Au fil du temps, se dessine une personnalité contrastée, capable de côtoyer les Frondeurs et la cour de Louis XIV, d’apprécier son quartier parisien et ses terres bretonnes, d’être une mondaine enjouée et une mère éplorée, d’écrire la chronique des grands et des petits événements et d’inventer un échange épistolaire, la « lettre tendre », dans un style qu’elle-même revendique « naturel et dérangé ». Grâce à la parution posthume de sa correspondance, Mme de Sévigné est reconnue pour le talent de sa plume et contribue à la renommée du château de Grignan où pourtant elle ne séjourna que quatre années. Publié à l’occasion de l’exposition « Sévigné, épistolière du Grand Siècle » présentée au château de Grignan, cet ouvrage permet d’entrer dans l’intimité d’une femme mêlant l’art d’aimer et l’art d’écrire, de découvrir un siècle où l’art de vivre et d’habiter devient de plus en plus raffiné à Paris comme en province, de mettre en lumière un personnage devenu mythique et toujours d’une grande modernité.
WWW.EDITIONS-LIBEL.FR Dépôt légal : mai 2017
CHÂTEAU DE GRIGNAN
ÉPISTOLIÈRE DU GRAND SIÈCLE
De sa naissance à Paris en 1626 à sa mort à Grignan en 1696, cette femme d’esprit passe d’une résidence à une autre, du Marais à Paris, à Vitré en Bretagne ou au « royal château » en Provence, tout en brossant dans sa correspondance un portrait de la société du XVIIe siècle.
SÉVIGNÉ
Mme de Sévigné est à jamais associée au château de Grignan, demeure de son gendre, François de Castellane-Adhémar, et de sa fille Françoise-Marguerite, principale destinataire des lettres de celle qui deviendra la célèbre épistolière du Grand Siècle.
SÉVIGNÉ ÉPISTOLIÈRE DU GRAND SIÈCLE
22 € TTC ISBN : 978-2-917659-62-5
CHÂTEAU DE GRIGNAN
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26/04/2017 16:50
SÉVIGNÉ ÉPISTOLIÈRE DU GRAND SIÈCLE CHÂTEAU DE GRIGNAN
Cet ouvrage est publié à l’occasion de l’exposition Sévigné, épistolière du Grand Siècle, organisée du 25 mai au 22 octobre 2017 au château de Grignan par le Département de la Drôme / Conservation du patrimoine et les Châteaux de la Drôme avec le concours du musée Carnavalet – Histoire de Paris et de la Ville de Vitré. Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication/Direction générale des patrimoines/Service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État. Commissariat de l’exposition Chrystèle Burgard, conservateur en chef du patrimoine, Conservation du patrimoine de la Drôme Comité scientifique David Brouzet, historien de l’art, responsable du département des arts décoratifs de l’IESA, enseignant à l’école du Louvre Jacqueline Duchêne, écrivain spécialiste du XVIIe siècle Benoît Charenton, directeur des archives départementales de la Drôme, Valence Stéphane Gautier, responsable de la valorisation du patrimoine de la ville et des musées de Vitré Cécile Lignereux, maître de conférences en langue et littérature françaises, université Stendhal Grenoble Alpes Jacqueline Queneau, historienne des arts de la table Christian Trézin, ancien conservateur des Châteaux de la Drôme (1980-1991), inspecteur général des patrimoines honoraire Scénographie, graphisme, éclairages Jérôme Dumoux Prêteurs Nos remerciements les plus chaleureux s’adressent aux institutions publiques qui ont permis cette exposition en consentant aux prêts d’œuvres : AIX-EN-PROVENCE Bibliothèque Méjanes - Cité du Livre AVIGNON Musée Calvet Bibliothèque municipale (Livrée Ceccano) BUSSY Château de Bussy-Rabutin/Centre des Monuments nationaux CARCASSONNE Musée des Beaux-Arts CHAMBÉRY Musée des Beaux-Arts DIJON Musée des Beaux-Arts GRENOBLE Bibliothèque municipale GRIGNAN Ville de Grignan LYON Musée des Beaux-Arts MARSEILLE Musée de la Marine, Chambre du commerce et de l’industrie Marseille-Provence NARBONNE Musée d’art et d’histoire
ORANGE Musée d’art et d’histoire PARIS Musée Carnavalet - Histoire de Paris Bibliothèque nationale de France L’Adresse Musée de La Poste ROMANS-SUR-ISÈRE Musée international de la Chaussure SAINT-OMER Musée de l’hôtel Sandelin VALENCE Musée d’art et d’archéologie Archives départementales de la Drôme VERSAILLES Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon VITRÉ Musées de Vitré Château des Rochers-Sévigné Ainsi qu’aux collectionneurs privés Philippe Irrmann et Jacqueline Queneau, Famille Morand, Jean-Yves Patte, Françoise Vergier et à tous ceux qui ont souhaité garder l’anonymat. Auteurs du catalogue David Beaurain, attaché de conservation au musée du Domaine départemental de Sceaux David Brouzet, historien de l’art, responsable du département des arts décoratifs de l’IESA, enseignant à l’école du Louvre Jacqueline Duchêne, écrivain spécialiste du XVIIe siècle Julia de Gasquet, maître de conférences en études théâtrales, Paris 3 Sorbonne Nouvelle ; directrice artistique du Festival de la Correspondance Stéphane Gautier, responsable de la valorisation du patrimoine de la ville et des musées de Vitré Cécile Lignereux, maître de conférences en langue et littérature françaises, université Stendhal Grenoble Alpes Maïté Metz, Conservatrice du patrimoine, Musée Carnavalet, Paris Jacqueline Queneau, historienne des arts de la table Christian Trézin, ancien conservateur des Châteaux de la Drôme (1980-1991), inspecteur général des patrimoines honoraire Remerciements L’exposition n’aurait pu voir le jour sans le soutien de Patrick Labaune, président du Conseil départemental de la Drôme, député, et de Fabien Limonta, vice-président chargé de la Culture et président des Châteaux de la Drôme. Nous tenons à adresser nos remerciements aux élus, présidents, directeurs, conservateurs, régisseurs, documentalistes, restaurateurs qui ont contribué à la réalisation de l’exposition et du catalogue : Juliette Atkinson, Françoise Auger-Feige, Marie-Élisabeth Ballet-Dadouche, Justine Bard, Franck Baulme, Philippe Bélaval, Lionel Bergatto, Caroline Bongard, Marie-Françoise Bois-Delatte, Aurélie Bosc, Patrick Boulanger, Sophie Boulard, Annie Brigant, Rachel Brishoual, Anne Camuset, Raphaëlle Cartier, Michèle Cimmino, Michel Chazottes, Marie Clemente, Delphine Christophe, Christiane Dole, Sylvie Drago, Bruno Durieux, Laurence Engel, Philippe Ferrand, Mauricette Feuillas, Valérie Fours, Géraldine Fray, Catherine
Gamby-Garrigos, Hélène Gary, Isabelle Grasswill, Valérie Guillaume, Elysabeth Jacob, Alain Jourdan, François Jonniaux, Frédéric Lacaille, Clémence Lacoque, Perrine Latrive, Laura Lévêque, Anne Lhuillier, David Liot, Annie Madec, Marie-Noëlle Maynard, Élisabeth Maisonnier, Maéva Méplain, Anne-Lise Moreau, Hélène Moulin, Éric OlivierDrure, Catherine Pégard, Yves Penet, Pascale Picard, Jacques Pfister, Laurence Pissard, Laura Prince, Brigitte Robin-Loiseau, Béatrice Roussel, Romain Saffre, Laurent Salomé, Philippe Sartout, Pascale Soleil, Isabelle Stetten, Gaëlle Taudou, Cécile Ullmann, Cécile Vaéron, François-Xavier Verger, Pierre Vollant, Jean-Guy de Waël, Jean-Pierre Wagner ; et plus particulièrement à Richard Chambaud, Idelette Drogue-Chazalet, Jérôme Dumoux, Frédéric Mille, Stéphane Galdemas pour leur soutien et leur engagement ; et à l’ensemble du personnel de la Conservation du patrimoine et des Châteaux de la Drôme. Nous souhaitons exprimer nos remerciements à la Direction régionale des affaires culturelles Auvergne-Rhône-Alpes et à la CAISSE D’ÉPARGNE Loire-Drôme-Ardèche et aux entreprises mécènes pour leur généreuse collaboration : BUSSEUIL SAS et son président Alain Guibert, Valence ; GERFLOR et son directeur Henry Vollant, Saint-Paul-TroisChâteaux ; SAS GANON et son directeur Philippe Jourdan, Valence ; MANPOWER Agence d’intérim et son directeur Jean-François Vidal, Pierrelatte ; Transports DANIEL et son directeur Thierry Daniel, Grignan ; et aux médias partenaires : France Culture, Télérama. Catalogue Coordination éditoriale : Chrystèle Burgard Recherche iconographique et relecture : Karine Xavier, chargée des ressources numériques et documentaires, Conservation du patrimoine de la Drôme ; Daphné Michelas, historienne du patrimoine ; Idelette Drogue-Chazalet Conception graphique : Frédéric Mille Production de l’exposition Régie des œuvres et assistance au commissariat : Carine Marande, chargée des musées, Conservation du patrimoine de la Drôme Textes : Chrystèle Burgard avec Pierre Guiral, médiateur du patrimoine, Châteaux de la Drôme Traductions : Suzan Arscott Aménagement scénographique : JP Créa Bois Impression : La Fabrique Installation/accrochage : La Fabrique ; Fixart ; Service technique des Châteaux de la Drôme : Cyril Sprocani / Climatisation : Audigier-Sautel / Electricité : Sudel / Peinture-plâtrerie : Tedeschi Transport des œuvres : LPart / Assurance : Gras Savoye Communication : Marie David, Châteaux de la Drôme ; Pascal Zelcer, Catherine Guizard, attachés de presse Recherche de mécénat : Nadine Gleize-Bec, Châteaux de la Drôme Médiation : Guillaume Emonot, service des Publics, Châteaux de la Drôme Réalisation du film : Qwazar, Valence avec Cécile Lignereux et Marianne Téton, comédienne.
© Éditions Libel © Département de la Drôme
SOMMAIRE 35
79
II
III
LES SÉJOURS DE MADAME DE SÉVIGNÉ A U « R O YA L C H Â T E A U » , GRIGNAN ET LA PROVENCE
6 PRÉFACE VINCENT BERJOT
7 AVANT-PROPOS PATRICK LABAUNE FABIEN LIMONTA
8 INTRODUCTION CHRYSTÈLE BURGARD
36 QUATRE ANS, ET L’ÉTERNITÉ… JACQUELINE DUCHÊNE
44 À GRIGNAN, LES DOMAINES DU COMTE CHRISTIAN TRÉZIN
50 MME DE SÉVIGNÉ ET LA CHRONIQUE DES TRAVAUX À GRIGNAN CHRISTIAN TRÉZIN
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I
UNE FEMME D’ESPRIT DE SON TEMPS, E N T R E PA R I S E T V I T R É 12 MADAME DE SÉVIGNÉ : UNE PARISIENNE À LA MODE MAÏTÉ METZ
26 DU « PAYS DE SON MARI » À LA « MAÎTRESSE DES LIEUX », LE CHÂTEAU DES ROCHERS, LA BRETAGNE, LES BRETONS ET LA MARQUISE DE SÉVIGNÉ STÉPHANE GAUTIER
56 L’ART DE VIVRE AU TEMPS DE MME DE SÉVIGNÉ JACQUELINE QUENEAU
66 L’ARCHITECTURE ET LE DÉCOR INTÉRIEUR DES GRANDES DEMEURES EN PROVENCE À L’ÉPOQUE DE MME DE SÉVIGNÉ OU L’HISTOIRE D’UNE RÉVOLUTION CLASSIQUE DAVID BROUZET
LA CONSTRUCTION D’UNE LÉGENDE 80 COMPTE RENDU D’ENQUÊTE : LA PUBLICATION DES LETTRES DE MME DE SEVIGNÉ À MME DE GRIGNAN JACQUELINE DUCHÊNE
88 MYTHE SÉVIGNÉEN ET TOURISME À GRIGNAN CHRISTIAN TRÉZIN
100 LES PORTRAITS DE LA MARQUISE DE SÉVIGNÉ : L’IMAGE D’UNE FEMME ILLUSTRE ENTRE RESSEMBLANCE ET HISTORICISME DAVID BEAURAIN
112 LES RITUELS ÉPISTOLAIRES DE L’AMITIÉ CÉCILE LIGNEREUX
124 LE FESTIVAL DE LA CORRESPONDANCE DE GRIGNAN, UN ENFANT DE CHIMÈRE JULIA DE GASQUET
128 LISTE DES ŒUVRES
132 BIBLIOGRAPHIE
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P R É FAC E VINCENT BERJOT DIRECTEUR GÉNÉRAL DES PATRIMOINES MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION
Mettant à l’honneur une personnalité littéraire peu montrée depuis son tricentenaire en 1996, le château de Grignan propose une exposition temporaire sur Madame de Sévigné. Son ambition est de faire connaître la célèbre épistolière et ses liens privilégiés avec le « royal château » depuis la parution posthume de sa correspondance. Au fil du parcours scénographique, se dessine une personnalité contrastée, capable de côtoyer les Frondeurs et la cour de Louis XIV, d’être une Parisienne mondaine et une mère passionnée, d’écrire la chronique des grands et des petits événements de son temps et d’inventer un échange épistolaire dans un style qu’elle-même revendique « naturel et dérangé ». L’exposition met en lumière le mythe sévignéen, construit au cours des siècles autour de cette femme de lettres et de Grignan. Grâce à sa renommée littéraire, le château sera sauvé des ruines et retrouvera sa splendeur d’antan. L’œuvre de l’épistolière, « Figure de proue » toujours vivante, continue à nourrir productions artistiques, éditions, événements culturels… Cette exposition n’aurait pu voir le jour sans les prêts accordés par de grandes institutions publiques telles le musée Carnavalet – Histoire de Paris, le musée national des Châteaux de Versailles et de Trianon ou la Bibliothèque nationale de France, ainsi que par de nombreux musées de France en région, de Vitré à Marseille, de Saint-Omer à Narbonne, de Dijon à Valence. L’exposition a également bénéficié de la générosité de collectionneurs particuliers. L’originalité du projet, le propos scientifique et les dispositifs de médiation mis en place pour toucher des publics les plus variés ont conduit le ministère de la Culture et de la Communication à lui attribuer le label « Exposition d’intérêt national » pour l’année 2017. Ces expositions labellisées contribuent à la politique ministérielle d’action territoriale des musées de France et à l’accompagnement par l’État des collectivités porteuses de projets scientifiques exigeants et innovants, projets sur lesquels le rapport de la mission « musées du XXIe siècle » a mis l’accent.
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AVA N T- P R O P O S PAT R I C K L A B A U N E PRÉSIDENT DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL DÉPUTÉ DE LA DRÔME
FA B I E N L I M O N TA VICE-PRÉSIDENT CHARGÉ DE LA CULTURE PRÉSIDENT DES CHÂTEAUX DE LA DRÔME
Première exposition d’envergure au château de Grignan, « Sévigné, une épistolière du Grand Siècle » se devait d’être présentée au « royal château » et dans le « vrai pays » de la marquise, la Provence. Aucune exposition n’avait encore eu lieu sur ce sujet, ni n’avait étudié en profondeur les liens de cette femme d’esprit avec le château qui fut la demeure de sa fille Françoise-Marguerite et de son gendre le comte de Grignan. Reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication, cette exposition retrace le parcours de Mme de Sévigné, de sa naissance à Paris en 1626 à sa mort à Grignan en 1696, en passant par Vitré et la Bretagne, et brosse le portrait d’une époque, le Grand Siècle. Elle met en lumière l’évolution de l’écriture de la marquise et sa place dans le monde des Lettres, aborde la manière de vivre et d’habiter en Provence et se penche particulièrement sur le mythe sévignéen. Dans une scénographie évoquant les intérieurs du XVIIe siècle, sont présentées plus d’une centaine de pièces — peintures, objets d’art, manuscrits, livres, gravures — provenant de nombreuses collections publiques et privées. Cet événement s’inscrit dans la programmation ambitieuse de valorisation du château de Grignan avec notamment la restauration de la cour Renaissance et de l’aile des Prélats construite à la fin du XVIIe siècle par le comte de Grignan et également celle du cabinet d’écriture situé dans l’appartement qu’occupait la marquise pendant ses séjours. Nous tenons à saluer le travail du comité scientifique, des équipes de la Conservation du patrimoine et des Châteaux de la Drôme qui, sous l’égide du Département de la Drôme, ont su mener à bien ce projet, développer des partenariats efficaces alliant institutions publiques, collectionneurs privés et mécènes.
