3 minute read

CARTE BLANCHE

Bruxelles-Capitale

LA CARTE BLANCHE

Advertisement

PAR STÉPHANE GURBUZ

Bruxelles a tant d’atouts, que ce soient ses parcs, ses monuments, son multiculturalisme, ses musées, mais Bruxelles est ingérable. Ce n’est pas très étonnant quand on sait que la Région de Bruxelles-Capitale est une véritable lasagne institutionnelle, ou un mille-feuilles si vous êtes plus dessert, avec d’innombrables niveaux de pouvoir et de compétences: le gouvernement fédéral (avec Beliris), la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Vlaamse Gemeenschapscommissie, la COCOM, la COCOF, 19 communes, 19 CPAS, les Gouvernement et Parlement bruxellois, 8 ministres, 89 députés, 190 bourgmestres et échevins, 695 conseillers communaux…

SIMPLIFIONS BRUXELLES

Simplifions cela. Non seulement pour des raisons d’économie, car il ne va pas sans dire que ces élus sont très bien rémunérés, avec des salaires de 49.602 à 102.555€ pour un échevin ou un président de CPAS bruxellois et entre 55.084 et 132.616€ pour un bourgmestre, et qu’on pourrait assez facilement faire des économies de millions d’euros chaque année rien qu’en réduisant les élus locaux, mais simplifions, avant tout, pour des raisons d’efficacité.

Trois mots d’ordre pour simplifier cette Région bruxelloise: fusionner, élargir et régionaliser.

Fusionner

Une meilleure gestion de la Région passerait par une fusion partielle des 19 communes bruxelloises en grands arrondissements (Nord, Sud, Ouest, Est et le Pentagone). Certaines économies d’échelle permettraient d’accroitre les budgets pour accomplir plus de défis. À titre d’exemple, une fusion entre Watermael-Boitsfort et Auderghem permettrait d’économiser près de 17 millions d’euros par an.

La fusion devrait pouvoir mettre en place un transfert des matières communales importantes à la Région pour éviter des situations confuses et inefficaces. À titre d’exemples, la gestion de la voirie, le stationnement (qui laisse place à des situations surréalistes au quotidien dans nos rues avec des parkings payants à un seul côté de la rue et des horaires différents), la police et les grands projets d’infrastructure (projet Néo, futur Stade national) devraient être des compétences exclusivement régionales.

Élargir

Comment expliquer à un étranger que les Bruxellois n’ont quasi rien à dire sur la gestion du ring qui entoure la Région ou même sur l’aéroport de Bruxelles-Zaventem? Dire que Bruxelles s’arrête aux 19 communes serait faux d’un point de vue linguistique, économique et sociologique. Compter sur la coopération entre la Flandre et Bruxelles pour mettre sur pied des projets d’infrastructure communs ne marche visiblement pas, preuve en est avec le déploiement du RER, projet datant de 1990 et qui est toujours en chantier à l’heure actuelle. Il faut donc passer à l’étape supérieure: élargir la Région aux communes périphériques flamandes (les six communes à facilités et une partie du Brabant flamand). D’un point de vue économique, ce serait clairement plus efficace et cela permettrait surtout d’avoir une vision plus claire et d’accélérer les projets futurs. En effet, si l’on souhaite par exemple diminuer la part de l’automobile dans les déplacements des navetteurs – ces habitants de la périphérie qui travaillent à Bruxelles, il faudrait développer le métro vers les communes périphériques (Dilbeek, Wemmel, Zellik, Grimbergen). Or, on le voit avec l’exemple du RER, pour mettre en place de tels travaux et projets, il faudrait que les bourgmestres, conseillers communaux, ministres de la Mobilité flamands et bruxellois et Beliris se mettent d’accord. Rien de tel qu’une Région bruxelloise élargie pour décider plus efficacement et plus rapidement et pour faire primer l’intérêt général.

Régionaliser Supprimons la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Vlaamse Gemeenschapscommissie, la COCOM

et la COCOF au profit d’une Région bruxelloise plus forte que jamais dans un souci de simplification mais surtout de pragmatisme. Il faut régionaliser les compétences communautaires. La crise sanitaire a mis en lumière la répartition surréaliste des compétences dans notre pays. En effet, rien que sur le territoire de Bruxelles, il y a 4 ministres de la Santé différents avec des portefeuilles totalement éclatés. De plus, Bruxellois et Wallons ne perçoivent pas les choses de la même manière. On pourrait s’imaginer un enseignement bilingue qui colle mieux à Bruxelles et un enseignement plus francophile pour les Wallons tout en garantissant un statut similaire aux enseignants.

La Région bruxelloise a absolument tous les atouts pour rivaliser avec d’autres grandes métropoles européennesde par notamment sa position stratégique au cœur de l’Europe occidentale à mi-chemin entre Londres, Paris, Amsterdam et Cologne et sa reconnaissance de facto en tant que capitale politique européenne. Allons plus loin en faisant de Bruxelles une capitale attractive et dynamique pour la classe moyenne et les jeunes, mais pour ce faire, il faut régler le problème de la complexité des institutions bruxelloises. 

This article is from: