Les Dessous de l'Isère

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LES DESSOUS DE L’ISÈRE

UNE HISTOIRE DE LA LINGERIE FÉMININE

nt l a rtère nèrent o p s elle ti o n uand s confec ts et une q t n e n e femm êteme cisém on de t pré ations de rs sous-v strialisati ation i a s du leu mm nér n ne Si l’o e, des gé fermant imité. L’in de conso nelles, n t t n culot usseau re e leur in ux usages s traditio ançaise. d r a o e f e r e u l t e l v i q u n s s e nti e d e n o u prati la linger s e e t c t e e r à n ed pa l e m e nt ant fi popé rbra il o n d e es s o r l’hab t cepend débute l’é W t n e e ytex inre un mett t ainsi que a, Pla r connaît d’une ma s r s o ’e L c et pou lou, ière aire sère, xxe siècle e savoir-f ses pionn ur i l a V au t po ère, epri sur l En Is eloppent ppuyant , ces entr en créan be, v e ro ’a e se dé érable. S qualifié e la mod onds de s. e f d e d r n i s i e s b e r n i n m mi élè to co re fé ans l’his rs de fem essous c v u ire d’œ ivent d millie t autres d histo r e e c t d t s s s’in ntaine gorge e s , ce e ntrée travers la o c d es c , s o u ti e n s s s ssi es . À autre ns d’ es femm , mais au t ga i n e a d e i n t d i écri ssi celle ommatio lle, elle d ong du u h ’ d s u e l a n u ur Aujo rielle est é et la co orale sex té tout au stre au t t é i m lu s i c c i u a l i n d l a p u b e u r et l n s l a s o i n é d i te i l , a d t e d u e d u! mo l a p r p l a ce e r i c h e u e p ea auté, hi la be oup sur le onograp à fleur d ic c re beau cle. Une e aventu t e siè t e c xx es s pa g fil de

S U O S S E D S LE E R È S I ’ L DE E RE I N I O N I T S I ÉM UNE H NGERIE F LI A L DE

prix : 29,50 € ISBN 978-2-917659-29-8 Dépôt légal : mars 2013 www.editions-libel.fr

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S

e r i a m om

Préface

Après le gant, le fond de robe Valisère à la conquête du monde

p. 07

Chantal Thomass

p. 45

Laurie Blandin

Avant-propos

Du gant d’étoffe à la lingerie : la naissance de Valisère L’expansion mondiale d’une entreprise familiale Le déclin de Valisère à Grenoble

p. 09

Jean Guibal

Une histoire culturelle à fleur de peau

p. 45 p. 48 p. 56

p. 11

Chantal Spillemaecker et Franck Philippeaux

De filles en aiguilles

Lingerie au sommet Valisère dans les Hautes-Alpes

Chantal Spillemaecker

Des habits invisibles sur un corps caché Tirer l’aiguille Laver son linge sale en famille Marquer son linge L’école des filles

Un féminin pluriel De la combinaison Topaze à la décombinaison de Valisère-Gap

p. 15 p. 21

Muriel Barbier

Fin de siècle pour le corset De la Belle Époque à la Libération L’Après-guerre sous l’emprise de l’élastique Sixties et Seventies : l’appel de la liberté Sophistication et haute technologie

p. 63 p. 64

p. 23 p. 23

Histoire du soutien-gorge

p. 25

Charlotte Delory

Un siècle entre confort et séduction

p. 63

Marc Mallen

p. 15

p. 29 p. 29 p. 31 p. 35 p. 37 p. 38

Premiers soutiens-gorge Années 1920 : la brassière de la garçonne Années 1930 : un retour à la féminité 1945-1965 : bustiers et balconnets Années 1970 : le soutien-gorge invisible Années 1980-1990 : du balconnet au « Wonderbra » Les années 2000 et... Demain ?

p. 67 p. 67 p. 68 p. 68 p. 69 p. 69 p. 70 p. 70


Lou, le triomphe du soutien-gorge Laurie Blandin

Les Faller : marqueurs de l’identité de l’entreprise Une image de marque Des femmes au travail

Des hauts et des bas Les marques de lingerie en Nord-Isère Valérie Huss

Lora à Bourgoin-Jallieu (1929-1978) « O-Yes Jolie poitrine », Alto à Bourgoin-Jallieu (1956-1965) Entre chemises de nuit et panties, La Maille dauphinoise à Saint-Clair de la Tour (1935-1994) Le Bas Clairmaille, La Bonneterie de la Michalière à Fitilieu (1939-1975)

p. 75 p. 75 p. 78

Fatale beauté

Sois belle ! Les culottes d’Hippolyte

Chantal Spillemaecker

1964-1992 : une ère de croissance fulgurante Wonderbra, une « succes story » ?

p. 119 p. 128

p. 82

p. 89 p. 90 p. 94 p. 96 p. 98

aujourd’hui les sociétés iséroises de la filière textile et lingerie en 2013 Chantal Spillemaecker et Franck Philippeaux De l’Isère à l’international, Valisère, lou, Playtex et Wonderbra

p. 135

p. 136

Annexes

Chantal Spillemaecker

Les mots des dessous

Le « cœur croisé  à la conquête des Françaises Playtex en Isère

p. 119

Franck Philippeaux

p. 139

Éloïse Antzamidakis

p. 105 p. 105 p. 111

Bibliographie

p. 142


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Oui, le livre et l’exposition le disent bien, la lingerie est une histoire culturelle à fleur de peau ! Autrefois, il y a bien longtemps, on accumulait le linge. C’était un signe de richesse. Chemises de jour, chemises de nuit, camisoles et cache-corsets, bonnets et mouchoirs s’entassaient dans les armoires et la lessive ne se faisait qu’une fois l’an. Les jeunes filles préparaient leur trousseau dès leur plus jeune âge, brodant leur chiffre patiemment au point de croix. Le linge devait être robuste. C’était bien souvent du lin, qui a fait naître les mots « linge » et « lingerie »… Jusqu’à une période récente, la lingerie a suivi indirectement les modes puisque les dessous ont dû s’adapter aux variations des dessus. Les jupons, en se multipliant, ont servi à faire gonfler les jupes puis leur coupe s’est modifiée lorsque la mode a voulu affiner les hanches pour mettre l’accent sur le postérieur… On a même inventé l’ancêtre des strings, le pantalon de lingerie, pour protéger la pudeur des dames sous la crinoline ! Le corset, quant à lui, était l’artisan de la belle apparence. Il a aussi évolué au fil du temps, d’abord corps à baleines, avant d’être corset et de se transformer plus tard en gaine. Il a dessiné le buste de la femme, il l’a allongé, affiné. En somme, il l’a rectifié pour répondre à une volonté esthétique qui n’a cessé de varier depuis l’époque lointaine du xvie siècle. Les Parisiennes, dans ce domaine, étaient reines. De partout on cherchait à les imiter, à connaître leurs secrets… Mais le savoir-faire des corsetiers français est demeuré inégalé. C’est pourquoi, à la fin du xixe siècle, la France était championne du monde en matière d’exportation de corsets ! Et puis, la mode a fait sa révolution. Elle a accompagné le mouvement de l’émancipation féminine et la lingerie a continué à s’adapter. C’est devenu un produit industriel, qui a su préserver intact le savoir-faire artisanal d’antan. Quoi de plus difficile que de fabriquer un soutien-gorge ? Dans ce domaine, la France a affirmé sa tradition d’excellence, avec comme chef de file, le bassin de production de l’Isère, qui exportait dans le monde entier.

