LA MÉCANIQUE DE LA PASSION Véritable icône de l’industrie automobile américaine, la Ford Mustang passionne et envoûte depuis maintenant plus de cinquante ans. Nombreux sont les ouvrages techniques et rutilants qui lui ont été consacrés : « Mustang, la mécanique de la passion » s’attache à leurs propriétaires et au versant humain et sensible de l’attachement automobile. Entre 2017 et 2018, la sociologue Cornelia Hummel et le photographe David Desaleux sont ainsi allés (à bord d’un Coupé 1970 !) à la rencontre d’amoureux français, belges et suisses, de Mustang anciennes et récentes, recueillant images inédites et témoignages passionnés. Édifiant voyage au cœur d’un mythe vécu au quotidien, le livre, au travers du rapport singulier de chaque propriétaire à sa voiture, propose une série de récits et de trajectoires - aussi intimes qu’émouvants.
LA MÉCANIQUE DE LA PASSION Textes Cornelia Hummel
Photographies David Desaleux
29,00 € TTC
2 Mustang-Couverture_FINALE.indd 3-5
ISBN : 978-2-917659-82-3 Dépôt légal : décembre 2018 www.editions-libel.fr
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Mustang la mĂŠcanique de la passion
Cornelia Hummel
David Desaleux
ROYAUME-UNI
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Besancon
SUISSE
Châlonssur-Saône
Bern
Poitiers Mâcon
Limoges
ClermontFerrand
Genève
Lyon SaintEtienne
Chambery
ITALIE
Grenoble
Valence
Orange Avignon
Nimes Montpellier
Toulouse
Arles
Nice Aix-en-Provence
Cannes Bastia
Marseille
Perpignan Ajaccio
Trajets effectués par les auteurs Trajets effectués par deux propriétaires lors de rencontres regroupées
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Désirer L’ORIGINE DU DÉSIR
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DÉSIR À L’ÉPREUVE DU TEMPS
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Acheter une Mustang comme une baguette de pain ? La sixième génération en débat
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NICOLAS 34
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Oser LE BON MOMENT
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CELLE-CI ET PAS UNE AUTRE
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LA PREMIÈRE FOIS
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UN PRÉNOM POUR LA BELLE
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FRÉDÉRIC 58
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Rouler LA MUSTANG, LA ROUTE ET MOI
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MOBILISER LE CORPS, APAISER L’ESPRIT
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EN MARGE DE LA ROUTE : RESTAURER, SÉCURISER, AMÉLIORER, EMBELLIR
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C’EST UNE MERDE, CETTE CAISSE : LE PARADOXE DE LA CRITIQUE TECHNIQUE
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THIBAULT 94
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Partager DONNER, RECEVOIR DE LA SYMPATHIE
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UN SI VOYANT JARDIN SECRET
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PARTAGER LE VOLANT ?
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UNE COMMUNAUTÉ BIGARRÉE
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CHRISTINE 122
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Vendre ? JE L’ADORE MAIS ÇA RESTE DU MATÉRIEL 127 ÉCRIRE UN CHAPITRE D’UNE LONGUE HISTOIRE
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JAMAIS !
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JEREMY 144
DÉSIRER
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L’ORIGINE DU DÉSIR Quand et comment naît le désir de posséder une Mustang ? Pour de nombreux propriétaires, ce désir a surgi durant l’enfance, parfois lors d’une rencontre fortuite avec une Mustang, sur la route des vacances ou au coin d’une rue dans leur ville. Ils se souviennent avec émotion de ce moment zéro à partir duquel la Mustang a occupé un coin de leur esprit sous forme de rêve souvent secret et si bien résumé par la phrase « Un jour, j’en aurai une ! » La réminiscence est vive, les lieux et les circonstances sont précis, à l’instar de Margaux qui a vu sa première Mustang en Normandie : « Quand j’avais dix, douze ans, j’en ai vu une, en faisant les courses avec maman, elle était garée à côté d’une mairie, et j’ai été littéralement scotchée. Après j’ai eu l’occasion de la revoir deux ou trois fois. Elle était rouge, et aujourd’hui je sais que c’était une 64 ou une 65 parce que j’avais repéré la grille en nid d’abeille sur la calandre. Je n’ai jamais vu le propriétaire. J’étais subjuguée et ensuite à chaque fois que j’en voyais une à la télé, dans un film ou dans un clip, ou que j’en voyais une sur la route, j’avais le même coup de cœur. Et je me suis dit “Un jour j’en aurai une”. » Pour Didier, la rencontre s’est faite un peu plus tard, à l’âge où la conduite automobile devient réalité – ça y est, on a le permis de conduire : « Quand on était jeune, on avait tout juste le permis, on allait en voiture aux lacs en Savoie pour se baigner. Il y avait un garage au bord du lac d’Aiguebelette et le fils du garagiste avait une Mustang 1968 verte. Et quand il a démarré cette voiture, je me suis dit “Il faudra un jour que j’en aie une comme ça”. » Souvent, c’est tout un univers culturel qui charrie le désir de la Mustang : les séries télévisées regardées durant l’enfance et la jeunesse, les films, la musique, les magazines spécialisés. Dans les séries américaines, les héros sont indissociables de leurs voitures, mises à rude épreuve pour mener à bien une mission de rétablissement de la justice. Devant le poste de télévision parental ou grand-parental, les jeunes téléspectateurs se rêvent au volant de ces bolides rugissants et élégants ; ils conduisent une Pontiac Firebird (K2000), une Dodge Charger (Shérif, fais-moi peur), une Chevrolet Corvette ou un van GMC (Agence tous risques), une Ford Gran Torino (Starsky et Hutch). Les héroïnes-conductrices, bien que minoritaires, ne sont pas absentes et inspirent aussi les jeunes filles. Propriétaire de deux Mustang de la deuxième génération (Mustang II), Céleste était fan de la série Drôles de dames dans laquelle ces dames enquêtaient au volant de deux Ford Mustang II et une Ford Pinto. Les voitures admirées dans les séries télévisées matérialisent un dépaysement automobile, tant dans leur design, leur sonorité et leurs
