Lisa PIQUEMAL
Mémoire de Master / Domaine « Matérialité » Dirigé par : Antonella Mastrorilli et Roberta Zarcone
Vers des villes plus durables au regard des inondations
ENSAPL – Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille - Année 2017 1
Lille, France © Lisa Piquemal 2017
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REMERCIEMENTS ______________________________________________________________________________
À Antonella Mastrorilli et Roberta Zarcone, pour leur encadrement pédagogique tout le long de l’année, à mes parents et mes amis, pour leurs encouragements et leurs conseils, et aux professionnels contactés, pour les connaissances apportées et leur participation.
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SOMMAIRE ______________________________________________________________________________
REMERCIEMENTS
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INTRODUCTION
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PARTIE I – LE RISQUE INONDATION
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1.
Un phénomène naturel à l’origine de nombreux enjeux
14
2.
L’évolution des villes avec les inondations
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PARTIE
II
–
VERS
L’ACCEPTATION
DU
RISQUE
EN
ARCHITECTURE
43
1.
Apprendre à vivre à travers une typologie d’habitations
44
2.
L’adaptation aux aléas de la crue
51
PARTIE III – READAPTER L’ARCHITECTURE EN TERRAIN INONDABLE
60
1.
La recherche de projets innovants en France
61
2.
La recherche d’une méthodologie de travail pour mieux construire en milieu inondable
67
CONCLUSION
73
BIBLIOGRAPHIE
75
ICONOGRAPHIE
82
ANNEXE
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Figure 1 - Crue centennale de 1910
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INTRODUCTION ______________________________________________________________________________
Paris, ville de plus de 2 millions d’habitants, a été victime de plusieurs crues, par le débordement de la Seine, dont la principale date de 1910 - comme l’illustre la photographie précédente – causant des dommages et des répercussions matériels et humains considérables. Durant une dizaine de jours la hauteur de l’eau atteignit plus de 8 mètres. Des prédictions basées sur des données scientifiques estiment que cette catastrophe peut se réitérer, sous le nom de « crue centennale », c’est-à-dire que la probabilité que cela se reproduise chaque année est d’une fois sur cent avec un débit égal ou supérieur à 2400 m3/s1. Ces données restent imprécises puisque plusieurs facteurs - qu’ils soient climatiques ou dans l’aménagement des villes et des territoires - peuvent être responsables de l’arrivée d’une crue se désignant comme l’« augmentation rapide et importante du volume des eaux sous l’effet de facteurs extérieurs»2. Classée événement historique dans l’histoire des inondations en France, la crue de 1910 n’est pas un scénario de catastrophe singulier. Tout un territoire peut ainsi se retrouver complètement transformé du jour au lendemain voire dévasté. Nous questionnons la capacité des villes, en particulier denses, à accueillir des risques, non pas sans conséquences, dans la mesure où ils peuvent se manifester à nouveau. En effet, parmi les catastrophes d’origine naturelle, les inondations sont un sujet d’actualité - dans le sens où ces événements se répètent plus fréquemment qu’auparavant. Nous portons un intérêt majeur pour la France qui a été gravement touchée depuis le début du siècle, notamment dans les départements de l’Aude, du Gard et du Rhône. Par son climat tempéré et sa diversité paysagère, un territoire fortement irrigué, les inondations en France possèdent des caractéristiques qui diffèrent d’une région à l’autre. De plus, le risque naturel le plus fréquent est le risque d’inondation : ce sont « 17 millions de personnes » qui sont exposées en zone inondable par débordement de cours d’eau et
GEODE, « Crue de la Seine à Paris en 1910 », 30 avril 2004, (http://www.aquadoc.fr/article.php3?id_article=159, consulté le 29 avril 2017). 2 CNRTL, 2012. Définition de “Crue”. 1
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« 1.5 millions » de personnes le long du littoral3. Cela correspond à environ 28% de la population4 soit une personne sur quatre. Ces valeurs ne précisent pas la part des DOM-TOM mais cela donne une idée de l’importance des inondations - le cas des DOM-TOM ne sera pas relaté en raison de leur situation géographique et d’un climat tropical particulier. Les différentes natures d’inondation seront explicitées ultérieurement tout en nous préoccupant spécifiquement des inondations lentes en présence ou l’absence d’un cours d’eau. En effet, les villes sont plus couramment affectées par ce type. A été estimé également que « 9 millions d’emplois » sont situés en zone inondable5 ; cette indication fait ressortir la localisation des activités économiques à proximité de terrains submersibles à risque. Nous pouvons admettre que le lieu de travail est autant atteint que les bâtiments à usage domestique, ainsi le risque d’inondation concerne une part importante de la population dans la vie quotidienne. Nous recueillons également chaque année un nombre de victimes non négligeable et des moyens financiers considérables pour assurer un retour à la normale. De nos jours, une crue centennale à Paris de même nature que la référente6 pourrait provoquer des dommages s’élevant à environ 30 milliards d’euros7 sans compter les dommages directs et indirects8. L’exposition des villes et de leur population en zone inondable nous interroge quant au danger que cela peut représenter comme nous le montre l’exemple de la crue de 1910 – et quelles mesures peuvent être envisagées pour nous préparer à la possibilité de nouveaux risques d’inondations. C’est dans le domaine de l’architecture que nous essaierons de trouver une réponse constructive adaptée aux milieux inondables. Dans ce mémoire, nous mettrons en avant les alternatives résistantes aux inondations tout en s’inscrivant dans leur environnement. Le travail de recherches s’appuie sur les points de vue législatifs et structurels en ayant un regard sur la matérialité afin de mieux comprendre l’évolution et la pertinence des projets d’urbanisme en terrain inondable.
S. ROYAL, “Dossier Assises Nationales des Risques Naturels”, Marseille (22-23 mars 2016), (http://www.bouches-durhone.gouv.fr/content/download/18284/113323/file/Dossier_Assises.pdf, consulté le 12 janvier 2017), dactyl, p.19. 4 Cela équivaut à 18,5 millions d’habitants concernés par ces submersions sur environ 66, 49 millions en France métropolitaine et Dom Tom en 2016 soit 27,82% d’après Insee, 2016 (https://www.insee.fr/fr/statistiques/1893198) 5 S. ROYAL, “Dossier Assises Nationales des Risques Naturels”, op. cit., p.19. 6 En comparaison, les inondations de la Seine en 1910 se chiffrent entre 1.5 et 2 milliards d’euros. 7 M. BOUDOU, « Approche multidisciplinaire pour la caractérisation d’inondations remarquables : enseignements tirés de neuf événements en France (1910-2010) », Géographie, Université Paul Valéry – Montpellier III, 2015, publié le 22 avril 2016, (https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01305937, consulté le 29 mars 2017). 8 Les dommages directs concernent les dégâts matériels causés par la submersion sur les bâtiments et ses occupants alors que les dommages indirects sont la conséquence de ceux-ci relatifs à des activités, la perte d’une exploitation, la coupure des réseaux. B. Weliachew cite que le coût des dommages dépasserait même 50 milliards d’euros. 3
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Les architectes de l’urgence se sont déjà penchés sur la question par des interventions rapides sous la forme de (re)constructions in situ afin de pouvoir reloger les personnes sinistrées durant la période de post-catastrophe. Même si ces (re)constructions ont la capacité de résister à l’avenir, est-ce pour autant une approche préventive appropriée? Ces deux termes sont importants et vont nous accompagner tout au long du mémoire. Nous entendons par « prévention » l’ « ensemble de mesures destinées à éviter un événement qu'on peut prévoir et dont on pense qu'il entraînerait un dommage pour l'individu ou la collectivité »9. En d’autres mots, l’architecture pourrait anticiper les risques d’inondation susceptibles de se reproduire et qui représentent un danger. Par « durable », nous cherchons à supporter l’inondation à l’usure du temps10. Plus précisément, cela renvoie aux principes du « développement durable » qui cherchent à répondre aux besoins actuels sans que cela impacte à l’avenir. Suite au Sommet de la Terre à Rio en 1992, nous déterminons trois domaines qui sont concernées : l’économie, l’écologie et le social. Nous tenterons de présenter alors des moyens de prévention en France et à l’étranger qui se basent sur la connaissance de ces phénomènes d’inondation pour réduire la vulnérabilité des villes exposées aux éventuels risques à venir sur le long terme. Nous développerons ensuite plus amplement le terme de « résilience » qui est fréquemment employé dans la recherche des projets actuels. Les moyens de prévention se focalisent sur la gestion du risque de manière à limiter les conséquences des crues et optimiser un retour à la normale rapide générant peu de modification dans la vie des habitants. La prise en compte des risques naturels en architecture est un domaine qui requiert une formation spécialisée. En France, mis à part intégrer un organisme comme les fondations « Architectes de l’urgence » et « Architectes sans frontière » ou l’ONG « Architectes des Risques Majeurs », l’une des seules formations existantes est le « DSA Risques Majeurs » accessible à l’ENSA de Paris-Belleville et un séminaire du même nom dans le cadre du master à l’ENSA de Paris Val de Seine. « On manque de formateurs.», souligne Boris Weliachew, responsable pédagogique du DSA mentionné. De plus, la réflexion sur les risques naturels comme les inondations n’est pas ou peu exploitée lors des études en école d’architecture. Par exemple, cela est généralement abordé en Master dans le « domaine Territoire » comme à l’ENSA de Lille ou dans l’enseignement « Droit de l’urbanisme ». Ainsi, le sujet est traité sous deux angles : le paysage urbain et la législation.
CNRTL, 2012. Définition de « Prévention ». CNRTL, 2012. Définition de « Durable » : « Qui représente les conditions acquises pour durer longtemps, qui est susceptible de durer longtemps ». 9
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A l’échelle internationale, l’Université de Waterloo au Canada propose des enseignements en matière de gestion de l’eau principalement dirigés par l’architecte Elizabeth English. Cette année, elle a organisé la 2ème Conférence Internationale de l’Architecture, du Design et de l’Ingénierie Amphibie (ICAADE 2017)11 qui s’est déroulée du 25 au 27 juin avec des acteurs issus de domaines variés. L’architecture amphibie apporte dans ce mémoire une conception nouvelle pour construire en milieu inondable. Il s’agit d’un type d’habitation méconnu par le grand public et inexistant en France. Le concept amphibie se développe en Thaïlande, en Louisiane, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas qui sont affectés par des inondations régulières ou ponctuelles. Sa caractéristique principale est que la structure, généralement localisée sur un sol sec, a la capacité de flotter en période de crue lorsque le niveau de l’eau monte lentement. Au retour à la normale, l’habitat reprend sa position initiale12. Nous verrons par la suite qu’une typologie d’habitations s’est développée en terrain submersible, entre autres les habitations flottantes et sur pilotis. Cette diversité de construction nous intéresse quant au questionnement pratique et opportun du matériau eau dans l’architecture d’aujourd’hui : pouvons-nous construire autrement en zone inondable ? Par une meilleure compréhension des risques d’inondations et des différents modes de constructions, nous nous focalisons sur l’adaptation des villes en terrain inondable. Le mémoire se constitue à travers la problématique suivante : Comment construire (plus) durablement dans les villes les plus exposées afin d’anticiper les risques d’inondation? Nous envisageons de formuler les hypothèses suivantes : La recherche de projets urbains face aux inondations réinvente la conception des villes et leur relation avec l’eau à l’aide de principes de résilience. La maîtrise de l’eau par les politiques de prévention des risques empêche ou limite le développement de l’architecture en terrain inondable en régularisant les constructions.
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Originellement sous le nom de International Conference on Amphibious Architecture, Design and Engineering. E. ENGLISH, Amphibious architecture floats when it floods, the Buoyant Foundation Project, n. d., (www.buoyantfoundation.org, consulté le 4 mars 2017), p.1. 12
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Le mémoire s’articule en trois parties de la manière suivante : La première partie est consacrée à l’état de l’art sur les caractéristiques des inondations et met en corrélation plusieurs sources théoriques suivies d’exemples de situations d’inondation notamment en France. La recherche recouvrant des domaines diversifiés – économique, politique, social, urbain, paysager, architectural – nous avons donc choisi le parti pris de travailler sur l’analyse des risques d’inondations et du rapport entre la ville et l’eau, puis de la relation qu’il existe entre les principaux enjeux. Nous sommes également amenés à porter un regard critique sur les stratégies des politiques de prévention du risque qui ont un fort impact sur l’urbanisme et l’aménagement du territoire. Nous avons pu rencontrer Monsieur Weliachew mentionné précédemment, qui est architecte, ingénieur, enseignant et chercheur intervenant également à l’étranger. Son point de vue en matière de prévention parvient à éclairer les enjeux dans la gestion des risques en complément du corpus de textes. De la même manière, nous avons interrogé Elodie Pierre, architecte spécialiste en zones inondables et Jacques Faye, chef de bureau information préventive risques majeurs au Ministère du développement durable, connaisseur de l’application des PPRI (Plan de Prévention de Risques d’Inondation), réglementations de constructions que nous détaillerons. La deuxième partie présente l’adaptation des villes aux risques d’inondations à travers des alternatives respectueuses de l’environnement et durables. Nous étudions dans un premier temps l’urbanisme des villes de Rotterdam et Hambourg inscrits dans un territoire relativement fluvial et qui ont appris à vivre avec le risque. Dans un second temps, nous faisons une analyse comparative des types de constructions tolérées en terrain submersible. Nous faisons aussi référence aux organismes visant à encourager les projets considérés comme innovants à travers les concours d’architecture « Bénéteau » spécialisé dans les constructions flottantes et le Grand Prix d’aménagement « Comment (mieux) bâtir en terrains inondables constructibles » des éditions de 2015 et 2016 organisé dans le cadre des Assises Nationales des Risques Naturels (ANRN), qui sélectionne des projets d’habitations « Hors d’eau ». Par l’analyse comparative et détaillée d’une diversité de structures s’adaptant à différents paramètres d’inondations, nous portons ainsi une attention particulière sur l’utilisation de l’eau dans ces constructions ainsi que les potentiels et les limites pour s’intégrer dans un tissu urbain inondable.
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La dernière partie interroge les notions développées précédemment de manière à déterminer un scénario idéal de construction en zone inondable. Nous aborderons en premier l’étude de cas de l’habitat amphibie parmi les alternatives constructives qui pourraient émerger dans nos villes. Pour cela, nous relatons quatre exemples dans les pays cités précédemment, majoritairement appuyés par les savoir-faire d’Elizabeth English, fondatrice de la fondation Buoyant Foundation spécialisée dans la construction amphibie. Enfin, nous proposerons une méthodologie de travail pour les acteurs concernés face aux risques d’inondation en particulier pour l’architecte. C’est la raison pour laquelle nous avons interrogé plusieurs professionnels dans le but d’aborder le sujet en conciliant les apports théoriques et pratiques. De ce fait, est détaillé en annexe une enquête et des correspondances auprès de divers acteurs et organismes dont les recherches concernent l’aménagement de territoires submersibles en France et à l’étranger ainsi que ceux maîtrisant la conception d’architectures amphibies. L’objectif du mémoire n’est pas d’aboutir à une solution mais d’apporter des éléments de réponses par rapport au contexte et aux alternatives actuelles. Nous souhaitons tout d’abord nous intéresser aux conditions de ces phénomènes et les problématiques actuelles rencontrées.
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PARTIE I LE RISQUE INONDATION _____________________________________________________________________________
Dans cette première partie théorique, nous faisons l’étude des inondations par l’analyse du phénomène et des enjeux afin de comprendre l’évolution de la ville avec l’eau et d’obtenir de meilleures prévisions de crue. L’objectif est de discerner le rapport entre l’eau et la ville et comment les gestionnaires du risque envisagent de réduire la vulnérabilité des populations concernées. Nous illustrerons nos propos à travers l’exemple de villes notamment en France qui sont fréquemment atteintes par des natures différentes d’inondation et qui sont disposées à se préparer à l’arrivée d’une prochaine catastrophe.
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1.
U N PHENOMENE NATUREL
A L ’ ORIGINE DE NOMBREUX ENJEUX
Dans le but de limiter des dommages conséquents lors d’une future inondation, il est tout d’abord primordial d’obtenir un meilleur approfondissement de la connaissance du risque et de ses enjeux. Développer la notion de risque dans le cadre des inondations nous permet d’abord d’évaluer le degré de vulnérabilité – et donc la fragilité - d’un lieu donné avant même qu’elles ne se produisent. Se définissant comme un “danger éventuel, plus ou moins prévisible, inhérent à une situation ou à une activité.”13, le risque correspond à la rencontre d’un enjeu et d’un aléa se présentant sous la forme : « (Risque) = (aléa) x (enjeu) ». Un aléa est une « chance, hasard favorable ou défavorable, dont dépend la réussite ou l’échec de quelque chose ou de quelqu’un »14. Dans un sens, c’est la menace15, qui dépend du contexte dans lequel s’inscrit l’événement : causes, déroulement, lieu, durée et moment. L’enjeu se définit également comme la présence humaine 16. En résumé, les effets d’une inondation sont dommageables à partir du moment où une partie de la population et de leurs biens est touchée. Nous emploierons donc souvent le terme d’ « exposition » au risque. Une zone urbanisée dense, comme nous montre l’exemple de Paris, est ainsi plus affectée par les conséquences d’une crue qu’une zone moins habitée où la concentration des activités est moindre 17. Les enjeux principaux sont donc humains et matériels et nous verrons par la suite que les conséquences économiques sont également mises en jeu, comme nous l’avons évoqué dans l’introduction. Par ailleurs, nous considérons que la récurrence des inondations est un paramètre élémentaire car les villes affectées sont susceptibles de se préparer à des récidives. D’après les cartes suivantes, nous pouvons rappeler que la France est un pays très irrigué par la présence de fleuves et rivières et des littoraux méditerranéens et océaniques, et que des régions sont plus fréquemment exposées aux inondations dont certaines sont classées historiques. Par exemple, nous en avons recensé récemment
CNRTL, 2012. Définition de “Risque”. CNRTL, 2012. Définition de “Aléa”. B. WELIACHEW, « Culture du Risque et pratiques architecturales et urbaines Éléments de Comparaison Japon/ France », École Nationale Supérieure d’Architecture Paris Val de Seine, 2010, p. 3. 16 Uved, « Risques, aléas, enjeux, vulnérabilité », 2006. (http://www.uved.fr/fileadmin/user_upload/modules_introductifs/module3/risques/1.1/html/2_2-2_1.html, consulté le 22 avril 2017). 17 Néanmoins, une inondation peut provoquer des altérations importantes sur les exploitations agricoles alors que la présence humaine est faible. Cela influe grandement sur la production ; encore une fois, le risque a des répercussions sur la dimension économique à l’échelle d’abord locale puis nationale. 13
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dans l’Aude en 1999, dans le Gard en 2002 et dans le Rhône en 200318. Mais d’autres événements de classe 3 considérés comme « Accident très grave » se sont reproduits : dans l’Aude (2005, 2008, 2011, 2012, 2014), dans le Gard (2002, 2003, 2005, 2008, 2011, 2013, 2014)19 et dans le Rhône (2000, 2001, 2003, 2008, 2010)20. Nous détaillerons prochainement d’autres types d’inondations qui ont affecté la France. Nous allons commencer par faire la description des caractéristiques d’une inondation et de son déroulement. Le phénomène comprend divers paramètres et des variables qui vont nous permettre d’évaluer les impacts sur les villes.
M. LANG, J. LAVABRE, « Estimation de la crue centennale pour les plans de prévention des risques d'inondations », Editions Quae, novembre 2007, p. 7. 19 WIKIPEDIA, « Liste des inondations les plus dommageables en France dans les années 2000 », 4 décembre 2016, (https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_inondations_les_plus_dommageables_en_France_dans_les_ann%C3%A9es_2 000, consulté le 15 janvier 2017), WIKIPEDIA, « Liste des inondations les plus dommageables en France dans les années 2010 », 21 août 2017, (https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_inondations_les_plus_dommageables_en_France_dans_les_ann%C3%A9es_2 010, consulté le 15 janvier 2017), 20 Les services de l’Etat dans le département du Rhône, « Les inondations dans le Rhône », 24 juillet 2013, (http://www.rhone.gouv.fr/layout/set/print/Politiques-publiques/Securite-et-protection-de-la-population/La-securitecivile/Les-risques-majeurs/Les-risques-majeurs-dans-le-Rhone/Le-Dossier-Departemental-sur-les-RisquesMajeurs/Risque-d-inondation/Les-inondations-dans-le-Rhone, consulté le 15 janvier 2017). 18
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Figure 2 - Répartition des points d’eau en France.
Figure 3 - Crues historiques et régions grandement exposées aux risques d'inondation
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1.1.
Le déroulement d’une inondation
Tout d’abord, l’inondation se définit comme la « submersion21 des terres par les eaux en crue d’un cours d’eau, d’un lac ou par celles de la mer suite à un raz de marée ou de la rupture de digues »22. La Directive Inondation insiste sur la notion de temporalité dans sa définition : « submersion temporaire par l’eau de terres qui ne sont pas submergées en temps normal »23. Nous rappelons ainsi qu’il s’agit d’un événement inhabituel, un hasard qui peut générer un risque s’il représente un danger. Aussi connu sous le nom de « crue » ou plus simplement « montée des eaux », alors que la « décrue » correspond au retrait de l’eau. Il est donc indispensable de considérer la durée et les moments clés de l’évolution d’une inondation qui peuvent varier d’une situation à l’autre. Nous qualifions la fin d’une inondation par les termes de « retour à la normale » ou de « post-catastrophe ». Par ailleurs, le terme « catastrophe » ou « crise » revient souvent dans les écrits et survient pour qualifier ses effets péjoratifs24. Généralement un ton neutre est employé pour désigner l’inondation comme étant un événement ou un phénomène25. Une typologie d’inondations La provenance d’une inondation dépend en premier lieu de la situation géographique et hydrographique, c’est-à-dire les conditions climatiques, la présence d’un point d’eau et la topographie du site. Pour mieux comprendre l’origine du phénomène, nous pouvons faire part de l’existence de plusieurs natures d’inondations ; nous identifions notamment les quatre submersions principales suivantes illustrées par les schémas ci-contre : le débordement direct, l’accumulation d’eau ruisselée, le débordement indirect et la submersion marine sur le littoral. La France étant exposée à chacun de ces types, nous nous référons à des exemples de villes françaises pour distinguer leurs différences. A la fin de cette sous-partie, nous avons élaboré une carte qui situe les différentes natures au sein du territoire. 21
CNRTL, 2012. Définition de “Submersion” : « Fait de submerger ou d’être submergé (recouvrir complétement) » CNRTL, 2012. Définition de « Inondation ». 23 J.L. SALAGNAC, J.-M. AXES, D. MARCHAND, C. FLORENCE, P. DELPECH, « CSTB – Impacts des inondations sur le cadre bâti et ses usagers, rapport final », 2014, (https://hal-cstb.archives-ouvertes.fr/hal-01064721, consulté le 16 mai 2017), p. 9. 24 CNRTL, 2012. Définition de « Catastrophe » : « Événement brutal qui bouleverse le cours des choses, en provoquant souvent la mort et/ou la destruction ». 25 Plus précisément, l’événement invoque une durée ou la suite d’une action alors que le phénomène mentionne la possibilité que cela se reproduise, ce qui est adéquat avec l’inondation. 22
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Figure 4 - Une typologie de natures d'inondation
• Le « débordement direct » a lieu lorsque le cours d’eau sort de son lit mineur pour occuper son lit majeur. Le lit en termes d’hydrologie désigne « le creux naturel du sol, canal dans lequel coule un cours d’eau »26. Le lit mineur est lorsque ce creux est « occupé en permanence, délimité par les berges »27 alors que l’écoulement est temporaire et que la capacité d’occupation du cours d’eau est maximale pour le lit majeur28. Cette nature d’inondation est localisée au niveau des rivières, fleuves mais également sur des plans d’eau fermés tels que les lacs et les étangs. • L’ « accumulation d’eau ruisselée » ou « inondation par ruissellement » est souvent causée par de fortes précipitations : cela provoque une capacité insuffisante d’infiltration, d’évacuation des sols ou du réseau de drainage qui rendent le sol imperméable et donc ne pouvant pas absorber une grande quantité d’eau. Les inondations dommageables à répétition sont souvent causées par l’association de débordement direct et d’eau ruisselée et dépendent de la situation hydro-géographique. Par exemple, les départements du Gard et du Var sont plus sujets à des inondations car ce sont deux zones caractérisées par des bassins versants à fort risque de submersion, c’est l’endroit le plus bas où se déversent les eaux pluviales et fluviales29. Le Gard est en effet constitué de 8 bassins versants, des surfaces rendant complexent la maîtrise des eaux ruisselées et qui demande une grande capacité de Petit Robert, 1994. Trésor de la Langue Française, d’après Hydrol. 1978. 28 Aquaportail, 2007. Définition de « lit majeur d’un cours d’eau » : « le lit maximum d'occupation d'un cours d'eau dans lequel l'écoulement ne s'effectue que temporairement lors du débordement des eaux hors du lit mineur en période de très hautes eaux en particulier lors de la plus grande crue historique ». 29 Définition de « bassin versant » : « Une aire géographique d’alimentation en eau. Il s’agit du point le plus en aval du réseau hydrographique (cours d’eau principat et des affluents), par lequel passent toutes les eaux de ruissellement drainées par le bassin versant. », (http://noe.gard.fr/index.php/le-gard-et-le-risque-inondation/comprendre-lephenomene-inondation, consulté le 29 avril 2017). 26 27
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drainage. De même pour Paris, la ville est considérée comme l’ « une des métropoles les plus exposées au risque d’inondation » car localisée « au centre du bassin versant de la Seine » et « en aval de la confluence de la Seine et de la Marne »30. • Le « débordement indirect » ou « remontée de nappes » est une situation particulière durant laquelle les eaux remontent à travers des nappes alluviales, dans les réseaux d’assainissement ou dans des points bas localisés, qui s’illustre comme l’effet de siphon. L’eau ne peut pas s’infiltrer dans le sol non plus en fonction de la composition des roches31. Ce type d’inondation n’a pas forcément une relation directe avec un cours d’eau mais peut-être provoquée par ruissellement. En France, les débordements indirects sont présents principalement dans les régions du Nord et le Centre32. La crue la plus remarquable est celle du fleuve de la Somme à Abbeville en mars-avril 2001, ville qui a été grandement affectée par cette nature d’inondation avec près de 2 mètres de hauteur d’eau par endroit. Le retour à la normale est relativement long puisque six mois se sont écoulés entre le début et la fin de l’inondation. • Pour finir, le phénomène de « submersion (marine) sur le littoral » est un phénomène localisé dit fluviomaritime dans lequel le débordement des cours d’eau débouche vers la mer. Les côtes atlantiques et méditerranéennes sont inévitablement exposées à des risques de submersions littorales. Les dépressions climatiques qui ont causé le plus de dégâts ces dix dernières années sont les tempêtes Hercule en 2014 dans le Sud-Ouest et Xynthia. Les littoraux sont effectivement plus exposés aux vents et aux précipitations, ce qui est le cas dans la lagune de Venise en plus d’une accumulation d’eau ruisselée.