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Mais ce qui a vraiment changé, et je peux en témoigner, c’est que la lingerie, dès la fin des années 1960, a cessé d’être strictement utilitaire pour se muer en un produit « mode ». J’avoue m’être battue pour cela, car avant tout, je suis une créatrice de mode et je revendique toujours cette appellation. Ce qui m’a différenciée de mes pairs, c’est que, travaillant ma lingerie dans les mêmes matières que mes créations de prêt-à-porter, j’ai fait passer les dessous dessus. J’ai montré la lingerie. Je l’ai traitée comme un accessoire de mode destiné à rendre les femmes jolies et toujours plus séduisantes… L’Histoire, semble-t-il, m’a donné raison, et c’est une grande satisfaction aujourd’hui que de voir, à chaque nouvelle collection, que l’imagination, en ce domaine, est plus présente que jamais !



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Avec cet ouvrage et l’exposition qu’il accompagne, il s’agissait à l’origine de poursuivre l’exploration de l’histoire et du patrimoine industriels sur son domaine de référence, ici le territoire de l’Isère. Après les expositions sur la ganterie, l’hydroélectricité, la métallurgie, la papeterie, la mémoire ouvrière ; après la contribution du Musée à la publication d’un Atlas du patrimoine industriel de l’Isère et d’une trentaine d’articles et ouvrages sur des sites industriels ; après son investissement dans la réalisation de musées consacrés au patrimoine industriel (le Musée de Bourgoin-Jallieu, le Musée de la Viscose, le Musée de la Chimie du chlore, la Maison Bergès), il convenait d’ouvrir un semblable chantier sur le secteur de la lingerie féminine, dont on va mesurer dans les pages qui suivent toute l’importance dans l’économie iséroise du xxe siècle. Ainsi peut-on espérer avoir dressé un très large panorama du patrimoine industriel du département et l’avoir accompagné de la constitution d’un savoir rigoureusement construit. Il n’est pas présomptueux d’affirmer que peu de départements français ont rassemblé autant de données sur leur histoire et leur patrimoine industriels. Ouvrant le dossier, les conducteurs du projet, Chantal Spillemaecker et Franck Philippeaux, découvraient vite que le champ considéré est bien plus large qu’on ne l’imaginait, et que l’on ne pouvait se satisfaire de livrer au public une chronologie et quelques éléments matériels qui constitueraient le patrimoine de cette industrie. Ainsi, une mémoire ouvrière spécifique devait être révélée, avec pour particularité de sembler enfouie dans les méandres de la conscience collective, très certainement parce qu’il s’agissait d’une main-d’œuvre majoritairement féminine. Mais, plus largement encore, les produits issus de cette industrie appellent une attention particulière. Par leur fonction surtout, au plus près du corps de la femme, dans leur évolution au fil du temps, mais plus sûrement encore dans les implications sociales et culturelles qu’ils ont favorisées, et que tout autant ils reflètent. Les auteurs de cet ouvrage ont tenté de cerner les différentes interprétations et représentations qu’autorise une histoire des sous-vêtements féminins, dont on conviendra qu’elles sont innombrables. Ces accessoires d’une parure qui doit en principe rester cachée marquent en effet leur temps mieux que bien d’autres variables. Et l’on verra que la silhouette de la femme, le jeu du dénudé et du caché, les revendications à la liberté des corps, etc., composent une grammaire qui dépasse largement la mode pour toucher au statut même de la femme et de son corps. Et à sa relation aux hommes. Car le regard des hommes est pour partie responsable de ces évolutions, directement ou indirectement. Il est vrai que leur rapport à la lingerie féminine est ancien et fondateur : plusieurs générations (avant l’Internet !) ont construit leur éducation anatomique, sinon érotique, en feuilletant ardemment les pages consacrées à la lingerie des catalogues de vente par correspondance que recevait leur mère. La savante alchimie des combinaisons, déshabillés, soutiens-gorge, gaines et autres slips est donc pour eux au cœur d’un complexe dont on sait que personne ne guérit… Ce qui confère à ce patrimoine une valeur sans pareille.


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Une histoire culturelle à fleur de peau

Mais pourquoi s’intéresser à un tel sujet ? Y aurait-il ici matière à histoire ? Culottes, chemises et autres dessous appartiendraient-ils au patrimoine au même titre que les costumes traditionnels ou les « parures vestimentaires » tant étudiés par les ethnologues ? Nous verrons, au fil des pages, que ces petits morceaux d’étoffe, grossières toiles de métis cachant la chair, ou soieries et dentelles arachnéennes découvrant subtilement le corps des femmes, en disent long sur leur époque et beaucoup sur notre société et nos rapports à l’intime… Un patrimoine (devrions-nous dire un « matrimoine » ?), certes modeste et encore peu dévoilé, qui devient le fil conducteur d’une histoire culturelle et sociale où le statut du corps féminin prend toute sa place. Mais aussi un patrimoine qui fait renaître la mémoire de nombreuses usines, où ont œuvré, pendant plus d’un siècle, des milliers de femmes. Fabriques aujourd’hui disparues de notre territoire et peut-être trop vite oubliées, à la différence de celles nées de la houille blanche qui caractérisent toujours l’identité alpine. Ces usines textiles ont pourtant été, elles aussi, les fleurons de l’économie non seulement régionale, mais aussi nationale et portent encore pour certaines, implantées loin de leur lieu d’origine, la renommée d’un « savoir-coudre » et de technologies nées dans la région RhôneAlpes. Fibres artificielles (viscose, acétate…) et synthétiques (nylon, Lycra…) produites par la recherche prirent le relais des fibres naturelles traditionnelles et l’industrie de la lingerie fut dorénavant, par ces révolutions techniques, liée au monde de la chimie pour inventer de nouvelles matières aux teintes inédites et proposer sans cesse des sous-vêtements « modernes ». Valisère employait plus de 1 000 salariés en 1935, lou près de 1 100 en 1964, sans compter les milliers de femmes qui piquaient à la machine à domicile pour toutes les entreprises de confection ; mais peu d’historiens ont encore étudié ce secteur. L’implication des femmes dans l’industrie – et pas seulement en temps de guerre – est cependant considérable. Elle mérite, comme nous le rappelle l’historienne Michelle Perrot dans ses travaux consacrés au travail et aux combats des femmes (et encore récemment avec la publication de « Mélancolie ouvrière » consacré à une « héroïne » iséroise), qu’on lui prête attention. Mais lorsque l’usine Lejaby ferme ses portes à Vienne en 2003 ou quand le site de Playtex s’arrête en 2010 à La Tour-du-Pin, la presse ne s’en fait que peu l’écho, à la différence de l’occupation des « Caterpillar » à Échirolles en 2009 : les petites mains auront fait moins de bruit que les gros bras ! Après l’ère du trousseau et de la lingerie transmise de mère en fille comme le voulait la coutume, l’ouvrage présente la continuité des productions en Isère durant un siècle. Pour ce faire, nous nous sommes entourés d’historiens de la mode et du vêtement,


