EXPOSITIONS PERFORMANCE ! 06 oct 2017 > 14 jan 2018 TRIPOSTAL, LILLE
JEUX, RITUELS & récréations 07 sept > 05 nov 2017 gare saint sauveur, LILLE revue de presse
PHOTO : brice DellsPerger AVEC FRANÇOIS CHAIGNAUD, bODy DOuble 35, 2017 © brice DellsPerger
Les 40 ans du Centre Pompidou à Lille
PERFORMANCE ! 06 OCT 2017 14 JAN 2018 TRIPOSTAL, LILLE
Dimanche 7 janvier 2018
20 | culture
0123 DIMANCHE 7 - LUNDI 8 JANVIER 2018
A Lille, la performance dans toute sa vitalitÊ Avec une cinquantaine de pièces prÊsentÊes, l’exposition du Tripostal fait dialoguer œuvres et disciplines SPECTACLES
I
l fallait garder une proposition tonique pour l’ultime exposition dÊcentralisÊe des 40 ans du Centre Pompidou : pari rÊussi pour ce  Performance ! , prÊsentÊ au Tripostal de Lille, qui vient donc clore cette annÊe marathon, après une soixantaine d’accrochages inÊdits prÊsentÊs à travers la France. Exposer la performance, plusieurs musÊes se sont prêtÊs à l’exercice ces dernières annÊes. En 2010, il y a eu  Move  à la Hayward Gallery, à Londres, centrÊ sur les performances interactives, et une histoire de la performance en dix actes par Boris Charmatz, au ZKM de Karlsruhe, ou les rÊtrospectives entièrement performÊes de Xavier Le Roy, à Rennes, en 2012, et de Tino Sehgal, en 2016, au Palais de Tokyo, à Paris. Ici, l’idÊe est d’explorer une discipline qui Êchappe à toute catÊgorisation.  Dès le dÊbut, la performance est une pratique qui traverse plusieurs formes d’art. Cette exposition veut rendre justice à cette nature hybride , rÊsume Marcella Lista, cocuratrice de l’exposition lilloise avec Bernard Blistène, le directeur du MusÊe national d’art moderne.  Les annÊes 1960 et 1970, qui voient Êclore la performance, correspondent à un grand tournant dans l’art, avec une recherche de la dÊmatÊrialisation en opposition à la marchandisation, et une convergence des arts de la scène, de la vidÊo, du cinÊma ou de la musique , dÊtaille la commissaire. Les performances entrent d’abord dans les collections institutionnelles sous la forme de traces filmÊes, pour documenter des happenings, puis à travers des protocoles ou des partitions, pour être rejouÊes.  Un autre moment important a ÊtÊ l’apport de la danse conceptuelle à partir des annÊes 1990. Et, au tournant des annÊes 2000, on sort de l’identification de l’activisme ou du Body Art : les performances peuvent être dÊlÊguÊes à d’autres danseurs , prÊcise Marcella Lista. Les quelque 4 000 m2 du Tripostal permettent de dÊployer une cinquantaine de pièces de la collection – dont certaines très volumineuses –, de toutes les Êpoques.
Le remake de la comĂŠdie musicale des annĂŠes 1980 ÂŤ Xanadu Âť, par Brice Dellsperger. MAXIME DUFOUR PHOTOGRAPHIES
Pas question pour autant de proposer un parcours chronologique, les œuvres dialoguent tandis que les disciplines se croisent de manière fluide. Avec une entrÊe en matière portÊe par la danse. Amoncellement de gens Chez l’artiste espagnole La Ribot, filmer la danse se transforme en captation performative à l’image de Mariachi 17, un plan-sÊquence filmÊ avec une camÊra tenue alternativement par trois danseuses. VÊronique Doisneau, danseuse classique, est, elle, filmÊe à la veille de sa retraite, à 42 ans, par le chorÊgraphe JÊrôme Bel. Ce n’est pas un spectacle, mais bien une performance sur la scène de l’OpÊra de Paris, touchant tÊmoignage sur la carrière d’un sujet
dans la hiÊrarchie du Ballet qui rÊvèle tout un pan de l’histoire de la danse. Dans une de ses installations oÚ s’enchevêtrent dÊcor, performance et vidÊo, Lili Reynaud Dewar rend hommage à JosÊphine Baker en reprenant ses mouvements de danse de cabaret, le corps nu, peint en noir, dans des espaces culturels aseptisÊs. Peter Welz et le chorÊgraphe William Forsythe dÊveloppent un dialogue dansÊ, dessinÊ et filmÊ avec le dernier autoportrait de Francis Bacon. Park, une vidÊo du NÊerlandais Aernout Mik, montre un tout autre travail pictural : un invraisemblable amoncellement de gens sur quelques mètres carrÊs d’un bois, comme un concentrÊ de vie urbaine, un brin punk, et
sans logique narrative. Du tableau au cinÊma, Brice Dellsperger fait le grand saut avec son remake de la comÊdie musicale eighties et ultra-kitsch Xanadu. Le danseur François Chaignaud, qui viendra rejouer cette perfor-
L’image du visiteur est d’abord reflÊtÊe par un miroir, puis apparaÎt, inversÊe, sur un moniteur avec un lÊger dÊcalage
mance pour la clôture de l’expo, le samedi 13 janvier, incarne toutes les muses d’une fresque qui prend vie dans un musÊe. Espace de libertÊ L’univers du thÊâtre est Êgalement très prÊsent. Dans ses performances filmÊes, Eleanor Antin se transforme en personnages archÊtypaux pour revisiter les clichÊs de la sociÊtÊ. Soit ici un personnage de roi, prÊsentÊ juste en face d’Art Make Up (1967-1968), autre mÊtamorphose par le maquillage, mais cette fois-ci du vidÊaste amÊricain Bruce Nauman. Chez l’artiste bosnienne Danica Dakic, un centre pour handicapÊs devient un thÊâtre, espace de libertÊ pour des rÊsidents qui jouent, dansent, chantent, par-
lent derrière des masques. La logique du spectacle se dÊcale à l’envi. Present Continuous Past (1974), cÊlèbre installation interactive de Dan Graham, joue sur le feedback d’une camÊra de vidÊosurveillance comme expÊrience de la conscience de soi. L’image du visiteur est d’abord reflÊtÊe par un miroir, puis apparaÎt, inversÊe, sur un moniteur avec un lÊger dÊcalage. Chez la photographe Rineke Dijkstra, qui s’intÊresse aux Êtats intermÊdiaires chez les jeunes, la performance a dÊjà eu lieu : elle a ici pris en photo trois torÊadors juste après leur première corrida, le visage encore empli d’Êmotions et marquÊ par l’effort physique. Le conceptuel Tell Me (1979-1980), de Guy de Cointet, est une fausse pièce de thÊâtre (activÊe au sein de l’exposition) oÚ le langage se fige et devient objet. La musique, enfin, influence de nombreux plasticiens depuis les annÊes 1970. A Los Angeles, Mike Kelley restitue ses premières performances sonores sous forme de photographies et d’objets-sculptures fantasques. Le New-Yorkais Christian Marclay colle sur les murs de Berlin des partitions que les passants annotent, puis les rÊcupère pour en faire une composition (Graffiti Composition), ou fait traduire en langue des signes des critiques de disques ou de concerts oÚ il est question d’Êmotions et de sensations liÊes à la musique (Mixed Reviews). Leurs travaux côtoient le Ghost Drum Set (1972), de Claes Oldenburg, batterie molle et blanche comme un silence, ou le piano en caoutchouc noir (1993) de Gilles Touyard. PlongÊe vers l’abstraction : le visiteur (et sa silhouette) finit par traverser Data Tron, vaste installation immersive de Ryoji Ikeda et thÊâtre d’ombres. Dans le champ sans frontières de la performance, ce sont cette fois des donnÊes recueillies sur Internet qui donnent à voir et à entendre un bruit du monde encodÊ, tout en flux d’Ênergie lumineuse et de son molÊculaire. p emmanuelle jardonnet
Performance !, jusqu’au 14 janvier au Tripostal, avenue Willy-Brandt, Lille. Tarifs : 8 ₏ et 4 ₏, du mercredi au dimanche.
Philippe DecouflÊ en pilotage automatique A Chaillot,  Nouvelles pièces courtes  empile les tableaux dans une construction hasardeuse ! CES S
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DANSE
n dirait une comÊdie sentimentale qui surfe entre douceur, gravitÊ et tendresse. Un pianiste fait swinguer sa partenaire, qui lui renvoie la balle en dÊgainant sa flÝte, tandis qu’un peu plus tard une voltigeuse tourbillonne, entraÎnant son complice dans un dÊcollage immÊdiat. Armement des toboggans, vÊrification de la porte opposÊe, et c’est parti dans les airs pour Nouvelles pièces courtes, de Philippe DecouflÊ, à l’affiche de Chaillot-ThÊâtre national de la danse jusqu’au 12 janvier. Le chorÊgraphe fantaisiste affiche ici son goÝt pour les tableaux courts qui se culbutent les uns les autres, sans souci de tenir le cap. Il joue frontalement l’inspiration dÊpareillÊe, les formats disproportionnÊs, les horizons aux antipodes sur le fil de six tableaux. Entre le plus court, de sept minutes, et le plus long, une trentaine,
ses recoins est le terrain de jeu prÊfÊrÊ de DecouflÊ, qui en renverse les perspectives depuis ses dÊbuts dans les annÊes 1980. Le dÊsÊquilibre et le disparate sont Êvidemment les règles du jeu, mais tout de même ! Dans cette construction hasardeuse, qui laisse parfois en plan à force de ne tenir aucun compte narratif ou rythmique – on passe du beatbox à du jazz planant et à du Vivaldi –, la dernière sÊquence – la plus ÊtirÊe – est celle d’un voyage au Japon menÊ par la danseuse Alice Roland. Elle dÊplace trop longuement le propos d’ensemble et en parasite le charme surrÊaliste en optant pour un rÊcit moins Ênigmatique. Plus proche de l’esprit sketch et surtout trop clichÊ, ce voyage recycle les poncifs. Entre gags à l’aÊroport, atelier origami, apparitions de danseurs en kimono et clips de J-pop, ces inserts survolent sans surprise l’imagerie nipponne. Dans ce dÊdale de sensations, le
contrÊ lors de la crÊation du spectacle Iris, en 2011, à Los Angeles, pour le Cirque du soleil, la chanteuse, danseuse et flÝtiste Violette Wanty, la trapÊziste Suzanne Soler ou le pianiste et contorsionniste AurÊlien Oudot. Citons aussi les fidèles complices Flavien Bernezet et Meritxell Checa Esteban. En ligne de mire de cet opus qui flirte avec la comÊdie musicale, un artiste-interprète sachant tout faire. Danser, chanter comme Julien Ferranti, jouer la comÊdie, d’un instrument, composer des chansons et Êcrire ses propres textes comme Alice Roland. Spectacle Êvolutif Dans cette mosaïque, chaque tableau est cimentÊ au suivant par une vidÊo signature d’Olivier Simola et Laurent Radanovic. On y retrouve la fascination de DecouflÊ pour les gros plans sur les yeux, la bouche et les effets d’atomisation qui font lÊviter les corps dans l’espace. Et si les interprètes s’ac-
parfois sur une idÊe de la grâce classique, en particulier pendant la sÊquence sur Vivaldi, dÊdiÊe à la maman dÊcÊdÊe du chorÊgraphe. Nouvelles pièces courtes est un spectacle Êvolutif qui compose son menu selon les soirs, les rencontres avec les interprètes, la disponibilitÊ des uns et des autres, mais aussi le gabarit du thÊâtre qui l’accueille. Le numÊro du trou, dans lequel DecouflÊ se glisse parfois lui-même, n’est prÊsentÊ que si le plateau possède une trappe. Sur la scène de la salle Jean-Vilar, à Chaillot, oÚ DecouflÊ est artiste associÊ de 2018 à 2020, un puits très sombre est soudain apparu, du fond duquel une Êtrange crÊature noir et blanc aux jambes enchevêtrÊes a poussÊ comme une plante sauvage.  Pour observer l’envers du monde ou le monde à l’envers , DecouflÊ est là . p rosita boisseau
Nouvelles pièces courtes, de Philippe DecouflÊ.
JEUDI 30 NOVEMBRE 2017
jeudi 30 novembre 2017 LE FIGARO
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ARTS
CULTURE
Cherchez la performance ...
D
Feldmann, uHans-Peter roi des ombres
VALÉRIE DUPONCHELLE @VDuponchelle
L’artiste conceptuel allemand, né à Düsseldorf en 1941, réinvente le théâtre d’ombres avec son énorme installation Shadow Play (Paris) de 2011. Sa longueur est variable et peut aller de 14 à 19 m, comme un banquet de noces en noir et blanc. Des objets incongrus, dérisoires ou enfantins, y sont posés en ligne, et deviennent les dieux de l’apparition par le seul jeu des ombres, longues, noires, fines, héroïques, et du mouvement des moteurs électriques qui les font tourner.
ENVOYÉE SPÉCIALE À LILLE
es chaises en bois gravées de messages poétiques traînent en orphelines dans le grand espace blanc du Tripostal à Lille. Elles attendent le visiteur qui les déplacera et les fera voyager dans l’exposition, comme un gentil troupeau de bois soudain animé par la volonté humaine. Ce pourrait être un plan elliptique de Paterson, le film de Jim Jarmush (2016) sur les petits riens de la vie quotidienne qui font naître l’étrange et la beauté. Cette poésie en marche est l’œuvre de la Suisse Maria Ribot dite La Ribot. SonWalk the Chair, 2010, est une « installation activable par le public ». Elle donne le ton de « Performance ! », démonstration en 39 artistes (de Vito Acconci à Franz West et Joan Jonas) et 49 œuvres de cette discipline interactive, interdisciplinaire et souvent fortement cérébrale, née des « happenings » américains entrés dans l’histoire de l’art avec Allan Kaprow en 1959. La première cimaise, couverte de citations savantes (Barthes, Edward T. Hall, Robert Barry) pose le décor. Derrière le terme à connotation sportive, un relent d’art vivant donne à cette exposition le caractère fugitif d’une pièce de théâtre où les acteurs ne sont que sur écran. Jusqu’au 14 janvier 2018, le Centre Pompidou fête ainsi à Lille ses 40 ans en prêtant les œuvres immatérielles de sa collection. Les deux commissaires, Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne, et sa conservatrice Marcella Lista, sont aux manettes de ce jeu d’illusions. Voici une sélection de sept artistes, parmi les plus envoûtants de cette « histoire singulière qui joue de l’instant éphémère et de sa possible répétition par l’image ou “reenactment”. » Action !
Reynaud Dewar, uLili nouvelle Joséphine Baker
I’m Intact and I Don’t Care (2013), installation vidéo de Lili Reynaud Dewar.
u
Bruce Nauman le magicien
Autant commencer par le roi de la performance avec Bruce Nauman, né en 1941, l’artiste américain par excellence, qui œuvre entre sculpture, installation, performance et art minimal. Dans Art Make-Up : No. 1 White, No. 2 Pink, No. 3 Green, No. 4 Black (installation cinéma, 1967-1968), il est torse nu et se maquille lentement en quatre couleurs successives, devenant à chaque fois comme une œuvre monochrome (dix minutes par couleur). Installé au milieu des quatre écrans, le spectateur est happé par l’image.
uTrisha Brown en deux temps
La grande danseuse post-moderne et chorégraphe américaine, disparue le 18 mars 2017 à 80 ans, éblouit par la fluidité de ses gestes dans son fameux
JONAS VERBEKE
Watermotor, film cinématographique de Babette Mangolte (1978). En 7 minutes 55 secondes, elle sidère par la beauté de sa danse, d’abord filmée en temps réel puis au ralenti ce qui révèle la perfection de chaque détail et la maîtrise absolue du corps en mouvement.
uÉlève du Centre national de danse Jérôme Bel au cœur du récit
contemporaine d’Angers, Jérôme Bel fut l’assistant de Philippe Decouflé pour les cérémonies des JO d’hiver d’Albertville, en 1992. En réponse à une commande de documentaire sur l’Opéra de Paris, il a construit un spectacle solo autour de la danseuse Véronique Doisneau, « sujet » du Ballet de l’Opéra à la veille de la retraite, qui, sur scène, en de courtes séquences minimalistes, évoque sa vie dans et en dehors du bal-
let, raconte et danse les moments de sa carrière. Cette projection vidéo de trente-sept minutes s’appelle juste Véronique Doisneau.
Welz et William Forsythe uPeter au cœur du tableau Trois immenses écrans sont disposés comme des paravents. S’y jouent à la fois une danse dans le vide et un tableau dans le cadre. Devant la caméra de Peter Welz, William Forsythe habite l’écran de toute son énergie, comme un oiseau habite sa cage. Son installation de 2006 qui mêle peinture, dessin et projections vidéo, est inspirée du dernier autoportrait de Francis Bacon, chef-d’œuvre inachevé. D’où son titre à la saveur presque universitaire, Retranslation of Francis Bacon’s Unfinished Portrait (Disfiguration).
ARIANE BAVELIER
Depuis le Magasin de Grenoble en 2010, la Biennale de Lyon en 2013 et la Biennale de Venise en 2015, le public reconnaît l’humour et la bravoure de cette artiste née à La Rochelle en 1975. Son corps nu, passé grossièrement au noir comme les orchestres de musiciens blancs des années jazz, danse dans l’espace vide de l’art moderne en clone sautillant de Joséphine Baker. I’m Intact and I Don’t Care, son installation vidéo de 2013, interroge par la danse sa beauté et sa liberté, la question de l’identité, de la race et de la culture.