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INTRODUCTION CHRYSTÈLE BURGARD CONSERVATEUR EN CHEF DU PATRIMOINE
Concevoir une exposition sur Mme de Sévigné au château de Grignan est un exercice complexe tant son rôle y est ambivalent. Cette femme d’esprit n’a pas participé aux transformations du château, à l’instar des grands bâtisseurs Gaucher et Louis Adhémar (XVIe siècle), puis François de Castellane-Adhémar (XVIIe siècle), ou des audacieux restaurateurs d’un édifice partiellement détruit à la Révolution, Léopold Faure (XIXe siècle) et Marie Fontaine (XXe siècle) qui a consacré sa fortune à redonner au château son prestige d’antan. Pourtant le château de Grignan est souvent considéré comme la demeure de Mme de Sévigné même si elle n’y séjourna que quatre années et y laissa peu de traces tangibles. Aussi son rôle symbolique ne peut-il être éclipsé au profit d’une analyse stricte de la seule évolution de l’architecture qui privilégierait notamment l’entreprise singulière de Marie Fontaine. Il est indéniable que l’« effet Sévigné » agit sur les visiteurs, dans un lieu qui semble prolonger la lecture de sa correspondance et conserver une forme de mémoire de la création épistolaire. Le château de Grignan est, comme l’écrit Jacqueline Duchêne, le « symbole douloureux de séparation » entre la mère et la fille, Françoise-Marguerite, qui, toute jeune mère, choisit de rejoindre son époux, le comte de Grignan. C’est vers ce lieu que sont expédiées la plupart des 674 lettres écrites par Mme de Sévigné à sa « Bien aimée » pendant leurs huit ans et demi de séparation : du départ de sa fille le 4 février 1671, jusqu’au dernier séjour auprès d’elle à Grignan, à partir du 27 mai 1694. Il devient aussi l’objet de nombreuses représentations et descriptions fantasmées ou réelles qui témoignent de l’imaginaire foisonnant de l’épistolière et du pouvoir que les lieux exercent sur elle : « C’est un de mes maux que le souvenir que me donnent les lieux » (29 janvier 1674). Pour Mme de Sévigné, Grignan est tout d’abord un lieu mythique qu’elle découvre en juillet 1672, un an et demi après l’installation de sa fille. Sans l’avoir jamais vu auparavant, elle évoque dans ses lettres la magie du « château d’Apollidon » en référence au roman Amadis des Gaules ; elle l’imagine avec « un air de grandeur et une magnificence dont [elle est] enchantée » (28 juin 1671) qui « sent bien les anciens Adhémar » (21 juin 1671). Après son séjour, le château devient un lieu réel qu’elle compare à « une belle vue, un bel air », une « belle maison », une « ville », ou même à une « république ». Elle y décède le 17 avril 1696, et la collégiale Saint-Sauveur de Grignan abrite depuis lors sa sépulture. La Provence, considérée tout d’abord par elle comme un lieu inquiétant qui lui a « volé sa fille », deviendra au fil de ses
différents séjours son « vrai pays » d’où « viennent tous [s]es biens et tous [s]es maux » (28 octobre 1671). Ces différents lieux constitueront les passages obligés des infatigables curieux de l’épistolière du Grand Siècle, après la parution posthume de sa correspondance. En dehors des nombreuses biographies sur Mme de Sévigné et sa famille écrites en particulier par Jacqueline et Roger Duchêne, peu d’expositions ont été consacrées à cette personnalité littéraire. Deux d’entre elles ont toutefois éclairé le parcours de cette femme brillante et le contexte historique et social du XVIIe siècle. En 1973 dans le cadre du tricentenaire de sa venue en Provence, l’exposition Les Provençaux de Madame de Sévigné au musée Cantini à Marseille présente sa famille, ses voyages notamment à Marseille, et le contexte artistique. En 1996 à l’occasion du tricentenaire de sa mort, la présentation de Madame de Sévigné au musée Carnavalet à Paris s’attache à sa vie parisienne, à la cour de Louis XIV et à la chroniqueuse de la vie publique. Mettre en lumière le parcours de cette épistolière d’exception à travers les lieux qu’elle a habités ou qu’elle a traversés, se pencher sur la place dans sa vie de l’écriture et de l’art d’une conversation en absence, interroger le mythe sévignéen, sa naissance et sa construction au cours des siècles, tel est le propos de cette exposition et du catalogue qui l’accompagne. Au carrefour de l’art et de la littérature, ce projet s’appuie sur des recherches entreprises depuis de longues années par Christian Trézin, auteur de la thèse et de l’ouvrage, Grignan. Du castellum au palais d’Apolidon, notamment sur les travaux conduits au temps de Mme de Sévigné, ou par la romancière Jacqueline Duchêne qui a exploré, aux côtés de son mari Roger Duchêne, les méandres des familles Rabutin, Sévigné et Adhémar ainsi que la destinée d’une correspondance. Elle fait également état de l’actualité des études menées par différents spécialistes : Maïté Metz, conservateur au musée Carnavalet, sur sa vie de Parisienne à la mode et sur ses nombreuses habitations dans le quartier du Marais ; Stéphane Gautier, historien et expert de Mme de Sévigné au château des Rochers à Vitré et en Bretagne. Jacqueline Queneau, historienne des arts de la table, et David Brouzet, historien de l’art, fins connaisseurs de l’art de vivre et d’habiter dans les grandes demeures en Provence au XVIIe siècle. Au-delà des études historiques et artistiques, une place particulière est donnée aux recherches littéraires et iconographiques. Cécile Lignereux,
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professeur de langue et littérature françaises, renouvelle l’approche de l’écriture épistolaire de Mme de Sévigné qu’elle ne considère pas seulement comme un document historique sur la société ou la religion, mais qui en analyse les stratégies discursives et les modalités d’écriture, notamment les rituels épistolaires de l’amitié. Quant à l’historien d’art David Beaurain, il étudie minutieusement les représentations iconographiques de la marquise, entre ressemblance et historicisme. Enfin, le rôle de cette femme de lettres est mis en lumière dans la naissance du festival de la Correspondance « qui célèbre la voix et les émotions dans l’écriture », par Julia de Gasquet, directrice artistique de cet événement. Dans la subtile scénographie de Jérôme Dumoux, conçue en écho avec les lieux de résidence de Mme de Sévigné, l’exposition propose quatre thématiques, ponctuées de citations de l’épistolière, et illustrées d’œuvres et d’objets d’art, d’ouvrages et de lettres autographes. Une femme d’esprit de son temps, entre Paris et Vitré commence avec un aveu de Mme de Sévigné à son cousin, Bussy-Rabutin, le 17 juin 1687 : « Je n’avais retenu de dates que l’année de ma naissance et celle de mon mariage, mais sans augmenter le nombre, je m’en vais oublier celle où je suis née, qui m’attriste et m’accable, et je mettrai à la place celle de mon veuvage, qui a été assez douce et assez heureuse, sans éclat et sans distinction, mais elle finira peut-être plus chrétiennement que si elle avait eu de plus grands mouvements, et c’est en vérité le principal ». De sa jeunesse, Mme de Sévigné retient avant tout son mariage et son veuvage, deux dates de sa vie « douce », partagée entre deux traditions familiales, entre deux origines sociales — les Rabutin, vieille famille bourguignonne et les Coulanges, roturiers auvergnats récemment enrichis — et entre ville et campagne. À Paris, elle reçoit une éducation moderne, se mêle à la société mondaine et aux grands de ce monde, noue et dénoue des relations à une époque perturbée par la Fronde et les guerres. En Bretagne et à Vitré, « Pays de son mari », elle commence sa vie de femme mariée au jeune baron breton, Henri de Sévigné, puis se découvre « maîtresse des lieux » après son veuvage. L’année 1671, de l’art d’aimer à l’art d’écrire s’attache plus particulièrement à cette date à laquelle Françoise-Marguerite quitte sa mère et Paris pour rejoindre à Grignan son époux nommé par Louis XIV lieutenant général au gouvernement de Provence. Dès lors, Mme de Sévigné prend conscience de l’intensité de ses sentiments pour sa fille et instaure un mode de communication — une conversation en absence — devant entretenir leur lien affectif en dépit de la distance géographique qui les sépare. Écrites deux à trois fois par semaine à la comtesse grâce à l’amélioration des routes et de la poste, ses lettres entretiennent une conversation familière, loin des échanges factices de la mondanité galante et des excès de la préciosité. L’acte d’écrire devient déterminant dans l’organisation de sa vie. Un millier de lettres conservées de Mme de Sévigné porte sur les
« pensées justes et naturelles », sur l’histoire familiale et sur les événements de son temps, de la Fronde aux opérations militaires. Les séjours de Mme de Sévigné en Provence et au « royal château » à Grignan mettent en lumière ses voyages en carrosse, en litière ou en bateau sur le « terrible Rhône » pour rejoindre sa fille « bien aimée ». Elle ne fera que trois séjours à Grignan qui s’étaleront sur quatre années ; le premier débute le 30 juillet 1672 et s’achève le 5 octobre 1673. Dix-sept ans après, elle fait un second séjour du 24 octobre 1690 à décembre 1691 et le dernier se déroule du 27 mai 1694 au 17 avril 1696, date de son décès au château. Mme de Sévigné découvre le « royal château » et la Provence devenue son « vrai pays » depuis que sa fille y demeure. Elle apprécie le rôle officiel de son gendre, lieutenant général de Provence, qu’elle accompagne dans ses déplacements à Aix, Lambesc ou Marseille. Admiratrice ou critique, elle observe les embellissements du château entrepris par le comte et la comtesse avec l’aide des deux prélats, frères du comte, leur train de vie fastueux, véritables témoignages de l’art d’habiter et de vivre en Provence au XVIIe siècle. Le mythe sévignéen, qui conclut l’exposition, se construit au fil des siècles autour de cette femme au talent de plume reconnu, convaincue d’avoir eu une vie « sans éclat et sans distinction ». Après sa mort en 1696 au château de Grignan et à partir des différentes parutions de sa correspondance, un véritable culte de la marquise se met en place autour de sa demeure et de sa sépulture. Le château devient, dès le XVIIIe siècle, un lieu de pèlerinage pour les écrivains et les artistes, une étape pour les érudits qui entreprennent le Grand Tour, une « curiosité » pour les touristes à partir du XIXe siècle. Grâce à sa renommée littéraire, le château sera sauvé des ruines et retrouvera sa splendeur du temps des Adhémar. « Figure de proue » toujours vivante, l’épistolière continue à nourrir œuvres d’art, éditions, événements culturels comme le festival de la Correspondance. Constituée par des prêts de collections publiques et privées, cette exposition temporaire permet de mettre en valeur les collections départementales du château de Grignan qui n’ont jamais fait l’objet d’une présentation au public, de sortir des réserves les lettres autographes de Mme de Sévigné, ses ouvrages et ceux de Bussy-Rabutin ou d’autres auteurs de son époque, de mettre en valeur les œuvres et les objets d’art autour de sa famille et du XVIIe siècle. Elle vient également conforter la place du Grand Siècle au château de Grignan et s’inscrit dans le prolongement de la programmation muséographique valorisant l’appartement de Mme de Sévigné et son cabinet à travers la reconstitution de celui-ci, ainsi qu’en écho à la restauration de l’aile des Prélats construite à la fin du XVIIe siècle par le comte de Grignan et ses frères. Que soient chaleureusement remerciés le comité scientifique et les auteurs du catalogue qui se sont investis depuis deux années dans ce projet et tous ceux qui l’ont accompagné et soutenu inlassablement.
I UNE FEMME D’ESPRIT DE SON TEMPS, E N T R E PA R I S E T V I T R É
( <<< ) Claude Lefebvre, La marquise de Sévigné, vers 1665, huile sur toile ; Paris, musée Carnavalet. © Musée Carnavalet / Roger-Viollet
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M A DA M E D E S É V I G N É : U N E PA R I S I E N N E À LA MODE MAÏTÉ METZ
De Mme de Sévigné la grande épistolière, ce n’est pas tant l’activité littéraire que nous choisissons de retenir, que ce qui pourrait la constituer intrinsèquement, en tant que « Parisienne ». Et de nous interroger sur ce que pourrait signifier cette forme d’« identité », si tant est que le terme soit bien adéquat… En quoi Mme de Sévigné est-elle « parisienne » ? Elle qui ne revendique surtout aucun sentiment d’appartenance et passe son temps à voyager, de la Bretagne à la Provence, en passant par les cures de Vichy. Pourtant, ces mêmes voyages la ramènent sans cesse à Paris, où se trouvent sa famille, ses amis, où palpite le cœur de sa vie mondaine. C’est le centre permanent d’où elle s’échappe d’autant plus volontiers pour mieux prendre l’air. Ce périmètre topographique induit ainsi un faisceau de relations, d’influences, d’idées, qui marquent son quotidien et façonnent la femme. L’étude du contexte parisien dans lequel elle évolue au milieu du XVIIe siècle permet de brosser un portrait social et intellectuel de Mme de Sévigné. Au revers de sa vie mondaine, sa dernière demeure, l’hôtel Carnavalet, incarne, quant à lui, le goût plus intime de la marquise. De la scène publique à ses appartements privés, Mme de Sévigné aura profondément marqué la capitale, qui lui rendra en retour un hommage continu. C’est un « esprit du temps »2 que nous tâchons de saisir ici, qui a fait de Mme de Sévigné une grande dame, investissant les lieux à la mode, étroitement mêlée à l’aristocratie de l’époque, pétrie des auteurs du siècle, relayant les grands événements de son temps à travers ses lettres, et vivant le paradoxe d’une société marquée tout à la fois par les moralistes les plus sévères, et les précieux les plus ridicules. Une femme du monde en somme, mais d’un monde dont la richesse l’a pénétrée, tout autant qu’elle l’aura considérablement enrichi. ( 1 )
Cévigny, Veufve jeune et belle, Comme une chaste tourterelle, Ayant d’un cœur triste et mâry Lamenté Monsieur son Mary, Est de retour de la campagne, C’est-à-dire de la Bretagne, Et malgré ses sombres atours Qui semblent ternir ses beaux jours, Vient augmenter, dans nos Rüelles L’agréable nombre des Belles.1 UNE RICHE DAM E D U MARA I S LA PLACE ROYALE, LE CENTRE DE GRAVITÉ Mme de Sévigné naît à Paris le 5 février 1626. « Cet événement initial […] forme la circonstance la plus déterminante de son existence. Il orientera en elle l’enfant, la femme, la mère, l’écrivain, il en nourrira la substance par les souvenirs, les rencontres et les habitudes, et influera sur son style car, autant que l’air du temps, s’impose à l’esprit humain le génie du lieu. »3 De son lieu de naissance, place Royale, à son dernier séjour à l’hôtel Carnavalet, Mme de Sévigné est une femme du Marais. Tout au long de sa vie, elle y cumule pas moins de onze résidences, situées dans un mouchoir de poche, et dans lesquelles elle pratique la location, la colocation et même la sous-location. Elle y est entourée de la plus ancienne noblesse d’épée (incarnée par les Guise, Bouillon, Rohan), ou de robe (Le Tellier, Ormesson, Lamoignon, Amelot), et voisine avec ses cousins et amis. Elle y fréquente les salons et côtoie les écrivains et penseurs du temps.
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(1) Nicolas Guérard, Fille à la mode, XVIIIe siècle, gravure ; Paris, Bibliothèque nationale de France. © BnF
(2) La place Royale, passage du carrosse royal, vers 1660, huile sur toile ; Paris, musée Carnavalet. © Musée Carnavalet / Roger-Viollet
Depuis la création par Henri IV d’une nouvelle place ordonnancée dans un Paris aux espaces publics rares, la place Royale est devenue le cœur du quartier aristocratique du Marais. Des concessionnaires bourgeois ou de petite noblesse bâtissent des hôtels pour une haute aristocratie coutumière de la location résidentielle. Si la résidence royale de l’hôtel des Tournelles ne sert plus d’habitation depuis que l’a abandonnée Catherine de Médicis, à qui elle rappelait trop la mort tragique de son époux Henri II, les grandes familles proches de la couronne sont restées, quant à elles, dans les hôtels qu’elles se sont fait bâtir. L’obligation de construire selon une élévation homogène et sous un délai de rigueur n’empêche pas l’engouement nouveau autour de cette place Royale. « En tout le reste du monde, écrit un contemporain, il n’y a point tant de maisons ensemble de même symétrie, aussi riches en dehors et par le dedans, n’y ayant que des financiers ou de grands seigneurs qui l’habitent. »4 La place Royale fait ainsi cohabiter l’ancienne noblesse et les parvenus, ces « vilains » récemment anoblis qui tirent parti d’un prestige nouveau. ( 2 )
Le cercle familial de Mme de Sévigné résulte de la branche des Rabutin du côté paternel, issue d’une vieille famille bourguignonne remontant au XIIe siècle. Du côté maternel, elle descend des Coulanges, une modeste famille de roturiers auvergnats, mais qui compte également des représentants de la noblesse d’épée et de robe parmi ses membres. Côté Rabutin, c’est à son cousin Roger de Rabutin, comte de Bussy qu’elle est la plus liée. Après que celui-ci fut exilé de la cour pour avoir tenu et publié des propos trop libertins, les deux cousins entretiennent une correspondance suivie et se rendent visite régulièrement. Leur relation est complexe et leur amitié, souvent mise à l’épreuve, résiste, notamment suite à un portrait critique que Bussy fait de sa cousine dans L’histoire amoureuse des Gaules5. Il semble que leurs rapports ambigus stimulent réciproquement les deux cousins. Côté Coulanges, elle est liée dans sa jeunesse à son cousin Philippe-Emmanuel, puis à son oncle, l’abbé de Coulanges, le « Bien Bon », qui gère ses biens et avec qui elle partagera l’hôtel Carnavalet. Si elle reste durablement proche de sa famille, Mme de Sévigné ne le sera pas longtemps de son mari, Henri de Sévigné, issu de l’une des plus anciennes familles de la noblesse bretonne. Ce dernier est assez rapidement volage après le mariage, et elle n’a que peu à voir avec celui qu’ « elle aima sans l’estimer et qui l’estimait sans l’aimer ». Après avoir été l’amant de Ninon de Lenclos, il meurt à 28 ans des suites d’un duel pour les beaux yeux d’une autre maîtresse, « la belle Lolo », Mme de Gondran.
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(3) Jacques Gomboust, Plan de Gomboust, Lutetia Paris, 1652, plan imprimé ; Paris, Bibliothèque nationale de France. © BnF
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En suivant la marquise au fil de ses installations successives dans le Marais, on dévide l’écheveau des événements de sa vie. Le périmètre géographique qu’elle investit correspond à un mode de vie qu’elle mène de façon rapidement libre et autonome : ( 3 ) 01 1626-1637 : naissance et enfance place Royale, dans l’hôtel de son grand-père Philippe de Coulanges, qu’elle ne quittera qu’à la mort de ce dernier. L’hôtel est construit sur trois parcelles : un bâtiment avec entrée sur la rue Royale (n°11 bis de la rue de Birague) et une aile donnant sur la place (n°1 bis). 02 Marie suit alors Philippe II de Coulanges, son oncle et tuteur, aîné de la famille, et sa femme Marie, rue Barbette, de 1636 à 1639, dans un hôtel aujourd’hui disparu, à l’emplacement du n°39 actuel. 03 Puis elle s’installe avec eux dans un hôtel entre cour et jardin (l’hôtel de Coulanges est encore en place aujourd’hui au n°35-37 de la rue des Francs-Bourgeois). 04 Après son mariage avec Henri de Sévigné en 1644, elle s’installe avec lui dans une maison située entre cour et jardin au 11, rue des Lions (aujourd’hui rue des Lions-Saint-Paul). 05 Après la mort de son mari, le 6 février 1651, elle est accueillie par Pierre de Gondi, frère du cardinal de Retz, dans son hôtel de la rue d’Orléans (actuelle rue Charlot). 06 Elle loue, en 1651, une maison rue Sainte-Avoie (ultérieurement rue du Temple) qu’elle occupera pendant 17 ans avec sa tante Henriette de Coulanges, la marquise de la Trousse, jusqu’en 1668. 07 Après le mariage de sa fille, elle s’installe dans un vaste hôtel, nouvellement édifié, rue de Thorigny (n° 6 à 10 actuels). 08 Elle partage un temps la demeure de son cousin Philippe-Emmanuel de Coulanges, rue du Parc-Royal. 09 À la Pâques 1672, elle s’installe dans une petite maison rue des Trois-Pavillons (actuelle rue Elzévir, n°14). 10 Elle occupe un nouveau logement, partagé avec son autre oncle abbé, Christophe de Coulanges, dans une grande maison de la rue Courteauvillain (actuelle 8, rue de Montmorency). L’hôtel s’étend entre les actuelles rue du Temple et Beaubourg. Il est formé de trois vastes corps de logis enserrant deux cours successives, et se trouve aux confins occidentaux du Marais. Ce sera la demeure la plus excentrée de la place Royale qu’elle n’ait jamais occupée. 11 Elle charge alors ses amis, et plus particulièrement d’Hacqueville, de lui trouver une maison grande et agréable qui puisse plaire à sa fille : les premières mentions relatives à Carnavalet, « rue des Filles-bleues » apparaissent dans les lettres du 13 septembre, 21 septembre, 4 octobre et 7 octobre 1677.