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performances, que dans l’usage qui en est fait par les protagonistes. Les Mustang, Gran Torino et autres Dodge Charger ne servent pas à faire les courses au supermarché ou à partir en vacances à la mer, elles effectuent des courses-poursuites et des cascades, elles vrombissent et fument, et leur mise en scène fait d’elles des personnages à part entière. L’exemple de la série K2000 est éclairant sur ce point ; la voiture nommée KITT est le véritable héros de la série, elle est hautement performante, intelligente, et capable de communiquer, notamment par le biais du langage. Le désir de posséder un jour une voiture de héros se construit fréquemment en opposition avec la voiture familiale, en l’occurrence souvent la voiture paternelle, perçue comme conventionnelle et conservatrice. Ce mouvement d’opposition est à l’œuvre chez Nicolas qui feuilletait les pages du magazine « Chromes et flammes » en rêvant de voitures « qui ne ressemblaient pas à la Peugeot 403 de mon père », tout comme chez Luc, qui raconte ainsi sa rencontre télévisuelle avec les voitures américaines : « J’ai 6 ans et des brouettes, je suis en vacances chez mes grands-parents et c’est super : il y a la télé ! J’enchaîne les séries américaines et c’est décidé, quand je serai grand j’aurai une grosse voiture américaine rouge avec le côté blanc, je ferai des gros dérapages pour faire demi-tour. Quand je démarrerai, les pneus cracheront de la fumée ! Et on peut dire qu’en la matière, la télé d’il y a vingt ans donne matière à rêver de belles carrosseries ! À chaque fois il est possible de se prendre, pendant quarante minutes, des feulements des gros blocs moteurs made in USA et des dérapages interminables que papa ne peut pas faire avec sa Renault 4. » La Mustang antithèse de la voiture pratique, utile et raisonnable est également très présente dans les références cinématographiques. Le film le plus fréquemment cité est incontestablement Bullitt (1968) qui fit de la Mustang fastback pilotée par Steve Mc Queen une légende. Daniel mentionne ce film et souligne, à propos de la Mustang fastback 1968 : « Ça c’est beau, comparé à une Clio. » Pourtant, Daniel n’a pas découvert la Mustang dans un film américain, mais dans un film bien français, Le Gendarme de Saint-Tropez (1964), dans lequel Louis de Funès conduit une des toutes premières Mustang : « J’étais gamin, j’avais dans les douze ans. Quand j’ai vu ce cabriolet rouge, avec le cheval dessus, je me suis dit que plus tard j’aurai un cheval, j’aurai une Mustang. » Parmi les films français cités, on trouve aussi Un homme et une femme (1966) et Le Marginal (1983). Ces films montrent que le souvenir de la Mustang au cinéma n’est pas lié à un genre cinématographique ou à un type de films ; Un homme et une femme est centré sur la passion amoureuse, tandis que Bullit est un film d’action dans lequel Steve Mc Queen déploie une virilité très éloignée de celle de Louis de Funès dans la comédie Le gendarme de Saint-Tropez. Les États-Unis, fréquemment rattachés à l’idée de grandeur et de liberté, ont une place de choix dans le désir de la Mustang. Daniel associe ainsi la grandeur automobile à toutes les autres grandeurs qu’il a expérimentées durant l’enfance : « Gamin, j’étais fan de basket, de la NBA, et les États-Unis, c’est un rêve pour moi, un petit morceau de rêve. Les États-Unis, c’est la liberté, les grands espaces. Grand ! Quand je suis allé au Canada, le premier mot qui m’est venu à l’esprit c’était “immense” :
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les paysages, les voitures, les maisons, la bouffe. Je me souviens, j’étais allé au McDo, j’étais gamin, le Coca c’était un litre ! Nous en France on ne boit pas ça, nous on boit le petit… L’Amérique, c’est la liberté, les grandes lignes droites, la Route 66. » Le cheval Mustang – un cheval sauvage, spécifique aux États-Unis – relie les conducteurs à la fois aux cowboys de la conquête de l’Ouest et au souffle de liberté qui a marqué les années 1960 et 1970. Les États-Unis, c’est aussi le rock, le blues et la country, qui entrent en dialogue avec les paysages et les itinéraires mythiques telle la fameuse Route 66. Frédéric fait ainsi écouter le groupe ZZ Top à son fils pour lui transmettre le goût de la Mustang, et nombreux sont ceux qui ont des playlist « spécial Mustang », sans pour autant écouter souvent de la musique dans leur voiture, car cela couvre le son du moteur. On reviendra sur cet aspect dans les chapitres suivants. Quel que soit l’âge des propriétaires, le cheval qui galope symbolise un ancrage dans une Amérique rêvée, faite de paysages, de routes et de musique. La réponse de Victor à la question « Pourquoi une Mustang ? » présente bien l’assemblage culturel dont est composée sa passion pour cette voiture : « Je fais partie de cette génération qui rêvait des États-Unis, influencée par la culture des années 60. On écoutait Bill Haley et Elvis Presley, on était fasciné par les films américains. C’était rare que des camarades de notre âge fassent un voyage aux États-Unis, donc ça restait mythique. Ma découverte de la Mustang s’est faite par la BD, en particulier les aventures de Michel Vaillant. Dans un des albums de Michel Vaillant qui s’appelle Suspens à Indianapolis, qui est sorti dans Le Journal de Tintin en 1964, il y a, à la toute première page, une page entière avec une Mustang blanche qui est remarquablement dessinée par Jean Graton. Ça se passe à Fort Worth, il y a toute cette atmos-
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ACHETER UNE MUSTANG COMME UNE BAGUETTE DE PAIN ? LA SIXIÈME GÉNÉRATION EN DÉBAT.
