les majors sont en butte à un contexte concurrentiel de plus en plus marqué. D’autant que les collectivités attributaires n’hésitent pas à agiter le spectre du retour en régie. Phénomène aggravant, les volumes consommés, économie de la ressource oblige, connaissent une érosion inexorable.
L
es grandes compagnies françaises de gestion de l’eau potable (Veolia, Suez et la Saur, qui se partagent les deux tiers du marché) ne font plus la pluie et le beau temps face à des collectivités locales attributaires, devenues sourcilleuses sur le prix facturé à l’usager et la qualité du service rendu. Des nouveaux opérateurs décomplexés viennent remporter des appels d’offres au nez et à la barbe des acteurs traditionnels. « Ce n’est pas nouveau, estime Bruno Longépé, directeur d’exploitation de la plateforme régionale Centre de Veolia Eau. Depuis une quinzaine d’années, des petits acteurs, souvent issus du monde du BTP et souhaitant se diversifier, viennent périodiquement se frotter aux grandes compagnies. Ils proposent des prix bas parce qu’ils n’ont naturellement pas les mêmes structures de coût. Leurs conventions collectives ne sont pas aussi généreuses que les nôtres. Pour autant, ces entreprises sont parfois un peu justes en termes d’exploitation et de gestion de la relation client. » Certaines d’entre elles – comme par exemple STGS à Avranches – sont parvenus à s’arcbouter à leurs marchés arrachés de haute lutte. Mais la plupart finissent par être absorbés par les gros opérateurs. Cela a été successivement le cas de la SOAF, devenue Nantaise des Eaux après son rachat en 1999 à Sita (groupe Lyonnaise des Eaux), avant de revenir l’an passé dans le giron du groupe Suez 46 La Lettre Valloire - Mars 2016
Environnement, et de l’alésien Ruas (20 M€ de CA au moment de son rachat), absorbé en 2007 par Veolia. Le dernier exemple en date de l’intrusion réussie d’un challenger sur un marché jusqu’alors plutôt strictement oligopolistique est régional :
l’on peut qualifier d’historique puisque c’est la première fois que nous gagnons le marché d’une collectivité de plus de 100 000 habitants. » L’intérêt que portent les élus à Aqualter s’explique, selon le dirigeant,
“ LES VOLUMES CONSOMMÉS RECULENT D’ENVIRON 1,5 % PAR AN. C’EST UNE TENDANCE LOURDE QUI PÈSE SUR NOS CHIFFRES D’AFFAIRES il s’agit d’Aqualter, qui vient d’évincer le géant Veolia de la DSP attribuée par Chartres Métropole et dont il était le délégataire jaloux. La nouvelle délégation de service public (DSP), d’une durée de dix ans, a été remportée par ce nouvel entrant qui possède la particularité d’être basé… à Chartres depuis la reprise, au début des années 2000, de la société lucéenne Ternois Épuration. Aujourd’hui, Aqualter, qui s’est adossé depuis à la Caisse des Dépôts, s’appuie sur deux branches : Alteau pour la production d’eau potable, Ternois pour le traitement des eaux usées. « Cet appel d’offre fera date puisque c’est la première fois en France qu’une collectivité de cette taille choisit ce type d’opérateur », indique un observateur. « Avec une centaine de contrats dans notre besace, nous sommes encore un acteur confidentiel, relativise Loïc Darcel, le président d’Aqualter, mais nous progressons comme l’illustre notre succès chartrain que
”
par plusieurs facteurs : « Nous avons l’habitude de gouvernances partagées en toute transparence avec la sphère publique puisque je rappelle que la société est détenue à 52 % par la Caisse des Dépôts. Nous souhaitons aussi faire participer activement nos abonnés aux décisions, comme en témoigne le projet de création d’un conseil de l’eau à Chartres. Ensuite, nous sommes technologiquement très innovants, comme le prouvent nos nombreux dépôts de brevets. » Il faut enfin souligner qu’Aqualter joue habilement la carte « du transfert de ses savoir-faire aux clients, notamment dans le domaine de la gestion des abonnés où nous avons développé une très forte expertise, poursuit Loïc Darcel. Et puis, lorsque nous participons à un appel d’offres, les prix ont toujours tendance à baisser ! Les collectivités apprécient. » Cette logique d’innovation se traduit également dans les formes juridiques qui accompagnent la délégation du
