Des voyages d’études des élus en Angleterre et en Écosse en 1906 à l’inauguration de la Foire d’échantillon dix ans plus tard ; des camions Berliet dans le désert du Sahara à l’enrayement de la méningite au Brésil grâce à l’action de la Fondation et de l’Institut Mérieux ; des candidatures aux Jeux olympiques à l’installation d’Interpol ; de l’équipe avant-gardiste et internationaliste du Manomètre aux Biennales de la danse et d’art contemporain, c’est le portrait d’une métropole du XXe siècle que l’ouvrage se fait fort de révéler.
ville internationale
Fruit de l’action d’hommes et de femmes, acteurs politiques, culturels, universitaires ou économiques, l’internationalisation qui caractérise la métropole s’écrit aussi à travers l’accueil de nombreuses populations. Lyon, ville internationale offre ainsi le récit de 100 ans d’une histoire plurielle et passionnante qui nous entraîne de l’Exposition internationale de 1914 au projet urbain de la Confluence.
lyon
Lyon a longtemps été vue comme un carrefour, une ville au croisement des routes économiques, religieuses et culturelles. Avec le vingtième siècle, la ville se mue à une vitesse inédite et la réalité métropolitaine s’impose. Mais surtout, son rapport à l’international se transforme sensiblement.
prix : 30 € ISBN : 978-2-917659-28-1 dépôt légal : mai 2013 www.editions-libel.fr
lyon ville
internationale LA MÉTROPOLE LYONNAISE À L’ASSAUT DE LA SCÈNE INTERNATIONALE, 1914-2013
sous la direction de
Renaud Payre
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internationale LA MÉTROPOLE LYONNAISE À L’ASSAUT DE LA SCÈNE INTERNATIONALE, 1914 - 2013
assistant éditorial
Anouk Flamant comité éditorial
Anouk Flamant Sébastien Gardon Marie-Clotilde Meillerand Renaud Payre
Sommaire préface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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introduction
D’un monde à l’autre ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
L’internationalisation de la métropole entre les deux guerres (1914-1945). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 L’internationalisation dans l’ombre de l’État (1945-1975). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 L’internationalisation comme stratégie (1974-2012). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 les vecteurs de l’internationalisation (1914-2013). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214 conclusion
Et demain ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276
chronologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 281 pour aller plus loin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 284
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remerciements Les auteurs tiennent à remercier l’ensemble des partenaires ayant rendu possible l’édition de cet ouvrage : le laboratoire Triangle UMR 5206, Sciences Po Lyon, l’ENS de Lyon, le labex Intelligence des Mondes Urbains, l’Aderly, la ville de Lyon, le Grand Lyon et sa direction de la prospective et du dialogue public et le Centre de Congrès de Lyon. Cet ouvrage repose sur une collaboration avec les Archives municipales de Lyon, nous remercions l’ensemble de leur personnel et en particulier Anne-Catherine Marin. Leur aide a été précieuse pour une grande partie de l’iconographie présente dans l’ouvrage. Le livre a également bénéficié du soutien de l’Agence d’urbanisme du Grand Lyon, d’ONLYLYON, de la Bibliothèque municipale de Lyon, du Rize à Villeurbanne, des Archives départementales du Rhône, de la Fondation Berliet, du Progrès, du fonds photographique des Sœurs Apostoliques de Marie Immaculée déposé à l’ENS de Lyon, de l’archevêché de Lyon et du centre de documentation et d’archives des œuvres pontificales missionnaires de Lyon. Ce livre est le fruit de nombreux échanges et de rencontres faites au cours de ces cinq dernières années. Les travaux des étudiants de sociologie historique de l’État de la licence de science politique de Lyon 2 (2010-2011) et de ceux du séminaire « Ville et pouvoir urbain » de l’IEP de Lyon ont été un précieux apport à cet ouvrage. Tout comme l’ont été les échanges avec Pierre-Yves Tesse, qu’il en soit chaleureusement remercié ici.
Les éditions Libel remercient vivement : > le département des études chinoises – Université Jean Moulin Lyon 3, établissement propriétaire du fonds de l’Institut franco-chinois de Lyon ; > la Bibliothèque municipale de Lyon, fonds chinois, dépositaire du fonds de l’Institut franco-chinois de Lyon ; > la chambre de commerce et d’industrie de Lyon ; > la mairie de Villeurbanne et son service Communication ; > l’Université Lyon 2 ; > l’École centrale de Lyon ; > EMLYON ; > les Biennales de Lyon ; > les associations Handicap International et Forum Réfugiés ; > le Centre de Documentation Libertaire de Lyon ; > Muriel Chaulet, photographe de la ville de Lyon ; > MM. Tabey et Philippe Oudot ; > Madame Charles Delfante.
LISTE DEs AUTEURS > Pierre Arnaud, Professeur émérite en histoire contemporaine, Université de Lyon > Jérôme Aust, Chargé de recherche FNSP à Sciences Po (CSO/CNRS) > François Buton, Chargé de recherche CNRS, Laboratoire CEPEL > Olivier Chatelan, Docteur en histoire contemporaine, Laboratoire Larhra > Alicia Dorey, ancienne étudiante de l’IEP de Lyon > Philippe Dufieux, Docteur de l’EPHE – ENSA de Lyon, président de la Société d’histoire de Lyon > Émilie Elongbil Ewane, Doctorante en histoire contemporaine, Laboratoire Larhra > Marie-Pierre Escudie, Doctorante en science politique, IEP de Lyon > Anaïs Etilleux, ancienne étudiante de l’IEP de Lyon > Catherine Fillon, Maître de conférences en histoire du droit et des institutions, Université de Lyon, chercheure associée au Laboratoire CTAD > Anouk Flamant, Doctorante en science politique, Laboratoire Triangle > Stéphane Frioux, Maître de conférences en histoire, université Lyon 2, Laboratoire Larhra > Sébastien Gardon, Chercheur contractuel, Laboratoire Triangle > Aisling Healy, Maître de conférences en science politique, Université Jean Monnet, Saint-Étienne, Laboratoire Triangle > Thomas Höpel, Professeur d’histoire, Université de Leipzig > Isabelle Lefort, Professeur en géographie, Université de Lyon, Laboratoire EVS > Gwenola Le Naour, Maître de conférences en science politique, IEP de Lyon, Laboratoire Triangle > Harold Mazoyer, Post doctorant, ANR RESENDEM, Laboratoire IRICE > Émeline Mazué, ancienne étudiante de l’IEP de Lyon > Marie-Clotilde Meillerand, Docteure en histoire contemporaine, Université de Lyon > Christophe Parnet, Professeur, ancien étudiant de l’IEP de Lyon > Renaud Payre, Professeur de science politique, IEP de Lyon, Laboratoire Triangle > Hacina Ramdani, Docteure chercheure IUT de Lyon, Université de Lyon > Sarah Russeil, Docteure en science politique, ENTPE > Jean Saint-Martin, Maître de conférences en STAPS, Université de Lyon, Laboratoire SENS > Pierre-Yves Saunier, Professeur d’histoire, Université de Laval, Québec > Pierre Vernus, Maître de conférences en histoire contemporaine, Université Lyon 2, Laboratoire LARHRA > Julie Villesseche, ancienne étudiante de l’IEP de Lyon > Claire Vincent-Mory, Doctorante en science politique, Université Paris Ouest, Laboratoire Sophiapol
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Illuminations du 8 décembre. Bouquet de ballons I love Clouds, Jacques Rival, 2011. © Agence d’urbanisme de l’agglomération lyonnaise, M.-P. Ruch
préface Historiquement notre cité a toujours noué des relations avec de nombreuses villes en Europe et dans le monde. Fernand Braudel ne disait-il pas, à son propos, que seule une vocation internationale pouvait lui permettre de s’épanouir ? Des routes de la Soie aux grandes foires marchandes de la Renaissance, Lyon a toujours été au croisement des grandes voies de circulation des biens et des idées, un carrefour de brassage des cultures. Les nombreux jumelages bilatéraux et pactes d’amitiés initiés dans une volonté de construction et de pacification européennes ont, après guerre, assis sa dimension internationale. Ces liens ont perduré jusqu’à évoluer vers des protocoles d’accord ou d’échanges et de coopération étendus à des régions sur tous les continents. Désormais, cette volonté d’internationalisation se traduit dans le cadre d’un travail en réseau au sein d’organisations plus vastes : Eurocités à l’échelle européenne, Cités et Gouvernements Locaux Unis au plan mondial. Cet engagement est essentiel, car s’il est une chose dont je suis convaincu, c’est que le XXIe siècle est et sera marqué par l’émergence des villes dont le rôle sort renforcé de la mondialisation. Pour paraphraser la sociologue Saskia Sassen, nous sommes dans une organisation mondialisée à l’ère des économies d’archipel, où les grandes villes communiquent d’un bout à l’autre de la planète, échangeant marchandises, technologies nouvelles, créations intellectuelles et culturelles, dans un mouvement constant des hommes et des idées. Être en dehors de ce mouvement – autrement désigné comme une « régionalisation du monde » – c’est risquer de se trouver en dehors de l’histoire. Le devoir de celles et ceux qui gouvernent nos villes est donc de développer les politiques propres pour les faire rentrer dans ce mouvement. Ce sont ces efforts que nous déployons pour inscrire Lyon dans ce cercle des métropoles internationales qui comptent dans la marche du siècle.
Gérard COLLOMB Sénateur-maire de Lyon Président du Grand Lyon
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introduction Renaud Payre
D’un monde à l’autre Dans la préface du guide général de l’Exposition internationale urbaine qui se tient à Lyon à partir de mai 1914, le maire Herriot choisit d’administrer à ses collègues, mais aussi à l’ensemble des visiteurs, une véritable leçon de choses. L’orateur dénonce les inconvénients de l’accroissement des villes et les imprévoyances des édiles. La solution à ces maux ne pourra venir que de la science. Une science que seuls les rencontres et congrès internationaux seront à même de consolider.
« La civilisation moderne, disent en leur formule un peu particulière les savants, pousse à l’urbanisme. [...] C’est l’excès des inconvénients ou des dangers créés par l’imprévoyance qui nous conduit à réagir contre notre insouciance, à rechercher les lois qui fonderont un jour la science des villes. »
En ce 22 mai 1914, Lyon inaugure une exposition internationale à cheval sur les deux rives du Rhône entre le quartier de la Mouche et celui de Perrache. Cette Exposition rompt avec les précédentes manifestations internationales de 1872 et 1894. L’Expo 1914 reste à bien des égards le symbole d’un passage d’un monde à l’autre. Contrainte de fermer ses portes après la mobilisation d’août 1914, elle annonce – comme la Grande Guerre – un siècle nouveau. La ville de Lyon, en transition économique de la soie vers l’industrie, sera désormais en quête d’internationalisation. L’internationalisation de Lyon n’a bien évidemment pas attendu le XXe siècle. Depuis l’Antiquité et sa fondation, la ville s’impose comme une colonie romaine au carrefour des Gaules. Elle restera, jusqu’à l’époque médiévale, une ville de croisement entre Méditerranée et Mer du Nord, entre les Alpes et l’Atlantique. La ville de la Renaissance connaît, quant à elle, une réelle prospérité économique à la fois par ses activités de production et de commerce. Une prospérité qui en fait, aux côtés de Venise, Florence ou Anvers, une des principales villes européennes, un centre international de marchandise, d’argent. Au XVe siècle, les foires font de Lyon, jusqu’alors ville aux horizons régionaux, une capitale bancaire et commerciale et une des cités les plus peuplées d’Occident. Pour les Italiens – qui dominent l’espace commercial européen –, Lyon s’impose par sa position de transit entre l’Europe du Nord-Ouest, l’Allemagne du Sud et l’Italie. Dans la seconde moitié des années 1460, les succursales des banques italiennes sont transférées de Genève à Lyon. Lyon attire alors des marchands de toute l’Europe occidentale qui apportent les produits de luxe qui sont ensuite écoulés en France. Lyon, capitale économique fortement liée au reste de l’Europe, domine la capitale. Elle attire
de très nombreux migrants dans les deux premiers tiers du XVIe siècle. Elle s’impose comme un centre culturel majeur avec notamment l’essor de l’imprimerie lyonnaise. La ville des XVIIe et XVIIIe siècles, avec la multiplication des communautés religieuses sur les collines et sur la Presqu’île, est une ville qui regarde vers Rome, à l’image de cette maison des voyageurs du domaine des Chartreux conçue en 1745 comme un lieu d’accueil pour les religieux en route vers la ville éternelle. Au XVIIIe siècle, alors que les foires jouent un rôle bien moindre dans la vitalité de l’économie, Paris s’impose comme la principale place du pays et Lyon perd du terrain – Lyon demeurant l’une des principales villes européennes de soierie. Le système est dominé par quelques dizaines de riches négociants en soie qui sont en relation avec l’Italie. Jusqu’au milieu des années 1850, les marchands de soie sont parvenus à diriger l’essentiel de la production européenne vers Lyon. Les insurrections de 1831 et 1834 des Canuts ont un écho au-delà de la France. C’est la Manchester du continent qui se révolte. La ville, caractérisée par une très forte concentration ouvrière, invente non seulement des techniques de production, mais également une forme de régulation sociale inédite (presse ouvrière ou encore petite presse, tribunal des prud’hommes) qui en font sa réputation autant que les révoltes des années 1830 et 1840. Au sujet de l’internationalisation, Fernand Braudel avait livré une analyse désormais bien connue. Lyon est une ville qui doit sa richesse et son développement à ses liens avec l’international. Les logiques nationales lui ont été hostiles et n’ont pas aidé à son rayonnement. Il écrit « Le drame de la ville, c’est qu’elle ne trouve son ordre et les conditions de son épanouissement que sur le plan international : elle dépend de « logiques » à très larges rayons. Il lui faut une complicité du dehors. Les fées qui la favorisent sont étrangères. »1 Reste qu’avec le XXe siècle, ce rapport à l’international se transforme sensiblement. Ces fameuses fées font désormais l’objet de convoitises voire de stratégies. Elles ne se penchent pas – depuis 1914 – comme par magie sur le berceau lyonnais. C’est bien leur captation qui nous intéresse dans le présent ouvrage. L’internationalisation prend donc un tout autre sens au XXe siècle. Ce siècle appelle de nouvelles formes de visibilité des villes. C’est d’abord la réalité urbaine qui est entièrement redéfinie. Certes la population de Lyon intra-muros n’augmente pas entre 1901 et 1999 – alors qu’elle a été multipliée par six entre 1800 et 1900. Celle de Villeurbanne passe de quelque 30 000 habitants à plus de 120 000. C’est bien la réalité de la banlieue qui s’impose au cours de ce siècle et qui mue le fait urbain en fait métropolitain. Au-delà de la poussée démographique de la banlieue à l’est de Lyon, les formes administratives de la ville sont à prendre en considération. Il convient de mentionner les syndicats intercommunaux qui réunissent plusieurs communes pour gérer des services publics comme les Eaux de la Banlieue de Lyon (1929) ou encore les transports en commun de la région lyonnaise (1941). La communauté urbaine de Lyon voit le jour en 1969. Et le récit se poursuit avec la création de l’association Région urbaine de Lyon en 1989 ou avec la naissance du pôle métropolitain en 2012. Comme la métropolisation, le processus d’internationalisation connaît de toutes nouvelles visées à partir de la Première Guerre mondiale. Les moyens de communication et de transports poursuivent leur développement tout au long du siècle. L’économie s’internationalise et les unités de production se transforment. Tout au long du siècle, l’Europe est confrontée à la perte de sa puissance économique. Le cœur de la production 1. Braudel Fernand, L’identité de la France. Espace et histoire, paris, Flammarion, 1986, p. 262.
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industrielle n’est plus européen. Les villes s’en trouvent transformées. Le processus d’internationalisation est désormais au centre de stratégies diverses. Il est aujourd’hui trop rapidement entendu que c’est seulement avec la désindustrialisation des années 1970 que les villes ont dû chercher à se placer dans une forme de compétition territoriale. Dès le début du siècle, les grandes villes comme Lyon ont saisi les échanges internationaux comme une ressource tant sur le plan économique, académique que politique. C’est enfin l’interdépendance croissante des économies nationales et des populations qui caractérise le XXe siècle. Pour Lyon ville-carrefour, l’immigration est un phénomène fort ancien. Mais le développement de son industrie voit l’immigration devenir plus conséquente. Lyon est un pôle d’attraction à la fois pour les pays voisins et pour les pays plus lointains. Dans l’entre-deux-guerres, si l’immigration est majoritairement italienne et espagnole, l’industrie lyonnaise attire aussi des populations polonaises, portugaises. La ville industrielle voit dans le contexte de la décolonisation arriver une forte migration algérienne. C’est la migration qui progresse le plus dans les années 1960-1970. Un tissu associatif se structure autour de la question de l’accueil. Le territoire urbain – dans l’ensemble de la métropole – se transforme avec l’arrivée de ces populations. L’agenda politique (surtout avec la crise économique et la désindustrialisation à partir des années 1970) laisse également une place à la question de l’immigration. Les migrations, accrues au cours du XXe siècle, ont contribué à faire de Lyon une ville internationale. On l’aura compris, il ne sera pas question dans le présent ouvrage d’une quelconque essence des villes internationales. Vous ne lirez pas que les villes internationales s’épanouissent comme des fleurs en reprenant le credo de certains classements associant le statut international à la possession de tel ou tel équipement ou encore à l’importance de la population. Non, l’internationalisation est bien une conquête. Une conquête entreprise par divers acteurs urbains parfois isolés parfois regroupés, parfois collaborant parfois concurrents. Dès lors, il est possible d’écrire une histoire de Lyon au XXe siècle à partir d’une entrée relevant les efforts d’internationalisation. La liste des exemples de présence à l’international ou de mobilisation de références étrangères donne un sentiment vertigineux. C’est même un assemblage kaléidoscopique qui inspire le tournis aux visiteurs du XXIe siècle se plongeant dans l’histoire de la métropole. Ce n’est pas un récit, mais presque une spirale hypnotique. Des voyages d’études des élus et employés en Angleterre et en Écosse en 1906 à l’inauguration de la foire d’échantillon dix ans plus tard ; des camions Berliet dans le désert du Sahara à l’enrayement de la méningite au Brésil grâce à l’action de la Fondation et de l’Institut Mérieux ; de la création d’une école de droit à Beyrouth à l’obtention de prix Nobel liés à des laboratoires de recherche ; des candidatures aux Jeux olympiques à l’installation d’Interpol ; de l’inauguration d’un Musée colonial à la présidence de grands réseaux de villes ; de l’équipe avant-gardiste et internationaliste du Manomètre aux Biennales de la danse… Sans parler d’une galerie de portraits d’acteurs ayant œuvré à cette conquête de l’international : Joseph Gillet et la fondation scientifique de Lyon, Achille Lignon et la foire d’échantillon, Gaston Berger et la prospective, Jules Courmont et l’hygiène sociale. Voilà des hommes déjà en partie inscrits au panthéon local des noms de rue, mais dont on a bien souvent oublié la contribution à l’internationalisation. Leur liste est longue, mais l’histoire est loin d’être linéaire. L’internationalisation a connu des échecs dans cette métropole tiraillée, encore au cours du XXe siècle, entre le statut de capitale de la province – selon la belle expression d’Albert Thibaudet – et celui de second city existant à l’international sans référence à Paris.
