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DÉRISION

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INTERVIEW ULB

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PAR CORALIE BOTERDAEL

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Ce que veulent les femmes Payent € DE LA POUDRE DE MASCARA NOIR PAILLETÉ INTENSE D’YVES-SAINT-GUERLAINPINPIN € UN POT DE CRÈME FRAICHE DE JOUVENCE ANTI-ÂGE «J’Y CROIS TROP» € DES ÉLASTIQUES ÉTHIQUES EN FIBRES NATURELLES QUI N’AGRESSENT PAS LE CHEVEU € UNE BOITE DE 27,5 TAMPONS COMPAK COTTONCOMFORT NIGHT SOFT SUPER PLUS PLUS

€ DES BANDES DE CIRE VERTES POUR LES JAMBES, BLEUES POUR LES AISSELLES, JAUNES POUR LE MAILLOT, ROSES POUR LE MINOIS ET DES BANDES DE CIRE ORANGÉ SAUMON SUPÉRIEUR DE NORVÈGE POUR LA PLANTE DES PIEDS

TOTAL = Dommage que l’argent ne pousse pas dans les arbres…

Voici une liste de courses fantasque mais représentative des réalités que vivent les femmes... Dans les magasins, on retrouve en effet pléthore de ces produits aux déclinaisons aussi variées que le choix des séries sur Netflix. Mais dans cette mêlée d’articles plus prometteurs les uns que les autres, il est compliqué de les distinguer. Tout comme il est difficile de les acheter… Car tout ça coute un bras et la moitié de l’autre! Or, et c’est un fait que l’on peut déplorer, les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes existent encore. Sans compter que celles-ci ne sont pas seulement moins bien payées, elles payent également plus que les hommes ! Elles trouent régulièrement le fond de leur portefeuille entre les menstruations, la contraception, la lingerie, le maquillage, les séances de soin, etc. La carte bancaire chauffe bien souvent non pas seulement pour des petits plaisirs mais aussi pour des biens de première nécessité qui n’incombent pas à ces chers messieurs. Il est ardu de faire les comptes et si certains accusent l’existence d’une «Pink Taxe» – forcément, toutes les filles sans exception vénèrent le rose – il est en réalité presque impossible de la mesurer car les paramètres sont nombreux et complexes. Néanmoins, on ne peut ignorer les couts liés au statut de femme…

Les plus évidents concernent la ménorrhée. Les femmes ont en moyenne leurs règles durant trente-neuf ans, c’està-dire jusqu’à environ 500 fois dans une vie. Déjà que c’est une croix à porter, elles doivent de surcroit supporter l’achat de protections. Serviettes hygiéniques et tampons, cups ou éponges, serviettes lavables ou slips menstruels ; l’offre ne manque pas, mais leur prix est culotté ! Sans oublier la visite annuelle de contrôle chez le gynécologue, l’achat de sous-vêtements et linge de lit lorsqu’ils ont été souillés, les antalgiques ou antispasmodiques pour les règles douloureuses et les dépenses accrues de papier toilette tous les 28 jours… Dracula se retournerait dans son cercueil s’il savait combien tout ce sang est cher aux femmes!

Il n’y a pas que les menstruations qui coutent la peau du popotin. Elles doivent aussi casquer pour la contraception. Au-delà du préservatif ou du diaphragme, il y a la pilule, le stérilet, l’implant, le patch, l’anneau vaginal ou l’injection ; un large éventail de contraceptifs hormonaux qui s’adresse exclusivement aux femmes… Pourtant ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi elles doivent assumer et payer seules une contraception alors qu’il faut être deux pour danser un tango?

Mais ce n’est pas tout… Pour une même marque la note du rasoir couleur rose diamant ou du déodorant à la fleur de mademoiselle est souvent plus salée que celle du rasoir ou de l’antitranspirant pour homme. Chez le coiffeur, même pour une coupe courte, les tarifs vont du simple au double lorsqu’il s’agit du crâne d’une dame. Vous l’aurez peutêtre constaté, les prix de certains produits d’hygiène et services similaires sont parfois plus élevés pour les femmes que pour les hommes. On peut donc le dire: «Marketing, packaging, merchandising… Everything for bullshitting my darling!»

Et après tout ça, il faut encore compter toute la panoplie des cosmétiques, sous-vêtements et accessoires de mode.

Crèmes et huiles apparemment si essentielles, maquillage voire peinture de séduction, talons hauts, boucles d’oreille, gaines amincissantes versus soutiens-gorges en dentelle ; tous ces attributs synonymes de féminité qui paraissent indispensables lors d’un entretien d’embauche, d’un speed dating ou toute autre occasion pour les femmes de se vendre. Car elles se doivent d’être engageantes et cela leur coute à nouveau les yeux de la tête!

En effet, là où le bas nylon blesse, ce n’est pas seulement parce que certains produits sont l’apanage de la gent féminine ou parce que d’autres affichent des prix inégalitaires ; c’est sans doute avant tout une question de mentalités. Ne l’avez-vous pas remarqué? Dans l’imaginaire véhiculé par notre société, les femmes doivent faire attention à leur apparence, détenir les secrets de beauté et les appliquer ; les tutos en la matière ne manquent d’ailleurs pas… Il faut qu’elles prennent soin d’elles, qu’elles soient pimpantes, charmantes, qu’elles brillent comme des sous neufs.

Bref, vous l’avez compris, le ticket de caisse est kilométrique entre les soins imposés par la Nature et ceux dictés par la Nanattitude… Le budget alloué à ces soins pèse lourd à la fin du mois, ce qui donne matière à réflexion, car trouvez-vous normal que les femmes soient indéniablement confrontées à plus de frais que les hommes?! N’estimez-vous pas qu’il est temps de changer les codes? Et les codesbarres tant qu’à faire!? 

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