plus fuir la concurrence service. Le contrat chartrain a donné lieu à la création d’une Semop (société d’économie mixte à opération unique), une nouvelle catégorie juridique prévue par la loi du 1er juillet 2014. Auparavant, seule la municipalité jurassienne de Dole (23 000 habitants) avait retenu cette formule – dans le cadre d’un contrat passé avec Suez qui a débuté le 1er janvier – autorisant un opérateur privé à détenir la majorité du capital d’une Sem (51 % pour Suez à Dole). Cette formule oblige les deux parties à partager les charges et les revenus dans une grande transparence. À Chartres, la DSP sera ainsi portée par la CM Eau, une Semop contrôlée à 60 % par Alteau et à 40 % par Chartres Métropole. Elle sera présidée par Jean-Pierre Gorges, député-maire de Chartres et président de Chartres Métropole, et distribuera l’eau sur un périmètre de 47 communes, soit 47 000 abonnés et 125 000 habitants. CM Eau, qui prévoit de réaliser un CA de 90 M€ sur la période, a prévu d’investir 12,8 M€ dans le réseau dont une bonne part dans des équipements de télérelève. Pour Philippe Dupraz, directeur régional de Suez Division Eau, l’arrivée de ce nouveau compétiteur ne va pas bouleverser l’écosystème du marché de l’eau. « C’est évident, le marché est devenu ultra-concurrentiel, ne serait-ce que parce que les collectivités locales, qui ont gagné en expertise, n’hésitent plus à comparer tous les modes de gestion qui se sont beaucoup diversifiés (régie, SPL, DSP, prestations de services) », poursuit Philippe Dupraz. Ce dernier remarque toutefois, avec une pointe d’ironie, que les outsiders préfèrent se positionner sur « des appels d’offres à plus forte marge, qui concernent des réseaux où des investissements importants ont déjà été ef-
La nouvelle station d’épuration de Chartres Métropole à Mainvilliers.
fectués, plutôt que sur les contrats où les marges sont beaucoup plus faibles, voire inexistantes… ». Les rivaux d’Aqualter font également observer que ce succès chartrain a été obtenu dans des conditions très particulières : « Cet opérateur est très implanté localement. Il y avait beaucoup d’affect dans ce dossier, les relations des dirigeants avec les élus étaient très fortes. C’était difficile de lutter ! ». De quoi relativiser la faculté d’Aqualter à récidiver sous d’autres cieux moins cléments ! « Notre concurrent le plus redoutable, c’est indéniablement la reprise en régie », affirme Bruno Longépé. La formule semble bénéficier globalement d’un effet de mode et « du tropisme idéologique de certaines collectivités, de plus en plus défiantes vis-à-vis des entreprises privées »,
complète un spécialiste des marchés publics. Par ailleurs, le temps où les principales compagnies de l’eau se partageaient paisiblement le marché dans une logique de chasse gardée paraît bien révolu. « Depuis plusieurs années, nous passons, au contraire, notre temps à nous chiper les affaires sur l’ensemble du territoire régional , confirme Bruno Longépé, et c’est même devenu assez féroce ». D’autant que les clients – particuliers comme entreprises – ont appris à économiser la ressource. « Les volumes consommés reculent d’environ 1,5 % par an. C’est une tendance lourde qui pèse sur nos chiffres d’affaires », soupirent en chœur les responsables régionaux d’exploitation des majors. Jean-Christophe Savattier
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Économie
Biopharms
Un projet orléanais pour traiter l’X fragile A Orléans, des chercheurs hospitaliers sont sur le point d’engager les études cliniques d’une molécule potentiellement indiquée dans le traitement de l’X fragile, une pathologie rare qui entraîne des retards mentaux. Une importante levée de fonds pourrait prochainement être annoncée.