Khan, la musique parle uHassan L’Égyptien Hassan Khan est né en
1975 à Londres mais l’artiste de Chantal Crousel vit et travaille au Caire. Son film 35 mm transféré sur Full HD Video, Jewel (2010), fut la révélation de la Triennale de Paris en 2012, orchestrée par le Nigérian Okwui Enwezor au Palais de Tokyo. Là, dans les espaces souterrains et obscurs du lieu, ses deux danseurs se répondent comme deux tambours. Une beauté ensorcelante et mystérieuse. ■ « Performance ! », au Tripostal, Lille (59), jusqu’au 14 janvier 2018.
@arianebavelier
Il a commencé en 2005 dansant sur une table poussée par des comparses à travers les rues du XIVe arrondissement et suivi d’une procession de passants. Il répondait ainsi à une commande de la Fondation Cartier. L’an dernier, il dansait dans la salle Matisse de l’exposition Chtchoukine à la Fondation Louis Vuitton. Cette semaine il interprète Radio Vinci Park avec le plasticien Théo Mercier – duel entre une femme et un motard –, à la Ménagerie de verre ; en janvier, il clôturera l’exposition du Tripostal où il a une vidéo, Xanadu, avant de présenter un Orlando flamenco cet été à Avignon… François Chaignaud pratique la performance par conviction : « Pour moi, c’est la manière idéale de montrer la danse. Elle demande le même travail de préparation qu’un spectacle, mais elle ouvre le regard du spectateur qui peut attraper un souffle, un muscle qui bat, un éclat de peau. Et sa relation avec les danseurs. Un théâtre est trop frontal, on y perd la moitié du spectacle : celle que vous renvoie la personne qui vous regarde, qui vous trouble et qui vous donne l’impression de pouvoir pousser vos
Le danseur François Chaignaud dans Radio Vinci Park. ERWAN FICHOU charger des visiteurs, campés sur ma trajectoire. Avec ma coiffe et mon costume tribal, j’étais plus impressionnant qu’eux, ils se poussaient au dernier moment », raconte-t-il.
Lieux spéciaux Ces diversions ne le gênent pas plus que
Lundi 27 novembre 2017 Libération Lundi 27 Novembre 2017
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www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe
CULTURE/
ARTS
Centre Pompidou, performances en résonance La célébration des 40 ans du musée parisien se conclut à Lille à travers une exposition de vidéos, photos et installations issues de ses collections autour de cette approche artistique héritée des années 70.
A
intervalles réguliers, le «doong !» retentit dans l’expo. Si fort qu’il brise les tympans. Surtout si l’on est à côté de l’œuvre, une petite marionnette motorisée dont la tête en aluminium frappe une grosse cloche en bronze. La marionnette au crâne dur, un pantin costumé à l’effigie de l’artiste américain Dennis Oppenheim, rythme l’expo. Et vous prend toujours par surprise: vous guettez le moment où le mécanisme va sonner? Il le fait quand vous ne l’attendiez plus, dès que vous avez tourné les talons. Attempt to Raise Hell (Tentative de faire un boucan du diable), une œuvre de 1974, appartient à la collection du centre Pompidou. Achetée en 1979, elle porte le numéro d’inventaire AM 1978-737 et trône cet automne à Lille dans une expo fêtant les 40 ans de Beaubourg. Pour passer en beauté le cap de la quarantaine, le centre Pompidou s’est installé dans la métropole lilloise avec «Performance !», une expo en forme de bouquet final au terme d’une intense programmation régionale dans quarante villes françaises. Jusqu’en janvier, dans les vastes salles du Tripostal, l’avatar miniature de l’artiste Dennis Oppenheim, fait un barouf du tonnerre. A moins qu’il ne sonne le glas
de quelque chose ? Quarante ans, c’est encore jeune et déjà vieux pour l’institution parisienne qui fait étalage de ses trésors acquis au fil des années (120 000 œuvres en tout).
Banderilles. A Lille, Beaubourg fête des artistes prestigieux –toutes générations confondues –, autour de l’idée élargie de performance : pratique artistique à mi-chemin entre arts plastiques et arts vivants, héritée des années 70, la performance place le corps –celui de l’artiste mais aussi celui du spectateur– au centre d’un espace-temps et puise sa sève dans la vie même. Le mini-clone de Dennis Oppenheim, adepte de l’art corporel, a donc sa place dans le parcours puisque la marionnette joue une performance que l’artiste aurait pu effectuer lui-même. A défaut de se taper la tête contre la cloche, Oppenheim l’impose à sa poupée qui a le front creusé par les coups : c’est tout de même moins dangereux que de se fracasser soi-même le crâne… Et partout ailleurs, à l’instar de cette installation en forme de «post-performance», on ne voit que des traces, des souvenirs d’actions, notamment dans des vidéos. Ou des photos. Dans un couloir par exemple, de jeunes toreros portugais affichent
I Am Intact and I Don’t Care, de Lili Reynaud-Dewar. PHOTO LILI REYNAUD DEWAR. CENTRE POMPIDOU, MNAM leurs jolies bouilles maculées de sang. Portraiturés par la photographe néerlandaise Rineke Dijkstra, ils viennent de planter leurs banderilles dans le corps condamné du taureau. La corrida est aussi une performance. A l’entrée, une citation de l’humoriste Roland Magdane accroche : «Si les genoux se pliaient dans l’autre sens, à quoi ressembleraient les chaises ?» Tandis que l’on médite cette question métaphysique, 50 chaises pliantes en bois adossées au mur attendent d’être emportées. Proposées par la performeuse espagnole La Ribot, ces chaises gravées de citations d’écrivains, philosophes et artistes sont mises à la disposition du public. Pour que le visiteur devienne lui aussi un performeur… On peut emporter une chaise (Walk the Chair, La Ribot) et s’y asseoir pour contempler juste derrière une vidéo
Pour passer en beauté le cap de la quarantaine, le centre Pompidou s’est installé dans la métropole lilloise avec une exposition en forme de bouquet final au terme d’une intense programmation régionale dans quarante villes françaises.
de Lili Renaud-Dewar. Toute nue et peinte en noir, l’artiste fait des entrechats dans son studio et exorcise les danses de Joséphine Baker. Dès le début, le corps du spectateur est donc partie prenante du cheminement et intègre les installations. C’est particulièrement flagrant dans la pièce Present Continuous Past(s) (1974) de Dan Graham. Lorsqu’on pénètre dans ce cube tapissé de miroirs, on comprend grâce à un écran qu’on a été filmé par une caméra de surveillance. Ainsi observé, on peut jouer et rejouer son entrée en scène dans cette œuvre symptomatique d’une démultiplication spatio-temporelle de l’image de soi.
Rondes disco. Car performer,
c’est jouer – pour être filmé, ou monter sur les planches. Trois vidéos montrent justement des préparations rituelles aux jeux de rôles dans une des plus belles salles de l’expo. Dans l’une, Eleonor Antin, face à un miroir et devant une table de maquillage, se prépare à devenir The King. Elle peaufine sa barbe et se fond petit à petit dans la peau du personnage masculin. Plus loin, Bruce Nauman maquille son visage et son torse en blanc, noir, vert, rose (Art Make Up, 1967-1968) sur quatre écrans simultanés. Anthony Ramos, sur deux moniteurs, échange
sa couleur de peau avec celle de sa compagne: il se peint en blanc, elle se peint en noir. Le travestissement atteint son paroxysme dans Body Double 35 (2017) de Brice Dellsperger, où le danseur François Chaignaud, vêtu de robes à fleurs, interprète les muses du Parnasse dans des rondes disco. Inspirée par la comédie musicale Xanadu, cette chorégraphie insuffle un grain de folie, qui donne envie de danser. Car à contempler les traces de performances filmées ou passées, le parcours se fait parfois mélancolique dans son archéologie même. Pour remédier à l’absence de chair, pour expérimenter cet art éphémère de l’instant et de la vie que n’offrent ni les objets ni la vidéo, il faut peut-être programmer sa visite lors des chorégraphies de Trisha Brown, prévues le 1er décembre. Ou mieux, pour encore plus de chaleur humaine, s’inscrire à la soirée de clôture calquée sur l’œuvre de Dellsperger. Le dress-code est alléchant : «Paillettes et swag 80’s.» CLÉMENTINE MERCIER Envoyée spéciale à Lille PERFORMANCE ! LES COLLECTIONS DU CENTRE POMPIDOU, 1967-2017 Le Tripostal, av. Willy-Brandt, Lille (59). Jusqu’au 14 janvier.
MONTPELLIER C R E AT E D B Y
Le Soir Mardi 26 décembre 2017
Mardi 26 Décembre 2017 LACULTURE
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« Performance ! », un formidable jeu de piste ARTS A
Lille, le Tri Postal consacre ses trois étages à cet art éphémère et passionnant SUR LA FRONTIÈRE
Lili Reynaud Dewar, « I am intact and I don’t care », 2013.
Un petit déplacement dans le Nord de la France permet de découvrir une multitude d’expositions passionnantes. Petite sélection de manifestations se terminant en janvier.
© LILI REYNAUD DEWAR/CENTRE POMPIDOU, MNAM-CCI
Lille
Stan Douglas, « Hors-Champs », 1992. © STAN DOUGLAS WÜRTTEMBERGISCHER KUNSTVEREIN STUTTGART AND STAATSGALERIE STUTTGART IN 2007.
les finesses d’un tel parcours comme le formidable film de Jérôme Bel à propos de la danseuse Véronique Doisneau…
À deux pas de chez nous, l’exposition est présentée dans le cadre des 40 ans du Centre Pompidou. Trois étages des vidéos, installations et autres mises en scène de performances passées ou contemporaines. LILLE DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
P
as simple de présenter une exposition consacrée à la performance, un art dont le dictionnaire nous dit qu’il « consiste à produire des gestes, des actes, un événement dont le déroulement dans le temps et les implications plus ou moins prévues constituent l’œuvre même ». Bref de l’éphémère, de l’unique, de l’insaisissable, du non-reproductible : tout ce qui semble impossible à conserver dans la durée. C’est pourtant ce que réussit magistralement à faire le Centre Pompidou avec Performance !, vaste exposition présentée au Tri Postal de Lille jusqu’au 14 janvier. « La performance est à la fois un thème historique et un thème d’actualité,explique Marcella Lista, conservatrice du Musée national d’art moderne et cocommissaire de l’exposition avec Bernard Blistène. Depuis une quinzaine d’années, on assiste en effet à un gros retour de la performance. Avec toujours la même question : comment l’inscrire dans une exposition, comment l’intégrer dans des collections. Heureusement, c’est aussi un art qui a été accompagné par l’essor de la vidéo. Contrairement au cinéma, celle-ci avait l’avantage d’introduire la notion de temps réel directement liée au côté éphémère de la performance. » La vidéo est donc très présente mais lorsqu’elle est utilisée pour témoigner d’événements passés, elle est généralement travaillée de manière originale. Mouvement sur mouvement Trois grandes sections constituent le parcours : Mouvement sur mouvement, Scènes de gestes et Objets d’écoute. « Nous avons rassemblé des œuvres de la collection et ajouté quelques artistes in-
vités pour l’occasion. Ainsi, l’exposition présente des œuvres historiques et contemporaines avec certains créateurs traversant les trois thèmes. Comme La Ribot. » On retrouve celle-ci dès le rezde-chaussée, avec une installation constituée de 50 chaises de récupération. À disposition des visiteurs, elles sont toutes pyrogravées avec des citations du dictionnaire, des paroles d’artistes ou de philosophes… Le visiteur est ainsi invité à « lire » ces chaises qui toutes parlent du mouvement. Toute cette première partie consacrée au mouvement permet d’expérimenter une succession d’univers comme celui de Lili Reynaud Dewar reproduisant les danses de Joséphine Baker dans l’espace d’un atelier, d’un musée, d’un hall d’hôtel. Plus loin, on découvre le travail de Peter Weltz associé au chorégraphe et danseur William Forsythe. Ce dernier propose une interprétation dansée du dernier tableau inachevé de Francis Bacon, filmé par trois caméras. Tout en dansant, il laisse ses empreintes sur le sol. On croisera un peu plus tard une autre géante de la danse contemporaine en la personne de Trisha Brown avec son formidable Watermotor filmé en 1978 par Babette Mangolte. Les chorégraphes sont très présents dans cette première partie mais les visiteurs eux-mêmes font partie du processus, suivant le protocole proposé par Xavier Le Roy et Scarlet Yu ou évoluant dans le décor de miroirs de Dan Graham, face à une caméra dont les images sont restituées avec un décalage de 8 secondes. Scènes de gestes Au premier étage, Scènes de Gestes poursuit l’exploration du thème avec dès l’entrée un spec-
Jérôme Bel, « Véronique Doisneau », 2004. © JÉRÔME BEL/ANNA VAN KOOIJ.
taculaire rideau de Pia Camil, inspiré par les ruines des panneaux publicitaires autour de Mexico. Les portraits de Rineke Dijkstra abordent un autre type de performance : la corrida avec de jeunes toreros saisis au Portugal juste après leur sortie de l’arène. Hans Peter Feldman propose pour sa part une performance sans intervention humaine : sur une longue table, une série d’objets trouvés dont de nombreuses poupées et figurines,
sont installés sur des plateaux tournants. De petits projecteurs les éclairent violemment créant un ballet d’ombres chinoises gigantesques sur le mur avoisinant. Des vidéos témoignent d’autres gestes du passé avec Bruce Nauman se maquillant corps et visage ou encore Anthony Ramos et sa compagne changeant chacun de couleur de peau. Un peu partout, les canapés de Franz West invitent à la découverte. Car il faut du temps pour apprécier toutes
Objets d’écoute Dans la dernière partie,Objets d’écoute, le son est évidemment très présent avec notamment une pièce de Mike Kelley rassemblant des objets qu’il a utilisés lors de performance, la Mixed Review de Christian Marclay confiant le texte de critiques de disques à un acteur sourd-muet qui exprime en langues des signes des sons et sensations qu’il ne connaît pas lui-même, la reconstitution d’un concert d’Albert Ayler par Stan Douglas, David Van Tieghem utilisant poteaux, volets, portes, grilles et autres éléments des rues de New York pour créer une performance percussive filmée par Kit Fitzgerald et John Sanborn ou encore cette incroyable vidéo de Pierre Huyghe montrant un groupe de doubleurs professionnels prêtant leur voix à une version du film d’épouvante Poltergeist. Un parcours passionnant, ludique, constamment surprenant et totalement différent des expositions traditionnelles. De quoi se faire une idée de l’incroyable richesse et variété du monde de la performance. ■ JEAN-MARIE WYNANTS
Jusqu’au 14 janvier au Tri Postal, avenue Willy Brandt à Lille. www.performance-exposition.com
Jean-François Millet & Millet U.S.A. De Millet, on a pris l’habitude de se moquer gentiment tant son Angelus nous a accompagné depuis l’enfance, reproduit à l’infini sur des calendriers, serviettes et autres objets. Le peintre français était pourtant bien plus intéressant que cette image. Le Palais des BeauxArts de Lille montre toutes les facettes de l’œuvre de ce peintre réaliste mais aussi, dans la foulée, la manière dont il a durablement influencé l’art américain et singulièrement sa photographie humaniste. Jusqu’au 22 janvier au Palais des Beaux-arts de Lille, www.pba-lille.fr
Villeneuve-d’Ascq De Picasso à Séraphine, Wilhem Uhde et les primitifs modernes Le LaM met en évidence le formidable talent de découvreur de Wilhelm Uhde, collectionneur, marchand et critique d’art qui, après avoir été l’un des premiers amateurs du cubisme et de Picasso défendit ardemment les « primitifs modernes », de Séraphine Louis à Herni Rousseau. Jusqu’au 7 janvier au LaM à Villeneuve d’Ascq, www.musee-lam.fr
Lens Musiques ! Echos de l’antiquité Un parcours étonnant fait de salles circulaires délimitées par des voiles flottant dans l’espace. On y découvre à quel point la musique occupait une place importante dans l’antiquité mais aussi comment les mêmes préoccupations, formes, objets ont circulé sur les diverses rives de la Méditerranée, d’une civilisation à l’autre, entre Rome et l’Orient, la Grèce et l’Egypte. Jusqu’au 15 janvier, au Louvre-Lens, www.louvrelens.fr
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25
Dimanche 8 Octobre 2017 Pages région
La copie, la reproduction et la diffusion sont soumis aux droits d’auteurs et nécessitent une déclaration préalable, conformément aux dispositions du code de la propriété intellectuelle. (Art L.335-2 et L.335.3)
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Vendredi 5 janvier 2018 18h
ÂŤ Une exposition qui ne peut pas laisser de marbre ! Âť Isabelle Pasquier
1er NOVEMBRE 2017
La Dispute dresse le bilan critique de trois expositions: Performance ! à Lille qui fête les 40 ans du centre Pompidou, «Etranger résident» met en valeur la collection du fondateur des cinémas mk2, Marin Karmitz et «Etre pierre» au musée Zadkine. PERFORMANCE ! , du 6 octobre au 14 janvier 2018 au Tripostal (Lille) Présentation officielle : Le Centre Pompidou fête ses 40 ans en 2017 partout en France. Pour partager cette célébration avec les plus larges publics, il propose un programme inédit d’expositions, de prêts exceptionnels, de manifestations et d’événements pendant toute l’année. Performance ! bouscule la pratique de l’exposition. Le projet met en scène une histoire singulière, jouant de l’instant éphémère et de sa possible répétition par l’image ou le reenactment. S’y croisent les nombreux domaines artistiques qui convergent dans l’oeuvre performée : la danse et la chorégraphie, la musique et les pratiques sonores, le langage du geste construit par toutes les possibilités du corps, les dispositifs ouverts d’installations participatives ou immersifs, plaçant au cœur de l’œuvre l’expérience du spectateur. Performance : le mot résonne au-delà du champ artistique. Venu des arts du spectacle (dans la tradition anglo-saxonne), et de la culture sportive, le terme imprègne aujourd’hui les sociétés postindustrielles, avec leurs « indicateurs » évaluant chaque secteur de l’activité humaine. C’est également une pratique implicite des médias sociaux, où les relations se forment et s’inventent par et à travers les représentations de soi. L’historien Stephen Greenblatt a mis en évidence une culture très sophistiquée du Self-fashioning dès la Renaissance, autrement dit la construction consciente d’une image du moi social. C’est aujourd’hui un comportement tout entier qui s’élabore quotidiennement dans le prisme de la technologie.