A. BRUN, F. GACHE, « Risque inondation dans le Grand Paris : la résilience est-elle un concept opératoire ? », 2013, (http://vertigo.revues.org/14339, consulté le 17 mars 2017). 31 Il existe en effet deux natures de nappes : les « nappes des formations sédimentaires » et les « nappes contenues dans les roches dures du socle », dans le premier cas l’eau est contenue dans des roches poreuse (sables, certains grès, craie, quelques calcaires), dans le deuxième cas l’eau s’écoule par les fissures des roches dures fragilisées, dans brgm, « Contexte géographique : les grands types d’aquifères », (http://www.inondationsnappes.fr/contexte.asp, consulté le 29 avril 2017) 30
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Les autres causes qui sont à l’origine des inondations ou participent à l’aggravation de celles-ci sont la fonte des neiges(1), les crues torrentielles(2) majoritairement en régions montagneuses et la rupture d’ouvrage(3)33. En résumé, on peut identifier deux catégories d’inondations selon la vitesse de crue34 influençant sur la durée de celle-ci. Les remontées de nappes phréatiques (débordement indirect) et les inondations de plaine (débordement direct) se définissent comme des inondations à montée lente, car les durées de crue et de décrue sont longues, entre plusieurs jours et des mois. Les inondations à montée rapide concernent les crues torrentielles majoritaires, les submersions littorales et certaines inondations par ruissellement. Celles-ci relèvent des conditions particulières et interviennent moins fréquemment sur les villes, c’est la raison pour laquelle nous nous intéressons davantage aux crues lentes.
Les caractéristiques principales pour mesurer le risque Une inondation se décrit en fonction de paramètres variables selon la méthodologie de M. Boudou. Cette étude scientifique s’applique à l’occasion de l’évaluation des crues passées dans le but de classifier la gravité de celles-ci35. Tout d’abord, l’inondation se caractérise par l’ « extension spatiale du phénomène » ou l’étendue de la crue. Elle se définit par le volume occupé par le lit et les hauteurs de l’eau atteintes ou « repères de crue » dont la plus élevée ou maximale est intitulée « côte de référence » ou « trait de côte ». Il est possible de mesurer également l’ « intensité de l’événement » qui comprend la période de retour à la norme, la durée, la vitesse et le débit du courant ainsi que les facteurs aggravant l’aléa. Une autre
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(1) en présence d’un cours d’eau, amène à un débordement direct. C’est la raison pour laquelle on devrait éviter de déverser les eaux de fonte dans les rivières dans la logique de ne pas déséquilibrer le cycle de l’eau. (2) est la conséquence de l’accumulation d’eau dans un bassin versant et pouvant entraîner avec celle-ci des dépôts sédimentaires ou d’autre nature (embâcles). (3) situés dans des zones où le niveau de l’eau est élevé comme par exemple les digues et les barrages. Cet aspect est évoqué par la suite car c’est un facteur dégradant que l’on retrouve dans plusieurs pays. 34 Memento du maire et des élus locaux, « Prévention des risques d’origines naturelle et technologique. RN2 – Inondations », (http://www.mementodumaire.net/les-risques-naturels/rn2-inondations/, actualisé le 31 décembre 2015, consulté le 4 avril 2017). 35 Cette méthodologie développe la notion de « remarquabilité » en analysant les crues passées et elle distingue 176 événements remarquables sur les 2 000 recensés en France métropolitaine. Dans M. BOUDOU, D. COEUR, M. LANG, F. VINET, « Grille de lecture pour la caractérisation d’évènements remarquables d'inondations en France : Exemple d'application pour la crue de mars 1930 dans le bassin de la Garonne et du Tarn », L'Harmattan, 2015, « ENVIRONNEMENT, POLITIQUES PUBLIQUES ET PRATIQUES LOCALES ».
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caractéristique concerne la « gravité » des impacts36. Nous pouvons ajouter la fréquence qui joue un rôle important dans le répertoire de l’historique des inondations. En effet, après chaque inondation et plus particulièrement lors d’une crue historique, la révision des analyses est essentielle. En résumé, ces analyses sont majoritairement entreprises a posteriori puisqu’elles se basent sur l’expérience (répétée) d’inondation. La pertinence des connaissances sur les crues antérieures influence nos capacités d’anticipation. Ces paramètres dépendent des caractéristiques du terrain et peuvent être anticipés à travers une étude du site qui permet d’identifier les courbes de niveau du terrain à l’aide de relevés topologiques in situ ou aériens37. En saisissant ces données relatives au relief, nous avons une meilleure connaissance sur la morphologie du lit du cours d’eau. Comme nous l’avons évoqué précédemment, la connaissance de la situation hydro-géographique localise les bassins versants susceptibles d’être inondés. Par ailleurs, l’exploitation de ces données apportent plus de précisions afin d’élaborer des prévisions de crue mais également évaluer le comportement de la montée des eaux par des simulations expérimentales. En annexe est présenté l’intérêt des méthodes de représentation et empirique témoignant des progrès technologiques au profit de la gestion des inondations38. En résumé, les impacts d’une inondation vont dépendre de sa localisation, sa durée et sa force. L’étendue de l’eau permet d’identifier l’exposition des populations donc de localiser les enjeux alors que l’intensité influe sur les dommages matériels en fonction du temps de la submersion.
Lors des inondations en 2003 du canton de la Terre d’Argence, la quantité d’eau est supérieure à 100 millions de m3, l’étendue des surfaces inondées est de plus de 10 000 ha, la hauteur de l’eau est d’environ 1m50 jusqu’à 3 mètres, le débit à Beaucaire est de 13 000 m3/s, la durée de la crue est de 10 jours environ avec une période de retour à la normale de plus de 3 semaines. E. BATAILLEe, nd.(http://memoiresdescatastrophes.org/pdf/gz5u3hkhnjt/afficherDoc) 37 Soit par un géomètre soit complété par un carroyage de surface par avion nommée LIDAR (Light Detection and Ranging : une technique de quadrillage visant à un traitement de données.C’est un système de laser aéroporté qui produit un modèle de terrain numérique (DTM) et un modèle de surface numérique (DSM)). Les analyses sont complétées par des photos d’archives et des enquêtes auprès des habitants, ce sont des démarches qui font partie d’une analyse appelée « retour d’expérience » qui est plus humaine dans le sens où les habitants participent à la description dans le déroulement des faits. 38 Voir en Annexe 36
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Les impacts sur l’existant Les conséquences de la crue provoquent des dommages physiques qui empêchent un retour à la normale rapide. De prime abord, les impacts générés par le courant participent à l’accumulation d’embâcles et de débâcles, des éléments transportés par le courant, de véritables obstacles qui peuvent perturber le passage de l’eau (blocs de glace, branches, ordures, objets divers) et pouvant contribuer à l’amplification du risque. Nous pouvons relater également des inondations boueuses provoquées par ruissellement ou par remontée de nappes qui détériorent les routes, les habitations et les bouches d’égout par le dépôt d’éléments39. Des bacs de rétention d’eau peuvent toutefois limiter l’étendue des effets. Ensuite, sachant que la durée d’une crue mais également de la décrue peut atteindre plus de 2 semaines, les édifices et les voies de circulation alors inaccessibles sont interrompus- il faut parfois 1 mois avant que les activités reprennent. A cela s’ajoute le dysfonctionnement des réseaux (eau, téléphone, électricité, assainissement). Par l’énonciation des origines d’une inondation et de ses caractéristiques nécessaires pour mesurer le risque, nous expliquons à présent les enjeux et les problématiques qui sont soulevés de nos jours.
Figure 5 - Habitant d'Abbeville face aux inondations chez lui.
39
Majoritairement d’origine agricole
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1.2.
L’évaluation des conséquences des inondations
En déterminant les impacts sur les populations, nous sommes amenés à mesurer l’urgence des crues. Un bilan économique et humain considérable
Afin d’évaluer l’urgence du phénomène de crue, les gestionnaires du risque prennent d’abord en compte les deux conséquences majeures suivant l’inondation que nous pouvons intituler comme le “coût humain” - les victimes - et le « coût du risque » - les pertes économiques L’exposition aux risques cause malheureusement un nombre de victimes non négligeable qui résulte d’une mauvaise prise de conscience du danger. La tempête Xynthia a par exemple provoqué la mort de 47 personnes. Lorsque les inondations ont tendance à se reproduire, les chiffres peuvent donc croître. De plus, environ 50% des victimes ont perdu la vie à leur domicile40, il est donc essentiel d’avoir conscience de l’arrivée d’une crue à l’avance et des mesures de prévention correspondantes. Nous sommes en réalité plus en mesure de nous préparer à une crue lente, qui est considérée comme moins meurtrière. Le « coût du risque » comprend les frais de réparation et de protection individuels et collectifs, publics et privés. Par exemple, l’intervention des secours et le relogement, l’entretien des infrastructures routières, des agricultures et des édifices, la réparation et le confortement des digues. Chaque année les inondations font l’objet d’énormes investissements financiers. On estime à 1.2 milliards d’euros41 déboursés dans le cadre de l’inondation du Gard en 2002 et plus de 1.5 milliards d’euros par les assureurs42 lors de la tempête Xynthia. Le principal investissement est la part des cotisations obligatoires versées par les assurances d’habitation en cas de sinistres. En France, le régime d’indemnisation instauré par l’Etat est nommé « CatNat » (CATastrophe NATurelle). B. Weliachew explique que depuis la loi des Risques Majeurs J.L. SALAGNAC, J.-M. AXES, D. MARCHAND, C. FLORENCE, P. DELPECH « CSTB – Impacts des inondations sur le cadre bâti et ses usagers, rapport final », op. cit., p. 12. 41 Ibid, p. 2. 42 M. LANG, C. COEUR, A. BARD, B. BACQ, T. BECKER, « Les inondations remarquables en France : premiers éléments issus de l'enquête EPRI 2011 », La Houille Blanche - Revue internationale de l'eau, EDP Sciences, 2013, p. 45. 40
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en 1992, 12% de toutes les assurances logement43 sont destinés à un fond public d’assurance en cas de catastrophes naturelles, une indemnisation unique en France44. Les assurances étant très impliquées dans la période post-catastrophe, les politiques de gestion des risques réfléchissent donc sur des moyens de limiter les dommages de manière à réduire les dépenses budgétaires. Nous donnerons des exemples prochainement. D’après le tableau suivant45, les chiffres servent de référence pour répertorier l’inondation selon les dommages occasionnés. Nous différencions alors les risques de classes 3 et 4 représentant la plupart des inondations récentes que nous avons déjà mentionnées à ceux de la classe 5 associés principalement aux crues historiques considérées comme des catastrophes à l’instar de la crue de 1910.
Figure 6 - Phénomène classé en fonction des causes majeures du risque
L’influence des conditions climatiques Avec l’augmentation du réchauffement climatique, l’élévation du niveau de mer et les conditions météorologiques génèrent des dommages plus conséquents comme des pluies et des vents plus fréquents et violents46. Les pronostics estiment que le niveau des océans s’élèvera de 15-20 cm à 8090 cm au cours du siècle47. Lors de la Conférence de Paris de 2015 sur le climat désignée sous le nom de COP 21, nous posons le constat que les enjeux des risques naturels et la question climatique
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Et 6% des assurances véhicules, sachant que ceux-ci peuvent être endommagés. Dans d’autres pays, les habitants ne bénéficient pas d’indemnisations, les dommages personnels restent à leur charge. 45 “Définition générale du risque majeur”, publié le 24/09/09, accessible sur http://www.risquesmajeurs.fr/definitiongenerale-du-risque-majeur, consulté le 24 avril 2017. 46 Par exemple, les littoraux sont sujets à des houles plus intenses qu’auparavant en particulier durant les crues associées aux pluies torrentielles et tempêtes. 47 X. TABET, ““Sauver Venise” ou les métamorphoses du mythe”, juin 2015, « Revue des Deux Mondes », (http://www.jstor.org/stable/44193981, consulté le 9 août 2017), p. 153. 44
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sont étroitement liées48. Si les conséquences des inondations peuvent engendrer des séquelles sur la qualité et la quantité des sols, comme le recul du trait des côtes littorales ou la perte de leur stabilité et de leur imperméabilité, les conditions climatiques amplifient les effets. Nous pouvons illustrer les propos précédents en vue de la situation actuelle de Venise qui prouve que les conditions climatiques accentuent le risque d’inondation et que l’Homme joue un rôle fondamental dans la préservation de la ville. Depuis la catastrophe du 3 novembre 1996 - où les éléments de la nature se déchaînèrent avec une hauteur d’eau de 2 mètres au-dessus du niveau de la mer49, - nous craignons de voir un jour disparaître cette ville50 en plus d’un volume d’eau ayant doublé dans la lagune. De prime abord, la vulnérabilité de Venise est issue des conséquences d’une urbanisation excessive dite « diffuse et dispersée » dont la présence des activités agricoles et industrielles rend le sol imperméable à l’écoulement des eaux et participe à la pollution de la lagune 51. Cet exemple démontre que la densification autour ou à l’intérieur d’un territoire inondable n’est pas appropriée car allant à l’encontre du drainage de l’eau. La stratégie de dépollution est par la suite envisagée en parallèle avec des projets qui peinent à émerger puisque cela peuvent provoquer des effets néfastes sur l’écosystème sur le long terme et des moyens technologiques et financiers sont demandés. C’est le cas de la création des barrières du projet « Moïse » qui vise à séparer la lagune de la mer. Situées dans l’eau en profondeur, le concept repose sur des modules « [remplis] d’eau [dans lesquels] de l’air comprimé est insufflé »52 électriquement et qui se mettent à flotter, pouvant s’élever à une hauteur de 110 cm au-dessus de la mer - alors que la hauteur d’eau atteinte par la plus grande inondation de la place St Marc était de 60 cm53. Il en est de même pour la réalisation de canaux dont le but était d’améliorer la circulation et de ralentir le courant mais qui au final intensifie l’érosion naturelle54. Enfin, l’avenir de Venise nous interpelle dans le sens où les effets du réchauffement climatique sont majoritairement placés sous la responsabilité de chacun comme le décrit l’Unesco en 1969, qui
S. ROYAL, “Dossier Assises Nationales des Risques Naturels”, op. cit., p. 8. Sous l’appellation de « aqua alta », la catastrophe se caractérise par un orage, une marée et un vent violents. X. TABET, ““Sauver Venise” ou les métamorphoses du mythe”, op. cit., p. 148. 50 Dixit p. 147. 51 C. BARATTUCCI, « Urbanisation et risques naturels : le cas de la Vénétie », le 26 mars 2014, (http://www.metropolitiques.eu/Urbanisation-et-risques-naturels.html). 52 X. TABET, ““Sauver Venise” ou les métamorphoses du mythe”, op. cit. p. 152. 53 Dixit., p. 152. 54 X. TABET, ““Sauver Venise” ou les métamorphoses du mythe”, op. cit. p. 149. 48 49
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envisage de réfléchir sur l’objectif de « Sauver Venise » à l’échelle internationale55. Dans l’optique de préserver les villes, il est impératif de limiter les conséquences de l’effet de serre dont notamment la fragilité du sol en employant une urbanisation et des moyens de protections ajustés tout en adoptant un comportement écologique. A la suite d’une expérience d’inondation, nous constatons que le risque est bien réel dès lors que la composition d’une ville - son urbanité et sa population - est menacée. A la pensée que cet événement puisse survenir plusieurs fois, nous nous interrogeons maintenant sur l’exposition des villes à proximité d’un cours d’eau.
2. L’ EVOLUTION DES VILLES AVEC LES INONDATIONS
Nombreuses sont les populations installées dans des régions avec une proximité directe ou indirecte avec un cours d’eau et donc potentiellement exposées à des risques d’inondation. Cependant, tant que les villes n’ont pas ou peu eu l’expérience des inondations, elles n’ont pas conscience du danger que cela peut représenter. A la suite d’une ou plusieurs crues, les villes exposées apprennent généralement à s’adapter aux conditions de submersion. L’adaptation se définit comme étant l’ « ajustement à une fonction ou à une circonstance particulière » ou le fait de « se conformer, s'habituer, s'accoutumer, s'acclimater »56. Autrement dit, nous intégrons le risque au sein de notre urbanisme, cette définition ne qualifie toutefois pas la manière de s’adapter.
2.1.
Vers une adaptation en symbiose avec l’environnement
Par symbiose, nous définissons dans cette sous-partie le fait que la ville et son environnement évoluent mutuellement de manière profitable et durable57.
Comme a pu le déclarer André Chastel, historien français de la renaissance italienne : « Venise est devenu le symbole de nos responsabilités », Dixit p. 148. 56 CNRTL, 2012. Définition de « Adapter » : « S'ajuster à une fonction ou à une circonstance particulière. » 57 CNRTL, 2012. Définition de « Symbiose » : « Association durable entre deux ou plusieurs organismes et profitable à chacun d'eux ». 55
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L’aménagement des villes dans l’histoire des inondations Afin de se protéger des inondations en France, les premières solutions qui ont été envisagées sont la construction de digues – d’abord argileuses - autour du cours d’eau depuis l’époque romaine. De cette manière, nous empêchons l’eau de circuler en dehors de son lit car la hauteur de l’ouvrage dépasse la hauteur du niveau de l’eau. La réalisation de ces ouvrages s’est progressivement améliorée. En effet, nous assistons dans le Rhône à des crues historiques en 1840 et 1856 qui impliquent de réviser la hauteur de ces ouvrages sous le règne de Louis XIV et de Napoléon III. Cependant, les digues nécessitent des travaux de confortement – en termes d’élargissement et d’épaisseur - et de rénovation coûteux suite à une inondation si bien que l’on constate des manques d’entretien dans certains endroits. D’autres infrastructures ont été ajoutées à la venue d’autres crues comme des moyens de pompage (vidanges) ou des canaux pour éloigner l’eau et permettre l’écoulement naturel des eaux vers la mer. Lorsque la ville est résolu à s’adapter au risque d’inondation, cela implique de reconcevoir des mesures de protection afin de réduire les impacts. Certaines stratégies ont été pensées de manière extrême comme le cas de Valencia en Espagne avec l’aménagement du Plan Sud qui consiste à détourner le fleuve en-dehors de la ville en l’asséchant, laissant place à des espaces verts sous le nom des Jardins de Turia58. Toutefois, une telle intervention demande des techniques et des moyens financiers adaptés au lit du cours d’eau et qui ne sont pas accessibles et réalisables pour tous. De ce fait, les politiques de gestion des risques optent pour des solutions plus respectueuses de l’environnement dans le but d’éloigner le risque. Nous pouvons citer notamment la mise en place de réserves, de zones de rétention d’eau qui parfois jouxtent des parcs publics servant de zones « tampons » tout comme les alternatives de reboisement. Suite à la crue de 1910, nous assistons au « creusement du lit mineur [de la Seine] en aval » et plusieurs réservoirs ont été construits59 ayant pour objectif d’abaisser la hauteur de crue. De même, des stockages sont additionnés et en amont, sont sélectionnés des « champs d’inondation » pour « étaler l’eau » en d’autres termes, diminuer le débit60. La corrélation entre urbanisme et paysagisme optimisant la répartition du risque est
Wikipedia, « Jardins du Turia », (https://fr.wikipedia.org/wiki/Jardins_du_T%C3%BAria, mise à jour le 5 avril 2017, consulté le 8 mai 2017). 59 Pour les fleuves de l’Yonne, la Seine, la Marne, l’Aube. Dans A.BRUN, F. GACHE, « Risque inondation dans le Grand Paris : la résilience est-elle un concept opératoire ? », op. cit. 60 Le principal étant « La Bassée » dans GEODE, « Crue de la Seine à Paris en 1910 », op. cit. 58
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encouragée. Le gouvernement néerlandais émet toutefois une remarque sur les aménagements : « La création de zones inondables s’avère indispensable pour pouvoir compenser les effets de la montée du niveau de la mer et de l’affaiblissement du sol. Mais cela n’empêchera pas chaque fois, au moment crucial, des dispositifs techniques devront mettre mis en place»61. En effet, à Paris, les lacsréservoirs de la Seine ne suffiraient pas selon l’IAUE qui a mis en ligne une vidéo simulant les effets que pourraient engendrer une crue historique de la Seine de nos jours 62. Cela signifie que de nouveaux dispositifs gouvernementaux doivent compléter l’insuffisance des alternatives paysagères. En ce qui concerne les digues, les avis sont mitigés. Si les villes gardoises n’ont pas pu se préparer au risque lors de la crue historique de 2003 c’est qu’elles ignoraient que cela se reproduirait et que les digues les protégeraient. Mais l’eau a dépassé la hauteur ou effectué des brèches dans ces infrastructures et ouvrages artificiels63. De plus, cela amplifie le risque considérablement. Avec le risque d’une défaillance de ces ouvrages et du coût de l’entretien, le renforcement des digues n’est désormais plus recommandé ou devrait être envisagé à bon escient. En outre, ces méthodes qui visent à bloquer l’eau fragilisent aussi bien la nature que les villes. En effet, les digues construites par l’homme empêchent la formation de barrières naturelles et entraînent un affaissement du sol. Alors que les populations vivent en milieu inondable en parallèle avec les conséquences du réchauffement climatique, la récurrence et l’intensité du risque augmentent chaque année, comme nous l’avons évoqué dans le cadre des inondations de Venise. Cet exemple en vue de ce que nous venons de décrire démontre également que « les conditions de la catastrophe naturelle ont mené vers une catastrophe non naturelle »64, d’après E. Fenuta car nous constatons qu’une partie des dégâts est placée sous la responsabilité des constructions existantes. Cela signifie que nous avons entrepris une adaptation inappropriée en aggravant le risque. Après avoir considéré les divers moyens employés dans la réduction du risque dans l’historique des villes avec les inondations, nous cherchons à comprendre quelles sont les raisons pour lesquelles les
O.MESSAOUDI, Amphibious Living, op. cit., p. 32 IAUE Île-de-France, « Simulation d’une crue centennale de la Seine en amont de Paris (Val-de-Marne) », Février 2016, (https://www.youtube.com/watch?v=_tR2R4VqJW0, consulté le 17 avril 2017). 63E. BATAILLE, nd.(http://memoiresdescatastrophes.org/pdf/gz5u3hkhnjt/afficherDoc) 64 E. FENUTA. Amphibious Architectures: The Buoyant Foundation Project in Post-Katrina New Orleans, Thèse de Master dirigée par E. ENGLISH, Université de Waterloo, Ontario, Canada, 2010, p. 2. 61 62
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hommes se sont exposés à un territoire inondable et quelles sont les problèmes de l’architecture d’aujourd’hui.
Figure 7 - Comparaison entre digues naturelle et artificielle
Les raisons de vivre à proximité de l’eau Pour comprendre l’évolution d’une ville en relation avec l’eau, nous décelons dans un premier temps les potentiels à l’origine de sa localisation. L’implantation des populations le long d’un fleuve, autour d’un lac ou au bord du littoral mais aussi à proximité de nappes phréatiques n’est pourtant pas anodine. L’eau joue en effet un rôle essentiel dans le développement des villes. C’est avant tout pour son intérêt en tant que source vitale comme l’approvisionnement en eau potable pour l’Homme, mais c’est également un milieu où se développent l’agriculture et la pêche avec l’emploi de systèmes d’irrigation. Par exemple, la ville de Strasbourg est située sur des terres anciennement irriguée et marécageuses qui était à l’origine occupées par des bateliers et des pêcheurs. Ensuite, pour le développement des cultures maraîchères, celles-ci ont été assainies et asséchées par la création de canaux65. Au XVIIème siècle, ces milieux humides privilégiaient l’accès à l’eau pour les populations pauvres qui pouvaient se permettre des puits de faible profondeur66. Le désavantage est que le sol s’avère instable et insalubre – à la fois boueux et pollué par les puits – et l’eau est difficilement évacuée67.
P. FOURNIER, « La ville au milieu des marais aux XVIIe et XVIIIe siècles Discours théoriques et pratiques de l’espace », « Histoire urbaine », Société française d’histoire urbaine, n°11, p. 23-40, 2007, (https://www.cairn.info/revuehistoire-urbaine-2007-1-page-23.htm). 66 Ibid. 67 Ibid. 65
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L’eau en tant que surface était aussi un moyen de défense dans le passé mais également une zone de circulation ; de nos jours encore on crée des voies navigables empruntées par le transport de marchandises et humain propices aux activités commerciales et touristiques. Enfin, l’eau en tant que fluide est une source d’énergie propice à l’industrie : utilisée, transformée, diffusée, retenue par des technologies avancées telles que les moulins à eau, les stations et barrages hydroélectriques68. Ces techniques sont d’ailleurs très courantes aux Pays-Bas depuis des siècles, pays précurseur en matière de gestion des risques d’inondation que nous relaterons ultérieurement.
