Egyptomania (Extrait)

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MANIA

LA COLLECTION JEAN-MARCEL HUMBERT —EG YPTO

EG

YPTO MANIA

LA COLLECTION JEAN-MARCEL HUMBERT

JEAN-PIERRE BARBIER

COGNE | CAROLINE DUGAND

UNE COLLECTION D’ÉGYPTOMANIE, POUR QUOI FAIRE ?

JEAN-MARCEL HUMBERT

LOGIE

MANIE

UNE FASCINATION SÉCULAIRE

HUMBERT

CABINETS DE CURIOSITÉS AU MUSÉUM

DANS LES ORIGINES DU MUSÉUM DE GRENOBLE (1773 1855)

ROCHAS

TERRE D’ÉGYPTOPHILIE DE JOSEPH FOURIER

JEAN-FRANÇOIS CHAMPOLLION

DUGAND | MAËVA GERVASON

TUTMANIA

LA VRAIE MALÉDICTION DE TOUTANKHAMON : QUAND LA TUTMANIA ENVAHIT LE MONDE JEAN-MARCEL HUMBERT

TUTMANIA : LE RETOUR JEAN-MARCEL HUMBERT

LE PHARAONISME ROBERT SOLÉ

ARCHITECTURES ET DÉCORS À L’ÉGYPTIENNE

À PARTIR DU CHAOS, ARCHITECTURES ÉGYPTISANTES MAURICE CULOT

INSPIRATIONS ÉGYPTISANTES ET DÉCORS INTÉRIEURS DE LA FIN DU XVIIIE SIÈCLE AU DÉBUT DU XXE SIÈCLE WILLIAM PESSON

5 PRÉFACE
6 AVANT-PROPOS OLIVIER
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1 16 DE L’ÉGYPTO-
À L’ÉGYPTO-
18 L’ÉGYPTOMANIE,
JEAN-MARCEL
26 DES
L’ÉGYPTOLOGIE
JOËLLE
30 L’ISÈRE,
À
CAROLINE
2 40
42
48
54
3 56
58 L’ORDRE
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SOMMAIRE

ISIS, OSIRIS, HOR US… ÉTERNELS GUIDES SPIRITUELS

LES DIEUX ÉGYPTIENS ET L’OCCIDENT NATURE, SPIRITUALITÉS ET MYSTICISME ARNAUD QUERTINMONT

LA TOILE ÉGYPTIENNE

L’ART SPIRITE SAVINE FAUPIN

ÉGYPTOMANIE, LITTÉRATURE, CINÉMA ET SPECTACLE VIVANT

L’ÉGYPTE FANTASTIQUE RÊVES ET CAUCHEMARS LITTÉRAIRES SUR LA TERRE DES PHARAONS CATHIE SPIESER | MICHEL VIEGNES

SE DÉLECTER DE L’HORREUR MOMIES ET FILMS D’ÉPOUVANTE JASMINE DAY

L’INFLUENCE DURABLE DE L’ÉGYPTOMANIE AU CINÉMA

JEAN-LUC BOVOT

DES TEMPLES ÉGYPTIENS

POUR LE 7E ART

JEAN-MARCEL HUMBERT

L’ÉGYPTE ANTIQUE AU THÉÂTRE : COMMENT CRÉER L’ILLUSION ?

JEAN-MARCEL HUMBERT

CHEZ SOI

COMMENT « MEUBLER SON CHÂTEAU » À L’ÉGYPTIENNE EUGÈNE WARMENBOL

ÉGYPTO’POP

ÉGYPTOMANIE ET POP CULTURE

AU XXIE SIÈCLE FABIEN BIÈVRE-PERRIN

REGARDER L’AUTRE, SE REGARDER SOI

« LE PASSÉ RENDU PRÉSENT »

L’ÉGYPTE ANCIENNE AU SALON CHRISTINE PELTRE

ÉGYPTOMANIE :

LE REGARD DES ÉGYPTOLOGUES CHRISTIANE ZIEGLER

ÉGYPTOMANIE :

LE REGARD DES ÉGYPTIENS ROBERT SOLÉ

LES GRAFFITI DE LA LIBERTÉ PAR VINCENT EUVERTE JEAN-MARCEL HUMBERT

LES AUTEURS

CONTRIBUTIONS ET REMERCIEMENTS

4 72
74
82
5 84
86
92
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114
116
6 126 L’ÉGYPTOMANIE
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7 136
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8 144
146
156
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Claudette Colbert dans le rôle de Cléopâtre du film Cleopatra de Cecil B. DeMille, couverture du magazine Pour vous, 6 septembre 1934.
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JEAN-PIERRE BARBIER

PRÉSIDENT DU DÉPARTEMENT DE L’ISÈRE

Plus qu’aucune autre civilisation, l’Égypte ancienne suscite depuis des siècles une incroyable fascination. La campagne de Bonaparte en Égypte (1798-1801) a marqué à cet égard un véritable tournant et provoqué un engouement sans précédent dans notre pays qui ne s’est pas démenti depuis, bien au contraire. En dehors des salles de musée où ont été exposés les vestiges archéo logiques, toutes sortes d’interprétations du passé égyptien vont ainsi prendre forme dans notre société.

