D'une rive à l'autre, voyage autour du Léman (extrait)

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d’une rive à l’autre

Le Musée du Chablais, associé au Cabinet d’arts graphiques des Musées d’art et d’histoire de Genève, propose de parcourir le tour du lac au travers de l’exposition D’une rive à l’autre, voyage autour du Léman.

COUV THONON RESO OK.indd 2

Prix : 13 € – www.editions-libel.fr

Site touristique majeur, le Léman n’est que peu représenté avant le XVIIIe siècle. Il est un lieu de vie et de passage, notamment pour une partie des voyageurs effectuant le Grand Tour — ce périple initiatique sur les lieux fondateurs de la civilisation occidentale (Italie, Grèce...) que les jeunes aristocrates effectuent à partir du XVIIe siècle. Dès les années 1700, les voyageurs décrivent de plus en plus le lac et son panorama montagneux, dont les cimes inhospitalières inspirent les théoriciens de l’esthétique du sublime. Vers le milieu du siècle, la mode des « voyages pittoresques » illustrés lui donne une existence visuelle, et le roman de Jean-Jacques Rousseau Julie ou la Nouvelle Héloïse en 1761 l’érige en lieu de pèlerinage littéraire. Dès lors, la production d’images et d’écrits s’accroît, vantant la beauté naturelle du paysage et le charme des villes et villages. D’étape, le Léman devient but de voyage.

ISBN : 978-2-917659 -59 -5 – Dépôt légal : mars 2017

voyage autour du Léman

13/03/2017 16:16



05 Préface

Sommaire

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Page précédente : Évian, détail (édité dans Voyage pittoresque aux Alpes Pennines) 1787 Eau-forte aquarellée, 171 x 279 mm Jean-François Albanis Beaumont (1753 ; 1810), auteur Gabriel Lory père (1763 ; 1840), couleurs Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, inv. n° 2016.3.1

ß Chorographica tabula Lacus Lemanni, détail 1605 Burin aquarellé et typogravure, 304 x 537 mm

Les gravures lémaniques des musées de Thonon et Genève. Deux fonds révélateurs d’une histoire artistique, économique et politique — Amélie Beaujouan

D’une rive à l’autre : changements de regard sur le paysage aux XVIIIe et XIXe siècles — Christian Rümelin

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Carnet : Le lac Léman par Barbant

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L’agitation des rivages. Entre scènes réalistes et paysages idéalisés — Bertille Favre

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Carnet : Vues du Duché de Savoie par Pierre Escuyer

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Le Léman, miroir des âmes sensibles. Un horizon lacustre pour les écrivains romantiques — Caroline Guignard

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Carnet : Les châteaux du lac Léman par Henri-John Terry

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L’évolution de la représentation de Thonon — Émilie Clérino

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L’évolution de la représentation du Château de Chillon — Margaux Tréboux

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Voltaire : de l’exil aux jardins d’Épicure, 1754-1778 — Charlotte Debraine

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Glossaire technique — Caroline Guignard

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Bibliographie sélective

95 Remerciements

Jacques Goulart (1580 ; 1622), auteur Jacob Hondius, éditeur Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, inv. n° 1989.1.63

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Préface

Carte du lac de Genève et des pays circonvoisins Échelle : 1:500 000 environ 1730 Burin sur 2 feuilles de papier raboutées, 580 x 830 mm Pierre Daudet, graveur Antoine Chopy, dessinateur Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, inv. n° 2004.11.5

En 1722, l’Anglais Joseph Addison remarquait déjà, à propos du lac Léman et des territoires adjacents, qu’ils « […] composerai[en]t un des plus beaux et des plus forts états de l’Europe, s’il était réduit à un simple état, et qu’il eut Genève pour capitale : mais il a trois puissants voisins qui partagent entre eux la plus grande partie de ce fertile pays. […] » La géopolitique de ces trois derniers siècles en a décidé autrement, mais à ce jour, la réalité de la région lémanique transcende la notion de frontière. En effet, au-delà de l’horizon géographique et paysager, celle-ci partage une vision commune, qui se traduit par des projets concrets et de grande envergure, dans les domaines économique, culturel ou encore de la mobilité, qui seront amplifiés par la création prochaine de la Métropole transfrontalière du Grand Genève. À l’image des touristes et des exilés des siècles passés qui en ont chanté les merveilles, les habitants du Bassin lémanique, forts de leurs origines et de leurs différences, trouvent un point de convergence et d’identité dans cette région singulière, synonyme de paix et d’ouverture, aussi dynamique et tournée vers le futur qu’elle est attachée à son patrimoine naturel et culturel. À la veille de la création de la Métropole transfrontalière, ce partenariat entre nos deux villes est un symbole fort, valorisant l’identité culturelle commune du territoire.

Les deux actes de l’exposition D’une rive à l’autre. Voyage autour du Léman, qui se jouent en 2017 et 2018 au Musée du Chablais de Thonon-les-Bains, sont le fruit d’une collaboration entre le Musée du Chablais et les Musées d’art et d’histoire de la Ville de Genève. La complémentarité des collections et l’union des compétences de ces deux institutions ont permis de proposer un cheminement circulaire autour de notre lac au travers de près de 150 estampes des XVIIIe et XIXe siècles. De Genève à Thonon et jusqu’à Saint-Gingolph en 2017, puis de l’embouchure du Rhône au Ferney de Voltaire en 2018, le promeneur fait ainsi l’expérience d’une région unie par un terroir aussi fertile qu’inspirant, et dont l’harmonie et la cohérence naturelles demeurent essentielles. Cette exposition a donné lieu à un minutieux dépouillement des deux fonds, permettant de dresser un portrait complet, sans être exhaustif, des paysages gravés du Léman aux XVIIIe et XIXe siècles. Il a également révélé des estampes méconnues — voire inédites — qui seront présentées à cette occasion. Ce catalogue, qui reproduit une sélection des œuvres exposées, reflète la diversité des représentations et des regards. Nos remerciements vont particulièrement aux différents partenaires qui, par leur soutien financier, par des prêts ou par l’échange de connaissances, ont significativement contribué au succès de ce projet. Jean Denais, Maire de Thonon-les-Bains Sami Kanaan, Conseiller administratif de la Ville de Genève en charge du département de la culture et des sports