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et plus particulièrement Muriel Barbier, conservateur du patrimoine spécialiste de l’histoire des dessous et Charlotte Delory, dont les travaux renouvellent l’histoire moderne du soutiengorge. Leurs approches permettent d’intégrer les fabrications régionales au sein d’une histoire plus large de l’évolution des pratiques vestimentaires, due aux bouleversements de la société au cours du siècle. C’est aussi grâce à de nombreux entretiens auprès d’hommes et de femmes, dont la vie professionnelle s’est déroulée entièrement dans ces usines, que nous avons pu découvrir la réalité de métiers parfois disparus et considérer leur profond attachement à l’entreprise. Leur mémoire, confrontée à l’étude des archives et des fonds photographiques, nous fut des plus précieuses pour conduire cette recherche. Lors d’une de ces rencontres, un des dirigeants de Playtex nous confiait une clé USB contenant près de trente ans d’innovations et de productions de la société alors que les archives ont été disséminées au gré des fusions internationales. Il nous parut urgent de sauvegarder et mettre en valeur cette mémoire du xxe siècle. Celle-ci constitue, par-delà les évolutions contemporaines des entreprises, un pan entier de l’histoire économique et une mémoire sociale et culturelle de notre territoire. Porter notre regard sur ces sous-vêtements fabriqués en Isère, c’est aussi, de façon beaucoup plus large, observer notre société et son évolution à travers le prisme de plusieurs « histoires ». Une histoire de la mode et des arts graphiques ; couturierscréateurs, stylistes, illustrateurs de renom et photographes de mode en vogue, mannequins et « top models » jouent ici un rôle majeur dans la grande fabrique des images de la femme. Une histoire de la consommation ; l’invention des grands magasins à la fin du xixe siècle fit naître de nouvelles pratiques, qui annonceront le shopping, le marketing, les « nouveautés » et la publicité. Mais aussi les sous-vêtements aux tailles standardi-

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sées dans lesquelles les corps des femmes seront contraints de se modeler. Nos pratiques consuméristes d’aujourd’hui répondent toujours aux mêmes règles et leurs conséquences n’ont pas changé. Une histoire de la beauté ; à chaque époque, une silhouette « à la mode » se dessinera autour de valeurs précises d’un tour de poitrine, d’un tour de taille et d’un tour de hanches. Le corps parfait sera aussi de plus en plus jeune et lisse. Distorsion entre les corps réels des femmes et le corps de créatures de rêve des magazines ou des sites Internet ? Une histoire de la pudeur ; le corps se dévoile de plus en plus au fil du siècle. Vêtements et sous-vêtements dialoguent ainsi pour cacher – ou montrer – la taille, les fesses, les seins, la cheville, le mollet puis toute la jambe ! Et les « bonnes mœurs » devront s’adapter… Une histoire de la morale sexuelle ; la lingerie sera le signe du conformisme ou de la transgression, de la transmission ou de l’opposition entre les générations de mères et de filles, suivant leur âge et leur catégorie sociale d’origine et selon les types de sous-vêtements portés. Enfin, une histoire du féminisme ; l’émancipation de la femme passe aussi par la libération de l’entrave du corset, par le choix d’une lingerie répondant aux exigences de la vie actuelle. Et surtout par la volonté de contrôler les représentations du corps de la femme par des marques internationales de lingerie, comme viennent de le faire les féministes suédoises envers l’afficheur JC Decaux à propos des affiches de dessous H&M jugées dégradantes pour la dignité des femmes. Et si nous n’avons pu entrouvrir que certaines portes, d’autres restent encore à pousser… L’histoire et les sciences sociales sont disciplines ouvertes !

Chantal Spillemaecker et Franck Philippeaux

Une histoire culturelle à fleur de peau



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Depuis le début du xxe siècle, la garde-robe féminine s’est métamorphosée au gré des modes, des innovations textiles et des changements sociaux. Corsets, crinolines et autres tournures ont rapidement été abandonnés pour laisser toute sa place au soutien-gorge ; jupons, culottes fendues et cache-corsets ont disparu au profit des strings, des tangas et des brésiliens. Si les trois domaines constitutifs des dessous féminins que sont la lingerie, la corseterie et la bonneterie, demeurèrent longtemps cloisonnés, ils se fondirent progressivement au fil du siècle en une même famille. La lingerie, en contact avec la peau, était avant tout hygiénique et prenait place entre le corps et les vêtements ; elle protégeait le premier de la rugosité des seconds et inversement, isolait les vêtements de la sueur et des sécrétions de l’organisme. En revanche, la corseterie, placée sur la lingerie, servait à modeler les trois points essentiels de la silhouette – poitrine, taille et hanches – pour leur imposer les formes de la mode. Quant à la bonneterie, elle regroupait la fabrication, l’industrie et le commerce des articles en tissu à mailles dont les bas, les chaussettes et certaines pièces de lingerie comme les culottes et les maillots de corps. Ces trois domaines connurent de grandes innovations techniques liées aux perfectionnements des métiers et à l’industrialisation1. Les créations de lou, Playtex et Valisère combinant confort, maintien et esthétique prouvent l’effacement progressif de cette distinction entre lingerie, corseterie et bonneterie. L’histoire des trois marques peut se lire à l’aune de toutes ces mutations. Les créations qui sortirent de leurs ateliers s’inscrivaient dans une dynamique plus globale, car, bien que novatrices, elles suivaient les courants de la mode du xxe siècle. Ainsi, les trois entreprises de dessous féminins installées dans la vallée de l’Isère révèlent, certes, une part méconnue de l’histoire du bassin grenoblois, mais aussi beaucoup de l’histoire de la mode et de la condition féminine.