Les expressions de l’égyptomanie sont en effet plurielles et toujours plus fécondes. En témoigne l’extraordinaire collection constituée par Jean-Marcel Humbert, collection ressource pour le Département de l’Isère, dont une sélection a été opérée pour l’exposition du Musée dauphinois, en partenariat avec le musée Champollion. Elle gage de la pénétration de cette fascination dans des domaines aussi variés que l’architecture, la littérature, la musique ou le cinéma. Par-delà les objets et les documents invoqués, c’est surtout une tentative de compréhension du phénomène à laquelle cette collection nous invite.

Cette passion pour l’Égypte ancienne résonne depuis longtemps en Isère, où vécurent le préfet Fourier — qui fut l’un des scientifiques associés à la campagne de Bonaparte — et bien sûr les frères Champollion. En cette année du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion le Jeune, le Département se devait — un an après l’ouverture de son nouveau musée dédié aux deux éminents égyptologues, le onzième musée départemental — de prendre part à cet anniversaire. Une célébration aux multiples facettes et qui donne à voir, à travers Égyptomania, combien les imaginaires contemporains continuent encore et toujours de s’inspirer de ce passé d’une étonnante modernité.

5 PRÉFACE

AVANT-PR OPOS

OLIVIER COGNE

DIRECTEUR DU MUSÉE DAUPHINOIS, DÉPARTEMENT DE L’ISÈRE

CAROLINE DUGAND

CONSERVATRICE DU PATRIMOINE, DIRECTRICE DU MUSÉE CHAMPOLLION (VIF), DÉPARTEMENT DE L’ISÈRE

Égyptomania trouve ses origines dans les nombreux échanges qui ont précédé l’ouverture du musée Champollion, à Vif, en 2021. L’idée ne tarda pas à germer d’une valorisation en Isère de l’extraordinaire collection constituée par Jean-Marcel Humbert au long d’une carrière bien remplie de conservateur et d’une retraite qui ne l’est pas moins. La passion de notre collègue est communicative et le projet d’une exposition dans les grandes salles du Musée dauphinois finit par être arrêté en 2020 à l’horizon des célébrations organisées en France et ailleurs pour honorer le plus célèbre des égyptologues français aux racines dauphinoises : Jean-François Champollion.

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L’ensemble très composite rassemblé au fil du temps par Jean-Marcel Humbert est une manne pour un musée. La méthodologie employée par le collectionneur est celle d’un conservateur aguerri aux techniques d’inventaire et de conservation. Chaque pièce trouve ici sa place selon une logique intellectuelle et s’accompagne autant que possible d’un travail documentaire. Un trésor d’autant plus précieux quand le collectionneur se double d’être un expert réputé dans le domaine de l’égyptomanie dont il fut l’un des pionniers. C’est au sein de la prestigieuse et véné rable Sorbonne qu’il soutint en 1975 une thèse en histoire remarquée sur L’Égyptomanie à Paris de 1775 à 1825. Laissant à d’autres le récit des dynasties pharaoniques, Jean-Marcel Humbert fait alors sien un sujet totalement novateur qu’il transpose bientôt de la recherche à la muséographie. S’inscrivant dans une liste déjà abondante de réalisations, l’exposition iséroise fait le choix de mettre au centre de son parcours la collection Humbert en relevant le défi d’une sélection repré sentative de sa diversité. Une vraie gageure au regard de l’ampleur et de l’intérêt de ce patrimoine. Il fallait ensuite les connaissances de leur propriétaire pour faire parler ces objets et le savoir-faire muséographique des équipes des deux musées, dont l’un — le Musée dauphinois — se caractérise depuis longtemps par son approche ethnographique. Franck Philippeaux s’employa à coordonner cette entreprise dans un dialogue constant avec tous les acteurs associés. Contextualisés et reliés autant que possible à leur usage sociétal, les objets d’art décoratif du XIXe siècle, constitués de nobles matériaux, ou les pièces contemporaines plus kitsch allaient trouver une place égale dans les vitrines de l’exposition. C’est dans le même esprit qu’a été bâti cet ouvrage dont nous remer cions sincèrement les auteurs.

