Newsletter n°3 juillet-août 2013

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n° 3 – juillet-août 2013

LA

n e w s l e t t e r dc

La lettre d’information de la l d c à Tanger

Paraît (presque) chaque mois

Coup de cœur

L e projet Fanon de J. E. WIDEMAN Focus

CABARET VOLTAIRE

P.2

P.3

editorial

Lectures d’été

Premières lignes

L a femme de D jah de NORA ARCEVAL

P.4

Quel lecteur êtes-vous ?

E ntretien avec EL MOSTAFA BOUIGNANE

Édito

P.6

La troisième livraison de cette newsletter amène une nouvelle fois son lot de nouveautés littéraires. Une sélection parfois plus légère, pour coller à la saison et à son rythme plus indolent. Peut-être un peu plus abondante également, parce que nous ne retrouverons qu’au mois de septembre, le temps de préparer une rentrée qui s’annonce riche en événements. Nous y inaugurons en outre une nouvelle rubrique dans laquelle nous interrogerons, tous les mois, une personnalité, un écrivain sur ses goûts en matière de lecture, les livres qui l’ont marqué(e), voire influencé(e), et ce qu’il, ou elle, lit en ce moment. El Mostafa Bouignane nous a fait l’honneur et le plaisir d’inaugurer ce nouveau rendez-vous. Et vous, quel lecteur, quelle lectrice, êtes-vous ?

& Lit l a sélection de livres de l’été : térature, pol ars, essais…, l’agenda de l a librairie www.librairie-des-colonnes.com


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Coup de cœur

L e p r o j e t Fa n o n d e J. E. W I D E M A N À

la fois roman , h ommag e , e ssai biogra p h i q u e ,

flirtan t av e c l e fan tas t i q u e e t l e t h rill e r ,

Projet Fanon,

de

un livr e e ngag é .

Un

J o h n E d gar W i d e man

Le

e s t aussi

livr e q ui fai t e n t e n d r e un e voi x fort e d e la

li t t é rat ur e am é ricain e con t e m p orain e .

Fanon en tête Frantz Fanon était mort depuis six ans lorsque John Edgar Wideman publia son premier livre, A Glance Away, en 1967. Psychiatre, révolutionnaire, Fanon était alors devenu le symbole de la lutte anticolonialiste. Ses écrits avaient influencé aussi bien les leaders de la guérilla cubaine, des Black Panthers que de l’indépendance algérienne ou de la libération J o h n E d g a r W i d e m a n , LE PROJET FANON, de la Palestine. Gallimard, 352 pages, Depuis lors, les livres de Wideman se sont enchaînés, brossant peu à peu 300 dh. le portrait d’une autre Amérique, moins clinquante, moins lisse que celle que nous proposent cinéma et télévision, le portrait des quartiers déshérités et des ghettos, celui d’Homewood à Pittsburgh où il a lui-même grandi, celui de son frère, condamné à la prison à perpétuité pour meurtre. Depuis, cet auteur considéré outre-Atlantique comme l’un des plus importants de sa génération revisite l’histoire des Afro-américains, entre autobiographie et épopée collective, questionnant la notion de race et le statut des Noirs dans la société. Avec ce nouveau roman, c’est toute la dette et la relation ambigüe à Fanon qui transparaissent dans une fiction déroutante où Thomas, double de Wideman, analyse ses infructueuses tentavites à écrire un livre sur le héros martiniquais. Lorsque, emballée dans un carton, accompagnée d’une citation de Fanon, une tête humaine lui est livrée, le drame intime se fait enquête. On est embarqué, au rythme d’une écriture saccadée, polyphonique, de la France à l’Algérie, pour revenir à Homewood. Le questionnement existentiel se fait social, politique. Les genres se mélangent, les voix s’entrecroisent produisant un effet de vertige, jusqu’à Wideman intervenant pour interpeller son narrateur. Le lecteur lui-même n’en ressortira pas toujours indemne.

Incontournables dans la littérature anticolonialisre, les livres de Frantz Fanon continuent d’inspirer écrivains et militants partout dans le monde. Ils sont disponibles en éditions de poche. ► Frantz Fanon, PEAU NOIRE, MASQUES BLANCS, Points, 121 pages, 70 dh. ► Frantz Fanon, LES DAMNÉS DE LA TERRE, La Découverte, 311 pages, 131 dh.