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L’aspect du lac de Genève et de ses admirables côtes ont toujours, à mes yeux, un attrait particulier que je ne saurais expliquer, et qui ne tient pas seulement à la beauté du spectacle, mais à je ne sais quoi de plus intéressant qui m’affecte et qui m’attendrit. Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, Livre IV, 1770

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Vue du mont Blanc 1830 Lithographie, 187 x 240 mm Louis Pyramus Miroglio (1789 ; 1865), lithographe Charles Vine, auteur modèle Tattegrain et Dunant, imprimeurs Coll. Cabinet d’arts graphiques, Musées d’art et d’histoire de Genève, inv. n° E 2016-0936-002

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Les gravures lémaniques des musées de Thonon et Genève Deux fonds révélateurs d’une histoire artistique, économique et politique

Amélie Beaujouan Responsable des musées de la Ville de Thonon-les-Bains

Thonon, détail (édité dans La Savoie historique et pittoresque) 1854 Lithographie, 131 x 213 mm J. Werner, lithographe Gabriel Loppé (1825-1913), auteur J.H. Perrin, éditeur

En 2017, la Ville de Thonon-les-Bains célèbre les trente ans de l’écomusée de la pêche et du lac et accueille les mondiaux d’aviron de mer. En écho à cette année « lacustre », Monsieur le maire a souhaité présenter les « gravures lémaniques », fonds incontournable du musée du Chablais. Déjà exposé en 20041 , cet ensemble demandait un nouveau regard et une étude plus approfondie. D’où l’idée de s’adresser à Christian Rümelin, conservateur du Cabinet d’arts graphiques des Musées d’art et d’histoire de Genève (MAHG) et spécialiste du sujet 2 . Ce projet consacre un très beau partenariat scientifique entre le Musée du Chablais et les MAHG qui soutiennent depuis 2013, nos projets d’édition et d’exposition avec notamment des prêts récurrents3 . Cette fois, il s’agit d’une coproduction et d’un véritable échange : études des deux fonds, commissariat partagé, une belle visibilité du Musée du Chablais grâce à ce partenariat prestigieux et un rayonnement culturel affirmé de Genève, reflet de son rôle économique et politique au sein de la Métropole du Grand Genève. Dès nos premières rencontres, la matière dense des deux fonds nous a incités à envisager ce projet sur deux ans. Plus de cent cinquante gravures au total invitent les visiteurs à un voyage : de Genève à Saint-Gingolph le long de la rive sud en 2017 ; puis en 2018 de Saint-Gingolph à Ferney-Voltaire via Lausanne et la rive nord. Cette promenade est pittoresque et littéraire. Elle met en lumière tout à la fois des sites (Genève, Thonon, les châteaux des Allinges ou celui de Chillon), des artistes (dessinateurs, graveurs, mais aussi écrivains) ou des activités économiques phares : thermalisme, culture de la vigne, pêche...

Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, inv. n° 1955.26.15

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Les pionniers du XVIIIe siècle La « mode » des gravures lémaniques remonte à la fin du XVIIIe siècle et constitue un courant artistique propre à notre région. Le Léman est alors une étape sur la route du « Grand Tour ». D’origine britannique, ce voyage à travers l’Europe a pour objectif l’Italie et permet aux jeunes aristocrates de parfaire leur éducation. Des artistes suisses parmi lesquels Aberli, Joyeux et Wexelberg, Hackert ou les frères Linck créent des ateliers de gravures afin de proposer des « souvenirs » à ces premiers voyageurs. Impression et mise en aquarelle se font à la chaîne permettant de réduire les coûts de production. La mise en couleur est réalisée cependant à la main, donnant un caractère unique à chaque œuvre. Ces pionniers de la gravure lémanique posent des codes de représentation des paysages : généralement un premier plan terrestre animé par le petit peuple au labeur (lavandières, pêcheurs, bateliers) ; au second plan, le lac sur lequel voguent les fameuses barques à voiles latines avec leurs impressionnants chargements de bois ou de pierres ; et dans le fond, les chaînes de montagnes alpines ou jurassiennes.

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Tourisme et récits de voyage au XIXe siècle Tout en restant l’apanage d’une élite, le tourisme se développe toujours plus au cours du XIXe siècle et notamment dans notre région avec la conquête des sommets, la mode des bains de rivières ou de lacs puis des cures thermales. Il existe également un tourisme littéraire, véritable pèlerinage sur les lieux décrits, chantés ou rimés par nombre d’écrivains et en particulier par Rousseau dans La Nouvelle Héloïse. À partir de 1823, les premiers bateaux à vapeur permettent aux touristes de conquérir les eaux lointaines du lac sans pratiquer eux-mêmes la navigation et offrent de nouveaux points de vue. La production de gravures s’intensifie donc au XIXe siècle, d’autant que la mode des récits de voyages illustrés bat son plein. De nombreux voyages pittoresques autour du Léman sont publiés : Wetzel (1820), Weibel (1823), Töpffer (1827), Barbant et Boetzel (1880). Pour la rive lémanique française s’ajoutent les voyages pittoresques en Haute-Savoie : Wey (1866), Raverat (1872) sans compter certaines publications anonymes 4 . Pour satisfaire cette demande croissante, les modèles pionniers du XVIIIe siècle sont parfois largement repris voire copiés participant de la définition d’un stéréotype lémanique qui fera la joie des premiers « communicants » au début du XXe siècle. Avec le développement du tourisme de masse, affiches, cartes postales et photographies supplantent les gravures. Mais les marqueurs identitaires demeurent, comme la barque lémanique aux voiles disposées en oreilles.