Dédié au patrimoine alpin, mais aussi aux cultures d’autres horizons, le Musée dauphinois inaugurait il y a presque vingt ans l’exposition Trésors d’Égypte. La « Cachette » de Karnak qui conserve jusqu’à aujourd’hui le record d’affluence à Sainte-Marie d’en-Haut. L’engouement que suscite ici comme ailleurs le pays des pyramides ne semble pas prêt de se démentir tandis que l’on marque en 2022 un autre anniversaire : le centenaire de la découverte de la tombe de Toutankhamon. Les pharaons seraient-ils devenus des « superstars1 » ? L’Égypte ancienne n’a décidément pas fini de fasciner notre société.

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1 Référence explicite à l’exposition Pharaons Superstars qui a ouvert ses portes en 2022 au Mucem.

UNE COLLECTION D’ÉGYPTOMANIE, POUR QUOI FAIRE ?

JEAN-MARCEL HUMBERT

CONSERVATEUR GÉNÉRAL HONORAIRE DU PATRIMOINE

Je ne connais guère d’égyptologue qui n’ait sur un coin de son bureau ou sur un rayonnage quelque babiole égyptisante, clin d’œil à sa spécialité scientifique. Mais de là à assembler une collection d’égyptomanie, la différence est grande et le chemin est long. Après cinquante ans passés à collectionner, il est intéressant de se retourner et de se demander quelle a été la motivation principale de cette action ?

On ne se lève pas un matin en décidant de commencer une collection. Le processus est beaucoup plus insidieux, voire inconscient. Il y a l’effet du hasard, de rencontres, et puis des envies d’en savoir plus sur un domaine finalement mal connu, malgré les progrès réalisés. Car beaucoup de critiques à l’égard de l’égyptomanie arguent du fait que c’est un mouvement de peu d’importance, mais sans jamais avoir rien fait pour vraiment en connaître l’étendue réelle. Et peut-être est-ce là la motivation principale. Combien de fois ai-je acheté un objet en médiocre état, sans référence, avant d’en découvrir l’histoire et l’intérêt ? La première des moti vations, c’est donc d’avoir accès à des pièces que l’on ne trouve pas dans les musées, afin de pouvoir les étudier et en établir le corpus.

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Il s’agit donc de pouvoir sortir de l’anonymat des pièces intéressantes, et de les réunir en séries cohérentes. Et même si les limites financières sont toujours présentes, de ne pas se cantonner à une région ou à un pays, mais au contraire s’ouvrir au monde (même si cela peut paraître de prime abord par trop présomptueux), afin de mieux comprendre toutes les constantes que l’on peut trou ver d’un pays à l’autre. À partir de là, il était possible de commencer à étudier chaque pièce, d’en creuser les composantes, les origines et les raisons d’être, puis de les réunir dans des publications en expliquant leur parcours. Articles, catalogues, livres ont ainsi concrétisé ces recherches.

Petit à petit, une base de données de plus d’une centaine de pays, avec des milliers de références dans tous les domaines de l’art, éclaire des croisements thématiques et permet de jeter des passerelles entre l’art et l’ethnographie : la richesse du sujet est immense, pour ne pas dire infinie. Elle couvre aujourd’hui à peu près tous les domaines (peinture, sculpture, objets d’art, théâtre, cinéma, musique, opéra, littérature, bande dessinée), en trois dimensions (objets d’art, objets populaires, jeux et jouets), et en deux dimensions (peintures, dessins, gravures, photos, affiches, cartes postales, partitions musicales, publicités), livres, enregistrements sonores et vidéo, données numériques.

Une collection ne commence à prendre corps qu’à partir du moment où elle est étudiée, publiée et diffusée. Que serait donc une collection qui ne respire pas ? C’est pourquoi cette collection a toujours été très largement ouverte aux musées qui souhaitent en emprunter des éléments pour des expositions2, mais également aux étudiants pour travailler sur le sujet. C’est maintenant à d’autres que va bientôt revenir la tâche de continuer à la faire vivre.

1 À la mémoire de Gavin Watson, grand collectionneur d’égyptomania, qui aurait tant aimé participer à cette exposition, et qui est malgré tout présent ici à travers quelques objets de sa collection.

2 Musée du Louvre, musée des Beaux-Arts du Canada à Ottawa, Kunsthistorisches Museum à Vienne, Palazzo Reale à Milan, musée du Papier Le Nil à Angoulême, Musée Rath à Genève, IMA (Institut du monde arabe) à Paris, musée des Beaux-Arts à Arras, musée des Tumulus de Bougon, Musée gallo-romain à Saint-Romain-en-Gal, fondation Boghossian à Bruxelles, Musée royal de Mariemont, musée de Normandie à Caen, Rijskmuseum van Oudhehen à Leyde, Gare des Guillemins à Liège, musée Hector Berlioz à La Côte-Saint-André, Mucem à Marseille, fondation Calouste Gulbenkian à Lisbonne.