L’origine des villes ne peut donc être pensée sans leur rapport à l’eau car les multiples usages qu’elle procure sont des facteurs de croissance d’une ville qui expliquent le fait que nous nous inscrivons encore aujourd’hui dans un contexte hydro-géographique solide.
La problématique de l’urbanisation
Nous assistons ensuite de manière générale à un fort développement urbain comme nous le montre la plupart des capitales dans le monde. L’architecte et chercheur néerlandais Koen Olthuis, fondateur de la firme Waterstudio NL spécialisée dans les structures flottantes en milieu inondable, prédit que « d’ici 2050, environ 70 % de la population mondiale vivra dans des zones urbanisées »69 sachant que plus des trois quarts des plus grandes villes sont situées en bord de mer et que le niveau de l’eau monte. Cette situation nous oblige à repenser radicalement la façon dont nous vivons avec l’eau». Avec l’accroissement de la population et la nécessité d’étendre les villes depuis la fin des années 50, l’expansion urbaine en zone inondable est alors controversée70.
Ses propos sont illustrés par le rôle du « Rhône [qui] prend sa source en Suisse, qu’il reçoit l’eau de nombreux affluents, qu’il alimente des barrages hydroélectriques, qu’il refroidit des centrales nucléaires, qu’il constitue une voie navigable commerciale et touristique, qu’il irrigue d’immenses espaces agricoles et que de nombreux riverains boivent son eau, etc ». E. BATAILLE, nd.(http://memoiresdescatastrophes.org/pdf/gz5u3hkhnjt/afficherDoc) 69 Waterstudio NL, “Vision”, 2007-2014 (http://www.waterstudio.nl/vision). 70 Malgré une inondation en 1999, la ville de Narbonne s’est développée avec l’apparition de nombreux lotissements alors qu’elle était en attente de la mise en place du PPRI (Plan de Prévention des Risques d’Inondation), qui régit des réglementations de constructibilité selon la vulnérabilité du terrain. Il est évident que l’installation des populations sur des sites aussi exposés aux inondations rend le risque plus important. 68
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Dans la mesure où les villes ne peuvent envisager d’éviter l’exposition au risque d’inondation alors que celui-ci peut être récurrent, il est essentiel de se demander comment réduire la vulnérabilité d’une ville fortement urbanisée où se concentrent des enjeux humains, économiques et climatiques. Nous avons vu précédemment que même en l’absence d’un cours d’eau, les inondations par ruissellement ou par remontée de nappes peuvent survenir. Dans cette situation particulière, une deuxième problématique apparaît quant à cette urbanisation et qui concerne aussi les autres natures d’inondation, celle de l’imperméabilisation des sols. Comme nous le montre l’exemple de Venise, les nouvelles constructions se positionnent à l’encontre de l’écoulement et les villes se retrouvent dans l’incapacité d’évacuer l’eau ou les systèmes de drainage sont insuffisants malgré la diversité des aménagements paysagers. Par conséquent, les populations peuvent être grandement affectées par l’intensité d’une crue. A la suite d’une inondation, il faut dans certaines situations reloger les populations de façon temporaire en attendant la fin de la décrue71. Dans d’autres situations les dommages sont tels que des mesures drastiques sont employées de manière à ne plus s’exposer au risque dans la crainte de subir une nouvelle catastrophe. Par exemple, lors de la tempête Xynthia en juin 2010 qui a touché essentiellement la Charente et la Vendée, 1 510 maisons situées en zones inondables dont la plupart sous le niveau de la mer ont été sinistrées et 1 100 d’entre elles ont été expropriées ou détruites 72. Par conséquent, par mesure de sécurité, la relocalisation de la population sinistrée a été effectuée laissant derrière elle un paysage dévasté. Dans lequel cas l’expropriation est la solution radicale la plus appropriée, elle résulte néanmoins d’une perte d’identité sociale, culturelle et architecturale. En d’autres mots, les habitants regrettent d’abandonner leur habitation et le cadre qui leur était apporté, comme leur localisation73, la relation avec le voisinage et la participation aux activités traditionnelles de la commune à l’instar de la Louisiane après le passage de l’ouragan Katrina74. Par la création de
Par exemple, lors de l’inondation du Gard en 2003, des particuliers ont prêté des terrains pour reloger 60 familles et la commune et la préfecture ont mise en place un village de mobile hommes. E. BATAILLE, nd.(http://memoiresdescatastrophes.org/pdf/gz5u3hkhnjt/afficherDoc) 72 C GRACIEUX, « Les ravages de la tempête Xynthia sur les côtes vendéennes et charentaises », 2010, (http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu04918/les-ravages-de-la-tempete-xynthia-sur-les-cotes-vendeenneset-charentaises.html, consulté le 4 mai 2017). 73 Par exemple en bord de mer, les habitants préfèrent accepter d’être inondés pour ne pas avoir à reconstruire leur vie ailleurs, raconte M. Weliachew. 74 E. English, C. Friedland, F. Oroojin “Buoyant amphibious construction vs. permanent static elevation: flood resilience without increased vulnerability to wind”, 2015, ccessible sur le site www.buoyantfoundation.org, consulté le 21.03.2017. 71
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nouvelles zones d’expropriation appelées « zone noire »75, il est désormais interdit de construire pour éviter l’exposition des populations à des risques élevés voire mortels. Cependant, si l’Etat couvre les assurances suite à une inondation, il se proclame « garant des zones sinistrées » et prend en charge les nouvelles constructions parfois même devant la négligence du risque. Cela s’explique d’une part par une chute du foncier considérable dans ces zones ; par exemple, lorsque 2/3 d’une commune est inondable, ces surfaces sont invendables, décrit B. Weliachew. En effet, la problématique des inondations devant la densification des villes n’est pas toujours perçue comme un frein au développement de celles-ci. L’urbanisation est de nouveau influencée par l’avis succinct de l’Etat en alléguant que « la réduction de la vulnérabilité ne doit pas être systématiquement synonyme d’inconstructibilité ou de gel des territoires soumis aux risques » 76. Cette décision découle de la demande en logements et en bureaux donc une concentration d’activités élevée en zone inondable. Ainsi, le risque apparaît comme secondaire, même chez les maîtres d’ouvrage qui ne le prennent pas vraiment en compte dans le cahier des charges à l’exception des réglementations urbaines77. Les questions subsistent vis-à-vis des constructions en zone submersible considérées comme indispensables alors que le danger est récidivant. Pour synthétiser, les raisons pour laquelle les villes se sont étendues en la présence d’un point d’eau sont donc multiples et il n’est pas évident d’empêcher toute urbanisation ou de délocaliser toute une population. Nous avons développé une dépendance envers l’eau et l’apparition de crues inhabituelles ou récurrentes nous oblige à repenser l’aménagement des territoires, soit en s’éloignant du risque (temporairement ou de manière permanente) soit en acceptant de vivre avec. Ce qui suscite un questionnement incessant quant à la préservation des villes.
75
Ou « zone de solidarité » N. OLIN (dir.), A. BRUN, F. GACHE, « Risque inondation dans le Grand Paris : la résilience est-elle un concept opératoire ? », 2013, (http://vertigo.revues.org/14339, consulté le 17 mars 2017) 77 Loc. cit. 76
32
2.2.
L’amélioration des moyens de prévention pour réduire le risque
Dans lequel cas nous sommes contraints à nous préparer à d’autres risques futurs, les politiques de gestion des inondations se penchent de plus en plus vers des solutions urbaines et architecturales. Ce chapitre sur la législation est nécessaire pour la réalisation des futurs projets de construction en terrain submersible. L’application de stratégies préventives nationales et européennes Par la récurrence des inondations, nous sommes plus aptes à localiser les territoires les plus exposées et déterminer les enjeux. L’analyse de l’historique des inondations et les retours d’expérience participent activement à l’élaboration de prévisions de crues et des mesures de prévention. Pour cela, nous nous appuyons sur les programmes d’actions de prévention car ils ciblent des stratégies d’aménagement de la ville par rapport au phénomène d’inondation78. Le programme principal est la Stratégie Nationale de Gestion du Risque d’Inondation (SNGRI) créée en 2010 qui met en corrélation 4 autres programmes préventifs majeurs : les PAPI, les PGRI, les TRI qui sont détaillés en annexe et les PPRN ou PPRNP (Plans de Prévention des Risques Naturels Prévisibles)79. Le SNGRI fait appliquer trois objectifs prioritaires de la politique nationale : « augmenter la sécurité des populations exposées », « stabiliser à court terme, et réduire à moyen terme, le coût des dommages liés à l’inondation », « raccourcir fortement le délai de retour à la normale des territoires sinistrés »80. Ce sont des stratégies qui participent à la recherche de résilience que nous détaillons prochainement.
Ces programmes sont mis en œuvre par le Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Depuis la loi « Barnier » en 1995, le PPRN ou PPRNP est le premier outil qui prescrit des méthodes de construction dans le cadre des Plans d’occupation des sols (POS) car le « PPR vaut servitude d’utilité publique (SUP) » En d’autres termes, le droit de propriété est accordé par les personnes publiques dans un but d’intérêt général. Dans Memento du maire, « R4 – Servitudes d’urbanisme et d’utilité publique », 8 mars 2012, (https://www.mementodumaire.net/responsabilites-du-maire-2/r4-mesures-de-controle-et-pouvoirs-de-police-dumaire/, consulté le 20/05/17). 80 Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, stratégie nationale de gestion des risques d’inondation, mai 2014, règlement du GPATIC sur le site officiel. 78 79
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Pour mettre en pratique ces principes, le Centre Européen de Prévention du Risque d’Inondation (CEPRI) offre des apports techniques et scientifiques en France et en Europe 81. Leur projet propose une méthodologie de travail qui concerne aussi bien l’existant que les nouvelles constructions82. Leurs recommandations résultent de l’analyse des enjeux relatés, nous pouvons les énoncer de la manière suivante : - « Inclure un système de protection dans l’aménagement urbain ». Il vise à présenter un certain nombre d’aménagements conciliant ouvrages de protection (digues) et densification de l’espace urbain à travers des dispositifs innovants tels que les super-digues. - « Donner ou redonner plus de place à l’eau ». Il s’attache à réduire l’aléa inondation au sein des villes, ou du moins à ne pas l’aggraver, en proposant un panel d’exemples donnant ou redonnant sa place à l’eau dans les centres urbains denses». Nous avons précédemment fait ressortir ces deux principes en expliquant les risques du premier et l’insuffisance du deuxième face à l’étalement urbain. A cela s’ajoutent des stratégies en rapport avec les activités des habitants de façon à ce qu’elles ne soient pas endommagées ni interrompues pendant et après l’inondation. - «Localiser les activités et les infrastructures urbaines». Ce principe vise à réduire l’aléa inondation au sein des villes ou de ne pas l’aggraver. Ce sont des précautions sur l’implantation des activités et infrastructures par rapport à la zone du risque. - «Assurer le maintien du fonctionnement des réseaux techniques». Cela est relié au fonctionnement d’une ville de manière autonome selon les besoins en énergie et les réseaux de circulation.
C’est une association qui qui naît de la concertation des collectivités territoriales et de l’Etat en 2006. D’après le site officiel du CEPRI (http://www.cepri.net/presentation.html). 82 CEPRI, « Comment saisir les opérations de renouvellement urbain pour réduire la vulnérabilité des territoires inondables face au risque d’inondation ? – principes techniques d’aménagement », février 2015 (http://www.cepri.net/tl_files/Guides%20CEPRI/CEPRI%20rapport%20principe%20amenagt.pdf), p. 16-17. 81
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- «Créer des espaces intelligents pour la gestion de crise et la reconstruction». La particularité de cette stratégie est de concevoir des constructions possédant des usages multiples dont certains sont pratiques durant la crue. Cela peut être des zones de rétention d’eau, des zones sécurisées « hors d’eau ». En ce qui concerne les projets de construction, le CEPRI encourage à trouver des solutions architecturales et infrastructurelles « adaptées au risque ». Plus précisément dans la description, nous pouvons citer « imaginer des procédés constructifs permettant d’adapter un bâtiment […] à la présence du risque d’inondation dans une zone en renouvellement urbain ». Pour résumer, ces stratégies prennent en considération les enjeux économiques, écologiques et sociaux liés à l’étalement urbain dans l’optique d’adapter l’aménagement des villes aux inondations. Nous verrons comment saisir ces principes théoriques dans la partie suivante dédiée aux projets d’architecture.
La recherche de résilience dans les projets urbains Face aux risques, nous sollicitons la recherche de projets ou de structure résilients aux conditions de submersion. Le terme de « résilience » est souvent introduit dans le cadre des inondations par les gestionnaires du risque, les urbanistes et les architectes. Cette notion est difficilement définie car elle est utilisée aussi bien par les sciences dures que les sciences humaines83. La première signification est « la résistance d’un matériau à un choc »84 alors que la deuxième est « la capacité d’un individu à surmonter un traumatisme »85. Un retour à la normale
H.-J. SCARWELL, « Déconstruire les logiques de gestion du risque d’inondation. De la résistance à la résilience : quelle adaptation de la prévention des risques naturels au réchauffement climatique ? », Air Pur, 72, 2007, p. 27. 84 CNRTL, 2012. Définition de “résilience”: « Résistance d’un matériau au choc. » 85 H.-J. SCARWELL, « Déconstruire… », Ibid., p. 27. 83
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Plus précisément pour cette dernière définition, la résilience à l’échelle d’une ville-ci réside dans le fait de contribuer à améliorer le retour à la normale de la société après l’arrivée d’une crue86. Pour aller encore plus loin, il s’agit de « la capacité de la ville à se réorganiser rapidement à la suite d’une inondation majeure [qui] suppose une acceptation de la catastrophe »87. Ainsi, une architecture résiliente anticipe les enjeux du risque d’inondation et limite les dommages occasionnés pour que « le bâtiment [puisse] être habité à nouveau »88. Autrement dit, la résilience participe à la période de post-catastrophe en optimisant l’absence de modifications le quotidien des habitants. De ce fait, afin de limiter l’impact d’une crue sur la vie des personnes, nous constatons qu’il est nécessaire de subvenir à leurs besoins du point de vue énergétique. Sachant qu’une inondation peut se dérouler pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois, nous constatons que les réseaux peuvent être rendus non fonctionnels pendant cette durée. Les habitants se sentent isolés à l’intérieur et ne peuvent se procurer un approvisionnement suffisant en eau, électricité, chauffage 89. Plusieurs processus ont été imaginés afin de bénéficier d’une autonomie énergétique temporaire. L’objectif est donc de ne pas ressentir les effets d’une crue entre le début et la fin. La résistance des matériaux A l’échelle de la construction, la « résilience » par rapport à la première signification, désigne la capacité des matériaux à résister aux impacts de l’eau. Par la connaissance de la résistance des matériaux, nous augmentons la durabilité et donc la protection d’un édifice. La résistance des bâtiments aux inondations dépend grandement de la durée de la crue car la dégradation des matériaux diffère selon le contact prolongé avec l’eau. «L’eau (sous toutes ses formes : vapeur, liquide, solide) est l’ennemi numéro un du bâtiment»90 selon les constructeurs. Pour résister à l’eau, les constructions devraient être imperméables à l’extérieur et H.-J. SCARWELL, « Déconstruire… », Ibid., p. 27. A.BRUN, F. GACHE, « Risque inondation dans le Grand Paris : la résilience est-elle un concept opératoire ? », op. cit. 88 J. DALUZEAU, M.GRALEPOIS, C. OGER, La résilience face à la normativité et la solidarité des territoires (Dés)Intégration du concept de résilience dans le Plan de Prévention des Risques d’Inondations du Val de Tours, avriljuin 2013., (http://echogeo.revues.org/13445, consulté le 22 mai 2017), 89 En revanche, les précautions demeurent rarement des actes individuels ou collectifs au niveau de l’approvisionnement alimentaire, note J. Faye. 90 J.L. SALAGNAC, J.-M. AXES, D. MARCHAND, C. FLORENCE, P. DELPECH « CSTB – Impacts des inondations sur le cadre bâti et ses usagers, rapport final » , op. cit., p. 13. 86 87
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éviter de retenir l’humidité à l’intérieur sous l’effet de condensation ou de remontées capillaires91. Pendant la submersion, les performances mécaniques et énergétiques des bâtiments dits « ordinaires », « en maçonnerie, en bois [ou] en métal »92 sont altérées. Malencontreusement, nous n’avons pas à disposition de rapports de références sur lesquels se baser pour vérifier le comportement durable des matériaux au contact prolongé avec l’eau. Les matériaux présentent tout de même des qualités perméables suffisantes pour accueillir la présence de l’eau. Par exemple, le bois est le plus usité car c’est une ressource disponible localement et légère afin de faciliter la mise en œuvre : de la transformation à la transportation. Egalement recyclable, le bois a la capacité de ne subir aucune déformation. Les architectes Wim Germain et Rikus Siebring mettent en avant le matériau bois pour ses atouts résistants à l’humidité, au froid et sa durabilité93. Ce matériau pourrit sauf s’il est constamment immergé par l’eau94, c’est la raison pour laquelle on utilise des poteaux en bois dans certaines constructions sur pilotis et flottantes. L’acier a des propriétés résistantes à la corrosion à l’eau et au vent contrairement aux idées reçues et il nécessite peu d’entretien. L’avantage est qu’on peut fabriquer des éléments de formes et dimensions variées tout comme des types de poteaux avec des profils en X, H ou O95. Le béton est également très durable à condition d’être traité. Il existe plusieurs sortes de bétons : béton renforcé, béton précontraint ou béton ordinaire. Son atout est la possibilité d’être préfabriqué et/ou coulé sur place. Par ailleurs, le nouveau béton hydrofuge a la caractéristique d’avoir une surface imperméable. Il est choisi dans la construction des bases flottantes et certaines routes. Pour déterminer le dimensionnement des ouvrages, nous devons évaluer l’ « effet hydrostatique » de la poussée d’Archimède, qui est un principe essentiel dans la construction d’habitats96. Mais aussi, nous savons qu’un mur peut s’effondrer lorsque le niveau de l’eau entre l’intérieur et l’extérieur dépasse un mètre97. C’est d’ailleurs pris en compte dans les critères de la zone rouge du PPRI. C’est la migration de l’humidité du sol dans les murs. Dixit [anon.], « Maisons (des) les pieds dans l’eau à Oostemahorn », Séquences bois, 18, octobre 1997, p.4-5. 94 J. VISSER, J. ROSS, « Au bord du lac. Maisons de bateaux », Fondettes : Editions Van de Velde, 2001, p. 15. 95 R. TOMIÉ, Study on Amphibious Low-rise Flooding-adaptable Buildings Significance of Amphibious Architecture in Flooding prone and Floodplain Urban Areas of Metropolitan Cities, Thèse de Master dirigée par W. ALSOP, Université Technique de Vienne, 3 novembre 2016, p. 23. 96 Nous détaillerons les paramètres de flottabilité suivant ce principe dans la partie III. 97 Ibid., p. 15. 91
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Dans la pratique, les professionnels éprouvent des difficultés à appréhender la résilience dans leurs projets notamment chez les architectes. En effet, leurs compétences en zone inondable, comme nous l’avons brièvement évoqué en introduction, restent limitées car leur formation initiale exploite peu ce domaine mis à part le DSA Risques Majeurs. Les études d’architecture sont par ailleurs plus axées sur les enjeux environnementaux – le développement des projets HQE (Haute Qualité Environnementale) par exemple - et les mobilités douces que les risques naturels ou technologiques 98. L’architecte n’a pas besoin de prérequis pour intervenir en zone inondable mais il peut avoir des lacunes dans ce domaine. Il travaille en fonction des contraintes du cahier des charges élaboré par le maître d’ouvrage et selon le programme et il peut coopérer avec des bureaux d’études spécialisés, s’avérant cependant « coûteux »99. Le respect du PPR reste une valeur sûre lorsqu’il y en a un, c’est l’outil de base de l’architecte pour construire en zone submersible mais qui n’est pas forcément intégré, critique E. Pierre. Pour résumer, à l’échelle de la construction, la résilience consiste à « s’oppose[r] à la force »100 tandis qu’à l’échelle de la ville, la résilience a pour but d’accueillir le risque en minimisant les conséquences. En développant mieux les qualités de résilience d’une ville, nous sommes en mesure de ne plus subir les impacts d’une crue et de ne plus qualifier celle-ci de catastrophe ou de danger. Cela transformerait notre perception négative du risque d’inondation.
L’intégration des risques dans la réglementation Le gouvernement procure des cartographies qui identifient les endroits les plus vulnérables auxquels on prête une attention particulière. A l’échelle nationale, nous avons par exemple les Atlas des Zones Inondables Prioritaires(AZI). A l’échelle de la commune, nous accordons une importance au PPRN dans le cadre des constructions en zone inondable. Ces plans incluent particulièrement des plans de prévention des risques d’inondation(PPRI) qui, conformément aux objectifs de prévention et de sécurisation, prescrit les conditions de construction A. BRUN, F. GACHE, « Risque inondation dans le Grand Paris : la résilience est-elle un concept opératoire ? », op. cit. Ibid. 100 CNRTL, 2012, Définition de « résistance » : « Tout phénomène physique qui s'oppose à une action ou à une force. » 98 99
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en zone considérée à risque dans le cadre d’un développement durable101. Parmi les 11 000 communes inscrites sous PPRN, nous décelons 9 000 PPRI qui ont été approuvés102. Les inondations au regard de la législation sont donc le risque naturel le plus évident en France comme nous l’avons affirmé plus tôt. Les conditions de la création des PPRI sont d’abord la proximité d’une source et l’expérience d’une inondation avec comme outil l’évaluation du nombre de sinistres103. Le PPRI catégorise les zones de la manière suivante : • les « zones rouges » où le risque est élevé interdisent le permis de construire pour les constructions nouvelles comme suivant les expropriations, sachant que la vie des personnes est menacée à partir du moment où la hauteur de crue est supérieure à 1 mètre et que le courant de l’eau est supérieure à 1 m/s104. • les « zones bleues » à risque moyen souscrivent le permis de construire avec des prescriptions pour les projets. La construction est possible lorsque la hauteur de crue atteint 50 cm. Sur l’existant, les travaux de doivent pas être plus élevés que 10% de la valeur du bien précise M. Faye. • les « zones blanches » sans risque autorisent le permis de construire soumis aux règles du PLU puisque le PPR est une servitude appliqué au PLU. Ainsi, le PPRI définit les zones inconstructibles ou constructibles sous conditions de manière à ce que les habitations et les activités sujettes aux risques puissent être conservées105. Les architectes et les maîtres d’ouvrage ont donc besoin d’avoir connaissance de ces plans dans leur pratique. Par ailleurs, la détermination des zones à risque d’inondations est toutefois partielle car certaines régions exposées aux risques ne sont pas encore soumises aux PPRI. De même, malgré le passage d’une inondation et dans l’attente de l’application d’un PPRI, il arrive que certaines communes entreprennent des reconstructions similaires à l’endroit même de la submersion, critique M. Faye – ce qui rejoint la problématique de l’urbanisation. Il existe également d’autres droits qui régulent la J. DOUVINET, S. DEFOSSEZ, A. ANSELLE, A-S. DENOLLE, « Les maires face aux plans de prévention du risque inondation (PPRI) », L’Espace Géographique », janvier 2011, Belin, p. 98. (http://www.cairn.info/revue-espacegeographique-2011-1-page-31.html) 102 Les autres catégories de PPRN sont les risques sur le littoral (PPR littoral) avec 270 communes concernées qui intègrent la protection des falaises, et le PPR ruissellement. Donc, dans le cadre d’inondation, plusieurs PPR peuvent s’appliquer selon la nature d’inondation. 103 Une enquête publique obligatoire peut aussi influencer sa réalisation. 104 Propos de J. Faye. 105 Ainsi que les zones d’expansion de crue. Dans F. DEGARDIN, B. GUEZO, S. VIGNERON, « Centre-ville en zone inondable: prise en compte du risque : dix exemples d’adaptation du bâti », Ministère l’Ecologie et du Développement durable, Paris, 2004, p. 8-9. 101
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construction en présence d’un cours d’eau, même en l’absence de risque, dans le but de préserver l’environnement. Selon les conditions, on délimite des zones inconstructibles autour de l’eau106. En ce qui concerne les zones bleues, les prescriptions suggèrent d’élever le niveau du plancher habitable au-dessus de la côte de référence, de réserver des fonctions non habitables au rez-dechaussée pour accueillir l’inondation, de créer une zone refuge en hauteur qui peut être occupée dans l’attente des secours (un toit-terrasse ou un balcon est de ce fait conforme)107. Les architectes et les constructeurs s’adaptent donc dans l’application de ces normes. Cependant, nous pouvons relever que celles-ci posent des contraintes pour les habitations individuelles. Par exemple, l’incommodité d’ajuster la hauteur du plancher habitable est d’entraîner la fabrication d’escaliers avec une volée plus importante qu’une habitation traditionnelle108. Du point de vue d’accessibilité, les personnes à mobilité réduite(PMR)109 sont les plus concernées par la surélévation car elles requièrent des rampes spacieuses et/ou un ascenseur. Pour les projets individuels, ces équipements ne sont pas forcément abordables110. De plus, la zone de refuge demande d’allouer un espace qui peut être perdu si les inondations sont peu fréquentes. Toutefois, un balcon ou un toit-terrasse accessible peut suffire. De même, réserver un rez-de-chaussée inondable non habitable implique de modifier les usages d’une maison traditionnelle. Ainsi, l’espace remplit des fonctions secondaires comme l’emplacement d’un garage, l’accès à l’habitation et à du stockage, qui ne sont pas inondées la plupart du temps. « Cela n’a rien d’innovant », ajoute l’architecte S. Pasquier111. Nous vérifierons cette hypothèse dans la partie suivante consacrées à l’adaptabilité des projets urbains et architecturaux. Au niveau du littoral, nous distinguons d’une part, l’interdiction de construire sur une « bande de 100 m à compter de la limite haute du rivage » […] dans les espaces non urbanisés - à l’exception de bâtiments recevant du public ou accueillant des activités économiques. D’autre part, seules les constructions existantes peuvent avoir recours à des extensions ou des reconstructions dans les espaces urbanisés. Ainsi, par mesure de protection du littoral et de la sécurité des populations, les nouvelles constructions individuelles ne sont pas envisageables mise à part la modification de l’existant. Dans le cas d’habitations proches d’un cours d’eau, le principe de s’éloigner est appliqué selon la loi en bord du littoral, lac et fleuve nommée « cinquante pas géométriques » ou cinquante pas du roi. Elle impose une distance inconstructible entre la source et les terres (berge) équivalant à 81.20 mètres où on ne peut pas construire « les pieds dans l’eau. » D’après la « loi du littoral » de 1986, dans V. WILLEMIN, « Maisons sur l’eau, Paris », op. cit., p. 80. 107 CEPRI, « Le bâtiment face à l’inondation », 2010 (https://www.cepri.net/tl_files/pdf/guidevulnerabilite.pdf) 108 E. ENGLISH, N. KLINK, S. TURNER, “Thriving with water: Developments in amphibious architecture in North America, Floodrisk 2016 3rd European Conference on Flood Risk Management”, EDP Sciences, 2016, (https://www.e3sconferences.org/articles/e3sconf/pdf/2016/02/e3sconf_flood2016_13009.pdf, consulté le 21 mars 2017), p. 3. 109 Selon la loi PMR: accès pour les personnes âgées, femmes enceintes, personnes handicapées mentalement ou physiquement, personnes en fauteuil roulant, personnes transportant des bagages lourds et personnes avec enfants (y compris enfants en poussette). 110 Seuls, les projets de logements collectifs ou d’établissements collectifs ont l’obligation d’inclure ces éléments conformément aux réglementations PMR. 111 Lors d’une correspondance téléphonique. Ce professionnel a réalisé son mémoire de recherche et son PFE sur la politique d’urbanisation française en zone inondable. 106
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En suivant ces restrictions, la première solution envisagée consiste à surélever un bâtiment ordinaire. De façon similaire, nous réalisons que le PPRI sollicite la construction sur pilotis d’après le maire de Berthenay: « On nous disait déjà dans le premier PPRI de construire sur pilotis (…) Quelque part, déjà, c’était cette notion de résilience, cette capacité de résister, de repartir après la crue qui avait commencé à être prise en compte »112. A la suite du mémoire nous verrons que le pilotis n’est pas la seule solution.
