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Des microcars pour des microdéplacements
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Elles
s’appellent Silence, Microlino, AMI ou encore Yoyo. Elles font moins de 3 mètres et sont équipées d’un petit moteur électrique et d’un espace de chargement. Elles, ce sont les microcars. Répondant aux besoins de mobilité urbaine zéro émission, elles comptent bien envahir les centres-villes.
par Damien Malvetti
Souvenez-vous : en 2011, Renault étonnait tout le monde en présentant fièrement sa Twizy. Une petite voiture électrique bridée à 45 km/h taillée pour les déplacements en ville et pouvant accueillir, au-delà du conducteur, un passager. Le concept était original, mais le succès n’a pas été franchement au rendez-vous. Entre 2011 et 2020, seuls 25.000 exemplaires se sont écoulés.
Et si, comme ce fut le cas pour plusieurs de ses productions du début des années 2000 (Vel Satis, Wind, Avantime, etc.), la marque au losange avait finalement été visionnaire, mais avait sorti son produit fini un peu trop tôt ? Car aujourd’hui, dans un contexte où les solutions de mobilité alternative se développent et où les voitures thermiques tendent à être exclues des centres urbains, le concept de la mini voiture électrique prend tout son sens pour les déplacements de courte distance en ville.
Si Renault a stoppé la production de sa Twizy, ces derniers mois, d’autres acteurs font leur apparition sur ce marché. Qu’il s’agisse de constructeurs bien connus ou de nouvelles sociétés spécialisées.
L’AMI des villes
La première à avoir été lancée sur notre marché voici près de 3 ans, c’est l’AMI de Citroën, également déclinée sur certains marchés dans la gamme Opel sous le nom de Rocks-e.
Derrière son look peu… conventionnel, l’AMI est un véhicule 2 places côte à côte - contrairement à la Twizy qui proposait ses 2 places en tandem - équipé d’une batterie de 5,5 kWh dont l’autonomie annoncée est de 75 km pour une vitesse maximale de 45 km/h. Elle peut être chargée en seulement 3 heures sur une prise de courant domestique 220V.
L’intérieur et l’équipement sont rudimentaires, le confort n’est pas à son plus haut niveau, mais l’AMI affiche un côté gadget qui plaît visiblement beaucoup. En seulement 2 ans de commercialisation, la mini Citroën a dépassé le cap des 23.000 commandes mondiales. Une version Buggy, sorte de clin d’œil à la Citroën Mehari d’époque, a même été commercialisée l’an dernier en édition limitée, et une version MY AMI Cargo, équipée d’un seul siège et d’un espace de chargement de 0,4 m3, a été ajoutée de façon permanente au catalogue pour répondre au besoin du secteur du transport de marchandises.
L’AMI peut en plus être commandée facilement en quelques clics en ligne et affiche un tarif exceptionnellement bas : à partir de 7.790 euros.
Microlino, l’Isetta moderne
Si l’AMI a fait cavalier seul pendant un peu plus de 2 ans, elle va dorénavant devoir composer avec une rude concurrence. Le Salon de l’Auto de Bruxelles a été l’occasion pour de nombreux acteurs de lancer leur solution en la matière.
Group Mobility Solutions y a présenté la petite Microlino, créée par le groupe suisse Micro Mobility Systems et importée chez nous par le groupe D’Ieteren. Assemblée à Turin, la Microlino n’est pas sans rappeler la mythique Isetta des années 50, avec sa portière unique située à l’avant. Elle est capable d’embarquer 1 passager et 230 litres de bagages. « Malgré son format compact, la Microlino affiche un espace intérieur généreux, où deux adultes de grande taille peuvent aisément prendre place », assure Vincent Struye, Managing Director de la marque en Belgique.
Grâce à un choix de trois batteries de capacités différentes et son poids plume (500 kg), l’autonomie de la Microlino oscille entre 90 et 230 km. Sa vitesse maximale est de 90 km/h.
« La Microlino séduit par son côté “trendy” électrique, son look sympathique et sa technologie moderne complètement en phase avec l’évolution de la mobilité urbaine et branchée. Nos clients sont connectés et c’est donc en toute logique que nous leur offrons un service online, en ce compris pour la vente de nos modèles. Un showroom est toutefois accessible dans les bâtiments D’Ieteren de la rue du Mail à Bruxelles, mais le véhicule peut être directement livré à l’adresse du client. »
Son prix est par contre 2 fois plus élevé que la concurrente française : à partir de 14.900 euros.
