Le Grand Hôtel Dieu de Lyon (extrait)

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CARNET DE L'AVANT F R É D É R I Q U E M A LOTA U X O M B L I N E D ’A B O V I L L E P R É FA C E DIDIER REPELLIN

PHOTOGRAPHIES FERRANTE FERRANTI



carnet de l'avant F r é d é r i q u e M a lota u x Om b l i n e d ’ A b o v i l l e P r é fa c e Didier Repellin

Photographies Ferrante Ferranti


× N

xvii e xviIi e les grandes étapes de la c onception de l'Hôtel-dieu

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xiX e xX e


S OM MA I R E p _ 7

Pr éface de Di di er RepelLi n

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l es or igi nes

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LE xvi i e si ècle

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LE xvi Ii e si ècl e

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LE xi X e si ècl e

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LE xX e si ècl e

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l'HÔTEL-DIEu, SYMB OLE DE LYON

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CONCLUSION

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introduction


Préface de Didier Repellin

Quel formidable défi que d’avoir l’opportunité de redonner vie à l’HôtelDieu de Lyon ! Cet édifice exceptionnel et méconnu qui, depuis 2010, n’offre aux yeux des Lyonnais que des portes closes et des façades noircies par la pollution.

P

ourtant, nombreux sont ceux qui ont

Nous étions vingt-cinq lors de la première visite et, sans

arpenté ses couloirs : ils y ont étudié ou

la moindre publicité, nous avons rapidement été une cen-

travaillé, ils y sont nés, ils y ont été soi-

taine, voire cent cinquante, à déambuler chaque samedi

gnés… Tant de souvenirs, heureux ou mal-

matin dans les salles désaffectées de l’Hôtel-Dieu. Je

heureux, qui ont eu pour cadre cet hôpital

ne m’attendais pas à un enthousiasme aussi saisissant !

immense niché au cœur de la ville. 50 000 mètres carrés

La variété du public a été source d’une grande richesse.

de planchers, 700 mètres de galeries, 10 cours intérieures

Parmi les milliers de curieux qui ont suivi ces visites, j’ai

réparties sur une parcelle de deux hectares : telles sont

pu m’adresser à de nombreuses personnes qui avaient

les dimensions vertigineuses de l’Hôtel-Dieu, véritable

travaillé dans ces murs, de l’aide-soignante au profes-

îlot de tranquillité à deux pas de la place Bellecour.

seur de médecine ; j’ai aussi rencontré des passionnés de patrimoine, des habitants du quartier, un grand nombre

Après la fermeture de l’établissement, le concours lancé

d’étudiants ou encore des membres d’associations très

par les Hospices Civils de Lyon fut l’occasion pour nous,

diverses.

architectes, de découvrir un édifice riche et complexe. Par la réalisation d’études historiques et architecturales,

De nombreux visiteurs m’avaient fait part de leur désir

nous avons pu comprendre la qualité exceptionnelle de

de conserver un souvenir de ces quelques heures pas-

l’Hôtel-Dieu, exemple magistral de synthèse des défis

sées ensemble. Je suis heureux de pouvoir aujourd’hui

relevés tout au long de son existence. Il m’a alors semblé

leur présenter ce carnet de visite retraçant l’histoire

nécessaire de partager cet apprentissage enrichissant

de l’architecture et des hommes et femmes qui ont fait

avec tous ceux qui le souhaiteraient : ceux qui avaient

rayonner l’Hôtel-Dieu de Lyon pendant huit siècles.

envie de découvrir l’histoire des lieux ou de comprendre son futur, ceux qui avaient entendu des rumeurs et qui cherchaient des réponses, ceux qui, tout simplement, voulaient voir. introduction

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C’est au Moyen Âge que se dessinent les contours de l’institution hospitalière, créée pour répondre aux crises sociales qui jalonnent cette époque. Acquise toute entière au christianisme, la société confie naturellement à l’Église l’œuvre de secours aux pauvres qui repose essentiellement sur l’acte de charité, promesse de salut pour les donateurs. Situé non loin du premier pont sur le Rhône construit à Lyon, l’HôtelDieu naît au XIIe siècle pour accueillir les voyageurs et les pauvres.

