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Double stratégie pour une mobilité réussie
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Chez Elia, la mobilité n’est pas un vain mot. Bien avant l’introduction du cadre légal du budget mobilité, l’entreprise mettait en place sa propre stratégie en la matière. Une politique qui a déjà montré de beaux résultats et a même permis à Elia de remporter le link2fleet mobility award en octobre dernier. Marie Van den Hove et André Simonart nous ont reçus dans leurs bureaux pour nous exposer cette stratégie gagnante.
par Damien Malvetti
»C’est sur le Boulevard de l’Empereur à Bruxelles qu’Elia a installé ses quartiers dans un bâtiment résolument moderne et accueillant. Un lieu qui n’est pas aisément accessible en voiture, mais qui occupe une position stratégique à quelques pas seulement de la gare Centrale. « C’était une volonté dès le départ d’installer nos bureaux à proximité d’une gare afin de pousser nos collaborateurs à opter pour autre chose que la voiture individuelle. C’est pourquoi nous disposons aussi de 8 voitures de pool et de 40 vélos de pool de toutes sortes (électriques, pliables, etc.), qui sont mis à la disposition du personnel. », expose d’emblée Marie van den Hove, Compensation & Benefits Manager.
Car chez Elia, la mobilité est une préoccupation majeure depuis de nombreuses années déjà. « Nous travaillons sur cette problématique depuis 2013 et avons accéléré le processus ces dernières années avec notre projet ‘Orange is the new Green’ qui fixe un objectif de 75 % de nos déplacements neutres en carbone d’ici à 2025. » Notez qu’Elia souhaite rendre l’ensemble de ses activités neutres en carbone d’ici à 2030. La mobilité n’est donc que l’un des volets d’une grande stratégie de durabilité, mais un volet d’importance puisqu’Elia compte près de 1.600 collaborateurs dont la moitié est éligible à recevoir une voiture de société. Elia, ce sont 5 sites administratifs et 6 services centers répartis sur tout le pays, mais aussi 450 véhicules de service en plus des voitures de société.
Stratégie propre et budget mobilité
63 % de déplacements 0 émission
La stratégie en matière de mobilité se base sur 3 piliers :
1. Éviter/réduire les besoins en mobilité,
2. Stimuler le changement vers une mobilité alternative à la voiture et partagée et 3. Opter pour une mobilité verte. « Via le premier pilier, nous encourageons fortement le télétravail, l’usage de bureaux satellites et nos investissements dans la digitalisation » reprend Marie van den Hove. « Le pilier 2 promeut les transports publics et la mobilité multimodale. Le vélo occupe une place centrale dans ce pilier, qu’il s’agisse d’un vélo personnel ou de la mise à disposition de vélos de pool sur nos différents sites pour permettre à nos collaborateurs de les tester et de les utiliser pour leurs déplacements durant la journée. Enfin, le troisième pilier (mobilité verte) comprend la stratégie d’électrification de notre flotte et notre plan vélo lancé en 2021. »
Elia a aussi introduit le budget de mobilité sur base du cadre légal fin 2021, mais en ne proposant que les piliers 2 (mobilité alternative) et 3 (montant cash).
« C’était un passage indispensable pour conserver notre compétitivité sur le marché du travail », indique Marie van den Hove. « On recevait de plus en plus de demandes de collaborateurs qui ne souhaitaient plus de voiture de société. Et aujourd’hui, le fait de proposer ce budget de mobilité devient un atout pour attirer de jeunes cadres qui sortent de l’université parce qu’ils sont très attachés aux enjeux environnementaux. »
Et André Simonart, Mobility Manager, de poursuivre :
« Les gens ont parfois de la frustration de recevoir une voiture qui ne correspond pas à leurs besoins. Parce qu’ils ont déjà une grande voiture dans le ménage par exemple. En optant pour le budget mobilité, ils peuvent mieux optimiser leur mobilité en fonction de leurs besoins. Par exemple en prenant une voiture plus petite et en gardant du budget pour louer un cabriolet ou un van aménagé pour les vacances. Tout cela payé par l’employeur. »
Et les résultats parlent d’eux-mêmes : aujourd’hui, 63 % des déplacements des collaborateurs sont déjà neutres en carbone, alors que le target est fixé à 75 % d’ici à 2025. Parmi les succès à pointer du doigt : en 2022, 18 collaborateurs ont pris un vélo en complément de leur voiture de société (12 % des commandes), 90 cadres ont déjà accepté d’abandonner leur voiture de société pour entrer dans un budget de mobilité et 84 % des commandes de nouveaux véhicules étaient des modèles 100 % électriques l’an dernier. « Dorénavant, les nouvelles commandes ne peuvent plus concerner que des voitures full électriques », intervient Marie. « Pour lever un maximum de freins, nous avons ouvert le choix à toutes les marques et tous les modèles disponibles sur le marché. Nous prenons à notre charge le coût et l’installation de la borne de recharge à domicile parce que le but est qu’elle devienne le point de charge principal du véhicule, étant donné notre politique de télétravail qui permet à nos collaborateurs de travailler maximum 3 jours par semaine depuis leur domicile. Ceux qui roulent en hybride ont l’obligation de recharger puisqu’ils doivent parcourir 70 % de leurs trajets en mode électrique. »
Les clés du succès
Si le déploiement de la flotte électrique et l’adoption du budget de mobilité sont des succès chez Elia, c’est parce qu’il s’agit avant tout du travail d’une équipe. Marie van den Hove est ainsi soutenue dans son travail par André Simonart et Jennifer Van der Elst (Compensation & Benefits Specialist), en congé maternité lors de notre reportage. Mais aussi de toute une entreprise.
« Le lancement d’une politique de mobilité doit s’inscrive dans la stratégie globale de l’entreprise. Ce ne sont pas seulement les départements RH, Facilities ou Fleet Management qui doivent s’y atteler, il faut que cela vienne de tous les départements », expose André Simonart, qui a aussi investi beaucoup de temps en entretiens individuels avec des collaborateurs.
« Proposer un budget de mobilité, ce n’est pas du tout comme donner une voiture de société », poursuit-il.
« Les besoins de chaque individu et de chaque famille sont différents et les possibilités sont multiples. Avant toute chose, il faut donc passer du temps à expliquer toutes les possibilités à chaque collaborateur. Par exemple : les vélos cargo, les voitures partagées, etc. Beaucoup de ces solutions sont encore très méconnues aujourd’hui. Nous faisions cela via des rendez-vous individuels avec chacun pour trouver la solution idéale. Au début, il s’agissait vraiment d’un travail sur mesure pour chaque collaborateur.
Aujourd’hui, grâce à notre expérience, nous avons pu standardiser les situations et les demandes. Mais expliquer à nos collaborateurs le concept du budget de mobilité et leur faire comprendre les avantages qu’ils peuvent en tirer demande beaucoup de temps et d’énergie. »
Santé, environnement et temps
Pour faciliter ce « change management », André Simonart base sa stratégie sur les trois problématiques par lesquelles les employés d’Elia se sentent généralement concernés. « On a remarqué que nos collaborateurs étaient souvent attentifs à trois choses : la planète, la santé ou le temps. En fonction de la sensibilité de chacun pour une de ces trois thématiques, j’avance une argumentation et une solution adaptée. Quand il s’agit de santé par exemple, on leur fait comprendre que venir travailler à vélo est bon pour leur santé et que ces quelques minutes à vélo leur éviteront de se rendre dans une salle de fitness pour avoir leur dose quotidienne. C’est donc aussi un gain de temps ! »
« En ce qui concerne le temps, justement, on cherche la solution ou l’ensemble de solutions qui leur permettra de rester le moins possible coincé dans les embouteillages. Avec le vélo par exemple, on sait quand on part et quand on arrive. Avec la voiture, c’est autre chose puisqu’il y a toujours un risque de tomber dans un embouteillage. Enfin, la sensibilité pour la planète est quelque chose de plus ou moins inné chez nos collaborateurs. La préservation de la planète fait par-
Elia en quelques mots
Elia est le gestionnaire du réseau électrique à haute-tension en Belgique, dont la mission est de s’assurer que le réseau soit toujours en équilibre pour éviter un black-out électrique. Elia gère le transport de cette électricité entre les producteurs et les distributeurs, qui se chargent ensuite d’alimenter les PME et les particuliers tie de l’ADN d’Elia et en s’engageant chez nous, les collaborateurs font déjà un premier pas dans ce sens. »
« Avec le budget de mobilité, les collaborateurs se rendent aussi mieux compte de la valeur de ce qu’on leur donne car ils voient le budget auquel ils ont droit et ils gèrent eux-mêmes leur propre budget pour leurs déplacements. En termes de compensation & benefits, c’est beaucoup mieux que de leur donner une voiture. Et en plus, ils ne paient pas d’ATN sur leur budget de mobilité », ajoute Marie.
Résistance au changement
Bien sûr, chez Elia comme ailleurs, il y a toujours des personnes réticentes au changement. « Avant, tout le monde ne jurait que par la voiture individuelle. Le Covid est passé par là et a aidé à mettre en place le changement. Mais les gens ne voient pas toujours tous les avantages dont ils peuvent bénéficier en modifiant leur mobilité », indique Marie van den Hove. « Pour les convaincre, on travaille beaucoup sur la communication, via notre intranet, via des webinaires internes, des événements et sur les échanges entre collaborateurs. On essaie de travailler avec des ‘ambassadeurs’. Par exemple : on demande aux personnes qui sont parties en vacances avec leur voiture électrique de raconter leur voyage à leurs collègues. Ca permet de les rassurer. Aujourd’hui, les réticents d’hier sont les premiers à nous remercier de les avoir poussés à voir les choses autrement », se félicite Marie.
Et le meilleur moyen pour faire adopter des solutions de mobilité aux collaborateurs, c’est de les leur faire essayer. Ainsi, durant la semaine de la mobilité, des tests de vélos et de voitures électriques sont notamment proposés au personnel.
« Le budget de mobilité est le meilleur outil que le législateur ait mis en place ces dernières années pour booster le marché de l’emploi », termine André Simonart, convaincu. n