Surprise ! En 2015, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la Mustang, Ford reprend la commercialisation en Europe (et sur d’autres continents tels que l’Australie et l’Asie). Dès lors, il est possible de commander sa Mustang en concession, comme n’importe quelle autre voiture et les propriétaires de la sixième génération n’ont pas effectué ce qui pouvait ressembler, par le passé et pour les générations antérieures, à un parcours du combattant. La facilité avec laquelle il est désormais possible d’acquérir une Mustang, « comme on achèterait une baguette de pain » entend-on parfois dans les rassemblements, crée quelques désaccords dans le milieu des passionnés de Mustang. Il est reproché aux propriétaires de Mustang dites 2015+ de ne pas saluer, sur la route, lorsqu’ils croisent une autre Mustang, ces propriétaires récents n’ayant pas dû faire face à un achat sous forme d’aventure et ne se sentant pas faire partie d’une communauté. Outre la facilité d’acquisition, certains estiment que les Mustang de la sixième génération ne sont plus de « vraies » Mustang, car elles ont perdu une des caractéristiques qui faisaient l’identité des générations antérieures : le pont rigide. Ce système de suspension à essieu rigide, rustique et économique, « une barre en métal et deux roues mises à chaque bout », est en quelque sorte la version automobile de la charrette et fut monté sur les Mustang jusqu’en 2015. Si tous les propriétaires de Mustang s’accordent sur le fait que cette technique est aujourd’hui largement dépassée, voire indigne d’une voiture moderne, car altérant sérieusement la tenue de route, ils entretiennent tout de même un rapport ambigu avec cette combinaison propulsion+pont rigide qui unit les cinq premières générations de
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Mustang dans leur tendance à chasser depuis l’arrière et à partir en tête-à-queue. Conduire une Mustang sous la pluie est périlleux, et, selon les régions, la Mustang reste au garage l’hiver, car elle est tout à fait inadaptée à la neige et à la glace – l’expression très courante « la Mustang hiberne » est à ce propos révélatrice. Le défaut de tenue de route est certes une entrave à la conduite, mais il constitue également un liant entre propriétaires de diverses années : tous ont en mémoire la première fois où « elle est partie du cul » dans un giratoire, tous ont dû apprendre à doser la puissance au regard de la tenue de route. Le passage aux suspensions indépendantes modernes dès les modèles 2015, ainsi que l’amélioration technologique générale, provoquent un clivage au sein de la communauté Mustang, les uns estimant que les propriétaires de modèles 2015 et suivants ne font pas partie de la « communauté Mustang » et les autres ne voyant pas en quoi une évolution technologique et une démocratisation poseraient problème. Par ailleurs, comme le souligne Bill, les Mustang de sixième génération, plus conformes à ce que l’on attend d’une voiture contemporaine et plus accessibles, peuvent représenter une porte d’entrée dans l’univers de la Mustang : « Je trouve que c’est pas mal, parce que ça ouvre la porte à beaucoup de passionnés qui n’osaient pas faire le pas. La 2015+ a ouvert la porte à des personnes qui ne voulaient pas une ancienne, car ils ne voulaient pas mettre les mains dans la mécanique, ils avaient peur de ça, et ne voulaient pas non plus de récentes parce qu’il fallait les importer par le biais d’entreprises et ils avaient peur de se faire avoir. Donc la 2015+ a ouvert la porte, et je connais des gens qui ont ensuite
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acheté une ancienne ou une 2008-2009. Globalement, je trouve que c’est une bonne évolution, même s’il y a un peu des tensions. Certains anciens, des anciens-anciens, disent “quand même, c’est des voitures en plastique”, mais la critique du moderne, c’est comme partout. » De fait, parmi nos propriétaires, deux ont d’abord fait le choix d’une 2015+ avant d’acheter une Mustang ancienne (1965 pour l’un et 1968 pour l’autre) ; Jeremy et Antoine. Ce dernier a acquis son ancienne après la fin de notre road-trip à la rencontre des propriétaires. Le débat sur les Mustang de sixième génération se place dans une ouverture de marché à très grande échelle, la réimportation des modèles postérieurs à 2015 ayant eu un succès fulgurant. Il est en effet troublant, pour des propriétaires de voitures rares sur les routes européennes et qui se vivent comme une communauté, d’être face à une soudaine banalisation. La presse automobile a largement relayé le succès des ventes de Mustang à partir de 2015, l’année 2017 ayant même marqué son accession au rang de voiture la plus vendue au monde. Les changements techniques ainsi que le passage subit de la rareté à l’abondance produisent une rupture générationnelle entre ceux ayant acheté avant 2015 et ceux qui ont acheté après. La présence de Mustang de sixième génération à de nombreux événements tels que rassemblements et balades organisées par des clubs semble donner raison à Bill : si les difficultés d’acquisition font partie de l’histoire personnelle de chaque propriétaire antérieur à 2015, de leur légende personnelle serait-on presque tenté de dire, elles ne constituent pas une condition sine qua non à la passion. Une Mustang est une Mustang.
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Coupé 2011
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Nicolas
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La Mustang est arrivée dans ma vie très très tôt ; l’idée de la Mustang, le projet. J’ai toujours eu ça dans la tête. Et j’ai eu une vie… je ne dirais pas austère, mais rangée, organisée. Chez mes parents, on n’avait pas droit à la parole, pas le droit de s’exprimer, c’était à l’ancienne mode, on ne pouvait pas parler de ce qui nous plaisait. Avec mon frère, on allait acheter des journaux. Certains te parleront de Chromes et Flammes, et moi je l’achetais aussi – c’était il y a presque 40 ans – et ça me faisait rêver. C’était des voitures qui sortaient de l’ordinaire, belles, qui ne ressemblaient pas à la Peugeot 403 de mon père. Donc ces voitures américaines m’ont fait rêver parce que c’est vraiment un autre monde que notre France, notre Europe. Des voitures qui font rêver, des voitures qu’on regarde avec envie, qui donnent de l’adrénaline. Alors que les voitures françaises que je voyais, c’étaient toujours des utilitaires, des camionnettes, des familiales. Mon père a acheté une familiale parce qu’on était 7 dans la famille : on avait une DS familiale, avec des petits strapontins qui s’ouvraient. Et quand elle est arrivée, on a tous couru vers la voiture, et j’étais le plus jeune, je suis arrivé le dernier, donc j’ai eu le strapontin tout au fond. Je n’ai jamais parlé de ce rêve à mes parents. Cette passion est toujours restée en moi. Je suis allé assez vite voir des concentrations et j’allais toujours vers les voitures américaines. Ces grosses voitures, très visuelles, des voitures faites pour les yeux. Le rêve américain. Et en plus, elle a été populaire, la Mustang, ce n’était pas une voiture de luxe. J’ai voulu me démarquer des idées très conventionnelles et très vieille France que nous a inculquées mon père. Je me suis dit que ce n’est pas possible de vivre tout le temps comme ça. Pour moi, cette voiture – je ne devrais peut-être pas le dire – c’est un peu un pied de nez à mon père qui voulait qu’on ait une vie conventionnelle, il voulait qu’on soit ingénieur ou médecin. Cette Mustang c’est une prise d’indépendance par rapport à ma vue sur le monde. J’en ai rêvé très longtemps et secrètement. Tellement secrètement que je ne l’ai même pas dit à ma femme quand on s’est mariés. Je lui ai vaguement dit que j’aimais les voitures américaines, et que j’aimais aller à des concentrations pour rencontrer des gens et m’imprégner de leur rapport à leur voiture, de ce qui les intéressait dans leur voiture. J’aimais bien ça parce je me disais qu’ils avaient la même façon que moi d’appréhender des voitures. Il y avait ceux qui s’intéressaient au moteur, d’autres à la rareté des modèles, d’autres qui aimaient les voitures populaires, d’autres encore qui s’intéressaient à la perfection de la restauration. Il m’a fallu du temps pour chercher ce que je voulais. Ma recherche a un peu évolué : au départ, je me disais qu’une Mustang de 64, mon année, ce serait bien ; c’est la vraie première Mustang, populaire, pas trop chère puisqu’on dit qu’elle coûtait à l’époque un mois de salaire de l’Américain moyen. Une voiture populaire, mais bien plus excitante qu’une 2CV ou une Coccinelle. Et puis après je me suis dit que si je voulais une Mustang ancienne, il fallait que ça craque un bon coup, que j’allais me lâcher. Je l’ai achetée pour mes 50 ans. Je suis né l’année de la Mustang, c’est facile de s’en rappeler, en 64. Je me suis dit « quand même, j’ai-
merais bien en acheter une pour mes 50 ans ». J’avais un peu préparé ma femme, parce que je ne pouvais pas l’acheter tout seul. Je savais que ma femme serait malheureusement licenciée et qu’elle aurait une prime de licenciement. Et j’ai réussi à lui faire admettre une idée – peut-être un peu naïve à l’époque – que ça pouvait être un placement. Donc je me suis petit à petit dirigé vers la 69 qu’on voyait un peu moins parce qu’il y en a eu moins de construites. Bon, aux USA, ça fait quand même beaucoup : dans ma série il y en a eu 72 000, et en tout 150 000 en 1969. Je voulais la forme agressive et la pointe devant. J’ai hésité avec une Corvette, mais elle n’avait que deux places, et moi je voulais en faire profiter les autres, donc 4 places. Et je voulais aussi un V8 avec de la puissance – je ne suis pas un Fangio, je conduis doucement en général, mais je voulais de la puissance, je voulais sentir le couple et sentir vraiment ce que c’est le V8.