L’

Plan de Lyon, par Braun et Hogenberg, 1572 (détail) Ce plan, publié dans l’un des volumes de Civitates orbis terrarum, reproduit quasiment tous les détails topographiques déjà présents dans le plan scénographique exécuté au milieu du XVIe siècle. La presqu’île de Lyon est à cette époque traversée du nord au sud par la rue Mercière qui relie les deux ponts de la ville.

expression « hôtel-Dieu » ou « hôtel

À Lyon comme ailleurs, la période qui suit le déclin de

de Dieu » signifie « chambre pour les

l’Empire romain se caractérise par une forte diminution de

hôtes », « refuge pour les indigents ». Le

la population qui va alors se concentrer auprès de grands

terme est à l’origine employé comme

ensembles ecclésiastiques, et ce jusqu’au XIIe siècle. Sur

une simple appellation, les hôtels-

la rive droite de la Saône, la population se replie autour des

Dieu n’occupant pas forcément une fonction plus précise

basiliques cimétériales de Saint-Just et de Saint-Irénée

que celle attribuée aux maisons-Dieu ou aux hôpitaux.

au sud de la colline de Fourvière, autour de la cathédrale

On remarque que ce qualificatif caractérise souvent un

au pied de cette même colline et près de Saint-Paul plus

hôpital dépendant d’un évêché, bien que ce lien ne puisse

au nord.L’espace de la presqu’île est quant à lui partagé

pas être établi de façon systématique. Lieux de charité

entre l’abbaye d’Ainay au sud et celle de Saint-Pierre

par excellence, les hôpitaux répondent aux préceptes de

au nord. Les évêques détiennent le pouvoir politique et

la vie chrétienne qui identifie dans le pauvre à secourir

exercent la justice durant plusieurs siècles, profitant d’un

le Créateur lui-même et dans l’acte de charité un moyen

pouvoir royal lointain ou affaibli. Leur autorité doit cepen-

d’œuvrer au salut de son âme.

dant composer avec les chapitres de chanoines issus de grandes familles lyonnaises.

Les hôpitaux apparaissent en Occident à la fin du III siècle e

alors que l’Empire romain est plongé dans une crise politique et financière qui accroît la misère sociale. Le sysprécédent, l’Église prend le relais et va incarner une autorité salutaire. Ainsi, le Concile de Nicée qui se tient en 325 prescrit la création dans chaque cité d’un lieu d’accueil

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tème administratif en place connaissant un déclin sans

pour les voyageurs pauvres. Les évêques vont initier l’ouverture de ces structures aptes à répondre à la misère qui ne cesse de croître à travers l’Europe.

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Durant le Haut Moyen Âge, l’économie lyonnaise repose essentiellement sur le commerce local. L’absence de pont sur le Rhône freine en effet le développement d’une activité plus importante. Mais au XIIe siècle, la construction de deux ponts va dynamiser l’urbanisation de la presqu’île et faire de Lyon une véritable place éco-

Vue cavalière de l’Hôtel-Dieu au XVIe siècle, 1811

Plan scénographique de Lyon, vers 1550 (détail)

Afin de protéger les bâtiments de l’hôpital de la montée du Rhône et des inondations dans cette zone sensible en amont du pont, le Consulat entreprend la construction, probablement entre 1520 et 1550, d’un mur de soutènement offrant une entrée directe sur le fleuve. L’acheminement des marchandises nécessaires à la vie quotidienne de l’hôpital s’en trouve grandement facilité.

On reconnaît ici le « deuxième » HôtelDieu construit à la fin du XVe siècle et orienté est-ouest. L’ancien hôpital a été englobé dans cette nouvelle construction. À l’est, vers le Rhône, une cour accueille les services annexes tandis qu’au nord se déploie un cloître qui abrite le cimetière. De cet hôpital, ne subsiste aujourd’hui que le mur nord de la grande salle de malades, percé de baies, contre lequel sera adossé au XVIIe siècle le bâtiment sud du cloître.

nomique. Ces deux ponts vont permettre la traversée, d’une part, de la Saône dans l’axe de la façade de

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l’église Saint-Nizier — il sera appelé « pont du change »

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En 1184-1185, la confrérie du Saint-Esprit charge les

à partir de la Renaissance — et, d’autre part, du Rhône

« Frères du Pont » de construire un pont sur le Rhône.

