Le genre by Le Lieu Unique

en partenariat avec saison

2015/2016

le lieu unique scène nationale de Nantes

Le genre

samedi 30 et dimanche 31 janvier 2016 2 jours de débats, conférences, projections autour de la question du genre le lieu unique à Nantes | entrée libre | www.lelieuunique.com

question(s) d’éthique

le lieu unique et l’association EthicA vous proposent un nouveau rendez-vous annuel : Question(s) d’éthique qui promet un éclairage sur les grands débats de société qui questionnent les mœurs et le vivre-ensemble. Cette première édition porte sur le genre, un thème controversé qui agite l’espace public, et que nous avions abordé sous la forme d’un festival de musique, loud & proud, en juillet dernier, en collaboration avec l’association WonDerGround (Nantes), La Gaîté Lyrique (Paris) et Le Sucre (Lyon). Qu’est-ce que l’identité sexuelle ? Comment se constituent notre féminité et notre masculinité ? Longtemps, les caractères de l’homme et de la femme ont été compris comme des données innées, immuables et universelles. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes revendiquent leur liberté de genre en refusant les identités sexuelles traditionnelles : mais appartient-il aux seuls individus de choisir leur sexe et leur identité ? Comment concilier les libertés individuelles avec la culture commune et le vivreensemble ? Dans une démocratie laïque et pluraliste, l’État doit-il accompagner ces nouvelles revendications ou poser des limites ? Mais jusqu’où et au nom de quels principes ? Autant de questions posées lors de conférences et débats et à travers quelques installations vidéo. Avec : Denis Berthiau, Chris Blache, Fabienne Brugère, Christine Détrez, Eric Favereau, Camille Froidevaux-Metterie, Thierry Hoquet, Françoise Jouan de Kervénoaël, Pascale Lapalud, Martine Letellier, Didier Roth-Bettoni.

Samedi 30 janvier 2016

15h–16h : Qu’est-ce que le genre ? Conférence de Christine Détrez Ces dernières années ont vu fleurir dans les discours médiatiques un terme que l’on pensait jusque-là réservé à la grammaire ou à la littérature : le genre. Très vite, le mot est devenu une sorte d’épouvantail, source de malentendus et de quiproquos. Il est donc utile de revenir sur les définitions précises du terme. Qu’est-ce que le genre ? Comment peut-on le définir, et en expliquer les effets et les enjeux, dans la vie de chacun et chacune ? Pourquoi est-ce important de lutter contre les stéréotypes, qu’il s’agisse de ceux qui pèsent sur les filles comme de ceux qui pèsent sur les garçons ? À partir d’exemples précis, tirés d’enquêtes sociologiques comme de la vie quotidienne, il s’agira ainsi de donner des éléments de réflexion, afin que chacun-e, ensuite, puisse s’en emparer. Christine Détrez est maîtresse de conférences en sociologie à l’École Normale Supérieure de Lyon. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages, dont les derniers sont Quel genre ? (Thierry Magnier, 2015) et Les femmes peuvent-elles être de Grands Hommes ?, à paraître en 2016 (Belin / Égale à Égal). Elle écrit également des romans, le dernier, La nuit des éphémères, est paru en octobre 2015 (Chèvre-feuille étoilée).

16h30–17h30 : Féminin/Masculin : entre convergence et singularité Conférence de Camille Froidevaux-Metterie On ne mesure pas bien la fulgurance du mouvement d’émancipation des femmes, ni toujours la profondeur des mutations à l’œuvre. En quelques décennies, sur fond de disparition du partage, privé-féminin/public-masculin, nous avons assisté à l’enracinement d’une condition féminine totalement inédite. Être une femme aujourd’hui, c’est être à la fois un individu de droits, pleinement légitime dans la sphère sociale, et un sujet de sexe féminin engagé dans l’espace intime des relations affectives et familiales. Or cette dualité existentielle ne concerne pas les seules femmes, les hommes investissant peu à peu le domaine de la vie privée pour en partager les obligations et les gratifications avec elles. Faut-il conclure de ce phénomène de convergence des genres que nous cheminons doucement vers l’indifférenciation des sexes ? Non, car dans un monde mixte et neutre du point de vue du genre, les individus se trouvent plus que jamais requis de se définir au regard de leur singularité sexuée. Camille Froidevaux-Metterie est professeure agrégée de science politique à l’Université de Reims Champagne-Ardenne et à Sciences Po. Après avoir longtemps travaillé sur les rapports entre religion et politique, elle devient membre de l’Institut Universitaire de France sur la base d’un projet de recherche dédié aux mutations de la condition féminine. Elle est l’auteure de Politique et religion aux États-Unis (La Découverte, 2009) et de La révolution du féminin (Gallimard, 2015). Elle tient un blog, « Féminin singulier », sur le site de Philosophie magazine : www.philomag.com

Samedi 30 janvier 2016

18h–19h30 : Choisit-on son genre ? Table ronde avec Françoise Jouan de Kervénoaël, Martine Letellier, Denis Berthiau, animée par Éric Favereau Le genre peut-il être seulement l’objet d’un choix individuel ? Appartient-il aux seuls individus de choisir leurs caractères et leur identité sexuelle ? Y a-t-il des caractères innés qui s’imposent aux individus et qui distinguent l’homme et la femme ? Mais aussi quels rôles devraient jouer la société, la culture, l’éducation et la loi dans ces processus d’affirmation de soi ? Françoise Jouan de Kervénoaël, après avoir exercé en tant que médecin gynécologue durant plusieurs années, s’est formée à la psychologie clinique et la psychanalyse. Aujourd’hui analyste, elle continue à réfléchir avec des équipes hospitalières et au sein du Centre d Éthique Clinique de l’hôpital Cochin à Paris, autour des réponses apportées par les soignants aux demandes qui leur sont adressées. Martine Letellier est enseignante, vice-présidente du centre LGBT de Nantes et membre de sa commission trans. Denis Berthiau est maître de conférences en droit à l’Université Paris Descartes, membre du Laboratoire d’éthique médicale de l’Université Paris Descartes, membre de la Consultation d’Éthique Clinique de l’Hôpital Mutualiste Jules Verne de Nantes. Éric Favereau est journaliste à Libération.

20h30–22h : Pour une égalité de genre sans condition Conférence de Fabienne Brugère Quand on évoque la démocratie dès le XVIIIe siècle, on fait référence à l’individu comme sujet de droit qui se constitue indépendamment de toute histoire personnelle et sociale. Cette figure de l’individu doit être aujourd’hui retravaillée pour intégrer les revendications de genre (d’égalité des sexes dans un parler populaire). La revitalisation de la démocratie, dans des sociétés en crise qui en appellent à l’égalité sans toujours la vouloir concrètement, passe par un établissement de l’égalité des hommes et des femmes, mais aussi des différents types de sexualités. Mais, comment réaliser cette égalité dans des économies capitalistes encore masculinistes ? Fabienne Brugère est philosophe, professeure à l’université Paris 8. Elle a publié de nombreux ouvrages, dont Le Sexe de la sollicitude (Seuil, 2008, réédité aux éditions Le Bord de l’eau, 2013) ; Judith Butler : trouble dans le sujet, trouble dans les normes (en collaboration avec Guillaume le Blanc, PUF, 2009) ; Dictionnaire politique à l’usage des gouvernés (avec Guillaume le Blanc, Bayard, 2012) ; La politique de l’individu (Seuil/La République des idées, 2013).

Dimanche 31 janvier 2016

15h–16h : À propos de Sexus nullus, ou l’égalité (Éd. iXe, coll. ixe’prime, 2015) Entretien avec Thierry Hoquet et Christine Détrez animé par Didier Roth-Bettoni Sexus nullus, ou l’égalité est un conte philosophique qui met en scène l’effacement des sexes de l’état-civil. Sous la iXième République, un Président est élu avec, pour tout programme, un unique engagement : dorénavant, on n’inscrira plus le sexe des nouveau-nés sur les actes de naissance, et en conséquence le sexe ne figurera pas non plus sur les papiers d’identité. Sexus nullus, ou l’égalité raconte comment le pays se laissa peu à peu convaincre que cette réforme, discrète et facile à mettre en œuvre, donnait ni plus ni moins la clef pour réaliser enfin le bel idéal de la devise française : l’égalité, sans discrimination de sexe. Philosophe, professeur à l’Université de Lyon III et membre junior de l’Institut Universitaire de France (2011), Thierry Hoquet travaille sur les sciences de la vie et sur leurs prolongements culturels : les modèles de l’évolution, le concept de sexe en biologie, les rapports entre machines et organismes. Après plusieurs publications sur les naturalistes du XVIIIe siècle, en particulier Buffon et Linné, il a publié notamment : Darwin contre Darwin (Le Seuil, 2009), La Virilité (Larousse, 2009), Cyborg Philosophie. Penser contre les dualismes (Le Seuil, 2011). Les deux premiers volumes de son anthologie sur Le Sexe biologique sont parus chez Hermann en 2013 et 2014. Christine Détrez est maîtresse de conférences en sociologie à l’École Normale Supérieure de Lyon. Didier Roth-Bettoni est auteur, journaliste, écrivain public.

16h30–17h30 : Le genre appliqué à l’espace public Discussion entre Chris Blache et Pascale Lapalud En partenariat avec l’Espace Simone de Beauvoir, dans le cadre du projet Genre et Ville

L’usage de la ville et de l’espace public répond à des codes sexués. Les hommes et les femmes ne s’y déplacent pas de la même façon, ils n’utilisent pas les mêmes lieux, n’y ont pas les mêmes rôles, ne sont pas exposés aux mêmes difficultés, les questions sécuritaires ne se posent pas de la même façon pour les femmes et pour les hommes, de jour et de nuit. Elles et ils abordent l’espace urbain de façon différente. « Fais attention ! » « Ne sors pas trop tard ! » « Ne va pas n’importe où ! » « Ne t’habille pas n’importe comment ! ». Face à ces injonctions faites aux femmes et aux filles, il est nécessaire de provoquer au contraire une envie, un désir d’investir la ville. Que ce soit à travers la flânerie ou par une reconquête plus offensive des espaces, l’approche proposée est, quoi qu’il arrive, transgressive. Reconquête d’un droit à la ville en pied de nez à l’ensemble des interdits et des limites qui contraignent les femmes. Pascale Lapalud et Chris Blache échangeront leurs points de vue sur ce sujet complexe, imaginant une ville sensible, multidimensionnelle, agile, prenant pour exemple le travail actuellement mené à Nantes par Genre et Ville et l’Espace Simone de Beauvoir. Chris Blache, après des études de psychologie à Paris VI et un Master de musique au Conservatoire de New York, a travaillé dans la production audiovisuelle. Depuis 2003, elle réalise des études de terrain socioethnographiques. Elle est co-fondatrice de « Genre et Ville », plateforme de réflexion et d’action sur les identités et territorialités. Pascale Lapalud, diplômée en sciences politiques, géo-architecture et design urbain, est urbaniste-designeure, co-fondatrice et présidente de « Genre et Ville ».

Dimanche 31 janvier 2016

18h–19h30 : Sissy imperator Conférence, avec extraits de films, de Didier Roth-Bettoni Comment faire exister à l’écran une homosexualité interdite ? Comment donner corps à une masculinité déviante de la norme ? Comment brouiller les genres quand on en n’a pas le droit ? Comment proposer des images de ce dont la censure a décrété que c’est irreprésentable ? Dans le Hollywood des années 1930-1960, les cinéastes n’eurent pas beaucoup de choix : ils inventèrent un type de personnage qui disait tout sans rien dire, par la répétition de clichés transparents aux yeux du public. Efféminés, élégants, tapageurs, solitaires, amusants (souvent) ou inquiétants (dans un second temps), transgressifs mais pas trop, les sissies — puisque c’est ainsi qu’ils furent nommés — se sont ainsi épanouis dans le cinéma américain classique. Mais les stéréotypes qu’ils ont imposés n’ont eu de cesse de se reproduire, bien au-delà des ÉtatsUnis et bien après ce qu’on aurait pu supposer devoir être leur date de péremption… Retour, à l’aide de quelques extraits de films, sur ces drôles de personnages. Didier Roth-Bettoni a été durant vingt ans journaliste à la fois dans la presse culturelle et cinéma (Première, Muze, Phosphore, La Revue du Cinéma…) et dans la presse gay. Il a dirigé la rédaction de plusieurs magazines (Illico, Le Mensuel du Cinéma, Ex æquo…) ainsi que deux éditions de Chéries-Chéris, le festival de films LGBT de Paris. Il a également été libraire dans le Morbihan. Tout en collaborant toujours avec des médias LGBT (magazine Hétéroclite, émission radio Homomicro) et en exerçant une activité d’écrivain public, il se consacre désormais pour l’essentiel à l’écriture d’ouvrages dont L’Homosexualité au cinéma (La Musardine, 2007), Le Cinéma français et l’homosexualité (Danger Public, 2009), Cannes et le cinéma, l’album culte (Milan, 2011), Les Plus Beaux Baisers du cinéma (Milan, 2012), Les Pages noires des méchants (Milan, 2013), Sebastiane ou saint Jarman, cinéaste queer et martyr (ErosOnyx, 2013) et Le Grand Livre des faits divers (Hors Collection, 2015).