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Thierry Prazuck
es chercheurs hospitaliers orléanais collaborant au CNRS, et emmenés par Sylvain Briault et Olivier Perche, ainsi que par Thierry Prazuck, un expert du développement clinique (essais sur l’homme), devraient prochainement participer à la création d’une entreprise biotechnologique dont le projet sera de valider l’efficacité d’une molécule potentiellement indiquée dans le traitement de l’X fragile. Cette maladie orpheline entraîne des troubles du comportement et des retards mentaux, voire des formes d’au-
tisme. La molécule (BMS-204352) – qui a obtenu de l’agence du médicament la désignation orpheline – avait été initialement développée par le laboratoire américain Bristol-Myers Squibb (BMS) dans le traitement des accidents vasculaires cérébraux. Les équipes orléanaises ont repris le concept, cette fois-ci dans l’X fragile, en s’appuyant sur la mise en évidence d’un mécanisme d’action spécifique dont l’efficacité a été attestée in vivo sur la souris. « Nous avons développé une galénique, des méthodes et des marqueurs biologiques qui nous permettent d’envisager des essais sur l’homme à assez brève échéance », nous indique Thierry
Prazuck. La biopharm qui va porter ce projet devrait rapidement bénéficier d’une levée de fonds à laquelle contribuera Bpifrance et un fonds d’investissement. « Des discussions sont en cours », confirme Thierry Prazuck qui précise que, pour l’essentiel du développement clinique, le besoin de financement devrait atteindre 10 M€ en deux ou trois rounds. Selon les responsables du programme, les ventes mondiales générées par ce traitement pourraient être supérieures à 1 Md€. De quoi attiser les convoitises des investisseurs qui se pressent au chevet de cette startup orléanaise JCS très prometteuse.
Axess Vision voit plus grand Le fabricant tourangeau d’endoscopes à usage unique, installé aujourd’hui à l’étroit à St-Pierre-des-Corps, cherche à se doter de capacités supplémentaires.
L
e tourangeau Axess Vision, qui a fondé sa croissance sur le développement d’endoscopes à usage unique, se sent pousser des ailes. La société, installée aujourd’hui près de la gare TGV de St-Pierre-desCorps, envisage un transfert vers un site de production plus vaste qui disposera de nouvelles zones stériles. « Idéalement, ce site devra être doté d’une surface comprise entre 1 000 et 2 000 m2, dont 200 m2 de salles blanches », nous indique Régis Olivier, le président du directoire d’Axess Vision. La société (3,5 M€ de CA programmés en 2016) a commercialisé l’an passé 3 000 unités de son produit vedette – 48 La Lettre Valloire - Mars 2016
un endoscope bronchique à usage unique qui permet de lutter efficacement contre les infections nosocomiales – et en programme près de 25 000 exemplaires en 2016. « Il y a un véritable engouement pour notre modèle. Les responsables hospitaliers ont compris qu’il leur permettait à moindre coût de lutter efficacement contre le risque infectieux » poursuit Régis Olivier. Ces bonnes perspectives se nourrissent aussi des déclinaisons potentielles dans d’autres aires thérapeutiques telles que l’urologie ou la pédiatrie. Axess Vision, qui exporte déjà en Europe, souhaiterait se développer outre-Atlantique et en Asie où les mar-
chés semblent prêts à accueillir l’innovation made in Touraine. « Nous allons probablement développer des capacités industrielles aux États-Unis et en Asie, mais il n’est pas du tout question de délaisser nos racines tourangelles» affirme le dirigeant. La société vient d’émettre 2M€ d’obligations convertibles, opération suivie par les investisseurs historiques : Sofimac, OTC, CapDécisif et ACG Capital. JCS
La Lettre Valloire - Mars 2016 49
Économie
Industrie
Le façonnier pharmaceutique Famar à vendre Le sous-traitant pharmaceutique Famar, qui emploie plus de 800 salariés sur ses deux sites d’Orléans et de St-Rémy-sur-Avre (28), serait à vendre. Fin février, quatre candidats étaient sur les rangs.