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Fin de siècle pour le corset Si le corset existait déjà de longue date, la femme des années 1880-1905 en connut le paroxysme et vécut une distorsion physique qui lui donnait la forme d’un « S » : sa poitrine était poussée en avant tandis que ses hanches et ses fesses se trouvaient propulsées en arrière. Basse, volumineuse et sans division entre les deux seins, la poitrine prenait un aspect emphatique parfois accentué grâce à des seins artificiels en peau de chamois, en satin matelassé ou en caoutchouc. À l’image des lignes arabesques de l’Art nouveau, la tournure, que l’on portait dans le bas du dos pour donner du volume à 1_Barbier (m.) et Boucher (s.), Les Dessous féminins, New York, Parkstone Press, 2004, p. 17-21.

Un siècle entre confort et séduction


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l’arrière de la robe, rehaussait le fessier et marquait la cambrure. En réaction face à cette silhouette sinueuse, de nouvelles formes de corsets laissant le thorax plus libre apparurent, comme ceux créés par le docteur Franz Glénard ou imaginés par Inès GachesSarraute. Entre 1830 et 1900, le corset « en sablier » avait régné sur la mode ; il serrait la taille tout en laissant beaucoup d’espace aux hanches et au bas-ventre ce qui entraînait des transformations morphologiques, la descente des organes internes et de la peau (ptôse et protubérance du bas-ventre). Inès Gaches-Sarraute, corsetière ayant fait des études de médecine, imagina un corset dont la pression sur l’abdomen était ascendante et faisait pigeonner la poitrine2. Ce type de corset contribua à l’allure si caractéristique des silhouettes de la Belle Époque. Adeptes d’une même réflexion hygiéniste, les ligues anti-corset anglo-saxonnes, dont le but était de rationaliser le costume, virent le jour. Dans plusieurs pays, des autorités se dressèrent contre l’usage du corset3. La bataille contre le corset trouva une résonance forte en Angleterre, dans le mouvement des Suffragettes qui cherchaient à donner à la femme plus de libertés. Cette croisade fut pourtant âpre, car le corset avait ses défenseurs : plus qu’un accessoire de mode, il symbolisait la rigueur de la jeune société capitaliste. Le maintien du corps des femmes fut longtemps associé au bon maintien des mœurs. 2_Gaches-Sarraute (i.), Le Corset : étude physiologique et pratique, Paris, Masson, 1900. 3_Aux États-Unis d’Amérique, miss Annie Miller multiplia les clubs favorables à une rationalisation du costume. Arabella Kennedy en 1904, corseta des petits singes pour montrer l’effet néfaste du corset. En 1898, le ministre de l’Instruction publique russe, Nicolas Pavlovitch Bogolepov, interdit aux jeunes filles de venir à l’école en corset. En 1902 le ministre de l’Instruction publique roumain, Spiru Haret, fait de même. Et en 1904 ce fut au tour de la Bulgarie d’interdire le port du corset dans les écoles par la circulaire de Chimanov.

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Outre le corset, la femme portait de nombreux sous-vêtements. Juste sur le corset se trouvait un cache-corset, pièce qui se généralisa à la fin du xixe siècle. Ajusté et soulignant la taille en 1900, il pouvait, vers 1908, être associé à un pantalon ou à un jupon pour obtenir une combinaison-culotte ou une combinaison-jupon. Le corset était aussi doté de jarretelles permettant de fixer les bas et parfois de jarretières de renfort portées au niveau du genou. En dessous, la chemise ample, longue et tendue permettait de soutenir la poitrine. Malgré la présentation de soutiens-gorge dès l’Exposition universelle de 1900, ils n’étaient efficaces que couplés à un corset et encore loin d’être généralisés. L’invention en est disputée entre Hermine Cadolle, Caresse Crosby et Rosalind Kind4. Le pantalon, dans lequel bouillonnait l’excédent de chemise, descendait jusqu’au-dessous des genoux ; il était plus court qu’au xixe siècle, fermé à la taille par un lacet et doté d’une fente à l’entrejambe. Cette fente rapidement diminuée dans les classes dominantes fut maintenue complète en province, chez les ouvrières ou les prostituées. Jusque dans les années 1950, des marchands ambulants et des représentants de sous-vêtements proposaient encore dans les campagnes des culottes fendues non plus en toile de coton, mais en pilou ou en coton molletonné. La tournure se réduisit à un petit pouf de crin pour ne devenir qu’une pile de volants raidis. Depuis 1890, la jupe en forme de cloche n’exigeait plus sur les reins qu’un petit coussin rembourré cousu dans la doublure de la robe pour accentuer la cambrure. Il revint donc au jupon seul la mission de la supporter. 4_Barbier (m.) et Boucher (s.), 2004, p. 267 ; Fontanel (B.), Corsets et soutiens-gorge, l’épopée du sein de l’Antiquité à nos jours, Paris, La Martinière, 1992.


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On en multiplia le nombre, enserrant la femme dans un bouillonnement de volants. Ainsi, au temps de l’Art nouveau, la femme était étriquée dans son habit par la superposition de ses nombreux dessous. Il était de coutume pour la jeune fille de confectionner la lingerie de son trousseau qui, après son mariage, devait l’accompagner toute sa vie. Toutefois, à partir de la fin du xixe siècle, la modification des modes de production et de diffusion, mais également l’évolution des mentalités et de la mode vestimentaire, influèrent sur les modalités de sa composition. Longtemps, le linge de maison et de corps, mais également les costumes, constituaient le trousseau de la jeune mariée. Ces derniers, subissant les lois du changement accéléré de la mode vestimentaire, disparurent et, au début du xxe siècle, on ne trouvait dans le trousseau que le linge de maison (draps, taies d’oreiller, nappes, serviettes de table, torchons, serviettes de toilette) et le linge de corps (chemises de jour et de nuit, cache-corset, corsets, culottes, jupons, bas, cols, manches et autres colifichets). Le nombre et la qualité de ses pièces constituaient une manière d’affirmer la position sociale d’une famille et participaient de la récognition sociale de ses pairs5. Les grands magasins prirent le relais, étalant les dessous devant leur clientèle et les présentant dans les pages de leurs magazines. Cette lingerie relativement bon marché eut également sa responsabilité dans le déclin de la confection des trousseaux. Émile Zola, dans Au Bonheur des Dames, transcrit l’ambiance qui régnait dans ces nouveaux temples du luxe et de la démesure : « Et les étoffes vivaient… Les dentelles avaient un frisson, retombaient et cachaient les profondeurs du magasin,

d’un air troublant de mystère ; les pièces de drap elles-mêmes, épaisses et carrées, respiraient, soufflaient une haleine tentatrice […] »6. Implantés dans les grands centres urbains, les enseignes telles que « La Belle Jardinière », « La Samaritaine » ou « Le Bon Marché » étaient relayées dans les petites villes par des boutiques de taille plus modeste, livrées par les représentants commerciaux de marques déjà bien organisées, mais aussi par de petits fabricants locaux.