Moins qu’une Parisienne au sens large, Mme de Sévigné reste exclusivement attachée au quartier du Marais. Parce que c’est le quartier à la mode à l’époque, mais sans doute surtout pour des raisons familiales et amicales. Elle fréquente ainsi l’hôtel de Condé et se lie, par ce biais, avec le Grand Condé, avec sa sœur,
la duchesse de Longueville, et avec la duchesse de Montpensier (la Grande Mademoiselle). Mais la Fronde les disperse. Elle restera également très liée au cardinal de Retz, archevêque de Paris de 1654 à 1662, avant qu’il ne finisse emprisonné comme frondeur. Une amitié profonde la lia à Fouquet auquel elle demeura fidèle jusqu’au bout. Elle côtoie aisément les grands de ce monde sans avoir à être une dame de cour assidue à Versailles. Très lucide sur le fonctionnement de la cour, elle remarque ainsi : « Pour moi, j’ai vu des moments où il ne s’en fallait rien que la fortune ne me mît dans la plus agréable situation du monde ; et puis tout à coup c’étaient des prisons, des exils. »6 Elle semble alors se situer socialement entre la vieille noblesse et la grande bourgeoisie, ce qui lui permet de naviguer habilement d’un milieu à l’autre. LA DÉPÊCHE DE PARIS À travers sa correspondance, Mme de Sévigné se fait largement chroniqueuse des événements de Paris qui la marquent. Elle relate ainsi le procès de Fouquet, qu’elle suit avec une attention toute particulière étant donné ses liens avec l’intéressé. Elle rend également compte des grands succès militaires de Turenne ou du Grand Condé. Elle assiste d’ailleurs à la cérémonie funéraire de ce dernier qu’elle décrit avec émerveillement : « On sent la douleur de voir sortir du monde un si grand homme, un si grand héros, dont les siècles entiers ne sauront point remplir la place. »7 Ces récits, dignes des gazettes de son temps, ne manquent pas de relayer les liaisons amoureuses notables (dont celles du roi) et les mariages fameux, dont celui, manqué, de la Grande Mademoiselle avec le comte de Lauzun, marqué d’une ironie piquante8. Elle n’oublie pas de renseigner également la rubrique nécrologique en rendant compte des pompes funèbres les plus spectaculaires (celle du chancelier Séguier ou d’Henri II de Bourbon) ( 4 ) ou les exécutions les plus frappantes (dont celle de la Brinvilliers). Ces écrits adressés à sa fille constituent des témoignages précieux de son époque. Elle occupe alors, avec raison, une place de choix parmi les mémorialistes du siècle. Lamartine la considère ainsi comme « l’écho d’un siècle », « le Pétrarque de la prose en France »9. ( 5 )
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LE « M O NDE » ET LE SPIRITU E L Si Mme de Sévigné a tant marqué son temps, c’est qu’elle a su, grâce à la liberté conquise sur la contrainte de son jeune veuvage, mettre à profit de façon particulièrement intelligente le contexte dans lequel elle évolue. Celui des précieuses et d’un temps où le « divertissement » doit être compris comme une habile posture entre légèreté et profondeur, où s’exprime un art de la conversation instruite et réjouissante tout à la fois. Elle s’inscrit donc dans cet « esprit d’époque » dont elle est tributaire, tout autant qu’elle s’en accommode et le fait évoluer. L’ÉDUCATION D’UNE FEMME « MODERNE », LA PLACE DE LA LECTURE
(4) Pierre-Paul Sevin, Décoration funèbre à la mémoire d’Henri II de Bourbon, 1687, gouache à rehauts d’or ; Paris, musée Carnavalet. © Musée Carnavalet / Roger-Viollet
(5) Bureau secrétaire de Madame de Sévigné, XVIIe siècle ; Paris, musée Carnavalet. © Philippe Joffre / Musée Carnavalet / Roger-Viollet
Fait important dans la formation intellectuelle de Marie de Rabutin-Chantal : elle reçoit une éducation « à domicile ». « Alors qu’elle est orpheline à 11 ans, le conseil de famille alloue 1200 livres par an au paiement de ses maîtres. Cette somme est largement suffisante pour la placer au couvent […], elle est pourtant élevée chez ses grands-parents maternels, entourée d’une famille nombreuse »10. Cette éducation de jeune fille se fait à l’époque essentiellement par la lecture, et surtout de romans. Devenue grandmère, Mme de Sévigné conseillera ainsi sa fille pour l’éducation de sa petite-fille Pauline : « Je la ferais travailler, lire de bonnes choses, mais point trop simples, je raisonnerais avec elle, je verrais de quoi elle est capable […]. » Au lieu de la culture classique réservée aux garçons, dont la base était l’enseignement du latin, elle apprend l’italien et l’espagnol, des langues vivantes. Mais il est surtout frappant de constater comment elle fait fructifier une éducation de jeune fille des plus élémentaires, par une curiosité insatiable, qui la fait s’intéresser aux plus grands auteurs de son temps. Ainsi Eva Avigdor, qui a dressé « un portrait intellectuel et moral » de Mme de Sévigné, rappelle la richesse et la profondeur de sa vie intérieure, inédites chez une femme de son temps : « Il me paraissait extraordinaire qu’une personne sans formation intellectuelle adéquate s’obstinât à approfondir les problèmes existentiels ; il me paraissait également extraordinaire, surtout pour une femme, qu’elle eût lu tant de livres du domaine de la pensée spéculative. »11 Si elle a une inclination plus particulière pour les romans, Mme de Sévigné est aussi une amatrice de théâtre, elle aime la poésie contemporaine, tout autant que les livres de morale, de religion et les traités historiques. En énumérant quelques-unes des grandes figures littéraires qu’elle affectionne, se dessine un goût particulièrement éclairé. Corneille, en premier lieu, est certainement sa plus grande passion littéraire : « Je suis folle de Corneille […] il faut que tout cède à son génie. »12 ( 6 ) Au point qu’elle le pastiche quelques fois dans ses lettres.
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Même si elle préféra toujours Corneille, Mme de Sévigné sut apprécier quelques œuvres de Racine (Andromaque, et surtout Esther, pièce dont elle rapporte que « Racine s’[y] est surpassé »). Son jugement peut être acéré : « Racine fait des comédies pour la Champmeslé [actrice, inspiratrice et amante, entre autres, de Racine, de Boileau, et du fils de Mme de Sévigné] ; ce n’est pas pour les siècles à venir. »13 Ou plus mesuré : « […] Pour ce qui est des belles comédies de Corneille, elles sont autant au-dessus [des pièces de Racine], que celles de Racine sont au-dessus de toutes les autres. » Elle est également amatrice des pièces de Molière, qui constitue pour elle l’incarnation même du comique, tout en étant un moraliste qui avait « corrigé tant de ridicules »14 ( 7 ) La Fontaine fut un de ses auteurs préférés. ( 8 ) Il était d’ailleurs le protégé de Fouquet, certainement par l’entremise de Mme de Sévigné, comme en témoignent ces vers : « Entre les dieux, et c’est chose notoire, / En me louant Sévigné me plaça. » Sa dédicace à la jeune Mlle de Sévigné de la fable du Lion amoureux célébrait pourtant à la fois sa beauté et sa froideur légendaire. Mais celle-ci défendait ardemment l’auteur des Contes et des Fables contre sa fille, les trouvant seulement « jolis, très jolis »15, et auprès de son cousin Bussy : « Faites-vous envoyer promptement les Fables de La Fontaine ; elles sont divines. On croit d’abord en distinguer quelques-unes, et à force de les relire, on les trouve toutes bonnes. C’est une manière de narrer et un style à quoi l’on ne s’accoutume point. »16 De façon étonnante, les mentions de Mme de Sévigné à propos de Boileau contrastent avec l’image sévère du personnage, soit qu’elle le mentionne impliqué dans les intrigues amoureuses de son fils avec la Champmeslé, soit qu’elle le mette en scène en tant que bouillonnant polémiqueur dans la querelle des Anciens et des Modernes17. Mme de Sévigné fut aussi une des premières lectrices et le défenseur de l’œuvre de sa meilleure amie, Mme de La Fayette : « La princesse de Clèves […] ne sera pas sitôt oubliée. […] qui me paraît une des plus charmantes choses que j’ai jamais lues. »18 Et réciproquement, Mme de La Fayette, dans son Portrait de Mme de Sévigné, met en avant son don remarquable de la conversation : « Sachez donc, madame, si par hasard vous ne le savez pas, que votre esprit pare & embellit si fort votre personne, qu’il n’y en a point au monde de si agréable. »19 Enfin, elle est également lectrice de La Rochefoucauld : « Voilà les Maximes de M. de La Rochefoucauld revues, corrigées et augmentées ; c’est de sa part que je vous les envoie. Il y’en a de divines et, à ma honte, il y en a que je n’entends point. Dieu sait comme vous les entendrez. »20
(8) Hyacinthe Rigaud (1659-1743), Jean de La Fontaine (1621-1695), poète français, 1680, huile sur toile ; Paris, musée Carnavalet. © Musée Carnavalet / Roger-Viollet
(6) François Sicre (1640-1705), Pierre Corneille (1606-1684), poète dramatique français, XVIIe siècle, huile sur toile ; Paris, musée Carnavalet. © Musée Carnavalet / Roger-Viollet
(7) Nicolas Mignard (1606-1668), Molière (1622-1673) dans le rôle de César de la « Mort de Pompée », tragédie de Corneille, vers 1650, huile sur toile ; Paris, musée Carnavalet. © Musée Carnavalet / Roger-Viollet
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PRÉCIOSITÉ ET « DIVERTISSEMENT » PARISIEN S’il est un monde auquel on associe bien souvent Mme de Sévigné, c’est celui des précieuses, dont il faut dépasser les traits « ridicules » qu’en a dépeints Molière. Au-delà de recherches de langage parfois excessives qui ont pu être caricaturées, il faut replacer le mouvement dans l’anthropologie du milieu mondain au XVIIe siècle. S’y forme un microcosme et ses types issus de la société des salons, dont la précieuse ridicule ne fait contrepoint que par ses excès21, comme « une caricature de la femme du monde, à la fois semblable à son modèle et pourtant méconnaissable tant les traits sont exagérés »22. De même, Mascarille et Jodelet (les valets des Précieuses ridicules), prenant les habits de leurs maîtres, passent en revue, le temps d’un instant, les stéréotypes de la culture mondaine pour en charger les traits : lecture de poèmes, conversations galantes et savantes, bal, parade vestimentaire. À entendre Madelon, l’une de ces précieuses, « pecque » et « coquette », ridiculisée par Molière : « Paris est le grand bureau des merveilles, le centre du bon goût, du bel esprit et de la galanterie. » ( 9 )
(9) Nicolas Arnoult, Le caquet des femmes. Deux femmes au chevet d’une accouchée, XVIIe siècle, estampe ; Paris, Bibliothèque nationale de France. © BnF
Aux côtés de Mme de Sévigné, quelques chefs de file participent de ce culte nouveau de « l’honnête homme » : Vincent Voiture, poète et spécialiste des louanges bien tournées, Jean Chapelain, auteur et théoricien, bras droit de Richelieu lors de la fondation de l’Académie française, par exemple. Ce dernier a d’ailleurs peut-être été conseiller de l’éducation de Mme de Sévigné et aurait été un de ses professeurs d’italien. Il n’hésitait pas en tout cas à se présenter comme son « père d’élection » et se targuait de l’avoir introduite auprès de la marquise de Rambouillet et de sa fille. Gilles Ménage, également : érudit, polémiste et galant, dont Molière fit le modèle du Vadius des Femmes savantes. Lui aussi aurait été le professeur d’italien de Mme de Sévigné et de Mme de La Fayette jeunes. Tout ce beau monde se réunit chez la marquise de Rambouillet, « l’incomparable Arthénice », ou chez Madeleine de Scudéry et ses célèbres « samedis », rue du Temple, puis rue de Beauce. Mme de Sévigné admire beaucoup « [c]elle dont l’esprit et la pénétration n’ont point de bornes »23, qu’elle nomme tantôt « l’illustre Sapho », tantôt « cette merveilleuse Muse ». La marquise elle-même est une hôte louée pour la qualité de sa conversation, et chantée par nombre de poètes sous les patronymes mythologiques les plus érudits. Dans Clélie où paraît la Carte de Tendre, Mme de Sévigné apparaît sous le nom de Clarinte, gage de sa position mondaine. Mlle de Scudéry y vante, entre autres qualités, sa conversation et son talent épistolaire24. La marquise est également décrite sous le nom de Sophronie dans le Grand dictionnaire des pretieuses de Baudeau de Somaize (1661)25 et tient son rang dans la Galerie des portraits de Mademoiselle de Montpensier en 165926. Le Marais, cette région que Somaize nomme l’« Éolie », concentre ainsi, à la suite de la « pucelle du Marais » (surnom ironique donné par Furetière à Mlle de Scudéry), nombre de précieuses telles que Mme de Guénégaud, surnommée Amalthée, dans son hôtel de la rue des Francs-Bourgeois, la marquise de Sablé et la comtesse de Maure, place Royale, Marion Delorme, rue de Thorigny, Ninon de Lenclos, rue des Tournelles27. Enfin, Paul Scarron, qui tenait salon à l’angle de la rue de Turenne et de la rue de Villehardouin chante en ces vers la place Royale : « Adieu donc jusqu’après la foire, / Que vous me verrez revenir. / Car qui peut long temps se tenir / Si loing de la Place Royale ? / […] Adieu, belle Place où n’habite / Que mainte personne d’élite, / Or adieu Place très illustre / D’une illustre ville le lustre. »28 Si Mme de Sévigné fréquente les salons à la mode, c’est tout autant par désir de sociabilité et souci de plaire, que par goût du divertissement, dans son sens pascalien. Celui-ci n’est pas le seul amusement, mais il recoupe également les activités sérieuses, qui permettent de se détourner, un temps, de la misère de l’homme. Le spirituel tient une place d’importance dans les préoccupations de la marquise. Elle est par exemple lectrice de
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Montaigne et amie de Mme Plessis-Guénégaud, favorable aux jansénistes, et dont le salon à l’hôtel de Nevers voyait disputer de questions théologiques. Les Provinciales de Pascal y trouvèrent alors leur premier auditoire. Elle est également très sensible aux oraisons funèbres de Bossuet — qu’elle rencontre chez Mme de Guénégaud — et de Fléchier, « chefs-d’œuvre d’éloquence qui charment l’esprit ». Mais Bourdaloue, que Mme de Sévigné surnomme le « Grand Pan » a ses faveurs : « Je suis entêtée du P. Bourdaloue. J’ai commencé dès le jour des Cendres à l’entendre à Saint-Paul ; il a déjà fait trois sermons admirables. »29 Sa lecture des Essais de Morale de Pierre Nicole la marque fortement. Cette sorte de manuel religieux au service de la doctrine janséniste était un véritable livre de chevet pour Mme de Sévigné : « Vous savez que je suis toujours un peu entêtée de mes lectures. Ceux à qui je parle ou à qui j’écris ont intérêt que je lise de bons livres. Celui dont je veux parler présentement, c’est toujours de Nicole. »30 Ainsi, pour Eva Avigdor qui consacre un chapitre aux « Essais de morale de Nicole et à l’humanisme de Madame de Sévigné », « Pierre Nicole est l’auteur qui a le plus profondément et aussi le plus directement influencé la pensée de Mme de Sévigné par ses Essais de morale ; elle admire l’auteur avant même leur parution. »31 Progressivement, elle se rapproche des jansénistes, et de la famille des Arnauld d’Andilly en particulier, qui jouèrent un rôle important dans son évolution spirituelle du côté de Port Royal. Mais elle garde toujours une attitude équilibrée, ni dévote ni détachée, comme en témoigne cet aveu fait à sa fille : « Vous me demandez si je suis dévote, ma bonne ; hélas ! non, dont je suis très fâchée, mais il me semble que je me détache un peu de ce qui s’appelle le monde. La vieillesse et un peu de maladie donnent le temps de faire de grandes réflexions. Mais, ma chère bonne, ce que j’épargne sur le public, il me semble que je vous le redonne ; ainsi je n’avance guère dans le pays du détachement. »32. Davantage que l’amour de Dieu, c’est l’amour maternel qui la remplit, et elle découvre que ses sentiments maternels sont quelquefois en conflit avec ses devoirs de chrétienne (« Je voudrais bien que mon cœur fût pour Dieu comme il est pour vous »). Aussi, comme le conclut Eva Avigdor, « Mme de Sévigné reste jusqu’à la fin de la vie une femme du monde. Malgré l’attachement à Port-Royal et l’admiration pour la doctrine janséniste, elle admet son incapacité de pratiquer ce dont elle se déclare persuadée. »33
L E D E R N I ER S ÉJ OU R À C AR NAVALET « LA CARNAVALETTE », LA « MAISON DU BONHEUR »34 Tout au long de ses domiciles parisiens précédents, Mme de Sévigné ne semble cesser de tourner autour de l’hôtel qu’elle chérira jusqu’à la fin de sa vie. Ayant passé quelques années dans deux logis trop étroits, l’un rue des Trois-Pavillons, où sa fille était tombée malade, l’autre rue Courteauvillain, Mme de
Sévigné espère beaucoup de ce vaste hôtel Carnavalet, où elle pourrait se loger à l’aise en compagnie de son oncle et de sa famille. C’est en revenant de Vichy, à l’automne de 1677, que Mme de Sévigné s’installe dans l’hôtel où elle succède à Mme de Lillebonne. L’installation met un certain temps à se conclure et la marquise ne cache pas son impatience : « D’Hacqueville lanterne tant pour la Carnavalette, que je meurs de peur qu’il ne la laisse aller. Eh, bon Dieu ! Faut-il tant de façons pour six mois ? »35 Et encore : « Je crois que d’Hacqueville nous louera l’hôtel Carnavalet, à moins que Mme de Lillebonne ne se ravise et n’en veuille pas sortir à cette Saint-Rémi ; je reconnaîtrais bien notre guignon. »36 En effet, il faut d’abord composer avec les présents locataires, des nobles désargentés, qui ont laissé les lieux en piètre état. Mais enfin, l’affaire est conclue : « Pour moi, je m’en vais vous ranger la Carnavalette, car enfin nous l’avons, et j’en suis fort aise. […] Ah ! Quel bon air nous aurons dans cette Carnavalette, au prix de la Courtaude ! (surnom de la maison rue Courteauvillain) »37 Son contentement est grand d’occuper l’hôtel Carnavalet, qui lui permet de répondre à son désir le plus cher, le « phalanstère » : « Je crois que d’Hacqueville nous a pris la Carnavalette ; nous nous y trouverons fort bien, il faudra tâcher de s’y accommoder, rien n’étant plus honnête, ni à meilleur marché, que de loger ensemble. »38 Une autre lettre à sa fille permet de comprendre en quoi l’hôtel correspond aux attentes de la marquise : « Dieu merci nous avons l’hôtel Carnavalet. C’est une affaire admirable : nous y tiendrons tous, et nous aurons le bel air. Comme on ne peut pas tout avoir, il faut se passer des parquets et des petites cheminées à la mode, mais nous aurons du moins une belle cour, un beau jardin, un beau quartier […] et nous serons ensemble, et vous m’aimez ma chère enfant. »39 En effet, la demeure réunit de nombreux critères avantageux : de l’espace pour permettre de loger toute la famille, l’attraction irrésistible du quartier — « Je reçois mille visites en l’air des La Rochefoucauld, des Tarente ; c’est quelquefois dans la cour de Carnavalet, sur le timon de mon carrosse »40 — la jouissance des extérieurs, entre cour et jardin. Pour rappel, l’hôtel Carnavalet est situé dans le quartier dit de la couture Sainte-Catherine, à l’emplacement de l’ancien prieuré de Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers. Le terrain fut loti dès 1545 autour de la future rue des Francs-Bourgeois. L’hôtel, bâti en 1546 par Jacques des Ligneris, président au Parlement et ambassadeur auprès du concile de Trente, est un chef-d’œuvre de la Renaissance. Les plans auraient été confiés à Pierre Lescot, et les sculptures sont de Jean Goujon. Il doit sa désignation à la déformation du nom de son locataire suivant, le Breton François de Kernevenoy, simplifié en Carnavalet. C’est ensuite Claude Boislève, intendant de Nicolas Fouquet, qui restructure l’hôtel en 1655 en faisant appel à François Mansart41. Après l’arrestation de Fouquet, l’hôtel est saisi et donné par le roi à Gaspard de Gillier, conseiller au Parlement, qui le loue en octobre 1677 à Mme de Sévigné. Elle l’occupera jusqu’à sa mort en 1696.