L’image gravée comme vecteur d’unité politique La diffusion d’images stéréotypées joue également un rôle politique primordial des deux côtés du lac. En 1848, la Confédération helvétique se dote d’une nouvelle constitution instaurant un état fédératif avec un gouvernement centralisé à Berne. Contrairement aux états-nations européens en formation à l’époque, la Suisse est un agrégat de peuples, de langues, de religions. Elle cherche donc à se créer une histoire commune 5 et des référentiels communs. Le lac des QuatreCantons, la chapelle de Tell à Altdorf, les lacs de Brienz et de Thoune avec en arrière-plan la Jungfrau et d’autres paysages majeurs deviennent des images types de chacun de leur canton. Pour Genève, c’est la vue sur le mont Blanc depuis Pregny qui s’imposera 6 tandis que le château de Chillon avec au loin les Dents du Midi est le plus souvent retenu pour le canton de Vaud. Ces vues sont diffusées par la gravure, mais aussi par les arts décoratifs : certaines dames arborent ainsi des bracelets émaillés reprenant des séries de cantons figurés. Cette pratique perdure toujours, mais désormais sur des carrés de chocolats ! Quant à la France, elle achève son contour territorial avec le rattachement par référendum du comté de Nice et de la Savoie en 1860. Le couple impérial réalise alors un grand voyage pour rencontrer ses nouveaux sujets 7. Il est accompagné de journalistes et d’artistes qui croquent à l’aquarelle les principales étapes, pour envoi immédiat à Paris afin d’être relayées dans la presse : Deroy ou Moullin pour le Monde Illustré, Marc ou Provost pour L’Illustration. À la suite de ce voyage, un ouvrage intitulé Nice et Savoie est publié afin de promouvoir ces nouvelles terres françaises. Son auteur, le Chablaisien Joseph Dessaix, avait auparavant publié La Savoie historique et pittoresque (1854).

Deux fonds complémentaires Le Musée du Chablais conserve 800 estampes environ. Les gravures lémaniques représentent 10 % du fonds et sont essentiellement du XIXe siècle. Bien que la création du Musée du Chablais en 1863 soit contemporaine de cet engouement pour l’estampe lémanique, ce n’est qu’à partir des années 1950 que le musée s’intéresse à ce type d’objet. Un premier don de Madame Meynet, antiquaire à Thonon, en juillet 1953, initie une collaboration fructueuse alternant dons et achats jusqu’en 1958. Une trentaine de gravures entre ainsi dans les collections, dont 26 achetées par la Ville, pour la somme de 25 000 francs de l’époque, affirmant une véritable politique d’acquisition sur ce sujet. En 1989, le don de Marcel Sauthier, président de l’Académie chablaisienne, de 74 œuvres dont 20 paysages gravés relance l’intérêt du fonds topographique centré sur le Chablais et la rive sud. Parmi les acquisitions les plus récentes, on compte des œuvres d’Engelmann d’après Weibel, de Lardy d’après von Mechel ainsi que deux vues d’Albanis-Beaumont provenant de la collection du docteur Bernard Blanc 8 . À l’occasion de la préparation de l’exposition, le musée s’enrichit encore de 5 gravures de Pierre Escuyer permettant ainsi de compléter la série issue de l’ouvrage Vue du Duché de Chablais dédicacé au marquis et à la marquise de Lucinge (1788). Le fonds du Cabinet d’arts graphiques de Genève est quant à lui numériquement bien plus important. Avec ses 350 000 estampes, livres et multiples et ses 25 000 dessins, du XVe siècle à nos jours, il est l’une des principales collections helvétiques. Son fonds topographique est tourné vers la Suisse et la rive nord du Léman avec de nombreux exemples du XVIIIe siècle.

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Le tour du lac proposé dans l’exposition D’une rive à l’autre. Voyage autour du Léman est donc le résultat heureux de la confrontation de ces deux fonds complémentaires qui permet de sortir d’une lecture « nationale » du paysage pour se centrer sur le Léman seul. Je tiens à remercier les MAHG de leur soutien et de leur intérêt pour nos projets d’exposition au cours des quatre dernières années. Je remercie tout particulièrement Christian Rümelin et Caroline Guignard de leur accueil et de leur enthousiasme envers le projet que je leur proposais. Le présent catalogue réunit nombre d’œuvres présentées sur les deux ans. Les diverses contributions sur le Léman, objet pittoresque ou littéraire, mais aussi lieu de vie et de travail, apportent une lecture transversale complémentaire à la déambulation linéaire des expositions. Je vous souhaite une très belle découverte.

J’aime le lac Léman et sa nappe de cristal, miroir où les étoiles et les montagnes voient reproduire leur image tranquille dans la profondeur de cette eau limpide qui reflète leurs formes et leur couleur… Lord Byron, Le pèlerinage de Childe Harold, 1812-1818

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Notes 1

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Les Rives Lémaniques. Gravures et lithographies. Collection du Musée du Chablais du 4 septembre au 24 octobre 2004 à la chapelle de la Visitation à Thonon. Cette exposition fut ensuite présentée dans nos deux villes jumelées : en Allemagne à Eberbach et aux États-Unis à Mercer Island. Christian Rümelin fut le commissaire de l’exposition Enchantement du paysage au temps de Jean-Jacques Rousseau au musée Rath à Genève en 2012, mettant en lumière le fonds de gravures lémaniques du XVIIIe siècle du Cabinet d’arts graphiques des MAHG. Bijoux et montres émaillés en 2014 ; trépied gallo-romain trouvé au Lyaud en 2015 ; xylographies de Dürer et lithographies d’Odilon Redon en 2016. Par exemple Voyage pittoresque autour du lac de Genève, Paris, 1823 conservé aux archives municipales de Thonon. C’est la grande époque où, par exemple, l’archéologie subaquatique apporte sans le vouloir un dénominateur commun : les villages palafittiques des âges des métaux se retrouvent dans tous les lacs suisses. Le peuple helvète serait né des lacs ! Le jet d’eau deviendra le symbole de Genève à partir des années 1930. Le voyage du couple impérial en Savoie et Haute-Savoie se déroule du 27 août au 7 septembre 1860. Il passe par Chambéry, Aix-les-Bains, Annecy, La Roche-sur-Foron, Thonon et Évian, Chamonix (excursion à la mer de Glace), Bonneville. Vente du 18 décembre 2010 à Paris.