L’histoire que nous allons essayer d’exhumer est celle de groupes d’acteurs ayant décidé non seulement de faire exister Lyon en dehors des frontières françaises, mais aussi de voyager pour saisir des idées, des innovations et également de nouveaux marchés. C’est bien l’image d’un territoire qui est engagé dans ces voyages. Les commis voyageurs de Lyon forgent (ou échouent à forger) non seulement un ensemble de récits de l’identité lyonnaise, des représentations, des clichés, mais ils s’imposent bien souvent également comme des importateurs pour mettre en œuvre des réalisations nouvelles tant sur le plan politique, économique, scientifique, culturel ou encore sportif. Précisément ces groupes d’acteurs sont divers : l’internationalisation n’est rien sans les acteurs qui la portent. Nous nous attacherons non seulement à repérer le rôle d’acteurs économiques, mais aussi celui des savants – hommes de la recherche et de l’innovation, universitaires – ou encore celui des élus et administrateurs – pourvoyeurs d’une identité urbaine et d’une action publique en partie liée à celle des autres édiles. Mais ce récit est aussi celui de déplacements de populations qui ont par les migrations transformé la ville. Ces groupes sociaux – sur le temps long, mais au XXe siècle de manière encore plus visible et plus rapide – sont les premiers à avoir ouvert la ville à l’international. Trois moments vont scander notre récit Le premier s’ouvre avec la Première Guerre mondiale et s’achève au lendemain de la Seconde. L’économie lyonnaise est en pleine transition des mondes commerciaux du XIXe siècle, de petites entreprises traditionnelles vers une industrialisation plus affirmée, avec la naissance et la pérennisation de grands groupes lyonnais en pétrochimie, pharmacie, transports ou encore agroalimentaires. Ce premier XXe siècle est celui de nombreuses innovations municipales. Les élus ont un vrai pouvoir d’initiative dans un régime politique national centré sur le parlement. Ce pouvoir est renforcé par le leadership d’Édouard Herriot. L’Université de Lyon s’impose à partir de ses principales facultés et crée, par la visibilité internationale, une tradition dans cette ville historiquement non universitaire. À l’image de l’Université et des étudiants étrangers, l’agglomération est un creuset de populations étrangères encore largement européennes, mais venant également des colonies. Le deuxième moment correspond à la période des Trente Glorieuses (1945-1975). Apparemment, il n’y a pas de place pour les villes dans une époque dominée par un État fort et une économie industrielle en partie orientée par lui. Mais dans l’ombre de cet État modernisateur, une grande ville comme Lyon continue à exister sur le plan international. C’est un temps propice à la réorganisation des mondes patronaux et à une nouvelle forme d’investissement sur le territoire. De fait, au cours de cet âge d’or de l’aménagement du territoire, une partie des industriels s’engage dans une démarche prospective qui s’avère être un levier de l’internationalisation. En réaction à la centralisation, les élus et les techniciens cherchent par les voyages, les jumelages et les divers échanges à mobiliser des expériences étrangères qui s’avéreront précieuses dans les grands chantiers de la métropole. L’Université, mais aussi les écoles et les fondations, non seulement mobilisent dans leur organisation comme dans leurs travaux des références étrangères, mais surtout œuvrent à une visibilité de la recherche sur le plan mondial. Enfin la ville est confrontée, comme l’ensemble du pays, à la décolonisation. De nouvelles formes de migrations contribuent à une transformation de l’agglomération.
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Le troisième temps s’ouvre avec les crises des années 1970 et la désindustrialisation (de 1975 à nos jours). C’est bien la question du développement économique qui s’impose à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Une partie du patronat s’engage pleinement – bien souvent avant les élus – dans la conquête de nouvelles activités économiques susceptibles de palier la désindustrialisation. C’est le temps de la recherche – qui se place rapidement sur le plan international – de nouveaux sièges sociaux. Le temps d’une nouvelle coopération entre entrepreneurs et pouvoirs publics au nom d’une compétitivité internationale. Le soin revient aux édiles de construire une nouvelle image attractive ; cela passe par des grands évènements dont le nombre s’accroît dans les années 1990 et 2000. Mais il faut faire face au désengagement de l’État. Audelà du partenariat public/privé, la recherche de nouvelles ressources conduit les élus métropolitains à asseoir (via les réseaux) leur présence notamment auprès des institutions européennes. L’enseignement et la recherche deviennent à leur tour des leviers de ce développement économique. Si les pouvoirs publics ont pu en faire des éléments d’aménagement de certains pôles de la métropole dès les années 1980, l’autonomisation des établissements au début du XXIe siècle les ancre encore davantage dans le territoire métropolitain. Depuis la fin des années 1980, l’enseignement supérieur et surtout le développement de la recherche s’imposent enfin comme des éléments majeurs de la stratégie d’internationalisation de la métropole mise en place par des élus de couleurs politiques distinctes. De nouvelles populations migrantes continuent de s’installer à Lyon dans un contexte de reconnaissance plus forte des élus de cette diversité et des nouveaux enjeux à résoudre. Les acteurs sociaux et culturels s’imposent également sur la scène lyonnaise comme des promoteurs du caractère international de Lyon par des projets de plus en plus nombreux et médiatisés. Au cours de ces trois moments, l’internationalisation sera envisagée comme un processus. Ce processus est le produit d’acteurs locaux qui, par leurs actions, tendent à transformer les représentations, usages et réalités du territoire métropolitain. Ces actions visent, en partie, à faire exister Lyon à l’étranger ou sur la scène internationale. Nous allons découvrir des récits de voyages d’élus, d’ecclésiastiques, d’entrepreneurs se faisant les porte-parole de Lyon, nouant des relations durables avec d’autres villes ou tout simplement exportant des produits lyonnais. Les actions visent par ailleurs à accueillir à Lyon des entreprises, des touristes et bien sûr des nouveaux habitants. C’est bien la définition du territoire métropolitain lyonnais qui est engagée dans ce processus. Si le rapport au territoire est fait d’images, de cartes, d’affiches, de récits, d’histoire, l’internationalisation fonde une nouvelle territorialité lyonnaise au cours du siècle. Reste à savoir jusqu’à quel point cette territorialité est incorporée et adoptée par les Lyonnais et Grand Lyonnais. Il est temps d’ouvrir ce récit de ce siècle d’internationalisation. Si Édouard Herriot en appelait, en 1914, à un gouvernement municipal fondé sur une science des villes, cette science ne pouvait désormais être conçue que dans le tissu de relations internationales ou « inter-municipales », tant les États-nations font peu partie de cette histoire. Ce tissu préexiste bien évidemment au XXe siècle. Il fait simplement l’objet d’investissements et d’usages nouveaux au cours de ce siècle qui a commencé au sud de la ville sur deux sites emblématiques de la métropole contemporaine : Gerland et la Confluence. Un siècle qui a débuté par l’Exposition de la Cité moderne.