Ces grosses voitures, très visuelles, des voitures faites pour les yeux. Le rêve américain.
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Et je me disais « mince, c’est quand même un peu excessif ce truc, je ne voudrais pas qu’on me prenne pour un dingo ». Des fois j’ai peur de passer pour un hurluberlu, un farfelu, quelqu’un d’excessif, quelqu’un qui est parti en vrille. Et puis en fait j’en vois d’autres qui font ça, avoir une Mustang ancienne, et qui ont une vie tout à fait normale. Je me disais « est-ce que je n’aurais pas dû viser si haut, estce que j’aurais dû prendre une Mustang plus raisonnable ? » Je me disais que c’était peut-être un peu trop. Et puis « allez, je fais ce que je veux, je me libère ». Ma femme était d’accord, mais j’étais un peu gêné. Quand je suis arrivé vers mon père en lui montrant ma voiture, j’ai tout de suite pensé qu’il serait un peu hostile, en disant « c’est la voiture des Américains, ils sont dans l’excès, il faut que ça se voie, et ils n’ont pas pensé à la planète parce que ça consomme beaucoup, ils ont fait des énormes moteurs et ça ne sert à rien du tout ». Il ne l’a pas dit, mais je l’ai lu dans ses yeux, sa pensée. Bon dans le temps ils avaient une vie plus dure, ils avaient leur jardin, ils mangeaient leurs légumes. Donc pour lui c’était vraiment le truc excessif, superflu, inutile, l’excès américain quoi. Et moi, ce côté excessif américain, je ne dis pas que ça m’a plu, mais c’est ancré dans la Mustang. Ça raconte l’histoire du monde automobile aussi, puisque maintenant on fait des voitures qui consomment le moins possible, et que c’est fini maintenant, 25l/100, pour la planète. Mais moi je fais plus de kilomètres en vélo qu’en Mustang : je vais tous les jours au boulot avec. Je fais beaucoup de vélo et j’aime ça. Moi les gens qui vont à la boulangerie en voiture, ça ne me va pas. Et les sous que j’économise, je les mets dans ma Mustang. J’ai transpiré tout l’été en vélo, et quand je fais le plein de la Mustang, je sais pourquoi j’ai transpiré. Bon, je n’ai pas bien vu les défauts, car malheureusement, au bout de quelques milliers de kilomètres, le moteur a lâché. J’étais à 300 km d’ici, à une grosse concentration avec des copains du forum. Et en
arrivant là-bas, je me souviendrai toujours, ma voiture commence à fumer. Alors je me suis dit « mon moteur est usé, je ne l’ai pas vu ». Je suis revenu et malheureusement, le mal était fait. Il fallait tout refaire et mon bloc était en 3e réalésage. Heureusement j’avais fait mon réseau et le président de mon club m’a aidé. Et il m’a trouvé un bloc V8 351 Windsor, en cote d’origine, qu’il fallait refaire. Les choses se sont arrangées petit à petit, on a commandé les pièces aux USA. J’ai été malheureux durant un an, je me disais que j’ai mis de l’argent dans une voiture avec un gros problème. Ma Mustang est revenue avec un beau moteur, et ça a été la délivrance. Je l’ai rodé et c’était reparti, j’ai repris beaucoup de plaisir, des concentrations, et ma femme voyait bien que j’étais émerveillé de ça.
Quand je vois la patine, la peinture devenue mate, le vernis un peu craquelé, la couleur un peu passée, ça me plaît bien parce que ça montre qu’elle n’est pas d’aujourd’hui et qu’elle a une âme, une histoire.
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J’aime la voiture comme elle a vécu, j’aime les traces du temps. Quand je vois la patine, la peinture devenue mate, le vernis un peu craquelé, la couleur un peu passée, ça me plaît bien parce que ça montre qu’elle n’est pas d’aujourd’hui et qu’elle a une âme, une histoire. Je n’ai pas encore eu l’occasion de rechercher son histoire, ce serait intéressant. Elle a certainement changé plusieurs fois de moteur, au moins une fois de couleur, au moins une fois de boîte de vitesses. J’aime cette ambiance de l’époque. Quand je suis chez moi au garage, je ferme les fenêtres pour prendre une bonne bouffée de vieilles odeurs de vinyle, de vieille moquette, de carburant, d’huile. Tu n’as pas ça dans les voitures modernes. Dans la voiture de ma femme, il y a son parfum, bien sûr, mais l’odeur du neuf aussi. Une des caractéristiques de cette voiture américaine c’est sa personnalité très forte : on la regarde d’un œil différent, intéressé, mais on ne la regarde pas comme une Porsche ou une Ferrari, et le gars il va chercher son pain avec et on se dit « le gars il est bourré de fric, il sait plus où le mettre son fric ». Une Mustang c’est tout un pan de l’histoire, toute une famille de voitures, une histoire qui n’est pas terminée, et tout le monde ne connaît pas. Les gens que ça intéresse me font un petit signe et moi je me mets bras à la portière prêt à leur rendre le signe. Mais en fait ça ne me flatte pas particulièrement parce que ce n’est qu’une voiture, c’est que du matériel. Être regardé par tout le monde ça me met mal à l’aise, mais c’est vrai aussi qu’on ne lève pas le pouce pour une Porsche ou une Ferrari, la Mustang reçoit de la sympathie. Maintenant je roule moins parce que mon épouse s’est mise à temps partiel pour s’occuper de la famille, donc les revenus ont un peu baissé et il fallait que je sois beaucoup plus raisonnable. Et puis il y a eu un moment où ma femme en a eu un peu marre de mes sorties, tous les
beaux jours de mai à septembre : j’avais les rencards mensuels avec mon club et le forum avec lequel j’ai fait plusieurs sorties, et puis les 50 ans sur le circuit du Luc. Je roule moins, mais je ne la vendrai pas. Un jour, un gars sur le forum m’a dit « maintenant que tu as fait tous ces travaux tu ne vas pas la quitter, ta Mustang, hein ! », et ça m’a fait quelque chose. Quand on voit un copain qui vend sa voiture, on se dit « mince, est-ce qu’il l’aime, sa voiture, est-ce qu’il l’a aimée ? » C’est une forme d’attachement qui est assez forte.