L’art du 20e siècle s’est saisi de l’idée de performance pour en reformuler les termes, en faire une pratique critique: répondre à l’accélération du temps tout en y opposant des stratégies autres, retournant et subvertissant le principe de productivité. L’intensification de ces formes d’art au 21e siècle pose plus encore la question de l’expérience. Elle renouvelle ce vitalisme critique, réinvente l’ici et maintenant, ravive la question posée par Spinoza : « que peut un corps ? ». Dans les amples espaces du Tripostal et de la Gare Saint Sauveur, l’exposition réunira chefs-d’oeuvre, pièces rares et créations, suggérant des dialogues inédits et des lignes de fuite multiples. De grandes installations vidéo en formeront l’armature, que viendront habiter des performances live. Au Tripostal, le parcours se développe autour de trois axes : Mouvement sur mouvement, Scènes de gestes et Objets d’écoute. Un programme de performances viendra en contrepoint. Et aussi : les célèbres Nuits du Tripostal, des performances, le spectacle In Plain Site présenté par l’Opéra de Lille, la Cantine du Tripostal, la boutique… Florian Gaité : «C’est une exposition importante car les expositions sur la performance sont rares. La performance ne met pas seulement en jeu le corps ; elle s’empare aussi du langage.» Stéphane Correard : « Le titre est trompeur car l’exposition dresse un portrait lacunaire de la performance : le corps est absent. Ça montre davantage un au-delà de la performance.» Corinne Rondeau : «C’est une exposition stimulante !»
28 Novembre 2017 8h30 - 4min30
«Allez-y c’est magnifique» Sarah Doraghi
hautsde-france France 3 Hauts de France 8 octobre 2017 2 minutes
« Il faut donc ici se laisser porter, expérimenter, imaginer ... et la magie opère»
Dimanche 21 janvier 2018
18 Novembre 2017
Performance !
L’exposition « Performance ! » au Tripostal, à Lille, met en lumière la pratique de la performance dans l’art contemporain. Images, objets, happenings et œuvres chorégraphiques, vidéo ou musicales retracent l’histoire de ce médium singulier de ses pionniers aux créateurs actuels. L’exposition « Performance ! » au Tripostal, à Lille, revient sur l’histoire et les multiples formes que revêt cette pratique depuis les années 1960 à travers des images, objets, happenings, œuvres chorégraphiques, vidéo ou musicales.
La pratique de la performance dans l’art contemporain
A l’occasion des quarante ans du Centre Pompidou, Lille accueille une de ses expositions hors les murs en se concentrant sur une des facettes de sa collection: la performance. Une sélection d’œuvres majeures et de créations récentes, des pionniers de la discipline comme d’artistes émergents, illustrent les enjeux et les questionnements d’une pratique qui transforme le rapport entre l’artiste, l’œuvre et le public. Dans les vastes espaces du Tripostal sont mis en lumière les multiples dimensions de la performance : le mouvement, les gestes et les sons. Epousant les modalités d’une pratique qui bouleverse les catégories, le parcours bouscule la pratique de l’exposition. Construit autour de trois axes, Mouvement sur mouvement, Scènes de gestes et Objets d’écoute, il place l’expérience du spectateur au cœur de l’œuvre.
De Dennis Oppenheim à Lili Reynaud Dewar, les multiples dimensions de la performance
Dans l’installation Attempt to Raise Hell de Dennis Oppenheim, la tête en aluminium d’un petit pantin, inspirée de celle de l’artiste et mue par un moteur et un aimant, se cogne régulièrement contre une cloche en bronze, générant un bruit envahissant qui rend l’atmosphère pesante. L’œuvre, réalisée en 1974, fait partie des installations que Dennis Oppenheim nomme « postperformances » et dans lesquelles, prolongeant son travail dans le domaine du body art depuis 1969, il est remplacé par une marionnette. Ici, avec la répétition de l’acte, le spectateur lui-même finit par s’identifier à la marionnette. La sculpture I love my Lulu de Sarkis représente le personnage Lulu de l’opéra d’Alban Berg par des bandes magnétiques jetées sur une structure en fil de fer et deux gobelets en plastique formant la tête et les seins. Comme le personnage original, la sculpture est destinée à être mise en scène et change donc d’environnement ou d’éclairage au fil des expositions, vivant ainsi sa propre vie et s’engageant dans de multiples relations avec d’autres œuvres. L’installation Auditorium de Franz West réunit soixantedouze canapés en métal recouverts de tapis persans usés, un ensemble dont se dégage une sensation d’expectative. L’œuvre prend son sens lorsque le public se l’approprie et vient s’asseoir sur les sièges dont l’aspect inconfortable est trompeur. Ils se révèlent alors accueillants et propices à l’échange avec les autres. Comme les autres réalisations de Franz West, l’installation tire son sens de l’interaction avec le public et reflète la conviction que l’artiste vit dans un environnement social.
DU 3 AU 16 NOVEMBRE 2017
n° 764 Novembre 2017
PAYS :France PAGE(S) :36 SURFACE :8 %
1 novembre 2017 - N°764
PERIODICITE :Mensuel
DIFFUSION :42915
#706 - NOVEMBRE 2017
Vendredi 5 janvier 2018
Art Absolument N°80 - Novembre 2017
La Performance dans l’oeil de Beaubourg
Dimanche 5 novembre 2017
La copie, la reproduction et la diffusion sont soumis aux droits d’auteurs et nécessitent une déclaration préalable, conformément aux dispositions du code de la propriété intellectuelle. (Art L.335-2 et L.335.3)
Let’s Motiv n°133 - Octobre 2017
Mardi 7 novembre 2017
Cahier numéro un de l’édition n° 2767 du 16 au 22 novembre 2017
L’INQUIÉTANT EXODE DES JUIFS DE SEINE-SAINT-DENIS P. 46 ALL. 5,40€, AND. 4,70€ AUT. 5,40€, BELG. 4,70€, CAN. 7,80$CAN, ESP. 4,70€, GB 4,40£, GUAD. 4,70€, GR. 4,70€, MART. 4,70€, GUY. 4,70€, IT. 4,70€, LUX. 4,70€, MAR. 40 DH, PAYS-BAS 4,70€, PORT. CONT. 4,70€, RÉU. 4,70€, ST MARTIN 4,70€, SUI. 6,50 CHF, TOM 820 XPF, TUN. 4,80 DT, ZONE CFA 3500
LE PEUPLE DE MACRON
QUI SONT LES “MARCHEURS” DU PRÉSIDENT ?
n° 2767 du 16 au 22 novembre 2017
EMMANUEL MACRON VIA TWITTER
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CRITIQUES
EXPOSITION
EXPOSITION
L’art de la performance PERFORMANCE !, TRI POSTAL, LILLE ; 03-28-52-30-00. JUSQU’AU 14 JANVIER.
En 1982 dans les rues de New York, le percussionniste David Van Tieghem joue sur le mobilier urbain, les trottoirs et les devantures des magasins qu’il croise au hasard de son chemin. La vidéaste Kit Fitzgerald et l’écrivain John Sandorn filment cette déambulation : « Ear to the Ground » est la trace de l’action artistique de Van Tieghem, mais aussi une œuvre en soi. Elle appartient aux collections du Centre Pompidou qui profite de son 40e anniversaire pour la présenter, comme des dizaines d’autres, à Lille. Cette exposition est donc une rétrospective d’œuvres réalisées à partir de performances, telles « Water Motor » de Babette Mangolte et Trisha Brown, « Véronique Doisneau » de Jérôme Bel (2004) ou « Translation of Francis Bacon » de Peter Welz et William Forsythe (2006). Mais elle est aussi un lieu de performance : on pourra y revivre, le 25 novembre, « Tell me » (1967) du précurseur Guy de Cointet. On découvrira aussi « Xanadu », du flamboyant défricheur François Chaignaud (le 31 janvier). CLAIRE FLEURY
THÉÂTRE
Sainte Suzanne L’ART DE SUZANNE BRUT, PAR MICHAEL STAMPE, LES DÉCHARGEURS, PARIS-1ER, 01-42-36-00-50, 19H30. JUSQU’AU 23 DÉCEMBRE.
Un praticable cylindrique sur lequel trône un prieDieu. Hormis quelques images vidéo abstraites, pas de décor. Christophe Lidon braque le regard du spectateur sur Marie-Christine Danède, actrice d’exception. Son personnage, Suzanne Brut, une illuminée, est internée sous l’Occupation au couvent de Saint-Pardoux-la-Rivière. Il n’était ni doux ni digne d’envie, le sort alors réservé aux fous. On pense à Camille Claudel, morte de faim au même moment à l’asile de Montfavet, comme
CREDIT PHOTO
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énormément de malades mentaux durant les années noires. Suzanne Brut est une artiste elle aussi, mais une artiste spontanée, autodidacte, qui peint ses seules amies, sainte Jeanne et la Vierge Marie, en se servant de couleurs confectionnées avec ce qui lui tombe sous la main. L’émotion de la salle est palpable. Marie-Christine Danède est si vraie qu’on en oublierait presque que Suzanne Brut est née de l’imagination de Michael Stampe. Ils sont si beaux, ses tableaux, à l’en croire ! J. N.
EXPOSITION
Laure Prouvost, faiseuse d’histoires LAURE PROUVOST. LOOKING AT YOU, LOOKING AT US, GALERIE NATHALIE OBADIA, PARIS-4E ; 01-42-74-67-68. JUSQU’AU 22 DÉCEMBRE.
C’est un prix qui lui a fait du bien. En 2013, Laure Prouvost a été la première artiste française à recevoir le Turner Prize, jadis attribué à des stars comme Damien Hirst ou Anish Kapoor. Née à Croix (près de Lille) en 1978, elle vit aujourd’hui entre Anvers et Londres. Mais elle court aussi le monde, entre Pékin, New York, Los Angeles, Munich, Gdansk, Istanbul, villes où elle a récemment exposé ses œuvres. Artiste inclassable, Laura Prouvost ne s’interdit aucune expérimentation entre peinture, sculpture, installation, vidéo et photo. Elle est un personnage qui aime raconter des histoires en utilisant les moyens de son époque. Chez Nathalie Obadia, elle présente une nouvelle facette de son univers. A l’entrée, le visiteur est accueilli par une silhouette façonnée en fer à béton ; sa tête est un écran LCD sur lequel défilent des phrases énigmatiques, le tout sur fond d’une bande-son jazz. Sous la grande verrière de la galerie, des « Metal Men » et des « Metal Women » (conçus sur le même modèle que le personnage de l’entrée, ci-dessus : « The Parle Ment Metal Man lying down next to you », 2017) déclinent leurs discours abscons, disposés le long des murs ou placés sur une grande estrade où l’on peut s’asseoir. Au mur, d’imposantes tapisseries donnent à voir une femme en train de pisser debout (l’image est animée grâce à un rétroprojecteur) ou un pouce difforme sous lequel il est indiqué que « les images transpirent ». De brèves vidéos éclairent certains écrans de messages cachés, apparaissant dans les miroirs placés à l’extrémité de branches d’arbres. Chez Laure Prouvost, l’art est une partie de plaisir. Il invite à la découverte, à l’interrogation. Et même, il fait rire. BERNARD GÉNIÈS
L’OBS/N°2767-16/11/2017
L’art de la performance PERFORMANCE !, TRI POSTAL, LILLE ; 03-28-52-30-00. JUSQU’AU 14 JANVIER.
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13/11/2017 15:33
En 1982 dans les rues de New York, le percussionniste David Van Tieghem joue sur le mobilier urbain, les trottoirs et les devantures des magasins qu’il croise au hasard de son chemin. La vidéaste Kit Fitzgerald et l’écrivain John Sandorn filment cette déambulation : « Ear to the Ground » est la trace de l’action artistique de Van Tieghem, mais aussi une œuvre en soi. Elle appartient aux collections du Centre Pompidou qui profite de son 40e anniversaire pour la présenter, comme des dizaines d’autres, à Lille. Cette exposition est donc une rétrospective d’œuvres réalisées à partir de performances, telles « Water Motor » de Babette Mangolte et Trisha Brown, « Véronique Doisneau » de Jérôme Bel (2004) ou « Translation of Francis Bacon » de Peter Welz et William Forsythe (2006). Mais elle est aussi un lieu de performance : on pourra y revivre, le 25 novembre, « Tell me » (1967) du précurseur Guy de Cointet. On découvrira aussi « Xanadu », du flamboyant défricheur François Chaignaud (le 31 janvier). CLAIRE FLEURY
THÉÂTRE
Sainte Suzanne L’ART DE SUZANNE BRUT, PAR MICHAEL STAMPE, LES DÉCHARGEURS, PARIS-1ER, 01-42-36-00-50, 19H30. JUSQU’AU 23 DÉCEMBRE.
Un praticable cylindrique sur lequel trône un prieDieu. Hormis quelques images vidéo abstraites, pas de décor.