Un Silence qui pourrait faire du bruit
Sur le stand du groupe Astara à Bruxelles, les visiteurs ont pu découvrir une autre microcar : la Silence
S04, produite et assemblée à Barcelone. La spécificité de cette voiturette ? Elle est équipée de 2 batteries qui peuvent être interchangées à tout moment et qui sont faciles à déplacer, puisque présentées sous forme de trolley.
Sous son look résolument moderne, la S04 propose aussi une place pour un passager et un coffre de 247 litres. Elle se recharge en 6 heures sur une prise normale et offre une autonomie de 150 km. Deux versions de la voiture sont disponibles, avec une vitesse maximale au choix de 45 km/h ou 85 km/h.
Côté tarif, la Silence S04 se négocie à partir de 16.285 euros, soit quasi le prix de base d’une Dacia Spring, la petite citadine 100 % électrique de Dacia.
Un Yoyo très coloré
Concessionnaire Subaru du côté de Hasselt, V.J.B. Motors a aussi présenté à Bruxelles son nouveau jouet, ou plutôt son nouveau Yoyo, puisque tel est le nom de la microcar qu’il importe. Fabriqué par la marque italienne XEV, ce Yoyo arbore un design très coloré et des inserts de portes qui ne sont pas sans rappeler la Twizy, alors que ses lignes générales ont un petit quelque chose de la smart d’origine.
La XEV Yoyo est une biplace avec un coffre de 180 litres. Ici aussi, les batteries de 10,3 kWh sont interchangeables - il faut toutefois se rendre dans une station adaptée - et permettent à la voiture une autonomie totale de 150 km, et une vitesse maximale de 80 km/h. La recharge se fait en seulement 4 heures.
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Pas tout à fait des voitures
En réalité, ces engins ne sont pas considérés comme des voitures aux yeux de la loi. Sous la dénomination de « quadricycle léger à moteur », ils entrent en fait dans la catégorie des cyclomoteurs, comme les Aixam et autres voitures sans permis. Mais, en Belgique, le conducteur de l’AMI doit tout de même disposer d’un permis cyclomoteur de catégorie AM, accessible à partir de 16 ans.
On pourrait donc résumer en disant qu’il s’agit de cyclomoteurs électriques équipés d’un habitacle fermé. Bien que certaines affichent une vitesse maximale supérieure à 70 km/h, ces ‘microcars’ sont interdites sur nos autoroutes.
La Yoyo est commandable directement en ligne selon un tarif qui débute à 15.770 euros.
Twizy 2.0 et bien d’autres
Avec ces différents modèles, voilà le marché des microcars bien lancé chez nous. Et ce n’est qu’un début puisque d’autres acteurs pourraient encore débarquer, à l’image de la petite Nimbus One. Ou faire leur retour, comme Renault qui, via Mobilize, sa marque de nouvelle mobilité, devrait prochainement commercialiser la Mobilize Duo, une réinterprétation moderne de la Twizy destinée à la mobilité partagée.
Quel usage pour les entreprises ?
Le car-sharing en milieu urbain, voilà bien un des usages de ces microvoitures pour les entreprises. Mais il y en a bien d’autres. Leur motorisation électrique en fait le véhicule idéal pour circuler en ville en mode 0 émission, et ainsi véhiculer une image durable de votre société. Elles peuvent par exemple servir de support publicitaire pour faire la promotion d’une marque, d’une société ou d’un produit via un flocage adapté.
Elles peuvent tout aussi bien servir de voitures de pool, par exemple pour effectuer de petits trajets intramuros au sein d’entreprises dont les sites sont déployés sur une grande surface ou sur deux sites, distants de quelques kilomètres par exemple.
Les microcars peuvent aussi être mis à disposition d’une entreprise pour permettre à ses collaborateurs d’effectuer facilement leurs déplacements domicile-lieu de travail, où servir de moyen de transport urbain à des organismes publics tels que des administrations, des zones de police, etc. À condition évidemment que la distance et les routes à emprunter le permettent. Elles constituent en ce sens une excellente alternative zéro émission aux petites citadines, à l’heure où, plusieurs d’entre-elles, ont disparu des catalogues des constructeurs (Citroën C1, Peugeot 108, etc.)