1 | Globe ailé, bois doré, début du XIXe siècle.

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2 | Coffret par Giuseppe Parvis, bois, bronze et émaux, vers 1900.

3 | Cleopatra par Antonio Bortone, marbre, vers 1880.

4 | Le dieu crocodile Sobek, par Bright Ideas Design Co. Ltd. (Taiwan), résine polychrome, 2004.

5 | Danseuse-acrobate, statuette anonyme en bronze peint, vers 1925.

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6 | Nécessaire de fumeur, émaux de Longwy (Meurthe-et-Moselle), faïence émaillée à décor, vers 1890.

7 | Série complète des « Trésors des pharaons » d’Elizabeth Arden (États-Unis), créée par le designer Marc Rosen, réalisée au Japon, porcelaine blanche, automne 1982.

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8 | Couverture du magazine Life, 19 avril 1923. 8
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Junius S. Cravens, publicité pour les tracteurs Caterpillar, 1930.
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10 | Couverture de la partition chant et piano de la chanson Tutankhamen, Song One-Step de Hebe Mack, London, J.-B. Cramer & Co. Ltd., 1923.

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DE L’ÉGYPTOLOGIE À L’ÉGYPTOMANIE

L’ÉGYPTOMANIE, UNE FASCINATION SÉCULAIRE

JEAN-MARCEL HUMBERT

CONSERVATEUR GÉNÉRAL HONORAIRE DU PATRIMOINE

L’égyptomanie ne laisse personne indifférent. Cette réutilisation des décors de l’Antiquité égyptienne dans des usages différents de ceux qu’ils avaient à l’origine continue toujours de sur prendre et de séduire. Le phénomène se fonde sur plusieurs facteurs, dont un certain nombre de clés permettent de mieux comprendre la méthodologie et l’évolution du processus. Et tout d’abord la question de « l’ailleurs » : pendant des siècles, cette civilisation lointaine n’a été vrai ment connue qu’à travers des textes et des gravures qui en présentaient des visions tronquées et dénaturées. Puis cet héritage est passé sous les fourches Caudines de l’Empire romain, qui non seulement s’est approprié cultes isiaques et obélisques transformés en monuments, mais a également créé une égyptomanie propre, avec notamment les Antinoüs de la Villa d’Hadrien.

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L’une des particularités des copies et transpositions est de s’adapter à la mode de chaque époque, car l’égyptomanie pratique une espèce de mue permanente qui lui permet de s’adapter au style des périodes qu’elle traverse. Il s’agit là d’une de ses caractéristiques les plus fondamentales, qui lui a permis essentiellement de survivre par-delà les siècles. Ainsi, l’égyptomanie de style Empire, si elle présente les mêmes constances antiques que celles des périodes Art nouveau ou Art déco, ne leur ressemble en rien. Un tel processus n’existe ni dans les revivals grecs, romains et gothiques, ni dans le japonisme ou les chinoiseries.

Un autre des processus de l’égyptomanie consiste à transformer certaines de ses formes les plus caractéristiques en icônes universelles, dont chacune va désigner à elle seule la civilisation égyptienne dans son ensemble, tout en adoptant des significations nouvelles. Ainsi en est-il par exemple, parmi ces éléments les plus communément reconnus, des pyramides, des obélisques, des sphinx et des lions, de la corniche à gorge, du tore, des murs en pente (murs à fruit), des chapiteaux, du disque ailé, des ailes d’Isis croisées, des dieux zoomorphes, de la croix ansée, des momies, des vases canopes, des plantes lotus et papyrus, des hiéroglyphes, des diverses coiffures pharaoniques dont le némès, de la coiffure vautour, de l’uræus, de l’œil oudjat, et du papyrus en tant que support de l’écriture.

Dans le même temps, les symboles antiques, réinterprétés à l’aune des relectures modernes, connaissent de curieux avatars. Faciles à mémoriser et à transposer, ils proposent des éléments qui aident à s’approprier dans une foule de domaines les représentations antiques : ce sont, par exemple, la solidité et la longévité des constructions égyptiennes (les pyramides…), des principes de beauté (Néfertiti), de puissance militaire, de cruauté et de despotisme, mais aussi de charmes dans la négociation (Cléopâtre), la relation étroite avec la Bible (Moïse), médecine et pharmacie, justice, savoir et sagesse, mort et vie éternelle (momies), douceur de vivre, sensualité, mystère de l’écriture hiéroglyphique… Donc, l’Égypte c’est beau, c’est solide, cela étonne et fait rêver, cela peut aussi faire peur ou faire rire. Bref, la gamme des sensations et des relations potentielles est infinie, et cela aussi explique la relation intime qui s’établit souvent à l’échelon individuel.