et aussi

||| Carte blanche à WonDerGround Fiction, documentaire, animation... WonDerGround invite des personnalités de l’art contemporain Queer, mais aussi des artistes militantEs internationaux à nous parler du Genre, en images.

Depuis 2002, WonDerGround agite les méninges et défend les cultures queer, pro-égalitaires et alternatives. www.wonderground.org

Samedi 30 et dimanche 31 janvier, en continu de 15h à 20h au foyer haut. Programme des vidéos : – Drops, de Bogdan d. Smith

(fiction expérimentale, France, 2013, couleur et n&b, 5’20, production Kill The DJ records) La brève histoire de deux fantômes amoureux. « Tout se passerait donc entre fantômes, entre deux fantômes ». (Derrida, Spectres de Marx, 1993) dorotheesmith.net

– Vos papiers, de bruce (documentaire, France, 2013, 36’, production What The Film!)

Photomatons croisés de 7 garçons et filles trans qui nous parlent de leur rapport aux papiers d’identité.

– Triple Axxxel, de Lamathilde

(animation vidéo, Canada, 2003, 3’30, production Lamathilde – Distribution GIV) Triple Axxxel déconstruit le langage visuel appliqué à la représentation des femmes dans le sport et met en avant le discours sexiste ancré et accepté comme une évidence. « J’ai sorti Triple Axxxel lorsque Bush était président des USA et finançait les organismes qui prônaient le sexe après le mariage... Le patinage est un spectacle qui confine les genres dans des rôles des années 50 et correspond à une morale qui refait surface en masse. Il est la quintessence du corps cliché. Arrêts sur image, focus, zoom et répétition des actions des corps en mouvement pour mieux démasquer l’hypocrisie du puritanisme grimpant ». lamathilde.com

– MindTease, de Iris Moore

(animation image par image, Canada, 2013, 4’15, production, musique, animation : Iris L. Moore) La révélation accidentelle de la « véritable » identité d’une danseuse burlesque provoque un moment de remise en question de la part du public, et pour l’un des voyeurs en particulier, quelque chose de plus profond... irislmoore.com

– Bradley Manning had Secrets, de Adam Butcher

(animation / pixel-art, Royaume-Uni, 2011, 5’30, Distribution : Collectif Jeune Cinéma) Le film est inspiré par l’histoire de Chelsea Manning (connu sous le nom de Bradley Manning), non pas en tant qu’« hacktivist » chez Wikileaks, mais en tant que jeune soldat américain souffrant parallèlement d’une crise identitaire et d’une crise de conscience. Animé en rotoscopie dans un style pixel-art, et basant ses dialogues sur les conversations en ligne de Manning, le film s’intéresse à la dissimulation, tant politique que personnelle, et à l’identité numérique ainsi qu’à l’aliénation. adam-butcher.co.uk

||| La librairie Vent d’Ouest au lieu unique présente sa sélection d’ouvrages sur les questions du genre : les livres des intervenants, des essais d’actualité, de la littérature, des ouvrages jeunesse, de la BD… ||| Soirée « Pas Normal ! » Samedi 30 janvier • de 21h à 22h au salon de musique : Créations de Keith Rowe avec Onsemble et NG4 • à 22h au bar : Pega Monstro / Circé Deslandes / Martina Turner

le lieu unique Entrée quai Ferdinand-Favre (entre l’accès sud de la gare SNCF et La Cité, Le Centre des Congrès) + 33 2 40 12 14 34 www.lelieuunique.com

Pour venir au lieu unique : BusWay, ligne 4 / Tramway, ligne 1 Arrêt : Duchesse Anne Chronobus C3 Arrêt : le lieu unique Les parkings les plus proches : Duchesse Anne, Allée Baco Parking de La Cité, Le Centre des Congrès Emplacement bicloo devant le lieu unique