Et puis, comme la MY AMI CARGO, elles peuvent aussi servir pour le last-mile delivery de marchandises dans les centres-villes puisque toutes sont aussi équipées d’un petit espace de chargement. n
Alain Visser - CEO Lynk&Co
En à peine 5 ans d’existence - et moins de 2 ans chez nous -, Lynk&Co a réussi à se créer un nom sur le marché automobile. Avec son concept de location « on demand », la marque chinoise membre du groupe Geely veut révolutionner le secteur et faire passer les utilisateurs d’un monde de propriété à un monde basé sur l’usage. À l’occasion de l’ouverture du 10e club de Lynk&Co à Milan, nous avons pu nous entretenir avec le patron de la marque, le Belge Alain Visser.
par Damien Malvetti
»Belge d’origine, Alain Visser dispose d’un très beau parcours dans le monde automobile. ExFord, GM et Volvo, l’homme ne mâche pourtant pas ses mots lorsqu’il parle du secteur dans lequel il évolue depuis toujours. « L’industrie automobile n’a pas évolué depuis 50 ans. On parle sans cesse de durabilité, mais le seul élément qui soit sustainable dans ce secteur, c’est l’électrification. Cela tout en restant un sujet complexe et tabou, car une voiture électrique n’est pas toujours 100 % durable si on regarde l’ensemble du processus. L’automobile est, selon moi, l’une des industries les plus non efficientes de notre planète. » à la demande, ce qui vous permet de stopper le contrat à tout moment. Le tout pour un montant mensuel fixe très bas (550 euros) lié à une plateforme qui permet de sous-louer sa voiture à d’autres utilisateurs lorsque vous ne l’utilisez pas vous-même. Simple, économique et efficace !
Convaincu que le marché automobile tel qu’il se présente aujourd’hui ne répond plus notamment aux besoins des consommateurs, il a donc décidé, voici maintenant 5 ans, de lancer une toute nouvelle marque baptisée Lynk&Co.
« Une voiture doit être connectée avant d’être puissante »
Le concept est simple : une voiture (la Lynk&Co 01), disponible en 2 coloris et sans option disponible (tout est de série), proposée soit à l’achat, soit à la location
« Notre modèle est basé sur 3 tendances », reprend Alain Visser. « D’une part, le passage de la propriété à l’usage. On voit de plus en plus cette tendance à la dématérialisation en Europe, aux USA et en Chine : les gens ont moins d’attachement à leurs possessions. Ils ne considèrent plus comme nécessaire le fait de posséder leur véhicule. Seconde tendance : la mobilité sera toujours un besoin primordial chez l’homme. Mais aujourd’hui, tout se fait autour de la connectivité. Regardez lorsque vous allez au restaurant avec partenaire, n’avez-vous pas votre smartphone à portée de main ? Une voiture moderne se doit donc d’être connectée. C’est cela qui compte pour la nouvelle génération, bien plus que le nombre de chevaux sous son capot. La troisième tendance, c’est qu’enfin nousprincipalement les jeunes - nous inquiétons pour notre planète. Une entreprise se doit donc d’être durable si elle veut conserver son personnel. Lynk&Co n’est certainement pas l’entreprise la plus durable qui existe, mais nous faisons tout ce qui est possible pour l’être. »
« Une voiture rouge ? Allez voir ailleurs
! »
Et chez Lynk&Co, cette durabilité passe notamment par le fait de ne pas mettre en avant le véhicule pro- posé, mais bien le business modèle. « Car plus vous partagez votre voiture avec d’autres utilisateurs, plus vous réduisez votre empreinte écologique », reprend Alain Visser. « Et en plus, vous la rentabilisez. »
La marque choisit aussi la simplification dans son offre. « Certaines voitures proposées sur le marché actuellement ont plusieurs millions de combinaisons possibles. Vous devez absolument vous rendre chez un concessionnaire pour configurer votre modèle. Chez nous, c’est très simple : 2 couleurs, 1 prix, pas de remise, pas d’option. Vous souhaitez une voiture rouge ? Allez voir ailleurs ! »
Et les concessionnaires ? Lynk&Co n’en possède pas. La marque dispose par contre de ‘Clubs’ dans différentes villes d’Europe. Ils se veulent des lieux de rencontre, des espaces de travail partagé, des lieux d’exposition pour artistes locaux et peuvent même se transformer le temps d’une soirée, en salle de concert.