Pour synthétiser cette partie théorique, nous avons décrit comment les inondations se déroulent en fonction d’une multitude de paramètres et que les conséquences sont variables d’un lieu à l’autre et selon la durée. Avec le constat que le nombre d’inondations ne cesse de croître chaque année, plusieurs villes subissent les inondations alors que la plupart se sont développées en la présence de l’eau et se sont appropriées des multiples usages qu’elle apporte. Cependant, l’Homme a souvent cru qu’il pouvait contrôler voire dominer son environnement par la construction d’infrastructures comme les digues et se retrouve à présent démuni face à la menace des forces de la nature. Par conséquent, lui-même participe à l’aggravation des risques en parallèle avec les conséquences du réchauffement climatique. L’avenir de Venise est critique, Paris et d’autres villes ne sont pas assez préparées à accueillir un risque, comme le suggèrent les gestionnaires et les gouvernements. Nous comprenons alors que nous avons positionné l’eau comme étant une contrainte dans l’urbanisme alors qu’elle participe à l’évolution des villes. Dans la mesure où les populations sont résolues à s’adapter à un territoire submersible, les politiques révisent leurs mesures de protection et prennent conscience que le fait de résister aux inondations n’est pas une alternative qui réduit la vulnérabilité, bien au contraire. Des stratégies plus respectueuses de l’environnement sont alors approuvées pour favoriser l’écoulement ou créer des réserves en complément des systèmes de drainages. Elles ne s’avèrent pourtant pas suffisantes face à la problématique de l’urbanisation. L’aménagement des villes se modifient progressivement dans l’optique d’accepter le risque et non de le repousser contrairement à nos ancêtres. En effet, avec le besoin de construire plus pour accueillir des activités et une population grandissante, l’architecture prend une place importante dans la construction des nouveaux édifices en terrain inondable. Aujourd’hui, les villes denses exposées au risque sont donc à la recherche de durabilité, terme évoqué dans la problématique du mémoire. Devant la répétition des J. DALUZEAU, M.GRALEPOIS, C. OGER, « La résilience face à la normativité et la solidarité des territoires (Dés)Intégration du concept de résilience dans le Plan de Prévention des Risques d’Inondations du Val de Tours », op. cit, p. 2. 112
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événements, l’intérêt de construire durablement réside dans le fait de protéger des vies et les biens individuels d’une part et nous pouvons rappeler que le risque représente un coût énorme d’une autre part. La recherche d’une architecture s’adaptant mieux aux crues permet en effet de réduire le coût des dommages et le coût de la prévention : la création de digues et de barrières nécessitant des entretiens réguliers et jugés pratiquement inefficaces, les systèmes de pompages, la part des assurances et des indemnisations, l’emploi des secours, la remise en fonction des réseaux etc. Nous n’avons pour le moment pas de solutions déterminantes mais nous allons voir maintenant que des alternatives architecturales émergent et renforcent simultanément le rapport entre l’eau et la ville.
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PARTIE II VERS L’ACCEPTATION DU RISQUE EN ARCHITECTURE ______________________________________________________________________________
Cette partie du mémoire nous éclaire sur l’adaptation actuelle de l’architecture française et étrangère face aux inondations à travers l’étude de projets architecturaux et urbains. Nous présentons dans un premier temps une typologie d’habitations tolérée en zone inondable de deux manières. Premièrement, nous présentons les qualités de plusieurs projets vis-à-vis de leur relation avec l’eau. Deuxièmement, nous faisons l’analyse comparative des types de structures afin de vérifier la pertinence conformément aux réglementations urbaines avant de souligner les limites de leur développement en France.
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1.
APPRENDRE A VIVRE AVEC LE RISQUE A TRAVERS UNE TYPOLOGIE D’HABITATIONS
Comme le résume J. Faye, la zone est toujours inondable et il faudrait s’y adapter, donc apprendre à vivre avec le risque. Nous avons expliqué dans la première partie que les politiques de prévention s’engagent à ne plus s’opposer aux risques par des moyens de résistance mais à accueillir les inondations. Dans le domaine de la construction, le CEPRI soutient des solutions architecturales adaptées aux inondations, il a élaboré une typologie d’habitats conventionnels de référence à l’usage des professionnels. Il existe en fait 4 types d’habitations résilientes aux conditions d’inondation qui suivent trois principes primaires également rédigés par le CEPRI113. Nous énonçons le rez-de-chaussée inondable qui rappelle le principe de « céder » l’eau puis l’habitat surélevé sur pilotis et l’habitat flottant qui vont « éviter » la pénétration de l’eau. Le type que nous nous permettons de nommer « rez-de-chaussée inondable » n’a pas de nom spécifique, les anglophones emploient le terme de « wet flood-proofing ». Cela consiste à laisser l’inondation prendre place dans le bâti114 et de favoriser le drainage naturel. A l’inverse, la stratégie de « résister » ou de « dry flood-proofing » privilégie des habitations étanches comme pour les portes de garage à Hambourg. La modification du terrain peut-être envisageable dans ce cas-là, la surélévation artificielle par des talus par exemple. La mise en place de batardeaux et d’autres barrières périphériques (ouvrages individuels ou buttes) sont des réponses additives qui ne modifient pas l’aspect de l’habitation115. Malgré leur opposition, ces techniques s’adaptent à des crues dont la durée ne dépasse pas deux semaines en règle générale, explique D. Vermeer116. Cette résistance n’est pas optimale lors des crues lentes et nous écartons donc les types inondables et étanches comme étant des solutions durables.
CEPRI, « Un logement “zéro dommage”face au risque d’inondationest-il possible ? », novembre 2009 (https://www.cepri.net/tl_files/pdf/ceprilogementzerodommage.pdf). 114 H.-J. SCARWELL, « Déconstruire les logiques… », op. cit., p. 28-29. 115 Aussi bien pour l’existant que les bâtiments neufs, d’après le CEPRI. 116 M. MITCHELL, SYMBIOSIS: Adaptations with Dutch Architecture and Urban Planning Practices in Response to a Changing Climate, LEED AP BD+C, n. d., p. 46. 113
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L’habitat flottant se décrit comme « un hébergement posé sur une plateforme flottante » comme le souligne l’entreprise française de maisons flottantes Aquashell.117. Il vient se positionner sur l’eau. En résumé, les types de construction tolérés sont des alternatives passives à l’égard des crues car elles ne modifient pas le terrain et n’amplifient pas le risque et elles optimisent la perméabilité du sol, essentielle à l’écoulement. Cela correspond à l’initiative environnementale dont nous avons parlé. Les schémas suivants illustrent chaque concept en période de crue.
Figure 8 - Typologie d’habitations résilientes aux inondations
1.1.
(Ré)utiliser les opportunités de l’eau
Chaque ville apprend progressivement à s’adapter aux paramètres d’inondation. Si certaines populations ont d’abord voulu s’opposer aux risques par des moyens de résistance, d’autres ce sont appropriées des principes de résilience plus rapidement. C’est le cas pour les villes portuaires de Hambourg et Amsterdam qui ont évolué avec le risque depuis des siècles. L’architecture de ces villes est caractérisée par les types de constructions flottantes ou amphibies, et qui a su tirer profit des qualités de l’eau. Laisser place à l’eau : du polder aux quartiers flottants La perspective de renforcer le rapport entre les villes et l’eau est récente. C’est une logique que commencent à adopter les pays européens. Aux Pays-Bas, la stratégie politique du SNGRI « laisser
117
Aquashell, sur https://www.aquashell.fr/concept/, actualisé en 2017, consulté le 28 février 2017.
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place à l’eau » pour réduire l’impact de l’écoulement est mise en place depuis longtemps. En effet, c’est le pays le plus avancé dans le domaine de la prévention avec leur programme gouvernemental “A room for the river” implémenté en 1997118. On demande de préserver des terres afin de laisser la rivière s’étendre119 comme les réserves de rétention d’eau. 2/3 du territoire étant en-dessous du niveau de la mer, il a conçu des polders, des étendus artificiels conquis sur la mer endigués et drainés. Par la suite, différents types d’habitation ont été conçues et approuvées entre autres des maisons sur poteau, des maisons flottantes et des maisons amphibies. De la même manière que le PPRI français, le programme néerlandais EMAB (Experimenteren Met Aangepast Bouwen) catégorise et réglemente les zones de construction à la différence qu’elles doivent réserver de l’espace à l’eau. Par conséquent, cela limite la superficie du terrain des constructions habitables, remarque l’architecte A. Loes.
Construire sur l’eau : vers la conquête de l’espace Le concept de vivre sur l’eau au travers de constructions flottantes non seulement apporte une réponse au problème de la montée des eaux mais participe aussi au dynamisme d’une ville. Le quartier d’Ijburg à Amsterdam réalisé en 1996 sur le lac IJmeer, est un quartier flottant réputé qui accueille une centaine de maisons sur quatre îles artificielles. A l’heure actuelle plus de 21 000 habitants y résident120. Ce projet urbain est majoritairement mené par l’architecte Marlies Rohmer dans le but de gagner du terrain sur l’eau ou « pallier le manque de place » dû à une forte densité. Outre la volonté d’une grande accessibilité aux sports aquatique121, la ville réalise que le système
Les objectifs sont cités dans “Safety for four million people in the Dutch delta Room for the River From higher dykes to river widening Working together towards a safe and attractive region”, mars 2012, (https://roomfortheriver.nl,.) 119 Par conséquent, cela limite la superficie du terrain de constructions habitables. Ainsi, cela mène une réflexion sur les usages multifonctionnels du lit de rivière. D’après A. LOES, architecte néerlandaise spécialisée dans l’architecture amphibie que nous avons interrogée. 120 Wonen in Amsterdam, Page officielle de Ijburg.nl, 2017. 121 I amsterdam, “Ijburg”, 2017, (https://www.iamsterdam.com/en/living/about-living-inamsterdam/neighbourhoods/ijburg, consulté le 12 août 2017). 118
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flottant ajoute une valeur foncière : cela donne une valeur à des terrains inondables ou des plans d’eau sans valeur, explique Jacques Roussin, l’associé du président du siège Batifl’O122. La perspective d’un quartier résidentiel flottant répond aux exigences de l’urbanisation en employant un étalement sur l’eau123. L’architecte néerlandais Koen Olthuis a réalisé quelques habitations à Ijburg. Il développe une vision encore plus large du concept de « faire usages de l’eau »124 autre que pour le logement. Dans sa prestation à l’occasion de Ted Talks, une plateforme culturelle qui diffuse des conférences internationales accessibles au public sur le site internet Youtube125, il explique ce dont a besoin une ville aujourd’hui et comment concevoir une ville flottante capable de répondre à ces besoins. Il conçoit les composants d’une ville comme des applications mobiles associées à des fonctions urbaines. Par conséquent, il caractérise la ville de tangible et de modulable selon les usages. Koen Olthuis invoque la nécessité de gagner plus d’espace pour accueillir ces nouvelles fonctions comme pour Ijburg. Ensuite, il considère l’eau comme étant une surface potentielle de construction où l’on peut développer une diversité d’activités pour le loisir, le logement, l’agriculture ou le commerce. Les membres de l’agence DelatSync spécialisée dans l’urbanisation flottante approuveraient cette image de la ville car ils visualisent l’occupation des océans par de « nouvelles cités durables »126. De cette manière, il introduit l’architecture flottante comme une alternative qui d’après les technologies avancées, ne constitue pas une limite technique - tant au niveau de la mise en œuvre que de la superficie.
122
Dans S. PASQUIER, « La politique d’urbanisation française en zone inondabl »e, Mémoire de Master Pôle Prospective, ENSA Paris la Villette, 2011, p.38. Dans E.B., (06 novembre 2010), «Une société paloise a inventé la maison flottante», La République des Pyrénées. 123 I. Izzhia, Sustainable approaches for built environment in developing countries, The 14th International Conference on Sustainable Environment and Architecture (SENVAR), Thèse, Université d’Architecture et d’Ingénierie Syiah Kuala, Indonésie, p. 7-9 Novembre 2013. 124 Traduction des termes qu’il a employés en anglais : « Make use to water » 125 Il a étudié l’architecture et le design industriel à l’Université technologique Delf. Membre actif du groupe de recherches multidisciplinaires affilié à UNESCO-IHE et l’Université Delf « Flood Resilient Group » Koen Olthuis déclare même que « 90% des villes les plus grandes sont situées à proximité de l’eau ». Dans TEDxWarwick, « Koen Olthuis – Floating City Apps », 22 mars 2012, (https://www.youtube.com/watch?v=9ppfIhX5eSw, consulté le 13 mai 2017) et dans Waterstudio NL, 2007-2014, (http://waterstudio.nl/Research_cityapps). 126 Dans S. PASQUIER, « La politique d’urbanisation française en zone inondabl »e, Mémoire de Master Pôle Prospective, ENSA Paris la Villette, 2011, p.38. Dans E.B., (06 novembre 2010), «Une société paloise a inventé la maison flottante», La République des Pyrénées.
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Ainsi, l’architecture flottante vient donc habiter l’eau et lui donner une valeur. Elle s’associe à une architecture additive par un aménagement certes artificiel mais durable au service d’intégrer de nouveaux besoins ou de les réajuster.
Figure 9 - Ijburg, des logements flottants
Le paysage de l’eau : une nouvelle perception du risque Les populations exposées aux inondations craignent de ne pas être assez protégées. Le risque est perçu comme un danger. La résilience des édifices modifie ce sentiment d’insécurité par ses qualités résistantes et énergétiques. Les habitations sur pilotis tolérées en zone inondable réduisent la crainte du risque en se positionnant au-dessus de l’eau. Un habitant d’Ath en Belgique nous fait part de son intérêt de vivre dans un logement collectif sur pilotis situé proche du centre-ville : «La singularité de mon habitation apparaît en période d’inondation. Au moment des fortes précipitations, l’eau du Canal déborde sur les terres des logements sur pilotis[…] J’ai la réelle sensation de vivre avec mon environnement. Mon habitation se
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meut aux rythmes des saisons»127. Par ailleurs, la personne révèle que le temps d’une crue n’est pas contraignant et que cela lui offre une lecture différente de son lieu de vie. Ainsi, le sentiment d’être chez soi en sécurité lors d’une inondation, ici à débordement direct avec ruissellement, montre que la montée des eaux peut renforcer, en plus d’une protection, une sensibilité envers le paysage. Dans le cadre d’habitation amphibie, nous apercevons le même avis positif. « Les premiers résidents ont indiqué que vivre dans une maison amphibie est un choix conscient pour un mode de vie plus aventureux au milieu de la nature. Ils ont spécifiquement choisi la maison pour son habilité à résister aux inondations »128. Si les habitations flottantes et sur pilotis sont devenues des alternatives d’adaptation aux crues, leur acquisition est parallèlement due à la qualité de vie qu’elles confèrent et positionne l’habitant comme étant spectateur, en symbiose avec les inondations. Lors de notre entretien avec M. Weliachew, l’enseignant juge que la ville de Hambourg s’adapte relativement bien aux inondations en ayant conscience des enjeux climatiques. Le nouveau quartier d’Hafen City se construit le long de l’Elbe dans l’ancien port de la ville dans l’optique du développement durable. Le projet d’urbanisation en cours est considéré comme le centre-ville sur l’eau le plus étendu d’Europe, il a débuté en 1999 et se finalisera en 2025129. Il s’agit en fait d’un quartier flottant dans lequel on distingue plusieurs îles artificielles composée en moyenne d’édifices de 6-7 niveaux. Face aux crues, toutes les nouvelles constructions comportent une base artificielle à 8.5 mètres au-dessus du niveau de la mer, bien au-dessus de la côte de référence prévue en cas d’orage (entre 7.30 et 8.40 mètres). Le programme accueille une diversité d’activités de loisirs, commerciales et principalement professionnelles et résidentielles. L’aménagement du quartier s’effectue sur plusieurs niveaux : avec l’emplacement de magasins de détail et de restaurants130 ou des garages dont certains sont étanches au rez-de-chaussée et les habitations aux niveaux supérieurs. Nous pouvons observer sur les photographies suivantes que les îlots sont reliés par des ponts ou des passerelles piétonnes suspendues qui provoquent simultanément des parcours agréables au fil de l’eau.
A. EYSSARTIER, Ath Amphibie, PFE dirigé par J.-M. IBOS, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille, février 2012, p.22. 128 European Environment Agency, « Amphibious housing in Maasbomel,the Netherlands », 2016, « CaseStudy Climate-ADAPT », (http://climate-adapt.eea.europa.eu/downloads/3e46f54c92e64393af38298b3f1b8321/1488380599/amphibioushousing-in-maasbommel-the-netherlands.pdf, consulté le 26 avril 2017), p. 6. 129 A. Pratico, The analysis of the new strategic area of Hamburg: the redevelopment project of the Hafencity’s waterfront, Janvier 2015, School architecture, urban planning and construction engineering, p. 3-5. 130 Ibid, p. 8. 127
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Dès lors que la gestion du risque introduit mieux la résilience, le phénomène d’inondation n’est plus considéré comme un frein au développement d’une ville. Les villes néerlandaises et allemandes ont appris à transformer le risque en opportunité en utilisant l’eau, qui comme nous l’avons expliqué est à l’origine de l’implantation des villes. Les projets cités révèlent les qualités de l’espace eau capable de densifier fonctionnellement, d’améliorer notre perception du paysage et notre ressenti du risque. L’architecture redonne une spatialité131 à l’eau.
Figure 10 - Hafen City, promenade suspendue
CNRTL, 2012. Définition de « Spatialité » : « PSYCHL. Espace vécu, ,,fondement de toute relation significative entre un sujet et son environnement`` (Thinès-Lemp. 1975) ». 131
50
2.
L’ADAPTATION AUX ALEAS DE LA CRUE
Le type d’habitation sur pilotis est l’alternative aux inondations la plus courante de nos jours. C’est le cas en France car il respecte le PPRI par son système de surélévation. Lors de la tempête Xynthia, le gouvernement critique le fait que la majorité des maisons sont de plain-pied. Le système sur pilotis peut répondre à ce problème. En revanche, comparé aux Pays-Bas, l’habitat flottant n’y est pas très familier malgré la présence de nombreux cours d’eau sur le territoire français. La France est effectivement moins concernée par le souci d’être sous le niveau de la mer. Sa production est tout de même encouragée suite à l’inondation de la Somme par l’entreprise Ermegence Industrie en partenariat avec la société française Batifl’O à Pau qui perfectionne la technique132. L’architecture amphibie n’existe pas en France133 alors qu’il possède des atouts résilients. Nous ferons part de l’innovation de sa structure dans la partie suivante. Après avoir relaté plusieurs exemples, nous pouvons à présent mettre en avant les caractéristiques structurelles des types de constructions tolérés par le PPRI français.
2.1.
Des constructions adaptées aux paramètres de submersion
Façonner avec les variations du niveau de l’eau L’habitat flottant s’adapte en zone « bleue » du PPRI dans lequel l’aléa est faible et moyen et lorsque le niveau de l’eau est inférieur à 1 mètre. Les modèles pourraient s’adapter également aux risques d’inondations à aléas forts comme le prédit Batifl’O et le modèle Aquashell qui peut être surélevé jusqu’à 2.8 mètres de hauteur par le biais de poteaux d’amarrage où vient s’accrocher la structure. Le type flottant est doté d’une base flottante et d’une partie habitable plus légère pour assurer la flottaison. La structure principale repose sur des poteaux ou est reliée à la berge afin d’empêcher l’effet de rotation134.
V. BOURGUET, « Bâtiment flottant pour les constructions en terrain inondable », Le Moniteur des travaux publics et du bâtiment, 5296, 27 mai.2005, p. 81. 133 Nous développerons plus son utilité dans le monde dans la partie III du mémoire. 132
134
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En revanche, les constructions sur pilotis ne sont pas totalement fiables puisqu’il est toujours probable que le niveau de l’eau dépasse la côte de référence lors d’une crue historique. Une diversité de types de fondations ancrées au sol Pour construire sur pilotis en zone inondable, nous pouvons avoir recours à 3 types de fondations adaptées à la composition du sol et des forces naturelles. Nous pouvons différencier deux ou trois types de pilotis dont le choix se fait par rapport aux conditions du sol d’implantation. La fondation dénommée « pilier » (pier foundation en anglais) est composée de béton armé ou en maçonnerie et repose sur une semelle assurant une résistance verticale et latérale ainsi qu’aux charges appliquées. Cependant, si la semelle est fine, les fondations ne supportent pas les conditions du littoral.135 Afin de résister à la force des vagues, les fondations sur « pieux » (pile foundation) sont à privilégier puisqu’elles descendent plus en profondeur dans le sol. La résistance dépend de leur dimensionnement et espacement, de la méthode d’installation, de la profondeur d’ancrage, du contreventement et de la connexion avec le volume habitable.136 Les « micropieux » (micropiles) sont des poteaux métalliques introduits en profondeur également. De plus petit diamètre, ils s’adaptent à différents types de sol car ils sont résistants aux effets de compression, de traction ou de cisaillement.137 Nous pouvons émettre l’hypothèse que ce type de fondation est le plus adéquat en terme de résistance sismique et au débit de l’eau. Ainsi, les fondations utilisées pour les pilotis sont accessibles révélant des performances statiques et hydrostatiques propres aux natures d’un sol sec ou submersible.
135
Dues aux charges latérales, la fondation risque de subir un effet de rotation avec des semelles fines. FEMA, “Foundation Requirements and Recommendations for Elevated Homes Hurricane Sandy Recovery Fact Sheet n°2”, mai 2013, (www.FEMA.gov), p. 8. 137 Ibid, p. 9. 136
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Figure 11- Typologie de pilotis
Nous pouvons différencier deux types de flotteurs pour l’habitat flottant. : le premier en plastique sous l’appellation de polyéthylène haute densité (PEHD) (Aquashell, Batifl’O) et le deuxième se présentant comme une coque en béton armé, une technique navale exploitée dans les pays d’Europe du Nord138. En ce qui concerne les flotteurs PEHD légers nous distinguons deux armatures. Ils sont fixés autour d’une plateforme en aluminium non sujette aux rayons solaires et aux déformations, décrit par Aquashell tandis que la technique de Batifl’O étant plus lourde, elle a pour avantage de réaliser des modèles de plus grandes superficies. Ces flotteurs peuvent présenter une partie creuse au centre duquel est insérée dans une dalle nervurée en béton armé qui joue le rôle d’un coffrage perdu.139 Ensuite est coulé une dalle ferraillée en béton. La plateforme a la capacité de se surélever car elle coulisse entre 2 pylônes. Elle est modulaire par son habilité à disposer les flotteurs au gré des besoins. Ce système de PEHD peut être réutilisé pour l’ajout d’un remblai routier offrant un accès à quelques véhicules pour un prix similaire à une voirie classique. A propos de l’entretien, les entreprises garantissent la venue d’un spécialiste tous les deux ans qui vient contrôler la structure et l’état des flotteurs si besoin est de les remplacer, d’après Aquashell.
138
Le type de fondation à base d’une coque en acier existe également mais nous ne le développerons pas car ce n’est pas une alternative populaire au sein de l’habitat. En effet, l’acier est moins performant en termes de résistance à la corrosion et la qualité de l’isolation est moindre. Enfin, sa mise en œuvre est moins abordable. Dans (http://www.unemaisonsurleau.construction/faq.php, consulté le 28 avril 2017.) 139 V. BOURGUET, « Bâtiment flottant pour les constructions en terrain inondable »,op. cit, p. 81..