Genève. Capitale du Canton de même nom vers 1834 Eau-forte aquarellée, 90 x 120 mm Hermann Trachsler (1803 ; 1861), éditeur Genf. Genève Coll. Cabinet d’arts graphiques, Musées d’art et d’histoire de Genève, inv. n° E 2016-2490

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Le château des Allinges (édité dans La Savoie historique et pittoresque) 1854 Lithographie, 136 x 213 mm Champod, lithographe Gabriel Loppé (1825-1913), auteur J.H. Perrin, éditeur Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, inv. n° 1955.26.16

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Thonon (édité dans La Savoie historique et pittoresque) 1854 Lithographie, 131 x 213 mm J. Werner, lithographe Gabriel Loppé (1825-1913), auteur J.H. Perrin, éditeur Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, inv. n° 1955.26.15

Le château de Ripaille (édité dans La Savoie historique et pittoresque) 1854 Lithographie, 136 x 211 mm Champod, lithographe Gabriel Loppé (1825-1913), auteur J.H. Perrin, éditeur Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, inv. n° 1953.53.1

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ß Vevey 1re moitié XIXe siècle Lithographie, 175 x 315 mm Isidore Laurent Deroy (1797-1886), lithographe Lemercier, imprimeur (Paris) Gambart, Junin & Co, éditeur/Jeannin éditeur/ Razimbaud, éditeur Coll. Cabinet d’arts graphiques, Musées d’art et d’histoire de Genève, inv. n° E 2016-0976

 Le Lac près de Saint-Gingolph 1827 Lithographie, 188 x 280 mm Godefroy Engelmann (1788 ; 1839), lithographe Victor Adam (1801 ; 1866), auteur Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, inv. n° 1958.1.3

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D’une rive à l’autre  Changements de regard sur le paysage aux XVIIIe et XIXe siècles

Christian Rümelin Co-commissaire de l’exposition Conservateur en chef du Cabinet d’arts graphiques des Musées d’art et d’histoire de Genève

Vue de la cascade de Saint-Saphorin sur le lac de Genève, détail 1794 Eau-forte et burin 472 x 563 mm cuvette Benjamin Rodolphe Comte (1760 ; ?), graveur Louis-Albert-Guillain Bacler d’albe (1761 ; 1824), auteur modèle

En 1761, Jean-Jacques Rousseau donne une appréciation inédite du paysage dans son roman épistolaire Julie ou la Nouvelle Héloïse. Son protagoniste Saint-Preux délivre, dans une des lettres qu’il adresse à sa bien-aimée Julie, l’idée d’un paysage idyllique et enchanteur en voyant le Léman et le paysage alentour 1 . Bien que peu conventionnelle, cette démarche n’est pas totalement nouvelle, puisqu’elle a été utilisée auparavant dans le poème Die Alpen par Albrecht von Haller 2 . Tandis que le texte de von Haller modifie totalement la perception des Alpes et de la haute montagne, suscitant des recherches géographiques, géologiques et botaniques, Rousseau combine ses observations avec ses émotions qui le portent parfois vers de profonds sentiments patriotiques. Son discours n’est pas aussi direct que celui de von Haller, puisque c’est Saint-Preux qui les exprime, mais il est évident que cette lettre reflète les expériences que Rousseau a lui-même faites pendant son voyage autour du lac entre le 22 et le 27 septembre 1754 3 . Il passe d’abord par le Chablais pour revenir ensuite à Genève via Lavaux, Lausanne et la Côte. À l’époque, ce tour reste exceptionnel, car le Léman n’est souvent qu’une étape pour les voyageurs effectuant le Grand Tour4 . Quelques années plus tard, en partie grâce à la popularité du roman de Rousseau, cette réalité change et une nouvelle perception s’impose. La beauté naturelle du paysage, mais aussi l’attractivité d’un lieu littéraire, stimulent une importante production d’images ; elles se focalisent notamment sur la région autour de Vevey et du Château de Chillon, tous deux liés au roman de Rousseau, puis de la villa Diodati à Cologny, séjour de Lord Byron en 1816. L’accroissement de la popularité et de l’accessibilité de ces lieux pousse peu à peu d’autres auteurs à se confronter aux paysages du Léman et à les utiliser comme cadre de leurs récits5 .

Coll. Cabinet d’arts graphiques, Musées d’art et d’histoire de Genève, inv. n° E 2011-0796

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Le voyage de Rousseau et le décor de Julie ou la Nouvelle Héloïse symbolisent le profond changement qui est alors en train de se préparer concernant la perception du paysage et des différentes parties de la Suisse 6 . Une partie de la littérature de voyage en Suisse se concentre sur les Alpes et la montagne ; elle se teinte de sublime, qui substitue à la peur de ces régions inhospitalières des émotions fortes, mais plus positives, donnant une place de plus en plus grande à des descriptions et à des vues particulières7. Pour le Léman, la situation est légèrement différente, car le lac fait souvent partie d’un trajet plus étendu, et constitue un cadre visuel de voyage dont les montagnes sont assez éloignées pour ne pas être perçues comme un danger. Il conserve ainsi une fonction d’étape ou de point de départ 8 . Dans ce contexte, il faut distinguer trois types de livres ou de récits liés au paysage alpestre. Le premier est une description littéraire, comme celle de Rousseau ou les lettres écrites par JeanBenjamin de La Borde en 1783 9. L’élément majeur de ce type de textes est le regard individuel et émotionnel, la subjectivité du vécu et la volonté de partager une expérience. Cette dernière n’est pas forcément censée être répétée par le lecteur, mais les auteurs visent à décrire de la manière la plus authentique possible leur propre ressenti, tout en sachant qu’il sera difficilement transposable à d’autres personnes. Le deuxième type d’ouvrage se développe dans le sillage de ces textes littéraires, mais a d’autres objectifs et donc, en général, une structure différente. Il contient principalement des descriptions de voyage motivées par un souci d’objectivité. Ces livres se situent dans une tradition géographique qui commence avec la Cosmographia Universalis de Sebastian Münster, publiée en 1544. Mais cette tradition change profondément après 1750 avec l’avènement des voyages illustrés, ou « voyages pittoresques ». Le Léman sera également le sujet de ce type de publications,