D’un monde à l’autre ou de la ville carrefour à l’assaut de la scène internationale. AML 7 FI 02478
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L’héritage des foires La vocation internationale de Lyon dans le domaine économique remonte au tournant des XVe et XVIe siècles avec l’établissement des quatre foires dont le cycle est progressivement fixé entre 1420 et 1494. En un demi-siècle, leur création et leur succès ont transformé Lyon d’une ville aux horizons régionaux en une capitale bancaire et commerciale et une des cités les plus peuplées d’Occident Les foires attiraient alors des marchands de toute l’Europe occidentale, dont les articles de luxe étaient ensuite revendus en France ou réexpédiés vers d’autres destinations. Lyon devint ainsi le grand marché de réexportation des soieries italiennes et la porte d’entrée obligée des soies dans le royaume. Au début du XVIe siècle, environ un tiers de ses importations se négociaient à Lyon, qui jouait également un rôle majeur dans l’écoulement de la production française vers l’étranger. Le commerce de l’argent engendré par les paiements qui imposaient des transferts d’espèces et des opérations de change fit de Lyon un grand centre financier international et la capitale bancaire et financière du royaume. Ces activités commerciales et bancaires étaient contrôlées par quelques dizaines de maisons dont les plus puissantes étaient italiennes. L’espace commercial lyonnais était principalement tourné vers l’Italie puis les Pays-Bas avec Anvers, l’Allemagne du Sud et Genève. Dès les années 1560, mais surtout 1570 et 1580, les guerres de religion et le glissement de la primauté économique de la Méditerranée vers l’Europe du Nord provoquèrent le déclin des foires. Mais, même si celles-ci n’avaient plus d’importance à la fin du XVIIIe siècle la ville demeura un carrefour commercial entre le nord et le sud et un entrepôt de transit pour un large sud-est français et une partie de la Suisse jusqu’au milieu du XIXe siècle. Son commerce restait fortement orienté vers l’extérieur. Sans disparaître, les échanges avec l’Italie déclinèrent, ceux avec l’Europe du Nord-Ouest et l’aire germanique s’intensifièrent alors que se nouèrent des relations avec l’espace ibérique et hispano-américain ainsi qu’avec les Antilles voire, plus tardivement, les Indes orientales. Le négoce lyonnais n’était pas resté inerte face à l’essor de l’économie atlantique. Dans le même temps, le grand commerce passait aux mains des marchands lyonnais, suisses ou allemands. Comme l’activité bancaire s’était en partie dissociée de l’activité commerciale liée aux foires, Lyon resta longtemps une grande place bancaire. Mais la normalisation des pratiques bancaires par l’autorité royale, les expédients financiers destinés à financer les guerres de la fin du règne de Louis XIV affaiblirent la banque lyonnaise et favorisèrent l’affirmation de Paris comme centre financier du royaume. L’activité bancaire persista, mais de plus en plus liée à l’essor de la fabrique de soieries. Les banquiers italiens encore présents au XVIIe siècle s’effacèrent au profit des banquiers protestants suisses et allemands. Lyon resta longtemps une place où l’argent était abondant et bon marché. De cette période des foires, la cité rhodanienne hérita du tissage des étoffes de soie dont l’essor ne s’amorça réellement qu’à partir des années 1530-40. À partir du début du XVIIe siècle, les multiples innovations touchant le tissage, la filature, le moulinage ou la teinture ouvrirent la voie à la production de tissus façonnés. Elles permirent aux marchands lyonnais de faire progressivement de leur ville le principal centre européen de production de soieries. À la fin du XVIIIe siècle, sans avoir retrouvé son ancien rayonnement, Lyon restait une place commerciale importante assurant entre un quart et un cinquième du commerce extérieur français. Mais son économie était désormais animée par la production et la commercialisation des tissus de soie, d’or ou d’argent auxquelles l’activité bancaire était en grande partie liée. Pierre Vernus
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L’Exposition internationale de 1914 s’inscrit moins dans la tradition des foires que dans la volonté d’organiser un grand évènement comparable aux grandes expositions urbaines organisées en Allemagne les années précédentes. AML 2 FI 444
Exposition 1914, eau-forte. Fonds de l’imprimerie B. Arnaud. ADR 208 J 618
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L’internatio nalisation de la métropole entre les deux guerres (1914-1945)
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introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 chapitre 1
Commerce et industrialisation : une dynamique ancienne
Pierre Vernus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 chapitre 2
Les chemins de l’Internationale Municipale
Pierre-Yves Saunier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 chapitre 3
L’Université de Lyon, une université ouverte à l’international
Catherine Fillon. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 chapitre 4
L’immigration dans l’entre-deuxguerres à Lyon (1919-1939)
Hacina Ramdani . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Lyon ville internationale | L’internationalisation de la métropole entre les deux guerres (1914-1945)
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introduction SÉBASTIEN GARDON À Lyon, la période entre la Première et la Seconde Guerre mondiale (1914-1945) se situe dans la continuité du long xixe siècle, caractérisée par l’internationalisation de la ville notamment sur le plan économique. Mais c’est également une phase de transition. Plusieurs industries naissantes se développent tout particulièrement à Lyon dans la première moitié du XXe siècle (matériels électriques, chimie, automobile), dont certaines atteindront rapidement une dimension internationale.
Sur le plan institutionnel et territorial, la ville de Lyon est à l’étroit au début du XXe siècle. Elle reste confinée autour du Vieux Lyon et de la Presqu’île qui concentrent les grands équipements et établissements publics. Pourtant, après trois agrandissements majeurs au XIXe siècle (les communes de Vaise, de la Croix-Rousse et de la Guillotière sont annexées en 1852), les projets d’extension de Lyon se développent au tournant du xxe siècle avec pour ambition d’annexer certaines villes voisines telles que Sainte-Foy-lès-Lyon, La Mulatière, Saint-Rambert-L’Île-Barbe, Caluire, Villeurbanne, Bron, Vénissieux ou Saint-Fons. Ces multiples tentatives d’annexion créent un climat de méfiance de la part des maires des communes limitrophes à la ville de Lyon. Après 1852, seule une petite partie des communes de Caluire (dans le cadre de la construction de l’hôpital de la Croix-Rousse en 1861), de Villeurbanne (partie est du parc de la Tête d’Or en 1894), de Sainte-Foy-lès-Lyon (dans le cadre de la construction de l’hôpital Debrousse en 1904) et de Champagne-au-Mont-d’Or (opération de La Duchère en 1960) ainsi que la commune de Saint-Rambert-L’Île-Barbe (en 1963) seront successivement annexées à la ville de Lyon. Sur ce territoire communal particulièrement exigu (47,87 km2), les solutions « aménageuses » passent alors par la formulation de projets à dimension intercommunale ou métropolitaine. Ce sont effectivement les nécessités et les besoins en matière de développement urbain qui justifient empiriquement et pragmatiquement la prise en compte d’une échelle de gestion intercommunale pour certains problèmes urbains (gestion des eaux, assainissement, électricité, transports…) au regard de leur « inadaptation » aux besoins liés à la croissance urbaine. Cela se traduit par la création de différents organismes et instances de coopération intercommunale : le Syndicat des eaux de la Banlieue de Lyon (1929), le Syndicat d’assainissement de la Rive Gauche du Rhône (1931), le Comité d’aménagement et d’organisation générale de la région lyonnaise (1935), le Groupement Régional d’Urbanisme qui comprend des communes des départements du Rhône, de l’Ain et de l’Isère (1938) et enfin le Syndicat des Transports en Commun de la Région Lyonnaise (1941). Parallèlement, la population de la ville croît régulièrement, passant de 392 361 habitants en 1901, à 428 993 en 1931 puis 471 388 en 1954. Après la Seconde Guerre mondiale, la croissance sera beaucoup plus forte dans les communes périphériques. Comme la ville est à l’étroit sur la Presqu’île, ses responsables vont surtout chercher à en profiter pour s’étendre sur les arrondissements plus périphériques : les 3e, 7e et 8e arrondissements. Cette volonté coïncide avec l’arrivée d’un jeune maire, élu à 33 ans en 1905 : Édouard Herriot. On assiste alors à la montée en puissance des tandems qu’il forme avec l’ingénieur en chef de la ville, Camille Chalumeau et avec l’archi-
tecte Tony Garnier, dont la collaboration est privilégiée pour les grandes opérations menées par la ville. C’est avec eux qu’il pensera ses grands projets, notamment dans le cadre du Plan d’aménagement, d’extension et d’embellissement. Les opérations les plus emblématiques concernent l’hôtel des Postes à Bellecour, le quartier de Gerland (Abattoir, Stade…), la réalisation du quartier des États-Unis (boulevard et logements), la construction de l’Hôpital Édouard Herriot et de la Faculté de médecine à Grange Blanche, la construction des ports Rambaud sur la Saône et Édouard Herriot sur le Rhône, la réalisation du parc de Parilly, la construction du Boulevard de ceinture, ou le début du chantier du tunnel de la Croix-Rousse. À partir de 1916, Édouard Herriot devient ministre du Ravitaillement. Il ne cessera plus alors d’occuper des fonctions politique et nationale importantes telles que : président de l’assemblée, ministre à plusieurs reprises, président du Conseil, président du parti radical-socialiste. Ces responsabilités auront des conséquences importantes pour Lyon : Herriot voyage à l’étranger régulièrement (en URSS, aux États-Unis, en Allemagne, en Turquie entre autres) et accueille des délégations et personnalités étrangères importantes (hommes d’État, ministres, intellectuels). L’entre-deux-guerres devient une période privilégiée pour organiser des manifestations et promouvoir l’accueil de délégations étrangères. Ce projet, amorcé au XIXe siècle, avait pris de l’ampleur avec l’organisation de l’Exposition universelle dans le quartier de Gerland en 1914. Il a été ensuite particulièrement renforcé par la « restauration » de la Foire internationale de Lyon en 1916. Plusieurs autres grandes manifestations seront organisées : congrès et salons de professionnels (congrès des ingénieurs des villes de France en 1937, congrès international des sapeurs-pompiers en 1938, plusieurs salons de l’automobile), manifestations sportives (championnat du monde de gymnastique artistique en 1926) ou automobiles (Grand prix de l’Automobile-Club de France en 1914 et Grand prix d’Europe en 1924). Les responsables lyonnais visitent également de nombreuses villes ou participent à des manifestations internationales. Quelques échecs ponctuent cependant la période, comme les candidatures sans suite aux Jeux olympiques de 1920 et 1924. Deux guerres mondiales bornent cette période et Lyon y joue un rôle majeur. Enfin, dans le même temps, il faut noter que sa commune voisine, Villeurbanne, acquiert une nouvelle dimension, avec la construction du quartier des Gratte-ciel inauguré en 1934 et qui comprend un hôtel de ville, un nouveau centre-ville avec de l’habitat social et un Palais du travail. Plusieurs délégations étrangères viennent visiter ces aménagements modernes. Le premier chapitre revient sur l’ouverture économique de Lyon dans des espaces internationaux. Cette ouverture s’inscrit dans un mouvement ancien qui débute au tournant des XVe et XVIe siècles avec l’établissement des foires. Du début du XIXe siècle jusqu’à la dépression des années 1930, le commerce des soies et des soieries en fut le principal moteur. Mais l’élargissement des horizons et de l’échelle des affaires qui caractérise l’évolution générale du capitalisme au XIXe siècle concerne également d’anciennes activités qui se renouvelèrent (chimie, banques, alimentation) ou de plus récentes issues de la seconde industrialisation (automobile, matériels électriques...). Dans le deuxième chapitre, nous verrons que, dès la fin du XIXe siècle, techniciens et élus municipaux lyonnais ont mis en place des manières de connaître et d’observer les réalisations et pratiques des autres villes françaises, européennes ou américaines. Ces échanges sont liés à des conjonctures particulières, à des intérêts spécifiques et à des initiatives collectives et individuelles. Un chapitre est ensuite consacré aux tentatives d’ouverture internationale de l’Université de Lyon après la Première Guerre mondiale. Dans une logique de mimétisme et
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de défiance vis-à-vis des institutions parisiennes, cette ouverture se fait sous le signe de l’originalité tant au niveau du choix des pays, qu’au niveau des disciplines mises en avant ou des modalités mises en œuvre. À l’extérieur, cela se traduit par la création en 1913 d’une École de droit et d’une École d’ingénieurs à Beyrouth, dépendantes de l’Université de Lyon. À Lyon, l’opération marquante est l’installation en 1921 d’un Institut franco-chinois qui forme une partie de la nouvelle élite chinoise. Le dernier chapitre de cette première partie présente l’implantation à Lyon durant l’entre-deux-guerres des immigrés du fait du développement continu de l’industrie lyonnaise. Ces derniers sont majoritairement suisses, italiens, espagnols, arméniens ou travailleurs coloniaux. La carte de l’implantation géographique de ces hommes et de ces femmes se confond avec celle de l’industrie lyonnaise. Dans l’ensemble, cette population est cantonnée aux emplois les moins qualifiés, manœuvres ou ouvriers. Elle rencontre de nombreux problèmes, notamment de logement : dans l’entre-deuxguerres, cette question ne retient guère l’attention des autorités lyonnaises, pour être le plus souvent laissée à l’initiative privée. La partie qui s’ouvre offre donc au lecteur un panorama déjà dense des projets d’internationalisation autour de la ville de Lyon. Leur diversité ouvre des pistes de prolongement qui seront explorées tout au long du XXe siècle.