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LE BON MOMENT Pour celles et ceux dont le rêve de Mustang a mûri durant des décennies, la décision de sauter le pas s’impose un jour. Le défilement de la vie devient perceptible, le temps à disposition pour réaliser ses rêves et profiter de la vie se fait précieux. Les grandes étapes réalisées (formation, insertion professionnelle, mariage, naissance des enfants, construction de la maison) et l’argent pour l’achat mis de côté, Margaux se lance : « À un moment je commençais à avoir un budget confortable et je me suis dit que c’était maintenant ou jamais, j’allais pas l’avoir à 60 ans, le but c’était de l’avoir rapidement. Je suis quelqu’un qui regarde loin et qui ne veut pas se mettre en difficultés financières, je suis anti-crédit à fond. Et puis voilà, les enfants, les études, il y avait d’autres choses à faire avant. Bon, les enfants : il n’y aura plus de bébés, donc plus de frais, la maison, on a carré le truc, donc on peut y aller ! Je me suis mise à chercher 64-65, le flash de mon enfance, mais en bleu. » Louis insiste aussi sur ce moment où la vie est à l’équilibre, non seulement du point de vue financier, mais également de celui, plus général, de la construction de son existence : « La Mustang était déjà là quand je jouais aux petites voitures. Mais je n’y ai jamais réfléchi, je me suis absolument interdit d’y réfléchir avant d’avoir les moyens de le faire, car je ne voulais pas acheter à crédit. Ce n’est pas seulement que j’ai les moyens de la prendre maintenant, c’est que c’est raisonnable de la prendre maintenant. » Antoine a été sensible, à l’approche de la cinquantaine, aux maladies qui commençaient à frapper autour de lui et la décision d’achat s’est placée dans le sillage de la prise de conscience de la fragilité de la vie. Il en est de même pour Pierre, qui, tout en ayant réalisé les conditions de base c’est à dire épargné suffisamment et conquis une stabilité professionnelle, et se trouvait confronté aux premières vicissitudes de l’âge : « J’avais assez de sous de côté, je surveillais les prix depuis un moment et les prix des 67 étaient nettement en train de monter. Donc c’était maintenant ou jamais, côté budget. Côté boulot, à l’époque, il n’y avait pas de plan social en vue, donc c’était envisageable. J’approchais les 50 ans, et, surtout, j’avais des problèmes de cataracte et je ne savais pas combien de temps j’allais encore pouvoir conduire. » Le passage de décennies d’âge, nous l’avons mentionné dans le chapitre précédent, sont des caps durant lesquels on commence à réfléchir ou même à se donner des délais pour la réalisation de l’achat. Comme le dit en riant François : « À 40 ans, c’est bien d’avoir une Mustang. » La décision d’achat peut aussi intervenir dans le contexte de transitions biographiques durant lequelles la vie demande à être réagencée. Ainsi, Marie a changé de vie après une séparation et la Mustang s’est imposée comme pièce maîtresse de ce changement, après des années de mise
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en sourdine de sa passion pour les voitures : « D’abord on est jeunes, on n’a pas de sous, les choses de la vie font que ce genre de choses passent en second plan. Et j’ai vécu quelque temps avec quelqu’un qui n’aimait pas les voitures, qui m’a empêché d’avoir la voiture qui me faisait plaisir. Le jour où je me suis séparée, j’ai tout changé, changé de région, de boulot et le premier truc que j’ai changé c’est la voiture. Je ne veux plus qu’on m’interdise ma passion, c’est ma seule passion. » Marie a même envisagé de mettre sa vie amoureuse en veilleuse, ne souhaitant plus devoir choisir entre sa passion pour les voitures américaines et un compagnon. La chance lui a souri puisqu’elle a rencontré par la suite un homme qui partage avec elle le goût des grosses cylindrées. Frédéric a également acheté sa Mustang après un divorce, le choix du modèle ayant été dicté par le renoncement à la maison familiale et l’emménagement dans un appartement sans garage. Impossible donc d’envisager l’achat d’une ancienne qui doit être mise à l’abri des intempéries et dont l’usage est essentiellement récréatif ; désormais, une voiture unique doit remplir l’ensemble du cahier des charges automobile au quotidien et Frédéric a acquis une Mustang de la cinquième génération. Si une séparation peut libérer un désir d’achat auparavant brimé, elle peut aussi être le déclencheur du désir. La Mustang apparaît alors comme un cadeau que l’on se fait, un cadeau visible et bruyant destiné exclusivement à soi-même. C’est le cas de Marc : « La première Mustang, je l’ai achetée lors d’un petit craquage mental où j’avais envie de m’acheter un gros truc, une voiture. Et un jour j’ai vu une Mustang GT sur la route, noire avec des bandes dorées, une 2005. J’ai été voir ce que ça coûtait et c’était pas si cher. Alors j’ai commencé les recherches. » Tout comme Marie, Eliza a vécu un empêchement automobile durant de longues années, son mari détestant la voiture en tant quel tel. Avant de connaître son mari, elle n’avait pas d’intérêt spécifique pour l’automobile et achetait des voitures d’occasion sur les seuls critères du prix et de l’état général. Ce rapport exclusivement utilitaire à la voiture s’est soudain modifié et a pris une dimension symbolique après le divorce et quinze ans de vie sans voiture pour cause de véto conjugal : « J’ai pété un plomb, j’ai fait une sorte de crise d’adolescence. J’ai décidé que j’allais racheter une voiture, pas une voiture normale, pas une Golf, mais une voiture-provoc’. Un peu en mode vengeance, en m’imaginant passer devant son appartement et crier : t’as vu cette bagnole ! » Son choix s’est porté sur la Mustang, avec une hésitation quant au modèle. Dans un premier temps, lors d’essais avec des modèles modernes, elle a été attirée par la puissance et a pris conscience qu’elle aimait la vitesse, ce qui lui a donné à réfléchir : « La façon dont je conduisais, dont je maniais la vitesse était un peu noire et mortifère. Donc je me suis dit, si je prends une voiture un peu spéciale, il faut que ce soit une voiture qui me calme, pas une voiture qui me pousse dans la vitesse ; j’ai donc choisi une ancienne, une petite cylindrée. » Il y a aussi celles et ceux qui ont été désarçonnés par un accident de la vie et que la décision d’achat contribue à remettre en selle. Dans ce cas, la fonction attribuée à la Mustang est d’évacuer le choc, la souffrance physique et morale, puis de mettre la personne sur le chemin de la réparation. Le bon moment s’impose en réponse à la question : et maintenant ? Après avoir eu l’âme torturée par un burn-out, un stress