énormément de malades mentaux durant les années noires. Suzanne Brut est une artiste elle aussi, mais une artiste spontanée,
Lau faise
LAURE PROUV GALERIE NAT
C’est un pri la première artiste f des stars comme Da Lille) en 1978, elle v
Vendredi 15 DĂŠcembre 2017
Jeudi 19 octobre 2017
chives chasse,
où au regard
Béatrice Natale
A Lille, deux expos proposent un très vaste panorama de la performance artistique. Si la performance ne peut tenir en une seule exposition, la double manifestation lilloise, à la gare Saint-Sauveur et au Tripostal, organisée dans le cadre des 40 ans du Centre Pompidou, en livre un cadre exaltant. Marcella Lista et Bernard Blistène, commissaires de Performance !, ont rassemblé des pièces majeures qui rappelent que des générations d’artistes issues de pratiques multiples ont pris leur corps comme objet d’exploration et placé “au cœur de l’œuvre l’expérience du spectateur”. Comme suggère au de biche”…). Entre les le mots et lesl’accrochage peaux, la performance les jeux et les Tripostal, métempsychoses, Sophieest entrée au musée par le biais de la vidéo. Calle et Serena Carone contaminent Filmées, performances l’imaginaire du mondeles animal de leur sont aussi l’objet du film,decomme dans fantaisie humaine, où la pulsion vie Saint-Sauveur, le visiteur découvre Present, Continuous, Past(s) (Dan s’ajuste à la conscience de l’éclipse. par l’idée Performance !des–œuvres Lestravaillées collections Graham, 1974) où le spectateur du jeu (Ed Atkins, Neïl Beloufa, Jean-Marie Durand du Centre Pompidou, 1967-2017 de biche”…). Entre les mots et les peaux, Au dernier étage, deux nouvelles Cameron Jamie, Raphaël Zarka, faitœuvres, l’expérience son image les jeux et les métempsychoses, Sophie Le Chasseur français de et A l’espère, Pipilotti Rist…). A Lille, les Jusqu’au 14 janvier 2018, Lille Calle et Serena Carone contaminent complètent un travail déjà considérable multiples facettes de la performance (Tripostal) décalée dans le annonces temps, grâce à un l’imaginaire du monde animal de leur sur le langage des petites artistique trouvent l’écrin brillant fantaisie humaine, où la pulsion de vie amoureuses,le consignées dans les!archives de leur épopée. JMD Beau doublé, Monsieur marquis Jeux – Rituels et récréations dispositif de et d’écrans s’ajuste à la conscience de l’éclipse. du journal fétiche dumiroirs monde de la chasse, Performance ! – Les collections Jusqu’au 11 février musée Jusqu’au 5 novembre, Lille Jean-Marie Durand ainsi 2018, que dans un corpus élargi de du Centre Pompidou, 1967-2017 dede télé. Cet éloge du Jusqu’au 14 janvier 2018, Lille messages de prédateurs fantasmant de la Chasse et la Nature, Paris IIIedéplacement (gare Saint-Sauveur) (Tripostal) un corps croisé dans les transports, où Beau doublé, Monsieur le marquis ! Jeux – Rituels et récréations traverse les œuvres domine un vocabulaire se référantexposées, au Jusqu’au 11 février 2018, musée Jusqu’au 5 novembre, Lille de la Chasse et de la Nature, Paris III (gare Saint-Sauveur) monde animal (“crinière léonine”, “regard dont celle 93 qui inaugure le parcours, 18.10.2017 Les Inrockuptibles 93 18.10.2017 Les Inrockuptibles Walk the Chair de La Ribot, qui a mis cinquante chaises pliantes à disposition du public, devant un Béatrice Natale
spère, able
Tour de force
Saint-Sauveur et au Tripostal, organisée dans le cadre des 40 ans du Centre Pompidou, en livre un cadre exaltant. Marcella Lista et Bernard Blistène, commissaires de Performance !, ont rassemblé des pièces majeures qui rappelent que des générations d’artistes issues de pratiques multiples ont pris leur corps comme objet d’exploration et placé “au cœur de l’œuvre l’expérience du spectateur”. Comme le suggère l’accrochage au Tripostal, la performance est entrée au musée par le biais de la vidéo. Filmées, les performances sont aussi l’objet du film, comme dans Les Inrockuptibles n°1142 Du 18 au 24 Octobre 2017 Present,-Continuous, Past(s) (Dan Graham, 1974) où le spectateur fait l’expérience de son image décalée dans le temps, grâce à un dispositif de miroirs et d’écrans de télé. Cet éloge du déplacement traverse les œuvres Tour deexposées, force deux expos proposent dont celle quiA Lille, inaugure le parcours, un très vaste panorama de lade La Ribot, performance artistique.qui Walk the Chair Si la performance ne peut tenir en une exposition, la double a mis cinquante seule chaises pliantes manifestation lilloise, à la gare et au Tripostal, à dispositionSaint-Sauveur du public, devant un organisée dans le cadre des 40 ans du Centre Pompidou, en livre mur de citations sur le mouvement. un cadre exaltant. Marcella Lista et Bernard Blistène, commissaires Si certaines œuvres (Vito Acconci, de Performance !, ont rassemblé Lili Reynauddes pièces Dewar, Bruce majeures qui rappelent que des générations d’artistes Nauman, Jérôme Bel, Brice issues de pratiques multiples ont pris leur corps comme objet Dellsperger…) sont ettraversées d’exploration placé “au cœur de par l’œuvre l’expérience du spectateur”. cette même notion, d’autres Comme le suggère l’accrochage au Tripostal, la performance est entrée (Christian Marclay, Saâdane au musée par le biais de la vidéo.Afif, Filmées, les performances sont Doug Aitken,aussiStan Douglas, l’objet du film, comme dans Present, Continuous, Past(s) (Dan Robert Filliou, Mike Kelley, Graham, 1974) où le spectateur fait l’expérience de son image Guy de Cointet, Pierre décalée dans le temps,Huyghe…) grâce à un dispositif de miroirs et d’écrans ont le son pour A la gare de télé.enjeux. Cet éloge du déplacement traverse les œuvres exposées, Saint-Sauveur, le qui visiteur découvre dont celle inaugure le parcours, Walk the Chair de La Ribot, qui des œuvres travaillées parpliantes l’idée a mis cinquante chaises à disposition du public, devant un du jeu (Ed Atkins, Neïl mur de citations sur le Beloufa, mouvement. Si certaines œuvres (Vito Acconci, Cameron Jamie, Raphaël Zarka, Lili Reynaud Dewar, Bruce Nauman, Jérôme Bel, Brice Pipilotti Rist…). A Lille, les par Dellsperger…) sont traversées cette même notion, d’autres multiples facettes la performance (Christiande Marclay, Saâdane Afif, Doug Aitken, Stan Douglas, artistique trouvent l’écrin brillant Robert Filliou, Mike Kelley, Guy de Cointet, Pierre Huyghe…) JMD de leur épopée. ont le son pour enjeux. A la gare
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Lundi 11 Décembre 2017
Acconci ou Bruce Nauman, mais donne aussi de la visibilité à de jeunes artistes contemporains. Un dialogue inédit qui, sans faire vœu d’exhaustivité, nous donne un panorama complet de ce que peut être la performance. Le visiteur fait partie intégrante de l’œuvre Parmi les œuvres qui nous ont marqués, citons Walk the Chair, qui inaugure l’exposition, pensée par la performeuse espagnole La Ribot. De nombreuses chaises gravées de citations sont entreposées, que les visiteurs peuvent emporter durant l’exposition pour pouvoir s’asseoir à leur guise. Ainsi, Walk the Chair fait intervenir le spectateur au sein de son dispositif, mais peut aussi partir à la rencontre d’œuvres d’autres artistes au fil du parcours. Jusqu’au 14 janvier 2018, la collection du Centre Pompidou Par la suite, c’est le travail de Dan Graham qui nous a interpellés s’invite au Tripostal de Lille, pour nous faire découvrir le : avec Present Continuous Past(s), le spectateur entre dans une monde barré de la performance. pièce pleine de miroirs. Il découvre au bout de quelques secondes qu’il est filmé par une caméra de surveillance et peut observer En 2017, le Centre Pompidou fêtait ses quarante années de sa propre entrée dans la pièce grâce à un léger décalage. Une bons et loyaux services. Pour célébrer l’événement, les équipes œuvre avant-gardiste, qui questionne l’image de soi et qui peut de l’institution ont décidé de sortir de leurs murs, pour partager nous rappeler étrangement les émissions de téléréalité. partout en France la culture moderne et contemporaine. Un choix audacieux pour le musée, qui a toujours eu vocation à être Enfin, le travail de Jérôme Bel nous a plongés dans l’univers de décloisonné. Son fondateur, Georges Pompidou, avait déjà pour l’Opéra de Paris. Il a mis en scène Véronique Doisneau, première ambition de créer «un centre culturel qui soit à la fois un musée danseuse dans la compagnie de l’Opéra. Seule, sur la scène de et un centre de création, où les arts plastiques voisineraient avec Garnier, à quelques jours de prendre sa retraite, elle revient sur la musique, le cinéma, les livres…» C’est aujourd’hui chose faite sa carrière. Un moment fort d’introspection, où elle fait le constat puisque l’institution propose au public environ 25 expositions de n’avoir jamais réussi à atteindre son rêve : celui de devenir temporaires par an, et possède une riche programmation mêlant danseuse étoile. Un moment fort et passionnant, qui nous connecte danse, concert, théâtre, performance et débat. à notre humanité, faite d’espoir, d’ambition et de désillusions. Une œuvre intime, particulièrement puissante. Pour terminer cette année de fête, permettant de valoriser l’importante collection du centre à travers toute la France, c’est à S’il est difficile de définir ce qu’est la performance, nous pouvons Lille que les politiques et les équipes du centre ont jugé pertinent remarquer que la plupart des œuvres immergent le spectateur, de poser leurs valises afin d’explorer la pratique de la performance le questionnent et le prennent à partie. Une manière attrayante dans l’art contemporain. C’est donc dans un premier temps la gare de découvrir la discipline, en faisant corps avec de nombreuses Saint-Sauveur, puis le Tripostal qui ont été investis par l’exposition réalisations. Pour ceux qui voudraient aller encore plus loin et «Performance !». découvrir des performances en live, la Nuit du Tripostal, le 13 janvier prochain, vous réserve de nombreuses surprises dont une La performance, un art à la croisée des chemins pluie psychédélique de paillettes. Avis à tous les amateurs de Si la performance est difficile à définir, c’est que le mouvement disco. artistique croise de nombreux domaines, à la frontière entre arts plastiques et arts vivants. Née dans les années 1970, la performance peut faire appel à la danse et la chorégraphie, aux pratiques sonores et la musique, au langage du geste, à l’installation, à l’immersion, à l’interactivité avec le spectateur, ou parfois même à la sculpture ou l’art vidéo. La performance fait converger de nombreuses pratiques et bouleverse la plupart du temps les rapports entre œuvres et spectateurs. Souvent éphémère, la performance pose aussi la question de la reproduction de l’œuvre. Comment faire vivre une performance à travers le temps ? Une performance est-elle nécessairement éphémère ? Parfois immortalisée en vidéo ou en photo, la performance peut aussi être rejouée en boucle. C’est en partageant son importante collection d’œuvres acquises entre 1967 et 2017 et en sélectionnant des travaux divers que le Centre Pompidou explore et répond à ces problématiques. L’exposition fait alors se côtoyer certains grands pionniers de la discipline tels Vito
Vendredi 23 Décembre 2017
Les expositions qu’il est encore temps d’aller voir pendant les fêtes
« Performance ! » au Tripostal et à la Gare Saint-Sauveur, à Lille Une proposition tonique pour la fin de cette année marathon : ce « Performance ! » lillois vient en effet clore une série d’une soixantaine d’expositions égrénées à travers la France par le Centre Pompidou à partir de sa collection pour fêter son 40e anniversaire. Celle-ci est double, avec d’un côté, au Tripostal, une exploration d’un champ aux ramifications multiples – entre captations vidéo, scénographies et expériences sonores –, et une déambulation autour de la notion de jeu à la Gare Saint-Sauveur. www.lille3000.eu. Jusqu’au 14 janvier 2018.
Vendredi 12 janvier 2018
Exposition à Lille : Le centre Pompidou célèbre ses 40 ans au Tri postal Pour sa dernière étape de sa tournée d'anniversaire (40 ans, quand même !), le centre Pompidou a choisi d'investir le Tripostal de Lille (Nord). Une exposition y est installée. Publié le 14 Oct 17 à 14:00
Le musée Pompidou a de la chance, d’avoir choisi Lille (Nord) pour dernière étape de sa tournée promotionnelle organisée à l’occasion de son quarantième anniversaire. En ce moment et jusqu’au dimanche 14 janvier 2018, vous pouvez découvrir, au Tripostal, une exposition spéciale, qui attend quelques milliers de visiteurs.
Un lieu idéal
Denis Oppenheim « Attempt to raise hell », un coup de tête aléatoire qui fait sonner la cloche. Une œuvre sonore de 1974 déjà exposée à V. d’Ascq. (©Babette Mangolte, centre Pompidou, Mnam-cci)
Si les musées ont pour première mission de conserver les traces de la création, ils souhaitent aussi les montrer. Ce qui devient difficile pour les œuvres visuelles et les performances, œuvres éphémères par définition qui exigent beaucoup de surface et de volume.
L’accueil au Tripostal est une belle opportunité pour ce qui est sans doute la plus belle collection au monde d’œuvres visuelles ou sonores. On le doit à Martine Aubry et à l’équipe de Lille 3 000 qui ont préféré cette formule plutôt que la présentation des chefsd’œuvre consacrés. Les œuvres de Braque, Picasso, Matisse sont toujours très attractives mais on peut les voir par ailleurs dans les musées de la région.
100 000 visiteurs attendus Sur 4 000 mètres carrés – les trois plateaux du Tripostal -, 39 artistes présentent près de 50 installations dont beaucoup n’ont jamais été montrées. Il faut au visiteur prendre le temps de la visite (au moins une heure et demie, dit-on) pour flâner et puis s’arrêter devant une œuvre. Pourquoi celle-là ? Pour sa couleur, le mouvement qu’elle capte ? Ou simplement parce qu’un canapé vieillot recouvert d’un tapis hors d’âge permet une halte. On laisse alors s’installer la communion avec l’artiste. Comme devant cette vidéo de Jérôme Bel, un Français qui a filmé une performance de Véronique Doisneau, ballerine au ballet de Paris. À sept jours de son 42e anniversaire, qui signifie la fin de sa carrière, la vidéo passe la danseuse en revue : elle a travaillé dur simplement pour rester sujet du ballet, ayant offert son corps pour être un simple décor pour les danseurs étoiles qu’elle ne sera jamais. « Le problème ne s’est jamais posé » dit-elle doucement. Sur scène, pour la caméra, elle danse les grands morceaux du répertoire qu’on ne lui a jamais proposés. Elle passe en revue ses rêves de petite fille danseuse, ses efforts quotidiens, son corps qui s’abîme. Un moment de grâce. On peut s’installer aussi devant l’œuvre de l’américain Antony Ramos. Black and White Sur deux écrans installés en parallèle, l’artiste, à la peau très sombre, s’enduit de pâte blanche, pendant que sa compagne toute blanche se noircit. Un échange de couleur de peau, pour un échange de race. Un moment de méditation. Jean-Michel Stievenard
ancêtres des Gabonais, des É q u a t o - Gu i n é e n s e t d e s Camerounais. Dans une approche caractéristique du musée des arts premiers, l’exposition prend le parti de privilégier l’émotion esthétique en réduisant les informations. La présence de ces objets est saisissante. Pourtant, ceux qui aiment comprendre ce qu’ils admirent risquent d’être un peu frustrés.
ciers Isabelle-Claire-Eugénie, régente des PaysBas, tandis qu’en la campant en clarisse, l’artiste libère son trait et sa profonde expressivité. Une politique de l’image est à l’œuvre. Pierre-Paul Rubens en est l’outil et l’émissaire, mêlant aux séances de pose de secrètes missions diplomatiques. C’est donc un peintre de cour et de commande aux ’ suggestifs non-dits que révèle cette exposition offrant, en contraste, et en apothéose, ’ un autoportrait, libre, franc, où, là, plus rien n’est tu ni convenu. CHRISTOPHE AVERTY
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NALY GÉRARD
Jeudi 21 Décembre 2017 Jusqu’au 21 janvier, au musée du Quai-Branly, Paris (VIIe). www.quaibranly.fr
CULTURE spectacles~expos
si vous y tenez.
un peu.
beaucoup.
passionnément.
martiale. La centaine de gardiens de reliquaires kota, recouverts de métal cuivré, forment un cortège hypnotique. Les célèbres masques blancs punu, d’un raffinement suprême, brillent comme des joyaux dans la pénombre. En tout, 325 pièces illustrent la maestria des peuples de la famille bantoue ancêtres des Gabonais, des É q u a t o - Gu i n é e n s e t d e s Camerounais. Dans une approche caractéristique du musée des arts premiers, l’exposition prend le parti de privilégier l’émotion esthétique en réduisant les informations. La présence de ces objets est saisissante. Pourtant, ceux qui aiment comprendre ce qu’ils admirent risquent d’être un peu frustrés.
L’INFANTE ISABELLECLAIRE-EUGÉNIE, par Pierre Paul Rubens et Jan Brueghel l’Ancien, vers 1615.
Rubens, portraits princiers EXPO On sera peut-être surpris de découvrir Rubens (1577-1640) plus solennel et sage que d’ordinaire. Réunis au palais du Luxembourg, où Marie de Médicis avait commandé à l’artiste une galerie à sa gloire, les 65 portraits de princes et de monarques qu’il a réalisés au sein des grandes cours européennes semblent prudents et contenus. Celui qui sut si bien unir, avec virtuosité et fulgurance, le subtil dessin de Raphaël aux couleurs enflammées du Titien, et l’art d’Italie à la peinture des Flandres, retient sa touche dans ses portraits officiels, tel celui, en tenue d’apparat, de l’infante
Play
DANSE On attendait beau-
coup de cette création du chorégraphe suédois Alexander Ekman, connu pour ses pièces originales à la scénographie très léchée. Invité pour la première fois à travailler avec les danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris, il a choisi le thème du jeu. Son objectif ? Surprendre le spectateur et l’entraîner sur des territoires peu fréquentés. Mission en partie réussie avec ce diptyque jalonné de trouvailles visuelles spectaculaires et inattendues (la pluie de balles vertes est assez magique). Les connaisseurs noteront des clins d’œil plus ou moins appuyés à Mats Ek (avec
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Isabelle-Claire-Eugénie, régente des PaysBas, tandis qu’en la campant en clarisse, l’artiste libère son trait et sa profonde expressivité. Une politique de l’image est à l’œuvre. Pierre-Paul Rubens en est l’outil et l’émissaire, mêlant aux séances de pose de secrètes missions diplomatiques. C’est donc un peintre de cour et de commande aux suggestifs non-dits que révèle cette exposition offrant, en contraste, et en apothéose, un autoportrait, libre, franc, où, là, plus rien n’est tu ni convenu. CHRISTOPHE AVERTY Jusqu’au 14 janvier, au musée du Luxembourg, Paris (VIe). www.museeduluxembourg.fr
qui il a travaillé), Pina Bausch, Ohad Naharin, mais déploreront des longueurs et effets superflus… Les autres se laisseront emporter par l’énergie communicative de la quarantaine de danseurs visiblement heureux de cette digression ludique. CLAUDINE COLOZZI
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NALY GÉRARD
Jusqu’au 21 janvier, au musée du Quai-Branly, Paris (VIIe). www.quaibranly.fr
Performance !
EXPO Un foisonnement d’images, d’installations visuelles et sonores, de mouvements saisis, de chorégraphies à donner le vertige… Bienvenue dans l’ère de la performance. Cette exposition, un des rendez-vous majeurs des 40 ans du Centre Pompidou, est une expérience à vivre, émotionnelle et sensorielle, une immersion dans des univers artistiques audacieux, déroutants, poétiques, sorte de voyage fugitif entre déambulation et contemplation. Il faut prendre le temps de s’arrêter. S’asseoir sur une banquette en tapis d’Orient signée Franz pour se laisser emporter par le magnifique hommage de Jérôme Bel à la ballerine de l’Opéra de Paris Véronique Doisneau ; saisir une chaise pyrogravée de citations par la chorégraphe La Ribot pour s’installer devant l’œuvre hypnotique de Hans Peter-Feldmann, objets détournés, mis en lumière et en mouvement en un magistral théâtre d’ombres. CÉCILE ROGNON
Jusqu’au 14 janvier, au musée du Luxembourg, Paris (VIe). www.museeduluxembourg.fr ’ Jusqu’au 31 décembre, au palais Garnier, Paris (IXe). www.operadeparis.fr
Les Forêts natales
EXPO Avec ce vaste panorama du patrimoine sculpté de l’Afrique équatoriale atlantique, les objets sont en majesté. Les statues d’ancêtres fang, en bois luisant, dégagent une force sereine ou
é), Pina Bausch, mais déploreront effets superflus… sseront emporter mmunicative de de danseurs visix de cette digres-
CLAUDINE COLOZZI
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FIGURE de reliquaire kota.