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( 10 ) Jean Mariette (1660-1742), La façade de l’hôtel Carnavalet, XVIIe siècle, eau-forte ; Paris, musée Carnavalet. © Musée Carnavalet / Roger-Viollet
CHAMBRE MADAME DE GRIGNAN
GRIPPEMINAUD ?
CHAMBRE MADAME DE SÉVIGNÉ
SALLE COMMUNE
APPARTEMENT « BIEN BON »
APPARTEMENT DU COUPLE GRIGNAN
26 25
ENTRÉE
12
36
24
R+1
GALERIE GARDE-MEUBLE
RU
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APPARTEMENT CHARLES SÉVIGNÉ
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( 11 ) Plan du rez-de-chaussée et de l’étage de l’hôtel qu’occupait la marquise de Sévigné avec la répartition des espaces avant la transformation du musée Carnavalet. © Musée Carnavalet
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À LA RECHERCHE D’UNE OMBRE ? ÉVOQUER LE SOUVENIR DE MME DE SÉVIGNÉ AU MUSÉE CARNAVALET ( 10 ) Les transformations successives de l’hôtel rendent malheureusement difficile l’appréhension des lieux tels que les occupait la marquise. On peut toutefois émettre quelques hypothèses concernant le plan d’occupation des lieux à partir d’une lettre maintes fois disséquée, dans laquelle elle annonce à sa fille son déménagement et fait des propositions de répartition des espaces ( 11 ) : « Ma bonne, nous avons une contestation, d’Hacqueville et moi. Il veut que vous soyez avec moi dans le bel appartement ; moi, je voulais que vous fussiez en bas, au-dessous de moi, où il y a toutes les mêmes pièces, afin d’être moins cousue et d’être moins près de moi. Voici ses raisons contre les miennes. Il dit que le haut est bien plus clair et plus propre que le bas ; il a raison. Il y a une grande salle commune que je meublerai, puis un passage, puis une grande chambre, — c’est la vôtre. De cette chambre, on passe dans celle de Madame de Lillebonne, — c’est la mienne. Et de cette grande chambre, on va dans une petite, que vous ne connaissez pas, qui est votre panier, votre grippeminaud, que je vous meublerai, et où vous coucherez, si vous voulez. La grande sera meublée aussi de votre lit ; j’aurai assez de tapisserie. Cette petite chambre est jolie. Il dit que ceux qui nous voudront voir toutes les deux, ne vous feront pas grand mal de passer dans votre grand’ chambre. Celles que je voudrai nous ôter, pour écumer votre pot, viendront par un degré dégagé assez raisonnable tout droit dans ma petite chambre. Ce sera aussi le degré du matin, pour mes gens, pour les ouvriers, pour mes créanciers. Il y a près de ce degré deux chambres pour mes filles. Vous avez aussi de quoi mettre les vôtres et Montgobert en haut avec Mlles de Grignan, où il y a présentement deux princesses ; cela s’appelle la chambre des princesses. M. de Grignan sera au bout de la salle, mon fils en bas sans que la grande salle soit meublée, le Bien Bon sur une petite île très jolie. Voilà comme le grand d’Hacqueville a tout rangé. Si vous aimez mieux le bas, vous n’avez qu’à le dire ma bonne ; on le fera ajuster. »42 Voici ce que nous pouvons conclure de ce témoignage : — Mme de Sévigné et sa fille s’installèrent d’abord à l’étage noble, entre cour et jardin, dans les salles consacrées aujourd’hui à la municipalité parisienne, la première correspondant à la salle commune (salle 24), celle du centre à la chambre de Mme de Grignan (salle 25), et la troisième, à celle de Mme de Sévigné (salle 26). La question du fameux « grippeminaud » (une petite pièce ou cabinet) reste irrésolue et si on a pu l’assimiler à la salle 36, en face du petit escalier, il est à présumer qu’il n’a jamais existé que dans les intentions premières de la marquise43. — Le comte de Grignan semble relégué « au bout de la salle » (la petite pièce 12). Le fils Charles, dans l’appartement du bas, et l’abbé de Coulanges dans une petite aile. Les demoiselles de Grignan sont, quant à elles, installées sous les toits au second.
En réalité, la répartition des lieux a évolué par rapport aux intentions premières : « Nous savons que si Mme de Grignan a bien, au premier étage, sa chambre entre cour et jardin à côté de [celle de sa mère], son “grippeminaud” n’a existé que dans les intentions maternelles ; que l’appartement situé juste au-dessous de ces chambres et de la grande salle sera celui de M. et Mme de Grignan au titre de leur vie de couple ; que Charles de Sévigné, mieux qu’un logement “en bas”, s’en voit assigner un au premier étage sur la rue, au-dessus du principal passage d’entrée et au voisinage de son grand-oncle l’abbé de Coulanges. »44 En 1680, Mme de Sévigné se lance dans de grands travaux qu’elle confie à l’architecte libéral Bruant afin d’aménager le rez-de-chaussée pour sa fille. Exécutés de mai à octobre 1680, les travaux concernent la chambre et la garde-robe attenante, où cloisons, cheminées, croisées et parquets sont mis à neuf, des plafonds de toile blanche sont créés pour couvrir les solives, ainsi que l’établissement d’un cabinet45. Mme de Grignan ne craignait pas de comparer ces travaux à ceux que Didon, selon Virgile, entreprit à Carthage : « Je vous ai mandé l’état de votre Carthage : pendon l’opere tutti ! Votre cabinet sera comme vous le voulez, les vitres et les serrures seront mises en un moment. Vous ne comprenez point ces toiles que nous ferons mettre aux poutres de votre chambre, qui feront une manière de plafond à juste prix ?... Cela se fera avec le reste ; c’est à colle… »46 Malheureusement rien ne subsiste de ces travaux après les diverses occupations de l’hôtel converti en clinique sous la Révolution, siège de la Direction de l’imprimerie sous l’Empire, de l’École des ponts et chaussées en 1815, de l’Institution Verdot, puis acheté par la Ville de Paris en 1866 et fortement restauré avant l’ouverture du musée en 1880. Ce dernier investira les salles consacrées à Mme de Sévigné de façon discordante par rapport aux espaces réellement investis par la marquise, soit dans la galerie de l’aile gauche et le salon d’angle qui lui fait suite. Ces pièces revêtues de leurs lambris d’origine ont alors reçu les armes des Sévigné, rajoutées en stuc dans les embrasures des fenêtres, pour se convaincre de l’occupation de la marquise47. ( 12 ) Si l’occupation des lieux reste soumise à quelques zones d’ombre, l’ameublement de l’hôtel est quant à lui impossible à restituer, comme c’est le cas pour tous les intérieurs du XVIIe siècle non préservés48. Et il nous faut nous borner à des essais de reconstitution, à partir de l’inventaire après-décès dressé le 18 juin 1696, en présence de Charles de Sévigné49. Comme la marquise meurt durant un séjour à Grignan, les intérieurs qu’elle laisse à Carnavalet sont marqués par un long départ : elle avait fait mettre des housses, dégarnir les lits, ranger certains meubles et rouler les tapisseries dans quelques pièces de l’hôtel converties en garde-meuble. Sans entrer dans la litanie rébarbative de l’inventaire, résumons simplement que paravents,
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( 12 ) Salles du musée Carnavalet : lit et salon de la marquise de Sévigné, XXe siècle, cartes postales anciennes ; Paris, musée Carnavalet. © Musée Carnavalet
tapisseries de brocatelle de soie rouge ou de haute lice et tentures en cuir doré garnissent abondamment les murs ; les sols et les tables sont recouverts de tapis de Turquie ; un mobilier chargé couvre les murs : cabinets de bois plaqué, bureaux en sapin, armoires en bois de chêne, sièges, ployants, chaises, fauteuils, canapés et banquettes en bois parfois tourné, couverts selon les saisons de différentes toiles, velours ou damas. Arrêtons-nous néanmoins sur la garniture de la chambre me de M de Sévigné : un lit à colonnes, deux petites tables en bois de violette, un petit cabinet et sa table d’appui en bois de rapport, un paravent de quatre feuilles en toile peintes à thème de paysage, deux fauteuils couverts de velours et cinq sièges pliants. Aux murs : un miroir à bordure et chapiteau de glace, une portière de peluche rouge devant une embrasure intérieure, et aux fenêtres, des rideaux de taffetas rouge. Les garnitures du baldaquin et des housses du lit et des sièges sont régulièrement changées, qu’elles soient de damas blanc doublé de brocart blanc ou de taffetas bleu rayé. « Le bleu, le blanc, le rouge se [relayant] vraisemblablement dans le décor de son intimité, […] tour à tour mais jamais à la fois. »50
Dans la galerie servant de garde-meuble se trouvent trois séries de tapisseries de haute lice, une de huit illustrant L’histoire sainte de Noé, une de sept La fable de Spicichée (Psyché) et une autre de sept composée de verdures de Flandre. Outre le mobilier en réserve, se trouve « une grande carte de la ville de Paris et de ses environs, garnie de ses rouleaux de bois noircy. » L’argenterie mentionnée appartient vraisemblablement à l’abbé de Coulanges. Peu de peintures semblent orner les murs, du fait de l’éternelle situation transitoire de ses locations : « Étant toujours locataire, elle ne se souciera jamais de mettre au goût du jour le décor de ses appartements avec des peintures sur lambris ou sur toiles mais se contentera de tentures en cuir doré, de tapisseries de brocatelle de soie rouge et de tapisserie de haute lice. […] Aucune mention dans les inventaires de bibelots ou de portraits dont elle parle cependant dans une de ses lettres à sa fille : “Nous sommes entourés de vos portraits.” »51 ( 13 ) Mme de Sévigné écrit à sa fille, le 10 mai 1694, à la veille de son départ : « en vérité, c’est une chose étrange que de partir et de se déménager, comme nous faisons : on se fait pitié à soi-même ; on n’a plus rien ; mais on est trop heureuse de vous aller voir, de vous aller embrasser et de quitter un lieu où tout le monde va mourir, si la sécheresse continue encore huit jours. » L’inventaire fait état de ce déménagement, mais de la longue et sèche énumération des biens et meubles, il n’y a que peu de traces, rendant difficile l’appréhension de ce lieu, laissé figé avec le départ de sa locataire. La tentative de saisir au plus près le contexte d’habitation de la marquise à Carnavalet doit dès lors se contenter de l’évocation d’une ombre et d’une muséographie fonctionnant par analogies.
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HOMMAGES POSTHUMES Si finalement aucun des objets contemporains de Mme de Sévigné à Carnavalet ne semble avoir subsisté, la transformation de l’hôtel particulier en musée a, en revanche, suscité de nombreux dons d’objets-reliques autour de la marquise. Des morceaux de vêtement ou des mèches de cheveux conservés au musée Carnavalet ont par exemple nourri un mythe et instauré un culte nouveau des reliques qui reste à étudier à ce jour. En attendant, de nombreuses commandes artistiques ont rapidement rendu hommage à l’épistolière dont la notoriété croît à partir du milieu du XVIIIe siècle. ( 14 ) Pour preuve, la commande faite au peintre Raguenet en 1766 par Horace Walpole, grand admirateur de Mme de Sévigné, de la maison qu’elle avait occupée. La Ville de Paris a joué un rôle primordial dans la reconnaissance posthume de la marquise comme en témoignent de nombreuses commandes officielles pour le musée Carnavalet. Ainsi, un projet de statue de la marquise trônant dans la cour d’honneur avait été imaginé, que confirme un dessin de Hénard. ( 15 ) De même, un buste avait été commandé par la Ville de Paris en 1877 au sculpteur Chatrousse, qui occupait en 1881, à l’ouverture du
musée, la grande niche du « salon des tableaux », puis fut déplacé sur le palier de l’escalier Mansart. Tandis que la rue de la Couture-Sainte-Catherine devenait rue de Sévigné en 1867. Concluons par le portrait que fait Baudeau de Somaize de Mme de Sévigné sous le nom de Sophronie : « Sophronie est une jeune veufve de qualité ; le merite de cette Pretieuse est égal à sa grande naissance, son esprit est vif & enjoüé, et elle est plus propre à la joye qu’au chagrin. […] Les traits de son visage sont deliez, son tein est uny, & tout cela ensemble compose une des plus agreables femmes d’Athenes [Paris] ; mais si son visage attire les regards, son esprit charme les oreilles, & engage tous ceux qui l’entendent ou qui lisent ce qu’elle écrit. […] elle loge au quartier de Leolie (le Marais). »52 Par son insertion dans le Marais, par ses relations et ses influences intellectuelles, Mme de Sévigné semble ainsi faire entendre, dans le concert du Siècle de plus en plus fondu et rangé sous la tutelle de Versailles, une singularité toute parisienne. ( 13 ) Abraham Bosse (d’après), Conversation de dames en l’absence de leurs maris, première moitié du XVIIe siècle,
huile sur toile ; Écouen, musée national de la Renaissance. © RMN-Grand Palais (musée de la Renaissance, château d’Écouen) / Gérard Blot
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( 14 ) Westermann d’après Jean-Baptiste Raguenet, L’hôtel Carnavalet, 1926, huile sur toile ; Paris, musée Carnavalet. © Musée Carnavalet / Roger-Viollet
( 15 ) Hénard, Cour d’honneur de l’Hôtel Carnavalet, actuel 23 rue de Sévigné, 4e arrondissement, projet de la statue de Mme de Sévigné dans la cour Louis XIV, 1847, plume, aquarelle, rehauts de blanc, or ; Paris, musée Carnavalet. © Musée Carnavalet / Roger-Viollet
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— 1 Loret Jean, « La muze historique ; ou recueïl des lettres en vers, contenant les Nouvelles du temps. Écrites a son altesse Mademoizelle de Longueville. Par le Sr Loret […] », lettre du 19 novembre 1651. — 2 Voir sur ce sujet la notion de Zeitgeist, empruntée à la philosophie allemande, notamment développée par Hegel, et qui révèle le climat intellectuel et culturel d’une époque. — 3 Cajat Claude, Madame de Sévigné à Paris et en Île-de-France, Les Presses du Village, 2006. — 4 Cité par Roger Duchêne, in Chère Madame de Sévigné…, Paris, 1995, p. 15, Découvertes Gallimard / Paris Musées. — 5 « Cette belle n’est amie que jusqu’à la bourse. », in Histoire amoureuse des Gaules, Paris, 1823, tome 1er, p. 224. — 6 Lettre à Mme de Grignan en 1680. — 7 Lettre à Moulceau du 13 décembre 1686. — 8 Lettre à son cousin Coulanges du 15 décembre 1670. — 9 Lamartine, Mme de Sévigné, 1864. — 10 Picco Dominique, « Éduquer les filles dans la France de Louis XIV », in Être femme sous Louis XIV : du mythe à la réalité, cat. exposition Louveciennes, Musée-promenade de Marly-le-Roi, 3 octobre 201514 février 2016, p. 25. — 11 Avigdor Eva, Madame de Sévigné, un portrait intellectuel et moral, 1974, Paris, p. 9. — 12 Lettre à Mme de Grignan du 9 mars 1672. — 13 Lettre à Mme de Grignan du 16 mars 1672. — 14 Lettre à Coulanges du 19 juin 1695. — 15 Lettre à Mme de Grignan des 30 mars et 1er avril 1671. — 16 Lettre à Bussy du 26 juillet 1679. — 17 Lettre à Mme de Grignan du 15 janvier 1690. — 18 Lettre à Bussy du 18 mars 1678. — 19 Cité in Madame de Sévigné, catalogue de l’exposition, musée Carnavalet, 15 octobre 1996 – 12 janvier 1997, Paris Musées, p. 72
— 20 Lettre à Mme de Grignan du 20 janvier 1672. — 21 Voir à ce propos la parfaite synthèse établie par Claude Bourqui dans le dossier « Qu’est-ce que la préciosité ? » à l’édition de Poche des Précieuses Ridicules, de Molière, 1999, Librairie Générale Française, Paris, p. 121-126. — 22 Pelous Jean-Michel, Amour précieux, amour galant (1654-1675), Paris, Klincksieck, 1980, p. 349. — 23 Lettre à Pomponne du 9 décembre 1664. — 24 « Il y a quelque chose de si délicat, et de si particulier à la beauté et à l’esprit de la princesse Clarinte, que je ne pense pas pouvoir trouver des expressions assez propres pour vous la bien faire connoître […] » cité in Madame de Sévigné, op. cit., p. 70. — 25 « Sophronie est une jeune veufve de qualité; le merite de cette Pretieuse est égal à sa naissance, son esprit est vif & enjoüé, et elle est plus propre à la joye qu’au chagrin ; cependant il est aisé de juger par sa conduite, que la joye chez elle, ne produit pas l’amour ; car elle n’en a que pour celles de son sexe, & se contente de donner son estime aux hommes ; encore ne la donne-t’elle pas aisément. […] mais si son visage attire les regards, son esprit charme les oreilles, & engage tous ceux qui l’entendent ou qui lisent ce qu’elle écrit. […] Elle loge au quartier de Leolie [le Marais] », cité in Madame de Sévigné, op. cit., p. 73. Ou Le Grand Dictionnaire des Prétieuses par le sieur de Somaize avec clef historique et anecdotique par Ch. L. Livet, Paris, 1856. — 26 La galerie des portraits de mademoiselle de Montpensier ; recueil des portraits et éloges en vers et en prose des seigneurs et dames les plus illustres de France, la plupart composés par eux-mêmes, dédiés à Son Altesse Royale Mademoiselle, Paris, Ch. de Sercy et Barbin, 1659. — 27 Le Marais : mythe et réalité, cat. exposition Hôtel de Sully, 30 avril-30 août 1987. — 28 « Adieu aux Marais et à la place Royale », in Œuvres de Scarron, Paris, 1786. — 29 Lettre à Guitaut du 5 mars 1683. — 30 Lettre à Mme de Grignan du 7 octobre 1671.