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post-traumatique, un deuil, ou le corps fracassé par un accident. Ainsi, Yves a été violemment percuté à moto et sauvé in extremis. Il a été hospitalisé durant un mois, a passé cinq mois en centre de rééducation, puis six mois en fauteuil roulant. Découvrant qu’il a échappé de peu à l’amputation annoncée par les médecins, il décide ne pas renoncer au plaisir de rouler, mais de passer à une autre façon d’aimer la route ; en Mustang ancienne – voiture qui était en concurrence avec la moto à l’époque de l’achat de celle-ci – et en famille : « La première chose que j’ai faite en me réveillant après l’opération, c’était de vérifier s’il y avait les deux bosses au bout du lit, si mes jambes étaient là, je les ai vues et je me suis apaisé. Je me suis dit qu’il faut profiter maintenant, et pas remettre l’achat à dans dix ans. Deux ans après l’accident, je me suis dit que c’était le moment d’acheter, pour me faire plaisir, et j’ai commencé à chercher une ancienne, un cabriolet pour se balader en famille, en boîte automatique à cause de ma jambe. » Dans le cas d’Anne-Marie, confrontée brutalement au décès de son compagnon, l’élan de la Mustang s’inscrit dans un mélange de souffrance et de colère. La Mustang était au centre de leurs disputes joueuses lors de leurs voyages aux États-Unis ; Anne-Marie faisait « le caprice du siècle pour qu’on loue une Mustang », mais son compagnon n’appréciait pas ces voitures. À la sortie de l’avion, il courait jusqu’aux bureaux de location de voitures et louait vite la Camaro au lieu de la Mustang convenue durant le vol. Aussi, lorsque son compagnon décède, Anne-Marie fait le choix définitif de la Mustang comme voiture du quotidien pour s’arracher au deuil ; un choix sous forme de gifle symbolique à la douleur : « Rémy s’est suicidé au mois d’octobre. J’ai acheté la Mustang quelques jours avant Noël en me disant, ce connard de mec m’a fait trop de mal, je me venge et j’achète un truc qu’il n’aimait pas. C’était un peu pour calmer ma colère quelque part, pour faire un pied de nez à la souffrance qu’il m’a infligée. Je me
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LA MUSTANG, LA ROUTE ET MOI Quel usage fait-on de sa Mustang ? On pourrait imaginer que les modèlent récents avalent plus de kilomètres, voire sont utilisés au quotidien, alors les anciennes seraient des voitures « de loisir » promenant leur propriétaire sur des routes pittoresques les week-ends à la belle saison. En réalité, chaque propriétaire développe ses propres usages, et surtout ses propres seuils de tolérance par rapport à ce qu’il estime raisonnable de faire, au regard du caractère objectivement et subjectivement précieux de sa voiture. Ces seuils sont constitués, entre autres, par le nombre de kilomètres effectués par années, la longueur des trajets et l’éloignement du domicile (partir ou non en vacances en Mustang ?), l’état de la route (conduire par presque tous les temps ou seulement sur route sèche ?), le type de route (conduire ou non sur l’autoroute ?), les possibilités de parking (garer ou non sa Mustang dans la rue, sur un parking de supermarché ?) et le budget carburant. Ces seuils sont globalement plus bas chez les propriétaires d’anciennes, mais il y a de notables exceptions. Les parkings surpeuplés sont la hantise de nombreux propriétaires, l’exemple type étant le parking de supermarché perçu comme lieu à risques de coups de portière sur la carrosserie. Lorsqu’un arrêt dans un tel lieu s’impose, diverses stratégies sont adoptées : se garer tout au fond, là où le parking est vide, ou alors se garer à cheval sur deux places pour laisser de la place à droite et à gauche des portières. Margaux, qui roule habituellement uniquement le week-end et pour le plaisir, applique les deux stratégies à la fois lorsqu’elle est contrainte de faire un rapide passage au supermarché : « Une fois je suis allée juste acheter une bouteille d’huile pour la cuisine, en chemin. Je me suis garée tout au fond du parking, j’ai pris quatre places à moi toute seule, Paul et Henri sont restés avec la voiture, je suis allée au pas de charge acheter mon huile. C’est très rare que je la laisse. Quand je vais à un endroit, je me renseigne avant s’il y a un parking privatif. Je suis consciente de la valeur de la voiture, et de toute façon elle n’a pas de valeur à mes yeux. Il ne faut pas que quelqu’un me l’abîme, parce que je lui défonce la tronche, franchement je le défonce. C’est ma fille. » Une autre propriétaire, Marie, craint également les coups de portière et les rayures de caddies, mais sa Mustang est sa seule voiture et elle en fait un usage qualifié de « daily » dans le milieu. Pour pallier les risques, elle a observé attentivement l’affluence dans le parking du supermarché de sa petite ville, selon les jours de la semaine et les heures de la journée. Elle fait désormais ses courses le mardi matin, afin de pouvoir garer sa voiture tout au
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tous les défauts – de confort, de sécurité, etc. – pour garder “d’origine”, c’est la voiture “time capsule” où tu retournes dans les années 1960, avec les inconvénients des années 1960. J’admire ces gens-là. Moi j’ai voulu de la performance donc j’ai mis la sécurité qui va avec, j’ai changé la boîte de vitesses, changé les freins, changé plein de trucs. Je voulais une voiture qui sorte de l’ordinaire. » Faire ou faire faire ? Voilà l’autre question que posent les impératifs d’entretien et les souhaits de modifications. Les réponses vont d’un extrême à l’autre ; de l’autonomie totale du propriétaire jusqu’au recours au mécanicien spécialisé pour l’ensemble des tâches. Pour faire soi-même des travaux, il faut être équipé de connaissances, d’outillage, de temps et surtout, en avoir envie. C’est ainsi que certains achètent leur Mustang ancienne avec le projet explicite de « travailler dessus » eux-mêmes, achat qui tient parfois davantage au désir de faire de la mécanique qu’au désir de rouler. Ce n’est pas le cas de Bill : « Je fais des petites bricoles,
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DONNER, RECEVOIR DE LA SYMPATHIE Dès les premiers kilomètres effectués avec leur Mustang, les propriétaires découvrent la dimension sociale de la voiture par le biais des marques de sympathie qu’ils reçoivent de la part d’usagers de la route : les piétons sourient, les motards saluent, les automobilistes font des appels de phare lorsqu’ils arrivent de face, des appels de feux de panne après avoir dépassé, ou encore des signes de la main (pouce levé, ou « V » avec l’index et le majeur). 16
Le « Mustang Day » est le
rassemblement national annuel du Mustang Club de France.