5_Barbier (m.) et Boucher (s.), 2004, p. 94-99 ; Veschoor (O.), Les Trousseaux du temps jadis, Paris, Hatier, 1996.

6_Zola (É.), Au Bonheur des Dames, Paris, Fasquelle, p. 43. 7_La Femme Chez Elle, 1903, p. 237.

Un siècle entre confort et séduction

De la Belle Époque à la Libération La nouvelle ère qui s’ouvrait alors était caractérisée par une profonde confiance dans le progrès des sciences et des technologies que l’on imaginait seules capables d’améliorer la vie quotidienne. L’industrialisation se poursuivait en particulier dans des vallées propices comme celle de Grenoble. Les revues, cherchant à conseiller la ménagère dans ses travaux domestiques et ouvrages de dames, n’hésitaient pas à promouvoir les articles confectionnés et à faire le constat de l’évolution des mœurs : « Autrefois, les jeunes filles confectionnaient leur trousseau dans le recueillement de la vie de province… Les temps sont bien changés ; nos jeunes personnes poursuivent leurs études très tard ; au bagage scientifique d’antan, elles ajoutent de nombreux arts d’agrément, sans parler des sports et des voyages ; que reste-t-il pour l’aiguille ? Rien, ou à peu près. »7 La silhouette serpentine, en perte de vitesse depuis 1907, fit place à des lignes plus épurées et des formes proches de celles des années 1810. Caractérisée par une taille haute, une poitrine effacée et des hanches étroites, donnant à la femme l’aspect


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d’un tube, cette nouvelle mode marquait la fin du laçage serré à la taille et rendait la mollesse au buste grâce au soutien-gorge dont le port se généralisa progressivement. Dans les années 1910-1920, apparurent des dessous roses ou bleu ciel comme en témoigne, en 1917, le magazine Vogue évoquant des corsets en satin de soie bleue ou les premières culottes Petit Bateau en coton soyeux blanc, rose et parfois bleu, couleurs pâles et tendres évocatrices de virginité et de pureté. Ainsi, derrière une apparente liberté et malgré la disparition de certaines pièces comme le cache-corset, la silhouette et les robes plus courtes des années 1920 imposaient le port d’un corset court pour affiner la taille. Bas sur les hanches, plat devant et rigide, il entravait le haut des cuisses. Certaines portaient cette « ceinture-porte-jarretelles » à même la peau. D’autre part, on dissimulait la poitrine sous des correcteurs ou des aplatisseurs venus pour la plupart des États-Unis d’Amérique. Sous ce corset court, la femme portait un nouveau type de sous-vêtement combiné, qui se composait d’une brassière associée à un jupon étroit ou à un caleçon court avec ou sans fente. Enfin, comme les jambes étaient montrées par des robes raccourcies, on adopta des bas de soie noire, blanche ou de couleur chair, parfois ornés de broderies fantaisies. Pour les plus frileuses, des bas en laine de couleur chair pouvaient être portés sous les bas de soie, mais, comme ils épaississaient la jambe, ils furent vite abandonnés8. Le soir, on assistait à une masculinisation des tenues, caractérisée par l’adoption du pyjama après la Première Guerre mondiale. Le pyjama était d’ailleurs parfois porté comme vêtement d’intérieur. Vogue affirmait en 1924 « Pyjamas are now by far the 8_À fleur de peau. Entre mode et art, le bas autour de la donation Lévy, catalogue de l’exposition du même nom (Troyes, musée d’Art moderne, 16 mars – 30 juin 2007), Paris, Somogy, 2007.

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smartest form of négligé »9. Ce nouvel usage correspondait au goût ambiant pour l’Orient, mais ne détrôna pas complètement la chemise de nuit devenue plus étroite. La femme des années 1920 portait donc encore un certain nombre de dessous et, si l’on cherche une libération dans le costume féminin de l’entre-deux-guerres, elle est surtout à trouver dans la longueur des robes et le dévoilement des jambes. Point de libération non plus quant au diktat de la minceur toujours de rigueur, comme il était possible de le lire dans Vogue en 1922 : « the pursuit of slimness is one of the chief labour of the modern woman » 10. Cette liberté du corps fut favorisée par des spectacles à grand succès dans lesquels les artistes évoluaient sans contrainte sur scène en particulier ceux des Ballets russes au théâtre du Châtelet en 1909 ou ceux de la danseuse Isadora Duncan. La pratique croissante de sports comme la bicyclette, les danses latino-américaines (tango, charleston), le tennis ou la natation contribuèrent grandement à la disgrâce des dessous trop contraignants. Conscients de ces évolutions les couturiers Paul Poiret, Madeleine Vionnet et Nicole Groult initièrent la suppression des lignes 1900. D’autre part, l’émergence d’une classe moyenne qui travaillait, demandeuse de vêtements plus fonctionnels, participa de cette simplification des formes. En outre, la palette se diversifia, intégrant en plus du bleu et du rose, le jaune, le violet, le vert jade, parfois ornés de rubans de couleur crème. Pour le soir, on osait le noir en jouant sur les effets de transparence. Les élégantes appréciaient particulièrement la soie milanaise noire ornée de rubans crème ou beiges. Les années 1930 virent le succès des couleurs pastels : 9_« Aujourd’hui les pyjamas sont de loin la forme de négligé la plus élégante ». 10_« La recherche de la minceur est une des tâches principales de la femme moderne ».


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chair, tous les roses, ivoire, bleu pâle ou vert tant pour la lingerie de jour que de nuit. Les couleurs sombres, comme le rouge, le bordeaux ou le noir, devinrent populaires plus tard dans la décennie. Dès les Années folles, les fabricants de sousvêtements suivirent les innovations textiles. L’introduction de la soie artificielle permit la création de dessous plus souples, souvent indémaillables et surtout moins coûteux. Ainsi Rhodiaceta devint, à partir de 1925, le principal fournisseur de soie artificielle de Valisère. Les journaux de mode du début du siècle constatèrent tous l’évolution inéluctable du linge de trousseau vers une diminution des pièces et de leur taille. Le journal Les Modes en 1926, résumait ainsi la situation : « Quelle grand’mère se fut accommodée d’un aussi maigre trousseau que le nôtre… À peine douze chemises, et si courtes, qu’on les dirait faites au rabais ? Que penseraient-elles, nos sages aïeules, si pourtant elles savaient les prix de ces bouts de lingerie ? […] Nous aimons mieux, chaque année, renouveler une partie du contenu de l’armoire à linge, que d’immobiliser un capital important. »11 À la fin des années 1930, la mode remit les courbes à l’honneur ; il ne s’agissait plus de dissimuler la poitrine, mais bien de la souligner voire de l’accentuer par l’emploi des armatures. Kestos, par exemple, lança l’idée neuve du soutien-gorge comme élément de contrôle non contraignant. Grâce à une meilleure compréhension de l’anatomie humaine, la corseterie commençait à suivre les lignes naturelles du corps. En Australie, la maison Berlei commanda la première étude anthropométrique à deux professeurs de l’université de Sydney qui définissaient cinq types de femmes, montrant ainsi la variété des morphologies. Warner innova dans les mesures des bonnets avec les tailles A, B, C et D12. Les fabri11_Les Modes, février 1926, n° 261, p. 4. 12_Barbier (m.) et Boucher (s.), 2004, p. 33.