La revue du Manomètre Manomètre, revue avant-gardiste lyonnaise parue de 1922 à 1928, parvint à faire l’objet d’une reconnaissance considérable au sein du cercle très fermé des revues dadaïstes à l’échelle européenne, faisant de l’échelon local un moyen de se démarquer de l’avant-garde parisienne et de s’affirmer en tant que revue à vocation internationale. Au détour de la personnalité de son fondateur, Émile Malespine, s’installa entre Lyon et Manomètre une relation ambivalente, entre une existence locale et une aspiration toujours plus grande à exister hors des frontières de la ville. Au fil des publications, la revue composa avec les plus grands du dadaïsme européen, qui reconnurent la qualité de son contenu. Celle-ci fut à elle seule un véritable laboratoire linguistique, cherchant à élargir son champ de diffusion tout en s’adressant à un lectorat en mesure de comprendre plusieurs langues simultanément. Au total, Malespine publia des textes et illustrations qui émanent de près de quarante collaborateurs différents, regroupant près de onze nationalités. Celui-ci gagna ainsi son pari, puisqu’il semble avoir réussi à faire de Manomètre une revue transfrontalière. Malespine se trouva dès ses débuts prisonnier d’une double dépendance, d’une part à l’échelle locale, d’autre part à l’échelle européenne, puisqu’il resta tributaire des envois de revues émanant de Tristan Tzara, chef de file du dadaïsme de l’époque. Au fil de ses parutions, Manomètre fut considérablement ouverte sur l’extérieur, grâce à ses apparitions au sein de revues paraissant aux quatre coins de l’Europe, telles que Contimporanul, Der Strum et Tableros. Loin de se contraindre à une échelle strictement locale au sein de laquelle Manomètre n’eût pu trouver un lectorat de qualité en nombre suffisant, l’échelle européenne illustre le caractère paradoxal de la revue, qui resta à la fois extrêmement fragile tout en étant intégrée au sein d’un réseau transnational de grande envergure. Manomètre parut pendant près de six ans, ce qui au regard de la longévité des revues avant-gardistes constitue une performance tout à fait honorable. En dépit d’un relatif esprit d’ouverture de la part du maire de Lyon tout au long de son mandat, la revue Manomètre disparaît en 1928, victime de son isolement et d’un ralentissement général de l’activité des revues auxquelles elle était liée. Alicia Dorey
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Extrait de la revue Manomètre, revue culturelle lyonnaise à vocation européenne. In Manomètre, éditions Jean-Michel Place, 1977 (Nouvelles éditions JMP, 2009). BML res_K104311_t5_p81
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CHAPITRE 1 Pierre Vernus
COMMERCE ET INDUSTRIALISATION : UNE DYNAMIQUE ANCIENNE L’insertion de Lyon dans les réseaux transnationaux d’échanges de marchandises ou de capitaux, de migrations d’entrepreneurs ou de transferts technologiques est ancienne. Du début du XIXe siècle jusqu’à la dépression des années 1930, le commerce des soies et des soieries en fut le principal moteur. Mais l’élargissement des horizons et de l’échelle des affaires qui caractérisa l’évolution générale du capitalisme au XIXe siècle concerna également d’anciennes activités qui se renouvelèrent, ou de plus récentes issues de la seconde industrialisation.
La domination de la Fabrique de soieries (1815-1880) Les évènements de la période révolutionnaire affaiblirent Lyon, moins du fait des pertes que du départ des commissionnaires et des banquiers étrangers ou de la fuite de certains négociants importants. Mais dès le Directoire et surtout le Consulat entrepreneurs et capitaux étrangers revenaient pour profiter de la croissance retrouvée de l’économie locale, créer de nouvelles entreprises ou commanditer des Lyonnais. Lyon retrouva progressivement sa fonction de carrefour même si, jusqu’en 1815, les échanges entre les grandes places de commerce continuèrent d’être perturbés. Après la chute de l’Empire, le redressement de la fabrique de soieries s’accéléra. L’ouverture commerciale restait indispensable tant pour l’alimenter en matières premières que pour écouler sa production. Jusqu’au milieu des années 1850, les marchands de soie dirigeaient l’essentiel de la production européenne (c’est-à-dire française et italienne) vers Lyon. Mais la diffusion de la pébrine, qui provoqua l’effondrement de la sériciculture en France et, temporairement, en Italie, imposa une réorientation des importations vers les soies asiatiques dont le marché était aux mains des Anglais. Dès les années 1860, quelques maisons lyonnaises s’implantaient en Chine. Afin de faciliter l’approvisionnement direct du marché lyonnais en soies asiatiques, les marchands de soie de la place, désireux de bénéficier des mêmes avantages que leurs homologues londoniens et soutenus par la chambre de commerce, réclamèrent l’amélioration des liaisons avec l’Extrême-Orient et la création d’une banque française en Inde et en Chine. À partir des années 1870, la forte progression des importations directes de soies d’Extrême-Orient parvint à rendre à Lyon sa place de premier marché des soies européen. Le marché des soieries enregistra également une réorientation géographique
avec le recul relatif des pays d’Europe continentale, où étaient apparues des fabriques concurrentes, et la rapide progression des ventes en direction des États-Unis et de la Grande-Bretagne qui absorbaient 70 à 80 % des exportations au début des années 1870. Le monde de la soierie était très hiérarchisé. Son financement était assuré par les marchands de soie qui, associant souvent le commerce de l’argent à leur négoce, faisaient des avances aux producteurs et accordaient des crédits aux fabricants. En raison de la dispersion géographique des opérations de vente et d’achat, la collecte de l’information économique et commerciale ainsi que la maîtrise des questions de douane, de transport et de change étaient pour eux une priorité. Ils disposaient pour cela d’agences et de correspondants dans toutes les parties du monde. Du côté des fabricants la majorité des maisons n’avaient pas d’assise suffisante pour financer un réseau commercial et dépendaient des commissionnaires ou des acheteurs. Les plus grandes entreprises en revanche disposaient de succursales à l’étranger et rémunéraient des voyageurs de commerce ou des représentants. Ainsi, en 1914, la maison Bianchini Férier, une des plus importantes, disposait de succursales à Bruxelles, à Londres et à New York une autre fut ouverte à Buenos Aires au lendemain de la guerre. Un réseau de voyageurs parcourait les autres marchés européens. Alors que la révolution des transports entraînait le déclin de la fonction d’entrepôt de Lyon, de nouvelles activités émergèrent. Reposant fréquemment sur des techniques importées, avant tout d’Angleterre, elles bénéficièrent des capitaux et des relations d’affaires des soyeux. Ainsi, le succès des premières entreprises gazières à partir des années 1830 suscita un véritable engouement dans ce secteur. De nombreuses sociétés furent créées, en France surtout, mais aussi en Italie et en Espagne. La construction mécanique débuta avec la construction de matériel ferroviaire puis s’orienta vers les constructions fluviales, le matériel d’entreprise et de travaux publics. Elle bénéficia de l’essor des grands travaux. La société Pinguély fournit des dragues et des excavatrices pour la construction du canal de Suez. La maison Piguet exporte 200 machines à vapeur sur les 2 000 qu’elle construit entre 1880 et 1905. Elle vendait des machines à vapeur dans les pays séricicoles de l’aire méditerranéenne. Jusqu’aux années 1870-80, le textile [2], dont la valeur de la production en 1868 était trois fois supérieure à celle de toutes les autres industries réunies, resta le pilier de la prospérité lyonnaise. Ses intérêts étaient défendus par la municipalité et par la chambre de commerce que dominaient les soyeux, et par des chambres syndicales patronales. L’importance des marchés extérieurs qui absorbaient entre sept et huit dixièmes des étoffes produites explique l’attention accordée aux questions douanières. Le libre-échangisme, parfois présenté comme un caractère intrinsèque de la fabrique lyonnaise, ne s’affirma que progressivement, dans les premières décennies du XIXe siècle, et fut contesté dès les années 1880. Il convient cependant de distinguer les matières premières des produits finis. Concernant les premières, l’insuffisance quantitative et qualitative de la production nationale a conduit les fabricants à réclamer la suppression des droits d’entrée sur les soies étrangères dès la Restauration et à obtenir les premiers résultats sous la Monarchie de Juillet. En ce qui concerne les produits finis, la conversion fut plus lente. Pendant la Restauration, les fabricants, anxieux de la montée de centres de production concurrents et encore peu conscients, semble-t-il, de l’expansion qui touchait leur activité, défendaient une protection douanière. Mais à partir de la Monarchie de juillet, et avant tout sous le Second Empire, les positions évoluèrent en raison de l’essor
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des débouchés anglo-saxons. Le traité de 1860 avec l’Angleterre fut ainsi favorablement accueilli, les fabricants considérant que la liberté commerciale devait enrayer la hausse des prix des soies causée par la pébrine et que leur avance technique, leur compétitivité et leur position de leaders de la mode étaient suffisantes pour l’affronter. Ces convictions provenaient aussi de l’influence exercée par des hommes comme FrançoisBarthélémy Arlès-Dufour, saint-simonien proche de Michel Chevalier et des penseurs libéraux lyonnais. Le flambeau de ce libéralisme économique fut ensuite repris par Édouard Aynard et ses proches, qui occupèrent de fortes positions institutionnelles, dominant la chambre de commerce, l’Association de la Fabrique lyonnaise et l’Union des marchands de soie, chambres syndicales patronales constituées à la fin des années 1860. L’élargissement de la géographie des affaires concerna également la banque. Dans la première moitié du siècle, celle-ci, qui resta longtemps liée au commerce, participait aux circuits commerciaux européens et transatlantiques. Les banquiers qui étaient aussi souvent des marchands de soie, des négociants ou des commissionnaires finançaient les achats des soies en Italie et dans d’autres pays méditerranéens et soutenaient les exportations de soieries vers l’Europe centrale, le Royaume-Uni ou les États-Unis. Mais, au tournant des années 1850-60, si la place de Lyon se caractérisait toujours par l’abondance des capitaux, elle manquait d’organismes pour les collecter et les orienter vers le financement des grands projets régionaux. La création du Crédit lyonnais en 1863 visait à répondre à ce défi. Rapidement, cette « banque moderne » effectua des placements à l’étranger, souscrivant à l’achat de titres d’État espagnols, portugais, ottomans, égyptiens ou italiens. Des agences étrangères furent ouvertes à Londres (1870), Madrid, Constantinople, Alexandrie, Saint-Pétersbourg, etc. Mais elles étaient gérées depuis le siège parisien qui devint vite le centre effectif, puis à partir de 1882, officiel de la banque. De même, les départs vers la capitale d’Henri Germain et ultérieurement d’autres hommes d’affaires lyonnais importants illustraient l’amenuisement de l’autonomie financière locale.