— 31 Avigdor Eva, op. cit., p. 191. — 32 Lettre à Mme de Grignan du 8 juin 1676. — 33 Ibid., p. 195. — 34 Selon l’expression de Roger Duchêne. — 35 Lettre à Mme de Grignan du 19 septembre 1677. — 36 Lettre à Mme de Grignan du 21 septembre 1677. — 37 Lettre à Mme de Grignan du 21 septembre 1677. — 38 Lettre à Mme de Grignan du 21 septembre 1677. — 39 Lettre à Mme de Grignan du 21 septembre 1677. — 40 Lettre à Mme de Grignan du 21 septembre 1677. — 41 Pour davantage d’informations sur l’architecture de l’hôtel Carnavalet, se reporter au Guide du patrimoine : Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994, et au Guide historique et architectural : le Marais, par Gady Alexandre, Paris, éditions Carré, 1994. — 42 Lettre à Mme de Grignan du 12 octobre 1677. — 43 Dumolin Maurice, « Les logis parisiens de Madame de Sévigné », in Études de topographie parisienne, Paris, 1931, t.III, p. 451. — 44 Cajat Claude, op. cit. — 45 Voir lettres du 3, 14, 28 juillet et 10 août 1680, lettre à Mme de Grignan du 16 mai 1680, lettre du 24 juillet 1680. — 46 Lettre à Mme de Grignan du 21 août 1680. — 47 Bruson Jean-Marie, « Mme de Sévigné et l’hôtel Carnavalet », in Chère Madame de Sévigné de Duchêne Roger, p. 103, Paris, 1995, Découvertes Gallimard / Paris Musées. — 48 « L’entreprise qui consiste à retrouver (sinon à “reconstituer”) les intérieurs parisiens du Grand Siècle est quasi désespérée. », Mérot Alain, Retraites mondaines : aspects de la décoration intérieure au XVIIe siècle, Paris, Le Promeneur, 1990, p. 7.
— 49 Archives nationales, MC, LXII, 261, 18 juin 1696. — 50 Cajat Claude, op. cit., p. 69. — 51 « La marquise en ses demeures », Trubert Florence, Demeure Historique, La revue du patrimoine privé, 1996, n°122, p. 15. — 52 Baudeau de Somaize Antoine, Le grand dictionnaire des pretieuses, 1661.
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D U « PAY S D E S O N M A R I » À LA «MAÎTRESSE DES LIEUX», L E C H ÂT E AU D E S R O C H E R S , L A B R E TAG N E , L E S B R E T O N S ET LA MARQUISE DE SÉVIGNÉ STÉPHANE GAUTIER La marquise de Sévigné découvre le château des Rochers, en même temps que la Bretagne, quelques semaines après son mariage en août 1644 avec Henri de Sévigné, d’ancienne noblesse bretonne ( 1 ). Ce premier séjour fut de courte durée : le 3 décembre, M. et Mme de Sévigné, ainsi que l’abbé Christophe de Coulanges — oncle de la marquise — qui les accompagnait, étaient déjà de retour à Paris. Ce voyage en Bretagne est l’occasion de visiter les terres des Sévigné et pour le conseiller financier qu’est Christophe de Coulanges, d’estimer les biens et les revenus de son tout nouveau neveu.
U N E M A I S ON FAMI L I AL E AU MI L I EU DES BOI S LES INCESSANTES ALLÉES ET VENUES DE LA MARQUISE L’équipage du jeune couple prend d’abord la direction de Sévigné, à l’est de Rennes, terre ancestrale de sa famille et plus petite des seigneuries appartenant à Henri. Il fallut aussi visiter la baronnie de Bodégat, relevant des ducs de Rohan, à Mohon, près de la Trinité-Porhoët. On fit plus longuement halte au Buron-en-Vigneux ( 2 ), près de Nantes, domaine relevant également des ducs de Rohan. Il restait à découvrir le fleuron des possessions de Henri. À l’est de Vitré, la seigneurie des Rochers était le centre du plus grand de ses domaines. Elle relevait des ducs de la Trémouïlle et était associée à un hôtel particulier appelé « Tour de Sévigné », édifié sur une portion des remparts sud de Vitré. Ces biens et les revenus qu’ils procuraient sont décrits dans l’aveu et dénombrement1 rendu par la marquise au duc de la Trémouïlle, en 1658.
Associé au plan du château et du parc des Rochers dressé en 1763, soixante-sept ans après le décès de la marquise, cet aveu donne une idée précise du domaine que Mme de Sévigné découvrit à l’automne 1644. À une trentaine de mètres au-dessus de la vallée de la Valière, le château des Rochers ( 3 ) se dressait déjà à l’aube du XIIe siècle. Il s’agit alors d’une forteresse, propriété des Mathefelon, originaires d’Anjou, dont seule subsisterait la tour nord-ouest du château actuel. Par son mariage, en 1410, avec Anne de Mathefelon, Guillaume III de Sévigné devient seigneur des Rochers. S’étant attiré l’inimitié de Pierre Landais, trésorier et conseiller du duc de Bretagne, son petit-fils, Guillaume V assista à l’arasement de son château de Sévigné et se retira aux Rochers. Nous sommes dans les années 1480 et il fait reconstruire le château en l’adossant à l’antique tour nordouest. Depuis lors, c’est cette maison qui abrita la branche aînée des Sévigné, dont Henri est issu. Occupant l’angle nord-ouest de la cour d’honneur, le manoir est typique du Pays de Vitré. Il est constitué de deux ailes en équerre, desservies par un escalier en vis logé à l’intérieur d’une tour polygonale, elle-même flanquée d’une petite tour circulaire contribuant à l’élancement de l’ensemble. Cette architecture gothique ne manqua pas d’étonner la marquise habituée aux élégantes constructions parisiennes et aux maisons de plaisance, comme celle de Sucy-en-Brie. Quel spectacle pour elle que ce grand bâtiment rustique, ces grandes cuisines, ces écuries et ces étables masquant la cour aux fumiers, ce pigeonnier, cette antique chapelle, ce mur de pierre séparant la cour d’honneur de l’avant-cour autour de laquelle s’ouvraient les communs : remises, pressoir, chenil et conciergerie, le tout entouré de vastes pommeraies. À quoi servent ces tourelles, ces tours défensives, ces canonnières, ces batteries et fortifications que la marquise décrira en 1658 et qui perdurent, désuètes, alors que s’annonce le Grand Siècle ?
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(1) Portrait de Henri de Sévigné, XVIIe siècle, huile sur toile ; Vitré, château Les Rochers-Sévigné. © J-M Pelé
(2) Victor Petit (1818-1871), Le château du Buron-en-Vigneux, XIXe siècle, lithographie polychrome ; Vitré, musées de Vitré. © Musées de Vitré / L. Prince
(3) Charles Joseph Hullmandel (1789-1850), Les Rochers from the Mail, 1819, lithographie ; Vitré, musées de Vitré. © Musées de Vitré / L. Prince
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Pour une Parisienne de son rang, ce premier séjour est une initiation à l’exotisme de la province et plus particulièrement de la Bretagne. Ses dix-huit ans et la gaieté de son caractère lui font apprécier cette aventure, mais elle est aussi pantoise face à ce qu’elle découvre. Pour comprendre certains des jugements sévères qu’elle portera ensuite sur la Bretagne et sur les Bretons, il suffit de s’imaginer à sa place, au cœur du grand écart qui la conduit de la Place Royale à la cour des Rochers, des salons parisiens aux salles sévères du château de son mari, à l’air provincial des nobles bretons et au respect teinté de féodalité que ses paysans lui témoignent. N’y a t-il pas de quoi se sentir perdue et « égarée », comme elle l’écrira plus tard à son cousin, Roger de Bussy-Rabutin ? Pourtant, elle inventera au fil de ses séjours aux Rochers, plusieurs subterfuges pour s’y trouver finalement à son aise et apprécier grandement cette propriété. Le bois de décoration des Rochers peut être aménagé — ce sera pour elle une passion — la chapelle mérite d’être reconstruite — Le Bien Bon, Christophe de Coulanges y trouvera une saine occupation — la bonne société de Vitré n’est pas si mauvaise et lorsqu’elle l’est, on peut s’en moquer pour entretenir l’aménité des conversations de cour ! Les séjours de Mme de Sévigné au château des Rochers se décomposent en trois grandes périodes correspondant à trois étapes essentielles de sa vie d’épouse et de mère. De l’été 1644 à l’hiver 1651, la première période s’étend sur six ans et demi. Elle correspond exactement à la durée du mariage de la marquise. Durant cette période, âgée de 18 à 25 ans, elle séjournera cinq fois au château des Rochers. Aucune lettre n’a été conservée du premier voyage. Le deuxième séjour en Bretagne s’étend sur une petite année, de la fin mai 1645 au printemps 1646. L’édition des Lettres s’ouvre avec l’unique missive conservée de ce séjour, en date du 27 mars 1646. Encore n’est-elle pas de la main de la marquise, mais de Bussy-Rabutin et de Lenet, alors conseiller d’État. Le troisième séjour a lieu d’avril 1647 à l’hiver 1648 et n’est attesté dans les Lettres que par un seul courrier daté des Rochers, le 15 mars 1648, adressé à Bussy-Rabutin. C’est le premier texte conservé de la marquise. Deux séjours hivernaux suivront, le quatrième de fin 1649 à début 1650, puis le cinquième à l’occasion duquel Mme de Sévigné apprendra la mort son mari. De ces deux derniers séjours, une seule lettre est conservée, adressée à Gilles Ménage, savant abbé et galant homme, le 1er octobre 1651. Après la mort de son époux et jusqu’en 1671, la marquise fera six séjours aux Rochers, chacun d’entre eux durant environ six mois. Neuf lettres de cette période sont conservées, sept à l’attention de Ménage, une à Pomponne, diplomate, ministre, ami de Fouquet, et une à la Grande Mademoiselle, en prose mêlée de vers. Des lettres écrites aux Rochers pendant les onze premiers séjours de Mme de Sévigné, il ne reste donc que onze missives adressées à quatre correspondants privilégiés. Mais tout change en 1671. Plus que celle du décès de Henri, cette
date marque un virage décisif dans la vie de l’épistolière. Elle inaugure avec sa fille, dès le 6 février, jour de son départ pour Grignan, une correspondance de 23 ans entretenue avec une régularité de métronome. Des cinq séjours effectués aux Rochers de 1671 à 1690, nous conservons 290 lettres dont 263 à l’attention de Françoise. LA FAMILLE DE LA MARQUISE Les séjours aux Rochers ne sont jamais véritablement solitaires. Les premiers se font presque toujours en compagnie de son époux, sinon de Mme de la Trousse, tante maternelle de la marquise. Après la naissance de ses enfants et jusqu’au séjour de 1667, le dernier qu’elle fit en présence de Françoise, ces derniers accompagnent toujours leur mère aux Rochers, profitant comme elle, des charmes de cette villégiature, accompagnés par Pierre de La Mousse2, cousin germain de Mme de Sévigné, prêtre et docteur en théologie. Après la mort de Henri, Christophe de Coulanges fut de tous les séjours aux Rochers. De 19 ans l’aîné de sa nièce, il est une figure paternelle qui n’a finalement jamais manqué à Mme de Sévigné. Pourtant, la vie aux Rochers avec Le Bien Bon aurait pu être trop austère au goût de la marquise, sans la présence tourbillonnante de Charles de Sévigné ( 4 ). Le 9 octobre 1675, elle confie à Bussy-Rabutin ( 5 ) les secrets de son cœur de mère : « Je l’aime extrêmement, et ses intérêts me font bien autant courir que ceux de ma fille. » Sa vie sentimentale effervescente — dont les moindres confidences n’échappent pas à Mme de Sévigné — ses entêtements de jeune homme, ses succès militaires et à la cour, tout en Charles de Sévigné est prétexte à l’enthousiasme maternel. Tout peut-être, sauf son goût immodéré pour la Bretagne et pour les Bretonnes. L’épistolière n’a qu’une crainte, voir son fils s’installer aux Rochers et devenir l’un de ces gentilshommes qu’elle estime enfermés dans leur province. Contrairement à elle et aux Grignan, la cour est ouverte à Charles de Sévigné. Sa mère aimerait qu’il s’y plaise et qu’il y tienne sa place, chance qu’elle n’a jamais eue. Retrouvant Les Rochers après quatre ans d’absence, elle écrit à sa fille et lui confesse son amertume, le 2 juin 1680 : « Je mande à mon fils que c’est un grand plaisir d’être obligé d’être là, d’y avoir un maître, une place, une contenance, que pour moi, si j’en avais eu une, j’aurai fort aimé ce pays-là, que ce n’était que par n’en avoir point que je m’en étais éloignée, que cette espèce de mépris était un chagrin, que je me vengeais à en médire, comme Montaigne de la jeunesse, et que j’admirais qu’il aimât mieux son après-dîner, comme moi, entre Mademoiselle du Plessis et Mademoiselle de Launay, qu’au milieu de tout ce qu’il y a de beau et de bon. » Mais en Charles de Sévigné résonnait fort l’appel de la Bretagne. Le 8 février 1684, contre l’avis de sa mère, il épouse à Rennes, Jeanne-Marguerite de Bréhant de Mauron, fille d’un président à mortier au Parlement de la même ville. Mme de
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(4) Portrait de Charles de Sévigné, XVIIe siècle, huile sur toile ; Vitré, château Les Rochers-Sévigné. © J-M Pelé
(5) François-Séraphin Delpech (graveur), Portrait de BussyRabutin, XIXe siècle, estampe ; Vitré, musées de Vitré. © Musées de Vitré / L. Prince
Sévigné est furieuse et rencontre pour la première fois sa bellefille, aux Rochers, le 27 septembre 1684. Quelques jours plus tard, le 1er octobre, elle écrit à sa fille : « Elle a de très bonnes qualités, du moins je le crois, mais dans ce commencement, je ne me trouve disposée à la louer que par les négatives. Elle n’est pas ceci, elle n’est pas cela […] Elle ne parle point breton, elle n’a pas l’accent de Rennes. » Pourtant, la douceur et l’intelligence de cette jeune femme vont conquérir la marquise. Et puis comme toujours, elle s’adapte et se fait à tout. Son fils veut vivre aux Rochers avec une Bretonne, grand bien lui fasse. Résignée, elle écrit à Bussy-Rabutin, le 31 décembre 1684 : « Je passerai ici l’hiver et une grande partie de l’été. Je suis fort agréablement avec mon fils et sa nouvelle épouse. » Et les jours de couler insensiblement auprès d’eux, faisant ressentir au lecteur la douce intimité unissant Mme de Sévigné au jeune couple ; l’un et l’autre devenant même coauteurs de la Correspondance. AU SERVICE DE LA MARQUISE Les Rochers abritent un personnel indispensable au service de la châtelaine et de sa famille. Plusieurs domestiques la suivent depuis Paris, comme Michel Lasnier, dit Beaulieu, maître d’hôtel, et son épouse, Hélène Delan, mais aussi Larmechin, valet de Charles, et Picard qui, refusant de participer aux travaux des champs, poétiquement décrits par l’épistolière, sera renvoyé par la marquise. D’autres résident aux Rochers, comme l’abbé Rahuel. Par la dignité de la robe qu’il porte, il ne fait pas partie de ce que Mme de Sévigné appelle « le petit domestique ». Il mange à sa table, s’entretient avec Le Bien Bon et l’abbé de la Mousse ; il est intégré à la vie de famille. Vicaire de la paroisse d’Étrelles et nommé par la marquise, dès 1665, chapelain d’une chapelle de cette église, il devint receveur des Rochers en 1669 et la représente en son absence. Faisant preuve de complaisance à l’égard de ce prêtre un peu frustre, Mme de Sévigné le conserva à son service jusqu’en 1680, date à laquelle elle parvint à s’en défaire au bénéfice de l’évêque de Rennes... Breton comme Rahuel, Jacques Pilois occupe aussi une place à part au sein de la domesticité et plus encore dans le cœur de la marquise. Elle fit de lui le « conducteur et (le) chef des ouvriers ordinaires », une sorte de chef jardinier grâce auquel elle concrétise ses ambitieux projets pour le parc des Rochers. Elle est touchée par les manières simples de cet homme de la campagne. Entretenant sa fille de la naissance de Louis-Provence de Grignan, son petit-fils, elle écrit, encore émue, le 2 décembre 1671 : « J’ai reçu des compliments sans nombre […], mais rien ne m’a été plus agréable que le compliment de Pilois, qui vînt le matin avec sa pelle sur le dos, et me dit : “Madame, je viens me réjouir, parce qu’on m’a dit que Madame la comtesse était accouchée d’un petit gars”. »
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U N R E F U G E PROV I NC I AL O Ù L AI SSER AG R ÉABL EMENT D O R M I R S ES DÉPENS ES
sorte qu’elle me fait toujours le même plaisir que si je me voyais dans un miroir qui me fît ridicule, et que je parlasse à un écho qui me répondit des sottises. » (19 juillet 1671)
UNE IDÉE DU BIEN BON
CONSERVER LE BEL AIR DE PARIS
Lorsque la marquise apprend la mort scandaleuse de son époux, elle est aux Rochers. Nous sommes en février et le climat breton n’est pas sans influer sur la tristesse de l’épistolière. À une époque où les mariages sont rarement d’amour, Mme de Sévigné est bien moquée de sa mine éplorée. Elle écrira ellemême, le 2 septembre 1687, avoir été tirée par Le Bien Bon de l’abîme où elle était. Cet abîme est moral, mais aussi financier. En effet, joueur, noceur, mari volage, Henri de Sévigné laisse un héritage grevé de dettes. Christophe de Coulanges sera l’artisan de la restauration de la fortune de sa nièce et de ses petits-neveux. Le Bien Bon l’avait compris : sans la mort de Henri, la vie ruineuse que les Sévigné menaient à Paris, aurait fini par les conduire à la banqueroute. La situation financière de sa nièce n’appelle qu’un seul remède : faire des économies. Alors que Mme de Sévigné, veuve à 25 ans, préfère la cigale à la fourmi de son ami La Fontaine, il lui fait comprendre qu’il est encore temps de rétablir sa situation financière. Pour cela, il faut suivre de près la gestion des domaines bretons, se montrer sur ses terres et pourquoi pas, vivre plus modestement aux Rochers. On y est loin de toutes les coûteuses tentations parisiennes, on y vit de son bien et des produits de la réserve seigneuriale, dans une autarcie bienfaitrice pour sa bourse… On y laisse « passer et couler le temps, qui, en nous emmenant, paie au moins nos dettes » (19 avril 1690).
