Source d’inspiration, la musique a aussi profondément influencé la peinture de Fantin-Latour. Considéré comme « le peintre des musiciens » par ses contemporains, il développe un style fluide et vibrant dans l’esprit de la musique. Les regards croisés de deux historiennes de l’art et d’une musicologue renouvellent la compréhension de l’artiste en révélant un mélomane averti, mais aussi un grand connaisseur des lignes mélodiques et du langage musical. Grâce à une iconographie rassemblant près de quatrevingts œuvres de Fantin consacrées à Berlioz, cette approche inédite éclaire le rapport subtil entre le monde des images et l’univers des sons.
—— FANTIN-LATOUR INTERPRÈTE BERLIOZ ——
Henri Fantin-Latour (1836-1904) aimait la musique presque autant que la peinture. Cette passion l’a porté vers la création d’œuvres inspirées par les grands compositeurs romantiques de son temps : Wagner, Schumann, Brahms et Berlioz. Fasciné par Hector Berlioz, dauphinois comme lui, il offre à sa musique un prolongement plastique extrêmement original en cette fin de XIXe siècle. Hommages ou traductions picturales de ses compositions, ses peintures et ses lithographies illustrent cette relation intime nouée entre les deux modes d’expression.
Le Musée Hector-Berlioz Si le musicien ne vécut ici que son enfance avant de partir pour Paris et parcourir l’Europe à la recherche d’un public, cette maison devenue musée renferme un riche patrimoine témoignant de la vie d’un génie de la musique romantique française dont la pensée reste une référence dans les musiques actuelles. Tout en conservant l’atmosphère propre à cette demeure dauphinoise, une muséographie contemporaine réalisée lors du bicentenaire du musicien en 2003 permet au simple visiteur comme au plus érudit de découvrir Hector Berlioz, compositeur, chef d’orchestre, théoricien de la musique mais aussi écrivain.
Lithographies, dessins et peintures
La mission du Musée Hector-Berlioz, service du Conseil général de l’Isère, est de mettre en valeur et de partager avec le plus grand nombre ce patrimoine, aussi bien à La Côte-Saint-André qu’à Moscou, aussi bien en Dauphiné qu’au Japon. La musique d’Hector Berlioz est devenue universelle.
www.editions-libel.fr Dépôt légal : juillet 2011 22,00 euros TTC ISBN 978-2-917659-16-8
9 782917 659168
COUV FANTIN CS3_2306.indd 1
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Bibliographie
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Avant-propos
Contributions
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Chantal Spillemaecker conservateur en chef, directrice du Musée Hector-Berlioz
Fantin-Latour et Hector Berlioz : un peintre à l’écoute ?
25
Marianne Clerc maître de conférences en Histoire de l’art à l’Université Pierre-Mendès-France, Grenoble
Les lithographies musicales de Fantin-Latour : un « laboratoire d’images »
33
Sylvie Patry conservateur en chef au Musée d’Orsay, Paris
« La traduction d’un art par l’autre », les œuvres de Fantin-Latour d’après Les Troyens de Berlioz
55
Michèle Barbe professeur à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV), UFR de Musique et Musicologie
Interprétation, réinterprétations Antoine Troncy assistant qualifié de conservation au Musée Hector-Berlioz Adrien Morel stagiaire au Musée Hector-Berlioz
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Sommaire
Chronologie
Antoine Troncy et Adrien Morel
Bibliographie
Fantin-Latour interprète Berlioz
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Bibliographie
Il ne s’agit pas ici d’une bibliographie exhaustive de Fantin-Latour mais de la liste des ouvrages et catalogues mentionnés tout au long de notre étude. ARNOUX Mathilde, gaehtgens Thomas W. et TEMPELAERE Anne (dir.), Correspondance entre Henri Fantin-Latour et Otto Scholderer 1858-1902, Édition de la Maison des sciences de l’homme, Paris, 2011. BARBE Michèle, « Le Ballet des Troyens ou le drame de Didon : une interprétation gravée de FantinLatour », dans Ostinato rigore, revue internationale d’études musicales, 23, Éd. Jean-Michel Place, 2004, p. 173212. BÉNÉDITE Léonce, L’Œuvre de Fantin-Latour, recueil de cinquante reproductions d’après les principaux chefs-d’œuvre du maître réunis à l’occasion de l’exposition organisée à l’école des Beaux-Arts sous le patronage de M. le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts et de M. le Sous-secrétaire des Beaux-Arts. Introduction biographique et critique, Paris, Librairie centrale des Beaux Arts, 1906. BERLIOZ Hector, Mémoires, comprenant ses voyages en Italie, en Allemagne, en Russie et en Angleterre, Introduction d’Alban Ramaut, Lyon, Symétrie, 2010.
BERLIOZ Hector, Mémoires, Édition de Michel Austin, Domont, Éd. du Sandre, 2010. CLERC Marianne, « Berlioz et Fantin-Latour » dans RAMAUT Alban (dir.), Hector Berlioz, Regards sur un Dauphinois fantastique, SaintÉtienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2005. COSANDIER Juliane (dir.), FantinLatour, de la réalité au rêve. Exposition à La Fondation de l’Hermitage (28 juin - 28 octobre 2007), Lausanne, La Bibliothèque des Arts, 2007. DENIZEAU Gérard et PISTONE Danièle (dir.), La musique au temps des arts, Hommage à Michèle Barbe, Paris, PUPS, 2010. DRUICK Douglas et HOOG Michel (dir.), Fantin-Latour. Exposition au Grand Palais de Paris, à la Galerie nationale du Canada à Ottawa et au Palace of the Legion of Honour à San Francisco (1982-1983), Paris, Éd. de la Réunion des musées nationaux, 1982. DUBOURG FANTIN-LATOUR Victoria, Catalogue de l’œuvre complet (1849-1904) de Fantin-Latour / Établi et rédigé par Madame Fantin-Latour, Paris, H. Floury, 1911.
HÉDIARD Germain, « Les maîtres de la Lithographie : Fantin-Latour ; Catalogue de l’œuvre lithographique du Maître » dans L’Artiste, avril-maijuin 1892. Revu et complété par Hédiard en 1898 et réédité par Léonce Bénédite en 1906. JULLIEN Adolphe, Fantin-Latour, sa vie et ses amitiés. Lettres inédites et souvenirs personnels, Paris, Éd. L. Laveur, 1909. JULLIEN Adolphe, Hector Berlioz, sa vie et ses œuvres, Paris, Éd. À la Librairie de l’Art, 1888. Le Livre d’or du Centenaire d’Hector Berlioz, Paris, Éd. Georges Petit, Imp. Allier Frères, Grenoble, 1903. LEVÊQUE Jean-Jacques, Henri Fantin-Latour, Un peintre intimiste, 1836-1904, Paris, ACR Édition, 1996. L’Œuvre lithographique de FantinLatour : Collection complète de ses lithographies reproduites et réduites en fac-similé par le procédé héliographique Boyet, Paris, Loys Delteil, 1907. MASON Rainer Michael (dir.), Fantin-Latour, Toute la lithographie, Genève, Éd. du Tricorne, 1980. TOSATTO Guy et BAL Danielle (dir.), Henri Fantin-Latour, La voie du clair-obscur, dessins et lithographies, Musée de Grenoble, Artlys, 2004.
Commissariat : Chantal Spillemaecker, conservateur en chef et Antoine Troncy, assistant qualifié de conservation, assistés d’Adrien Morel, stagiaire au Musée Hector-Berlioz. Communication : Agnès Jonquères, Annie Jeannenez, Hélène Piguet. Gestion administrative : Annie Jeannenez. Accueil du public : Christine Dauwe, Céline Prez, Steve Vachet. Réalisation technique : Daniel Pelloux, Jean-Louis Faure, Jean-Pierre Cotte, sous la direction d’Armand Grillo. Service éducatif : Isabelle Puig. Édition et boutique des musées : Christine Jullien et Jeanine Collovati. Infographie : Médicis, Lyon. Conception du visuel : Hervé Frumy assisté de Francis Richard.
Nous souhaitons présenter nos plus vifs remerciements aux personnes et institutions qui nous ont assuré de leur soutien ou ont généreusement prêté leur concours ou leurs collections :
OUVRAGE
Guy Tosatto, conservateur en chef et directeur du Musée de Grenoble ; Isabelle Varloteaux, attachée de conservation chargée de la régie des œuvres ; Anne Laffont, responsable de la photothèque. Christine Carrier, directrice des bibliothèques de Grenoble ; Marie-Françoise Bois-Delatte, conservateur en chef et Sandrine Lombard, service de reproduction à la Bibliothèque municipale de Grenoble. André Liatard, conservateur du Musée Faure, Aix-les-Bains. Jean-Pierre Melot, directeur du Musée des Beaux-Arts de Pau ; Patrick Segura, chargé de la photothèque. Sylvie Brame, directrice adjointe de la Galerie BRAME & LORENCEAU, Paris. Monir Tayeb et Michel Austin, concepteurs du site internet www. hberlioz.com et mécènes du Musée
Que tous trouvent ici l’expression de notre profonde gratitude.
Contributions : Michèle Barbe, professeur des Universités à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV), UFR de Musique et Musicologie, responsable du groupe de recherche « Musique et arts plastiques ». Marianne Clerc, maître de conférence en Histoire de l’art à l’Université Pierre-Mendès-France, Grenoble. Adrien Morel, stagiaire au Musée Hector-Berlioz. Sylvie Patry, conservateur en chef du Patrimoine au Musée d’Orsay, Paris. Antoine Troncy, assistant qualifié de conservation au Musée HectorBerlioz.
Contributions
EXPOSITION
Hector-Berlioz. Patrick Morel, ami du Musée Hector-Berlioz. Petruta Vlad, historienne de l’art.
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Cet ouvrage accompagne l’exposition Fantin-Latour interprète Berlioz présentée au Musée Hector-Berlioz, La Côte Saint-André, Isère, du 9 juillet au 31 décembre 2011.
Cette exposition et cette publication n’auraient pu voir le jour sans la confiance de Pascal Payen, viceprésident du Conseil général de l’Isère chargé de la Culture et du Patrimoine et d’Emmanuel Henras, directeur de la Culture et du Patrimoine.