Et de fait, grâce à tous les éléments qui les accompagnent, les créations égyptisantes surprennent, attirent l’œil, et quelle que soit l’époque, se développent parallèlement sur des assises autres qu’égyptiennes, qu’elles soient religieuses, ésotériques, politiques ou commerciales, notamment

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dans la publicité. De ce fait, elles arrivent à être toujours en phase avec leur environnement, chacun y trouvant ce qu’il y apporte. Très souvent il est arrivé que, pour être « à la mode », il faille avoir un intérieur à l’égyptienne, s’habiller à l’égyptienne, ou fréquenter des lieux à l’égyptienne, car l’égyptomanie est également très friande de la règle de l’appropriation, qui permet à tout un chacun de s’imaginer être tel ou tel personnage de l’Antiquité, à travers un tableau, un film ou une publicité, situation facilement exploitable. Nous sommes donc bien devant une assimilation complexe qui fait jouer des facteurs extrêmement divers, mais qui dans tous les cas n’aurait pu exister ni perdurer si l’art égyptien n’avait pas été en soi d’une force telle que, de tout temps, il ait subjugué, on peut même dire fasciné les êtres humains, quelles que soient leur propre civilisation et croyance religieuse.

Le phénomène de l’égyptomanie est apparu de manière très discrète dès le Moyen Âge, avec par exemple les sphinx du cloître de Saint-Jean de Latran (1222-1224), et la Renaissance (porte égyptienne du château de Fontainebleau, 1530-1540). Au XVIIe siècle, les sphinx commencent à se multiplier, et surtout, au XVIIIe siècle, les jardins anglo-chinois, sortes de parcours initiatiques éso tériques, se couvrent de fausses ruines, pyramides, obélisques, petits temples égyptiens, côtoyant d’autres types d’architecture. Le théâtre, l’opéra, le roman commencent aussi à faire place à cette résurgence égyptisante, tandis que les artistes, passant par Rome lors de leur Grand tour, en ramènent des visions égyptiennes complétées par le célèbre café des Anglais décoré par Piranèse dans le genre égyptien qu’il avait en quelque sorte codifié dans son ouvrage sur les cheminées. Peu de temps après, le Paris révolutionnaire, considérant l’Égypte comme la terre de la sagesse, choisit Isis comme déesse tutélaire. Déjà présente dans le mobilier, l’égyptomanie se fait également une place dans la porcelaine, notamment à Sèvres et dans d’autres manufactures européennes.

Lorsque Bonaparte part en Égypte avec, outre son armée, 160 savants, il montre bien la soif de découvrir et d’apprendre héritée du Siècle des lumières. On n’est donc guère surpris de constater l’influence marquante de cette épopée sur les arts, en France, puis en Europe. Sous l’influence de Dominique Vivant Denon, l’égyptomanie va contribuer à effacer le souvenir d’une campagne militaire pour le moins désastreuse, et participer de la construction du mythe de Napoléon. Dès lors, l’égyptomanie va être confrontée à plusieurs courants : les voyages en Égypte et les ouvrages qui les décrivent, de plus en plus exacts et complets ; la visite de Rome, qui reste l’endroit le plus accessible pour voir d’authentiques restes égyptiens ; l’égyptologie, née en 1822 avec la découverte

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de la lecture des hiéroglyphes par Champollion, mais dont les progrès seront le plus souvent en décalage avec l’égyptomanie qui préfère la liberté aux contraintes archéologiques ; et enfin l’égyp tomanie des périodes précédentes, car elle prend l’habitude aussi de se copier elle-même.

La première moitié du XIXe siècle voit le mouvement s’amplifier, notamment dans l’architecture en Angleterre et aux États-Unis. Les grands cimetières paysagers, aménagés sur le modèle du Père-Lachaise à Paris, commencent à voir se construire des tombes à l’égyptienne, marquant bien ainsi une manière d’essayer de rejoindre les Égyptiens dans leur quête d’immortalité. En France, le moment le plus marquant sera surtout celui de l’Exposition universelle de 1867, où l’égyptologue français Auguste Mariette réalise pour le compte du vice-roi d’Égypte Ismaïl Pacha un temple qui sera l’un des hauts lieux de la manifestation. Parallèlement, la révolution industrielle permet de mettre à la disposition d’un plus large public une production réalisée à moindre coût, dans laquelle figure bien sûr toute une gamme d’objets égyptisants. Ceux-ci, adaptés au cadre familial, permettent de créer une espèce d’Égypte en miniature, donnant l’impression de posséder une petite portion de la terre des pharaons. Cette période entre la fin du Second Empire et la guerre de 1914-1918, encore trop peu étudiée, est pourtant l’un des moments majeurs de l’égyptomanie internationale. Et elle montre particulièrement bien que si des événements comme l’ouverture du canal de Suez et la création de l’opéra Aïda de Verdi donnent à l’égyptomanie un sursaut d’in térêt, celle-ci continue de se développer sur des bases stables, bien établies et très vivaces.