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En résumé, les flotteurs PEHD par leur matérialité sont abordables et leur modularité détermine la superficie de la plateforme. Ils sont écologiques car ils sont équipés d’une petite station d’épuration favorable à l’empêchement de la formation de boue140 . Les plateformes flottantes en béton se présentent comme une coque, une barge ou un caisson imperméable. Le béton est renforcé par une armature métallique et des barres en acier galvanisé dessinent le contour. Les qualités principales de cette base flottante résident dans sa stabilité malgré que ce soit une structure lourde et sa durabilité d’environ 80 ans. La mise en place de poteaux d’amarrage renforce la fixation de la structure principale. La fabrication de la base flottante est entreprise en usine puis remorquée, l’ossature habitable est en revanche assemblée sur place. 141 Il faut compter 4 à 10 mois pour sa réalisation. Contrairement aux flotteurs en PEHD, aucun entretien n’est demandé pour ce type. Le seul constructeur spécialisé dans ce domaine en France est AquaDomi tandis que les flotteurs en béton évoluent en Allemagne, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne142. Enfin, la composition de base flottante, la fabrication et l’implantation de ces structures sont accommodantes car très flexibles selon les constructeurs. Le modèle flottant est importé sur place ou préfabriqué en usine, le tout peut être acheminé par grue à l’exception des coques en béton ou remorqué par voie navigable. De plus, il n’y a pas de fondation à proprement dit, ce qui en fait une structure prête à l’emploi et rapidement exécutable143. Bien que dotées d’une facilité de mise en œuvre, les bases flottantes en béton exigent donc une préfabrication spécialisée et un transport. Quoiqu’il en soit, nous nous attachons aux potentiels relatifs à la durabilité, la stabilité et l’aisance dans le dimensionnement de la structure. Cette diversité de fondations se comporte de manière passive et ont des capacités très résistantes.
Latribune, 29 septembre 2008, (http://www.latribune.fr/journal/archives/entreprises/actualite-despme/20080701u7g4s6y/batiflo-construit-des-maisons-flottantes.html, consulté le 4 mai 2017) 141 Nous pouvons observer quelques étapes de mise en œuvre sur le site du constructeur Dirkmarine présent aux PaysBas et en Grande-Bretagne sur le site suivant : http://www.dirkmarine.com/concrete-hull-hubb/ 142 Nous émettons l’hypothèse que ces pays à dominance portuaire possèdent des performances plus développés dans ce type de construction. Au Pays-Bas, les entreprises réputées sont Marlies Rohmer, Watersudio, Aquatecture, Factor Architecten. 143 La description du concept flottant illustré par des modèles diversifiés par l’entreprise Aquadomi est accessible dans le document en ligne suivant : https://www.habiter-autrement.org/34_eau/contributions-34/Maison-flottanteAquaDomi.pdf 140
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2.2. Maintenir la viabilité des habitations Les qualités de résilience d’un bâtiment cherchent également à ce que le mode de vie d’une personne lors d’une inondation ne soit pas modifié, qu’il soit à l’intérieur ou à l’extérieur de son habitation. La préservation d’un dynamisme « hors d’eau » En 2015, Ségolène Royal encadre le «Grand Prix d’aménagement»
144
sous la problématique «
Comment bâtir en terrains inondables ». Les trois critères poursuivis dans ce concours sont les stratégies de résilience du SGNRI145. Plusieurs projets dont la réflexion porte sur le renouvellement urbain et les quartiers existants ont été récompensés. Dans la première catégorie au titre de « grandes opérations d’aménagement comme le renouvellement urbain »146, le projet de la ZAC des Ardoines « Seine Gare Vitry, Vitry-sur-Seine » par le collectif d’architecture Germe & Jam (Val de Marne) a été primé « repère d’or »147. La proximité avec le RER de Vitry rappelle que le métro a déjà été inondé et hors de fonction. Le parti pris est de privilégier la circulation « hors d’eau » par des passerelles hautes (levées) et des voies routières surélevées temporaires. Les rez-de-chaussée étant inondables en partie, les bâtiments sont conçus à double niveau afin de préserver les activités des habitants, bureaux et commerces. Ces stratégies ont des connotations avec l’urbanisme Hambourgeois. La carte ci-contre issue du site officiel des architectes montre les zones qui sont atteintes par la montée des eaux et celles qui sont sécurisées et connectées. Le quotidien des habitants peut être perturbé durant toute la durée de la crue qui rend les zones de circulation inaccessibles conduisant à l’isolement. Pour pallier à ce problème, cette conception de bâtiments solidaires conserve la mobilité des flux piétons et automobiles. Accepter l’inondation pour favoriser l’écoulement et poursuivre les activités du quotidien sont les caractéristiques résilientes les plus marquantes de ce projet.
Aussi connu sous le nom de GPATIC. Que nous pouvons rappeler : sécuriser les biens et les personnes, réduire le coût des dommages, raccourcir le délai de retour à la normale. 146 Trois catégories ont été distinguées par des programmes différents : les grandes opérations d’aménagement comme le renouvellement urbain, les constructions comme les ensembles immobiliers et l’aménagement d’espaces publics. Les trois projets retenus se sont d’ailleurs concrétisé. 147 S. ROYAL, “Dossier Assises Nationales des Risques Naturels”, op. cit., p. 21. 144 145
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Figure 12 - Projet innovant Ă Vitry Gare ou vivre avec les alĂŠas de la Seine
Figure 13 - Des circulations solidaires lors d'une crue
56
Une réorganisation des fonctions habitables Comme nous l’avons évoqué précédemment, les restrictions du PPRI demandent à ce que le rez-dechaussée soit inondable et non occupée par des activités habitables. Les constructions sur pilotis respectent bien ses conditions en laissant place à des pièces de stockage ou des commerces comme dans le projet de Hafen City. Dans les habitats flottants, la répartition des usages est inchangée par rapport à un bâtiment ordinaire. L’agence Aquashell propose par exemple des modèles de maisons de 50 m2, 70 m2 et 140m2 de surface habitable de « plain-pied »148 ; la plateforme peut s’étendre comprenant des terrasses. On peut même intégrer des balcons et des toit-terrasse. Les bâtiments Batifl’O s’élèvent à 320 m2 sur deux niveaux (le maximum atteint)149, largement appréciée pour des bureaux ou des maisons. L’exemple du quartier de Ijburg montre que l’on peut avoir plus d’étages et plus de superficie. Celle-ci n’est pas limitée grâce à la modularité des blocs flottants. En revanche, la répartition des charges est conditionnée. Le poids total comprenant tous les éléments – ossature, enveloppe et ameublement – doit être symétrique et équilibrée pour assurer la stabilité de la structure. Ainsi, contrairement à une surélévation classique réglementée en zone inondable, l’habitat flottant par sa particularité du mode de vie sur l’eau confère les mêmes caractéristiques spatiales à l’intérieur qu’une maison classique. La volonté d’une indépendance énergétique Les habitants sont dépendants des réseaux publics mais ils peuvent être coupés de toute alimentation en eau, en gaz et en électricité surtout lors d’une inondation lente. Plusieurs systèmes sont conçus pour pallier ce dysfonctionnement énergétique jusqu’au retour à la normale. Pour le type du rez-de-chaussée inondable, le réseau électrique est placé en hauteur. Quant au type flottant, pour éviter le manque de raccord avec le réseau d’énergie public, les liaisons avec les réseaux 148 149
Hors toit-terrasse, ce dispositif étant relativement apprécié par le public. V. BOURGET, « Bâtiment flottant pour les constructions en terrain inondable », op. cit., p. 81.
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doivent être reliées à la berge ou autonomes. Dans le quartier de Ijburg, les maisons flottantes sont connectées à la terre par des jetées qui assurent une double fonction : voie de circulation et raccord de services (eau, électricité et eaux usées)150. Avec le modèle Aquashell, une canalisation souple passe par le cœur des colonnes comprenant un enrouleur. Ils peuvent « [contenir] et [dévider] des tubes flexibles du réseau électrique, de l’eau courante et du tout à l’égout»151. L’exemple du projet à Freischwimmer utilise en complément le courant de l’eau comme source de chauffage. Selon les moyens, des pompes à chaleur et des panneaux solaires complètent également les besoins énergétiques. Les progrès techniques parviennent à disposer d’une gestion en énergie autonome temporairement pour pallier les besoins des habitants. Par conséquent, cela n’apporte pas de modification dans leur confort quotidien pendant quelques jours à plusieurs mois selon la durée d’une crue.
Par expérience de crues récurrentes et la montée des eaux, vivre avec les inondations est devenu le leitmotiv des gestionnaires du risque152 en parallèle avec l’urbanisation des villes toujours d’actualité. Si l’eau au regard des inondations est souvent perçue comme une contrainte dans l’urbanisme, c’est en adoptant les principes de résilience que nous pouvons la transformer en « opportunité », terme dorénavant repris par les acteurs de prévention. Par définition, nous pouvons mettre en avant le rapport durable et opportun qui relie les habitations à leur environnement. En effet, une habitation est le « fait d'habiter un endroit de façon durable ». Lorsque celle-ci est en symbiose avec l’environnement, cela signifie que cette relation de durabilité est « profitable à chacun d’eux » et que son adaptation parvient à rendre cette association « harmonieuse »153 ou cohérente voire fonctionnelle. En utilisant les opportunités de l’environnement eau, nous agissons de manière « [convenable] au (bon) déroulement de la situation des inondations ». Les constructions Agence DeltaSync dans Fondation Bénéteau, Concours d’architecture 2016, Le brief quartier flottant, nd. (http://www.beneteau-group.com/fr/le-groupe-beneteau/fondation-beneteau/80.html) 151 Dans le projet de Grüntuch Ernest Architects en 2002 (Berlin, Allemagne) dans V. WILLEMIN, « Maisons sur l’eau », Paris : Alternatives, 2008, p. 134 152 L’hydrologiste Cees van den Akker du Delf University of Technology constate que l’eau est un enjeu de grande ampleur qui pourrait amener à la population néerlandaise à quitter leurs terres dans le siècle à venir si aucune solution n’est apportée. Dans R. TOMIÉ, Study on Amphibious Low-rise Flooding-adaptable Buildings…, op. cit., p. 9. 153 Au sens figuré, la symbiose est la « fusion, union de plusieurs choses ; association étroite et harmonieuse entre des personnes ou des groupes de personnes » et « Adapter qqn ou qqc. à qqn ou à qqc » veut dire « mettre en accord, approprier à quelque chose ou à quelqu'un d'autre, considéré comme prépondérant ou du moins comme incontestablement réel, de manière à obtenir un ensemble cohérent ou harmonieux » (CNRTL, 2012). 150
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résilientes par de meilleures mesures de sécurité apportent un cadre harmonieux avec l’environnement et faire disparaître la crainte du risque. Par ailleurs, les constructions flottantes réemploient la surface de l’eau comme la continuité de la ville en y installant des activités. Ce qui a le potentiel de simultanément répondre à l’étalement urbain de manière passive à l’écoulement. Par ailleurs, Koen Olthuis affirme qu’il n’existe pas de limite pour construire sur l’eau, tant au niveau de la mise en œuvre que de la superficie154. Nous pouvons rappeler que tous les matériaux - s’ils sont bien choisis, traités et implantés - ont la capacité de résister aux impacts de l’eau quel que soit la durée du contact. Les possibilités de construire avec l’eau sont donc pratiquement infimes, les capacités techniques d’aujourd’hui ne se perçoivent plus comme des limites en architecture. Certains professionnels interrogés pensent même que les restrictions du PPRI en zone inondable sont insuffisantes ou peu appropriées car nous avons les capacités requises pour construire en zone inondable même dans les zones dites inconstructibles. Nous avons a priori les moyens de le faire mais nous ne le développons pas de manière innovantes selon S. Pasquier et J. Faye. Ainsi, les réglementations urbaines ne sont pas perçues comme une réponse intégrée au sujet des inondations alors que l’architecture peut assurer des fonctions supplémentaires. Par exemple, à la fois s’adapter aux variations de l’eau et conserver un mode d’habiter ordinaire avec l’assurance d’une indépendance énergétique.
154
TEDxWarwick, « Koen Olthuis – Floating City Apps », 22 mars 2012, op. cit.
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PARTIE III READAPTER L’ARCHITECTURE EN TERRAIN INONDABLE ______________________________________________________________________________
Dans cette partie, nous faisons l’étude de l’habitat amphibie, un type de construction qui s’est développé progressivement aux Pays-Bas et d’autres pays sujets à des inondations régulières ou ponctuelles lentes. Nous déterminerons alors ces atouts et ces limites qui amènent une réflexion sur l’intégration d’autres alternatives en France. Ensuite, nous proposerons des méthodologies de travail pour les architectes qui réalisent des projets innovants en terrain inondable avant de terminer sur la méthodologie même du mémoire.
60
1.
LA RECHERCHE DE PROJETS INNOVANTS EN FRANCE
L’Etat néerlandais promeut et soutient financièrement les projets d’habitations sur pilotis, flottants et amphibies. Les structures flottantes et amphibies se sont progressivement intégrées dans la législation urbaine aux Pays-Bas et en Allemagne contrairement à la France qui les tolère moins aisément. Pour encourager l’innovation des constructions en terrains submersibles, nous avons par exemple l’engagement de concours d’architecture. Le « Concours Beneteau » qui est organisé pour les étudiants lance des appels pour réfléchir sur des édifices maritimes. Les participants ont su faire part de leur créativité pour la conception d’un quartier flottant en 2016. Le Grand Prix de cette année155 apporte un soutien dans l’étude de construction amphibie. La deuxième édition de ce concours se présente cette fois-ci sous l’intitulé : « Comment mieux bâtir en terrains inondables ? », la nuance « mieux bâtir » indique un avancement dans la reconnaissance du risque et la recherche du progrès. Les projets sont en cours d’acheminement en phase préliminaire d’APS156 et seront divulgués au courant de cette année. Le projet que nous avons repéré dans la catégorie d’habitations individuelles est celui de constructions amphibies sous le nom de « 10 Maisons Hors d’eau » par l’Atelier d’Architecture Florence Paulet-Cusy. Ayant obtenu une mention spéciale « Innovation technique », le jury retient l’ « expression architecturale » et l’originalité de la technique utilisée qui déconnecte le bâti du site invoquant une réflexion sur la typologie d’habitat157. Nous avons communiqué avec l’architecte qui nous fait part de la forme théorique de son projet. Le site respecte les conditions d’un PPRI dans une zone constructible à aléa faible à moyen sans représenter de danger158 ; le niveau d’eau maximum Présidé par Mme Marie-France Beaufils, maire de Saint-Pierre-des-Corps. Avant-Projet Sommaire : phase d’étude d’un ouvrage définissant les principales caractéristiques et le budget du projet. 157[Anon.], « Comment mieux bâtir en terrains inondables constructibles ? », 6 mars 2017, « Les lauréats du Grand prix d’aménagement », (http://www.developpement-durable.gouv.fr/laureats-du-grand-prix-damenagement-commentmieux-batir-en-terrains-inondables-constructibles, consulté le 18 mai 2017). 158 Ce critère est valable pour tous les autres participants. En effet, certains projets de reconstruction de concours font référence à des zones à fort danger pratiquement inconstructible afin de dépasser les limites techniques, remarque E Pierre. Ce sont des cas extrêmes et marginaux demandant les compétences et la mobilisation de maîtres d’ouvrage très performants. 155 156
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est de 50 cm. Le développement d’habitations amphibies s’inscrit au sein d’un quartier situé dans une ZAC existante. Il est donc encourageant de voir l’intérêt du jury sur ce projet d’habitations amphibies en vue de ses qualités techniques peu communes en France. Nous pouvons constater que la recherche d’une architecture résiliente mais également innovante est un sujet actuel. Les organisateurs du « Grand Prix d’Aménagement » peuvent devenir un soutien politique afin de promouvoir de nouvelles réponses constructives adaptées aux inondations.
1.1.
L’étude de cas amphibie : une alternative possible ?
Il est tout d’abord important de comprendre le terme « amphibie ». Cela fait référence à la signification d’amphibien159 désignant ce « qui possède la faculté de vivre sur la terre et dans l’eau »160. Cette définition correspond au principe de l’architecture amphibie à condition de remplacer « dans l’eau » à « sur l’eau » car elle flotte temporairement. L’artiste hollandais Hans Venhizen introduit la notion d’adaptabilité dans sa définition: « est classé comme amphibie tout bâtiment qui s’adapte de manière optimale aux conditions préexistantes »161. Cette explication est valable dans le sens où l’habitat amphibie résiste aux impacts des inondations sans les aggraver et provoque peu de modifications dans le mode de vie de l’habitant.
Le concept d’une structure hybride temporairement flottante L’habitat amphibie se différencie des autres types du fait qu’il puisse se déconnecter du sol et s’y replacer exactement au même endroit en fonction des crues. L’avantage du type amphibie est qu’il conserve la viabilité d’un logement ordinaire en temps normal et possède les qualités d’une habitation flottante qu’en période de crue. Nous avons vu par exemple que les résidents jouissent du cadre paysager. 159
« Un amphibien est une créature amphibie, comme une grenouille ou un crapaud. Un véhicule amphibie est une voiture qui peut rouler dans l’eau et un avion amphibie est un avion qui peut atterrir sur la terre ou sur l’eau. » Dans H. VENHUIZEN, « Amfibisch Wonen = Amphibious Living », Rotterdam: NAi Uitgevers, 2000, p. 28. 160 CNRTL, 2012. Définition de “amphibien”. 161 O.MESSAOUDI (dir.), Amphibious Living, op. cit. p. 41.
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La mobilité du modèle amphibie est uniquement verticale à l’aide d’un système de guidage basé sur des poteaux d’amarrage le long desquels toute la structure va coulisser et donc se surélever, fixée par des anneaux ou manchons. Lors d’une crue, les blocs flottants soulèvent la maison et les poteaux verticaux agissent comme des vérins hydrauliques assurant la stabilité162 sans subir de rotation - il suffit de plus de deux poteaux pour que la structure s’immobilise163. Ces poteaux mesurent environ 4-5 mètres de long dépendant de la hauteur de flottaison voulue donc la construction s’adapte aux variations de la montée des eaux. Le socle reste donc posé sur le sol sans fondation « terrestre »164. A. Loes explique que c’est l’air compris dans les flotteurs qui facilite la flottaison.
La structure d’un habitat amphibie ressemble beaucoup à celle de l’habitat flottant car elle est composée d’une base flottante légère ou lourde et une structure habitable plus légère et la répartition des charges totales est conçue de manière équilibrée pour être stable en situation flottante. Par rapport à l’habitat flottant, le rapport au sol des fondations amphibies est différent car elles doivent assurer une résistance aux forces de la gravité sur sol sec et dans les conditions de flottaison suivant la poussée d’Archimède. Pour cela, la surface de la base doit être plus étendue. Cependant, les fondations amphibies par leur déconnection du sol suscitent des questionnements de la part des professionnels que nous avons interrogés. Leurs jugements ne sont pas fondés mais nous n’avons pas de réponses précises à apporter à propos du fonctionnement du raccord de la structure sur ses fondations ou des problèmes pouvant être rencontrés si des embâcles ou débris interfèrent sous l’habitation au moment de la décrue. B. Weliachew relève qu’il peut se produire un manque de luminosité et d’aération résultant de l’apparition d’humidité et d’insectes sous les flotteurs. Ce n’est pas le cas de la fondation en béton alvéolée Baca architects qui repose sur un socle. Ou bien une surélévation suffisante est requise afin d’empêcher l’habitation de se déplacer dans la boue165.
162
Quel que soit la position sur terre ou sur l’eau, les occupants peuvent ressentir un léger mouvement vertical. Dans European Environment Agency, « Amphibious housing in Maasbomel,the Netherlands », op.cit., p. 5. 163 A. LOES NILLESEN, J. SINGELENBERG, “Waterwonen in Nederland, Amphibious Housing in the Netherlands”, NAi Uitgevers, Rotterdam, 2011, p. 25. 164 J. van der POL, “Flood proof architecture Concepts and constructive solutions to adapt to rising water levels”, op. cit, p. 168. 165 European Environment Agency, « Amphibious housing in Maasbomel,the Netherlands », op.cit., p. 2.
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L’adaptation à différents paramètres d’inondations La construction amphibie a fait ses preuves dans des types d’inondation différents. Le système correspond aux crues saisonnières à Bangkok affecté par la mousson tropicale. C’est également une alternative post-catastrophe après le passage de l’ouragan Katrina en Louisiane durant la reconstruction de la ville. Enfin, son utilisation est envisagée lors des inondations régulières au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas qui ont conscience des conséquences du réchauffement climatique. L’habitat amphibie s’adapte généralement à des crues lentes Il est donc plus adapté aux paramètres de « ruissellement » suivi ou non de « remontées de nappes », confirme E. Pierre. Le phénomène d’inondation pouvant induire au dysfonctionnement des réseaux pendant une durée relativement longue, l’habitat amphibie tient compte de ce paramètre déjà enseigné par le type flottant. Les projets amphibies intègrent « tous les câbles électriques, le réseau d’eau et d’eaux usées à travers des tuyaux au sein des poteaux d’amarrage »166. Ce sont soit des lignes ombilicales longues ou enroulées, soit des connexions auto-étanches qui déconnectent les conduits d’égout et de gaz lorsque la maison commence à monter167.
1.2.
Les limites au développement de l’habitat flottant
Plusieurs problématiques interdisent ou ralentissent l’expansion de l’architecture amphibie relativement causée par son innovation structurelle Le coût du risque ou le coût d’une nouvelle construction
En règle générale, pour l’élaboration de nouvelles constructions amphibies, cela est 5 à 10 % plus chère qu’une maison ordinaire168. Aux Pays-Bas, les projets de D. Vermeer coûtent minimum 310 000$ (un peu moins de 300 000 euros) car l’empreinte au sol est d’environ 120 m2. Elle nous fait 166
J. van der POL, “Flood proof architecture Concepts and constructive solutions to adapt to rising water levels”, op. cit., p. 168. E. ENGLISH, “Amphibious foundations and the buoyant foundation project innovative strategies for flood-resilient housing”, op. cit., p. 6. 168 E. ENGLISH, N. KLINK, S. TURNER, Thriving with water…”, op.cit., p. 4. 167
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raisonner sur le fait que le prix n’est pas un frein car nous devons penser sur long terme et ses constructions sont garanties 15 ans comme une maison ordinaire169. L’idéal serait de standardiser les éléments et les outils de la fabrication pour ce type dans le but de réduire le coût 170. Etant donné que le marché immobilier en zone inondable171 éprouve des difficultés, l’achat du terrain pourrait toutefois rentabiliser la construction amphibie, mais en France il n’existe pas d’abattements172. L’intégration difficile des constructions flottantes dans la législation
Le type d’habitation flottante est encore fragile au niveau de leur intégration dans la législation urbaine en France. Aussi connu sous le nom de « maison-bateau »173 ou boat house en anglais, cette construction renvoie à l’image des infrastructures navales. Associé à un établissement flottant tel que les bateaux, il n’est pas considéré comme une maison en droit174. En effet, l’habitat flottant n’est pas assujetti à un permis de construire à l’exception de son emplacement dans des plans d’eau fermés. « La notion de foncier n’existe pas »175 car selon la législation fluviale, le propriétaire du bien n’est pas propriétaire de la zone d’occupation ou de stationnement, c’est la raison pour laquelle il doit faire l’achat d’une convention d’occupation temporaire(COT) renouvelable tous les cinq ans, en plus d’une redevance176. En effet, les bords des cours d’eau français sont publics alors que dans d’autres pays, ils peuvent être privatisés, explique B. Weliachew177. L’habitat flottant est uniquement soumis au droit fluvial et non au droit urbain. Aux Pays-Bas, la situation est similaire sauf que le besoin de construire sur l’eau a été légalisé à partir du XXème siècle178. Le quartier de Ijburg est le seul projet flottant qui 169 European 170
Environment Agency, « Amphibious housing in Maasbomel,the Netherlands », op. cit., p 8. Ibid. 171 Dans les zones rouges ou noires (expropriées) d’après la partie I. 172 Terme qui se définit par une “déduction forfaitaire réalisée sur une somme à payer ou sur une valeur” qui est indépendant du PPRI dans le cadre des inondations, dans J.-J. MARTEL, « La création d’une zone PPRI affecte-t-elle la valeur d’un immeuble régulièrement inondé… ? », n. d. (http://cabinetmarteletassocies.fr/publications/PPRi.pdf), p. 6. 173 Boathouse en anglais, le terme floating home se traduit par maison flottante misant sur le fait d’y habiter. 174 Les termes habitat, maison, logement et résidence ont la même signification qui se définit comme étant les conditions humaines du milieu où nous vivons. D’après les définitions dans CNRTL, 2012. 175 V. WILLEMIN, « Maisons sur l’eau, Paris », op. cit., p. 134. 176 Annuelle ou mensuelle entre 700 et 5000 euros par an, dans [Anon.], « Construire une maison flottante : que dit la loi ? Démarches administratives.», actualisé en 2016, (http://toitsalternatifs.fr/conseils-pratiques/construire-une-maisonflottante-loi-demarches/, consulté le 19 mars 2017). 177 Par exemple, sur les quais de la Seine, les structures flottantes sont publiques. Nous pouvons prendre comme référence la piscine Joséphine Backer et l’hôtel OFF. 178 « Même si de manière générale le gouvernement autorisait de vivre sur l’eau, ce n’est que récemment que la législation réussit à légaliser et réguler cette pratique. Au XXème siècle, les Pays-Bas ont fait passer des lois et des réglementations pour les maison-bateau, et suite à la Seconde Guerre Mondiale la pénurie de logement provoque l’augmentation de cette
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est estimé comme des propriétés immobilières par le gouvernement au même titre qu’un bâtiment ancré au sol devant respecter les normes de « sécurité, de maintenance, de services publics, d’accès public etc »179. Tout comme l’habitat flottant, la construction amphibie s’intègre difficilement dans une typologie d’habitation car elle est mobile comme l’illustre la phrase suivante : « Les habitats amphibies sont trop mobiles pour être des maisons, trop ressemblant à un bateau pour être une voiture, trop ressemblant à une maison pour être un bateau180». Un manque de reconnaissance
Bien que les architectures flottantes et amphibies ont des origines anciennes, elles ne sont que récentes dans les pays développés. « Ce sont des types encore en phase de recherches et de perfectionnement nécessitant de par la multiplication de pratiques empiriques, une meilleure diffusion théorique181». Par la pratique, nous pouvons diffuser des savoir-faire mais ils doivent être retranscrits par la théorie et vice-versa. De plus, la construction sur pilotis domine plus le marché. Ainsi, nous saisissons des enjeux économiques par une incapacité de prise en charge des assurances et la réticence des personnes dans l’achat d’une maison amphibie car étant plus coûteuse qu’une maison ordinaire182. Pour obtenir plus facilement le permis de construire, il faudrait standardiser la construction amphibie pour développer des entreprises et constructeurs spécialisés dans ce domaine. Nous distinguons une différence entre ce que nous sommes capables de faire et ce que nous pouvons en faire en architecture. Nous investissons beaucoup dans la prévention mais peut être pratique.», [Traduction personnelle] Dans M. MITCHELL, « SYMBIOSIS: Adaptations with Dutch Architecture… », op. cit. p. 46. 179 I. Izzhia, Sustainable approaches for built environment in developing countries, The 14th International Conference on Sustainable Environment and Architecture (SENVAR), Thèse, Université d’Architecture et d’Ingénierie Syiah Kuala, Indonésie, 7-9 Novembre 2013 180 H. VENHUIZEN, Amfibisch Wonen = Amphibious Living, op. cit., p. 36. 181 R. TOMIÉ, Study on Amphibious Low-rise Flooding-adaptable Buildings …, op. cit., p. 10. 182 « Une meilleure confiance dans le marché des maisons flottantes peut stimuler des développements ultérieurs, qui pourrait être encouragé au sein de régulations appropriées. La confiance dans le potentiel des futurs résidents dépend également du coût de l’habitat flottant ou amphibie en comparaison avec les autres bâtiments, les possibilités d’assurance et la typologie d’habitation auxquels le permis pourrait être obtenu», European Environment Agency, « Amphibious housing in Maasbomel,the Netherlands », op. cit., p. 7.