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dont le modèle est le voyage en Italie de Jean-Claude Richard, abbé de Saint-Non, effectué entre 1759 et 1761, et qu’il publie à partir de 178110 . Saint-Non entreprend ce périple en compagnie des peintres Jean-Honoré Fragonard et Hubert Robert, non dans une perspective de Grand Tour aristocratique, mais comme un voyage de formation et d’éducation artistiques. Il en va de même pour l’excursion de Ludwig Aberli et Sigmund Freudenberger au lac de Joux en 1774, publié en 178211 . Aberli s’y limite encore à une description textuelle, dans la tradition du tour du lac de Rousseau, mais l’agrémente d’une série d’images. Cette tradition de la description illustrée du paysage continue au début du XIXe siècle. Le regard porté sur les sites du Léman, mais aussi en Suisse et en Savoie, conserve un point de vue relativement lointain. Les villes ou les sites emblématiques ne sont pas encore représentés d’une manière très détaillée, il importe plus de montrer leur situation dans un horizon général. Ce type de représentations coïncide parfaitement avec les textes, qui décrivent un contexte relativement large, permettant au lecteur de saisir les généralités d’une situation géographique ou politique. Les images sont le plus souvent produites à l’eau-forte et imprimées en noir et blanc, mais peuvent, dans des versions de luxe, être aquarellées ou encore imprimées en couleurs quand il s’agit d’aquatintes ou de lithographies en couleurs. Le « coloriage » des estampes est une tradition suisse établie initialement pour des feuilles individuelles, comme la vue de Vevey par Aberli, mais elle sera ensuite utilisée pour des séries, comme les deux vues de Genève et Lausanne de Johann-Jakob Biedermann12 . La base de l’image est en général une estampe à l’eau-forte sur laquelle on intervient manuellement avec de la couleur, le plus souvent de l’aquarelle. Ce procédé crée des images atmosphériques et séduisantes, proches d’un dessin unique tant la part laissée au processus de coloriage est importante. En raison de son carac-


tère laborieux et coûteux, cette opération est parfois remplacée par l’usage de l’aquatinte ou de la lithographie en couleurs, qui en imitent les caractéristiques visuelles. Le coloris reste relativement léger, transparent, le rendu n’est pas très réaliste, toujours estival, et se devant d’évoquer l’éternel bonheur ensoleillé d’un paradis bucolique. Si un orage vient perturber l’atmosphère de ces images, c’est plus dans un souci romantique de provoquer une émotion forte ou de créer des effets de lumière que dans un souci de réalisme météorologique saisonnier. Un ouvrage comme le Voyage de Genève à Milan via le Simplon (1811) s’inscrit dans cette tradition idyllique, notamment pour les représentations de Cologny ou de Saint-Gingolph. Au début du XIXe siècle, le regard sur le paysage et l’appréciation des monuments historiques prennent un tour plus individuel. Ce changement est perceptible à la fin du siècle précédent dans quelques représentations de l’ouvrage de Zurlauben, mais ce n’est qu’avec l’utilisation de la lithographie pour la production de paysages imprimés que ce regard change véritablement. Les détails et les éléments architecturaux gagnent en importance,

Cent jardins sont au-dessous de mon jardin. Le grand miroir du lac les baigne. Je vois toute la Savoie au-delà de cette petite mer, et, par-delà la Savoie les Alpes qui s’élèvent en amphithéâtre et sur lesquelles les rayons du soleil forment mille accidents. Voltaire, Correspondance, vers 1756-1758

la distance entre le spectateur et le lieu représenté diminue et l’image invite à une expérience plus personnelle. Les vues rapprochées permettent de changer l’orientation des représentations de paysages : on se focalise plus sur l’activité de la population, l’architecture de certains monuments ou édifices et sur leur intégration dans leur environnement. L’émerveillement face à une vue spectaculaire ou sublime se voit peu à peu supplanté par l’intérêt pour des détails, des éléments plus réalistes et à taille plus humaine, susceptibles de toucher des amateurs issus de classes sociales moins favorisées qu’auparavant13 . Les représentations du château de Chillon en sont un exemple parfait : au XVIIIe siècle, elles sont en général prises de loin, incluant l’édifice dans un large paysage, et comportent parfois des allusions à la Nouvelle Héloïse. Si un promeneur y est figuré, il fait partie d’une mise en contexte environnemental, qui importe plus qu’une représentation fidèle du monument même — cet aspect n’apparaît que plus tard. Un autre exemple est celui du regard porté sur les moulins et la cascade de Rivaz, qui s’approche tant du sujet que toute l'attention est portée sur les constructions, le contexte passant au second plan. Vers le milieu du XIXe siècle, de nouveaux édifices apparaissent dans les vues touristiques ; ils célèbrent non plus la nature et le rapport de l’homme avec elle, mais des changements urbanistiques, témoignages d’une nouvelle pratique du voyage, comme les quais à Genève, les dernières modifications de la topographie de Thonon, ou encore divers hôtels ou promenades. Qu’il s’agisse de séries ou de feuilles individuelles, ces estampes ne présentent que la partie visuelle de l’appropriation du paysage lémanique : les textes qu’elles accompagnent restent souvent plus explicites et détaillés que les images. Ils prennent la forme de descriptions « objectives », d’échanges épistolaires dans la tradition de Rousseau ou de récits de « journées ». Alors

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qu’ils sont supposés témoigner d’une approche personnelle du voyage, ils demeurent paradoxalement très factuels, s’inscrivant peu à peu dans un genre littéraire stéréotypé14 . Les descriptions non illustrées gagnent en importance, limitées à des présentations de monuments ou de curiosités, ainsi qu’à des informations concernant les trajets. La matière littéraire s’efface au profit de recensions objectives, dans une tradition que l’on peut faire remonter aux observations qu’Horace-Bénédict de Saussure publie à partir de 1779 15 . Il traite son sujet, les Alpes de la région de Genève, en particulier le massif du Mont-Blanc, de manière scientifique, ouvrant la voie à un grand nombre d’ouvrages, dont une portion congrue est illustrée. Dans un même ordre d’idées, et même s’ils ne concernent pas la région lémanique, les volumes publiés par Zurlauben se concentrent sur des aspects politiques, historiques, philosophiques et littéraires. D’autres ouvrages paraissent assez vite dans leur sillage, comme l’ouvrage de MarcThéodore Bourrit (par ailleurs dessinateur pour de Saussure dans ses expéditions), ou quelques années plus tard les ouvrages de Picot et Mallet16 . Comme chez de Saussure ou Zurlauben, le style y est factuel et neutre, mais commence à prendre en compte