Lorsque Mme de Sévigné n’est pas à Paris, c’est Paris qui vient à elle en la personne de la duchesse de Chaulnes, dès 1671, puis de la princesse de Tarente, à partir de 1675. La marquise évoque pour la première fois le duc et la duchesse de Chaulnes dans une missive adressée à sa fille, le 10 juin 1671. Le duc de Chaulnes étant gouverneur de Bretagne, elle voit dans la fréquentation de ce couple une manière de faire valoir ses intérêts, mais avec le temps, cette relation va prendre le tour d’une véritable affection. En effet, elle aussi « égarée » en Bretagne, la duchesse de Chaulnes apprécie la présence à ses côtés d’un bel esprit parisien qui éclairera la monotonie de son séjour et ne manquera pas de conférer un prestige supplémentaire aux États de Bretagne qui s’ouvrent à Vitré, au mois d’août 1671. Mme de Sévigné les décrira et s’émerveillera de la magnificence déployée à cette occasion ; d’autant qu’elle reçoit les États à sa Tour de Sévigné : « Hier je reçus toute la Bretagne à ma Tour de Sévigné, je fus encore à la comédie. Ce fut Andromaque […]. Le soir, on soupa et puis le bal. Je voudrais que vous eussiez vu M. de Locmaria, et de quelle manière il ôte et remet son chapeau. Quelle légèreté ! Quelle justesse ! Il peut défier tous les courtisans et les confondre. » (12 août 1671) Quelques semaines après leur rencontre, le parfum de liberté qui plane autour de la marquise a déjà conquis le cœur de la duchesse de Chaulnes. Quatre ans plus tard, en 1675, le soutien que Mme de Sévigné apporte au duc et à la duchesse de Chaulnes, pendant la révolte dite du Papier Timbré3, est sans équivoque et témoigne de la considération qu’elle a pour eux. Ne revenons pas ici sur les raisons et les différents épisodes de cette opposition entre les Bretons et le pouvoir royal. En revanche, il convient de rappeler la vision sévère de Mme de Sévigné à l’égard des insurgés et la légèreté avec laquelle elle fait part à sa fille des proportions dramatiques prises par la répression : « Vous me parlez bien plaisamment de nos misères. Nous ne sommes plus si roués, un en huit jours seulement pour entretenir l’air de la justice. Il est vrai que la penderie me paraît maintenant un rafraichissement. J’ai une toute autre idée de la justice depuis que je suis en ce pays, vos galériens me paraissent une société d’honnêtes gens, qui se sont retirés du monde pour mener une vie douce. Nous vous en avons bien envoyés par centaines, ceux qui sont demeurés sont plus malheureux que ceux-là. » (24 novembre 1675) Ce regard d’une grande dureté nous paraît aujourd’hui affligeant. Il faut pourtant replacer ces écrits dans leur contexte et les nuancer, car Mme de Sévigné avait aussi écrit le 20 octobre 1675 : « Je prends part à la tristesse et à la désolation de toute la province […] Me voilà bien Bretonne, comme vous voyez. Mais vous comprenez bien que cela tient à l’air que l’on respire,
LES VOISINS DE LA MARQUISE Outre le fait de s’exercer à l’art délicat de l’économie, la marquise trouve aux Rochers, dans le voisinage des Bretons, un exotisme qui l’enchante et qui réveille en elle son esprit moqueur. Si l’épistolière est souvent rude avec les nobles bretons dont elle tourne les moindres faiblesses en ridicule, elle est particulièrement en verve lorsqu’il s’agit de ses voisins, la famille du comte et de la comtesse du Plessis d’Argentré : « Cette famille est bien destinée à nous réjouir […]. Mon fils commence à comprendre que ce voisinage est la plus grande beauté des Rochers » écrit-elle à sa fille, le 5 janvier 1675. Mademoiselle du Plessis d’Argentré au visage disgracié et à l’esprit dénué de vivacité — surnommée la Kerborgne à cause de cette coquetterie qu’elle a dans les yeux — devient le souffre-douleur de la marquise. Les anecdotes à son sujet peuplent les lettres écrites des Rochers : « La divine Plessis est justement et à point toute fausse, je lui fais trop d’honneur de seulement en dire du mal. Elle joue toutes sortes de choses ; elle joue la dévote, la capable, la peureuse, la petite poitrine, la meilleure fille du monde, mais surtout elle me contrefait, de
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et aussi à quelque chose de plus, car, de l’un à l’autre, toute la province est affligée. » N’oublions jamais que la marquise s’adresse à sa fille ou à ses amis, sans penser être lue en dehors du cercle mondain qui les entoure. Nous jugeons donc une correspondance privée qui n’avait pas de prétentions politiques. D’autre part, parisienne, proche de la cour et des Grands du royaume, amie du duc et de la duchesse de Chaulnes, belle-mère du lieutenant général de Provence et de Languedoc, peut-elle avoir une autre vision des événements ? Elle apparaît en cela comme une femme de son temps et de son milieu, jamais avare d’un bon mot d’esprit, aussi indigne fût-il. Allemande et protestante, Amélie de Hesse-Cassel, princesse de Tarente, séjournait régulièrement à Vitré, fief de son époux, Henri de la Trémouïlle. Elle apparaît pour la première fois le 29 septembre 1675, dans une lettre qui part des Rochers vers Grignan : « Je m’en vais voir la bonne Tarente. Elle a déjà envoyé deux fois ici, et demande toujours de vos nouvelles ; si elle le prend par-là, elle me fera bien sa cour. » Tante de la princesse Palatine, belle-sœur de Louis XIV, la princesse de Tarente ouvrait à Mme de Sévigné les portes de la cour. La fréquenter à Vitré ne pouvait déplaire à la marquise qui, dans cette solitude de la campagne, devint sans effort une amie intime de la princesse. Les deux femmes prêchent sans honte le péché de gourmandise, mais elles se sentent encore plus proches lorsqu’il est question de se faire des confidences et d’évoquer leurs filles respectives, toutes deux éloignées d’elles par leur mariage. Cette amitié fut scellée par un cadeau de la princesse, reçu par la marquise, en novembre 1675 : « un petit chien tout parfumé […]. Il s’appelle Fidèle ; c’est un nom que les amants de la princesse de Tarente n’ont jamais mérité de porter. »
(6) Plan du château et parc des Rochers, (détail), 1763, dessin à l’encre ; Vitré, musées de Vitré. © Musées de Vitré
UNE DEM EURE CHARMA NT E D EVENUE UN HAUT L I E U D E L A LIT TÉRATURE ÉPISTO L A I RE UN PARC POUR RÊVER À SA FILLE Mme de Sévigné fut victime de cette nouvelle passion aristocratique pour la nature soumise à la volonté de l’homme. Elevée à Sucy-en-Brie, appréciant le séjour de Livry, reçue plus tard à Vaux-le-Vicomte et à Versailles, elle eut le loisir de développer son goût pour les extérieurs et de contempler les plus réussies des créations de Le Nôtre4. Aux Rochers où elle est maîtresse incontestée, elle peut laisser libre cours à sa passion, sans que personne y trouve à redire. Lorsque la marquise met pour la première fois pied à terre aux Rochers, il existe déjà un bois de décoration doté d’un jeu de pail-mail. Des allées de contournement et de promenade ont été tracées, mais rien ne rappelle ici l’esprit sophistiqué des parcs de Le Nôtre. L’ensemble paraît avoir été assez mal entretenu, sinon laissé à l’abandon. Au cours de ses premiers séjours, l’intervention de la marquise se limita à un entretien plus rigoureux. Il faut vraisemblablement attendre le séjour de 1661 pour qu’elle procède à l’acquisition de nouvelles parcelles avec la volonté d’y créer un cloître de verdure et un labyrinthe. Quelle plus grande joie pour elle, portant la simple casaque offerte par sa fille et suivie par Pilois, d’arpenter les allées de son parc, d’en inventer de nouvelles, ou de planter elle-même de jeunes arbres ? Au fil des séjours, elle se prend de passion pour ce parc, principal attrait de la villégiature bretonne, évoluant selon le bon vouloir de la châtelaine. Elle l’agrandit d’abord pour donner plus d’ampleur à sa création qui s’étend sur vingt-quatre hectares et qui d’un simple lieu de promenade devient aussi un lieu de contemplation et de recueillement ( 6 ).
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Les larges allées percées par la marquise auraient pu se suffire à elles-mêmes, mais elles doivent aussi conduire le promeneur à l’émerveillement, sinon à la surprise. Il ne s’agit pas seulement d’un agréable parcours champêtre, mais d’une invitation à la contemplation de la nature ordonnée par la main de l’homme qui se pose ainsi sur celle de Dieu. Aussi Mme de Sévigné transforme-t-elle une occupation anodine en une véritable œuvre d’art. Comme dans un tableau d’ombre, de lumière et de couleurs, elle apprécie l’incessant renouvellement de la nature : le ciel de feuilles qui drape les allées d’un manteau de noirceur, le ballet de leurs teintes, des verts aux rouges, du printemps et de l’automne. Comme dans un tableau étonnant, elle s’amuse à observer les habitants peuplant ce qu’elle appelle « sauvagerie » : « les fauvettes, les mésanges, les roitelets » (5 février 1690) qui lui proposent leurs symphonies improvisées, les écureuils qui courent devant elle et grimpent avec audace le long des troncs des arbres qu’elle a plantés. Cette œuvre agreste est parfois terrifiante, lorsque les loups ou les farfadets en prennent possession. La peur peut aussi étreindre la promeneuse risquant de se perdre en empruntant cette allée Infinie qui conduit à la promenade sans fin du labyrinthe ; ou lorsque pleurent les cieux et qu’il faut se protéger des injures du climat breton à l’intérieur de l’un de ces deux brandebourgs, petites fabriques aux airs de cabanes, qu’un souffle de vent pourrait emporter, mais dont le décor intérieur des plus gracieux estompe toutes les inquiétudes. Le parc apparaît aussi comme un lieu de recueillement. Si Mme de Sévigné apprécie de s’y promener accompagnée, elle ne trouve un véritable apaisement qu’une fois seule au milieu de ses bois. Comme l’architecte d’une cathédrale qui déambulerait — solitaire — par la nef et les bas-côtés pour apprécier la beauté de son œuvre offerte à Dieu, Mme de Sévigné est en communion spirituelle avec sa fille, lorsque — seule — elle arpente ce dédale d’allées qui finit, en un voyage imaginaire, par la conduire en Provence. Ainsi le parc devient-il un sanctuaire dédié à la comtesse de Grignan et où la marquise peut se laisser aller à une mélancolie préromantique. LA PLUS BELLE BIBLIOTHÈQUE DE VITRÉ Il ne saurait être de grand écrivain sans bibliothèque. Ainsi Mme de Sévigné écrit-elle le 5 juin 1680 : « J’ai apporté ici une grande quantité de livres choisis […]. Toute une tablette de dévotions, l’autre est toute d’histoires admirables. L’autre de morales. L’autre de poésies, et de nouvelles, et de mémoires. » En effet, délivrée des tentations et des amitiés parisiennes, me M de Sévigné, lorsqu’elle est aux Rochers, lit plus que partout ailleurs : « tant que nous aurons des livres, nous ne nous pendrons point » (23 septembre 1671), telle est sa maxime. Ses lettres bretonnes sont pleines de ses livres, de ses auteurs préférés et des réflexions qu’ils lui inspirent. La marquise trouve une joie indicible à partager ce goût avec Charles qui lit pour
elle à haute voix. Si le parc des Rochers est un refuge pour rêver à sa fille, la salle de compagnie est un lieu privilégié où mère et fils communient autour de la symphonie des mots, de la clarté et de la droiture des idées des auteurs anciens et contemporains. Ainsi « revenons à la lecture, nous en faisons ici un grand usage », écrit-elle le 8 janvier 1690, car en effet, la bibliothèque des Rochers est sans nul doute la plus belle de Vitré, sinon l’une des plus fournies de la province. On y lit les noms de Maimbourg, La Calprenède, Arnauld d’Andilly, Nicole, Pascal, Malebranche, Boileau, Sarasin, Voiture, Mlle de Scudéry, Bossuet, Godeau, Abbadie ou Fléchier. INSAISISSABLE MARQUISE ! Au château des Rochers, « précieuse » privée de ses pairs, la marquise se débarrasse de ses atours pour revêtir un autre costume, celui de l’épouse, puis de la veuve d’un seigneur féodal vivant simplement sur ses terres. Au cours des seize séjours passés au château des Rochers — sans oublier sa bonne éducation, sans rien retrancher aux préjugés de son ordre, sans abandonner son sourire quelquefois dédaigneux et permettant toutes les fantaisies à son esprit incisif — la grande dame se présente néanmoins sous les traits d’une femme différente de celle qu’elle est à Paris. Sur le millier de lettres conservées d’elle, 301 ont été écrites au château des Rochers. C’est environ le quart d’une œuvre n’ayant jamais fait l’objet d’une recherche approfondie et qui se trouve souvent éclipsé au sein d’une étude plus générale des Lettres. Les lettres écrites des Rochers sont un témoignage unique pour sonder la personnalité complexe de leur auteur. En Bretagne, Mme de Sévigné nous laisse entrevoir ses multiples facettes, apparaissant à la fois sous les traits des quatre figures féminines d’un même jeu de cartes. Elle est tantôt la dame de cœur, mère dévorée par la passion éprouvée pour sa fille, mère aimante envers son fils, nièce reconnaissante, amie agréable et sincère, maîtresse bienveillante envers ses domestiques… La dame de carreau s’exprime aussi aux Rochers ( 7 ) à travers la construction de la chapelle et la poursuite, sans le savoir, de la création d’une des plus belles œuvres de la littérature française. Mais l’attirance est irrésistible pour une dame plus ténébreuse, celle de pique. Cette dernière prend toute son ampleur à Paris et à la cour où il faut survivre d’un bon mot, mais quelquefois aussi en Bretagne où cela est moins nécessaire, comme à l’occasion de la révolte du Papier Timbré. Ce personnage plus contesté donne pourtant aux Lettres leur caractère incomparable lorsqu’il s’agit de se moquer. Enfin, aux Rochers plus que partout ailleurs, la dame la plus méconnue, celle de trèfle, se révèle avec discrétion, mais toujours avec autant de talent, à travers l’art des parcs et jardins.
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— 1 Acte par lequel un vassal énumérait les terres et les droits qu’il tenait de son seigneur. — 2 Cet Abbé était le fils que Philippe II de Coulanges avait eu, en 1671, avec Jeanne de Montluc, avant son mariage avec Marie Lefebvre d’Ormesson.
(7) Claude-François Lorieux (1775-1835), Les Rochers, XIXe siècle, estampe ; Vitré, musées de Vitré. © Musées de Vitré / L. Prince
— 3 La révolte du Papier Timbré ou des Bonnets rouges éclate en Bretagne en 1675. Louis XIV, en guerre contre la Hollande, a besoin d’argent ; il instaure plusieurs taxes et impose le papier timbré pour valider les actes juridiques. Ces impôts imposés sans l’aval des États de la province de Bretagne suscitent des soulèvements urbains puis villageois. — 4 Mme de Sévigné écrit dans ses Lettres datées des Rochers en 1689 que le jardin à la française est « présentement sur un dessin de M. Le Nôtre ».