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pouvons-nous nous tourner vers les recherches de développement urbain pour mieux les intégrer face à la rigidité des règlementations.
2. L A
RECHERCHE D ’ UNE METHODOLOGIE DE TRAVAIL POUR CONSTRUIRE EN
MILIEU INONDABLE
A travers l’enquête auprès de professionnels et de chercheurs diversifiés, nous avons pu recueillir des avis qui proposent de repenser le risque d’inondation autrement à l’échelle de la ville. Leur expérience conciliant pratique et théorie parvient à nous éclairer sur les différentes approches du risque.
2.1.
Un raisonnement multifonctionnel
De manière à trouver de nouvelles réponses aux conditions des inondations, nous proposons de réfléchir sur les apports des diverses alternatives dans un premier temps car elles abordent différemment le risque. Avec la répétition des événements de submersion, les politiques de prévention des risques d’inondation ont par exemple permis de mieux définir la notion de résilience et d’élaborer des stratégies correspondantes. Suite à cela, se sont développés des principes visant à mieux considérer les enjeux environnementaux et nous avons tiré profit des aménagements paysagers qui redonnaient place à l’eau. Comme le décrit Danai Thaitakoo, architecte-paysagiste spécialisé en hydro-écologie, « l’infrastructure paysagère est probablement le plus important mécanisme de défense» car elle a principalement recours à des méthodes passives qui atténuent le risque contrairement aux digues. Par une adaptation plus en adéquation avec l’environnement, les villes ont ensuite pu renforcer leur rapport avec l’eau et saisir ses opportunités en utilisant l’eau comme facteur de développement. L’ensemble de toutes ces stratégies sont au final complémentaire. Brent Doberstein, professeur au département de Géographie et de Gestion environnementale de l’université de Waterloo, résume : « Les villes doivent utiliser un large éventail d’outils de réduction de désastres pour réduire l’exposition aux inondations dans la durée. Cela doit inclure tout, de la réinstallation aux solutions structurelles (ex : levées, barrages) jusqu’aux maisons amphibies».
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Cependant, la plupart de ces alternatives sont indépendantes dans le sens où elles sont conçues spécifiquement dans le domaine d’où elles proviennent : l’habitat amphibie par l’architecture, les réserves par le paysagisme, les barrages par l’ingénieur. En d’autres mots, nous avons déjà des solutions multifonctionnelles qui regroupent des principes appartenant à plusieurs disciplines. Par exemple, des parcs publics de rétention d’eau ou des canaux pour étaler l’écoulement qui sont des zones de circulation. Cette optique pourrait amener vers d’autres innovations au regard des inondations. En architecture, nous pouvons utiliser l’eau comme source d’énergie pour l’habitation durant le temps d’une crue. Afin de donner du sens à l’habitat amphibie en France, cela pourrait être installé sur des réserves pour favoriser simultanément un étalement urbain perméable et donner place à l’eau.
2.2.
De la théorie à la pratique
Nous avons évoqué de nombreuses alternatives issues de domaines différents : la politique, l’ingénierie, l’urbanisme, l’architecture, le paysagisme, l’hydrologie etc. Chacune est spécialisée et offre des visions complémentaires. La complémentarité des acteurs Nous avons ainsi évoqué de nombreuses professionnels issues de domaines différents : la politique, l’ingénierie, l’urbanisme, l’architecture, le paysagisme, l’hydrologie etc. Chacun est spécialisé et offre des connaissances complémentaires. Les analyses sur le phénomène d’inondation apportent des renseignements essentiels sur les caractéristiques d’une crue de manière à évaluer et anticiper les risques. Les avancées technologiques utilisent ces données pour mieux appréhender les impacts de la submersion à travers des outils expérimentaux. Comme nous avons pu le référencer, des simulations aident à vérifier le comportement de la montée des eaux mais également représenter des prévisions de crues. Ces outils pourraient être d’ailleurs réutilisés par les autres professionnels comme l’architecte s’il veut paramétrer des crues sur son logiciel de conception. Les politiques de prévention élaborent des cartographies qui localisent et classifient les enjeux. Cet ensemble de cartes conventionne également la construction comme les PPR qui sont essentiels pour les urbanistes, les paysagistes et les architectes.
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Concernant la réalisation de projets de construction, même si l’architecte ou l’urbaniste ne possède pas toutes les connaissances requises pour vérifier la pertinence de la structure, il peut s’adresser aux bureaux d’étude. Par rapport aux restrictions dans les zones inondables, l’architecte peut faire appel aux services d’urbanisme. De même, pour faire construire un habitat amphibie, bien qu’il n’y ait pas de filière spécifique à sa construction en France, les architectes peuvent demander les compétences des entreprises de réalisation navale ou de pontons. Ainsi, les collaborations entre divers acteurs par les échanges de savoir-faire participent à l’enrichissement culturel propice à l’innovation.
L’application des projets individuels vers une dimension collective Du point de vue architectural, nous remarquons que la résilience est différemment intégrée tant à l’échelle de l’habitat que celle du territoire. Soit la résilience se réduit aux techniques de construction mais « les habitats innovants [sont des exemples] ponctuels et isolés »183, soit l’aménagement des espaces s’appuie sur les alternatives paysagères et urbaines de rétention d’eau et d’amélioration des réseaux d’énergie et de la mobilité, d’après nos recherches. Nous discernons une rupture entre l’habitat et l’urbanisme. Il est essentiel d’avoir une vision collective dans les projets urbains et architecturaux. Le dialogue entre architecture, urbanisme et l’aménagement du territoire progresse tout de même comme le désigne cette citation : « Face aux inondations, si notre habitat n'est pas adapté, la résilience signifie qu'une simple adaptation structurelle consisterait à développer une urbanisation adaptée aux inondations à l'exemple des maisons construites sur pilotis ou flottantes»184. A l’instar de l’habitat amphibie, nous avons apprécié l’initiative du projet « 10 maisons hors d’eau » connectées qui part du principe de former une communauté en-dehors et durant les inondations. De même, comme les projets de logements sur pilotis notamment à Hambourg, « l’urbanisme amphibie comprend des infrastructures qui conservent des flux piétons par le bais de ponts ou passerelles afin de reconnecter les lots
J. DALUZEAU, M.GRALEPOIS, C. OGER, « La résilience face à la normativité et la solidarité des territoires (Dés)Intégration du concept de résilience dans le Plan de Prévention des Risques d’Inondations du Val de Tours », op. cit. 184
H.-J. SCARWELL, « Déconstruire les logiques de gestion … », op. cit., p. 28.
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d’habitation les uns envers les autres»185. « L’accessibilité à plusieurs niveaux »186 et la gestion collective en temps de crue sont indispensables pour préserver le dynamisme des activités locales et éviter l’isolation des habitants. Ainsi, un projet individuel prend plus de signification quand il est inscrit dans un projet collectif et un projet collectif peut renforcer sa typologie d’habitations à travers des techniques individuelles.
Le progrès dans la gestion du risque nécessite donc la collaboration de multiples acteurs : les architectes, paysagistes, développeurs, ingénieurs, scientifiques, académies mais aussi les habitants, les associations de quartier puis l’impact des gouvernements municipaux, fédéraux, les compagnies d’assurance. Des analyses méticuleuses et innovantes (simulations de crue) aux moyens d’actions gouvernementales (culture du risque, réglementations constructives) jusqu’à la modification du territoire urbain et paysager, nous pensons que les alternatives architecturales répondent aux enjeux en intégrant ces autres domaines. Cependant, une réponse architecturale devrait constituer une réponse intégrée.
2.3.
La méthodologie du mémoire
Le travail du mémoire nous a permis de développer une méthodologie raisonnée. Le résultat est le fruit d’une recherche d’informations variées, d’une restitution des connaissances lues, d’une lecture attentive, d’une prise de notes organisée, d’une rédaction régulièrement dûment retravaillée. Le type de recherche est le type fondamental qui mobilise un corpus de textes théoriques. Nous avons premièrement abordé le sujet par un raisonnement inductif en nous intéressant sur l’étude de cas amphibie. Cela nous a permis de démontrer les caractéristiques de cette réponse architecturale puis de rechercher des principes. Simultanément nous avons fait des recherches sur des alternatives autres qu’architecturales de manière à mieux comprendre la gestion des inondations et invoquer de nouveaux principes. Nous avons eu recours à plusieurs études : d’abord des études descriptives afin de comprendre les caractéristiques du sujet, puis des études de classification qui ordonnent les idées 185
R. TOMIÉ, Study on Amphibious Low-rise Flooding-adaptable Buildings Significance of Amphibious Architecture in Flooding prone and Floodplain Urban Areas of Metropolitan Cities, op. cit., p. 58. 186 Terme employé par l’architecte Y. Georgieva lors de notre entretien téléphonique.
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par thématique. Principalement, les renseignements ont mis en relation les causes et les conséquences des événements pour leur donner un sens. A chaque fois, il a fallu interroger les apports et les limites des exemples pour se positionner et apporter des critiques quant à la pertinence de leur utilité. Il a fallu souvent multiplier les sources et mobiliser des avis scientifiques. En interrogeant des professionnels, nous avons pu concilier théorie et pratique et avoir d’autres informations absents dans les articles. Dans la manière d’analyser, la définition des termes a permis d’établir des liens de parenté pour caractériser un fait à l’instar du rapport entre symbiose et opportunité. En analysant deux références simultanément comme deux types de constructions, nous avons pu élaborer des comparaisons ou des similitudes. La description privilégie le contexte dans lequel le sujet s’inscrit. Dans la manière d’écrire, il a fallu faire attention à l’enchaînement des idées et cela n’a pas été évident. C’est la raison pour laquelle l’état de l’art restitue les connaissances de cause à effets en discernant les problématiques et les autres parties sont plus thématiques. La synthétisation aide également à la compréhension de chaque partie et est souvent suivie de transition. La démarche que nous avons proposée consiste à analyser le phénomène de crue en amont en parallèle avec l’implication des gestionnaires de la prévention du risque, puis nous avons présenté les réponses architecturales existantes avant de réfléchir sur les potentiels de l’habitat amphibie provenant de l’étranger. De ce fait, nous avons estimé essentiel la compréhension de la matérialité et des structures de chacune de ces constructions tout en ayant un regard attentif sur le contexte historique, géographique, urbain, socio-économique et politique. Les sources sont majoritairement numériques car le sujet des inondations concernant la prévention et l’architecture amphibie sont peu relatés dans les ouvrages et les articles ne sont pas suffisants. Nous avons consulté de nombreux sites internet tels que academia.edu, ISSUU, Scribd, tandfonline, sciencedirect, Google Scholar, qui sont des plateformes d’accès à des thèses et articles pour tout public et gratuitement. Les références proviennent également de sites recommandés en contactant directement des professionnels. La découverte du type amphibie est rendue possible à travers le livre “Waterwonen in Nederland” qui décrit la situation néerlandaise, la typologie d’ouvrages et d’habitats en relation avec les inondations et l’intérêt du modèle amphibie. Le sujet des inondations abordé par d’autres pays a permis de comparer les différentes méthodes d’analyse du risque et des réponses données. A la suite de la prise de contact avec l’auteure et architecte Anne Loes, deux architectes
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spécialisées dans l’architecture amphibie ont été citées : Dura Vermeer et principalement Elizabeth English. Les thèses d’Elizabeth English ont été d’une grande aide, servant de support pour d’autres thèses dont celles d’étudiants. L’une des difficultés rencontrées est de restituer les connaissances des sources en anglais, de traduire et donner un sens.
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CONCLUSION ______________________________________________________________________________
Le travail de recherches dans ce mémoire soulève bien plus de questions qu’à l’origine des interrogations de départ. Le sujet des inondations embrasse en effet plusieurs domaines qui sont complémentaires. L’architecture ne peut résoudre les enjeux de manière isolée car elle dépend des réglementations des politiques de prévention des risques, elle puise dans les innovations techniques menées par les constructeurs, elle nécessite de prendre en compte les alternatives paysagères de rétention d’eau. En mobilisant une diversité de sources théoriques, d’études de cas et en interrogeant des professionnels nous n’avons pas abouti à des réponses certaines quant à la problématique mais nous avons recueilli des connaissances et exploitées celles-ci pour approfondir les apports des solutions existantes ou en voie de développement. Les résultats nous ont menés vers une meilleure connaissance des inondations et toutes ces caractéristiques qui sont à l’origine de nombreux enjeux mais qui aussi révèlent des enjeux produits par l’Homme. A partir de ceux-ci, nous avons fait les liens entre les problématiques du risque et les problématiques urbaines mais également entre les différentes réponses qui ont été pensées. Par la suite, nous avons vérifié leur pertinence et cherché les manques ainsi que les points positifs. La finalité du mémoire n’est pas d’énoncer mais d’apporter des outils de réflexion, entre autre des approches méthodologiques. Cela interroge le rôle de l’architecture par rapport aux autres domaines dans l’optique de générer de nouvelles idées et une autre conception de la ville face aux inondations. Nous avons d’abord souligné les problématiques des villes exposées au risque qui de plus se sont développées de manière inappropriée. L’enjeu notable est l’urbanisation qui génère une imperméabilisation des sols défavorables à l’écoulement mais également cause l’aggravation du réchauffement climatique. L’exemple de Venise illustre bien le phénomène qui pourrait amener à faire disparaître la ville sous les eaux tandis que l’exemple de la crue de Paris interroge sur la fragilité
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des préventions du risque. Par exemple, nous avons conçu depuis des siècles des aménagements inadaptés comme les digues qui amplifient les impacts de la crue qui sont défaillants ou pas assez hauts mais également demandent un entretien coûteux. En mettant en avant, les investissements lourds du risque pour la remise d’un retour à la normale, nous concevons que les préventions ont des lacunes. Par ailleurs, les mesures politiques ont certes employées des stratégies mais nous n’avons pour le moment que très peu de solutions innovantes. D’une part, les réglementations de construction sont peu fournies, de l’autre elles ne participent pas au développement des techniques constructives pour les projets émergents ou peu courants comme l’habitat flottant ou amphibie. L’avantage est que les villes ont conscience que les aménagements paysagers sont très favorables quant à la dispersion du risque. L’autre point important du mémoire est que nous développons les opportunités respectives de l’architecture et de l’environnement. En rappelant que les villes ont depuis leur implantation tirées profit des usages de l’eau, elles essaient aujourd’hui d’entretenir à nouveau des relations durables avec en exploitant de nouveaux usages qui plus est répond aux problématiques de l’étalement urbain. Cette symbiose réinvente la conception de la ville, hypothèse de départ, pour apporter de nouvelles fonctions urbaines. D’un autre côté, l’architecture vise à accepter le risque et modifie la perception du danger. Si les stratégies actuelles de résilience mettent en avant la nécessité de réduire les impacts et donc du coût du risque, de favoriser un retour rapide à la normale et de ne pas modifier la vie des habitants, elles négligent en partie le fait de renforcer notre rapport avec l’eau. La partie sur les constructions tolérées en zone inondable a l’avantage de donner des exemples qui apportent plus que répondre aux stratégies politiques et qui ne se focalisent pas que sur la structure. Ce qui avait pourtant fait l’objet de nos recherches. Par ailleurs, le sujet de la technique nous a intéressé car nous réalisons que le problème ne provient pas d’un manque de connaissances et d’une incapacité à construire en zone inondable. C’est pourquoi nous nous tournons vers l’architecture amphibie qui est un type de construction non standard. A travers l’analyse de son innovation technique, nous nous demandons si d’autres types d’architecture sont à inventer et de quelle manière. Enfin, malgré le fait que nous ne répondons pas à cette question, nous terminons par une recherche méthodologique qui mobilise toutes les alternatives diverses. La notion de multifonctionnalité nous est venue car l’architecture peut envisager de répondre à plusieurs problématiques en intégrant d’autres domaines. Nous estimons que ces domaines se complètent et peuvent se corréler pour échanger des savoir-faire et innover. In fine, la recherche n’avait pas abouti à une réponse mais à une ouverture globale sur l’avenir d’une ville durable qui vit avec les aléas des inondations.
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ICONOGRAPHIE ______________________________________________________________________________
Première de couverture : ©Lisa Piquemal (2017). Dernière de couverture : ©Lisa Piquemal (2017). [Photographie remodifiée] (juin 2016), « Montargis a été particulièrement touchée par ces inondations. AFP» http://www.charentelibre.fr/2016/06/03/inondations-un-corps-retrouve-dans-leloiret,3038088.php
Figure 1 - Crue centennale de 1910 ........................................................................................................................ 6 (1910). Publié par D’artagnan Perrier. « Paris- Crue de la Seine » [Photographie] http://slideplayer.fr/slide/1441264/, http://images.slideplayer.fr/3/1441264/slides/slide_13.jpg Figure 2 - Répartition des points d’eau en France. .................................................................................................16 ©BRGM (2006). « En bleu, répartition des points d’eau en France métropolitaine ». [Image] BRGM/RP – 54414-FR, « Atlas des remontées de nappes en France métropolitaine Rapport final, juillet 2016 (http://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-54414-FR.pdf, consulté le 23 mars 2017), p. 13. Figure 3 - Crues historiques et régions grandement exposées aux risques d'inondation .............................................16 ©Lisa Piquemal (2017). [Image] Figure 4 - Une typologie de natures d'inondation ...................................................................................................18 ©Lisa Piquemal (2017). [Image] Figure 5 - Habitant d'Abbeville face aux inondations chez lui. .............................................................................22 ©Somme-photos Blog patrimoine de Somme et d’ailleurs (2001-2010). « Quartier Rouvroy ».
Figure 6 - Phénomène classé en fonction des causes majeures du risque ....................................................................24 ©Lisa Piquemal (2017). [Tableau] d’après http://www.risquesmajeurs.fr/le-risque-inondation Figure 7 - Comparaison entre digues naturelle et artificielle ....................................................................................29 ©Lisa Piquemal (2017). [Image] Figure 8 - Typologie d’habitations résilientes aux inondations ................................................................................45 ©Lisa Piquemal (2017). [Image] Redessin d'après "Living with water : four buildings that will withstand flooding", The Conversation, 25 février 2014, http://theconversation.com/living-with-water-fourbuildings-that-will-withstand-flooding-23536 Figure 9 - Ijburg, des logements flottants ................................................................................................................48 © George Steinmetz (n. d.) « Chez soi sur l’eau ». [Photographie],
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http://photo.nationalgeographic.fr/un-apercu-des-degats-causes-par-la-montee-des-eaux-autour-dumonde-3554 Figure 10 - Hafen City, promenade suspendue ......................................................................................................50 © ELBE&FLUT (n. d.) « The Kibbelsteg bridges, which are flood-secure, link the existing city center, the
Figure 11- Typologie de pilotis ..............................................................................................................................53 ©FEMA (2010). "Examples of NFIP compliant homes in Zone A where the top of the lowest floor is located above the BFE". “Foundation Requirements and Recommendations for Elevated Homes Hurricane Sandy Recovery Fact Sheet n°2”, mai 2013, (www.FEMA.gov), p. 5. Figure 12 - Projet innovant à Vitry Gare ou vivre avec les aléas de la Seine...........................................................56 ©Germe&JAM (2012). « Vue d’un jardin de Seine » [Image], http://www.germeetjam.com/wpcontent/uploads/2013/01/7-germe-et-jam-VITG-Vitry-gare-projet-urbain-Pers-jardin-yam.jpg Figure 13 - Des circulations solidaires lors d'une crue ...........................................................................................56 ©Germe&JAM (2012). « Accessibilité en temps de crue » [Image] http://www.germeetjam.com/zac-seine-gare-vitry-sur-seine-463 Figure 14 - Exemple de carte prévisionnelle Vigicrue dédiée au public. .............. Error! Bookmark not defined. ©Josée Broussaud (14 octobre 2016). « Vigicrue ». [Image] http://eduterre.ens-lyon.fr/thematiques/risquesnaturels/inondations_cycle4/inondation_paris/vigicrue-10h.jpg/view Figure 15 - Travail sur bases de données topographiques du LIDAR ....................................................................85 ©OFEK Aerial Photo (n. d.). “LIDAR”. [Image], http://www.ofek-air.com/fr/produits-etservices/satellite-images Figure 16 - La prévision d'une crue parisienne par l'outil numérique......................................................................86 [Image] http://www.statistiques.developpementdurable.gouv.fr/lessentiel/ar/368/1239/inondations.html Figure 17 – Un simulateur d'inondation en laboratoire à l'échelle 1/100 ..............................................................86 © IRSTEA (2015). [Photographie], http://www.risques-majeurs.info/fiche/simulateur-de-cruesextremes-dans-le-cadre-du-projet-anr-flowres-2015-2018 Figure 19 - Comportements à adopter chez soi en périodes de crue .........................................................................88 D’après les informations dans « Les consignes », 2009, « Le risque (http://www.risquesmajeurs.fr/le-risque-inondation, consulté le 8 mars 2017)
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inondation »,
ANNEXE ______________________________________________________________________________ Exploiter les connaissances pour mieux anticiper En plus des caractéristiques précédentes, les renseignements sur les inondations passées sont fondamentaux pour mieux appréhender l’arrivée d’une crue similaire. Les inondations historiques comme les crues centennales sont ainsi répertoriés187 et représentés par le biais d’un ensemble de cartes nommé « cartographie ». A l’aide de relevés topographiques et de courbes de niveau188, nous saisissons alors les données sur la morphologie du lit du cours d’eau ainsi que les hauteurs de l’eau atteintes ou « repères de crue » dont la plus élevée ou maximale intitulée « côte de référence » ou « trait de côte ». L’accès aux informations relatives aux crues est d’ailleurs rendue publique et gratuite qui est d’une véritable utilité tant pour les particuliers que les professionnels comme par exemple le SIG189 (Système d’Information Géographique) à l’échelle européenne. Concernant l’historique des inondations, les AZI (Atlas des Zones Inondables) mettent en relation les conséquences des crues antérieures, les limitations de zones inondables et les données « hydrogéomorphologiques » sur le « fonctionnement naturel des cours d’eau »190. Il est également possible de consulter en ligne gratuitement la « première cartographie de l’évolution du trait de côte »191 en métropole sur le site du ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie et sur le portail dédié au littoral, Géolittoral. Ainsi, les données sont réactualisées puisque le risque est tangible. De ce fait, après chaque inondation la révision des analyses est essentielle. En résumé, les analyses à titre prévisionnelles sont entreprises a posteriori puisqu’elles se basent sur l’expérience (répétée) d’inondation. Nous sommes en réalité plus aptes à réagir à une crue lorsque nous avons une meilleure connaissance des crues antérieures. Cependant, grâce aux progrès de la Science, l’emploi de technologies avancées permet d’exploiter les connaissances acquises pour mieux appréhender le phénomène de submersion. Celles-ci sont d’ailleurs recensées dans la BDHI (Base de données historiques sur les inondations). Soit par un géomètre soit complété par un carroyage de surface par avion nommée LIDAR (Light Detection and Ranging : une technique de quadrillage visant à un traitement de données.C’est un système de laser aéroporté qui produit un modèle de terrain numérique (DTM) et un modèle de surface numérique (DSM)). Les analyses sont complétées par des photos d’archives et des enquêtes auprès des habitants, ce sont des démarches qui font partie d’une analyse appelée « retour d’expérience » qui est plus humaine dans le sens où les habitants participent à la description dans le déroulement des faits. 189 H. NOIZET, S. ROBERT, L. MIRLOU (dir), C. BECK, M. FRANCHOMME, F. GUIZARD-DUCHAMP, J. HEUDE, « Cartographie des crues centennales à Paris (1740, 1910) », Revue du Nord, 26, 2011, « Zones humides et villes d’hier et d’aujourd’hui : des premières cités aux fronts d’eau contemporains », p. 91-104. 190 Memento du maire, « RN2 – Inondations », 31 décembre 2015, (http://www.mementodumaire.net/les-risquesnaturels/rn2-inondations/consulté le 20/05/17). 191 S. ROYAL, “Dossier Assises Nationales des Risques Naturels”, op. cit., p. 15. 187 188
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Il est désormais possible de simuler une crue et d’obtenir de meilleures précisions au service de la prévention des risques d’inondation. En effet, il nous est possible désormais de reproduire physiquement l’expérience d’une inondation. Nous faisons référence ici à un ouvrage qui retranscrit les effets d’un débordement direct dans le cadre du projet ANR FLowRES, l’IRSTEA 192 qui a édifié un simulateur de crue à l’échelle d’une berge au laboratoire de Villeurbanne, Lyon. Ce hall hydraulique achevé en 2013 est un outil expérimental unique en Europe pour anticiper les conditions des submersions avec le soutien des politiques de prévention des risques193. Le projet reproduit les écoulements de l’eau et le comportement du sol suite au débordement d’une rivière sur une durée allant jusqu’à plusieurs jours sur une superficie de 300 m²194. Il est d’ailleurs concevable de simuler des « crues extrêmes »195 au centième. Il est maintenant possible pour les chercheurs de « quantifier » les hauteurs et les vitesses d’une crue. Cette approche innovante issue de données de référence de crues complète les cartographies et modèles numériques jugés insuffisants et permet d’obtenir des résultats prévisionnels précis.