La Lynk&Co 01 y est bien sûr exposée, mais elle n’est pas forcément l’élément le plus visible du Club. La visite d’un Club est avant tout une expérience, une plongée dans l’univers de la marque. « Nous misons énormément sur nos Clubs et sur l’ambiance qu’ils proposent. Les personnes qui y travaillent ont aussi toute leur importance. Vous pouvez avoir le meilleur endroit au monde, si le personnel qui y travaille n’est pas à l’image du lieu, les clients n’accrocheront pas. »
Augmenter la notoriété de la marque
Fin 2022, Lynk&Co ouvrait au public son 10e Club en Europe, dans la ville de Milan. Un endroit hype, coloré, moderne, qui vous fait passer en quelques secondes, grâce à sa décoration, de l’univers acidulé de ‘Charly et la Chocolaterie’ à un décor psychédélique, ou au bureau chic d’une tireuse de tarots. Chaque club à sa propre identité. Celui d’Anvers propose aussi une expérience immersive assez étonnante. « Actuellement, nous sommes déjà actifs dans 7 pays et nous allons poursuivre notre développement dans de nouveaux pays d’Europe à l’avenir. Mais aujourd’hui, la priorité de la marque est d’augmenter son niveau de notoriété. Il faut que davantage de personnes sachent qui est Lynk&Co et ce que nous faisons. » Car Alain Visser est persuadé que le concept plaira toujours à une plus large clientèle. « On voit clairement un effet Netflix parmi nos clients. Beaucoup prennent un abonnement pour un mois et conservent finalement la voiture plus longtemps. La moyenne des abonnements de nos clients est d’un an. Les longs délais d’attente des autres constructeurs sont aussi un atout pour nous. Et le COVID-19 a permis aux gens de se rendre compte qu’ils n’utilisaient finalement leur voiture que très peu de temps sur une journée. En moyenne, 5 % du temps. Le concept de la location prend donc tout son sens. Après un début un peu lent, la prise de commande pour nos modèles ne fait aujourd’hui que croître. Sur le marché des particuliers, 99 % des commandes sont en abonnement mensuel. »
2 » « Une voiture moderne se doit d’être connectée. C’est cela qui compte pour la nouvelle génération, bien plus que sa puissance », estime Alain Visser.
3 » La seule option que les clients peuvent choisir, c’est la couleur de carrosserie : bleu ou noir.
4 » Dans les Clubs Lynk&Co, la voiture n’est qu’un des nombreux éléments du décor.
Aller à la rencontre du fleet
Et le fleet alors ? « Là aussi, il y a quelque chose à faire. Nous devons aller à la rencontre des gestionnaires de flotte et leur montrer qu’il existe une manière plus efficace de gérer leur parc qui permettra à leur entreprise de faire des économies. »
Reste que Lynk&Co ne propose qu’un modèle PHEV et pas de full électrique, un vrai handicap pour attirer les clients fleet à l’avenir. « Le full électrique arrivera d’ici 2 ans, assure Alain Visser. Mais nous avons fait le choix de démarrer avec l’hybride, car l’infrastructure de recharge est actuellement totalement insuffisante en Belgique. La croissance des EV’s est largement plus élevée que celle de l’infrastructure. Je lance un appel à nos politiciens qui poussent le full électrique, mais ne font rien pour développer l’infrastructure.
Qu’attendent-ils pour investir ? Regardez les PaysBas ou la Norvège. Les dirigeants de ces pays-là ont compris comment aborder la transition. »
Autre particularité de Lynk&Co : ne pas disposer de concessionnaires ni d’ateliers. La marque se repose donc sur les garages de sa cousine Volvo. « Cela n’est pas un problème. La généralisation des voitures électriques va réduire la fréquence des visites en atelier. Non seulement parce que ces voitures nécessitent moins d’entretien, mais aussi parce que la qualité des voitures ne fait qu’augmenter. En nous reposant sur les ateliers Volvo, nous leur permettons de conserver leur niveau d’utilisation face à cette nouvelle tendance. Et si demain les concessionnaires Volvo ne suffisent plus pour prendre en charge nos véhicules, nous chercherons d’autres partenaires. » n
12.500 membres en Belgique
Lancée en 2021, le concept Lynk & Co a réellement pris son envol l’année dernière en Europe. Non seulement parce que de nouveaux Clubs ont ouvert leurs portes, mais aussi parce que le nombre de membres a grimpé en flèche, passant de 60.000 à plus de 170.000 sur les 7 marchés européens où la marque est déjà active (Belgique, France, Suède, Allemagne, Pays-Bas, Espagne et Italie). En Belgique, Lynk&Co compte 12.500 membres.
« 2022 nous a démontré que Lynk&Co est un acteur avec lequel il faut désormais compter, se réjouit Alain Visser. Nous avançons dans la bonne direction et nous sommes reconnaissants envers les milliers de membres qui choisissent Lynk&Co.»