+

R « Weight », une nouvelle de J. E. Wideman, à lire en ligne (en anglais). R Un entretien, audio, avec John Edgar Wideman à propos de Fanon (en anglais également).


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Focus

CABARET VOLTAIRE e d i torial

C abar e t V oltair e ,

e d i torial e s pa ñ ola , su p o cons t ruirs e a lo largo d e los

a ñ os una fu e rt e i d e n t i d a d fun d am e n ta d a p or un catá logo e x ig e n t e y s e l e c cion e s iconoclas tas .

Este

ú lt imo a ñ o , sus d os fun d a d or e s h an e m p r e n d i d o la p ublicaci ó n d e

algunas obras d e

M o h am e d C h u k ri

e n t ra d uccion e s in t e gralm e n t e nu e vas ,

invi tan d o a r e d e scubrir e s tos cl á sicos tang e rinos .

Bajo el signo de la liber tad El Cabaret Voltaire, hacia fines de 1910, era un pequeño lugar de Zurich que podía acoger apenas cincuenta personas. Un « centro cultural » decorado por telas y dibujos de individuos poco confiables que llevaban por nombre Modigliani, Picasso, Kandinsky… El espacio era modesto pero fue allí donde hombres poco preocupados por « el qué dirán » y creyendo ciegamente en lo que hacían crearon el movimiento Dada que marcó tan profundamente la literatura y las artes hasta nuestros días. Ha sido también allí donde los surrealistas se conocieron. En octubre 2006, fue bajo esta enseña, símbolo de creatividad, de transgresión y libertad, dos españoles – Miguel Lázaro y José Miguel Palomares – escogieron ubicar su editorial. Encontramos en su catálogo los nombres de un número considerable de escritores franceses, desde Balzac o Flaubert hasta Cocteau, Duras y Modiano, pero también autores magrebinos como Abdellah Taïa, Rachid Boudjedra o Mohamed Chukri. De este último, eterno insumiso que poco nos sorprende encontrar bajo tal patrocinio, tres libros ya han sido publicados en traducciones completamente nuevas a cargo de Rajae Boumediane El Metni – hemos tenido el placer de recibirla en la librería en varias oportunidades. El más reciente de estos libros, Jean Genet en Tánger, acaba de publicarse, en sucesión a Paul Bowles, el recluso de Tánger y al gran clásico tangerino, El pan a secas. Una oportunidad de redescubrir Chukri, en español como nunca antes lo habíamos leído, con todo el sabor y las asperezas de una lengua cruda y rebelde.

CABARET VOLTAIRE

EL PAN A SECAS, 272 paginas, 230 dh.

AUL BOWLES, EL RECLUSO DE TÁNGER, 216 paginas, 200 dh.

JEAN GENET EN TÁNGER, 160 paginas, 200 dh.


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Premières lignes

La femme de Djah d e N O R A A RC EVA L Un livre nouveau se découvre, au travers de quelques lignes. Ce mois-ci, une courte histoire, signée Nora Arceval, issue d’un recueil plein de drôlerie qui vient de paraître aux éditions Al Manar.

La chorba brûlante C’était en pleine période de Ramadan, et la femme de Djha n’était pas contente du tout ! Son mari ne rapportait pas de paniers garnis comme les voisins, et cela la désolait. Elle était contrainte de préparer la chorba sans tagine, sans zlabia, sans toutes les bonnes choses qui auraient dû l’accompagner. Un soir, dès que le muezzin lança l’appel à la prière pour annoncer la rupture du jeûne, Mart-Djha déposa sur la table la chorba bouillante qu’elle venait de retirer du feu. « Djha a faim, qu’il s’ébouillante la langue ! » pensa-t-elle. avec rancœur. Elle versa une bonne louchée de la soupe au délicieux parfum de coriandre dans le bol de Djha. Ce dernier ne se précipita pas du tout sur la soupe comme elle l’avait envisagé. Puis, le temps de poser le pain, de finir les derniers menus préparatifs, elle prit place et se servit. Oubliant que la chorba était brûlante, elle en avala une grande cuillère. Aie ! Sa langue s’enflamma. puis elle résista à la douleur. Il ne fallait pas que Djha s’en aperçût ! C’était lui qui devait s’ébouillanter ! Gloups ! Elle avala sa gorgée de soupe et ses yeux s’embuèrent de larmes. Djha, qui l’observait sans rien comprendre à ce stratagème, s’inquiéta en toute innocence : – Ma chérie ! Que t’arrive-t-il ? Pourquoi soudain ces larmes ? Mart-Djha en profita pour improviser un long sanglot : – Le goût de cette chorba a ravivé ma mémoire. Je tiens cette recette de ma défunte mère ! Son souvenir m’a arraché ces larmes du fond du cœur ! Djha, qui avait faim, récita très vite une formule ou deux de compassion pour la consoler et absorba à son tour une bonne gorgée de la chorba bouillante. Aïe ! Il demeura figé, la bouche close, les yeux exorbités, rouges et larmoyants. Il résista sans bouger et avala sa soupe. Mart-Djha, qui le surveillait du coin de l’œil, comprit qu’il venait de se brûler. Rusée, elle lui demanda d’un ton narquois : – Et toi, pourquoi pleures-tu ? Djha ne s’embarrassa pas de circonlocutions : – Moi aussi je pleure ta mère ! Non pas pour avoir inventé une telle recette, mais pour avoir enfanté une telle garce ! ► N o r a A r c e va l , LA FEMME DE DJAH, préface de Leïla Sebbar, dessins de Sébastien Pignon, Al Manar, 126 pages, 150 dh.