Fantin-Latour interprète Berlioz
Contributions
Chantal Spillemaecker
Fantin-Latour interprète Berlioz
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Avant-propos
conservateur en chef, directrice du Musée Hector-Berlioz
Avant-propos Henri Fantin-Latour, fervent admirateur d’Hector Berlioz Souhaitons que prochainement […] le petit musée de La Côte Saint-André insiste sur l’une des plus touchantes collaborations entre la musique et les arts plastiques écrivait Claude Roger-Marx en 1969 ! La maison natale du musicien, devenue Musée Hector-Berlioz, a bénéficié d’une réhabilitation totale par le Conseil général de l’Isère lors du bicentenaire de la naissance du musicien en 2003 et accueille désormais des expositions temporaires dévoilant les multiples facettes de la personnalité du compositeur. Dans ce cadre, nous avons souhaité cette année partir à la découverte de l’œuvre de Berlioz à travers le regard d’un illustre artiste, d’origine dauphinoise lui aussi, passionné par la musique « moderne ». Passion qui emportera Henri Fantin-Latour vers la création d’œuvres inspirées par les grands
compositeurs romantiques de son temps – Wagner, Schumann, Brahms et Berlioz – et qui constitueraient, aux dires de spécialistes, les plus sensibles et les plus originales de ses productions. En 1888, Adolphe Jullien, critique musical au Journal des Débats et ami intime du peintre, publiait une première biographie monumentale dédiée au compositeur romantique disparu près de vingt ans auparavant (Hector Berlioz, sa vie et ses œuvres) illustrée de lithographies originales de Henri Fantin-Latour. Les deux hommes, après avoir publié un ouvrage consacré à Richard Wagner, poursuivirent leur collaboration éditoriale et Fantin-Latour composera ainsi pendant des décennies de multiples variations inspirées par la musique d’Hector Berlioz, jusqu’à la publication du Livre d’or du Centenaire d’Hector Berlioz en 1903. Cette relation de l’artiste avec le biographe du compositeur a incité le « petit musée de La Côte » à présenter au public les « sujets
Cat. 67
Autoportrait 28 mars 1861 Dessin au crayon noir sur papier vergé gris bleuté 37,5 x 31 cm Daté en bas à droite : 28 mars 1861 Cat. Fantin-Latour 188
d’imagination » de Fantin-Latour inspirés par les opéras ou les mélodies berlioziennes et à tenter d’éclairer le rapport complexe entre l’univers des sons et le monde des images. C’est enfin la présence de collections encore peu étudiées qui servit de prétexte à ce projet. En effet, aux côtés d’importants fonds relatifs au musicien (partitions manuscrites ou imprimées, éditions originales de ses ouvrages, lettres autographes et extraits des Mémoires…), le musée possède un ensemble d’œuvres donné par l’épouse du peintre, Victoria Dubourg. Compagne de Fantin et peintre elle-même, mais aussi interprète de la musique de Berlioz, madame Fantin-Latour prit soin de léguer en 1905 au Musée Hector-Berlioz, encore installé dans une salle municipale au Château Louis XI, trois huiles sur toile : Duo des Troyens, L’Enfance du Christ et Centenaire de Berlioz. Grâce à ce don, naissait peu après l’ouverture du musée dans
la maison natale en 1935, une « salle FantinLatour ». On retrouve en 1957 l’existence de cet accrochage rassemblant peintures, dessins et lithographies, qui sera encore évoqué par la responsable du musée en 1981. Désinstallée ensuite, on perdra la trace de cette salle et aucun inventaire rigoureux, alors que le musée est encore associatif, ne garde la mémoire de cet ensemble. Dès 1996, l’institution est confiée au Conseil général de l’Isère et nous découvrons la qualité remarquable des collections rassemblées par l’Association nationale Hector Berlioz tout au long du XXe siècle, dont le fonds Fantin-Latour. Le récolement révèlera la présence d’autres dessins et esquisses qui durent être confiés au musée en 1921 alors que la veuve de l’artiste procédait à de nouveaux dons au Musée de Grenoble. La lithographie gouachée de L’Anniversaire venue rejoindre dans les années 1960 les réserves du musée proviendrait-elle des héritiers de Gustave
Fantin-Latour interprète Berlioz
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Avant-propos
Musée de Grenoble (Inv. MG 1467) Don de Mme Fantin-Latour en 1904 © Musée de Grenoble
Avant-propos 8
Fantin-Latour interprète Berlioz
Tempelaere (légataires universels de la famille Fantin-Latour) ? La tradition orale le prétend mais aucun manuscrit ne nous renseigne, hélas. Après l’exposition de l’œuvre lithographié de l’artiste à Genève en 1980 et l’importante rétrospective présentée au Grand Palais d’abord puis à Ottawa et San Francisco en 1983, la dernière décennie a vu plusieurs manifestations mettant à l’honneur Henri Fantin-Latour. Nous citerons, plus particulièrement, l’exposition du Musée de Grenoble Henri Fantin-Latour. La voie du clair-obscur. Dessins et lithographies en 2004. Guy Tosatto, directeur du musée, écrit alors dans l’avant-propos de la publication : Mélodie de la ligne, harmonie de l’estompe, jamais sans doute Fantin n’a rendu avec plus d’acuité et de sensualité sa passion pour la musique qu’avec son crayon, sa mine d’argent et son fusain. Il dévoile là pleinement son âme… Enfin, il nous faut mentionner deux monographies : Henri Fantin-Latour. De la réalité
au rêve à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne en 2007 et celle au Musée Thyssen-Bornemisza de Madrid en 2009, Fantin-Latour 1836-1904, qui vis[ait] à remettre à sa juste place un artiste moderne qui a révolutionné la peinture sans jamais chercher à provoquer ou choquer selon Vincent Pomarède, commissaire de l’exposition. Alors que le Musée de Grenoble privilégiait l’œuvre gravé de l’artiste largement représenté dans ses collections et que les deux autres manifestations retraçaient l’entière carrière du peintre, nous nous attachions, quant à nous, à ne retenir et accueillir dans la maison natale du musicien que les scènes allégoriques nées de la musique d’Hector Berlioz. Mais comment appréhender l’interprétation qu’en fit le peintre ? Comment apprécier la transposition d’une œuvre dramatique à une œuvre plastique ? Pour ce faire, nous avons bénéficié du concours exceptionnel de trois spécialistes : Marianne Clerc, universitaire, Sylvie Patry,
Cat. 78
Lettre d’Henri Fantin-Latour à un destinataire inconnu 7 janvier 1903
Cat. 79
Coll. particulière © Musée Hector-Berlioz
Lettre de Victoria Fantin-Latour à Jean Celle 9 janvier 1905
conservateur et Michèle Barbe, universitaire. Leurs regards croisés d’historiennes de l’art pour les premières et de musicologue pour la dernière renouvellent ici la compréhension de l’artiste. Tout en analysant la diversité des scènes nées à l’écoute du compositeur romantique, les auteurs s’attachent à reconsidérer les sujets musicaux de Fantin-Latour. Faut-il croire Claude Debussy qui affirmait en 1903 : Berlioz fut toujours le musicien préféré de ceux qui ne connaissaient pas la musique ? Il semble que non puisque Michèle Barbe nous démontre avec conviction que le peintre était non seulement un amateur de musique, mais surtout un grand connaisseur des lignes mélodiques et du langage musical. Il revenait au Musée HectorBerlioz de donner un nouveau coup de projecteur sur l’iconographie d’un « peintre musicaliste » fasciné par Berlioz et de rapprocher les liens qui unissent la musique aux arts visuels.
Fantin-Latour interprète Berlioz
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Avant-propos
Musée Hector-Berlioz © Musée Hector-Berlioz
Marianne Clerc maître de conférences en Histoire de l’art à l’Université Pierre-Mendès-France, Grenoble
Pour beaucoup de ses contemporains, Henri Fantin-Latour (1836-1904) apparaissait comme « le peintre des musiciens ». Son abondante correspondance truffée de références au monde de la musique témoigne en effet de son intérêt profond, ancré très tôt dans un univers familial et amical de mélomanes1. Qu’il ait choisi la musique et ses compositeurs comme une source d’inspiration ne surprendra donc guère, plus inattendu cependant est l’effet opéré par la musique sur sa peinture ; pour un peintre à la recherche d’un certain réalisme pictural, l’évocation de la musique et de ses maîtres devait le conduire progressivement à redécouvrir certaines traditions de la grande peinture d’histoire classique, à laquelle, en fait, secrètement toute sa vie il aspira. « Je veux faire des chefs-d’œuvre, il n’y a rien d’autre » écrivaitil à ses parents en 1864 alors qu’il séjournait à Londres chez son ami Whistler. Mais dix ans plus tard, il s’interrogeait toujours sur le moyen d’y
parvenir. « Je ne sais pas assez pour faire ce qu’il me plairait » regrettait-t-il dans une lettre du 25 janvier 1874, adressée au peintre Otto Scholderer. Dans cette quête ininterrompue et exigeante d’un art supérieur, ce qu’il nommait ses « projets d’imagination » étaient au cœur même de son activité créatrice, traduisant les errements de sa recherche, sa difficulté à peindre quand l’imagination prime l’observation de la nature. S’éloignant de l’approche « réaliste » d’après nature qu’il prônait avec ferveur dans ses œuvres de jeunesse comme dans ses célèbres portraits de groupe, ainsi que dans ses natures mortes – la subtile Nature morte dite « de fiançailles » 1 — Ce texte reprend l’essentiel d’une communication présentée lors du colloque du Bicentenaire de la naissance d’Hector Berlioz, organisé à Grenoble en 2003. Il a été actualisé et les notes allégées par rapport aux actes publiés par l’Université de Saint-Etienne, CIEREC, 2005, p. 135-148. Pour ce qui concerne la correspondance de Henri Fantin-Latour, nous utilisons ici la copie des lettres établie par Madame Fantin-Latour déposées à la Bibliothèque municipale de Grenoble (BMG cote R8867(rés.)).
Fantin-Latour interprète Berlioz
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Un peintre à l'écoute ?
Henri Fantin-Latour et Hector Berlioz : un peintre à l’écoute ?
Cat. 73
Hector Berlioz, sa vie et ses œuvres Adolphe Jullien Paris, Éd. À la Librairie de l’Art, 1888
Fantin-Latour interprète Berlioz
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Un peintre à l'écoute ?
Musée Hector-Berlioz © Musée Hector-Berlioz
(1869) du Musée de Grenoble en est un exemple remarquable –, il s’essaya avec constance à une expression plus libre, sans jamais renoncer à ses vues supérieures ce dont témoignent pleinement ses œuvres conçues à partir des années 1875. Son ambition d’être le meilleur peintre de sa génération l’amena à emprunter d’étranges chemins guère compris par la critique, voire par ses amis peintres. Ainsi s’intéressa-t-il à la commémoration et à l’hommage aux grands hommes contemporains, un genre relevant de la plus ancienne tradition, tranchant singulièrement sur la production picturale « moderne » de l’époque et qui surprend de la part d’un artiste lié aux peintres les plus novateurs du moment :
« Je suis tout entier au culte de ses grands artistes », confiait-t-il à son hôte Edwin Edwards, « voilà ma religion, l’Art, voilà le seul idéal ». Fervent admirateur de Richard Wagner2 dès 1858 – il n’hésita pas à faire connaître son œuvre et assista par la suite au premier festival du maître à Bayreuth en 1876 – il découvrit tardivement Hector Berlioz, d’une trentaine d’années son aîné, et par ailleurs, son compatriote, sans que toutefois cette dimension dauphinoise apparaisse comme le signe d’une sympathie naturelle. Lors de ses séjours successifs en Angleterre en 1859, 1861 et 1864, et aussi par sa fréquentation des cercles artistiques français, Fantin-Latour ne pouvait ignorer les récents passages de Berlioz à Londres et la notoriété qui l’accompagnait. Les divers modes de célébration choisis et sa suite de lithographies originales illustrant l’ouvrage d’Adolphe Jullien Berlioz, sa vie et ses œuvres publié en 1888 (Cat. 73) éclairent les voies expérimentées par le peintre pour traduire tout à la fois son admiration à un « grand artiste » et les souvenirs de son écoute musicale ; dans cette recherche, ses expériences menées à partir de la technique lithographique lui permirent d’engendrer des effets d’une sensibilité que son pinceau et ses couleurs atteignirent beaucoup plus rarement. 2 — Sa toile Autour du piano (1885) réunit les amis et défenseurs de la cause wagnérienne.
Cependant dès les années 1875, alors que les recherches impressionnistes à partir de la nature observée se multipliaient, Fantin-Latour revenait à l’allégorie traditionnelle dans ses œuvres commémoratives. En se détournant de la réalité, il reprenait le chemin emprunté et magnifié par Ingres dans son Cherubini et la muse lyrique et retournait puiser dans les attributs et emblèmes de la tradition. Dans cette perspective, un jalon important est L’Anniversaire, autrement appelé : L’Anniversaire de Berlioz, puis par la suite Apothéose, peinture qui fait partie des collections du Musée de Grenoble. Elle date de 1876, année où Fantin-Latour s’était rendu à Bayreuth mais une étude préparatoire montre que l’idée de cette célébration remontait au 5 décembre 1875, jour où il assistait à l’exécution de la symphonie dramatique Roméo et Juliette. La toile de Grenoble sera acquise par le musée en 1899 grâce à la Société des Amis des Arts de Grenoble dont Fantin-Latour était membre3. Il s’agit d’une huile sur toile d’assez grandes dimensions que FantinLatour conçut deux ans après avoir amorcé, mais
Un peintre à l'écoute ? 13
s’exposait en défendant, soutenant publiquement des peintres, écrivains, et musiciens sans s’écarter de la « vérité », maître mot du moment. S’il se faisait un devoir de représenter et du même coup soutenir des hommes en but à la critique mais reconnus par des cercles éclairés, il n’oubliait pas aussi de s’associer picturalement en intégrant son portrait à la composition pour la postérité. Cette auto-représentation rappelant encore une fois des pratiques plus anciennes (notamment de la Renaissance) prenait dans ce contexte un ton plus engagé puisque le peintre se rangeait aux côtés d’artistes révolutionnant les conceptions académiques.