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cants tentaient de respecter la diversité des silhouettes féminines en proposant un grand choix de tailles. Les innovations textiles se poursuivirent après le coup d’arrêt marqué par la Seconde Guerre mondiale dans l’approvisionnement en matériaux organiques. La soie artificielle prit de multiples formes comme la viscose ou la rayonne. La poitrine haute de l’après Seconde Guerre mondiale était obtenue grâce des soutiens-gorge aux bonnets ronds et pointus. Il existait depuis 1935 des bonnets à coussinets pour avantager les poitrines menues puis à partir de 1938, le soutien-gorge à armatures faisant bomber les seins. Ces poitrines généreuses étaient accentuées par la mode de la taille fine obtenue grâce aux gaines. À l’aube des années 1940, la silhouette féminine était maigre malgré des hanches rondes des seins pointus et galbés aidés par un nouveau soutien-gorge aux bonnets surpiqués. Encouragée par la mode du pull-over moulant et par des chemisiers ajustés, la poitrine était placée de plus en plus haut.


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L’Après-guerre sous l’emprise de l’élastique La Seconde Guerre mondiale avait eu un effet considérable sur le rôle des femmes dans la société occidentale, mais aussi sur leur tenue vestimentaire13. À la fin des années 1940, la mode de dessus comme de dessous proposa de nouvelles formes, mais aussi de nouveaux matériaux permettant plus de liberté dans les assemblages. Pour obtenir la taille fine et le ventre plat exigé par le New Look, créé par Christian Dior en 1947, Marcel Rochas lança la guêpière. La mode était aux jupons volumineux, à la taille de guêpe et à la poitrine généreuse. La guêpière accompagnée d’un ample et long jupon en crin de nylon donnait forme aux jupes du New Look et dissimulait une culotte moulante qui avait pris la place du pantalon bouffant. Le travail de corsetier faisait encore la différence grâce aux coupes savantes des dentelles, soies et mailles rigides. Quelques maisons lancées par des femmes douées de ce savoir-faire virent le jour, telles que lou créée en 1946 par Lucienne Faller, ou Simone Pérèle, marque éponyme fondée en 1948. Toutes deux souhaitaient offrir aux femmes des dessous qui accompagnent leur nouvelle vie libérée progressivement de la morale rigide d’avant-guerre. Cette période sonnait aussi le glas de la confection du trousseau. Si la pénurie du tissu semblait être la première cause de sa perte, la nouvelle ère qui s’ouvrait, faite de nouveautés technologiques, du sentiment que le bonheur se trouvait dans une société consommant de plus en plus, l’accélération des mouvements de mode contribuèrent tous à son déclin. Les jeunes gens quittaient le foyer familial avant le mariage ; ce dernier ne revêtait plus la même valeur symbolique de rite de passage majeur. De plus en plus de femmes travaillaient ; n’ayant plus ni le temps ni l’intérêt de coudre, le prêt-à-porter leur procurait des vêtements et sous13_Sur ce sujet, voir notamment Perrot (M.) et Duby (G.) (dir.), Histoire des femmes en Occident, Plon, Paris, 1990-1991, volume 5 ; Montreynaud (F.), Le xxe siècle des femmes, Paris, Nathan, 1999.

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vêtements qu’elles renouvelaient à l’envi, non par nécessité, mais par plaisir. La généralisation des blanchisseries puis des machines à laver favorisa l’accroissement des garde-robes. Les journaux de mode – reflets fidèles des temps – consacrèrent moins de pages à la confection de belles lingeries au profit de conseils pour le choix et l’entretien. Au début des années 1950, la ligne s’allongea, les seins demeuraient haut placés, le buste fluet et le creux stomacal accentué. La corseterie et les rembourrages étaient toujours nécessaires. Les journaux insistaient sur les bénéfices d’un bon régime et du sport en plus d’une bonne corseterie. Sous son tailleur de Jacques Fath ou sa robe de cocktail griffée Christian Dior, l’élégante des années 1950 portait une gaine pour étrangler la taille à laquelle était lié un soutien-gorge à balconnets pourvu d’armatures. Ce combiné surtout apprécié le soir pouvait céder la place au seul soutien-gorge de plus en plus diversifié. Selon les occasions et l’âge, on choisissait un modèle avec ou sans bretelles, une couleur et des motifs différents. Les brevets d’invention se multiplièrent à l’instar de celui en corbeille de lou sorti en 1955 ou du modèle « Jeune France » lancé en 1959. La chemise ne se portait plus sous les pièces de corseterie mais l’on enfilait volontiers une combinaison dissimulant soutien-gorge et culotte. Ce changement notable par rapport aux siècles précédents était rendu possible par les doublures des soutiens-gorge en étoffes plus douces permettant de les supporter à même la peau. Ainsi, avec l’atténuation de la dichotomie entre lingerie et corseterie, les dessous féminins achevaient leur évolution vers un système complètement fermé composé d’ensembles incluant gaine, soutien-gorge, culotte et jupon parfois assortis, auxquels s’ajoutaient les bas en nylon soutenus par des porte-jarretelles. La nuit, alors que les pyjamas entraient en défaveur, la femmefleur du New Look portait de préférence des chemises de nuit