Certains s’y attendent, car ils ont connaissance de ces pratiques décrites sur les forums et réseaux sociaux ou ont déjà été passagers dans une Mustang, tandis que d’autres en font l’expérience avec surprise. Il n’est pas rare que lors du premier trajet, les appels de phares et mains agitées depuis les autres voitures inquiètent le conducteur novice de Mustang. Il se demande s’il y a un problème avec sa voiture : ai-je un feu de frein qui ne marche pas ? Le bouchon d’essence ouvert ? Il s’arrête, fait un tour d’inspection, repart, les signes continuent et il finit par comprendre que ce sont des salutations, des compliments à apprécier et non des sources d’inquiétudes. Céleste, qui possède deux Mustang anciennes, sourit en racontant l’embarras de sa mère lorsque celle-ci fut passagère de l’une des Mustang : « J’avais prêté ma bleue à mon père pour aller au Mustang Day 16 et au bout d’un quart d’heure ma mère m’appelle et me dit “tout le monde nous regarde ! Les gens font des photos”, je lui ai dit “maman, c’est normal, vous êtes dans une Mustang”. » Ces signes de sympathie, ces micro-interactions positives font partie du plaisir de rouler en Mustang, chacun et chacune ayant des anecdotes à raconter sur des situations originales, telle Eliza : « Une fois, j’attendais d’entrer sur un giratoire sur lequel était engagé un camion transportant une machine de chantier : le mec, il a fait deux fois le tour du giratoire pour regarder ma voiture ! Et sur l’autoroute, les gens font des trucs hallucinants ; l’autre jour, j’ai été dépassée à 120 km/h par un vieux fourgon Mercedes tout rouillé et la passagère s’est penchée, mais alors vraiment avec tout le haut de son corps, à travers la fenêtre ouverte pour me faire des signes ! Et il y a deux semaines, un gars en Ferrari Testarossa de la fin des années 1980 était tout fou ! En me dépassant, il faisait des grands signes, il a mis plusieurs minutes à me dépasser, coucou, pouce levé et tout ça, alors qu’on n’est vraiment pas dans la même catégorie ! » Sur la route, on apprend progressivement à comprendre les intentions de véhicules au comportement un peu étrange : lorsqu’un dépassement prend beaucoup de temps, c’est que le passager, voire le conducteur est en train de photographier ou filmer avec son smartphone ; lorsqu’une voiture roule
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Christine Mon mari et on moi on a toujours eu des belles voitures, c’était une passion. Chez mon mari cette passion datait de l’enfance, il aimait la technologie, le design, la puissance, il aimait la vitesse aussi. Et il avait besoin de changement, il changeait de voiture en disant « on ne vit qu’une fois, je peux me le permettre, j’ai envie d’essayer une nouvelle voiture, je veux profiter ». Moi je suis une femme ; nous, les femmes, on privilégie plus la vie de famille, l’argent on le met dans la famille et moins dans les voitures. Avec mon mari, on a partagé cette passion et on est arrivés à la Mustang parce qu’on cherchait une nouvelle voiture. On a été l’essayer en concession et quand on l’a vue, tout de suite ça a fait tilt. On est montés dedans, et il s’est passé quelque chose, cette puissance qu’on sentait. On l’a achetée quand elle a recommencé à être vendue en France. On a été la chercher ensemble, c’était comme découvrir le cadeau au pied du sapin. C’est lui qui est rentré avec, je voulais lui laisser ce moment, parce que ce sont des moments importants qui restent dans la mémoire. Après, j’ai eu du mal à la conduire quand il était à côté de moi, souvent j’étais passagère. Cette voiture lui tenait tellement à cœur que je m’effaçais, j’estimais que la conduire c’était sa soupape de décompression, son plaisir. La première fois que je l’ai prise, j’ai eu très peur : c’était une voiture qui était dans un écrin, et j’avais peur de faire une erreur, de mal passer une vitesse, de freiner trop fort. Mon mari est parti très brutalement. C’est arrivé d’un coup. C’était le week-end, il était fatigué, il se sentait grippé. Le matin il s’est levé, il n’était pas bien ; je devais faire une course et je lui ai demandé s’il se sentait de garder le petit, il a dit oui. Je m’apprêtais à partir et je l’ai entendu tousser très bizarrement, je suis allée voir dans la chambre et il était parti. Il avait fait un arrêt cardiaque. C’était quelqu’un qui vivait toujours à fond, ce que j’ai vécu avec lui était tellement intense, on a vécu comme si les jours étaient comptés, même avec les voitures, on a fait du circuit, on a tout fait intensément.
Lors du week-end, j’ai vu que sur le parking de l’hôtel, Daniel avait dit à Maurice « si je bois un coup tu ramènes la Mustang ? », et je me suis dit « ouh la la, il a vraiment confiance ». Moi, la voiture, personne ne l’avait jamais touchée, depuis mon mari, à part moi.
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Quelques mois avant de partir, il m’avait dit « si un jour je disparais, j’aimerais que tu gardes la voiture pour Pierre ». Et quand il est parti, je l’ai laissée au garage, je ne l’ai pas touchée. En fait, souvent avant, il allait faire des petits tours au Lac d’Aiguebelette. Et, un jour, Pierre m’a dit « tu sais maman, la belle voiture, on peut aller faire un tour au bord du lac, comme je faisais avec papa ? » Et là, je me suis dit que c’était le moment. Je me suis assise au volant, ça m’a fait une sensation très étrange, j’étais bien dans cette voiture, rassurée, presque sur un
petit nuage, et j’avais presque l’impression que mon mari partait avec nous, faire une balade. Et on est partis avec mon fils, on s’est même arrêté pour prendre ses grands-parents, pour leur faire partager ça, et en fait c’était la première fois qu’ils rentraient dans cette voiture. Mon fils a dit « oui, venez, on va faire un tour au bord du lac ». Et ça a été très intense. C’était à peu près un mois après le décès. Pierre parlait tout le temps de la « belle voiture », et je pense que c’est ce qui m’a aidé à la reprendre, ou à la prendre tout court puisque c’est mon mari qui conduisait avant. Au début, j’avais l’impression que mon mari était avec nous, et peu à peu j’ai laissé passer les émotions, et maintenant c’est devenu ma voiture. C’est plus notre voiture, c’est ma voiture.
C’est un partage que j’ai avec la voiture, j’en ai besoin, ça m’apaise. Je la mets en « Sport+ », ça change le bruit du pot d’échappement qui est plus vibrant, plus sourd.