Fantin-Latour interprète Berlioz
Hommage, commémoration, anniversaire et apothéose relèvent d’une longue et savante tradition artistique dont l’écho dans la peinture classique se maintenait au cours du XIXe siècle notamment avec Jean-Auguste-Dominique Ingres et son immense toile L’Apothéose d’Homère (1828, Musée du Louvre) ou encore son théâtral Luigi Cherubini et la muse de la poésie lyrique (1842, Musée du Louvre), mais surtout qui trouvait dans la sculpture funéraire contemporaine un prolongement extraordinaire. Figures ailées, renommées, muses, couronnes de lauriers, palmes, colonnes, frontons, tableaux et tablettes de pierre portant inscription constituaient l’essentiel du répertoire peint ou sculpté de la célébration ; un genre fondé sur une hiérarchisation très étudiée du monde matériel terrestre au monde spirituel aérien, dont l’esprit se retrouvait également lors des cérémonies officielles de l’époque où ne manquaient ni les jetés de fleurs, ni les jeunes filles en tunique de mousseline blanche au front ceint d’une couronne. Touché par le renouveau réaliste opéré par Gustave Courbet – Courbet avait déjà peint un Portrait de Berlioz (Musée d’Orsay) en 1850 – Fantin-Latour qui étudia quelques mois dans l’atelier du maître à Paris s’employa à revivifier, voire à subvertir le thème conventionnel de l’hommage en n'introduisant dans ses compositions que des personnages de l’actualité contemporaine. Dans ses différents hommages, Hommage à Delacroix (1864, Musée d’Orsay), ou encore l’hommage à Manet, L’atelier des Batignolles (autour de Manet) (1870, Musée d’Orsay), il reprenait ainsi à son compte l’idée d’ « allégorie réelle » défendue par Gustave Courbet dans son illustre tableau L’Atelier (1855, Musée d’Orsay). Reniant une figuration allégorique, Fantin-Latour
Un peintre à l'écoute ? 14
Fantin-Latour interprète Berlioz
Dans cette même lettre de 1876, Fantin-Latour décrivait le programme iconographique de son tableau L’Anniversaire (Cat. 51), une description souvent reproduite, mais qui demeure irrempla çable pour saisir les intentions de l’auteur. « Au fond, un tableau (marbre blanc) avec le nom de Berlioz gravé dedans, le marbre tout enguirlandé de fleurs et de feuillage ; un ange (de l’oratorio de l’Enfance du Christ) tient une guirlande et achève de l’orner ; par son architecture et sa lumière (qui est la plus grande du tableau), c’est un tombeau apothéose (il n’a 3 — Pour l’étude de l’œuvre et sa genèse, se reporter au catalogue de Douglas Druick, op. cit., p. 220-229. Néanmoins, on peut souligner que dans son 1er état la lithographie préparatoire à la peinture porte dans la marge du bas : Souvenir du 5 décembre 1875, cf. Germain Hédiard, op. cit., cat. n°7. Fantin-Latour accusa réception d’un chèque de « trois mille francs représentant la part contributive de la Société des Amis des Arts de Grenoble pour l’achat de [son] tableau « l’Anniversaire de Berlioz » », BMG, N2929, le 26 octobre 1899.
L’Anniversaire 8e version 1876 Huile sur toile 220 x 170 cm Signée, datée en bas à droite : Fantin 1876 Cat. Fantin-Latour 772
Cat. 51
sans avoir abouti un hommage à Schumann dont il reste une lithographie À la mémoire de Robert Schumann. Si son admiration pour Schumann comme pour Wagner d’ailleurs était manifeste et ancienne, en revanche son intérêt récent pour Berlioz était beaucoup plus modéré : « C’est un original comme l’on dit en Dauphiné » écrivait-il plus tard à son ami Adolphe Jullien4. Mais pour l’heure s’adressant à Scholderer dans sa lettre du 9 février 1876, il compatissait : « Il m’a semblé que sa mémoire demandait quelque chose, ce pauvre grand artiste… encore plus un artiste même qu’un musicien et [qui] ne peut rivaliser avec vos grands musiciens ; mais certainement il a donné des idées, il a été le premier romantique, il a donné bien l’éveil à Wagner par exemple ». Il est vrai que sa perception de Berlioz et de sa musique restait assez distante, peu précise, ce qui n’était pas le cas pour Wagner.
Musée de Grenoble (Inv. MG 1219) Acquis en 1899 © Musée de Grenoble
rien de la réalité à celui qu’il a eu au cimetière Montmartre, qui est tout ce qu’il y a de plus simple) ». Fantin-Latour revendiquait de faire une œuvre d’imagination, un « tombeau » à la manière des siècles passés, une apothéose comme Ingres pour Homère, en ne recourant ni à une représentation figurée de Berlioz, ni à une quelconque transposition de sa sépulture comme il le rappelait fermement dans sa lettre ; le compositeur étant évoqué à travers son nom « gravé », celui de ses œuvres et par le biais des allégories. Il poursuivait ainsi sa description : « Je reviens pourtant au côté funèbre du tableau (car j’appelle mon tableau l’Anniversaire) en mettant un grand cyprès sombre, et, au bas dans un demi jour triste, la musique en pleurs et tenant sa lyre en robe noire ; toutes les figures sont supposées sur des marches qui conduisent au tombeau, ce qui me permet d’en mettre à toutes sortes de hauteurs devant le tombeau. Clio, la muse qui redit les actions des hommes et des choses célèbres, en robe très sombre rougeâtre 4 — Fantin, lettre à Adolphe Jullien, 2 septembre 1887 : « C’est avec plaisir que j’ai vu que […] toujours Berlioz vous préoccupe. Il nous faut un beau livre plein de documents sérieux. Vous aurez de la peine avec le romantique, ne le taquinez pas trop sur ses erreurs. Dans ce beau temps du romantisme, on n’y regardait pas de si près […]. Il y a un temps aussi où il est venu chez Courbet. Je me rappelle un éreintement par Champfleury […]. On voit que dans le Monde réaliste on le blaguait […]. En somme l’Artiste doit primer tout dans Berlioz, c’est un original comme l’on dit en Dauphiné », BMG, cote R8867(rés.).
Fantin-Latour interprète Berlioz
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Un peintre à l'écoute ?
Cat. 49
L’Anniversaire 5e version, 3e lithographie 1875 Lithographie reprise au crayon noir et à la gouache 70 x 63 cm Signée datée gravée en bas à droite : h. Fantin / 75 Mention imprimée dans la marge en bas : Imp. Lemercier & Cie, Paris Œuvre non cataloguée par. G. Hédiard et par V. Fantin-Latour
Fantin-Latour interprète Berlioz
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Un peintre à l'écoute ?
Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.69) © Musée Hector-Berlioz
cramoisi, mais très neutre comme des raisins noir rouge, elle montre d’une main le tombeau et le nom de Berlioz, elle tient de l’autre un rouleau où sont inscrites ses plus belles œuvres, les dernières ; à ses pieds une trompette qui est un de ses attributs, elle fait l’effet de la garder et paraît sévère ; derrière elle Marguerite, en robe bleue, tend une couronne de feuillages (c’est la Marguerite de la Damnation de Faust) qu’elle paraît vouloir attacher au tombeau ; j’aime assez son geste ; j’ai essayé d’exprimer le naïf par ces deux bras l’un à côté de l’autre et suppliants ; vient derrière elle Didon (des Troyens) qui vient avec le rameau d’or de Virgile pour le déposer, et vêtue en reine de pourpre. Devant, Juliette et Roméo (de sa symphonie Roméo et Juliette). Juliette, en robe de bal, couverte d’une sorte de linceul sur la tête, porte des roses, semble vouloir se détacher de Roméo pour un moment. Roméo
semble vouloir la retenir. Au devant tout à fait, un homme moderne, un admirateur, arrive porter une couronne […] ». Fantin-Latour reprend la distribution frontale des figures disposées sur des degrés dans l’esprit de L’Apothéose d’Homère d’Ingres, une composition qui place le spectateur dans la position de l’adorateur du premier plan et conduit le regard jusqu’au nom révéré par un jeu d’échos entre les différentes héroïnes du répertoire berliozien et Euterpe à gauche dont seul le bas du corps est drapé. Au centre, renforçant par son geste le sens de l’œuvre, Clio, muse de l’Histoire, est représentée sobrement vêtue à l’antique, une référence sensible également dans le profil d’esprit néoclassique de Didon, située sur le même plan mais à droite de la composition. Fantin-Latour a inscrit les titres des dernières œuvres de Berlioz sur le volumen de l’Histoire, suivis de la date
Une nouvelle étape fut franchie lorsque FantinLatour abandonna le nom inscrit dans la pierre au profit du portrait du compositeur. Ainsi, dans 5 — Tristan et Iseult : Acte II. Signal dans la nuit, cf. Germain Hédiard, op. cit., cat. n°67, illustration dans Adolphe Jullien, Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, Paris, 1886. 6 — Ces œuvres sont publiées dans D. Druik, op. cit., p. 287-288 ; Adolphe Jullien, Richard Wagner, op. cit., dans ce dernier ouvrage, L’immortalité, alias La Musique n’inscrit sur le tableau de marbre que le seul nom de Wagner ; voir aussi BMG Pd7 Fantin-Latour 19.
Un peintre à l'écoute ?
L’imagination de Fantin-Latour ne tarissait pas, il donnait à la suite de L’Anniversaire plusieurs versions sur le thème de la commémoration de Berlioz. Gardant l’idée du tableau de marbre, il redressait la figure allégorique de la musique qui était en pleurs à gauche de la toile de L’Anniversaire, et la déclinait en plusieurs versions, depuis un premier pastel présenté au Salon de 1880 intitulé La Musique, jusqu’au frontispice de l’ouvrage d’Adolphe Jullien sur Wagner dont le titre devint L’Immortalité. La muse, de dos, en partie dénudée, représentée avec ses attributs, lyre et trompette, sa chevelure au naturel retenue par un lien, était représentée inscrivant les noms : « Robert Schumann / H. Berlioz / R.Wagner / J. Brahms » qui, selon Douglas Druik « semblaient caractériser une époque »6. Berlioz grandissait dans l’estime de Fantin-Latour puisque son nom s’insérait désormais entre les deux références musicales majeures du peintre.
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La genèse de l’œuvre a pour origine une esquisse inversée car Fantin-Latour travaillait souvent avec l’aide de calques et par systèmes de report, où lumières et masses colorées sont équilibrées. Contrairement à la démarche courante, il passait par la lithographie (Cat. 49) dans un système complexe d’études qu’il grattait, estompait, rehaussait de gouache et qu’il modifiait avant de se lancer dans le tableau définitif. Ainsi, modification d’importance, au cours de ses opérations, « l’homme moderne » du premier plan s’est transformé en un autoportrait de FantinLatour de dos dont le Musée Hector-Berlioz garde la pensée au crayon noir (Cat. 69). « Pour mieux expliquer le mélange de réel et de fantaisie » écrivait par la suite Fantin-Latour, il s’était représenté en donateur, de dos apportant une couronne ; en fait, il poursuivait et réitérait l’idée narcissique de sa présence dans le tableau aux côtés des grands hommes qu’il célébrait, comme c’était déjà le cas dans L’atelier aux Batignolles ou dans L’hommage à Delacroix. De l’esquisse initiale au tableau définitif, les mouvements des figures, l’enchaînement des gestes, leur rapport se sont figés dans une œuvre assez froide et sévère qui évoque davantage un frontispice d’ouvrage porté aux dimensions de la grande peinture. Peut-être est-ce là la contrepartie du passage par la lithographie. Le critique Charles Tardieu n’y voyait en effet guère autre chose « qu’une grande lithographie peinte ». Cependant, Fantin-
Latour fixait dans cette œuvre quelques-uns des personnages qu’il reprendra par la suite dans ses illustrations musicales, mais pas toujours dans les mêmes rôles. Ainsi de Marguerite avec ses longues tresses qui, quelques années plus tard, se transformera en Iseult lorsqu’il s’agira de célébrer Wagner5.
Fantin-Latour interprète Berlioz
« 1869 » écrite en petits caractères. Cette dernière apparaît comme un rappel discret de l’année de la mort du compositeur, placé au bas de l’œuvre ; date qui, par contre, est occultée dans la partie supérieure par la tête de la muse laissant ainsi ouverte l’idée d’immortalité.