Figure 14 - Travail sur bases de données topographiques du LIDAR
192
Institut national de Recherche en Sciences et Technologies pour l'Environnement et l'Agriculture S. PROUST, « Simulateur de crues extrêmes (dans le cadre du projet ANR FLOWRES 2015-2018) », n. d. (http://www.risques-majeurs.info/fiche/simulateur-de-crues-extremes-dans-le-cadre-du-projet-anr-flowres-2015-2018, consulté le 17 avril 2017). 194 Deux canaux de verre de 18x3m et 18x1m enrichissent les analyses optiques et comportementales des divers sédiments. La représentation du canal au 1/100ème se constitue successivement sous la forme de 1 mètre de lit majeur, 1 mètre de lit mineur et 1 mètre de lit majeur. 195 [Anon.], « Hall hydraulique : des crues au labo ! », 26 mai 2015, (http://www.irstea.fr/toutes-lesactualites/departement-eaux/hall-hydraulique-crues-extremes-risque-inondation, consulté le 20 mai 2017). 193
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Figure 15 - La prévision d'une crue parisienne par l'outil numérique
Figure 16 – Un simulateur d'inondation en laboratoire à l'échelle 1/100
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P ROGRAMMES FRANÇAIS DE PREVENTION DE
GESTION DES RISQUES
Les programmes politiques de prévention accordent une attention particulière à leurs modes de gestion du risque à plusieurs niveaux que nous pouvons résumer selon les 7 principes de la politique française de gestion des risques (comprenant les risques naturels) 196: la connaissance des phénomènes, les aléas et les risques, la surveillance et l’alerte, l’information préventive et la culture du risque, la prise en compte des risques dans l’aménagement et l’urbanisme, la réduction de la vulnérabilité, la préparation de la crise et le retour d’expérience. Nous sommes conscients que la gestion des risques s’effectue à différentes échelles et est placée en priorité sous la gouvernance de l’Etat et du maire qui ont donc des responsabilités différentes : -
L’Etat a l’obligation d’informer les collectivités de la présence des risques à l’échelle nationale, il est aussi de son devoir d’établir un contrôle sur les documents d’urbanisme et de l’autorisation des droits des sols.
-
A l’échelle communale, le maire participe à l’élaboration des documents de planification comme le ScoT , le PLU et la carte communale et il délivre le permis de construire. Ses responsabilités reposent sur le fait de « prendre des mesures adaptées en vue de prévenir par des précautions convenables les accidents et fléaux calamiteux » tels que les inondations.
Les programmes encadrés par le SNGRI Nous comptons 127 PAPI, 13 PGRI et 122 TRI en 2016197
196 197
-
les PAPI (programmes d’actions de prévention des inondations) naissent d’une commission entre l’Etat et les collectivités qui tendent à réduire les dommages socio-économiques.
-
les PGRI (plans de gestion des risques d’inondation) sont gérés pas des collectivités, des élus, et des associations concernant les grands bassins hydrauliques.
-
les TRI (territoires à risques importants d’inondation) sont conçus par arrêté préfectoral qui synthétise les enjeux existants sous la forme d’une cartographie. Suivant la logique des PGRI, un TRI traduit la décision des collectivités dans le respect d’une stratégie locale du SNGRI. Par la suite, nous distinguons des stratégies locales de gestion des risques d’inondations issues du SNGRI et du PGRI qui sont élaborées sur les TRI.
S. ROYAL, “Dossier Assises Nationales des Risques Naturels”, op. cit., p.11. Dixit p. 12.
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La « Culture du risque » Le premier moteur de la réduction de la vulnérabilité d’un site submersible est l’information afin de préparer les populations concernées aux risques, nous employons ici le terme de « Culture du risque » dans le cadre de la prévention. Les habitants ne savent pas forcément quels comportements adopter face à une crue en particulier s’ils n’ont jamais eu l’expérience. Il est du rôle du gouvernement de mettre en place des systèmes d’alerte qui vont localiser les inondations et leur gravité. Ainsi ont été créés en 2001 et en 2015, réciproquement les systèmes d’alerte en temps réel Météo France « Vague submersion » et la prévision d’alerte « Vigicrues ». Il y a un manque d’information et de réaction de la part des gestionnaires du risque puisque certaines populations ignorent souvent l’arrivée d’une inondation ou ne le savent que trop tard, d’après J. Faye. Dans sa profession, il insiste sur le fait d’attirer l’attention sur les enfants, qui sont plus vulnérables. A l’échelle locale, l’information sur la nature des inondations et les consignes spécifiques pour protéger les habitants et leurs biens en période de crue diminuent la vulnérabilité. Ensuite, la « mémoire du risque » est une notion précieuse car les populations sont plus enclines à se préparer à un phénomène lorsque celui-ci a été déjà vécu puis analysé. La sensibilisation auprès de la population est donc significative pour prévenir de l’arrivée du risque et employer les bons réflexes.
Figure 17 - Comportements à adopter chez soi en périodes de crue
D’après les informations dans « Les consignes », 2009, « Le risque (http://www.risquesmajeurs.fr/le-risque-inondation, consulté le 8 mars 2017)
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inondation »,
LES ACTEURS SPECIALISES DANS LA CONSTRUCTION EN ZONE INONDABLE
Nous allons présenter le profil des principaux acteurs qui nous ont permis d’apporter des réponses et des sources : des chercheurs, des enseignants et des architectes, qui dans leur profession sont concernés par le risque d’inondation. Nous avons entrepris de contacter certains d’entre eux pour recueillir des renseignements supplémentaires et d’autres ont participé à une enquête que nous avons réalisée en détail prochainement. Ainsi, nous détaillerons les motifs de la correspondance. Agences et architectes spécialisés dans les habitations amphibies
L’agence BACA ARCHITECTS (Waterloo, Londres) -
Agence reconnue internationalement pour les innovations sur la résilience de l’architecture et l’urbanisme adaptés aux risques d’inondation. Réalisation de la première maison amphibie au Royaume-Uni.
Sinthuphan CHUTAYAVES (Bangkok, Thaïlande) -
-
Architecte et enseignant en architecture à l’Université Thammasat. Fondateur de Site-Specific (Compagnie de recherches sur la relation entre l’homme et la gastronomie), D4D (Design for disaster), E.A.T. (Experiments in Architecture Technology) et Prefab Laboratory. Chaire de conférence de ICAADE 2017 Participant à l’enquête
Elizabeth ENGLISH (Waterloo, Canada) -
Actuellement professeure associée à l’Université de Waterloo, Canada. Chercheuse en structures et charges du vent. Doctorat en Science de l’Architecture à l’Université de Pennsylvanie. Master en Science du Génie Civil au MIT. Enseignante associée - Chercheuse à l’Hurricane Center à Louisiana State University. Enseignante aux Ecoles d’Architectures de Tulane, Minnesota, Michigan. Chaire de conférence et membre de plusieurs comités de ICAADE 2017
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Yuliya GEORGIEVA (France) -
Architecte paysagiste et urbaniste. Son projet de Master réalisé à Hanoi sur une conception amphibie a été présenté à Milan, Hanoi, Bangkok et Paris. Membre du workshop étudiant et Co-chair du comité média sociaux, publicité, développement de ICAADE 2017 Participante à l’enquête
Anne LOES NILLESEN (Rotterdam, Pays-Bas) -
Architecte et urbaniste, fondatrice de l’agence Defacto en 2006. Enseignante et coordinatrice à la faculté d’architecture de TU Delf. Doctorat à TU Delf. Master en architecture et urbanisme à Delf University of Technology (TU Delf). Entretien vidéo et écrit sur le sujet de la construction amphibie aux Pays-Bas (détaillé ultérieuremet)
Florence PAULET-CUSY (France) -
Architecte, chef de projet de l’Atelier Patrick Vidal Architecte (Lattes) Participation au Grand Prix de cette année avec le projet sous la mention spéciale « innovation » : « 10 maisons hors d’eau ». Entretien téléphonique 19 mai 2017 sur le détail du projet et des enjeux en France.
Danai THAITAKOO (Bangkok, Thailande) -
Conférencier au Département d’architecture et de paysagisme à l’Université de Chulalongkorn où il détient sa licence. Master à Harvard. Doctorat en planification environnementale à l’Université de Californie, Berkeley. Membre du comité d’examen scientifique de ICAADE 2017 Participant à l’enquête
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Scott TURNER (Waterloo, Canada) -
Chercheur-Assistant à Buoyant Foundation Project sur les systèmes de fondations amphibies, spécialisé en Gestion de l’eau. Master spécialisé dans Collaborative Water Program à l’Université de Waterloo, Canada. Membre de plusieurs comités de ICAADE 2017 Participant à l’enquête
Entreprise Dura VERMEER (Rotterdam, Pays-Bas) -
Entreprise spécialisée en ingénierie dans la construction de projets. Réalisation de premiers types amphibies aux Pays-Bas : le projet le plus parlant est la réalisation de 32 maisons amphibies et 14 maisons flottantes à Maasbommel.
Professionnels ayant suivi une formation dans la gestion des risques d’inondation
Sylvain PASQUIER -
-
Architecte DE, HMNOP. GECELE ARCHITECTURE (Vanves) Formation DSA Risques Majeurs à l’ENSA de Paris-Belleville Consultation de son mémoire : La politique d’urbanisation française en zone inondable, Mémoire de Master Pôle Prospective, ENSA Paris la Villette, 2011, p.38. Dans E.B., (06 novembre 2010), «Une société paloise a inventé la maison flottante», La République des Pyrénées. Correspondance sur les constructions en zone inondable du 16 mars 2017
“Lors de mon diplôme, je n’ai pas trouvé de textes réglementaires permettant de construire ce type de construction (amphibie) en France. Il faudrait se diriger certainement vers la réglementation fluviale. La construction amphibie est adaptée à des zones à fort risque d’inondation et ces zones sont interdites à tout type de construction. Il faudrait un changement de réglementation permettant des constructions adaptées. Mais nous n’y sommes pas. Les seules possibilités sont des constructions avec RDC non habitable, mais cela n’a rien d’innovant.”
Brent DOBERNSTEIN (Waterloo, Canada) -
Professeur associé et président associé des Etudes Supérieures de l’Université de Waterloo
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Département de géographie et de gestion environnementale. Chair du comité d’organisation locale de ICAADE 2017 Participant à l’enquête Réponse à une question sur l’adaptation de l’architecture amphibie (21 avril 2017)
[Traduction personnelle de l’anglais] « Je dois dire qu’une maison amphibie pourrait probablement ne pas marcher dans un milieu à forte énergie comme la côte sud-ouest en France, ou n’importe où il y aurait de forts orages littoraux (ex : les ouragans). Il y a certainement des limites où les maisons amphibies ne peuvent fonctionner – en général, je dirais que l’habitat amphibie sera efficace dans les milieux au climat tropical et tempéré où l’inondation est assez faible en type d’énergie (deltas, zones inondables étendues et peu profondes, les bords de lacs ou lagunes, etc.). Il y a certainement des endroits où les maisons amphibies ne pourront PAS fonctionner : localisations qui peuvent être susceptibles aux inondations dues aux embâcles (ex : au Nord du Canada), localisations où l’orage déferle ou le débordement de rivière amène beaucoup d’eau à grande vitesse, et les localisations où les inondations se déroulent très, très soudainement (ex : les crues soudaines urbaines). »
Jacques FAYE (Paris) -
Chef de bureau information préventive risques majeurs chez le ministère du développement durable Entretien téléphonique du 15 mai 2017 sur la gestion des risques d’inondation en France et à l’étranger et les PPRI
Elodie PIERRE (Talence) -
Architecte DPLG, urbaniste DESS. Gérante de l’entreprise D – SIDE ARCHITECTURE ET URBANISME DSA Architecture et Risques Majeurs. Entretien téléphonique du 17 mai 2017 sur les natures d’inondation en France et le Grand Prix
Boris WELIACHEW (Paris) -
Architecte DPLG, Ingénieur AIJ Enseignant-chercheur ENSAPVS, ENSAPB, EVCAU, LAVUE
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Expert international CE/NU/ISDR en mitigation des risques majeurs, Coordinateur CE/ANR de projets scientifique Directeur PROMECO Lab, Gérant 6S SARL. Entretien à l’ENSA Paris-Val-de-Seine du 5 mai 2017 sur la gestion des risques d’inondation en France et le Grand Prix
E NTRETIEN AVEC A NNE L OES N ILLESEN DU 17 FEVRIER 2017 Objectifs Nous avons interrogé Anne Loes Nillesen, auteure du livre Waterwonen in Nederland et architecte à Rotterdam qui réalise des projets amphibies. Cet entretien apporte plus de précisions sur le sujet alors que les sources nous semblaient insuffisantes. Nous avons interrogé la manière dont l’architecte travaille, dans quel contexte l’architecture amphibie est apparue aux Pays-Bas, ses atouts et ses limites ainsi qu’en parallèle les enjeux actuels à propos des inondations dans ce pays. Nous avons traduit les réponses qui étaient originellement en anglais.
Questionnaire et réponses [traduction personnelle de l’anglais] Le type amphibie - Comment vous est apparu le concept amphibie, d’où vient-il? Est-ce un type d’habitation que vous avez découvert avant ou résulte-t-il de vos expériences ? Le premier est réalisé par Dura Vermeer à Maasbommel et Marina olde huske, nous avons conçu des projets ici. - Pensez-vous que l’habitat amphibie est particulièrement approprié aux Pays-Bas ou pour n’importe quel type de sol? Serait-ce adapté ailleurs ? Je pense que cela peut être appliqué dans toutes les régions de plaines inondables où l’eau s’élève doucement - Avez-vous essayé d’exporter le type amphibie à l’étranger? Si oui, quelles sont les conditions ? Non, nous ne l’avons pas fait. - Est-ce que vous recommandez toujours ce type de construction aux Pays-Bas de nos jours concernant les inondations ? Oui, absolument.
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Le mode de vie amphibie - Est-ce que les clients sont familiers avec ce type d’habitation? Comment se différencie-t-il d’une maison traditionnelle ? Est-ce qu’ils doivent changer leur mode de vie ? Ils ne sont pas familiers avec ce type, aux Pays-Bas ils sont autorisés seulement pour le moment à l’usage de maisons de vacances. - Quelles sont les difficultés principales pour vendre une maison amphibie? Et comment la rendre plus attractive? Aujourd’hui, le fait que ce ne soit seulement autorisé pour des résidences non permanentes. La reconnaissance amphibie - Pourriez-vous dire que les habitations amphibies sont connues aux Pays-Bas? Non c’est très rare, il n’y a que des projets pilotes. - De quelle manière faites-vous la promotion du type amphibie auprès du public et des professionnels? J’enseigne à l’Université Delf. - Connaissez-vous d’autres architectes spécialisés dans la construction amphibie? Oui, Elizabeth English travaille dessus à la Nouvelle-Orléans, elle a organisé des séminaires chaque année. Et Baca architects à Londres qui en a fait une apparue dans un programme télévisé, vous pouvez le trouver sur Youtube, cela explique toute la fabrication - D’après la thèse française « Amphibious Living » de Ouafa Messaoudi, le gouvernement néerlandais est impliqué dans les projets résilients aux inondations, certains projets reçoivent des aides financières, existe-t-il d’autres soutiens pour la construction amphibie? Il y a un programme gouvernemental spécial référent nommé EMAB. Les Pays-Bas ont une longue tradition dans les habitations résistantes aux inondations. Suite à l’extension du système de protection aux risques d’inondation régionaux et nationaux consistant à des digues et barrages, les interventions à petites échelles sont devenues obsolètes. Le programme The Room for the River exigeait des réservations de terrain pour les extensions du lit de rivière, de réduire la disponibilité de terrain pour le développement de maisons. Ce qui résulte une demande d’usage multifonctionnel des lits de rivière. Cette demande a été adressée par le programme du gouvernement néerlandais « EMAB », acronyme de Experimenteren Met Aangepast Buowen (Expérimenter avec des bâtiments adaptés). Le programme désigne régions de15 lits de rivière où il est autorisé de construire des maisons assurant que certaines conditions sont remplies : les maisons doivent être sécurisée en cas de niveaux d’eau élevés, contribuer à la qualité spatiale du lieu et augmenter l’espace pour la rivière. Plusieurs types différents de maisons résistantes aux inondations se sont développés, parmi lesquelles des maisons sur pilotis, des maisons flottantes et un nouveau type de maisons amphibies innovantes.
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Une maison amphibie est une maison normalement située sur un terrain sec, mais qui pourra flotter en cas d’augmentation du niveau de l’eau. Afin de s’accommoder aux inondations, les maisons sont construites sur une base flottante, ont des connections au service flexibles avec la terre et sont attachés à des poteaux d’amarrage pour assurer que les maisons restent au même endroit. Les maisons sont positionnées dans le lit de rivière, l’exemple le plus réputé et le groupe de maisons amphibies à Maasbommel où la fluctuation de l’eau peut monter à 7 mètres. Ces maisons peuvent également être utilisées dans des zones de rétention d’eau, ou dans des situations où la sécurité est désirable, comme dans des polders profonds qui inondent rapidement en cas de rupture d’ouvrage Construction/Structure - Selon les normes urbaines néerlandaises, avez-vous rencontré des restrictions pour construire un habitat amphibie? Il n’y a pas de réglementations spécifiques. - D’après votre ouvrage, le caisson d’une maison amphibie est capable de flotter, est-ce que c’est dû au choix de matériaux légers à l’opposition de la base flottante en béton? Non, on peut utiliser aussi bien des matériaux légers comme de la mousse solide et une base en béton pour flotter. - Comment est attachée la base aux poteaux? Avec un anneau glissant autour (gliding ring). - Pour la structure principale, quels matériaux utilisez-vous pour permettre la flottaison? Sont-ils différents que pour une habitation classique ? Oui, de préférence des matériaux légers (tels que le bois). - Les urbanistes encouragent d’inclure des stockages d’eau à l’intérieur des maisons ou des réserves comme des lacs dans les plans de villes et de ne pas bloquer l’eau Durant l’inondation, comment cela s’applique-t-il pour l’habitation amphibie? La capacité de flotter est cependant simple et digne de confiance. L’air de la structure est nécessaire pour flotter, donc on ne stocke pas d’eau dans la maison, mais dès que la maison s’élève l’eau passe en-dessous et il y a de l’espace pour l’eau
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TRAVAIL D ’ ENQUETE
Objectifs L’enquête a pour but de compléter le corpus de texte, la partie théorique sur l’architecture amphibie par la pratique des professionnels spécialisés. Le questionnaire interroge le rôle de l’architecte en général sachant que ce n’est pas la profession de toutes les personnes ayant répondu. Cela permet d’avoir une ouverture sur les autres acteurs concernés par le risque d’inondation. De ce fait, nous nous intéressons aux projets de chacun, de leur nature et leur implantation ainsi que la manière dont ils travaillent. Enfin, une partie sur l’habitat amphibie présente les avantages et les défauts de la structure dans l’optique de voir si c’est un type de construction en avenir à perfectionner. Participants L’enquête concerne des chercheurs et architectes qui ont participé à des projets fictifs ou existants sur l’architecture amphibie. Nous avons pris connaissance de leur intérêt sur le sujet des inondations et de l’habitat amphibie par le biais du site officiel de 2ème Conférence sur l’Architecture, le Design et l’Ingénierie Amphibie ICAADE 2017 qui présente les divers acteurs qui organisent cet événement se déroulant en juin de cette année à Waterloo, Canada. Les professionnels qui ont refusé d’y répondre n’avaient pas forcément le temps ou les connaissances nécessaires, comme les personnes ressortissant du DSA Risques Majeurs et qui n’ont pas poursuivi sur le sujet des inondations. Résultats Nous avons obtenu 4 réponses très complètes de professionnels et/ou chercheurs aux profils différents. La moitié des personnes intéressées par l’enquête ont déjà conçu des habitations amphibies à l’étranger, les autres ont ce projet dans l’avenir. Leurs réponses sur la construction amphibie affirment des constats théoriques dont nous nous sommes appuyés de par leur expérience dans le domaine comme Anne Loes. Les mêmes réflexions se posent sur la mise en œuvre et l’adaptation aux crues lentes que l’intégration difficile dans la législation urbaine. Du fait que l’habitat amphibie est un modèle récent dans les pays développés, ces personnes ressentent le besoin de reconnaissance de cette architecture en plus du manque de formation des professionnels. Les pays les plus tolérants à intégrer le modèle amphibie ont déjà ce type de constructions depuis longtemps dans les régions rurales comme en Thaïlande ou ont une gestion des inondations développée car plus intenses ou récurrentes (la région de la Grande Rivière au Canada, mousson saisonnière au Vietnam ou en Thaïlande). En parallèle, nous remarquons que l’implication des autres acteurs dans leur pays est toute aussi importante, comme par le biais des interventions paysagères et l’aide que peuvent apporter les ingénieurs.
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Contenu Lettre de demande Madame, Monsieur, Actuellement étudiante en Master à l’École Nationale d’Architecture de Lille (France), je réalise un travail de recherche pour mon mémoire sur le sujet de l’habitat amphibie comme une alternative (architecturale) aux risques d’inondations en France. La problématique interroge l’adaptabilité de ce type de construction et les raisons de le choisir dans le cas de constructions neuves. Je souhaiterais réaliser une enquête auprès de vous et réunir différents points de vue. Je vous suis d’avance reconnaissante de votre participation. En effet, votre profil m’intéresse car … L’enquête a pour objectif de: définir les enjeux liés aux risques d’inondation en France et ailleurs dans le domaine de l’architecture ainsi que de comparer les divers moyens employés. Il s’agit également de questionner le rôle de l’architecte en zone inondable. Enfin, se positionner face au modèle amphibie. Vous trouverez ci-joints le document en format docs et pdf. Vous pouvez répondre directement sur le fichier Word. Il est de votre droit de ne pas répondre à toutes les questions, celles-ci seront comptées dans les statistiques. N’hésitez pas à illustrer vos propos ou de les rediriger vers des liens. Si vous n’avez pas encore de projets finis construits en zone inondable mais que vous avez abordé la question par des projets fictifs (PFE, concours, en cours), veuillez le précisez s’il vous plaît. Si vous avez déjà réalisé des constructions amphibies, veuillez répondre aux questions 13 à 16 suivies d’un astérisque spécifiquement pour le type amphibie s’il vous plaît. Je vous remercie d’avoir pris de votre temps pour répondre à ces questions. Il est possible que je vous sollicite à nouveau si besoin de précisions. Cordialement, Lisa Piquemal
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Questionnaire VOTRE PROFIL 1) Quelle est votre profession? 2) Quelle formation avez-vous suivie pour vous spécialiser en constructions en zone à risques d’inondation ? En connaissez-vous d’autres ? 3) Où sont localisées vos réalisations /projets? LE SUJET : RISQUES D’INONDATION 4) Avez-vous déjà vécu le phénomène d’inondation ? Si oui, pouvez-vous le décrire (date, lieu, cause, conséquences)? 5) Comment imaginez-vous la ville de demain située en zone submersible ? 6) Existe-t-il des moyens de prévention prévus dans votre pays/région ? Lesquels? 7) Que pensez-vous du rôle et des responsabilités de l’architecte face aux risques? VOTRE TRAVAIL : PROJETS EN ZONE SUBMERSIBLE 8) Qui sont les différents acteurs concernés par les projets de construction en zone submersible? 9) De quelle manière analysez-vous le risque d’inondation sur un site submersible avant la phase de conception (outils utilisés, méthodes) ? 10) Quelle place ont vos projets résistants aux inondations (chiffres, pourcentage)? 11) Quel(s) type(s) ou quelle(s) structure(s) concevez-vous en zone inondable ? Pouvez-vous le(s) décrire et/ou les illustrer? Veuillez préciser s’il s’agit de constructions neuves ou existantes. 12) Quels sont les avantages et les limites de ce type ou structure selon vous ? 13) Dans quelles conditions de site inondable est-ce adaptable ? 14) Quels matériaux sont à privilégier ? Par exemple, le bois pour l’habitat amphibie. 15) Pour quelles raisons les clients font appel à vos services? Qu’est-ce qui pourrait les désintéresser dans l’achat d’un habitat résistant aux inondations ? 16) Quels sont les retours suite à un achat? 17) Avez-vous des projets futurs en relation avec les risques d’inondation ?