Cela est particulièrement visible pendant la période Art déco, où l’on a eu un peu trop tendance à attribuer à la découverte de la tombe de Toutankhamon (1922) toutes les manifestations d’égyp tomanie qui ont fleuri alors dans tous les domaines. En fait, il n’y a aucune coupure entre les années 1910 et les années 1920, et même des édifices comme le cinéma Louxor à Paris ou le cinéma Grauman’s à Hollywood sont juste antérieurs à l’ouverture de la tombe. Le cinéma, le music-hall et la bande dessinée trouvent dans ces adaptations ludiques un renouveau de leur inspiration, prétexte à des scènes toujours plus spectaculaires. De son côté, la momie reprend une carrière commencée en littérature et un moment interrompue, au profit du cinéma, où elle semble promise à un bel avenir.

Aujourd’hui, et certainement depuis la parution du clip Walk like an Egyptian du groupe Bangles en 1986, l’égyptomanie s’est considérablement diversifiée, et paraît dans tous les domaines de

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DE L’ÉGYPTOLOGIE À L’ÉGYPTOMANIE

manière toute naturelle. Évidemment, certains débordements, notamment sur l’Internet, ne sont pas toujours du meilleur goût, mais cela montre aussi la vitalité du phénomène, que les plus jeunes se sont facilement appropriés. Les jeux vidéo, notamment, ouvrent des perspectives d’évolution sans limites au genre égyptisant. Il n’en reste pas moins que quelques égyptologues n’admettent pas l’égyptomanie, et encore moins le fait qu’elle soit devenue un sujet d’études universitaires. Pourtant, force est de constater que le phénomène est bien présent, et non pas du seul fait de quelques hurluberlus qui chantent et dansent « like an Egyptian », mais simplement parce qu’elle répond depuis des siècles à des pulsions irrésistibles, que la majorité de la popula tion ressent spontanément.

L’égyptomanie est-elle une fatalité ? En quelque sorte oui. Car à partir du moment où une civili sation a créé des formes exemplaires, d’une esthétique irréprochable, et qui fort curieusement continuent à parler à tout un chacun des millénaires après leur création, il est difficile de nier le phénomène qui en résulte. Alors, je t’aime, moi non plus ? Fascination, répulsion ou rejet ? Il est très net que la fascination l’emporte largement dans le grand public, qui s’est approprié cette manière bien particulière de rendre hommage à l’Égypte antique et au génie de ses créateurs.

22 DE L’ÉGYPTOLOGIE À L’ÉGYPTOMANIE 1

1 | Horus et les crocodiles, partie supérieure de la pendule d’une garniture de cheminée vers 1900.

2 | Pot à tabac anonyme en forme de tête d’Égyptienne portant la coiffure vautour, céramique, vers 1900.

3 | Homme assis sur un chapiteau hathorique dit « Le Voyageur », par Théodore Coinchon, bronze, vers 1860.

4 | Jardinière Amon d’après Amon protégeant Toutankhamon (d’après la statue découverte par Auguste Mariette à Karnak, en 1857, conservée au musée du Louvre) réalisée par société Émile Muller (Grande Tuilerie, Ivry-sur-Seine), grès émaillé, vers 1900.

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Théière sphinx en faïence par Tony Wood (Staffordshire, Angleterre), céramique, fabriquée entre 1982 et 1991.

Sphinx au repos, par Jean-Auguste Dampt, édité par la société Émile Muller, grès, 1898.

Cendrier publicitaire de la marque de sanitaires Sphinx, société Petrus Regout (Maastricht, Pays-Bas), vers 1935.

Jardinière, société Julius Dressler (Autriche, actuelle Tchécoslovaquie), céramique, vers 1900.

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9 | Plat du service de table « Egyptian B - Hunting » (chasse) de la société Royal Doulton (Stoke-on-Trent, Angleterre), faïence, 1911-1929.