II LES SÉJOURS DE MADAME DE SÉVIGNÉ A U « R O YA L C H Â T E A U » , GRIGNAN ET LA PROVENCE ( <<< ) Pierre Mignard (attribué à), Françoise Marguerite de Sévigné, comtesse de Grignan, vers 1669, huile sur toile ; Paris, musée Carnavalet. © Musée Carnavalet / Roger-Viollet
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LISTE DES ŒUVRES
CO L L E C TI O N S P UB L I Q U E S H A U T E U R — L A R G E U R — É PA I S S E U R
CHAMBÉRY
GRIGNAN
Bibliothèque Méjanes — Cité du Livre
Musée des Beaux-Arts
Ville de Grignan
— Jean Maretz (15..-16..), Plan géométrique de la ville d’Aix, 1622-1623, gravure sur cuivre, burin ; 34,9 x 23,8 cm. — Plan de la ville d’Aix au XVIIe siècle, gravure ; 15,1 x 20,5 cm. — Louis Cundier (16..-1681), Plan géométrique de la ville d’Aix capitale de la Provence, 1680, gravure ; 50 x 62 cm. — Pierre Aveline (1656-1722), Aix, ville capitale du comté de Provence, XVIIe siècle, gravure ; 32,7 x 47,4 cm.
— Philippe de Champaigne, Portrait de Jeanne de Chantal de Frémiot, XVIIe siècle, huile sur toile ; 90,5 x 80,5 cm.
— André Massoulle (1851-1901) et Jules Félix Coutan (1848-1939), Buste de Mme de Sévigné (don de l’État en 1903), 1900/1903, marbre ; 70 x 45 cm. — Ossements de Madame de Sévigné, 1793, papier, encre, os ; 19,6 x 16 cm.
AVIGNON
GRENOBLE
Musée Calvet
Bibliothèque municipale
— Nicolas de Largillierre (1656-1746), François Adhémar de Monteil, comte de Grignan (1632-1714), fin XVIIe siècle, huile sur toile ; 77 x 64 cm.
— Madeleine de Scudéry (1607-1701), Clélie, histoire romaine, t.I, imprimé, Paris, Billaine, 1656, in-8°. — Madeleine de Scudéry (1607-1701), Les Femmes illustres ou les harangues héroïques, imprimé, Paris, Courbé, 1654, in-4°. — François de Chapoton (15..-16..), Le Véritable Coriolan, imprimé, Paris, Quinet, 1638, in-4°. — Pierre Corneille (1606-1684), Horace, imprimé, Lyon, La Rivière, 1654, in-8°. — Pierre Nicole (1625-1695), De la foy humaine, 1664, in-4°. — Jean de La Fontaine (1621-1695), Fables choisies, imprimé, Paris, Barbin, 1694, in-12°. — Vincent Voiture (1598-1648), Les Œuvres de Monsieur de Voiture, imprimé, Paris, 1656, in-12°. — Honoré d’Urfé (1568-1625), L’Astrée, t.I, imprimé, Paris, Quinet, 1647, in-8°. — Molière (1622-1673), Le Misantrope, imprimé, Paris, Ribou, 1667, in-12°. — Molière (1622-1673), Le Médecin malgré luy, imprimé, Paris, Ribou, 1667, in-12°. — Jean Puget de la Serre (1594-1665), L’Homme content, ou la conduite du Sage enseignant l’art de bien vivre, imprimé, Lyon, Roux, Chize, 1685, in-12°.
AIX-EN-PROVENCE
Bibliothèque municipale d’Avignon (Livrée Ceccano) — Comte Gaudemaris, Album photographique (vues stéréoscopiques), vers 1890 ; 43 x 70 cm.
BUSSY Château de Bussy — Claude Lefebvre (1632-1675), attribué à, Portrait de Roger de Rabutin, comte de Bussy, 1673, huile sur toile ; 80 x 65,5 cm ; Centre des monuments nationaux/Château de Bussy-Rabutin, classé au titre des Monuments historiques en 1862.
CARCASSONNE Musée des Beaux-Arts — Louis-Joseph Adhémar de Monteil de Grignan, évêque de Carcassonne de 1681 à 1722, XVIIe siècle, huile sur toile ; 71 x 60 cm.
DIJON Musée des Beaux-Arts — Jean-Baptiste-Prudent Carbillet (1804-1870), d’après Claude Lefebvre, Portrait de Madame de Sévigné, 1825, huile sur toile ; 78 x 65 cm.
Château départemental de Grignan — Vue de Grignan, du couchant, dessin à l’encre, lavis, mine de plomb, fin XVIIe siècle/début XVIIIe siècle ; 10 x 14,7 cm. — Vue de Grignan, au levant, dessin à l’encre, lavis, mine de plomb, fin XVIIe siècle/début XVIIIe siècle ; 10 x 14,8 cm. — Vue de Grignan, au midi, dessin à l’encre, lavis, mine de plomb, fin XVIIe siècle/début XVIIIe siècle ; 10 x 14,8 cm. — Portrait de Pauline de Simiane (1674-1737), fin XVIIe/début XVIIIe siècle, huile sur toile ; 92,6 x 74,1 cm (dépôt de la Ville de Grignan). — Portrait présumé du comte de BussyRabutin, huile sur toile ; 76 x 60 cm (dépôt de la Ville de Grignan). — Femmes célèbres au XVIIe siècle, XVIIIe siècle, lithographie ; 9,6 x 7,6 cm. — Instrument à écrire, XVIIIe siècle, gravure ; 40,5 x 25 cm. — Marguerite de Bréhant de Mauron, marquise de Sévigné (1668-1737), gravure ; 26,2 x 16,6 cm. — Sanson Nicolas (1600-1667), Carte du comté et gouvernement de Provence, XVIIIe siècle, gravure rehaussée de couleurs ; 52,10 x 61,10 cm. — Ordonnance du roy pour défendre aux officiers de ses troupes de recevoir dans leurs compagnies aucun soldat de Milices du 22 janvier 1704, 1704, imprimé ; 46,5 x 35,5 cm. — Abbaye de Livry, XIXe siècle, gravure ; 13,5 x 18,7 cm.
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— Portrait de Molière (d’après Pierre Mignard), 1883, gravure ; 65,6 x 51,5 cm. — Achille Devéria (1800-1857), Portrait de Pauline de Simiane, XIXe siècle, gravure ; 21,1 x 19,8 cm. — Claude-Louis Masquelier (1781-1852) d’après Henri Strésor, Jean-Baptiste de Grignan (1638-1697), coadjuteur d’Arles, XIXe siècle, gravure ; 23,6 x 16 cm. — Château de Grignan (Façade des Prélats), XIXe siècle, gravure ; 12,8 x 18 cm. — Baron Isidore Taylor (1789-1879), Léon Sabatier (1810-1887), Grotte de la Roche-Courbière, XIXe siècle, lithographie ; 39,6 x 29,2 cm. — Baron Isidore Taylor (1789-1879), Léon Sabatier (1810-1887), Église Saint-Sauveur de Grignan, XIXe siècle, lithographie ; 46,7 x 33,6 cm. — Baron Isidore Taylor (1789-1879), Léon Sabatier (1810-1887), Château de Grignan, côté de la façade des prélats, XIXe siècle, lithographie ; 50,3 x 35,4 cm. — Baron Isidore Taylor (1789-1879), Léon Sabatier (1810-1887), Ruines du château de Grignan, XIXe siècle, lithographie ; 27 x 43,2 cm. — Baron Isidore Taylor (1789-1879), Léon Sabatier (1810-1887), Ruines du château de Grignan, la Tour de Madame de Sévigné, XIXe siècle, lithographie ; 40,8 x 29,1 cm. — Charles-Joseph de La Celle (v. 1746 - apr. 1837), Portrait de Henri de Sévigné, XIXe siècle, gravure ; 22,9 x 18,4 cm. — A. Lang, Vue de la façade sud et du perron, en ruine, du château de Grignan, XIXe siècle, photographie ; 41,5 x 35,2 cm. — Léopold Faure devant la façade du château de Grignan, XIXe siècle, photographie ; 11,6 x 16,5 cm. — Delphine Balley, Les femmes savantes, 2011, photographie contrecollée sur dibond ; 138,6 x 108,4 cm. — Affiche de la statue de Mme de Sévigné, 1857, imprimé ; 85,5 x 64,5 cm. — Mme de Sévigné, Lettre à Gilles Ménage, 13 janvier 1659, lettre autographe ; 18,7 x 26,4 cm. — Mme de Sévigné, Lettre à l’abbé Le Tellier, 21 octobre 1667, lettre autographe ; 22,8 x 17 cm. — Mme de Sévigné, Lettre à Moulceau, 17 avril 1682, lettre autographe ; 22,8 x 16,8 cm. — Mme de Sévigné, Lettre à Madeleine de Scudéry, 11 septembre 1684, lettre autographe ; 16,4 x 22,4 cm. — Mme de Sévigné, Lettre à Mme de Grignan, 17 juin1685, lettre autographe ; 20,5 x 30,5 cm. — Mme de Sévigné, Lettre à Mme de Grignan, 27 septembre 1687, lettre autographe ; 22,80 x 17 cm. — Mme de Sévigné, Lettre à Mme Guitaut, 24 février 1694, lettre autographe ; 16,7 x 22,4 cm.
— Pauline de Simiane (1674-1737), Lettre au vice-sénéchal de Montélimar, 28 octobre 1715, lettre autographe ; 20,3 x 15,3 cm. — Philippe-Emmanuel de Coulanges (1633-1716), Chansons de Coulanges, XVIIe siècle, manuscrit ; 22,5 x 17 cm. — Jean Desmarets de Saint-Sorlin (1595-1676), L’Ariane, imprimé, Paris, M. Guillemot, 1639 ; 24,6 x 20 x 5 cm. — Roger Bussy de Rabutin, Nouvelles lettres de Messire Roger de Rabutin, comte de Bussy, Paris, chez F. Delaulne, 1709, 4 vol. ; 16,5 x 10 x 3,5 cm. — Mme de Sévigné, Recueil des lettres de Madame la marquise de Sévigné à Madame la comtesse de Grignan, sa fille, Perrin, 1754, 7 vol. ; 17 x 10,5 x 3,1 cm. — Mme de Sévigné, Nouveaux choix des lettres de Madame de Sévigné, abbé Allemand, Tours, A. Mame et Cie, 1858 ; 21,7 x 14,1 cm. — Mme de Sévigné, Lettres de Madame de Sévigné de sa famille et de ses amis, M. Monmerqué, Paris, Hachette, 1862, 13 vol. ; 23,20 x 14,40 x 5,30 cm. — Mme de Sévigné, Lettres inédites de Madame de Sévigné à Madame de Grignan, sa fille, Charles Capmas, Paris, Hachette, 1876, 7 vol. ; 22,40 x 14,40 x 4 cm. — Mme de Sévigné, Correspondance (1646-1696), Roger Duchêne, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1972-1978, 3 vol. ; 17,5 x 11,5 x 3,8 cm. — Bassin, XVIIe siècle, faïence, décor de grand feu en camaïeu bleu ; 13,7 x 34 x 29,7 cm. — Plat à décor de scène de chasse au cerf et lapin, aux armes de François de Simiane et de Pontevès (1623-1680), XVIIe siècle, Nevers, faïence, décor de grand feu ; diam. 36,5 cm. — Pot de montre, XVIIIe siècle, faïence, décor de grand feu ; 40,5 cm, diam. 34,7 cm (dépôt de la Ville de Grignan). — Pot à pharmacie, XVIIe siècle, faïence, décor de grand feu ; 19,2 cm, diam. 12 cm (dépôt de la Ville de Grignan). — Fontaine, XVIIe siècle, faïence, décor de grand feu ; 29,4 x 28 cm (dépôt de la Ville de Grignan). — Bannette, XVIIe siècle, faïence, décor de grand feu en camaïeu bleu rehaussé de violet de manganèse ; 30,5 x 19,8 x 6 cm (dépôt de la Ville de Grignan). — Aiguière « casque » à décor d’applique, vers 1700, métal plaqué ; 22 x 29 cm. — Rafraîchissoir de sol rond, XVIIe siècle, cuivre et laiton ; 29 cm, diam. 25 cm. — Pendule Mme de Sévigné, XIXe siècle, bronze ; 47 x 42 x 18 cm.
LYON Musée des Beaux-Arts — Pierre-Gustave Girardon (1821-1887), Ruines et terrasse du château de Grignan,
XIXe siècle, huile sur toile ; 89 x 126 cm (déposé au musée d’art et d’archéologie de Valence).
MARSEILLE Musée de la Marine, chambre de commerce et d’industrie Marseille Provence — Provincia La Provence, estampe ; 57 x 66,5 cm. — Jean Randon, Veue de la ville de Marseille présentée à Messieurs les Echevins de la dite Ville faisant les fonctions de Gouverneur en absence, par leur très humble serviteur Randon, XVIIe siècle, gravure ; 42,5 x 150,5 cm. — Le port de Marseille, gravure ; 30 x 43 cm. — Feste des galères dans le port de Marseille, gravure ; 20 x 35 cm. — Israël Sylvestre (dessinateur), Pérelle (graveur), Massiliam, 1646/1660, gravure ; 21 x 80,5 cm. — Vue de Marseille, gravure ; 14 x 17,8 cm. — Armement des galères, gravure ; 20 x 32,5 cm.
NARBONNE Musée d’art et d’histoire — Nicolas Mignard (1606-1668), attribué à, Portrait présumé de Françoise-Marguerite de Sévigné, Comtesse de Grignan, XVIIe siècle, huile sur toile ; 75 x 60 cm.
ORANGE Musée d’art et d’histoire — Vieil Orange, 1641, gravure ; 26,5 x 21 cm. — Serment de fidélité prêté devant le mur du théâtre antique, le 7 mai 1665, par les villes et communautés de la principauté d’Orange à leur Prince Guillaume III de Nassau, XVIIe siècle, gravure ; 47,5 x 38 cm.
PARIS Musée Carnavalet — Claude Lefebvre (1632-1675), Madame de Sévigné, vers 1665, huile sur toile ; 81,2 x 65 cm. — École française, La place royale vers 1655, XVIIe siècle, huile sur toile ; 81 x 113,5 cm. — Westermann, d’après J-B. N. Raguenet, L’hôtel Carnavalet, 1926, huile sur toile ; 33 x 41 cm. — Jacques-François Blondel (1705-1774), Plan et élévation de la Façade de l’hôtel Carnavalet, eau-forte ; 30,6 x 46,2 cm. — Jean Marot (1619-1679), Face de l’hôtel Carnavalet, bâti par le Sieur Mansart qui a conservé l’ancienne porte, fin XVIIe siècle, eau-forte ; 14,8 x 26,4 cm. — Pierre Mignard (1610-1695), attribué à, Françoise de Sévigné, comtesse de Grignan (1646-1705), XVIIe siècle, huile sur toile ; 90 x 73 cm.
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— Nicolas de Largillierre (1656-1746), atelier de, François Adhémar de Monteil, comte de Grignan (1632-1714), XVIIe siècle, huile sur toile ; 80,5 x 65 cm. — Israël Sylvestre (1621-1691), Les plaisirs de l’île enchantée « première journée » - marche du Roi et de ses chevaliers, eau-forte et burin ; 27,8 x 42,6 cm. — Israël Sylvestre (1621-1691), Les plaisirs de l’île enchantée « première journée », eau-forte et burin ; 27,7 x 42,3 cm.
Bibliothèque nationale de France — Louis Boudan (16..-17..), attribué à, Vue du château de Grignan du côté des châtaigniers, sur le chemin de Vauréas, XVIIe siècle, dessin, plume, encre brune, lavis d’encre de Chine et aquarelle ; 36 x 58 cm. — Louis Boudan (16..-17..), attribué à, Vue de la face du château de Grignan du côté de Vaureas, dessin, plume, encre de Chine, lavis d’encre de Chine, XVIIe siècle ; 29,4 x 26,3 cm. — Louis Boudan (16..-17..), attribué à, Vue du château de Grignan du côté du potager, dessin, aquarelle, plume et encre de Chine, XVIIe siècle ; 29,4 x 26,3 cm. — François de Fenne (16..-1710 ?), Le Secrétaire à la mode réformé, ou le Mercure nouveau, 1684, imprimé ; 14,2 x 8,8 x 4,3 cm. — Jean Puget de La Serre (1600-1665), Le Secrétaire du Cabinet, ou La Manière d’écrire que l’on pratique à la cour, 1646, imprimé ; 16,6 x 10,7 x 3,8 cm. — Jean Puget de La Serre (1600-1665), Le Secrétaire à la mode, 1651, imprimé ; 14,6 x 8,2 x 5 cm.
L’Adresse Musée de la Poste — Melchior Tavernier, Carte géographique des Postes qui traversent la France, 1632, gravure au burin, rehauts à l’aquarelle ; 57 x 42 cm. — Jean Moyreau, d’après Philips Wouvermens, L’écurie de la Poste, 1753, gravure au burin ; 50 x 39 cm. — Jacques-Philippe Le Bas, d’après Jan-Dirksz Both, Le courrier de Flandre, XVIIe siècle, gravure ; 35 x 27 cm. — Étui à courrier (étui à message), XVIIIe siècle, bois peint « verni Martin », écaille, métal ; 15,3 cm, diam. 2,4 cm. — Étui-cachet de poudre à sécher l’encre avec ses deux pelles, 1740, fer ; 10,1 cm, diam. 2,3 cm. — Paire de ciseaux à parchemin, XVIIIe siècle, métal ciselé ; 27,2 x 4,2 x 0,7 cm. — Taille-plume et son étui, 1715-1723, étui en cuir, manche en ambre incrusté de fleurs en métal argenté ; 2,1 x 9,8 x 3,2 cm. — Nécessaire à correspondance en cuir pour le voyage, XVIIe siècle, bois, cuivre, cuir ; 7,4 x 26 x 7,5 cm.
ROMANS-SUR-ISÈRE Musée international de la Chaussure — Souliers de femme (paire), XVIIe siècle, satin bleu de ciel, garni de petits galons de soie, talons en satin bleu ; 13 x 22,9 x 7 cm (dépôt du musée de Cluny). — Soulier d’homme, XVIIe siècle, cuir ; 16 x 26,7 x 8,7 cm (dépôt du musée de Cluny). — Soulier d’homme, type duc de Guise, d’après un modèle XVIIe siècle pour le théâtre, XIXe siècle, velours façonné ocre brodé de fil or ; 15 x 29,5 x 8,6 cm.