FIGURE de reliquaire kota.
Jusqu’au 14 janvier, au Tripostal, Lille (59). www.lille3000.com
Performance ! EXPO Un foisonnement
d’images, d’installations visuelles et sonores, de mouvements saisis, de chorégraphies à donner le vertige… Bienvenue dans l’ère de la performance. Cette exposition, un des rendez-vous majeurs des 40 ans du Centre Pompidou, est une expérience à vivre, émotionnelle et sensorielle, une immersion dans des univers artistiques audacieux, déroutants, poétiques, sorte de voyage fugitif entre déambulation et contemplation. Il faut prendre le temps de s’arrêter. S’asseoir sur une banquette en tapis d’Orient signée Franz pour se laisser emporter par le magnifique hommage de Jérôme Bel à la ballerine de l’Opéra de Paris Véronique Doisneau ; saisir une chaise pyrogravée de citations par la chorégraphe La Ribot pour s’installer devant l’œuvre hypnotique de Hans Peter-Feldmann, objets détournés, mis en lumière et en mouvement en un magistral théâtre d’ombres. CÉCILE ROGNON
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Jusqu’au 14 janvier, au Tripostal, Lille (59). www.lille3000.com
ARCHIVES MUSÉE DAPPER – PHOTO HUGHES DUBOIS
pas du tout.
ARCHIVES MUSÉE DAPPER – PHOTO HUGHES DUBOIS
MUSEO NACIONAL DEL PRADO/DIST. RMN-GP/IMAGE DU PRADO
La Vie aime :
samedi 16, dimanche 17 décembre 2017 — Quotidien n° 40978 — 1,90 €
Parents&Enfants
Vie quotidienne
Forum&Débats
Samedi 16 Décembre 2017 Dossier spécial Comment Un témoignage poignant : « Ma vie « Mamina, baby-sitter chasser les parmi les bordéliques, comment de luxe du mercredi » pique-assiettes je suis sortie de dix-sept ans d’enfer » La Croix - samedi 16, dimanche 17 décembre 2017
Culture
24
sortir
Paysage orageux, de Georges Michel. Alain Basset samedi 16, dimanche 17 décembre 2017 — Quotidien n° 40978 — 1,90 €
Parents&Enfants
Vie quotidienne
Forum&Débats
Dossier spécial Comment Un témoignage poignant : « Ma vie « Mamina, baby-sitter chasser les parmi les bordéliques, comment de luxe du mercredi » pique-assiettes je suis sortie de dix-sept ans d’enfer »
Exposition
A Lille, un cocktail tonique de performances Oser une histoire de la performance, cet art de l’éphémère qui a bouleversé la création contemporaine ? Le Centre Pompidou ne s’y est pas encore risqué, mais pour son 40e anniversaire, il a prêté une quarantaine d’œuvres de ses collections au Tripostal à Lille. Des pièces historiques, comme ce mannequin de Dennis Oppenheim, violemment frappé par une cloche de bronze (Attempt to raise hell, 1974), côtoient des films de danseurs tel le Water motor (1978) de Trisha Brown filmée à vitesse normale puis ralentie par Babette Mangolte, ou William Forsythe dessinant avec son corps un hommage à Francis Bacon devant la caméra de Peter Welz. La musique n’est pas en reste, avec Christian Marclay, Mike Kelley, Stan Douglas ou David Van Tieghem jouant des percussions sur le bitume et les panneaux de New York. La danseuse La Ribot invite même le visiteur à participer à cette fête où l’art se révèle plus vivant que jamais. À déguster sans modération, avec ou sans médiateur pour vous guider ! Sabine Gignoux Jusqu’au 14 janvier. Le Tripostal, avenue Willy-Brandt, 59000 Lille. Rens. : www.performance-exposition.com/fr/
Cirque
Balade sous l’orage avec Georges Michel Vincent Van Gogh l’appelait « maître Michel ». Plus réputé en Europe du Nord que dans son propre pays, le paysagiste français est exposé au monastère royal de Brou. Bourg-en-Bresse (Ain) De notre correspondant régional
Annonces légales p. 19
135e année-ISSN/0242-6056. – Imprimé en France – Belgique : 2 € ; Canada : 5,90 $ ; Espagne : 2,40 € ; Italie : 2,70 € ; Luxembourg : 2 € ; Maroc : 29 MAD ; Portugal (Cont. ) : 2,40 € ; Suisse : 3,70 CHF ; Zone CFA : 1 900 CFA ; DOM : 2,60 €
P
Avec le talentueux concours de Trésor, the Boss of Photoshop.
résent dans toutes les grandes collections françaises, Georges Michel a rarement droit aux honneurs. Voilà un demi-siècle qu’aucune monographie n’avait été consacrée à ce peintre parisien, fils d’un modeste employé des halles. Et cela, en partie par la faute de l’artiste, mort à 80 ans en 1843 dans une totale indifférence. D’abord parce qu’il est l’auteur d’une œuvre entre deux âges. L’âge d’or de la peinture néerlandaise, pour commencer. Surnommé le « Ruisdael de Montmartre », il réalise en ses jeunes années quelques copies des peintres du Siècle d’or, à la demande de Jean-Baptiste Le Brun, promoteur du genre à Paris. Les ciels occupent une grande
partie de ses compositions aux horizons lointains, rythmés par des moulins. Aucun hasard donc si la Fondation Custodia présente ensuite l’exposition, à Paris (1). Ni si cette belle collection de maîtres hollandais prête quelques-unes des 58 œuvres accrochées… Georges Michel est paysagiste, donc. Exclusivement, sur ses toiles, du moins. Au risque de la répétition des motifs, comme ces rideaux de pluie violemment rabattus par les vents au lointain. Arbres intimidants et chemins creusés de profonds sillons des alentours immédiats de Paris l’intéressent plus que les insignifiants personnages peuplant les lieux. Chasseurs, bouviers ou promeneurs, ils ne sont que de passage sur la toile. L’homme s’efface devant la nature. Comme le peintre s’est effacé devant son œuvre. On ne connaît que quatre toiles signées Georges Michel qui, en outre, arrête d’exposer au Salon dès 1814. Peu soucieux de répondre aux canons du moment, il peint au noir des œuvres préromantiques assombries par des
L’Afrique dans toute sa diversité orages menaçants. Et cela en une touche rapide, comme s’il cherchait à capturer une lumière qui s’enfuit, à l’instar d’un Turner… On le sent désireux de peindre sur le motif, marouflant quelquesunes de ses œuvres croquées sur papier dans la plaine Saint-Denis ou à Montmartre, incrustées sur toile et peintes de retour à l’atelier. Georges Michel arrive ainsi trop tôt dans l’histoire de son art, mourant peu avant l’invention des tubes de peinture, dans les années 1840, qui libère les artistes de leurs pigments. Mais il aura annoncé l’École de Barbizon. Et l’on ne compte pas les pastiches peints « à la manière » de Georges Michel, dont certains ont fini dans les collections officielles. Ce qui, là non plus, n’a pas aidé à sa postérité. Le catalogue raisonné du peintre est encore à faire. Bénévent Tosseri
Christophe Raynaud de Lage
À l’heure des polémiques sur le dressage, le cirque Phénix réaffirme fièrement son identité à travers un spectacle « sans animaux » qui n’en finit pas d’émerveiller les enfants. Sous le gigantesque chapiteau, ce sont des marionnettes géantes articulées, figurant girafes ou esprits de la forêt, qui déambulent dans une joyeuse parade colorée. Fabriquées artisanalement, elles proviennent des quatre coins du continent africain, à l’image des artistes réunis sur la piste. Les jumeaux jongleurs sont éthiopiens, comme les gracieuses acrobates et les impressionnants voltigeurs. Les échassiers viennent du Togo et le ballet aérien est signé du Marocain Younès Es Safy, primé au Festival du cirque de demain en 2016. L’ambiance est festive, rythmée par un orchestre épatant. Cécile Jaurès
CirkAfrika 3, jusqu’au 21 janvier – Pelouse de Reuilly puis en tournée jusqu’au 11 février à Niort, Marseille, Cannes, Saint-Étienne… Rens. : cirquephenix.com
RETROUVEZ ROBERT MIGLIORINI DE
DANS UN AIR QUI ME RAPPELLE
LES SAMEDI À 18H15 LES DIMANCHE À 7H04 ET 22H40
« Georges Michel, le paysage sublime », jusqu’au 7 janvier, au monastère royal de Brou, à Bourg-en-Bresse (Ain). Rens. : monastere-de-brou.fr (1) 27 janvier–29 avril 2018.
Robert Migliorini, Un air qui me rappelle
Croix - samedi 16, dimanche 17 décembre 2017
Culture 24
La Croix - samedi 16, dimanche 17 décembre 2017
135e année-ISSN/0242-6056. – Imprimé en France – Belgique : 2 € ; Canada : 5,90 $ ; Espagne : 2,40 € ; Italie : 2,70 € ; Luxembourg : 2 € ; Maroc : 29 MAD ; Portugal (Cont. ) : 2,40 € ; Suisse : 3,70 CHF ; Zone CFA : 1 900 CFA ; DOM : 2,60 €
Culture
Annonces légales p. 19
Paysage orageux, de Georges Michel. Alain Basset
sortir
sortir Exposition
Exposition
A Lille, un cocktail tonique de performances
A Lille, un cocktail tonique de performances
Oser une histoire de la performance, cet art de l’éphémère qui a bouleversé la création contemporaine ? Le Centre Pompidou ne s’y est pas encore risqué, mais pour son 40e anniversaire, il a prêté une quaAvec le talentueux concours de Trésor, the Boss of Photoshop. rantaine d’œuvres de ses collections au Tripostal à Lille. Des pièces historiques, comme ce mannequin de Dennis Oppenheim, violemment frappé par une cloche de bronze (Attempt to raise hell, 1974), côtoient des films de a danseurs Oser une histoire de la performance, cet art de l’éphémère qui bou- tel le Water motor (1978) de Trisha Brown filmée à vitesse normale puis ralentie par Babette Mangolte, leversé la création contemporaine ? Le Centre Pompidou ne s’y est ou William Forsythe dessinant avec son corps un hommage à Franil a prêté une quapas encore risqué, mais pour son 40e anniversaire, cis Bacon devant la caméra de Peter Welz. La musique n’est pas en avec Christian Marclay, Mike Kelley, Stan Douglas ou David rantaine d’œuvres de ses collections au Tripostalreste, à Lille. Des pièces Van Tieghem jouant des percussions sur le bitume et les panneaux historiques, comme ce mannequin de Dennis Oppenheim, de New York. La violemdanseuse La Ribot invite même le visiteur à participer à cettehell, fête où1974), l’art se révèle plus vivant que jamais. À déguster ment frappé par une cloche de bronze (Attempt to raise sans modération, avec ou sans médiateur pour vous guider !
côtoient des films de danseurs tel le Water motorSabine (1978) de Trisha Gignoux 14 janvier. Le Tripostal, avenue Willy-Brandt, 59000 Lille. Brown filmée à vitesse normale puis ralentie parJusqu’au Babette Mangolte, Rens. : www.performance-exposition.com/fr/ ou William Forsythe dessinant avec son corps un hommage à Francis Bacon devant la caméra de Peter Welz. La musique n’est pas en Cirque reste, avec Christian Marclay, Mike Kelley, Stan Douglas ou David Van Tieghem jouant des percussions sur le bitume et les panneaux de New York. La danseuse La Ribot invite même le visiteur à participer à cette fête où l’art se révèle plus vivant que jamais. À déguster À l’heure des polémiques sur le dressage, le sans modération, avec ou sans médiateur pour vous guider ! cirque Phénix réaffirme fièrement son iden-
Balade sous l’orage avec Georges Michel
L’Afrique dans toute sa diversité
Sabine Gignoux
Vincent Van Gogh l’appelait « maître Michel ». Plus réputé en Europe du Nord que dans son propre pays, le paysagiste français est exposé au monastère royal de Brou. Bourg-en-Bresse (Ain) De notre correspondant régional
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résent dans toutes les grandes collections françaises, Georges Michel a rarement droit aux honneurs. Voilà un demi-siècle qu’aucune monographie n’avait été consacrée à ce peintre parisien, fils d’un modeste employé des halles. Et cela, en partie par la faute de l’artiste, mort à 80 ans en 1843 dans une totale indifférence. Et cela en une orages menaçants. D’abord parce qu’il est l’auteur touche rapide, comme s’il âges. cherd’une œuvre entre deux L’âge d’or de la peinture néerlandaise, chait à capturer une lumière qui pour commencer. Surnommé le s’enfuit, à« Ruisdael l’instarded’un Turner… Montmartre », il réa-
tité à travers un spectacle « sans animaux » qui n’en finit pas d’émerveiller les enfants.
14 janvier. avenue 59000 Lille. partie deJusqu’au ses compositions aux Le Tripostal, orages menaçants. Et Willy-Brandt, cela en une Sous le gigantesque chapiteau, ce sont des horizonsRens. lointains, rythmés par touche rapide, comme s’il chermarionnettes géantes articulées, figurant : www.performance-exposition.com/fr/ des moulins. Aucun hasard donc chait à capturer une lumière qui girafes ou esprits de la forêt, qui déambus’enfuit, à l’instar d’un Turner… si la Fondation Custodia présente lent dans une joyeuse parade colorée. Fabriensuite l’exposition, à Paris (1). Ni On le sent désireux de peindre quées artisanalement, elles proviennent des sur le motif, marouflant quelquessi cette belle collection de maîtres quatre coins du continent africain, à l’image Cirque hollandais prête quelques-unes unes de ses œuvres croquées sur des artistes réunis sur la piste. Les jumeaux des 58 œuvres accrochées… papier dans la plaine Saint-Denis jongleurs sont éthiopiens, comme les graGeorges Michel est paysagiste, ou à Montmartre, incrustées sur cieuses acrobates et les impressionnants toile et peintes de retour à l’atedonc. Exclusivement, sur ses voltigeurs. Les échassiers viennent du Togo toiles, du moins. Au risque de la lier. Georges Michel arrive ainsi et le ballet aérien est signé du Marocain trop tôt dans l’histoire de son art, répétition des motifs, comme ces Younès Es Safy, primé au Festival du cirque rideaux de pluie violemment ramourant peu avant l’invention des de demain en 2016. L’ambiance est festive, Christophe Raynaud de Lage battus par les vents au lointain. tubes de peinture, dans les années rythmée par un orchestre épatant. Arbres intimidants et chemins 1840, qui libère les artistes de leurs À l’heure des polémiques sur le dressage,Cécile le Jaurès CirkAfrika 3, jusqu’au 21 janvier – Pelouse de Reuilly puis en tournée jusqu’au pigments. creusés de profonds sillons des Phénix réaffirme fièrement son iden11 février à Niort, Marseille, Cannes, Saint-Étienne… Rens. : cirquephenix.com alentours immédiats de Paris l’inMaiscirque il aura annoncé l’École de ne compte les téressent plus que les insignifiants Barbizon. titéEtàl’on travers unpas spectacle « sans animaux » personnages peuplant les lieux. pastiches peints « à la manière » de qui n’endont finit pasont d’émerveiller les enfants. Chasseurs, bouviers ou promeGeorges Michel, certains RETROUVEZ ROBERT MIGLIORINI DE neurs, ils ne sont que de passage fini dans les collections officielles. chapiteau, ce sont des Sous le gigantesque DANS UN AIR QUI ME RAPPELLE Ce qui, là non plus, n’a pas aidé à sur la toile. L’homme s’efface demarionnettes géantes articulées, figurant vant la nature. Comme le peintre sa postérité. Le catalogue raisonné LES SAMEDI À 18H15 s’est effacé devant son œuvre. du peintre est encore à faire. girafes ou esprits de la forêt, qui déambuLES DIMANCHE À 7H04 ET 22H40 Bénévent Tosseri On ne connaît que quatre toiles lent dans une joyeuse parade colorée. Fabrisignées Georges Michel qui, en
L’Afrique dans toute sa diversité
18 Novembre 2017
Art contemporain : On performe à Lille
Des installations splendides et de surprenantes vidéos, un foisonnement d’images, d’objets et de sons, le tout savamment mis en scène, célèbrent les 40 ans du Centre Pompidou hors les murs. Inédit et festif !
à leurs expériences et leurs questionnements à travers des installations.
En immersion complète, l’on peut emprunter pour l’occasion et pour déambuler ici et là , tout à tour « les chaises de C’est un projet exceptionnel, une expérience tout aussi La Ribot » ou « les divans de Franz West » et visionner ainsi percutante qu’émotionnelle, que cette exposition inédite, la les grandes installations vidéo où chefs d’œuvre, pièces rares (provenant toutes de la magnifique collection du Performance sous toutes ses formes ! Centre Pompidou) et créations inédites dialoguent dans les Le projet met en scène une pratique singulière et éphémère, amples espaces du Tripostal à Lille. celle de la Performance : terme venu des arts du spectacle (dans la tradition anglo-saxonne) et de la culture sportive, Passionnant et jouissif avec en Bonus des performances en où se croisent de nombreux domaines artistiques, la danse live ! demander le programme. et la chorégraphie, la musique et les sons, la langage du geste et du corps. Jeunes artistes contemporains et grands Performance ! jusqu’au 14 janvier pionniers portent leur regard sur le monde et nous invitent à découvrir non seulement leur pratique mais à prendre part
Stylist Hebdomadaire gratuit national n°193 - 12 Octobre 2017
Vendredi 13 octobre 2017
EXPO IN THE CITY n°35 - Novembre 2017
Samedi 27 Janvier 2018
François Chaignaud – Performance !
A l’occasion des quarante ans du Centre Pompidou, le Tripostal de Lille accueillait récemment l’exposition ” Performance ! “. Du 6 octobre 2017 au 14 janvier 2018, cet événement, constitué de prêts exceptionnels d’œuvres issues des collections de Centre Pompidou, proposait au public d’explorer cette notion issue des arts vivants, à travers une série de productions plastiques ayant pour thème l’œuvre performée et l’expérience du spectateur comme moteur dynamique de celle-ci. En partenariat avec les organes culturels Lille3000 et Latitudes Contemporaines, le chorégraphe François Chaignaud, figure majeure de la danse contemporaine, participait à la soirée de clôture de l’exposition à travers une performance spécialement conçue pour l’occasion. Ce projet éphémère, présence vivante parmi les œuvres exposées, s’offrait en prolongement de Body Double 35 – vidéo de Brice Dellsperger interprétée par François Chaignaud, emblème de ” Performance ! “. Inscrit dans la série de travaux amorcée par Brice Dellsperger en 1995, qui consiste à dupliquer l’extrait d’un film en reproduisant rigoureusement les prises de vue et la bande-son initiales, Body
Double 35 reprend un passage de Xanadu, comédie musicale kitsch maladroitement réalisée par Robert Greenwald en 1980. Cette production calamiteuse aux effets spéciaux aussi ambitieux dans leur conception qu’approximatifs dans leur résultat, et dont le scénario plaçait les muses du Parnasse (parmi lesquelles Olivia Newton-John) dans le monde du show-business américain sur fond de paillettes et de disco roller 80’s, fut en son temps considérée comme le plus grand navet de l’histoire du cinéma. Pour Body Double 35, le vidéaste convoque une scène phare de Xanadu : la chorégraphie des neuf déesses inspiratrices se détachant d’une fresque murale au son du tube disco ” I’m alive “, pour se mêler aux mortels et sacrer artiste un jeune peintre décorateur d’Hollywood. Dans cette vidéo de Brice Dellsperger, à la fois hommage et regard ironique sur sa référence filmique, c’est le chorégraphe et danseur François Chaignaud qui interprète chacune des neuf muses, dont il offre l’exacte réplique. Œuvre présentée parmi une quarantaine d’autres dans une exposition questionnant la notion de reenactment, Body Double 35 illustre parfaitement l’idée de réitération par l’image d’un acte éphémère, et il n’est pas anodin que l’affiche de l’exposition, tirée du film de Dellsperger, présente la muse inspiratrice de cet événement sous les traits de François Chaignaud.
Il semblait donc naturel que celui-ci soit invité à offrir une performance lors de la soirée de clôture de l’exposition, proposée par le Tripostal le 13 janvier dernier, en collaboration avec le festival Latitudes Contemporaines : ” Ils m’ont proposé de faire une performance qui soit quand même en lien avec l’œuvre à laquelle je participe ici – donc l’œuvre de Brice, Xanadu. Et c’est vrai que je me suis un peu creusé la tête dans tous les sens, parce que la référence est un film hyper-bizarre, à la fois très inspirant parce que tout y semble possible, en même temps très pesant parce qu’il est d’une certaine manière assez raté. C’est magique et en même temps ça ne prend pas. Il y a aussi, là, une époque qui n’est pas une référence que je connais bien : ces années 80, cette disco… Je l’ai pris un peu comme une invitation, un défi. Et ce qui m’a plu dans Xanadu, c’était le collage de toutes sortes de genres, d’époques et de registres. C’est-à-dire que ça navigue entre le film presque mythologique – l’histoire de ces Muses qui débarquent de l’Olympe, sur Terre, pour inspirer et rendre amoureux – et il y a la référence à la comédie musicale de l’âge d’or d’Hollywood, il y a une forme de futurisme avec les effets spéciaux, il y a des références à l’actualité du moment, le rock, des trucs plus subversifs, plus sauvages… Et puis il y a les patins à roulettes, à la fois comme un truc de liberté et cool. “
La participation de François Chaignaud à cette ultime Nuit du Tripostal, précédant une soirée psychédélique avec dress-code 80’s, dj-set disco et boule à facettes, se pose donc en écho à Body Double 35 tout en prolongeant les thématiques de création propres au chorégraphe. L’artiste apparaît ainsi sous la forme d’un mystérieux être encapuchonné au volant d’une petite voiture électrique sortant d’un ascenseur. Au centre des spectateurs silencieusement répartis en cercle, il déploie peu à peu une voix lyrique, une nudité et une emphase torturées.
Explorant les limites de l’espace offert, l’artiste précise son personnage androgyne aux longs ongles vernis, au crâne démesuré, les yeux abondamment fardés, le bas du visage couvert d’un long voile de cheveux qui finit par tomber, à son tour. Ce sont ensuite les membres du Roller Derby Club de Lille qui, après avoir surgi entre les œuvres de l’exposition et investi l’espace parmi les spectateurs, le rejoignent, se livrant à une série de figures sportives, pour enfin s’unir dans une chorégraphie rythmée. Ce surprenant croisement des disciplines a été rendu possible, en partie, par l’équipe de Latitudes Contemporaines qui a soumis au performer l’idée d’une collaboration avec le club sportif lillois : ” Ça m’a plu de tenter une rencontre. C’était peut-être aussi naviguer entre plusieurs registres de la performance. Dans les références, j’utilise aussi bien ce qui est typiquement de la musique expérimentale performative que d’autres registres, et la présence du roller derby ramène l’art du patin – dans un registre beaucoup plus sportif. […] Ce qui me plaisait beaucoup, c’est qu’en faisant de la danse – qu’on considère comme l’art du mouvement, du déplacement -, les patins gagnent sur tous les danseurs parce que non seulement ils bougent, mais en plus ils ne sont pas statiques. Donc il y a cette dimension cinétique. Après, ça me plaît beaucoup de commencer dans le musée : c’est une œuvre qui a quelque chose de cauchemardesque parce que les danseurs sont propulsés dans le musée, on ne peut pas les localiser. Les patins, liés à Xanadu, c’est aussi cette notion d’œuvre non localisable. “
Le travail de François Chaignaud, en effet, se nourrit de références très hétérogènes, alliant un intérêt marqué pour l’histoire, l’écriture, le chant polyphonique ancien, l’art du costume et du travestissement… Dans son approche de la danse, il n’hésite pas à mêler pointes et collants classiques au
Dancehall jamaïcain; les polyphonies sacrées rencontrent l’univers urbain contemporain, l’esthétique drag-queen et les catwalks des défilés de mode. Si l’artiste, que l’on sent nourri d’une foule d’influences, puise une partie de son inspiration dans ses toutes premières expériences esthétiques, celui qui incarne les divinités inspiratrices de la mythologie grecque dans le film de Brice Dellsperger ne conçoit pas le conservatoire comme le refuge des Muses. ” Peut-être que la première inspiration, c’est les choses de l’enfance, les opérettes entendues sur les disques, et le goût de la transformation, de s’inventer des voix… En fait je suis jaloux parce que, ayant grandi ici, je viens de la danse où il semble qu’on ne peut apprendre l’expression qu’au conservatoire – c’est-à-dire qu’elle est déjà canalisée par les institutions. Mais je crois que ce qui m’a le plus marqué après, en devenant adulte, c’est quand j’ai rencontré des amis artistes qui ne font pas ce qu’on apprend à l’école – de la spéculation – mais une expression qui suinte ou d’un mode de vie, ou de conditions de vie. ” Ce souci de rattacher l’expression artistique à ses conditions d’émergence, François Chaignaud le partage avec sa partenaire de travail Cecilia Bengolea, danseuse et chorégraphe argentine formée aux danses urbaines, à la philosophie et à l’histoire de l’art, qui s’est également consacrée à l’étude de la danse anthropologique. Ces perspectives communes permettent aux deux artistes, qui collaborent depuis 2005 et ont fondé ensemble la Compagnie Vlovajob Pru, de mener une réflexion chorégraphique constamment rattachée au contexte culturel, sociologique, anthropologique et politique de toute œuvre créatrice – contexte qui constitue à la fois le point de départ et le point d’aboutissement de la recherche. ” Avec Cecilia, on a beaucoup travaillé avec des formes de danse urbaines qui sont liées à des positionnements, à des modes de vie, à des conditions de vie, à des conditions d’oppression parfois… Ça me force de plus en plus, sans avoir trouvé la réponse, à comprendre depuis où je parle aussi moi-même. Je ne sais pas si j’y arrive mais c’est mon souhait, mon objectif. Savoir depuis où je parle, depuis quelles conditions spécifiques de possibilités, de privilèges et d’impossibilités. Et depuis cet endroit-là, quelle expression émerge. Ne pas parler depuis un hors-sol ” explique-t-il tout en soulignant, une fois encore, la difficile prise en compte de cette dimension dans le champ des institutions européennes. ” Je pense que, souvent, on attribue cette capacité seulement à l’art urbain, l’art de zones périphériques, ou extra-européen. “
La recherche artistique de François Chaignaud tend à englober les dimensions vocale, visuelle et kinésique dans une forme d’expression totalisante. De manière analogue, l’artiste s’emploie à produire l’étrangeté d’une identité inédite et complexe par le croisement de genres et registres esthétiques hétérogènes ; à mettre en présence des champs de force divergents, permettant l’émergence de formes hybrides à la fois inattendues et pleinement cohérentes. Ce fonctionnement organique de circulation, de répercussion et d’échanges mutuels est également perceptible dans l’attachement du chorégraphe au travail collectif. Ce n’est donc pas un hasard s’il s’associe à d’autres artistes dans la plupart de ses dernières créations et déplore le peu de considération réservée au statut de co-auteur : ” Ce que je n’aime pas trop dans les arts visuels, c’est que, souvent, on consigne tout sous un nom. Alors qu’en fait, la plupart des œuvres qui existent sont coproduites par plusieurs cerveaux, plusieurs âmes. Et j’ai vraiment envie de le prendre comme une chose positive et de ne pas fétichiser la figure de l’auteur unique, qui a tout réfléchi et dont le nom éclipse tous les autres. Au contraire, je dirais que faire le plus possible de pièces où mon nom est au milieu d’autres, ça me semble un plus grand succès. C’est une manière de concevoir quelque chose de plus grand, de mieux comprendre aussi depuis où
on parle – à nouveau – parce que la communauté se fait si on est déjà deux à signer : on parle depuis un endroit qui ne se limite pas à un individu abstrait, mais qui est déjà un groupe. ” Ainsi, à la manière des polyphonies traditionnelles qui lui sont chères, où la simultanéité, la complémentarité et l’intime imbrication des voix créent une euphonie singulière, le processus de création consiste pour l’artiste à composer un ensemble harmonieux à partir d’unités distinctes. La démarche artistique génère, à partir d’identités multiples, la cohésion d’une œuvre pleine et entière – et ce, à chaque étape de sa réalisation. ” Dans la pratique artistique, si l’art par exemple se déploie au plateau, j’ai besoin de pouvoir dialoguer avec quelqu’un qui n’est pas sur le plateau. Cette personne-là, si elle fait la mise en scène, ou la conception, ou l’assistanat, ou quoi que ce soit, c’est aussi important que l’art qui se déploie au plateau – et inversement. Autant au cinéma, on va valoriser beaucoup le nom des acteurs,
autant dans l’art vivant, on va valoriser le nom du concepteur hors plateau. J’aimerais que ces différents postes et fonctions soient plus liés et qu’on l’assume. En tout cas, c’est comme ça que c’est le plus fructueux pour moi de travailler […], parce que je travaille mieux, je donne plus et j’arrive mieux à écrire quelque chose en dialogue avec d’autres personnes. ” Une dynamique de mise en commun et d’interpénétration des différents pôles dans le processus de création dont François Chaignaud a fait une condition de sa démarche artistique. L’identité particulière de son œuvre, assurément, en est le plus beau reflet. Propos recueillis au Tripostal, Lille, le 13 janvier 2018 Benedicte Daquin
Let’s Motiv Decembre 2017
2 Novembre 2017
PERFORMANCE ! EXPOSITION AU TRIPOSTAL À l’occasion des quarante ans de sa création cette année, le Centre Pompidou a constitué partout en France un réseau d’expositions et d’événements mettant en valeur ses collections et celles de différents lieux sur le territoire, qu’ils soient publics (des FRAC, des musées) ou même privés. Au coeur de cette programmation, l’exposition montée à Lille, Performance ! Au Tripostal à Lille, tient une place particulière. En effet les pièces présentées, raisonnées par les cocommissaires Bernard Blistène et Marcella Lista, sont pour la plupart issues des collections mêmes du Musée National d’Art Moderne, et ont rarement l’occasion d’être activées et montrées. Du 6 octobre 2017 au 14 janvier 2018, c’est une très belle sélection de pièces contemporaines qui est visible au Tripostal, mais aussi tout un programme de soirées et d’événements performatifs, comme les représentations de In Plain Site par la compagnie Trisha Brown en partenariat avec l’Opéra de Lille les 2 et 3 décembre prochains, les activations répétées de l’oeuvre Tell Me de Guy de Cointet avec les performeuses originales, ou encore une chorégraphie inédite de François Chaignaud avec Brice Dellsperger le 13 janvier à partir de la dernière vidéo de ce dernier : Body Double 36, After Xanadu, présentée pour la première fois dans le cadre de cette exposition.
de l’éphémère, du hic et nunc. Le parcours se déploie en plusieurs temps, dans une conception élargie de la performance : plusieurs notions sont abordées, creusées et interrogée dans le contexte muséal : la danse, la chorégraphie, sa trace, le son, la musique, le geste social, le corps.
Rassemblant des oeuvres en rapport avec le médium chorégraphique, la première partie de l’exposition permet à des chorégraphes de rentrer au musée, non pas en produisant un travail en son sein, mais plutôt en transformant une trace, un document en oeuvre plastique. En face, des oeuvres issues du champ des arts visuels empruntant à la danse montrent que les frontières disciplinaires, en ce qui concerne la production artistique des vingt dernières années, se font de plus en plus perméables. Lily Reynaud Dewar présente I am intact and I don’t care (2013), une série de vidéos, installée dans une scénographie de papiers-peints déteints, la montrant elle teinte en noir, reprenant des danses de Joséphine Baker dans différents intérieurs, son atelier, des salles de musée, un intérieur. Elle se réapproprie un répertoire chorégraphique et le fait rentrer dans l’atelier du plasticien.
Dans la salle suivante, c’est un chorégraphe qu’on retrouve sur les écrans : William Forsythe danse à partir d’une toile de Francis Bacon (Selfportrait, 1991-1992), celle qu’il a laissé Si l’accent est placé sur le médium performance, l’exposiinachevée à sa mort. Ses gestes sont nerveux, et ses pieds tion met à profit les immenses espaces du Tripostal pour en laissent des trainées noires sur le sol blanc. La scène est questionner la matérialité, et tenter de répondre à la question éclatée sur trois écrans, captée depuis trois points de vue de la monstration d’un médium qui est, par définition, celui différents, par Peter Welz (Retranslation I, Final unfinished
portrait (Francis Bacon / « Self-Portrait » 1991-92) / Figure inscribing figure / Take 3, 2006). Plus loin, c’est un tableau vivant du plasticien Aernout Mik (Park, 2002), présentant des silhouettes aux mouvements archaïques et collectifs qui est placé en perspective avec le très fameux Water Motor, film de Babette Mangolte, qui met en scène au ralenti, en 1978, une Trisha Brown dansant son solo Watermotor. Geste post-moderne, cette chorégraphie est à la fois d’une infinie fluidité et d’une complexité fascinante, chaque partie du corps semblant être animée de façon indépendante dans une énergie constante.
Une deuxième phase de l’accrochage se concentre sur les oeuvres musicales. Si une installation de Mike Kelley, qui rassemble des objets ayant servis à une série de performances sonores entre 1977 et 1979 reste malheureusement inerte, l’oeuvre de Stan Douglas, Hors-champs (1992), quelques salles plus loin, brille d’intensité. Sur la face d’un écran un ensemble exécute un magistral morceau de free-jazz, inspiré de la Marseillaise et du Star Spangled Banner étasuniens (Spirits Rejoice – Albert Ayler, 1965), dans la recréation d’un programme télévisé en noir et blanc, à l’esthétique très sixties. Sur l’autre côté, ce sont des images de préparation, de détente qui sont montrées, inventant le temps hors-champs de cette fausse émission de télévision.