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DES CABINETS DE CURIOSITÉS AU MUSÉUM

JOËLLE ROCHAS

Né dans la seconde partie du XIXe siècle, le Muséum d’histoire naturelle de Grenoble est l’héri tier des cabinets de curiosités rassemblés au XVIIIe siècle par les Dauphinois, puis du Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble qui leur succéda en 1773. Ses collections témoignent de l’intérêt manifesté par les Dauphinois des siècles précédents pour les pièces exotiques et révèlent une constante qui traverse à Grenoble la longue genèse de l’établissement de 1773 à 1855 : l’intérêt majeur au plan local pour l’Égypte. Car de l’égyptophilie à l’égyptologie, cet intérêt à Grenoble a constitué un élément moteur sans lequel l’histoire de l’actuel Muséum ne s’écrirait point. Il a puisé ses racines dans l’héritage des cabinets de curiosités et a servi de propulseur dans la poursuite de la constitution de collections exotiques. Il est l’un des éléments qui ont permis à l’institution grenobloise d’évoluer d’un cabinet d’histoire naturelle en un muséum. Cela a abouti en 1851 à la construction des bâtiments du nouveau Muséum d’histoire naturelle de Grenoble, tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Le docteur Gagnon, grand-père de Stendhal, participa à toutes les nouvelles institutions littéraires, artistiques ou scientifiques dont se dota la ville à la veille de la Révolution et jusqu’à l’Empire1 . Il est l’auteur du mémoire à l’origine de la création en 1773 du Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble. On lui doit le transport à Grenoble du cabinet de curiosités que la ville reçoit en don de l’ordre des Antonins au moment de sa dissolution en 1777. Véritable cabinet princier, il renfermait des monnaies et des médailles, des antiques dont une momie de femme, deux vases canopes en albâtre, des amphores, des bronzes antiques. Il contenait aussi des naturalia — des spécimens d’histoire naturelle — autant d’objets égyptiens, de pièces d’art ou d’histoire naturelle que l’ordre faisait remonter depuis sa commanderie de Marseille vers Grenoble en longeant le Rhône, ou en s’approvisionnant auprès de ses maisons installées en Europe. L’égyptologie était en germe dans le cabinet de curiosités transmis par les Antonins et le catalogue de leur bibliothèque fai sait état de l’intérêt de l’ordre pour son histoire et celle de saint Antoine l’Égyptien, anachorète

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L’ÉGYPTOLOGIE DANS LES ORIGINES DU MUSÉUM DE GRENOBLE (1773 1855)
DOCTEURE EN HISTOIRE, CONSERVATRICE EN CHEF, UNIVERSITÉ GRENOBLE ALPES

de Thébaïde2. Gagnon se fit passeur de savoir et transmit leur héritage au jeune Jean-François Champollion, son protégé, son ami, alors bibliothécaire et garde, avec son frère, du Cabinet d’his toire naturelle de Grenoble. Les premiers travaux du futur égyptologue datent de 1810 et 18113. Ils portent sur les objets égyptiens contenus dans le cabinet des Antonins.

La tradition égyptienne se poursuivra à Grenoble à partir de 1835, favorisée par les alliances entre les familles Champollion et Berriat. Le maire Berriat mit en relation médecins grenoblois en Égypte et explorateurs orientalistes comme Louis de Saint-Ferriol4 : les collections égyptiennes du chirurgien grenoblois Clot-Bey au Muséum de Grenoble datent de cette époque.

1 Gagnon (Henri, 1728-1813) : grand-père de Stendhal ; artisan de la création de la Bibliothèque publique de Grenoble en 1772 et du Cabinet d’histoire naturelle en 1773 ; administrateur de l’Académie delphinale dont il fut le secrétaire perpétuel ; directeur de l’École de médecine de Grenoble.

2 J. Deschamps, Catalogue des livres du Cabinet de Curiosités de l’abbaïe de Saint-Antoine, partie « Sciences naturelles », partie « Histoire de l’Antiquité » (Bibliothèque municipale de Grenoble [BMG], R 4743, t. 1).

3 J.-F. Champollion, Cabinet des Antiques de la ville de Grenoble 1811, [5 f.] ; [5 f. de pl.] (BMG, R 7635).

4 Berriat (Honoré Hugues, 1778-1854) : maire de Grenoble de 1835 à 1842, réélu en 1852, franc-maçon, beau-frère de Champollion-Figeac qui épousa sa sœur Zoé ; Saint-Ferriol (Louis de Sibeud de, 1814-1877) : artiste et savant dauphinois, explorateur de l’Égypte et de la Nubie, correspondant de Clot-Bey et du maire de Grenoble Hugues Berriat ; Clot-Bey (Antoine Barthélemy Clot, dit, 1793-1868) : médecin et chirurgien d’origine dauphinoise, conseiller de Méhémet Ali ; il fut élevé au grade de bey ; donateur au Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble, correspondant du Muséum d’histoire naturelle de Grenoble en Égypte de 1841 à 1855.