Étienne Fougère (1871-1944) Fils d’un employé de commerce il naquit à Panissières (Loire) le 4 janvier 1871. Après avoir suivi les cours de l’École de la salle il travailla comme employé dans plusieurs maisons de soieries avant de fonder sa propre entreprise, la Maison Fougère Frères. Parallèlement à ses activités professionnelles, il s’engagea dans la vie publique comme défenseur de l’enseignement catholique et opposant à politique du gouvernement d’Émile Combes. Il appartenait à l’aile réformatrice des progressistes qui émergea progressivement derrière Laurent Bonnevay. S’il échoua à trois reprises à se faire élire député de la 7e circonscription du Rhône entre 1906 et 1914, il devint conseiller général et conseiller municipal de Lyon. Après un nouvel échec dans le Rhône en 1924 il se présenta dans la Loire, son département d’origine. Il y fut élu député en 1928, mais il ne parvint pas à conserver son siège lors des élections de 1932. Cette activité politique fut menée de front avec un fort engagement dans la structuration du mouvement patronal au niveau lyonnais. Dans le secteur des industries de la soie, d’abord, il fut un des principaux artisans de la formation du Syndicat des fabricants de soieries dont il devint président en 1921. En mars 1923, il impulsa également la création de la Fédération de la soie, puis en 1927, celle de la Fédération internationale de la soie, deux organisations qu’il finit par présider.
Au niveau local, Fougère appartenait petit groupe de patrons à l’origine de la Foire internationale et dont une bonne partie se retrouvait parmi les fondateurs de l’Association agricole industrielle et commerciale (AICA). Il prit la présidence de cette organisation interprofessionnelle dès 1919. Mais les ambitions de Fougère dépassaient le cadre lyonnais. Il s’imposa comme un expert et un conseiller écouté auprès des autorités. Il participa activement aux négociations douanières franco-italiennes et prit part au groupe constitué en 1926 par le gouvernement Briand afin de résoudre la crise de dépréciation du franc, puis, en 1927, à celui qui assistait la délégation française lors de la conférence économique mondiale. Dans les années 1920, il était favorable à un large abaissement des barrières douanières qui devait permettre la libre circulation des hommes et des marchandises. Mais après 1929, face à la montée du protectionnisme, il prônait la formation d’ententes régionales et conditionnelles, et en premier lieu dans le cadre d’une coopération européenne. Engagé dans plusieurs mouvements pro-européens, Fougère défendait la réconciliation franco-allemande. Fondateur du Rotary-Club lyonnais en 1926, Fougère appartenait aussi au comité franco-allemand de cette organisation. Dans la même perspective, il fut également à l’origine du Comité d’entente internationale, ou Comité Fougère, créé en juillet 1931, une initiative approuvée par le ministère des Affaires étrangères. Pour diffuser ses idées, il finança de 1929 à 1940 L’Européen, un hebdomadaire publié à Paris qui défendait une « union des élites européennes » et l’affirmation d’une voie européenne distincte du modèle capitaliste américain et du collectivisme soviétique. Après la défaite de l’été 1940, il glissa vers des positions collaborationnistes. Dans L’Informateur du commerce et de l’industrie, journal qu’il fonda en novembre 1940, il prit des positions favorables aux projets allemands de réorganisation européenne. En 1941 et 1942, il participa aux expositions que le régime de Vichy organisa à Paris, avec l’accord de l’organe officiel de la propagande nazie, sur le thème de la « France européenne » puis sur celui de la « Vie nouvelle ». Confronté à des problèmes de santé il se retira de la vie publique en 1943 et mourut à Lyon en avril 1944.
Restructurations, incertitudes et repli (1880-1945) Cette période marquée par le recul du poids de la soierie dans l’économie lyonnaise connaît également un renforcement des barrières douanières et un effondrement des échanges internationaux à partir de 1930. La phase de croissance des années 1890-1920 est encadrée par deux périodes de dépression durant les années 1880 et les années 1930, prolongées par la Seconde Guerre mondiale.
Mutations et diversification de l’économie lyonnaise Après la violente crise de 1877, la fabrique enregistra un ralentissement de sa croissance plutôt qu’une longue dépression. En revanche elle s’engagea dans une profonde réorganisation structurelle pour affronter les mutations de la demande qui favorisaient la concurrence étrangère plus mécanisée et concentrée. Délaissant les lourds tissus de soie pure elle privilégia d’abord les tissus mélangés puis elle mit au point de nouvelles soieries souples, légères, unies ou imprimées. Alors que d’anciennes maisons disparaissaient de nouvelles se créaient dont certaines furent de belles réussites entrepreneuriales [4]. La production d’articles de soieries atteignit son maximum dans la seconde moitié des années 1920. Pour les trois quarts, elle était alors destinée aux marchés extérieurs. Néanmoins, au cours de cette période la fabrique connut un recul relatif au sein de l’économie lyonnaise même si elle en influençait encore fortement
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les rythmes. En 1891, la valeur de la production des activités non textiles équivalait à celle de la production textile et la tendance se prolongea ensuite avec une accélération à partir de 1914. Les nouvelles industries contribuèrent à diversifier le tissu industriel lyonnais et les bases de son ouverture internationale. Cependant, jusqu’aux années 1930, la production et la vente des soieries demeurent le facteur essentiel de la présence lyonnaise sur les marchés internationaux. Les enjeux de l’approvisionnement en soies asiatiques ainsi que la disponibilité en capitaux ont orienté les stratégies coloniales lyonnaises. Ainsi, désireux de s’approvisionner directement en soies chinoises sans passer par les intermédiaires anglo-saxons fortement implantés à Shanghai, la chambre de commerce a soutenu la colonisation indochinoise, dont Ulysse Pila était un des chantres, et a élaboré un projet visant à contrôler le commerce entre le Tonkin et le Yunnan, considéré comme l’antichambre de la province séricicole du Sichuan. Globalement, les investissements coloniaux, plus commerciaux et miniers qu’industriels, se dirigeaient prioritairement vers l’Indochine, l’Afrique du Nord et Madagascar et s’inscrivaient dans les mouvements plus généraux de placement des capitaux français vers l’étranger [1]. D’anciennes activités poursuivirent leur développement ou se transformèrent, de nouvelles apparurent. L’exemple de la dynastie Bonnardel illustre le premier cas. Initialement engagée dans la batellerie fluviale, elle atteint le niveau du grand capitalisme international sous l’impulsion de Jean Marie Bonnardel (1848-1924). Après avoir constitué un « 'monopole' de la navigation fluviale française » (J. Bouvier) il étendit ses affaires à de nouveaux domaines et à de nouveaux horizons. Il participa avec Édouard Aynard à la prise de contrôle de la Société lyonnaise de dépôts et de comptes courants par les intérêts lyonnais en 1880-1881. Puis il s’engagea dans d’importants investissements industriels en Russie et en Europe orientale. Il fonda même une seconde compagnie de Panama pour tenter, en vain, de mener à bien la construction du canal. Dans la teinture, le groupe Gillet traversa sans difficulté les années 1880-90 et s’imposa comme un des principaux teinturiers européens dès avant 1914. Il possédait des établissements à Moscou et des participations en Italie (Côme) ou aux États-Unis. Dans le cadre d’une stratégie d’intégration verticale, il s’était engagé dans la fabrication de produits chimiques et, en 1904, dans la production de textiles artificiels. En 1911, il participa à la formation du Comptoir des textiles artificiels (CTA). La chimie lyonnaise ancienne se renouvela en s’orientant vers la chimie organique sous l’impulsion de chimistes locaux, mais aussi d’industriels suisses ou d’entreprises étrangères qui s’implantèrent dans la région. À un moindre niveau, l’industrialisation et l’internationalisation touchèrent aussi la production de pâtes alimentaires avant 1914. Si celle-ci était majoritairement écoulée sur le marché national elle l’était aussi dans toute l’Europe, de la Belgique à la Russie en passant par l’Allemagne, l’Autriche ou le Danemark. Dès les années 1890, l’entreprise de Jean-Antoine Carret et de son cousin Claudius Rivoire (1835-1893), fondée en 1857, se situait aux premiers rangs mondiaux. Dans le même temps apparaissaient des activités liées à la seconde industrialisation. La construction de la centrale de Cusset par la Société des forces motrices du Rhône a suscité la création d’entreprises de construction de matériel électrique pour desservir ce nouveau marché. Au nombre de celles-ci, des filiales de sociétés suisses (La Volta, Société des câbles électriques Berthoud-Borel). Le rôle des capitaux étrangers dans ce secteur répondait au retard technique de la France qui la plaçait sous la dépendance des brevets américains et suisses.