J’apercevais de l’autre côté du lac la maison de Lord Byron dont le faîte était touché d’un rayon du couchant. Rousseau n’était plus là pour admirer ce spectacle, et Voltaire, aussi disparu, ne s’en était jamais soucié. Chateaubriand, Mémoires d’Outre-Tombe, livre V, 1849-1850

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l’attractivité croissante de Genève et de ses alentours pour des voyageurs étrangers. Ces ouvrages ne s’adressent donc plus seulement aux curieux ou aux habitants de la région, mais aussi à ceux qui y séjournent pour un temps17. Ces textes préparent la troisième catégorie de descriptions du paysage, après les voyages illustrés et les ouvrages plus scientifiques, à savoir les guides touristiques. Leur but est de fournir des informations utiles et souvent pratiques à côté d’éléments relatifs à des monuments, des personnages ou au contexte historique. Ce type de livres se développe d’abord en Angleterre, notamment pour les voyageurs vers le continent, et gagne rapidement la Suisse, d’abord pour les cantons germanophones puis dans l’Arc lémanique. Le caractère international de la région est une problématique singulière : dans le cas du Léman, il fallait non seulement traiter plusieurs cantons suisses, mais aussi la Savoie, d’abord comme état souverain puis, dès 1859, comme département français. Grâce à ces ouvrages, et quel qu’en soit leur type, l’attention des voyageurs a été portée sur des lieux moins favorisés, et des découvertes ont été faites. Ainsi, jusqu’au début du XIXe siècle, la rive savoyarde du Léman était moins aisément accessible et moins séduisante que la côte suisse, car la route passait en retrait du lac. Toutefois, une attention particulière a été portée à des villes comme Thonon et Évian, et surtout des sites particuliers comme Amphion ou Meillerie. Au nord, Lavaux, Lausanne ou la Côte ont été décrits et représentés de plus longue date, mais leur appréciation change au fil du temps. Les intérêts se refondent, les regards se modifient et les priorités du public s’adaptent à une sensibilité plus portée par l’intime et la subjectivité que vers le sublime et les émotions fortes procurées par la nature.


Notes 1

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5 6

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Je remercie très chaleureusement mes collègues Maria-Dolores GarciaAznar, Julie Eggel et Martine Struelens pour leur aide dans la préparation de ce texte. Toute ma gratitude va à Caroline Guignard qui, au cours des nombreuses discussions que nous avons eues au fil des années, a nourri un débat constant et m’a permis d’élargir ma conscience de la complexité de la perception du paysage aux XVIIIe et XIXe siècles. Lettre XXIII de la première partie, dans Bernard Gagnebin et Marcel Raymond (dir.) : Œuvres complètes, Gallimard «  Bibliothèque de la Pléiade », 1959-1995, ici vol. II, p. 419. Albrecht von Haller, Versuch Schweizerischer Gedichten, Bern: bey Niclaus Emanuel Haller, 1732, p. 1-25. Œuvres complètes, vol. I, p. 1178. Le Grand Tour est un sujet très vaste ; dans ce contexte, on se limitera à quelques références, comme : Christopher Hibbert, The Grand Tour, Londres, Thames Methuen, 1987 ; Geoffrey Trease, The Grand Tour. New Haven CT: Yale University Press, 1991; Grand Tour : il fascino dell’Italia nel XVIII secolo, catalogue d’exposition Londres, Tate Gallery (10 octobre 1996 - 5 janvier 1997) et Rome, Palazzo delle Esposizioni (5 février à 7 avril 1997), édité par Andrew Wilton et Ilaria Bignamini, Milano : Skira, 1997 ; Mathis Leibetseder, Die Kavalierstour. Adelige Erziehungsreisen im 17. und 18. Jahrhundert, Cologne, Böhlau, 2004; Gilles Bertrand, Le Grand Tour revisité : pour une archéologie du tourisme : le voyage des Français en Italie, milieu XVIIIe siècle-début XIXe siècle, Rome : École française de Rome, 2008 ; Viaggio in Italia. Künstler auf Reisen 1770 – 1880, catalogue d'exposition Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle Karlsruhe, 11 septembre - 28 novembre 2010, München : Deutscher Kunstverl ; 2010. À ce sujet, voir la contribution de Caroline Guignard dans ce volume. Voir ma contribution « Zwischen Weltanschauung und Modell: die Landschaftsgrafik im 18. Jahrhundert / Entre paradigme et modèle : l’estampe de paysage au XVIIIe siècle », Die Verzauberung der Landschaft zur Zeit von Jean-Jacques Rousseau / Enchantement du paysage au temps de Jean-Jacques Rousseau, catalogue d’exposition, Genève, Musée Rath (28 juin – 16 septembre 2012), Cologne : Wienand, 2012 , p. 58-77. Comme aperçu voir Caroline Guignard, « Gipfelwelten/Cimes sublimes », Die Verzauberung der Landschaft/Enchantement du paysage, p. 234241, avec une discussion plus approfondie. C’est par exemple le cas pour une des premières descriptions de Genève, le voyage au mont Blanc en 1744 par un groupe mené par William Windham. Voir : William Windham, An account of the glacieres or ice alps