à la hauteur de l’actuelle rue de la Barre. La fondation

Communauté de laïcs réunis pour la réalisation d’une

de l’Hôtel-Dieu remonte à cette époque : elle est inti-

œuvre, les Frères pontifes venaient alors de construire le

mement liée à l’histoire de la traversée du Rhône. Cette

premier pont sur le Rhône : le pont Saint-Bénézet à Avi-

traversée se faisait à l’origine en bacs, soit au niveau

gnon. À Lyon, le premier pont de bois tout juste construit

de l’ancienne rue de la Serpillère (actuelle rue Pau-

s’effondre en 1190 au passage des armées de Philippe-

fique), soit au niveau de la rue Sainte-Hélène. Elle était

Auguste, roi de France, et de Richard Cœur de Lion, roi

organisée par la confrérie du Saint-Esprit, constituée

d’Angleterre, en route pour la troisième croisade. Sa

de bourgeois et de commerçants de la ville qui ouvrent

reconstruction par les Frères pontifes est facilitée par

vers 1129 l’Aumônerie du Saint-Esprit, un lieu d'accueil

de nouvelles donations, notamment de l’archevêque de

pour les voyageurs, les pèlerins et les pauvres, situé sur

Lyon qui offre un terrain sur lequel va être édifié un pre-

le tènement d’Ainay.

mier hôpital connu sous le nom de Beate Mariae. Mais


les moyens financiers de la confrérie sont réduits et la

Tonnerre (Yonne) où Marguerite de Bourgogne fit édi-

charité publique ne suffit plus à entretenir les lieux ni

fier un hôtel-Dieu achevé en 1295. Le XIVe siècle est

à secourir les malades. En 1309, l’archevêque de Lyon

marqué par des guerres et des épidémies de peste qui

décide donc de confier le pont, l’hôpital et ses annexes

paralysent le développement de la ville. Mais au siècle

à la communauté cistercienne de Hautecombe (Savoie),

suivant, l’institution des foires va permettre à Lyon de

puis à celle de Chassagne (Ain) à partir de 1334.

connaître une belle prospérité. La première d’entre elles a lieu en 1420, puis trois se déroulent en 1444 et

L’hôpital remplit alors une fonction d’accueil pour les

une quatrième en 1464 ; elles attirent des marchands

voyageurs, les pauvres et les pèlerins, mais ne pratique

étrangers, florentins, milanais ou allemands.

pas de soins. En 1334, son personnel se compose de À cette époque, les religieux de Chassagne ne dis-

Rhône dans la rue de la Serpillère, l’établissement se

posent plus de ressources suffisantes pour entretenir

présente sous la forme d’une vaste salle de type halle,

l’hôpital, sa chapelle et la maison du pont. Pourtant,

longue de 20 à 25 m sur un axe nord-sud et large de 12 à

face à ce nouvel afflux de voyageurs, la présence d’un

15 m. Une chapelle se situe dans le bâtiment, à l’extré-

lieu d’accueil digne de ce nom à l’entrée de la ville est

mité nord. Au nord se trouvent également le cimetière et

indispensable. Les consuls de la ville décident donc de

les jardins, tandis que les espaces de service se répar-

racheter l’hôpital à l’abbé de Chassagne le 21 juillet

tissent autour d’une petite cour à l’est. Ce plan de type

1478. Cet affranchissement de la tutelle ecclésiastique

halle est couramment employé tout au long du Moyen

est confirmé par une bulle pontificale en 1480.