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pouvant être très longues ou arriver au niveau des genoux.La postérité a retenu des années 1950 la poitrine hypertrophiée par la mode des « seins-obus » obtenus grâce aux modèles à surpiqûres dont l’image était véhiculée par des actrices comme Anita Ekberg, Gina Lollobrigida, Sophia Loren, ou Marylin Monroe. Les fabricants Marcel Carlier, Carles Krafft, Jessos, Scandale ou Star créaient des dessous à armatures pour répondre à cette attente d’opulence qui a été interprétée comme une réaction face aux affres de la guerre passée. Pendant les années 1950, le noir et le blanc étaient les couleurs fétiches en particulier pour les gaines faites de dentelle. Le blanc très blanc revint en faveur, agrémenté d’abondantes dentelles, broderies et rubans. Néanmoins, de nouveaux coloris firent leur apparition comme la couleur café, le turquoise, le rose thé, le corail, la couleur pêche ainsi que des imprimés légers de fleurs et de rayures. L’emploi des nouvelles fibres synthétiques, dont la plus connue est certainement le nylon, nom de marque d’un polyamide créé par la société Du Pont de Nemours en 1939, se répandit dans la confection des sous-vêtements pendant les années 1950. Les caractéristiques principales de ces fibres étaient leur grande résistance, leur infroissabilité et leur légèreté. Désormais, la lingerie devait pouvoir, au minimum, se laver en machine, se dispenser de repassage et se plier à toutes les formes sans sensation de contrainte ni de gêne. D’autres fibres permirent en outre aux dessous d’épouser les formes du corps sans recourir aux armatures comme l’élasthanne inventée et déposée par la société Du Pont de Nemours qui se répandit dans l’industrie textile dans les années 1960. Après avoir été introduite dans le marché du vêtement de sport, cette fibre fut utilisée pour les dessous féminins en particulier les bas. L’emploi de nouveaux matériaux induisit des échanges commerciaux nationaux et internationaux différents ainsi que l’expansion de centres productifs parfois anciens comme la Normandie et ses dentelles, la région de Troyes pour

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la bonneterie, mais aussi la vallée de l’Isère où était fabriquée la viscose et le bassin lyonnais centre multiséculaire de la soierie où fut perfectionnée – entre autres – le procédé Helanca fait de fibres de nylon torsadées permettant l’élasticité. Sixties et Seventies : l’appel de la liberté Dans les années 1960, en même temps que les mœurs, la silhouette féminine se libéra. La mode était aux seins juvéniles, aux hanches étroites et à une extrême minceur qui glorifiait la jeunesse. Elle fut rendue célèbre par la collection d’André Courrèges lancée en 1965. Les dessous, notamment les panties, suivaient les lignes du corps grâce à l’usage de l’élasthanne puis du Lycra. À la fin de la décennie, séduites par les mouvements libérateurs de 1968 et les militantes du Women’s Lib qui auraient brûlé leurs soutiens-gorge, les femmes laissaient leur poitrine libre sous les pulls moulants et les tuniques indiennes. La mode était aux femmes androgynes toutes en jambes et aux petits seins, telles Jane Birkin ou le mannequin Twiggy. Semblant écouter le slogan de Playtex, marque lancée par International Latex Corporation, « Ne souffrez plus pour être belle », les femmes portaient bien moins de dessous que leur mère et bénéficiaient de produits plus confortables. Sous sa robetrapèze, la jeune femme (car cette nouvelle mode des années 1960 était destinée aux plus jeunes, les anciennes générations restant fidèles aux gaines) portait un soutien-gorge assorti à un panty lui aplatissant le ventre. Sur certains modèles, les jarretelles étaient fixées à l’intérieur du panty. D’autres lui préféraient la culotte assortie au soutien-gorge et recouverte d’un collant. Les dessous devinrent ainsi une seconde peau à l’image des collants ou du body intégral de Dim. En 1958, Mitoufle était la première marque de collants en France puis, en 1962, Dimanche (devenu Dim en 1965) inventa le bas sans couture rendant, par les prix pratiqués, le collant accessible à toutes. En 1965 également, Playtex était la première firme


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Sophistication et haute technologie À partir des années 1980, le marché des dessous féminins fut métamorphosé par la mondialisation. Les entreprises encore familiales pour certaines furent progressivement happées par de grands groupes internationaux tels que Triumph International ou Vanity Fair. À grand renfort de marketing, les produits devaient véhiculer une image et s’adapter aux attentes les plus diverses de la clientèle. Après le courant hippie, la mode prônait un retour à la sophistication et à la féminité glamour. Les journaux de mode répandirent la volonté obsessionnelle de maigrir et de sculpter son corps pour le rendre ferme. La mode était à la gymnastique tonique et au stretching. La femme des années 1980 troqua panties, gaines et corsets contre la musculation et les régimes. Le maintien devint interne pour être soi-même son propre corset. Paradoxalement on désirait des seins rebondis et fermes. Cette mode marquait la féminité du corps et nécessitait des soutiensgorge à armatures aux bonnets rembourrés pour celles que la nature avait « desservies ». La fin du xxe siècle donna naissance à une silhouette ambiguë extrêmement grande et mince, aux hanches étroites, mais à la poitrine généreuse, celle d’une femme juvénile, sophistiquée et sensuelle à la fois impliquant le recours aux régimes draconiens voire à la chirurgie esthétique. Les dessous devinrent de véritables accessoires de mode pour valoriser un corps que l’on exhibe. Les années 1980-1990 donnèrent le jour à des créations sexy répondant à la mode sophistiquée et glamour des maisons Saint Laurent, Gaultier ou Mugler. Les couleurs étaient au rendez-vous : certaines marques comme Princesse Tam-Tam lancèrent des motifs fantaisistes comme l’écossais, les fruits, les fleurs agrémentés de petits nœuds brodés ; des modèles liés au goût pour le « cocooning », des dessous de jour et de nuit confortables dans lesquels

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il fait bon rester chez soi. Ces motifs porteurs d’une certaine fraîcheur contribuèrent à l’image d’une femme-enfant. Néanmoins la lingerie plus sophistiquée, empreinte d’excentricité et d’arrogance se parait de couleurs emblématiques auparavant réservées aux prostituées telles que le rouge, le noir et le mauve. Depuis les années 1980, « la dentelle séduit la femme », affirmait Noyon dentelle, leader mondial de la fabrication de dentelle mécanique basé à Calais17. Ce fournisseur de lou et Triumph, en ajoutant des fils d’élasthanne, rendit la dentelle élastique et, par ses métiers Jacquard Tronic et Textronic, multiplia les motifs18. Dès lors la dentelle put être plus confortable et s’adapter à toutes les pièces de sous-vêtements. De nombreux dessous féminins devinrent de réels vêtements créés dans les couleurs en vogue : des nuisettes portées comme robes d’été, des débardeurs à la place des T-shirts ou des corsets remis au goût du jour comme vêtements du soir. Les personnalités du monde du spectacle montraient leurs dessous souvent vifs et extravagants à l’image de Mylène Farmer, Madonna portant les créations de Jean-Paul Gaultier ou encore Britney Spears arborant son string rose bonbon par-dessus son pantalon19. Les années 2000 virent l’intégration de la haute technologie dans le domaine des dessous notamment du jersey stretch et des microfibres à l’instar de Simone Pérèle qui lança en 2000 son modèle de soutien-gorge Andora utilisant le Spacer-3D, tricot en trois dimensions très ergonomique. La fin du xxe siècle devint l’ère des dessous de séduction, mais aussi celle de la profusion : profusion de marques, de matériaux et de modèles oscillant entre prêt-à-porter bon marché comme