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Ta n g e r

Exposition

et les premières p h ot o g r a p h i e s d u M a r o c (1870-1900) J us q u ’ au 21

s e p t e mbr e , la

L ibrairi e d e s C olonn e s accu e ill e un e e x p osi t ion d e p h otogra p h i e s anci e nn e s . C in q uan t e - q uat r e t irag e s d ’ é p o q u e , sur pa p i e r albumin é ou au g é lat ino c h lorur e , d ’ imag e s p ris e s e n t r e 1870 e t 1900, son t accroc h é s à s e s murs e t d is p onibl e s à la v e n t e . P r é s e n tat ion par S ara h W h e e l e r .

L’ancien temps retrouvé Les chameaux du Grand Socco, un enfant puisant de l’eau à une fontaine publique, un homme devant un plat de couscous, un regard, un cortège funéraire allant vers Sidi Bouarrakia… Les cinquante-quatre tirages d’époque exposés à la Librairie des Colonnes sont les premières images photographiques du Maroc, prises entre 1870 et 1900. La proximité de l’Europe avait permis aux premiers photographes-voyageurs de travailler à Tanger (et Tétouan) alors que les difficultés à circuler dans le reste du pays, le danger que cela représentait pour des étrangers et l’encombrement du matériel indispensable au processus photographique, interdisaient de s’engager plus au sud. Les autres régions du Maroc – y compris Marrakech – ne furent dès lors photographiées que trente ans plus tard. Étonnamment, nous ne connaissons que très peu de choses de ces premiers photographes, presque tous représentés dans l’exposition. Nous ne disposons le plus souvent que de leurs noms : John Hollingworth Mann (qui exerça sous le nom du studio de Georges A. Cavilla. Rue Siaghine, Tanger, vers 1880. Washington Wilson, photographe plus réputé mais Tirage d’époque sur papier albuminé, d’après plus conventionnel), James Valentine (également négatif verre. (22,9x19 cm) Écossais), Valentin Hell, Lévy et fils, Alexandre Cavilla (originaire de Gibraltar et travaillant pour le consulat britannique) et d’autres, dont le mystérieux J.P., qui signait de son seul monogramme. L’exposition comprend de nombreuses vues de Tanger, prises en arrivant d’Espagne par la mer avec un premier coup d’œil sur le port, la Kasbah et l’hôtel Continental, puis de l’arrivée au Grand Socco, le cœur de la ville. D’autres sont des vues plus rapprochées des monuments et lieux emblématiques tangérois dont la Grande Mosquée, la porte de la Kasbah, le salle du Trésor et la place du Méchoir, la rue Siaghine et une de ses fontaines, le Petit Socco ou Bab el Fahs. Enfin nous avons aussi des portraits : musiciens, vendeurs d’eau, vendeuses de pain, dignitaires, paysans, femmes juives, enfants… À la différence de beaucoup de photographies de la même époque dans d’autres pays arabes, ces images – sauf peut-être quelques portraits – s’écartent de l’« orientalisme », exotisme convenu alors très en vogue en Europe. L’ensemble des tirages, dès lors, s’avère passionnant, et très inhabituel par son importance. Sarah Wheeler


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Quel lecteur êtes-vous ?