Un peintre à l'écoute ? 18
Fantin-Latour interprète Berlioz
une estampe réalisée en 1897, A Berlioz – grande planche – (Cat. 60), Berlioz est représenté au centre, assis, drapé dans son manteau et plongé dans ses pensées ; il retient dans sa main gauche un feuillet. Il est entouré de la Renommée, de la Gloire et de la Musique dont les robes soyeuses évoquent l’art du premier XVIIIe siècle. L’hommage se voulait direct du peintre au compositeur, ce dont témoigne la dédicace homophonique rapprochant les deux noms « A H. Berlioz / h. Fantin ». Quelques années plus tard, en 1903, dans le contexte particulier du centenaire de la naissance du compositeur, Fantin-Latour recourut à la représentation de son buste sculpté (Cat. 57). Reprenant l’esprit de la lithographie de 1897, il substituait au portrait dessiné sa figuration en marbre, le buste posé sur un piédestal accompagné des figures ailées de la Renommée et de la Gloire s’élevant sur une
perspective à la Watteau ; la présence de l’effigie sculptée redoublait le caractère officiel de ce Centenaire H. Berlioz. 11 décembre 1803. Comme pour L’Anniversaire, Fantin-Latour partait d’une esquisse à l’huile (Cat. 56) dont les couleurs évoquaient les peintures de Delacroix à SaintSulpice auxquelles Fantin-Latour se référait explicitement dans l’une de ses lettres. La difficulté commença lorsqu’il s’essaya à « traduire », selon son terme, visuellement la musique de Berlioz. Adolphe Jullien lui offrit cette possibilité en le rappelant deux ans après sa collaboration à l’ouvrage sur Richard Wagner. Ce dernier était dédié par l’auteur « à mon ami Fantin » et le volume sur Berlioz à Ernest Reyer. Pour les deux ouvrages, Fantin-Latour fournit en 1886 puis en 1888 quatorze lithographies originales, tirées par Lemercier. S’adressant à
Cat. 57
Centenaire H. Berlioz. 11 décembre 1803 2e version 1903 Lithographie Cuvette 40,2 x 32,4 cm Papier 63,8 x 49,8 cm Signée gravée en bas à droite : h. Fantin Signée au crayon en bas à droite : h. Fantin Annotation autographe gravée en bas : Centenaire H. Berlioz. 11 Décembre 1803 Cat. Hédiard 175 ; Cat. Fantin-Latour 2028
Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.55) © Musée Hector-Berlioz
Un peintre à l'écoute ?
Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.50) Don de Mme Fantin-Latour en 1905 © Musée Hector-Berlioz
A Berlioz (A Berlioz – grande planche) 2e version, 2e état 1897 Lithographie sur papier de Chine contrecollé sur papier vélin Cuvette 46 x 38,7 cm Papier 56,2 x 42,5 cm Signée gravée en bas à gauche : h. Fantin Annotation autographe gravée en bas à gauche : A H. Berlioz ; deux esquisses de portrait de Berlioz en bas à droite Cat. Hédiard 132 ; Cat. Fantin-Latour 1678
Cat. 60
Cat. 56
Centenaire de Berlioz 1re version 1903 Huile sur toile 40 x 32,5 cm Cat. Fantin-Latour 1994
A. Jullien, Fantin-Latour lui écrivait : « C’est avec plaisir que j’ai vu que […] toujours Berlioz vous préoccupe. Il nous faut un beau livre plein de documents sérieux » et de rappeler « Vous aurez de la peine avec le romantique, ne le taquinez pas trop sur ses erreurs […]. En somme l’Artiste doit primer tout dans Berlioz ». Le parallèle entre les deux séries d’illustrations montre une similitude dans la logique de développement des scènes et quelques différences qui éclairent la perception de Berlioz par Fantin-Latour. Ainsi L’Immortalité, lithographie évoquée précédemment, ouvre la suite des illustrations de l’ouvrage sur Wagner, alors que la Vérité (Cat. 63) est retenue pour Berlioz. Nue, elle sort du puits et au lieu de tenir son miroir conformément à l’iconologie, achève d’inscrire sur une tablette le nom « Berlioz »7. La vérité est un vieux thème du répertoire de Fantin-Latour ; dérivant ici de son allégorie de
la Musique, elle apparaît cependant entièrement nue et exécutée dans une veine particulièrement libre et légère. À la différence de la musique de Wagner qui l’inspirait davantage et dont il avait vu notamment à Bayreuth des mises en scène inoubliables, Fantin-Latour dans la succession des lithographies pour Berlioz semblait manquer d’imagination. En effet, Tuba Mirum Spargens Sonum… (Cat. 14) s’appuyait sur les lignes mêmes écrites par le compositeur : « Les quatre petits orchestres de cuivre qui chantent aux quatre points cardinaux une romance à huit parties sur le Jugement dernier » (Journal des Débats, 7 — Comme fréquemment Fantin-Latour reprend une figure, voire une composition pour une autre destination ; La Vérité (1883) (cat. Hédiard n° 56) porte sur sa tablette les noms « R. Schumann / H. Berlioz / R. Wagner / J. Brahms ».
Fantin-Latour interprète Berlioz
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Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.1172) © Musée Hector-Berlioz
Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.66) © Musée Hector-Berlioz
Symphonie fantastique : un bal 1888 Lithographie Cuvette 23,5 x 15,5 cm Papier 35 x 26 cm Mention manuscrite en bas à gauche : Épreuve d’auteur Cat. Hédiard 78 ; Cat. Fantin-Latour 1353
Cat. 02
Cat. 14
Tuba Mirum Spargens Sonum... 2e version 1888 Lithographie sur papier Japon Cuvette 23,6 x 15,8 cm Papier 28,2 x 20,5 cm Signée au crayon en bas à droite : h. Fantin Cat. Hédiard 77 ; Cat. Fantin-Latour 1384
Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.68) © Musée Hector-Berlioz
Un peintre à l'écoute ?
Cat. 71
Étude pour La Damnation de Faust. Apparition de Marguerite Vers 1888 Dessin au fusain et pastel beige sur papier vergé bleu-vert 24 x 14 cm Cat. Fantin-Latour 2389
Fantin-Latour interprète Berlioz
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Musée de Grenoble (Inv. MG IS 69-17) Don de Mme Fantin-Latour en 1904 © Musée de Grenoble
16 février 1840)8. Fantin-Latour a ainsi comme éclaté sa composition aux quatre coins dans le mouvement tourbillonnant des quatre anges de l’Apocalypse, plaçant le maître au centre, de dos et la tête de profil, dans un geste caractéristique. Par le jeu de la baguette, celui des trompettes célestes, l’artiste ouvre l’espace dans toutes les directions suggérant rythme et monde sonore. C’était en revanche l’idée de l’ « inspiration » qu’il avait choisie deux ans auparavant pour la deuxième planche du Wagner, représentant le musicien tourné vers sa muse lumineuse, appuyée affectueusement sur son épaule. Si pour illustrer Wagner et son œuvre, l’imagination ne semblait jamais absente, il peinait à évoquer un univers berliozien qui lui était moins connu. Ainsi évoquait-il la Symphonie fantastique : un bal 8 — Chacune des lithographies de l’ouvrage est précédée d’une feuille de papier de soie sur laquelle figure le titre de l’œuvre ; pour Tuba Mirum Spargens Sonum…, l’extrait du feuilleton de Berlioz dans le Journal des Débats l’accompagne également.
(Cat. 2) par une scène de genre un peu théâtrale, une soirée mondaine au cours de laquelle la main sur le cœur, un personnage rappelant Berlioz invite une belle gracieusement assise, vue de dos au premier plan. L’effigie de Berlioz lui permettait encore d’illustrer Lélio : La harpe éolienne (Cat. 4). Sans doute, une certaine méconnaissance et un intérêt moindre pour la musique de Berlioz l’entraînaient-ils à substituer à l’interprétation de l’œuvre l’image même de son auteur. Les illustrations Harold en Italie : Dans les Montagnes, Benvenuto Cellini : Acte III. La Fonte de Persée ou encore La Prise de Troie : Acte III. Apparition d’Hector (Cat. 31) renvoient à l’homme seul méditant, solitaire ou confronté à ses propres terreurs. L’équilibre classique y est constamment maintenu par l’aplomb des figures massives le plus souvent rejetées sur la gauche de la composition, par leur densité, et la qualité des drapés qui n’est pas sans évoquer certaines
Un peintre à l'écoute ? 21
Fantin-Latour interprète Berlioz
scènes néoclassiques, ce qui convient tout à la fois à l’atmosphère italienne des scènes et au thème des Troyens. La profondeur du paysage, mais aussi de la pensée est suggérée par le contraste marqué entre les figures au premier plan plutôt sombres et le fond clair parfois très lumineux sur lequel elles se détachent. Juliette dans Roméo et Juliette : Confidence à la nuit, (Cat. 18) et Marguerite de La Damnation de Faust : Apparition de Marguerite (Cat. 21), les deux jeunes héroïnes au tragique destin apparaissent comme perdues et fragiles : l’une se confiant à la nuit appuyée sur une balustrade de pierre, regard levé vers les cieux, sa longue chevelure retombant sur ses épaules dénudées ; l’autre, au premier plan dans la partie
inférieure de l’œuvre, se tourne vers un lointain insondable. La lithographie permettait un jeu subtil de clair-obscur que Fantin-Latour maniait avec une extrême finesse, griffant ses œuvres d’éclats lumineux et scintillants. Le point de vue singulier des deux illustrations est repris également dans Béatrice et Bénédict : Acte 1er. Nocturne (Cat. 28) où, encore une fois, la qualité même de l’art lithographique rend particulièrement bien le mystère d’une soirée où sous la pleine lune deux longues silhouettes se tiennent tendrement par l’épaule, une atmosphère que ne renieraient pas certains symbolistes. Mais c’est sans doute la représentation du duo d’amour qui constitue l’un des aspects les
Un peintre à l'écoute ? 22
Fantin-Latour interprète Berlioz
plus réussis de l’art de Fantin-Latour. Encore une fois, les réminiscences de Watteau filtrent à travers notamment la position rapprochée des corps, les gestes, les robes aux scintillements doux et mouvants. C’est le cas dans Les Troyens à Carthage : Acte III. Duo d’amour (Cat. 39) où Énée est aux pieds de Didon selon une attitude prisée par la peinture galante. L’estampe issue d’une esquisse conservée au Musée HectorBerlioz (Cat. 35) connaît aussi une autre version de cette scène amoureuse alliant désir et réserve. Pour ce qui concerne L'Enfance du Christ : le Repos de la Sainte Famille (Cat. 22 et 26), FantinLatour ne s’éloignait guère de l’iconographie traditionnelle si ce n’est comme dans ses œuvres commémoratives par l’importance accordée aux
anges (un est rajouté dans la lithographie par rapport à l’esquisse), reléguant la Sainte Famille un peu au second plan. Par ailleurs, inattendue et déjouant toute convention de représentation est l’illustration de Sara la baigneuse (Cat. 12). Un pied effleurant l’eau du bassin, Sara la nonchalante se balance nue dans un hamac. L’œuvre surprend par sa liberté de ton et sa sensibilité érotique ; elle laisse deviner la richesse de l’expression de Fantin-Latour lorsqu’il s’abandonnait sans contrainte à son sujet de prédilection : la figure féminine. L’œuvre qui termine la série est la lithographie de L’Anniversaire dont le titre ici devient Apothéose. Elle ferme donc l’ouvrage sur la révérence de Fantin-Latour, l’ « homme
Cat. 12
Sara la baigneuse (au hamac) 2e version, 1re lithographie 1888 Lithographie sur papier Japon contrecollé sur papier vélin Cuvette 23,7 x 15,2 cm Papier 31,4 x 22 cm Annotations autographes en bas à gauche : Fantin.Latour / Sara la Baigneuse / pl. IX Cat. Hédiard 84 ; Cat. Fantin-Latour 1358
Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.52) Don de Mme Fantin-Latour en 1905 © Musée Hector-Berlioz
Un peintre à l'écoute ?
Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.54) © Musée Hector-Berlioz
Duo des Troyens 1re version 1876 Dessin au crayon repris à l’huile sur papier marouflé 29,3 x 22,4 cm Annotation autographe au crayon gras illisible en bas à gauche Annotation autographe au crayon gras en bas à droite : Duo des Troyens Daté au crayon gras en bas à droite : 12 Oct / 1878 ( ? ) Cat. Fantin-Latour 778
Cat. 35
Cat. 28
Béatrice et Bénédict : Acte 1er. Nocturne 3e version, 1er état 1888 Lithographie Cuvette 22,9 x 15,5 cm Papier 35 x 25,9 cm Cat. Hédiard 86 ; Cat. Fantin-Latour 1387
moderne » incliné au premier plan apportant une couronne. Le parti diffère de celui adopté dans la suite consacrée à Wagner où l’œuvre qui clôt l’ouvrage Réveil représente une gloire ailée effleurant le tombeau, terminant ainsi sur une note divine. Pour Fantin-Latour, ses esquisses, ainsi que ses lithographies comportaient « une incertitude que chaque spectateur achève à son idée. On y voit ce que l’on veut. C’est un peu, dit-il, comme la sonate qui fait rêver, chacun selon son goût ceux (qui) ont de l’imagination et le goût du rêve9 ». Si la musique de Berlioz n’emportait pas son adhésion 9 — Fantin, lettre à Edwards, 30 décembre 1871.
entière, ne le faisait pas autant rêver que celle de Wagner, la personnalité d’Hector Berlioz dont il avait lu les Mémoires marqua cependant FantinLatour durablement. Ainsi vers la fin de sa vie, Fantin-Latour pouvait-il déclarer « Enfin je peux faire les choses que j’ai désiré faire » par exemple cette Ondine10 (alias la Vérité, alias la Musique) qui semble ne plus avoir de prétexte ni littéraire, ni musical pour exister. « Le seul ennui, poursuit-il c’est de ne pas être jeune ! Cela me fait penser à ce que répondait Berlioz quant à la fin de sa vie on le félicitait de ce que le public venait à lui : Oui disait-il on vient mais moi je m’en vais11 ».