U
n peu plus de deux mois après avoir annoncé aux salariés la décision de l’actionnaire grec Marinopoulos de mettre en vente sa filiale Famar, les dirigeants du façonnier pharmaceutique sont en stand-by. Lors du comité d’entreprise extraordinaire du 6 janvier à Orléans, ils avaient indiqué que le groupe était à la recherche d’un partenaire suscep-
tible de prendre « entre 1 et 49 % » du capital de Famar afin de « récupérer du cash, d’investir dans les usines existantes et de saisir des opportunités de rachat de sites industriels ». Depuis, le discours a changé et il semble qu’on s’oriente vers une vente totale. En confirmant cette option aux représentants des salariés, le 18 février dernier, la direction a ajouté que quatre candidats – des industriels, mais aussi des financiers – avaient marqué leur intérêt pour une entreprise qui serait estimée, selon la presse financière anglo-saxonne, à quelque 400 M€. La banque d’affaires américaine Jefferies Group aurait été mandatée à l’automne par le cédant pour trouver un acquéreur au meilleur prix. Famar (3 200 salariés pour 455 M€ de CA en 2014, en baisse sensible l’an passé), possède neuf sites industriels en Europe, dont quatre en France et
deux en région Centre-Val de Loire : Orléans (600 salariés) – issu du regroupement en 2013 sur le site de La Source d’une unité de Pfizer et de l’ancienne usine Sandoz-Novartis du Champ de Mars – et St-Rémy-sur-Avre (28), un ancien site de l’américain Abbott qui emploie 225 personnes. Selon plusieurs sources, la famille Marinopoulos souhaiterait se désengager de sa filiale pharmaceutique en raison des importants besoins de liquidités du reste du groupe dont l’activité principale – la distribution, via des hypermarchés Carrefour en Grèce et dans les Balkans, mais aussi des points de vente d’enseignes comme Gap, Marks&Spencer et Starbucks Coffee – souffre énormément de la situation économique très dégradée de son pays d’origine, la Grèce, où il possède l’essentiel de ses actifs. François-Xavier Beuzon
De belles perspectives pour Ista à Olivet Ista propose des systèmes permettant d’individualiser les consommations d’eau et d’énergie. Sa croissance va profiter à Olivet (45), où l’entreprise vient d’installer son back office.
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iliale d’un groupe allemand mais issue du groupe français Schlumberger, Ista France (720 salariés pour 95 M€ de CA) vient d’installer son centre de services national sur le parc d’activités du Moulin, à Olivet (45). Une implantation conquise de haute lutte par les services de Loire&Orléans Éco, l’entreprise ayant d’abord jeté son dévolu sur Nantes. Cela valait la peine de s’accrocher, tant le marché de ce spécialiste des système de comptage et d’individualisation des consommations d’eau et 50 La Lettre Valloire - Mars 2016
d’énergie paraît vaste. Dans un immeuble collectif, un simple boîtier de répartition des frais de chauffage posé sur un radiateur – pour la somme modique de 45 € – et un compteur d’eau individuel peuvent faire chuter la consommation d’énergie d’un particulier de 20 % et celle d’eau de 15 % : une économie moyenne, dès la première année, de 190 € par an pour le chauffage et de 120 € pour l’eau. La loi impose d’ailleurs l’individualisation des frais à tous les immeubles pourvus du chauffage col-
lectif d’ici à fin mars 2017. L’effectif d’Ista à Olivet, actuellement d’une quarantaine de personnes, pourrait doubler d’ici à la fin de l’année, ce qui devrait remplir les 1 000 m2 loués dans l’immeuble tout neuf promu sur le parc d’activités du Moulin par le groupe Lazard. Mais Antoine Prioux, directeur du site, n’exclut pas une croissance encore supérieure, ce qui rendrait nécessaire des embauches supplémentaires et la location d’un autre plateau de bureaux FXB sur place.
La Calhène innove et embauche L’entreprise vendômoise La Calhène, filiale du suédois Getinge, lance trois innovations en 2016. Une trentaine d’emplois nouveaux devraient lui permettre de passer la barre des 200 salariés d’ici à trois ans.
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a Calhène innove. La société vendômoise, spécialisée dans les équipements de transfert et de manipulation de matières dangereuses pour l’industrie nucléaire et d’isolateurs et d’enceintes de confinement pour l’industrie pharmaceutique, va lancer cette année trois produits issus de sa R&D. Le plus important est sans conteste le DPTE-XO, une version améliorée de sa solution de transfert pour déchets et produits stériles DPTE-BetaBag, que la filiale du groupe suédois Getinge a déjà vendu à 100 000 exemplaires dans le monde. La particularité du DPTE-XO est la création d’un « port de transfert » des produits contaminés qui permet de s’affranchir de toute manipulation humaine. Autre innovation mise sur le marché en 2016,
une ligne de remplissage de flacons et de seringues pour le conditionnement des médicaments ; l’étanchéité a été testée à l’aide de joints gonflables, procédé inventé par La Calhène. Enfin, résultat d’un partenariat avec la startup américaine Noxilizer, l’entreprise a mis au point un système de décontamination au dioxyde d’azote : le NO² bénéficiera d’un processus de captation par des molécules, évitant le rejet d’air pollué. Renforcée par ces nouveautés, La Calhène (50 M€ de CA), qui emploie actuellement 187 salariés dont 34 au bureau d’études, devrait créer une trentaine d’emplois dans les trois ans à venir. Cette bonne nouvelle a été confirmée par Carl Bennet, le pdg du groupe suédois Getinge – qui possède une autre unité industrielle dans la ré-
gion, le fabricant de tables et accessoires pour blocs opératoires Maquet, à Ardon (45) – et Thierry Girard, le président de la PME vendômoise, qui inauguraient le 17 décembre une nouvelle salle blanche. Cet atelier de 1 200 m2, destiné à traquer toute intrusion moléculaire indésirable, a nécessité un investissement de 6 M€, auxquels s’ajoutent plus de 2 M€ de Frédéric Sabourin R&D.
AMI Chimie se renforce avec Technopack Installé à Tauxigny (37), le distributeur d’ingrédients destinés aux marchés de la cosmétique et l’agroalimentaire AMI Chime vient d’acquérir son voisin Technopack.
L
e distributeur de matières premières et d’ingrédients dédiés aux industries de la cosmétique et de l’agroalimentaire AMI Chimie fait ses emplettes en Touraine. Installée sur le Node Park de Tauxigny (37), l’entreprise (27,6 M€ en 2015, 42 salariés) vient de racheter Technopack, à Montbazon (37). « Cette opération de croissance externe va nous permettre d’intégrer une compétence qui nous faisait défaut : le conditionnement de mélanges et de poudres alimentaires qui est une spécialité de Technopack (3 M€ de CA, 15 salariés) », indique Jean-Marc Venin, le président d’AMI Chimie, qui était plutôt positionnée jusqu’alors sur la distribution et le
conditionnement d’ingrédients liquides. « Nous ne sommes pas qu’un distributeur adossé à des industriels. Nous proposons à nos clients un support technique et réglementaire, ainsi que des prestations de conditionnement », précise Jean-Marc Venin. Cette dernière activité a conduit la société à se doter d’une nouvelle ligne BPF (bonnes pratiques de fabrication) au prix d’un investissement de 700 000 € ; antérieurement, AMI Chimie avait étendu ses capacités immobilières de 1 100 m2. « Nous sommes plutôt confiants pour les mois à venir », avance Jean-Marc Venin qui reste toutefois prudent sur
les perspectives de croissance des marchés. Pour autant, le dirigeant annonce qu’il devrait procéder à quelques recrutements dans les prochains mois afin notamment d’accompagner la croissance de Technopack. Jean-Christophe Savattier
La Lettre Valloire - Mars 2016 51
Économie
Chantiers logements rues des Mouettes, Rouges-Gorges et Mésanges. Le projet s’élève à 8,5 M€, financés par LogemLoiret et la communauté des communes giennoises, aidés par l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru).
EURE-ET-LOIR Le maire de Lucé a annoncé la rénovation de son centre culturel. La partie accueil sera totalement réorganisée avec la mise en place d’un double guichet. Le foyer bar sera déplacé et des bureaux seront créés. L'ensemble du chantier, qui comprend aussi des travaux d’isolation thermique, est estimé à 500 000 €. Les travaux débuteront en avril pour une livraison à la rentrée 2017.
CHER La municipalité de Brinonsur-Sauldre a présenté l’avant-projet d’une station d’épuration d’une capacité de 990 équivalents-habitants. La consultation pour l’étude géotechnique du terrain a été lancée. Le projet s’élève à 1,4 M € ; des subventions seront demandées auprès de l’Agence de l’eau Loire Bretagne, la préfecture au titre de la dotation d’équipement des territoires ruraux et le conseil départemental. La Région Centre-Val de Loire va financer à hauteur de 3,5 M€ l’important programme de rénovation du lycée
(poids, disque, javelot) et d’une vingtaine de balises d’orientation. Le chantier pourrait débuter en juin prochain.