E l M o s ta fa BOUIGNANE Un écrivain, une personnalité, nous parle chaque mois de la façon dont il lit, de ce qu’il aime et de ce qui l’inspire. El Mostafa Bouignane a bien voulu répondre le premier à nos questions.

Nouvelles, romans, contes pour enfants…, El Mostafa Bouignane passe allègrement d’un genre à l’autre. Il se pourrait même qu’il s’attaque un jour à l’écriture d’un scénario pour le cinéma, son autre passion après la littérature. Son premier livre, paru en 2006 aux éditions Marsam – La Porte de la chance –, s’était fait remarqué déjà et obtint le Prix Plaisir de lire au Salon International des livres et des arts de Tanger. Avec Des houris et des hommes, paru en 2010, et alors que sont en lice des auteurs tels qu’Abdellatif Laâbi, Abdelfettah Kilito, Fouad Laroui ou Mohammed Nedali – pour ne citer qu’eux –, il est récompensé par le Prix du E l M o s ta fa B o u g n a n e (D.R.) Magazine Littéraire du Maroc, aujourd’hui malheureusement disparu. Après la publication d’un livre pour enfants il y a deux ans – L’Anniversaire de Salma – il revient cette année avec un roman (De Fès à Kaboul) et deux nouveaux volumes destinés à la jeunesse (Un chien à Marrakech, et La Querelle des couleurs). Écrivain aux multiples talents, El Mostafa Bouignane est évidemment aussi un dévoreur de livres. Il se définissait lui-même dans une interview comme un « lecteur vorace ». , Enseignant dans le secondaire à Fès, sa ville natale, il est également de ceux qui aiment faire découvrir la littérature et partager son plaisir de lire. Intrigués, nous avons voulu en savoir un peu plus sur lui. Il a accepté de se prêter au jeu d’un petit questionnaire.

Enfant ou adolescent, quel est le premier livre qui vous a marqué ? El Mostafa Bouignane : Le Prince heureux, d’Oscar Wilde. J’avais dix ou onze ans quand j’ai lu ce conte. Je crois que c’est ce qui a fait naître en moi la passion de la lecture. Il m’arrive encore de le relire, et il m’émeut toujours autant que la première fois. Quelles sont les œuvres qui vous ont poussé à devenir écrivain ? Il est difficile de dire quelles œuvres précisément vous ont poussé à devenir écrivain. Mais si je dois absolument en citer quelques-unes, alors je dirais que c’est Le Mur de Sartre et sa trilogie Les Chemins de la liberté (qui comprend : L’Âge de raison, Le Sursis et La Mort dans l’âme). C’est surtout cette dernière qui a produit le déclic. J’avais déjà envie d’écrire depuis un certain temps mais c’est après avoir lu Les Chemins de la liberté que je suis pour ainsi dire passé à l’acte. Quel est votre livre préféré ? Don Quichotte, que je relis souvent, dans le texte et dans l’excellente traduction d’Aline Schulman.

E l M o s ta fa B o u i g n a n e & C r i s t i n a T o rre s , LA QUERELLE DES COULEURS, Marsam, 40 pages, 50 dh.

Quelle est la plus belle de toutes les couleurs ? Dans ce livre, drôle et poétique, chacune vient argumenter en sa faveur… jusqu’à s’aperevoir que ce qui importe, c’est l’ensemble qu’elles forment.


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Y a t-il des auteurs qui vous accompagnent lorsque vous écrivez ? En fait, lorsque j’écris, je lis surtout des livres qui ont un rapport avec ce que j’écris ; c’est pour rester immergé dans l’atmosphère de mon roman. Un livre incontournable pour vous. Don Quichotte bien entendu, en plus des Mille et Une Nuits. Quel grand classique n’avez-vous jamais fini ? Les Misérables, de Victor Hugo. Mais il n’est pas le seul. De toute façon, comme l’a dit Mark Twain, un classique est un livre que tout le monde veut avoir lu et que personne ne veut lire. Que lisez-vous en ce moment ? En ce moment, je relis L’Ombre du vent, de Carlos Ruiz Zafón, un auteur espagnol qui écrit aussi pour la jeunesse, une des plus grandes révélations romanesques de ces dernières années. Je l’ai découvert par hasard à travers un autre de ses romans, Le Jeu de l’ange, et depuis je me suis pris de passion pour ses livres.