in Savoy, in two letters, one from an English gentleman to his friend at Geneva; the other from Peter Martel, engineer, to the said English gntleman [sic], London, 1744. 9 Jean-Benjamin de La Borde, Lettres sur la Suisse, adressées à Madame de M*** par un voyageur français en 1781, on y joint une carte générale de la Suisse & des glaciers du Faucigny, la plus exacte qui ait encore paru, ainsi qu’un plan de Versoi, & un plan des souterrains des salines de Bévieux, 2 vols., Genève/Paris : Jombert jeune, 1783. 10 L’ouvrage paraît en 5 volumes à Paris entre 1781 et 1786. 11 Le voyage d’Aberli a été publié sous le titre Collection de quelques vues dessinées en Suisse, Bern : Aberli et Rieter, 1782. 12 Voir entre autres Marie-Louise Schaller: Annäherung an die Natur: Schweizer Kleinmeister in Bern 1750 – 1800. Berne : Stämpfli, 1990 ; Tobias Pfeifer-Helke, Die Koloristen: Schweizer Landschaftsgraphik von 1766 bis 1848, Munich : Deutscher Kunstverlag, 2011 et Die Verzauberung der Landschaft/Enchantement du paysage. 13 Un exemple au-delà de l’Arc lémanique est Peter Birmann, Voyage pittoresque de Basle à Bienne par les vallons de Mottiers-Grandval, Bâle : Peter Birmann, 1802. En voir l’analyse détaillée de Claude Reichler, « Der Reisende und seine Welten / Le voyageur et ses mondes » : Die Verzauberung der Landschaft/Enchantement du paysage, p. 154-175. 14 Un exemple : Hilaire-Léon Sazerace et al., Lettres sur la Suisse, 5 parties en 1 ou 2 vols., Paris : Engelmann, 1823-1832 ; le Léman est décrit dans la 4 e partie. 15 Horace-Bénédict de Saussure, Voyage dans les Alpes, vol. I, Neuchâtel 1779 ; vol. II, Genève 1786 ; vol. III-IV, Neuchâtel 1795. Pour ces voyages, voir entre autres : Anne de Herdt, Les Alpes dessinées par les Romantiques genevois ou la réponse aux appels de Rodolphe Töpffer, catalogue d'exposition Genève, Cabinet des dessins, 18 avril - 22 octobre 1996, Genève : MAH, 1996 ; Danielle Buyssens, Claude Reichler, Bernard Debarbieux, (dir.), Voyages en détails : chemins, regards et autres traces dans la montagne, Grenoble : Institut de géographie alpine, 1999 (Revue de géographie alpine n° hors série). 16 Il s’agit de Marc-Théodore Bourrit, Itinéraire de Genève, Lausanne et Chamouni, Genève, 1791. 17 Ce qui est particulièrement mentionné dans Johann Gottfried Ebel, Anleitung auf die nützlichste Art in der Schweiz zu reisen, Zurich : Orell, Gessner, Füssli & Co., 1793, p. 30.

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Vue de Vevey vers 1772 Eau-forte aquarellée, 235 x 363 mm feuille Johann Ludwig Aberli (1723-1786), auteur Coll. Cabinet d’arts graphiques, Musées d’art et d’histoire de Genève, inv. n° E 2011-0325

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Vue du Château de Chillon, contre Villeneuve vers 1825 Eau-forte et aquatinte, 175 x 195 mm cuvette Johann Peter Lamy (1791 ; 1839), éditeur Coll. Cabinet d’arts graphiques, Musées d’art et d’histoire de Genève, inv. n° E 2016-2422-003

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Genève prise de Cologny (à gauche, la villa Diodati) avant 1848 Eau-forte et aquatinte, aquarellée, 78 x 109 mm Johann Friedrich Mähly (1805 ; 1848), auteur Mähly & Schabelitz, éditeur Coll. Cabinet d’arts graphiques, Musées d’art et d’histoire de Genève, inv. n° E 2016-0276

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Saint-Gingolph vers 1811 Aquatinte et effets à la gomme arabique, 195 x 278 mm Gabriel Lory (1763-1840) Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, dépôt des Archives Municipales de Thonon, inv. n° D.2007.1.4

Vue de la ville de Lausanne après 1796 Eau-forte aquarellée, 518 x 741 mm feuille Johann-Jakob Biedermann (1763 ; 1830), graveur Birmann et fils, éditeur Coll. Cabinet d’arts graphiques, Musées d’art et d’histoire de Genève, inv. n° E 2011-0795

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ß Vue d’une fabrique à Morges vers 1780 Eau-forte, état II/II 205 x 280 mm feuille

á Vue d’une fabrique à Morges vers 1780 Eau-forte, état I/II 203 x 293 mm feuille

 Vue du château de Chillon, détail avant 1792 Eau-forte aquarellée, 424 x 567 mm

François Denis Née (1732 ; 1817), graveur Nicolas Perignon (1727 ; 1782), dessinateur Beat Fidel Zurlauben (1720 ; 1799), éditeur

François Denis Née (1732 ; 1817), graveur Nicolas Perignon (1727 ; 1782), dessinateur Beat Fidel Zurlauben (1720 ; 1799), éditeur

Coll. Cabinet d’arts graphiques, Musées d’art et d’histoire de Genève, inv. n° E 2011-1579

Coll. Cabinet d’arts graphiques, Musées d’art et d’histoire de Genève, inv. n° E 2011-1578

Christian von Mechel (1737-1817), graveur Jean Baptiste Louis Hubert (1801-1865), auteur modèle F.-G. Lardy (1749 ; 1812), éditeur Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, inv. n° 2006.17.1


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Vue de la cascade de Saint-Saphorin sur le lac de Genève 1794 Eau-forte et burin, 472 x 563 mm cuvette Benjamin Rodolphe Comte (1760 ; ?), graveur Louis-Albert-Guillain Bacler d’albe (1761 ; 1824), auteur modèle Coll. Cabinet d’arts graphiques, Musées d’art et d’histoire de Genève, inv. n° E 2011-0796

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Cascade et moulin de Rivaz vers 1840 Lithographie en couleurs, 109 x 158 mm Louis Julien Jacottet (1806 ; 1880), lithographe Adolphe Jean Baptiste Bayot (1810 ; 1871), lithographe Lemercier, Paris, imprimeur / G. Blanchoud, éditeur Coll. Cabinet d’arts graphiques, Musées d’art et d’histoire de Genève, inv. n° E 2016-1000-001