INDRE-ET-LOIRE La municipalité d’Azay-surCher a prévu la réhabilitation du parc Robert-Lebas (0,7 ha) au cœur du bourg. Le programme, porté par Val Touraine Habitat, prévoit la construction de 23 logements locatifs qui seront situés au milieu d’un site arboré constitué par la préservation des plus beaux arbres du parc. La Ville de Fondettes va construire un centre technique municipal. Le projet, qui coûtera 2 M€, devrait être achevé d’ici à la fin 2016. Il sera construit sur l’emprise du lieu-dit de la Haute Limougère.
LOIR-ET-CHER Guéhenno de St-AmandMontrond. Le projet prévoit la réhabilitation du bâtiment principal et la construction de 1 000 m² qui abriteront des salles de cours, le CDI, la vie scolaire, l’infirmerie et le foyer. Le chantier s’étendra sur une vingtaine de mois. Le projet de rénovation des équipements sportifs extérieurs du collège JeanMoulin de St-Amand-Montrond, estimé à 1,4 M€, prévoit la rénovation des vestiaires mais aussi la création d’une piste d’athlétisme, d’un terrain de foot, de quatre miniterrains multisports (volley, basket), d’une aire de lancer
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Le permis de construire du centre nautique de Vendôme a été déposé. Le projet, d’un montant estimé à 15 M € , prévoit la fermeture de la piscine actuelle en 2017 et l’ouverture du nouveau centre nautique au premier trimestre 2018.
Les anciens locaux de l’usine à gaz de Vendôme (8 770 m²) vont prochainement être réhabilités afin d’accueillir une douzaine d’associations de la ville. Des salles de réunion, une salle d’acti-
vités partagées et des bureaux privatifs sont prévus pour l’USV cyclotourisme et d’autres associations. Le montant total de cette opération est de l’ordre de 800 000 €.
LOIRET La CDAC a approuvé la création d’un parc d’activité commercial de 21 100 m² de surface de vente à Saran, sur la zone des Cent-Arpents. La création d’une moyenne surface d’équipement de la personne et d’un kiosque de 500 m² a aussi été autorisée dans la galerie marchande du centre commercial Carrefour, également installé sur la zone.
La municipalité de Lorris va lancer la création d’un complexe sportif de 1 000 m² sur la commune. La structure comprendra un hall d’accueil, un pôle multi-sports, un mur d’escalade ainsi qu’un dojo. Le coût du programme s’élève à 2,6 M€. La livraison de l’ensemble est prévue pour début 2017. La CdC du Val d’Ardoux a validé le projet de maison de santé pluridisciplinaire à ClérySt-André ; la structure, qui accueillera 18 professionnels (médecins généralistes, kiné, dentistes, infirmiers, etc.), sera implantée à proximité du cabinet médical actuel. Le coût du programme s’élève à 1,7 M€. Le permis de construire va être déposé prochainement ; la livraison est prévue pour septembre 2017.
L’ancienne clinique des Longues-Allées à St-Jeande-Braye, qui a déménagé à Saran en 2013, va connaître
LOIRET
une nouvelle vie. La mairie vient de racheter pour 730 000 € une partie des locaux (3 550 m²) afin d’y créer une maison de santé pluridisciplinaire qui pourrait ouvrir fin 2016-début 2017. Le reste de l’ex-clinique sera transformée en logements ; le projet est porté par le promoteur orléanais Guillaume de Rochefort. La municipalité de Gien prévoit la rénovation de 250
Le quartier de l’Argonne à Orléans accueillera en 2017 un complexe sportif et culturel. La structure abritera une salle de 1500 m² réservée aux sports collectifs avec une tribune de 250 places, un gymnase de 600 m², un dojo et une salle de danse. Une salle de 150 m² entièrement dédiée à la musique sera également intégrée au projet. Le poste de police du quartier quittera la rue Couperin pour emménager dans un espace de 140 m² à l’arrière du bâtiment. Au final, le montant de l’opération s’élève à 10,8 M€.
LA VIE DES AFFAIRES
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Code postal : Tél.
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Signature et cachet :
Carnet
RÉGION Nathalie Bulckaert-Grégoire a été nommée directrice des marchés de la Banque des Décideurs en Région de la Caisse d'Épargne Loire-Centre. Elle prend la tête du marchés des entreprises, de l’économie sociale, des collectivités locales, du logement social et des personnes protégées. Nathalie Bulckaert-Grégoire, qui occupait précédemment le poste de directrice de Région Centre-Est au sein de la Banque Palatine, intègre également le comité exécutif de l’établissement.