Etam, Princesse Tam Tam ou Victoria’s Secret et haute lingerie sophistiquée griffée Chantal Thomass, Vannina Vesperini, Celestina Agostino, Fifi Chachnil, Sabbia Rosa ou Erès. Valisère, lou et Playtex misèrent d’abord sur le confort pour évoluer vers des gammes de charme. Ces trois marques iséroises indépendantes avaient chacune développé une identité forte jusqu’à leur absorption par les grands groupes internationaux Triumph International et Vanity Fair. Ayant su faire appel aux innovations techniques, elles ont aussi suivi la mode en conservant leur identité propre et en accordant toujours une place essentielle au bien-être. En outre, elles firent preuve d’une certaine originalité et d’une grande inventivité dans le domaine de la corseterie si l’on observe les modèles déposés très différents de ceux de leurs concurrents (Boléro également produit à Fontaine, Lee, Silhouette ou Wrangler). Plus encore, entre confort et séduction, la saga de ces trois entreprises au cœur du xxe siècle révèle cette difficile conciliation qui habite l’univers des dessous féminins et préoccupe celles qui les portent.

Muriel Barbier Conservateur du patrimoine au Musée de la Renaissance, Château d’Ecouen

17_Barbier (M.) et Boucher (S.), 2004, p. 236 ; Cat. exp. Dentelles, quand la mode ne tient qu’à un fil, Caen musée de Normandie, Paris, Somogy, 2012. 18_Noyon la Dentelle a un nom, 1992, vidéo VHS secam (15 min), réalisation : Danielle Pellé, production : Austral Films-société industrielle des Éts Lucien Noyon & Cie. 19_Barbier (M.) et Boucher (S.), 2004, p. 87.

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Valisère recruta, dès l’origine et comme presque tous les ateliers textiles, une main-d’œuvre majoritairement féminine qui fabriqua fonds de robe et jupons pour le compte d’une des plus importantes entreprises de lingerie féminine en France. Retracer son histoire, c’est se confronter à un siècle d’activité et considérer qu’il s’agit d’une histoire encore en construction. Du gant d’étoffe à la lingerie : la naissance de Valisère Toute entreprise accorde une importance particulière à ses origines. Pour Valisère, sa création demeure liée à une famille provenant de la Matheysine : les Perrin. Valisère, un « enfant du Gant Perrin » : c’est ainsi que la société familiale est définie par un descendant de la famille Perrin et ancien dirigeant de Valisère, Édouard Silvy. Les origines de la « marque du trèfle » se trouvent bien au cœur d’une autre entreprise grenobloise : le Gant Perrin. Créée en 1860, cette prestigieuse maison de gants de peau a été fondée par Anne Octavie Nicolet, aidée de ses fils. Nommée dans les récits de ses héritiers la « Veuve courage », elle fait figure d’héroïne familiale puisque la tradition voudrait que ce soit après la mort de son époux que celle-ci se lance à Grenoble dans la ganterie, reprenant le nom de son défunt mari pour la société. Le Gant Perrin est alors développé par les enfants de la veuve Perrin, soulignant dès les origines le caractère très familial, voire dynastique, de ce qui deviendra un véritable groupe industriel, comprenant : Gant Perrin, Valisère et La Dauphinoise. En 1867, un acte d’association fait entrer dans l’affaire Ferréol et Paul, les fils aînés, sous la raison sociale Perrin Frères. C’est ensuite au tour de Valérien Perrin d’intégrer la structure familiale ; son rôle va être décisif dans l’essor du Gant Perrin et la création de Valisère. De son prénom (Valérien) et du territoire (l’Isère) serait né le nom de la société : Valisère.

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En 1873, celui-ci exporte aux États-Unis les fameux gants de peau et de chevreau et s’impose comme représentant de la ganterie française outre-mer, fondant notamment à Montréal et New York de nouvelles maisons liées à Perrin Frères. En parallèle, il s’associe à son neveu Louis-Alphonse Douillet – seules quelques années les séparent – pour gérer ses affaires américaines, avant de prendre les rênes de la maison Perrin ensemble, après le retrait de ses deux frères Paul et Férréol. Une famille, deux branches : Perrin et Douillet jettent les bases d’une aventure industrielle de plus d’un siècle…

Après le gant, le fond de robe

*_ADI, Fonds 123 J, Assemblée générale ordinaire du 28 avril 1914.


LES DESSOUS DE L’ISÈRE

UNE HISTOIRE DE LA LINGERIE FÉMININE

nt l a rtère nèrent o p s elle ti o n uand s confec ts et une q t n e n e femm êteme cisém on de t pré ations de rs sous-v strialisati ation i a s du leu mm nér n ne Si l’o e, des gé fermant imité. L’in de conso nelles, n t t n culot usseau re e leur in ux usages s traditio ançaise. d r a o e f e r e u l t e l v i q u n s s e nti e d e n o u prati la linger s e e t c t e e r à n ed pa l e m e nt ant fi popé rbra il o n d e es s o r l’hab t cepend débute l’é W t n e e ytex inre un mett t ainsi que a, Pla r connaît d’une ma s r s o ’e L c et pou lou, ière aire sère, xxe siècle e savoir-f ses pionn ur i l a V au t po ère, epri sur l En Is eloppent ppuyant , ces entr en créan be, v e ro ’a e se dé érable. S qualifié e la mod onds de s. e f d e d r n i s i e s b e r n i n m mi élè to co re fé ans l’his rs de fem essous c v u ire d’œ ivent d millie t autres d histo r e e c t d t s s s’in ntaine gorge e s , ce e ntrée travers la o c d es c , s o u ti e n s s s ssi es . À autre ns d’ es femm , mais au t ga i n e a d e i n t d i écri ssi celle ommatio lle, elle d ong du u h ’ d s u e l a n u ur Aujo rielle est é et la co orale sex té tout au stre au t t é i m lu s i c c i u a l i n d l a p u b e u r et l n s l a s o i n é d i te i l , a d t e d u e d u! mo l a p r p l a ce e r i c h e u e p ea auté, hi la be oup sur le onograp à fleur d ic c re beau cle. Une e aventu t e siè t e c xx es s pa g fil de

S U O S S E D S LE E R È S I ’ L DE E RE I N I O N I T S I ÉM UNE H NGERIE F LI A L DE

prix : 29,50 € ISBN 978-2-917659-29-8 Dépôt légal : mars 2013 www.editions-libel.fr

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