[1] La région lyonnaise. Organisation et Production. La couverture de ce numéro exprime également l’attention accordée par les milieux économiques lyonnais aux débouchés coloniaux. ADR PER 1856/2
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En 1914, Lyon était devenue le second pôle automobile français derrière Paris. Quelques noms comme Rochet-Schneider, spécialisé dans les voitures de luxe ou Berliet dont les débuts furent modestes et qui avait commencé à produire des camions, se dégageaient d’un groupe de constructeurs de taille souvent réduite. Mais, à cette date, la contribution de ces industries (transformées ou nouvelles) à la présence lyonnaise sur les marchés extérieurs était encore limitée. Les tentatives d’implantations de filiales étrangères par ces entreprises de taille encore souvent modeste eurent un succès inégal. En 1902, le représentant à New York de Berliet ne vendit qu’une vingtaine de voitures. En revanche, dans les mêmes années, l’entreprise exportait 50 % de sa production, notamment en Angleterre, au Brésil, en Extrême-Orient ou dans territoires coloniaux. À la fin de 1907, l’entreprise possédait 9 agents « titulaires » à l’étranger. La Première Guerre mondiale a constitué un tournant. Elle accéléra le développement des industries nouvelles dont la progression dépassa de loin celle des industries de la soie. De nouvelles firmes furent constituées comme Paris-Rhône pour les équipements électriques, ou Progil qui regroupa les intérêts chimiques du groupe Gillet. Les commandes militaires permirent à Berliet de franchir un palier dans son développement, de lancer l’usine de Vénissieux complètement intégrée et organisée selon le modèle américain. Après le conflit, l’entreprise – dont Marius Berliet perdit le contrôle jusqu’en 1929 en raison de surinvestissements – s’efforça de reconstruire un réseau de succursales en Europe (Madrid, à Vienne, Bucarest, Prague, Varsovie, Istanbul) et, temporairement, dans les riches pays du Commonwealth (Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud [7]). À côté des constructeurs automobiles au sens propre, des fabricants d’accessoires apparurent comme la Société des carburateurs Zénith [6] qui possédait d’importants établissements à l’étranger (Royaume-Uni, États-Unis, Allemagne, Italie, etc.) [5]. La Société Chimique des Usines du Rhône, comme Progil, connut une forte croissance dans les années 1920. En 1928 elle absorba de fait la société Poulenc frères pour former la Société des usines chimiques du Rhône-Poulenc (SCURP). Elle s’implanta au Brésil et, temporairement, aux États-Unis. Elle participa à des exploitations de brevets en Allemagne. Dans le domaine textile, elle se lança dans la production d’acétate de cellulose et participa avec le CTA à la création de la Rhodiaceta qui créa des établissements au Brésil et aux États-Unis. Dans ce dernier pays, elle établit des relations avec Du Pont de Nemours par l’intermédiaire du CTA et du groupe Gillet.
La montée du protectionnisme Si elle exprimait les ambitions internationales des élites économiques et politiques lyonnaises, la création de la Foire de Lyon en 1916 ne doit pas dissimuler que, durant la période et surtout après 1914, l’environnement international devint moins favorable aux échanges économiques internationaux. Un revirement protectionniste se manifesta dès la fin des années 1870. Après la Première Guerre mondiale, la fragmentation de la carte politique européenne qui multiplia les barrières douanières, l’élévation des taxes sur les produits de luxe et, enfin, l’instabilité et la complexité croissante des législations douanières suscitèrent les doléances des entreprises exportatrices. De surcroît, même si elle favorisait les exportations de soieries l’instabilité du franc jusqu’en 1926 perturba le marché des soies, fragilisa l’assise financière des marchands de soie et rendit plus incertaines les anticipations des coûts de revient. Ces évolutions amenèrent la chambre de commerce à proposer de nouveaux services, à développer une correspondance active avec les attachés commerciaux français à l’étranger et à subventionner des stages commerciaux. À partir de 1919, elle établit des offices économiques pour encourager le commerce avec les territoires coloniaux.
La création de la foire internationale de Lyon Inaugurée en mars 1916, en plein conflit mondial, la création de la Foire internationale de Lyon a représenté un symbole majeur de l’aspiration lyonnaise au statut de métropole commerciale internationale. Cette Foire ne constituait pas la première manifestation internationale lyonnaise, mais les expériences antérieures avaient laissé des souvenirs mitigés puisque l’exposition de 1872, organisée au lendemain de la défaite de 1871, fut un échec, celle de 1894 [3], qui entendait répondre à l’exposition universelle d’Anvers, fut endeuillée par l’assassinat de Sadi Carnot et, enfin, celle inaugurée au printemps 1914 par Raymond Poincaré fut interrompue par le déclenchement des hostilités. Le projet de la Foire internationale émergea dans un contexte d’exacerbation patriotique lié au conflit. L’impulsion initiale remontait à novembre 1914 lorsque le photographe Arlaud proposa de frapper le commerce allemand au cœur en concurrençant la Foire de Leipzig. Le journal Le Réveil National et une conférence de la ligue antigermanique firent écho à cette idée qui fut reprise par le maire, Édouard Herriot, et le président de la chambre de commerce, Jean Coignet. Un Comité d’organisation et une Société de la Foire furent constitués, présidés respectivement par Herriot et par Achille Lignon, ancien président du tribunal de commerce de Lyon. La préparation du projet reposa donc sur une collaboration entre la municipalité et un noyau d’entrepreneurs parmi lesquels figuraient en bonne place certains créateurs de l’Association industrielle, commerciale et agricole. L’ouverture de la première édition fut précédée par une campagne de promotion à laquelle contribua Herriot par une série de conférences données en Suisse et en Italie au tournant de 1915-1916. Alors que les trois premières éditions de la Foire s’étaient tenues dans des constructions provisoires en bois dispersées sur les quais et les places de la ville, leur succès fit envisager la pérennisation de la manifestation et l’édification d’un palais de la Foire qui permettrait de regrouper les exposants et les services et d’améliorer l’accueil des participants [8 & 9]. Le choix de la localisation se porta sur de vastes terrains municipaux situés au nord de la ville, entre le Rhône et le parc de la Tête-d’Or. Le chantier fut inauguré le 5 mars 1918. Édifié sur des pilotis et des piliers de béton en raison de la nature du terrain et de la proximité du Rhône, les bâtiments s’organisaient globalement en un arc de cercle dont l’axe central était constitué d’une rue couverte de 15 mètres de large de part et d’autre de laquelle étaient disposés les pavillons destinés à accueillir les stands. Cet axe était parcouru par une double voie ferrée branchée directement à la ligne Lyon-Genève. Les pavillons lui étaient perpendiculaires. Ils s’élevaient sur trois étages et communiquaient, à chaque niveau, par l’intermédiaire d’une galerie parallèle à la rue centrale. Au milieu des années 1920, le palais comptait 22 pavillons abritant 2 000 stands auxquels s’ajoutaient des salles de réception, d’expositions collectives, de réunion ou de congrès. La structure adoptée autorisait la construction progressive, par étapes, de l’édifice. L’ampleur des investissements et du projet architectural, l’accent placé sur sa modernité renvoyaient aux enjeux patriotiques et nationaux liés à la manifestation. Enjeux patriotiques d’abord puisque la Foire était présentée comme une contribution de l’industrie et du commerce lyonnais à l’effort de guerre. Il s’agissait également de préparer l’après-guerre, car les fondateurs de la Foire pensaient que de nouvelles activités se développeraient une fois la paix revenue et que, pour résister à la concurrence allemande,
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elles auraient besoin d’un lieu permettant d’entrer en contact avec la clientèle. Le palais de la Foire était un instrument important de la concurrence avec Leipzig. Sa modernité devait le hisser au niveau des palais de Foire de la cité allemande et son caractère intégré lui donnait l’avantage sur les édifices allemands qui paraissaient sans liens. Mais les enjeux étaient également nationaux. En effet, suite à l’initiative lyonnaise, en 1917, et sous l’impulsion du ministère du Commerce, la chambre de commerce de la capitale réactiva la Foire de Paris qui avait été mise en sommeil peu avant la guerre. Les Lyonnais dénoncèrent une décision qui affaiblissait la France dans le combat économique. Ils réclamèrent, sans grand succès, que la Foire de Lyon, qu’ils jugeaient seule capable de rivaliser avec l’organisation de la Foire allemande, devait seul être baptisée Foire française. En outre, en réponse aux critiques sur l’insuffisance des capacités d’accueil, les milieux économiques lyonnais se mobilisèrent en encourageant le logement chez l’habitant et surtout en constituant la Société des nouveaux hôtels qui finança la construction d’un établissement de 400 chambres en face de la Gare des Brotteaux. Enfin, dans cette double confrontation avec la capitale, l’argument historique était d’autant plus facilement mobilisé par les acteurs lyonnais qu’il s’appliquait tant aux ambitions nationales qu’internationales de la ville et qu’il pouvait s’appuyer sur des publications récentes.