RÉGION Bruno Pelatan, 50 ans, a pris le poste de directeur régional de BNP Paribas, dont le siège est à Orléans ; il succède à Christian Saes. Il sera à la tête des départements du Loiret, de l’Eure-et-Loir et du Cher, soit 33 agences et près de 250 collaborateurs. Bruno Pelatan occupait précédemment des fonctions similaires à Dijon. Le groupe Spie, spécialisé dans les services multitechniques dans les domaines de l’énergie et des communications, a nommé Philippe Brugallé au poste de directeur général de sa filiale Spie Ouest-Centre, dont il était précédemment dg délégué. Il succède à Pascal Poncet qui devient dg de Spie Sud-Est. Philippe Brugallé intègre également le comité de direction générale de Spie.
Depuis le 1er janvier, Jean-Paul Combémorel, 54 ans, est le
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nouveau délégué régional d’EDF pour la région CentreVal de Loire. Cet ingénieur de
dirigeant de la société de gestion électronique de documents Arondor. David Pastre, 43 ans, est quant à lui à la tête de l’entreprise orléanaise Centre Pesage qui emploie une cinquantaine de salariés entre Orléans, Chartres, Bourges, Tours et Auxerre. Jacques Charton a été élu à la présidence de la région Centre-Île-de-France de la Fédération de l’Industrie du Béton (FIB). Basé à Bonneuil-surMarne (94), Jacques Charton est le directeur technique produits presse du groupe Seac/ Fusco qui réunit 600 collaborateurs.
CHER Nathalie Colin, 53 ans, a été nommée préfète du Cher au 1er janvier, succédant à MarieChristine Dokhélar, nommée dans la Vienne. Nathalie Colin a exercé plusieurs fonctions à la direction des ressources humaines du ministère de l’Intérieur et a été directrice adjointe du cabinet de la ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique, Marylise Lebranchu.
l’INSTN de Saclay, passé par les centrales de Chinon et de Dampierre-en-Burly – dont il été le directeur de 2007 à 2011 –, succède à Marc Brugière, en poste depuis septembre 2012. L’énarque Flavio Bonetti, 30 ans, a pris le poste de directeur de cabinet du préfet de Région et du Loiret Nacer Meddah. Il succède à Philippe Gicquel, arrivé fin 2013. Flavio Bonetti était précédemment adjoint au chef du bureau des élections au ministère de l’Intérieur. David Pastre a été élu président du pôle d’innovation par les services Nekoé, dont le siège se trouve à Orléans. Il succède à Frédéric Cailler,
notamment dans le domaine des achats. Ludovic Couillaud a pris la présidence de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie d’Eure-et-Loir (UIMM 28). Il succède à Daniel Fillon. Ludovic Couillaud, 45 ans, est le pdg du groupe aéronautique ARM (32 M€ de CA, 330 salariés en France) spécialisé dans l’usinage de pièces mécaniques de précision et installé à La Chausséed’Ivry.
INDRE-ET-LOIRE Georges Laubry ayant fait valoir ses droits à la retraite, c’est Éric Beghini qui a pris la direction de l’usine SKF de St-Cyr-sur-Loire. Ce diplômé de l’Insa de Lyon, âgé de 52 ans, est entré chez SKF aux Pays-Bas en 1987 avant de rejoindre l’unité tourangelle cinq ans plus tard.
LOIRET
EURE-ET-LOIR Le chartrain Gaël Berre a été élu à la tête de la confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) en Eure-et-Loir ; il succède à Antonio Lorenzo. La Capeb 28 compte 400 adhérents et le nouveau conseil d’administration entend développer les groupements,
Le conseil d’administration de Mr Bricolage, dont le siège se situe à La Chapelle-St-Mesmin, a nommé Christophe Mistou directeur général. Il sera en charge de la nouvelle phase stratégique de développement du groupe Mr Bricolage. Au cours de sa carrière, Christophe Mistou a été directeur produit, directeur commercial et membre du comité de direction de Castorama France ainsi que directeur développement marques et produits de Kingfisher.