10 — Cat. Hédiard n° 129. 11 — Fantin, lettre à Scholderer, 28 février 1896.
Fantin-Latour interprète Berlioz
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Musée Hector-Berlioz (Inv. 2004.1.3) © Musée Hector-Berlioz
Antoine Troncy assistant qualifié de conservation au Musée Hector-Berlioz
Adrien Morel
Ce catalogue recense l’ensemble des œuvres retrouvées de FantinLatour se rapportant aux compositions musicales d’Hector Berlioz ou réalisées en son hommage. Jouant sur les détails et les compositions autour d’un même sujet, Fantin aime faire évoluer son œuvre au gré de sa sensibilité musicale. Il donne ainsi naissance à plusieurs versions,
Le terme « version » se rapporte donc aux œuvres dont le sujet est identique mais dont la composition varie d’une représentation à l’autre, ceci quelque soit la nature du support ou la technique utilisée par l’artiste (huile sur toile, lithographie ou dessin). Le catalogage des versions reprend essentiellement celui établi par Mme Victoria Fantin-Latour (née Dubourg), Catalogue de l’Œuvre complet (1849-1904) de Fantin-Latour / Établi et rédigé par Madame Fantin-Latour, Paris, H. Floury, 1911. En revanche, pour les lithographies, ainsi que pour les « états », la classification de Germain Hédiard a été conservée. Un « nouvel état » est établi chaque fois « qu’on ajoute ou efface quelque chose sur la planche, fût-ce un filet ou un nom d’imprimeur » ; la composition de l’œuvre demeurant toutefois identique d’un « état » à un autre. (Germain Hédiard « Les maîtres de la Lithographie : Fantin-Latour ; Catalogue de l’Œuvre lithographique du Maître » dans L’Artiste, 1892. Revu et complété par Hédiard en 1898 et réédité par Léonce Bénédite en 1906).
Fantin-Latour interprète Berlioz
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conjuguant divers moyens techniques à cette esthétique.
Interprétation, réinterprétations
stagiaire au Musée Hector-Berlioz
Cat. 02
Symphonie fantastique : un bal 1888 Lithographie Cuvette 23,5 x 15,5 cm Papier 35 x 26 cm Mention manuscrite en bas à gauche : Épreuve d’auteur Cat. Hédiard 78 ; Cat. Fantin-Latour 1353
Cat. 04
Lélio : La harpe éolienne 1888 Lithographie Cuvette 23,2 x 15,3 cm Papier 35,1 x 26 cm Cat. Hédiard 79 ; Cat. Fantin-Latour 1354 Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.48) © Musée Hector-Berlioz
Cat. 02
Cat. 04
Fantin-Latour interprète Berlioz
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Interprétation, réinterprétations
Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.68) © Musée Hector-Berlioz
Symphonie fantastique : un bal Épisode de la vie d’un artiste, Symphonie fantastique en cinq parties. Créée le 5 décembre 1830 sous la direction d’Habeneck dans la salle du Conservatoire à Paris. Fantin-Latour s’inspire ici du thème du Bal, second mouvement de la Symphonie fantastique et des précisions données par Berlioz dans le programme du concert : « L’artiste est placé dans les circonstances de la vie les plus diverses, au milieu du tumulte d’une fête, dans la paisible contemplation des beautés de la nature ; mais partout, à la ville, aux champs, l’image chérie vient se présenter à lui et jeter le trouble dans son âme ». Une seule version Cat. 02 | Lithographie réalisée pour le livre
Au premier plan à droite, une jeune femme de dos, vêtue d’une robe, est assise sur une méridienne. Berlioz, dans l’ombre, se tient de face devant elle. Vêtu de noir, il étend le bras gauche tout en portant sa main droite sur son cœur. De part et d’autre de la scène des tentures relevées permettent d’apercevoir en arrièreplan les participants d’un bal dansant sous la lueur d’un lustre. Cette lithographie porte dans la marge inférieure gauche, la mention manuscrite : Épreuve d’auteur. Estelle l’une de celles mentionnées par Hédiard dans son catalogue ?
Lélio : La harpe éolienne Lélio ou Le Retour à la vie. « Mélologue faisant suite à l’Épisode de la vie d’un artiste », créé le 9 décembre 1832 dans la salle du Conservatoire à Paris, sous la direction d’Habeneck.
d’Adolphe Jullien, Hector Berlioz, sa vie et ses œuvres, Paris, Éd À la Librairie de l’Art, 1888, p. 50 et exposée au Salon en 1888.
Le livret de l’œuvre est source d’inspiration pour le peintre.
Berlioz à travers la voix de Lélio qui, écoutant « un air profondément mélancolique » songe : « Oh ! que ne puis-je la trouver, cette Juliette, cette Ophélie, que mon cœur appelle ! […] L’ami témoin […] suspendrait à ses rameaux la harpe orpheline, qui, doucement caressée par le sombre feuillage, exhalerait encore un reste d’harmonie. […] Je me vois dans l’avenir, couronné par l’amour ; […] mon cœur […] se dilate de bonheur ; un ciel bleu se pare d’étoiles au-dessus de ma tête ; une brise harmonieuse m’apporte de lointains accords, qui me semblent un écho de la voix adorée. […] Je suis heureux, et mon ange sourit en admirant son ouvrage ; son âme noble et pure scintille sous ses longs cils noirs modestement baissés ; une de ses mains dans les miennes, je chante, et son autre main, errant sur les cordes de la harpe, accompagne languissamment mon hymne de bonheur. […] Ô musique ! maîtresse fidèle et pure, respectée autant qu’adorée, ton ami, ton amant t’appelle à son secours ! Viens, viens, déploie tous tes charmes, enivre-moi,
Cat. 06
Harold : Dans les Montagnes 2e version, 1re lithographie 1884 Héliogravure d’après la lithographie de Fantin-Latour publiée dans le catalogue Delteil, 1907 44 x 33,5 cm Cat. Hédiard 49 ; Cat. Fantin-Latour 1189
Cat. 07
Harold en Italie : Dans les Montagnes 3e version, 2e lithographie 1888 Lithographie Cuvette 23,3 x 15,2 cm Papier 38,5 x 28,2 cm Signée gravée, en bas à droite : h. Fantin Cat. Hédiard 80 ; Cat. Fantin-Latour 1355
Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.63) © Musée Hector-Berlioz
Cat. 07
environne-moi de tous tes prestiges, sois touchante, fière, simple, parée, riche, belle ! Viens, viens, je m’abandonne à toi ».
Symphonie créée le 23 novembre 1834 dans la salle du Conservatoire à Paris sous la direction de Narcisse Girard avec Chrétien Uhran à l’alto solo.
Une seule version Cat. 04 | Lithographie réalisée pour le livre d’Adolphe Jullien, Hector Berlioz, op. cit, p. 82 et exposée au Salon en 1888.
Au second plan, une jeune femme joue sur une harpe suspendue aux branches d’un arbre, les hanches couvertes par un voile. Devant elle, assis sur un tertre, Berlioz, de profil et vêtu de noir, repose sa tête sur sa main droite. Reproduite en couverture dans Le Monde Musical, « Centenaire de Berlioz (1803-1903) » daté du 30 novembre 1903. Elle fait l’objet d’un tirage hors texte dans les cent exemplaires de luxe du numéro.
Harold en Italie : Dans les Montagnes Harold en Italie, symphonie avec alto principal en 4 parties.
Dans ses Mémoires, Berlioz expose son projet : « J’imaginai d’écrire pour l’orchestre une suite de scènes, auxquelles l’alto solo se trouverait mêlé comme un personnage plus ou moins actif conservant toujours son caractère propre ; je voulus faire de l’alto, en le plaçant au milieu des poétiques souvenirs que m’avaient laissés mes pérégrinations dans les Abruzzes, une sorte de rêveur mélancolique dans le genre du Childe-Harold de Byron. De là le titre de la symphonie Harold en Italie. […] un thème principal (le premier chant de l’alto) se reproduit dans l’œuvre entière […] Le chant d’Harold se superpose aux autres chants de l’orchestre, avec lesquels il contraste par son mouvement et son caractère, sans en interrompre le développement ».
1re version Harold : Dans les Montagnes, 1884, huile sur toile, 35 x 25 cm, signée en rouge en bas à droite : Fantin, Cat. F. 1159.
Mme Fantin-Latour la décrit comme une étude pour la lithographie suivante (Cat. 6). Elle aurait appartenu à Mme Hédiard. 2e version Cat. 06 | Lithographie exposée au Salon en 1884.
À droite, Harold est vêtu d’un grand manteau soulevé par le vent. Il joue de la harpe gothique assis au sommet d’une cime entourée de nuages. En bas au loin, un oiseau vole vers lui. 1er état
Tirée à cinq ou six épreuves d’essai, sans nom d’imprimeur. 2e état
Tirée à vingt-cinq épreuves, mention : Imp. Lemercier et Cie, Paris, dans la marge inférieure. 3e version Cat. 07 | Lithographie réalisée pour le livre d’Adolphe Jullien Hector Berlioz, op. cit, p. 105.
Fantin-Latour interprète Berlioz
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Cat. 06
Interprétation, réinterprétations
Bibliothèque municipale de Grenoble (Inv. Hd.511) © BMG
Cat. 05
Harold en Italie 1888 Pierre lithographique 38 x 27 x 2,5 cm (hors marge 23 x 15) Illustration pour la biographie d’Hector Berlioz par Adolphe Jullien
Musée de Grenoble (Inv. MG 2497-5) Legs de Mme Fantin-Latour en 1921 © Musée de Grenoble
Bibliothèque municipale de Grenoble (Inv. Hd.511) © BMG
Cat. 05
Cat. 08
Sa composition est identique à la précédente bien qu’inversée. Une montagne s’élève à travers les nuages au second plan et Harold, désormais assis à gauche, porte un manteau aux plis légèrement différents.
les deux approches qu’il fait de cette œuvre poétique en 1883 puis en 1888.
Fantin-Latour interprète Berlioz
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Interprétation, réinterprétations
Cat. 08
Sara la baigneuse (à l’escarpolette) 1re version, 1re lithographie 1883 Héliogravure d’après la lithographie de Fantin-Latour publiée dans le catalogue Delteil, 1907 44 x 33,5 cm Cat. Hédiard 44 ; Cat. Fantin-Latour 1144
Sara la baigneuse Sara la baigneuse – à l’escarpolette Sara la baigneuse Mélodie créée le 9 septembre 1834 dans la salle du Conservatoire à Paris sous la direction de Girard. Cette ballade – sur un poème de Victor Hugo tiré des Orientales – est composée initialement pour un quatuor de voix d’hommes et orchestre. Victor Hugo imagine l’indolente Sara vaquant à sa toilette, se balançant nue – dans son hamac ou sur une escarpolette – tout en admirant son reflet dans l’eau. Charmé par le texte et par la musique de Berlioz, Fantin illustre ici fidèlement ce poème dans
Rit de la fraîcheur de l’eau. 1re version
Sara, belle d’indolence Se balance Dans un hamac, au-dessus Du bassin d’une fontaine Toute pleine D’eau puisée à l’Ilyssus.
Cat. 08 | Sous
les arbres, Sara nue, les cheveux dénoués et assise sur une balançoire tient les deux cordes. De sa main gauche, elle emmène une partie de la draperie qui la couvre légèrement et qui flotte autour d’elle. 1er état
Et la frêle escarpolette Se reflète Dans le transparent miroir, Avec la baigneuse blanche Qui se penche, Qui se penche pour se voir. Chaque fois que la nacelle Qui chancelle, Passe à fleur d’eau dans son vol, On voit sur l’eau qui s’agite Sortir vite Son beau pied et son beau col.