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Mon mari utilisait la Mustang pour aller travailler. Et à midi, il prenait un sandwich et allait faire un tour, il décompressait comme ça. Moi, aujourd’hui, c’est soit le week-end, en famille, soit quand je ne vais pas bien, seule, dans des petites routes de montagne, parce que j’aime bien la vitesse, mais sans être inconsciente. C’est un partage que j’ai avec la voiture, j’en ai besoin, ça m’apaise. Je la mets en « Sport+ », ça change le bruit du pot d’échappement qui est plus vibrant, plus sourd. Et tu as cette sensation de puissance et tu la gardes sur le fil, tu sais qu’elle peut partir, mais tu la maîtrises. J’aime bien apprendre à connaître les voitures, apprendre à les connaître et connaître mes propres limites. Je suis entrée sur le forum, parce que quand je prenais cette voiture j’étais super bien, mais j’étais en manque de partage. Avant, on était deux, mon mari et moi. Et après, je me suis inscrite sur le forum, pas du tout pour écrire des choses et échanger sur internet, mais pour partager des moments. J’ai écrit au responsable régional, j’ai raconté ce qui s’est passé avec mon mari et j’ai dit que j’avais besoin de partager. On a fait des balades, des restos, des bowlings. La première sortie, c’était au mois de mars ; mon mari est parti fin novembre, donc ça ne faisait pas très vieux. Les contacts, les partages, c’est ce qui me fait avancer dans la vie. On a fait tout un week-end, avec le forum aussi, et c’était la première fois que j’allais si loin avec la voiture. Je ne savais pas si j’allais être capable de le faire parce que j’ai des gros problèmes de dos, et du coup j’ai surmonté tout ça et j’y suis allée. J’y suis allée avec les enfants, ils étaient super contents. Lors du week-end, j’ai vu que sur le parking de l’hôtel, Daniel avait dit à Maurice « si je bois un coup tu ramènes la Mustang ? », et je me suis dit « ouh la la, il a vraiment confiance ». Moi, la voiture, personne ne l’avait jamais touchée, depuis mon mari, à part moi. Et là bas, Marianne me dit « bois un coup, Paul il va te la ramener ta voiture », et j’ai dit « non, non, il y a les enfants ». Mais j’étais
Lorsqu’on achète une Mustang de génération I à V, on est rarement le premier propriétaire et chercher à connaître la « généalogie » de la voiture est une activité à laquelle s’essayent certains, avec plus ou moins de succès. Daniel a tenté, en vain, de retrouver le premier propriétaire de sa Mustang au Texas. Il a envoyé une photo, pour montrer que la voiture était bien entretenue, mais n’a pas eu nouvelles en retour et émet, avec un peu d’effroi, l’hypothèse que le propriétaire est décédé : « Tu imagines, toi tu as la caisse, tu as le gros sourire, et lui si ça se trouve il est raide ! » Les contacts entre propriétaires successifs sont plus fréquents chez les anciennes, Frédéric estimant que cela fait partie de leur charme : « C’est ce qui me fait baver devant les anciennes, elles ont ce truc en plus : leur passé, leur histoire. Quand tu achètes une ancienne, tu achètes les 45 ou 50 ans d’histoire qui vont avec. C’est comme acheter un château, tu achètes l’histoire qui va avec, pas juste une belle maison. » Les travaux sur les anciennes sont des occasions de découvertes de petits objets ou papiers coincés dans la boîte à gants ou dans le système d’aération, de mise au jour de transformations (par exemple la pose d’une climatisation après-coup) ou de dévoilement des différentes couleurs que la carrosserie a arborées au fil du temps et des propriétaires qui ont refait des peintures sans passer par l’étape du ponçage.
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Vendre ?
C’est grâce à une de ces découvertes que Margaux tente actuellement de retrouver le premier propriétaire : « J’ai retrouvé l’ancien propriétaire américain parce qu’en désossant la voiture, on a trouvé un certificat sous la boîte à gants. J’ai fait des recherches sur internet, et il n’avait pas déménagé, j’ai même vu la maison. Je lui ai fait un courrier en lui disant que je m’appelle Margaux et que j’avais entre les mains son ancien véhicule et que j’aurais aimé qu’il m’explique un peu l’historique. J’avais traduit la lettre en anglais avec Google, parce que je n’étais pas capable d’écrire en anglais, mon mari a relu et dit que c’était bien, ma copine en Angleterre aussi. Je lui ai donné mon adresse mail, il avait aussi mon adresse postale – j’avais même mis une enveloppe-retour avec mon adresse. Pas de nouvelles. Mais le courrier n’est pas revenu non plus. Bon, elle était démontée, sur la photo, peut-être que je vais refaire un courrier en disant que je l’ai restaurée, et “est-ce que vous avez eu mon premier courrier ?” Je vais retenter. » Outre le document trouvé, la voiture de Margaux garde les traces de sa longue vie, fournissant des bases aux interprétations malicieuses du mécanicien : « Il a dit que c’était une voiture de fille : une portière avait été abîmée sur toute sa longueur, donc en se garant, donc “voiture de fille”. Et l’autre portière aussi, elle a probablement pris un poteau : “voiture de fille !” » Les Mustangs, en particulier les anciennes, racontent effectivement une partie de leur histoire, par le biais de leur moteur et de leur carrosserie : des modifications visant une augmentation de la performance signalent un propriétaire qui aimait la vitesse, des traces de corrosion indiquent qu’elle a passé du temps à l’extérieur (le propriétaire n’avait-il pas de garage ?), des coups plus ou moins masqués sur la carrosserie constituent des stigmates d’accrochage (le conducteur était-il inexpérimenté ?), le mastiquage d’une grande surface témoignent d’un accident. Les signes du temps et de l’usage suscitent, chez le propriétaire actuel, à la fois la curiosité sur l’histoire de la voiture et la conscience qu’il en écrit un chapitre, parfois enchâssé entre d’autres chapitres, parfois le dernier.
JAMAIS ! Certaines Mustang ne seront pas vendues, leur propriétaire se refusant à envisager une telle issue. L’attachement est trop fort, la bienfaisance trop efficace pour pouvoir s’en séparer, comme c’est le cas pour Anne-Marie : « On peut dire qu’elle m’a sauvé la vie. Et je peux dire que je ne la vendrai jamais. Les gens ne comprennent pas toujours quand je leur dis que lorsque j’ai un peu le blues, mon meilleur médicament, c’est d’aller faire un tour avec. Oui, la Mustang-pansement, c’est tout à fait ça. » Pour d’autres, elle est liée à des souvenirs très forts en lien avec la famille, souvenirs qui
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LA MÉCANIQUE DE LA PASSION Véritable icône de l’industrie automobile américaine, la Ford Mustang passionne et envoûte depuis maintenant plus de cinquante ans. Nombreux sont les ouvrages techniques et rutilants qui lui ont été consacrés : « Mustang, la mécanique de la passion » s’attache à leurs propriétaires et au versant humain et sensible de l’attachement automobile. Entre 2017 et 2018, la sociologue Cornelia Hummel et le photographe David Desaleux sont ainsi allés (à bord d’un Coupé 1970 !) à la rencontre d’amoureux français, belges et suisses, de Mustang anciennes et récentes, recueillant images inédites et témoignages passionnés. Édifiant voyage au cœur d’un mythe vécu au quotidien, le livre, au travers du rapport singulier de chaque propriétaire à sa voiture, propose une série de récits et de trajectoires - aussi intimes qu’émouvants.
LA MÉCANIQUE DE LA PASSION Textes Cornelia Hummel
Photographies David Desaleux
29,00 € TTC
2 Mustang-Couverture_FINALE.indd 3-5
ISBN : 978-2-917659-82-3 Dépôt légal : décembre 2018 www.editions-libel.fr
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