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L’OBJET : L’HABITAT AMPHIBIE 18) De quelle manière avez-vous découvert l’habitat amphibie ? Quelles sont vos références principales à ce sujet ? 19) En avez-vous déjà réalisé ? Si oui, qu’est-ce que cela a changé dans votre manière de travailler comparé à vos anciens projets? 20) En quoi l’habitat amphibie se différencie-t-il des autres constructions (exemple : mode d’habiter, phasage dans la conception et la fabrication) ? 21) Quelles critiques (positives/négatives) pouvez-vous apporter aux habitats amphibies ? 22) Sont-ils porteurs d’avenir ? Pourquoi? Quelles améliorations possibles peuvent être réalisées ? 23) Avez-vous des projets amphibies en cours ? Si oui, dans quel contexte (où, pourquoi, pour qui)? 24) Quelle est votre contribution afin de faire connaître ce type ? 25) Selon vous, existe-t-il d’autres types/structures adaptées aux zones inondables existantes ou à créer ? Réponses Nous avons traduit de l’anglais les réponses pour les trois personnes de nationalité étrangère. Le tableau ci-dessous synthétise leur parcours, leurs projets et des points sur l’habitat amphibie.
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Réponses - Brent Doberstein VOTRE PROFIL 1) Quelle est votre profession? Professeur 2) Quelle formation avez-vous suivie pour vous spécialiser en constructions en zone à risques d’inondation ? En connaissezvous d’autres ? Je ne suis pas formé dans la construction, mais je travaille dans une équipe qui est composée à la fois d’architectes et d’ingénieurs qui ont une formation dans la construction 3) Où sont localisées vos réalisations /projets? Nous construisons plusieurs maisons amphibies dans le Delta du Mékong, Vietnam, dans les 18 mois prochains. La première maison devrait être achevée en mai 2017. SUJET: LES INONDATIONS 4) Avez-vous déjà vécu le phénomène d’inondation ? Si oui, pouvez-vous le décrire (date, lieu, cause, conséquences)? Jamais rien sans conséquence directe sur moi. 5) Comment imaginez-vous la ville de demain située en zone submersible ? Les villes doivent utiliser un large éventail d’outils de réduction de désastres pour réduire l’exposition aux inondations dans la durée. Cela doit inclure tout, de la réinstallation aux solutions structurelles (ex : levées, barrages) jusqu’aux maisons amphibies. Ce qui pose plus problème est le contexte spécifique de la région sujette au risque d’inondation. Ce qui fonctionne dans un endroit ne fonctionne pas forcément dans un autre. 6) Existe-t-il des moyens de prévention prévus dans votre pays/région ? Lesquels?
Le Canada comporte plusieurs centaines voire milliers de communautés qui font face aux risques d’inondation, avec des centaines d’approches différentes à la réduction du risqué. Localement, la plupart des inondations de la plus proche grande rivière (The Grand River) est contrôlée par une série de structures (petits-larges barrages, murs anti-inondation dans les régions peuplées (ex : le centre-ville de Cambridge, Ontario) qui sont gérés et monitoré par l’autorité de conservation de la Grande Rivière (the Grand River Conservation Authority). 7) Que pensez-vous du rôle et des responsabilités de l’architecte face aux risques? Les architectes ont la responsabilité de concevoir des structures qui sont appropriées au contexte environnemental dans lequel il est construit. S’ils ne peuvent concevoir une structure protégeant des inondations alors les architectes doivent avoir le courage de résigner le contrat. VOTRE TRAVAIL: PROJETS EN ZONE A RISQUE D’INONDATION 8) Qui sont les différents acteurs concernés par les projets de construction en zone submersible ? Plusieurs architectes, développeurs, gouvernements municipaux, gouvernements fédéraux/provinciaux, les compagnies d’assurance, et bien sûr les propriétaires individuels et les associations de quartier 9) De quelle manière analysez-vous le risque d’inondation sur un site submersible avant la phase de conception (outils utilisés, méthodes) ? Au Canada, l’évaluation des inondations de plaines est réalisée nationalement (https://www.slideshare.net/glennmcgillivray
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/national-floodplain-mapping-assessment) et dans certains endroits par des gouvernements provinciaux/territoriaux et des gouvernements municipaux ou régionaux. Les plans de ville ou de zone sont alors produits qui délimitent les plaines inondables (généralement au niveau du risque centennal) et une carte zonale est ensuite produite qui indique les types de développement autorisés pour les plaines inondables La plupart des développeurs vont alors travailler dans les limitations régies par ces cartographies 10) Quelle place ont vos projets résistants aux inondations (chiffres, pourcentage)? 100%...Je prends seulement part des projets qui caractérisent les habitations résilientes aux inondations. 11) Quel(s) type(s) ou quelle(s) structure(s) concevez-vous en zone inondable ? Pouvez-vous le(s) décrire et/ou les illustrer? Veuillez préciser s’il s’agit de constructions neuves ou existantes. Nous espérons construire aussi bien des nouvelles maisons amphibies modernes que les rénovations de maisons non amphibies existantes (pour qu’elles deviennent amphibies). Nous n’avons pas encore de réalisation à partager. Ce sera essentiellement une fondation flottante avec une maison standard dessus et des connections à l’eau et à l’électricité qui s’élèvent et redescendent lorsque la maison flotte pendant les saisons d’inondation. 12) Quels sont les avantages et les limites de ce type ou structure selon vous ? Cela permet de vivre relativement normalement pendant les saisons d’inondation au Vietnam, et c’est beaucoup plus abordable qu’une relocalisation. Mais ce type d’habitat n’est pas approprié dans les milieux à fortes énergies (rivières rapides, côtes avec de gros orages, etc.) 13) Dans quelles conditions de site inondable est-ce adaptable ?
N’importe où si l’eau est de faible énergie (ex : deltas, lagune protégées/bords de lacs, etc.) 14) Quels matériaux sont à privilégier ? Par exemple, le bois pour l’habitat amphibie Tout ce qui peut être léger… il n’y a pas de restriction au niveau des matériaux tant que la fondation flottante peut supporter le poids de la maison 15) Pour quelles raisons les clients font appel à vos services? Qu’est-ce qui pourrait les désintéresser dans l’achat d’un habitat résistant aux inondations ?* N/A. C’est actuellement un prototype et en phase de recherche…pas encore de client pour le moment. Question 16 sans réponse. 17) Avez-vous des projets futurs en relation avec les risques d’inondation ? Oui, voir question 3 OBJET: L’HABITAT AMPHIBIE 18) De quelle manière avez-vous découvert l’habitat amphibie ? Quelles sont vos références principales à ce sujet ? Je suis parvenu à connaître cette approche de par mon université. La principale référence Dr. Elizabeth English est dans la même université mais dans un département diffèrent. 19) En avez-vous déjà réalisé ? Si oui, qu’est-ce que cela a changé dans votre manière de travailler comparé à vos anciens projets? Non, rien d’accompli encore. 20) En quoi l’habitat amphibie se différencie-t-il des autres constructions (exemple : mode d’habiter, phasage dans la conception et la fabrication) ? La sécurité lors des crues. Les maisons pourraient finir par être plus petites et légères à cause du besoin de flotter.
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21) Quelles critiques (positives/négatives) pouvez-vous apporter aux habitats amphibies ? Inconnu…il est trop tôt de savoir.
23) Avez-vous des projets amphibies en cours ? Si oui, dans quel contexte (où, pourquoi, pour qui)? Oui, voir question 3.
24) Quelle est votre contribution afin de 22) Sont-ils porteurs d’avenir ? Pourquoi? faire connaître ce type ? Quelles améliorations possibles peuvent Je vais réaliser des recherches pour trouver être réalisées ? comment ces maisons sont acceptées par les Oui. En fait, tellement innovant qu’il y a personnes auxquelles nous avons réalisées beaucoup de barrières réglementaires (ex: notre projet manqué de codes de construction appropriés, manqué d’habilité de sécuriser les prêts 25) Selon vous, existe-t-il d’autres bancaires depuis que les maisons sont types/structures adaptées aux zones considérées comme « immobiles »). Les codes inondables existantes ou à créer ? de construction nécessitent d’être remaniés Oui. “Les maisons sur pilotis” (Les maisons pour intégrer cette catégorie traditionnelles élevées sur pilotis). ______________________________________________________________________________ Réponses - Yuliya Georgieva VOTRE PROFIL 1) Quelle est votre profession? Paysagiste et urbaniste 2) Quelle formation avez-vous suivie pour vous spécialiser en constructions en zone à risques d’inondation ? En connaissezvous d’autres ? Je n’ai pas suivi une formation spécialisée, j’ai dirigé mon mémoire de master vers la recherche sur cette thématique. Il y a une formation sur l’architecture amphibie au Canada à l’université de Waterloo avec prof Elisabeth English. De ma connaissance pour l’instant le seul endroit avec des cours sur le sujet au monde. 3) Où sont localisées vos réalisations /projets? Je n’ai pas de projet réalisé à ce jour
SUJET : RISQUE D’INONDATION 4) Avez-vous déjà vécu le phénomène d’inondation ? Si oui, pouvez-vous le décrire (date, lieu, cause, conséquences)? Juste les inondations urbaines causant une quantité de pluie concentré – en Bulgarie il y 15 ans et 10 ans a Dobrič et Sofia J’ai vu l’inondation des berges de la Seine en Mai 2014 et en fin 2016 5) Comment imaginez-vous la ville de demain située en zone submersible ? Pour moi c’est une ville adaptée à avoir une accessibilité à plusieurs niveaux, pour toutes situations naturelles qui peuvent être envisagées 6) Existe-t-il des moyens de prévention prévus dans votre pays/région ? Lesquels?
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Les inondations en Bulgarie sont encore courantes souvent dans les villages localisés dans les bassins des grands fleuves. Lors de l’arrivée des printemps la neige se fond et augmente le niveau des fleuves. Nous avons des réservoirs prévus pour la protection pour récupérer les quantités d’eau mais cela ne résout pas tous les problèmes. 7) Que pensez-vous du rôle et des responsabilités de l’architecte face aux risques? C’est un champ à explorer pas juste pour l’architecture mais dans la planification urbaine et paysagère en général. De mon point de vue l’architecture est juste un des éléments à adapter face aux risques, mais il faut avoir un regard et une analyse sur le grand territoire quand l’on cherche à s’adapter aux risques d’inondations. VOTRE TRAVAIL: PROJETS EN ZONE A RISQUE D’INONDATION 8) Qui sont les différents acteurs concernés par les projets de construction en zone submersible ? Les habitants, la ville, tous les acteurs concernés par les différentes activités liées aux zones des berges des fleuves – pécheurs, ports de plaisance et industriels, industries liées aux fleuves, tourisme. 9) De quelle manière analysez-vous le risque d’inondation sur un site submersible avant la phase de conception (outils utilisés, méthodes) ? Pour mon projet de recherche et conception à Hanoi j’ai utilisé la suivante méthodologie : - Recherche et collection des données sur tous les inondations précédentes
- Création des cartes pour identifier les zones en risque selon des données disponibles - Enquêtes avec les habitants - Recherche sur les futurs impacts du changement climatique et l’urbanisation, canalisation des fleuves), perméabilité des sols Ils existent des méthodes de modélisation informatiques pour visualiser les risques d’inondation en croisent des données avec des logiciels. Je ne me suis pas servi de cette méthode car je n’ai pas les compétences nécessaires. 10) Quelle place ont vos projets résistants aux inondations (chiffres, pourcentage)? Je n’ai pas des projets réalisés Questions 11 à 13 sans réponse. 14) Quels matériaux sont à privilégier ? Par exemple, le bois pour l’habitat amphibie De mon point de vue de paysagiste, il faut privilégier les matériaux locaux, et les techniques appliquées pour la construction des bateaux. Il ne faut pas oublier le savoirfaire local et les techniques traditionnelles qui sont souvent très bien adaptées au climat. Tout dépendra de la fréquentation des inondations, leur hauteur et donc la structure la plus adaptée pour la construction. Questions 15 à 17 sans réponse. OBJET: L’HABITAT AMPHIBIE 18) De quelle manière avez-vous découvert l’habitat amphibie ? Quelles sont vos références principales à ce sujet ? J’ai découvert grâce à mon stage et la recherche sur l’urbanisation de Hanoi au
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Vietnam. Mon maitre de stage qui est passionné sur le sujet et qui m’a introduit le sujet. Ce ne sont pas des références de mes projets mais des projets réalisés par des architectes dans des pays divers - Pays Bas, Thaïlande, USA, Bangladesh, Vietnam, UK (Buoyant Foundation, Waterstudio, Baca Architects, certaines sont faites par les habitants aux USA) 19) En avez-vous déjà réalisé ? Si oui, qu’est-ce que cela a changé dans votre manière de travailler comparé à vos anciens projets? Non pas de réalisations pour l’instant. Question 20 sans réponse 21) Quelles critiques (positives/négatives) pouvez-vous apporter aux habitats amphibies ? Il n’y a pas encore assez de réalisations pour observer les critiques qu’on peut appeler générales. Pour l’instant ils existent surtout des projets pilotes et la critique pour moi c’est qu’il faut les tester sur une plus grande échelle pour pouvoir analyser les côtés négatifs. Peutêtre la seule à laquelle je pense est l’accessibilité lors d’une inondation. Mais cela est très particulier à chaque projet. 22) Sont-ils porteurs d’avenir ? Pourquoi? Quelles améliorations possibles peuvent être réalisées ? De mon point de vue oui, parce que nos villes sont toujours en train de se densifier plus et pas moins. La plupart des grandes villes dans lesquelles habite plus de 50% de la population mondiale sont localisées soit en zone côtière soit le long d’un fleuve important. Considérant les effets de changement
climatique sur la concentration des pluies et la montée des océans nous aurons de plus en plus à vivre avec ces risques. Mais nous aurons aussi besoin de densifier et construire dans des zones en risque ou alors certaines zones qui ne sont pas en risque aujourd‘hui se transformeront éventuellement. Je pense qu’être proactive et tester des solutions pour s’adapter à ces facteurs est notre responsabilité en tant qu’architectes, urbanistes paysagiste politiques etc. Cela nous permettra d’être prêt et améliorer notre cohabitation avec la nature avec laquelle on essaye d’échapper avec les méthodes de constructions jusqu’à récemment. 23) Avez-vous des projets amphibies en cours ? Si oui, dans quel contexte (où, pourquoi, pour qui)? Non. 24) Quelle est votre contribution afin de faire connaître ce type ? Je participe à l’organisation de la 2eme conférence sur l’architecture amphibie ICAADE 2017 International Conference on Amphibious Architecture Design and Engineering qui aura lieu a Waterloo, Canada ce juin 25-28, 2017. Nous avons pour objectif de créer une alliance des spécialistes sur l’amphibie pour avancer les recherches, échanger et partager les expériences et promouvoir ce type de constructions. 25) Selon vous, existe-t-il d’autres types/structures adaptées aux zones inondables existantes ou à créer ? Il y a dans les pays en Asie des villages traditionnels, qui sont adaptés soit sur des pilotis soit flottants. Je pense qu’il y a besoin de documenter toutes les structures traditionnelles dans les pays concernés. Il y a
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certainement des typologies à créer, car conditions et les besoins de ces habitants chaque cas et projet est particulier et les peuvent inspirer de nouvelles solutions. ______________________________________________________________________________ Réponses - Danai Thaitakoo VOTRE PROFIL 1) Quelle est votre profession? Moniteur, Urbaniste, Designer, Chercheur. 2) Quelle formation avez-vous suivie pour vous spécialiser en constructions en zone à risques d’inondation ? En connaissezvous d’autres ? Architecture paysagisme, écologie paysagisme, hydro-écologie. 3) Où sont localisées /projets? Bangkok, Thaïlande
vos réalisations
SUJET: LES INONDATIONS 4) Avez-vous déjà vécu le phénomène d’inondation ? Si oui, pouvez-vous le décrire (date, lieu, cause, conséquences)? Oui; 1994, 1995. Bangkok; De très grosses pluies pendant plusieurs jours; il y avait plusieurs régions inondées dans le Nord-Est de Bangkok. La profondeur du niveau d’eau variait selon la localisation – d’environ 30 cm à 1 m. La durée de la crue variait aussi de 2 semaines à 2 mois 5) Comment imaginez-vous la ville de demain située en zone submersible ? Vivre avec l’eau, la perception du liquide. 6) Existe-t-il des moyens de prévention prévus dans votre pays/région ? Lesquels? Oui, il y a des formes de systèmes de digue, canaux/tunnels de drainage, écluses, stations de pompage dans la région de Bangkok.
7) Que pensez-vous du rôle et des responsabilités de l’architecte face aux risques? Concevoir des structures d’habitation adaptées vivantes ( ?). (Mon rôle en tant qu’architecte-paysagiste est de concevoir des infrastructures paysagères/écologiques afin de prévenir/atténuer les inondations). VOTRE TRAVAIL: PROJETS EN ZONE A RISQUE D’INONDATION 8) Qui sont les différents acteurs concernés par les projets de construction en zone submersible ? Le propriétaire du bien et les usagers et les intervenants concernés. 9) De quelle manière analysez-vous le risque d’inondation sur un site submersible avant la phase de conception (outils utilisés, méthodes) ? Analyse de site et analyse topographique eau/données sur les précipitations/ statistiques. GIS, maquette physique. 10) Quelle place ont vos projets résistants aux inondations (chiffres, pourcentage)? 100%, c’est le concept fondamental de mon travail; “Hydro-écologie” 11) Quel(s) type(s) ou quelle(s) structure(s) concevez-vous en zone inondable ? Pouvez-vous le(s) décrire et/ou les illustrer? Veuillez préciser s’il s’agit de constructions neuves ou existantes. La conception topographique, le terrassement, la conception végétale. Pour les nouvelles constructions.
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12) Quels sont les avantages et les limites de ce type ou structure selon vous ? L’avantage de créer des espaces pour l’eau. La limite est la perception des personnes d’une inondation temporaire sur un site comme un bassin de rétention. Les gens étaient effrayés à cette idée 13) Dans quelles conditions de site inondable est-ce adaptable ? N’importe quel espace public ouvert, les parcs, les jardins privés. 14) Quels matériaux sont à privilégier ? Par exemple, le bois pour l’habitat amphibie. Mon travail est d’opérer avec le paysage donc mes matériaux sont le sol, le sable et la végétation. 15) Pour quelles raisons les clients font appel à vos services? Qu’est-ce qui pourrait les désintéresser dans l’achat d’un habitat résistant aux inondations ? Ils ne m’ont jamais demandé à propos de ces idées en relation avec les inondations. Je leur propose toujours que l’aménagement de l’eau y compris l’aménagement des inondations est toujours un concept fondamental de mon projet. 16) Quels sont les retours suite à un achat? Très bien. 17) Avez-vous des projets futurs en relation avec les risques d’inondation ? Oui. Pas exactement food prove, dans mon cas est la résilience aux inondations
OBJET: L’HABITAT AMPHIBIE 18) De quelle manière avez-vous découvert l’habitat amphibie ? Quelles sont vos références principales à ce sujet ? Cela fait partie de ma vie.
19) En avez-vous déjà réalisé ? Si oui, qu’est-ce que cela a changé dans votre manière de travailler comparé à vos anciens projets? Oui, je l’ai déjà fait. Le concept fondamental est la même méthode qu’opérer avec l’eau qui pourrait être différente en fonction du site, de la situation géographique, la fonction du paysagisme et des besoins humains. 20) En quoi l’habitat amphibie se différencie-t-il des autres constructions (exemple : mode d’habiter, phasage dans la conception et la fabrication) ? La différence est la façon de vivre et l’usage du paysagisme du rural/traditionnel/agricole à l’urbain/modern vivant/industriel. Les conditions du chantier, les matériaux sont aussi différents. Mais le concept basique est beaucoup similaire 21) Quelles critiques (positives/négatives) pouvez-vous apporter aux habitats amphibies ? Points positifs: résilience plus élevée, flexibilité, adaptabilité. Points négatifs: cela pourrait être difficile pour certaines personnes en termes de différence de perception et d’attitude 22) Sont-ils porteurs d’avenir ? Pourquoi? Quelles améliorations possibles peuvent être réalisées ? Utiliser les données topographiques et le terrassement. Moins de construction structurelle. Intégrer la conception végétale. 23) Avez-vous des projets amphibies en cours ? Si oui, dans quel contexte (où, pourquoi, pour qui)? Oui. L’Université Chulalongkorn, Bangkok, Thaïlande. Un espace ouvert sur le campus avec la capacité d’aménager l’eau. 24) Quelle est votre contribution afin de faire connaître ce type ?
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Résoudre sur le site du campus un espace ouvert spécifique et les problèmes d’inondations occasionnelles.
25) Selon vous, existe-t-il d’autres types/structures adaptées aux zones inondables existantes ou à créer ? Oui. C’est ce que j’apprends par le biais de connaissances des types existants et indigènes. ______________________________________________________________________________ Réponses - Scott Turner VOTRE PROFIL
Seulement des barrages et des digues.
1) Quelle est votre profession? Architecte
17) Que pensez-vous du rôle et des responsabilités de l’architecte face aux risques? Le rôle principal de l’architecte est de tout mettre en commun.
2) Quelle formation avez-vous suivie pour vous spécialiser en constructions en zone à risques d’inondation ? En connaissezvous d’autres ? Travailler avec Buoyant Foundation Project et Dr. Elizabeth English. www.buoyantfoundation.org 3) Où sont localisées vos réalisations /projets? Vietnam, Jamaïque, Louisiane, USA, Canada SUJET: LES INONDATIONS 4) Avez-vous déjà vécu le phénomène d’inondation ? Si oui, pouvez-vous le décrire (date, lieu, cause, conséquences)? Non. 5) Comment imaginez-vous la ville de demain située en zone submersible ? C’est un énorme travail qui va nécessiter la collaboration de disciplines multiples at tous les secteurs du gouvernement. L’infrastructure paysagère est probablement le plus important mécanisme de défense. 6) Existe-t-il des moyens de prévention prévus dans votre pays/région ? Lesquels?
VOTRE TRAVAIL: PROJETS EN ZONE A RISQUE D’INONDATION 8) Qui sont les différents acteurs concernés par les projets de construction en zone submersible ? Gouvernement, académie, scientifiques, ingénieurs, architectes. 9) De quelle manière analysez-vous le risque d’inondation sur un site submersible avant la phase de conception (outils utilisés, méthodes) ? Base de données GIS, enquêtes auprès des résidents, cartographies d’inondation. 10) Quelle place ont vos projets résistants aux inondations (chiffres, pourcentage)? 100%. 11) Quel(s) type(s) ou quelle(s) structure(s) concevez-vous en zone inondable ? Pouvez-vous le(s) décrire et/ou les illustrer? Veuillez préciser s’il s’agit de constructions neuves ou existantes.
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Les fondations amphibies aussi bien pour les applications nouvelles et de rénovations. Les meilleurs exemples peuvent être trouvés sur www.buoyantfoundation.org 12) Quels sont les avantages et les limites de ce type ou structure selon vous ?
(exemple : mode d’habiter, phasage dans la conception et la fabrication) ? La plus grande différence est l’anticipation que l’inondation aille se produire. Les méthodes traditionnelles traitent souvent les événements d’inondation comme un désastre imprévu même si toutes les évidences indiquent autrement
Les avantages : bas coût, peut s’adapter à peu près à n’importe quel niveau de crue, protège les bâtiments contre les dommages, les résidents n’ont plus à être relocalisés. Les limites : la politique, la sensibilisation, le manque de moyens financiers pour les populations à faibles revenus
21) Quelles critiques (positives/négatives) pouvez-vous apporter aux habitats amphibies ? Cela coûte un plus pour implanter mais c’est bien moins cher que les dommages causés par les inondations
13) Dans quelles conditions de site inondable est-ce adaptable ? N’importe où on n’expérimente pas les tempêtes côtières de grande vitesse
22) Sont-ils porteurs d’avenir ? Pourquoi? Quelles améliorations possibles peuvent être réalisées ? Ils sont innovants dans le sens où ils y a très peu de projets dans le monde même si c’est un concept fort.
14) Quels matériaux sont à privilégier ? Par exemple, le bois pour l’habitat amphibie Tout ce qui est localement disponible et à prix modéré. Questions 15-16 sans réponse. 17) Avez-vous des projets futurs en relation avec les risques d’inondation ? Oui. OBJET: L’HABITAT AMPHIBIE 18) De quelle manière avez-vous découvert l’habitat amphibie ? Quelles sont vos références principales à ce sujet ? Des camps de pêche en Louisiane. Voir www.buoyantfoundation.org 20) En quoi l’habitat amphibie se différencie-t-il des autres constructions
23) Avez-vous des projets amphibies en cours ? Si oui, dans quel contexte (où, pourquoi, pour qui)? Vietnam-Delta du Mékong et la plaine d’inondation de la Grande Rivière au Canada et les communautés des Premières Nations. 24) Quelle est votre contribution afin de faire connaître ce type ? Rédiger des documents/articles pour des conférences et organiser une conférence majeure, ICAADE 2017. www.icaade.org 25) Selon vous, existe-t-il d’autres types/structures adaptées aux zones inondables existantes ou à créer ? La seule stratégie dont je suis au courant est les projets d’infrastructures paysagères à plus grande échelle.
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Avec l’augmentation du réchauffement climatique, les inondations sont de plus en plus fréquentes en France causant des dégâts considérables sur les villes et les populations exposées. A l’heure actuelle, les gestionnaires du risque prennent conscience que nous devrions apprendre à vivre avec les aléas du risque d’inondation. Plusieurs stratégies sont pensées afin de réduire la vulnérabilité des territoires. Le mémoire propose d’étudier les enjeux et les problématiques de l’urbanisation des villes exposées au risque et des alternatives passées, actuelles et futures pour pallier à ce phénomène. En apprenant à vivre avec les aléas, nous verrons que les villes saisissent les opportunités de l’eau et modifient leur conception de manière à réfléchir sur des constructions plus innovantes.
With climate warming, floods are increasingly frequent in France causing severe damage to exposed cities and population. These days, risk managers become aware that we should learn to live with the hazards of the flood risk factor. Several strategies are considered in order to reduce the territories’ vulnerability. This thesis proposes the study of issues and questions of urbanization regarding cities exposed to flood risk and we will discuss past, present and future alternatives that resolves this phenomenon. While learning to live with hazards, we observe that cities take opportunities of water and modify their conception concerning their manner of reflecting on more innovative constructions.
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