Lithographie tirée à sept ou huit épreuves d’essai, marges blanches. 2e état
Tirée à vingt-cinq épreuves, dans la marge inférieure : Imp. Lemercier et Cie, Paris. 2e version 1884, pastel exposé au Salon en 1884.
3e version 1884, dessin au fusain, 38,3 x 29,2 cm, signé en bas : Fantin, Musée Rolin d’Autun (Inv. CH.29), Cat. F. 1175.
Elle bat d’un pied timide L’onde humide Qui ride son clair tableau, Du beau pied rougit l’albâtre ; La folâtre,
Ce dessin serait une copie du pastel exposé au Salon en 1884. Même si la tête de Sara paraît affinée, que ses yeux soient davantage dirigés vers le sol et le drapé légèrement différent dans sa
Cat. 09
Sara la baigneuse (à l’escarpolette) 4e version 1884 Dessin au crayon lithographique repris au crayon graphite sur papier vergé 35 x 24 cm Signé en bas à droite : Fantin Cat. Fantin-Latour 1176
Cat. 10
Sara la baigneuse (à l’escarpolette) 7e version, 2e lithographie 1892 Héliogravure d’après la lithographie de Fantin-Latour publiée dans le catalogue Delteil, 1907 44 x 33,5 cm Cat. Hédiard 99 ; Cat. Fantin-Latour 1491
Bibliothèque municipale de Grenoble (Inv. Hd.511) © BMG
Cat. 10
partie inférieure, il semble identique à la première lithographie (Cat. 8).
7e version
4e version Cat. 09 | Dessin identique à la première lithographie (Cat. 8).
5 version e
1884, dessin à la plume et lavis à l’encre brune, rehaussé à la gouache blanche et bleue, 32,6 x 25,4 cm, signé en bas à droite :
Sara est assise sur son escarpolette qu’elle tient avec l’index de sa main droite replié sur la corde. À sa gauche, le voile sur lequel elle est assise se gonfle derrière elle. Il lui couvre entièrement la jambe gauche dont le pied ne paraît plus toucher l’eau. La lumière que l’on distingue en haut à gauche entre les arbres éclaire son corps.
Cat. 10 |
Fantin, University of Michigan Museum of
1er état
Art (Inv. 1.115), Ann Arbor (États-Unis).
Lithographie tirée à sept ou huit épreuves d’essai. Hédiard indique les mentions suivantes : « marge de haut, Sara belle d’indolence… la musique au-dessus et au-dessous : H. Berlioz ».
Cette œuvre n’est pas mentionnée par Mme Fantin-Latour dans son catalogue. Bien que sa composition soit semblable aux précédentes, Sara assise sur sa balançoire, maintient l’une des cordes avec l’index de sa main droite replié sur celle-ci. Entourée d’une végétation plus fournie, elle ne regarde plus le sol mais fixe l’horizon devant elle. Son voile demeure plaqué sur sa jambe droite.
1887, huile sur toile, 81 x 66 cm, Cat. F. 1295.
« Ancien pastel » – selon Mme FantinLatour – exposé au Salon en 1884.
9e version 1896, huile sur toile, 55 x 40 cm, signée en bas à droite, Cat. F. 1618.
Œuvre décrite ainsi par Mme FantinLatour : « Sara se balance, la tête penchée sur son bras gauche qui retient une draperie lui couvrant les jambes. L’autre bras maintient la corde de la balançoire. Le corps incliné à droite, les jambes croisées effleurent l’eau. Arbre dans le fond ».
2e état
Tirée à vingt-cinq épreuves, marges blanches. 8 version e
1893, huile sur toile, 46 x 35 cm, Collection particulière.
6e version
Deux détails la différencient de la seconde lithographie (Cat. 10) : Sara regarde devant elle et la végétation au premier plan n’atteint plus la jambe de la baigneuse.
Cette œuvre a été exposée en 2007 à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne. Elle n’est pas citée par Mme Fantin-Latour dans son catalogue.
10e version 1900, huile sur toile, 35 x 25 cm, Cat. F. 1825.
Mme Fantin-Latour indique que cette œuvre a la même composition que les lithographies précédentes.
Fantin-Latour interprète Berlioz
59
Cat. 09
Interprétation, réinterprétations
Musée Faure, Aix-les-Bains (Inv. MF 948.126) © Musée Faure, Aix-les-Bains
Cat. 11
Sara la baigneuse (au hamac) 1888 Pierre lithographique 37,5 x 27 x 4,5 cm (hors marge 24 x 15) Illustration pour la biographie d’Hector Berlioz par Adolphe Jullien
Musée de Grenoble (Inv. MG 2497-9) Legs de Mme Fantin-Latour en 1921 © Musée de Grenoble
Musée Hector-Berlioz (Inv. 2004.1.3) © Musée Hector-Berlioz
Cat. 11
Cat. 12
Fantin-Latour interprète Berlioz
60
Interprétation, réinterprétations
Cat. 12
Sara la baigneuse (au hamac) 2e version, 1re lithographie 1888 Lithographie sur papier Japon contrecollé sur papier vélin Cuvette 23,7 x 15,2 cm Papier 31,4 x 22 cm Annotations autographes en bas à gauche : Fantin.Latour / Sara la Baigneuse / pl. IX Cat. Hédiard 84 ; Cat. Fantin-Latour 1358
Sara la baigneuse Sara la baigneuse – au hamac 1re version 1888, dessin au crayon lithographique sur calque, 23 x 15,5 cm, Cat. F. 1345.
Décrit par Mme Fantin-Latour comme étant le projet pour la lithographie suivante (Cat. 12). Elle précise que sur la monture en bristol gris, Fantin aurait noté : A M. Robichon, H. Fantin, et dessiné une petite tête de femme. 2e version Cat. 12 | Lithographie réalisée pour le livre d’Adolphe Jullien, Hector Berlioz, op. cit, p. 205.
Sara se tient allongée au-dessus d’un bassin circulaire, dans un hamac qui est suspendu à un tronc d’arbre. Elle est entièrement nue, le bras droit étendu derrière la tête et tient le hamac de sa main gauche. La jambe droite repliée sous elle, Sara se balance effleurant l’eau du bassin avec sa jambe gauche.
3e version 1894, huile sur toile, 46 x 35 cm, Cat. F. 1529.
Mme Fantin-Latour précise dans son catalogue que Sara « est étendue dans un hamac, le haut du corps dans l’ombre, la tête tournée vers la droite, appuyée sur son bras, l’autre tenant une branche d’arbre, les jambes et une draperie blanche éclairées ».
Tuba Mirum Spargens Sonum… Requiem créé le 5 décembre 1837 en l’église des Invalides pour les funérailles du général Danrémont. Fantin illustre le Tuba mirum du Dies irae. Berlioz avait imaginé de répartir dans l’espace instrumentistes et choristes et de disposer dans les tribunes opposées du Dôme des Invalides quatre groupes de cuivres qui au moment du Tuba mirum, firent sur l’assistance un effet saisissant. Berlioz se souvient dans une lettre à son père datée du 7 décembre 1837 de l’épouvante produite
par les cinq orchestres et les huit paires de timbales. « Une de nos choristes a pris une attaque de nerfs, et le curé s’est mis à fondre en larmes à l’autel. Ce brave homme un quart d’heure après en pleurait encore à la sacristie ». Dès le lendemain du concert, on lisait même dans Le Charivari : « Le Tuba mirum est le signal de l’entrée des cuivres qui sont divisés dans les diverses parties de la nef, et dont les attaques successives jettent toutes les âmes dans une effrayante rêverie ; c’est une véritable représentation harmonique du Jugement dernier. Les timbales grondent et remplissent de leurs roulements formidables les échos des voûtes qui semblent trembler sous le tonnerre du ciel. Nous le répétons, ce morceau est un chef-d’œuvre digne d’être comparé aux plus célèbres inspirations de la musique sacrée . Tuba mirum spargens sonum La trompette répandant un son extraordinaire Per sepulchra regionum Parmi les tombeaux des nations Coget omnes ante thronum
Cat. 14
Tuba Mirum Spargens Sonum... 2e version 1888 Lithographie sur papier Japon Cuvette 23,6 x 15,8 cm Papier 28,2 x 20,5 cm Signée au crayon en bas à droite : h. Fantin Cat. Hédiard 77 ; Cat. Fantin-Latour 1384
Cat. 16
Benvenuto Cellini : Acte III. La Fonte du Persée 1888 Lithographie Cuvette 23 x 15,5 cm Papier 35 x 26 cm Cat. Hédiard 81 ; Cat. Fantin-Latour 1356 Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.46) © Musée Hector-Berlioz
Cat. 16
Réunira tous les hommes devant le trône ».
Benvenuto Cellini : Acte III. La Fonte du Persée
1re version
Opéra en deux actes, livret de Léon de Wailly et d’Auguste Barbier. Opéra créé le 8 septembre 1838 à l’Opéra de Paris sous la direction d’Habeneck avec Duprez dans le rôle titre.
Une seule version Cat. 16 | Lithographie réalisée pour illustrer le livre d’Adolphe Jullien, Hector Berlioz, op.
1888, dessin au crayon lithographique sur calque, 23 x 15,5 cm, Cat. F. 1346.
Projet pour la lithographie suivante (Cat. 14). 2e version Cat. 14 | Lithographie réalisée pour illustrer le livre d’Adolphe Jullien, Hector Berlioz, op. cit, p. XVI et exposée au Salon en 1889.
Berlioz de dos, la tête tournée vers la gauche, lève sa baguette de la main droite. Il dirige debout devant son pupitre, entouré des quatre anges de l’Apocalypse. L’un, au premier plan à gauche, souffle dans une buisine (instrument de la famille des cuivres, dont l’apparence se rapproche d’une trompette) tenue d’une seule main, contrairement à celui de droite qui, les ailes déployées, abaisse la sienne. En arrière-plan deux autres anges, l’un de profil et l’autre de dos, ont tous deux leur instrument levé en direction d’une lueur qui apparaît au loin.
Berlioz, s’inspirant des Mémoires de l’artiste italien pour composer son opéra, insiste sur la condition humaine de l’artiste et au rapport avec son art. Le pape lui ayant commandé une statue, Cellini se doit de l’exécuter. Au dernier acte, le pape assiste à la fonte du Persée. Mais le métal venant à manquer, Cellini se doit de sacrifier l’ensemble de ses œuvres en les jetant dans le creuset afin de parachever sa statue qui sort enfin du moule. Fantin choisit d’illustrer cette scène en mettant l’accent sur l’artiste face à sa création tout en plaçant les autres protagonistes dans l’ombre de l’arrière-plan.
cit, p. 122.
Le Persée se dresse sur un piédestal à droite de la composition. Seules sa jambe gauche et la main tenant un coutelas apparaissent. À gauche, un genou à terre et les deux mains levées, Benvenuto Cellini vêtu d’un pourpoint noir et d’une collerette blanche, porte une épée à son côté gauche. Au second plan à droite on distingue la cuve où a été fondue la statue et à gauche un groupe d’hommes.
Roméo et Juliette : Confidence à la nuit Symphonie dramatique avec chœurs, solos de chants et prologue en récitatif choral, composée d’après la tragédie de Shakespeare, paroles d’Émile Deschamps. Symphonie créée le 24 novembre 1839 dans la salle du Conservatoire à Paris sous la direction de Berlioz.