BIBLIOGRAPHIE Romans La Porte de la Chance, Marsam, 2006 Des houris et des hommes, Marsam, 2010 De Fès à Kaboul, Marsam, 2013 Livres Jeunesse L’Anniversaire de Salma, Marsam, 2011 Un chien à Marrakech, Marsam, 2013 La Querelle des couleurs, Marsam 2013

De Fès à Kaboul, le voyage est long, périlleux et plein de surprises. Avec ce nouveau roman, El Mostafa Bouignane abandonne un temps sa ville natale, qui lui tient tant à cœur, pour nous faire suivre le périple de Brahim, jeune homme d’un quartier populaire en bute à des problèmes sentimentaux, familiaux et aux diverses vexations d’une vie quotidienne déjà difficile. La mort de sa mère sera le déclencheur d’un voyage qui se révèlera bien plus étonnant qu’il n’aurait pu le croire. Il part alors en pélerinage à La Mecque mais la rencontre sur place avec certains intégristes afghans modifie ses plans, et bientôt toute sa vie.

E l M o s ta fa B o u i g n a n e , DE FÈS À KABOUL, Marsam, 142 pages, 50 dh.

+

« Àprès s’être embarqué dans des aventures dont il ne se serait jamais cru capable (guerre contre les Russes, trafic d’opium…), il échoue à Kaboul en pleine guerre civile et y découvrira un petit coin de paradis qui s’avère être l’antichambre de l’enfer. L’histoire de Brahim est aussi une chronique des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix du siècle dernier, dans laquelle sont évoqués des événements et des personnages mémorables. » [Extrait de la présentation de l’éditeur]

R « Touria la musulmane », une nouvelle d’El Mostafa Bouignane, parue dans le Magazine Littéraire du Maroc (n° 8, été 2011) est disponible en ligne.


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Sélection estivale

R omans

p olici e rs B e soin

d ’ é vasion , d ’ av e n t ur e …

N ous

avons s é l e c t ionn é q uat r e romans

p olici e rs , ouvran t q uat r e h ori zons d iff é r e n t s .

Q uat r e

livr e s d e p oc h e , à

e m p ort e r partou t p our s e r e t rouv e r c h a q u e fois aill e urs .

Frissons d’été Une affaire de meurtres sous la chaleur torride d’un été suédois, dans un petit port touristique où vit une étrange famille dotée de pouvoirs de guérison (Le Prédicateur). Une horde de revenants, ancienne légende du Moyen Âge, qui ressurgit dans le nord de la France, sur fond de disparitions suspectes (L’Armée furieuse). Une histoire croisée, entre 1957 et 2009, l’Algérie et la France, la torture et la boxe, la guerre et la marge, un père et son fils (Le Mur, le Kabyle et le marin). Des histoires de mœurs islandaises sur fond de cupidité généralisée et de finance mondialisée (La Muraille de lave). C’est tout cela et bien d’autres choses que l’on retrouve dans ces quatre livres qui viennent de paraître en poche. Sans compter les policiers qui ont à gérer leurs propres problèmes personnels, s’éloignant parfois de la légalité, aux petits plaisirs pas toujours avouables, les spécialistes du crime boulimiques ou insomniaques, et les meurtriers, bien évidemment. Quatre livres qui ont fait le tour du monde, d’écrivains confirmés ou de jeunes révélations du roman noir. De quoi s’évader, profiter d’un moment de calme et se souvenir que l’aventure peut surgir n’importe où, que le calme apparent peut être trompeur… Sans trop de risques tout de même, sinon celui d’y prendre plaisir.

C a m i l l a L ä c k be r g , LE PRÉDICATEUR, Actes Sud, « Babel noir » 512 pages, 80 dh.

C a m i l l a L ä c k be r g , LE MUR, LE KABYLE ET LE MARIN, Points, « Roman noir » 308 pages, 92 dh.

Fred Vargas, L’ARMÉE FURIEUSE, J’ai lu, 439 pages, 99 dh.

Arnaldur Indridason, LA MURAILLE DE LAVE, Points, « Policier », 401 pages, 99 dh.