Si la vidéo a une bonne place dans l’accrochage, une attention particulière semble portée sur la diversité des objets exposés. Traces matérielles de performance (les instruments de Mike Kelley, la scénographie de Guy de Cointet (Tell me, 1979-80)), films au statut documentaire (La Ribot, Mariachi 17 (2010) ou Jérôme Bel, Véronique Doisneau (2004)), ou oeuvres plastiques utilisant le corps comme un médium (Bruce Nauman (Art Make Up (1967-68), Pierre Huyghe (Dubbing (1996)) ont chacun la part belle. Egalement, le statut du visiteur est lui-même questionné, tant c’est aussi son regard qui active, vivifie ou tisse des rapports plus ou moins intenses avec et entre les pièces. La déambulation se termine avec Data. Tron, une installation monumentale de 2007 du japonais Ryoji Ikeda. Cette oeuvre, à la fois visuelle, environnementale et sonore, se compose d’un unique grand écran, sur lequel sont projetées les images vibratoires d’une multitudes de particules, ressemblant tantôt à des pixels, tantôt à des données informatiques, qui baignent l’espace alentour d’une lumière vacillante. Travaillant les signaux numériques comme une véritable matière plastique et sonore, l’artiste produit un paysage hypnotisant, enregistrant le brouhaha du monde et plaçant finalement le regardeur dans une position contemplative. François Maurisse
Magazine mensuel belge Novembre 2017
© Centre Pompidou | Ph. Migeat
ANNIVERSAIRE
40 ans du Centre Pompidou
Une année de festivités qui se termine en beauté Pour fêter ses quarante ans, le Centre Pompidou aura essaimé tout au long de l’année dans quarante villes de France à travers pas moins de cinquante expositions des plus revigorantes. Après l’inoubliable confrontation Francis Bacon / Bruce Nauman à Montpellier et les envoûtants Mondes flottants présentés à la Biennale de Lyon (voir page 67 de ce numéro), nous vous emmenons à Lille qui, dans un rassemblement tonitruant de Performances, redonne vie aux collections du Centre Pompidou. par stéphanie dulout
exposition choc de L’été, le face-à-face Bacon/Nauman orchestré au Musée Fabre de Montpellier par Cécile Debray, conservatrice en chef des collections modernes du Centre Pompidou (devenue directrice du Musée de l’Orangerie), aura été, à n’en pas douter, l’une des réalisations les plus abouties et les plus réussies de ce déploiement hors-les-murs du sacro-saint temple de la modernité parisien.
livres, la recherche audiovisuelle”, ce centre culturel pluridisciplinaire, alors sans équivalent au monde, exhiba à travers son architecture en mouvement traversée par des tuyauteries, des ascenseurs et sa fameuse chenille d’escalators rampant sur toute sa façade transparente, cette volonté d’interpénétration des modes d’expression et de circulation de la pensée.
On y voyait ce qu’on aurait pu croire voir à Paris mais que l’on voyait ailleurs : la confrontation de tableaux, de sculptures, de néons, de vidéos et d’installations réactivant, à travers la thématique de la dissolution et de l’éreintement du corps – peints par Bacon, expérimentés et filmés en direct par Nauman –, les riches collections du Centre Pompidou.
Force est de constater que, bien qu’ayant quelque peu perdu la fluidité de sa structure originelle (que l’actuel président promet de s’attacher à retrouver), le centre a tenu ses engagements : les arts vivants, à travers une riche et audacieuse programmation de concerts chorégraphiques, spectacles-expositions, performances évolutives, et autres “expériences scéniques nouvelles”, y sont omniprésents.
Conçu à son origine “à la fois comme musée et centre de création, où les arts plastiques voisineraient avec la musique, le cinéma, les
Comme le démontrent les “mondes flottants” magnifiquement mis en scène en regard de pièces maîtresses des collections du
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À Lille, l’exposition Performances présentera entre autres les œuvres de la plasticienne et artiste multimédia canadienne Angela Bulloch. © DR
Musée d’Art moderne du Centre Pompidou à la Biennale de Lyon, l’art de la modernité est à envisager comme “espace de flux”, et c’est sans doute pour cette raison, qu’après s’être décentralisé à Metz en 2010, le Centre Pompidou voit sa quarantième année d’existence célébrée par un “anniversaire décentré” dans quarante villes de France. Point d’orgue de ces festivités, l’exposition Performances de Lille donne à voir toute la vitalité et l’audace de l’art contemporain ayant donné à l’éphémère, à l’instantané, au geste, la part belle, et osé confronter le public à “de folles expériences et de surprenants happenings” plus propices au trouble et à la déroute des sens qu’à la pure contemplation. Il n’y a pas d’art qui ne soit la libération d’une puissance de vie, pensait Gilles Deleuze. Le voici pris aux mots dans un maelström de compositions et décompositions sonores, musicales, chorégraphiques, vidéographiques, d’installations immersives ou participatives, mêlant pièces historiques et créations récentes. Des soirées subversives dadaïstes, mêlant “anti-peinture”, ballets loufoques, poèmes bruitistes et autres éructations déclarant, en pleine Première Guerre mondiale, l’apocalypse des arts de l’ancien monde, aux automutilations des Gina Pane, Jana Sterbak, Günter Brus et autres adeptes des pratiques extrêmes du body art ; des corps électriques, parades de boue ou peintures à l’arrosoir du mouvement d’avant-garde japonais Gutaï – dont l’un des membres ira jusqu’à se suspendre, enfermé dans un sac, à un arbre, en tant que “sculpture vivante” – aux fameux tableaux peints par des femmes-pinceaux d’Yves Klein ; des Peintures à piétiner ou à
réaliser (Instructions paintings) de Yoko Ono ayant fait, dès les années 1960, du spectateur, le créateur d’une œuvre modulable en devenir, un work in progress, aux éprouvantes et bouleversantes performances de Marina Abramovic, torturant son corps “pour transcender la souffrance”, des œuvres immatérielles du Gutaï (1954-1972) aux pratiques du hasard du groupe Fluxus (depuis 1961), l’Art performing est d’une richesse infinie. Art immatériel et fluctuant, n’existant que par la trace (l’empreinte photographique ou vidéographique), plaçant le corps de l’artiste, mais souvent aussi celui du spectateur, au cœur du processus créatif, et faisant de l’espace le théâtre des émotions et des distorsions, il voit ici sa force réactivée par la confrontation des “anciens et des modernes” : à la fameuse vidéo Art Make Up de 1967 de Bruce Nauman (montrant l’artiste se transformer en tableau vivant en s’enduisant de peinture) répond, quarante ans plus tard, la transcription chorégraphiée d’un Autoportrait inachevé de Francis Bacon par William Forsythe dessinant en dansant avec ses mains et ses pieds enduits de mine de plomb. Dans Present Continuous Past(s) (1974), Dan Graham invite le spectateur à entrer dans une pièce tapissée de miroirs où il est filmé à son insu avant de découvrir son image projetée sur un écran, devenant ainsi, à la fois sujet et objet de perception. De même, dans Walk the chair (2010), La Ribot met en œuvre cette mise en abyme du corps du spectateur immergée dans l’œuvre dont il devient l’acteur : invité à se déplacer au milieu d’une collection de chaises pyrogravées de citations d’écrivains, de philosophes et d’artistes, et à les déplacer afin de les lire, c’est son propre
Portrait de George Dyer dans le miroir, une toile de Francis Bacon présentée au Musée Favre de Montpellier cet été. © Museo Thyssen-Bornemisza
mouvement et son corps-à-corps avec les objets qui font l’œuvre… Une déambulation très propice au déconditionnement nécessaire à la bonne appréhension de cet art de la performance touchant, par le corps et les sens, le centre profond des émotions.
PERFORMANCE ! LES COLLECTIONS DU CENTRE POMPIDOU, 1967-2017 JUSQU’AU 14 JANVIER TRI POSTAL – AVENUE WILLY BRANDT, LILLE WWW.LILLE3000.EU
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À NOTER : Entre autres, de très nombreuses performances live programmées tout au long de l’exposition, In Plain Site par la compagnie de Trisha Brown (invitée aussi à l’Opéra de Lille) : un parcours avec cinq à sept danseurs en plein cœur de l’exposition.
ET AUSSI : Japanorama. Nouveau regard sur la création japonaise contemporaine Jusqu’au 5 mars Centre Pompidou-Metz www.centrepompidou-metz.fr
AUTOUR DE LILLE : Rodin, Brancusi, Carl André… Le socle Jusqu’au 8 janvier MUba, Tourcoing www.muba-tourcoing.fr De Picasso à Séraphine. Wilhem Uhde et les primitifs modernes Jusqu’au 7 janvier LAM, Villeneuve-d’Ascq www.musee-lam.fr
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12 Novembre 2017
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Le Centre Pompidou de Paris débarque à Lille au Tripostal avec l’exposition « Performance ! » Depuis début octobre, le Tripostal de Lille (niché à côté de la Gare Lille Flandre) expose des œuvres bien étranges, en mouvement. Le don du Centre Pompidou de Paris à l’association culturelle publique « Lille 3000 », offre une plongée dans la performance contemporaine. Une explication avec simplicité de « L’art véritable que le marché ne peut posséder et transformer », selon ses créateurs en 1950-1960, alors opposés au marché de l’art. La performance artistique, késako ? Dans l’art, la performance est un acte engagé artistiquement mais aussi souvent politiquement, qui cherche à provoquer le questionnement, la réaction et la participation du spectateur à l’œuvre. La vue, le son, le toucher, le mouvement, tous les sens sont utilisés mais la performance doit toujours avoir lieu dans un endroit et un temps précis. Une performance artistique ne peut par essence être conservée dans sa totalité, elle est dite « impossible à acheter ».
interpréter les œuvres à sa manière. Cette exposition ouverte à tous ne s’arrête pas là, puisqu’elle regorge de nombreux événements créant du lien avec la population : la venue de performeurs, des pièces de théâtre, des diffusions cinématographiques, des soirées spéciales (tous les détails ici)… Un parcours de découverte sur trois étages : le mouvement, le geste dans l’espace et le son Agrémentée de canapés très confortables signés Franz West, l’exposition « Performance ! » nous fait passer d’œuvres dénonçant le racisme, la société de consommation, le côté absurde de notre société, à des réflexions sur le travail du corps, le temps qui passe ou encore la beauté.
On commence l’exposition « Performance ! » avec une œuvre à la structure immense de Lili Reynaud Dewar, artiste féministe engagée, qui à travers la nudité et la reprise des pas de Joséphine Baker, dénonce le système contemporain. Diffu« Performance ! », quand le musée prend vie par l’art sée sur plusieurs murs, cette première œuvre impressionne Avec l’ambition de « mélanger les disciplines », selon son pré- et fait sourire. Dans l’espace réservé au son, « New Skin », sident actuel Serge Lasvigne, Le Centre Pompidou n’est pas l’œuvre de Doug Aikten en 2001 propose un court-métrage qu’un simple musée. Pilier de l’art moderne et contemporain sur la perte de la vue, projeté sur une installation figurant à Paris depuis 1977, il accueille des arts « vivants » comme justement un œil. Au fur à mesure, la jeune femme du film la performance, la musique, le cinéma, le théâtre…Pour son cherche à retenir les images. L’image devient floue et le son 40ème anniversaire, ses œuvres voyagent dans différentes augmente. Le spectateur s’approprie cette histoire, ses sens villes de France pendant un an. Ce périple se termine dans la en sont troublés. capitale des Hauts de France, une venue évidente pour «la grande terre de culture » qu’est Lille, selon sa maire Martine Aubry. Dans l’exposition « Performance ! », chacun est invité à
Ensuite, deux œuvres impressionnent par leur taille et leur originalité. Tout d’abord l’œuvre de Hans-Peter Fledmann « Shadow Play », donnée au Centre Pompidou en 2011, qui évoque le quotidien à travers une collection d’objets en tout genre. Avec des projecteurs installés dans des boîtes de toutes tailles, l’artiste stimule les souvenirs des spectateurs. Les objets de récupération vacillent et créent des ombres en mouvement, très poétiques. Cette œuvre ne semble pas définitive. Elle est tout simplement belle, rythmée et sentimentale.
Parmi toutes ces expériences atypiques, on remarque l’installation de Dan Graham en circuit fermé, qui fait autant participer le spectateur que l’artiste par le jeu de miroirs et caméras, très appréciés des petits comme des grands. N’oublions pas l’œuvre touchante de Jérôme Bel, qui nous emmène dans les coulisses des ballets de danse, à l’ombre des grandes figures de cet art, avec le film d’un spectacle inédit de la danseuse de l’Opéra de Paris Véronique Doisneau.
Notre bilan : une exposition à ne pas rater, à seulement 1 heure 15 de Paris !
Il y a également l’œuvre intrigante, reprise sur l’affiche de l’exposition. Dans une réinterprétation du film américain de 1980 « Xanadu », un homme en robe et maquillé se voit dupliqué en plusieurs personnages, qui dansent de manière élégante. Dans le film, Brice Dellsperger demande à François Chaignaud d’interpréter les nymphes du tableau, que peint le personnage principal du film. Dans différents costumes de femmes, le danseur professionnel offre à travers ses mouvements fluides et souples, une scène disco psychédélique aussi amusante qu’époustouflante.
En sortant de l’exposition, on est convaincus de cette capacité d’étonnement perpétuel et de surprise que procure l’art contemporain. Aussi, le personnel de « Lille3000 » met tout en œuvre pour que la visite de l’exposition « Performances ! » soit plaisante et riche. Au premier regard, les installations ne nous évoquent pas grand chose, mais elles deviennent passionnantes une fois que nous nous approchons d’une certaine compréhension de leur signification. Chacun aura sa propre version. « Performances ! » est aussi l’occasion de découvrir la Gare Saint-Sauveur, un espace branché et innovant. Avec tout ça, vous n’aurez plus d’excuses pour ne pas vous faire un WE culture à Lille ! Gaëlle Magnien
19 octobre 2017
Performance ! les 40 ans du Centre Pompidou au Tripostal de Lille Lille 3000 le voyage continue, tel est le slogan de cette aventure démarrée en 2004 et que ne cesse de renaître au fil des grandes thématiques choisies où l’art contemporain occupe une place majeure. On se souvient de la collection Pinault, de la Saatchi gallery, des 25 ans de la galerie Perrotin.. Pour l’heure il s’agit des 40 ans du Centre Pompidou déployés sur 2 lieux : la gare Saint-Sauveur et le Tri Postal autour des pratiques et enjeux de la Performance. Une gageure en apparence contradictoire relevée avec brio par Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne et Marcella Lista, conservatrice du Musée, tous deux commissaires. L’occasion de redécouvrir une collection unique et magistralement mise en scène dans ces vastes espaces.
2nde Partie : Performance ! au Tri Postal
Le déploiement s’organise sur les 3 niveaux de ce bâtiment devenu emblématique de la création contemporaine sous ses formes les plus innovantes. Par essence immatérielle la performance enregistrée ou photographiée avec l’accord de l’artiste, perd vite son statut de mythe. Ces traces lui donnent une réalité (re-enactment) contraire aux visées de résistance face au modèle capitaliste de l’art. Certains artistes résistent comme Xavier Leroy qui avec Scarlet Yu imagine une visite guidée où chaque visiteur transmet à un autre les mots qu’il a lui même appris faisant de l’expérience temps présent une performance collaborative qui ne laisse aucune trace. La Ribot nous invite à nous saisir de chaises pliantes en bois marquées de citations autour des notions de mouvement et de participation physique. « Walk the chair » est une incitation à devenir performeur soi-même. Le concept même d’exposition de la performance est repoussé dans ses limites dès le départ. Quelle est la place du corps de l’artiste ? Quelle est la place du corps du spectateur ? Quelle trace de la performance ? quelle reconstitution de la performance ? Quel rapport au temps entretient-elle ? Autant de questionnements traversés par la quarantaine d’œuvres choisies. Lili Reynaud Dewar avec « I’m intact and I don’t care »se met en scène nue le corps recouvert de noir dans différents espaces muséaux vides en hommage à Joséphine Baker artiste afro-américaine engagée et résistante pendant la guerre. Il s’agit aussi dans ces tableaux vivants d’interroger low et high culture, le genre, l’exclusion des minorités, la frontière entre espace domestique et espace public…
Peter Weltz et William Forsythe rendent un hommage chorégraphique au dernier tableau de Francis Bacon laissé inachevé sur son chevalet. Le danseur porte des gants et semelles enduits de poussière de graphite qui laissent alors des traces. Une fois la danse achevée, le dessin qui apparaît reproduit les formes de la toile de Francis Bacon. Dan Graham avec Present Continuous Past(s) filme le spectateur à son issue, projetant ensuite son image sur un écran avec un décalage de 8 secondes. Le spectateur devient à la fois sujet et objet. De plus cette perturbation et réflexion sur le pouvoir de la caméra de surveillance annonce de nombreuses œuvres à venir. Aernout Mik et Babette Mangolte sont mis en dialogue dans la salle suivante. Photographe de Trisha Brown Dance Company, Babette Mangolte propose à la danseuse de la filmer exécutant « Water Motor », solo réputé très difficile qu’elle apprend elle même pour en saisir toutes les subtilités. Attitude ambivalente des adultes chez Aernout Mik qui se livrent à des performances collectives au dénouement trouble et incertain. Ces corps ne font bientôt plus qu’un. Vito Acconci avec « A Tape Situation Using Running, Counting, Exhaustion »s’émancipe de la peinture et sculpture pour créer des œuvres sonores dont le matériau premier est son corps. 1er étage : Nous sommes accueillis par Pia Camil, avec « Espectacular telón », gigantesque rideau de scène constitué de toiles de coton multicolores, représentant la typographie des panneaux publicitaires. Sommes nous acteurs ou spectateurs de notre vie semble nous dire cette œuvre ? [...] Franz West, « Auditorium (1992) », l’installation se compose de 72 divans recouverts de tapis persans, seuls 24 canapés sont présentés au Tripostal. Ces divans de métal à la limite de l’inconfort, proposent ainsi au visiteur d’éprouver l’œuvre par le contact avec son corps. Grand moment de poésie avec Robert Filliou « Musique télépathique n°5» et ses 33 pupitres disposés en spirales concentriques servant de support à des cartes à jouer double face. Sur chaque tige métallique un carton reprenant des expressions courantes invitent les spectateurs à tester la télépathie. Inspirée de pratiques occultes cette œuvre dans l’influence de Fluxus joue des correspondances spirituelles. Claes Oldenburg avec Ghost Drum Set » transforme sa batterie
en silhouette molle et blanche absurde et fragile. La sculpture elle-même devenant performance. Gilles Touyard « Le piano d’après Joseph Beuys (objet de contemplation) » est un hommage à Beuys à travers cette sculpture molle de la série « Enflures ». Sarkis avec » I Love My Lulu » renvoie à l’opéra Lulu d’Alban Berg incarné par une femme fatale interprétée dans la version de Pierre Boulez par Teresa Stratas. D’une durée de 3h20, enregistrée sur bande magnétique et donnée à Sarkis qui la fait revivre insistant sur le caractère éphémère d’une performance musicale. Denis Oppenheim et la post-performance « Attempt to Raise Hell » où une marionnette à son effigie heurte chaque minute une cloche en bronze. Atmosphère pesant au bruit qui s’en dégage. Saadane Afif avec « Lyrics : Belvédère (Lyrics) et Hours (Lyrics) » invite un compositeur à « traduire » en musique ses installations antérieures. L’espace d’exposition devient une fabrique polyphonique. Ryoji Ikeda avec l’installation « Data. Tron » rejoue le bruit du monde à travers des projections d’images à très grande vitesse créant un effet de « neige vidéo »,de brouillard de pixel. Comme une méditation dynamique provocant une immersion douce dans l’œuvre. Ce pourrait être la fin de l’exposition même si un dernier volet nous attend. Dernier volet : musique et performance Stan Douglas, avec « Hors-champ » filme des musiciens de jazz avec deux caméras conjointement sauf que chaque côté de l’écran propose une version différente et que le spectateur découvre à l’arrière les rushs du montage. [...] Dense et complété par des performances live lors des Nuits du Tripostal le parcours propose de nombreuses clés de lecture autour de ces territoires élargis de la performance encouragés par l’apparition de la vidéo et des arts numériques. Ce qui entraine pour les lieux habituels de l’art un véritable questionnement quand à l’influence de l’architecture et du contexte spatial sur la réception de telles œuvres. C’est l’un des mérites de cette ambitieuse perspective que l’on peut aborder par le biais théorique et évolutif de l’histoire des arts visuels ou de l’imaginaire pur.