Fantin-Latour interprète Berlioz
61
Cat. 14
Interprétation, réinterprétations
Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.66) © Musée Hector-Berlioz
Symphonie fantastique : un bal 1888, pierre lithographique 38 x 27 x 3,5 cm (hors marge 23,5 x 15,5) Illustration pour la biographie d’Hector Berlioz par Adolphe Jullien
Cat. 01
Cat. 03
Lélio. La harpe éolienne 1888 Pierre lithographique 38 x 27 x 3,5 cm (hors marge 23 x 15) Illustration pour la biographie d’Hector Berlioz par Adolphe Jullien
Musée de Grenoble (Inv. MG 2497-3) Legs de Mme Fantin-Latour en 1921 © Musée de Grenoble
Musée de Grenoble (Inv. MG 2497-4) Legs de Mme Fantin-Latour en 1921 © Musée de Grenoble
Cat. 01
Cat. 03
Cat. 18
Roméo et Juliette : Confidence à la nuit 1re version, 1re lithographie 1888 Lithographie Cuvette 22,7 x 15,2 cm Papier 35,2 x 26 cm Annotation manuscrite au crayon en bas à gauche : […] d’auteur Annotation manuscrite au crayon illisible en bas à droite Cat. Hédiard 82 ; Cat. Fantin-Latour 1385
Cat. 19
Roméo et Juliette. Confidences à la nuit 2e version, 2e lithographie 1903 Héliogravure d’après la lithographie de Fantin-Latour publiée dans le catalogue Delteil, 1907 44 x 33,5 cm Cat. Hédiard 176 ; Cat. Fantin-Latour 2029
Cat. 18
Cat. 19
Berlioz expose dans sa Préface à Roméo et Juliette l’intention qui l’a guidé lors de la composition de cette symphonie : « Si, dans les scènes célèbres du jardin et du cimetière, le dialogue des deux amants, les apartés de Juliette et les élans passionnés de Roméo ne sont pas chantés, si enfin les duos d’amour et du désespoir sont confiés à l’orchestre, les raisons en sont nombreuses et faciles à saisir. C’est d’abord, et ce motif seul suffirait à la justification de l’auteur, parce qu’il s’agit d’une symphonie et non d’un opéra. Ensuite, les duos de cette nature ayant été traités mille fois vocalement et par les plus grands maîtres, il était prudent autant que curieux de tenter un autre mode d’expression. C’est aussi parce que la sublimité de cet amour en rendait la peinture si dangereuse pour le musicien, qu’il a dû donner à sa fantaisie une latitude que le sens positif des paroles chantées ne lui eût pas laissée, et recourir à la langue instrumentale, langue plus riche, plus variée, moins arrêtée, et, par son vague même, incomparablement
plus puissante en pareil cas ». Fantin quant à lui, illustre de manière plus traditionnelle la fameuse scène d’amour de l’acte III.
Bibliothèque municipale de Grenoble (Inv. Hd.511) © BMG
Fantin-Latour interprète Berlioz
64
Interprétation, réinterprétations
Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.45) © Musée Hector-Berlioz
1re version
rapport à la première version. Juliette ne fixe plus le ciel mais l’horizon à sa gauche. Sa main droite repose sur un pilier au sommet d’un escalier, tandis que son autre main se porte à hauteur de sa gorge.
Cat. 18 | Lithographie réalisée pour le livre
1er état
d’Adolphe Jullien, Hector Berlioz, op. cit, p.
Tirée à dix épreuves d’essai, dans la marge gauche, croquis d’une femme nue, debout et vue de dos.
142 et exposée au Salon en 1889.
Debout, tournée vers la gauche, Juliette se tient sur son balcon, serrant la rambarde de sa main droite et porte son autre main sur sa poitrine. Elle est éclairée par un rayon de lune émergeant d’un bosquet à l’arrièreplan. Cette lithographie porte au bas de la marge inférieure des inscriptions pratiquement illisibles. On déchiffre toutefois la mention [Épreuve] d’auteur, ainsi qu’un nom commençant par A […]. S’agit-il d’Adolphe Jullien ? Si tel était le cas, elle serait l’une des épreuves d’auteur mentionnées par Hédiard. 2e version
La composition de cette lithographie change légèrement par
Cat. 19 |
2e état
Destinée à être publié dans Le Livre d’or du Centenaire d’Hector Berlioz, Éd. Georges Petit, Paris, Imp. Allier Frères, Grenoble, 1903, p. 24, avec des marges blanches.
La Damnation de Faust : Apparition de Marguerite Légende dramatique en quatre parties, livret de Berlioz. Œuvre créée le 6 décembre 1846 à l’Opéra-Comique, avec Mme Duflot-Maillard dans le rôle de Marguerite.
Lithographie publiée dans la revue L’Art Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.56) © Musée Hector-Berlioz
Berlioz reprend et adapte l’œuvre de Goethe traduite par Gérard de Nerval. À la fin de la quatrième partie, l’âme rachetée de Marguerite, par le sacrifice de Faust, est accueillie au paradis par les séraphins. Remonte au ciel, âme naïve Que l’amour égara ; Viens revêtir ta beauté primitive Qu’une erreur altéra. Viens, les vierges divines,
vers le fond est invisible. Sa main gauche retient contre son sein la draperie qui a glissé de son épaule et laisse voir sa gorge. Au-dessus d’elle, deux génies adolescents : l’un ailé, nu, est assis sur les nuées et tient une lyre dont il joue ; l’autre, à peu près de face, est vêtu de draperies voltigeant et touche aussi les cordes de l’instrument. À droite, dans la nuit, Faust et Méphistophélès ».
L’Enfance du Christ : Repos de La Sainte Famille Trilogie sacrée, création complète de l’œuvre le 10 décembre 1854 dans la salle Herz à Paris sous la direction de Berlioz, Le Repos de la Sainte Famille ayant été créée dans un premier temps en mai 1853 à Londres. Fantin s’inspire du livret de Berlioz pour illustrer cette séquence :
2e version
Viens, les vierges divines, Tes sœurs, les Séraphines, Sauront tarir les pleurs Que t’arrachent encore les terrestres douleurs. Conserve l’espérance Et souris au bonheur. Viens, Margarita, viens !
Lithographie réalisée pour le livre d’Adolphe Jullien, Hector Berlioz, op. cit, p. 186.
La composition est identique à l’huile sur toile précédente (F. 1328). 1er état
Avec des marges blanches. 2e état
Comporte diverses mentions dans les marges.
Cat. 21 |
1re version
3e état
1888, huile sur toile, 98 x 97 cm, signée en
Mentions imprimées dans la marge inférieure : L’Art. / IMP_CH. MANNOURY. / LA DAMNATION DE FAUST : APPARITION DE MARGUERITE / Lithographie originale de Fantin-Latour. Cet état n’est pas mentionné par Hédiard.
bas à gauche Fantin, exposée au Salon en 1888, Cat. F. 1328.
Elle est décrite ainsi par Mme Fantin-Latour : « Au premier plan, Marguerite, assise, la figure détournée
Les pèlerins étant venus En un lieu de belle apparence Où se trouvaient arbres touffus Et de l’eau pure en abondance, Saint Joseph dit : « Arrêtez-vous Près de cette claire fontaine. Après si longue peine Reposons-nous ». L’enfant Jésus dormait. Pour lors Sainte Marie, Arrêtant l’âne, répondit : « Voyez ce beau tapis d’herbe douce et fleurie, Le Seigneur pour mon fils au désert l’étendit ». Puis, s’étant assis sous l’ombrage
Fantin-Latour interprète Berlioz
65
Cat. 21
Interprétation, réinterprétations
Cat. 21
La Damnation de Faust : Apparition de Marguerite 2e version, 2e état 1888 Lithographie sur papier Japon contrecollé sur papier vélin Cuvette 23,2 x 15,4 cm Papier 37,2 x 26,2 cm Mention imprimée en haut : (SALON 1888) Mentions imprimées en bas : L’ART / LA DAMNATION DE FAUST / Lithographie de M. Fantin Latour / Imp. Lemercier & Cie, Paris Cat. Hédiard 83 ; Cat. Fantin-Latour 1357
Cat. 22
L’Enfance du Christ : Le Repos de La Sainte Famille 5e version 1880 Huile sur toile 27 x 21,5 cm Signée en bas à droite : Fantin Cat. Fantin-Latour 988
Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.51) Don de Mme Fantin-Latour en 1905 © Musée Hector-Berlioz
Cat. 22
Cat. 23
De trois palmiers au vert feuillage, L’âne paissant, L’enfant dormant, Les sacrés voyageurs quelque temps sommeillèrent, Bercés par des songes heureux, Et les anges du ciel, à genoux autour d’eux, Le divin enfant adorèrent.
semblent toutefois fort éloignés de l’œuvre musicale de Berlioz.
Bibliothèque municipale de Grenoble (Inv. Hd.511) © BMG
Fantin-Latour interprète Berlioz
66
Interprétation, réinterprétations
Cat. 23
L’Enfance du Christ : Repos de La Sainte Famille 6e version, 1re lithographie 1880 Héliogravure d’après la lithographie de Fantin-Latour publiée dans le catalogue Delteil, 1907 44 x 33,5 cm Cat. Hédiard 28 ; Cat. Fantin-Latour 1011
1re version La Vierge et l’Enfant Jésus, dessin au crayon
2e version Sainte-Famille, 1871, huile sur toile, Cat. F. 477.
Décrite par Mme Fantin-Latour en ces termes : « La Vierge et l’Enfant Jésus, sous un arbre. Une jeune fille (sainte Catherine) tient une branche de l’arbre, l’enfant semble désirer un fruit de cet arbre ».
noir, 15 x 12 cm, daté en haut à droite : 30 sept. 70 (Mme Fantin-Latour le mentionne
3e version
pourtant comme non daté dans son
Sainte-Famille, 1871, huile sur toile, 29 x 21
catalogue), figure dans l’Album III réalisé
cm, signée en bas à gauche, en rouge, Cat.
lors de l’exposition « Fantin-Latour » de 1899
F. 492.
au Musée du Luxembourg, Département
Mme Fantin-Latour précise que « La Vierge est assise au milieu d’un paysage, tenant l’Enfant sur ses genoux. À droite, saint Joseph en adoration, un bâton de berger à la main, à gauche deux anges à genoux ».
des Arts graphiques, Musée du Louvre (Inv. 12545), Cat. F. 2439.
Mme Fantin-Latour en fait la description suivante : « La Vierge, assise, tient l’Enfant sur ses genoux, entourée d’anges ; l’un apporte une couronne à l’Enfant qui le regarde. Devant la Vierge, à genoux, un saint Jean-Baptiste avec sa croix et un vieillard ». La composition de cette œuvre et les sujets représentés
et l’Enfant sur ses genoux dans un paysage. Un ange dans l’ombre tient une branche d’arbre et cherche un fruit pour l’Enfant. Un peu de soleil sur la Vierge ».
4e version Sainte-Famille, 1871, huile sur toile, 21 x 15,8 cm, signée en bas à gauche, Cat. F. 503.
Mme Fantin-Latour évoque « La Vierge
5e version Cat. 22 | Huile sur toile, œuvre préparatoire à la lithographie suivante (Cat. 23) désignée par Mme Fantin-Latour sous le titre : L’Enfance du Christ.
Au pied de trois palmiers, saint Joseph est représenté debout, la Vierge assise, tenant l’Enfant Jésus sur ses genoux. Devant eux, les regardant, un ange est agenouillé en adoration. Les visages et les corps sont traités avec de larges touches, sans porter attention aux détails. 6e version Cat. 23 | Lithographie exposée au Salon en 1891.
À l’ombre de trois palmiers, la Vierge assise, tient sur ses genoux son fils dont la tête repose sur son épaule. Un voile sur la joue, l’auréole lui manque. Joseph se tient debout derrière, la tête légèrement penchée, regardant
Cat. 24
L’Enfance du Christ : Repos de la Sainte Famille 7e version, 2e lithographie 1881 Héliogravure d’après la lithographie de Fantin-Latour publiée dans le catalogue Delteil, 1907 44 x 33,5 cm Cat. Hédiard 36 ; Cat. Fantin-Latour 1053
Cat. 26
L'Enfance du Christ : le Repos de la Sainte Famille 8e version, 3e lithographie 1888 Lithographie Cuvette 23,1 x 15,3 cm Papier 35 x 25,8 cm Cat. Hédiard 85 ; Cat. Fantin-Latour 1386 Musée Hector-Berlioz (Inv. R 96.62) © Musée Hector-Berlioz
Cat. 24
sa famille. Dans le ciel, un ange lui jette des fleurs sur la tête, tandis que derrière lui un second vole les deux mains jointes. Devant la Vierge, deux autres anges sont en adoration, le deuxième, le visage en partie caché par l’aile du premier, lève les yeux au ciel. 1er état
Tirée à sept ou huit épreuves d’essai, sans nom d’imprimeur. 2e état
Tirée à vingt-cinq épreuves avec la mention : Imp. Lemercier et Cie, Paris. Reproduction publiée dans Le Monde Musical, op. cit, p. 337. Elle fait l’objet d’un tirage hors texte dans les cent exemplaires de luxe du numéro. 7e version Cat. 24 | Lithographie réalisée pour le journal Angers-Revue du 24 mars 1881.