Âge ; un exemple en est encore aujourd’hui visible à

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deux religieux et trois domestiques. Situé à proximité du

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La salle des malades de l’ancien hôpital Notre-Dame des Fontenilles de Tonnerre

Le vieil hôpital est à cette époque dans un état de dégradation avancé. Plutôt que de le restaurer, les consuls choisissent d’édifier à son côté un nouveau bâtiment. Construit perpendiculairement à l’ancien hôpital, à l’angle de la rue de la Serpillère et de la rue Confort (c’est-à-dire à l’emplacement de la chapelle actuelle), son aspect nous est connu grâce au plan scénographique. Érigé, comme son prédécesseur, sur le modèle tradi-

Appelé « l’hospital » ou « maisonDieu », l’institution fondée en 1293 par Marguerite de Bourgogne, belle-sœur de Saint-Louis, était vouée à l’exercice des sept œuvres de la Miséricorde qui consistaient en « bailler à manger à ceux qui auront faim, à boire à ceux qui auront soif, recevoir les étrangers et les pèlerins et les héberger, vêtir les nus, visiter les malades, consoler les prisonniers et ensevelir les morts ». Les dimensions imposantes de cette grande nef — 100 m x 18 m — permettaient d’accueillir quatre-vingts personnes sous une vaste charpente lambrissée en berceau.

tionnel hérité du Moyen Âge, ses proportions sont toutefois plus importantes. Orienté est-ouest, il mesure environ 65 mètres par 21 mètres. Ses murs sont percés de hautes baies en arc brisé. À l’intérieur, une vaste

À partir de 1507, l’hôpital prend le nom d’Hôtel-Dieu de

salle haute d’environ 7 mètres est divisée en deux par

Notre-Dame de Pitié du Pont du Rhône. Il admet désor-

une série d’arcades fermées jusqu’à hauteur du départ

mais tous types de malades, mais aussi les femmes

des arcs par des treillis de bois. Au centre, une che-

enceintes et les enfants abandonnés. La présence d’un

minée à double face apporte un peu de chaleur aux

service de santé permanent est désormais nécessaire.

malades répartis dans chaque nef à raison de trois par

Dès 1529, les consuls nomment un apothicaire, un

lit, les femmes étant séparées des hommes. L’extrémité

médecin et un barbier qui sont secondés par des hos-

ouest de la grande salle est ouverte sur une chapelle

pitalières — des filles repenties remplacées ensuite

visible de tous les malades et matérialisée à l’extérieur

par des veuves et des orphelines —, des servantes et

par un clocher. Achevé en 1493, ce nouvel hôpital n’est

des nourrices, mais aussi deux sommeliers chargés de

pas sans évoquer celui de Beaune, édifié en 1452.

brancarder les malades. Un prêtre et un quêteur complètent le personnel, d’une trentaine de personnes à

Le grand corps est ensuite agrandi au début du XVIe

cette époque. Tous sont placés sous la direction d’un

siècle pour englober l’ancien hôpital. Il ouvre sur une

procureur-receveur nommé parmi les consuls de la

cour qui reçoit les services annexes (pharmacie, bou-

ville.

langerie, etc.) ainsi qu’une salle accueillant les femmes enceintes et une autre les enfants exposés et les nourrices. Au nord de cet ensemble, un cloître, qui abrite le cimetière de l’hôpital, est délimité par des galeries. De cet hôpital, ne subsiste aujourd’hui que le mur nord du grand corps de logis, percé de baies, contre lequel sera adossé, au XVIIe siècle, le bâtiment sud du cloître. les origines

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En 1555-1556, les consuls achètent des terrains au nord de l’Hôtel-Dieu, entre la rue de l’Hôpital et la rue Grolée, à l’emplacement de l’actuelle rue Childebert. Ils y construisent en 1579 la quatrième grande boucherie de Lyon, les autres étant situées dans les quartiers Saint-Georges, Saint-Paul et Terreaux. À l’intérieur de cette boucherie, une soixantaine de boutiques louées par l’Hôtel-Dieu se répartissent de part et d’autre d’une allée centrale. Les cours arrière des négoces servent de lieu d’abattage des animaux. La boucherie sera ensuite agrandie par les recteurs de l’Hôtel-Dieu en 1682 puis en 1741. Malgré cette nouvelle source de revenus procurée par la location des boutiques, plusieurs épisodes de peste les origines

ruinent l’hôpital. Les consuls rencontrent des difficultés à gérer de trop nombreuses administrations. En janvier 1583, tout en conservant la direction morale de l’HôtelDieu, le Consulat en confie la gestion à un petit groupe de notables, les recteurs. Renouvelés par moitié chaque année, ces derniers vont s’employer jusqu’à la Révolution à développer et à moderniser l’hôpital. p _ 24

Salle des malades à l’HôtelDieu de Paris, gravure du XIXe siècle d’après une miniature du XVIe siècle À Paris comme à Lyon, les hôtels-Dieu ont pour mission d’accueillir, de soigner et de nourrir les nécessiteux.