SAINT-OMER Musée de l’hôtel Sandelin — Jean-François de Le Motte, Trompe l’œil, XVIIe siècle, huile sur toile ; 87,8 x 68,5 cm.
VALENCE Archives départementales de la Drôme — Adolphe Joanne, Itinéraire descriptif et historique du Dauphiné, Paris, Hachette, collection des guides-Joanne, 1863, imprimé ; 18,7 x 12,5 x 3,4 cm. — Adolphe Joanne, Itinéraire général de la France, de Paris à la Méditerranée. Auvergne Dauphiné Provence, Paris, Hachette, collection des guides-Joanne, 1865, imprimé ; 17,9 x 12,5 x 4,2 cm. — A. Joanne et J. Ferrand, De Lyon à la Méditerranée, Paris, Hachette, collection des guides-Joanne, 1879, imprimé ; 17,9 x 12 x 1,9 cm. — L’illustration, La Drôme, 1926, n°4, imprimé ; 29,7 x 20 x 0,3 cm. — Léopold Faure, Album château de Grignan, 1838-1848, manuscrit ; 26,8 x 20,5 x 2,8 cm. — Léopold Faure, Album château de Grignan, 1847-1878, manuscrit ; 26,8 x 20,5 x 3,5 cm.
Conservation du patrimoine de la Drôme — Carnet de dessin des châteaux du Rhône, XIXe siècle, lavis et mine de plomb ; 23 x 28,6 cm. — Marine Lanier, série Voici le jour de vous conter mon songe : Les Roses, 2017, hahnemühle photo rag, contrecollé sur dibond ; 100 x 80 cm. L’Alcôve, 2017, hahnemühle photo rag, contrecollé sur dibond ; 100 x 80 cm. Le Carnet de lettres, 2017, hahnemühle photo rag, contrecollé sur dibond ; 100 x 80 cm. L’Orage, 2017, hahnemühle photo rag, contrecollé sur dibond ; 100 x 80 cm.
Musée d’art et d’archéologie — Olivier Le May (1737-1797), FrançoisDenis Nee (1732-1817), Vue de Valence en Dauphiné, prise de l’Ardèche, avec le bac à traille, XVIIIe siècle, gravure ; 21,5 x 35 cm.
— Olivier Le May (1737-1797), FrançoisDenis Nee (1732-1817), Vue de Viviers, XVIIIe siècle, gravure ; 24,3 x 36,2 cm. — Delphin Enjolras (1857-1945), Grignan, ruines du château et les vases de la terrasse, XXe siècle, aquarelle sur papier ; 45,5 x 22 cm. — Delphin Enjolras (1857-1945), Grignan, ruines du château, tour et vases de la terrasse, aquarelle sur papier ; 34 x 24,5 cm. — Dubouchet, Statue de Mme de Sévigné, gravure ; 22 x 14 cm.
VERSAILLES Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon — Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné, XVIIe siècle, huile sur toile ; 81 x 65 cm. — Pierre Menant (16.. -17..), Vue et perspective du château de Versailles et d’une partie de la ville du côté du potager, gravure ; 32,5 x 58 cm. — Israël Silvestre (1621-1691), Château royal de Versailles vu de l’Avant-cour, 1674, gravure ; 48,4 x 64,2 cm. — Jean Le Pautre (1618-1682), Fêtes de 1668, quatrième journée : la salle de bal donnée dans le Petit Parc de Versailles, gravure ; 31,5 x 41,5 cm. — Jean Le Pautre (1618-1682), Fêtes de 1668, cinquième journée : illumination du palais et des jardins de Versailles, gravure ; 30,5 x 41,7 cm.
VITRÉ Musées de Vitré — Claude Marie François Dien (1787-1865), Philippe-Emmanuel de Coulanges, XIXe siècle, estampe ; 22 x 15,6 cm. — Oraison en l’honneur de la Bienheureuse Mère Jeanne-Françoise Fremiot de Chantal, XVIIe siècle, imprimé ; 12 x 7,3 cm / 8,3 x 5,5 cm. — Roger de Bussy-Rabutin, Histoire amoureuse de France, 1708, imprimé ; 14 x 9 cm. — Matthaeus Le Jeune Merian, Vue de l’église Saint-Gervais, vers 1650, estampe ; 22,5 x 32,5 cm. — Jean Will, Elisabeth Sophie Chéron, Magdeleine de Scudéri, XVIIIe siècle, estampe ; 24,7 x 15,6 cm. — Nicolas Larmessin, Messire Nicolas Foucquet, 1669, estampe ; 22 x 15,4 cm. — Étienne Fessard (d’après Ferdinand), Marie-Magdeleine Pioche de La Vergne, Comtesse de La Fayette, XVIIIe siècle, estampe ; 25 x 18 cm. — Jean Jacottet, Frères Becquet, Les Rochers, château de Mme de Sévigné, XIXe siècle, lithographie ; 27,5 x 36,6 cm. — Adrien Dauzats, Léon Gaucherel, Les Rochers, habitation de Mme Sévigné,
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XIXe siècle, estampe ; 34,5 x 57 cm. — Charles Joseph Hullmandel (1789-1850), Les Rochers from the mail, 1819, lithographie ; 32 x 48 cm. — Charles Joseph Hullmandel (1789-1850), Les Rochers, 1819, lithographie ; 32 x 48 cm. — Claude-François Lorieux (1775-1835), Les Rochers, XIXe siècle, estampe ; 10 x 16 cm. — Eugène Cicéri, Adolphe Bayot, Félix Benoist, Château des Rochers, XIXe siècle, lithographie ; 31,5 x 48 cm. — Assiette « Monuments de Vitré » Les Rochers, vers 1900, faïence ; diam. 22 cm.
CO LLECTIO NS PA RTICULIÈRES
— Chiquets (x 2), début XVIIIe siècle, porcelaine de Chantilly ; 5 cm, diam. 8,5 cm. — Soucoupe, XVIIIe siècle, porcelaine de Chantilly ; 3 cm, diam. 12 cm.
Collection famille Morand — Hôtel d’Agar, Cavaillon
Collection Château des RochersSévigné
— Jardin Sévigné, 1996, dessin préparatoire, encre, aquarelle ; 42,8 x 29,8 cm. — Jardin Sévigné, 1996, dessin préparatoire, encre noire ; 42 x 30 cm. — Jardin Sévigné, 1996, dessin préparatoire, encre, aquarelle, collage ; 51,5 x 64,5 cm. — Service à thé « Chère », composé d’une théière, d’un pot à lait, d’un sucrier, de trois tasses, 1997, porcelaine (Limoges, Ch. Field Haviland), 1997, édité par la RMN, l’AFAA, la DAP.
— Henri de Sévigné (1623-1651), XVIIe siècle, huile sur toile ; 79 x 62 cm. — Charles de Sévigné (1648-1713), XVIIe siècle, huile sur toile ; 106 x 86 cm. — Écritoire, XVIIe / XVIIIe siècle, bois, cuir, tissu, fer ; 7 x 31,5 x 22,5 cm. — Encrier, XVIIe / XVIIIe siècle, tôle, émail ; 10 x 14,5 x 11,5 cm. — Nécessaire de toilette (appartenant à Mme de Sévigné ?) : Boîtes rondes (X4), bois ; 8 x 13 cm, 8 x 13 cm, 3 x 5,5 cm, 3 x 5 cm. Boîte rectangulaire, bois laqué ; 5,5 x 14 x 5,5 cm. Pinceau, bois et poil ; 14,5 cm. Brosse, bois et poil ; 7,5 x 15,5 cm.
Collection particulière, Nîmes
Collection particulière
— Nicolas Mignard (1606-1668), attribué à, Portrait d’une femme écrivant (marquise de Ganges), 1653, huile sur toile ; 129 x 88,5 cm.
Collection Françoise Vergier, Grignan
— Meiffren Conte (v. 1630-1705), attribué à, Nature morte, XVIIe siècle, huile sur toile ; 65 x 54 cm. — Henri Testelin (1616-1695), attribué à, L’été et l’automne, XVIIe siècle, huile sur toile ; 80 x 107 cm. — Sellette, bois ; 120 cm, diam. 45 cm.
Collection Philippe Irrmann et Jacqueline Queneau, Paris — Nappe, XVIe siècle, lin ; 210 x 210 cm. — Serviettes Petite Venise (x 3), XVIIe siècle, lin. — Salière Louis XIV, XVIIe siècle, métal argenté ; 5,5 x 8 cm. — Assiettes (x 3), fin XVIIe siècle, porcelaine dure, Cie des Indes ; diam. 23 cm. — Boîte à épices, XVIIIe siècle, métal argenté ; 6,5 x 10,5 x 8 cm. — Boîte à épices, XIXe siècle, bois ; 11 x 15 cm. — Huilier-vinaigrier avec 2 burettes, XVIIIe siècle, métal argenté ; 24 x 14 x 8,5 cm / verre ; 17 cm, diam. 9 cm. — Chocolatière, fin XVIIIe siècle / début XIXe siècle, cuivre, bois ; 29 x 26 cm. — Moussoir, XIXe siècle, bois ; 29 cm, diam. 3,5 cm. — Saupoudroir à sucre, XVIIIe siècle, métal argenté ; 21 cm, diam. 8,5 cm. — Coupe-chocolat, XIXe siècle, bois, métal ; 10 x 34,5 x 30 cm. — Marteau à sucre, XIXe siècle, bois ; 28 x 13 cm. — Hache pour le sucre et Pain de sucre, XIXe siècle, bois et métal ; 22,5 x 12 cm / 18 cm, diam. 12 cm.
Collection Jean-Yves Patte — Encrier, XVIIe / XVIIIe siècle, verre ; 6 cm, diam. 15 cm. — Chiquet chinois, XVIIe siècle, porcelaine de Chine ; 5,5 cm, diam. 6,5 cm.
— Ennemond Roche, Couverts de Grenoble, 1705, argent : fourchette ; 18,2 x 2,8 cm / cuiller ; 19 x 4,1 cm. — Banette, fin XVIIe siècle, faïence de Nevers ; 5,8 x 18 x 10,3 cm.
Collection particulière — Louis Lainé, Palette à saigner, 1687, étain ; diam. 11,5 cm. — Coffret de trépanation, fin XVIIe siècle, fer étamé, bois, tissu ; 5 x 22 x 20 cm. — Pharmacie portative, XVIIe siècle, bois, fer, verre, étain, tissu ; 18,5 x 18 x 18 cm.
Collection particulière — Assiette, fin XVIIe siècle, argent ; diam. 30 cm.
Collection particulière — Mme de Sévigné, Recueil de lettres choisies, pour servir de suite aux lettres de Madame de Sévigné à Madame de Grignan, sa fille, éd. Rollin, 1751 ; 16,7 x 9,8 x 3,5 cm. — Mme de Sévigné, Lettres de Marie Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné à Madame la comtesse de Grignan, sa fille, 1726 ; 17,2 x 9,8 x 3,5 cm. — Mme de Sévigné, Recueil des lettres de Madame la marquise de Sévigné à Madame la comtesse de Grignan, sa fille, éd. Rollin, 1738 ; 16,8 x 10 x 3,2 cm. — Édition photocopiée de la Haye de 1726 annotée par Roger Duchêne ; 18,2 x 24 x 4,5 cm.
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BIBLIOGRAPHIE
CATA LO G U E S D ’ EX P O S I TI O N
O UVRAGES, ARTICLES
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Être femme sous Louis XIV. Du mythe à la réalité, cat. expo., Marly-le-Roi / Louveciennes, musée-promenade (3 octobre 2015 - 14 février 2016), Paris, Liénart / Marly-le-Roi / Louveciennes, musée-promenade, 2015.
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É D I TI O N S M O D E R N E S DE L A CO R R E S P O N DANC E D E M M E D E S ÉV I G NÉ Lettres de Mme de Sévigné, de sa famille et de ses amis, présentées par L.-J.-N. Monmerqué, Paris, Hachette, 1862, 14 vol. Lettres inédites de Mme de Sévigné à Mme de Grignan, sa fille, présentées par C. Capmas, Paris, Hachette, 1876. Lettres, présentées par Gérard-Gailly, Paris, Gallimard, 1953 -1957, 3 vol. (Bibliothèque de la Pléiade). Correspondance de Mme de Sévigné, présentée par Roger Duchêne, Paris, Gallimard, 1972-1978, 3 vol. (Bibliothèque de la Pléiade). Lettres de Mme de Sévigné. Images d’un siècle, préface de Philippe Sollers, Lyon, éditions Scala, 1992. Lettres choisies, présentées par Roger Duchêne, Paris, Gallimard, 1998 (Folio classique). Lettres de l’année 1671, présentées par Roger Duchêne, préface de Nathalie Freidel, Paris, Gallimard, 2012 (Folio classique).
S ÉL ECTIO N DE MANUELS D’ ART ÉPISTO L AIRE DU XVII E SIÈCLE Colomiès Paul, La rhétorique de l’honnête homme, ou la manière de bien écrire des Lettres, De faire toutes sortes de Discours, & de les prononcer agréablement ; Celle d’acquérir l’usage de la Langue Françoise, & d’imiter les Poëtes. Et de choisir les bons auteurs pour son étude, Où l’on a ajouté à la fin le Catalogue des Livres dont un honnête homme doit former sa Bibliothèque, Amsterdam, George Gallet, 1699. Fenne François de, Le Secrétaire à la mode réformé ou le Mercure nouveau Contenant les lettres Choisies des plus beaux Esprits de ce Tems. Avec une nouvelle Instruction à écrire des lettres, & VI Entretiens de la Civilité, Leyde, Jacques Hackius, 1684. Furetière Antoine, Essais de Lettres familieres Sur tout sorte de Sujets. Avec Un Discours sur l’Art Epistolaire. Et quelques remarques nouvelles sur la Langue Françoise, Paris, Jacques Le Febvre, 1690 [dans A. Furetière, Nouvelle allégorique ou Histoire des derniers troubles arrivés au Royaume d’Éloquence (1659) - Essais de Lettres familières (1690), éd. M. Bombart et N. Schapira, Toulouse, Société de Littératures classiques, supplément de la revue Littératures classiques, 2004 (Rééditions de textes du XVIIe siècle). Irson Claude, « Methode pour bien ecrire & composer des lettres, que l’on appelle epistres », contenue dans la Nouvelle Methode pour apprendre facilement les principes et la pureté de la langue françoise, Contenant plusieurs traitez De la prononciation, De l’Orthographe, De l’Art d’Ecriture, Des Etymologies, Du Stile Epistolaire, & Des Regles de la belle façon de Parler & d’Ecrire, [Paris, Gaspard Meturas, 1656], Genève, Slatkine, 1973, p. 227-249. Jacob Paul, Le Parfait secrétaire, ou la Manière d’escrire et de respondre à toute sorte de lettres par Preceptes et par Exemples, Paris, Antoine de Sommaville, 1646. La Barre Mateï, L’art d’écrire en François, ou la maniere de faire des complimens, des lettres, des discours en Dialogues, des Traductions, des Harangues, l’Histoire, des Romans. Premiere partie, Paris, Nicolas Jolybois, 1662.
Milleran René, Lettres familières, galantes, Et autres sur toutes sortes de sujets, avec leurs Réponses : Divisées en III parties. La Premiere contient les Lettres familieres & autres. La Seconde, les Lettres Galantes. La Troisième, leur Instruction, & les Titres dont on qualifie toutes sortes de personnes, &c, 2nde édition, Bruxelles, Jean Leonard, 1692. Ortigue de Vaumorière Pierre, Lettres sur toutes sortes de sujets, avec des avis sur la maniere de les écrire, tome I, Paris, Jean Guignard, 1690, et tome II, Paris, Jean Guignard, 1695. Puget de La Serre Jean, Le Secrétaire à la Mode, Augmenté d’une instruction d’escrire des Lettres ; cy devant non imprimée. Plus d’un recueil de Lettres morales des plus beaux esprits de ce temps Et des Complimens de la Langue Françoise [1640], Amsterdam, Louis Elzevier, 1646. Richelet Pierre, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets, Tirés des meilleurs Auteurs, avec des Notes, tomes I et II, Paris, Michel Brunet, 1698.
© E. Georges
Au fil du temps, se dessine une personnalité contrastée, capable de côtoyer les Frondeurs et la cour de Louis XIV, d’apprécier son quartier parisien et ses terres bretonnes, d’être une mondaine enjouée et une mère éplorée, d’écrire la chronique des grands et des petits événements et d’inventer un échange épistolaire, la « lettre tendre », dans un style qu’elle-même revendique « naturel et dérangé ». Grâce à la parution posthume de sa correspondance, Mme de Sévigné est reconnue pour le talent de sa plume et contribue à la renommée du château de Grignan où pourtant elle ne séjourna que quatre années. Publié à l’occasion de l’exposition « Sévigné, épistolière du Grand Siècle » présentée au château de Grignan, cet ouvrage permet d’entrer dans l’intimité d’une femme mêlant l’art d’aimer et l’art d’écrire, de découvrir un siècle où l’art de vivre et d’habiter devient de plus en plus raffiné à Paris comme en province, de mettre en lumière un personnage devenu mythique et toujours d’une grande modernité.
WWW.EDITIONS-LIBEL.FR Dépôt légal : mai 2017
CHÂTEAU DE GRIGNAN
ÉPISTOLIÈRE DU GRAND SIÈCLE
De sa naissance à Paris en 1626 à sa mort à Grignan en 1696, cette femme d’esprit passe d’une résidence à une autre, du Marais à Paris, à Vitré en Bretagne ou au « royal château » en Provence, tout en brossant dans sa correspondance un portrait de la société du XVIIe siècle.
SÉVIGNÉ
Mme de Sévigné est à jamais associée au château de Grignan, demeure de son gendre, François de Castellane-Adhémar, et de sa fille Françoise-Marguerite, principale destinataire des lettres de celle qui deviendra la célèbre épistolière du Grand Siècle.
SÉVIGNÉ ÉPISTOLIÈRE DU GRAND SIÈCLE
22 € TTC ISBN : 978-2-917659-62-5
CHÂTEAU DE GRIGNAN
COUVERTURE OK RESO.indd 1
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