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Littérature r u e C o n d o r c e t,

101, C l a m a rt d e S I M O N - PI E R R E H A M E L I N Une saisie chez Marina Tsvetaeva « 101, rue Condorcet, Clamart est l’adresse où vécut Marina Tsvetaeva, la grande poétesse russe, son mari Serguei et leurs deux enfants, Alia et Mour, dans leur exil en France, après la révolution russe. Simon-Pierre Hamelin qui habita ce deux pièces-cuisine un demi-siècle plus tard, découvrit par hasard que le logement de son enfance avait abrité un des plus grands écrivains du xxe siècle. La fiction qu’il en tire, dans ce petit livre vibrant et tout en retenue, est poignante. Il y met en scène une descente d’huissier dans la famille Efron (nom du mari) et, par ce biais, nous décrit la misère, la panique, le rêve du retour en Russie, les grands cahiers bleus sur lesquels Marina écrit ses poèmes : Éparpillés dans les librairies, gris de poussière, Ni lus, ni cherchés, ni ouverts, ni vendus, Mes poèmes seront dégustés comme les vins les plus rares Quand ils seront vieux. » [présentation de l’éditeur] S i m o n -P i e r r e H a m e l i n , 101, RUE CONDORCET, CLAMART, La Différence, 80 pages, 98 dh.

Essai Tradition et dissidence d e J UA N G OY T I S O LO

Une por te dans l’œuvre de J. Goytisolo « Il faudra bien reconnaître un jour que Juan Goytisolo est non seulement l’un des plus grands romanciers de notre époque, auteur de ces chefs-d’œuvre effervescents que sont, par exemple, Pièces d’identité, Paysages après la bataille, La Longue vie des Marx ou État de siège, mais aussi un essayiste capable de porter sur le monde et sur la littérature un regard libre, aux antipodes de tout conformisme, de toute concession à l’ordre établi. » [Guy Scarpetta, Le Monde diplomatique, février 2006] « La pensée de Juan Goytisolo continue de traverser les circonstances en toute indépendance critique. Elle récuse les approches convenues ou édulcorées de notre propre culture, ravive la dimension subversive des grandes œuvres et de leurs sources, écrites ou orales, et nous rappelle au devoir universel de l’exercice de la liberté. “Je crois profondément, nous dit-il, que la tâche de l’intellectuel est de démonter les icones pour révéler une réalité beaucoup plus riche et l’existence de situations familières. Ce qui m’a toujours intéressé, c’est le regard porté de la périphérie vers le centre, bien plus enrichissant que celui porté du centre vers la périphérie.” » [Présentation de l’éditeur] J u a n G o y t i s o l o , TRADITION ET DISSIDENCE, À plus d’un titre, 192 pages, 240 dh.


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Sélection

nouveautés

EN BREF

Essai

Historia

Biographie

G i l be r t A c h c a r , LE PEUPLE VEUT, Sindbad/Actes Sud, 432 pages, 205 dh.

L e o p o l d o C eb a l l o s , HISTORIA DE TÁNGER, Almuzara, 384 paginas, 350 dh.

José Lenzini, MOULOUD FERRAOUN. UN ÉCRIVAIN ENGAGÉ, Actes Sud, 384 pages, 206 dh.

GRAND FORMAT POCHE Littérature

Biographie

Journal

María Dueñas, L’ESPIONNE DE TANGER, Points,696 pages, 111 dh.

Benjamin Stora, MESSALI HADJ 1898-1974, Pluriel, 300 pages, 122 dh.

A l l e n G i n s be r g , JOURNAUX INDIENS, Christian Bourgois, 363 pages, 125 dh.


L

SAMEDI 27 JUILLET à 22h00 à la librairie

RENCONTRE/DISCUSSION

ROMAIN POTOCKI L’HOMME ITINÉRANT

ÉVÉNEMENTS RENCONTRES S I G N AT U R E S DISCUSSIONS L E C T U R E S JUILLET-AOÛT 2013 JUSQU’AU 21 SEPTEMBRE à la librairie EXPOSITION

TANGER ET LES PREMIÈRES PHOTOGRAPHIES DU MAROC

Cinquante-quatre tirages d’époque, sur papier albuminés ou au gélatino-chlorure, de photographies prises entre 1870 et 1900, sont exposés et proposés à la vente dans la librairie.

(éditions des Presses de la Renaissance)


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Durant le mois de Ramadan la librairie est ouverte du lundi au samedi de 10h à 17h sans interruption

www.librairie-des-colonnes.com


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