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L’Hôtel-Dieu au XVIe siècle, lithographie de H. Gaillard, 1847

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Bien que réalisée au XIXe siècle, cette lithographie nous offre une représentation de ce à quoi pouvait ressembler le vaste édifice de type halle qui constituait l’hôtel-Dieu de Lyon. La chapelle, construite au XVIIe siècle, en occupe désormais l’emplacement.

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Plan scénographique de Lyon, vers 1548 (détail) Grâce à sa remarquable précision, le plan scénographique est une véritable cartographie de la ville et de ses édifices au XVIe siècle. La vue cavalière, qui présente toutes les rues et les maisons en perspective, lui donne une vivacité particulière. Ce plan exceptionnel, dont l’origine est inconnue, a servi de modèle à de nombreuses représentations de la ville de Lyon jusqu’au XVIIIe siècle.

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La grande chambre des Pauvres de l’ancien Hôtel-Dieu de Beaune Fondé par Nicolas Rolin, riche chancelier du duc de Bourgogne, l’hôtel-Dieu de Beaune ouvre ses portes en 1452. La grande salle des « Pôvres », longue de près de 50 mètres, est couverte d’une charpente apparente richement peinte surmontée d’une voûte lambrissée.

Élévation sur cour de l’ancien Hôtel-Dieu de Beaune Ce corps de bâtiment abrite la grande chambre des Pauvres. Ce type d’édifice se décline à l’époque à Beaune, comme à Tonnerre ou à Lyon.

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Salle de l’Hôtel-Dieu de Paris, gravure du XIXe siècle d’après une miniature du XVe siècle

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Durant tout le Moyen Âge et l’époque moderne, à Paris comme à Lyon et ailleurs, plusieurs malades partagent le même lit. Au premier plan de la gravure, les hospitalières au service des malades sont associées aux figures des vertus cardinales : la Prudence, la Tempérance, la Force et la Justice.

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Scène de la vie quotidienne à l’Hôtel-Dieu de Paris, gravure du XIXe siècle d’après une miniature du XVIe siècle Un autel est toujours placé à l’extrémité des salles de malades, permettant ainsi aux alités de suivre la messe quotidienne.


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La chapelle du Saint-Esprit, gravure d’Israël Silvestre, XVIIe siècle Deux chapelles encadrent le pont du Rhône construit au XIIe siècle. À proximité se trouvait l’Aumônerie de la confrérie du Saint-Esprit, lieu d’accueil pour les voyageurs et les nécessiteux. Ce rôle sera ensuite assuré à partir de la fin du siècle par l’hôpital construit par les frères pontifes le long de la rue de la Serpillère (le futur Hôtel-Dieu).

L’entrée du Pont du Rhône, anonyme Seul accès à la ville pour les voyageurs arrivant de l’est et du sud, le pont du Rhône (actuel pont de la Guillotière) est un point de passage essentiel qui nécessite une surveillance importante. Appartenant au dispositif d’enceinte de la cité, l’entrée du pont se présente sous la forme d’un corps de garde fortifié sur lequel se greffent deux chapelles. La chapelle du Saint-Esprit subsistera jusqu’en 1781, avant d’être détruite lors de la construction du quai.

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Plan scénographique de Lyon, vers 1550 (détail) Cette vue cavalière et en couleurs de l’Hôtel-Dieu est extraite d’un immense plan (1,70 m par 2,40 m) mettant en scène la ville de Lyon. Conservé aux Archives municipales, ce document exceptionnel — seule la ville de Paris possédait un plan de ce type à cette époque — présente de façon très précise à la fois le bâti (près de 4 680 édifices) et les « espaces verts », mais aussi la vie quotidienne sous la forme d’activités humaines et d’un vaste bestiaire. L’Hôtel-Dieu fait partie des édifices représentés et nommés sur le plan. Il figure tel qu’il a été reconstruit entre 1493 et le début du XVIe siècle par les consuls de Lyon : une grande salle de malades, dont l’extrémité ouest est occupée par une chapelle, est accolée à un cloître fermé de galeries.

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Le roi Childebert et la reine Ultrogothe, lithographies de Béraud Extraites d’un récit de voyage publié au XIXe siècle, ces lithographies représentent les statues des souverains sculptées en 1819 et encore visibles aujourd’hui sur la façade.

Statues des souverains à l’entrée de l’Hôtel-Dieu

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Placés au-dessus de la porte d’entrée monumentale sur le quai, les souverains accueillaient les malades et les nécessiteux arrivant à Lyon depuis le pont du Rhône.

Childebert et Ultrogothe

Cette petite structure d’accueil, constituée à l’origine d’un modeste

Les deux grandes sculptures qui ornent la façade principale de l’Hôtel-Dieu sont celles du roi des Francs, Childebert Ier, et de son épouse Ultrogothe. Ce sont eux qui instituèrent le premier hôpital de Lyon, vers 542-545, sur la rive droite de la Saône — à l’emplacement de l’actuel palais de Bondy.

à la grande vétusté de l’édifice, une bulle pontificale de 1492 autorise le

bâtiment, d’une chapelle et d’un cimetière, fut d’abord placée sous le vocable de Marie avant de devenir l’hôpital Saint-Eloy au XVe siècle. Face transfert de l’Hôpital dans un autre bâtiment. Après quelques péripéties politiques, c’est l’Hôtel-Dieu qui hérite de l’activité de Saint-Eloy et les chanoines de Saint-Paul des revenus. L’histoire des deux établissements se confond dès lors, relayée et détournée au XVIIe siècle sous la plume du chroniqueur Claude de Rubys dans son Histoire véritable de la Ville de

Lyon. L’auteur situe l’hôpital de Saint-Eloy en lieu et place de l’Hôtel-Dieu. Jamais démentie par les recteurs, cette légende a permis à l’Hôtel-Dieu de bénéficier des largesses du pouvoir royal pendant plusieurs siècles. C’est pourquoi au XVIIIe siècle, le programme décoratif qui agrémente la façade dessinée par Soufflot comprend les statues du couple royal. Exécutées par les artistes parisiens Gabriel Allegrain (1710-1795) et Louis-Philippe Mouchy (1734-1801), proches du sculpteur Jean-Baptiste Pigalle, les statues confirment par leur existence physique le mythe de la fondation de l’Hôtel-Dieu. La pierre seule peut assurer la pérennité d’une telle légende transformée en vérité. Détruites lors du siège de Lyon en

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1793, les statues sont remplacées en 1819, sous la Restauration, qui réaffirme par ce biais une fondation royale devenue indiscutable.


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Signature de Rabelais La signature de Rabelais figure au bas d’un certain nombre de documents officiels tel que celui-ci, daté du 17 septembre 1530 et conservé à la Faculté de Médecine de Montpellier.

Portrait de Rabelais C’est en premier lieu pour la réputation de son imprimerie que Rabelais rejoint Lyon en 1532. Engagé comme médecin à l’Hôtel-Dieu, il s’absente régulièrement de son poste, ce qui lui vaut d’être congédié par les recteurs en 1535.