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1re et 4e de couverture | Erté (Romain de Tirtoff, 1892-1990), couverture de Harper’s Bazar, février 1927.

2e de couverture | Amanda Barrie dans le rôle de Cléopâtre du film Carry On Cleo (titres français O.K. Cléo ou Arrête ton char Cléo) de Gerald Thomas, 1964.

3e de couverture | Décapsuleur Toutankhamon, résine, Chine, 2001.

Cet ouvrage est composé avec les caractères Monoton Regular (Vernon Adams / Google Fonts), Alfphabet Condensed (Pierre Huyghebaert et Ludi Loiseau - Speculoos studio / OSP Foundry) et Caecilia LT Std (Peter Matthias Noordzij / Linotype).

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES

Les œuvres, objets et documents appartenant à la collection de Jean-Marcel Humbert sont présentés aux pages, sur fond vieil or, numéros 4, 9 à 15, 22 à 25, 45 à 47, 51 à 53, 63, 64 en haut et en bas à gauche, 70 à 71, 81, 91, 100 à 103, 109 à 113, 120 à 125, 134 à 135, 151, 164 à 165, 172, 2e et 3e de couverture.

Les objets en trois dimensions ont été photographiés par Denis Vinçon, Musée dauphinois, Département de l’Isère. Les partitions, photographies, affiches, illustrations ont été numérisées par Jean-Marcel Humbert.

Édition

Libel, Lyon www.editions-libel.fr

Conception graphique

Frédéric Mille

Photogravure

Résolution HD, Lyon

Impression BALTO print

Dépôt légal : novembre 2022 ISBN : 978-2-491924-25-6

Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme ou par quelque moyen électronique ou mécanique que ce soit, y compris des systèmes de stockage d’information ou de recherche documentaire, sans l’autorisation écrite de l’éditeur. Première édition © Libel

Autres sources iconographiques : Page 8 – © Éric Sebbag / Page 28 – Bibliothèque municipale de Grenoble / Page 29 – Muséum d’histoire naturelle de Grenoble / Page 34, 36, 37, 38-39 – Musée Champollion (Vif), Département de l’Isère / Pages 35 (ill. à gauche) et 152 – Ville de Grenoble, Musée de Grenoble, J.-L. Lacroix / Page 35 (ill. à droite) – Musée de la ville d’Auxerre / Page 64 (ill. à droite) © Fabien Romary Archi-Wiki / Page 65 – © Altairisfar 2008 Wikimedia Commons / Page 69 – Bibliothèque municipale de Douai / Page 79 – Bibliothèque royale de Belgique / Page 80 (ill. à gauche) – © Angelica Czubasiewicz / Page 80 (ill. à droite) et pages 154-155 – Musée d’Orsay, RMN – Réunion des musées nationaux / Page 83 – © Nicolas Dewitte/LaM – Lille métropole musée d’art moderne d’art contemporain et d’art brut (Coll. Musée des Beaux-Arts d’Arras) / Page 115 – © Luc Boegly, AAM - Archives d’architecture moderne / Page 133 – BnF - Bibliothèque nationale de France / Page 142 - © 2022 Assassin’s Creed TM & © Ubisoft Entertainment. All Rights Reserved / Page 143 - Getty images, Kevin Winter / Page 153 (ill. en haut) – Musée des Beaux-Arts de Nantes, RMN – Réunion des musées nationaux ; (ill. en bas – Musée d’art et d’histoire de Genève / (ill. en haut) – Musée des Beaux-Arts de Nantes, RMN –Réunion des musées nationaux / Page 171 –© Vincent Euverte.

L’Égypte ancienne est une source d’inspiration inépuisable dans les domaines artistiques, médiatiques et économiques. Les sociétés occidentales s’approprient depuis plus de deux siècles le modèle antique, symbole du grandiose, de l’immortalité, de l’irrationnel et du mystère. La culture des pharaons et des reines du Nil sert au divertissement, au voyage dans le temps et l’espace, à la délectation dans l’horreur, à l’affirmation de l’appartenance à une communauté ou… à la vente de biens de consommation.

L’exposition Égyptomania. La collection Jean-Marcel Humbert présentée au Musée dauphinois propose un parcours riche de près de trois cents documents et objets, collectés depuis les années 1970 par cet expert internationalement reconnu d’un phénomène sans équivalent. Le présent catalogue réunit les contributions d’une quinzaine de spécialistes analysant les raisons, les mécanismes et les manifestations de cette « manie » plus vive que jamais pour l’Égypte !

27,00 € TTC ISBN : 978-2-491924-25-6 DÉPÔT LÉGAL : NOVEMBRE 2022 WWW.EDITIONS-LIBEL.FR

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