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Environs de Genève (quai du Rhône) entre 1831 et 1849 Lithographie, 125 x 403 mm Jacques Freydig, lithographe J. du Bois, auteur modèle Coll. Cabinet d’arts graphiques, Musées d’art et d’histoire de Genève, inv. n° E 2016-2472

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Vue prise sur la terrasse de l’ église de Montreux, détail vers 1840 Lithographie en couleurs, 110 x 153 mm Louis Julien Jacottet (1806 ; 1880), lithographe Lemercier, Paris, imprimeur / Blanchoud, éditeur Coll. Cabinet d’arts graphiques, Musées d’art et d’histoire de Genève, inv. n° E 2016-0782

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Carnet

á Hermance, Frontière savoisienne vers 1880 Xylographie réhaussée à l'aquarelle et à la gouache, 157 x 90 mm

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ä Nernier vers 1880 Xylographie rehaussée à l’aquarelle et à la gouache, 157 x 90 mm

ß Pointe d’Ivoire prise du golfe de Thonon vers 1880 Xylographie rehaussée à l’aquarelle et à la gouache, 156 x 90 mm

Charles Barbant (1844 ; 1922), auteur

Charles Barbant (1844 ; 1922), auteur

Charles Barbant (1844 ; 1922), auteur

Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, inv. n° 2004.50.8

Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, inv. n° 2004.50.6

Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, inv. n° 2004.50.5


Le lac de Genève par Charles Barbant

Ancienne abbaye de Ripaille, détail vers 1880 Xylographie rehaussée à l’aquarelle et à la gouache, 156 x 90 mm Charles Barbant (1844 ; 1922), auteur Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, inv. n° 2004.50.3

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Carnet

Évian vers 1880 Xylographie, 156 x 90 mm Charles Barbant (1844 ; 1922), auteur Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, inv. n° 1955.26.10

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Le lac de Genève par Charles Barbant

Tour ronde vers 1880 Xylographie, 155 x 90 mm Charles Barbant (1844 ; 1922), auteur Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, inv. n° 1955.26.9

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The Castle of Ivoire XIXe siècle Eau-forte colorée à l’aquarelle et rehaussée de gouache, 207 x 293 mm James Tilbitts Willmore (Royaume-Uni, 1800 ; 1863), graveur James Duffield Harding (Deptford, 1798 ; Londres, 1863), auteur Coll. Musée du Chablais, Thonon-les-Bains, inv. n° 1989.1.44

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Remerciements Exposition D’une rive à l’autre. Voyage autour du Léman 2017-2018 La Ville de Thonon-les-Bains tient à remercier les institutions publiques pour le prêt de leurs œuvres et documents et pour leur soutien financier. Un remerciement tout particulièrement à nos partenaires du Cabinet d’arts graphiques des Musées d’art et d’histoire de la Ville de Genève qui ont participé activement à l’élaboration de cette exposition. partenaires financiers Direction Régionale des Affaires Culturelles Auvergne-Rhône-Alpes Michel PROSIC, directeur Département de la Haute-Savoie Christian MONTEIL, président

prêteurs Ville de Genève Sami KANAAN, conseiller administratif en charge du Département de la culture et du sport Félicien MAZZOLA, collaborateur personnel du conseiller administratif Jean-Yves MARIN, directeur des Musées d’art et d’histoire, Genève (MAH) Silvia IUORIO, administratrice des MAH Muriel PAVESI, adjointe de direction aux MAH Sylvie TREGLIA-DETRAZ, responsable du secteur Communication des MAH Christian RÜMELIN, conservateur en chef du Cabinet d’arts graphiques des MAH (CdAG) Caroline GUIGNARD, assistante-conservatrice au CdAG Maria-Dolores GARCIA-AZNAR, collaboratrice scientifique et gestionnaires des collections du CdAG Julie EGGEL, collaboratrice scientifique au CdAG Isabelle ANEX et Véronique STRASSER, conservatrices-restauratrices au MAH Gisèle MÉROZ, monteuse-encadreuse au MAH Ainsi que la Bibliothèque d’art et d’archéologie et les secteurs Régie des prêts et Transports des MAH

Département de la Haute-Savoie, Conservatoire d’art et d’histoire, Annecy Christian MONTEIL, président Michel DENIS, directeur des Affaires Culturelles Corinne CHORIER, responsable des collections Viviano MANCICI, chargé de l’inventaire et de la documentation des collections Valérie GROSSET-JEANNIN, service des collections Frédéric COLOMBAN, régisseur des collections Archives municipales de la Ville Thonon-les-Bains Lucie HUGOT, responsable des Archives Angélique CHEVALLIER, archiviste adjointe Un remerciement anticipé aux futurs prêteurs qui ne sont pas encore connus à ce jour, pour la réalisation de l’acte II.

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d’une rive à l’autre

Le Musée du Chablais, associé au Cabinet d’arts graphiques des Musées d’art et d’histoire de Genève, propose de parcourir le tour du lac au travers de l’exposition D’une rive à l’autre, voyage autour du Léman.

COUV THONON RESO OK.indd 2

Prix : 13 € – www.editions-libel.fr

Site touristique majeur, le Léman n’est que peu représenté avant le XVIIIe siècle. Il est un lieu de vie et de passage, notamment pour une partie des voyageurs effectuant le Grand Tour — ce périple initiatique sur les lieux fondateurs de la civilisation occidentale (Italie, Grèce...) que les jeunes aristocrates effectuent à partir du XVIIe siècle. Dès les années 1700, les voyageurs décrivent de plus en plus le lac et son panorama montagneux, dont les cimes inhospitalières inspirent les théoriciens de l’esthétique du sublime. Vers le milieu du siècle, la mode des « voyages pittoresques » illustrés lui donne une existence visuelle, et le roman de Jean-Jacques Rousseau Julie ou la Nouvelle Héloïse en 1761 l’érige en lieu de pèlerinage littéraire. Dès lors, la production d’images et d’écrits s’accroît, vantant la beauté naturelle du paysage et le charme des villes et villages. D’étape, le Léman devient but de voyage.

ISBN : 978-2-917659 -59 -5 – Dépôt légal : mars 2017

voyage autour du Léman

13/03/2017 16:16


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