François Rabelais (1494-1553) « Dans ce sépulcre repose le petit Théodule, petit de corps, mais grand par son père. Lyon est sa patrie, Rabelais est son père. Qui ne connaît ni Lyon ni Rabelais ignore deux grandes choses en ce monde. »

Malgré son titre de « bachelier en médecine » obtenu à Montpellier, il est fort probable que François Rabelais ait rejoint Lyon en premier lieu pour la réputation de son imprimerie. Il commence à travailler au début de l’année 1532 chez Sébastien Gryphe, imprimeur installé à l’angle des rues Mercière et Thomassin. C’est là qu’il fait paraître, en juillet 1532, ses éditions d’Hippocrate et de Galien puis, en novembre, chez Claude Nourry, son Pantagruel censuré par la Sorbonne. À cette époque, il vient juste d’être engagé comme médecin de l’HôtelDieu, peut-être grâce à l’intermédiaire de Symphorien Champier, médecin, échevin de Lyon et recteur de l’Hôtel-Dieu ayant étudié à Montpellier. Il est vraisemblable que Rabelais ait été un médecin attentif à ses patients,

Évocation (par le « très docte et vertueux Boissoné »)

comme en témoigne sa dédicace à Monseigneur Odet, au début du Quart-

du tombeau de Théodule, fils naturel de Rabelais,

Livre : « Ainsi me suis-je accoustré, non pour guorgiaser et pomper, mais

mort en 1538 à l’âge de deux ans.

pour le gré du malade lequel je visite, auquel seul je veulx entièrement complaire, en rien ne l’offenser, ne fascher. » Cependant, sa présence à

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l’Hôtel-Dieu est instable. Entre l’hiver 1533 et le printemps 1534, il s’absente une première fois, sans l’autorisation des recteurs, pour un séjour de près de six mois à Rome auprès du cardinal du Bellay puis il quitte Lyon à nouveau au début de l’année 1535. Cette fois, les recteurs décident de son remplacement, Rabelais ayant abandonné son poste « sans advis ne prendre congé ». Malgré ce départ brutal, Rabelais garde pour Lyon un attachement certain, y revenant à diverses reprises. Il laisse à sa ville p _ 40

d’adoption le souvenir d’un médecin humaniste et la gloire d’un écrivain fécond.


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Lesdits seigneurs ont procedé a eslire un medecin pour le service du grand hospital du pont du Rosne au lieu de maistre François Rabelais, medecin, qui s’est absenté de la ville et dudict hospital sans congé prendre pour la deuxiesme fois. Et tous d’une voix ont esleu maistre Pierre du Castel, docteur medeci, aux gaiges touteffois de trente livres tournois, a laquelle somme de XXX l. t. ilz ont admodié les gaiges anciens qui estoient de quarente livres tournois. Et pour ce l’ont fait venir et luy avoir declaré ladite election. Il l’a acceptee ausdictz gaiges de trente livres tant qu’il plaira audict conulat. Lequel a promis et juré de bien servir les pauvres, de diligemment et loyalement faire son devoir. les origines

Lettre de radiation de Rabelais à son poste de médecin par les recteurs de l’Hôtel-Dieu de Lyon, le 5 mars 1535

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le g rand hĂ´tel-die u d e ly o n

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D

epuis sa création au XIIe siècle, l’Hôtel-Dieu contribue au rayonnement de la ville de Lyon ; sa façade majestueuse, s’étirant le long du Rhône, est connue de tous. En 2010, les portes de l’hôpital se sont fermées, offrant un nouveau défi

au bâtiment et rendant nécessaire l’écriture de son histoire. Du Moyen Âge jusqu’à nos jours, huit siècles d’une aventure architecturale et humaine hors du commun ont puissamment marqué l’édifice et la vie de nombreux Lyonnais. Riche des plus beaux documents issus des bibliothèques, archives et musées de la ville, ce livre de référence, véritable carnet de visite du bâtiment avant sa transformation, accompagne l’ouverture nouvelle de l’édifice sur la vie de la cité. Frédérique Bergeret-Malotaux et Ombline d’Aboville sont historiennes de l’art et collaborent depuis plusieurs années avec Didier Repellin, Architecte en chef des Monuments historiques (h) chargé de la restauration et de la réhabilitation du Grand Hôtel-Dieu pour la partie patrimoniale. Ils ont souhaité confier à Ferrante Ferranti le soin de poser son œil de photographe voyageur sur un Hôtel-Dieu en attente de reconversion.

35,00 € TTC ISBN : 978-2-917659-54-0 Dépôt légal : décembre 2016 www.editions-libel.fr


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