Fait révélateur des mutations idéologiques, le libre échangisme des soyeux fut ébranlé par les progrès du protectionnisme. Les fabricants et les marchands de soie se mobilisèrent unanimement dans les années 1870 et 1880 pour lutter contre les projets frappant leurs approvisionnements en matières premières, mais ils ne purent éviter l’instauration en 1892 d’un droit d’entrée sur les soies moulinées. Cette taxe détourna une partie des soies asiatiques vers Milan qui supplanta Lyon comme premier centre européen de redistribution – une part importante de l’activité de la place milanaise restant assurée par les maisons lyonnaises. En revanche, à la fin de 1892, les fabricants de soieries se divisèrent sur la question des droits touchant les importations de tissus de soie. Une partie des membres de l’Association de la fabrique lyonnaise fit sécession pour fonder l’Association de la soierie lyonnaise, favorable à une protection modérée. Cette dernière ne réussit pas à modifier le rapport de forces au sein de la chambre de commerce en faveur de ses positions, mais, sur le long terme, celles-ci l’emportèrent puisqu’en 1916 la réunification des deux chambres syndicales au sein du Syndicat des fabricants de soieries se fit sur la base de la reconnaissance de la nécessité d’une protection modérée du marché français. Loin de lui être consubstantiel, le libre-échangisme de la fabrique lyonnaise ne fut donc qu’un moment de son histoire. Dans le domaine bancaire et financier, le krach de l’Union générale en 1882 et l’attraction parisienne réduisirent l’autonomie de la place lyonnaise désormais dominée par les banques nationales. Mais les principales banques locales, comme la banque Guérin, maintenaient un caractère international à leurs activités par leurs investissements et leur soutien au commerce des soies et des soieries. Ce dernier amena des banques étrangères ou ayant une activité internationale à s’établir à Lyon (Barclays Bank, Westminster Foreign Bank, Hongkong and Shanghai bank, Yokoham specie Bank, Banco di Roma, etc.). La spécificité de la place explique aussi que, dans les années 1920, son parquet se rapprochait le plus de celui de la capitale. Si les valeurs régionales constituaient l’essentiel de son activité, la bourse de Lyon traitait également de nombreuses
affaires coloniales. Surtout, une part importante de son activité était constituée de valeurs étrangères et, du fait de ses anciennes relations avec Genève, l’Italie, l’Allemagne ou l’Espagne, d’arbitrage. En revanche, elle avait cessé de coter les devises étrangères et suivait les cours parisiens. Les activités les plus anciennes furent les principales victimes de la dépression des années 1930. Comme les autres industries de luxe ou de semi-luxe, la soierie a été violemment frappée. Son chiffre d’affaires s’affaissa de près des trois quarts, conséquence combinée de la chute des ventes provoquée par la fermeture de ses principaux marchés d’exportation – fermeture qui se prolongea pendant la Seconde Guerre mondiale notamment pour les pays alliés – et de la baisse des prix. De nombreux marchands de soie et fabricants liquidèrent. De cette rupture la soierie ne se releva jamais vraiment. Les secteurs plus récents ou moins tournés vers l’étranger résistèrent mieux : dans la chimie ce fut le cas de Rhône-Poulenc, dont l’évolution fut meilleure que la moyenne de la chimie française, ou de Progil. La Rhodiaceta connut également une évolution favorable malgré les difficultés de ses filiales étrangères. En 1939, un accord avec Du Pont de Nemours lui accorda la commercialisation des brevets de fabrication du nylon en Europe. Dans l’automobile, en 1931-1932 le chiffre des ventes de Rochet-Schneider recula de 30 % alors que pour 1931 Berliet évoquait l’impossibilité d’exporter et son repli sur le marché national.
conclusion Dans les années 1930, l’ouverture extérieure de l’économie lyonnaise régressa donc. Elle subissait les effets de l’effondrement des échanges internationaux. Les relations avec ses principaux marchés extérieurs, notamment anglo-saxons, étaient largement suspendues. Cependant, l’héritage de plusieurs siècles d’insertion dans les réseaux commerciaux mondiaux demeurait. L’économie soyeuse avait ouvert le chemin vers des marchés extérieurs multiples, nourri une attention à la demande et une capacité d’adaptation à ses exigences. Enfin, l’ouverture aux entrepreneurs, aux capitaux ou aux techniques en provenance de l’étranger favorisa l’acquisition de nouvelles compétences, le renouvellement du monde patronal et la diversification de l’économie lyonnaise, facteur déterminant de sa capacité d’adaptation.
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[3] Exposition [2] L’indicateur,
journal industriel de Lyon, est publié de septembre 1834 à juillet 1835 est soutenu par les chefs d’atelier tisseurs de soie mutuellistes. BM Lyon. L’Indicateur, Journal industriel de Lyon, n° 1, 21 septembre 1834.
universelle coloniale de 1894. Soutenue par la chambre de commerce et organisée par Ulysse Pila, la section coloniale de l’exposition de 1894 manifeste les ambitions coloniales lyonnaises.
AML 2 FI 433
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[4] Publicité
des Soieries Vital Mathieu. À partir de la crise des années 1880 la Fabrique lyonnaise accélère la mécanisation du tissage des pour répondre à la concurrence étrangère et aux nouvelles orientations de la demande.
ADR PER 1856/1 Organisation & production, février 1920, n° 13, p. XXV.
[5] Transports internationaux, affrètements et transports maritimes. L’ouverture de l’économie lyonnaise sur les horizons internationaux a favorisé l’essor d’activités indispensables à la commercialisation de sa production sur les marchés étrangers ou à son approvisionnement en matières premières. ADR PER 1856/1 Organisation & production, décembre 1919, n° 11, p. 632.
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[6] Le carburateur
Zénith. Créée en 1909, la Société du carburateur Zénith résulte de l’accord intervenu entre le constructeur automobile lyonnais Rochet-Schneider et François Baverey concernant l’exploitation des brevets déposés par ce dernier pour un carburateur d’un nouveau type.
ADR PER 1856/1 Organisation & production, 1919, n° 12, 4e de couv.
[7] Berliet
à la conquête de nouveaux marchés dans les années 1920.
ADR PER 1856/1 Organisation & production, mai-juin 1922, n° 5, p. XVI.
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[8] Palais de la Foire. Vue aérienne oblique des bâtiments du Palais de la Foire de Lyon situés entre le parc de la Tête-d’Or et le Rhône. On remarque les 22 pavillons de trois étages disposés en épi de part et d’autre de la rue centrale couverte.
AML 15 PH1 662
[9] Extrémité sud du Palais de la Foire. En raison du risque d’inondation lors des grandes crues du Rhône les bâtiments ont été construits sur des piliers reposant sur des pilotis. AML 3 PH 393
Des voyages d’études des élus en Angleterre et en Écosse en 1906 à l’inauguration de la Foire d’échantillon dix ans plus tard ; des camions Berliet dans le désert du Sahara à l’enrayement de la méningite au Brésil grâce à l’action de la Fondation et de l’Institut Mérieux ; des candidatures aux Jeux olympiques à l’installation d’Interpol ; de l’équipe avant-gardiste et internationaliste du Manomètre aux Biennales de la danse et d’art contemporain, c’est le portrait d’une métropole du XXe siècle que l’ouvrage se fait fort de révéler.
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Fruit de l’action d’hommes et de femmes, acteurs politiques, culturels, universitaires ou économiques, l’internationalisation qui caractérise la métropole s’écrit aussi à travers l’accueil de nombreuses populations. Lyon, ville internationale offre ainsi le récit de 100 ans d’une histoire plurielle et passionnante qui nous entraîne de l’Exposition internationale de 1914 au projet urbain de la Confluence.
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Lyon a longtemps été vue comme un carrefour, une ville au croisement des routes économiques, religieuses et culturelles. Avec le vingtième siècle, la ville se mue à une vitesse inédite et la réalité métropolitaine s’impose. Mais surtout, son rapport à l’international se transforme sensiblement.
prix : 30 € ISBN : 978-2-917659-28-1 dépôt légal : mai 2013 www.editions-libel.fr
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