Dans le ciel, l’ange en adoration apparaît désormais sur un ciel lumineux, sans aucune feuille de palmier derrière sa tête. Seul ce détail diffère de la première lithographie (Cat. 23), même si selon
Hédiard, contrairement à la planche précédente, il n’y a ici aucun travail de grattoir apparent.
et son aile ne cache plus la tête du dernier ange.
1er état
9e version
Tirée à quelques épreuves d’essai par Lemercier avant l’envoi de la pierre à la revue. Seule la signature H. Fantin est visible dans la marge inférieure.
1889, pastel et fusain sur papier, 55 x 46 cm,
2e état
Dans la marge inférieure : Lith. Lachèse et Dolbeau, Angers / H. Fantin / L’Enfance du Christ / H. Berlioz. 8e version Cat. 26 | Lithographie réalisée pour le livre d’Adolphe Jullien, Hector Berlioz, op. cit, p. 230.
Un seul ange est représenté dans le ciel. Il jette des fleurs des deux mains sur la tête de la Vierge et de l’Enfant dont le visage apparent repose sous le menton de sa mère qui n’a plus de voile sur la joue. Saint Joseph, dans l’ombre, a le visage plus affiné et le drapé de son manteau diffère des lithographies précédentes. Quant à l’ange au premier plan, ses mains jointes ne reposent plus sur sa bouche
signé en noir en bas à droite : Fantin, Galerie Nationale du Canada, Ottawa (Inv. 26, 647), Cat. F. 1370.
Seuls quelques détails diffèrent de la première lithographie (Cat. 23). La Vierge, dont le visage apparaît pleinement, est auréolée. Saint Joseph, doté d’une barbe plus fournie n’est plus tonsuré. Il ne regarde plus sa famille mais à droite, contrairement à l’ange situé dans la partie supérieure gauche. Le bras gauche de l’ange qui jette des fleurs est légèrement relevé, lui cachant l’œil droit. Enfin, l’ange agenouillé à l’extrémité gauche de l’œuvre ne lève plus les yeux au ciel mais contemple la Sainte Famille. 10e version Repos de la Sainte Famille, 1896, huile sur toile, 33 x 33 cm, signée Fantin, en bas à gauche, Cat. F. 1633.
Mme Fantin-Latour décrit cette œuvre
Fantin-Latour interprète Berlioz
67
Cat. 26
Interprétation, réinterprétations
Bibliothèque municipale de Grenoble (Inv. Hd.511) © BMG
Chronologie
Antoine Troncy assistant qualifié de conservation au Musée Hector-Berlioz
Adrien Morel stagiaire au Musée Hector-Berlioz
Chronologie
Cat. 72
Fantin dans son atelier, 8 rue des Beaux-Arts à Paris Anonyme Vers 1901-1902 Photographie
1836 14 janvier Naissance à Grenoble de Henri, fils de Théodore Fantin-Latour (1805-1875) et
1869 8 mars Mort d’Hector Berlioz.
d’Hélène de Naïdenoff (1814-1867).
Novembre Fantin-Latour assiste sans doute aux Concerts Pasdeloup, qui donne trois extraits
1841 Installation de la famille Fantin-Latour à Paris.
de La Damnation de Faust sous la direction
1850 Fantin-Latour suit les cours de dessin donnés
de Litolff (Marche hongroise, Ballet des sylphes,
par Lecoq de Boisbaudran et Péron à la Petite École, rue de l’École de Médecine et s’inscrit
Menuet des follets). 1875 Entre le 10 et le 17 janvier Aurait entendu
l’année suivante aux cours particuliers de
l’intégralité de L’Enfance du Christ aux Concerts
Lecoq de Boisbaudran.
Colonne.
1852 Copiste au Louvre.
5 décembre Fantin assiste au concert Roméo et
1854 Fantin-Latour est reçu à l’École des Beaux-Arts
Juliette donné au Châtelet : sous la direction d’Édouard Colonne (2e exécution intégrale avec
qu’il quitte rapidement. 1861 Expose pour la première fois au Salon de
Mlle Vergin, MM. Fürst et Bouhy). Puis, compose
Paris.
L’Anniversaire en inscrivant dans la marge :
1863 4 novembre Fantin-Latour assiste à la
Souvenir du 5 décembre 1875.
représentation des Troyens à Carthage au
1876 Présente L’Anniversaire au Salon (Cat. 51).
Théâtre-Lyrique.
Août Fantin-Latour assiste à la troisième série
1866 Rencontre Victoria Dubourg (1840-1926).
des représentations de L’Anneau du Nibelung
1867 Fantin-Latour installe son atelier au 8 rue des
de Wagner à Bayreuth.
Beaux-Arts, Paris (Cat. 72).
16 novembre Épouse Victoria Dubourg.
1877 Fantin-Latour expose pour la première fois des pastels et des lithographies au Salon.
Fantin-Latour interprète Berlioz
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© Archives Tempelaere, courtesy Galerie Brame & Lorenceau, Paris
Chronologie 94
Fantin-Latour interprète Berlioz
1878 La ville de Grenoble refuse d’acquérir
1887 Gustave Tempelaere – dont les fils seront les légataires universels de Victoria Fantin-
L’Anniversaire (Cat. 51). Expose le pastel : Duo des Troyens, au Salon.
Latour – devient son marchand exclusif. Portrait
1879 7 décembre Fantin-Latour assiste à La Prise de
d’Adolphe Jullien, exposé au Salon (Cat. 66).
Troie soit aux Concerts populaires Pasdeloup
1888 Fantin-Latour expose au Salon l’huile sur toile
ou aux Concerts Colonne au Châtelet et expose
La Damnation de Faust ; le pastel : Béatrice
Duo des Troyens (Cat. 37) au Salon.
et Bénédict et les lithographies : Symphonie
Voyage en Dauphiné avec le critique musical
fantastique : un bal (Cat. 2), Lélio : La harpe
Georges de Massougnes.
éolienne (Cat. 4), La Prise de Troie : Acte III.
1880 Expose au Salon : La Prise de Troie : Apparition
Apparition d’Hector (Cat. 31) et Vérité (Cat.
d’Hector (Cat. 29), exécutée le lendemain d’un
63). Publication d’Hector Berlioz, sa vie et ses
concert. Fantin-Latour présente au Salon :
œuvres d’Adolphe Jullien, illustré par quatorze
Frontispice : Le Génie de la Musique (Cat. 64).
lithographies de Fantin-Latour (Cat. 73).
1883 Expose pour la première fois au Salon un
1889 Expose au Salon : Tuba Mirum Spargens Sonum…(Cat. 14) et Roméo et Juliette :
dessin : Frontispice : La Vérité. 1884 Fantin-Latour expose les pastels : L’Anniversaire et Sara la baigneuse au Salon.
Confidence à la nuit (Cat. 18). 1890 À partir de cette date, Fantin-Latour
1885 Expose au Salon : Frontispice : Vérité (Cat. 61),
présente au Salon seulement des sujets « d’imagination ».
Autour du piano et Italie ! (Cat. 46). 1886 Publication de Richard Wagner, sa vie et ses
Entre le 4 et 17 juin : Assiste à Béatrice et
œuvres d’Adolphe Jullien illustré par Fantin-
Bénédict, qui est jouée pour la première
Latour.
fois intégralement à Paris à l’Odéon sous la direction de Lamoureux. Cependant le duo était déjà au répertoire des concerts depuis
Le Livre d’or du Centenaire d’Hector Berlioz Paris, Éd. Georges Petit, Imp. Allier Frères, Grenoble, 1903
Cat. 74
Cat. 76
Association Artistique, Concerts Colonne Revue Musicale Théâtre du Châtelet Programme de concert 6 décembre 1903
Musée Hector-Berlioz © Musée Hector-Berlioz
Cat. 75
Musée Hector-Berlioz © Musée Hector-Berlioz
Le Monde Musical Centenaire de Berlioz 1903
Colonne le 28 janvier 1877, avec M
lles
une des lithographies gouachées préparatoires
Marie
à L’Anniversaire (Cat. 48) et publication de
Dihan et Duvivier, enfin aux Concerts Lamoureux les 23 et 30 octobre 1881, avec M
Le Livre d’or du Centenaire d’Hector Berlioz,
Hervix et Armandi. Il se pourrait que Fantin-
Paris, Éd. Georges Petit, Imp. Allier Frères,
Latour ait assisté à l’un de ces concerts.
Grenoble, 1903 (Cat. 74).
lles
1891 Fantin-Latour expose au Salon : L’Enfance du Christ : Repos de La Sainte Famille (Cat. 23). 1892 Germain Hédiard publie la première partie de son catalogue des lithographies de FantinLatour dans la revue L’Artiste. 1894 Expose au Salon les huiles sur toile Danses
1904 Mars Mort de Germain Hédiard.
25 août Mort de Henri Fantin-Latour à Buré (Orne).
1905 9 janvier Victoria Fantin-Latour offre trois huiles sur toile au Musée Hector-Berlioz : L’Enfance du Christ : Le Repos de La Sainte
(Cat. 32), Les Troyens à Carthage (Cat. 80) et la
Famille (Cat. 22), Duo des Troyens (Cat. 35) et
lithographie : Ballet des Troyens (Cat. 33).
Centenaire de Berlioz (Cat. 56).
1895 Fantin-Latour présente au Salon les
1909 Publication de Fantin-Latour, sa vie et ses
lithographies : Duo des Troyens (Cat. 41 ou 42
amitiés, Lettres inédites et souvenirs personnels
et 43) et A Berlioz – petite planche – (Cat. 58).
d’Adolphe Jullien (Cat. 77).
1899 Après sa dernière participation au Salon,
1911 Parution du livre de Victoria Fantin-Latour,
Fantin-Latour donne au Musée de Grenoble
Catalogue de l’Œuvre complet (1849-1904) de
trente-deux épreuves ainsi que plusieurs
Fantin-Latour / Établi et rédigé par Madame
estampes au Musée du Luxembourg qui
Fantin-Latour.
lui consacre une exposition. Le Musée de Grenoble achète L’Anniversaire (Cat. 51).
1926 Mort de Madame Fantin-Latour.
Fantin-Latour interprète Berlioz
1903 Fantin-Latour donne au Musée de Grenoble
longtemps. Il avait été donné aux Concerts
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Chronologie
Musée Hector-Berlioz © Musée Hector-Berlioz
Source d’inspiration, la musique a aussi profondément influencé la peinture de Fantin-Latour. Considéré comme « le peintre des musiciens » par ses contemporains, il développe un style fluide et vibrant dans l’esprit de la musique. Les regards croisés de deux historiennes de l’art et d’une musicologue renouvellent la compréhension de l’artiste en révélant un mélomane averti, mais aussi un grand connaisseur des lignes mélodiques et du langage musical. Grâce à une iconographie rassemblant près de quatrevingts œuvres de Fantin consacrées à Berlioz, cette approche inédite éclaire le rapport subtil entre le monde des images et l’univers des sons.
—— FANTIN-LATOUR INTERPRÈTE BERLIOZ ——
Henri Fantin-Latour (1836-1904) aimait la musique presque autant que la peinture. Cette passion l’a porté vers la création d’œuvres inspirées par les grands compositeurs romantiques de son temps : Wagner, Schumann, Brahms et Berlioz. Fasciné par Hector Berlioz, dauphinois comme lui, il offre à sa musique un prolongement plastique extrêmement original en cette fin de XIXe siècle. Hommages ou traductions picturales de ses compositions, ses peintures et ses lithographies illustrent cette relation intime nouée entre les deux modes d’expression.
Le Musée Hector-Berlioz Si le musicien ne vécut ici que son enfance avant de partir pour Paris et parcourir l’Europe à la recherche d’un public, cette maison devenue musée renferme un riche patrimoine témoignant de la vie d’un génie de la musique romantique française dont la pensée reste une référence dans les musiques actuelles. Tout en conservant l’atmosphère propre à cette demeure dauphinoise, une muséographie contemporaine réalisée lors du bicentenaire du musicien en 2003 permet au simple visiteur comme au plus érudit de découvrir Hector Berlioz, compositeur, chef d’orchestre, théoricien de la musique mais aussi écrivain.
Lithographies, dessins et peintures
La mission du Musée Hector-Berlioz, service du Conseil général de l’Isère, est de mettre en valeur et de partager avec le plus grand nombre ce patrimoine, aussi bien à La Côte-Saint-André qu’à Moscou, aussi bien en Dauphiné qu’au Japon. La musique d’Hector Berlioz est devenue universelle.
www.editions-libel.fr Dépôt légal : juillet 2011 22,00 euros TTC ISBN 978-2-917659-16-8
9 782917 659168
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