Marie-Elisabeth de La Fresnaye
13 Octobre 2017
ET, ACTION ! LE CENTRE POMPIDOU S’EXPORTE À LILLE EN VIDÉOS 120 000 œuvres sont conservées dans les réserves du Centre Pompidou. Bien évidemment, impossible de tout voir dans ses expositions permanentes et temporaires ; c’est pourquoi on a particulièrement apprécié l’idée de célébrer son 40ème anniversaire à travers des dizaines de présentations partout en France, durant toute l’année 2017. Cet automne, cap sur Lille pour avoir un bel aperçu des collections d’art vidéo et de performances : au Tripostal et à la Gare Saint-Sauveur, les deux parcours invitent le visiteur à s’attarder devant toutes sortes de spectacles – des jeux d’enfants (Francis Alÿs), de la danse (Jérôme Bel), du skate (Raphaël Zarka), de la musique (Ryogi Ikeda)… Un pari réussi. image_preview À deux pas de la gare Lille-Flandres, alors que vous avez à peine le temps de sentir l’air frais du nord en sortant du train, les espaces colorés du Tripostal vous attendent de pied ferme. Ici, l’art contemporain est une chose sérieuse, toujours présenté avec gourmandise dans de très grandes et hautes salles (idem à la Gare Saint-Sauveur, puisque dans les deux cas nous nous trouvons dans des friches reconverties). Ici, une cinquantaine d’œuvres décline les sens de la « performance » sous toutes ses formes. C’est d’abord celle de Lili Raynaud Dewar, qui s’amuse sur trois écrans à représenter la légèreté virevoltante de Joséphine Baker, nue, fleurie. Puis c’est celle, vive et gracile, de la danseuse Trisha Brown devant la caméra de Babette Mangolte, quelques mètres après les contorsions sur fond blanc de
William Forsythe sous les yeux de l’artiste Peter Welz. Voici le premier tome de cette grande histoire de la performance, et, d’emblée, le meilleur : la danse
À l’étage, place aux failles. On se plonge dans les regards troublés et troublants de torreadors portugais, photographiés au sortir de l’arène par la géniale Rineke Dijkstra en 1994 – ici, la performance vient d’avoir lieu. Puis dans celui, fragile, de la danseuse Véronique Doisneau, invitée par le chorégraphe Jérôme Bel à s’emparer de la scène de l’Opéra de Paris pour y raconter son expérience de danseuse discrète, fondue dans la masse du corps de ballet. On perd un peu la tête devant les manèges de bric et de broc de Hans-Peter Feldman, qui a installé sur une table munie de projecteurs des assemblages d’objets divers tournant sur eux-mêmes : le spectacle est moins sur la table que sur le mur d’en face, où les ombres virevoltent en chœur. capturée pour l’éternité par des artistes contemporains, où le corps répond au support.
Dans l’escalier, tendez l’oreille : l’artiste Claude Closky a enregistré et monté ensemble toutes les injonctions que l’on peut entendre dans les publicités et à la radio, « Vivez en direct la finale (…) Redécouvrez (…) Choisissez (…) », et on en passe. Précise, politique, cette œuvre sonore nous donne des envies de mouvements ! Si vous avez encore faim, direction la Gare Saint-Sauveur où une vingtaine de vidéos complète le panorama de la collection Nouveaux Médias du Centre Pompidou (le commissariat est assuré par la brillante Marcella Lista). On s’attardera notamment devant les vidéos de jeux d’enfants enregistrées par Francis Alÿs aux quatre coins du monde, quitte à frissonner un peu devant la facilité qu’ont les mômes à se saisir d’insectes pour les torturer – beurk. En déambulant, gare à vos pieds, ils pourraient s’emmêler dans les 6000 kilomètres de fil accumulés sur le sol par l’artiste Cildo Meireles. À moins que vous ne vouliez rester là pour toujours… Auquel cas, vous ne risqueriez pas de vous ennuyer, entouré de vidéos de toutes sortes – et la plupart, captivantes. Maïlys Celeux-Lanval
JEUX, RITUELS & RÉCRÉATIONS 07 SEPT 2017 05 NOV 2018 GARE SAINT SAUVEUR, LILLE
17 octobre 2017
Performance ! les 40 ans du Centre Pompidou à la Gare Saint Sauveur de Lille Lille 3000 le voyage continue, tel est le slogan de cette aventure démarrée en 2004 et que ne cesse de renaître au fil des grandes thématiques choisies où l’art contemporain occupe une place majeure. On se souvient de la collection Pinault, de la Saatchi gallery, des 25 ans de la galerie Perrotin.. Pour l’heure il s’agit des 40 ans du Centre Pompidou déployés sur 2 lieux : la gare Saint-Sauveur et le Tri Postal autour des pratiques et enjeux de la Performance. Une gageure en apparence contradictoire relevée avec brio par Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne et Marcella Lista, conservatrice du Musée, tous deux commissaires. L’occasion de redécouvrir une collection unique et magistralement mise en scène dans ces vastes espaces.
1ère Partie : Des jeux de l’enfance aux rituels de domination adultes à la Gare Saint Sauveur
Le parcours dans une semi-pénombre offre une plongée dans les images spectaculaire et immersive. Les 6000 kms de fil en coton noir de l’œuvre de Cildo Meireles dans lesquels on se prend les pieds, nous tendent un piège et appellent au discernement. Intitulée « la Bruja »la sorcière se déploie différemment selon chaque contexte d’exposition. On découvre à la fin du parcours le balais objet chargé de force primitive et mythique, épicentre énergétique de l’installation. Sur fond des « Children’s Games » de Francis Alÿs, tour du monde des territoires de l’enfance qui s’inscrivent coute que coute dans des contextes contraires ou défavorables (zones de conflit en Irak), d’une grande poésie. Cette fresque devient le support de notre imaginaire. Traversée des possibles avec Pipilotti Rist « à la belle étoile »installation à même le sol doublée d’une musique Pop dans un dédale de couleurs acidulées, la question du corps et d’une perte de repères est engagée. Natacha Nisic avec « Catalogue de gestes », œuvre en continu autour de la répétition muette et en gros plan de ses mains, interroge la mémoire et le visible. Le visage de Maïder Fortuné apparaît dans ce temps de l’enfance fantasmé de la petite fille qui saute à la corde, même si son visage seul est dévoilé dans un long plan séquence au ralenti. Puis Apiochatpong Weerasethakul et Christelle Lheureux avec « Ghost of Asia »tourné sur une plage thaïlandaise après le tsunami de 2004 nous disent la faculté d’adaptation des enfants à évacuer le traumatisme pour laisser place à l’imaginaire. Même sentiment avec les images de Mireille Kassar tournées sur la place d’Ouzaï dans la banlieue de Beyrouth au sein d’un camp de réfugiés palestiniens ces enfants jouant dans les vagues malgré le contexte d’exil et d’enfermement.
17 octobre 2017
Performance ! les 40 ans du Centre Pompidou à la Gare Saint Sauveur de Lille Lille 3000 le voyage continue, tel est le slogan de cette aventure démarrée en 2004 et que ne cesse de renaître au fil des grandes thématiques choisies où l’art contemporain occupe une place majeure. On se souvient de la collection Pinault, de la Saatchi gallery, des 25 ans de la galerie Perrotin.. Pour l’heure il s’agit des 40 ans du Centre Pompidou déployés sur 2 lieux : la gare Saint-Sauveur et le Tri Postal autour des pratiques et enjeux de la Performance. Une gageure en apparence contradictoire relevée avec brio par Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne et Marcella Lista, conservatrice du Musée, tous deux commissaires. L’occasion de redécouvrir une collection unique et magistralement mise en scène dans ces vastes espaces.
1ère Partie : Des jeux de l’enfance aux rituels de domination adultes à la Gare Saint Sauveur
Dure traversée de l’adolescence et apprentissage de l’âge adulte avec Cameron Jamie et ces jeux de catch clandestins de jeunes américains dans les quartiers urbanisés. Cette violence palpable qui répond au culte de la performance d’une société dont ils se sentent exclus entre rite de passage et folklore grunge rock. Latoya Ruby Frazier avec « Momme Portrait Series »décrit un dialogue compliqué avec sa mère tourné en circuit fermé comme pour décrire les projections impossibles de l’enfance. Salla Tykkä avec « Lasso » nous offre un conte où deux personnages ne se rencontrent jamais mais la jeune femme se plaçant en position de spectateur devant le corps svelte d’un jeune homme qui s’entraîne au lasso interpelle nos pulsions voyeuristes. Mark Leckey revient sur l’épisode des free parties sous l’Angleterre Thatcher et le phénomène extrême du hardcore comme outil de revendication politique et sociale.
Le parcours dans une semi-pénombre offre une plongée dans les images spectaculaire et immersive. Les 6000 kms de fil en coton noir de l’œuvre de Cildo Meireles dans lesquels on se prend les pieds, nous tendent un piège et appellent au discernement. Intitulée « la Bruja »la sorcière se déploie différemment selon chaque contexte d’exposition. On découvre à la fin du parcours le balais objet chargé de force primitive et mythique, épicentre énergétique de l’installation. Sur fond des « Children’s Games » de Francis Alÿs, tour du monde des territoires de l’enfance qui s’inscrivent coute que coute dans des contextes contraires ou défavorables (zones de conflit en Irak), d’une grande poésie. Cette fresque devient le support de notre imaginaire. Traversée des possibles avec Pipilotti Rist « à la belle étoile »installation à même le sol doublée d’une musique Pop dans un dédale de couleurs acidulées, la question du corps et d’une perte de repères est engagée. Natacha Nisic avec « Catalogue de gestes », œuvre en continu autour de la répétition muette et en gros plan de ses mains, interroge la mémoire et le visible. Le visage de Maïder Fortuné apparaît dans ce temps de l’enfance fantasmé de la petite fille qui saute à la corde, même si son visage seul est dévoilé dans un long plan séquence au ralenti. Puis Apiochatpong Weerasethakul et Christelle Lheureux avec « Ghost of Asia »tourné sur une plage thaïlandaise après le tsunami de 2004 nous disent la faculté d’adaptation des enfants à évacuer le traumatisme pour laisser place à l’imaginaire. Même sentiment avec les images de Mireille Kassar tournées sur la place d’Ouzaï dans la banlieue de Beyrouth au sein d’un camp de réfugiés palestiniens ces enfants jouant dans les vagues malgré le contexte d’exil et d’enfermement.
Neïl Beloufa à partir de la fiction narrative puisée dans l’animisme et l’Afro futurisme et leur possible distorsion repousse les limites communément admises du documentaire. Ed Atkins et son avatar virtuel nous plonge dans les dérives sombres d’un monde entièrement numérique. Ses incursions dans la poésie ajoutent une touche romantique post-apocalyptique. Danse, chorégraphie, langage sonore, pratiques corporelles, voix polyphoniques, happenings (ateliers de Claudia Triozzi pour l’Hôtel Europa pas très convaincants) les territoires habituels de l’art étant contaminés par la performance en différents points de fuite et échos inédits, nous pouvons aborder le second volet du panorama au Tri Postal. Marie-Elisabeth de La Fresnaye
Wéo Nord Pas de Calais 29 Septembre 2017 3 minutes 30
« Trois thèmes importants, celui de l’enfance, de l’adolescence et de l’imaginaire de l’adulte » « Nous invitons les familles à venir avec leurs enfants, c’est très ludique » Sylvie Douala-Bell Chargée de projets pour le centre Pompidou
nord pas-de-calais picardie
19/20 10 septembre 2017
Samedi 9 Septembre 2017 Lille Métropole
La copie, la reproduction et la diffusion sont soumis aux droits d’auteurs et nécessitent une déclaration préalable, conformément aux dispositions du code de la propriété intellectuelle. (Art L.335-2 et L.335.3)
Samedi 9 Septembre 2017 Lille Métropole
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ration préalable, conformément aux dispositions du code de la propriété intellectuelle. (Art L.335-2 et L.335.3)
Ça fait toujours plaisir, une nouvelle expo à la gare Saint-Sauveur. C’est toujours l’occasion d’aller y flâner un après-midi, pluvieux ou non. Pour cet automne, Lille3000 a concocté une expo autour du jeu, en collaboration avec le Centre Pompidou. Visite guidée. On vous explique. Cette année, le Centre Pompidou célèbre ses 40 ans d’existence. Pour fêter ça, se sentant généreux, le centre a décidé de s’exporter à droite à gauche en France. Il faut dire qu’il peut partager quelques unes de ses 140 000 œuvres sans se sentir tout nu. A Lille, il prête deux expos : l’une à Saint-Sauveur, qu’on peut déjà visiter, et une qui sera visible au Tri Postal dès le 6 octobre. Les œuvres de la vingtaines d’artistes exposés à Saint-So sont donc toutes issues du Centre Pompidou. Et sont essentiellement vidéographiques. Des jeux d’enfant, des jeux d’adultes, des pauses récréatives… Les œuvres abordent toutes à leur manière ce rapport que le jeu et le ludique entretiennent avec le temps, ce que les hommes du monde entier font de leur temps libre. Quels rituels reviennent chaque jour, quels moments restent uniques. Il est parfois difficile de rentrer dans une oeuvre vidéo. Heureusement pour vous, à Saint-Sauveur, depuis longtemps, il existe des médiateurs, qui se promènent dans l’exposition et qui sont là pour vous expliquer telle ou telle installation. Il ne faudra pas hésiter lorsque vous ne comprendrez pas le propos de l’artiste.
Et puis il y a cette oeuvre un peu hallucinante, qui s’étend sur tout le plateau de l’exposition. La gare Saint-Sauveur est une grande habituée des œuvres démesurées, mais là il faut avouer que celle là fait son petit effet. Appelée La Bruja (la sorcière), la création du brésilien Cildo Meireles est tout à fait canon. Dès l’entrée, on la remarque. De longs fils de coton noir qui viennent du plafond pour former une toile d’araignée géante. Puis le visiteur, lorsqu’il s’enfonce dans l’expo, réalise que l’espèce de tapis noir sur lequel il marche, que ce qui pend des colonnes de ciment du bâtiment, est en fait un gigantesque nœud de ces mêmes fils noirs. Plus il remonte l’expo, plus il y en a. Jusqu’à arriver, tout au bout, dans une pièce à part, à l’origine de ces amas de coton : un balai, posé dans un coin. Aussi simple est efficace que ça. Et vraiment à voir. L’exposition Jeux, rituels et récréations se tient à la Gare Saint-Sauveur jusqu’au 5 novembre. Comme tout à Saint-Sauveur (sauf la bière), elle est gratuite, et ouverte du mercredi au dimanche de midi à 19 heures. Le site internet qui va bien : Gare Saint-Sauveur.
Lucie Delorme
Jeudi 7 septembre 2017
opie, la reproduction et la diffusion sont soumis aux droits d’auteurs et nécessitent une déclaration préalable, conformément aux dispositions du code de la propriété intellectuelle. (Art L.335-2 et L.335.3)
nord pas-de-calais 5 septembre 2017 - 16H 22 minutes
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